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BULLETIN DE L'ISPAN

Material Information

Title:
BULLETIN DE L'ISPAN
Place of Publication:
Port-au-Prince, Haiti
Publisher:
Bibliotheque Nationale d'Haiti
Publication Date:
Copyright Date:
2010
Language:
French

Subjects

Genre:
serial ( sobekcm )

Record Information

Source Institution:
Biblioteque Nationale Haiti
Holding Location:
Biblioteque Nationale Haiti
Rights Management:
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Jacmel !

Sursum corda*
Quoique spare de l'picentre par la puissan-
te chane calcaire de la Selle, la ville de Jacmel,
situe sur la cte sud d'Hati ne fut pas par-
gne par le sisme du 1 2 janvier 20 10. Le bilan
est lourd pour une modest agglomration de
148 000 habitants :
384 morts, 5 disparus, 448 blesss, 1 632
families sinistres, 15 090 sans-abri, 2 913
maisons dtruites, 7 484 maisons endomma-
ges... Lhpital Saint-Michel, le principal cen-
tre hospitalier du dpartement du Sud-Est a
t mis hours de service...
Le centre historique plus que les autres sec-
teurs de la ville a subi d'importants dgts,
notamment en la Basse-Ville construite sur un
terrain alluvionnaire sablonneux. Les 22 et 23
fvrier dernier, 'ISPAN a pu raliser conjointe-
ment avec la municipality un bilan exhaustif de
btiments anciens du centre historique. Lqui-
pe de l'ISPAN, compose de l'ingnieur Elsoit
Colas et de Constant Jean-Marie, documenta-
liste de l'Institut, y a dnombr pas moins de


''J


3' ei

33, rue du Commerce,Jacmel residencee Lon Baptiste)


103 immeubles anciens endommags des
degrs divers. Cet inventaire confirm dj
certaines des conclusions mises par la d-
lgation d'experts de l'UNESCO et de ICO-
MOS qui a visit la ville le 19 fvrier dernier: le
centre historique de Jacmel conserve encore
toute sa cohrence plastique, urbaine et ar-
chitecturale. En d'autres terms, la majority
de ces btiments anciens devraient fair l'objet
de travaux de restauration. Ce qui est pour
rassurer les Jacmliens qui misent avec raison
sur le dveloppement touristique de la region
et fair de leur ville la capital de la Culture
haitienne. En effet, que serait Jacmel, sans ces
maisons aux balcons ouvrags de dentelles ?
Que serait Jacmel sans le manoir Alexandra,
lieu mythique, dcor du roman de Ren D-
pestre, Hadrianna dans tous mes rves ? Que
serait Jacmel sans les aprs-midi calmes et ti-
des de la rue du Commerce? Que serait la ville
sans cette conversation permanent faite de
mots peine audibles de l'glise Saint-Jacques-


1- 11 I I TII I iL IISPAN, I I.: 10 10 1:'


Voil pour la btise des lments.
Celle des hommes, on peut la condamner.
Lyonel Trouillot, crivain hatien






M
ci
o

* Une maison du centre historique de Jacmel por-
tant l'inscription sans appel : dmolir>.


Sommaire
* Jacmel Sursum corda
* Dresde et Port-au-Prince
* Le Lethire, abim mais sauv
* Squences d'un effondrement
* Chronique ...


BULLETIN DE LISPAN est une publication mensuelle de l'Institut de Sauvegarde du Patrimoine National destine
vulgariser la connaissance des biens immobiliers valeur culturelle et historique de la Rpublique d'Haiti, promouvoir
leur protection et leur mise en valeur Communiquez votre adresse lectronique ispan.bulletin@gmail.com pour
recevoir rgulirement le BULLETIN DE LISPAN.Vos critiques et suggestions seront grandement apprcies. Merci.


BULLETIN DE L'ISPAN No 10 1 er mars 2010 I


w-. -



























et-Saint-Philippe et du palabre incessant du
March-en-Fer. Que serait cette rebelle cit au
pass tumultueux sans ces repres historiques,
sans saVieille Prison, sans l'Htel deVille, sans
les maisons Boucard, sans les maisons Doug,
sans la maison Cadet, sans la loge maonnique,
sans ses maisons en bois chambre-haute du
Bel-Air, sans la Marina, sans la Pharmacie Ha-
tienne, ...
Pass les premires emotions, les premires
urgences, les premiers chaos, la Municipalit
s'est vite ressaisie pour arrter de toutes ses
forces les menaces de dmolitions sauvages
qui planaient sur les btiments anciens du
centre historique. Toutefois, des measures d'ur-
gence et conservatoires devront tre prises
immdiatement pour sauvegarder et rhabili-
ter ces nombreux tmoins de l'Histoire de la
ville, touchs par ce sisme et qui se trouvent
encore aujourd'hui en grand danger de dispa-
rition imminent.
La lutte pour la sauvegarde du centre histo-
rique de Jacmel ne date pas d'hier. Bien des
acquis ont t durement gagns. Mais cette


experience rcente nous a dmontr que
bien du chemin reste encore fire, tant pour
consolider ces acquis que pour asseoir dura-
blement la sauvegarde de ce trsor cultural
de la Rpublique d'Hati dans les mentalits et
dans les rflexes.
Aussi convient-il de rappeler que le centre his-
torique de Jacmel a t inscrit en 2004, par
l'UNESCO, suite une demand officielle du
Gouvernement hatien, sur la liste indicative du
Patrimoine Mondial, selon les critres 2 et 4
de la Convention du Patrimoine mondial. Ces
critres de selection reconnaissent au centre
historique de Jacmel le privilege exception-
nel de tmoigner d'un change d'influences
considerable pendant une priode donne ou
dans une aire culturelle dtermine, sur le d-
veloppement de l'architecture ou de la tech-
nologie, des arts monumentaux, de la planifica-
tion des villes ... (Critre 2) et d'offrir un
example minent d'un type de construction ou
d'ensemble architectural ou technologique ...
illustrant une ou des priodes significative(s)
de l'histoire humaine (Critre 4). A cette


I. I, rue du Commerce (entreptsVital)
2. 37, avenue Baranquilla
3., 12, rue du Gouvernement
4. 10, rue de Logane, au portail de la Gosseline


BULLETIN DE L'ISPAN No 10 ler mars 2010 2























































x r1




















. 69, avenue de la Libert
2. 6, rue de Logane residencee Mac-Rae)
3. 22, rue Sainte-Anne (bureau de la Profamil)
4. 3 1, rue du Commerce (htel Florita) 5
5. I, rue Henry-Christophe residencee EmileVital)

