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Material Information
- Title:
- La revue indigène
- Uniform Title:
- Revue indigène (Port-au-Prince, Haiti)
- Added title page title:
- Anthologie de la poeÌsie haïtienne "IndigeÌ€ne."
- Place of Publication:
- Haiti
- Publisher:
- Impressions magiques
- Publication Date:
- 1982
- Copyright Date:
- 1982
- Language:
- French
- Physical Description:
- 1 v. : ; 22 cm.
Subjects
- Subjects / Keywords:
- Haitian literature -- Periodicals ( lcsh )
LitteÌrature haïtienne -- PeÌriodiques ( rvm ) PoeÌsie haïtienne -- PeÌriodiques ( rvm )
- Genre:
- periodical ( marcgt )
serial ( sobekcm )
- Spatial Coverage:
- Haiti
Notes
- Dates or Sequential Designation:
- 1. anneÌe, no 1 (juil. 1927)-1. anneÌe, no 5 & 6 (janv. & feÌvr. 1928).
- Numbering Peculiarities:
- Issue for janv. & feÌvr. 1928 also called 1. anneÌe, no 5 (janv. 1928).
- General Note:
- Includes Anthologie de la poeÌsie haïtienne "IndigeÌ€ne."
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Full Text |
1,e ANNE No 1. JUILLET 1927.
LES Au'TS ET LA VIE -
SDirecteur E.,i'oeM
DANIE. IIEI'RTZLOU:
CAJii BRnotARD'
AdnminisTralion :'511 Avenue Christophe
SOMMAIRE
Chnqe- Programrmne
QtueIqti5 dfinitions de la P&e.
I>ays:tgf-1. des AntIile-
Maindre>'
Aimns pamrla I'On cIe...
N'OIUIIL G. SYLVAIN
IRAIFEH %frT% Ru.-KRE
dle X-IOEmL G SYL'1IN,$
Exi1IL5'Pvn JeU
-j-A
IMPRIMERIE MODEL
1940, Angle des Rues Courbe & Macajoux
20th Street.
PORT-AU-PRINCE. ( HAITI ).
I^^^^ ^v^^glv^
Fondateurs -
Ir" ANN E N i JUILLET 1927.
LES ARTS ET LA VIE -
CHRONIQUE PROGRAMME
U'n rve de G; eorges Sylvain
Pendant iune Iurii de ti onfrenlces qu'il ilt jadis
dans le Sud dle file Georges Sylvain crivit il ses colla-
boriateurs dle L.A %ol)E ses imlpressions sur les diverse
villes traverses, et il finissait ainsi, donnant son idal
d'une Revue haltieineIrait-d'umnion, et lieu de rencon-
Ire de toultes les mes fraternelles que hlinte un mme
rve d'arl et de beaut.
Trouver en, dehors de la tPoliqtiqe, pour tous les
haitiens de bonne volont un terrain d'entente et d'u-
nion, faire concourir toutes les forces intellecluelles de
la Nation fila civilisation de la Patrie commune,les ren-
dre conscientes d'elles-mnmes en leur apprenant
mieuxse connaitre; indiquer aux gnrations nouvelles
venues dans le monde une poque de transition, leur
mission spciale qui est de prparer l'avenir, de mo-
raliser le people par la revelation del'idal artistique de
'insitruirepar une initiation graduelle la connaissance
dl, a langue et de la civilisation franaises obtenue i'
aide de notre.dialecle crole, nous sauver enfin de nous
times, n' drivant vers le Bien toutes ces activits in-
pites qui ricl)ament un aliment, toutes ces nergies la-
tentes qui s.tiolent et se dpriment dans l'oisivet.
Un lait don't chacun de nous pour peu qu'il rflchisse
.ne pett s'empcher d'tre Irapp ; c'est le manque de
cohsion de notre socit. L'ensemble, la continuity de
l'effort nous Font dfaut, faute de nous connatre les
uns, les autres. Aujourd'hui ne sait pas ce que ft hier,
ihose plus curieuse on s'ignore d'une ville l't''tre.
l-,i r'pahdanl dans le pays e <"gnlt d'une c '
2 I.A iU-VEL'I IND il.:N .
lionale, renour in laradilion iinterrompue, unir le piass
aLi preseni et preparer favenir.
I 'amnour des lel' res seun ainsi un lien qui unira les
CeIt rs. Mie manire de religion qui litlera l'avne'lminl
de celle Fralernit (lui jusqu'ici n'a trouv place que
suir nos actes officials ec dans les colonnes de nos jour-
naux. Vulgariser l'(Luvre de nos bons auleurs, aider les
jeunes qui mrilent l'tention aj se fire connatre du
public. Qui ne voit les esprances qu'il est lgilime (le
concevoir d'une pareille entreprise I...
Voil qui serail suffisant comme programme et qui
m'p)argncrait la peine de vous entretenir plus long-
temps mais il faut prciser nos tendances et ajouter -
l'idal ancien quelques pensei's nouveaux.
Pourquoi nous faisons une large pari la Posie.
El l'ro m'a dit Pensez-vous ? une revue d'art et (le
lillrilaure,en ce moment, y pensez-vous, ce sont jeux et
divertissementls de temps heureux, Iravaux de jours for-
tuns, on n'a pas le coeur la joie vous n'veil-
lerez aucun cho, qu'est-ce qui lit miles vers en notre
poque presse ; de jeunes i temmes romanlesques
et des adolescents amoureux, gallons ce n'est pas srieux,
je ne vous conseille pas de tenter l'avenluire .
L'heur'e n'est pas aux rires, c'ct vrai. D)ans le tour-
billonnement de nos existences ne crovez vous pas ce-
pendant qu'il serait agrable de conisenitir iune halle, tiune
rcration a l'ombre en cotilant chaltlr lespolesav anl
de rprendre le collier des Ipeinecsquolidivi nt cs. Nt mro-
yez-vous pas que lel'ardeau enrserail allg, lqu a i l; ile
semblerail 1ioinslongiue, le soleil moins a ardent. l.a cha ii-
sonn'est passeuleme l un111 air joli uitiihil vos .oies,orclits-
Ire vos soill'rnces: ell ,,r 1 is.< r''ouvrir le a\ sage
contempl d'u n regard d(istraiil, glissalni a la sul iace des
choses, sans essayer, une minute, de les possder, elle
nous permit de mieux voir en nous. d(le jouir du
paysage inltieuir. de pntrer dans le domain mysl-
riLeux des mes... Tout le problme n'estl-il pas li. La
posie est un inslruinent de cohni issan ice.
Ce n'est pas de pain seulemnent donit hous avons faim !
Le cercle s'agrandit, devenus pliu.s hli mains, f'raternels.
LA HEVUE INDIGNE 3
Nos cSurs s'en sont alls
tels des apotres
Vers les cours timides et transis
dos autres
Les doigts nous pour la Ronde, La Ronde autour du
monde !...
Nous voulons que de tout le pays d'autres voix r-
pondent. Les chanteurs sont du Nord et ils sont du
midi ils chantent le pays haitien. Ils aident le con-
naitre,i l'aimer en le connaissant, nous rvlent nous-
mnime, nous donnent des motifs de fiert national.
Les ides vraies ou fausses que l'on.a d'un pays sont
celles qu'en donnent les potes, les romanciers, les
peintres, les sculpteurs, image fidle ou tableau trom-
peur. 'Les japoneries de Loti, les miniatures d'HoKusa
ont rvl le lapon hroque et galant... Kikou Yamato
fait pntrer dans celle ime japonaise en femme et en
pole sensible et le pays des cerisiers et des pommiers
en Ileurs vit dans l'lnaginalion de milliers de lecteurs.
Les peuples oni besoin d'une rclame Bonne renomme
dit le vieux dicton vaut mieux que ceinture dore.
Le service de la propaganda tait dirig pendant la
guerre par des crivains de valeur et celle offensive
morale qu'taient les communiqus prsidaient les ta-
lenis les meilleurs'des pays belligranis.
C'est Giraudoux, je crois, l'un des meilleurs et plus
souples jeunes crivains franais qui est la prdpa-
gande, aux affairs lrangres.
La liltralure done l'expression in'faillible de l'fme
d'un people.
Ce que nous voulons.-- Ce sont tmoignages de notre
poque, de noire gnration, come on dit eni mdeci-
ne ou en chimie, noire reaction. les rflexes de noire
sensibilil au contact des choses.
Le message que nous apportons peu imporle qu'on
l entende, un autre ge viendra qui le recueillera, nous
en soimmes persuads, avant d'entrer dans la nuit d'ou-
bli, nous voulons lancer noire cri sincre. Un soir de
tempte, les vagues s'chevlent, le vent souffle en
bourrasques, le bateau dmat drive, dans sa cabine le
Ilgraphisle .... son posLe.ance les appeals convention-
4 LA REV'E INDIGRlNE
nels. calme dans le tumulte et le dsarroi. Le capitaine
dans son pose de commandement prend le cahier
de bord, inscrit ses dernires observations ci lance a la
c6te une bouteille la mer. De nos espoirs obstins pari
l'appel d'un antenne...c'est notre bouteille la mer...
Nous voulons essayer de retrouver en commun des
raisons de s'aimer dans des raisons de croire. Runir
d'un accord unanime les Ames de bonne volont qui
cherchent leur voie et errent tatons dans les tnbres,
les runir par l'art. dans la Beaut.
Retrouver le temps ou les haliens s'aimaient, on de
vivre tait chez nous une douceur. douceur enclose
dans nos paysages tranquilles entire nos mornes bleus
et la mer qui chante.
Notre public...
Le lecteur que nous choisissons, celui qui nous est
le plus cher, c'est le jeune homme de vingt ans
qu'un noble et gnreux enthousiasme transport, qui a
encore une me hroque et folle, qui a la hantise des
sommets, que le dsir d'excellence torture, qui rve
d'absolu... 6 vous le beau levain des futures moissons
jeune homme en qui nos espoirs sont enclos j'ai con-
en vous. Et vous les mres inquites, vous les pres
soucieux que son regard pensif meit, que sa fivre et
son exaltation effraient rassurez-vous il est n pour ac-
complir de grandes choses.
... Les jeunes filles que ne proccupetil pas encore les
douloureux problmes de nos existences opprimes, les
mres de demain qui auront ptrir l'argile meuble, la
pte fragile des mes dles enfants i naitre, nous voulons
qu'elles nous coulent, nous essaierons dle relenir leur
attention, de- les mouvoir, de les faire rflchir avec
nous aux devoirs collectifs.
Nos ides: une doctrine.-
Ce n'est pas seulement au cour mais aussi la ttle
.que notre pays est malade. Le problme est de l'Inelli-
genc d'abord, de la sensibility ensuite. Il nous faudra
letter chz nous en nous aidant du bel effort paralltle
men avec un rare bonheur -en France une cure de re-
naissance national. Il y a sur le march trop d'ides
fausses ein course.
LA lil.L'E INI1GilG Ni: 5)
11 nous l'atud riabl ii li notion d'ordre, de hirar-
chie ncessaire des bases, une sniine logique, des critres
plus justes. W'aiord tablir la bilfliolhque d'un hon-
nle hoimmne, chasser les vendeurs de pacolille, les di-
seurs de bonne:aventure, les saltimbanques et les jon-
gleur., rfaire connaitre les crivains probes, les p)tiseurs
srieux qui prparent il la li-'Fance lune jeunesse saine et
vigoureuse.
L'oeuvre u d'uin Auigusle Comle, coin inenl e par Maurras,
Valois, Galot, Daudel, La RHformc intellectuelle et
morale de Ilenan, T.aiiie, lFusiel, Barrs, Le Play,... j'en
p asse.
Dans ces penseurs nous prendrons (les mthodes de
raisonneient el des modes d'aclioin, ils nous.serviront
de modles et nous perm'ellronit (le bAlir une doctrine
original.
L'Amirique Laline et nous
Dans cellt Amrique espagnole et anglaise nous
avons la glorieuse destine de maintenir avec le Cana-
da et les Antilles franaises les traditions et la langue
franaise, honneur funesle et prilleux car il nous valut
un sicle d'isolement... La rpublique domiinicaine qui
partage noire territoire ne participe pas de cette infor-
lune, elle appartient , une Amrique Latine de 18 rpu-
bliqu"s. Des crivains parent un public de 90 mil-
lions d'Iiommes, on reconnal ses joies et ses peines.
Nous devons connail e la littrature et l'me de l'A-
m'-ique Laline.
Les peuples ont vcu d'unie vie aussi diffi'ile que la
nii're, ont connu les lmnmes Ittonnemnents, des vicissi-
ludes semblables, l're des caudillos et des pronuncia-
miintos. la priode o s'affrontent les forces d'anar-
chie et les forces (le cohsion et d'ordre, les temps p-
nibles de la pui)erl (les jeunes nationalilts.
L.s histories des causes dle leurs malheurs essaient,
conmne nous d'expliquer la race, ce simple phnomne
de physique social, ce jeu de forces antagonists qui se
heurtent avant de s'quilibrer en une statique parfaite.
Ils disent nou"s avons agi ainsi parce qu'indiens.
'Nous disons {volontiers nous autres parce que n-
(i L.\ Ill'' I M );V,1.1.\ l
Il n'ien i(s rien. si nous iavonl soiul'crt. si nous ', a o s
.cohnnui es Inntlies ainuissuses llas Sous ites cl Is sei-
blables, lda s des circoitsin: ces presque idi.Lnliquils. e
nlest Ii parce qu'indiens, ni parcel que neres. nunis par-
ce que hommnes. Tous les homes, quel qu'ils soient.
places sous le mIme climate, aux rises avec les meimes
dif'liculis, auraienit sans doute agi ou rdagi de mnle ...
en homes. Pa ul Moirand an retour d'nun long voyage
s'crinit rien (que la terre. El un autre grand voyageur.
i qui l'on demandait, son opinion sur ce qu'il av;n'il vu,
rdpotndit J'ai rencentre des hiomnmes et (des Ietu mues.
Nous sommes coupables d'ignorer l'A:mdrique laiine
parce que les origins sont semblnbles el qu'un grand
danger cominun nous Imenllace.
La lutte entire les croles espag ils des ainciemnnes
vice-rovy'uts et provinces de l'Amritqu L du Sud, dsi-
reux d'une vie civique moins dloutle et unie mir'o)ole
ayuant des mthodes de government tIrop'l)'reliaoiiili-
res, et une jeunesse enflamme par les di~lnmilions
passioinnes des |peniseurs fran ciis humnini!aires du
dix-huitimet, servis I5qr' des masses i diger.Ies nainu-
rellcmeu nt helliqueuses. Telle est en rco 'ourtci 'hlisioire
qui se repea dans loute 'mlet'rique. Sim l]'e revolle i<
l'origine ipuis guerre
cerlainenien'nt servile de lec'on de chose el son s -n.s .-:
plus vasic car ce ne lut pas suleenil r el--e ,
'laimanl si piarl du.s profits. mtu is I; poi>usec .irr-i'.e Iile
d'une race opprim ee r'cliimanlm i cl obl-en: lt ;soIn 1 1 i.it ;
la vie libre'; come un floI rolmpa ni ses digu.es 'n
episode dians le conmbil que mene lltiiiiihuiite p).' plus
de .lustice.. Sa significatioi. lour l'Ami:riqute lilic fui
d'une leon de chlise. ce que devenail en pasna: : l'a ac-
le les rv eries des philosophies. .. Les raippri,. de Mi-
randa et de Plion puis du grand Boliv r aillestent p:r
des lanis ce qluc' j'avaici('.
les freres de I'muire race disent pa.irfois I;!l;u nl
nous les crivains lalins d'Am ,rique ct les, priu.jrgts lu'-
redilaires oipposent leur barriere.
La
L''n\ tr- |)tIll"uli(Iue et eimout vainle.mysilique el anmoureu-
se le S:. ,I nia Ins de.l i rnz., la religiuese luiex aine
LA I EVLUE INDIG(I:N 7
don't les sirophes passioulics'a p pareil ent Sainte-
Thrse.
SaIrmienito, le grand Argelfilii po)tle, polmiste, hom-
ime d'aclion avanl vcu ce'rlaines (le ses oeuvres don't
Factundo o Civilisacion y Barbarie explique merveil-
leusement les dbuts de In grande rpublique de la
Phlala.
Lugo()nes, Enrique Larrela nous prsenilent des aspects
divers d& l''me aux multiples visiges (le l'Argentine.
L'l(quatlorien Molonalvo, adversaire (rop souvent de
parli pris (fe Garcia Moreno, mailre en prose castillane
polnisle vigoureux.
Amado Nervo, Alfonso Heves doiinnent auL Mexique des
ltioignages iiinoul)lilables.
Jos Astiurcionl Silva, Santos Chocano, inolus vocateurs
de lyrisime perdu et (le caden'ces harnionieuses.
,le les connais noi-nime trop peu. .e m'accuse, les
reiiconitres out t braves au hasard des lectures, gritce
celle aliachante Revue de l'Amrique Laline que tous
les iiltellecluels laliens devraietit lire, fi la Revue de
Geni'e et i quuelques revues (le li-bas, El Hogar, Caras
y C(irelas Nosotros, que des amis bienveillants m'en-
voienl. .ai p.ll ainsi apprcier la lecondil merveilleuse
d'uie oeuvre et d'une vie spiriluelle Irop mconnue
c(liez nous.
Trois noms (ladus l'hisloire littraire du Brsil me
sont resis. (onalves Dit: dotnt le sens exquis de la na-
lui'e, un certain panllisine tropical faisait dire de lui
qu'il lailt comine un (le ,'es arbres de la f'ort tropi-
cale, oit la beaul (les lienrs se mile au parfum des
fruits, ai colors (les feuilles, aui clhant (les oiseaux et
la sourdine musical des \ anl', (Lins ton ('(iquilibrel con-
cerl (le correspoiidamiu(es in|il vues. iCsitro Alies, g-
nie prcoce fauch da( s l'clat 'le sn jeunu,'. se, d n'eseur
rdent de la libH raiioii 'Lus e't hiv( is ii'is. .aaill!haes
'ole religieux. Mlichlalo de Assis. Naliuco, Huy B1r-
"sa aux activits inmbreuses. plhilosophes et h ion' i
Etat sont connus A ces divers titrens. Les Pros '.
nes de Ruben Dario. le Nicar' aguemaiial. n'i i',s
-il d'chio panmi nous.
8 LA IEVL'IE INDIGINE
La rvlation que fui au monde latin, coinmme uni
idal ralis, le chantre d' cAriel Jos Enrique Rodo
la plus noble conscience dlu continelit comme le sa-
fuait rcemment Francis de Miomandre, le premier re-
prsentant de cet esprit continental qui dpassant le ca-
dre des petites pairies cra et voulut la prairie latine.
A l'utilitarisme anglo-saxon il opposa le cullede la com-
prhension du beau pour mieux permettre la pralique
du bien; une thique et une eslhtique hriles dle la
Grce antique, rgnres par la verlu chrtlienne.
Molivos de Proleo El Micador de Prospero dve-
loppements successifs d'une mme doctrine litiraire
et social exaltant les qualits de la race. et soulignant
l'importance d'une littrature autochtone. Personnalit
au rayonnement considerable, salu come un mai-
Ire dans toute l'Amrique laiine qui sur un plan idal
sans doute, come Goethe, Henri Heine. Nietzche, fii-
rent des europens, est un continental rvant d'un
esprit et d'une littralure accessible toute l'Amri-
que latine et dans le domaine politique de vastes fra-
ternits rel rouves, celles que rva l'orageux hroisme
de Bolivar.
Ventura Garcia Calderon qui le combat parfois rc-
prsente un autre aspect de cet esprit, et les divisions
n mmes de ses Dl)mocraties d'Amrique lai!ne d'n4?-
lent assez comment il entend le problme : Gra:.-l C<.-
IJ.ombic; Colombie Equaleur, Vnzula. Confddi a.i
Pruvienne: Prou, Bolivie, Confdralion de la i'alt
Argentine. Uruguav. Plariguay, Chili, Bjrsil. Ainri{que
C.entrale. *'cxiqie. Anlilles. groupements intcrnllti,-
iaux inlris communs, communautihs vasles conime
le v'eut noire poque qui lend aux synthses, aux con-
fdrations des petiles nations pour rsister aux app-
lits des puissances de proie.
Rves d'hilsiorien et de penseur. ralit de d(e ain !
Tous les haTliens aurai'bnt du connailre el mdiler le
e.au et terrible livre ile Manuel Ugarte El de.s.liini de
.An conlinenle n
S:';a srie d'ludes de Jos Vaisconcellos oula larlurer;
Vankee, rimprialisme en flois monants estl dont .
Gabriela Mistral,la chilienne magnanime don't le Ci
relen:til dans toule, la press de l'Amrique du Sud. <
LA.S IIEVuE iNDIGNi:.
(le la race latine justement effraye de la rue anglo-
saxonne.
Juana I barbouron sensible et frissonnante, qui cr,it
sur des fleurs avec l'encre de la rose
Plus prs de nous Amerigo Lugo,Fabio Fiallo,Les Hen-
riquez, et tant d'auties que j'ignore don't les messages
fraternels demeurent jamais perdus pour nous.
Nous avons leur faire connaltre notre apport bien
mince encore sans doute l'oeuyye de civilisation latine
mais que l'on aurait tort de. dimifiuer xagrment voire
dle l'ignorer tout a fait. A nous de produire nos titres, de
faire notre preuve.
Plus human. Enfin nous devons travailler A crer
l'homme qui vient, le citoyen de l'avenir, le citoyen de
l'humanit, d'une humanity renouvele J'entends les
cris et le lumulle (les pharisiens- pour qui lesbarrires
les fro ntires, les diftrencesde races, les positions go-
graphiques n'oijl que leurs valeurs d'accidents nces-
saires limitant le champ que nous cultivons mais qui
n'entament en rien l'identit douloureuse des conscien-
ces. Voila celui que nous cherchons: l'homme qut vient,
celui qu'appelait et qu'attendait Massillon Coicou, l'ami,
le frre pour qui nous avons une tendresse toute prte.
Nous essaierons (le le crer en nous, autour de nous.
Cependant que l'on ne se trompe sur nos intentions et
-lnos penses et que l'on ne nous trahisse en nous interpr-
tatii: la diversity des patries est ncessaire Heureux
ceux qui sont morts pcur les cits charnelles car elles
sont le corps de la cit de Dieu. disait Pguy. Ce sont
terroirs d'lection, crdres prdestins l'closion mer-
veilleuse de planes dissemblables et pourtant proches
parents.
Ce que nous tdcherons de faire de notre revue. Un
tableau fidle et vivant des diverse manifestations de
la vie et de la pense hatienne contemporaine.
Vie intellectuelle et artistique, vie conomique et
commercial. Le point de vue lhatien des questions,
la faon don't envisageons les choses et comme on fait
une manire d'insulte du mot indign nous le revendi-
quons coinme un titre, le point de vue de l'indigne,
Un retour la sincrit et au natu'rel, au modle vi-
Vant, la description directed, un parfW, t*'accentu
S10 LA HEV'E INI)GI'iNI-
d'haliennel voila qui seilible caractriser notre jeune
posie. MMIlihobv-Marcelin etl lounier don't l'euvre
nous parailt significalive avec 'les moyens dilfrenlis et
des tempramienis arlisliqui,.-s parliculiers ont rendu le
charme(les passages de chez nous l'in en peintr vigou-
reux, Rouiner; l'aulre en minialuriste dlicat, noire ilra-
gile Philo.
On retrouvera dans l'humotr de Pntich. l'cho de s,
bonne hunmeur.
Le rire dans le brouillard dlinissail I)ekobra, il n'y
a pas de brouillard dans l'ame (de notre nmi.
Des notre prochaine livraison I'ul de nous donnera
un panorama de e osie ranaise cete posieon em poraine
afin d'initier le public (le chez nous ci de l'introduire
dans ce parlterre choisi.
Des coites, nousles avons choisis et surloul 'voulls
de ceux de nos conteurs qui out su voir el comprendre
Hati. Nous conumnenou;s par un pisode de la vie pay-
saline dlicieusement croqu par ce philosophy allen-
dri, cet houmme d'espril harimani qui a nom Price-Mars.
C'est un exirail du savou'reutx sibsianliel et prolond ou-
vrage de noire ami sur le folklore hailien, vieilles L-
gendes, vieilles cotl ilmes, hriles du l)ass aricain. ou
de l'poque coloniale.l)esconies de Marrelin. d'I il)erl.
et d'autres... nous n'anlicipons pas... aideroni i fixer
le visage d'Ilaili, son vrai visage:. -
1)es siynthses hlsloriques;la philosophies des vne-
mnents, leurs raisons caches. L'tude des causes dj
entreprise par les grands clairvoyants d'autrefois: un
Edmond Paul, un Justin Dvot, un Lon Audain, sera
continue avec moins d bonheur peut-~ire, mais avec
une gale bonne foi et la plii '',c "''hi.- .
Nous voulons continue, prendre rang. dan., ia suite.
de ceux qui peinrent pou r qu'il y ail. unjouyr tui e liaili,
prospre, heureuse, libre. '
Non nmi. G. SYl.vAuN
Quelques Diinitions de la Posie...
thAs:lN MAlai llu.E...
. Les vers nie sont pas comnile certain croient, des
sentiments, (on les a toujours assez t11t) ce sont (les ex-
priences. Pour un seul vers il faut avoir vu beaucoup
de villes, d'hoimmes et de choses, il lfaut connailre les
animaux, il laut sentir comment violent les oiseaux et
savoir quel miouvenienlt font les petites Ilcurs en s'ou-
vrant le martin.
Il faut pouvoir repenser i des chemins dans des r-
gions inconnues, i d(,s renicontres inattendues, des
dparts que l'en voyait longtemps approcher, des
jouirsd'enCl'aince(doni le miystere ne s'est pas encore clair-
ci, ;i ses parents qu'il l'allail qu'on firoisst loirsqu'ilsvous
apportie'Il it lie joie et qu'on ne la comprenalit pas ( c'-
lait une joie faite pour ian auitre ) des maladies d'en-
l'aince qui coIm IencieItl si singulirement par tant de
pro'ondes el graves Iranslorirmalions, a des jours passs
dlans des chambers graves et continues, des malins
an bord de lai mer, t la mer elle-nime, des nuits de
voyage qui l'rmissaient t r.s haul el volaient avec ltou-
les les loiles. Il ne suffit nm-me ptJs de savoir penser
lotl cela. Il faut avoir des souvenirs dle beaucoup de
nuits d'amour, dont aucune ne ressemblait l'autre, de
cris de femmes lurlant en mal d'enfant, et de lgres,
de blanches, dedormantesaccouchesqui-se rel'ermaient.
Il Caut encore avoir t auprs de mioutrants, tre rest as-
sis ;uiprs de morts dans la chanmbre avec la fentre ou-
verle et les bruits qui venaient par -coups. Et il ne suf-
fit mme pas d'avoir des souvenirs. Il faut savoir les
oublier quand ils sont nombreux, il faut avoir la gran-
de patience d'attendre qu'ils reviennent, car les souve-
nirs eux-mmes ne sont pasencore cela.
Ce n'est que lorsqu'ilsdeviennent en nous, sang, geste,
lorsqu'ils 'n'ont plus de nom et ne se distinguent plus de
nous, ce n'cst qu'alors qu'il peut arriver qu'en une heure
trs rare. du milieu d'eux,se lve le premier mot. d'un
vers ......
12 LA IEVL'E INDIGENE
(Les Cahiers de M. L. Brigge ) I.x ~n MAIUA IIuE
Raimer-Mari: -Rilke lul l'un de. j plus gra;nds lyriques
contemporain.. Ce magnilique li.moignage sur la posie
- qui vaut un ls beau pome est tir d'une manire
d'autobiographie o ce visionnaire surprena ni se raconte,
les cahiers de Malle Laurids]Brigge paru en 1909 traduit
par Maurice Betz etque nous rvla la collection des Con-
temporains D'origine slave Rilke est ni i Prague. C'est
un des premiers europens come les r'vait Nietzche.
Non par ses doctrines comme Romain Rolland mais par
la connaissance que ses voyages lui donnrent de [1Eu-
rope -Autrichien de-naissance, allemand par son pre
il sjourna Vienne pendant sa premiere jeunesse finite
ses tudes Munich, habitat tour tour Moscou, Vienne,
Paris, Rome et ses errants le portrent de la Sude a
.l'Espagne et mme dans les pays fie soleil du Nord Afri-
que: Algrie, Tunisie, Egypte. Il de
monde d'impressions merveilleusement harmonises et
rendues amplifies par la sensibility trs riche j.que l'on
a pu apprcier. Il a les intennes frinissanles ....
Pour Ph. Tholy-Marcelin
... Que tesvers rconfortent comme.une poigne de main
qu'on y senate vibrer, fraternel, un cour human.
Oublier la- leon apprise, les lives lus,
les souvenirs factices, les sentiments voulus.
Peu imported que la rime sonne come un grelol,
Peu'importe le nombre, pour rhytmer nios sanglots.
Comlempler l'univers come un petit enfant.
de son regard avide et de son oeil gourmand,
tirer de chaque chose sa part de beaut,
dcouvrir en tremblant une humble vrit.
Il faut devenir simple, sincre, comme un mourant.
NoRMIL SYL'AIN.
L IIE.'~ UE INDiUI~.NIX 13
Sous la Varangue
['n vase de cristal, de l'eau Traiche, des viornes!...
Les. pches le Kenscott et les fraises dles mornes;
la faim donne la bouche un got de quinquina.
La -minule est d'or vierge o l'on tient.sur la langue
un dlicit morcel d'un juteux ananas.
Et le soleil d't, dans l'troite varangue,
-Le palais devient lisse a>u coup d'un vin grenat...
* pnlre les raisins mais glisse sur la mangue.
SMILE ROUMER
Sous-Bois
La bouchelouce encor d'un kaiser amical, '
gravir un niorne rouge o bronche le cheval.
Le jour sombre en la merl-bas, l'ombre s'attarde,
on dirait, impalpable, un vol cendr d'outarde.
La pourpre des couchants reflue aux les d'or.
Le sentier forme, troit, un ombreux corridor,
les perons raflent les cactus ... On gote
les voix fraiches d'enfants qui chantent sur la route.
L'anglus sonne combien triste; l'alezan..
faith. brusque, uu bond effleurant presque un paysan.
(Pomes d'Haiti et de France)
E.%tiiE RoumEiR.
14 LA IEVUE INDIGNE
Foot-Ball
a l'quipe de SI. Louis de Gonzague.
L'arbitre...L'avant-centre est presque en quilibre
pour le shoot ...Dbordant la ligne,les ailiers
agiles, les demis dans l'attente plis;
le team palpite, harmonieux, sous le ciel libre.
Signal... Le coup d'envoi, c'est une aile qui vibre;
la boule retentit comme au flanc des voiliers
la mer, la grande mer que change le flibre;
les arrires massifs sont de mouvants piliers.
La passe frmit longue, on le bloque, et la lutte
grouille autour du garden qui se dfend mais bulle
contre un corps affal, come bronche un mulel.
Et brusque, shoot au but.., On dirait le front chauve
d'un bonze qui s'enroule aux mailles du filet.
Qu'on me centre nouveau le ballon de cuir fauve
(Pomes d'Hati et de France) EMILE ]HOUMER
Cent Mtres
A mon excellewfi camarade
Selvio Calor, claupion..
Quatre. Rainasss conmme
des fauves. Quatre homes
Les nergies bandes tells des cordes
se sentent fluidiques, se heurlent forces
d'embrocation.
nerveusement se froissenlt.
Angoisse. Angoisse
'de l'attente. Invocation:
Starter. 0 Starler lire
dlivre
LA REVUE INDIGNE 15
- Nous -- Prts?
Bras, hlices brusquement
dclanches par le pistolet
tournant perdument
en quart de cercle. Vingt mtres.
Tous de front. Bien-tre;
volupt du vent
entire les dents.
Cinquante mtres: deux lchent
pied. Hachent
l'air. Bcherons
de la fatigue qui, colle
les muscles au sol.
Desespoir.
Les deux autres de front.
Quatre- vingt mtres. L'un pense:
Passerai-je? 0 passerai-je?
Souffrance,
Souffrance du petit marteau
contre l'enclume de ma tempe
Souffrance du trou noir
entire la misre de mes jambes
et l'arrive. Je veux.
Je passe. Non.
Je veux. Je passe
L'autre: Ha I mon corps las
Ha 1 mes poumons
carburateurs douloureux
dans ma poitrine en feu.
Dernier effort du corps projet
contre le fil. Rictus de Promthe
dlivr. Trombe.
Enfin.
*(Journaux du lendemain :
Un tel, gagn d'une poitrine ).
L'herbe est une verte et frache tombe.
JACQUES RouMAIN.
16() IA HE\'. E INDIGENE
Poerne Lunaire --
Lune, globe d'argent aux clarls soniiolenlles
Quel pome viens-tu center aux floats Irompeurs
Quand les clochesdu soir claires et trmolenles
Rythment leurs Anglus pleins d'liranges douceurs
Quel pome viens-lu counter aux flots trompeurs.
Lueur, rayon, cloches d'mes namoures
Rythmant des Anglus pleins d'tranges douceurs.
Tmoin froid des clameurs vaines, dsespres ....
Lueur, rayon, cloche d'mes enamoures
0 Lune, clair flambeau des rendez-vous furlils
Que te content les flots aux voix dsespres
Quand l'ouragan ahane au profound des rcifs.
Les flots sont assoupis sons ton regard de reine,
0 fleur du ciel close au jardin de la muil.
Et par-instants, suave el ple cantilne
Monte le rythme leni de la vague qui luit.
O fleur du ciel close au jardin de la nuil
De l'ocan aux voix profondes et lointaines
Monte le rythme lent de la vague qui luil
Orchestre de sanglots'"aius, de plainles vaines....
Et l'ocan aux voix profondes et lointaines
Frmit sous les baisers de noirs oiseaux de mer,
Orchestre de sanglots aigus, de plaintes vaines.
Les grands mlsflagells plongent au gouffre amer
Quand les cloches du soir claires et trmolentes
Diront leurs Anglus pleins d'tranges douceurs,
Lune, sous tes clarlts douces et somnolentes
L'ocan rythmera ses pomes trompeurs.
C. REGULU'S.
LA REVUE INDIGNE 17
PAYSAGES DES ANTILLES
LA VAGNE
I
Il pleut sur La Vague.
Rien ne me semble plus triste que la pluie la campa-
gne, sur les arbres immobiles, qu'on les croirait sans vie.
Pas un souffle n'agite leurs frondaisons.
Il pleut dru, mais finement.
Ce n'est pas une averse t Le ciel n'a pas cette nuance
sombre des temps d'orage; l'atmosphre n'est pas lourde.
Il fait frais, presque bon.
L'horizon est clair. A peine est-il estomp sous la trame
lgre et tnue de l'onde, trame continuellement tissue
et dans tous les sens...
De temps en temps la traversent, des oiseaux: couples de
ramiers attards. descendant des months, vers les Figuiers
et les Mombins de la rivire; des jondelles , venues je
ne sais d'o,- de Fpuch peut-tre, ou des Salines de
Trouin, --pareilles des bouts de flches casses, ont l'air
de petites croix suspendues dans le vide.
Un Mansfni passe ...
Il pleut toujours.
Les gouttelettes tchent de gris les stjes des palmiers ou
coulent en rigoles minuscules sur les pennes d'-
meraude des Bananiers. Le feuillage des Manioc est
lav et d'un vert plus fonc.
Dj brille un rayon de soleil; puis deux; puis trois...
C'est l'claircie.
Onde bienfaisante 1
Les champs avaient soif. La vie reprend.
Les Sarah multicolores piaillent dans les rameaux des
Gommiers . Un vol de perruches x, des cailles s'appellent.
La brise dvale des hauteurs rveilles, houle tra-
vers les grandes herbes resplendissantes de mica et nous
apporte le parfum vivifiant dessapins ou l'odeur de la bonne
terre mouille.
18 LA IIEV'E INDIGEN'
Un colibri fail: tu-tl-uii; (les troglodyles siffloteni;. le
Ouanga-ngness jelle son cri perant ei lile come, un
trait.
J'entends des chaWls de pifnladeau x, en mme temps que
montent en choeur, des bois pleins dle soleil, les stridule-
ments rauques de nos cigales et de nos grillons.
La chienne est impalienie. Elle jappe; elle jure: elle pletr-
niche doucement: elle supplie....
Nous prenons nos fusils: elle est heureuse et exulte.
-Pour Midi, n'est-ce pas, Messieurs?
-Pour Midi 1
-Bonne chasse;
-Bonnes affaires !
Nos pas martlent l'avenue sablonneuse. Nous nous en-
fonons dans les sous-bois odorifrants des gorges de La
Vagne, laissant Duval; au milieu de ses crises dle caf; rou-
ges comme des lvres d'amanies...
Sol'la cicala, col noiso metro
Le v'alli e i monti assorda e il mare e il cielo !
( L'Arioste )
Par la baie de ma chambre, m'arriveint, painli le pi.llo-
1IW multiple des oiseaux, les premiers stridfulements des ci-
gales de juillet.
En souvenir de Carducci qui les cntenediit dans s mel'r-
veilleuse Toscane, et nous lesa chaltes avec amour, je
les guettais pieusement depuis la mi-Juin.
Je jouis dj de mon prochailp bonheur, lorsque chaque
ombrelle de pins verts, abritera les chres bestioles.
11 n'y a rien (le pl is nostalgique, de plus mouvant. dans
la solitude d'une campagihe que le vacarme assourdissant
que font ces l'illes de le Ferre , dans leur hvymne aut so-
leil, l'azur, la. vie I
O donc en avais-je t tmoin ?
Voici un paysage luxuriant que la Caniculd embrase de
ses effluves. Son ciel moutonne dans la clarl aveuglante
de Midi. 11 vente frais. Da grandes pennes d'meraude se
balancent lentement: Bananiers penchs sous le poids des
rogimes.
Des globes d'or pendent, pareilles des boucles, d'oreil-
les, aux rameaux des rangers. Je hume sensuellement le
parfulm des mangues mres et des iomibinsjonchant le sol.
Un tiam-charoi babille encore, quelque part, perdu dans
la reuille tandis qu'clate le gros rire des bavardescorneilles.
Un chant mlancolique au rythme des battoirs, monte des
Rives de l'Artibonite. Il y a des lavandires.
Un Ane braie; des chiens jappent; des cailles sifflent....
Un vol ffrn de jacquots creusatl le ciel d'un silla-
ge vert et rouge.
Puis rien; puis le silence: C'est le Midi prs de Mirebalais.
Midi tropical: Heure de.solitude 1
Seul, maintenant potu; enchanter les bois assoupis dans
leur sieste rsonne le chour magnifique des cigales, folles
d'amour, de lumire et de vie 1.......
MERGE
iil
Merg,le site est joli. La mnier y est pittoresque. Nos bonnes
gens de l'endroit l'appellent mer frappe , Fans doute
parcequ'en se brisant sur les roches et les galets blancs et,
gris du rivage, elle y laisse une mousse fouette....
A quelques pas, un lieu propice aux songeries et aux lec-
tures. C'est une petite anse. Une eau calme et peu profonde.
Des barques de pche s'y dodineint. "
a et lI, sur la grve, des nasses de roseaux; dans
les marais; fouillis d'arbustes d'o mergent, comme des ba-
guettes, les tiges sveltes et fines des joncs.
Pour abriter du soleil: un plafond de verdur.e. l'ouvrage
duquel les majestueuses futaies et les bayahondes ont uni
leurs frond'aisons. Les tourterelles; brunes aux veux bleus;
viennent s'y reposer le jour, les merles y niche la nuit. Les
chevelures Verles et frises des bambous rafrachissent l'air
brlant.
Retraite calme et paisible, don't le silence, par instant.,
n'est trouble que par le chant nostalgique de femmes au la-
voir; des blements de cabrits, des appeals stridents de rles
ou d'chassiers hauts sur pattes et laids, l'appel d'amour, le
roucoulement tendre des perdrix grises, la plainte des
feuilles sches sons le pas menu des lzards ou le bruisse-
ment harmonieux de la brise dans l'ventail des cocotiers...
Et dominant tout ce paysage, quand MIDI broie la cam-
pagne de sa rude treinte, et tincelle au large, le bour-
don jamais faux, mais monotone du flux...
SAINT- ROBERT
I.A ItEVL*L
19
20 LA REVUE INDIGNE
Mandres
Je n'alourdirai pasles pomes quevous allez entendre -
un pome n'est-il pas toujours un chant, et mme lu des
yeux ne chante t'il pas en nous d'aucune glose mala-
droite; pour vous introduire dans l'me de mon ami je se-
rais sans doute un guide suffisament averti car je l'aflee-
tionne assez et cela suffit, niais peu-t-tre m'en voudrait il
de trouble son intimit.
Je ne vais donc pastenter de vous l'expliquer, c'esl un
travail trop dlicat alors qu'il .est dj si difficile de voir
clair en soi connait-on jamais assez son voisin pour ne pas
craindre de le trahir en dnonant ses intentions secrles.
Je vous invite seulement communier avee moi en la
beaut le travail du critique est il autre chose qu'un acte
de foi et d'amour.
Nous nous promenons en un un ardin merveilleux, je cueille
'pour vous en faire hommage mes amis car je n'admets
me lire que des mes fraternelles, les compagnons bnl--
voles qui sentent comme nous des roses royales des jas-
mins troublants, des frangipanes ples ... un anure viendra
qui chenillera, fera tomber les gourmands, rectifiera l'ili-
gnement.
