EPITRE
D fiDV I C A T O i ILE,
AUX

NEGRES ESCLAVES.

MES AMIS,

1Q ooztrir je ne fols pas de la mnnce
culeer t que voui, jeo vsui ai toujours
regard come mres freres. La nature
.ors ru fobrmis pour avoir le mme efprit,
Ih mim ruaijbn, les mmes vertus que les
a ii

P i R LE

Bllacs. Je ne park ici que de ceux drEu.
rope car pour les BIlacs des Colonies,
je ne vous fais pas l'injure de les compa.
rer avec vous je fais combine d fois
votre fidliti, votre probit, votre cou-
rage ont fait rougir vos matres. Si on
alloit chercher un bomme dans les ses
de P dm/rique ce ne feiroi point parmi let
gens de cbair blanche qu'on le trouveroit.
Folire jfrat no procure point de pla-
ces dans les Colonies, votroe proteOlo ne
fait point obtenir de penflonsi, vous n'a-
Vez pas de quoi fontdoYer des avocats;' il
n'efl donc pas tonnant que vos maitres
trouvznt plus de gent qui fi dsonorenten
d/fendmnt leur cart'fe, que vous n'en aves
trii<7i; qui j' fbient hionort rit dfen;dant
la vitre. ll y a m ieiC dIes pays oit ceux
qui vudrwcnut tcrire en votre fveur n'en

DDICATOIRE. v
auraient point la liberty. Tons -cux qui
fr font enrichir dans les Lies aux dpes
de vos travaux & de vos fouffr-ances, ont,
leur retour le droit de vous itnfitcr
dans des libellso calomnieux; mais il n'eft
point permits de lenr rcpundre. Telle ft
l'ide que vos matres ont de la bont de
laur droit ; tell e12 la confidence iu'ils ont
de leur bumanit votre gard. MALs
cette injflice n'a t pour moi qn'une roi-
fon de plus pour prendre, dans un pays
libre, le defeiif de la liberty rdes homes.
Je fais que vous ne conuoitroz jamais cet
Ouvrage, e que la douceur d'tre bni
par vous me fira toujours r'cf cfi. Mais
j'aurai fiitisfait man cr'ur dlci'ir par le
fpefiacle de vos maux Jfulev par l'info-
lence alfierde des fupbifies de vos tyrans.
Je n'emploierai point l'loqu ence mais la
a iij

l 1 iI' ITRE DEDICATOIREI
r je parlerairni. Piait dels intrts 1
Opw"rci. mair des loix de la jrifiice.
tuet fWflhW MprocherOiitt d I i dire
dn dq~mr. & do p'owur
iq rnaxims do
iiir

PREFACE

MNI. S H w A T z nous ayant envoy
fon manu[flrit, nous l'avons communi.
qu M. le Pafteur BJ***,*4* l'un de
hos affocis, qui nous a rpondu que
cet Ouvrager ne contenoit que des cholos
communes, crites d'un flyle peu cor-
reft, froid & fans lvation ; qu'on ne le
vendroit pas & quil ne converciroit
perfonne.
Nous avons fiit part de ces obfervations
h M. SSc w iA RT z, qui nous a honors
de la lettre luivinte.

PREFACE

il MESS1EURKS,

SJe ne fuis ni un bel efprit Pariflen,
M qui prtend l'acadnie fr.noire, ni
, un politique Anglois, qui fait des
, pamphlets, dans l'fprance d'tre lu
, membre de la chambre des Communes,
* & de k fire achetler, par la Cour,
, l ln premiere revolution du miniftere.
* Je ni itiJ qu'un bon home, qui
. aime b dire franchement fon avis
,, l'iiivers, & qui trouve fort bon que
. l'iiliivyrs ne l'coute pas. Je fais bien
>, que je ne dis rien de neuf pour les
, gens clairs, niais il n'en eft pas moins
vrai que, fi les vriks qui fe trouvent
id.ns mon Ouvrage toient fi triviales
pour le common des Franois ou des
,, Aiilis, &c. lfclavago des Negres

DES DITE URS. ix
r, ne pourroit fubfifter. Il crt trs-poli-
bic cependanc que ces rlexions ne
, fient pas plus utiles au genre humain
M que les Sermons que je prche depuis
vingt ans, ne lbnt utiles ma pa-
roill, j'cr conviens & cela ne m'em.
pchera pas de prcher & d'crire tant
u qu'il me refera une goutte d'encre &
un filet de voix. Je ne pretends point
M d'ailleurs vous vendre mon manufcrit.'
Je n'ai b-foin de rien, je rcftitue mme
mes paroiffiens les appointemens de
Miniltre que l'Etat me paye. On dit
,, quie 'et uuali l'uflige que font de leur
revenue tous les Archevques & Ev-
ques du clerg de France, depuis l'an-
ne 170O, o ils ont dclar folcm-
nilliment la face de I'Eurcpe, que
, leur bien toit le bien des pauvres.

SPR.FACE DES DITEURS.
'ai l'honneurd'itre avecrefpeLt, &c.
Sign JoAcuIM SCHWARTZ,
avec paraphe.

Cette lettre nous a paru d'un fi bon
homme, que nous avons pris le parti
d'imprimer Ibn ouvrage. Nous en ferons
pour inos l in typographiques, ou ILte
Icdcuri pour qqucqu heures d'enlnti.,

S TABLE

DES M A TI E ES.

L=
L De f'injuflice de l'eftlavage des Ne-
gres cornidere' par rapport leurs
mares. Page I
.11. Raifons don't on jf frr pour excufer
l'efclavage des Negres. 3
I I. De la pre'tendue necefit de l'jecla-
vage des Negres, confidcre'e par rap-
port au droit qui peut en reji'ler pour
leurs maitres. 3
I V. Si un houmme peut acheter un autre
home de lu-mirme. to
V. De l'injuf/jl/ d(e l'cejlavage des Ne-
gres contj dJnr e par rar port au I'gi
later. 13
V I. Les Colonies ficre & indigo
tn pervent-ctelles tire cultivees que par
des Negrcs rfilaves. za
V I, Qu'il faut dtruire l'e/l avage des

Zij TABLE DES MATIERES.
Negres, & que Ieurs matres ne peu-
vent exigeraucun dedommagement. Page 19
VII I. Examen des rai/jins qui pcuvent *
empcher la puijance Ic'gifl.trice des
Etats ao i'eJflalvag des Noir. rfi to-
l&'r', de remplir par une loi d'ajfran-
chijement ge'niral le devoir de juflice
qui 'oblige leur rendre la liberty. 3 r
IX. nes moyen:r de dtruire l'efclavage
dr Negrei par degrs. 38
X. Sot ,rt p ojrcfs pour adoucir l'efla-
vage des Ntgrs. ,
X I. Dir t culture ap'ts la dftrjv&on
,re f'letavage. 63
X IL. tr'onf/ quuelits raifonnemens
des partijfns de l'ejlavage. 73

Fin de la Table.

RFLEXIONS

REFLEXIONS
& U R
L ESCLAVAGE
DES NEGRES.

I.

bDe 'injiflice de lef'clavage des Negresj
conjiidlrt'e par rapport leurs maoires.

R D U 1 R E un home A 'efclavage,
l'acheter, le vendre, le retenir dans la fer-
virude, ce font de vritables crimes, & des
crimes pires que le vol. En effer on dpouillt
l'efclave, non-feulement de route propridre
niobiliaire on fonciere, mais de la failrh
d'en acquerir ni;is de Li proprictic de fou

R i rF T. IE x IO q
ims ns du fes forces, de tour ce que la na:
tur' lui a donned pour cutifi'rver fa vie ou
$risfaire fus befoins. A ce tort on joint
delui d'enlever A l'cfclavc le droit de difpofe
do fa porfonne.
Ou il n'y a roint de morale, on il fadt
convenir de ce principle. Que lopinio:i no
flerifll point ce genre de crime que la loi
du pays le rulere ; ni l'opiiinion i la loi ne
peuvent hanger la, nrtturi dJes lU ions, &
cc~t upinion ils.oit ccjle dc tous lu hiom.
mes, & lc genre humain lafemnblk aulr;ic,
d'une voix uniinini ,pondr cttre lui quc le
crime refltroir r'njouiisn in crime.
Dins la lruiie nimiscoimparerons loiuvnt avec
le vol l'Chion de rduite ai I'cfd'lvagLe. Ce.-
deux crimes, quoique le premier foit beaucoup
moins grave, ont de grands rapports entr'ei ;
& come l'un a tcojours td le crime du plus
fort & le vul celui du phls bfiblc nous trou-
vons toite s Tle qiillionri lhr lu vol tCiboltV
d'avance & fliv'ant de bans pcincipes, par
toLu s les moiiliflfu tandis queo 'atrtcrc Crme
n'a a.s n noine dc Ioiimi 4i lEour livres. JJ
faut cxcepter cIpeidIIIr Ik vol ma11inarmde
qu'on appu!!c conwiqu: & quelques autres

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 3
el'peces de vols o c'eil Jgalemen: le plus fore
qui dpouille le plus fiible: les mornlifles font
aiuli muets fur crimes que fur celui de
j&luirc des Ihonmmes i1 I'efdav.igc.

Rfitijlns don; on fJ .tre pr'r cxcuj;r i' f-
clavage des Negrcs.

O N dlir, pour cxcufer l'efclavage des N'e-
gres achiers en Afrique, que cc ; malheureux
bfnt, ou des criminals condamnrs au dernier
ftpplice, bu des prifonniers de pierre qui
feroient mis A mort, s'ils n'fcnicnt pus achairit
par les Europens.
)'aprs ce ruifonnoment quelques cri-
vains nous prdcerntent .i traite des Ncgres
commec caiir preclquu un %nc d'lunimanice. Mais
nous ob(frverons ,
r". Que ce tait n'eft pas prouv & n'eft pas
mmme vraifemblable. Quoi, avant que les
Europdens achetafIent des Negres, les Afri-
cains Jgorgcoient tous leurs prifonniers! Ils
ruoient non-funiement les femmes nmarides
A il

R F L EI X o Ni S

come c'droic, dit-on autrefois l'ufage chiz
une horde de voleurs orienraux, mais mdme
les filles non marines, ce qui n'a jantais tc
rapport d'aucun people. Quoi fi nous n'al-
lions pas chercher des Negres en Afrique,
les Africains nieroient les efclaves qu'ils def-
iinenr maintenant drre vendus. Chacun des
doux parties aimeroic mieux affommer fes pri-
fhnnior. quuc de les eihangcr! Pour croire des
fairi invrainiumbhlalila Il finm des tmoigna-
B'c rol'pc&ahbk, & nous n'avons ici que ctic
dot gplnt emphtiyd. nu commerce des Negres.
Je n'ai miinais uO Poccafionrd les tfrqualrer,
mdt il y avui( chuto let RomainN die homes
livrd% au mnidm commerce, & Icir nomn ef
encore M:W injure ( ).
1. Eu liuppol;int qu'on Clive la vie du Ne-
gl qu'on acIhere on ne comment pas moins

(') Le nom ne ignifioit d'abord que marchand
dl'cllavs, mois come c:s marchands vendoienc
de belles eralaves aux voluptueux de Rome, leur
iini prit unc autre fignification. C'ela l une fute
nicelff;irc du mtier de marchand d'efclnvs ; aufli
niii e dlann les pays alnez barbares pour que cttec
prolflliou ne fut poinc regarde come criminelle,
clle a toujouriirs ifaiie dans l'opininri,

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES.
un crime en l'achetant fi c'cll pour le reven-
drc on le rdduire en cricavage. C'ect prci-
f'ment l'aion d'un homme qui, aprds avoir
CiuvI un malhircircui pourfiiivi par dus iafff-
fins, le volroait: ou bien fi on fuppolf que
les EurnpLunsi onr dtermin Ic Africrins 1i ne
pliis rier luirs prilnnior ce furoit l'aion
d'un home qui fcroit parvenu i digourer
des brigandi, d'ailaffiner Is paffans, & les au-
roit engags fe contender de les voler avec
lui. Diroit-on dans l'une ou dans l'autre de
ces fuppofirions, que cet homme n'elt pas
tin voleur ? Un homme "qui, pour pn fauver
un autre de la mort, donneroir de fon n-
ceflire, feroit fans doute en droit d'exiger
un ddnmmagcmen ; il pourroit acqiiurir un
droit liir le bien & mdme lir le travail de celui
(q'il a Iliv, vn prlevant cependant ce qui cft
n'cclaire d la libliflancc de l'oblig ; mais il
nu pourrait .mns injulfic le rduire l'cfcla-
vage. On peur acquerir des droirs rur lapro-
pridt future d'un autcr home, mais jamaig
fir fa perfmnne. Un home peut avoir la droit
d'en force un aurre travailler pour lui, mai,.
lion pas de le forcer Ilii obir.
3o, L'sxca'if allgu4e alf d'autant moinra
A iid

1R F L E X I ON S

Idgitinme, que c'eft au contraire l'infame comr
menrce des brigands d'Europe qui fait naicro
biIre les Africains des gucrris preftque cotni-
tnuellcd, doun l'unique motif ut le detir de:
fire des prifonniers pur les vendir. Souvent
les Europdens eux inm es fomentent ces
guerres par leur argent ou par leurs intrigues;
cnfifgt qlu'ils font coiipables, pon-feulcimen
du ciitmi dU rJiduiro ds hoinmmes l'fclava-
Cui mahi ncr'h de tout loi mnartrrc commit
on Afrique pour prpnarer ce crime. Ils ont
1't perfide d'oexcitr th rcpidirn & fl paf-
fi;on dv Africain, d'ongqor le pore livrer
f'i cnflnt\, l frat r trahiirf Irn frcre, lu
prinicec venIlru ft filion. Ils onr donnm co
malheureux peuiple !. guit duflruicnr des
liiququis fbrres, ils lui onr communique cu
poifin qui cachd dans les fort de PAmJri-
que cl devenu, graces a l'adive aviditd
des Europdens, un des flaux diu lobe, &
ils olbnt encore parler d'humanit.
Quand bien mdme l'cxcukl q1ue nous ve-
nons d'd.llgucr difculperoir le premier ache-
riir elle ne pourroit excufer ni le fecond
.iictcuir ni le colon qui garde le Negre c:
ils i'ont p;is le motif pr-lnat d'enlever L 1:

SUR 1.'ESCLAVAGE DES NEGRES. 7
irorr l'Jf'flv qu'ils achectnt. r s font, par
rapport ai crime de rduire un efl'avag e, ce
qli'L' S F p r;ipprt tin vol celui qui p"A-
taie av.'Cc le volenr L ni1 pliiurt cei:i qui'
charge un aurre d'un' vol & qini en ;pirtage
avec hli le produit. La loi pcu avoir des
motifsi (pur traitor diffrenimonr le voleur
& fun complice ou (In inflgatcur, mfis cn
morale le dd lt ,t u nunie.
Enfin, cere excufe cll abfoIlumncnt rulle
pour les Negres ns dans rl bIration. Le
matre qui les t!eve pour les laifler dans l'ef-
clavage eA criminal parce que le foin qutil
a pu prendre d'eux dansl'enfance ne peut lui
donner fur eux aucune apparence de droir.
En effer pourquoi ont-ils cu befoin de lui ?
C'cR parcel qu'il a ravi leurs parents avec
la liberty la faculr de ftiigner leur enfair.
Ce fernir donc prdrtndre qu'un premier cri-
me peur donner le dtrit d'en commettre un
second. 1n'aillurt, fuppofims mdme l'enfant
Negre abandonn librement de fes parns,
le droit d'un home fur un infant aban-
donn qu'il a 4lev', peur-il tre de leu r-
duire a l'efciavage? Une aiion d'humanict
donneroit-clle le droit de commettre un crmc?
A iv

R F L E X I O N S

L'riclavage des criminals lgalement con-
damns n'eft pas mnme lI'girime. En effect,
tue des conditions ncelUiires pour que .la
peine foit jidtc c'cft qu'cle foit dit"orminjo
par la 'loi, i& quant a fa durte & quant fa
forme. Ainfi la loi peut condamner A des rra-
vaux publics, parce que la dure du travail,
la nctirrinire, les punitions en cas de pareffo
ou do rvolte, peruvent drce dtterminces par
li loi muin tL loi ni petit jaiiis prononcer
control un hionin la pcinti d'drre efclave d'un
aitro hommiu an parriailiur pace que' la
pain ddpeidanr alor iishl'olumcnt du caprice
du malrie cllu ci nicoffairomcnr inditerrmi-
tnc. I'aiillvumi il eff aufli abflirdu qi'arroco
J'ofir avanctr Ipqe la plupart des malheureux
achelrcds en Alfique tiirt dus criminals. A-t-on
peur qu'on n'ait pas aflez du mipris pour eux,
qu'en ne les traite pas avec affez de diret ?
& commentfuppofe-t-on qu'il exile un pays
ou il fe commette tant de crimes, & ou ce-
pondant il fe faffe une fi exate juilico?

c*,-j

%'UI: L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 9

11 I.

i la pK'!rtiu! n/ctC.it7 de /'Ir/' lavage Negres rin~nji'ff' par rapport au droit
qui pirt (c r;/riiter pour leurs maints.