BULLETIN DE LISPAN No 10 ler mars 2010 3




























































I. Avenue de la Libert
2. 3 1, rue du Commerce (htel Florita).Vue de la cour intrieure


3. 13, avenue de la Libert
4. 10, avenue de la Libert residencee Louis Vital)


inscription, a t adjoint le texte suivant, argu-
mentant ces critres :
Jacmel fut fonde en 1698 la faveur de l'ta-
blissement des comptoirs de vente par la compa-
gnie de Saint-Domingue, alors colonie franaise,
sur l'emplacement d'un ancien village prcolom-
bien. Rpondant sa vocation premiere de port
d'exportation, comme toutes les villes de l'poque
colonial franaise,Jacmel est ctire et conserve
sa trame urbaine initial ainsi que son trac or-
thogonal malgr sa topographie particulire qui a
favoris le dveloppement de rues pitonnes en
gradins trs originales. De mme Jacmel a gard
les vestiges du systme dfensif colonial par-
ticulirement ceux du grand fort qui protgeait


avec les remparts, "La Petite Batterie" et le "Fort
Beliot", l'entre de la rade. Mais Jacmel garden
surtout et vit encore les souvenirs de son histoire
rcente, celle par example partage par d'autres
pays de la region de son rle dans le movement
de liberation de l'Amrique du Sud. Dtruite en
grande parties au course de l'incendie de i 895,Jac-
mel fut reconstruite suivant le trac urbain initial
partir de maisons prfabriques commandes
pour la plupart de l'Europe plus particulirement
de la Belgique, donnant lieu une architecture
typique, original, de fer et fonte caractrise par
une homognit de volume, de formes et de
faades mais aussi par les traits naifs du dcor,
fantaisie du propritaire qui y amnage la fois


affaires, commerce au rez-de-chausse et loge-
ment l'etage. "Toute la ville dejacmel est ainsi
constitute de zones qui, en maintenant leurs ca-
ractristiques propres, sont soudes par un lien
spatial subtil et intrinsque" qui lui confere la
fois une expression humaine et "une sensation
de srnit et d'quilibre". Dans cet universe archi-
tectural ou les typologies en bois et maonnerie,
ou en maonnerie de roches et de briques s'alter-
nent, la galerie et le balcon souvent en fer et fonte
travaills assurent l'harmonie et la perspective
urbaines.
Sauvegarder le centre historique
de Jacmel, c'est sauvegarder notre
me. Sursum Corda.


BULLETIN DE LISPAN No 10 1 er mars 2010 4


o- .
- o





































































I. La salle de conference de la Mairie de Jacmel
2. 14, rueVallires
3. Le manoir Alexandra, vu de la place Toussaini
Louverture
4. Lglise du Tabernacle l'avenue de la Libert
5. La rue Sainte-Anne (entrepts Lon Baptiste)
6. La rue du Commerce


Cet article sur le centre historique de Jacmel
aprs le sisme du 12janvier 2010 a t
prpar avec la collaboration spciale
de oan Raton et de ConstantJean-Marie


BULLETIN DE LISPAN No 10 1 er mars 2010 5








Dresde

et Port-au-Prince


SLes ruines de l'glise Saint-Louis-Roi-de-France, ra.


Lestechniciens de I'ISPAN ont constat le jeudi
I I fvrier 2010 la demolition complete des ru-
ines de l'glise Saint-Louis-Roi-de-France, sise
la rue Baussan Turgeau (Port-au-Prince).
Cette glise, gravement endommage par le
sisme du 12 janvier 2010 et don't les ruines
encore importantes ne prsentaient aucun
danger pour la population, constituait un l-
ment important du patrimoine bti et religieux
de la capital hatienne.
Cette demolition htive a t perptre en
dpit de nombreux appeals publics lancs par
l'Institut en faveur de la sauvegarde d'lments
unique du patrimoine historique et cultural
de la ville de Port-au-Prince.
Ce btiment, inscrit sur la liste des monu-
ments historiques identifies par le Service de
l'Inventaire de I'ISPAN, a t achev en 1880.
Il tait un tmoin important de l'histoire de
l'implantation de l'Eglise catholique dans la
rpublique hatienne partir du Concordat
de 1860 sign entire Hati et le Saint-Sige.
Cette glise avait t compltement restaure


grce aux bonnes cuvres des paroissiens a
l'occasion de son centenaire en 1980.A date,
elle tait avec l'glise Saint-Joseph de la Croix-
des-Bossales (1876), l'un des plus anciens lieux
de culte catholique de la Capitale hatienne.
Cet acte iconoclaste et barbare, le premier
envers notre patrimoine cultural bti aprs
le sisme, a malheureusement trac la voie
d'autres. Les ruines du lyce Alexandre-P-
tion et ses annexes ont galement t rases
au bulldozer sans autorisation et, sans doute,
l'insu du Ministre de l'Education Nationale.
Paralllement, I'ISPAN a redoubl d'effort en
entreprenant une champagne de signalisation
tout en ritrant publiquement ses appeals aux
autorits afin de prvenir de tels agissements.
En dpit de cela, les destruction sauvages
continuent... Aprs l'glise Saint-Louis, l'glise
Sainte-Anne du Morne--Tuf est l'objet d'un
grignotage quotidien de particuliers venant se
servir en matriaux de construction en vue
de recyclage. Elle se rduit comme une peau
de chagrin, de jour en jour Le sort de la Bib-
iii "~" ;i; .:ii""iiiii ii


liotheque de l'Amicale est identique. L'glise
du Sacr-Ceur de Turgeau, elle aussi subit
un vandalism lent mais certain : ces ruines
encore signifiantes sont perues comme une
vaste carrire de briques d'argile, en dpit des
vhmentes protestations du cur de l'glise.
Les ruines du Lyce Alexandre Ption ont t
rases. Lglise Notre-Dame du Perptuel-Sec-
our de Bel-Air a subi l'assaut des bulldozers et
des pelles mcaniques. La chapelle de l'cole du
Sacr-Coeur deTurgeau, idem ...
L'crivain franais Michel Lebris, de pas-
sage Port-au-Prince et survivant du sisme
s'exclama dans un article public au journal
franais Le Point :"L, en bas, la ville est qua-
siment dtruite. Deux photographs nous
montrent leurs photos :tous les btiments que
nous connaissons sont en miettes. Dresde en
45, aprs les bombardements."
Justement Dresde Cette ville d'Allemagne
don't les origins remontent au Xlle sicle
fut dmolie au tiers par un bombardment
svre et systmatique de la Royal Air Force


Le centre historique de Dresde, restaur

BULLETIN DE L'ISPAN No 10 ler mars 2010 6







avec l'appui de l'Aviation amricaine. Plus de
200 000 morts. Ces ruines taient semblables
celles de Port-au-Prince d'aujourd'hui. Les ef-
forts de restauration de la vieille ville baroque
de Dresde au lendemain de la guerre ont t
rellement considrables. Un vaste chantier de
restauration des monuments historiques fut
inaugur au point de devenir quelques temps
plus tard la rfrence mondiale en matire de
conservation de biens culturels. De nos jours


la ville offre ses habitants et aux visiteurs
l'image d'une cit intgrant harmonieusement
l'histoire et l'avenir.
De nombreux appeals ont t lancs tant au
niveau national qu'international en faveur de la
protection de notre patrimoine bti afin que
ces sites de Mmoire soient scuriss et fas-
sent l'objet en toute urgence de measures con-
servatoires en attendant des actions durables
de restauration.


Selon les premires observations des tech-
niciens de I'ISPAN et des architects restaura-
teurs hatiens, corrobores par celles d'experts
internationaux qui ont visit Port-au-Prince et
Jacmel aprs le sisme, la plupart des monu-
ments historiques endommags lors du sisme
sont restaurables.