Pour moi l'ombre propice, l'eau qui chante, les plates
vivaces et drues me plaisent pour promeirer mon nonclia-
loir et j'coute la chanson du trouvre ... c'est une chanson
frle d'amoureux... il s'acompagnede la viole ou de la man-
dore, les mots sont doux. qui disaient la joie des prsences,
clbrent les rencontres, magnificent l'extase, c'est un prlu-
de calnie ou un chant ardent ... Le pote est A l'ge du rve.
Il murmure ses pomes voix basse pianissimo amo-
rose. Le soir est confidential. Le jardin s'est fait plus inli-
me. L'heure est. prcieuse. Les femmes rendnes graves ont
cess leurs ramages. L'une d'elle a frisonn, d'un geste fri-
leux, sur son paule a ramen l'charpe qui tombait, une
autre ajoint les mains, et j'ai vu dans l'eau sombre de vos
regards, notre amie. une toile d'or qui dansait, borne pro-
che au sord des cils ...
Il est de ces musiques qui attendrissent, doucement ten-
dre et tendrement mlancoliques, et puis les femmes ont
des cours plus sensibles, et promptes s'mouvoir l'iitelli-
gence de l'me...
Eoutez la chanson bien dquce.....
L.A nEVt'E INDt':NE 21
DISCRETION
Si vous voulez que votre presence
Me soit dounc, ne me dites rien
Et que seule la voixdu Silence
Emplisse notre grave entretien.
Si vous voulez que je vous comprenne,
Que me parent vos yeux seulement
Et que vos lvres, comme les miennes,
Gardent les plis du recueillement.
Si vous voulez que parfois je pense
A vous qui passez sur ,mon chemin,
Ne murmuiez rien ma souffrance
Et partez sans me toucher la main.
Partez come vous tes venue.
Pas de mots de tendresse ou d'adieu.
Ma tristesse veut tte inconnue.
Les mots qu'on tait l'apaisent le mieux...
LEON LALEAU.
Les Oublis
Tout le jour, (les visages ptes
Se sont penchs vers les tombeaux,
Et leurs soupirs et leurs sanglots
Ont brui parmi les ptales
Des lvres, tremblantes d'amour,
Ont dit de trs lentes prires
Afin qu'en l'ternel sjour
Leur vie, aux morts, soit moins amre.
r.t nul cependant n'a pens
Que, plus mortsque les mort eux-mmes
Les cours, par d'autres dlaisss,
Ont aussi besoin qu'on les aime.
Ainsi des Ames que l'Amour
Peut tre a pour toujours broyes,
Ont gard, mme en ce grand jour
L'aspect des tombes oublies
2 Novembre -
( voix basse...)
22 LA REVUE INDIGINE
Dans ce jardin des joies je suis revenue quelquefois,
mais le joyeux dcanieron, la troupe un peu lfolle s'est
disperse. Le vent souffle en bourrasque. L here n'est
plus aux joyeuses causeries, aux cofidnIces mues.
Combien resle-t-il des donneur's dle srnades ? Ou sont
les belles couteuses?
Nous sommes seuls, lui et moi, sur le banc de pierre.
C'estun homme qui parle. Sa voix est grave. L'accent est
mle et il me dit lesjoies de l'ge viril. Plus ne sont les
cadences savantes et compliques. Plus n'est besoin de la
viole d'amour, de la musique grle des barcaroles. C'est
un homme qui parle, vous dis-je. Il dit l'amour, mais si
la mme ardeur l'anime, c'est qu'il sent couler en lui le
sang gnreux d'anctres vigoureux.
ATAVISME
Si mon lre frmit d'une ternelle fivre
Et qu'il ignore, a prs les ">mioureux lourtinen s
La molle volupt des longs apaisements
Et lebaiser lass qui s'endort sur les lvres.
Si la souple splendeur (le votre blanche chair
Se meurtrit dans l'tau de mes brusques
ireinles,
Si je n'entendsjamais vosangoissantes plaintes
Lorsque vous vous tordezentre mes bras dle fer
Si ma bouche cloue votre frle bouche
Ne s'en arrache plus qu'avec brutalit
Et qu'il semble qu'eu moi arde tout un t
Calcinantnotreamourel brlant notre couche,
C'est que je suis de ce Pays, o de ses ors
Fondus,un lourd soleil single la chair desires.
.Et qu'aux rudes baisers de ce Royal Anctre
b'implacablesdsirsm'ont lacr le corps.
C'est que.j apais.je n'aisentimeschaudes
*1 'veiiles
Se temprer (le la torpeur des dqrs hivers
Etqu'il circle en moi,puissant,'preet pervers
Uu peu de ce sang noir des races africaines.
LA REVUE ~IN.G'XE 23
Il est l'age.du dsir. Il dit la volupt.
Au bord de la route comme des bornes qui 'indiquent
la voie, qui nous tont souvenir que jamais nous ne re-
passerons avec notre me d'aujourdhui dans les che-
mins d'hier. Il yv a des tombes.
A l'heure o se taisent les colombes
Parle tout bas, si c'est d'amour,
Et c'est la halte pieuse au bord des tombes. Autour
des visages disparus Clment Romain, Paul Estve, fan-
t "mes aims, compagnons de l'adolescence inquite.
Avec quelle motion sincre, quelle sympathie revivaient
autour de nous vos ombres fraternelles ....
Un soir, la mauvaise bte qui rde sournoise s'est ap-
proche. Il a su regarder, en face, dansles yeuxlevieux
chacal qui est le Desir etla Nuit. Mais sa chaira trembl
et il avoue ce frisson quand il a vu le mufle roux effleu-
rer le berceau o dormait son enfant.
Je n'ai pas peur de vous...
Je n'ai pas peur de vous. mort implacable et sourde
et que n'meuvent pas les dsespoirs humans.
Uue fois vingt ans. votre dmarche lourde
m'a heurt: j'ai senti ma gorge entire vos mains
Et je n'ai pas cri...
Pourtant, dans ma poitrine,
Mon cour a sursaut comme une flamme au vent
Quand j'ai vu votre pas qui, dans l'ombre chemine
Hsiter prs du lit o dormait notre enfant.
Voil le cri sincre, d'un accent qui ne trotnpe pas.
Ce sont de ces vers humans que souhatait Rainer Ma-
ria Rilke. Des paroles de vie, ces simples mots qui ex-
priment la vrit. La mort, parmi les thmes potiques
est une pierre de touche: elle measure notre rsonnance.
C'est pou-quoi trs peu l'abordent. Le cliquetis des pi-
tlhtes, les dclamations paraissent ridicules et odieuses
comme une profanation. L'art et la Vie s rencontrent.
Il semblerait puril de les parer d'aucun accessoire ou
d'oflrir un dcor factice. Prends l'loquence et tords
lui le cou
24 LA REVUE INDIGNE
Mourir
Songer qu'un jour ce soleil brilanl qui se leve
N'clairera qu'un peu de plceur sur mon front
Que mon regard en leu s'eleindra comme un rve
Et que mes chers dsirs, i jamais, se taironi
Songer que soudain, mon coer cessera de balire
Malgr le grand amour qui l'ensanglante encore
Et qu'aux frlemenls lents de votre main d'albalre
Mon tre rpondra par le froid de la mort.
Songer qu'un jour, songer qu'un jour prochain peuttre
Je ne pourrai plus boire aux coupes de les yeux
Ni-chanter le frisson des choses et des tres
Avec en moi l'orgueil d'tre iin:pir des dieux...
Et j'aurais lermin le pome l avec cette angoisse
qui ne se resout pas, celle inlerrogalion passionne
qui n'est hlas qu'une certitude dsespre, mais o cir-
cule une rvolte de toute la chair qui n'accepte pas l'ar-
rt du destin Et voici la rponse, c'est malgr lout la
soumission, lecalme aprs ce sursaut indign.
EN SILENCE
Ce s.'rait si bon de Imouri'
Sans souffrance et sans secuise,
Avec impression si douce
Qu'e n un instant l'on va dormir !
Ce serait si bon de pa-rtir
Sans que la lvre se retrousse
D'aucun rictus, sansque 1'on
pousse
Ni sanglot vain, ni vain soupir 1
Une petile main qui press,
Vos mains d'une ultime caresse
El sur voire front, un baiser,
Un baiser de sour ou d'nmie,
El calme, le cour apais
S'en aller enfin de la Vie !..
LA HEVUE INDIGNE 21
(Cest la loule pelite parole qui nous fait tant de bien,
la simple parole humaine. Le reste est littrature, ce lie
sont que l'estons, ce ne sont qu'aslragales. Ecoutez la
Voix dans le soir en un rythme lihletant oppress, le
rylihme (le l'moion inmime.
Comme noire ami est aim des dieux nous serons pour
luti svre qu'il nous permeate de lui dire f'raichement
qu'il lui fanudra consentir des sacrifices la perfection
est chose cle disait notre Moras ; il doit apricette
Sure ou il nous a dit ses douleurs d'homme, l'oeuvre
definitive des pices du mme grain d'un marbre com-
pact et fin.
Paulo major cananmus I v a encore' des mievre-
ries sentimentales auxquelles il s'attarde, de la prciosi-
l et des exercices (lui sont d L jeu et du mtier, jeu a-
grable audemeurani el mtierd'artiste a droil, l'influ-
ence a et l de Magre, I)l.aile et Visite, leryvlhme che-
vel ce grand barbare sincre Verheren ce don't
nous ne nous plaignons d'ailleurs pas et quand je dis
influence c'est faon d'enlendre les choses, des points
(le lvue de descriptions psychologiques, pas aulre chose.
L'oeuvre nouvelle est de qualil et reliendra P'atten-
lion. Ce qui nousa plu particulirement c'est d'y Irou-
ver un home Je cherche un auleur et je trouve -un
homme. Pour mener ce haul lieu, l'enthousiasme, el
l'molion esthtique participe dle ce paroxysme, il
fatullre mnu prol'ondiment soi-mme. La sincrilne
suflil pourtant pas car un imbcilecoiivaiiicu rait pote.
11 l'aul le don d'expression. D'ahord fire en soi le
silence, descendre aux plus ro)l'(nds ibimes de sa
conscience ci nous rapporter ensuite les dcouvertes.
Cerlains en soulffrent et parent de cabotinage spiri-
luef mais ce n'est pas jouer un rle que de prsenter
aux autres le spectacle dle leur joie et de leurs souffran-
ces. le nombre des scntinienis tant restreint. Est-ce
pcher vraiment que de parler pour eux leur me?
L'homme est goste. Nous plaisent les oeuvresou nous
nous retrouvons, les esprits de la mme famille spiri-"
luelle; cela explique sans doute les sympathies et bien
des incomprhensions ...
Maurice Rostan~ plans l'affeclueuse prface qui in-
troduit au recueil, de Laleau louant la sincrit de
26 LA REVUE INDIGNE
l'accent dit que les seuls beaux pomes soni ceux que
nous avons vcus avant de les crire Je pense que
cela mve assez loin des badinages puerils et des ba-
nalils rimes don't s'encombrent les libraires.
Trois ciels pour un cour tel est le nom de bapt-
me e nom jouet comme on dil chez nous que
lui donne son parrain parisien.
Ilyacerteune influence des choses,du climat,du terroir
ou s'panouissent nos sensibilits. Maurice Rostand
prte un certain trouble, une exaltation un peu paen-
ne et barbare au ciel hatien, la sensualit magnifique
un peu lourde l'Italie de lumire, et une certain re-
tenue sobre dans la douleur aux paysages tranquilles
des cteaux modrsde l'Ile de France. Sduisante in-
duction de pote, mais c'est chez nous ou il levait, par
ses lectures quil'enrichissaient que s'est forme la sensi-
bilit si riche de Lon Laleau qui nous vaut aujour-
d'hui ces pomes qu'il vient de livrer la curiosity in-
quite des amateurs de tulipes
Car la plante est rare et la fleur jolie.
PASCAL. FLAMMEUR
LA REVUE INDIGNE 27
LE CENDRIER
-x
Elle regrelle ses pchs
qu'en son me, cendre lvgre
d'une cigarette trangre
tombe enfin sur ses fruits pluchs.
( JEAN.PELLERIN ).
D'UN RETOUR
C'est comme une premiere rencontre,
Tu reviens sans ton premier visage
Tu te penches sur le bassin.
Tu churches ton sourire
et tes gestes d'autrefois;
mais l'eau ne retient pas l'image. .
LAGO *)
C'tait il n'y a pas trop longtemps
(j'avais encore des sanglots
pour pleurer mes jouets.casss)
je savais le bonheur de m'enfouir
sous un tas d'herbe de Guine,
le cour angoiss
par la crainte d'tre dcouvert et pris.
J'coutais. .
Rien que l'impatience d'un cheval
tapant du sabot.
rien que des dmangeaisons
aux jambes et la figure.
('* Lago : cache-cAche
BEAU RVE...
Beau rve. hamac tendu
l'ombre 'u sommeil,
bercez l'homme- perdu
d'tre tomb du ciel.
28 LA REVUE INDIGENE
CONTE CROLE
Savez-vouA pas la savoureuse histoire
de Bouqui.
qui habitat six journes
de la ville?
Savez-vous pas l'histoire
de Bouqui se rendant la ville
et qui,
la cinquime journe,
dclara :
- C'est bien trop loin,
je m'en retourne
ma case.
JOURNE D'HIVER
Lalampe est allume et c'est pourtant midi i l-pen-
dule.
Paris m'olfre un soleil sans joie, rouge. loinlain, po-
laire comme une lune aprs louragan.
Je suis ti:s las.
J'appuie mon front la vilre l'redonnant une iirii.gue.
Elgie aux Lavandires du Bols de Chne
Dites, lavandires, est-il*si loin
le temps de mon enfance ?
Ah I nierez-vous, mon pre.
le plaisir de vos quinze ans ?
Pour pier ces fangas
D'o tant de chansons s'envolaicnl,
On descendait dans la ravinne.
Doucement, sans se presse'r.
Les cailloux du torrent glissaient,
Bruissaient,
Et toute une posie
Commenait.
Ali I nierez-vous, mon pre.
Le plaisir de vos quinze ans ?
Dites, lavandires, est-il si loin
Le temps de mon enfa: ?
LA IlEVUE INDIGNI 29
PAULINE BONAPARTE
Beau Paris (si gai, si gris), loin de vous elle
languit,
Un petit.ngre pour porler 4a train et le
perroquet.
La compagnie de nonchalanles croles pour
causer.
E!, sur voire lle. songeant, un grand calme
bleu. .
IPoint ne vous plail, Pauline, ce doux climate
des Isles.
DESTIN MELANCOLIQUE
O est Caonabo?
Caonabo n'est plus
qu'au sein d'une pense.
O. Anacaona ?
Elle est dans son hamac,
songeant quelque argente
chanson pour, papillon.
s'envoler de sa bouche.
NOCTURNE FAMILIAL
II ne sait pas, bonne maman
dans l'alente,
ait balcony appuye.
Madame, votre (ils ne sait pas
que xon absence, la nuit.
applique
un index mlancolique
contre la joue de sa mre.
POEME
Sourire enfin au joli lieu (le sa naissance.
Comme minces bambous la source dissi-
mulent,
Manguiers ombreux font u .beau ciel une
ceinture.
C'est ici le retour la fraiche gail,
Les rires clatants et le solei4 d't.
Je retrouve une joie en la chaude lumire
Qui sur tes galets s'tale, vive rivire.
LA UEVUI INDIGNE
POEME
Mille bambous grles font la source un ri-
deau de mystre.
C'est le dcor des idylles croles.
Des manguiers.
Des fougres.
De la mousse.
Le ciel lger des Antilles.
Et, comme un essor (le colombes, ngresse,
vos blancs sourires.
PASTEL
Le visage baign de la frache clart
De l'aurore, tu vas dans la navet
Des chose du matin et ton regard se pose
Sur chaque fleur, abeille d'or parmi les roses.
HUITAIN
C'est comme un vieil homme cass
Qui pense au temps des folies lestes.
(Ta main n'a plus les mmes gestes).
Cette nuit je songe au pass
De notre cher espoir lass.
Nous rvions des amours agresles.
De ces flambes il ne nous rest
Qu'un peu de cendre ramasser.
PHILIPPE-THOBY MARCELIN.
0 MK*Ei'
L&.RIVL'E INDIGLNE 31
AINSI PARLA L'ONCLE.
LA FAMILLE PAYSANNE
MlgI'ns LOCALES ET SURVIVANCES AFiICAINeS.
Kenscoff? Beaucoup d'entre vous sont peut-tre des fami-
liers de cette dlicieuse region ?
C'est, l-bas. un canton mnonlag'eux p.erti parmi le groL:-
pe des pics don't la ligne sinuemse se confond avec les lour-
des masses (lqi ahoutisscil a l'extrmilt de la presqu'ile.
Les Montagnes Noires qui font bloc .au Sud-Est de Port-
au-Prince se prolongent vers la basse plaine au Nord-Ouest
en une iuile de ranleaux fragments de gorges et de valles.
Un (le ces rameaux darde vers la mer son peron de roches
argileuses o poussent a et l des pins clairsems. Tout le
reste est battu par d'pres vents. C'est cette oinle avance
si souvent frquente par les orages qui forme le plateau de
Fu rcy.
A l'Orient un trs proche Orient l'autre branch du
rameau continue par les contreforts de la Selle tale sa
croupe vallonne vers l'Ouest o l'espace lui semble moins
mesur, puis comme puise par l'effort, s'inflchit et s'ef-
fondre dans la valle de Grands Fonds. C'est dans cette sou-
danine depression, semblable une cuvelle au fond bossel,
que soe blol'lssen1t lus maisonnettes de Kenskoff. L, nous
sommes 1.20W) ,mtres d'altitude. Des bords abrupts de la
cuvette croissent des arbustes en groupss serrs que les ha-
bitants appelenut tabac sauvage . puis sur la pente roide
ou eu gradation douce, dans les moindres anfractuosits une
herbe course, grasse et drue revt toute la !erjre d'un tapis
vert, moelleux et tendre.
Kenskoff est un frais p)turage. Le btail s'Ny dveloppe
sain et vigoureux. A cause mme de sa configuration en
creux et de sa haute altitude la terre de Keinskoff abrite
contre la bourrasque relient une trs grande quantit d'hu-
midit 'soit que le nuage se resolve en pluies fines ou torren-
tielles soit que le brouillard quotidien s'accroche au flanc
des collins et traine sa robe de mousseline blanch'e dans
le moindre repli des vallons. Au surplus un clair ruisseau
dispense en minuscules cascades l'eati dont s'abreuve la r-
gion. Ah! cette eau savoureuse de Kenskoff. On ne sait plus
er- s'v dsaltrant si elle est savoureuse d'avoir hnm de
Irop prs l'haleine odoira te d(u J'. 'voi
masse, absorb, claiirifi IlIIhimus se ilniie dle la i l-'e gn-
reuse et fconde (les cressonnires.
Mais, enfin, (le cettlle rapid esquisse, il mnie parail p)Osi-
ble de tirer diverse consequences au point de vue des zIp-
liludes de Kenskoff hi nourrir une cummunnut humaine.
C'est d'abord que le pays offre de grades facilits i l'la-
blissement d'habitalions fermi ires. Avec le systme de pro-
prits morceles qui domine noire economie rural, chaqme
famille Kenskoffest p)ropritaire de son lopin de terre ct
possde une ou plusieurs vaches don! elle tire un appi)rci,.
>le supplement pour I'quilibre (le son budget.
Dans chaque famille, c'est la fillelle. la jeune fille, plus va-
renient le jouvenceau, qui, i pieds, transporle le lail, 5 10
litres, de Kenskoff Plionville et Port-aui-Priice. Notre
laitire effectue ainsi un p)arcours quotidien de dix i douze
heures de marches (1), souvent par (les sentiers glissants,
rocheux, mialaiss. .... A l'i-ndu.strie laitire le paVsan de
Kenskoff joint la cuilluie ninr'iiclhe et horlicole. El c'e!.t
.plaisir de voir combien i la faveur de l'alliltrde et de-la
fcondit du sol croissent. etn exubiance les plates pota-
gres et les arbres fruilieris originaires des pays Itempiris..
Oei y fiil des pehes, (les fraises, (les pommes, des lgumes
et d'iutres choses succulentes. En rtull. la vie pi.,ance
prend ici'un aspect d'aisance tout i fait fi'fappanlt, el cela et
d autant il la richesse (di terrain qu' la firlicheur excep-
lionnelle du climal.
Et, niainitenint (e quellc nt nite
des dit milieu physique vont elles iiiltienc'e le d;vlch lppe-
ment de Fl'lre human ?
Et d'abord de quel type etl-il, cetl tre hbmniai? A quelle
vnril de l'espce ou de lh race appacilent-il? I
, Il est dillicile de dlerminer de faon inmme ii)mparfaite la
part respective des divers groups hluiin ms qui out contri-
bu la, formation physique duli lype lhatietn conlemporain.
Nous L'avons dit ailleurs, on nous excusern de le rpter. Ce
type est la rsultanile de races amalgames en d'autre con-
tinents depuis des mnillniiires et voici prs (de deux sicles
que sur celle terre se. assent, se condlense.nt et s'agrgent
les matriaux d'une race historique en processus d'volu-
tion. Mais autant que
permettent quelqu'indicatio:u il nous i emble tque la com-
1!/ 15 i 20 kilomtres
LA REVUE INDIGLNE
miiunrault de Kenscoft a gard (les ressemblances physiques
assez reumarquables avec le tvpe congolais qui appartint -
on s'en souvient la plus nombreuse des tribus afri-
caines importes is Si Domiiigue. Dans touis les cas, tel qu'il
est l'heure actuelle, le paysan de Kenscoff est dans sou
ensemble un home de laille moyenne, allgre et vigou-
reux bien qu'il ne soit rabl, ii trapu. Ce montagnard qui
supporle torse nu dles temperatures de 40 50 au-dessus
de zro est au demeurant un gaillard solide, bien quilibr
sur ses jambes un peu grles et beaucoup plus finaud qu'on
ne pense sous ses trails accuss en saillie, avec ses gestes
lents et son golt immodr de la palabre. A 21 ans, il est
mr pour les grades entreprises et pour la plus grande
d'entre toutes qu'est la foundation -d'unn foyer; cet
ge. il peut, quand il est ordonn, avoir du bien
au soleil. Mettons que 1'lierniance saisonnire ait t
favorable son travail: ni irop de pluie; ni trop de
scheresse. Avec tut gai coumbile ( 1 ) il a engrang
une re sc reslpecble de poise rouges. La semence du mas
a quisntuple la moisson ordinaire. Il affiche sur les bouquets
d('avoc iiers qui entourent la demeure parleimielle 6 ou 7
grappes d'pis cmpaills don't la lourde pyramid tmoigne
lous de lai. vigueur de son bras. Les lgumes ont t d'un
bon apport an marli de la ville. Sa vache pendant plus
dle 6 mois lui a fourni (iquotidieinement quelques bons li-
tres, de lait que, sur place, il a cds aux marchandes aim-
kmlanles. Mme la gaghire (2) la chance lui a l plusd'uue
fois complaisanie, que manque-t-il done a 7 iJean Pierre Jean
pour tre tout fait lheureux ? Ce quti lui manque? Parbleu,
c'est le ne pas avoir sa maison luiii, sa femme et ses en-
fantis lui, qui fe aient dlire la ronde qu'il est un home
mari, un pre de famille, un habitani notable. Eh I san:
doute, comume lous les jeunes gensde la region, il a eu avec
les donzelles un peu faciles sa part de fruste venture. MAis
l, jamais son coeur n'a battu plus fort et ses tempes ne se
sont gonfles d'un sang plus gnreux que lorsque d'aven-
ture, il croise sur son chemin, Dorismne. la laitire de
Guibert (3) revenant de la ville,. charge de son panier.
la poitrine pointant drue sous la pression du corsage tri-
qu, les hanches bombes, les mollets dodus, saillant sous
le retroussis de la robe bleue. Alors fig par l'motion, la
faucille souns le bras, il la dvore des yeux, la laisse passer,
puis remarque tout haut:
1 Coumbite: -- Runion agricole o l'on s'entraide pour le dfriche-
ment, l'ensemencement et la rcolte.
2 Gaghire: -- Lieu ou l'on se runit pour les combats de coq.
3 Guibert: -- Communaut rurale voisine de Kenscoff.
4l LA IEVt'E INDIGNEi
-Ohl Mainmainne ou t'a capab'dit m' bon jou 1 (4)
Elle clate. Et c'est dans le jour lumineux une cascade de
rire clair qui sonne comme un appel de prinlemps.
Non! pas possible, ou gangnin l'air ou soude... (5)
C'est vrai que Ti-Jean est un peu fou s'il n'est sourd. Il a
l'ivresse de ses vingt ans, l'inquitude de lamour et l'ardent
dsir delefaire partager. Mais, il est timide. Combien -de fois
n'a-t-il pas pris ,la resolution de s'en ouvrir la belle, de lui
arracher un bref consentement afin d'en finir? Chaque fois
il a bredouill quelques mots inintelligibles et s'est arrlt
coi, cependant que dj jaloux, il est prt se battle avec
n'importe lequel des gas qui parleiaient trop librement de
Mainmainne. En attendant, il travaille dur et thsaurise sou
par sou. Enfin, un soir l'occasion vint.
C'tait Corail chez Lapoinite, le plus fameux holingan
du voisinage. On clbrait uin service la particiiption du
quel tout le monde s'tait prpar pendant des jours d'a-
vance. Les plus accortes filles de Viard, de Godet, de Robin,
de Kenscoff coudoyaient les jeunes gens venus de plusieutrs
lieues la ronde.
Le service tait gras: la mangeaille copieuse, le tafna abon-
dant, Les tambourineurs, le coryphe et les choeurs endia-
blaient l'assistance par une ivresse de sons que rythn'ait en
basse profonde la piainle rauque de l'Asslor (1). Alors,
danseuss et danseurs, embus de poussire. allaient tou
novanl, virevolelant en pitiineteinl sourd Pt innlonliralh)c,
firappant le sol d'une foule souple el cadenice.
An premier rang Ti-Jean et Mainmalinie faisaient couple,
libres, gais, frivoles. Soudain, sur un signed, un coupde ba-
guette plus intense de l'Assolo arrte an de l' assistance.
C'est le coryphe qui improvise nm aiire l'ionneurd'Ogon-
Frri'lle. L'assistance se recueille. C'est :ussi miniuil.l'heire
propice aux incantations rituielles ....
Ti-Jean profile de l'inlermde pour cnirainer sa piare-
naire l hl'rriire. Il a i causer avec elle, De quoi? Il ne le
sait pas lui-mme, mais il prouve un besoin de lui dire
quelque chose. Sa poilrine s'oppresse, ses denis se serrent.
Hlas 1 les mots se repellent dans son vocabulaire un peu
mince Alors, salis plus (le e'rmonie, dans I'opacit de la
nuit et dans le vent frais qtii souffle sons les toiles, il hi
saisit brusquement, et dans une farouche tIreinle, lui .p-
plique au cou le plus tumullueux des baisers. Dj il rejoin
e tonirbillon de la danse ....
4 Eh I Mainmainne vous pourriez me dire bonjour ?.--
Mainmainne: -- Diminutif de Dorismne.
5' Non, c'est pas possible. Vous avez 'l'air d'tre sopurd.
U Assotor: Le plus gros des tnnlbours sacrs.
LA REVUE INDIGNE 35
IMais, elle, lonne, ahurie, resta un coui t instant conimme
s.-ne par lnimpromptu de la scne. Puis, dans un sanglot,
Iont on ne sail s'il tait faith de joie inquiteou d'inexprima-
lies regrets, dans un sanglot irrsislible, elle s'cria:
Oh! Oh! Ms amis ohl oua vi cou Ti-Jean radi; mes zamis,
'i-Jetn hotrde dbordd. Parole a trop fort. Faut mn'dit papa m'a! e.
Ti-Jean, lui, tait heureux. Enfin, il avait fait r:u aveu. 11
est ou se croit engag.
Et pourquoi, cependant, longtemps aprs lascne, la belle
lui refusa-t-elle son salut et vila mme de le rencontrer ?
lSerail-elle il jamais fchlie bu scrait-ce simple caprice de
femilme? Pourtant personnel de la famille de Dorismne n'a
adress (le reproches a Ti-Jean. C'est une preuve qu'elle a
gard le secret de ce qui s'est pass entire eux. Il y a l une
nigme que l'amoureux se proposal de rsoudre. Sournois
et timide, il prit plus d'une fois le chemin qui conduit la
Court de Dorismnne pour avoir une explication decisive.
Vaine tentative. Un prtexte quelconque, loujours, l'arrla
en roule. El c'est du haut de la colline qu'il devait se con-
lenler de contempler la maison, o loge la belle.
Un jour. vaille que vaille, il rsolut de faire une supreme
dmarche auprs de la jeune fille.
Il mit son plus neuf ipantalon, endossa sa blouse de co-
tonnade blue. ia bouions de corozo dor, celle o l'artiste
avait faith courir en dessins nafs les points les plus fantai-
sistes d'une aiguille expert; sapatles'(1) aux pieds; halefort
(2) dle lantaier enlumin de motifs l'aniline, pos lgam.
meant en bandoulire, Ti-Jean va parler d'amour. Le halefort
est g:mfl de quelques menus cadeaux: biscuitsel pains d'-
pice. suciie id'orge et bonbons venus de la ville, quatre ou
cinq parmi les plus beaux pis de mais de son jardin. Ce
West qu'i-ne simple entre en matire. En route, il muse en
chaligeasit (des saluts joyeux avec les amis de passage. Mais
voici qu'au dbouch lde la valle, il heurte du pied gau-
che un dur caillou jiusle an moment o une bande de cor-
beaux croassaient en tournoyant sur sa tte.
Tomate! c'est mon mauvais pied! grommela-t-il.
Sale prsage! Il hsita un instant, puis reprit son chemin.
Hla-, tA peine eut-il franchi la bananeraie qui borde le
talus voisin, que voit-il ? Dorismne ,en personnel qui tait
en tte A tte avec un galant. le cousin Florvil.
2 Oh! Oh! mes amis; vpolez-vous, croiepque Ti-Jean est impertinent.
HI a dcidment dpas9s les, bornes. C'St trop f'rt. I1 faut que j'en
afvertisse mon pre.
(1) Sapates: Sorte de sandal,.'.
(2) "ilefort:- Sac pn naille.
li LA HREVLE INDIGLNE
Malheur de Malheurl C'lail donc pour en arriver lit qu'i'
avait tant travaill, mis ltan d'argent de ct? C'(e!'nit pour
se faire ridiculiser par une femme? Eh ;hihn non, il se ven-
gera, il relvera le dfi.
Alors dare dare, il court cooler ses dboires Lapointe,
le plus fameux hougan de Corail el solliciter son assistance.
Lapointe gravement se recueillit, lana les coquilles sacres
sur le sol, interprla la rponse des dieux et prescrivil F'or-
donnance :
Ti-Jean nglige les Esprits qui sont frachs d'une si cou-
pable indifference. Ce qui est arriv n'est qu'un avertisse-
ment. Un plus grand malheur allait lui choir. lHeureuse-
ment Matresse Erzilie g rouge est l qui *le protge. Les
Esprits seront propices ses vux s'il .n'oublie plus ses
devoirs. Qu'il sacrifice donc un coq blanc et un poulet noir
au carrefour de Rendez-vous le troisime mercredi avatul
le chant des .coqs de minuit. Puis il rcilera la formula:
Loco Louba Yanzy en se frapplnl 3 fois tla poirine. Avec
la crmonie qui sera faite, en son honneur, la mnmee
heure, dans le hounfort, il peut tre sr que non seule-
ment le coeurde Manmainne lui appartiendra, maisque d-
sormais, elle le suivra partout o il voudra aller.
Ti-Jean sourit rassnr i celle rvlhtion, se lit rplt r
plusieurs fois l'ordonnance, la marmotla tout le long du
chemin de relour, el renira chezlini heaincoup plus tranquille
qu'il n'en tlail parli. Quand done vint l'p< que d'excutlioin
il ful fidle el poncluel i remplir l'engigementil contrael etl
attendit la suite des vnements.
Dl)cidment, le Houngan de Corail est un huonime fort. Cir.
enhardi par l'assurance du succs promise. selon lin vdo.nlt
des dieux, ds le mois qui suivit le sacrifice, Ti-Jean rendit
visit chez Fr Charles, le pre de l)orismne, o il ftii cor-
dialem nii accueilli el l'on convint que. dans huit, jours
Captain Cazeau Jean-I>ierre" apporterait en personnel il
lettre de demand en "nmriage de son fits. Et la lellre vint.
Ah! cette lettre, nul Kenskoff ne fui assez digne de l'-
crire. C'est .Ptionville. q'on dcouvril un crivain pt-
blic. qui, moyennant salaire, une vingtaine de gourdes, cou-
cha .en. style traditionnel la pense de famoureux.
Cette lettre? Mais. je vous assure que personnel d'enthe
nous aussi n'aurait pur la rdiger. Cette lettre ? Elle est l'-
cho affaibli d'une trs vieille coutume remonlant i celle
poque lointaine. oi le scribe ltait l'oracle de la Cit, quel
que fui le senis on le nonsens de son grimoire. Une lelire de
demand en marriage doit contenir tout la fois l'aveu d'a-
13! Ei.zilie g rouge :- Divinit vauloniesquie.
monir tidu prlendant, son engagement de se bien conduire
envers sa future compagne et la garantie prsente par les
siens qu'il est de bonne vie et murs. Elle est signe non
Cseulement du prtendant lui-mmie, mais de ses patents
iilurels et spirituels. parrain et marraine si faire se peut.
El surtout elle doit lr' crite sur du paper special, ajour
brod, enjoliv d'images colories et cachele dans une en-
veloppe de la mime tonalit que le paper. En outre, elle
,!oit ire apporte chez les parents de la jeune fille par
I home le plus Ag de l'autre famille, soigneusement enve-
ioppee dans un mouchoir de soie rouge et le tout lettre
et noouchorr-sera remis au chef de la famille don't on sol-
licite l'aliance. La rponse sera faite avec le mme crmo-
nial La thlue du moriage sera alors fixe.
Vo-,s .ie 'n'en croyez pas peut-l're? permeltez.que je vous
donnte Lect.Lre d'une de ces pices venues de Dame-Marie
don laui [lenlticit est garantie par le patine du temps et par
I'ls anorabilit< dle celui qui m'en fil don, mon ami, M. le D'
Foiiron.
Fi.( si.imil d'une lellre de dlemande e'n marriage.
0<)nxime Section Ruirae de Da.nie-Mari le -5 Dcembre. 19105
Monsipiir Dorm,i.s BDr.nis Pt Madame Mside Jacraint,
'n la Ire..seetion sur l'hIilitdtioni Sapour.
.Mol.-ieur & Madame,
oUS :vous t I'hoiineter le iprendre la plume pour voil; souhaiter le
bonjaoqr niini que votre respecntahle li'mille, dans le but Mr. et Mme.
iUe d'il"pr.;s notre lcmannit chrlieuiet oi iiinelligpa.sce des lionnettes
,cns. tout en rminplis->ant un de-voir d'honnect. Nons venons au de
vAt de vous, avec tendre.-'., joie, sages.e, respect, et satisfaction
ott e an vous demandant la iin de votre fille, Mademoiselle Zabla
Dtrrualuts quie notre jeune gairon nomm JoseI h Duverna aimait ten-
Jire ient don't il nous- ai li es pen-e- tout ei. voulant crer une fa-
mille avec la tien.n, rar ce devoir est l'humble nveu des gens civili-
5ei; Alors Mo1snseur et Madame Nous comme ses governments nous
16 tnoig-non.-, avec couirige et nous vou, as.surons que notre gar,:oit
eLt un enfant tr~ sage,- docile, et rempli de respect, obissant enver-
1ek grands ainsi lufe pour les petits et prtendant d'acquitter avec.
Fhonnetet, avc tidlit, notre devoir : en vertu Monsieur et Madame
de ce grand tmoignage que nous vous proposonstout en demand4f q.
Dieu dle leurs protger pour nous afin qu'un jour de tmoigner cotte
pareille satisfaction. demandaut la gloire, le re.ppiCt et la Science, I'i-
37-
LA REVUE INDIGNE
38 LA REVL'E ILDIG.ML,
union et la persvrance, En attendant de vous une bone rponse
afin de savoir votre diligence.
Et vous saluent d'un profound et d'une sublime amiti.
Vos serviteurs,
Duverna St.-Louis.
Sa mre
Clodice Noel.
Son grand pre et son parrain
Louis jeune Noel
Na grande mre
Madame tOUIS JEUNE NOEL,
Voici nos jeunes iaysains officiellement engags. Ils peu-
vent dsormais se voir et causer librement. Le pre (le la
promise dsigne son future gendre le terrain sui, lequel .e-
ra btie leur maison. Cette maison viendra augmenter le
nombre de toutes celles qui s'agglomrent dans l'espace de
terrain limit et indivis don't l'ensemble constitute La court ,,
le patrimoine inviolable de la famille. Parmi ces maison-
nettes, on en remarquera une d'une archileclure un peu sp-
ciale : forme rectangulaire, vague rasseinblance avec un
temple. C'est celle-l qui content 'autlel du dieu honor
dans la famille.. .
La foirmalit du choix du terrain faile, il ne rest plus
qit' fixer la date de la crmonie du marriage. Mais en quoi
consiste-t-elle cette crmonie ?
Elle repose d'abord sur le cons'nleinent condilionnel des
parents et sur la cliralion riluelle de l'union. -
Premiremeni le fultir mari dolit payer le bonheur de la
jeune fille .
Paver le bonheur de la marie est l'tele sine qua non et
qui consiste de la pari du finnte veiser i ses beaux parents
unevaleur convenue d'avance come prix (le leur agrmnient.
.Celle dol, car c'en est uine -varie selon l'importance soci.il
de la famille avec laquelle on veut fair alliance. Elle peul
trede 50 gourdes, de cent gourdes et au-del. L'argent sera
compt publiquement le jour de la clbliraion (les noces.
Alors devant l'assisltanc qui apporle h la fiance tel un ca-
deau en espces mounsyves, tel des toffes, mouchoirs, et
auires presents, le pre prend solennellement la nimin de
la jetihe fille et la met dans celle du june home, puis en-
trainant le couple daiss le reliro, devant l'autel sur lequel
sont poss plats de marassa calebasse et coquilles sacres
o sont conservs les altrihbils des dieux honors dans,la
famille: lambours et assans. L'ancien allume la hougie blan-
che, jette sur le sol de l'eau et de la liqueur, puis, une poi-
gne de farine en dcrivant des signes myslrieux, et, enfin,
tendant les mrins vers le soleil levant adjure pieusement
LA IIIVL'E INDIGNE ,.1'
les dieux, Ogon Dainmbilli Legba, Simbi nan d'leau, tous les
bmns esprits de prlot iger le couple et de bnir l'union qjui vient
dItrle laile dans la foi des pivres et des anclires.
Toui est accompli.
El c'est partir de ce moment que se dlroule la secondle
cermonie la moins interessainle : Heuveries ei ripaill,
rires el danses. gp'is pro)pos et devinelles la seconlde cre-
ioiiie droule loule la giiiiimme des plaisirs pl)lanureux. De-
soi niais, les jeunes poux vont vivre leur guise. Souvent,
ils resent encore spars i'tun de l'atnire 1n certain lemps
(epeldeidit q(ue l'homme fail diligence, coupe on achte dn
hois, sollicite les conseils (le l'arcliiecte (le la region, taille,
dressed et chlarpenile sa maison, la recoumvre d'un loil de
chaume, la clisse, lu bousille, et la blanchil la chaux. 11 la
neulble trs silimpleniel : tIne table, quelques goblets en
mlai et en verre, une ou deux naules, unie mall, des chai-
ses. C'est peu prs le mobilier d'umi nitimge dbulant el
mo1deste. La famille est tablie. D)ormnavaiil 1 home el la
femme s'enlr'aideroail la b)esoglle quiolidienliic, allaches
l'uiti l'aure iottr le bhon el le tiitti'ais temps. De loin-
gutes ainmlees peuvent ainsi s''ouiler (lains la monotonie d
jonrs sans flvre et sans nouv'eault.
Vienne un malheur on plus implement la pros peil
a-t-elle accru l'aml)ilion dlu min;ge,le Hozugau consult, on
e )nviendra (le dem:dler i l''Eglise ine nouvelle sanction de
ettle lonlgue vie commune. Dans les lines gnrales ce
(q'est mie famille pavsanne dans les regions o les condi-
tions de la vie contemporaine el le voisinage des grades
villes n'ol t pl:s allr l'auIorit (les traditions. Sans double
ces Iradilii 's se percent, se modifient et se transforment
avec plus on moins dle rapidil et de netlel par-ci, par-l.