O N prdrend qu'il eR impllih de deultiver
leV colonies fii Negres efclavcs. Nous ad-
mettrons idc cette allegation, nous fuppofe-
roni cette imnilrinbilitr abIiltne. Il el clair
qu'elle ne peut rendre Pefclavage lJgitime.
En effect, fi la nc'efIltc ablblie de confcrver
notre exiflcnce petit nous auiiorifcr blefler
le droit d'un autre home, la violence celoe
t'itre lgtimu A l'inflthit ui' cette nccfiut
.bfiliil viont c'clTf :or : or ;n'l pas quie-
rinn ici de c' genreir du nitdfdir nmis lfe'lc-
mentr de li pitrt de lai fortune ds colons.
Aifi duai;tn.ir fi cet irntirt tend Ielrdavage
lglimirii' c'cil d m;ind'r s'il nm'dl permisde
conlerver nia firiiniii par un crime. Le be-
lain abfoli qiic j'amruis des chevaux de mon
vtifin pour cultiver mon champ ne ne don.
inroir pa. le droit dy volr fes chevau ; pour-

R t nL E ir O N S
quoi donc aurois-je le droic de l'obliger lui-
mme par la violence le cultiver? Certe
ptendue nceflt ne change donc .rii ici,
& ne rcnd pas !'efdavage moins criminelle
la part du maicre.

I V.
St un hatinnmne prr uattrr itx autre l imnimr
de lus-minme.,

U N hommn l rr prfnto imoi & me dit:
doince-moi une telie Iammo & jo forai votre
efcivc. Je Iui ddlivr lah fmmu, il Iem-
ploie librement ( Lns cela le manrchl Iroit
abfirrde) ai-je li droit de le retenir en cF-
clavage, j'entends lai fuil, car il eft bien
clair qu'il n'a pas cu le droit de me vendre
fa polidrit! & quelle que fair l'origine du
l'ecflavagc du perch les unflns naitfrnt libres.
Je rponds que dans ce cas-l mime je no
piui; avoir ce droit. En effet, fi un home
fe loue uin autre home poor min an par
exc:uplc riir pour travailler dans tf maioin,
loir tpoir li frvir, il a fornmr avec fon mai-

SUR L'ESCLAVAGE DES NSEGRES. XI
trc une convention libre don't chacun ds
contra&ans.-a le droit d'exiger l'excution.
Suppofons que l'ouvrier fi frui engag.i pour
la vie, le droir rdciproque entra lui & l'honi
me qui il s'dl engage doik lllfifcr con -
me pour unu convention a. rtsni. Si Lhs loix
vCllknr A l'exJdcution du rrtirJ fi clles re-
gloetu la poino qui Ifra impOta'e celui qui
viole la convention fi lcs coups, les injures
du matrre fonc punies par des pines ou p-
ciniaires ou corporelles (& pour queids loix
ficent ju i:s il faut que pour lo innmi a&e
de violence, point le mme outrage la peine
fait au.i la nmme pour le mah're & pour
l'lhomme cngagt) fi les tribuinaux annullenc
la convention dan. le cas le matree cf
convaincu ou d'Cxctider de travail tbn domell
tiqu Ibn ouvrier cngagi', ou de ne pas
pourvoir .i fi liubiltance; ( lorqu'a;prds
avoir prolitr du travail de (r~ juiunull, (bu
mat-re J'abandonne, la loi condamne ce mat-
tre lui payer une pernon : alors cet hom-
me n'eWIpoint efclave. Qu'eui-re en effer que
la liberrd confiddele dans le rapport d'un
home - un aunte? C'eft le pouvoir de fire
tout ce qui n'cf pas contraire fes convnii-

t- R F L EX I NS

rions, & dans le cas o l'on s'en care le
droit de ne pouvoir tre contraint a les rem-
plir ou puni d'y avoir manqud que par un
jugement ligal. C'ft enfin le droir d'imiplo-
rer le fecours des loix concre route efpeoe
d'injure ou de lfion. Un homme a-c-il re-
nnnct ces droits, fans doute alors il devient
efclave; mais aiil fon engagement devient
nul par lui-nime, come l'e fur d'une folie
habituclle nu d'une ulidnurion d'cfprir, cau-
o pr l par Fla on on I'fcCs du befoin. Ainfi
tour hnmme qui(, danu ri conventions, a con-
fervd Ici droit nanurcik que nous venons
d'uxpfur n'&n pa f(clav,e & colui qui y a
renonc, yant l [it un engagemunr iiil, il
l auiiiffi en drnit de rcranimr i liberty que
l'cfclve fait par la violence. Il peur reller le
dbiteur, mais feulcment le dbiteur libre
de fun mature.
Il n'y a donc ,ucun cas o l'efclavagemme
volontaire dans Ton origin puiffe n'tre pas
contraire au droit natural.

n5s 'At

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 13

V.

De l'injujfice de l'ejlavagc des Negre's ;
conjid'ie par rapport au 1l'gylateur.

T OUTwr lgillateur tout membre particu-
lier d'un corps lLgillatif, cil affiijetti aux loix
de la morale nnaurele. Une loi injufle qui
blci(e le droit des hommes, roit nationaux,
fuir tr;ingers, eil un crime commis par le
Igiflarcur o don't ceux des membres dn
corps Igiilatif qui ont foufcrit a cerre loi ,
font rous complices. Tolerer une loi injutic,
lorfiqu'on peur la dctruirc, eft auffi un crime;
mnis ici la morale n'exige rien des Iegifla-
teIur% .m-Jdli dle ce qu'elle prefirit aux par-
ticuliier., lorfqu'cle leur inmpcfie le devoir
de repliarur une injuflice. Ce devoir clf abbfol
en lui-mme mais il cfl de' circonllances
o la mura!e exige feulement la volunt de
lu remplir & laifre la prudence le choix
dec mvyens & du tems. Ainfi dans la rdpu-
ratiiiii d'une injiffice le lgiflateurpelt avoir
Lard maux init'rrs de celui qui a lou'cffr de

R F L E x I N S

l'injulticc ,& cet intJrc peur demiindcr, diinS
la manierc de la reparcr, des precautions
qui entralnen; lc dle is. Il f;,i avoir gard
utii A i tranquillitC publique & 1s mefurcs
nceffaires pour la confervcr petuvent deman-
dcr qu'on fLifpende les:; operations les plus
utiles.
Mais on voir qu'il ne peut drre ici quciitnn
que dc ildlai', du frrm'c pius ru moiins len-
toi. En ci't il ail impcfiiblk qu'il foir tou-
iouir ulile ur liosmre &* cniire miniis A
une tlir ;I rpitlmdlu d'hommes, td'cre pri-
vi; d ic dri rtuardto do lhumainit: & une
nniruiatkim o cb rrmiquirUtJ gJriuralu exige-
rnir la violation du d droit d citoyens otu ls
'trnigLi nc fctmit plus une foci r d'hom-
mcs, iiiais une troupe de brigunds.
lts focidts politiques ne peuvent avoir
2'autrc bur qui l\u maintien des droits de ceux
qui les conipofent, ainfi toute loi contraire
au droit d'un citoyen ou d'un Cranger elt
une loi injulte, ell aurorife une violence ,
i!d cla un vo table crime. Ainfi la prore-
lion de la lbrce publique accorde la vio-
lation du drnit d'un particulier ef un'crime
daii; cecli qui diljroli deJ la ibrcc publique. Si

SUR .L'ESCLAVAGE DES NEGILES. 1
cependant il exifte une furce dc certitude
qu'un home efl hoi's d'rar d'exercer fs
droits, & que fi on lui en confie l'exercice
il en abufera conrre Jes autres, ou qu'il .ou
iervira bfou pprore prjudicc : alors la ofcider
peur le regarder commeii ayant perdu tes
droits, on commer ne les ayant pus acquii.'
C'it ainli qu'il y a quelques droir. naturels
don't eIc enans en bas ge font privs, don't
les imbicilles, don't les fous reflent dchus.'
De mmc fi par leur education, par l'abru-
tiffement contrad dans l'eclavage par la
corruption des moius, faite nceflire des
vices & de fexomple de leurs maicres, les
enclaves des colonies Europennes font deve.
nusincapables de remplir les fonlions d'hom-
mes libres on peur ( du moinsi jufqn'au reins
Oh I'iilijg de la liberty leur aura rendu ce
que l'cllav.!ge leur a lmir rprdre ) les trairer
come ets lommiiens que le maiheur ou la
malidie n privs d'une parrie du leurs facul-
ri~ qu i on ne peur laiffer l'exercice en-
rier de leurs droits, fnis les expofer.A ,aire da
anal .d antrui ou f;e nuire 3 cux-mmes &
qui ont beioin non-Feulement de la prorec-
tin ldes loix niais des fins de Phumanict.

76 R FL EX I N
Si un homme doit ; la perte de fs droin
l'afgirance de pourvoir 3 Is befoins, fi en
lui rendant ers droits, on l'ij.pocf A manquer
du ncefaire alors l'iaimanirt' cxige que la
lgillarcur concilie la furet de cet home
avec fes droits. C'vll ce qui a lieu dans l'efcla-
vage des noirs come dans celui de la glebe.
Dans le premier la cale des Ngres leurs
meiublt.s, Ic prqviliins pour leur nourriucat
;ipparrtinnant u ua iitre. Eu leur rendant
Lrufquenionc la liberty on les rlduiroit la
mifvr u.
Dc nimme, dlans l'ellavage de la glebe,
le culrivateur dnr le champ dour la maifon
apporli icr ;,1 rnialiti pourroirt e trouver ,
par un changenient trop bruiiiuei libre mais

Ainfi, dans pas rendrc fur le champ A des homes l'exer-
cice de leurs droits, ce n'ef ni violer ces
droits, ni continue en protrger les vion
larcurs c'eft feulement mettre dans la ma-
niere de dtruire les abus la prudence nccef-
faire, pour que la juflice qu'on rend. a un
malheureux devienne plus frenient pour lui
un moyen de bonheur.

SUR i ESCLAV AGE 11 E)g i F.GkES. 17
Le droit dtrre prorJgi par la force pu-
blique contre la violcrriu eft in des drdits
qu : l'homme ar3c'iert In warrant diamn lit ro
ciSc ; ainfi k. li'gillacur doit i la Icit'rd de
n'y poinr admcrtre iles hnnomme qui lui fon
Jtrangers & qui pouiirni'ir 1.1 troublkr ; il doit
encore la lecikil Je n point raire lc oix,
nimme Is plus julles, s'il prifimen qu'u!ls y
porrtronr le trouble, avant de s'drre alui
ou des moyens de prvenit ces troubles, ou
de la force niccllire pour punir ccur qnai
les caurent avec Je moindre d:inger petc!le
pour le relie des citoyens. Ainfi, par exem-
ple, avant de placer les enclaves au rang des
lommes libres il fat que la loi s'afiire qu'en
cette nouvelle qualie ils ne rroubleronr point
la furerd des citoyens, il faut avoir privu cout
co que la lIrer publique peut, dans un pre-
mier moment, avoir I craindre de la fireur
de leurs matrrec of'cnfs 1 la fI oi dans deix
pallions bien fortes, l'aviditd & l'orguoil ,car
l'homme accoutum le voir entour d1et-
claves ne fe confole point de n'avoir que de'
infcricurs.
Tels font leI feuls motifs qui puilTent per.
mertre au Idgiflateur d deifferer fums crime

X1 R r. F r: X i o N
la doliruftion de toute loi qui prive un honnec
de fes droits.
La profpdrird du commerce la richefle na-
rionale ne peuvent dtre mifes en balance avec
la juflice. Un nombre d'hommes affembls n'a
pas le droit de fair ce qui, de la parc de cha-
que homme en particulier, ferait une injuftice.
Xinfi l'inrtdrd de puiffance & de richefl d'une
nation doir difparoirrc devant le droit d'un
fcul hommrn (*), iautremont il n'y a plus de
dift'rinco entree une Ibci'th rJgldc & une
horde du volouri. Si dix mille cent mille
hiinmei ont o doi do de rtnir un home
dans r'cllavagu, parce que laor intldr lu de.
nunde pourquoi tinr hommni fort come Hcr-

(' Cc principle rit abf(oument contraire Li
dodrine ordinaire drs politiques. Mais la plupart
de ceux qu icrivent fur ces objets ayant pour but
ou d'avoir des places, ou de f thfair payer pat
ceux qui ci ont, ils n'auroicitt garden d'iaioprcr des
principrs avec lIequels ils ne pouiroicnt ni louer
perbonna ni trouver perfonue qui vuulut les em-
Ilaoyer, fmii" uneI ou deux exceptions qu'on pour-
ruit citer, cionim par example, dans l'anne S
avanii Jei-Chlril & dans l'anne i77; aprs Jefus-
Chrill.

SUR L'ESCLAVAGE DESNEGRES. Ix
cule n'auroit il pas le droic d'alTujeidr un
huomme foible A fa volontr ? Tcls font les
principles de julticc qui doivent guider dans
l'examen des moyens qui peuvent rie em-
ploys pour dd6rriirt I''cll.ivagt. M.uI il n'ell
pas inutile laprds .ivonr irlidI la qliuLtiun
dans ces prinripeis du julicc de la rraiitor
fouii un autrl' point dI vue & de montrer
qiue l'Icllavage des Negres cfl niifli contraire
i l'intrc du commerce qu'A la justice. Il eHl
cffenciel d'enlever ce crime l'appui mmnie
de ces politiques de comptoir ou de bureau,
qui la voir de la justice cff trangere &
qui fe regardent comme des hommes d'dtat
& de profonds politiques, parcel qu'ils voient
l'injuflice de fang froid & qu'ils la Iouffrent,
l'autorifenc ou la commecctent faos remords,

0 RE F LEX I ONS

V I.

ZLe Colonies d ficrc & indigo ne pet-
vent-dlles ttre cultives que par d'/s Negrcs
cflaves.