Serons-nous en measure de dfendre et
prserver notre Mmoire de Peuple ?


Le Lethire

abim mais sauv


Peint en 1822 par un artiste guadeloupen,
Guillaume Guillon Lethire (1760-1832), fils
d'un colon et d'une affranchie, ce tableau of-
fert Hati, en 1822, par le peintre fut trans-
port clandestinement Jrmie par son fils
en 1823. Expos l'origine l'glise parrois-
siale de Port-au-Prince *, il disparu vers la fin
du XIXe sicle et fut retrouv pli et rang
la sacristie de la Cathdrale Notre-Dame
de Port-au-Prince en 1991 par I'ISPAN. Plac
sur un chassis de fortune, il fut expos just
quelque mois la Cathdrale, avant d'tre
expdi en France pour y tre restaur au
Centre de Recherche et de Restauration des
Muses de France (C2RMF) situ au Louvre,
Paris, grce aux dmarches assidues de la So-
cit des Amis de Guillaume Guillon Lethire.
Aprs deux bonnes annes de travaux de
restauration, il fut expos l'entre des sales
* LAncienne Cathdrale de Port-au-Prince


Le sermenT aes /nceTres
de Guillaume Guillon Lethire (1760-1832)


d'exposition sous la pyramid du Louvre. Le
tableau retourna finalement en Haiti en 1998
et orna les murs Salon Rouge du Palais Na-
tional jusqu'au sisme du 12 janvier 20 10.
De dimensions importantes (233 cm x 333
cm), il reprsente, sous le regard et la bndic-
tion de Dieu, l'alliance symbolique des Multres
et des Noirs qui mena l'Indpendance d'Hiati
en 1804.
Le sujet du tableau est en lui-mme prise de
position, un manifeste et une provocation,
quand on sait qu'elle a t excute dans
une France en plein retour la monarchie (la
Restauration), domine par l'ide de la recon-
qute de l'ancienne colonie de Saint-domingue
particulirement sous la pression des anciens
propritaires dominguois. Lethire signe son
oeuvre : "G. Guillon Le Thire. n la Guade-
loupe. An 1760. Paris 1822".




: a. t: ,


Ltat du tableau suite l'effondrement
de la toiture du Salon Rouge du Palais National

BULLETIN DE LISPAN


Des pompiers franais, en mission humanitaire
Port-au-Prince au lendemain du sisme, ont
t sollicits afin de dgager le tableau des
dcombres du Palais. Cette mission ft rali-
se en presence de administration du Palais
National, M. Jacques Debrosse, de M. Dilkernst
Biamby, conservateur du Muse du Panthon
National Hatien (MUPANAH), de Daniel Elie
et Patrick Durandis, tous deux de la Direc-
tion Gnrale de I'ISPAN et de dlgus du
Ministre de la Culture de France.
Aprs avoir subi une infection prliminaire
et photographic en presence, le tableau a t
empaquette et plac provisoirement en sret
l'Ambassade de France Port-au-Prince.
Lors du tremblement de terre, le chassis a
t tordu et la toile zbre de nombreuses
dchirures. Cependant sa restauration reste
possible.


Le sauvetage du "Serment des Anctres
par les pompiers franais

* No 10 ler mars 2010 7








Squences d'un effondrement

le Palais National d'Hati

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w -e
.......


I.Vue de la pelouse du Palais National.A droite le fronton et les colonnes du
pristyle.Au fond, le Bel-Air et laTour 2004;
2. Les colonnes du pristyle cdent leur base suite un violent effort de
cisaillement horizontal;
3. Le fronton s'croule;
4. Nuage de poussire dgag par l'effondrement du dme central et l'implo-
sion du vide central. Remarquer le nuage de poussire s'levant au-dessus
du Bel-Air;
5. Leffondrement se pursuit;
6. La camera place sur le dme latral ouest continue filmer just avant de
s'crouler son tour
Note:Au sujet du Palais National, voir le BULLETIN DE LISPAN No 6


: ::A:


Images exceptionnelles squencent leffondrement lors de la
secousse sismique du 12 janvier. Ds les premires seconds du
sisme, le pristyle et le vestibule d'entre, immense vide s'tageant
sur deux niveaux et supportant le lourd dme central de l'difice,
furent attaqus par de puissants efforts de cisaillement. L'effon-
drement de cette parties "mole" de l'difice entraina dans sa chute,
par la suite, les deux autres dmes latraux ainsi que la toiture du
Salon Rouge. Ceci est confirm par le fait que la camera place
sur le dme latral ouest ait pu filmer leffondrement du pristy-
le, du fronton et du dme central avant de s'crouler son tour.


BULLETIN DE L'ISPAN No 9 1 er fvrier 2010 8








Chronique

des monuments et sites historiques d'Hati


Experts en conservation Jacmel
En marge du XXIXe Sminaire National de
Conservation et de Restauration de Monuments
Historiques du comit dominicain de I'ICOMOS
laquelle I'ISPAN avait t invite a presenter la
situation du patrimoine en Haiti aprs le sisme
du 12 janvier le Directeur gnral de l'Institut,
M. Daniel Elie a invit une haute dlgation de
technicians en preservation du patrimoine vi-
siter Jacmel. Cette dlgation tait compose
de M. Herman Van Hoff Directeur regional de
l'UNESCO pour l'Amrique Latine et la Caraibe,
de M. Dinu Bambaru (ICOMOS Canada) Res-
ponsable du Comit de Pilotage de I'ICOMOS
pour Haiti, de M. Esteban Prieto et M. Carlos
Flores Marini (CARIMOS) et Norma Barbacci
Directeur de Programme pour l'Amrique latine,
l'Espagne et le Portugal pour le Fonds Mondial
pour le Patrimoine (WMF).


SRunion de travail avec les Autorits de Jacmel
A Jacmel, cette dlgation a eu l'opportunit
de rencontrer Mme Magalie Comeau-Denis, re-
prsentante du Ministre de la Culture et de la
Communication, M. Ronald Andrisse, Maire-ad-
joint, M. Zidor Fednel, Dlgu dpartemental du
Sud-Est, Mme Yanick Martin, Mme Joan Raton,
et Mme Micaelle Craan du Bureau dpartemen-
tal du Ministre du Tourisme, de Mme Michelle
Oriol, de l'UNESCO, l'architecte Bernard Millet et
Mme Monique Rocourt, consultants de I'ISPAN,
et de M. Constant Jean-Marie, documentaliste
de I'ISPAN pour le Sud-Est.
r *l<. w


Au course de la visit du centre historique de
Jacmel, la dlgation a pu constater de visu que
les constructions anciennes de Jacmel endom-
mages par le sisme peuvent tre restaures
en majority. Cette visit a permis galement de
conforter les habitants de Jacmel anxieux l'ide
mme la destruction du centre historique de leur
ville. Cette visit a galement t l'occasion de
discuter avec les autorits locales des measures
prendre pour prserver les monuments haute
valeur architectural et historique de la ville.
Cette mission a t sans aucun doute un suc-
cs. Elle a pu catalyser une mobilisation impor-
tante dans bataille pour la sauvegarde du cen-
tre historique de Jacmel aprs le sisme. Il s'agit
dsormais pour I'ISPAN d'obtenir les voies et
moyens pour dterminer les measures conser-
vatoires prendre, adopter et excuter un pro-
gramme coherent de rehabilitation et de remise
en valeur Ce, conjointement avec les autorits
municipales, l'association de propritaires et la
participation des habitants de la ville.

