Priode prcolombienne

L'le d'Haiti reprsente aprs Cuba la plus grande le de l'archipel des Antilles. Situe au nord
de l'arc antillais, l'le est divise, depuis 1844, en deux Rpubliques indpendantes : la
Rpublique d'Hati (27750 km2) couvre sa parties occidentale, et la Rpublique Dominicaine
(48400 km2) couvre sa parties orientale.
L'le d'Hati, le Quisqueya des Indignes, a un pass trs mouvement, marqu
essentiellement par le fait colonial et le genocide des populations autochtones. L'histoire de
l'le peut tre divise en quatre grandes priodes : prcolombienne (5580 BP-1492 ap. J.-C.),
colonial (1492-1789), rvolutionnaire (1789-1804) et national (1804 a nos jours)1. La
priode prcolombienne correspond l'histoire des populations amrindiennes qui ont vcu
dans l'le avant la conqute de cette dernire par les Espagnols. L'anne 5580 BP, choisie
comme point de dpart de notre priodisation, correspond l'age du site le plus ancien de
l'arc antillais, localis sur l'habitation Vignier, dans la localit de Boucassin, commune de
l'Arcahaie (?). Ce site se rfre des socits d'age lithique, dites palo-indiennes, pratiquant
une conomie de pche, de chasse et de cueillette, et utilisant des outils en silex. L'age
lithique est suivi, suivant le systme d'Irving Rouse, de l'Universit de Yale (USA), de trois
autres ages : archaque (de l'apparition des outils en pierre police et/ou en coquillage a
l'apparition de la poterie), cramique (de la fabrication de la poterie a l'apparition des objets
europens), poque ou dbute l'age historique.
Si l'tude de cette priode occupe une place de second rang dans les travaux des historians, il
n'en demeure pas moins que le patrimoine amrindien exerce une influence non ngligeable
dans la socit crole hatienne d'aujourd'hui. Cette influence est remarque tant sur le plan
linguistique, dans la toponymie, les pratiques culturales que dans les techniques de navigation
et dans la gastronomie. La priode prcolombienne est connue grce surtout aux travaux des
historians archologues don't Irving Rouse, Kathleen Deagan et Jacques Roumain. On
retrouve certaines de leurs recherches dans le Bulletin du Bureau d'Ethnologie. Les autres
historians qui se sont intresss cette priode ont dcrit les socits amrindiennes telles
qu'elles taient a l'arrive des Europens en 1492. C'est le cas d'Emile Nau qui a public en
1854 un ouvrage assez intressant intitul Histoire des caciques d'Hati, lequel ouvrage
couvre la priode 1492-1528. C'est aussi le cas du Pre Pierre-Francois-Xavier de Charlevoix
qui a rserv le livre premier de son Histoire de l'le Espagnole ou de Saint-Domingue
(1730) a l'tude de ces socits.
L'anne 1492 marque un tournant capital dans l'histoire de l'le d'Hati. Elle symbolise le
point de dpart de la mise en place de la domination europenne dans l'le et dans le
continent amricain -, don't la plus malheureuse consequence a t la dcimation total des
populations autochtones et leur replacement par des Noirs africains.

Priode colonial

*. La colonisation espagnole
La mise en place, partir de 1492, de la domination espagnole dans l'le d'Hati s'inscrit dans
le context des proccupations commercials de l'Europe et de la lutte plusieurs fois sculaire

SCette priodisation correspond essentiellement l'histoire de la parties occidentale de l'le, c'est--dire
l'actuelle Rpublique d'Hati.