Sans doutme, (ielqteics- iies d'entre elles n'ont mme laiss
aucune trace a)pprciable (ns certains parties du pays et
rsisleni poturiant t otile pertlubalion, quelque part, d'ail-
leurs, sans doute... Mais qui sait bien voir elles dominant
1:1 conception de la vie paysanne parcequ'elles sont lies
<, croyances sculaires qu'il est dillicile de draciner dans
ci s milieux frustes. Dois-je rema rq uer que plus d'un philo-
sophe re eelle l'effrilemnent de certaines de ces costumes
.'l1it le svymbolisme surann et dsuet possde un charge
et une pcsie indicible"' Me sera-t-il permis d'voquer les
.jours en:oleills de mii( i adolescence quand j'entendais les
vieillards.- Laudator t( mnporis acti.- regretter les tradi-
tions dis;parues da.n:. la region de la Grande-Rivire-du-
o") .? A cette poque-l un marriage paysan mme clbr
'glise d bot rg compor',;it come. dfil une magnifi-
que cavalcade, une condition. cependant: il fallait que les
40 .. LA ItEVIT: ;Ni)<;s NI
a ari.es eiussnt les meilleurs chevaux et fussent priced s
dit porltc-etcndard c que l'tle.ndard lui-imme fuit d'une
rLa ,la .e ,r i'nii)'arcidl. e. A 1;l barrire de la proprill ou la
r'bception des invils de ;it' :lior liu nn reposoi I Je feuilles
vertes mouchel ,de Inuriers pournpres donnait l'accs de la
cour. Arriv l, le imari preslemcinf sautlait. (le selle et con-
rsfit s'enferme;r dans la m;aisoni .,.;iaile. Alors, l'pouse, en
toute humilit, devant l'assisa since I tlle, frappait trois
coups la porte principal, en rpiaint haule voix: Mon
mari, ouvrez-moi la porte . L'hommn aussitt accdait la
prire de sa femme, lii r.'mettait les clefs du foyer accoIn-
pagnes d'un mouchoir btlc., et d'un pain.
Joli symbol, i'est-ii pas vrai, el don't la signification pour
l'pouse pent ainsi se traduire. Je suis ici le :mitre. Je te
donne unie place un cette denicure o. ds.' '"''ais, je poiur-
voierai la nourn tire el i ltes vtlemenis. .
Et, comment pourrais-je oubi)lier celle autic oultnie,
chre mon pays nitai, il y a quelque ttre' s, et qui
consishiil cllbrer les noces somp iuneuses a la toiibe (de
la inuit ? Le cortge unl)tial au reloln t ie la crmnio ie ;eli-
gieuse traversait le Imiur prcd des porteurs de lorclies...
Etait-ce simpnlement parce que la municipalit oublieuse
des ncessits de l'clairage public laissait les rues enl-
nebres oui lic n v avrail-il lit nie vague survivance de la
course "nu flamlbean, la belle fle antique dins laquelle des
conicures se pmssnieIt1 le flamb])eau inextiimpi]iile -:our svm-
bIoliserlta Iransmission de la viede gnractii en .enraltion ?
Que sais-je ? .loplte raise volonliers, )po>ri ecoind, ( hypolhlse
qui rallacherait nos porieeurs de torches i leurs pareils des
bords de la Mditerranne si je ne craignils iqu'on neme repro-
chiti mon penchant ai lier le pisenlet le pass d'hier m, pas-
s plus lointain, emlbruni peult-ltre par la recule des
Ages. Les municipalitls i; sonI pas phlus iproW;rIes de lu-
mires aujourd'hui qu'hier et les vierx uiages.... sont alls
sans retour. .
Et que d'autres souvenirs hlantent mon imagination pleine
de leurs ombres inquites ? Que ne puis-je m'empeher de
trouver dans les gestes d(le nos campagnards quand ils font
la politesse leurs htes en s'inclinuiiil en une gracieuse r-
vrence un tnoignage lointain des habitudes lgantes (le
la Socit colonial du 18"" sicle ? Vous sFtvez que les
grands Seigneurs (le Saint-Domingue laient (les imitateurs
forcens des usages de Versailles et dressaient leur livre il
l'art.exquis des poses. La rvrence paysanne ept .une sur-
vivance certain des usages de l'poque. Quoiqu'il en soit
quelques unes de- coulumes que j'ai essay de fire revive
LA REVUE INDIGNE 41
solt empreintes du symbolism le plus transparent et puis-
que toute la vie humaine est enveloppe de symbols qui
en masquent les brutalits, n'est-il pas dplorable que nous
l.issons s'vanouir quelques uns parmi les plus suggestifs
de ces symbols qui paraient l'existence des gens d'autrefois.
Nous en avons honte parce qu'on a dit qu'ils taient des
superstitions et des prjugs. Y pensez-vous ? quand vous
vous indignez contre quelque vieux prjug absurde, son-
gez, qu'il est le compagnon de route de l'humanit depuis
dix mille ans peut- lre, qu'on s'est appuy sur lui dans les
mauvais chemins, qu'il a t l'occasion de bien de joies,
qu'il a vcu pour ainsi dire de la vie humaine. N'y a-t-il
pas pour nous quelque chose lde fraternel dans loule pen-
se de l'homme.
PnIcF. MARs.
Sire ANNE N 2 AOUT'1927.
LES ARiTS L LA \'E --
Directeur
Grant-Responsaible
Fondaleurs
: E. ROU.MER
: NOR.IL G. SYLVAIN
: E. Ror.MER
N. SYLVAIs
J. ROUM.AIN
A. Y'E lX
PIu.-THOBH-MARCELIN
DANIEL HEURTELOC
(CAL BliOU.AnD
SOM MANI1IE
La'Jaune Littratture liitiennie
Entre Nonu : Emile loutier
Quelquiie dfinitions de la l'o'fi*.
Pomes
Es.sni sur le L;ngag,' Crolo.
Le Tam-Tamn Angoiss
Inavat Khan. AMes'ager du Stniismin
La Douleur La Religion
Les Hroines
Notre Enqute
NoumitL G. SL.v.AI
ANTONIO VIEUX
(iFORnGF- DUIIAMEL
EMILE ROUMER
JACQUES ROUMAIN
NO sIL G. SYL'AIN
EM.LE' ANARCECIN
Donis
CARL BROUARI;
CARL BROUARD
SALTt. AUN
P. TiuoY MAlACELIN
X
-- x -.---
IMPRI.\IEUIS MODEL
1940, Angle des Rues Courbe & Macajoux
20th Street.
PORT.AU-PRINCE. ( HAITI).
____-- -_____
LEs AnTS ET LA VIE -
LA JEUNE LITTRATURE HAITIENNE
Il n'y a jamais eu. proprement parler, d'coles lill-
raires chez nous. [.es grands movements franais, les
formulesdecnacle, n'ont pas ra Ilid'adeples assez nom-
breux, pour crer de vritables courants. Les crivains
hatiens vcurent isols, el si l'influence d'un matre se
retrouve parfois, elle rsulte d'une prfrence particu-
lire.
Cependant. il v a eu deux points de vue, deux la-
ons d'entendre la posie et ses fins qui ont, il nous
semble, domin la littrature halltienne.
Pour les uns, la posie laitienne doit exprimer nos
joies et nos souffrances, faire sentir la beaut de notre
nature tropical, la splendeur du paysage qui nous en-
toure, elle doit tre riche en couleur, peu imported
mme les tons un peu crus,le soleil ardent aborigne a
une palette magnifique. De la couleur avant toute chose.
(le la couleur locale.
Pour les autres, peu imported le dcor, peu imported le
cadre, seules competent les reactions de notre sensibility
douloureuse ou attendrie. Que deviennent en passant
au prisme de nos Ames les vieux sentirpents humans
comment nous meut l'angoisse de la mort, le tourment
de l'infini, comment nous savourons la douceur de vi-
vre. le plaisir d'aimer, notre faon de comprendre
l'amiti et le charme de la vie en socit. Retrouver
tous les rves, tous les mythes avec les dformations
qu'y apportent le milieu et la race. La littrature hai-
tienne n'a que faire d'un pittoresque passage, d'une
couleur locale combien relative,elle doit viser A tre
humaine, Elle tait en attendant plus franaise qu'autre
1- ANNE No 2
AOuT 1927.
LA i1EViE, iNi>I(iNL
chose, et qu'on le veuille ou non, plutl d.'imitalion
Celle querelle a divise les ,lrs de chez nous, e1l nie-
nace de durer. Nous gallons dinis une coulrie prolifenade
dans l'autrefois. retrouver des nmanilestalions de ces ten
dances, et apporter au dbal noire opinion en prcisant
davantage notre position. Celle preoccupation de faire
connaitre, aimer leur pays, en rendant sensible ses
beauts,nous la trouvons l'aurore de notre litlrature,
L'oeuvre d'Ignace Nau et de Coriolan Ardouin est em-
preinte d'un d'lical parfum du lerroir. Les Belles de
Nuit la Brise au lombeau d'Enima et maintes autres
lgies tendres sur le mode romantique en (les rythmes
pourtant dj srs associent aux douleui s intimes Je
leurs a.uleurs d.es paysags de chez nous.
Toutes les gnrations littraires qui se succderonl
jusqu' Oswald Dtirand appelaient (de leurs vux le
chantre inispir qui donnerait un clho fidle, et un ta-
bleau sincre, cho fiddle de nos ames douloureuses.
tableau sincere de notre luxuriant nature tropical
dont la posie est un parfum et iine musique: lu sen-
teur de la terre carabe. la musique mlancolique de
ces chansons croles nostalgiques et tendres.
Unfe lettre (le DI)ucas Hyppolite Frd-ric Maircelin
vieille de cinquante mns, o i plWopos des Primervrces
de Villevaleix il donne son opinion sur la' posie h;i-
tienne est significative des tendances de celle poque.
Tu me delmadles ce que je pense (les Primev&ces...
Tu nie crois done encore r;ind m1l ;ilcur d' 'estl hiqile.
J'ai lu les Prilievres.
l3eaicou)p (le ces l)posies n'talitit dejiconnucs. .le les
ai trouves suaves, pleines dle grices... iune d'lire elles
surtont mia mu ...J'al voulu repreildre' mn lyri dlaisse
dans unii coin, oui, nmais aux premiers accords In v'oix
m'a manqu.Quand je serai libre.des proccuptl)lois nia-
trielles, quand je verrai mon avenir sinon assur du
moins trac, je reviendrai i nies chores amour's, je re-
viendrai aL mes preminires am ours.
Ma posie moi, c'estla posie les pleurs pace queje
suis malheureux; c'est la posie des souvenirs, pace que,
je fus heureux un temps; c'est la posie le 'ai tour
parce que j'ai vlgt-I-rois ans..... Je le, lai dit, je Irouve
les Primevres adminrables.
LA REVUE INDIGINE: 44
Mais est-ce l la vraie posic, celle qui convient
noire poque a notre pays ? Malgr la ddicace, sent
on chez l'auteur le souffle de l'inspiration national ?
Est-ce bien cux abords de nos rivires sous l'ombre de
nos manguiers que cette muse coquette et bien attife
a pris naissance ?
N'est-ce pas plutt aux abords de la Seine, au centre
dle la civilisation et des arts ? Son atmosphere n'est
elle pas plutt la serre chaude d'un salon parisien ?
Pourrait-elle courir bien qu'elle en ait la prtention
nos grands chemins, battue par la pluie et le vent, es-
caladant nos mornes et cduchant la belle toile comme
une fille du pays. Non, son education de couvent lui
defend ces excentricits l,
Elle est de lrop bonne maison et trop bien leve.
Le vouidrait-elle qu'elle ne le pourrait,.sa complexion d-
licate s'y oppose ; elle risquerait d'attraper un gros
rhume, ce qui serait dommage.
Telle qu'elle est, elle plat pourtant, cette demoiselle
corsete, pingle, mise la dernire mode, avec ses
cheveux friss et ses talons hauts. Aimons-la, sans ces-
ser de penser a l'autre qui viendra plus tard -celle-l
certes n'aura pas peur de salir sa robe aux broussail-
les de la route, ni de s'clabousser. Elle saura bien
quand l'occasion se prsentera entrer jusqu' la cein-
ture dans l'eau de nos ravines, Elle sera peut-tre mal
l'aise dans un salon ; mais pour sr, aucun montagnard
ne s'entendra mieux qu'elle gravir une haute colli-
ne. Elle chantera nos joies et nos douleurs, nos aspira-
tions et nos esprances.
Elle ne prendra pas un cadre national pour y placer
des figures exotiques.
Elle ne se prtera aucune supercherie. Elle sera
lovyale et honnte, forte et grande comme le people de
q(ui elle sera l'image. Elle prouvera que l'esprit human
s'il est parlout le mme subit pourtant certaines mo-
ditications. soit qu'il s'veille dans les bosquets de
Versailles, soit qu'il voit le jour dans nos forts de
palmistes ,
Enfin Malherbe vint.... On comprend donc comment
Oswald. Durand fut salu comme un maitre. Il fut le
pote par excellence pour le pays tout entier, pour sa
gnration et l'ge littraire qu'il domine. Il fut sacr
pote national par nos chambres lgislatives, el mrilta
mimne une subvention pour la publication de ses livres.
Cet enthousiasme prte sourire, distance mais i 1
montre comment toute une poque se reconun en lui
combien son influence fut souveraine.La critique tran-
gre lui fit un accueil desplus flatteurs, Coppe l'intrc-
duisit la Socit des Potes Franais aux acclama-
tions de l'auditoire, et sa Choucoune avec sa grcepays-
sanne et le rire rayonnant de ses dents blanches, a su
conqurir tous ceux qni se sont promens chez nous,
Blair Niles a t la dernire conqute de l'accorte mara-
bout. Idalina la fille des graves et quelques autres h-
roTnes jaunes ou griffonnes aux appts triomphants
pour employer le vocabulaire dlu barde vivront dans
les mmoires. Son tonnante fcondit, sa facility pro-
digieuse, son haitiennel, fontqu'Oswald demeurc pour
nous un prcurseur.
Cependant, nos yeux dj ont vieilli nombre de ces
vignettes, peintures conventionelles et factices, d'un
exolisme voulu, et d'un exactitude contestable. Comme
les Orientales de Victor Hugo et comme les turqueries
de certain voyageurs en chambre, leur pittoresque
s'caille. Les lecteurs bnvoles qui ne prendront jamais
le bateau et qui un nom d'arbre inconnu, un vo-
cable trange suffit, seront satisfaits, nous pas
Francine la possde, certaines autres pieces mri-
tent encore nos suffrages, mais ct. que de clichs
dplorables. en matire d'exolisme on n'tait pas diffi-
cile, exotisme de bazar, vignettes tendrement roccos.
almanachs illustrs d'autrefois. images d'Epinal de no-
tre enfance. Il y manque la vision directed et personel-
le, ou plutt l'intensit de cette vision, il se content de
voir, il ne regarded pas attentivement.
Que ceux qui me jugent injuste relisent Loii, Kipling,
Lafcadio Hearn, les PrresTharaud. Conrad. Chadourne
ces merveilleux potes en prose que sont Marius-Ary
Leblond que je m'en voudrais de ne pas faire connaitre
aux lecteurs de celle Revue.
Ceux qui ont gout la saveur acide, le gout Acre de
Batouala. seront certainement dus en relisant
Bernadin d Saint Pierre, moins que le contrast ne
les sduisent.
45
LA REVUL INDIGNE
L.A RVL'E INDIGNE 40
Beaucoup ont entendu le chant des matelots, et,
depuis Baudelaire, l'exotisme en robe chatoyante,la tte
noue d'un madras de couleur, a pris droit de cit dans
les lettres franaises. J'ome's Parny et Lonard qui ont
eu peu d'influence, Leconte de lisle. qui est plutt un
grand peintre de fresques barbares et antiques, et don't
le sens exquis de l'exolisme ne se reirouve, avec quelle
touche dlicatel que dans sa"vilanelle," et I. Manchy.,,
La nostalgic dles tropiques d'azur, celle qu'eut pu
prouver, un fils de ces climats, le charme mlan-
colique de leur morbidesse sensuelle, c'est Baudelaire
qui l'a exprim, la malabraise, les ngresses, les coco-
tiers absents.
Et parmi l'herbe, rmainte fleur
Qui sent me. antilles lointaines
Et qui repand sur rnia douleur
Lns murmnures de leurs fontaini~s
dlira avec justesgc le pole Armand Godoy dans celle
magnifique stle pour Charles Baudelaire."
John Antoine Nau est un ange des tropiques, c'est
Jean Royre qui l'a (lit et il ne pouvaitl, autant que nous;
comprendre et aimer, les Hiers Bleus.
Les escales de Paul Jean Toulel, dans de brves no-
lations. savent enclore
pervielle, vos Dbarcadres sont une rcom-
pense.
La critique Europenne n'a cess de nous deman-
dler, notre tmoignage personnel.
Savez-vous le reproche que j'adresserai M.Coicou
el ses confrres ? C'est (le ne pas donner une impres-
sion assez vive et colore dle leur pays. Leurs galante-
ries, leurs idylles, leurs soupirs, leurs larmes ne difl-
renl pas des plans dle mme ordre auxquels pourraient
s'abandonner entire deux bocks un jeune ade du bou-
levard Saint-Michel Et la couleur locale-6 Massillon,
o Coicou !-et la brise qui souffle dans les lalaniers,
et le vol dles colibris, et les bruits de la savane, et la
lourde.senleurdes fruits mrs, et la torpeur des planes
endormies sous les baisers du soleil. . C'est Adolphe
Brisson* analysant jadis les Posies nalionales de Massil-
lon Coicou.
Triste et TendreEditions Emile Piul frres 14 rue de l'Abbaye Paris
Numro du 12 octobre 1902 Annales Politiques et Littraires
47 LA I.V, i INDI(;.N1:
Jean Valhny Baisse, dans une conference sur !a Po-
sie franaise chez les noirs d'Hali, prononc au local le
la Nouvelle Revue Moderne, exprimait le mme regret.
Faites des vers frailcais, puisqu(e vous cil avcz fail
de fort beaux, mais demeurez hatiens; voquez pour
nous les jours ensoleills et chauds, les nuits pleines
d'toiles du climate anlillen, que dans vos vers circle
le soufle tide des vents alizs, et que le bruissement
des palmes en rythme la cadence; chantez cette mer
des'Antilles qui conserve p)our nous le charge ensor-
celeur, qui retint sur ses rives nos aieux les migrants
du XVIe sicle; soyez ainsi nos frres, mais apportez
dans notre famille que menace un vent de decadence
la floraison de vos illusions vierges, l'aime douceur de
votre primitivit....
.... Nous touchons l le point faible de la littrature
hatienne contemporaine.
En effet parmi tous ces hatiens don't il m'a t don-
n de lire les vers, combien sont potiquement hatiens?
En leurs vers ce sont nps proccupations quelque peu
dnatures qui provoquent les plus beaux lans d'entou-
siasme. Le, ciel du vieux monde plane sur cette posie et,
souvent travers les images don't elle est maille nous:
voyons se dresser au lieu du paysage antiillcn un bou rg
des bords de la Loire....
Et pourlantl quel dcor peuIl lre compar a celui
dans lequel vivent ces potes! Quel p)lysagisle lyrique a
pu contempler sans on, Cire mi celle Ihiaule dde unalire
primitive sans cesse renouvele! Qiuel hli:nie a pu sen--
lir en lui cette fraicheur dle sentimenitsquise lve avec
l'aurore de ce jeune people. ot l'on salt ien vivre pour
une ouvre, ci o, l'on sait mieux mourir pour une
ide.
Ventura Garcia Calderon dans une critique bienveil-
lante de l'Anthologie halieniie de Louis Morpeiu con-
clut d'ulne mIarire presque identique.
Et voici enfin sur le mime suijet proposal di u nalio-
nalisme, dans la littrature sud-amrictine les coni-
seilsque donnait Manuel Ugarte,* le penseuret critique
urugayen.
In Revue Anmrique Latine 1/10/22.
LA IE;VUE INDIGNE 48
La critique euriop[dennm et le public qui suit l'vo-
lution mondiale ne peuvent prendre en consideration
l'Amrique latine comme force nouvelle au point (le vue
a'tlisliqtue, (que si elle apporte une nuance spciale, et
une originalilt. Accueillants pour les littralteurs lali-
iio-aiiricainls, les grands centres ne sauraient s'arrler
nanmoins rellement qu'en plrsence d'un movement
d'ensemble traduisant des caractristiques particulires,
soit au point de vue (le l'action, de l'atmosphre ou du
style.
.... Etce n'est pas seulemnent l'indit de linlrigue et
du paysage. C'est l'apr'e ou la douceur des Ames,: la
force de la haine onu de l'amour l'inexplor qu'il y a au
fond des tres dans (les milieux mouvants et tourmen-
ts o la vie prind un rythme qui dilTlre de celui des
a ilres nations. Toul en louant le iirite ou la p0rte
dl2 notre production actuelle, en admiet qu'elle pourrait
o l'ortilier en utilisant leslmients offers par la. con-
Irde oi nous sommes nlis et en annexant a l'avoir uni-
versel nos paysaves, no lgendes, les particularits de
noire vie....
....Ce que l'Amirique Laline attend-ce que l'on at-
lend, c'est lun art rsultant de sa propre conscience,
violence, inexpirimente, nave, avec des gots roma-
nlesques d'aventure dote d'une certain finesse de per-
ception, pleine de jeunesse et de confiance dans son
avenir. Aprs avoir t spectateur, elle doit devenir
acteur dans les ouvrages qui sorlent de son esprit,
se reflter dans les crnalions issues de son milieu et se
laire un art personnel, abandonnant tous les colonia-
nlismes, mme les flatteurs .....
Voil des conseils qui embrassent tout le problme
de note lillrature autochltone et autonome, la vraie
mancipation spirituelle.
Les crivains qui ont adoplt comme fo'rmule d'art,
la recherche du 1pittoresque, du dtail significatif, n'ont
pas tous galement riussi dansla ralisation de leurrve
de Beaut. Une aulre fois, de l'anthologie de Louis
Morpeau je tirerai les vers qui me plaisent le plus;
ceux que je prfre. ce line sont pas les plus beaux peut-
tre, mais qui par leur ensemble, donnent une image
assez heureuse, (le noire pays. Ils formnnt une mosa-
que prcieuse, d'un colors naf, et frais, come cer-
taines peintures conltemples jadis, avec ravissement,
sur des vases trusques, cl don't j'ai gard un souve-
nir merveill.
Pour les crivains de l'autre group notre littrature
n'a pas besoin de se situer dans l'espace; et dans
le temps, l'art sans ire foncirement impersonnel.
peut cependant tre human et hatien, mais hatien
implement parce que l'auteur qui prouve ces sen-
timents est hatien et que cela conditionne des modes
de sentir spciaux. Cet art n'est nullement en function
du dcor jug comme accessoire et contingent. La meil-
leure expression de cette tendance n t donn avec
beaucoup plus dle clart et d'lgance que je ne saurais
jamais le faire.
Je crains bien que ceux qui veulent voir dans les
ouvres trangres le reflet dle pays lointains, dle mi-
lieux inconnus, ne soient dus. Je n'ai pas ci'it pour
les amateurs d'exotisme. J'ai pens,. j'ai crit pour ceux
que tourmentent le drame (le la vie, les problmes de
la destine, et dle l'me.
Quelle erreur d'exiger comme l'a sembl faire un dis-
tingu critique, M. Adolphe Brisson, que la posie ha-
tienne se borne i la description de noire nierveilleuse
nature tropical. Nous sommes peuit-re dans le cadre
le plus beau du monde. les esprits les plus foncirement
mlancoliques.les plus intrieurement agils qu'il y ait...
Tout le mal vient en some de ce que l'esprit ne se
cre pas un milieu social i sa ci)nveaai t'. conIne le
mollusque forme de sa propre stubslilnce I1i coquille, qui
le protge.
Les conditions mmes du milieu imprimeni gnrale-
ment la posie hiailienne un caractlre plus subjeclif
qu'objectil'. Ce n'est pas par la peinture des objets ex-
trieurs qu'elle rvle sa marque original mais par l'vo-
cation de nos ltas d'me particuliers. Etzer Vilaire.
Comme il traduisait les douleurs secrles dle son po-
que, le grand mal de vivre avec 'des rYes magnifiques
dans un milieu souvent hostile, la cruelle inadaptation il
la vie, les consciences laient. encore douloureusement
4branles, la fin tragique de l'aventure librale, le dira-
: Lettre '1 Georg Barral cte dans la Prface dps Pomes la mort
49
LA HEVUE' ENDIGNL
LA REVUE INDIGNE 50
me d'une jeunesse ardenle dcime, Miragone en cen-
dres,- la vie publique a des :percussions profondes
dans l'ire intime- Etzer Vilaire fut choisi pour tre
porte-parole official, le grand lmoin lyrique d'une g-
nration qui se qualified romantiquement de sacri-
fie.
C'est le mme dsir d'vasion loin des ralits dce-
vantes vasion dans le temps et dans l'espace qui
amena Damocls Vieux situer ses rves galants dans
une atmosphre'Watteau peut-ire aussi l'influence
de Verlaine mais le paradoxe ne manque ni d'impr-
vu, ni d'un certain charme piquant d'entendre madri-
galiser avec une grce exquise ce noir authentique.
Comme Lonard il prit naissance sous le ciel brlant
des Tropiques et comme le chevalier de Saint Georges
eut fait bonne figure la cour la plus raffine. C'est son
exotisme lui.
Damnocls Vieux nous est surtout sympalhique, moins
par ses pomes d'intimil d'un sentiment trs dlicat,
d'une musique fine, que par la peinlure des paysages
hatiens, o il sait dcouvrir des correspondances im-
prvues. Cotf Plage. Furcy, qu'il a dcrit en coloriste
habile, en peintre minutieux. Les lieux o l'on fut heu-
reux se mlent dans notre souvenir l'vocation des
images de notre bonheur, on ne peut rappeler ces ins-
tants rares, ces minutes blouies sans que ne surgisse
aussitt le dcor inoubliable....
Sur nos proches devanciers, Luc Grimard, Dominique
Hyppolite, Burr-Ravnaud, Henri Durand il est difficile
de porter un jugement dfinitif.
Burr-Ravnalud don't deux volumes ont permis d'ap-
p'cier le talent souple, Dominique Hyppolile, Ed Nu-
Ina. soni plutt des potes du terror.
Lon Laleau est un pote d'inlimit qui situe ces r-
ves quelque part... Ailleurs... n'importe o vous vou-
drez, dans un dcor des contest de Shakespeare des
nuils de Mussel, une Italie de fanlaisie..
Lue Grimard sur son fifre de bambou chantera
ses joies mles inlimement au souvenir des lieux chers
Le group ,, la Revue indigne . venu aprs des
sicles de literature fraftc'aise, la tte lourde, les oreilles
;")1 LA KVU-: INDIIGI.:xNE
pleines des musiques entendues, les yeux filligus des
paysages de civilisations. veul ouiblier les cadce:ces on-
ilues et savantes, les images lotles fails reues lees au-
tres, lire dans le livre de la nature, dcouvrir le monde
par ses yeux. Le monde exlrieur existe pcur nous -
Au centre du monde bat le coeur de l'homme et
voil concili les deux idals dL pass runis.
Le monde extrieur existe pour nous. Nos instruments
de connaissance, iios sens qui nous permettent de l'a
border, sont aigus et neufs, des sen:s vierges de sauva-
ges et de primitifs. Les couleurs, par nos %eux avides.
sont happes avec volupt. Quel plaisir de dcouverte 1
Savoir regarder, combien en sount capable, dcouvrir
entire les choses le rapport secret, quoiqu'imprvu, qui
les unit, le lien tnu et mystrieux. Donner l'impression,
de nouveaut au rapport constat, le plaisir de surprise,
impression de scuril, taffl est rigoureuse l'exactilu-
de fidle de l'observation.
L'tranger cultivqui observe les choses de chez nous
ljouit d'une perception plus aigue et plus promple de
leurs associations ou (le leurs an linomies, pace qu'elles
le heurtent davantage, sont plus extrieures a lui, lui
apparaissent en relief.
L'habitude endort nos sens. mousseL notre senisibilit,
les points de comparison nous ma'nquent, les conlras-
tes aussi. Le pote se pi oninera donc dlans le jardin
des littratures trangres, non pour pri'enidre des
images, ou des imilalions, nmias pour niieux se rendre
compete, par les differences, de son o1ri; ni lilt.
Le people que n'embarassent pas les Ihories, le' peu-
ple, come l'enfant4 est pole.
Cius tire dles cones sons la tonnelle. tim timn: bois sec
mulatresse veines cou bleues: palmisle
Cius vient de laire ouvre dle aote, il a vu le palmiste
comme une belle lemme.
El l'ombre, comment la voil il ? m'l. prend ni'
Me voici, viens me prendre. C'est la parties de cache-
cache avec le mirage dcevanl.
La lumire, piti, pili, plein caille toutle petite.
elle emplit la maison.
I.LA REVE INDRIGINI
Ces dfinilions, ces devinelles sont le premier mot
l'uin vers, le premier acheminenient vers la posie, la
vraie posie du lerroir, rlccourci elliptique et potique
d'un people etl'ant.
Nicle a (qualre auis des yeux lonns et ravis qui
crent alenlomir d'elle un universe merveilleux. Nicole
e. s pote.
Lee nuages s'amoiicleint dans le ciel d't, des nua-
ges blamns, ils coureint et se poursuiveiil, celui qui a la
lorme d'un chat. le chat de la mre Michel, ou son cou-
.in le clihat bott, l'aisani le gros dos s'avance vers la lu-
ne -. tariine bien beurre et d'une houche il avale
la lune. Nicole pleure.
La posie et la vie se m ilenlt en soun me calndide.
Les nuages p.isscnl et repassent sur la lune.
Regarde, come on balaie la ltmiie
l.a vraie posie. vous ne la percevez jamais si vous
l'avez pas l'mine d'un petit enl'anl.
La vraie posie, je la trouve dans les relfrains que
nous chantaient le soir les nourrices noires, qui ber-
crein noire enfance. Dodo dodo pitite moin, crabe
mili calalon. cribiche nan gombo, Dodo pitite moin
les berceuses lenles et douces au rvythme apais...
Les chansons des reines-chanterelles qui mnent
les danses chalmptres.
Ecoutez la chanson de la jeune envoule
Feuille min bois. cot ou pral
Feuille. 6. col ou pral
Feuille nani bois, col ou pral
in'prail ca!e bloumba
Alexis o, c a li'pas vi
Alexis cot ou! pral
Alexis c a m'pas 'vi
bouminb quirumb moin
Noire folklore est rice de chansons pareilles. C'est
le bruit dles tams-lamis conviant la danse d'un mor-
iie l'autre, l'appel des lambis, cri rauque d'humanit
aux abois, c'est le rythme trpidant et sensuel d'une m-
ringue avec sa mlancolie lascive, qui doit passer dans
noire posie, fa notation sera directed. dle nos mois, et
personnelle. 'Non des vees mais la posie. Les querelles
53 LA REVUE INDIGNE
prosodiques nous font rire. Les pdants solennels dis-
cutent, la source chante, le ruisseau sur les galets sus-
sure un air nouveau, un merle ironique a siffl leurs
discours.
Comptez sur vos doigts les battements de nos cours.
J'ai peur deparler devant lui me dit Petit Pierre. C'est
un monsieur trop savant. Il voudrait corriger les fautes
d'orthographes que je fais en parlant
Nous laisserons comme dit Phito, ces cuistres pr-
tentieux brouter les couronnes mortuaires sur les tom-
bes des cimetires antiques et solennels 1
Mon ami Phillipe Thoby-Marcelin se promne un
soir au Champs-de-Mars. 11 voit la. lune dans un halo
et l'image suivante s'impose a lui.
La lune au centre d'un halo
se dilatait comme pupille d'un chat
D'un autre soir
Cette lune, come un oeil rouge.
Je trainais des songes dolents
Parmi la canaille des bouges.
L'angoisse au cou, nud coulant.
De Roumer, cette notation La faim done la bou-
che un gout de quinquina
Pour Jacques Roumain.
La pluie monotone dactylo
tapote sur les vilre: closes
Et je pourrais multiplier les citalions.
Si nous crivons en franais, nous sommes, il ne faut
pas l'oublier, des strangers, peu-t-tre nmem des bar-
bares, nous n'avons pas, a suivre les raflinenients de
sensibility, essayer d'imiler, mais nous demons rendre
nos sensations, exprimer nos sentiments. Nos ronmes
sont traduits de l'haitien, c'esl dire la traduction d'-
tats d'me qui nous sont propres. La grande rgle n'est
elle pas de plaire, peu imported la formula myslrieuse
suivant laquelle s'opre la transmutation, l'hotnnle
homme respire le parfum, s'enchante de la musique si
elle l'meut. Le reste est littrature.
NORMAL SYLVAIN
ENTIRE NOUS:
EMILE ROUMER
Chlez Florvil. Coin de taverne mlancolique en celle fin
d'aprs midi lourde. La table rche, et qu'a marque le cul
des cornets ds. Les murs suintants d'humidit. Des
bancs. Nous avons clos la porte qui donne sur la vie fi-
vreuse des clacksons. Tristesse des sales dsertes. Fume
bleue des cigares, en face des bocks vides. Nous avons clos
la porte. Et ce silence, et cette ombre allonge au pied des
murs. tout cela nous isole davantage, cre une atmosphere
spciale de tabac et de vagabondage intellectuel.... Roumer
parole.
Ilounier: tout rond. Une bonne tle rouge, joviale, can-
dide. Derrire les lunelles des petits veux qu'un tic nerveux
fail clignoter. Le geste est large, puissant. Une vie brlante
rt' rnyonne, qui vous inonde, vous avale: Emile Roumer
est dynaminque.
G- Comment je debulai ?
Il n l'tir de trs s'amuser, comme qui dirait en soi: Ah
la bhiie blague 1 Les petits yeux rient avec plus de ma-
lice. Et aussi toute la bonne face ronde et rouge.
C'lait au lyce Michelet o je'faisais ma philosophie.
Quelques amis, don't ce Jean Claude Aujame, peintre de-
puis, et qui devait, vingt ans, exposer au Salon une oeu-
vre remarquable, me dfirent d'entrer aux Annales, revue trs
ferite, ce qu'ils disaient. Vous devinez ma vanit d'Haitien
pique.Pari.Discusion, etquise terminal par l'envoide quel-
ques uns de mes pomes Madame Sarcey sous la signa-
ltre d'Emilius Niger. Vous avouerai-je que je ne fus pas
peu tonn moi-mmiiie de les voir paratre quelque temps
Plus tard ?
A Paris j'avais eu pour mnaires Albert Millol, Camille
Vergniol, connu par ses travaux sur A. Thleuriel, le musi-
eiigraphie Hienri Collet. C'est aussi lqueje connus Morpeau.
Puisque y'v suis, laissez-moi vous dire qu'on a t trsinjuste
envers Morpean. C'tait un grand garon trs bon, trs franc,
el qui aimait beaucoup son pays. Dans une lettre sa fa-
mille. au lendemain de sa mort, je crois l'avoir dit. Trs
choy en France, il nous avait pu attirer bien des sympa-
tiies. El puis quelle magnifique venture, et que nous com-
prenons, nous autres, que ce dpart, presque sans argent,
55 LA HEEVUE INDIGNE
la conqute de Paris Il v avait danns Morpeau '1t) Don
Quichotte....
Ce fut lui qui, cependant qu'en Angleterre, el dans ce
centre d'tudes formidable qu'est le Free Reference Library,
je passais mes journes a tudier, s'occupla de l'dition de
mon volume: Les Pomes d'Haiti et de France.
-Quel fut l'accueil de la Presse franc'aise ?
-- Elogieux. Andr Mora. Nol Sabord. La Pense Latine...
Je me rappelle en effet avoir li une tude de la Pense
Latine et qui rendaif 1oin.mage ce don visuel jqne vous ave:,
et la musicalit de votre rylhme.
-Vous tonnerai-je en vous disant que la plupart des
encouragements que j'ai rencontrs nie viennent d'lrau-
gers ? (Naturellement, ces auteurs insisliieiit sur ce point
que c'tait une oeuvre de dbut ).- Tandis qu'au contraire,
la press haitienne -il part tn article d'Andr Liautaud
dans la Nouvelle Ronde, et le Temps de cet crivain quest
rest Moravia ne me consacrait qu e hde nals avis de
reception et se montrait d'une absolue indillf'rence envers
l'oeuvre,non pas deflinilive, inis qui cependant mritail mieux,
d'un jeune liailien.
Et l'impres
C'est n 1 Rodlier tel qu'on n'a p is coulumc de le voir,
brumeux, dsabus, qui lve la It"lt d( folid du verre de
kola oh sa paille danse Mtni gieue !a'il;as(qie pour rio'l'n-
dre....
Je vis que je ne serais jalmais comprise dans mol pays.
JII v a dans ce milieu un gol fail, arirl. O n'en soil p:Is.
C'est celui ltabli par ces Olibrius qui pour troiuver tie ri-
:me plus ou moinis conivenabl)e, nie rec le'rolit pas devant lIs
pires inepties, bons faiseurs (le pomcs pour jeines lilles,
mais il qui le sens de l'art faith absolument dfaut. NIr. d'Ar-
trey, cet entrepreneur de pompes fiunbres gar dans la
litlrature, en a submerg son Anthologie. Ce sont eux, ici,
qui font le got.... Vous voyez mon dcouragement. Le cou-
rage et la foi...
( Brusque cart de la chaise. Roumer se lve. Il croise sa
veste carrment. Il arpente la pice. Il est triomphant et
lyrique Il est Roumer I )
Le courage et la foi devaient me revenir avec vous.
Nous avons une mme faon de sentir. Et pour nous, le
monde littraire ne s'arrte pas Victor Hugo. Nous n'avons
en outre d'autre ambition que de fire de la littrature. On
nous reproche de croire que nous seuls savons crire. Ja-
LA RLE'LE INDIGNE 55
mais de la vie. Il se peut seulement que nous seuls voulions
crire d'une certain faon, et qui est la notation exacte de
nus reactions psychologiques. La sincrit en art, voil ce
que nous demandons, et.......
Je sentis que l'entretien dviait. J'y ramnenai Roumner en
lui demandant quels taient ses maitres.
En tte: La forgue. Le Verlaine des Ftes Galantes.
Toulet. Jos Asuncion Silva.
Vous avez eu subir des influences bien dissensables: Ver-
laine et Toulel par example.
J'ai dit: le -Verlaine des Ftes Galantes, trs loign
du mvelicisme de Sagesse, et qui, pur artiste de strophes
lelles que celle-ci
Landre le sol,
Pierrot qui d'un saute
.De puce
Franchit le buisson,
Cassandre sous son
Capuce......
s'appa)renlt videmment cet orfvre dlicat qu'est le
Toulet des conirterimes.
Vons uive: parl de .Ios? Asuncion Silva. N'avez vous pas
eii lui coii.acrer une cofierenilce ?
Oui, A Jrmie. Je voulais tablir ses l4apports, et qui
m'avaient frapp, avec un de nos plus grands crivains,
Edmond Laforest. Physiquement, ils se ressemblaient. Des
*ploloogiapliies que je pourrais vous montrer, en font foi.
Tois deux, cullivs, fins letirs, vivent dans utn milieu hos-
tile, qui ne peut pas les comprendre. Ils finissent galement
par le suicide.
Curieux.'
rrs. Mais c'est aujourd'hui un fait tabli que des fa-
imilles transplantes dans un milieu different de leur pays
d'origine finissent. at bout de quelques gnrations, par
subir des transformations telles qu'elles se trouvent assi-
miles au nouveau corps social don't elles font parties. Un
'blond de Pomranie, balourd, buveur de bire, transplant
avec sa tamille Marseille, donnera infailliblement, au bout
de quelque temps, une descendance proche de cette race
chaude, mousseuse des Provenaux.
Je ne vois pas o cela tend
Excusez moi. Laforest et Asuncion, tous deux sous un
mlme climate, dans des pays bouleversement continues
y LA HEVUE INDIGNE
semblables, porlant des Ames de civiliss parmi des Bo-
tiens, devaient infailliblement ragir tous deux de la mnie
faon. t'tait nuilhimatique. Je ne vois d'autre explication,
pour ma part, ce fait trange e! que, dans nui conference,
j'ai tenu signaler.
La milempsycose...
-- Bien vieux, cela. Et pas quand il s'agit, come c'est
ici le cas, de contemporains.
Je me rappelle ( car la chaleur que notre ami avait su
mettre celle discussion m'avait faith perdre de vue notre
sujet ) que le but de notre enqute tait plult que Roumer
s'expliqut, sur son art, ses tendances, et que, pour les lec-
teurs de la Revue Indigne, il expost ce qu'il veut faire. 11
y consent, de mauvaise grce d'ailleurs.
-Des explications... Des explications. Vous en parlez
votre aise. On ne s'explique pas: on est. Laissez moi
vous dire seulement qu'une de mes caractristiques, c'est
l'anti-lyrisme. Les grands lyriques me barbent. Lamartine...
tenez Jacques Roumain a un mot rosse et qu'il me pardon-
,jera de lui voler : Lamartine, mon seul regret est qu'il ne
se soit pas noy dans son Lac. Toutes ces reveries fades,
cette sempiternelle mlancolie ( trs littraire, en outre, trs
littraire ), me donne la nause. Dernirement, une jeune
fille trs bien me lisait le Crucifix. Quand elle eut fini:
Mademoiselle, lui dis-je, votre Lamartine tait mettre
en croix.
Voil pourtant de qui toute notre posie procde. On
ignore Laforgue, Toulet, Valry. Ce que j'n ime avec Toulet,
c'est que sa posie ( et c'est ce qque voudriis ai river a faire)
est la notation d'une sensation. On got'le iun pome de
Toulet avec tous ses sens. Chaque vers, selon moi.
doit avoir sa fin en lui mme, et qu'on y prenne tni plaisir
dlicat et sensuel, comme on dgusle, un aprs-midi lourd.
une tasse de caf sous une vrandahl....
Mais alors uous crivez pour un public d'arlistes.
Pas forcment. Pour un public cultiv.
Sur la terrasse bleue on mange des ciroueller.
Et le feuillage noir au magique treillis
fait, de In pleine lune, une rose d'toiles !