Sauvetage de bibliothques prives
Les dgts provoqus par le tremblement de
terre du 12 janvier ont mis en danger de dispa-
r r


La residence de l'historien Georges Convington et
sa bibliothque sous les dcombres
rition irreversible un aspect fundamental de la
mmoire du people haitien. De nombreuses bi-
bliothques, aussi bien prives qu'institutionnelles,

i i


ont t saccages. Des livres rares, des manuscrits
originaux, des priodiques anciens, autres docu-
ments d'archives se sont retrouvs sous les d-
combres la merci des lments et des pillards.
A Port-au-Prince, grce l'initiative du Centre
pour la Recherche Iconographique et Documen-
taire (GRID) plusieurs de ces bilbiothques ont
pu tre dgages des dcombres, les livres et do-
cuments mis en boite et scuriss, just avant la
saison pluvieuse .
Le GRID avec M. PatrickVillaire comme chef
d'opration a pu ainsi sauver la bibliothque de
l'historien de Port-au-Prince, M. Georges Cor-
vington don't la maison s'est entirement effon-
dre lors du sisme, recouvrant de ses dcom-
bres la bibliothque situe au rez-de-chausse.
La delicate operation a dbut ds le 13 janvier
pour ne s'achever que quatre jours plus tard.Ainsi
toute la bibliothque a pu tre sauve et les livres
et documents empaquetts et places en un lieu
scuris.A peine achev cette operation, l'quipe
de Villaire s'est attaqu au sauvetage de l'impor-
tante bibliothque de l'historien HnockTrouillot,
don't peu en connaissait l'existence. Actuellement
tous les livres ont t mis en boite et conserve
provisoirement en attente d'un lieu scuris dfi-
nitif Le GRID a galement mis en boite la biblio-
thque Constant Andr don't la maison sise la
ruelle Saint-Cyr s'est partiellement effondre.


SVue intrieure de la residence de Roger Gaillard
Le GRID entame actuellement le sauvetage
de bibliothque de Roger Gaillard. Alert in ex-
tremis par la fille de l'historien, Mme Gusti-Klara
Pourchet-Gaillard, I'ISPAN a inform le GRID qui
a tout de suite ragi en montant une operation
de sauvetage. Un travail de protection et d'inven-
taire est actuellement en court
Le GRID, inlassable, a galement entam la dif-
ficile operation de rcupration des morceaux
des fresques des grands peintres nafs haitiens se
trouvant la Cathdrale de la Sainte-Trinit. Une
assistance financire substantielle serait ncessai-
re pour mener bien cette delicate operation.

John McAslan et Denis O'Brien au
march Hyppolite
Le 9 fvrier dernier le march Hyppolite a
reu pour la second fois en un mois la visit de
l'architecte John McAslan. Cette fois-ci, McAslan
s'est fait accompagn de Denis O'Brien, fonda-
teur et actionnaire principal de la compagnie de


BULLETIN DE L'ISPAN No 10 1 er mars 2010 9







carte. On se rappelle du Iron Market des
annes 70, destination principal des croisiristes
dbarquant au quai de Port-au-Prince.
Le March Hyppolite avait subi de svres
dommages lors d'un incendie qui emporta la to-
talit de l'aile nord du btiment. Le sisme du 12
janvier 20 10 aggrava la situation en faisant perdre
son quilibre la tour principal, lment d'iden-
tification principal de l'difice.

Signalisation de btiments histori-
ques Port-au-Prince
LISPAN, avec les moyens du bord, a entrepris
une signalisation des btiments anciens de Port-
au-Prince. Loin d'tre axhaustif cette champagne
invitera les entreprises prives et celles de l'Etat,
charges de dmolitions, pargner nombre de
ces constructions que le service d'Inventaire de
I'ISPAN a identifi comme pouvant faire parties
du patrimoine national ou ayant conserve leur
caractre d'origine permettant de recrr le cen-
tre historique de la ville.


Le march Hyppolite aprs le sisme
tlphonie cellulaire DIGICEL, de M. George
Howard, ingnieur spcialis en structures m-
talliques, de M. Robert Bowles, ingnieur en res-
tauration de monuments historiques et de M.
John Milton, consultant en construction.
Dirige par M. Daniel Elie, DG de I'ISPAN, cette
visit a permis au group de se faire une ide plus
precise des dgts causes par le sisme du 12
janvier sur le monument historique, emblmati-
que de la Capitale haitienne et auquel la DIGICEL
montre un intret depuis dj plusieurs mois.
Inspires par l'extraordinaire opportunity of-
ferte par ce project, McAslan et O'Brien se sont
dits prts entreprendre, en relation troite avec
I'ISPAN, la restauration complete de ce btiment
qui hbergeait le principal centre commercial de
la ville, important source de revenues pour des
milliers de marchandes.
Ce project de restauration, qui sera finance par
la DIGICEL, sera ralis par le partenariat ISPAN/
McAslan Architects. La collaboration dj acquise
de la Mairie de Port-au-Prince, gestionnaire du
march sera indispensable pour l'tablissement
des cahiers de charges et du programme dfinitif
du project. Ce monument historique vivant sera
trait, au-del de son immense dimension cultu-
relle, en tant que principal centre commercial et
artisanal de la mtropole de Port-au-Prince, tout
en y intgrant de nouvelles functions de service.
La dimension touristique toutefois ne sera pas


Pose de signalisation de fortune l'ancien Kalmar's
Caf au MCC, restaur en 2008
*L'affiche definitive appose au Palais National
Cette champagne se pursuit. Paralllement,
I'ISPAN a tabli des contacts formels au niveau de
son ministre de tutelle afin que la preservation
des ces btiments se fasse de manire systmati-
que et institutionnelle.