Histoire Haiti/ Fritzner Etienne

entire Chrtiens et Musulmans. Il s'agissait d'une part de trouver une route vers les prcieux
products d'Extrme-Orient (les pices) en contournant le glacis musulman, et d'autre part de
poursuivre la lutte contre les ennemis de la 'vraie foi', c'est--dire la foi catholique. La
reconqute, en 1492, de Grenade, dernire retraite musulmane en Espagne, aura favoris la
mise en execution de ces projects. Ainsi, le 3 aot 1492, Christophe Colomb, marin gnois qui
s'est mis au service de l'Espagne, partit, pour son premier voyage vers les Indes, de la ville de
Palos, en empruntant la route de l'Ouest. Le 6 dcembre de la mme anne, il aborda dans
l'le d'Ayti qu'il nommera Hispaniola, en raison, dit-il, de la resemblance de son paysage
avec celui de l'Espagne. Les relations avec les Indignes ont t trs cordiales. Le 4 janvier
1493, Colomb repartit pour l'Espagne en vue d'annoncer la russite de son voyage qui lui a
cot tant de fatigues et de chagrin. Il esprait galement mobiliser des moyens matriels,
financiers et humans qui lui permettraient de procder une colonisation en rgle de l'le.
Trois autres voyages lui permettront de reconnatre d'autres les de l'arc antillais et certaines
rgions de la cote nord de l'Amrique du sud.
Les trois dcennies qui ont suivi la dcouverte de l'le d'Ayti sont marques par la mise en
place d'un vritable empire colonial espagnol en Amrique, avec pour capital Hispaniola.
Cette priode est marque galement par la reduction en esclavage des Indignes qui sont
soumis une exploitation froce dans les mines, sous prtexte de les convertir au
christianisme. Dans moins d'un sicle, ces paisibles gens ont t presque compltement
dcims sous le coup des travaux forcs, des guerres et des maladies importes d'Europe.
L'un des objectifs avous de l'entreprise de Christophe Colomb a t la conversion des paens
la foi catholique. Cependant, la dure ralit de la colonisation n'a provoqu que la
disparition de ceux qu'on devait convertir. Les protestations des rares personnages qui se sont
levs contre les crimes qui se commettaient contre ces gens inoffensifs raisonnaient comme
des voix qui criaient dans le dsert. En tmoigne le titre du discours prononc par le moine
dominicain Antoine de Montresinos, dans l'glise de Santo Domingo en 15... : vox... Lorsque
le pouvoir royal dcida de ragir, le mal tait dj fait et pratiquement irrparable.
La mobilisation de la main-d'euvre indienne dans la production aurifre dsorganisa
l'agriculture traditionnelle fonde essentiellement sur les cultures vivrires, notamment le
manioc. Ce fait explique en grande parties les problmes alimentaires auxquels la colonie tait
confronte. D'autant plus que l'une des mthodes de resistance des Indignes face a la
domination espagnole a t la destruction systmatique des plantations, en vue de rduire les
colons a la famine.
La catastrophe dmographique aura pour consequence le dveloppement progressif du
systme odieux de la Traite des Noirs qui, pendant quatre sicles environ, arracha a l'Afrque
des dizaines de millions de ses fils, vendus comme esclaves dans les plantations et dans les
mines amricaines. Cet expdient n'a pourtant pas russi sauver la colonie espagnole d'Ayti.
De nombreux facteurs concourent au dclin de cette colonie: puisement des mines d'or de
l'le, raret de la main-d'euvre, conqute de la Terre Ferme (le continent), problme de
subsistence, incursions des pirates et des corsaires. En 1606, le roi Philippe III d'Espagne
dcide la dpopulation de la parties occidentale de l'le : colons, esclaves et troupeaux seront
transfrs dans la parties orientale. Cette action dsespre devait rpondre notamment a la
contrebande qui se pratiquait entire d'une part les colons espagnols et de l'autre les portugais
et les Franais catholiques, les Hollandais et les Anglais protestants. L'le devenait des lors un
bien sans matre. Le champ tait libre pour les aventuriers de toutes les origins.
*> La colonisation franaise
Le trait de Tordesillas (ville de l'Espagne), sign le 7 juin 1494, tablissait au profit de
l'Espagne et du Portugal un partage des terres nouvellement dcouvertes et dcouvrir. Ce