O, faut-il tre artiste pour goler cela ? Mais. je veix
l'imge qui cre la vision artistiqup. Au lieu de l'alexan-
drin rempli vaille que vaille l'aide de quelques cheielles
et d'adverbes, je veux la musicalit du rythme....
LA REVUE INDIGINE 58
Conception nouvelle en Hati?
...... Attente. Dans la clart neuve des lampes, mon crayon
est un bton noir, lev ?
-- Je ne sais pas.
Dcidment, il se drobe. Je l'accule par une question di-
recte
Que pensez-vous de la littrature haitienne ?
-- De Parny Lon Dierx, les crivains hatiens n'ont
fait que reflter les diffrentes coles qui se sont succdes
en France. Pouvaient-ils d'ailleurs faire autrement ?... Deux
noms, selon moi, dominant: EtzerVilair, Edmond Laforest.
J'ai lu en effect les uvres completes de Vilaire. Quelle
motion tragique dans ces dix hommes noirs I Cet homme a
su, mieux que tout autre, traduire rme incertaine de toute
une gnration. Du souffle. Du gnie. Et notez qu'avec cela il
est un sr artiste.
Laforest aussi est in sr artiste. Vous avez d lire ses
Sonnets Mdaillons. C'est, selon moi, ce que l'on a d pu-
blier de plus parfait en Haiti. Les sonnets Mdaillons reste-
ront.
-- Ne constatez-vous pas un renouveau littraire, depuis
quelques temps ?
Debout, le chapeau sur la tte, frais, souriant, prt
pour la rue, il rpond :
-- Un renouveau ? Jamais de la vie. Une continuation. Le
vritable renouveau, il ne s'est pas encore manifest. Il se
prepare. Comme tout ce qui doit exercer une pousse dfi-
nitive, il se recueille... Il attend.
ANTONIO VIEUX
Quelques Dfinitions de la Posie
GEORGES DUHAMEL
.... Quand nous prononons le mot posie, nous pen-
sons cet art profound, puissant, dlicat et grave qui
permet l'homme (le se mieux connaitre lui-minie ;
nous pensions cette flamme scintillante et farouche
qui permet l'esprit de s'aventurer dans l'inconnu, de
pntrer chaque jour plus avant dans.les tnbres du
monde et du cour
. . La vraie poie est un instrument de connai.sance.
Connaitre le nionde 1 Est-il pour l'esprit une autre
carrire ? Tous nos efforts; tous nos travaux tendent-ils
autre chose qu' 'intelligence (le ce qui nous entoure?
Or au centre du monde. bat le cSour de l'hommnie en
lequel se rflchlssenl et se rsumeift tous les aspects.
tous les spectacle,:.
La vieille maxime socratique Conntais-toi.toi inime.
reste la base de loul savoir, et 1a posie qui. nous sert
dmlerle myslre e'ivilr)lnniiil, nous dit Ioult d'abord
clairer des profondeurs dle noire propre consci( le e.
Toul euvre potique ou -prlendue telle qui ne no us
apporle ,pas quelque lumire sur noire anew n'esl 'oini
posic veritable. Elle pe.u repruenter un jeu plaisanIl.
nn divrtissemeni badin. uie aucro)b lie verb:ale. eile
n'est pas digne du nom (le posie.
....... Mais l'me hIumnine n'est pas confine l'inlt"-
rieur de l'homne, elle est manifeste au dehors. elle se
rpand dans le lemps cil dans l'espace ; elle forme,
entire les individus, un lien continue; elle imprgne
mnme l'univers matriel el communique un sens aux
objets en apparence inanims. L'homme est partoul
comme une sorte de vrit latente toujours sensible
au regard et au cour du pote.
......... Ainsi dfini le fond mme de cette posie meo-
derne, je dois ajouter qu'elle n'est pas le moins du
monde alourdie d'idologie. Elle ne rappelle en aucune
faon ces ouvrages fastidieux qui ressemblent des
LA IEVUE INDIGiNE 60
traits (le philosophies versifis. La posie, s'efforce
suggrer l'me par la peinture du concert. Alors mme
qu'elle s'intresse des phnomnes purement phsyco-
logiques elle le fait dle faon directed, en appelant les
choses par leur nom, sans recourir aux dtours et aux
artifices du symbol.
Elle ne s'exprime donc plus par allusion, mais direc-
lentent. Elle aborde de Iront toutes les difficults de
l'expression. En cela elle se rapproche de l'art classique.
Elle fait un large et audacieux emploi des images. De
tout temps l'image fut un merveilleux mode d'expres-
sion... alors que le symbol dveloppe longuement les
analogies que l'on peut dcouvrir entire deux ordres de
phnomnes et, le plus souvent entire des objets con-
crets et des vrits abstraites, l'image est, au contraire,
une operation quasi instantane. Son efficacit tient i
s- concision. Bien entendu elle comporle aussi le rap-
prochement de deux ides. De ce rapprochement, jaillit
comme une tincelle, une lueur brve et fulgurante. A
la faveur de cet clair, les deux objets primitivement
distant, se rvlent, s'expliquent. Un rapport imprvu
se trouve tabli qui nous renseigne profondement sur
les ides mises en presence.
Dans un pome svmbolisle, nous dcouvrons rapi-
dement qu'nucun des objets dpeints ne signifie stricte-
ment ce qu'il est: la mer reprsentera la destine, une
lour reprsentera l'orgueil, une rose' la beaut, une main
tendue, la concorde, une fentre. l'esprance. Dans la
posie moderne rien de tel; les choses sont ligures pour
elles mmes. L'image sert nous en donner une intelli-
gence plus aigu et non pas garer notre pense sur
desgnralits abstraites.
...Vous regardez un arbre d'hiver. Tout de suite cette
comparison s'impose.
L'arbre, comme une cage vide.
.... Voulez-vous penser un de ces sombres jours d'hiver
o la lumire mme semble se dsintresser des
homes.
61 LA REVUE INDIGNE
Le jour restait dehors
Comme un hornmme tranger.
L'immensit d'un ciel pluvieux.
L'espace nivr de pluie
Se dilate comme un coeur.
La mer et ses fureurs.
L'eau colossale qui songe aux temptes.
Le vent.
Le vent pousse un soupir
ternel-puis qui finit.
(CONFERENCIA 1er Septembre 1921 )
MADAME EDMOND LAFOREST
Que le sommeil te prenne en.ses lgers rseaux
et de pavots subtils t'enchante jusqu'aux os.
Dj, dans l'ombre dense et qui tombe en la place
l'air charge de fluide est une peau de chat.
Et tu fermes tes yeux et qui dfient la glace
du temps, dans leur lumire o l'amour se couch.
Et j'aime au soir de juin ou tu reposes lasse,
ton front qui dodeline en un doux cabicha.*
YVONNE MAC-GUFFIE
J'ai des cheveux auburn , des veux come une source
et qui. glisse important des jasmiins dans sa course.
Je suis Yvonne et le monsieur qui fit ces vers,
le monsieur laid me dit Vovonne avec dlice.
Je suis toute petite et dj dans mes fers
j'ai mon [pote et que je boude par malice.
Tout comme une grande personnel j'ai mes nerfs,
je suis Yvonne el ,a fossette est un calice.
DANS LE VERGER.
Un palmiste unicorne et la lune au sommet I...
0 soir de mon pays que je senate jamais
ton odeur de jasmins et de mangues cannelles.
Et'sur le mur la douce entant mie dit: Milo ...
- Voix de cristal, O diamants de ses prunelles l..
Un parfum de fruits mrs s'alanguit dans l'enclos.
- Milo 1 redit Jeannine au cri des sauterelles...
Et nous bnit sainte la Lune et son halo.
EMILE ROUMER
Cabicha : somnolence
L.A EVUI: INDIGUNE: 62
NOIR
Mon amie, assieds-toi au piano
long et sombre tel un cercueil:
ce soir mon me est en deuil.
Joue une mlodie vieille, et trisle,
triste infiniment. Chopin ou Liszt
qu'importe je 1'eux enlendre mai
douleur
sangloter. Puis pose la main, o
trs doucement sur mon cour;
et toute la nuit j'couterai milancolique
pleurer en moi trs bas, amre, une mu-
sique
JACQUES ROUMAIN
LA DANSE DU POETE CLOWN
O Agni !Toi qui flambe.
lians le sang du
danseur perdu !..
A MA no
Bondis parmi eux et danse
avec tes jambes fines et ton coeur triste.
Danse tout autour de la piste:
arien, nu et lance
leur haine l'injure
de ton sourire. Tourne sur toi-mme, o pur
rchauffer ton dsespoir
tourne ne plus les voir
tourne, dj ils ine sont plus
que brume. Entends-tu
maintenant vivre la blessure
de ton cour: ils furent,
ils furent 1 mort, tourne,
danse, tourne, o pote, o flamme, o clown
Et chante aussi la mort
qui griffe ton corps.
Tes lvres sont blames,
chante quand mme,
tes pieds s'alourdissent, le lien
se casse. Va, pote crever dans la niche du
chien
JACQUES ROUMAIN
63 LA REV'Ev INDIGNE
IMAGES DE LA MER
O Thalassa Thalasss !
Xenophon
La nier, la nier toujours recommence.
P. Valry
Amour de la mer et des choses marines,
ardeur soudaine et sourde nostalgic !
Un flibustier franais ricane en mon pass.
Sang amer de lorban qui corroda mes veines.
Got acre du vent gonflant les voiles pleines.
Dparts, dparts qui dchirent et dlivrent.
Appels vhments des horizons.
Tourment, hantise des spaces libres.
La grande savane de la mer !
La barque chevauche les lames.
couleuvres au flanc
glissant et s'tirant
avec un bruit de soie qu'on froisse.
Plus lourde, celle de fond
la pousse de l'paule.
Dur labour de l'trave puissante.
Le soc a fait jaillir des toiles bouscules.
Commandements dans la nuit:
" Pas lof Lofe pas anI !
Descende flche l !
Barre au vent "
Colloques mouvants.
La mer, la lune, le vent
causent.
La mer est un prisme changeant.
La lune une mduse d'argent
nageant sur les flots irrels de l'lher.
Avez-vous vu le vent, l'avez-vous vu
sordide et nu,
vieux ptre rvant,
poussant devant
la caravane des nuages qui pluraient
l'herbe rare des hauts sommets ?
LA, flViLAI INDiiGNL
11
ACCALMIE
La mer etineplait ainsi qu'une gitane
Toulet
Le miroir de la mer au soleil vertical.
La mer est un diamant superbe et qui rit.
Le bateau grince et crie,
tourne et vire.
Le bateau ivre
tangue et roule
chaque houle,
et puis enfin
s'en revient,
fourbu et las,
sur ses pas.
Les noirs chantent une boula,
scandant de leurs pieds nus
des airs barbares et ingnus.
Un lambi appelle le vent
mais le vent s'est cach
dans les gorges profondes.
Tapi dans ses anciens-repaires,
le vent s'est endormi.
Le "vent ne s'est pas rveill.
111
TEM PETE
L,'abimp an les cheveux blancs.
ta Bible
La mer bout et lrune.
La mer bout et tume sur les Ctes-de-fer.
La mer est une marmite d'enfer.
Acoups demarteau frappant l'enclume
s'acharnent les vagues en dlire
centre la citadelle des rochers.
La mer a pris la terre bras le corps
sur toutes les cotes du monde.
IV
HAUTE MER
Puissante, lmentaire,
aeule des continents,
la mer se souvient des matins (le la gense.
NORMIL G. SYLVAIN.
LA ..\ Iti.V 'l INl il'..N 1: 6(1;
lumiire, par la comnprhension des langues qui leur
claient la veille compl)ltement trangres. Des Indiens.
qui avaient survcu la destruction de leur race, taient
miils leurs travaux, il leur conversation. de li, l'em-
ploi des expressions carabes qui sont venues jusqu'
flOUS.
Et c'est travers les combinaisons des mots africains,
indiens, espagnols et franais, que nous sommes parve-
nus la possession de ce language crole, capricieux et
dsordonn. Nanmoins il est noter que c'est surtout
la langue franaise qu'on a fait des emprunts dfini-
nitils. Et l'on peut encore plus particulirement dire
que c'est aprs une longue et dilficile imitation de la
langue franaise que les noirs parvinrent avec un sin-
gulier instinct d'abrviation, il modifier, dformer
plut t la langue de leurs mailres. Ajoutez cela qu'une
certain paresse d'esprit les portait i dire les mois de la
lfa'on la plus facile et la mieux en harmonie avec leur
idiome d'Atrique.
Forcment, par leur frquentation, les noirs qui ha-
bilaient les villes ou les villages ont change peu peu
leur pronunciation en la rapprochant de celle du Iran-
;aiis, tandis que les noirs dles campagnes ont conserv
plus ou moins la prononciation premiere.
Sorti dle l'esclavage, aprs ',Jpope glorieuse de 1804,
le people halic n fit de la langue franaise sa langue
officielle, mais conserve naturellement le language crole
dans ses relations courantes pour traduire ses penses,
ses sentiments, ses impressions et sensations.
Et nous nous se:'vons toujours du crole sans qu'il
it jamais t l'objet d'aucune observation, d'aucune
tlude srieuse. Quelques crivains lrangers ont essay
d'tudier le crole, mais c'est surtout le crole, en g-
nral,des Antilles. En Haiti rien de particulier, concer-
nant le ntre n'a t tent, sauf quelques vagues bau-
chies le dictionnaire crole.
Un franais.M. J. Turiault, qui a visit les Antilles, a
ecrit, sur le crole et son volution charmante,ces phra-
ses admiratives et fervantes: en passant par la bouche
des femmes croles, ce language a perdu. il faut le dire
ce qu'il avait primitivementde dur, de sauvage...il s'est
assoupli, faonn, .ouci. et aujourd'hui, malgr tous
61 l.. ni V''l IMINGu'L.L
ses dfaults.il esl devenu utn1 language qui a bien ses quaili-
ts; il est doux, all'clueux, caressant.el s'il ne prle nulle-
ment fl'exi'os des ides niltp Ihysiqucs, du moins expri-
ime-t-il facilen;enil, souvenir avec cha llur, outles les iim-
pressions, lotles les seinsatlic;s du cour ... Il est tell
ide tendre ou nave don't l'expression crole ,;uginenle
le charge, et ne pourr *ait tre mieux exp'rin:e dans
aucune langue. Mille riens, mille images voluipli icuses.
que l'on n'oserait dire en franeais, sonI rendus en cro-
leavecune grace infinite. par l'inl'l xion qui esl i tlut ell e.
aux croles et qui fail la plus grande parties de l'ex-
pression.
Il fault se rappeler aussi que les noirs n'oui pas Ol les
seuls travestir le franais. Les colons v ont contribute
dans une certain measure. en iniroduisani dans leur
conversation des mois apparienal a des palois d'Euro-
pe, tels que baille (donner). dou (devoir). na/er( noye: )
solif, (soif)
Le crole content bea(u oup de sons imil lir, (n-
von est une grosse mouche doni le bruit du vol peint
exactement le nomn donn ), el il est utile d'ajouter,
qu'ainsi que toutes les leagues, il a s'es idiolismes el
une riche nomtnclinlalred'exclamntiolis tres expressives.
Que l'on veuille bien considclr(r qu'il e.st difficile de
fixer des rgles tunirfo;r es el crele. cil (!e, |pour le
bien parler, il faiul (ire' la iliarise des l'enl'ance il solid
language.
Dans le cadre restreint et nicdeste quIe je 1me suis
trac dans cet Essai, je cile a peine queIlqunes mois e'( -
les. Il y en a pourianl de brillants et qui soun (!es
bijoux serlis dans des p)lh nses 'ravissantes: Zilei.i-li
clair coin'chandelle. ou'Plils'dentls-li blanch' c m'lail...
Le crole parl est bien anutre chose que le crole
crit. Et c'est en pregnant sur le vil l'a dil, M. Tu'riumt,
accompagn de.ces gestes. de ces poses. de ces rires,
de ces accents. de ces inlerjections donl les noirs
seuls ont le privilege el le secret qu'on apprcie, qu'on
juge bien le language crole.
C'est pour cela qu'en l'crivant on doit se bien pn..
trer de la ncessit de lui donner des oiles. de niellre
en lu-mire sa 'philosophie spirituelle et lgre qui d-
sarme et qui sduit.
i.A lV:tvl i: Nll)l; \lr: (,
Ainsi. il offre aux chrchlieurs une mine inpuisable
dle jolies phrases, avec des images imprvues qui env.e-
loppent les ides sans les gner. L'assugetir des rgles
prcises, ce serait le rendre trop difficile,et s'loigner eh.
quelque sore (le la representation l'idle de sa pronon-
ciatiion.
Je nlie sais plus qui a (il. que, quand on crit le crole:
les mois se posent, mais tout le reste s'envole, et on ne
Irotve sous la plume qu'une image efface el dcolore
de la pense. C- ne sont plus que des colibris immobiles
sams clat et sans ailes...
Ohl! non, cela n'est pas vrai. L'on n:a qu' relire la
Clhoucoune die luranid pour se convaincre (ldu contraire.
l'lle est remplie de fines nuances, traverse d'une mi-
lanc(lie dlicale. d'imperceplible malice, que le language
rrole seul possde. Elle est bien crite.
Quelque singulier que pluiss. p-raltre r'crilure cr-
lie. il n'a pas uoilns un cai'cte oi-iginal el person-
nel. en sa lorme et en ses couleurs. Et ce sont jusqu'ici.
nous devons l'avouer.les poles surloul tqui se sont faith
liin insrumeiinl docile du crohle crit. Il est lger, flexible.
s'ivouIx, I dans leturs Irop nires essais.
Cependant avec un choix habile du sujtelen prose ou
'nl vers. on peut constituer. en puisant dans les cou-
SuLnies et les moeurs de noire pays., des productionsI lit-
Iraires. exquises dans leur nonveault el (le .mrite in-
conteslable. fixes par (l'crilure crole).
Que les lillraleurs l'alienssongenli cet(Arl crole)!
Qu'ils pensent au culte qu'ils doivent i sa Muse et em-
ploient un.peu de leur gnie ou de leur talent la
glorificalion de notre language national. Ils auraient
tout profile considrer ces suggestions, surtout cexi
de la jeune gnration, . s'inspirer de notre splendid
nature dss tropiques o tout diffre de l'Europe; le cli-
aut, les plants, les fruits, les fleurs, les oiseaux... Notre
inspiration. certes, doit nous veuir de notre milieu, de
notre patrie. de notre vie. Et c'est tant mieux quand nous
pouvons exprimer toutes ces choses dans le language et
Wvec I'accent (lu terroir-.
E.smI.: MARCELIN
Pluie
La nuit est paisseet lourde; le ciel est bas et sombre.
La ville entire dort, vautre. Autour de la maison les
parfums des plants monlent violent, doux, chauds.
L'eau d'un robinet qui tombe dans un bassin demi
rempli. Le grognement d'un chien. Le galop d'un che-
val dans le lointain ...
Nuit d't.
Je voudrais longer mon corps nu dans le bassin ou
galoper sur ce, cheval don't les lers ne baillent plus
qu'un indistinct tam-tam ...
On aurait d tapisser ma chambre de matelas come
celle du pauvre amant lou, car je voudrais ltout mo-
ment briser mon crne aux inurs.
Soudain l'averse.
Brusque, farouche en un dlan de rage vontre les lues
accroupis. Il pleut une pluie norme qui bouscule les
toits de chaume, mutile les planes et dissoul leurs arC.-
mes. Les gros arbres se tordent come si on tenaillait
leurs entrailles, les flambovynts ensangln lent le sol.
Le front dans les mains je m'acc'oude ala lfienitre. Voili
le seul moment o je me sens moi. La pluie a une voix,
une main, elle me parole. me fe'rme les veux, m'teml'orle
loin ... loin ...
Autour de moi tout s'est effon ir. Mes vies :nilt-
rieures se dressent-elles dev~anit moi ? .'ai soudain des
impressions connues, jamais prouves:
Il pleut quaranle jours el quarante nuits. Des lennies
nues, dsesprment, de leurs mains ensanglantes,
s'accrochent aux rochers. Des mains, des mniins s'agilcnt
vers les cieux.
L'eau monte, monle ...
Je vois tant de choses qui furent, tout un pass loin-
tain qui revit en mon cur par cettlle pluie, un pass
vanoui qui m'emporte an-del ...
Je n'entends plus la ipluie; mais qu'elle ne cesse pas !
Sans elle je n'existerais plus. Qu'il pleuve pour que je
LA IEVL'E INDI'G.NE 70
sois. Qu'il pleuve toujours. Je me sens des inflexions
douces dans la voix, je me sens bon, doux, lendre.
Mon me est une arabesque folle trace par la main
maladroite d'un enfant, sur une leuille volante. Quand
le soleil reparail. la pluie a effac l'esquisse et le vent
-a emport la feuille.
Mais il pleut toujours ...
Ah s'il pouvait pleuvoir ternellement !
Donis
LE TAM-TA31 ANGOISS
Il est ridicule de jouer de la flte
dans un pays o l'instrumennt
national est le puiseant assrtor
MA MUSE
Ma muse
est une courtisane toucouleure.
Des dents blanches,
une cascade de fous rires,
des sanglots profonds jusqu' l'me,
un tumulte sonore
de bracelets et de verroteries.
Ma muse
est une courtisane toucouleure.
Voyez come elle est belle
avec de la poudre d'or dans ses cheveux
de l'antimoine sur les paupires
et du henn
empourprant ses lvres paisses
mais fondantes comme une
mangue.
Ma muse
est une courtisane toucouleure.
L' Il EVU LE [N 1)1
S' NOUS
Nous,
les extravagant, les *bohlmes, les fous
Nous
Qui aimons les filles
les liqueurs fortes
la nudit mouvante (les tables
od s'rige, phallus,
le cornet ds.
Nous
les corchs de la vie. les potes
Nous
qui aimnous lout,
tout.
l'glise,
la taverne
l'antique .
le moderne
la thosophie
le cubisme,
Nous
Aux oeurs
puissants coinmiie (les nmoleurs
qui aimons
les combats de coqs,
les soirs lgiaques
le vrombissement d(es aboilles
dans les mains d'or.
la milodie savage (lu tam,-lani
l'harmonie rauque (ldes klaxons
la nostalgic p)oignante ds lbanjos.
Nous
les fous. les potes
Nous
qui crivons iios vers les plus tendres dans
des bouges
et qui lisons l'Imiltaion dans les dancing
Nous
qui n'apportons point la paix
mais le poignard triste
de notre plume
et l'encre rouge( de enotre cur
LA IIEVUE INDIG'NE 7
VOUS
Vous
les gueux
les immondes
les puants
paysannes qui descendez d'es mornes avec
un gosse dans le venture
paysans calleux aux pieds sillonns de
vermines,putains,
infirmes qui trainer vos' puanteurs lourdes
de mouches
Vous
tous de la plbe
debout
pour le grand coup de balai.
Vous tes les piliers d(le l'difice;
tez-vous
et tout s'croule, chileaux de cares.
Alors, alors
Vous comprendrez que vousles une grande
vague qui s'ignore
Oh vague
Assemblez-vous
bouillonnez
mugissez
et que sous votre linceul d'cumes
il ne subsiste plus rien,
rien
que du bien propre
du bien lav
du blanchi jusqu'aux os.
2
73 LA RE VE INDIGENT
JE VAIS VOUS DIR1E..
'Pour JACQIUES HoL'M.IN
Ecoutez. compagnons
Je vais vous dire (les choses ...
Tout d'abord .versez boire:
Quand j'aurai claqu, mes chers copains.
Ne pleurez pas.
N'crivez point de plaintives lgies,
surtout ne faites pas de vers In Memoriam.
Mais que ma tombe vous soit une taverne
o l'on change
o l'on se saole
et que le rythme mystique et sensuel
d'une nmringue
me berce dans ce moelleux hamae quest
le nant.
Je vide ce verre
avec l'espoir
que les toasis qu'il me resale fire
ne seront pas nombreux
ELEGIE
La lune allume son luminaire d'opale.
La dentellire (les nuitls dans la robe pile
du soir, brode des toiles, cependant qu'une
brise odorante, sinueuse caresse ma brune.
Un sanglot sourd, triste, du bassin.
Quelle muette extase lait frisonner le jardin 1
... Ah 1 come il sera doux nos lvres mles
le th de citronclle en ces heures lasses
CARL IBROLUARD
Inayai Khan, Messager du Soufisme
Il naquit di Baroda, dans cette Inde si riche en subtiles
floraisons mtaphysiques et d'o s'envolrent les notes
cristallinesde la flte de Kabir.Je cite dessein le nom
parent de celui du Pir-O-Mirschid Inayat Khan. Car
lous deux pour gravir le pnible sentier qui mneversl'Un
ne s'isolrent pasdans les Thbades, mais ce fut sur le
chemin amer de la Vie qu'ils cherchrent et respir-
rent la rose translucide de l'extase. Ce fut sous l'enclu-
me de la douleur qu'ils se forgrent des aiIes pour
voler vers l'Amour.
Le ceSur n'e.st pas vivant tant qu'il n'a pas connu lai douleur (1)
Tous deux cultivrent avec dlices la musique, art
qiue le potle de la Musique Silencieuse poussa si loin
qu'il reut le litre de Tansen (2) dans l'Inde. Enfin
tous deux s'enivrrent du profound parfum du mysticis-
me person de Hafiz. de Saadi et du prestigieux cra-
teur (le l'ordre des derviches tourneurs, Djelal-Eddin-
el iumni.
Le petit Inayat grandit dans la maison de son grand
pre Maula Buksh homme de haute spirituality. C'est
1i que cel enfant motionnel qui refusal d'apprendre
autre chose que la musique, la posie, la morale et la
religion, s'initia la science brlantle des Emotions, au
suave mysticisme du Son.
Mais la douleur lut la matrice qui le mit au monde
une second fois.
Sous l'aiguillon de la souffrance il naquit la Vrit.
Son grand'pre mort, l'enfant devenu jeune homme
s'adonna passionnment l'tude des religions.
' Inavat Khan tait arriv cette priode douloureuse
de la vie, o l'homme lass des couleurs changeantes
et sinueuses de Maya (3) n'aspire plus qu' se laisser
bercer dans une molle quitude sur le lotus de la Ra-
lit.
1 Inayat Khan
2 Grand musioien
3 l'Ilusion
I LA HIEVt'E INDIGN
Aprs des annes de solitaire meditation, l'inuc du
jeune homme tait devenu une. harper d'or immense
don't toutes les cordes tendues dsesprment vers lIL'n
vibraieul d'une surnaturelle musique.
Cependant l'heure de la dlivrance ne devait par lair-
der sonner pour lui. Et comment cette here ne son-
nerait-elle pas puisque lorsque vous faites uln pas vers
la grce de Dieu la divine Misricorde. en lait dix pour
vous recevoir. ( Coran).
Un message du monde astral, par l'intermdiaire
d'un songe, l'avertissait de son inilialion prochaine dans
l'ordre Chisti.
Un jour que le jeune homme visilail un souri de ses
amis, celui-ci sut llpathiquement l'iirriv prochaine
du murshid Mohammed Madani.
A peine se virent-ils que l'me du jeune homme et de
son Maitre communirent intimement et l'initiation fui
presque immediate.
Telle est brvemenit rsume la vie (le cet homme
qui devait apporter le message soufi l'Europe.
Le Soufisme n'esl pas un mysticisme issue (le l'slan
comme on le croit gnralement. parce que petl-tre
Mahomet en rutl un grand admirateur ; il n'esl pas da-
vantage une religion, bien qu'il vnre profondment
tous les fondateurs de religions, ceux-ci lani de gran-
dioses manifestations de l'Un :
Une glise, un temple ou la Ka:sha
Une pierre, le ('oran ou la Rlild
L'os du inartyr . tout cein et plus.
Mon ceur pett le tolrer
Depuis que ma religion est Anour
Le soufisme n'est pas davantage une religion. Il est
plus et mieuxque cela. C'est une philosophie religieuse,
un embarquement de l'me pour la Cythre mystique,
une renonciation de l'Ego personnel au pi)-ofit de la
grande me impersonnelle du Monde. Je ne suis ni
corps, ni me. J'apparliens l'me du Bien-Aim dit
Omar Khayyam et encore Vous ltes le noyau du
monde et de ce centre connaissez que vous tes l'me
du monde.
Le soulisme conseille aux honmmes la Iraternil, cuir
I.A Itl'VIL IN iGE.NI 7()
le soufi, sait come le brahmane, que routes les malles
sont iune seule Ame, comme une lumnire confondue
dans une autre n'est qu'une lumire. Il suit que
nral iau vglal, du vgtal l'anlimal et de l'animal i
l'homme, la parcelle divine s'lve dans une sublime
ascension vers la demure de son Pre :
Je moiru-s colimme minral Pt m'levai (..comnmue plate
Je mourus commie plante pour revivre comme animal
Je mourus comme animal et m'levai come home
Pourquoi donc craindiais-je dle devenir moindre en mourant ?
Je mourrai une fois encore comme homme
Pour m'lever come ange, parfait de la tte aux pieds.
Quand je souffrirai nouveau la dissolution comme ange,
Je deviendrai ce qui dpasse la conception humaine
( Rumi)
Tel est dans son essence le soutfisme
CAtL 13ito.u u>
La Douleur
La Religion
La douleur que vous ressenlez n'est que l'effet que
produit eni se brisant, l'corce cachant vos sentiments.
Commne il est necessair'e i l'arbre et au fruit de rom-
pre l'corce qui les envelope pour sortir de l'obscuri-
l la lumire, ainsi il est ncessaire que la douleur
rise vos corces pour mieux connailte la vie.
Si vous donniez sa part de mditalion aux l'ails jour-
naliers dle votre vie, vous ne trouveriez jamais vos dou-
leurs plus tonnantes que vos plaisirs; vous accepteriez
a vos cours ce que vous avez accept vos champs:
les-s'isons, et vous atlendreriez, tout on mditant, re-
cueilli et silencieux, dans l'hiver de vos douleurs et de
vos Irislesses.
Vous avez le choix de beaucoup de vos douleurs.
Mais ces douleurs consliluent la gorge la plus amre
avec laquelle le Sage qui veille au plusprofond de vous-
mime gurit le mal de vos Ames.
Croyez en le mdecin de vos mes; avez confiance
en pregnant tranquille6'nt son breuvage amer, car sa
"l LA HEVI'L INI)I(;INL
main, quoiqu elle vous semble lourde et svre, est
guide par la main delicate de l'Etre invisible. La cou-
pe qui vous brle les lvres, elle est amre, mais sachez
qu'elle est faite de terre par l'Elernel polier mle ses
larmes sacres.
i
Et un vieux disciple lui dit: Mailre, iiarlez-nous de
la Religion ?
Est-ce que j'ai parl, aujourd'hui, aumre chose qui
ne soit Religion 1
La Religion est tout cequ'il v a dans la vie de fails et
de prmditations. Qui peut sparer sa foi de son oeuvre.
sa croyance de son mtier, qui peut mettre deviant ses
yeux les heures de sa vie en distant: c'est Dieu, c'est
moi, c'est mon me, c'est mon corps? Celui qui re-
garde sa vertu come sa meilleure tenue. mieux -vaut
qu'il reste nu. Ainsi, ni le vent, ni le soleil ne souillent
sa peau. Celui qui croit que l'adoralion est une fentre
qu'il ouvre et ferme, celui-l n'est pas encore nu temple
deson amequi a sesfentresouvertes de l'aube l'iaube.
Vote vie jo.m:nalire. c'est voire lemplc, cest voire
religion. Prenez avec vous en v entrant tout ce que
vous avez: la charrue, l'enclume, le marieau, la guilare
ettous les outils que vous avez prparcs, soil pour vos
besoins, soit pour vos plaisirs. Vous rc ven x j.lin'ais
avec vos meditations plus haut que vs laits: vous nli
pourrez jamais, avec voire coiduiite, descendre plus
bas>que vos dceptions.
Si vous dsirez connailtre Dieu, ne le cher hez pas en
vain. Regardez vos cts, vous le verrez jouant avec
vos enfants; levez les yeux vers le grand firmament,
vous le verrez merchant dans les nuages, ouvrant ses
mains dans les clairs, venant vous avec la plui.
Regardez bien, vous verrez Dieu sourire dans les
fleurs, remuant ses bras entire les branches (les arbres.
SALIM Ars.
Ces pages ouvrent la trrductcn conIl ie dut Prol lite ) de C-bran
Kalil Gebran, dj triduit e nr uglais ei in allitr.and.
La Revue indigne public donc la premiere traduction f'ranriise de
cet ouvrage, gricean talent do( notre distingucollaboraleur Salim Aun.
Plit. THOBY-MvARCELIN
LES HEROINES
Nous attendions des hrones...
TRISTAN DERi F
t.
Nausicaa
Hannibal. c'est moi.
J'ai 22 ans. .e viens de m'apercevoir que je n'ai ja-
mais rien regard. Serais-je indiflfrent ? A ce propos,
une curieuse observation de Dmos :
Quand tu marches dans la rue, lu vas droit devant
toi, sans te retourner une seule lois.
Au l'ond. je n'aime peut-lre que moi. Aussi bien, quel-
qutt'un me plail pour aulant qu'il me tnioigne de l'affec-
licn. ( .Je connais un garon qui passait des heures de-
\'vant son miroir. .Je lui en veux dle l'avoir fait avant moi.)
.Je ne parlerai pas de'mion travail. Il ne m'intresse
pas. .'accomiplis ma besogne avec automatisme. Et,
chliaque jour, je me rveille quatre heures d'aprs-midi.
Dans nia la'iille. nous soiinies hatiens de pre en
lils. C'est une tradition. .e naquis I Port.-au-Prince, un
jour de r'voluiion. Cela explique sans doute ma nos-
talgie des coups de leu. M1on sourire (e ide ultre jaune
el imaigre voque tiun pis de mnas-au-lait fendu.
.le ne ilmentiolnnerais pas ii1oni sjour i Paris. mais il
v a le pelit museau I'rais, sanglantet sucr de La Blon-
(le Nivernaise . Une cluirniainle enf'ani. 11 m'arrivait de
la taire soiffrir. .J'adorais la dshabiller la chemise
prs. Ellle f'ermait les yeutx et quelle pudeur Cel se
passail... coimme dans Longus. je crois( je nel'ai pas lu)'
En Irois mois, nous lions chlastes. L'histoire se termine
dans un taxi. Un fait-divers d'une hanalil odieuse et
que je veux effacer de ina mmioire.
A part cette venture nave, je n'ai jariais fait l'amour
que par respect human. l)esfemmes facileset des demi-
vierges cyniques. J'en ai la nause. D'ailleurs aucune
d'elles ne m'aimait.
Aujourd'hui je me complais dans la compagnie de
toutes jeunes filles. Ce sont lde petits ltres pleins de cu-
riosits. Elles dcouvrent l'homme avec passion.Je leur
cote (les anecdotes sales. Elles s'effarouchent, mais,
L.A IEL'UL- iND;61:NL.
au fond, quel plaisir I lles Irouve'nt, que je ressemble
singulirement ia Alexandre Plion. Ce qu'elles .aimeint
le plus, ce sont mnes vers( qu'elles ne coimlprenneiil pi.'s )
et celle mnoue .il)risanle que je ddie a loul .c qtie ne
m'inlresse pas. Elles mue doivent ceritains liis. Cetlic
exclamation:
Tiens !
El cette conclusion faublourienne :
Je m'en r...s I
Il
Ici commence Natisicai.
Elle a 16 ans. El, comme je danse le charleslion (avec
ces panlalons large, vous savez), elle s'est prise .de
Elle s'appelle en ralit: Loaloumse.
Elle est quarterone anx appas dodus, et. si je la pr-
nomme: Nausicaa. c'est i cause (le sa candeur cl pa rce
qu'elle a des bras blancs.
Elle m'envoie de petils bouquels (le violelles nous
avec des mches de sa chevelire noire et lisse.
*(Ce n'est rien qu'une hisloire i l'eau Ide rose. un ro-
man pour p)e nsionnaires my,%sliqnes. )
Je suis irs enthousiasmn..e ime sens iiiii. .le fais
pour Nausica:a des vers un peu dans le geilre dles -lan-
kas japonais ou des copias d'Andalousie. ( Ellleesl vrai-
inen Udlicieuse. ) Ce pelil ponme., entire Ious, l'meut
aux larnies:
S'aiimer au creux d'un lumineux silence.
Tes bras blancs. comme unie eau sur des galels.
J'y cherche l'ombre, qui me doit,de la pense.
Je ne sais pas, dil-elle ... Dis, Babal, lu m'aimes
un peu ?
Je souris avec condescendance. Au fond, je sis lienu-
reux, gris, lyrique.
Tant de fraicheur, Nausicaa, tant de fraclheur I...
III
Animone est une amie d'enl'ance.
Nous goutlmes, dans la roseraie de ma Tante, celle
joie inoubliable, le premier kaiser. J'avais alors di'
.ms, j'tudiiis le grec cl Anmone venait de fire sa
premiere communion iu Sacr-Coeur die Turge:u.
.le Ipronoiiai loul bas:
.1inanki 1
El depuis ce jour Anmone me prodigue dles eilla-
(les (le lavorile attendrie.
C'est une lorte fille. Grande. Brune. De type indio pu-
ro. D mos lui vout une grosseadmiralion,qu'il me con-
lie en ces terms :
-.Ie ne sais pas si lu me comprendras. Mais, mon,
cherr, celle fille, je la Irouve vgtale ... Tu sens, Babal
lu sens ?
Il terime l2- yeux. Moi ausii. lEt nous reprenons:
VE-GE-TALEI ...
Nausicaa est jalouse d'Anmone. Alors, pour varier
mes plaisirs un peu, je lui raconle mon enfance, le bai-
ser de la roseraie et le vocable grec.
Le soir, Nausicaa me fait parvenir un billet et un
mouchoir. Vous m'avez donnd un souflel , m'crit-
elle, et le mouchoir, mon cherr,ilest humide dle larmos
IV
De Ptio'uville ( thlltre. port-au-princiens, de vos va-
'aiices,
lin nous sommes parlis cil excursion sur la roule de
I)upont, Nausicaa, Anmone, Dmos, d'autres amis et
o1110 .
10 heurIes.
Le soleil aide.
La route est pierreuse, pnible.
De blancs nuages moussent l'horizon.
Dmos courlise Anmone et Nausicaa fredonne un
fox-'troI allgre.
Je m'ennuie. Je regarded obtinment les talons d'An-
mone et je murmure en baillant:
Anank ...
Nausicaa m'entend, elle clate de rire.
La chaleur pique au dos. Aux tempes et sur le cou
"u*ant, de pe.tites coules de sueur fraches.
LA INII:G.' -.NE
83 LA REVUE INDIGNE
Pourquoi si mechantle, pelile amie, N:uisicaa. Dans
li galette. il est un endroil d'ombre el mysilricux, o
je snis des cris (le pipiriltes se pourchassant parmi le
feuillage d'un monlhbin gant. C'est li qu'il faudrait m'ai-
mer. petite fille. chnslemenr, joue conire joue.
Un tournant brusque.
Goyaviers arrondis offrant leurs goynves.
Les dents, monles sur de la chair rose el tendre,
sont de lo joie qui brille.
Nausicana s'esi lanee...
Hannibal!
Elle mord goulinmeni dins une goyave dole. Je
suis lyrique. J'embrasse Nausicna ... Violence... Dou-
ceur ... .e fonds, je fonds... Douceur d(le celle lvre par-
lume et barbouille de jus de goyave ...
Je lilube come un jeune dieu barb1ae. Je lois
tre beau de loule mni joie.
Nausicaa sangtIolle. Elle me renie.
13a1:il est un insolenl. concliul N;: ',it< :i:'. je M' veux
plus le voir.
Elle sembie indignie. A lu'in cin pie idle.elle renchrit.
Moi. je hausse les pniiules en loutle phil(s:c|hie. Malis.
alprs buil jours de ruipilure dliple
fail chercher.
-Avoue. Hlanniibal, me dil-elle, avoue qu'il n'est pas
permis (le s'embrasser pour le micmente, .i"r enfin lu n' s -
pas mon fiance et lu ne m'as mnime pas encore arrle...
Je boude.
Nausicaa nest plus qu'un regard id tendresse imp-
rieuse. Elle sourit, parle, Fe penche, murmure ...
Je me sens aimed.
( Je pense i la chalte noire de msu grand-mre, doni
les frlemenls lct'riques nr'enlt initi niIguire d: la
sensualit. )
Ce jour li, Nausina a1'n 1conim niuti qu n sill.um.
LA RlEV'UE INDIGNSE 84
VI
Extrails de l'albuim de Nausicaa :
.\ celui, qui la prelimire foi.s i'ai inspire 1l bliinhel r id'aiiiJt.r et de
ir',, je ddie cette page.
A vaincre .:ius pril on triumpilie aiins gluire.
Balal, jet colilite isur ton ucSnr.
lrier c'e>-t le bohiiiour.
.Ai quelle joil' extrliii dle dirv: llannihal, je t'aime ...
Clh;agrine.
Tu gu'a doni unil souillet !
.Si je suis bonne, faut-il que ti ui'olle-so. .'
Ton mchant coiur i'ciu prvaut chaque jour.
Plus (lde rigueur vaincaerait tes rsistances.
Tu iu'aiiierniis i j'avais moins d'amuour.
Cruelle deception, lfcheux reveil.
.<, chliateau bien chlafaiul et.- dueiuli. Quelle deception I Alors
inl voit claireiiie'iit que lai via est une lutte perptuelle.