Experts en conservation Port-au-
Prince
Faisant suite la mission d'experts internatio-
naux ralise Jacmel par I'ICOMOS et CARI-
MOS avec la participation de l'UNESCO et sur


l'invitation de I'ISPAN pour valuer la situation du
patrimoine historique de la ville aprs le tremble-
ment de terre du 12 janvier dernier une second
mission international d'experts en patrimoine a
t ralise du 19 au 21 fvrier en se concen-
trant cette fois-ci sur Port-au-Prince.
Cette mission tait compose de Dinu Bum-
baru, Coordonateur du Comit de Pilotage de
I'ICOMOS pour Haiti, Herman Van Hoff Direc-
teur regional de l'UNESCO pour l'Amrique
Latine et la Caraibe et de Norma Barbacci du
Fonds Mondial pour le Patrimoine (WMF). Cette
fois encore, l'agenda de cette mission a t coor-
donne par I'ISPAN.
Les objectifs principaux de la mission taient
entire autres d'valuer l'ampleur des dgts subis
par les btiments haute valeur culturelle de la
capital, de rencontrer les autorits nationals et
internationales dans le domaine du patrimoine
culture pour discuter des priorits et identifier
des projects pouvant recevoir l'appui du WMF
court, moyen et long terme, notamment autour
de l'inestimable collection de maisosns ginger-
bread de Pacot, du Bois-Verna, de Desprez, du
Bas-Peu-de-Chose, ...Au course de cette visit, les
experts internationaux ont pu visiter de nom-
breux monuments historiques publics, religieux
et privs et ont eu l'occasion de rencontrer des
spcialistes locaux dans le domaine de la prser-
vation du patrimoine.
Cette mission a permis aux experts interna-
tionaux de tirer certaines conclusions qui se-
ront achemines aussi bien aux autorits locales
qu'aux institutions internationales concernes.
Dans le rapport prliminaire, prpar par cette
quipe d'experts, on note, entire autres, que,
d'une manire gnrale, les btiments historiques
ont mieux rsist que les difices modernes mais
sont menacs par les dmolitions sauvages et les
pillards. Le patrimoine mobilier qui se trouvait
dans les constructions dtruites ou endomma-
ges est particulirement menac par le pillage
et les trafics illicites. Une force de protection d-
die spcifiquement ce domaine devrait tre
envisage en urgence. Les organizations acad-
miques internationales pourraient apporter une
contribution important dans la documentation,
la recherche, la numrisation, le catalogage et le
stockage des collections, objets et documents
parpills ou se trouvant encore sous les d-
combres, a estim la mission. Enfin la mission a
pu constater que I'ISPAN a urgemment besoin
d'une assistance techniques et financire impor-
tante pour lui donner les moyens de planifier et
de coordonner les efforts de preservation et de
remise en valeur du patrimoine qu'exige cette
dramatique situation.


'La mission u erxperLs d i eglle adlnlLe-MiIne


BULLETIN DE L'ISPAN No 10 ler mars 2010 10


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Sommaire • Jacmel ! Sursum corda • Dresde et Port-au-Prince • Le Lethire, abim mais sauv • Squences d’un effondrement • Chronique ... BULLETIN DE L’ ISPAN • 33, rue du Commerce, Jacmel (rsidence Lon Baptiste) BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 1 Photo : ISPAN 2010 BULLETIN DE L’ ISPAN est une publication mensuelle de l’Institut de Sauvegarde du Patrimoine National destine vulgariser la connaissance des biens immobiliers valeur culturelle et historique de la Rpublique d’Hati, promouvoir leur protection et leur mise en valeur. Communiquez votre adresse lectronique ispan.bulletin@gmail.com pour recevoir rgulirement le BULLETIN DE L’ ISPAN . Vos critiques et suggestions seront grandement apprcies. Merci. Voil pour la btise des lments. Celle des hommes, on peut la condamner. Lyonel Trouillot, crivain hatien BULLETIN DE L’ ISPAN, No 10 , 10 pages Quoique spare de l’picentre par la puissan te chane calcaire de la Selle, la ville de Jacmel, situe sur la cte sud d’Hati ne fut pas par gne par le sisme du 12 janvier 2010. Le bilan est lourd pour une modeste agglomration de 148 000 habitants : 384 morts, 5 disparus, 448 blesss, 11 632 familles sinistres, 15 090 sans-abri, 2 913 maisons dtruites, 7 484 maisons endomma ges L’hpital Saint-Michel, le principal cen tre hospitalier du dpartement du Sud-Est a t mis hors de service Le centre historique plus que les autres sec teurs de la ville a subi d’importants dgts, notamment en la Basse-Ville construite sur un terrain alluvionnaire sablonneux. Les 22 et 23 fvrier dernier, l’ISPAN a pu raliser conjointe ment avec la municipalit un bilan exhaustif de btiments anciens du centre historique. L’qui pe de l’ISPAN, compose de l’ingnieur Elsoit Colas et de Constant Jean-Marie, documenta liste de l’Institut, y a dnombr pas moins de 103 immeubles anciens endommags des certaines des conclusions mises par la d lgation d’experts de l’UNESCO et de ICO MOS qui a visit la ville le 19 fvrier dernier : le centre historique de Jacmel conserve encore toute sa cohrence plastique, urbaine et ar chitecturale. En d’autres termes, la majorit de ces btiments anciens devraient faire l’objet de travaux de restauration. Ce qui est pour rassurer les Jacmliens qui misent avec raison sur le dveloppement touristique de la rgion et faire de leur ville la capitale de la Culture hatienne. En effet, que serait Jacmel, sans ces maisons aux balcons ouvrags de dentelles ? Que serait Jacmel sans le manoir Alexandra, lieu mythique, dcor du roman de Ren D pestre, Hadrianna dans tous mes rves ? Que serait Jacmel sans les aprs-midi calmes et ti des de la rue du Commerce? Que serait la ville sans cette conversation permanente faite de mots peine audibles de l’glise Saint-Jacques• Une maison du centre historique de Jacmel por tant l’inscription sans appel : dmolir. Photo : ISPAN 2010

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 2 1. 1, rue du Commerce (entrepts Vital) 2. 37, avenue Baranquilla 3. , 12, rue du Gouvernement 4. 10, rue de Logane, au portail de la Gosseline et-Saint-Philippe et du palabre incessant du March-en-Fer. Que serait cette rebelle cit au pass tumultueux sans ces repres historiques, sans sa Vieille Prison, sans l’Htel de Ville, sans les maisons Boucard, sans les maisons Doug, sans la maison Cadet, sans la loge maonnique, sans ses maisons en bois chambre-haute du Bel-Air, sans la Marina, sans la Pharmacie Ha tienne, Pass les premires motions, les premires urgences, les premiers chaos, la Municipalit s’est vite ressaisie pour arrter de toutes ses forces les menaces de dmolitions sauvages qui planaient sur les btiments anciens du centre historique. Toutefois, des mesures d’ur gence et conservatoires devront tre prises immdiatement pour sauvegarder et rhabili ter ces nombreux tmoins de l’Histoire de la ville, touchs par ce sisme et qui se trouvent encore aujourd’hui en grand danger de dispa rition imminente. La lutte pour la sauvegarde du centre histo rique de Jacmel ne date pas d’hier. Bien des acquis ont t durement gagns. Mais cette exprience rcente nous a dmontr que bien du chemin reste encore faire, tant pour consolider ces acquis que pour asseoir dura blement la sauvegarde de ce trsor culturel de la Rpublique d’Hati dans les mentalits et Aussi convient-il de rappeler que le centre his torique de Jacmel a t inscrit en 2004, par Gouvernement hatien, sur la liste indicative du Patrimoine Mondial, selon les critres 2 et 4 de la Convention du Patrimoine mondial. Ces critres de slection reconnaissent au centre historique de Jacmel le privilge exception considrable pendant une priode donne ou dans une aire culturelle dtermine, sur le d veloppement de l’architecture ou de la tech tion des villes (Critre 2) et d’offrir un exemple minent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique de l’histoire humaine (Critre 4). A cette 1 2 3 4 Photo : ISPAN 2010 Photo : ISPAN 2010