I. n'cit pas prouiv que i ls Illes de l'Am-
rique nt puiflent dtre ciltiv,- par des llanos :
.1 la vJrlrd, les excli de Negrulies & de li-
qiiumir forrcs peuvunt rondre les Blancs in-
taipaillc dtior tour ravail. Leur avarice qui les
excitr fr liver avuc c:ci .I des tr avaux
qu'ui luiir pay rrs cher, pwut ;iufli IcS
fire prir; mai% li les Tfles, au lieu d'tre
partiag&'es par grades portion wtoient divi-
fles en petites propriis ; fi feulement les
terres qui ont chapp A l'avidiEt des pre-
miers colons, rolent divift'es, par les gou-
vernemens ou p;ir I tirs cciffnnairei., eiitre
des familles.de ciltiv.ircurs, il ell au moins
trs-vi.rallmiblbc qu'il f Iormniroit bientt
dais ces pays une raicu d'lhommes vraiment
capable% de travail. A;ini le rairfonement
des politiques qui croient les Negres efclaves

SiURI'ESLA VACGE DES NEGRES. ai
nJceflircs fe rdoir dite .es Blancs
[n!u avares, irr-::r.s ?' rrptldczC.r donc
les Noirs doivrent t tfr re llv:s.
Mais fipi~priis que les Ncgrci loicnr nS-
ceffaires il nm %dnfilvriir pas qu'il (ftIr t-
cefl'ire d'rmplloycr idc N- gti' erclhves. AUlft
qn dtrali lr dfir deux Jitre railonis ritc pri5-
tenidfe n&oflolit. La pricmiere f* tire de la
parffte de. Negres qui ayant peu de bc-
fuiks, & viVanit de peu, ne travailleroielt
que pour gagner l'r'oit nceficiairc; c'oft--
dire en d'aurrcs terms, que I'avaric dus
Blancs drtnt beaucoup plus grande que celle
des Negres, il faict rouer de coups ceux-ci
pour itrisfaire les vices des autres. Cette
raif'n d'aiUeurs cfii auiff. Les homes aprs
avoir travailli pour la fihbfitfnce travail-
lent pour Failunce lorfqu'ils peuvent y .prL,-
rendre. Il n'y a le peoples vraimenr paref-
reuix dann l niatimon civilift.e que ceuir
qui irnt gouvernts de manier qu'il n'y au.
roit rien gagner pou r etur ca travaillant
davantrae. Ce n'cl ni uii climnat, ni au ter-
rein ni lan conflitition phyfige, ni 3 'cfr-
prit national qu'il faut attribuer la pareffr de
cerrains peuples ; c'ci aux mauvaifes loix
tI lij

12 R F L E X I O N-
qui les government. Il .reoir aif d'rablir
cette vrrit par des examples, en parcourant
tous les peoples depuis l'Angleterre jufqu'ai
Mogol, depuis la principauti dt NenLchrtel
jiifqu' la Chine; feulemont plus le fol clf
bon plus la nation a de facilities naturedles
pour le commerce, plus il faut aifli que les
loix fiEoiir mauvaiL-s pour rendre le people
pareffcux. Il fui:ldrit, par example, pour
dJtirirc I'indufrric des Normands & des liHl-
landni de bien plus mnovaifies loix que pour
ddrruire cellu dce Nudcharclois & des Sa-
voyiord
Li dimuilme raifin cn faveiir de I'efclavage
dsc Neircs flI riiue te la nature des cultures
tiablie%' dans le< liek. Ces cultures, dir-on,
exigent de grinds atteliers, & le concourse
d'urn grand iminbre d'hommes raffembls.
D'ailleurs leurs produits tant fuijcer s'al-
rdrer en peu de rates fi la rilture (coit laiif
fe des hommes libres, la recokie dpen-
droit du caprice des ouvriers. Cerre foconde
raifon ne peur lIduire aucun home capable
de rflexion ni mme quiconque n'a point
paffi Ili vie enriere dans 'enceinto d'une
ville. D'abord on auioir prouv la mnme

SUR 16rC.i. EC A.GE DES NEGRES. 23
cholf det l culture du bled de celle du
vin dans le items que l'Europe toit cultive
par des eldaves. Er il cil aiuli ridicule de
olurenir qu'en Amrique on ne peutr voir
de fucre ou d'indigo que dant de grands ca-
bliflmens fLuriris avec des erclaves qu'il
'raroir dtc il y a dix-huit ficfles de prdrcn-
dre que l'IrIliC ceflroir de produire du bled,
du vin ou de l'huile, fi l'efclavage y &roit
aboli. 11 n'eit pas plus necef'airc que le mou-
lin fucre appartienne au propritaire du ter-
rein, qu'il ne l'ef que le'prefoTir appartienne
au propritaire de la vigne, ou le four au
propritaire du champ de bled. Au contraire,
en gnral dans coute efpece de culture,
come dans toute efpece d'art, plus le tra-
vail fe divif, plus les products augmentent
& le pcrfc&ionnent. Ainfi bien loin qu'il foit
utile que le fucre fe prepare fous la direction
de ceux qui ont plant la canne il feroit plus
tile que la canne ft achetre du propritaire
par des homes donc Ie mtier feroit de fa-
briquer le fucre.
11 faut obfervcr que rien dans la culture
de la canne -1 lucre ou de 'efpece de fenouil
qui product l'indigo, ne s'oppofe ce que
H iv

14. R F L E X I 0 O S 5
IL"' cliamps de canmns on d'indigo r.n foidne
parrags cn petites parries &* divides, lfirt
gptr la prnpritr foit pour P'c ploatation.
C'eft ai;;fi i1"" I c; niE I,'rc cil cultItive
en AflG de tmins innmmo:ia.l. Cliihqe pro-
pr taire d'un pFtic champ porter au mnarcli
Je fiucre de la cannot .qu'il a exprimrnc chez
lui, & q&'il a convert en wmelafa; & il
vaundrir bien niiisx encare qu'il venrdit l
c.annt ou frir piod n ir cotupu, nu t tiira-
nufaduior. CaIt atuff ce qui arriveroir cn
Afic, ri lo gounvvrtlcmin n'y dulifoit pas
l'lndsric & da !es l Ifces, fi la culrnce y
d.toi libra.
C quiC nfids. verant de dire (lu fJiwce 'ap-
pliti'r| i 'indign &* plus al~nlmot oncOre atU
canff u nus Lpceri'ti 1i, ut dunc d'nc Aord
tih-vnaifemblable qu., les NMgres ne fonr
pas les I:t's honimms qui piffent remuer la
terre en Amrique, & il efl certain que la
culture par des Negre s lires ne inirnit, ni
la quanrit!, ni la quality des ldenres,.
& an c4ntra.ire, cantribucoir augme ter
l'une en perfbCiJunanc 'autre.
Le prn'ug'i contraire a tI- accrdit par
les colonsu, ptit-drre de bonne foi. La

sUri L'ESCLA VAGE DES NEGRES. 12
raiffim n e cltfimple, ils n'ont pau dillinlnu le
p'roduic rel du produit nur. En Loier tfites
cutirive par, des fclaves le produic net feC
Fph grand parci qu'il niu vous en conterln ,
'en fi-ais ulruirc, que le nioiis qu'il clA
i fiible. Vours nu dunnecez il ve clclaves
que Ii nrourrinir ,iccll'ierc voiL choifirce
SIn'!u. el ommune & la moins icherc, ils n'iau-
rnnt q'tu'niL liut lt pour maifon, a rc u :ir
donnmer(L- vous ~h liabillement gronlicr. L.
journa%'r le phis prefdl d'ouvrage eigoerait
un al:airi' plu< forr. D'aillurs-, ni journi-
Fer vint uanti ga:giier plus, pour former
quelque capital, rantic il veut (f referver du
tems pour fi divrtir ;. s'il emploio touted
res forces, il faut'que votre argent le dJ-
donmmage de ce qu'il n'a pas lic'corfib A fa
pareffl. Avec des enclaves vous employcz les
coups de I;Itoni, ce qui eht moins cher. Ddns
Ja culntur libre c'll la Cioncurrnace rd'i-
proqiu des prprriccaires & des ouvrierS qui
fxe-le prix. Dans. la culture el'ave Je prix
depend ablI'hlimen de l'avidit du .cproprii-
taire. Mais auffi, dans la culture e!clve, le
produiit bruit ftE plus Ibible ; & ai connti;; e,
pioduit brut (r, plus conderabi dans ia

26 ~RI LlX[IO NS

culture libre. Ce n'eft donc pas l'intrt d'drg-
nmntation de culture qui Ithi prendre la d-
fonlf de 'defclavage des Negres,.c'eft l'intd-
rdt d'augmentation de revenue pour les colons.
Ce n'eft pas l'intrdt patriotique plus ou
moins fond c'eft tout funplement l'avarice
& In barbarie des propritaires. La deftruc-
tion de l'efelavage ne ruineroit ni les colo-
niei?, ni le commerce; elle rendroit lUs co-
lonies plus flrnifmiimrLe, tele atigmnteroir le
cammnrce. Elle i feroit d'aurre mal que
d'omnp liher quelques homes barbares de
'engr.itflfr d~e fiucurs & dus fing de leurs
lierct en un mot la mall cnricile des Iiom-
mus y gagneroit, randi que qielicques par-
riculiers n'y perdroient que l'avantage de
pouvoir cnmmenire impundiimnt un crime
utilc lecurs initrr"s.
On a prctndu difrulper la traite des Ne-
gres, ci fiippofinr que rimporttiion des Ne-
jres eft niicefiiire pour la culture. C'cll en-
core ine erreur : les f{emmcsNcgrcs fonr trs-
!'iondlcs; les habitations bien gouvernes
a'Xtirrt'riennunt mime fous la fervirude,
I.-ns iii''ifl rarinn nouvelle. C'eft l'incontinen.
!'j'.'_:=: & IL cruautd des Europens, qui

UIT L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 27
dpeuplenc les habitations; & lorlqu'on prof-
tieni les Negreffcs pouIr leur voler enfuike
ce qu'elles onr gagn ; lorl(lu'on les oblige,
torce de traitemcnt barbarcs de fk li-
vrer Coir A leur nmairre, fIir l'es valets;
lorfqu'on flir dchliirer ldvant elles vle Noirs
qu'on le. foiup,nnie de pricrer A. Ikvwu ry-
r;iis; lorlTluei l'avarice surcharge les Negres
de travail & de coups, ou leur refufe lu
ncetlaire; lorfqu'ils voient leurs camarades,
tanrtc mis A lh queflion rantt br61s dans
des fours, pour catcher les traces' de ces afaf-
fin;is, alors ils dJlterrent ils s'empoifonnent,
les femmes fe font avorter & Pliabitation
ne paur fe fourenir qu'en cirant d'Afrique
de nouvelles vidimes. Il cil fi peu vrai que
;i population des Negres ne puiffe le foute-
nir par elle-mme., qu'on voit la rpce des
Negres mirons c f outenir dan s s forots,
au milieu des rochers quoique leurs mai-
tres s'nmufent les chafler comnm des b-
tes fauves, & qu'on fe vante d'avoir affld-
fin un Negre maron comme en Europe
on tire vanit d'avoir tu par derriere un
daim ou iaun chevreuil.
Si le. Negrs croient libres il fourni-

18 R F L ,x N s
roient bientt une nation floriflantc. lfs Tinr,
dit-on, parelfeux, flupide & corrompus,
mntis tel eft le fort de tous les enclaves.
Quand Jupirer rdituc un home la fervi-
tnde, dic Homere il lui te la mnoiri de
fa cervelle. Les Negres font naturellement
un people doux, indufirieux fenflble ; lers
pa;lion.i font vives; fi on raconte d'eux des
ci imi. irroc's on petit un citer antfli des
trai'.s liriilfjuc~ M.i,. qu'oin initercrttgle ou
leo tytui l11 appnrteriinr otijolrs: pour t\-
cuffi du leuh crimes les vires de ceux qu'ils
oulptiniant qluique cta. vircs font Fpar-tout
luir propri ouvrage.

:,ltl I1, ESCLAVAGE DES NEGRES. 29

V 1 I.

Qi/il faut Jtru ire lrefclavage des Negres,
J ~ quc leurs miutri.i ne pituvent exiger
aucun dtdommagement.

SL fruit de nos principles que cette juflice
inflexible, laquelle les Rois & les nations
font afuijerris, comme les citoyens, eKige
la duflruilion de l'efclavage.
Nous avons montrr que cette defirution
fn nuiroic ni au commerce ni la riclieffe
de cheque nation, puifqn'il n'en refritcroit
aucune diminution dans la culture.
Nous avons monrr que le matre n'avoir
aucun droir lir fon elclave, que ra&ion de
le retenir en fl rvirude n'cft pas,la jouilfance
d'une proprit, niais un crime; qu'en af-
franchifant r'rcfcave la loi n'attaque pas la
proprit, mais ceffl de tolercr une daion
qi'elle aiiroi d punir par une pine capital.
Le Soiiuvraiin ne doit donc aucun ddomni;
geL'mnr au maitrr des tildavie, de mme
qu'il n'en J&ut pw.. .1 un voleuIr qu'tiI juge-

R F L EX I O N S

menr a priv de la poffflion d'une chofe vo-
ILe. La tolerance publique d'un crime abl'ou
de l. pine, mais ne peur former un vri-
rable droit flir le profit du crime.
Le Souverain peuc, a plus forte raifon,
mettre l'efclavage routes les reftridlions
qu'il jugera convenables & affiijettir le mal-
rre aux raxes aux gLnes qu'il voudra lui im-
poibr. Une rac furi lus terres fur les per-
fonner, ri r les conlbmmiarions peuit tre
inifio pareu qpi'cllu attaque la pproprit &
la liboerd, rotncets los foi% q'clle n'eft pas une
ionitdridun, oi udvcolliiio au maintien de la
IBci'rtd, ol util e cClui qui paye l'impt.
Maisi, piiil'lti les pollcflciiri d'eftiC ves n'ont
point fiir ieux n vdrirtlle druiir de propridt,
piIIfqCe loi qui les lumrterrroit *( des taxes,
teur conferveroit li jouifmnce d'une chofe,
dnnt nnn-fciiliment elle a droit de les pri-
ver, nimis que le Ilgiflateiir efi mme oblige
du leur dter, s'il veut dtre julte: cette loi
ne iiiroit drre injille ; Icur igard par quel-
]qe iicrifice pecniaire qu'elle Icur fit achecrr
mun plus longue iimpuiliti de lLer crime.
%Pr
o:,. Ai.,

UiL' L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 31

VII I

Examen des rai/fn.r qui peuvent tpichCer
la puijitncc lIgijialrice des Etats o l'ej-
clavage dt. Noirs efi toitre' 1 de remplir
f'r une loi d'affanchiffment g'neral le
de'voir de julfice qui l'oblige leur rendre
la liberty.

P oUt tque I';fl'r.anchiffment n'entrant
aprcis lai aucun dfordre, il faudroit:
1i. Que le gouvernement pt alfurer la
fullfiftance aux vieux Negres & ax Negres
infirmes ; que dans 1l'at a&uel, Iers maitres
ne l1ifnt pas du moins abfolument, mou-
rir de faim (').
2z. Qu'on pourvt la fubfiftance des Nc-
gres orphlicns.
30. Qu'on affur du moins pour une

(') Voycz 'ouivrage intitul, foyage risle di
France, par un Officier du Roi : c'eft un den uu-
vrages u la mannierr don't les Negres font traits
l ci xtiioclc: ivrc lu plus de vrit.