T'l'it ce qui provaniit du caprice de l'imaginationu ne surite pa-
lnitie at. lition.
uMais iqui ne fait pa.i, des chteatux en Espigiie .' Tuus, tous y pas-
-'iit. Les 4sePt,*is louniiite le- frivoles.
Ilabal je t'haiwnv qliuand mme.
lb,\ ieiis...
tlanl iilm l le iuiilm cSiur ..
Plis je vais, je ume renlis compete qu'il iI'et paui d'avantUge.s san.-
incotivenients.
VIl
l)e ile sentir tellemient aimed, je Iais ces vers pour
Natisican
Lettres sur un arbre.
Saigne tune rose rouge,
je vois la botche
et la douleur (le s'embrasser.
Mon amour est aussi grand
Sne tu m'es secrle.
uand je te saurai,
pourrai-je encore t'nimer ?
Aujourd'l que tu n'es pas jalouse,
Je imennuie.
.le l'aine >uabsente
je le dsYirr.
Unme mmn'e on Ve
Lei v'ne .,ouille.
Si lu (tiii*.1)itiI(lo(illIis.
pectite amie,
co1miane C.11 aumms aime
De Ioulle ma: souflranclle.
Ui soir1' Dniii (>5 hIC jisenila Si Iii 0. Uin conl'tu e. Il
l'ut. loit (e suite filon1 ami el on ('etivitit (le se Iuloytr.
Cl)-ar ilant garon.
Il nie lit (les pom es hlt ir ist ts t nou buvon )I 'is (le la
draiill be,,SU Iesltierd 'doi-ad o, pa rmi le va-
et. vien t dIes aulos bou'ies
lue-tte dlu frui-s
bilIlard ( muais les hlezrs sontI siltendciux ). lEA tandis
qILe le phiono, drtou le mine la u(no tes ningue dle
notre cher Lanmiol lie, I nio:; t amnbourine su r le zi iec
Jec pa rle d 'An dr G ide.d e NiumluesT'it'ste'
ei din clitle dle tatiu
Mais Simnt crie
.*\m'es quoi il tlle fait ltloge dts- ', ~ itau
qu'il aime ImssonnmeuntL. ID lmituI(ut(t;'il
Tu dois 11reli pci'-
Tt'Iit sais, inte'vNietil l)tuos. il est, lvs troat
Jie suisi alitiri. Pertver's. mot, mi indignie !La bonne
blgue M..
Cei 1 en va in que j'itguteNa usicaa, n ot te ba iser, les,
goyaves, 1'i nnocenice
Tru nie donnes ri'soli!
Je suis is aihuri...
CesI al ors qIl sur' 51.1' ptroposi tion de I)cnilos. nous
Somiimes >ai't is, ci] auito,
Nous voici la 1' jt oitle S l itire, el, rt'ite pour I
lier Frappie.
LA. uivt:%**: INDJ(IGNKi
Morbides, lios.a. Plaicida Elvira'. Ivres. Elles chantent
Papa ,lfon lero .,
Ol0 Chico .Je mie sens lyriq
Pelile nave, Nausica, j'voque lon pairluin. tes seins.
la bouche et c'est I chai r que j'ouvres.
(Simon n'a, peiul-re pps lori, je (lois ire pervers ni
peu. )
... 11 heures. Le quairlier de la GInciere. Nous venons
de quitler les files. Trois ngres dans un caboulot
ignoble, l'un joue de la mandoline, 'autlre de la guilare
et le troisime... Que chante-t-il ? .Je ne sais. Mais je
possde leurs visages maladies et de quelle douleur 1 Je
vis la nostaigie dle la Race...
IX
Et ce fuil qutil7ze jours de bainniloches...
Nous dinions en plein air. braille ll""' Charlics de ce
poison l'rit agrable c ::u g-o!tl, mnais donit le relent pl-
bIiein vous imprgne et persisie come Lntl remords.
Nous laisions
dans les bhotues du Wa1rt-Zherbes.
Ces plaisirs dev.ient tne repligner li la fin. l'ni grand
dlsir de puret me fil revenir ti Naiusican,
.ie la revis au (randl Cercle.
On allail. ventlIt, riait. dawnsail...
Elle *tlait ple. pale...
.l'anv is )eul-lre envie de pleurer. El. s ns celle
cr-iiile l)ourgeoise du ridicule, je me serais jelt i ses
pieds... Niais aiurailit-elle conmpris ?
Alors je me suis approach.. e souri.iisd'un ninis sou-
r'ire ;
Bonsoir. Naisicaai...
O avais-je vu qu'elle latil pale ?
Elle me regaiude avec ijdiltrence, mnilresse de soi ci
pole, police. police:
-- Bonsoir, Monsieur. Comment allez-vous?
Et elle ajoute en souriant;
Je vous crovyais souflrant.
Il me semble qu'elle a grossi...
J.e m'loigne d'un pied mlancorique, sur la cadence
d'un lango. Trois ou quatre jeunes gommeux, frais
87 1.A nEV'E: INDK lNE
moulusdes bites de Mointmartre, s'exhibaient vilus.
come des rastaquourec, avec des allures d'inverlis.
Ce soir Il,Nausicaa cut b'tIeacqup de succs. Anl-
mone crt devoir me railler:
-Vous les mchant de plaquer ainsi la belle Nau-
sicaa.
-C'est pour vous faire plaisir, Anmone, vous liez
si jalouse d'ele...
Et je ne puis m'empcher de rire, sans quoi elle n'an-
tait gure comprise.
Palmes!
La brise, Je jsmin et la lune commencen l.
Pauvre liannibal 1
Et tu penses qut'Anmone est une sotllte et que Nau-
sican a vraiment pris trop d'embonpoint.
Tu as le coeur vide.
Tu te promnes.
Tu vas, tu vas... Le long de la routle, de la solilnde...
Dans les cris (les criquelles.
Tu t'assieds dans 'herbe haule, qui le demange.
Tu te sens malheureux. Tu vas pleurer. Mais tu t'ar-
r'les, pour couter uln ne (qui brait.
( fi suivre )
NOTRE ENQUETE
Dans la prl'ace des Essais de psychologie conlem-
poraine - Paul Bourget parlant de l'influence des cri-
vains qu'il allait analyser crivait fi cette minute pr-
cise et landis que j'cris celle line, un adolescent, que
je vois, s'est accoud sur son pupitre d'tudiant par
ce beau soir d'un jour de juin. Les fleurs s'ouvrent sous
la fentre amoureusement. L'or tendre du soleil cou-
ch s'tend sur la ligne de l'horizon avec une dlica-
tesse adorable. Des jeunes filles causent dans le jardin
voisin. L'adolescent est pench sur son livre, peut-tre
un de ceux don't il est parl dans ces essais.. ... qu'il
ferait mieux de vivre disent les sages . .Hlas c'est
qu'il vit cette minute et d'une vie plus intense que s'il
cueillait les fleurs parfumes, que s'il regardait le m-
lancolique occident, que s'il serrait les fragiles doigts
d'une jeune fille. Il passe lout entier dans les phrases
deson auteur prfr. 11 converse avec lui de cour
cSeur, d'honmme home. Il l'coute prononcer
sur la manire dle goter l'amour et de pratiquer
la dbauche, de chercher le bonheur et de sup-
porter le malheur, d'envisager la mort et l'au-del t-
nbreux du tombeau, des paroles qui sont des rvla-
lions. Ces paroles l'introduisent dans un universe de
sentiments jusqu'alors aper'u peine. De celle pre-
mire rvlation f imiter ces senlimenis la distance est
laible, et l'adolescent ne tarde gure la franchir...
Nous voulons dgager les Influences qui agirent suir
la sensibility des jeunes hatiens d'aujourd'hui de quel
mailres reurent-ilsles parolesqui ouvrent sur le monde
et la vie, ces fentres mystrieuses qui font que l'on
croit dcouvrir I'univers pour la premiere fois. Ces ini-
lialeurs, leur influence, nous aiderons i comprendre l1:
)Ihysionomie morale desjeunes gens qui nous entourent
Nous publierons au fur el a measure leurs tmoignages...
Nous posons la mme question nos proches ains,
tous les intellectuals hatiens pour essayer de relrour
ver les sources o s'alimente la Pense hatienne con-
lemporaine: nous esprons que l'on fera bon accueil
celle enqute, qu'on en comprendra la porte ; essayer
de nous connaitre, de trouver en commun des faons
de sentir semblables, arriver fi nous aimer...
~-~~s-
N 3
SE.pTrENIBItI 1927.
LES ARTS ET LA VIE -
Dir'cIeur : E. RouMEn
Granl-ReIspons.able PH.-THoaY-MAicaI.:li?
Fodi(i;urs -: E. RorMIR
N. SYLVAIN
.1. RouNtAIN
A. VIIrx
P.-T'FiiBY-M.0nCEIHN
D)ANIEL lE'ITrELO'
C\iu. Bto'.\ioil)
SOMMAI1----
SO.11M AIllE
Frlai cisii'ments
Po,n.s de li. (iircia 3U.atr&''n;i
Quialqpues DlhIitions de la Po.sie,
L'Ange iaynond Radignet
A Ra.vyiimoinMl i ulguet
Francis de Mioniandre
Ecrit sur tip l'Eau extractt)
Entre Nous.: J.'aques Rotulin aii
Le Blarv:ard; loi.es.
Le llros Cach (Frt.:k Brniti )
Ponmas
Le Pronih.t'i (Kalil (iebiran)>
L,. Itn,ies, nouveme
EMIE R[onlMEil
Trd. par JACQuEs |IOL'MAIN
Il. nit:.5Mox
de I'Acadenio Francaise
CAI.L BRouCAn)
Pli. THtORiY ..N'lA iCELI\"
Pu. Tnonv %iMARnciN
Pir. Tnony MAlncK'iN
Fr:Axcas .de- Miho.LASDrE
ANTONIo VIEvx
JACQUES ROUM..AIN
Trd. par JACQUES ROUMIAIN
DANImEL HIFURTELOU, E>nLE
ROUIMER, FAIiO FIALLO
Trd. par SAUs AUN
PH. TionivY MARCELIN
IMPRIMERIE MODELED
1940, Angle des .Rues Courbe & Macajoux
20th Street. ( ,
PORT-AU-PRINCE, ( HAITI i
I ~ -' ~ - =-----f~1
Ire ANNE
Il
i
LEs ARTS ET LA VIE -
ECLAIRCISSEMENTS
La Revue Indigne est une pierre tombe dans la
mare aux grenouilles. Dan.; le journal lHatien on
s'est plaint amrement de ces peclils jeunes gens et d-
marqu les sottises des anciens bouquins de littrature
sur le movement symboliste. Nous. regrettons qu'un
home aussi respect que Ni" Pressoir ait accuilli
dans sa feuille d'anonvymes ragols et tripotages de ces
lernels lches qui signent : un abonn. Nous ne som-
mes pas incendiaires et notre souci est d'crire assez
bien pour que notre cole national puisse avoir une
place honorable dans la litlrature hatienne.
La Revue Indigpe est conpl)osce non d'arrivisles
mais d'arrivs. Nous n'avons p as gravir l'chelle so-
ciale. 11 appartenait des goujats de nous mettre sur le
dos les grossirets chroniquies de jeunes cagatingas
conire les jeunes filles de noire socit. Nous faisons
cette mise au point pour que l'intelligentsia hatienne
ne tire pas sur ses propres troupes. Que nous n'accep-
lions pas les manuscripts de ridicules auteurs et voil
une srie d'attaques aussi btes que piteuses. Oswald
Durand qu'on nous accuse de mpriser est l'oncle de'
Jacques Roumain.
Nbs crivains ne sent pas connus dans le monde.
4 qui la faute? Les anthologies tranaises sont ouvertes
aux Belges, Suisses et Canadiens. Dans la collection
Georges Barral des potes trangers, les volumes les
ire ANNE NI> 3
SEPTEMBER 1927.
plus Wl aux sont l.i Nuilt d'Iian Gillkin et les So()i1
nels Mdaillons d'iidmondu LaforesL. El po(lainl. qi
France,notre ]Edmci d Lafores! n'est connu que (le rare
lettrs. Les elfortis de notre ministre d'alois George,s
Sylvain n'ont pus l poursu'ivis. Nous autres de la
Revue Indigne , nous voulons modifier tel tal de
choses injustes et que la Muse hliaitienne puisse placer
son mot dans les aspirations passionnles des autres
peuples.
Les chroniques du I)r Nor'nil G. Sylv ain auraient d i
mettre certaines choses anu point. Je re vois encore la
tte chauve, une barbe plus poivre que sel de M1' Ior-l,,
'i I'lnstitut Carngie : Nosopinionssont laites d(le lives
que nous n' avons point lu ),. Au lieu de noius con)-
prendre, (le symnpathiser avec nous, jeunes et vieux se
lancent l'aitaque avec le bouclier de l'anonymiat. Eni
vain aurons noIs crit nos projects, nos bults, tou d(oil
rester lettre more. L'habiitde de prparer sa phrase
franaise et de ne pas couter a donnii nos ladversai-
res une mauvaise foi chronique.
Il Vy en lHati. des fonds d(1, bibliolhli'que dllrnire
La litteralure (le )Doun ic lohrm,," lou;tt le ~a :) inliel-
lectuel (le nos petits grands homes. Les admnira ble
dcouvertes (lde l'abI)' lousselot sont inconnues il nos
chers concitovens qui en restlent toujours u mi *llie di,
six voyelles. A d'anutres. plus v'oluis, I.\rt (des V(r,
d'Augusle l)oreaii est lun lNoran. un Evalngile. Ils (ci
sont encore rests aux inv(olor-,si poimnc's plilosophiqpu.v
de Sutlly-lrudhomm,'. n Tl'oule unle hande d'e-unu(unes lil-
lraires nous rabl)ichien l'oreilte e e leur voix de l'osset :
Le vers libre le vers libre!
Depuis Oswald Dl)rand en passant par les ('eole.s
au Clair de Lune de Consltnin mnavard et( La Femme
en bleu de Charles Moravia, on n'a vu pareille florii-
son de pomes. Pour reprendre un mnol d'lilaire Belloc:
les Primaires sont la peste de 1 hultmanil. Les I lafliens
ne peuvent adnmeltre qu'une chose (le beauty niisse
chez eux et qu'un monsieur silt un pole Imondil qui
boit de la bi're sur la lerrasse de IlEldorado. Lafcadio
Heuarn a pass plus d(e troi's ans a Pol'i-au-Prince sans
qu'on 'aitl jnmais entenIl parlor de lui. Notre (u ivre
LA IIEVUl: INM.GEN: Ul
claire et l'ruice et (le poles sincres est bailte en br6-
clice par des pitres de salon, et de pauvres literals (ui
se plaisent dains lau i election morose. Nous cdons -i.
l'ennui dle leur fire uln course lui reste assex bref. Les
g.ens qui lions attaquent soil les partisans de l'iiienlr-
rable aillliologie de MI d'.\'trey.
Il nous est impossible quant a present de lfaire uine
srieuse lude sur les vers l'trnnuis ; nous n'avons ipas
des can'actres pou r ina:i'rquer les aCecens Iborts et fil)les
(le nmime les graphiques ncessaires. Tout est crer
dans ce pays, liimpi'imerie come In librairie. Prenons
Pir example, ce vers d'Agripp a d'Aubign dans les Tro-
giques :
L['cuie' de i'ir plis leur moulte .jusqu ux yeux.
On relui .il .eia tqu'il y a qu
piis. in ni!ie. !]'+e r. No'-, lel'unrs ,uve' t appili(quer cetle
re'g d1es quaiire ;('enls loris aux \'ers l'trani is, (les ur-
licles, les uuxili;uires les conljoiictions etc. ompl)lanit
pour Ic,'s accents 'uildes ) Les rgles de Hoileaui soni
et'ipiii e'. el lo po ) le aciu tellenienit doit se inelire ali
t')ir!at1 .' 'l: s les )pro)' :','s p|rosodiques. I'es ludes st'r
les vers so !l i "* l nie's nlcessa'ires i l'arIisle.
Coni ler chaque sylloabe pour un lied ne peut elre
scie'nitifiquie, it proposition .i ne vault pas le slubstianlif
helill. Le premier mot tt vers, m<'/Ieune sv lt be hri c'\e.
suivie d'une forte est un pied anmbique dans la polsie
ai.iigliise coiiiume dans loutes les prosodies. Qu'on ine
m'
litleraltire l'frune ise. les 'Hoi.sard. BAl'. du Belltv ont
lendlu les iiiaiiiis aux eriv\'ins de l'cole romninie, Du
Plessis. Moruts. Les t' unlnisisles son.i alrmivs ensuite
dans In lice avec Puil-.Iean l'Tculet, Emile Henriol et le
pote chieri des muses: Trisltn Dermie.
Il n'est q(u'en iltili (que des rpliques de Trissolin et
Vadiiust ne s'allirent, p[as le tfoi rire du public. L rvlli-
Ime conitinu conlitiuemient varied de e lien Giil, In tlio-
rie ingnieuse le la chiaine e' godels que nous tludie-
ro: s bien il. de mme que les rgles a1)hl es ptr Paul
92 LA REVL'E INDIGNE
Claudel montrent que les vers classiques ou libres ne
sont que des artifices typographiques. Le souffle rgle
les rythmes et la chanson d'Eviradnus ne peut se lire
en donnant le mme ton et la nmme valeur chacun
des vers.
Ecoutez, / comme un nid / qui murmure / invisible
En tudiant un pole moderne. Albert Aufremont,
nous rencontrerons la mme coupe de vers:
Je suis fier / de porter / dans mon / me ton nime
Isral /
Nous ne voulons pas ennuyer nos lecteurs de dfini-
tions techniques mais le vers cil serait en ralit un
vers de quatre pieds, chaque pied tant reprsent par
deux syllabes faibles suivies d'une forte. De plus un
rejet allonge ncessairement le vers prcdent et la ma
nire de rciter ne donnerait-il pas le vers riche d'une
seule coule, la Claudel.
Je suis fier de porter, dans mon me ton me. Isral !...
Le vers classique a quatre accents forts est un versa
forme fixecomme le sonnet et l'areyto (que nous avons
cr ) sont des pomes forme fixe. Suivant les cris de
nospotereaux,un home qui n'crirait pas en ballades,
rondeaux ou pantoums ne ferait pas (le la posie. Nos
voisins de Cuba ne sont pas en but a la malveillance
systmatique de nos crtins solennels. L'audace d'un
Fernandez Arondo est accueillie chaleureusement qui
nous vaudrait nous les plus grossires insults
...I pasara tu juventudl!... lu juventud que es canto,
que es manzana de Octubre, bravosol de los tropicos,
que es agua pura y fresca de cristalinos rios
y floor qui se abre al beso pasional de la aurora.
Il reste une objection : la rime !...
La chanson de Roland n'est pas rime; elle n'en est
pas moins le seul pome pique franais. Et de quel
droit despetits matres attaqueraient lesValery Larbaud,
John Antoine Nau et Verhaeren. Ils sont bien intransi-
LA IIEVUE INDIGENE 93
giants : nous digrons bien leurs rimes-tiroir. bouchon
et marriage rpublicain : arbre, marbre : vers. voiles,
toiles ; rose. morose etc. La posie est de la prose
monte , une pierre brute don't on tire un diamant de
la plus belle eau. Le rythme est souverain et que me
chantez-vous de rime si un pome vous plait et vous
meut.
Aimez-vous Shakespeare demandais-je un monsieur?
Et Goethe, Le Dante, Camons ? .Je revois encore sa
bouche en cul de poule.
Oh leurs vers sont admirables, quel feu I quel g-
nie !...
Et pourtant vous ne savez l'allemand, l'anglais ni
l'italien ? Comment avez-vous pu goter des pomes
sans rimes.
Mme avant l'apparition de La Revue Indigne
nos cuistres auraient d se taire devant la geste pique
du pote Flix Viard : La lgende du dernier Mar-
ron !... Ecrivant personnellement avec la rime, la
contre-assonance de Derme et la contre-rime de
Toulet je ne prche pas pro domo Il n'en reste pas
moins que notre movement est original et que nous
suivons directement pos ans : Etzer Vilaire, Damocls
Vieux, Charles Moravia. Nous sautons volontiers sur
l'intervalle, cette mare aux grenouilles et leurs coasse-
ments anonymes.
EMILE ROUMER
LA RE HE MIBJM pift* Ai...,
ses lecteurs un jeune pote cubain, n.\I.AEL G.(ina.
BARCENA, LAURAT D)U PRIX DES ,IEUX FLOIAl'X elbrds par
le scrtariat de l'iinstruction Publique et des Beaux-
Arts l'occasion des noces d'argent de la Rpulblique
de Cuba.
VISION TD'OLTBE TOMIBE
Et j'tendrai mou vol et je resterai flottant
dans l'immensit sans lumire.
Uniquement je saurai que j'existe
et ne me veri-ai mime pas d;ans la mer...
Un silence absolu...
Et une horreur suffocante
qui arrachera de moi un cri terrible,
une clameur ef'rovable et aigue.
Uniquement je saurai que je crie
et n'entendrai mme pas ima voix...
Et je sentirai une telle angoisse
que je tenterai de me dtruire et n e l pouirrai p;is.
(Ma laison sera un mllorce in du Jour
rfugie cn mon eire)
Uniquement je saurai que j'existe
et ne me verrai mnme pas dans la mer.
Uniquement je saurai qu je crie...
et ne m'entendrai mme pas crier...
Et ainsi j'errerai ternellement
dans l'immensit sans lumire.
AIlRAGE
Debout sur un rocher je contemplai le paysage.
Et je vis plein de joie. come la mer tait bleue.
Et je lanai ma barque i la mer. come un baiser
[aux vagues.
I.A liEVui iNl'.!(il':N : 9)
et je partis!...
Le ciel reflet de la mer se couvrit de nuages
bientt.
Et la mer rinme parlaile du ciel -devint noire.
1A je vis, prisonnier en nia barque, que poinI
[n'lait bleue la mer.
Et je dominai l'impulsion de renverser ma barque
au fond de la mer par une peur inconnue.
Mais djai la quille va au caprice des vagues
et je navigue au hasard.
Ah! si j'avais su en lananli Inia barque
.AFAEL GA.lIRCIA BAlRCINA
.. Tra.nit il.- I' tiil al|i;r J.f(' lfIS IROU31AIN. )
Quelques I):'finitions de la Posie
Si. du rest. j'avais voulu parler des seuls pomes
qui suggrent explicitement, immdiatement l'infini-
les Psaumes. par example, ou le Paradis,- je n'aurais
pas dit que ces pomes tendent i rejoindre la prire
Ils font beaucoup plus; ils la louchent dj; ils se con-
tondent presque avec elle. Ce que j'ai dit me parait
s'appliquer tout pote, dans la measure oit il est pote,
memle s'il n'a jamais compos que des pigrammes.
Nous ne nous plaons pas. mon ami et moi au mme
point de vue. Il parle du pome, pris en soi, et du su-
jet que ce pome nous reprsenle. Moi du pote lui-
mme, en temps que tel. c'est i dire de l'exprience
96 LA REVUE INDIGNE
premiere qui est i l'origine du pome. Cette exprionoi.
si elle est vraiment potique, est toujours une certain
rencontre de Dieu, obscure, du reste, le plus souvelnt;
une certain prise de contact, consciente ou noII'
peu imported, mais relle, mais fconde, avec Dieu.
Quand nous affirmons, crivait Newman, que l'ab.
sence total de sens religieux entraine une absence to.
taje du sens potique, nous n'entendons pas que le pote
doive ncessairement traiter des sujets religieux; nous
ne parlons pas de la matire mme du pome mais de
ses sources profondes.
Avec cele, il va de soi que je ne prends pas ici le
mot prire au sens formel et rigoureux; lvation vo-
lontaire, surnaturelle et mritoire de l'ame vers Dieu.
Entre chanter Sirmione et faire oraison, je mets une
difference. L'inspiration potique tend rejoindre la
prire c'est dire qu'elle conduit la prire, qu'elle
y pousse de tout ce poids don't parent Wordsworth
et Keats. Elle est prire, non pas prcisement analogi-
que ou mtaphorique, mais inchoalive. Qu'on me par-
donne ces gros mots. Elle est don de Dieu; plus encore
elle est Dieului-mme dans ce don. present et s'olfrani,
sub diversis speciebus. Comme toute rencontre de Dieu.
elle est invitation la prire. Le pote qui voudrail
puiser ce don, aller jusqu'au botit de sa grce. finirait
ncessairement par la prire. Nous ne pouvons pas tou:
dire la fois, et. pour l'instant nous devons nous cii
tenir aux aspects ngatifs de notre vaste sujet. i la di-
flrence entire posie et prose.
( La Posie Pure ) :H. BRMOND
de l'Acadmie Franaise.
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1re AN%\E' J':n 1. JCQ..LET 1927. Directeut :E .• Ront.R :HOt"lfER N. Sn ... rAJ! J.' Rm.:-1iAis A.'"iElX DASII. HEl'RTELOC CU. BROt'ARO .. !dmm:dTufiolt : '511 Avenue Chri"tnphe Cbl'Ouiqlle Pr0'TurnUle Quelque:! dfinition:,; de la PlI!:",ie ... Purm,,,,. • • des A ntille" Mt:antlre-" . , Ain;;i IHula l'Onde ..• G. Sn ... .\J:s BAISER M.u:I.\ RILKE de .N'on mL O.' Rotaum,'JA.CQUfl). RiIl.\rS. S.\1:lfT-ftnHF.RT 'PA:iCAL."Fl..')!'1 Er. ri PnrCE I:-JPRnIEHlB MODELE 19-+0, Angle de:o; Rues Courbe & Macajou.:t 20th Str .. et. PQRT."\UPRI.sCE. (HAI;rl,). --............ -1re AN%\E' J':n 1. JCQ..LET 1927. Directeut :E .• Ront.R :HOt"lfER N. Sn ... rAJ! J.' Rm.:iAis A;"iElX DASII. HEl'RTELOC CU. BROt'ARO A.dmm:dTufiolt : '511 A venuc Christophe Cbl'Ouiqlle Pr0'TurnUle Quelque:! dfinition:,; de la PlI!:",ie ... Purm,,,,. • • des A ntille" Mt:antlre-" . , Ain;;i IHula l'Onde ..• G. Sn ... .\J:s BAISER M.u:I.\ RILKE de .N'on mL O.' Rotaum,'JA.CQUfl). R.iIl.\rS. S.\1:lfT-ftnHF.RT 'PA:iCAL."Fl..')!'1 Er. ri PnrCE I:-JPRnIEHlB MODELE 19-+0, Angle de:,; Rues Courbe & Macajou.:t 20th Str .. et. PQRT."\UPRI.NCE. (HAI;rl,). --............ --
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JUILLET urn .. -La::s ARTS E"r LA VIE-• . CHRONIQUE l'n rl!e tle (jeo'!J('s Sy",aIl Pendant tille hlunic dt'
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lioualt', n'nouer la trll s qui mritent l'uHenlion il scfaireconnntre du puhlic. Qui ne \'oilles csprauces qu'il est lgilimc . de concc\'oil' d'une pareillc entreprise L,), Voilit qui serl suffisant cOlllme lu'ogl'nmlllc ct qui m'ptl rgn<:ra;it la peine ,cie i vouscntreleni r longtelnps lllalS li faul; prCiser nos lend"lllces ct ajouter l'idal ancien quelques pensersllouveuux, P01Jrquoi nOlis faisonsunr lurge pari /a Posie, El 1'011 111'.\ dit Pellscz-\'oUS ? llnercnlC d'urt el de lillralul'e, l'Il ce moment, y pel'lsez-\'ous. l'esont jeux el divertisscllIclIls de temps helU'euxt de jours fortuns, on n'a pas Je cur la joie vous n'veillerez aucun ch, qu'est-ce qui lit les \'el's en Holl'e poque)wesse ; de jeulles 1 felllmes ronulnesques etdesadoleseents amonreux,nllons ee Il'(,SI. pas srieux, .le ne \'OLIS. )Hlsde tenler l'uv('nll1re H, L'heure n'est pflS aux l'ires, c'cMnai, Dans 1(' lourbillonnement de nos exislenccsllccl'OV('Z v(>Us pas ('('7 pendant qu'il serait agrable dt' ('Ollsl'Ilir ulle Judie, tille. l't'cration:'J l'ombre l'Il ('COtI la nt l'hlll('!' Il'spo0IesU\s qui mritent l'uHenlion il scfaireconnntre du puhlic. Qui ne \'oilles csprauces qu'il est lgilimc . de concc\'oil' d'une pareillc entreprise L,), Voilit qui serl suffisant cOlllme lu'ogl'nmlllc ct qui m'ptl rgn<:ra;it la peine ,cie i vouscntreleni r longteillps lllalS li faul; prCiser nos lend"lllces ct ajouter l'idal ancien quelques pensersllouveuux, P01Jrquoi nOlis faisonsunr lurge pari /a Posie. El 1'011 111'.\ dit Pellscz-\'oUs ? llnerC\'lIC d'urt el de lillralul'e, l'Il ce moment, y pel'lsez-\ous. l'esont jeux el divertisscllIclIls de temps helU'euxt de jours fortuns, on n'a pas Je cur la joie vous n'veillerez aucun ch, qu'est-ce qui lit les vers en Holl'e poque)wesse ; de jeulles 1 felllmes l'onulnesques etdesadoleseents amonreux,nllons ee Il'(,SI. pas srieux, .le ne \'OLIS. )Hlsde teiller l'uv('nll1re H. L'heure 'n'esl pflS aux l'ires, c'cMnai, Dans 1(' lourbillonnement de nos exislenccsllccl'OV('Z v(>Us pas ('('7 pendant qu'il serait agrable dt' ('Ollsl'Ilir ulle ludle, tille. l't'cration:'J l'ombre l'Il ('COtI la nt l'hlll('!' Il'spo0IesU\r, ((' nouspel'l1iet de mieux. voir t'nnmIS. de jouir du paysage nlricl1l" de pntrer dnlls lcdomainc l1l:'sl(" l'illX des mes ... Toul le prohlme Il'csl-il pus Iii. La posie est un insll'lllllent de cOllllniss
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LA REVl'1:: CO'HI'" S'CD sont alls tds des Ilpotres Yers h's COHH'S tilllides et transi:! t!r>s autres 3 Les doigts nous pOUl' 1:.1 Bonde, La Ronde aulour du monde ! .... Nous voulons que rie tout le pays d'autres voix rpondent. Les chanteurs sont du Nord et ils sont du midi ils chantent le pays hatien. Ils aident le connatre, l'aimer en le connaissant, nous rvlent nousmme, nous donnent des motifs de fiert nationale. Les ides vraies ou fausses que l'ol1.a d'un pays sont celles qu'en donnent les potes, les romanciers. les peintres. les scu!lpteurs. image fidle ou tableau trompeur, 'Les japoneries de Loti, les lllilliutures ont r\'l le .lapon hroque ct galant... Kikou Yamato fZlit pntrer dans celle me japonaise ('Il femme ct en pole sensible ct le pays des cerisiers et des pommiers l'Il Ileul's vit dmls rll1wgillnlion de milliers de lecteurs. Les peuples onl besoin d'une rclame Bonne renomme dit le ,'ieux d!don "aut mieux que ceinture dore.) . Le service de la propagande tait dirig pendant la gue .... e des cr\'uins de valeur et il celle offensive morale u'taient h's communiqus les lalenls Ips Il1cilleu .. s"'des pays beJ;ligranls. C'esl Ginllls autres 3 Les doigts nous pOUl' 1:.1 Bonde, La Ronde aulour du monde ! .... Nous voulons que rie tout le pays d'autres voix rpondent. Les chanteurs sont du Nord et ils sont du midi ils chantent le pays hatien. Ils aident le connatre, l'aimer en le connaissant, nous rvlent nousmme, nous donnent des motifs de fiert nationale. Les ides vraies ou fausses que l'ol1.a d'un pays sont celles qu'en donnent les potes, les romanciers. les peintres. les scu!lpteurs. image fidle ou tableau trompeur, 'Les japoneries de Loti, les lllilliutures ont r\'l le .lapon hroque ct galant... Kikou Yamato fZlit pntrer dans celle me japonaise ('Il femme ct en pole sensible ct le pays des cerisiers et des pommiers l'Il Ileul's vit dmls rll1wgillnlion de milliers de lecteurs. Les peuples onl besoin d'une rclame Bonne renomme dit le ,'ieux d!don "aut mieux que ceinture dore.) . Le service de la propagande tait dirig pendant la gue .... e des cr\'uins de valeur et il celle offensive morale u'taient h's communiqus les lalenls Ips Il1cilleu .. s"'des pays beJ;ligranls. C'est Ginlll
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LA J\E'TE nels. calme dans le tumulte et Je dsarroi. Le cHpilnlH.' . dans' son poste de commandemenl prend le cuhi('r de bord, inscrit ses del'llil'es ohser\'ations ('tJanc :il la . cte une bouteille la mer. De nos espoirs obstins part l'appel d'un antenne ... c'est noh'e bouteille il la mcl .... . Nous voulons essayer de reh'ouYer en commun des rasons de s'aimer dans des raisons de croire. Runt' d'un accord unanime les mes de bonne yolont qui cherchent leur voie et erl'ent latons dans les lnbrs. j les runir paI' l'art. dans la Beaul. Relrouver le lem os ou les hail;enss:ullltlient. 'ou de' vivre tait chez nOlIs une douceul" doucem' enclose dans nos paysages tranquilles entre nos mornes. hleus et la mer qui . Noire Pllblic ... Le lecteur qU 110US choisissons. ('elui qui nous est le plus cher, c'est . le jeune homm' de vingt ans qu'un noble et gnreux enthousiasme qui a encore: une me hrorqut' el fol1e. qui ahl hantise des s.ommets, que le dsir d'excellence 10l'lure, qui rve. d'absolu ... YOUS le beau levain des futures moissons jeune homme en qui nosespoil's sont' endos rai ('on en YOus. Et vous les mres inquites, vous les pres soucieux ql1eson regard pensirme\", flue sa fi\Te el son exallation effraient ra'SSl1J'ez""OUS il est nr pour . de grandes choses.. '.' ... Les jeunes fillt's t1('('s opprimes. les mres de demain qu i auront Pl'lrir l'argile meuble,la pte des mes des enftlllts naill'f'. nous voulons qu'elles nous coulelll, nous .. ons de . reienirlelll' attention. de' .les mouvoir, d(> les faire rflchir avec nous aux deYol's C'oHcdifs. ' .. Nos ides :lInc doctl'lllC.-Ce"n'estpasseulement nu il la tl . e ,que malade. Le problme est de rInleJlide la Il 110US fau,dra . leiller chz nous en nous aidant du bel effort parnllHe men avec un l'are bonheur en Fi'anl'c une cUI'e de re. naissancenalionole. Il y a sur le:' march Irop d'ides fasses .en cours. LA J\E'TE nels. calme dans le tumulte et Je dsarroi. Le cHpilnlH.' . dans' son poste de commandemenl prend le cuhi('r de bord, inscrit ses dCl'Ilil'es ohser\'ations ('tJanc :il la . cte une bouteille la mer. De nos espoirs obstins part l'appel d'un antenne ... c'est noh'e bouteille il la mcl .... . Nous voulons essayer de reh'ouYer en commun des rasons de s'aimer dans des raisons de croire. Runt' d'un accord unanime les mes de bonne yolont qui cherchent leur voie et frl'ent latons dans les lnbrs. j les runir paI' l'art. dans la Beaul. Relrouver le lem os ou les hailienss:ullltlient. 'ou de' vivre tait chez nOlIs une douceul" doucem' enclose dans nos paysages tranquilles entre nos mornes. hleus et la mer qui . Noire Pllblic ... Le lecteur qU 110US choisissons. ('elui qui nous est le plus cher, c'est . le jeune homm' de vingt ans qu'un noble et gnreux enthousiasme qui a encore: une me hrorque el fol1e. qui ahl hantise des s.ommets, que le dsir d'excellence 10l'lure, qui rve. d'absolu ... YOUS le beau levain des futures moissons jeune homme en qui nosespoil's sont' endos rai conen YOus. Et vous les mres inquites, vous les pres soucieux que son regard pensirme\", flue sa fi\Te el son exallation effraient ra'SSl1J'ez""OUS il est nr pour . de grandes choses.. '.' ... Les jeunes fillt's t1('('s opprimes. les mres de demain qu i auront Pl'lrir l'argile meuble,la pte des mes des enftlllts nailre. nous voulons qu'elles nous coulelll, nous !:!ssaieJ'ons de . relf.'llirlelll' attention. de' .les mouvoir, d(> les faire rflchir avec nous aux deYol's C'oHedifs. ' .. Nos ides :lInc doctl'lllC.-Ce"n'estpasseulement l1U il la tl . e ,que malade. Le problme est de rInleJlide la Il nous fau,dra . leiller chz nous en nous aidant du bel effort parnllHe men avec un rare bonheur en Fi'anee une cUI'e de re. naissancenalionole. Il y a SUl' le:' march Irop d'ides fasses .en cours.
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Il nuu!-' faudra rtablir la notion d'ordre, de hirarchie ncessairc dl'S bascs, lIIH' Stlne logique. dl'S crilres' plus justes, tablir la bililiolhque d'un honnle homllll', dwsser les YCl1del1rs de pUfolillc, les diseurs de 1)()l1lleaVelllun', les saltimlwnqucs et les jongleur.;, raire ('Olliwitre les l'ni,'aills probes, les qui IU't'pun'nl il la Fi'?Ill'(' ulle jeuIH'sse sainc et vigoureuse, L'U\'!'e dllllAuguslc Comte, cOlllmenle pm' Maurras, Valois, Galol. La Horme intellectuelle et morale de Bentln, T,aille, Fuslel. Barrs, Le ... j'en , passe, , , . Dans ces penseurs nous prendrons des mthodes de raisollnement cl des modes d'action, ils nous serviront de modles el nous pCl'lllcllront de hli!' unc doclrin<> ' originale. . L'Amriqlle La'/iJ/(' el .ItollS Dans ('ellp .-\ml'quc espagnole et tlllglaisc nOlis nvolls la glol'iellse destine de mainlenil' m'cc le Canada cl les Antilles Ihll1aises les tradillOlls ct la langue' franaise. honneur funeslc et prilleux l'al' il nous valut Ull sicle d'isol.cment... Ln rpublique dominicaine qui partage noIre lerpiloire ne participe pas de cette inforlune, l'Ile app::lI'lient ,une Amrique bltine de 18 rpubliquf's, crivains parlent un public de 90 mil-' lions d'hommes, on reconnat ses joies et ses peines, :\OllS deYCI'l des jeunes nalionalils. L'.:'s historiens de!l callses de leurs I11nlheUl'S essaient, ('OIllIllC IUHlS d'xpliquer la rl:l'e, cc simple phnomne de physique sociale. cc jeu de fOl'ces antagonistes qui se heurtent de s'qllilibrcr cn une statique parfaite. Ils disent '::I\'ons agi ainsi parce qu'indiens. .' . Nous disons Iyolontiel's 110llS nutres parce que n-' . '" . Il nuu!-' faudra rtablir la notion d'ordre, de hirart'hic ncessairc dl'S bascs, lIIH' Stlne logiquC'. dl'S crilres' plus justes, tablir la bililiolhque d'un honnle ho III III l', dwsser les YCl1del1rs de pUfolillc, les diseurs de 1)()l1lleaVclllun', les saltillllwnqucs et les jongleur.;, raire ('olllwilre les l'ni,'aills probes, les qui IU't'pun'nl il la Fi'?Ill't' ulle jeuIH'ssc sainc et vigoureuse, L'u\'l'e dllllAuguslc Comte, cOlllmenle pm' Maurras, Valois, Galol. La Horme intellectuelle et morale de Bentln, T,aille, Fuslel. Barrs, Le ... j'en , passe, , , . Dans ces penseurs !lOUS prendrons des mthodes de raisollnement cl des modes d'ad ion, ils nous serviront de modles el nous pCl'lllcllront de hlil' unc doclrin<> ' originale. . L'Amriqlle La'/iJ/(' el .ItollS Dans ('ellp .-\ml'quc espagnole et tlllglaisc nOlis nvolls la glol'iellse destine de mainlenil' m'cc le Canada cl les Antilles Ihll1tlses les traditlOlls ct la langue' franaise. honneur funesle et pl'illeux l'al' il nous valut Uil sicle d'isol.ement... Ln l'publique dominicaine qui pnrtage noIre lel'piloire ne participe pas de cette inforlune, l'Ile app::lI'lient ,une Amrique bltine de 18 rpubliquf's, crivains parlent un public de 90 mil-' lions d'hommes, on reconnat ses joies et ses peines, :\OllS deYCI'l des jeunes nalionalils. L'.:'s historiens de!l callses de leurs I11nlheUl'S essaient, ('OIllIllC IUHlS d'xpliquer la r:;l'e, cc simple phnomne de physique soriale. cc jeu de fOI'ces antagonistes qui se heurtent de s'qllilibrcl' cn une statique parfaite. Ils disent '::I\'ons agi ainsi paree qu'indiens. .' . Nous disons Iyolontiel's 110llS nutres parce que n-' . '" .