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 3 1. 69, avenue de la Libert 2. 6, rue de Logane (rsidence Mac-Rae) 3. 22, rue Sainte-Anne (bureau de la Profamil) 4. 31, rue du Commerce (htel Florita) 5. 1, rue Henry-Christophe (rsidence Emile Vital) 1 2 3 4 5 Photo : ISPAN 2010

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 4 3 2 4 1 3. 13, avenue de la Libert 4. 10, avenue de la Libert (rsidence Louis Vital) 1. L’avenue de la Libert 2. 31, rue du Commerce (htel Florita). Vue de la cour intrieure inscription, a t adjoint le texte suivant, argu mentant ces critres : Jacmel fut fonde en 1698 la faveur de 1’ta blissement des comptoirs de vente par la compa gnie de Saint-Domingue, alors colonie franaise, sur 1’emplacement d’un ancien village prcolom bien. Rpondant sa vocation premire de port d’exportation, comme toutes les villes de l’poque coloniale franaise, Jacmel est ctire et conserve sa trame urbaine initiale ainsi que son trac or thogonal malgr sa topographie particulire qui a favoris le dveloppement de rues pitonnes en gradins trs originales. De mme Jacmel a gard les vestiges du systme dfensif colonial par ticulirement ceux du grand fort qui protgeait avec les remparts, “La Petite Batterie” et le “Fort Beliot”, 1’entre de la rade. Mais Jacmel garde surtout et vit encore les souvenirs de son histoire rcente, celle par exemple partage par d’autres pays de la rgion de son rle dans le mouvement de libration de 1’Amrique du Sud. Dtruite en grande partie au cours de l’incendie de 1895, Jac mel fut reconstruite suivant le trac urbain initial partir de maisons prfabriques commandes pour la plupart de l’Europe plus particulirement de la Belgique, donnant lieu une architecture typique, originale, de fer et fonte caractrise par une homognit de volume, de formes et de faades mais aussi par les traits nafs du dcor, fantaisie du propritaire qui y amnage la fois affaires, commerce au rez-de-chausse et loge ment 1’etage. “Toute la ville de Jacmel est ainsi constitue de zones qui, en maintenant leurs ca ractristiques propres, sont soudes par un lien spatial subtil et intrinsque” qui lui confre la fois une expression humaine et “une sensation de srnit et d’quilibre”. Dans cet univers archi tectural ou les typologies en bois et maonnerie, ou en maonnerie de roches et de briques s’alter nent, la galerie et le balcon souvent en fer et fonte travaills assurent 1’harmonie et la perspective urbaines . Sauvegarder le centre historique de Jacmel, c’est sauvegarder notre me. Sursum Corda. Photo : ISPAN 2010

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Cet article sur le centre historique de Jacmel aprs le sisme du 12 janvier 2010 a t prpar avec la collaboration spciale de Joan Raton et de Constant Jean-Marie 1 2 6 4 5 3 1. La salle de confrence de la Mairie de Jacmel 2. 14, rue Vallires 3. Le manoir Alexandra, vu de la place ToussaintLouverture 4. L’glise du Tabernacle l’avenue de la Libert 5. La rue Sainte-Anne (entrepts Lon Baptiste) 6. La rue du Commerce Photo : ISPAN 2010 BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 5

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 6 Les techniciens de l’ISPAN ont constat le jeudi 11 fvrier 2010 la dmolition complte des ru ines de l’glise Saint-Louis-Roi-de-France, sise la rue Baussan Turgeau (Port-au-Prince). Cette glise, gravement endommage par le sisme du 12 janvier 2010 et dont les ruines encore importantes ne prsentaient aucun danger pour la population, constituait un l ment important du patrimoine bti et religieux de la capitale hatienne. Cette dmolition htive a t perptre en dpit de nombreux appels publics lancs par l’Institut en faveur de la sauvegarde d’lments uniques du patrimoine historique et culturel de la ville de Port-au-Prince. Ce btiment, inscrit sur la liste des monu l’Inventaire de l’ISPAN, a t achev en 1880. Il tait un tmoin important de l’histoire de l’implantation de l’Eglise catholique dans la rpublique hatienne partir du Concordat de 1860 sign entre Hati et le Saint-Sige. Cette glise avait t compltement restaure grce aux bonnes uvres des paroissiens l’occasion de son centenaire en 1980. A date, elle tait avec l’glise Saint-Joseph de la Croixdes-Bossales (1876), l’un des plus anciens lieux de culte catholique de la Capitale hatienne. Cet acte iconoclaste et barbare, le premier envers notre patrimoine culturel bti aprs le sisme, a malheureusement trac la voie d’autres. Les ruines du lyce Alexandre-P tion et ses annexes ont galement t rases au bulldozer sans autorisation et, sans doute, l’insu du Ministre de l’Education Nationale. Paralllement, l’ISPAN a redoubl d’effort en entreprenant une campagne de signalisation tout en ritrant publiquement ses appels aux En dpit de cela, les destructions sauvages continuent... Aprs l’glise Saint-Louis, l’glise Sainte-Anne du Morne--Tuf est l’objet d’un grignotage quotidien de particuliers venant se servir en matriaux de construction en vue de recyclage. Elle se rduit comme une peau de chagrin, de jour en jour. Le sort de la Bib liothque de l’Amicale est identique. L’glise du Sacr-Cur de Turgeau, elle aussi subit un vandalisme lent mais certain : ces ruines vaste carrire de briques d’argile, en dpit des vhmentes protestations du cur de l’glise. Les ruines du Lyce Alexandre Ption ont t rases. L’glise Notre-Dame du Perptuel-Sec our de Bel-Air a subi l’assaut des bulldozers et des pelles mcaniques. La chapelle de l’cole du Sacr-Coeur de Turgeau, idem ... L’crivain franais Michel Lebris, de pas sage Port-au-Prince et survivant du sisme s’exclama dans un article publi au journal franais Le Point : “L, en bas, la ville est qua siment dtruite. Deux photographes nous montrent leurs photos : tous les btiments que nous connaissons sont en miettes. Dresde en 45, aprs les bombardements.” Justement Dresde ! Cette ville d’Allemagne dont les origines remontent au XIIe sicle fut dmolie au tiers par un bombardement svre et systmatique de la Royal Air Force • Les ruines de l’glise Saint-Louis-Roi-de-France, rases • Le centre historique de Dresde, restaur Photo : ISPAN 2010 Archives Internet