R tr. F rL r1 x i o N S
kimne, le logement & la thbfiltanc ceux
dp Negres valides qui dans cet instant de
f c n'aturoient pas trouvd fc longer, par
&t trritr libre, des FofefiFcurs d'habita-

a-. la viritr, on aurokt droit d'exiger que
lW frais de ces Jirabliflnmens fiilenc aitas aux
dlptns des multres;. Il1 dtivcnr des alimeru
lra Nogrte qui ont perdu, dukr frv-ii:e,
g-alUp ktlW ou la parties du Imur vie qu'ils
4iu. er* ra t iV mI travail. 11 doivent des
ateo'-apst don't les percs morts dins
eik f W p ',gpu laiffrr d'hdritage. Ils
et sldH m r poQ un tWIms rtus ICurs
efelavus irc queo l forvicude iei a omp-
chs cde c Wprocurer ls advances ndcuflircs
(por attendrc le rravail. Ces obligations font
t'icle' indifpenlMbles; & fi le gouvernement
s' n ch:tgeoir, la place des matres, ce fe-
roit une forte d'injuRlice qu'il feroit au rofte
de la n;iion, en fiv eur des colons, il aggra-
veroit le fardeau des impCrs fur des innocent,
prir 'p!irgner les coupables. Auffi, le fenl
m:yoan jufle & compatible avec l'tat o fe
trouvcerniont alors les pofl'efenrs des Negres,
ferait un emprunt public, rembourfable pai

SUR t. E3CLAVAGE DI:S NuGKiES. 3;
in i mpr, Iv fur li%\ Iilles rtrrcs des

Comme il lb;romt A LraiiLdrLe Ique l
Nc grs, accoutumi s A .t'obuir quL';' l. force
&- au caprice ne pfifont tre conrenus,
dtns le ipremier moment, pnr les nicmes
loix quiet Ici Blancs ; qu'ils ne tfrmillnt dus
attroupemons, qu'ils ne fe livralfenT au vol ,
;3 des vengeances parriculieres & une vie
viagbottdc dans les forts & les montagnes;
ique co ddfordros ne fuflenr fomentis en fe-
crer par los Blancs, qui efprceroient en tirer
un prrtexe pour obtenir le rtablifiment de
I'efdvage: il faudroir alffjectir les Negres,
pendant les premiers items, une discipline
rIjvre rglo par des loix : il faudroic con-
fier l'aercico du pouvoir ai un homme hu-
main form, dclaire, incorruptible qui
fut avoir do l'indulgence pour l'ivr efl o
ce chlingamonr d'dur plongeroit les Negres;
mais fans laur laillUr I'urpcranc de l'impn-
nitd & qui mdprilrt dguleminrn l'or des
Blancs Iclrs intrigues & leurs menaces.
90. Il tjudruit pour-treu le refoudre per-
dre, en patrio, la rcolre d'une anne. Ce
r'eft point par rapport aux propritraire. que

14 I I F L E X I ONS
nous conflderons certe perte come un mal.
Si un homme a labourf fton champ avec des
chevaux qu'il a vols, & qu'on le force A
les reflirtr perfonne n'imagin~ra de loplain-
dre de ce que fan champ reffera en friche
l'anne d'aprs. Mais il rfitlteroit, de cotte
diminution de rcokle un enchiri fement de
L( denrd, une perte pour les cr-aiiciers des
colons. Nhuis Itionii quit du p;ircill:s raifons
no puven rnr trro-balancer lue railois de juf-
ticc, qui obligent le ldgillateur, I bs peine
do crinim, ddrruire tin uf.ge injitle &
burbare. Qui eaviloroir du rolerer le vol,
parce que leq aiffc' voli flI vcndcnr meilleur
marchli Qui iilurnir imetre ein balance r'o
bli 'rion rigo uricfe de treliciur', q!'aun force
u- voleur de rumplir, avec le rifque que
cerre reflitirion pourroit fiir: efliyer -4 les
crranciers? Nous n'ignorons point enfin que
certe pierce, aufli bien qui: le Ldl'n d'ouvra-
ges quipourrri ans Ic% premier; infilais,
exporcr une parties des Negres A la. miifer ou
a;. crime feroit, non l'efTcF nIceffidrc de
I; rdvnltiion mais la fhite de l'humeur des
proprietires & nous n'en parions que pour
ne palIlr Io, silence aucun des inconvniens

iSL'R .' S.'LA\ AGL DES NEGJlES. j.
don't unit airaiichiffelneni r gini'l pourruir &re
tuivi.
6". On ne ptir diflirmde- que Iu, Negres
u'uient en gai'il une grande flupviditr: co
n'eil pas cInx que notus en fiiaons le rtpro-
che c'Cil leurs macris.. 1ls (nr baprils.,
niais idans les colonies romaines on nII les
infiruir point du peu de morale que runfer.
ment les c.ttrchifmes vulgaires de cette glife.
Ils font galement ngligis par nos minifires.
On fenr bien que les maltres n'ont eu garde
de s'occuper de leur infpirer une morale fon-
de fur la railbn. Les relations de la nature
ou n'exiflenr point, ou font corrompues dans
les efclaves. Les fentimens naturels a l'hom-
me, au ne naifelnt point dans leur anme, ou
lion touffds par l'opprelTion. Avilis par les
outrage du leurs maitres abarnus par leur
duret ., ils oiir uncore corrompus par leur
example. Ces homes olon-ils diglues qu'on
leur confine le foin d leur bniheur & du
gouvernement de leur famille ? ne fbon-ils pas
dans le cas. des infbrrunGs, que des trairemens
barbares ont, en parties, privs de la raibon;
& ds lors, quelle que foit la caufe qui les
.,it rendus incapable d'rre hommes, ce qi
C il

R i F L I X I 0 N S
le lfgilateur leur doit, c'ell moins de leur
rendre leurs droits que d'affurer leur bien-
dere.
Telles font les raifons qui nous ont fait
croire que le parti de ne point rendre A la
fois, tous les Negres, la jouiflince de
leurs droits peur n'tre pas incompatible
avec la jufhice. Ces raifons parotront, fans
doute rrds tfible aux amis de la raifbn ,
doe i juffitc & dt l'humanit. Mais un .iffran-
chiirament gJnUral demandroict des dpenis,
de, prdparatirl ; il cxigeroit dans fon exd-
c urion, uto ft ire & une frmeict, donr un
trt.tpctri nombro d'hommes fcroicnt capa-
blhi. Cupendant il faudroit que pluFieturs
home ruiniflcnt A ces qualitrJ lu dLliLnt'-
refltnent, l'amour du bien & le couraigc,
il idriioit que la revolution tfic I'efet de la
volont propre d'un Souverain, appuye par
l'opinion publique, ou de celle d'un corps
lJgillatif don't r'clprir ftit conflanr. Car fi
le plan fi Pexcution dCp1adcnt de la volon-
t d'un iiil homme de l'aivird de quel-
ques cooptraIteur5s, bienct tous prouvcroient
le Iorc qiue le genre human toujours igno-
rant & barbare a flir t prouver a quiconque

SUR T.'ESCLAV AGE DES NEGREs: 37
a oal dtiendrc le foible centre le for & op-
pofcr la jilUice i l'efprit d'nvidirt & d'in-
rtr ; & cec example efflryanti joinr aux
prjugds qut les partisans dcs abus ont fi
rdpindrc contra les nouveautrJs, fitfliroir pou
prolonger de Ipluicurs fiecles I'ecl;ivage des
Negrces.

C ii

38 R FI E X

I X.

Des moyens de de'trire 'fclavage des Ne-
grcs par degrs.

tr les raifons que nous venons d'exporer
raroifulnr utfilUmtus pour ne po'ir Cimplayer
le f iil miryrn de diJruire l'oe,- ~. e, qui
fiir rignrtmeui.nimnr coifborme I la jullice; il
y on a d'aurerc qui peuvcenr du moins la
rfai, adoucir 'tur (ls NegresS' ds les pre-
miers infdiL & procurer la deflruion cn-
riero de l'frclavUage une tpoque fgxe & peu
6loigne. Mais 1i nous les propnofns, c'cft
en gmniiflTn r fur cette efpcce de confcnce-
mant forca que nous donnons pour un teams
i l'injuffice, & en procefFtai que c'el la crain-
te feule de voir traitor raffranchiflfment
gndral come un project chimdrique par
la plupart des policiques qui nous fait con-
fenrir A; propofer ces moyens.
i II ne peut y avoir, pour les gouver-
nemens aucun prtexte pour rolcrer ni la
traite d,; Negres fire par les nJgocians na-

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. _9
tion:;n:' ni .uicune inmporrartin d'ecllaves. 1l
fiur donc dui'ndre abfi:,blniunr cet horrible
rrM[ic mais ce n',fl poinr c omme conrt-
b.nde qu'il f;tt IL prhlibur c'ctl comma
crime ; ce n'ucl point par de ;am'unrwr c qu'il,
faut le p;:ir; maI par des puinuc, rorpo-
relles & dJy.liurr.ancsl. Celle q( dian,
chaque p, s on (di'crne centre Ie v'ol, pour-
raient fullire. Nous ne failons Iins douthe,
;ucune comparison entire un voleur & un
homme qui trafique de la lberEt d'un autre
home qui enleve de leur pan-ic les hom-
mes, les femmes les erfans ; les cnraffe,
enchans deux deux dans un vaiffeau,
calcule leur nourniture, non fur leurs be-
foins, mais fur fon avarice ; qui leur lie le
mains pour les empicher de mourir; qui,
s'il cl pris de came jerce rranquillement
Sla mer ciux don't la vente feroic le moins
avantageuf come on fb debarraffl d'abord
des plus viles marchandiles, On petr com-
mettre des vols & n'avoir point rouffit tOlln
les Ientimers de 'ihumanirc cous les pen-
chans de la nature, fans avoir perdu core
cievation d'ame, toute idlu de vertu ; mi1n
il ne plit relier A un home qui taic le
C iv

40 RFLEXION S
commerce des Negres ni aucun fenriment,
ni aucune vertu ni mme aucune probit;
s'il en confervoir quelque apparence, ce fe-
roit de cette probirt des brigands, qui fi-
deles a leurs coupables engagemcns, bor-
nent leur morale A ne point fe voler en-
tr'eux. Cettc premiere difpolition de la loi
adouciroit le fort des Negres dans le pre-
nier moment parrce que les propritaires
uuruienr un initrd beanrmoui plus grand de
conla 'vcr l'Iurrs C.taves (*).
La frcuinle difpofition aurnit pour objet
rI',lranchilkliimcnt dei Ncgres qui nailnent dans

() Plufieurs ie.s clinic Anl:(iif' de l'Ainri-
que Septentrionile ont pUliohit l'importatir n des
Ncgres, Il y a 'dl qucliquei unndes. Cc n'eft pas
le fcul example d'humanit & de raifon qu'elles
donneront l'Europe, fl leurs prventions en fa.
veir de la conftitudon & des principles politiques
de I'AngIeiterra, fi les prjugs de l'erprit mercan-
tile, fi la fureur pour le pa'pier-moinole & l'aga.
agRC dc effei, de banquet, n'y viennent pas d.
truite les rfentimcns d'amour de 1i paix, 'de -rerped
pour l'humarnit, de tolerance, de zcle pour le
maintien de l'gauit, qui paroiffenr caradiriler ce
bon peuple.

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 4.

les habications, & qu'on ne peur avoir aucun
prdtexte de foumertre A l'efeavage. Un o$-
cier gnral de ;i marine de France difia-
guC pr fis uiinicres & fon him.inieL ('), a

(*) M. de Iloi chrf d'cftildre, ci.devant gou-
vernrui dti Ilels frangoiro,. Il y J quelque teOs que
ILs habitaii de la Jiiamque &'al Vnhil rlerciit pour pro-
tioiic'r (lur le flort des mul ires, & pour fivoir I ,
attend qu'il toir prouv phyliquement que leur
prCe truit Anrlois, il n'itoit pas props de les
mettre en jouilrince de la liberty & des rdroitsqui
doivent appartenir ii tout Anglois. L'alnmblc pen.
choir vers ce part, lorfqu'un zl drenfeur des
privileges dc la chair blanche s'avira d'avancer que
les Negtes n'dtaient pas des tres de notre efpece,
& de Ie prouver par l'autorit de Nlantcrfulim ;
ailor. il lut une tradiiftin du chlipitrc de 1'/ViE it
Isri loir (r l'cfclavage des Negres. L'nIafmiblc ne
manlqll point de prindiic cette ironie iiiglnte
centree ceux qui tolerein cet excrable ufui e, u=
qui en p;ilirent pnur le vEritalil' lvil de l'autour
de l'foprit kds li.v; & lec mul.itrcs de la Jamriquea
ritterenc dans I'oplprdllui. C'ere iicedoce m'a ice
cerititde par M. d'lclc, officer Aigluvis, connu en
France p.ir pluiliuri pleca! qu'il a donnes la
comidie de ltlin.
Chrz le'; ihaiirans des Philippines les enfans
naturrel ds '-miiics uill.aves naifllnt libres, & la

4* R F r E x T O -n S
propof de dclarer libres tous les enfans qui
natroient multres. En cfet, ls n'ont t'c
mis au nombre des efcleves que par une ap-
plication ridicule de la loi romaine, aPrtus
Vrcitrcm jfeyuitrr.
I cl ft fugulier peut-rre qu'une loi ryran-
nique, tablie par des brigands fur les rives
du Tibre renouvcll'e par le mari d'une
conrtifinnie ifr les boards de Ia Proponride ,
faSik encore au hour de deux mille ans, des
mallicuretix duns l malrs de rAmn'rique.
Mais enfin cetre loi ne pouvoir avoir qu'un
miorif, la cerritudo de la mure, & Pincer-
ciride dui porc: ici Ic pere cfl aufli certain
que lu nire on fair qu'il cll blanc, & libre
par cnnli(iitnr. I.a maxime Partlu coldr:m

mere le devient. l'inle de France l'un & l'autre
flnt efclaves. A. le Gentil y a vu avec horreur
des peres vendre leur propre enfant avec la mare.
Le ;entil, Vyagc Ldanr les me s d"e r lrde 7'o
mir If, pa1c 71. Voyre ce qu'il dic dans le mrmi,
volume des habitans de i'Madagarcar; c'cr un noil-
weau dccllanteur, don't il ft ut nupiiintcr la lille de
ceu. qui ne trouvent p";i que l'ecltvage des Ne.
grec; hrit une invention frint infte fort humaine &
fir utile.