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( j Il n'l'Il l'sI. ri('Il, si soulrerl. si conllu les tn('lll('S :lllg()SSl'S pl:l('l'S clls scm blablt's, d;l\ls des ('I'l'ollsl:l\1('('s presque idl'llliqllt'S, l c Il'csi 111 lHlITl'qu'lldiclls.ni pmn' qlle lll'grt'!'. Ilwis pu\'l't' que hOlllIlH'S; Tous les, hOlllHH.'S, quel qu'ils soielll. placs SOllS le IIll'llll' clilllni. aux prises awc )('S llll'Illes diflicultl'S, auraiellt salis doull' ngt ou n'agi de lllt'\11e .. ' en hOll1llH.'s. Ptlul ml rrlour polHlt .rai l'elH.'clltrl' des hommes cl des lClIltlll'S, Il r\ous sonllnes cOllpabil's dgnol'l'I' l':\lllriqllt'laIne parce que les ol'igllt'S sont :.;elllblnull's el qu'ull gl':llld danger commun nous Illt'nnc(', L.a lulle l'nlre ks t'l'l'oies, ('SIHlgllOlsdl's HIH'CIlIH'S \'ce-roynuls l'! proYIll't'S dl' l'Amrique du Sud, dl'siJ'eux d'l1l1l' v.ic: l'\'iql1e moills ('Ioufl(>c el 1Il1e Illl'iropoll' Hy<1nl des mthodes dl' gOl1HrIlnllfnllrop ',lie! res, el une jeulH'ssl' enflHl11111e pal' Ilos' dl'(' 1 llW 1 ions, pnssilllll'es d('s pellseurs hll'mnni!:1I'l's du li ix-h u.ili {'m l'. sel'\' i S par des III asses hl igl>lft>S Ill!! 1Il',ellc'IllC'11L i>('IIqul'lIst'S, Tl'I1l' t'si t'Il l'neoul'fi J'his!oire 'qui se J'l'Pl'I:! drillS Ioule r,'\llll'riquC'. Simpl'l'Yl'\'olle l'origilH.' puis guelTe (l'l'Illnlll'ip,l\ioll. Lagl'sleh:l";C'lIj", rC'l'l:lil1eIlH'nl s('r\'it dl' It'coll dl' cllOs(' l'I Stll1 S 'p:", v< plus "aste cu', ('P Ill' 1111 p',IS !'('u]tllH'1l1 \:IlV ',' sa JlHI'I tll'S pl'olils. m:ls 1:1 Pl\IS,('t' ,irn'.ic el 1Il1e Illl'iropoll' Hy<1nl des mthodes dl' gOl1HrIlnllfnllrop ',llel res, el une jeulH'ssl' enflHl11111e pal' ks' dl'(' 1 llW 1 ions, pnssilllll'es d('s pellseurs 1IlI'Illnni!:1TS du li ix-h u.ili {'m l'. sel'\' i s par des III asses hl igl'lft>S Ill!! 1Il'.cllc'IllC'11L i>l'lliqul'lIst'S, Tl'I1l' t'si t'Il J'ncoul'fi J'his!oire . qlli se J'l'Pl'I:! drillS Ioule r,'\llll'riquC'. Simpl'l'Yl'\'olle l'origilH.' puis guelTe (l'l'Illnlll'ip,l\ioll. Lagl'sleh:1L;C'IIl". (,l'lnil1ellH'nl s(,J'\'it dl' It'coll dl' cllOs(' l'I Stll1 S 'p:", v< plus ,'aste cu'. Cl' Ill' 1111 p',IS !'('u]tllH'1l1 \:IlV ',' sa JlH!'1 dl'S pl'olils. m:ls 1:1 Pl\IS,('t' .irl't'.i
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i .: :r ,les sll'Ophl'S il Sninlc-1 herl'sl', .. . . . Sarlllicnto, le grand .-\rgelHn pote, polmiste, homIlle d'ad ion n,'anl "cu cel'ttiines de ses <:eu\'I'es onl ({ Fncl1l1do 0 Ci,'ilisnl'on y Barharie expliquc lllcl'\'eil:" lellSPIll('nl les dhuts dc la grande rpublique de ln Pblla. . Lugollcs, EllriqlJ(,l LliTela nous prsentcnt des aspects divcrs (f,. l'thllc aux Illultiples de l'AI'gentille. L'Equatorien Monlalro, nd\'ersnire tl'OP som'ent de pari i pris de Ga rcn 1111111 rc en prose castillane polmisle Yigolll"clIx. Amado :\el'\'o. Alf(;nso Heres dOllllent au dcs . 1c.:'ll1oignagcs inouhliahl(;s. . .Jos Asti Ilcion Si 1 va, San los ChocmlO, nOllls n>caleurs dl' lyrisllle perdu et de cnS de hi-bns, El Hogm" C::mls y us; ;\!osolros, qlle des amis bietl\'cillnllts m'en,'oienl . .lai pi' ainsi npprriel' ln fcondil' men'eil1euse d'ulle U\TC d d'une "ie spirituelle Irop mconnue dll'Z nous. . Trois 110\llS llluskalt; de" \Cllh S Il'llllhrcuses. philosophes C't hOP"1 Etal sont connus ces <\ivers titres,; Les Pros ' !', nes) cfc Huhen Dm'in, le Nicar:!gIH11l q"llial. ,,'op! .ta {rt'dlO parmi lIollS. . i .::/;;:r ,les sll'Ophes il Sninlc-1 herl'se, .. . . . Sarlllicnto, le grand .-\rgelHn pote, polmiste, homIlle d'ad ion n,'anl "cu ('el't{iines de ses <:eu\'I'es onl ({ Fncl1l1do 0 Ci,'ilisnt'on y Barharie expliquc lllcl'\'eil:" lellSPIll('nl les dhuts dl' la grande rpublique de ln Pblla. . Lugolles, EllriqlJ(,l LliTela nous prsentent des aspects divers (f,. j'thlll' aux Illultiples de l'AI'gentille. L'Equatorien Moulalro, nd\'ersnire tl'OP som'ent de pari i pris de Ga rcn 1111111 rc en prose castillane polmisle yigolll"l'lIx. Amado :\cl'ro. Alf(;nso Hcrcs dOllllent au dl's . 1c.:'ll1oignagcs inouhliahl(;s. . .Jos Asti Ilcion Si 1 va, San los ChocmlO, nOllls n>caleurs de lyrisllle pcrdu et de cndelll'es h llI'lll on ellscs . • Je les l'olllwis 11l0t-mllll' lrop peu . .Je nlccllse, les rell<:ollires onl t hrc\'es HU hasanl des leclures, grre il t'l'Ile allal'lHlllle Benie de l'Amrique Latine que tous les illlcllel'lueis haHiens dennient lire, la Rente de (il'Il('ve d quelques l'C,'lIt>S de hi-bns, El Hogm" C::mls y us; ;\!osolros, qlle des amis biell\'cillnllts m'en"oient . .lai pi' ainsi npprriel' ln fcondil' men'eil1euse d'ulle U\TC d d'une "ie spirituelle Irop mconnue dll'Z nous. . Trois 110\llS llluskalt; de" \l'Ilh s Il'llllhreuses. philosophes C't hOP"1 Etal sont connus ces <\ivers titres,; Les Pros ' !', nes) cfc Huhen Dm'in, le Nicar:!gIH11l q"llial. ,,'op! .ta d't'dlO parmi lIollS. .
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. La . li Il . idal ralis, Je chantre d' (1.4./'i(,/ J1)s Ehriql1e Bodo (da plus noble conscience du ('onlinelll connue le safuait rcemment Fl'uncs de premier reprsentant de cct espl'il continenlal qui dpassant Je caare des petites pall'es ('ra el \'oulut la '\>alrie latine, AfutiJilarisml' anglo-saxon il opposa le cu Il'de lu l'Olllprhension du beau pour mieux lu prntique du une .lhique ef une eslhtique hriles cie la Grce antique. rgni'res (Jal' la vertu L'llI'tienne, .UolilJOs de Proteo .) El .lIicador de Prospero •• dvesuccessifs mme docldne lill,raire et sociale exaHnnt les (Ilmhles de la l'aec, el soulignant l'imporl,ance d'une lillralure autochtone, Personnalit au rayonnement consid(>l'able, salu comme un (1 matre dans Ioule "l'Amrique la line (fui SUI' un phlll idal spns doute, comme (iol'the, Henri Heillc .. !'\ielzche, flldes cul'opens}) • .esl un continenlal)} rvant d'un esprit cl d'une Jiltrahu'e a('cessible' toule l'Amrique latine el dans Je domaine politique de ,'asles rl'Olernits ('elrou\'es. ('eUes que rva l'orClgellx hroislll{,}) de Bolivar. . Yenllll'll Gnrch.l Culdcroll (lui le l'ombnt pm-rois rc, lIll outre :lsped de (,'el esprit, cl les divisiolls .. mmes de ses Dmol'I'n 1 iesd'A ml>riq\le Inli Ile.>.' d \'110-: tcnl assez ,'om111enl il enlendl{' pJ'()bll-llle : Guu;/(' Cf' Colombie E(llWI{'ul', YC:'nl-zuh" CO/lfdi;,.,f ''',1 ;Prlwienm': Prou, Bolivie. Crmftlrnlioll de lil h.lla Un!gllH)', Pril':lglHl)', Chili. RH:sil" .4ml'irl.ll( Centrale .. ',exlque, A.ntilles. grollpl'lllenls IOlt'rllHlUl,il inlrlscoll1l1lUlls. ('Ollll1llllHUlt.,:.S ,'nsles nnmlle le ",eul, re (lui au x synl,hses, flUX {'Ollfdctrallons des peilles nnllons 1>0111' rsl&le.I' auxrlpp-,t;ts des de proj{, . , : R\'es dllshll'itt'n l'f cie pellslur. d{' dl'lHnfn! ',Tous les m!rni'l-lil du ('(lIllWill'e lllll'cI,ill'r h.: • pt'.DU el terrible Il\'l'e dL' :\Iallll<.') llg:u;t( (1 El d('!o-hllf) de :,I\Ilt"onlinenle)) . . . ;: ,'" t.,a srie Jos Yns('oll('ellosl ou ln hll'Iu rl'I'i . " yankee,' Cil nols 1ll0nhlllts f'!\' . ;.'. Misll'al. hl chilienne I11flgnalliml" c10nlle (ICI 'relentil clans touh."'.Ia d(' rAllll'ricllIl" du . La . li Il . idal ralis, Je chantre d' (1.4./'i(,/ J1)s Ehriql1e Bodo (da plus noble conscience du ('onlinelll connue le safuait rcemment Fl'uncs de premier reprsentant de cct espl'il continenlal qui dpassant Je caare des petites pall'es ('ra el \'oulut la '\>alrie latine, AfutiJilarisml' anglo-saxon il opposa le cu Il'de lu l'Olllprhension du beau pour mieux lu prntique du une .lhique ef une eslhtique hriles cie la Grce antique. rgni'res (Jal' la vertu L'llI'tienne, .UolilJOs de Proteo .) El .lIicador de Prospero •• dvesuccessifs mme docldne lill,raire et sociale exaHnnt les (Ilmhles de la l'aec, el soulignant l'imporl,ance d'une lillralure autochtone, Personnalit au rayonnement consid(>l'able, salu comme un (1 matre dans Ioule "l'Amrique la line (fui SUI' un phlll idal spns doute, comme {iol'the, Henri Heillc .. !'\ielzche, flldes cul'opens}) • .esl un continenlal)} rvant d'un esprit cl d'une Jiltrahu'e a('cessible' toule l'Amrique latine el dans Je domaine politique de ,'asles rl'Olernits ('elrou\'es. ('eUes que rva l'or:lgellx hroislll{,}) de Bolivar. . Yenllll'll Gnrcll Culdcroll (lui le l'ombnt pm-rois l'C, lIll outre :lsped de (,'el esprit, cl les divisiolls .. mmes de ses Dmol'I'n liesd'Aml>riq\le Inl Ile.>.' di'Il\!: tcnl assez ,'om111enl il enlendl{' pJ'()bll-llle : Guu;/(' Cf' Colombie E(llWI{'ul', YC:'nl-zuh" CO/lfdi;,.,f ''',1 ;Prlwienm': Prou, Bolivie. Crmftlrnlioll de lil h.lla Un!glHl)', Pril':lglHl)', Chili. RH:sil" .4ml'irl.ll( Centrale .. ',exlque, A.ntilles. grollpl'lllenls IOlt'rllHlUl,il inlrlscoll1l1lUlls. ('Ollll1llllHUlt.,:.S ,'nsles nnmlle le ",eul, re (lui au x synl,hses, flUX {'Ol1-fdctrallons des peilles nnllons 1>0111' rsl&le.I' auxrlpp-,t;ts des de proj{, . , : R\'es dllshll'itt'n l'f cie pellslUI'. d{' dl'IlHliil! ',Tous les m!rni'l-lil du ('(lIllWill'e lllll'cI,ill'r h.: • pt'.DU el terrible Il\'l'e dL' :\Iallll<.') llg:u;t( (1 El d('!o-hllf) de :,I\Ilt"onlinenle)) . . . ;: ,'" t.,a srie de Jos Yns('oll('ellosl ou ln hll'Iu rl'I'i . " yankee,' Cil nols 1ll0nhlllts f'!\' . ;.'. (Jabriela MislI'al. hl chilienne I11flgnalliml" c10nlle (ICI 'relentil clans touh."'.Ia d(' rAllll'ricllIl" du
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de la ,'aee tatine justcllll'nt elhaye de la rue saXOllne.', .Jualla [ barboua-on sensible et frissonnante, cr,it sur des fleurs avec l'encre de la rose :'. Plus prs de nous AnterigoLugo,Fabio Fiallo,LeiHen. l'quez, et hmt (lue j'ignore dont les fraternels demeUl'enl jmnais perdus pour nous, . Nous avons il letiu' fuire connaitre notre apport bien mince encore sans doute il l'uy,re de civilisation latine mais que l'on aurait tOl't de, xagrment voire de l'ignorer tou t a fnit. A nous de produire nos titres, de faire notre preuve, i • Plus humain, -Enfin nous devons travailler crer l'homm qui vient, le citoyen de l'avenir, le citoyen de l'humanit, d'une humallit l'ellouvcle -J'entend, les l'ris et le tumulle des pharisictls-pourqui \Ies l'rontil'cs.les diftrcncesderaces, lcs positions go .... graphiques n'Q.ut que leurs va-Ieul's d'aCCidents nces .... limitant le cJutmj) que nous cultivons mais qui n'entament en rien l'identit douloureuse des conscien ces, Voila celui que 1l011scherchons: l'homme qui vient. celui qu'appelait et qu'attendait Coicou, l'ami. le l'I'l'e pOlU' qui nOLIs. avons une tendresse toute prte. essaierons de le crer ("n nous, autour de nous.' Cependant qlle l'on ne se trompe SUI' nos intentions et . _.nos penses et que l'Dllne nous ll'uhisse.en nous interprIII diversit des patries est ncessnire cc Heureux. ('eux qui sont morts peur les cits chal'l1eJIes car elles; sont le corps de ln cit de Dieu. disait Pguy. Ce sont terroirs d'lection. crdl'es prdestins il l'closion merveineuse de planles dissemblables et pourtant proches, parentes. ..' Ce que nous ldchel'Ons de fatre de noire revue. Un tableau fidl et vivant des diverses manifestations de la vie et de la pense hatienne contemporaine. Vie intellectuelle et artisl.iqu. vie conomique et. commerciale .. Le point de vue IUlitien des questions. la faon dont envisageons les choses el COmQl on fail une manire d'insulte du mot indigne nous le
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10 d'hailiennel yoil qui semble t"HI'udriscl' 1101rt.' jeUll(' posie, t't Houiller dont rll\Te nous pnrait sigllifkali\e m'el." ,les moyens dHl'renls el des tempramenls arlisliqm's particuliers onl r<.'ndn charme des paysages de r!H.'Z nous l'UIl t'Il rellX, Houmer; l'nlllre ('Il miniaturiste cli'lic:al, noire tro-giIe Philo, . . .' . Onrell'ouvern dans rhumollrde PtllH'h, J'l'cho bonoehllmeur. Le rire danslc hronillord dfinissail Ikkobl'u.iI .. Il' v; a pas de bnmillnl'd dans rnH: de noIre mi. • Ds noIre prodwine li"raison J'llll de nOlis dj . enlrepri,se pOl' les grrmds c1nir\'oy:l1lts d'outrerols : un Edmond Paul, un JusLn Dvot, un Lon Andain. st:ra continue avec moins d honheurpeut-.i!lrC', mais OH'C une gale I)otlilc foi et la pl!!.5 Nous ymous continuer. prt'IHlre r:lIlg, dnll" lU de ceux.qui peinrent pour qu'il y allll1jotlJ' 1I1H'Haili. prospre, heureuse. li bre. l\: OIl)IIL G. ' 10 d'hailiennel yoil qui semble t"HI'udriscl' 1101rt.' jeUll(' posie, t't Houiller dont rll\Te nous pnrait sigllifkali\e m'el." ,les moyens dHl'renls el des tempramenls arlisliqm's particuliers onl r<.'ndn charme des paysages de r!H.'Z nous l'UIl t'Il rellX, Houmer; l'nlllre ('Il miniaturiste cli'lic:al, noire tro-giIe Philo, . . .' . Onrell'ouvern dans rhumollrde PtllH'h, J'l'cho bonoehllmeur. Le rire danslc hronillord dfinissail Ikkobl'u.il .. Il' v; a pas de bnmillnl'd dans rnH: de noIre mi. • Ds noIre prodwine li"raison J'llll de nOlis dj . enlrepri,se pOl' les grrmds c1nir\'oy:l11ts d'outrerols : un Edmond Paul, un JusLn Dvot, un Lon Andain. st:ra continue avec moins d honheurpeut-.i!lrC', mais OH'C une gale I)otlilc foi et la pl!!.5 Nous ymous contilluer. prt'IHlre r:lIlg, dnll" lU de ceux.qui peinrent pour qu'il y allll1jotlf 1I1H'Haili. prospre, heureuse. li bre. l\: (11)111. G. '
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Quelques Diinitions de la Posie ... HAI:\EII HII.I\E ..• . . . Les \'t'rs Ile sOlll pas ("Olllllll' cerlains croient, des sentimellts, (on les u loujours assez tt) cc sont des expriences. Pour Ull seul vcrs il faut ::l\'oil' VlI beaucoup de \'illes, d'hommes et de choses, il t'aut connatre Ics animaux, il fuut sentir comment ,"olcm les oiseaux ct sa\'oil' quclmouH'llIenl font les petites fleurs Cil S'Oll\Tmlt le malin. Il faut pouvoir rl'pcnser il des chcmins dans des rgions il dts rcncontres inattendues, dcs dparts
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12 (Les Cahiers de:\1. L. Briggt) H:\I:'\EH M:\HL\ BILIm -BiIl\.l' rul l'lIll plus gl'nnds lyriques Ct' lllngnilique It>llloignagl' sur la po(>sie -qui vaut un ;ll-sbeau pome -l'st lirt-d'une manire d'autobiographie o ce visionlluire surprena nI sc raconle, les cahiers de Malte LauridsBrigge paru en 190Uln .. duit par Maurice Belz el que nous l't-yla la collecl ion des Contemporains D'origine slave Hilke eslnt-il PrHglle. C'esl un pes premiers el1ropcns les rvaitXietzche'. Non par ses doctrines conime Homain Holhmd mais pal' la connaissance que ses voyages lui donnrent de l'Europe -Autdchien de'naissance, allemand par son pre il.sjourna il Vienne pendant sa premire jeunesse finit ses tudes il Munich, habita tOl11' il tour :\Joscou, Viennl', Paris, Rome el ses cl'ranls le portrent de la Sude il .l'Espagne et mmechms les pays fic soleil du NOI'd Afrique: Algrie, Tunisie. Il de\'al ("n rapporter un monde d'impressions I1lt'l'vcillellscment harmonises et rendues amplifie! p!lr ln sensibilit tr(>s riche.cJuc l'on a pli apprcier. Il '8 des anlrlllles rrmissanl('s .... ' \ ••• Que tes Vers rconfortent C0l11111elllle poigne th nUl i n qu'on y senle vibrer, rrat('rneJ. un clll' humain. Oublier la-Ieon apprise. les liVl'cs lus, les souvenirs fadices, les sentiments ,"oui us. Peu impOl'le 'que la rime sonlle comme un gl'elql. Peu 'importe le pour rhylmC"r-nos sanglot!';. Comtempler l'univers i"omme unpelit de son regard avide ,et de son 'il gouniulIld, tirer de chaque chose sa part de beaut, dcouvrir en tremblant une humble vrlt-. . Il faut simple, sim')C', comme UI1 mourant. NORMIL S'\1j'AlN. 12 (Les Cahiers de:\1. L. Briggt) H:\I:'\EH M:\HL\ BILIm -BiIl\.l' rul l'lIll plus gl'nnds lyriques Ct' lllngnilique It>llloignagl' sur la po(>sie -qui vaut un ;ll-sbeau pome -l'st lirt-d'une manire d'autobiographie o ce visionlluire surprena nI sc raconle, les cahiers de Malte LauridsBriggc paru en 190Uln .. duit par Maurice Belz el quc nous l't-yla la collecl ion des Contemporains D'origine slave Hilke cslnt-il PrHgllc. C'esl un pes premiers el1ropcns eOllllllC les rvaitXietzche'. Non par ses doctrines conime Homain Holhmd mais pal' la connaissance que ses voyages lui donnrent de l'Europe -Autdchien de'naissance, allemand par son pre il.sjourna il Vienne pendant sa premire jeunesse finit ses tudes il Munich, habita tOl11' il tour :\Joscou, Viennl', Paris, Rome el ses cl'ranls le portrent de la Sude il .l'Espagne et mmechms les pays fic soleil du NOI'd Afrique: Algrie, Tunisie. Il de\'al ("n rapporter un monde d'impressions I1lt'rvcillellsement harmonises et rendues amplifie! p!lr ln sensibilit tr(>s riche.cJuc l'on a pli apprcier. Il '8 des an!rlllles rrmissanl('s .... ' \ ... Que tes Vers rconfortent conllllelille poigne th nUl i n qu'on y senle vibrer, rrat('rlleJ. un clll' humain. Oublier la-Ieon apprise. les lines lus, les souvenirs factices, les sentiments ,"ou/us. Peu impOl'le 'que la rime sonlle comme un gl'elql, Peu 'importe Je pour rh)'lmcl'-nos sanglot!';. Comtempler l'univers i"omme unpelit de son regard avide ,et de son 'il gouniulIld, tirer de chaque chose sa part de beaut, dcouvrir en tremblant ulle humble vrlt-. . Il faut simple, sim')C', comme un mourant. NORMIL S'\1j'AlN.
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13 , Sous la Varangue l'II "iISC de ni!;lul,
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14 "'"Uf;Vl,"E INDIGNE Foot-BalI l'quipe de St. Louis de Gonzague. L'arbitre ... L'avant-centre est presque en quilibre pour le shoot ..• Dbordant la Iigne,les ailiers agiles, les demis dans . le team palpite. harmonieux, sOlIsle ciel libl'e. Signal. .. Le coup d'envoi; c'est une aile qui vibre; .. ' la boule retentit comme au flanc des voiliers . la mer, la grande mer qUt!challtele fHbre; les arrires massifs sont de mouvants pilie.rs. J..,a passe fr.! lU it longue. 011 le bloque. et la lutte grouille autour du gardien qui se dfend mais butte contre un corps affal. l'omme brom'he un mulet. . Et brusque. shoot au bul... On dirait le front ,:l'un bonze qui s'enroule aux mailles du filet. Qu'on me centre il nouveau le ballon de cuir faun' (Pomes d'Hati el de F'ranc) E)lILE Houl\lEl\ Cent Amon e:r(:ellelft C'amal'di: SyllJio .. Quatre. Bainasss cOlllme des fauves. Quatre hOlUlue,s Les l1.ergies bandes' telles dS l'OI'des se sentent fluidiques, se heurlenl forles d'embrocation, . ;nerveusement se fl'oissent" . Angoisse. Angoisse .' 'dt! l'aUente. Invocation:' Starter, 0 Stm'Iel' tire, dlivre . 14 "'-'Uf;VCE.INDIGNE Foot-BalI l'quipe de St. Louis de Gonzague. L'arbitre ... L'avant-centre est presque en quilibre pour le shoot ..• Dbordant la Iigne,les ailiers agiles, les demis dans . le team palpite. harmonieux, sOlIsle ciel libl'e. Signal. .. Le coup d'envoi; c'est une aile qui vibre; .. ' la boule retentit comme au flanc des voiliers . la mer, la grande mer qUt!challtele fHbre; les arrires massifs sont de mouvants pilie.rs. J..,a passe fr.! lU it longue. 011 le bloque. et la lutte grouille autour du gardien qui se dfend mais butte contre un corps affal. l'omme brom'he un mulel. . Et brusque. shoot au bul... On dirait le front ,:l'un bonze qui s'enroule aux mailles du filet. Qu'on me centre il nouveau le ballon de cuir faU\'l' (Pomes d'Hati el de Franc) E)lILE Houl\lEl\ Cent Amon e:r(:ellelft C'amal'di: SyllJio .. Quatre. Bainasss cOlllme des fauves. Quatre hOlUlue,s Les l1.ergies bandes' telles. dS l'OI'des se sentent fluidiques, se heurlenl forles d'embrocation, . ;nerveusement se fl'oissent, . . Angoisse. Angoisse .' 'dt! l'aUente. Invocation:' Starter, 0 Stm'I<.'I tire, dlivre .
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LA REVUE INDIGNE Nous --Prts? Bras, hlices brusquement dclanches par le pistolet tournant perdument . en quart de cercle. Vingt mtres. Tous de front. Bien-tre; . volupt du vent enrre les dents. Cinquante mtres; deux lchent pied. Hchent l'air. Bcherons de la fatigue qui, colle les muscles au sol. .. Les deux autres de front. Quatrevingt mtres. L'un pense: Passerai-je? 0 passerai-je? Souffrance, Souffrance du petit marteau contre l'enclume de ma tempe Souffrance du trou noir entre la misre de mes jambes et l'arrive. Je veux . .Te passe. Non . • Te veux. Je passe L'autre: Ha ! mon corps las Ha 1 mes poumons . carburateurs douloureux dans rpa poitrine en feu. Dernier effort du corps projet . contr le fil. Rictus de Promthe dlivr. Trombe. Enfin . • ( Journaux du lendmain:' Un tel, gagn d'une poitrine) . . L'herbe une verte et fraiche tombe. ROUMAltot. 15 LA REVUE INDIGNE Nous --Prts? Bras, hlices brusquement dclanches par le pistolet tournant perdument . en quart de cercle. Vingt mtres. Tous de front. Bien-tre; . volupt du vent enrre les dents. Cinquante mtres; deux lchent pied. Hchent l'air. Bcherons de la fatigue qui, colle les muscles au sol. .. Les deux autres de front. Quatrevingt mtres. L'un pense: Passerai-je? 0 passerai-je? Souffrance, Souffrance du petit marteau contre l'enclume de ma tempe Souffrance du trou noir entre la misre de mes jambes et l'arrive. Je veux . .Te passe. Non . • Te veux. Je passe L'autre: Ha ! mon corps las Ha 1 mes poumons . carburateurs douloureux dans rpa poitrine en feu. Dernier effort du corps projet . contr le fil. Rictus de Promthe dlivr. Trombe. Enfin . • ( Journaux du lendmain:' Un tel, gagn d'une poitrine) . . L'herbe une verte et fraiche tombe. ROUMAltot. 15
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,l'LA J:E\TE IXOIG?::' Poerne , Lune, globe {rHrgcnt au::t l'hll',li's sonllolenles Quel pome\'iens-tucontel' aux flols Immpeul's , Quand les cloches du soir d.iuc, o fleur du ciel close au jardin de la l!uil. Et pal'"installts, suave el ple ctlulilllC ,Monte le yythme lenl de la \'!lgne qui luit. o HeUl' du ciel close uujal'in de ln nuil, De l'ocan aux. voix profon(Jcs et loinlaines Monte le l'ythme lent de la "agup "qui luil Orcheslre de sanglots' fl!gllS, de plaintes vtlincs .... Et l'ocan aux voix pl'ofondt,s et loinluil1cs Frmit sous les bais,el's de noil's oiseaux de lIll'I', Orchestre de sangJots aigus. de plainles vaines. Les grands mlsflagells pJongent au gouffre amer Qund les cloches' du soir c1airs el lfmolenles Diront leurs Anglus pleiris douceurs, Lune, sous tes c1arls douces et somnolentes' , L'ocan rythmero pomes ,l'LA J:E\TE IXOIG?::' Poerne , Lune, globe (rHrgcnt au::t l'hll',li's sonllolenles Quel pome\'iens-tucontcl' aux flols Immpeul's , Quand les cloches du soir d.iuc, o fleur du ciel close au jardin de la l!uil. Et pal'"installts, suave el ple ctlulilllC ,Monte le yythme lenl de la \'!lgnc qui luit. o HeUl' du ciel close uujal'in de ln nuil, De l'ocan aux. voix profon(Jcs et loinlaines Monte le l'ythme lent de la "agup "qui luil Orcheslre de sanglots' fl!gllS, de plaintes vtlincs .... Et l'ocan aux voix pl'ofondt,s et lointuil1cs Frmit sous les bais,el's de noil's oiseaux de lIll'I', Orchestre de sangJots aigus. de plainles vaines. Les grands mlsflagells pJongent au gouffre amer Qund les cloches' du soir c1ail's el lfmolenles Diront leurs Anglus pleiris douceurs, Lune, sous tes c1arls douces et somnole'ntes' , L'ocan rythmero pomes
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LA REVUE ISDIGNE PAYSAGES DES ANTILLES LA VAGNE 1 17 Il pleut sur La Vague. Rien ne me semble plus triste "e la pluie la campa-:-glle, SUI' les arbres immobiles, qu on les croit'ait .sans vie. Pas un souffle n'agite leurs frondaisons. Il pleut dru, mais fil}ement. Ce n'est pas une averse r Le ciel n'a pas cette nuance sombre des temps d'orage; l'atmospbre n'est pas lourde. Il fait frais, presque uon, L'horizon est clair. A peine estomp sous la h'ame lgre et tnue de l'onde, -trame contmuellement tisse et dans tous les sens ... De temps en temps la tl'aversent, des oiseaux: couples de l'nmiers attards, descendant des monts, vers les Figuiers et les Mombins de la rivire; des jondelles , venues je ne sais d'ot\,-d'e Fauch peut-tre, ou des Salines de Trouin, '"'"""; pareilles des bouts de flches casses, ont l'air de petites croix suspendues dans le vide. Un Mallsfni passe ... Il pleut toujours. Les gouttelettes IAchent de gris les des palmiers ou coulent en rigoles minuscules sur les pennes d'meraude des Bananiers. Le feuillage des Manioc est lav et d'un vert plus fonc. . Dj brille nn rayon de soleil; puis deux; puis trois ..• C'est l'claircie. Onde bienfaisante 1 Les champs avaient soif. La vie reprend. Les Sarah multicolores piaillent dans les rameaux des Gommiers . Un yol de perruches , des cailles sappelll!'nt. La brise dvale des hauteurs rveilles. houle travers les grandes herbes resplendissantes de mica et ndul\. apporte le parfum vivifiant dessapins ou de la bonne terre mouille. . LA REVUE ISDIGNE PAYSAGES DES ANTILLES LA VAGNE 1 17 Il pleut sur La Vague. Rien ne me semble plus triste "e la pluie la campa-:-glle, SUI' les arbres immobiles, qu on les croit'ait .sans vie. Pas un souffle n'agite leurs frondaisons. Il pleut dru, mais fil}ement. Ce n'est pas une averse r Le ciel n'a pas cette nuance sombre des temps d'orage; l'atmospbre n'est pas lourde. Il fait frais, presque uon, L'horizon est clair. A peine estomp sous la h'ame lgre et tnue de l'onde, -trame contmuellement tisse et dans tous les sens ... De temps en temps la tl'aversent, des oiseaux: couples de l'nmiers attards, descendant des monts, vers les Figuiers et les Mombins de la rivire; des jondelles , venues je ne sais d'ot\,-d'e Fauch peut-tre, ou des Salines de Trouin, '"'"""; pareilles des bouts de flches casses, ont l'air de petites croix suspendues dans le vide. Un Mallsfni passe ... Il pleut toujours. Les gouttelettes IAchent de gris les des palmiers ou coulent en rigoles minuscules sur les pennes d'meraude des Bananiers. Le feuillage des Manioc est lav et d'un vert plus fonc. . Dj brille un rayon de soleil; puis deux; puis trois ..• C'est l'claircie. Onde bienfaisante 1 Les champs avaient soif. La vie reprend. Les Sarah multicolores piaillent dans les rameaux des Gommiers . Un yol de perruches , des cailles sappelll!'nt. La brise dvale des hauteurs rveilles. houle travers les grandes herbes resplendissantes de mica et ndul\. apporte le parfum vivifiant dessapins ou de la bonne terre mouille. .