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 7 Photos : Archives ISPAN avec l’appui de l’Aviation amricaine. Plus de 200 000 morts. Ces ruines taient semblables celles de Port-au-Prince d’aujourd’hui. Les ef forts de restauration de la vieille ville baroque de Dresde au lendemain de la guerre ont t rellement considrables. Un vaste chantier de restauration des monuments historiques fut inaugur au point de devenir quelques temps plus tard la rfrence mondiale en matire de conservation de biens culturels. De nos jours la ville offre ses habitants et aux visiteurs l’image d’une cit intgrant harmonieusement l’histoire et l’avenir. De nombreux appels ont t lancs tant au niveau national qu’international en faveur de la ces sites de Mmoire soient scuriss et fas sent l’objet en toute urgence de mesures con servatoires en attendant des actions durables de restauration. Selon les premires observations des tech niciens de l’ISPAN et des architectes restaura teurs hatiens, corrobores par celles d’experts internationaux qui ont visit Port-au-Prince et Jacmel aprs le sisme, la plupart des monu ments historiques endommags lors du sisme sont restaurables. Serons-nous en mesure de dfendre et prserver notre Mmoire de Peuple ? Peint en 1822 par un artiste guadeloupen, d’un colon et d’une affranchie, ce tableau of fert Hati, en 1822, par le peintre fut trans en 1823. Expos l’origine l’glise parrois du XIXe sicle et fut retrouv pli et rang la sacristie de la Cathdrale Notre-Dame de Port-au-Prince en 1991 par l’ISPAN. Plac sur un chssis de fortune, il fut expos juste quelque mois la Cathdrale, avant d’tre expdi en France pour y tre restaur au Centre de Recherche et de Restauration des Muses de France (C2RMF) situ au Louvre, Paris, grce aux dmarches assidues de la So cit des Amis de Guillaume Guillon Lethire. Aprs deux bonnes annes de travaux de restauration, il fut expos l’entre des salles Photo : ISPAN 2010 • Le sauvetage du “Serment des Anctres” par les pompiers franais • Le “Serment des Anctres” de Guillaume Guillon Lethire (1760-1832) d’exposition sous la pyramide du Louvre. Le et orna les murs Salon Rouge du Palais Na tional jusqu’au sisme du 12 janvier 2010. De dimensions importantes (233 cm x 333 cm), il reprsente, sous le regard et la bndic tion de Dieu, l’alliance symbolique des Multres et des Noirs qui mena l’Indpendance d’Hati en 1804. Le sujet du tableau est en lui-mme prise de position, un manifeste et une provocation, quand on sait qu’elle a t excute dans une France en plein retour la monarchie (la Restauration), domine par l’ide de la recon qute de l’ancienne colonie de Saint-domingue particulirement sous la pression des anciens propritaires dominguois. Lethire signe son oeuvre : “ G. Guillon Le Thire. n la Guade loupe. An 1760. Paris 1822 ”. • L’tat du tableau suite l’effondrement de la toiture du Salon Rouge du Palais National Des pompiers franais, en mission humanitaire Port-au-Prince au lendemain du sisme, ont dcombres du Palais. Cette mission ft rali se en prsence de l’administration du Palais National, M. Jacques Debrosse, de M. Dikernst Biamby, conservateur du Muse du Panthon National Hatien (MUPANAH), de Daniel Elie et Patrick Durandis, tous deux de la Direc tion Gnrale de l’ISPAN et de dlgus du Ministre de la Culture de France. Aprs avoir subi une inpection prliminaire et photographi en prsence, le tableau a t empaquett et plac provisoirement en sret l’Ambassade de France Port-au-Prince. Lors du tremblement de terre, le chssis a t tordu et la toile zbre de nombreuses dchirures. Cependant sa restauration reste possible. * L’Ancienne Cathdrale de Port-au-Prince

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 9 • 1er fvrier 2010 • 8 Document : Archives du Palais National • 2010 Ces images exceptionnelles squencent l’effondrement lors de la secousse sismique du 12 janvier. Ds les premires secondes du sisme, le pristyle et le vestibule d’entre, immense vide s’tageant furent attaqus par de puissants efforts de cisaillement. L’effon par la suite, les deux autres dmes latraux ainsi que la toiture du le, du fronton et du dme central avant de s’crouler son tour. 1. Vue de la pelouse du Palais National. A droite le fronton et les colonnes du pristyle. Au fond, le Bel-Air et la Tour 2004; 2. Les colonnes du pristyle cdent leur base suite un violent effort de cisaillement horizontal; 3. Le fronton s’croule; 4. Nuage de poussire dgag par l’effondrement du dme central et l’implo sion du vide central. Remarquer le nuage de poussire s’levant au-dessus du Bel-Air; 5. L’effondrement se poursuit; s’crouler son tour. Note : Au sujet du Palais National, voir le BULLETIN DE L’ISPAN No 6 1 3 5 2 4 6

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BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 9 Photos : Daniel Elie / ISPAN 2010 Experts en conservation Jacmel En marge du XXIXe Sminaire National de Conservation et de Restauration de Monuments Historiques du comit dominicain de l’ICOMOS laquelle l’ISPAN avait t invite a prsenter la situation du patrimoine en Hati aprs le sisme du 12 janvier, le Directeur gnral de l’Institut , M. Daniel Elie a invit une haute dlgation de techniciens en prservation du patrimoine vi siter Jacmel. Cette dlgation tait compose de M. Herman Van Hoff, Directeur rgional de l’UNESCO pour l’Amrique Latine et la Carabe, de M. Dinu Bambaru (ICOMOS Canada) Res ponsable du Comit de Pilotage de l’ICOMOS pour Hati, de M. Esteban Prieto et M. Carlos Flores Marini (CARIMOS) et Norma Barbacci Directeur de Programme pour l’Amrique latine, l’Espagne et le Portugal pour le Fonds Mondial pour le Patrimoine (WMF). Jacmel, cette dlgation a eu l’opportunit de rencontrer Mme Magalie Comeau-Denis, re prsentante du Ministre de la Culture et de la Communication, M. Ronald Andrisse, Maire-ad joint, M. Zidor Fednel, Dlgu dpartemental du Sud-Est, Mme Yanick Martin, Mme Joan Raton, et Mme Micaelle Craan du Bureau dpartemen tal du Ministre du Tourisme, de Mme Michelle Oriol, de l’UNESCO, l’architecte Bernard Millet et Mme Monique Rocourt, consultants de l’ISPAN, et de M. Constant Jean-Marie, documentaliste de l’ISPAN pour le Sud-Est. Au cours de la visite du centre historique de Jacmel, la dlgation a pu constater de visu que les constructions anciennes de Jacmel endom mages par le sisme peuvent tre restaures en majorit. Cette visite a permis galement de conforter les habitants de Jacmel anxieux l’ide mme la destruction du centre historique de leur ville. Cette visite a galement t l’occasion de discuter avec les autorits locales des mesures prendre pour prserver les monuments haute valeur architecturale et historique de la ville. Cette mission a t sans aucun doute un suc cs. Elle a pu catalyser une mobilisation impor tante dans bataille pour la sauvegarde du cen tre historique de Jacmel aprs le sisme. Il s’agit dsormais pour l’ISPAN d’obtenir les voies et moyens pour dterminer les mesures conser vatoires prendre, adopter et excuter un pro gramme cohrent de rhabilitation et de remise en valeur. Ce, conjointement avec les autorits municipales, l’association de propritaires et la participation des habitants de la ville. Sauvetage de bibliothques prives Les dgts provoqus par le tremblement de terre du 12 janvier ont mis en danger de dispa rition irrversible un aspect fondamental de la mmoire du peuple hatien. De nombreuses bi bliothques, aussi bien prives qu’institutionnelles, ont t saccages. Des livres rares, des manuscrits originaux, des priodiques anciens, autres docu ments d’archives se sont retrouvs sous les d combres la merci des lments et des pillards. A Port-au-Prince, grce l’initiative du Centre pour la Recherche Iconographique et Documen taire (GRID) plusieurs de ces bilbiothques ont pu tre dgages des dcombres, les livres et do cuments mis en boite et scuriss, juste avant la saison pluvieuse . Le GRID avec M. Patrick Villaire comme chef d’opration a pu ainsi sauver la bibliothque de l’historien de Port-au-Prince, M. Georges Cor vington dont la maison s’est entirement effon dre lors du sisme, recouvrant de ses dcom bres la bibliothque situe au rez-de-chausse. La dlicate opration a dbut ds le 13 janvier pour ne s’achever que quatre jours plus tard. Ainsi toute la bibliothque a pu tre sauve et les livres et documents empaquetts et placs en un lieu scuris. A peine achev cette opration, l’quipe de Villaire s’est attaqu au sauvetage de l’impor tante bibliothque de l’historien Hnock Trouillot, dont peu en connaissait l’existence. Actuellement tous les livres ont t mis en boite et conserv nitif. Le GRID a galement mis en boite la biblio thque Constant Andr dont la maison sise la ruelle Saint-Cyr s’est partiellement effondre. Le GRID entame actuellement le sauvetage de bibliothque de Roger Gaillard. Alert in ex Pourchet-Gaillard, l’ISPAN a inform le GRID qui a tout de suite ragi en montant une opration de sauvetage. Un travail de protection et d’inven taire est actuellement en cour. Le GRID, inlassable, a galement entam la dif des fresques des grands peintres nafs hatiens se trouvant la Cathdrale de la Sainte-Trinit. Une re pour mener bien cette dlicate opration. John McAslan et Denis O’Brien au march Hyppolite Le 9 fvrier dernier, le march Hyppolite a reu pour la seconde fois en un mois la visite de l’architecte John McAslan. Cette fois-ci, McAslan s’est fait accompagn de Denis O’Brien, fonda teur et actionnaire principal de la compagnie de • Runion de travail avec les Autorits de Jacmel • La rsidence de l’historien Georges Convington et sa bibliothque sous les dcombres • Vue intrieure de la rsidence de Roger Gaillard • La dlgation UNESCO/ICOMOS/WMF au Portail de Logane Jacmel