StuR i.'F.SCLAVAGr. DEl:. NEGRES. 43
fequitur, paroc donc bien plus jufte &
( pjifr c'il tut toujours cirer quecl[iuei axiomes
de droit) plus conform I certe regle fi aL
eienne, que ldmns les cas doureux la ddc
fion doit pencher vers la dour-er & en f-
veur de l'opprinim.
Noini ne voyns aN cttoe loi juilt en eall
nrome qu'un feul inconvf'lnient, les traite-
mons barbarcs don't on accablero;r 1es Ne-
greffes fouponn~ s de porter dans leur. fein
un enfanr inutile A leur maitre, les crinrns
qu'on cxerccroic fur cells qui auraient td
convaincues de ce crime, &- la ncCflirf d'a-
voir nn ahuabliffe'mnc public pour ces enfans.
L'affranchiffemenr de rou ns les cnfn
nirare, noirs ou mulrrces a les mme; in-
convtnicns. A la v;rir dans ce cas, l'int'-
rvt bien enteniJl des mn.itres n feroir pas
(d'empcni lir de naltr' des gens don't les bras
doivent in jour leur devenir utilus; mais
cette id' de If referver, pour un teams
'ioign in hi(nmre d(int il lifdroir payer le
fataire fr,.retair mnins un colon que la perte
du travail dce Ngc; rfis grofTes. Ainfi ces loix
jufile dila.. par i'humnnit 'deviendiouient
1inl. frurcc de crim,-.

r4 R F L E X N S
Nous propoferons donc non d'af'ranchir
les Negres natre au moment de leur nair-
lance, mais de laiffer aux matres la liberty
de les silver & de s'en fervir comme ef-
claves, A condition qu'ils deviendront libres
A I'age de trencte-cinq ans ; le mairre tant
oblig, cette poque de liberty, de leur
avancer les vivres, l'entretien pourfix mois,
& iine punilon alimnnrairc pour la vie s'ils
(i)nr.clrtiupi% ou jiigc'; hors d'tat de travail-
Ier, pir un mrderin ciharg4 de cette inf-
pvIlion. Si le matre refiifoir de fe charger
tde vfl'lnrt, il fcrir dicliar libre & port
.i uni debilillmninr public. Lait ilre feroi
rt:.miiport -i .1l lni nt rabliffllrnent avant l'-
pCquibtc' du IL's oilulhesi, & y relfiroit ine an-
Mi'c altlis% l'acciuchemrient ; term auquel on
likeroir le tens nViccjfire pour allaier fan
enflnt ; cette perte de travail feroit un pe-
tic facrifite que les colons feroient A ['huma-
nit & une bien foible compenfarion pour
cant d'outrages.
On auroit fans doute tout lieu de crain-
dre, que les matres qui ne voudroient pas
fe charger d'enfans ne fiffent avorter les
Negrelres ai force de travaux ou de mauvais

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 4
rraircmens. On peut diminuer ce danger,
en ordonnant, chaque deux mois, une vi-
fite dans routes les habirations ; cette vilit,
faite par un mddcin ou un chirurgien ac-
compagn d'un home public, conflateroi
l'lrta de groull'c do chaque Negrefl. Dans
le cas o\ I',iivorrtemetn auroit lieu, rl Itc'gens
de l'art, deflins A corre fonacion crantap
pellds terms, !0 jugeoient produit par la fa-
rigne ou par les mauvais trairemens, la Ne-
grelfe feroit gurie aux dpens du mature ,
dciarde libre, & le matre condamnn lui
payer des aliens, foir pour le teams oh il
fera jug qu'elle ci hors d'tar de travailler,
& pour fix mois de plus; foir pour la vie,
fi les infirmits font incurables. Si l'on ne
reprlfentoit poinr l'enfant d'une Negrefl ,
inferite parmi les femines groffes, & que le
mdecin n'eur p.as id appellf pour conftater
la naiflince de l'cnfnt ou l'avortrment; la
Negrefle feroit dclare libre. Il n'y auroit
point d'injlilicc da;n cCere loi, le lgiflateur
ayant non frnlement le droit, mais tant
oblige par la juflice, de dtruire rour el-
davnge. L'alfranchiffemenc d'une Negreffl ,
fait fais motifs, ou mme en vertu d'iunc

46 IR E F. L E XI 0 ON
crreur, cft touiours une chof julle. Le
mai'ce celt dans le cas d'un home A qui l'on
auroit purmis de voler, fir un grand che-
min, routes les femmes qui ne I roient pas
grofles, & qui on feroit reflituer ce qu'il
a vol l'une d'elles, parce iu'on fe feroit
tromp fur fon tat. Quant aux alimens cxi-
gi du mltre quelle que (bi la caufe de
l'tat d'inliirnirti od fle trouve ln efclave,
il cil dle l'cxedc jlldicc d'obliger le maitre
lui duniie r dvL Jlimens, pairce que l'on peut
rlnjouirs i pgtoflc que f11 enclave eA t li-
lire, & m IV tl.Lijreni libres, il Culr pu par-
gner ou h4rilcr un pcule flidilint pour litb-
venir A fi; bhuruins
On dclrcroit libres A quarante an. les
Negres qui feroicnt au-defliin du quinze ans,
au moment de la publication de la loi. Quanr
c ceux qui feroient alors au-deflus de quinze
ans, du moment o ils auraient atteint cin-
quanre ans, il leur feroit demand, uine
vifite gnrale faire deux fois chaque anne,
ce qu'ils prfcrent, ou de relier chez leur
,niirre, ou d'entrer dans un crabliffen enr
public dans lequel ils feroient nourris; &
.'ils chuliflfent cette mairon, leur pmatre qui

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 47
a profit du travail de route leur vie feroi
obligd de payer une penlion iiiiiille, fixe
par la loi. Cette condition inc Ieroir pas in*
juffe fq'gard du maitre ; aprs avoir exerce,
pendant cinquiince ans une iiinflice horrible
fur ces malheureux aprs avoir profird plus
de trenre ans dc lour travail, il leur doit,
en verru d oi droir de 14 nature, & indepen-
damment de coute loi, non feulement la
nourriture, mais un ddommagement. Ce-
pendant nous ref1pcons trop l'avarice des
matres pour rien demander au-del de la
plus simple nourriture.
On pourroit craindre que ce changement
ne rendit plus dur le fore des Ncgres afuel-
lement efclaves. Ainfi il y anudroit pourvoir
par une autre difpofition de la loi. Dans les
vifircs Ifirte, chaque detux mois, tourNegre,
liur le corps d queil le medccin trouveroit
des marques de mauvais rraircnwns, Cfroic
dclar libre tout Negre malade & qui
manqueroit des ficoiirs ndccefraires, d'aprs
l'examen du mIdecin, feroit dclare libre ,
tranlfporrt lhors de l'habitation, guri aux d-
pens du nmatre, & nourri fes frais jufqu'i
ce qu'il fih en nat de cravaillir. En ginral,

48 R i F LE X
la petiion de tout Ncgre hors d'tcat do tra-
vailler, feroit toujours, ou pour tour le temns
que peut durer fan infirmit on pour la vie,
sil eft aifez malheureux pour que fon infir-
mit ne puiffe avoir d'autre term. Si lu
Negre dccLr libre eff encore enfant ou
s'il eli au- defflis de quarante-cinq ans, le
maitre fera condamnda lui payer chaque an-
ne la (bmnie que peur valoir la nourriture
d'in N'gre oui jiliqu'd l'pge de quinze ans,
On juft]i'. lLi mort.
Noul ne p.alomn dani ce dernier article,
quie lde Noirt qti peuvent refler efelaves a
perptiiit & de Icurs unfl ri. Les efi.ves
cngagcs juiirl'.' rruntt-cinlq ant rnit des ci-
tcyvns capible. d'a;vuir aiclion deviant les rti-
biinux pour forcer leurs mattres tenir
les conventions faites en leur nom par la
loi, ou les fire punir de les avoir violes ;
ils peuvent donc demander galement juffice
pour leurs enfans. Ainfi, non -lfelement il
fiudroit que cette claflc de Negres obtint la
liberty & les ddommagemens dans le mme
cas que les autres, mais on ne pourroic leur
ter le droit c'appeller leurs maltres devant
les tribunaux lorlqu'ils fe croiraient lzcs.
En

SUR L'ESCLAVAGE DrSNEGRES. v7
En cffer ils ne fonr point rellcmenr etfla-
ves, ils ne font qui d&s domefliqii engags
StCums.
On reglerok pmur eux une form du ma-
riag pour liquelle, pund.in Iu temns de
engagement, le ronliircnrment du mdrre
feroir dnJcelliro fi ler deux cApiutix ti'J pas lir ion habitation on qlue l'iii d'eux
fIt elclave non engage. La naliitce la
mort de chaque Negro feroic conflartl lga-
lement; out Negre que 'oti trouveroitdan
ne habitarin anis que fa naiflance fri conf-
tare, feroit dclard libre. Si un Negre,
homme ou femme, a difparu, fans que le
maitre puiffe prouer qu'il a pris la fuite,
l'officier public dlivrera, A fon choix deux
enclaves du mme fexe entire vingt & trente
ans (*). Le ma]tre fera renu de tourrir les

(') Il n'cil peut-cre pas inutile de rperc ici que
cette dilpolition n'eft point Injuile quand mme
le matre rernit iiiocent de ii dllrpurriun de rel-
clave; en ciet, ciinime un I'a dtja dit, ce n'eft
pas (ulemteni t idelx enclaves, mais tous les efcl.ves,
que le I&gifiteur a le droie, & iim ett ians l'o-
hUli.ntion d'affruanchi'.

5c R r E X NS
cnalns des efclaves engag;S i teams, puifqu'iT
at profit & qu'il profile encore du travail de
lours parsons. Ces enfans deviendroient libres
r; lpoqec de la libert de leur pere; &
cell de la liberty de leur mere fi le pere
&oit mort elcave ou qu'il fAt de la clafro
des efclaves perptuels; ou enfin, que len-
Fainr f iltiiigime.
Cc fsron i, l'; 1g de dix huit ans qu'on
accordernait aiii unnriliis iiles ou femclles des
Negros eflcavas purpruel lk droit d'inren-
rot uin atlin perronnullo contre leur mal-
tre.
Si '4liont droi t admnili, ils feroiont, pon-
dant la durde de l'aiion ; pllcirs aux dpens
du mniiire, d.ims un drabtiffimei'nr public.
Il y ;iuroir dans chaque colonies, ou dans
chaque canton un o icier public charge
fpIcialement de dfendre les caufcs des Ne-
gres, & le mme officer feroit le tuteur des
enftns dus Negres ef:clavs au-de!ous de dix-
huit ans, & pourroit pourfiiivre les matres
lorTiq'il jugeroit que leur dlir ne feroir
points anfz puni par laffranchiircmcnt de ces
enfinns ungiags & la condaunnaron leur
player ds alimuns.

SUR L'E;CLAVAGE hlESNi;GRES. 1
Enlin, un lormeroir un rarif, fixanit le
prix moyen de L1 vilttr d'un Nt!ruc, fii-
vanr les different~ ige, pour les Jdi Trenrcs
'poques d'eng,imniant ; & tout Nu,;.re qut
oltriroit, (o pour qui un offriroir fcin inma-
ttn la faomu fixde par le taril, feroir libre
du moment ob l'orc re erit dpol'ie clh.z un
oficier public. Cer article auroit fr-couc l'a-
vantage de dlivrer les Negrelles de rouC
ce que la dbauche & la fdrocit de leurs
maitrdcs les expof6et fouiifrir. L'humanit~
ou mnime l'incontinence les auroient bientdt
dlivres; car ce ne feroic point pour les fire
changer d'efclavage mais feulement pour
les affranchir, qu'il feroic permis de les ra-
cheter. Si, aprs avoir cti connoifEince du
dpt fait chez l'officier public, un home
dltcnoir I'c( lave contre fi volont ; s'il re-
tenoir un afc;ive auiiffrils du rarme que la
loi a fixed lelJivage rs lu, & dans tous
les cas femblables le nmuirre ru feroit rendu
coupable du crime dle rcrcnir un home libre
dans l'efclavage, & devroit rre puni come
pour un vol.
Cette Igillarion n'auroit aucun des incon-
vWnicris qu'on fuppofe toujours aux change-
D ij

. : R i L EXIO
muns trop brnfques, puifqlii les alfranchif'-,
mens ne le fbroient que peu t" peu. Elle don-
noeroitua la foi', aux colons, le items de chan-
ger inrcnfiblcnient leur mdthoid de cultiver,
de fe procurer les moyens de tiirc exploiter
leurs terres, riit par des Blancs, foir par
des Noirs libres & au government celui
de chringer le fyfltme de la police & de la
lJgi1.d(ion des coliniCs.
LU n I tililtroir qu'on poirtant il Cinqiiantc
Aun )u crili!w du lii frcondirt des Negreres,
& i l'iianto-din celui de la vie des Negres,
il nu rllluroir plui iucuni enclave dans les
(ulonib iOau Ibut do lcixanrt & dix ans; que
tj cbhll dci Negres deflivc pour hlur vie ,
finirnit 1 Ihour de cinquainct; qu'l cette po-
que nimme, celle des Negres engags ferait
pou nombreliie ; qu'infin, aprs trente-cinq
quarainre ans, le nombre des Negres efclaves
furoir prefilue nananti, & ripine celui des
Negres engages dans reflclav.igt pour un rem.s
rduit tout au plus au quart du nombre aucl.

SULR l'ESCLAVAGE liES NI.GRES, s.

X.

Sur les projyet pour ddoucir fs;l',j iL;vc des
Ncb gres.

N nous avont propof[ les Joix qui nous nnt
paru les plus fircs pour dtruire graducue-
ment rerctavage, & pour radoucir tanc qu'il
fibfillern. On pourroir imaginer qui des loix
limblables aux dernieres feroient capable,
non de rendre l'cflavage lgitime, mais de
le rendre moins barbare & compatible, finon
avec la justice, du moins avec l'humanitt.
Nous croyons de pareilles precautions in-
filfifantes pour adoucir l'efclavage elles ne
peuvent dtre turilcs qu'aurant qu'elles ne fe-
ront rablies que pour un efpace de renis-
limit, & qu'elles ne front qu'accompagner
un ryflme d'affranchiffement. Dans les moyens
que nous avons employs la feule peine du
ma;lrre off la libert de refcalave, ou rtout ai
pluil une peire penfian; & comme nous i'a-
vrns dit 'une & 'autcre Ibnc cxigible Jsiis
l'ordre dJ la )tdlicu naturelle, quand niuiime
1) iii

4 R E F 1 E x t i N S
le matre n'auroit jamais abuf de fon pou-
voir. Cc font des ddominagemens nccfi.lires
lu rtrt qu'il a fait fon enclave en le rete-
nant din, refcivage, crime qui n'a pas be-
foln d'une infurarion pour tre conflatd.
Cette nceffir ce reparer le crime qu'on.a
commit cil iune confquence dudi ir paru-
ici &- n'a ib:fuin d'ere reg!We d'avance par
uiicunce lii. Ainli t l ll l de condalmnr
celui qui enitc:vu il Ii fOiulil.ilil l'fufage de
la liberty A rcpirrr fan tort, fr;in qu'il ait
dcr nlr'c:t'dire. de l'avertir par aucune lIi
qu'il 'eirpofli core condemnation en com-
mnrrant Ie crinme;ic de proulver qu'il a
joitir i ce pirermier 'rinme, on du ourrpages,
mi de miavais traiitcmens. Mais pour inili-
ger d'autres pines qne cette rJparatinn il
faut, 1i. quel!les aient c tablies par une
loi exprefre antricure au crime 21. que
I'a'tion parrictuliere pour l.r:qucll on les ini-
flige ani i- ligarmcnt pronvic. Cependant
ces fihiplcs rcparatiuns ne fernient pas une
pine luflfiinrt pour arrrccr les violencts des
mi;'tsc. Un Ihomme qui aura .rair donner l
quti'fion :;I 'es Negrec, qui les aura fait ibri-
eIr i petit ruu mdritc des punirioi-s. d'un niarc

SUR L' SCLAVAGE DES NEGRES. 51
ordre ; or, pour lui infliger ces punitions,
il ne fqiffit point de les 'tablir pa.r une loi,
il fauc que le crini foit prouvt. Seroit-il
julle d'adme:tre dans c as, lu tetoignago
des Negres contre luirs murnlrc. Quelques
publicifles pourroieair Il pcnfer. h dEroiunt :
Les mairres n'ont aucun droit fdavoir des
enclaves; on confint qu'ils eun paint J con-
dition que s'ils font acczftrs d'un crime
contre un de leurs efclaves, ils pourront
ftre condamnis par le tmoignage des au-
tres. C'rft librement, c'ref pour fe conferver
le droit, fi cher leurs yeux de violer tous
les droits de la nature qu'ils s'expofent i
ne plus jouir des precautions que la loi a
prifes pour dfendre la f/iret les cintycns.
Qu'ils af'ranchifent cur. cl/aves qiu'ls
Ibirnt jues ) & la jcier'e le J/ra avec eux.
Nous croyons qu'on pout tppuferr ce rai-
fonnemenil, niiu-finulmcnct 'iiijiilicc d'une
telle lui, qui liifr 'vicdmnmenr des prindcpec
que nous avons l'ibli. page 9, mais l'en-
colragemiicnt qu'elle dunnuroir aux vices des
crelaves. D'un autre ctd, fi on n'admet pas
la rmnoign.ag des Negres, route preuve de
dulits commis par le maitre devient impufoible.
D iv