Histoire Haiti/ Fritzner Etienne

trait rservait l'exploitation des richesses du Nouveau monde ces deux puissances de la
pninsule ibrique. Les autres nations europennes taient exclues du partage. Mais elles ne
tarderont pas contester l'Espagne et au Portugal leur monopole. Franois 1er, roi de France,
n'avait-t-il pas demand qu'on lui montrt le testament d'Adam qui l'exclut du partage du
monde ?
Ainsi, ds le dbut du XVIe sicle, les autres puissances europennes, la France, l'Angleterre
et les Pays-Bas notamment, commenaient par mettre en cause le monopole hispano-
portugais. Elles ont utilis trois moyens principaux : la course, la piraterie et le commerce
illicite.
Les pirates et les corsaires franais ont t les premiers s'attaquer aux possessions
espagnoles et portugaises de l'Amrique. Paralyss par les guerres de religion (1562-1598),
les Franais, don't les activits remontaient au dbut du XVIe sicle, sont relays la fin du
sicle par les Anglais. Cependant, partir du premier quart du XVIIe sicle, l'expansion
colonial de la France allait connatre un grand essor, particulirement sous l'impulsion du
cardinal de Richelieu. A partir de ce dernier, la domination colonial devint un des piliers de
la puissance et de la richesse du royaume.
La mise en place proprement dite de la domination colonial franaise dans les Antilles
commena en 1625 avec l'occupation, conjointement avec les Anglais, de l'Ile Saint-
Christophe (aujourd'hui Saint Kitts). Chasss par les Espagnols en 1638, ceux d'entre eux qui
ont russi s'enfuir se sont rfugis dans l'le de La Tortue, situe 12 Km de la cte nord
d'Hati, region qui sera occupe progressivement, en dpit des frquentes attaques des
Espagnols. De 1640 1665, l'histoire de l'le est marque par des luttes incessantes entire
Franais, Anglais et Espagnols pour sa possession. Cette le deviendra, en raison de sa
position gographique, une base de premier ordre pour les activits des pirates et des
corsaires. Cette priode est marque galement par l'activit des boucaniers (chasseurs), des
flibustiers (pirates) et des habitants (cultivateurs). Ces derniers transformrent l'le en une
espce de Rpublique d'aventuriers qui ne reconnaissaient au roi de France qu'une autorit
nominale. En 1665, l'le tombe dans le domaine de la compagnie des Indes occidentales, qui y
nomma comme gouverneur l'ancien capitaine de marine et corsaire Bertrand d'Ogeron. Ce
dernier a mis en place une politique de peuplement de l'le, en encourageant l'immigration de
Franais par le systme de l'engagement.
La second moiti du sicle a connu plusieurs faits marquants : augmentation de la
population, extension des tablissements, essor des activits agricoles, recul de la flibuste.
Entre-temps, par les traits de Ryswick, signs en 1697, Ryswick (Hollande), l'Espagne
reconnat la souverainet de la France sur la parties occidentale de l'le. Cette parties allait
connatre, dans la premiere moiti du XVIIIe sicle, un extraordinaire dveloppement
conomique, fond essentiellement sur l'exploitation de la canne sucre et le systme
esclavagiste. Cet essor conomique a valu l'le l'appellation de 'Perle des Antilles' et de
'joyau de l'empire colonial des Bourbons'. Grce la colonie de Saint-Domingue partiese
franaise de l'le d'Ayiti), la France a russi quilibrer sa balance commercial en Europe et
parvint occuper une place de choix dans le concert des grandes puissances coloniales.
Cependant, la richesse de Saint-Domingue tait gnre par un systme social fragilis par
des contradictions de toutes sortes. Ces contradictions aboutiront, la fin du 18e sicle,
l'clatement de la socit colonial.
La bibliographie colonial est assez riche. Sur la priode espagnole, les ouvrages du moine
dominicain Bartolom de Las Casas Histoire des Indes, Brve relation de la il i, ,, ih/. i des
Indes, Apologtica Historia -, sont des sources incontournables. Ces ouvrages sont publis
entire 1559 et 1875. On peut galement consulter les ouvrages de Herrera, Descripcion de las

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Indias, ou encore Historia general de los Hechos de los Castellanos, publis entire 1601 et
1615, sans oublier le Journal de bord de Christophe COLOMB ainsi que l'ouvrage de Pierre
Martyr d'Anghiera, De orbe novo (1521-1526). Les auteurs qui ont crit sur la priode
franaise sont nombreux. Citons seulement quelques-uns: MOREAU DE SAINT-MERY,
Loix et L. i~Ii inlI,,, des colonies franaises de l'Amrique sous le vent (1784-1785) ; Emilien
PETIT, Droit public ou Gouvernement des colonies franoises (1771); Pierre-Franois-
Xavier de CHARLEVOIX, Histoire de l'Isle Espagnole ou de Saint-Domingue (1730-1731) ;
Michel Ren HILLIARD D'AUBERTEUIL, C.'i,,o,,,,i,.', sur l'tat present de la colonie
franaise de Saint-Domingue (1776); NICHOLSON, Essai sur l'histoire naturelle de l'Isle
de Saint-Domingue (1776); RAYNAL (Guillaume Thomas), Essai sur l'administration de
Saint-Domingue (1785).