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l’invitation de l’ISPAN pour valuer la situation du patrimoine historique de la ville aprs le tremble ment de terre du 12 janvier dernier, une seconde mission internationale d’experts en patrimoine a t ralise du 19 au 21 fvrier en se concen trant cette fois-ci sur Port-au-Prince. Cette mission tait compose de Dinu Bum baru, Coordonateur du Comit de Pilotage de l’ICOMOS pour Hati, Herman Van Hoff, Direc teur rgional de l’UNESCO pour l’Amrique Latine et la Carabe et de Norma Barbacci du Fonds Mondial pour le Patrimoine (WMF). Cette fois encore, l’agenda de cette mission a t coor donne par l’ISPAN. Les objectifs principaux de la mission taient entre autres d’valuer l’ampleur des dgts subis par les btiments haute valeur culturelle de la capitale, de rencontrer les autorits nationales et internationales dans le domaine du patrimoine des projets pouvant recevoir l’appui du WMF court, moyen et long terme, notamment autour de l’inestimable collection de maisosns ginger bread de Pacot, du Bois-Verna, de Desprez, du Bas-Peu-de-Chose, ... Au cours de cette visite, les experts internationaux ont pu visiter de nom breux monuments historiques publics, religieux et privs et ont eu l’occasion de rencontrer des spcialistes locaux dans le domaine de la prser vation du patrimoine. Cette mission a permis aux experts interna tionaux de tirer certaines conclusions qui se ront achemines aussi bien aux autorits locales qu’aux institutions internationales concernes. Dans le rapport prliminaire, prpar par cette quipe d’experts, on note, entre autres, que, d’une manire gnrale, les btiments historiques sont menacs par les dmolitions sauvages et les pillards. Le patrimoine mobilier qui se trouvait dans les constructions dtruites ou endomma ges est particulirement menac par le pillage envisage en urgence. Les organisations acad miques internationales pourraient apporter une contribution importante dans la documentation, la recherche, la numrisation, le catalogage et le stockage des collections, objets et documents parpills ou se trouvant encore sous les d pu constater que l’ISPAN a urgemment besoin de coordonner les efforts de prservation et de remise en valeur du patrimoine qu’exige cette dramatique situation. BULLETIN DE L’ ISPAN • No 10 • 1er mars 2010 • 10 tlphonie cellulaire DIGICEL, de M. George Howard, ingnieur spcialis en structures m talliques, de M. Robert Bowles, ingnieur en res tauration de monuments historiques et de M. John Milton, consultant en construction. Dirige par M. Daniel Elie, DG de l’ISPAN, cette visite a permis au groupe de se faire une ide plus prcise des dgts causs par le sisme du 12 janvier sur le monument historique, emblmati que de la Capitale hatienne et auquel la DIGICEL montre un intret depuis dj plusieurs mois. Inspirs par l’extraordinaire opportunit of ferte par ce projet, McAslan et O’Brien se sont dits prts entreprendre, en relation troite avec l’ISPAN, la restauration complte de ce btiment qui hbergeait le principal centre commercial de la ville, importante source de revenus pour des milliers de marchandes. la DIGICEL, sera ralis par le partenariat ISPAN/ McAslan Architects. La collaboration dj acquise de la Mairie de Port-au-Prince, gestionnaire du march sera indispensable pour l’tablissement du projet. Ce monument historique vivant sera trait, au-del de son immense dimension cultu relle, en tant que principal centre commercial et artisanal de la mtropole de Port-au-Prince, tout en y intgrant de nouvelles fonctions de service. La dimension touristique toutefois ne sera pas Cette campagne se poursuit. Paralllement, l’ISPAN a tabli des contacts formels au niveau de des ces btiments se fasse de manire systmati que et institutionnelle. Experts en conservation Port-auPrince Faisant suite la mission d’experts internatio naux ralise Jacmel par l’ICOMOS et CARI MOS avec la participation de l’UNESCO et sur carte. On se rappelle du Iron Market des annes 70, destination principale des croisiristes dbarquant au quai de Port-au-Prince. Le March Hyppolite avait subi de svres dommages lors d’un incendie qui emporta la to talit de l’aile nord du btiment. Le sisme du 12 janvier 2010 aggrava la situation en faisant perdre son quilibre la tour principale, lment d’iden Signalisation de btiments histori ques Port-au-Prince L’ISPAN, avec les moyens du bord, a entrepris une signalisation des btiments anciens de Portau-Prince. Loin d’tre axhaustif, cette campagne invitera les entreprises prives et celles de l’Etat, charges de dmolitions, pargner nombre de ces constructions que le service d’Inventaire de du patrimoine national ou ayant conserv leur caractre d’origine permettant de recrr le cen tre historique de la ville. • Le march Hyppolite aprs le sisme Caf au MCC, restaur en 2008 •La mission d’erxperts l’glise Sainte-Anne