56 R f L E X f 0 M S
D'ailleurs, rolte loi qui tendra A adoucir
l'ctclavag tombera en dftfi:uid4e :e s lhoni
mes chargs de veiller fon cxicution, iront-
ils pourfuivre le colon don't ils veulent pou-
fer la file, avec qui ils paffcnc leur vie,
pour foulger de miferables Negres ? A-t-on
vu quelque parc le pauvre obrenir juflice
centre le rich!e, tones les fois qu'il n'y a
ponir plus ;i gagicr 1 puirfuivre le riche qu'-
re differ coirt'r!pre ? A-r-on vu aillciiirs que
dants l gnLive iL'Mtens populaiires, lu fiiblo
tbicnir iullice cotre I fort? PILLs la loi fe-
toit ftvore conrtc le maIrre moins elle fe-
roit e'x Lci hommins ( 'i! polit irro porini de leur
donner ce ima l) les hIiOiirnn qui Ilnt aiir l-
rcr daCm des livre & fur-tmuti. an des nid-
moiret prrft:nrcs a;u gouvcrncrmens, que l'er-
clavage qucnt guere d'ajourer leurs ouvrages un e-
rit project de loix pour adoucir le forr des
malhourcnx qu'ils outragent: mais etiix-mdTis
ne croient pas a l'eficaitd de ces !oix & ils
ijonurenr I'hypocrifie la barbarie. Ils favenc
bien que torn cet apparel ne furrvra pas aux
Negre:; IaI fIul roup de fiiuet, n'aiugmentera

SUR L'ESCLAV AGE DES NEGRES. 57
point d'une once leur mifer;ablr nourriture.
Mais, colons eux-mtimcs, ou vcendus aux c6-
lons, ils venlitr du moins endormir lue gon-
vernemens, arrircr lu zelc du ciux des gens
en place don't l'an ne s't pas dCgralde au
point di regarder commr l honndrc tour ce
qu'il vl d'iiigu do lillit impuni. 1t rfem-
bluei craindre, tant ils fonr honneur leur
ficlu, que les gonvrniemens n'aiunt pas
afitz d'indifdrcncc pour la jufice & que
Ja mnion & flhumanitr n'aient trop d'cm-
pire.
Les loix mmes que nous avons proposes,
quelques douces qui'dles foien ne feroicnt
pas cxdcutes fi elles Jtoient perptuelles fi
ellus exigeoient d':umures preuv.e qu'une' tim-
pil infpedion o( l'avis d'un mducin. Ce
ii'fl pas au lia!:rd que nouii avonts ftirt dt-
pondre, d'un luimnie de car 4rar, ftexcution
de cette p.ariie ds lloix. C'aef dans cette
chli feIule qu'on wpeit epI'rcr de trouver
dans les colfiiito. de 'l'iumanit de la juf-
tice, des primciticp de morale. Les mngi-tats,
les enll~loycs dls diftUrcntcs puifinces, font
rotis iies hommei s jqui vont chercher aux Illes
u!'' :rtun'inr laqudl- ib ne pecuviur pkvcndre

B R FL EX I ONS
en Europe (*). S'ils ne font pas desintriguans
ddja dshonors, du moins ils font tirs de
cette cluffe d'hommes avidcs, remuans &
fans moyens qui produic les intriguans.
Quelques office s Fianois ont apport
dans leurs colonies une ame pure; mais plus
occups du militaire que des loix, faciles A
fe Inifftr fcduire par l'hypocrifie des colons,

(') 'out hommea ni ini bienr, & qui acquiert
ime graInide firune, ctil liTciiiieiii tent un home
avide peU dIh:.il tfr les moyens d('acquerir, qui
fii(lhi ito I il|;lit 6i Ion repos k lIbn avarice pplus
lik miyrnst ir t'ncii.tiir tui ont couti de foin ,
plus il a ~rt oblli do t s'i upert d'affiirei d'or.
gent ; plui II c(l .ctritln que l'amour dei richcffes
f11 fa pnllri i tiiiiinm;iie. Or les ames nitrqu5es de
ifrzf piitllion peCvent prendrc le marque de toutes
le vcrtus, &c mime du difinncirercent, mais el-
les n'en ont rIdlcmcnt uctinc. Si vous n'avez be-
foin que d'une probit commune, on en trouve
diiris tous les cats, dans touces les fortunes, mais
fi vous exigez uclque chufc de plus, ne le cher-
chez jamais parmi les homes, qui ayant panf de
l'indig icc une fortune mediocre pour leur tat,
ne s'y front pas arrits.
N-iii nv p:Tlonsr point ici des homes qui doi-
veit lI'atimentatdon de leur Efrtunc ldc6numic.

S' i L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 9
rivolts de la corruption des Negrcs, qui fi-
vniir moins cacher leurs vices & trop peu
philofophes pour 'cntir que create corriptign
n'ci1 qu'une raifon de plus pour lesi plaindre
& pour har leurs tyrans, lius .tvcr ce ty-
rans par lu Iing par l'itittt r, par Pfhabi-
tude, ils onir, au tddJJ au prj'ug qui aitc
croire l'urcluivage nceilhicr ou manquiii du
courage qu'il Lut avoir pour s'occuper des
moyens'de dtruire la ferviniude des Negres.
Tel ne craint poinE La mort, qui craint do
ddplaire cuii donc il eft entour; uoi brave
ic canon dans une bataille, qui n'ofera braver
des ennemis fe:rcrs accoutums fe jouer
de l'Immanit-. Les Prcres chrtiens, t3-
blis dans les Ilcs fifc Evangeliques, frit
Remains. font dtl intriiiiini., des finatiquces
i, dci ignuran!i. S'ils t'onnwrilloiunr les prin-
cipes dc Icit reli:ion %'il% avoient le cou-
rage de les fhivre da.ns I prarique IW mi-
iitfres du Saint Evingile rcavroinrt-ils les
colonis I lai:ir-C.Len ? Les prtres de l'-
glife rom; I: aidnmitrrotent-ils A l'Eucha-
rillie luir dunnri'icnt-ils l'abfolution ? ERl-
r e luCe IL colons, pcfldant des vfclivcs ,
ne font ,pa'. dces p'hc:irs publics dus hom-

6o R t F L E X 0 o S
mus fouills d'un crime public, qu'ils renou-
velent tous lev jonrs. Il n'y a pas de milieu ,
rout prcre chritien qui ne refufc pas Toit
la fainre Cene, Cfur d'efclaves, ou n'a point l'ide des de-
voirs de font tat, ou a vendu fa confcicnce
A iniquid '(*).
Parmi les mnidectu qui parent In mer, il
y en at un grand nombre qui n'onc 't en-
rraliin que pur Pl'evwi de voir des chores
nniivullea, & fi le gouvcrnmnunr tcs choifil
.Avcv oin il peri trouiver parmi eux des vW-
tir.ible .mi% do l'hiumnnirS. Il fitlirtir enfitire
d'.ivoir dani rh.iiiie colnic un dfcenfeur
de la caufT des Ncttc r & alir% 'on pourroir
ft Itirtcr quei Ic., [ir en leuir lvcuir ,.fe-
roicir exdcurL'cs. Currc derniere condition

(') Quoique miaiffre d'une autre communion,
nous droyons devoir rendre juofice un mine Fran-
irs, de l'ordre des freres prcheurs. Dans un ou-
vrage public il y a quelques ann6es, fur la colonie
de St. DIotmingtic, il a au le courage dle prCfncer
un rtblenu vrai de l'horrible barbarie exercde ,con-
tre Ic Negres, & une rfutation des calornies quc
leurs maltres s'accupent d'acrCdkiter contrc eux en
Europe.

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 61
feroir-elle impoffiblc remplir, & ne trouve-
roir-on pas, dans toute l'Europe, une dou-
zaine d'hommes qui n'aimrnncnt Foint l'or,
& qui ne craignirffnt point le fic de manioc ?
D'ailleurs, en fiuppofanr que lus colons
trouv'flenr des moyoln d'luddr ciu grande
parties les luix que nous avons propolhes,
du moiis la durde de l'cclivage ne peur lb
prolongr au-del de foixante & dix ans. La
lui qui permetroit aux Negres d'acheter leur
liberty, & aux homes libres de racheter
.les Negres lilivant un tarif; la loi qui dJ-
clareroit libres les Negres un certain age,
cell qui affranchiroic leurs enfans avec eux ,
routes ces difpofitions ne peuvent 2tre lu-
dtes que par une prevarication ouverte de
la part dcs jugus; & le crime que commer-
tr(ir le colon en rerenant des Negres libres,
pourrait rde prtouev par des preuves juridi-
ques, fCns avoir reonrs ni aux tdmoigna.
ges des Noirs, ni aux dfpolirions plus 1til
pctles enci-re, des BIlancs. Airfi du moins
les m; que ICN a.niI difpofiiuns de la loi
n';iuront lL'u einp'lcher nuront un term ; le
omnibre des Negi rusef4ves, & par conftqtcnr
I; numnirc des crimes, diminuereir chaqaue

f i I 1 L E S I O N S
.andc, & lie loix d'adoucifll ment ne !lu-
va.ilTeit- elles qu'une feule viiine elles au-
roient enctre proiuit un grand bien. En un
mor, fi I'efelvage refle perpti il, l'appareil
d'iine lgillation douce, en faveur des Ne-
fre, '.peuL produire un bien momentan &
bible mais le mal demeure ternel : ici au
contrr;ire c'cll le bien qui kera trcrnel, & Te
l:.iiitr id'eUccrion da.ns la loi peur rendre les
rrnorts du blcn plu ni muiuli lents mai.
inon IL Lirdrer

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGXES. 6-

X I.

De la culture apris la defjrulion de l'ef.
clavage.

IiL faut confidhrer ici 'pnardmennr la culture
par les Neg res libres, & la culture par les
Blancs libres; en effcc, il y aura ncefTaire-
ment dans chaque colonie, pendant les pre-
miers temns, deux peuples don't la nourriture,
les habirudes & les mmurs front diffrentes.
Au bout de quelques gnrations, la vrit,
les Noirs fe confbndront abfolumenr avec les
Blancs, & il n'y aura plus de difference que
pour la couleur. Le mlange des races fera
enfilire difraroirrca 1 l loangue mme cette
derniere ldifrencre.
Les Negre rifila.ve rirent en gniraln la
plus forrc partic de leur nourtituro de rer-
reins qu'on leur .ibindnnnc pour 1ti cultiver.
La mme quiintirL de terrain l'e nontriroic
libres come Jicl.ves. On fournir, de plus,
au Negr: efL',lve qutlques aliens tirs du
dehors quelques vtemens & le tcrrein oi

-R 1 F L I X 1i 0 a'

il i- conftruir une chauimie:e. Il Faudroir qid
l*Negre libre pict fur fon ralaire, feprocu-
rer un ,quivakenr. Le Negr enclave a cort
i fn maitre li prix de fa vanlur fl Negre
fibre ne lui a rien cocer mais il faut que
fan falaire foit fliffilant pour entrerenir fa fa-
iille. Ces deux objets percent fe compenfer.
En effect, dans 'ordre natural, un home
& une fenrmmn produifntr un garin & une
fille ; or, l f11in1Ce rit cdtL e l.a niorriture
tJ'iI gAtron & d'une filu uiirqu'ii rems o
il peuv'ntr gugRnr leur fiblfiilaneo par le tra-
vail inri .i ce1 c qa' pn colter a. nourrit-ure
dI.", rrefrtn del lui mIme 1Ifmifnlc qui fonr morts
t n bai tge, doit &cre C'ga-ki ot inhiriciire 11a
fb)mimc qure co.'rnr e in Negro on une Negref-
le fins qitvi il y aurn;r phl d'avantage A
acherer des tegres qu' en lever, ce qui
Wi'efl' pas. S'il faut que le Negre libre gwgne
de quoi fecourir fes parents dan la vE;illefl,
ou Ppargner une reftlorce pour la fienne, il
fait rtle le maitr nourrif! le vieux Negre.
La ciilure par des Negres libres n'eft donc
pas nJcc(irement plus cliere que paf des ef-
claves. E!lI ne fe ft, comme naus l'avons
dit que parcel que le parcage du product
brut

.UR L'ESCLAVAGE DES NE&GRES. 6
brut Ce faith dans l'tat du liberrd, en vertu
d'tune convention libre, & dan' l'ufelavage.
au gr de l'avarice du malrre ; iIque d(an Pd
tat de libert, c'cll la concurrence rciproque
dos travailleItrs & dus proprie'rircs qui fixe
le prix dos lilaires, & non le calcul quetfait
'avidir de I'tat de d&refcr o I'on peut re-
duire un homme fans diminucr en plus gran-
do proportion la quantity de travail qu'on
peur obtenir de lui i coups de fouet. Mais
il ne fauc pas s'imaginer que la difference de
prix entire les deux cultures foir auofi grande
qu'on le croiroir d'abord.
i0. Les terres abandonnes aux Negres
pour leur nourriture font mal cultives, &
cites le feroient mieux, fi elle leur Croient
affermes comme 1 des colons libres.
2o. La maniere d'exploirer les torres chan-
geroit A l'avanragc du prnpritaire il ne fe-
roir plus oblige de liairo valoir par lui-mdme.
Les dpenfes de la .ibriqua du licre, les em-
barras de la venre, Ic avaries ne feroient
plus fiipporrs iliire&miiienr par liii, mais par
des fermiers dcs manufaduriers, des com-
nierans, pour qui les dIpcnfes de ce genre
fir ouijours bien moins confiddrables, &

RirtEx TO NS

qui laifflroient aux propritaires une partie
de ce qu'ils gagneroient fir ces objets. Dans
ce fyfrdme d'exploitation, il y auroit des
homes inrrceffts A perfeaionner la culture,
la fabrication des denres & le profit qui r-
fulteroai du progrs de ces arts finiroit cou-
jours par produire une augmentation de revenue
pour le propritaire.
3. Lhs habirarions feroient parnageables ;
elle pourraient trre uillfrmtces on alines
par parties, leur propri-Md pourroit devenir
le gage det cranciers & ce changement
uriir I lI fhoi un tris-grand bien pour les
famillci dsc coluni & i. foiurci d'un muil-
lotir cmplit dies errains.
(Ces aviintrge. l'croient lents, mais en ifi-
vant la marche lenre d'alrranchliiement que
nous avons propold e, ls pertes des proprit-
circs Ifroicnc aufli fucceflives, & cette perte
feroit moindre qu'ils ne le croiroienr. La
plupart des Negres affranchis i lIcercroienc A
bon march, parce que la plupart ne pour-
roientr rru mplnys autre chofi qu' la
cultirC & qec ronis pouvant y Itre employs,
ils fIricent roiijours dans le cas des fimples
journaliers don't par tout le falaire par

sU(L ~'ESCLAVAGF. DES NEGRES, 67
cutte mdme raifon, ne peut s'dlever aui-def-
fus de ce qu'exige le fimplu nceilire. D'aUil
Iciurs, d'aprds dlcs calculus qui nous ont irtd
communiques par un home exa'l nous
avons juga que la valeur dus Ncgrcs cnm-
ployJs lir une hIabitu ion, ctl -p-pto-prs Jgale
aiu riers du prix de create habifation Suppo.
fons donc que l'efftr de notre lkgillatiun faoi
du diminuer d'un tiers le revenue du macre,
elle ne le diminuera que de la valeur des
Negres c'eft-4-dire de la valeur en argent
du tort qu'il leur a faith en les privant de leur
liberty. Il ne fera donc privd que de ce qu'il
a ufurpe par un crime, il n'aura recllemenc
rien perdu, & par confquent, fi la perte
relie au-defTliis du tiers, le colon aura rJel-
lumcnt gagnd au changement d'adminiLtra-
tion.
Quant J la culture par loi Blancs.
i0. La.u cilonri pourrnient drublir (ir leurs
haibirttions des liniilllc banclhos, moyennant
des ongagimuoni fembleblcs a c'Ua qui fl
font dans les tolonius Angloifes de l'Arm-
riquije fpruntrionalc.
1o. Le i iYuvcrnoncns AJ qui il role enn
,r~> dans lcs iLcs Franoifes & Efpagnoles,
E ij