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18 LA HE\TE Un colibri fuil: Ill-lu-lll; des ,troglodyles sifflolenl;. Jp ( Ounnga-ngncss li jt'II(' SOli cri pCl'ulll el Jill' ('omme lIlI lI'al. J'elllellds des chn'talli de pinladcullx, cn mllW
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1.,\ HE\TE Des globes d'or pendent. pal'cilles il des boncles, d'oreilles. -aux rameaux des OI'angel's. Je hume seusuelleme III le purfum dcs llulIlgues mlll'es ct des momhinsjonchant le sol. Un Ham-l'haroi bahille encore. quclque pari, penlu dans la feuille tandis qU'clate le gl'Os l'ire bnvanJescomeilles, Vn chant mlancolique au l'vlhme des ballol's. monte des Hives del'Al'tihonite. Il y li ds ilavandil'es. . LIl ne braie; des chiens jappent; des cailles sifflent ... Vil vol .ffrn de jacquots ))crensaat le ciel d'un sillage vert el rouge. Puis rien; puis le silence: C'est le prs de tropical: Heure de. solitude 1 Sp.ul, IlHlilllenalll pOUlj enchantel" les hois assoupis dans leur siestel:sol.lIle le Chlll" magnifiqlle des. cigales. folles d'amour. de lumire et de vie 1.. .. :.. ' 11\ sile est joli. Ln Iller y csl pillol'esqlle. Xos bonnes gens de l'endroit rappellent (1 mel" frappe . Eans doute IHlI'c.equ'en se brisant SUI' les roches et les galets blancs el. gris du rivage, elle y laisse u ne mousse fouelle .... A quelques pas. Uil lieu propice aux songeries et /.lUX lec tllres. C'est une petite IInse, Une eau calme et peu profonde. Des barques de pche s'y dodillP.lll. ' a et l, -sur grve, -des Il:lsses de roseaux; dans les fouillis d'arbustes d'o metgent. comme des baguettes, ls liges sYClles et fines dcsJollcs. Pour ahl'itel' du soleil: un plafond de l'ouvrage! dUlIelles majestueuses futaies et les Imyahondes Ollt lfni . leurs frolutnisolls. Lestourlel'elles; brunes aux veux hleus; viennent s'y reposer le jour. les me l'les y nicher la nuit. Les chevelures Tcrles et frises des bambous rafrachissent l'air hrlnnl. ' Hetraile cnlme el paisible, dont le silence. pur instanll ' , Il'est trouhl que pm' le chant nostalgique de femmes a'u la voir; des blements de cab rUs, des appels stridents de.rles ou d'chassiers hauts sur palles ct laids, l'appel d'amour, le l"Oucoulement tendre des perdl'ix grises. In plainte des feuilles sches SOl1S le pas menu des lzards ou le bruisse,.. ment harmonieux de la brise dans l'ventail. des Et dominant lout ce paysage. -quand MIDI broie la campagne de sa rude treinte, et tincelle au large. -le bourdon jamais faux, mais monotone du flux ... ROBJ':RT 1.,\ HE\TE Des globes d'or pendent. pal'cilles il des boncles, d'oreilles. -aux rameaux des OI'angel's. Je hume seusuelleme III le parfum dcs llulIlgues mlll'es ct des momhinsjonchant le sol. Un Ham-l'haroi bahille encore. quclque pari, penlu dans la feuille tundis qU'clate le gl'Os l'ire bnvanJescomeilles, Vn chant mlancolique au l'vlhme des ballol's. monte des Hives del'Al'tihonite. Il y li ds ilavandil'es. . LIl ne braie; des chiens jappent; des cailles sifflent ... Vil vol .ffrn de jacquots ))crensaat le ciel d'un sillage vert el rouge. Puis rien; puis le silence: C'est le prs de tropical: Heure de. solitude 1 Sp.ul, IlHlilllentllll pOUlj enchantel" les hois assoupis dans leur siestel:sol.lIle le Chlll" magnifique des. cigales. folles d'amour. de lumire et de vie 1.. .. :.. ' 11\ sile est joli. Ln Iller y csl pillol'esqlle. Xos bonnes gens de l'endroit rappellent (1 mel" frappe . mils doute IHlI'c.equ'en se brisant SUI' les roches et les galets blancs el. gris du rivage, elle y laisse u ne mousse fouelle .... A quelques pas. Uil lieu propice aux songeries et /.lUX lec tllres. C'est une petite IInse, Une eau calme et peu profonde. Des barques de pche s'y dodiwlll. ' a et l, -sur grve, -des Il:lsses de roseaux; dans les fouillis d'arbustes d'o metgent. comme des baguettes, ls liges sYClles et fines dcsJollcs. Pour ahl'itel' du soleil: un plafond de l'ouvrage! dUlIelles majestueuses futaies et les Imyahondes Ollt lfni . leurs frolutnisolls. Lestourlel'elles; brunes aux veux hleus; viennent s'y reposer le jour. les me l'les y nicher la nuit. Les chevelures Tcrles et frises des bambous rafrachissent l'air hrlnnl. ' Hetraile cnlme el paisible, dont le silence. pur instanll ' , Il'est trouhl que pm' le chant nostalgique de femmes a'u la voir; des blements de cab rUs, des appels stridents de.rles ou d'chassiers hauts sur palles ct laids, l'appel d'amour, le l"Oucoulement tendre des perdl'ix grises. In plainte des feuilles sches SOl1S le pas menu des lzards ou le bruisse,.. ment harmonieux de la brise dans l'ventail. des Et dominant lout ce paysage. -quand MIDI broie la campagne de sa rude treinte, et tincelle au large. -le bourdon jamais faux, mais monotone du flux ... ROBJ':RT
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20 LA REVVE Mandres Je n'alourdirai pas les pomes (Jue VOliS allez entendreun pome n'est-il pas loujours un chant. et mm'elu des yeux ne chante fil pas en nous d'ucune glol'e maladroite; pour vous introduire dans l'me de mon and je serail. sans doute. un guide suffisament averti je l'aftet'lionne assez et cela suffit, mais peu-t-tre m'en voudrai[ il de troubler son intimit, Je ne vais donc pas lenlrl' de vous l'expliqut'I'' (,'('si un travaHtrop dlicat alors qu'il ,est dj si dit'llcile de \'oi" clair en soiconnait-on jamais assez son voisin pour Ile 'I)as craindre de le trahir en dnonant ses intentions Je vous invite seulement communier avec moi "11 ln beaut -le travail du cdtique est il autre chose qu'un acle de foi et d'amour. Nous nous promenons en lUl jnrdin mel'veilleux, je cueille 'pour vous en faire hommage mes nmis ca, je lldmels me lire que des Ames frnternelles, les compagnons bu-' voles qui sentent comme nous des l'oses rO)'ales des j!'mins troublanls. des f.'angipanE's llles ••. un aull'e vipndra qui cbenillel'a, fe,'a tomberJes gourmands, rectifiera J'nli gnement. Pour moi l'ombre prol)ce, renu qui chante, les planles vivaces. et drues me plaisent pour pl'omener mou Ilollchn loir et j'coute la chanson du trouvre ... une d18mmn frle d'amolll'eux ... il s'acompagne de la viole ou dE' h\ mandore, les mots sont qui disaient la joie des clbrent les rencontres, magnifient l'exlase, C'E'I'd un prlu. de calnle ou un chant ardent ... Le pote est J'ge du rve, Il murmure ses pomes voix bal\se' pianissimo amo rose. Le soit' est confidentiel. Le jardin s'est fuit pins inli me. L'heure est. prcieuse. Les femmE's rendnes gl'avf's ont cess leurs ramages, L'une d'elle a fl'Jsonn, d'lm geslefriJeux. sur son paule a ramen l'chal'pe qui tomJ)ait •. tHl<> autre ajoint leS' mains. et .rai Vll dans l'eau sombre de vos regards. notre am,te. une toile d'or qui dansait, borneprnche au Bord dcs cils .... . Il est de ces musiques' qui atlendrissf'nt. douttmenl fendre et tendrement mNancoliqlles. et puis les femmes ont des curs pIns sensiblel, et promptes .. J'ihlel1igence de l'Ame... ' , Eoutez la chanson bien dC?l1ce .. ", 20 LA REVVE Mandres Je n'alourdirai pas les pomes (Jue VOliS allez entendreun pome n'est-il pas loujours un chant. et mm'elu des yeux ne chante fil pas en nous d'ucune glol'e maladroite; pour vous introduire dans l'me de mon and je serail. sans doute. un guide suffisament averti je l'aftet'lionne assez et cela suffit, mais peu-t-tre m'en voudrai[ il de troubler son intimit, Je ne vais donc pas lenlrl' de vous l'expliqut'I'' (,'('si un travaHtrop dlicat alors qu'il ,est dj si dit'llcile de \'oi" clair en soiconnait-on jamais assez son voisin pour Ile 'I)as craindre de le trahir en dnonant ses intentions Je vous invite seulement communier avec moi "11 ln beaut -le travail du cdtique est il autre chose qu'un acle de foi et d'amour. Nous nous promenons en lUl jnrdin mel'veilleux, je cueille 'pour vous en faire hommage mes nmis ca, je lldmels me lire que des Ames frnternelles, les compagnons bu-' voles qui sentent comme nous des l'oses rO)'ales des j!'mins troublanls. des f.'angipanE's llles ••. un aull'e vipndra qui cbenillel'a, fe,'a tomberJes gourmands, rectifiera J'nli gnement. Pour moi l'ombre prol)ce, renu qui chante, les planles vivaces. et drues me plaisent pour pl'omener mou Ilollchn loir et j'coute la chanson du trouvre ... une dmlUmn frle d'amolll'eux ... il s'acompagne de la viole ou dE' h\ mandore, les mots sont qui disaient la joie des clbrent Jes rencontres, magnifient l'exlase, C'E'I'd un prlu. de calnle ou un chant ardent ... Le pote est J'ge du rve, Il murmure ses pomes voix bal\se' pianissimo amo rose. Le soit' est confidentiel. Le jardin s'est fuit pins inli me. L'heure est. prcieuse. Les femmE's rendnes gl'aVf'5 ont cess leurs ramages, L'une d'elle a fl'Jsonn, d'lln geslefriJeux. sur son paule a ramen l'chal'pe qui tomJ)ait •. tHl<> autre ajoint leS' mains. et .rai Vll dans l'eau sombre de vos regards. notre am,te. une toile d'or qui dansait, borneprnche au sord dcs cils .... . Il est de ces musiques' qui atlendrisst"nt. douttmenl fendre et tendrement mNancoliqlles. et puis les femmes ont des curs pIns sensible., et promptes .. rihlel1igence de l'Ame... ' , Eoutez la chanson bien dC?l1ce .. ",
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DISCRTIOX vous l'OU lez que l'otn! pro:oeru'e "t! t10U('jl, ne me ditf's Et :,oell/e la .voixdu Silence ElIIvlb",e not!'e gnwe entretien .. :-;i vous ''OU lez que je vous comprenne, Que me parlent yeux illeulem.-nt Et que vos lvrell, comme les miennes, Gardent les pli:.; du recueillement. Si vous voulpz que parfof; je pensf! A vous qui illur Illon chemin, Ne murmulez rien mil. soulfrance Et partez tlOIlS nIe toucher la main. Partez comme vou!> te:.; venue, Pas de mots de terH.tre""e ou d'adieu. Ma tristesse "l'lit inconnllP. Les mol" qu'on tait le mieux ... LEON LALF..Au. Les Oublis Toul Je jour, des visages ples Se sout penchs vel's les lombeaux. Et leurs soupirs et leurs sanglots Ont brui parmi les ptales Des lvres, tremblanles d'amour, Ont dit de trs lentes prires Afin qp'en l'ternel sjour Leur vie, aux morls, soit moinsmnre. r ... tllul cependant n'a pens Que, plus morts que les mort eux-mmes Les curs, par d'autres dlaiss(s. Ont ltUssi besoin qu'on les aime. Ainsi des mes que L\moUl' Peut tre a pOUl' toUjoUl'S broyes, Ont mme en ce grand jour L'aspect des tombes oublies 2 Novembre-21 0 .. voix bassE'"", ) DISCRTIOX vous l'OU lez que l'otn! pro:oeru'e "t! t10U('jl, ne me ditf's Et :,oell/e la -voixdu Silence ElIIvlb",e not!'e gnwe entretien._ :-;i vous vOilIez que je vous comprenne, Que me parlent yeux !leulem.-nt Et que vos lvrell, comme les miennes, Gardent les pli:.; du recueillement. Si vous voulpz que parfof; je pensf! A vous qui !lur Illon chemin, Ne murmulez rien ma soull"rance Et partez tlOIlS nIe toucher la main. Partez comme vou!> telS venue. Pas de mots de terH.tre""e ou d'adieu. Ma tristesse "l'lit inconnllP. Les mol" qu'on tait le mieux.-. LEON LALF..Au. Les Oublis Toul Je jour, des visages ples Se sout penchs vel's les lombeaux. Et leurs soupirs et leurs sanglots Ont brui parmi les ptales Des lvres, tremblanles d'amour, Ont dit de trs lentes prires Afin qp'en l'ternel sjour Leur vie, aux morls, soit moinsmnre. r ... tllul cependant n'a pens Que, plus morts que les mort eux-mmes Les curs, par d'autres dlaiss(s. Ont ltUssi besoin qu'on les aime. Ainsi des mes que L\moUl' Peut tre a pOUl' toUjoUl'S broyes, Ont mme en ce grand jour L'aspect des tombes oublies 2 Novembre-21 0 .. voix bassE'"", )
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22 Dans ce jal'din des joies je suis re.venu (jUl'lquel'ois, mais le joyeux dC'a.tleron, 10 Iroupe un Pl'U l'olle s'est disperse. Le vent souffle en bourrasquE'. L'heure n'l'si plus aux joyeu.;es {'8useries, aux l'oniidt:'IH'es 'mlll'S. Combien l'esle-t-il des dOllneGl's de srnades '! Ou sont les belles couteuses? ' Nous sommes seuls, lui el moi. sur le IHIl1C de pit'rn'. C'esl un homme qui parle. Sa voill, est grave. L'acrenl mle il me dit les JOIes de l'ge viril. Plus ne sont les cadences Svantes et compliques. Plus n'est besoin cie viole d'amour, de la musique des barcoroles. C'esl un homm.e qui parle, vous diS-Je. Il dit J'amour, mnis si la mme ardeur ranime, c'esl qtl sent couler t'Il lui le sang gnreux d'anctres vigoureux. ATAVISME S mon lre fe'mit d'Ulll' lel'Jlelle fivn' Et qu'il ignore, 1l1)I's :l11lourl'UX lou rmenls La molle volupl des ICilIIgs llpaisements ' Et le baliser lass qui s'endorl su l' les lvre!;, Si la sou pie splendeur de ,'ot l'e bhHlehe cha il' Se meurtrit dans l'tau de mes brusques ll'einles, Sije n'entends jamais vosangoissantes plninles Lorsque vous "ons tl'd{'zenlre mes bras de rel' Si ma hom'he doue il votre frle bnu{'he Ne s'en arrl:ll'he plus qu'aveC' brutalit . Et qu'jl semble
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LA lVt.:'E 23 Il est l'age du dsir. Il dit la volupt . . \u b(!rd de la route comme des bOl'nes qui \ indiquent la VOie, qui nous font souvenir que jamais nous ne rem'cc notl'e me d'aujourdhui dans les che-mins d'hier. Il y a des tombes. . A l'hcul'e o se taisent les colombes Parle tout bas, si c'est d'amour, Et c'est la hulte pieuse au bord des tombes. Autour des visages disparus Clment Puul Estve, fant'lmes aims, compagnons de l'adolescence inquite, Avec quelle motion sincre, quelle sympathie revivaient DutOUl' de nous vos ombres fraternelles .... Un soir, la mauvaise bte qui r6desournoises'est approche. Il a su regarder, en face, dans les yeuxlevieux chacal qui est le Desir et la Nuit. Mais sa chaira trembl ct il avoue ce frisson quand il a vu le mufle roux effieu!:Cr le bel'ceau o dormait son enfant. Je n'ai pas peur de vous ... Je n'ai pas peur de vous, mort implacable et sourde et que n'meuvent pas les dsespoirs humains. Uue fois il vingt ans, votre dmarche lourde m'a heurt: j'ai senti ma gorge entre vos mains Et n'ai pas cri ,.. . . Pourtant, dans ma poitrine, Mon cur a sursaut comme une flamme au vent Quand j'ai vu volre pas qui, dans l'ombre chemine Hsiter prs du lit o dormait notre enfant. Voil le cri sincre, d'un accent qui ne trompe pas, Ce sont de ces vers humains que souhatait Rainer Ma ria Rilke. Des paroles de vie, ces simples mots qui expriment la vrit. La mort., parrui les thmes potiques est une pierre de touche: elle mesure C'est trs peu l'abordent. Le cliquetis des pi thtes, les dclamations paraissent ridicules et odieuses ('omme une profnation. L'arl et la Vie s rencontrent. U semblerait puril de les parer d'aucun accessoire ou d'onrir un pcor factice. Prends l'loquence et tords lui le cou ) LA lVt.:'E 23 Il est l'age du dsir. Il dit la volupt . . \u b(!rd de la route comme des bOl'nes qui \ indiquent la VOie, qui nous font souvenir que jamais nous ne rem'cc notl'e me d'aujourdhui dans les che-mins d'hier. Il y a des tombes. . A l'hcul'e o se taisent les colombes Parle tout bas, si c'est d'amour, Et c'est la hulte pieuse au bord des tombes. Autour des visages disparus Clment Puul Estve, fanFmles aims, compagnons de l'adolescence inquite, Avec quelle motion sincre, quelle sympathie revivaient DutOUl' de nous vos ombres fraternelles .... Un soir, la mauvaise bte qui r6desournoises'est approche. Il a su regarder, en face, dans les yeuxlevieux chacal qui est le Desir et la Nuit. Mais sa chaira trembl ct il avoue ce frisson quand il a vu le mufle roux effieu!:Cr le bel'ceau o dormait son enfant. Je n'ai pas peur de vous ... Je n'ai pas peur de vous, mort implacable et sourde et que n'meuvent pas les dsespoirs humains. Uue fois il vingt ans, votre dmarche lourde m'a heurt: j'ai senti ma gorge entre vos mains Et n'ai pas cri ,.. . . Pourtant, dans ma poitrine, Mon cur a sursaut comme une flamme au vent Quand j'ai vu volre pas qui, dans l'ombre chemine Hsiter prs du lit o dormait notre enfant. Voil le cri sincre, d'un accent qui ne trompe pas, Ce sont de ces vers humains que souhatait Rainer Ma ria Rilke. Des paroles de vie, ces simples mots qui expriment la vrit. La mort., parrui les thmes potiques est une pierre de touche: elle mesure C'est trs peu l'abordent. Le cliquetis des pi thtes, les dclamations paraissent ridicules et odieuses eomme une profnation. L'art et la Vie s rencontrent. U semblerait puril de les parer d'aucun accessoire ou d'onrir un peor factice. Prends l'loquence et tords lui le cou )
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LA 'REVUE INDIGtNE Mourir Songer qu'un ce soleil hrlant qui se lve N'clairera qu un peu de ph.'ll!' sm' mon front Que mon regard en let} s'clt'ndra l'omme un rl've Et que mes chers dsil's, il ja IlUI is. se tairont Songer que soudain. mon cllr l'essera de bullnMalgr .Ie grand amour qui l'ensHnglante encore Et qu'aux. frlemenls lents de ,'otl'e main (falhalrc Mon tre l'pondra par le froid de la 1ll00't. . Songet' qu'un jour, songel' qu'unjol1r prol'llMin peul (>1 n' Je ne pourrai plus boin' aux coupes de tes ypux Ni chanter le frisson nt-'s choses et des t l'es Avec en 0l3i l'ol'gueil d'tl'e i1l3pir des dieux ... Et j'mirais termin le pome l celte HlIgoisst-' qui ne sc resout p3S, t't-'lIe illlerl'Ognlion pHssionne . qui n'est hlas qu'une cel,titude dsespr .. " mais o drcule une rvolte de tonIe la dll-lir qui Il'accepte pas l'arrt du destin -El void la rponse, (,'est mnlgl' lout la somission. le ('almt-' aprs Cf' sursaut indign. EN Ce si bon de mourir Sims soulhanee et snns s\'c"S(', A"t'c.'lmpnssiol1 si douc(' . QU'l'll Un instanl l'on V:l dormir! Ce si bou de pnl'tir . Sans que la lvre se retrousse D'aucun rictus, snnsque ron pousse Ni sanglot vain, ni. "Oil1 soupir t . l'ne petile main qui presse' Vos mains d'une ultime ('fi l'esse Et sur'votre front. un baiser, Un baiser de sur ou d'muie, El calme. le cur apais S'en nHer enfin de )H Vit' ! ... LA 'REVUE INDIGtNE Mourir Songer qu'un ce soleil hrlant qui se lve N'clairera qu un peu de ph.'ll!' sm' mon front Que mon regard en let} s'clt'ndra l'omme un rl've Et que mes chers dsil's, il ja nUl is. se tairont Songer que soudain. mon cllr l'essera de bullnMalgr .Ie grand amour qui l'ensHnglante encore Et qu'aux. frlemenls lents de ,'otl'e main (falhalrc Mon tre l'pondra par le froid de la 1ll00't. . Songet' qu'un jour, songel' qu'unjol1r prol'llMin peul (>1 n' Je ne pourrai plus boin' aux coupes de tes ypux Ni chanter le frisson nt-'s choses et des t l'es Avec en 0l3i l'ol'gueil d'tl'e i1l3pir des dieux ... Et j'mirais termin le pome l celte HlIgoisst-' qui ne sc resout p3S, t't-'lIe illlerl'Ognlion pussionlle . qui n'est hlas qu'une cel,titude dsespr .. " mais o drcule une rvolte de tonIe la dll-lir qui Il'accepte pas l'arrt du destin -El void la rponse, (,'est mnlgl' lout la somission. le ('almt-' aprs Cf' sursaut indign. EN Ce si bon de mourir Sims soulhanee et snns s\'c"S(', A"t'c.'lmpnssiol1 si douc(' . QU'l'll Un instanl l'on V:l dormir! Ce si bou de pnl'tir . Sans que la lvre se retrousse D'aucun rictus, snnsque ron pousse Ni sanglot vain, ni. "Oil1 soupir! . l'ne petile main qui presse' Vos mains d'une ultime ('a l'esse Et sur'votre front. un baiser, Un baiser de sur ou d'muie, El calme. le cur apais S'en nHer enfin de )H Vit' ! ...
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L,\ I\E\'VE , Cest la Ioule petite parole qui nous rait tant de bicn, la silllpl(;' parole hUIlUline. Lc reste est littrature, cc Ile :-;0111 quc restons, cc ne sont qu'uslragales. Ecoulez la' Voix dans le soir )) Cil un rythme haletant oppress, h,' l'yi hmc de l'motion mme. COllll1lenolre ami est :limdesdieuxl1ous serollspoul' Illi s\'re qu'il nous perml'lte de lui dire franchement (Iu'il lu i ru cOllsen t i l' des sacri fi('('s (c ln perfectio n <.'II08e cJc disait notre Moras; il doit apl'!j.cetle ccllne on il nOlis a dit ses doulcurs d'homme. l'uvre (lfinit\'e O('s pices du mme gnlin d'ull marbre com"nd et fin. Paulo majora ('a1HHllUS li y a (>I1COI'C' (ilf;!s mievreries sentimentales auxquelles il s'attarde. de la prciosil ct des exercices qui sont du jeu et du mtier,' jeu ugrnble audemcliralli et mtierd'tlrtiste il droit, J'influl'IH'C a cl Ici de Dfaile et Vil'ile,lerylhme chevd ce grand barbarc sincre Verhren ce dont nous ne nOlis d'ailleurs pas et quand je dis influente c'est faon d'enlendre les choses, des points (le \:ue de descl'iptions psychologiques, pas aulre l'ho!;<=,. L'uvre nouvelle est de qualil et reliendra J'atten-1 iOIl. Ce qui nous a plu pal'tinllirement Irou\'('1' lin hOlllme c( .Je cherche Ull auteul' ,ct .le troU\'e 'un homme. JI POlir mener ('e haut lieu, l'enthousiasme, {'I rl'molion esthtique IHlrliepe de cc pal'OX)'Sme, il faul lre mu profondment soi-mme. La sincril ne l'unit pourtant pas ear un imhl'ilc{'ollvaiueu sl'ait pote. [1 r:llli le don d'C'xpl't.'ssoll. I)'uhord faire en soi le 'sil{'IH'(', d('s('('ndre aux plus profonds 'Hbimesde sa l'on..;eiell <.'1 lions rappo l'ter e IlSU ite les d C'ou\'erles. Cerla:ns en souffrent et parlent dc cabotinage Spll'itUt.'f mais ce n'est pas jouer un rle que' de prsentt'r autres le de h'ur joie et de leurs souffrant'es, le nombre des s( tant restreint. Est-ce pcJH'r vraiment que de pader pour eux leur me? L'homme est goste. Nous plaisent les uvl'espu nous nous retrouvons, les esprits de la mme famiIJe spiri-' luelle; cela explique sans doute les sympalhies ct bien des incomprhensions ... , 'faurice RQstan(: lans l'ntTeciueuse qui intl'Oduit au rC't'ueiL de Lalral1 louant la de L,\ I\E\'VE , Cest la Ioule petite parole qui nous rait tant de bicn, la silllpl(;' parole hUIlUline. Lc reste est littrature, cc Ile :-;0111 quc restons, cc ne sont qu'uslragales. Ecoulez la' Voix dans le soir )) Cil un rythme haletant oppress, h,' l'yi hmc de l'motion mme. COllll1lenolre ami est :limdesdieuxl1ous serollspoul' Illi s\'l'e qu'il nous peJ'ml'lte de lui dire franchement (Iu'il lu i J'U cOllsen t i l' des sacri fi('('s (c ln perfectio n <.'II08e cJc disait notre Moras; il doit apl'!j.cetle ccune on il nOlis a dit ses doulcurs d'homme. l'uvre (lfinit\'e O('s pices du mme gnlin d'ull marbre com"nd et fin. Paulo majora ('a1HHllUS li y a (>I1COI'C' (ilf;!s mievreries sentimentales auxquelles il s'attarde. de la prciosil ct des exercices qui sont du jeu et du mtier,' jeu ugrnble au demeuralll et mtier d'tlJ'tiste il droit, J'influl'IH'C a el lit de Dfaile et Vil'ile,lerylhme chevd ce grand barbarc sincre Verhren ce dont nous ne nOlis d'ailleurs pas et quand je dis influence c'est faon d'enlendre les choses, des points (le \:ue de descl'iptions psychologiques, pas autre l'ho!;<=,. L'uvre nouvelle est de qualit et retiendra J'atten-1 iOIl. Ce qui nous a plu pal'tinllirement Irou\'('1' lin hOlllme c( .Je cherche Ull auteul' ,ct .le troU\'e 'un homme. JI POlir mener ('e haut lieu, l'enthousiasme, {'I rl'molion esthtique IHlrliepe de cc pal'OX)'Sme, il faul lre mu profondment soi-mme. La sincril ne l'unit pourtant pas ear un imhl'ilc{'OIlVaiuell sl'ait pote. [1 r:llli le don d'C'xpl't.'ssoll. I)'uhord faire en soi le . sil{'IH'(', d('s('('ndre aux plus profonds sa l'on..;eiclI <.'1 lions rappo l'ter e nsu te les d C'ou\'erles. Cerla:ns en souffrent et parlent dc cabotinage Spll'itUt.'f mais ce n'est pas jouer un rle que' de prscntt'r autres le de h'ur joie et de leurs souffrant'es, le nombre des s( nlimenls tant restreint. Est-ce pcJH'r vraiment que de pader pour eux leur me? L'homme est goste. Nous plaisent les uvl'espu nous nous retrouvons, les esprits de la mme famiIJe spiri-' luelle; cela explique sans doute les sympalhies ct bien des incomprhensions ... . 'faurice RQstan(: lans l'ntTeciueuse qui intl'Oduit au rC't'ueiL de Lalral1 louant la de
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2 LA HEVL;E INl.>IG;>.;E J'accent dit que les seuls beaux pomes sonlceux que nous avons vcus nvant de les uire.Je pense que cela mve nssez loin des bndinnges puerils et des banalils rimes dont s'encombrent les libraires. Trois ciels pour un cur tel esl le nom de baptme Je nom jouet comme on dil chez nous -que lUI donne son parrain parisien. Ilya certe une influence des choses,du climat,du terroir ou s'panouissent nos sensibilits. Maurice Rostand prte un certain trouble, une exnltation un peu paenne, et barbare au ciel hatien, la sensualit magnifique un peu lourde l'Italie de lumire, et une certaine retenue sobre dans la douleur aux paysages tranquilles des c6teaux modrsde l'Ile de France. Sduisante induction de pote, mais c'est chez nous ou il levait, par ses lectures qui l'enrichissaient que s'est forme la sensibilit si riche de Lon Laleau qui nous vaut aujourd'hui ces pomes qu'il vient de livrer la curiosit inquitede,s amateurs de tulipes Car la phll1te est rnre et la fleur jolie. PASCAl. FLAMMEUR c..->? • pm'-<....J 2 LA HEVL;E INl.>IG;>.;E J'accent dit que les seuls beaux pomes sonlceux que nous avons vcus nvant de les uire.Je pense que cela mve nssez loin des bndinnges puerils et des banalils rimes dont s'encombrent les libraires. Trois ciels pour un cur tel esl le nom de baptme Je nom jouet comme on dil chez nous -que lUI donne son parrain parisien. Ilya certe une influence des choses,du climat,du terroir ou s'panouissent nos sensibilits. Maurice Rostand prte un certain trouble, une exnltation un peu paenne, et barbare au ciel hatien, la sensualit magnifique un peu lourde l'Italie de lumire, et une certaine retenue sobre dans la douleur aux paysages tranquilles des c6teaux modrsde l'Ile de France. Sduisante induction de pote, mais c'est chez nous ou il levait, par ses lectures qui l'enrichissaient que s'est forme la sensibilit si riche de Lon Laleau qui nous vaut aujourd'hui ces pomes qu'il vient de livrer la curiosit inquite ,de,s amateurs de tulipes Car la phlllte est rnre et la fleur jolie. PASCAl. FLAMMEUR c..->? • pm'-<....J
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LA Rt:YlE LE CENDRIER -x-Elle rl.'grt'Ile Sl'S pchs (Ju'en son me, cendre Il-gre ( 'une cigarette trangre tombe enfin sur ses fruits pluchs. ( .JEAN. ?ELLERIN). D'U;.\l RETOUH C'est comme une premire rencontre, Tu reviens sans ton premiel' yisage. Tu te penches sur le bassin. Tu cherches ton sourire et tes gestes d'autrefois; mais l'eau Ill' retient pas l'image ... LAGO (*) C'tait il n'y a pas trop longtemps {j'avais enCOI'e des sanglots pOUl' pleurer mes jouets.casss ) je savais le bonheUl' de m'enfouil' sous un tas d'herbe de Guine, le cur angoiss par la crainte d'tre dcouvel't et pris. J'coutais, , , Rien que l'impatience d'un cheval tapant du sabot. rien que des dmangeaisons aux jambes et la figure. r \ Lago : cliche-cliche BEAU RVE." Beau rve. hamac tendu l'ombre lU sommeil. bercez l'homme perdu d't.re tOlllb du ciel. 27 LA Rt:YlE LE CENDRIER -x-Elle rl.'grt'Ile Sl'S pchs (Ju'en son me, cendre Il-gre ( 'une cigarette trangre tombe enfin sur ses fruits pluchs. ( .JEAN. ?ELLERIN). D'U;.\l RETOUH C'est comme une premire rencontre, Tu reviens sans ton premiel' yisage. Tu te penches sur le bassin. Tu cherches ton sourire et tes gestes d'autrefois; mais l'eau Ill' retient pas l'image ... LAGO (*) C'tait il n'y a pas trop longtemps {j'avais enCOI'e des sanglots pOUl' pleurer mes jouets.casss ) je savais le bonheUl' de m'enfouil' sous un tas d'herbe de Guine, le cur angoiss par la crainte d'tre dcouvel't et pris. J'coutais, , , Rien que l'impatience d'un cheval tapant du sabot. rien que des dmangeaisons aux jambes et la figure. r \ Lago : cliche-cliche BEAU RVE." Beau rve. hamac tendu l'ombre lU sommeil. bercez l'homme perdu d't.re tOlllb du ciel. 27
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CONTE CROLE Sa. pas la savourl'usl' hisloire de BouquiJ . qui habitait six jouvnes de la ville? Savez;'vous pas J'histoire de Bouqui se rendant il la ville et qui, il la cinquimejournt' • .. dclara: . -:C'est bien trop loin, je m'en retourne il ma ase. JOURNE D'HIVEH LaJampe et l"('sl pourtant ridi. . dule. Paris m'offre un soleil sans joie. rougl', loinillin. polaire comllle une lune aprs J'ourugtlll, .Je suis trs las. J'appuie mon l'l'ont il lu yilrl' fredonnant une mriLgut', Elgie aux Lavandires du de Chne Dites, lavandire'i. est-il'si loin ' temps cie mon l'nfimce '1 Ah t nierez-volis, mon pn', le plaisir de \'05 quinze Hns '! Pour r>iel' "t'es tanoas D'o lant de ehansons s'('nvolai('nl, On descendait dans la J'a11ille. Doucement, sans se press'el'. Les aillollX du torrent glissaiellt. Et toute une poi'si<' CQmmenmt. Ah 1 nierez-vous, mon I}re. Le plaisir de vos quinze ans? lavandires. e-sl-il si loin L temps de mon cC ? CONTE CROLE Sa. pas la savourl'usl' hisloire de BouquiJ . qui habitait six jouvnes de la ville? Savez;'vous pas J'histoire de Bouqui se rendant il la ville et qui, il la cinquimejournt' • .. dclara: . -:C'est bien trop loin, je m'en retourne il ma ase. JOURNE D'HIVEH LllJampe et l"('sl pourtant ridi. . dule. Paris m'offre un soleil sans joie. rougl', loinillin, polaire comllle une lune aprs J'ourugtlll, .Je suis trs las. J'appuie mon l'l'ont il lu yilrl' fredonnant une mriLgut', Elgie aux Lavandires du de Chne Dites, lavandire'i. est-il'si loin ' temps cie mon l'nfimce '1 Ah t nierez-volis, mon pn', le plaisir de \'05 quinze Hns '! Pour r>iel' "t'es tanoas D'o lant de ehansons s'('nvolai('nl, On descendait dans la J'a11ille. Doucement, sans se press'el'. Les aillollX du torrent glissaiellt. Et toute une poi'si<' CQmmenmt. Ah 1 nierez-vous, mon I}re. Le plaisir de vos quinze ans? lavandires. e-sl-il si loin L temps de mon cC ?
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L.o\. I\TE PAULI:'\E Benu Paris (si gai, si gTis), loin de vous elle 1 a nOlli 1 tl ' UII petit .ngre (lOUI' porlel' trnine et le 1)(.:' \Toq 1. . La de nonchalantes croles pOUl' causcr. El, sur volt'c ll('. song(,Hnl. un grand calme blcu.. . . Point ne VOliS plail, PuulilH', ('C doux climat dd [sles. DESTI:'-1 l\IELA:'\COLlQUE O est C.aollabd? Caonabo n'est plus. ((U'UU sein d'unc pells(. O. Anuc:!ona '? Elle est chllls son hanuH:, songcHll1 quelque argenl(' chanson pour, papillon, s'envoler de sa bouche. :\OCTVH:'\E F .. UIILIAL Il ne sail pas. honlle malllan dams raltente, au bnlcon appuye. voire fils ne pus ((l\(, ahsem'c. la nuit .. applique un index mlancolique contre la joue de sa ml'{'. 29 Sourire enfin au joli lieu de sa naissance. Comme mm'('s hambous la source dissi-mulent, . ombreux font u.beau ciel une ceinture. C'est ici le l'etour la fJ'aiche gaH. Les rires clatanls et le solei4 d't . • Je retrouve une joie en la chaudeJllmire Qui sur tes galels s'tale. vive l'ivire: . L.o\. I\TE PAULI:'\E Benu Paris (si gai, si gTis), loin de vous elle 1 a nOlli 1 tl ' UII petit .ngre (lOUI' porlel' trnine et le 1)(.:' \Toq 1. . La de nonchalantes croles pOUl' causcr. El, sur volt'c ll('. song(,Hnl. un grand calme blcu.. . . Point ne VOliS plail, PuulilH', ('C doux climat dd [sles. DESTI:'-1 l\IELA:'\COLlQUE O est C.aollabd? Caonabo n'est plus. ((U'UU sein d'unc pells(. O. Anuc:!ona '? Elle est chllls son hanuH:, songcHll1 quelque argenl(' chanson pour, papillon, s'envoler de sa bouche. :\OCTVH:'\E F .. UIILIAL Il ne sail pas. honlle malllan dams raltente, au bnlcon appuye. voire fils ne pus ((l\(, ahsem'c. la nuit .. applique un index mlancolique contre la joue de sa ml'{'. 29 Sourire enfin au joli lieu de sa naissance. Comme mm'('s hambous la source dissi-mulent, . ombreux font u.beau ciel une ceinture. C'est ici le l'etour la fJ'aiche gaH. Les rires clatanls et le solei4 d't . • Je retrouve une joie en la chaudeJllmire Qui sur tes galels s'tale. vive l'ivire: .
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POEME Mille bambous grlesront la source un 1'1-deau de mystre. C'est le dcor des idylles t'roles. Des manguiers. Des fougres. De la momsse. Le ciel lger des Antilles. Et, comme un esso.l' de colombes. n'gl'esse. vos blancs sourires. PASTEL Le visage haign de la frache clart De l'aurore, tu vas dans la nalvet Des chose du llwtin et ton regard se pose Sur chaque flem" abeille d'or pnrm les roses. HUITAIN C'est comllle un yieil homme cass Qui pense au temps des folies lestes, (Ta main n'a plus les mmes gestes). Cette nuit je songe au pa5s . De notre cher espoil' lass. . Nous rvions des amours agrt!sles. De ces flmnbes il ne nous l'l'sie Qu'un peu de l"endl'c ralllasser. PHlL1PPE-Tuony MARCELl!':. POEME Mille bambous grlesront la source un 1'1-deau de mystre, C'est le dcor des idylles t'roles. Des manguiers. Des fougres. De la mou:sse. Le ciel lger des Antilles. Et, comme un esso.r de colombes. n'gl'esse. vos blancs sourires. PASTEL Le visage haign de la frache clart De l'aurore, tu vas dans la nalvet Des chose du llwtin et ton regard se pose Sur chaque flem" abeille d'or pnrm les roses. HUITAIN C'est comllle un yieil homme cass Qui pense au temps des folies lestes. (Ta main n'a plus les mmes gestes). Cette nuit je songe au pa5s ' De notre cher espoil' lass. , Nous rvions des amours agrestes. De ces flmnbes il ne nous l'l'sie Qu'un peu de l"endl'e ralllasser. PHlL1PPE-Tuony MARCELl!':.
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31 u .J AINSI PARLA L'ONCLE ... tA l"AlIlLLE PA LO(:,\I.Jo:S Jo:l' Sun't'IVANCJo:S AFlUCAIN'S. d'cntre sdnt pellt-tre des fami-1 CI'S de celle dlit'cuse rgion ft C'est. l-bus, lin cunlon porllli le gl'Ol:pe des pics dOlllln ligne t iIHIt'IISC se avec les lourdes musses (1I1i uhoulisM.'1I1 li l'cxtrmit de la pl'esqu'ile. Les lIontngnes Xoire!\. (lui font bloc .uu Sud-Est de Porlau-Prince se prolongent vel's la basse plaine au Nord-Ouest en Ulle :mile de l'unleaux frugmenls de gorges et de valles. Un de ces mme/lllX darde vel's la mCI' SOli peron de l'oches o a et l des clait'sems, Tout Je l'este est ballu pm' <"l\pl'es venls. C'est cctleilpoinlt' avance si souvent )U1l' les tes en ,groupes sens que les hahihwtsnpp("lent tabac sauvage . puis SUI' la pente l'oide ou en gl'adution donce, dans les moindl'es anfractuosits lJne herbe courie, grAsse et drue revt toute la d'Ull tapis vert, moelleux Qi tendre, ' . '"1, . Kenskoff est un f.'ais pturage. Le hlail s'y dveloppe . sain et vigoureux. ..\ cause mme de sa configuration en .cl"eux et de sa lumle altitude lu telTe de Keilskoff abrite contre ]a bOlll'l'asque l'client une tt-s grande quantit d'hu midit 'soit que le mUige se l'solve en phties fines ou torrentielles soit que le brouillard quotidien s'accl'oche au flanc des collines et traine sa robe de mousseline blancb'e dans le moindN! repli des vallons. Au surplus ll,n clair r\1sseau dispense en ,minU5iCldes cascades l'eab dont\'$'abreuve la r gion. Ah! celle eall savoureuse de Kenskoff. On IT $ait plus C!' dsaltrant si elle est .. nvoureuse d'ov()h' f,m de 31 u .J AINSI PARLA L'ONCLE ... tA l"AlIlLLE PA LO(:,\I.Jo:S Jo:l' Sun't'IVANCJo:S AFlUCAIN'S. d'cntre sdnt pellt-tre des fami-1 CI'S de celle dlit'cuse rgion ft C'est. l-bus, lin cunlon porllli le gl'Ol:pe des pics dOlllln ligne t iIHIt'IISC se avec les lourdes musses (1I1i uhoulisM.'1I1 li l'cxtrmit de la pl'esqu'ile. Les lIontngnes Xoire!\. (lui font bloc .tiU Sud-Est de Porlau-Prince se prolongent vel's la basse plaine au Nord-Ouest en Ulle :mile de l'unleaux frugmenls de gorges et de valles. Un de ces mme/lllX darde vel's la mCI' SOli peron de l'oches o a et l des clait'sems, Tout Je l'este est ballu pm' <"l\pl'es venls. C'est cctteilpoinlt' avance si souvent )U1l' les tes en ,gl'Oupes sens que les hahihwtsnpp("lent tabac sauvage . puis SUI' la pente l'oide ou en gl'adution donce, dans les moindl'es anfractuosits lJne herbe courIe, grasse et drue revt toute la d'ull tapis vert, moelleux Qi tendre, ' . '"1, . Kenskoff est un f.'ais pturage. Le hlail s'y dveloppe . sain et vigoureux. ..\ cause mme de sa configuration en .cl"eux et de sa lumle altitude lu telTe de Keilskoff abrite contre ]a bOlll'l'asque l'client une h-s grande quantit d'hu midit 'soit que le mUige se l'solve en phties fines ou torrentielles soit que le brouillard quotidien s'accl'oche au flanc des collines et traine sa robe de mousseline blancb'e dans le moindN! repli des vallons, Au surplus 1l;0 clair r\1sseau dispense en ,minU5iCldes cascades l'eab dont\'$'abreuve la r gion. Ah! cetle eall savoureuse de Kenskoff. On IT $ait plus C!' dsaltrant si elle est .. nvoureuse d'ov()h' f,m de
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LA HEYl' E 1:\ J) trop prs I1wll'im' odorante du :lyoil' Ill-muss, absorhl'. dllriO IWllllls reuse et fl'cOIHll> des crcss6nnircs. Muis, enfin, (le ce\lc rnpi fnli!iprs ()l'iglJwil'es des pnys On y fnit des pehes, des fraises, cles pommes, des el d'Ilutl'es chnse:> En hl "ie ppyfntWt> l)I'end ici' 11 Il Ilspt'('1 tOllt il l'nit fl'llppuilt. H c('la t cil! Hulllni il la ,'iehesse tt'nain (II' la fraidwur ('x('eplonnelle du ('limaI. El, lHnnlen/lllt cie (l',dk munit'J(' ("('S llillill;des (III milien ph,ysi 11I'mnin'? A qll(Jk v:lI'it dilermIH.'!' de rm;on n;('I11(' impurfnile la part cJ('s diy{'l'!, groupes hllnHins es ('Il d'lIu!recolllinenls depuis des millnllires et voici prs (il' deux sicles que SUI' celle tene se, tussent, se el s'ngrgent les matriaux d'une l'nce histol'quC' en pI'OCeSf.llS d'fvolulion. Mais autant des crcss6nnircs. Muis, enfin, cie ce\lc rnpi En hl "ie ppyfntWe l)I'end ici' 11 Il Ilspt'('1 lont il fnit fl'llppul1l. H c('la t cil! Hulllni il la l'iehesse tt'nain (II' la fraidwur ('x('eplonnelle du ('limaI. El, lHninl('n/llll cie cprdk munit'J(' ("('S 1I1Itill;des (III milien ph,ysi IlI'mnin'? A di'lermlwl' de rm;on n;('I11(' impurfnile la part l'espl'dh'e cJ('s di,,{'l'!, groupes hllllHins es ('Il d'lIulrecolIlinenls depuis des millnllires et voici prs cie deux sicles que sm' celle lene se, tussent, se condensent el s'ngrgenl les matriaux d'une l'nce histol'que en pI'OCeSf.llS d'fvolulion. Mais autanl
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LA REVUE muMul de Kenscoft a gard des rcssembJances physiques as ... c7. remanllUtulesa,'cc le l"pe congolais qui UI)pul'linl-:on s'en SOli vient -it ln plus nombl'euse des tribus afd.imporles il SI Domingue. Duns tous les cu!'. tel qu'il esl a 1 heure nctuclle. le paysan de lenscoff est dans. son ensemble un homme de Inille moyenne. ullgre et vigoureux hien qul ne soiL l'nbl. ni trupu, Ce monlagnard qui SUPI)011e IOl'se ntl des lempl'ahu'cs de 40 50 audessus de zl'O est au demeurant un gnillanl solide. bien quilibr SUI' ses jambes un peu grles t'I beaucoup plus finaud qu'on ne I>ense sous ses Iruits lIecuss ell suillie. llV(>C ses Resles leuts el son gol illllUodl' de lu JlHlubre, A 21 ans. Il est mI' I)OUI' les gnuHles elllrcpl'ises el pour lu plus gl'ande d'cltlre Ioules (Iu'esl In fundntion ''un f()yel'; cel t\ge. il peut. quund il t'st ordonn. avoil' du bien un Il ole i l, lleHons ense sous ses Iruits lIecuss Cil suillie. llV(>C ses Resles leuts el son gol illllUodl' de lu JlHlubre, A 21 ans. Il est mI' I)OUI' les gnuHles elllrcpl'ises el pour lu plus gt'ande d'cHIre loulcs (Iu'esl In fundntion ''un f()yel'; cel t\ge. il peut. quund il t'st ordonn. avoil' du bien un Il ole i l, lleHons
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LA "'Oh 1 Maimnainne.ou ru cnpab' ditm' bOll jou 1 (4) Elle El.c'stdans le jour lumineux une cascnd.c de rire.clnir qui srume commeUll appel de printemps, Non! pas possible, ou gangnin l'ait ou soude , .. ( 5 ) C'est vrai que Ti-Jean est un peu fou s'il n'est sourd; Il u l'ivresse de ses vingt ans, lnquietude de 1 et l'ardent dsir de le faire partager. l\ltlis, il eslliOlide, Combien -de fois Pas pris .la l'solution de s'en ouvrl' la belle, de lui arracher unbreC consntementafin d'en finit'? Chaque fois il a bredouill quelques . mots inintelligibls et s'eat nlTt '.coi, cependant que dj jaloux. JI est prt se baUre rn'ec n'importe Jeqtlel des gas qui parlei'aient trop librement de Mainmainne. En attendant. il tl'tl\'aille du!' et th!;aurise sou par sou. Enfin, un soir J'occasion vint. C'tait a Corail chez le plus funleux llOngull du voisinage. On clbrllif lin seJ'l1ice la paTticillution d li quel tout le monde pl'pm' pendant des jOllrs(rn vance. Les plusaccOltesUlJes de \'itlrd, de Gotl.!'t, de Robin. de KellScolT coudoynient lesjellllt's gens venus de Iii usieu l'S lieues la l'onde. Le service tait la IllHllgellillc copieus.e, Je ta lin nbandanl, Les tambouriut'un, le cOI"\'plui.e el les churs eQ(Hablaient "assislnllcepUI' une iVl'esse de sons que l'y th ri-ait ell basse profonde la plainte l'nuque de (1), Alon;, dansenss el danseurs, embus de poussil'e, allnienltolll'noyanl, vil'evoletant en piHnt>melll pl i IIII'II Il ni bIt', fl'nppnnt le sol d.'une souple (,udellCf't>. Ali premiernlllg Ti ... Jean el Maillllln;llUe fnisnienl cOllnl!.', libres. "Iiis, fd\'oles: SCludain, sllr 1111 SllIH'. 1111 ('oupde 'bn"ueHe plus intense dt> r..'1otoJ' HlTle r(-Jnn de C'esl 1(' (,()l')'phe qui impmvs(' 1111 :reu lllOllneul'd'Ogol1-FrrClill,.. l':usststanre se l't'( Il t>i 11('. minuit,J'heure Ill'opke aux incantatiollsl'itlelles .... 'tiJean profite deTinlt>l'mde pour {'nl!.iner sa purfeIlaire il. Il n 1\ ('tlllsera\'t'(' elle, De (11I0I? Il ne tft sait pu" Ini-mme, il prouve nn besoin de lui dil'e quelque dl 05t" , Snpoill'ne s'OI>IH'esH", .H'S denls se serrent. Hlas 1 les mots se reht>llf'ut dnus son \'()('nhulail'e lin peu mince. Alors, snilS plus de ('rmonie, dansTopncit de ln nuit .el dans Je vent frais {lui souffit'.su\;IS Irstoiles, il . ]:\ saisit bllIsquement. el dans UI:' Cm'uuche lrt>inte. Inii'lJl. plique an COli le plus tumultueux dt>shllisers.Dj il rejoillt le tom'billon de la danse '... . . .. . , Eh, Maomanne vous pourriez m. dire bonjour '!.--Maiomainne: --Diminutif de Dorismo.e.. ' 5 .Non. c'est pas pOllsible. Vous avez/'air d'tre t As.'lOtor: Le rlns IlrOS rie!'! snr:o. LA "'Oh 1 Maimnainne.ou ru cnpab' ditm' bOll jou 1 (4) Elle El.c'stdans le jour lumineux une cascnd.c de rire.clnir qui srume commeUll appel de printemps, Non! pas possible, ou gangnin l'ait ou soude , .. ( 5 ) C'est vrai que Ti-Jean est un peu fou s'il n'est sourd; Il u l'ivresse de ses vingt ans, lnquietude de 1 et l'ardent dsir de le faire partager. l\ltlis, il eslliOlide, Combien -de fois Pas pris .la l'solution de s'en ouvrh' la belle, de lui arracher unbreC consntementafin d'en finit'? Chaque fois il a bredouill quelques . mots inintelligibls et s'eat nlTt '.coi, cependant que dj jaloux. JI est prt se baUre rn'ec n'importe Jeqtlel des gas qui parlei'aient trop librement de Mainmainne. En attendant. il tl'tl\'aille du!' et th!;aurise sou par sou. Enfin, un soir J'occasion vint. C'tait a Corail chez le plus funleux llOngull du voisinage. On clbrllif lin seJ'l1ice la paTticillution d li quel tout le monde pl'pm' pendant des jOllrsmelll pl i IIII'II Il ni bIt', fl'nppnnt le sol d.'une souple ('lulellCf't>. Ali premiernlllg Ti ... Jean el Maitl/lw;uue fnisnienl counl!.', libres. "Iiis, fd\'oles: SCludain, sllr 1111 SllIH'. 1111 ('oupde 'bn"ueHe plus intense dt> r..'1otoJ' H1Tle r(-Jnn de C'esl 1(' (,()l')'phe qui impmvs(' 1111 :reu lllOllneurd'Ogol1-FrrClill,.. l':ussrstanre se l't'( Il t>i 11('. minuit,J'heure Ill'opke aux incantatiollsl'itlelles .... 'tiJean profite deTinlt>l'mde pour {'nlJ.iner sa purfeIlaire il. Il n 1\ ('tlllsera\'t'(' elle, De <11I0I? Il ne tft sait pu ... Ini-mme, il prouve nn besoin de lui dil'e quelque dl 05t" , Snpoill'ne s'OI>IH'esH", .H'S denls se serrent. Hlas 1 mots se reht>llf'ut dnus son \'()('nhulail'e lin peu mince. Alors, snilS plus de ('rmonie, dansTopncit de ln nuit .el dans Je vent frais {lui souffit'.su\;IS Irstoiles, il . ]:\ saisit bllIsquement. el dans UI.' Cm'uuche lrt>inte. Inii'lJl. plique an COli le plus tumultueux dt>shllisers.Dj il rejoillt le tom'billon de la danse.... . . .. . , Eh! Maomanne vous pourriez m. dire bonjour '!.--Maiomainne: --Diminutif de Dorismo.e.. . 5 .Non. c'est pas pOllsible. Vous avez/'air d'tre t As.'lOtor: Le rlns IlrOS rie!'! snr:o.