Priode rvolutionnaire
L'anne 1789 marque un tournant capital dans l'histoire de la colonie de Saint-Domingue,
comme dans celle du monde occidental. Profitant de l'occasion qui leur est offerte par la
Revolution qui s'opre en France, les diffrents groups sociaux de la colonie (planteurs,
ngociants, ouvriers, petits mtiers, etc.) s'branlent en vue de faire entendre leurs
revendications. Ces dernires varient en function des intrts des divers groups. Les
propritaires voulaient l'autonomie conomique et politique de la colonie vis--vis de la
France, pourtant, les hommes de couleur luttaient pour l'obtention l'galit civil et politique
avec les Blancs. Les non propritaires, rvaient de devenir un jour propritaires, tandis que
les fonctionnaires royaux sont honnis des propritaires qui voient en eux des corrompus,
intresss uniquement faire leur bourse avant de retourner en France, alors qu'ils sont
incapables de juguler les turbulences des esclaves. Ces derniers, de leur ct, attendent le
moment favorable pour se dbarrasser de leurs oppresseurs et s'accaparer des terres que leur
sueur fertilise gratuitement. A la veille de 1789, la colonie de Saint-Domingue tait
comparable un baril de poudre prt exploser. Par contre, les matres taient tous d'accord
sur un point essential : le maintien du systme esclavagiste, base fondamentale des rapports de
production. Ils n'taient diviss que sur la rpartition des richesses gnres par ce systme
odieux. Les esclaves reprsentent le group le plus homogne. Ne bnficiant rien de la
richesse colonial, don't ils sont le moteur principal, dans tout chambardement de la socit, ils
ne peuvent sortir que gagnants.
Entre 1789 et 1791, la scne politique colonial tait domine par les luttes entire diffrentes
factions de la classes des matres. A partir de 1791, les esclaves, qui reprsentaient prs de 86%
de la population de Saint-Domingue, font leur entre fracassante sur la scne. Cet vnement
donne aux movements de revendication une orientation nettement rvolutionnaire. La libert
tait devenu le matre mot du moment et le cri de ralliement des masses services.
Les guerres rvolutionnaires qui, entire 1792 et 1799, ont mis la France aux prises avec la
quasi-totalit des Etats europens, ont eu de graves consequences sur la colonie de Saint-
Domingue. Au dbut de 1794, plus de deux tiers de la colonie taient aux mains des
puissances rivals de la France, notamment l'Espagne et l'Angleterre. Acculs par les troupes
espagnoles et anglaises, les Franais sont obligs de faire appel aux esclaves rvolts auxquels
ils ont promise la libert, en change de leur aide contre les forces trangres. Le 29 aot 1793,
la libert gnrale des esclaves est proclame par Sonthonax, reprsentant du gouvernement
franais Saint-Domingue. Cette decision est ratifie en fvrier 1794 par la Convention
National. En effet, n'et t le ralliement, en mai 1794, de Toussaint Louverture, un des
chefs des esclaves insurgs, la cause de la Rpublique, la souverainet de la France sur la
Saint-Domingue aurait t probablement perdue jamais. La priode 1794-1802 est marque