68 { F L EXTO N

des terrcins don't ils peuvent difpofer, pour.-
roient y tablir des families de Blancs, en
divifant les terreins en petites proprits.
Dans les premiers items il feroir nceffaire,
pour les travaux fur le fucre ou l'indigo de
s'arranger avec un ngociant pour 'Ptablif.
fement d'un moulin ou d'une indigorerie pu-
blique.
I. En France on pourroit permettre aux
Prruroflani d'acqucrir dces habitations, avec
la liberty do l'exercice public de leur religion
dans chaque habiration, ou canton form de
plufictii haibitation, qui occiperoic cent
lI mnim%, la condition que ces cent hom-
mne Hliance ou Noirs, fcroient libres. On
puurroir permartre aux JuIift aux nidmes
conditions, d'acqiierir des habitations &d'y
fire les crmonies de leur culce. Les An-
glois & les Hollandois pourroient accorder
aux Juifs les mdmes avantages. Les Ifles
Negres d'Amnrique.ou d'Afrique trantalors
le leil pays fournis un gouvernement
nmrder o un Juif p avoir une vraie pro-
priUCt. territorial cette offre pourroi- les
f'iiirce, 1l condition de ne cultiver que par
des hunimes libres ne les effrayeroit pas,,

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 69
parce qu'il fe trouve parmi eux un grand
nombre d'individus panvries & laboricix, qu'ils
font naturellement fobres & conomes &
qu'il ne feroit pas difficile A des Juifi riches
d'tablir des peuplades fuir des tcrrm divifcs
entire des families nuxquelles il avanceraient
les premiers frais dt culture & de tranfport,
& avec lefqIqullcs ils partageroient Ie product.
On pourroit mdme pour augmenter la fa-
cilice ne les obliger qu' affranchir chaque
annde le fixieme des efclavosperpltuels, on
pour un tems qu'ils trouveroient dans une
habitation dja cablie. On entendroit par-la
le fixieme du nombre des Negres ou Negref-
fes en tat de travailler, qui fe trouveroient
la premiere anne dans l'habitation chaque
famille emmenant avec elle Ikfs unfans au-
defbus de quinze ans. Par ce moyen l'affraxn-
chifremcnir fcroit encore rr6c-prompr, & en
mme tcms on donneroit au proprijraire un
grand intdrdt de coinnrver les Negres, puif-
que la totalir dCe morts fIroit en pure pcrte
pour lui.
Cec derniers moyens manqueroient A l'Ef-
pagne mais rEfpagnc ne peut avoir ni lu-
nmicres, ni richeflns, ni population ni puif-
E iij

oi R F L E X I
lance, tant qu'elle n'aura pas brifJ les fers
honteux oi l'inquifition y rccicntla raifon &
Piiiunanit.
La poliion. de l'Efpagne l'dteninue & la
nature d flon fol, la fineffe & l'lvation
d'efpri la force & nl grandeur d'ame qua-
lits naturelles fes habitans, en auroient
di fire ine des premieres nations du globe.
Mai. qucil cr oir rufle.t-il ce people inibrui-
n', chca qui le rullauratcur d'une province
uft eMindinin jiridiqiicmcnr .1 dnemander par-
don au nimine du bien qu'il a; fahi aux hoin-
ni ti Q; nu utu Vurtu plibliquel ufl d.iiicrcife ;
ai il n'y a du frctc quu pour ceux qui s'agc-
nouillenr dvaiit un capuchon A moin. qu'ils
ne prennunt l'emploi d'erpions & de fatellites
du faint ollice; oh cet inflime micier ne
d&shonore plus; o'i les gnraux d1armies,
les commandant des flottes n'ofent lire dans
lenr rente on fur leirs bords que les livres
qu'il plait A leur aumonier de leur laifflr ;
ou les foldars, les officers, au lieu de fdli-
citcr ceux qui ont obcenu la gloire de mou-
rir pour la parie, s'occupent du rifque qu'ils
on couiru en mourant fans confellion ? Qu'c-
pr'cr pour une nation rt'duirt A cet tar, &

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 71
Lfduite par les moines au point dJ conferver
encore fon orgueil & de ne fentir ni fon
cvUiffement ni iys malheurs ? Hcurctrec FEf-
pagne & l'Europe entire li Clinrlcs-Quint,
au lieu d''coutcr la fauflf politique qlui lui
confeilla de trouble l'Europe Jour Jde que-
relles religicufs, on lu flarrant d'dJ(ecr par-
I fa puiflince fur lsc ddbri du (es voifins il
eut pris pour guide une raifon plus &clairdu,
une politique plus faine, s'il n'et vu dans
Luther & fes disciples (*) que des rtforma-

(*) On ne peut nier que les premiers rforma-
teurs n'alent conferv, en grande parti 'clfprit
fanatique & perrcuteur de l'dglifc Romaiin. ['ul-
farfinnt juridique de Server, machil d id 1uing.-roid
par C;lvin, l'apologic que Ilc/.e c publiai dl;n le
tenr miniime o Ii Franco dolt couveCte d'dchaiuds,
drcliTs pour t1 Calvilllit., lao rupplicei prpars
en Angleterr aux Antitrinitairci ; tou ces cljnis
anc disuonor la nuilffnce du la rdormapion. Mlis
il ne Eture pas oubl[r que ce Luther, f violent dian
fes 'crits, li icmpIrt dani l:a condulte, ne perfLcut,
perfonne, que Alluiaet'un prichu la colerance & la
paix, que Zwilnlca, qui mourut en conmbttant pour
fon pays, eut il couracg de s'lever publiquement
dans fcs fernions cuntre cet indigne ufige, fi an.
E iv

f R F LE X T O N S
mcurs de I'dglife occups d'en purer le
dogme d'en corriger les abus & d'en arrt-
ter les ufirpations; des hommes en un mot
donit, pour le bonheur des peoples, comme
pour l'intcret des touverains, les nations &
les rois devoienc fe fire un devoir de diri-
ger le zele & de feconder le courage!

cirii paril noso cnipatririrs, de vendre leur fang
pour de# queclll r i raiigtrs.

SUi L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 71

XI I

Refponfe J iuediju raijtnnemens des par-
ti/f ns dte l'ftJlhivace.

SI ces rcl8xions obriennent l'approbation
des efprits droits, des ames fines, l'auteur
fera plus que recompenfe. Mais il ne peut
croire fa tche termine, fans avoir rpondu
quelques raifonnmens d'autant plus faits
pour fdiuirc ceux qui ne rtflchiflenc pas,
qu'ils portent avec eux l'air de la bonlimia
& de cette bonne opinion de I'efpece hu-
maine, qui ef revenue fi la mode parce
qu'on a; trouv trdS-commode de dire que le
mal n'ufl pas dans la niatiire, pour drru difpenfc
du l'empcdlic oi de l rpuarer.
Aprs tout dir-on Ics Negres ne Int pas
fi maltra'irts ique l'nnr prtendu nos d/cla-
mateurs philfiiphs/ic, ; la perte de la liberty
n'eil rien pour eri ; au fonds ils font mme
plus heureux que Ilc pa.yflns libres de l'Eu-
rnpe; enfin Icnrs matres tant increffi s A
Ies conferver ils doivent les mnnger du

4. 1R F L E X I O N S
iii iiiii comme nous iinilageons les btes de

De res quatre afferions, aucuns n'eft vraie,
lc Neg;res font beaucoup plus malraii"s qu'on
ne le croic eci Europe; j'en juge non par
les lives qu'imprime.tc leurs maicres, mais
air les aveux qui leur dchappent; j'en juge
par le tJmoignagd d'hommes refpedables que
ce fpelacle a rempli d'horreur. Je ne prends
pas 'indignation qu'il montrent pour de la
dclamation, parce que je ne crois pas qu'un
home doive parler froidement d'excs qui
revolient la nature. Suivant le principle qu'a-
doptent les partisans de P1cldavage tout
homme qui a de l'humanki r, qui pofede
une ame forte ou fenfible, devient indigne
dc toute croyance, & 'on ne doir accorder
fa confiance qu'A des hommes affez froids &
aflnz vils pour qu'on foit bien Ifhr que qrul-
ique horreur qu'on exerce en leur prfence,
id.iiti. leur ame n'en fera rroublke. Je crois
tiJlin ceux qui ont dJcric leG horreurs de
l' fltlvige des Negres parce q'ils font
i giit d'iinKr<'c parce qu'on n'en peut
u'.iir .Io'On ( d'iy-noble du moins) com-
I l;.:, pi: I, v. uti;urcux Noirs. Je rejette

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGIRES. 75
au contraire le tmoignage de ceux qui d'-
fendent la caule de I'elfclvage qui propo-
fent de l'adoucir par des loiK loiufllie je
vois qu'ils ontr c1i qu'il cfperrent des emplois
par le crdir des colons qu'ils ont cux-ni-
mes de. cldacves, qut'enln ils ont dti dani
les lles ou les proltcleurs on les compli-
ces de la tyrannie & je doute qi'on iuifC
cirer cn f vcur de l'clclavage le timoignage
d'aucun homme tir d'une autre clafel. Mul-
heur une caiicf qui a centre elle tous ceux
qui n'ont point un intirt personnel de la
fourenir ?
La perte de la libert eft beaucoup pour
les Negres, il n'y a point d'hommes pour
qui elle ne foit un grand malliur: plans doute
un Negre ne Ce tuera point conimmn Caton,
pour n'tre pas oblig d'olU'ir Ctfar mais
le Negrc li: tuera, parcel que lfi maitre le
fipari malgrd lui, du la femme qu'il aimc,
parce qu'il la force de lb livrer A lui-mme,
parcel qu' l'exemple du vieux Caton il la
proftitue pour de l'argent (*). Les Negres

('~ Plutirque dit que le vieux Caton il'endol &
'cc efclavus uils tout coimmnct av;,L dJc feiunes

6 Rn F E X I O N S
i :'retrunt letrs ftes, leurs ds anfes, leur pa-
rcll I; liberty de fe liver aux gots, aux
habitudes de loir pattie.
Pour qu'un pays joiiffe d'une veritable li-
berc', il fauc que chaque home n'y roir fou-
mis qu' des Joix manes de la volont gn-
rale des citoyens; qu'aucune perfonnc dans
l'rat n'ait le pouvoir, ni de fe fouftraire A
la loi, ni de la violer impunment; qu'enfin
chaque citoyen jou8if d fs droits & qu'au-
cune force ne puilfe les lui enlever, fans
armer contre elle la force publique. L'amour
de cecte efpece de libert n'exille pas dans
le cour de tous les homes, & voir la
maniere don't fe conduifont dans certain
pays, ceux qui en jouil'cnt, il n'efl pas bien
fIr qu'eux-mdmes en ferenc rot u le- prix.

itrangeres, & qu'il leur permettoit, moyennant une
certain rte, d'avoir des tte tce avec les fem-
mire slaves de fa maiion: niais il ne dic pas ex.
prienrnant que le produit de cette taxe Ft pour
( unn, ce qui cependant eft trs-vrairemblable, vu
un rc rllive avarice.
l dllihri,, le rage Caton avoit des mrurs trop
fIe '' i:in stuhlihir un nlUuvils lieu dans f maifon,
s Ji Ir lui c: C:uit icveinui aucun prQfic.

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. *7
Mais il y a une autre liberty, celle de dif-
pofer librement de fa perfonne, de ne pas
dpendre, pour fa nourriture, pour les fen-
dmens, pour fes gors des caprices d'un
home; il n'efl perfinne qui ne lfince la
perte de cette liberr qui n'ait horreur de
ce genre de rerviruile.
On dit qu'on a vu des hommes prf&oer
refclavage 3 l liberty je le crois; c'eft
ainfi qu'on a vu des Franois A qui on ou-
vroit la porte de la Baftille aimer mieux y
refler que dc languir dans la mirere & dans
l'abandon. Un payfan ef'clave jouit des
conditions trs-dures d'une maifon, d'un
champ, & cette maifon, ce champ, font A
fon matre. On lui offre la liberJt, c'eft--
dire qu'on lui offec de le mettre hors de
chez lui, de Iui 6ctr l fceul moyen de fub-
fifler qui (bit tin fun pouvoir il eil roue
simple qu'il pr're l'efclvago. Mais n'el-it
pas la fois ridicule & arroce de Iburenir
qu'un home cil bienr, parce qu'il aime
mieux fon t:ir |qui de mourir de faim ?
On a uft dire que les Negres font mieux,
non pas que nos payfans ou ceux d'Angle-
terre & de Hollande iais que les payfan'

.14 l~~ H I. LEXIO N S
it' l'i.iHia ou d'Efpagne. D'abord quand cela
fciniti come r'xceflive miifre de ces pay-
lfas firoic l'ruvr.igc des inmprts, des gdnes,
des prohibitions, qu'on appelle ancrt pollcc,
rant i encouragement des nmanuj'7dures en
un mot des mauvaifes loix; ce rainlonemenc
eC rtduitc dire 11 y a des pays o l'on
rfj parvenu J rendr des hommes libres plus
mal'eureux que des rjilaves donc il faut
bien jE garder de dde'trnire 1'c/elavage. D'ail-
leurs cette allJgadton cil fauiff. Elle a pu
dtre avance de bonne foi par des.hommes
que les micfres publiques don ils dtoient t-
moins, avoient rJvoltJ : elle peut drrc le cri
d'indignoation d'une ame honncte mais Ja-
mais on n'a pu la regairder comme une aflfr-
rinn rfldihie. Dans les pays don't on parole,
il y a fans ccfle l I vCrie une petinc
pirtie dui people qui fe dtruit par la mifere,
niais il cil fort douteux qu'un mendiant foie
f'lu malheureux qu'un Negre, & fi on ex-
ertpre les tcms de calamits ou les malheurs
p. in iculiers la vie du journalier la plus pau-
V rcil moins dure, moins malheurcufe que
i-cIl ,!cs Noirs cflaves. Les corves feules
pouviiit.r mi'trre quelquefois une parties du