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essentiellement par les efforts de Toussaint Louverture en vue, d'une part, d'expulser les
puissances trangres du sol de Saint-Domingue et, d'autre part, de contrecarrer les
prtentions des Anciens Libres (Les Affranchis) la domination politique, conomique et
social dans la colonie. A la fin du sicle, Louverture est cense dbarrasser de ses ennemis
intrieurs et extrieurs. Promu la function de gouverneur de la colonie, il promulgua en 1801
une constitution qui lui donna le titre de gouverneur gnral vie avec le droit de nommer son
successeur. La constitution de Toussaint Louverture tait considre par la France comme un
manifeste d'indpendance. L'orgueil de Napolon Bonaparte, le conqurant de l'Europe et de
l'Egypte, ne pouvait accepter cet affront la souverainet franaise. Il voyait dans l'ancien
esclave, devenu gouverneur, un rebelle qu'il faut soumettre par la force. En fvrier 1802, une
expedition de plus de vingt mille hommes est envoye Saint-Domingue, afin de rduire
Toussaint Louverture. Cette expedition a t l'origine de l'clatement de la guerre de
l'indpendance de Saint-Domingue. Elle tait dirige par le gnral Leclerc, beau-frre de
Napolon Bonaparte. Les nombreux renforts porteront les forces expditionnaires plus de
quarante mille hommes. Dfait, le gnral Louverture est captur et dport en France comme
prisonnier. On l'enferma au Fort de Joux o il mourut le 7 avril 1803. Cependant, la dfaite de
Toussaint ne signifiait pas pour autant la fin de la guerre de l'indpendance. D'autres chefs
ont pris la tte du movement. En automne 1803, c'est la dbcle de l'arme franaise, face
la determination des forces rvolutionnaires, conduites par un ancien officer de Toussaint
Louverture, le gnral Jean Jacques Dessalines. Les troupes franaises, commandes par le
gnral Rochambeau, ont capitul le 18 novembre 1803. Le premier janvier 1804, l'arme
rvolutionnaire proclame l'indpendance de Saint-Domingue, sous nom indien d'Hati.
Dessalines est nomm gouverneur gnral vie, avec le droit de designer son successeur. Un
deuxime Etat indpendant venait de prendre naissance en Amrique.
Les ouvrages suivants peuvent tre d'une grande contribution l'tude de la priode
rvolutionnaire: Etienne CLAVIERE, Adresse de la Socit des Amis des Noirs,
l'Assemble Nationale, .... (1791); GATEREAU, Histoire des troubles de Saint-
Domingue, depuis le mois d'octobre 1789, jusqu'au 16 juillet 1791, (1792). Charles
TARBE, Rapport sur les troubles de Saint-Domingue, ... (1791); Baron de WIMPFFEN,
Voyage Saint-Domingue, pendant les annes 1788, 1789 et 1790; CHOTARD, Prcis
de la revolution de Saint-Domingue, depuis la fin de 1789, jusqu'au 18 juin 1794, (1795);
Franois BARBE DE MARBOIS, Rflexions sur la colonie de Saint-Domingue...(1796);
Louis Narcisse BAUDRY DESLOZIERES, Les Egarements du nigrophilisme, (1802);
Jean-Philippe GARRAN DE COULON, Rapport sur les troubles de Saint-Domingue ...
(1796-1798) et Dbats entire les accusateurs et les accuss dans l'affaire des colonies,
(1795); Alfred de LAUJON FILS, Expdi de Saint-Domingue ou Prcis historique de la
dernire expedition de Saint-Domingue, (1805); PAMPHILE DE LACROIX, Mmoires
pour servir l'histoire de la Rvolution de Saint-Domingue, (1819).

Priode national

Le 1er janvier 1804, les forces de l'arme rvolutionnaire ont proclam solennellement, et
dans l'euphorie gnrale, l'indpendance d'Hati. Cet vnement marque la fin de plus de
trois sicles de colonisation et d'esclavage. Une nouvelle nation, forme essentiellement
d'anciens esclaves, venait de natre. Cependant, cet exploit, unique dans l'histoire du monde,
ralis par des esclaves qu'on croyait des tres diminus, incapables de toute sublime ou
auguste ralisation, tait trs mal venu aux yeux des grandes puissances. C'tait un mauvais

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example pour leurs colonies esclaves. Ces puissances ont tout fait pour viter la propagation
du flau hatien. Elles refusent de reconnatre le nouvel Etat, sur lequel pse encore la menace
d'un retour offensif des Franais. Face cette situation, Dessalines va mettre en place une
politique de militarisation total de la socit en vue de prvenir toute attaque des Franais.
Dans cette perspective, le massacre des derniers colons demeurs dans l'le, dcrt par
Dessalines, ds le mois de janvier 1804, tait prvisible.
La reconnaissance par la France de l'indpendance d'Hati n'aura lieu qu'en 1825, et cela en
change du paiement aux anciens colons d'une indemnit de 150 millions de Francs. Cette
indemnit reprsentera une lourde hypothque pour le dveloppement conomique du pays.
Sur le plan interne, la disparition de la classes des matres cre un vide et fait surgir des
problmes qui exigeaient des solutions urgentes, et don't le neud gordien a t le mode de
rpartition des biens vacants laisss par les colons. Que faire des terres, principal source de
richesse dans l'ancienne colonie devenue Hati ? Faut-il les nationaliser, les vendre, ou les
distribuer aux cultivateurs ? Dessalines opta pour la premiere solution, ce qui allait lui coter
la vie, aprs seulement deux annes la tte de l'Etat. Sa disparition dboucha sur la division
du pays en deux parties : le royaume du nord, dirig par Henri Christophe, et la Rpublique de
l'Ouest et du sud, dirige par Alexandre Ption.
Durant les deux sicles de l'histoire d'Hati, les dirigeants se sont toujours montrs incapables
apporter une rponse cohrente et definitive la question agraire. C'est la vision des
cultivateurs qui prvaudra partage des terres et primaut de la culture des vivres sur celle
des denres -, au dtriment de tout project d'intgration du secteur agricole dans un processus
global de dveloppement du pays. Il en rsulte une extreme parcellisation des terres. Ce
phnomne n'est pas sans consequence sur les conditions de vie des couches paysannes et sur
le dveloppement du pays.
Dans le domaine conomique, il faut mentionner un autre fait tout aussi important et trs li
la question agraire : l'impossibilit pour les classes dirigeantes de restaurer l'conomie de
plantation, tourne vers le march extrieur. Ce modle conomique, fond, l'poque
colonial, sur les grandes units de production appeles 'habitations' ou 'plantations'-, tait
abhorr par les cultivateurs qui n'en voyaient que le symbol de l'esclavage. Ces derniers
n'taient intresss qu'aux jardins vivres qui leur procurent leur subsistence. Tous les efforts
visant la restauration de la prosprit du pays, sur le modle de l'conomie de plantation, se
sont solds par l'chec.
A partir de la second moiti du 19e sicle, des efforts ont t entrepris en vue de promouvoir
un certain dveloppement industrial dans le pays. Malheureusement, les rsultats n'ont pas t
fameux. Deux essentiels expliquent l'chec: le poids de la dpendance vis--vis du march
mondial et l'instabilit politique. Ces deux facteurs devaient peser d'un poids trs lourd sur le
dveloppement des forces productive internes.
Dans le domaine politique, la situation n'a pas t moins complex. Immdiatement aprs la
disparition de Jean Jacques Dessalines, des divergences politiques profondes apparaissent, qui
ne tarderont pas dchirer le corps social. Elles marqueront toute l'histoire du 19e sicle
hatien. Les luttes incessantes entire les deux ailes de l'aristocratie dominant, qui sont
caractristiques de cette priode, prenaient assez souvent la forme trompeuse de conflicts de
couleur. Les rivalits politiques tournament, partir des annes soixante, autour de deux
grandes theories politiques : la thorie multriste, qui fondait la lgitimit du pouvoir sur
"l'illusion de la competence" (le pouvoir aux plus capables, et la thorie noiriste, qui la
faisait reposer sur un "quota pidermique" (le pouvoir au plus grand nombre). Vers la fin du
sicle, les luttes politiques se dgnraient en rivalits de personnel pour aboutir, en 1915,
l'occupation du pays par les Etats-Unis. Cette occupation doit, par ailleurs, tre considre

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dans le context de la logique d'expansion imprialiste, qui se dessinait dans le monde dans
les dernires dcennies du 19e sicle, pour culminer la Premire Guerre mondiale (1914-
1918).
L'occupation amricaine du pays a dur 19 ans. Elle a eu le mrite d'instaurer une certain
stability politique dans le pays. L'ancienne arme, don't l'origine remote la priode
rvolutionnaire (1791-1804), est destitue et remplace par une Garde national, commande
par des officers amricains. L'occupation n'a cependant apport aucune rponse aux
problmes fondamentaux du pays. Au contraire, les contradictions sont plutt renforces.
Elles se cristalliseront sous le rgne des gouvernements autonomie interne limite, qui ont
succd l'occupant. Les luttes de couleur se sont manifestes avec encore plus d'acuit.
Benoit Joachim. Les racines du sous-dveloppement en Haiti (1979); Kern Delince, Les
forces politiques en Haiti (1993)

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