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGRES. 79
people de France au-dcllihii des Negres. Mais
enfin, quand les pnyiyins Franois (croient
pendant trente jours par ann au:illi mnalhcu
rux que des Negres, b'enfhit-il que l'Ificla-
vage des Negres ne flir pas infipportable?
& fi lon a ofn imprimer damn quelques bro.
chures, que le people on France ,l c cor-
vable & taillable dc f nature, en faurtil
conclude quo l'ecllvagc des Negres eft l-
gitime en Amrique ? Une injuflice ceffe-t-elle
da Pdtre parce qu'il cft prouvJ qu'eli n'eft
pas la feule qui fe commette fur la terre ?
On a dic encore, le colon intreff
conferver fes Negres les traitera bien com-
me les Europens traitent bien leurs chevaux.
A la vrit on mu il les chevmax miles,
on aflujectic quelqiiefoi les jumelni A des
precautions ( qu'on prtucnd que quelques co-
lons one adoprtcs pour leurs Negrctf7s). On
condamni c:s ;nimattx a palTnr leur vie onk
dans lu travail o trillcment attachls A un
rarelicr, on Icur cntmincf des points do fer
dans les flancs rour les exciter A aller plus
vit on leur dcchire la bouche avec un bar-
reau de fer pour les conrenir parce qu'on a
d'couvert que ccrre partic 4roic rrts-f~nfiblc

s J1 1: F L E X I 0 N S

,on Ic oblige, coups de obuer, a fire lei
cllbrts qu'on exige d'eux ; mais il ell ftr qu'
tour cela prIs les chevaux font affuz mena-
cgds: moins encore que la vanit ou l'int-
rt de leur matre ne le porte les exc-
der de fatigue & que par humeur ou par
caprice les palfreniers ne s'amuifent les
fouetter. Nous ne parlons pas' de leur vieil-
lelfe qui reflRmblcroit beaucoup A celle des
Negres, fi, par bonheur pour les chevaux,
leur peau n'toir bonne 3 quc!que chofe.
Tel eft l'exemple qu'on propofe frieufe.
ment, pour moiltrcr qu'un efclave fera bien
traits, d'aprs ce principle, que l'intrtde
l'n maitre t1 de le conifrver Comme fi
l'itrcr du naitre pour l'efclave, ainfi que
pour le cheval n'ctoit pas d'en cirer le plus
grand parri pollible, & qu'il n'y et pas une
balance A dablir encre l'inrrft de conferver
plus long teams l'fclave ou le cheval &
l'inrrcr den tirer pendant qu'ils dureront,
in plus grand piolir. l)'ailleurs, un homme
n'ouf pas un chev.l, & un homme mis au
rIgimn dle clptivitd du cheval le plus hu-
irra.inemcnut traiit, frroir encore trrs-malheu-
reuix. Les niamnii,x icle lfntent que les coups
ou

SUR L'ESCLAVAGE DES NEGI ES. $x
nu la gne, les homes cntentL l'injuffice &
l'outrage; lus animaux n'ont que des befoins,
mais l'homme cil milfrrable par des priva-
tions ; le cheval no fouiilre que de la dou-
leur qu'il reffent l'homme alt rvolted de
l'injuftice de celui qui le frappu. Les ani-
maux ne l'on malheuroux que pour le mo-
ment prdfent, le malheur de l'hozi.mne dans
un inflan embraffe toute fl vie. Enfin, un
maltre a plus d'humeur conrre fes enclaves
que centre res chevaux & il a plus de cha-
fes dmler avec eux, il s'irrite de la fer-
met de leur maintien, qu'il appelle info-
lence, des raifons qu'ils opponent fes ca-
prices du courage mdme avec lequel ils
effuient Ces coups & Tes tortures; ils peuvent
rre fes rivaux, & naturellnemint ils doivent
lui dtre prfu)r's.
On m'iobjelcr; onlin 'iiumanirj des colons:
on me dira; des homrnue diflingus par leur
mrite honors de l'eflime piibiqiu roav-
tus des premieres places dlan quatre des prin-
cipales nations du l'Europe, ont des poffef-
fions cultives par des iclavos & vous les
traitez comme des criminals, qui, chaqu
jour qu'ils different de travailler brifer les

S R F L EX IONS

fers de leurs Negres, te fouillent d'un non-
veau crime. Je rponds qu'Ariflide, Epami-
nondas Caron le jeune & Marc Aurcle
avoient des cfclaves. Quiconque a rflichi
fur l'hiftoire de la morale, n'a pu s'empd-
cher de remarquer que l'honntet ne con-
fife dans chaque nation, qu'A ne pas fire,
mme honorant s'il &toir connu du public. Qu'une
ationr criminelle par elle-mme ne foit Fas
dshonorante dans opinion, on la comment
fans remords. Cette morale, don't on porte la
fan&ion dans le cur, & don't la raifon rclai-
rde dide les maximes ceLeo vritable morale
de la nature n'a jamais (c chez aucun peu.
pie, que le parcage de quelques hommes.
Les Europ"ens, propriLraires des colonies,
font A plaindre d'tre conduits par une faufie
confidence, & d'autant plus A plaindre qu'elle
amiroir d cre brannIe par les rclamations des
dcfunfeurs du l'liuim irn,& qiue ,i ir cutce n'eft
pa LCIontre lIeurint i iits!,m;is pour leur avanta-
g que carre I;iulf.' citonfcicnce lcs f it agir (*).
( ) Volycz tillni Slri, lit, i la jif ))C iconfcincec,
im prniE 1, Lctdii lii 17?;.
Lc |'iiitC i lu I'clul;vigc dcs Negres font en-

SUR L'ESCLAVAGE DESNEGRES. 8J

Quanc A rhumanit qu'on fuppofe aux mai-
tres des Noirs, j',avou que j'ai connu des

core ri enracincis daun cetaines parties de l'Europe,
qu'on y a vu des nlnitllic qui e piquoicnt d'hiu.
manicd & de verru, rcccviic la ddicace d'ouvr-
gea ou l'on failoit i'apolngle de cette roucrinni bat.
bare. Il y :i nmme den gans qui font de fi bonnie
fui fur cet article, qu'un ngociant s'avil' (le pro-
pacer, il y a quelques annIei, un minifire rcdvr
en Europe pour fes lumfcres & pour les vertu ,
de donner fon nom un vaiifhau deflina la traite
des Negres. On feRt quell dt itre la rponte du
minitire.
Lotfque j'ai crit cette note, la mort n'avoit point
enlev la France, l'Europe, au monde enter,
le fcul home peur.-tre don't on ait pu dire que
fun rtitiince toit ndccflaire l'humanit, 11 avoic
eibrafld, dians toaite iin dienduc, la l'yfdme des
fclcnci, d'o' depend le bonheur des hoienics, Il
avoit dunnd pouu blfe & ce. fclenees un petii nrom-
brc de virits limples, puilliTe dans la nature da
l'homme ou d(es clurcu & rufrcptible do preuves
rigoureufci. La dcifion do toutes Ik queullions.de
droit public, de IJgillation, d'dniiniliraion dc-
venuit une cunfluence ndce(ridire & jamais arbi-
traire de ces principle: il n'avoit rign trouvE qui Ce
pt, qui nu dt d re rdglc par les loix inficvibleri
de la juilice, & il avoir alffjetti le fylt mnie foLi
F ii

RIl F t. 1 : x I M S

Anghlis & des Franois trrd-humains, mais
Ils vivoieuii en Europe, & Ieur humanit doir

des foix gnrtnles & rigourcules, comme cells
qui gouLvernent le fyltme du monde.
J1 ne cherchoit point, come les anciens lgiC.
lateurs, I dInaturek l'homme pour le rendre plus
grand, mais il vouloir le rendre heureux & fage en
lui apprenant couter la railon a connoitre
aimer la juftice Cuivre la nature. Si res ides,
fi fes vues prlIent avec lui, le genre human, qui
n'a jamais fait de perte plus grande, n'en aura ja.
mais Fait de plus irrparable.
Dans un miniilere tris-court, in l'a vu alTurer la
fubrliiance du people en rendant la liberty au ncm-
nierce des grains, rdtablir les policffeurs de terres
dans 'leurs droits de proprit, en leur rendant ce-
lui de dirpofer librement des produdians dc leur fol;
& rcflituer en mme teins aux homes qui vivent
de leur travail, la libre difpofition de leurs bras,
de leur indultrie, erpece de propricd non moins
fctrc, don't I'cthlillEnienctl de corps de mticr &
leur rdglemcrns les avilnt privs. Il a ddrruit la
<(rvitiila ile corvte1, fICrviuudL qul place le peu-
plc dlit un acit plrie 'pi celul des bItes de romme,
Iliirtii'prAt ronUt on nitil irrit I'arniml qu'on force au
trav ll Tu)ii:e ces luIx qui auroient ruffi pour 1l.
lultr:r un nminilrire de viglt uni, ont t l'ouvrage
dit vingt mils, & c: n'tuit que les premier traits

SUR L':ECIAVAGE nFS NECRES. 8

d'une faible reflburce 1 de malheureux cf-
claves, livrds en Am-rique des r'gifenirs.

du plan le plus vaRft, le mieux combine qu'aucun
lgiflateur n'ait jamais conu pour le bunheur d'une
grande nation. Les moyens de l'excution nuroienc
td fimnplcs, & cette heureufe revolution fe feroic
excutde en peu d'anndes, fans cxpulrr la tran.
quillit publique Ifns qu'il en contt ri:c la jur-
tice.
Tour ce que la fourberie peut inventer de pe-
tites rures, fut employ par les ennemis du bien
public, pour exciter centre lui de orages ; ils rur-
firent au del de Ilurs erprances, & ces orange
ne fervirent qu' fire admirer davantage les ta-
lens, le courage & les vertus du grand homnir
don't ils craignoient les lumieres & l'iinc;rruptible
quit.
11 cl le reul de tous les hommes di'Jat qui n'aic
cu d'autre rcglc de ponl(|iiqe que la jufiice d'au.
tre arc que de prWenitr la vcrllV avec clulti &
avec force, d'autre interit que celui de l parrie,
d'autre pailon que l'amour du bien public. S'il
abhorroit cette polliique infime qui trompe une
nation, pour augmenter la richteffl ou la puiff tce
du prince, la politique inlidicofe qui tromnpcroit le
prince pour augmenter la libertt du peuple, idriit
indigne de fon caractere. Toute charlataneriec iii
paroiffoai une fourberie, moins coupable peut-trc
V nu

NA R F. T K. r t o N S

Ie- mairres rctembcnt .i ces fonverains don't
le cetur clT bon, mais au nom de qui on brle,

que beaucoup d'autres mnais plus tidicule & plus
honceul'. Il ne trayoit pus que l'amour de Ii gloire
inJritic d'ecre le mobile des a;itfotns d'un home de
bien, tint que les homes ne ecroient pas afiftc
clairs pour n'honorer de cette recompenae que ce
qui cA vraiment utile.
Jamais honime n'n requ une nme, h la Flls, plus
canim plus fcnliblc n'a runi plus de forre i
plis de bout, plus d'indulgence pour les aurrc.te
pluq de rFdvdr;: pour lu-mnie, plus d'empire fur
fes parionis iL pius de fr.rachife plus tid prudence
ou (le reler-v haine plus' forte contre t(ut
ce qui avoic l'nppiirence de lu Fiifret & de la
diilimuidrion, Il avoir Iicrifid l'crprance d'une for.
tune immense on rerpce pour la vrit, fa fanci
& tes gots au defir de fervir l'humanit, cnfin Fa
plhcc, rf gloire mme, du moins pendant fa vie ,
& jiirqn' l'efpiranice dc Faire le bien, lua firnlt
de fTre principles.
Juftc envers fis ennemis, mais fans prtendre
:rc gSnreux, il ne fe crnoyic point permits de fire
;:,ie < un mchant ou de la manager, pare qu'il
ivvit t o'en plaindre. Toute c'pece d'exagration-,
dtiJllr't'iln ctoil dtrangere I f(on carntcere, il
av.ilt trc Idl.iut ret hnrreur, parce qu'il crnyoit y
voir plui de auiffcti encore que d'orgueil. Perfonne

SUTI L'eSCLAVAGE DES NGRES. 87

on brife des hommres vivns, d'un bouc de
leurs dtits Pautre parce que ces fouve-
rains re conduifent, non d';iprds leur propre
cur mais d'aprs les prdjugts ou li polirique

n'a en de lumieres plut dndoe, plun varidre; pet.
foniin n'a vu le courage d'spprcufonmlir plus (d'bhjou
diii'rcns, ii'u rcmonnti plui loin verse les premilcri
principles de toutes cls connoifflncci, n'en a fuivl
les confquentes avec plus de fagacite & de jur-
telTe. 11 feroit difficile de nommer une qucilion im-
pnrcantc rur laqulle il n'eut une opinion arrte,
qu'il s'dcoirt frme .d'apres lui-mme, ou qu'il ne
put rerou'dre d'apres es principles. Jamais home
n'a poffed un elprit plus tendu, plus profound,
plus jufte, une ame plus douce, plus pure, plus
cpurageufe. Peut-ctre a-t-il exift des homes d'un
aulfi grand gnie, d'autres aufTi vertueux, aulli
grands, mais jamais dans aucun la nature humane
n'a plus approchi de la perfedion.
Ceux qui, pondant fa vie, l'ont lih & caufe du
bien qu'il pouvoit fair, ceux qui dans le dlire
dc leur orgueil, ont ofcd Cre jaloux de lui, par-
donneront, i prdfent qu'il n'cit plus craindre, le
tmoignage que rend ra mmoire un stranger qu'u-
niffoic avec lui une palfion commune pour le bien
de l'humanit, & qui, dans les voyages en France,
a joui du bonheur de l'entendre dvelopper les
vues & montrer fon ame toute entire.
F iv

MI R e F L E X I O N S

,I lLirs minifires. L'limanit de la plupart
,lc h, inimes fe borne A plaindre les maix
quii'l voient ou don't un leur parole, &
(quiiciuetis A les obuLiger. Mais cette huma-
nitd qui cherche fur 1; terre cnicre o0 il
exile des malheureux pour les ddlendre &
pour s'dlever contre leurs tyrans, cette hu-
nanit n'cft pas dans le cour de tous les
homes, & c'eft la fetle ccpendntr qui
pourroit rro utile aux cfclavCe du l'Amdri-
que s'ils la trouvoient dans un de lcurs
matres; alors regardant le bonheur de fus
cfclaves come un devoir don't il eft charged,
& la pirte de leur lihert & de leiurs droits
come un tort qu'il doit reparer, il vole-
roit dans fon habitation, y abdiquer la ty-
rannie d'un mature pour ne garder que l'au-
corict d'un fouverain juilt & human, il
mettraoi fa gloire a changer en homes fes
cfclaves; il en formeroit des ouvriers induf-
trieux des fermiers intelligent. L'efpoir d'un
gaiii lgitime le defir de rendre l'exiflcnce
de r fa imille plus heureufe, fcroient les feuls
aignillins diu travail. Les chatimens employs
pa.r l'.iidlid & infligs par le caprice, ne
feroient liN, que la punition des crimes,

SUR I'ESCLAVAGE DESNEGRES. 89
punition dscerndc par de juges, choifis parmi
les Noirs. Les viceesdes crl.vcs difparol-
rroient avec ceux du miltre; bienrct il fe
trouveroit an milieu d'amis attaclchs A lui
jurqu' la pa.fion, fid les jufqu'A l'hdrolfme.
Il montreroir, par fun example que les ter-
res les plus fertiles nu font pas cells don't
les cnicivateurs font les plue mirurables, &
que le vrai bonheur deu l'homme cli cetli qui
ne s'achete point aux dpens du bonhi iir de
fes feres. Au bruit des fouets, aux hurle-
mens des Ngres ftiectderoient les fonsdoux
& tendres de la flAte des bords du Niger.
Au lieu de cette crainte fervile de ce rel-
pe& plus humiliant pour celui qui le reoit,
que rvoltant Four ceux ique la force contraint
le rendre ; au lieu de ce fpcd.aclcd de fer-
virude de firidciti. de i proffitction & de
miferre, que fit prdlncc a Iiir dilluruirrto, il
verroit naitre autiror de tui la firnplicitr gro'-
fier mais ingtioue dei la vie parriarcal;o par-
tout des famnille. eiciicufes de travailler & de
fe repofur cnlemble viendroient frapper fes
regards arrtendris. Le fcntiment de l'hondii-
rte l'amour de lh vertu, l'amiti', la ten-
dreiromaterncllc ou filiale, cous les fenimens