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LA RE\TE lSOlGt 35 . lIai", l'Ile, tonne. nhlll"e, l'CS ta un cami instant co.nme, Ils, .. ne IUlI'l'improllllltu de 10 scne .. Puis. dalls un sUllglot,' 110111 on Ile suit s 1 tait fuit de joie iIHluite ou d'inexprimn-li 1 l'loi l't'gl'ets. dans Ull sanglot irrsistihle. elle S'I'tf:, , -Oh! Oh! il/ps ami. ohl Olla t'l co", Ti-Jean rdi; mes zamis, 'fi-Jl'lwhor
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36 Malheur e l\Iulhcnd C'luil donc IloUI' en urrin'r lit (lu'i1 avait tant travaill. mis lanl d'argenl de cl?C'<'!;lil pour se (llire ridiculiser pm' une femme? EhU)iplI lion, il se "CII" gera, il relvera le dfi, . . Alors dare dure .. il COlll'ut conlel' ses qboires LUJloinle, le plus fameux haugan de COl'ail et lIoHidten.on assislullce, Lapointe gl'8vement se l'ecueiIlil.luua les coquilles suel't'('s sur le sol, interprla ln rlonse des diellx c.1 1)J'C'S(.'l'i\'il l'ordonnance: nglige les Esprits (lui sonl mt,hs d'u ne si COll-. pub le indifTl'ence, Ce qui est n .... h n'esl qu'ml uverli!\se ment. Un plus grand mnlhclfl' lui dl0ir. Hem'euse ment Malh'esse Erzilie g l'ouge esl l :'''crire, C'esl. Pliol1viUt' . dcolI\TI Ull ('I'vain blic.qul, Illnyellnnnt snlnh'l', une .,inglnin('cie gouJ'(le[CI, cha .en. style. h'Qdilionul'lla l,en se de rUt1lClUl'l'UX, . . Celle lellre? Mais .. je que Ill'J-SOllne d'('l1l1e nous allssi n'allrait Illl' ln rdigel'. Celle lelh'e? Elle esll'cho affaibli d'une trs vieille cOlltume remonlant il celle poque }onlaine. oille scribe lail 1'00'tlde de lu Citr .•. quel qJi fut le se!'ts on le nnnselli de son griOlOil'f', Urie lell1;e de en mariage doit lout .la l'm:eu d'a-13/ EI.zilie ,re rou#?,e: Divinit VlllldollE'sqlle. 36 Malheur e l\Iulhcnd C'luil donc IloUI' en urrin'r lit (lu'i1 avait tant travaill, mis lanl d'argenl de cl?C'<'!;lil pour se (llire ridiculiser pm' une femme? EhU)iplI lion, il se "CII" gera, il relvera le dfi, . . Alors dare dure .. il COlll'ut conlel' ses qboires LUJloinle, le plus fameux hougan de COl'ail et lIoHidten.on assislullce, Lapointe gl'8vement se l'ecueiIlil,luua les coquilles suel't'('s sur le sol, interprla ln rnse des diellx c.1 1)J'C'S(.'l'i\'il l'ordonnance: nglige les Esprits (lui sonl mt,hs d'u ne si COll-. pub le indifTl'ence, Ce qui est n .... h n'esl qu'ml uverli!\se ment. Un plus grand mnlhclfl' lui dl0ir. Hem'euse ment Malh'esse Erzilie g l'ouge esl l l( r Illus.ieurs fois . l'ordonnance, la I11ll1'molhf 'out I.e. loug clu chemin de retOlll',ell'elllra ('hezilli be:\IIcuup plus Irum)llille qu'il n'en tait parli. QlUlIld cloue vinl (lu-ed'ex('ulol1 il fut fidle el ponctuel i't 1'(,llllllir rellgllgt'III(,111 rontrl!t'U'l'I attendit ln suite des vnemenls, '.,' '.' Dcidl\menl, le HOlwgan de Corail ('!il 1111 hUnml(1' furl. .Cnr. enh8l'di 11OJ' l'usSUl'l\IW(' du SII('('('S lu'omis, M,Jnu ln \'.O)U.l1h,> des diellx, (ls le mois qui suivit le sUl'J'ifit'e. Ti Jt'.llIl l'end il visite chez Fl' Char/l'S, le pre de DOJ'ismne. oH ,ru, cordialem:ml accueilli ell'eHl ('OIwinL'qut' .dallshuil,. je)1\l's CaplflllUt Cuzeau npporleruH "("n pel'sonne,)n leUre de demande en :1Ull'inge de sun fils, Et ln lellre ,'int. Ab t cette leltl', nul il I{enskoff ne flll assez digne de l't>:'''crire, C'esl. Pliol1viUt' . dcolI\TI Ull ('I'vain blic.qul, Illnyellnant snlnh'l', une .,inglnin('cie gouJ'(le[CI, cha .en. style. h'Qdilionul'lla l,en se de rUt1lClUl'l'UX, . . CeUe leUre? Mais .. je que Ill'J-SOllne d'('l1l1e nous allssi n'ntlrait Illl' ln rdigel'. Celle lelh'e? Elle esll'cho affaibli d'une trs vieille cOlltume remontant il celle poque }onlaine. oille scribe lail 1'00'tlde de lu Citr .•. quel qJi fut le se!'ts on le nnnselli de son griOlOil'f', Urie lell1;e de en mariage doit lout .la l'm:eu d'a-13/ EI.zilie ,re rou#?,e: Divinit VlllldollE'sqlle.
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LA REVUE 37 muul' du prh:ndnnl. son engagement de se bien conduire l!1I"CI'S sn ruture compagne et lu garantie prsente par les siens qu'il est tle bOtlne vie et mun: Elle est signe non :-culcmellt tlu Intcndnnt hli-mllle. mais de ses patents lIaltl .. el spirituels. pa .... ufn et nUlITllinc -si Caire se peul. El surluul dIe d"H ll',\ 'crite sur du pupier spciul. ajour hrod, et1Jcliv tI'images .:olodes et cllchcte tians une enveloppe de la mme (lue le pnpiel', En oull'e. elle doit tre npporle chez les de ln jeune fille par 1 homme Le f,hL'i Ag!.' de rnutre fnmille. soif(neust'menl envelopP(!t! duns Ull mouchoir de soie l'uuge et le lo"l-lettre ellllOlichorr-st'rll l'emis nu chef de la Camille dont on 501-lieUe l'nHiance, L:l rponse sera fuite a\'ec le mme crnlOnid ta dule du Il1nringe senl IIlol'S fixe, VOlt') ,le m'en eroyez lm:; penlll'e?llermeltt>z.que je vous tlt)\Ult! lectLL"e d'une de CCii pices "ellues de Dame-Mal'je /IlIlIf lallll:1!:'nticil' est -R:mmlie pnl' le patine tlll temps el ruu' l'hcn.arabdk.t; de c('lui (lui m'en fit don, 111011 n'mi, M, If' Dr F'fH/yOIl, F:le :fimiltl d'llIJ(> 1('Url! lll! drl1wndt' ('n l1WI';agl!, Onllxi.llle HIIM\le .Ie .. le :l Dcelllbre.HJ05, :\ :\fOIl"ipllr Dorm';l1:< 8"M\III,,; pt il Madame ll: R:5Suronll CJuenoUe gnre:oll e.'Jt un enfunt. '_gl!; docile. et rempli de.espect, obi2!liant e"t't'''' gmnds ainsi 1111! pour leI! petit.'! et l'rtendant d'nequitter avec:. f't"oD.tet, avie tid!!lit, notre e\'.oir: en vprtu lJonsieur et !\Indame . -de ce grand tmoignage que nouli VOIII'I tout en .emollrfSI'lf. .•. DI!!1l de Jeur:-! protger polir lion!! afin qu'un jour de tmoigner p-'lfeille s:tti"fnclion. demandont la gloii'e. le "'''J'I'(',t pt'u ; !icienl.'. LA REVUE 37 muul' du prh:ndnnl. son engagement de se bien conduire l!1I"CI'S sn rulure compagne et lu garantie prsente par les siens qu'il est tle bOtlne vie et mun: Elle est signe non :-culcmellt tlu Intcndnnt hli-mllle. mais de ses patents lIaltl .. el spirituels. pa .... ufn et nUlITllinc -si Caire se peul. El surluul dIe d"H ll',\ 'crite sur du IUlpie .. spciul. ajour hrod, et1Jcliv tI'images .:olodes et cllchcte tians une enveloppe de la mme (lue le pnpiel', En oull'e. elle doit tre npporle chez les de ln jeune fille par 1 homme Le f,hL'i Ag!.' de rnutre fnmille. soif(neust'menl envelopP(!t! duns Ull mouchoir de soie ,'uuge et le lo"l-lettre ellllOlichorr-st'rll ,'emis nu chef de la Camille dont on 501-lieUe l'nHiance. L:l rponse sera f"He a\'ec le mme crnlOnid ta dule du Il1nringe senl IIlol'S fixe. VOlt') ,le m'en eroyez lm:; penl,lle?llermeltt>z.que je vous tlt)\Ult! lectLL"e d'une de CCii pices "ellueN de DRme-Mal'je /IlIlIf lallll:1!:'nticil' est -R:mmlie pnl' le patine tlll temps el ruu' l'hcn.arabdk.t; de c('lui (lui m'en fit don, 111011 n'mi, M. If' Dr F'fH/yOIl. F:le :fimiltl ,rlllJ(> 1('Url! lll! drl1wndt' ('Il l1WI';agl!. Onllxi.llle HIIM\le .Ie .. le :l Dcelllbre.HJ05, A :\fOIl"ipllr Dorm';l1:< 8"M\III,,; pt Madame lll'iide Jllcc;aint, "II lalf.r". : R:5Suronll CJuenoUe gnre:oll e.'Jt un enfunt. '_gl!; docile. et rempli de.espect, obi2!liant e"t't'''' gmnds ainsi 1111! Jlour leI! petit.'! et l'rtendant d'nequitter avec:. f'tI)OD.tet, avie tid!!lit, notre e\'.oir: en vprtu lJonsieur et !\Indame . -de ce grand tmoignage que nouli VOIII'I tout en .emollrlS'lf. .•. DI!!1l de leuf'lol protger polir lion!! afin qu'un jour de tmoigner p-'lfeille s:ttil"fnclioft. demandont la gloii'e. le rt'''I'I'(',t pt'u ; !icienl.'.
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38 nion et 13 persvrance, En attei}i.lllnt e ,'1)\18 urie bOIllH' afin de savoir "otre iIigeance, .,,' Et saluent d'un profond et d'une snblilne amititl. Yos serviteurs,' Duyerna St,-Louis. Sa mre Clodice Noel. Son grand pre et son Louis jeune Noel Sa gl,ftllde. l\hlllame tOlaS NOtL, Yoici nos jeunes paysans officiellement engugs. Ils 1)('11-\'ent dsormais se ,"oir et causer libl'emelll. Le pre de ln pt'omise dsigne son futm' gendre le terrain sm lequel =,c ra leur, maison. Celle maison \'iendra Augmentel' le norilbre de Loutes celles qui s'agglomrent dnns terrain limit et indivis dont l'ensemble constitue (f La .•. inviol[jble de la famille. PUl'mi ('CS IlUlis()nnettes, on en remar plus ql.' fixer la date de ln du mariage, llnis ('U plus ql.' fixer la date de ln du mariage, llnis ('U
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Ats tliellx, O!jOlI J)lIl11blllla Legbll, Simbi IUlll (leall, JOlis lt':; t','ipI'iI,'i dt> pro/t'!!rl' ft collph' 1'/ de bllir fUl/ioll (/lli ()l'l'Ill ,f,:/I'I'{Cliie dam; 10 li)i dt'''; ph 'l'.'> "/ dl's allclrt'.'i. TUlIl est accompli. El c'cst pllrlir le ('(' mOllll'lll que st' dl'roule la scculldc t't'rt'lllOllil' ln !lloillS illlt"l'!'sslllle -: Ih'uyeri('s l'Iripailln, ril'CS el d:IIlSt'S, g'ls prOj'ws el deyillt'Iles III s('('olldl' {'(-l'l'IIIOllit' dl'rollie IOlile la g;llllllH' dl'X plaisirs plullllln.'lIx, [)t:.SUllIlllis, les jculles ('poux \'0111 vint' il leur guist" Sllll\'elll. ils restent encore SPHl's rOll de l'nuIre 1111 l'erlHill temps ('('IH,'lidalit ,le HoulIgau cOlll\u/t,on C III\'i(>lldra dt' dcm:lIIdcl' l'Egli:I' que plus d'un philo!'f.'gcelle \'f'lTril(,lllt'lll cie certaines de ces cOlltun1es "')nt le snnholisme sllralln ct possde un charme tille indifiblp'l' )[e sera-t-il permis d'voquerles .I011t's emoleills de nWIl adolescence quand .i'entendais les vieillarlk-Londalor If mporis acti,-regretter les tradida.ll;, la l'gioll de la Grande-Rivi.re-du'? .\. celle poque-l un mariage Ptlys:m mme clbr dtl bOl rg compor'nH comme dfil une magnifique c:lvalcfule. il ltIl!" condilhHl. ('('pendant: il fanait que les Ats tliellx, O!jOlI J)lIl11blllla Legbll, Simbi IUlIl (leall, JOlis lt':; t','ipI'iI,'i cil' pro/t'!!rl' ft collph' pl de bl/ir fUl/ioll (/lli ()l'l'Ill ,f,:tl'l'{Cliie dam; 10 li)i dt'''; ph 'l'.'> ,,' dl's allclrt'.'i. TUlIl est accompli. El c'cst pllrlir le ('(' mOllll'lll que st' dl'roule la scculldc t't'rt'lllOllil' ln !lloillS illlt"l'!'sslllle -: Ih'uyeri('s l'Iripailln, ril'CS el d:IIlSt'S, g'ls prOj'ws el deyillt'Iles III S(,l'Olldl' {'(-l'l'IIIOllit' dl'roule IOlile la g;llllllH' dl'S plaisirs plullllln.'lIx, [)t:.SUllllllis, les jculles ('poux \'0111 vint' il leur guist" Sllll\'elll. ils restent encore SPHl's rOll de l'nuIre 1111 l'erlHill temps t't'IH,'lidalit IHI\'II111 IllOIlllllC ('1 III fClHllle I\'Clllr'aiderollt il la hl'sogne qllolid!I'IlIIt', HllncJ;!('s l'titi il r"ull'(' pOlir It' hOIl ('1 le IIlllllyais ICI11pS, De 1(\11-. lfnlll't'S peu\'('111 1\\'colIl('1' dalls la Illolloloni(' dt:.!; jOllrs SIIIIS fi\'re cl salls IhHI\'l'alltl'. ' , , ViCIlIlt' 1111 mulht'l1l' ou plus simplemellt la prmpa'l(' :1I-l'Ilt' lIn'!'l1 l'alllhiloll du l1lt'nng('.le HoulIgau cOlll\u/t,on C IlIvi(>lldra dt' dcm:lIIdcl' l'Egli:
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40.' ,' .... Il:$ meilleurs ehe":\"" et fussent pr('{'(;(h' s cL que rdcmlanl lui-Illnle fut (rU 11(' t/l,illleheur' inlln:\Cl:l":'p, A ];,lmrrire de la prop:'j('l Iii . l'l\.cepUcm iln'lIs de ::,;t :l\Ulf lii:u IIll 1'C'posoii Je fCllillt,., verte5 .e lauri.'rs f)ounn'es dOllllait rHect's de ln cour. Arriv l, ie preslemlCtti' saulait de selle' et COItl'Ail s'enfel'm{'!' dnns la maisola ,.,,;;liale, Alors, l'pous!:', cn toule humilit, devant J'nssislIlllee " .. lellC', frappait lI'ois COllpS il. la porte principale, ell rplant il haute voix: l\lon mari, ol1\Tez-moi. la porte Il, L'homnw aussitt aecdnil it ln prire de femme, ldi !'i'llwllHil les clers du foycr Imgnes d'ull mouchoir hic .. pt d'lin puil). Joli symbole. Il'es!-ii pasnai, et Jonlla pour pelll "illsi se lr:.dllil'e. (i Je suis id le :lHlll'e. Je le donne llile plan en celle Cl1Icurr o, d\':>"''lais, je J1o\lryoierni la nOlilTilllre et il les \{'ll'ments .. Et, ('0 III 111<'111 ouhlif'}, ('cite Hull (' ,01l11l1lH', chGre mOIl Iwtai, il y 11 (luelque II'PI'" IS, et qui C9sslnii il t:lbrer les llO(,PS sompl.uf'lIsPS li la tombE' .de.> la nuit? Le cortge lIuplinl HU relo!; ue ln crmonie :'eligieuse tra\'(>rsait le hO\lrg pr('cd (h>s portellrs dt' lord.t's,., Elait-ce simplell1('llt purce que ln lllullcipnlit( oubliellH' des ncessils de l"'eJairagt> puhlic IHissail les l:lI('S (>IIIt1-Ilebres oU hien .y llYHI-il 1:'\ lllle \':lgue SlIl'''\'ll1U'C de hl course :\11 flamlH':tll, ln hplle fl\[{, alltiq\lP dnns hHplf'lle dl's coureurs se le flamhellli ',Ol:r S\'Illholiserla transmission de la \'je de g('llral in!. ('II ? Que saisje? .JopleraisyolonI('l's, [HII:,:, "e('Oll(j(: hypoth!'e qui l'ull:lc!lC'rail 110S portellrsdp (ol'el!es il pnrdls des bords dl' la :\IdilelTnllllt'p si jOlI(-Cl'Uigllllis qll'on lIeme l'('!ll'O('ht Il101l penehHl11 lief Il> et le pnss d'hie!' il 1111 pass plus loinluill, clllhrUllIl: peul-lre par la !'('clIlf(' dt's ges, Les 11H1llieipnlils L.C sonl pns plus 1)J'odi:!'t(s de lumires alljollnlllll qu'hier dies Yr'I:X llYage.o> ... , " sont sans n',toul', , . EL que d 'nulres SOIl\'{,lIirs IHlllt!'111 lll011 ill1ogillnljoll pleill(' de lems ombl:es inqltih's '! ()ll(' IIC Pllis-jr m'cm pcher de trouver dons' les gesh's d(' nos cHmpllgllllrds <)mmd ils font la politcsse il leurs hte,.; ('Il s'iuelilllllll en Hile grociellse 1'<'yrellt'e un tmoignage lointain des lwhih:d('s l .... gnntes de la Socit coloniale dll IHnw sicle? Vous SIlYCZ qlle .les grands Seigneurs de Saint-Domingue l:lieut des imitateurs fOl'cens des t1sngC's de Vel'snil1ps et dressaient leul' li\'J'tle il l'al't. exquis des pos(>s, Ln n"Yrt>l1ce jlnyslIllue .llll(, SI:I'"i"nnce cel'taine des lIsnges de 1'{'P0<111 ('. Quoiqll'il ('Il soit quelqllPs unes de" ('oIlIUIl1(>s (111(> fni t'ss:tyr <1(> f:1rt' nvine 40.' ,' .... Il:$ meilleurs ehe":\"" et fussent pr('{'(;(h' s cL que rdcmlanl lui-Illnle fut (!'Ull(' t/l,illleheur' inlln:\Cl:l":'p, A ];,lmrrire de la prop:'j('l Iii . l'l\.cepllDll iln'lIs de ::l;t :l\Ulf lii:u IIll 1'C'posoii Je fCllillt,., verte5 .e lauri.'rs f)ounn'es dOllllait rHect's de ln cour. Arriv l, ie preslemlCtti' saulait de selle' et COHrilit s'enferm{'!' dnns la maisola ,.,,;;liale, Alors, l'pous!:', cn toule humilit, devant J'nssislIlllee " .. lellC', frappait lI'ois COllpS il. la porte principale, Cil rplant il haute voix: l\lon mari, ol1\Tez-moi. la porte Il, L'homnw aussitt aecdnil it ln prire de femme, ldi !'i'llwllHil les clers du foycr Imgnes d'ull mouchoir hic .. pt d'lin puil). Joli symbole. Il'es!-ii pasnai, et Jonlla pour pelll "illsi se lr:.duire. (i Je suis id le :lHlll'e. Je te donne llile plan en celle el1lcurr o, d\':>"''lais, je J1o\lryoierni la nOlilTilllre et il tes \{'ll'ments .. Et, ('0 III 111<'111 ouhlif'}, ('cite Hull (' ,01l11l1lH', chGre mOIl Iwtai, il y 11 (luelque II'PI'" IS, et qui C9sislnil il t:lbrer les llO(,PS sompl.uf'lIsPS li la tombE' .de.> la nuit? Le cortge lIuplinl HU relo!; ue ln crmonie :'eligieuse tra\'(>rsait le hO\lrg pr('cd (h>s portellrs dt' tord.t's,., Etait-ce simplell1('llt purce que ln lllullcipnlit( ouhliellH' des ncessils de l"'eJairagt> puhlic IHissait les l:lI('S ('IIIt1-Ilebres oU hien .y llYHI-il 1:'\ lllle \':lgue SlIl'''\'ll1U'e de hl course :\11 flamlH':tll, ln hplle fl\[{, alltiq\lP dnns hHplf'lle dl's courellrs se le flamhellli ',Ol:r S\'Illholiserla transmission de la \'je de g('llral in!. ('II ? Que saisje? .Jopleraisyolont('rs, [HII:,:, "e('Oll(j(: hypoth!'e qui l'ulIllc!lC'rail 110S portellrsdp 10l'elles il pnrdls des bords dl' la :\IdilelTnllllt'p si jOIU" Cl'Uigllllis qu'on Ile Ille l'('!ll'O('ht Il101l penehHl1t liel' Il> elle pnss d'hie!' il 1111 pass plus lointuill, clllhrUllIl: peul-lre par la !'('clIlf(' dt's ges, Les 11H1llieipnlils L.C sont pns plus 1)J'odi:!q('H de lumires alljollnlllll qu'hier dies Ycl:X llYage.o> ... , " sont sans n',toul', , . EL que d 'nulres SOIl\'{,lIirs lWllt!'111 lll011 ill1ogillntjoll pleill(' de lems ombl:es inqltih's '! ()ll(' IIC Pllis-jr m'cm pcher de trouver dons' les gesh's d(' nos cHmpllgllllrds <)mmd ils font la politcsse il leurs hte,.; ('Il s'iuelilllllll en Hile grnciellse r<,yrellt'e un lmoignage lointain des lwhih:d('s l .... gnntes de la Socit coloniale du IHnw sicle? Vous SIlYCZ que .les grands Seigneurs de Saint-Domingue l:lieut des imitateur!> fOl'cens des t1sng{'s de Vel'snil1ps et dressaient 1euI' li\'J'tle il l'al't. exquis des pos(>s, Ln n"yrt>l1ct' jlnyslIllue .llll(, SI:I'"i"nnce cel'Iaine des lIsnges de 1'{'P0<111 ('. Quoiqll'il ('Il soit quelqllPs ulles de" ('OIlIUIl1(>s (111(> fni t'ss:tyr <1(> f:1rt' nvine
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LA lu::n;E 41 sont cmp,'cinlcs du symbolismc le plus transpurent et puisclnc toutc ln "ie humui,!e est de symboles qui l'n nJ:lsC(uent lcs brutalits, n est-,I pas dplorable que nOUl\ I:,issons s'yunoui,' quelq.ucs uns pUl'lui les plus silggestifs dc ('CS lui pm'aicnt l'existence dcs gens d'nutrefois. :'\UlIS cn avons honte parce qu'on n dit qu'ils taicnt dcs silperstitions et des p,'jugs, Y penscz-\'ous? quund YOUs mus indignez contre quehJuc "ieux prjug absurde. SOI1-"e7., (IU'il est le compagnon dc route de l'humanit depuis dix mille nns peut-tre. qu'on s'est nppuy SUI' lui dnns les llu\II\'ais chemins, qu'H a t J'occasion de hien de joies. qu'il n ycu pour ninsi dire de ln yie humaine, n-t-il I):IS po III' nous quclquc l'hosc de f,'nlel'llel d"ns Ioule pen Sl'C de nWn1me, PRieE LA lu::n;E 41 sont cmp,'cinlcs du symbolismc le plus transpurent et puisclnc toutc ln "ie humui,!e est de symboles qui l'n nJ:lsC(uent lcs brutalits, n est-,I pas dplorable que nOUl\ I:,issons s'yunoui,' quelq.ucs uns pUl'lui les plus silggestifs dc ('CS lui pm'aicnt l'existence dcs gens d'nutrefois. :'\UlIS cn avons honte parce qu'on n dit qu'ils taicnt dcs silperstitions et des p,'jugs, Y penscz-\'ous? quund YOUs mus indignez contre quehJuc "ieux prjug absurde. SOI1-"e7., (IU'il est le compagnon dc route de l'humanit depuis dix mille nns peut-tre. qu'on s'est nppuy SUI' lui dnns les llu\II\'ais chemins, qu'H a t J'occasion de hien de joies. qu'il n ycu pour ninsi dire de ln yie humaine, n-t-il I):IS po III' nous quclquc l'hosc de f,'nlel'llel d"ns Ioule pen Sl'C de nWn1me, PRieE
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, = 1 rc ;\0 2 AOUT '1927. -LES .-\U1'5 ET LA YlE-I)il'tcleur Grimt-Respons(/ble . FondateuJ's : E. nOC)lEH : G. : E. Ror:.iER X. J. .\. YlEn;: PII.-THOBy-MARCEUN IhxlEL HEl'RTELOl: CUH. Bncn:ARD ------[!)-------La 'Jaune LiUratun> hatielllle Entre : Emil" HoulIl!'!' QllehlHe:< dt!finitions tle la l'm:,,i, PollJt!s • F..il"lti $1\r le Crol .. Plu; .. Le 'l'am-Talll Angois" InBvat l\.ban • 1111 Sl'lIlislllf'I La 'Douleur' -Le::! Hroines Notre Enqute G. :\ :- hatielllle Entre : Emil" HoulIl!'!' Qllehl"e:< dt!finitions tle la l'm:,,i, PollJt!s • F..il"lti $1\r le Crol .. Plu; .. Le 'l'am-Talll Angois" InBvat l\.ban • 1111 Sl'lIlislllf'I La 'Doulelll" -Le::! Hroines Notre Enqute G. :\ :-
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AOUT 1927, :us:: = -I...:s ARTS ET LA VIE -,-LA JEUNE LITTRATURE HAITIENRE .11 n'y n jamais eu. proprement parler, d'coles HU l'Jures .:hez nous, Lt>s grands mouvemenls fl'anais, les formulesdecnacJe. n'ont pas rallid'adeplesassez nombreux. pOUl' crel' de vl'ilables couranls. Les crivains huiliens vurenl isols, cl si l'influencC' d'un matre se pal'fois, ",Ile l'sulle d'une prfl'ence particuhcre. Cependanl, il ya eu deux poinls de vue, deux fa ons la posie et ses fins qui onl, il nous semble, domin la littrulure hailiennc, POUl' les uns, la .posie hailienne doit expl'imer IlOi joies et nos souffrances. raire sentir la beaul de notre. nature h'opil'ale, ID splendeur du paysage qui nous entoure, elle doil tre riche en couleul', peu importe mme Ics tons un peu cl'ultle soleil ardent aborigne a une palette magnifique, De la l'ouleur avant toute chose. de la coulc,>.U.' locale, Poul'Ies aulrcs, peu importe Je dcor, peu importe le ,'ndrc. sC'ules complenl les raclons de notre sensibilit douJolJl'eusc ou ullendrie, Que deviennent en passant au prisme de nos mes les vieux sentiqlenls humains t'ommenl nous ml'ut l'angoiss de la mort, le tourment de l'infini. comment nous savourons la douceur de vi vre. le plaisir d'aimer. notre faon de comprendre l'amiti el le charme de la vie en socit. Retrouver tQUS les r,'es, tous les mythes avec les dformations appol'tent le milieu et la race, La littrature hailIenne n'a que raire d'un pittoresque passller, d'une couleur locale combien relalive,elIe dOIt viser A tre humaine, Elle tail en ntlendant p,lus franaise qu'autre AOUT 1927, :us:: = -I...:s ARTS ET LA VIE -,-LA JEUNE LITTRATURE HAITIENRE .11 n'y n jamais eu. proprement parler, d'coles HU l'Jures .:hez nous, Lt>s grands mouvemenls (l'anais, les formulesdecnacJe. n'ont pas rallid'adeplesassez nombreux. pOUl' cre.' de vl'ilables rouranls. Les crivains huiliens vurenl isols, cl si l'influencC' d'un matre se p:II'fois, ",Ile l'sulle d'une prfl'ellce particuhcre. Cependanl, il ya eu deux poinls de vue, deux fa ons la posie et ses fins qui onl, il nous semble, domin la littrulure hailiennc, POUl' les uns, la .posie hailienne doit expl'imer IlOi joies et nos souffrances. raire sentir la beaul de notre. nature h'opil'ale, ID splendeur du paysage qui nous entoure, elle doil tre riche en couleul', peu importe mme Ics tons un peu cl'us.le soleil ardent aborigne a une palette magnifique, De la l'ouleur avant toute chose. de la coulc,>.U.' locale, Poul'Ies aulrcs, peu importe Je dcor, peu importe le ""drc. sC'ules complenl les raclons de notre sensibilit douJolJl'eusc ou ullendrie, Que deviennent en passant au prisme de nos mes les vieux sentiqlenls humains t'ommenl nous ml'ut l'angoiss de la mort, le tourment de l'infini. comment nous savourons la douceur de vi vre. le plaisir d'aimer. notre faon de comprendre l'amiti el le charme de la vie en socit. Retrouver tQUS les r,'es, tous les mythes avec les dformations appoltent le milieu et la race. La littrature hailIenne n'a que raire d'un pittoresque passaler, d'une rouleur locale combien relalive,elIe dOIt viser A tre humaine. Elle tail en ntlendant p,lus franaise qu'autre
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.J.3 chose. et qu'onl e Yeu i Il e ou non, ,. 1 <'lI d.'j III i la 1 i Oll Cette querelle a i\'ts(' lS dl' Ch<.'ZlHillS, el BI<.'Huee de durer. Nousall()lls dillls tille l'ol1rl<.' pn)lcll:ld<. dans l'auLrel'ois. rl'troll\'cr des mnnilcstatiolls de ces tell dUllces, eL apporter au dhat noire opinion en prcisant davantage notre position, Celle pron.'upalioll de faire , connatre, aimer leur puys. en renant sensible ses beauts,nol,lS 19 t,F(Ht\'OnS de nol-I'c Iitlr.ature, L'uvre d'Ignace Nau et de .Coriolan .Ardouin. est em:" preintc d'un dlicat parfum du terrQir. (( Les Belles de Nuit da Bnse au lombeau d'Emma)) el main les autres lgies tendres sur le mode romantique en des rythmes srs associent mn:.du]cUl s intimes .Je leursa.utenrs d.es pa.ysaglis de chez nous, . Toutes lesgnrllionslillraires qui se succdcrolll jusqu' .. lld Durand appelaient de lellrs Hl!UX .It' chnlreinspir qui donnenlit lIll l'l'ho. fidle. et un tn-' 'blenu sincre. cho fidle de nos mes douloureuses, tableau sincre Ile 1I0tl'e luxuriante nnlu\'e, tropicale dont la posie csl l1Q parrum ct :Une musiquc: 1:.1 teur de l,a lrre eal':lbe. la musiquc mlnneol iqllC de chansons croles l10slulgiqtws ellendp'es. Ul1'e Jellre de Deas Hyppolile yieiIle de einqua'lIle o p1.'<))OS
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LA IYl'E -14 :\Iais cst-ce hi la vraie posie, celle qui convienl il Bolr'c poque il notre pays? Malgr la ddicace, sent on chez le de l'inspiration nationale? Est-cc bien :arx abords de nos l'ivil'cs sous l'ombre de nos manguiers que cette muse coquette et bien attire a pris naissance '1 " N'cst-ct! pas plutt aux abords de la Seine. au centre de la civilisatioll et des arts? Son atmosphre n'est elle pas plutt la sene chaude d'un salon parisit"n? Pourrait-elle couril' bien qu'elle en ait la prtention nos grands chemins. battue par la pluie et le vent, escaladant nos mornes ct couchant la belle toile comme une fille du pays. son rlucation de couvent lui dfend ces c:\cenfricits l. . . Eilc est de Irop bonne maison ct tl'Op bien leve. Le "oudrnit-clle qu'ellc ne Je pOll\'l'ail.sa complexion d licale s'y oppose; l'Ile risquernit d'allraper un gros l'hume, ce qui serait dommage. . Telle qu'elle est; elle plait pourtant. cette demoiselle corsete, pingle, mise Il la dernire mode, avec ses cheveux rriss el ses talons' hauls. Aimons-la, sans cessel' de penser l'au tre qui viendra pltlstard celle-l cerlcs n'aura pas peur de slir Sil robe aux broussailles de la roule. ni de s'clabousser. Elle saura bien quand l'occasion se prsentera entrer jusqu' la ceinturc duns l'eau de nos ravines, Elle sera peut-tre mal l'aise dans un 'salo11 ; mais pour sr, aucun montagnard ne s'entendra mieu:\ qU'elle il grnvir une haute comne. Elle c.hantera nos joies ,,1 nos douleurs, nos aspirations et nos esprances. Elle ne prenrlra pas un cadre national pour y placer des figmcs exotiques. Elle ne se prtel'a aucune supercherie. Elle sera loyale et honnte, forle ct grande comme le peuple de <{lii elle sera l'image. Elle prouvera que l'esprit humain s'il es! par'iout le mme subit pourtant certaines modifications. soit qu'il s'veille dans. les bosquets de Versailles, soit qu'il voit le jour dans nos forts de palmistes Il. , Enfin Malherbe vinl. ... On comprend donc comment Oswald. Durand fut salu comme un maitre.Il fut le pote par excellence pour le pays tout entier. pour sa LA IYl'E -14 :\Iais cst-ce hi la vraie posie, celle qui convienl il Bolr'c poque il notre pays? Malgr la ddicace, sent on chez le de l'inspiration nationale? Est-cc bien :arx abords de nos l'ivil'cs sous l'ombre de nos manguiers que cette muse coquette et bien attire a pris naissance '1 " N'cst-ct! pas plutt aux abords de la Seine. au centre de la civilisatioll et des arts? Son atmosphre n'est elle pas plutt la sene chaude d'un salon parisit"n? Pourrait-elle couril' bien qu'elle en ait la prtention nos grands chemins. battue par la pluie et le vent, escaladant nos mornes ct couchant la belle toile comme une fille du pays. son oucation de couvent lui dfend ces c:\cenfricits l. . . Eilc est de trop bonne maison ct tl'Op bien leve. Le "oudrnit-clle qu'ellc ne Je pOll\'l'ail.sa complexion d licale s'y oppose; l'Ile risquernit d'allraper un gros l'hume, ce qui serait dommage. . Telle qu'elle est; elle plait pourtant. cette demoiselle corsete, pingle, mise Il la dernire mode, avec ses chenu:\. rriss el ses talons' hauls. Aimons-la, sans cessel' de penser l'au tre qui viendra pltlstard celle-l cerlcs n'aura pas peur de slir Sil robe aux broussailles de la roule. ni de s'clabousser. Elle saura bien quand l'occasion se prsentera entrer jusqu' la ceinturc duns l'eau de nos ravines, Elle sera peut-tre mal l'aise dans un 'salo11 ; mais pour sr, aucun montagnard ne s'entendra mieu:\ qU'elle il grnvir une haute comne. Elle c.hantera nos joies ,,1 nos douleurs, nos aspirations et nosesprances. Elle ne prenora pas un cadre national pour y placer des figmcs exotiques. Elle ne se prtel'a aucune supercherie. Elle sera loyale et honnte, forle ct grande comme le peuple de <{lii elle sera l'image. Elle prouvera que l'esprit humain s'il es! par'iout le mme subit pourtant certaines modifications. soit qu'il s'veille dans. les bosquets de Versailles, soit qu'il voit le jour dans nos forts de palmistes Il. , Enfin Malherbe vinl. ... On comprend donc comment Oswald. Durand fut salu comme un maitre.Il fut le pote par excellence pour le pays tout entier. pour sa
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43 LA REVL'E l:-,;uIGba: gnration el J'ge liltnll'e qu'il domine, II fut 5Ilcr potenatiollal par nos chmnb.'es lgislatives. el mrita mme une subventioll pOUl' la publkation de ses livres. Cet elltbousiasme prte.D sourire, if dishHlce mais il montre comment' toule'une poque se recollilt en lui combien son influence fut souveraine.La nitique trangre lui fit unaccueiJ des plus flatteurs. Coppe l'intreduisit la Socil.des Potes Franais aux acclamations de l'auditoire. et su Choul'oune avec sa grcepayssanne et le l'ire rayoBIlHnt de ses dents blalll'hes, a su conqurir tous ceux qni se sont promens chrz nous, Blair Niles a'cM la d('\l'Dire conqut,e de l'llC'l'ortc morabout.ldalina ln fille des grves et quelques ault'es hroines jaunes ou griffonnes aux appts tl'omphants)) '. pour eOlployer le vocabulaire du barde) vivront dans les mmoires, SOIl tonnante fcondit. sn faciHt prodigieuse. snhailiellll('l, font qu'Oswald delllC'urc pour nous un pl'ClII'Setll', Cepend.mt, nos Vl'UX dj ont vieilli nombre de l'toS vignettes, peilltures W cOIl\'entionelles et rudkes, exotisme youlu. t't d'un contestable, Comme les Orientales de Victor Hugo et comme les turqueries de cel'tains voyageurs en chamb.'e. lem' pittoresqut" Les lecteurs bn\'oles qui ne prendront jamllis le bateau et qui un 110m d'arbre inconnu. Ull "0-cahle trange suffit, seront satisfaits, nous pas ((Francine lu pos&de.l'ertaines autres pil'es ml'itent. encore 110s suffrages., mnis cMi>, que d.> clichs dplorables. en matil'e on n'tait diffi cile, exotisme de \'ign.elles tendl'('ment rOl'c}('l'OS, a.lmanachs illustrs (l'null'cfois, illluges d'Epinal de notre enfance. Il y manque la vision directe et persone) le. ou plutt l'intensit de cetle vision. il se conlentede voir! il ne regarde pas attentivement. Que ceux qui me Jugent Injuste l'elisent Loti, Kipling. Lafcadio Hcarn, les Frl'es Thm'and, Conrad, Chadoul'Oe ces merveilleux poteseli prose que sont Marius-AI'Y Leblond que je m'en \'oudrais de ne pns raire l'olHll'trtaux lecteurs de celle Revue. Ceux qui ont goul la sa\'eur acide, le gout {u're de Balouala, semnt certainement dus en r,.lisant Bernadin qe Saint Pierre, ft moins que lecont r3&te ne les sdnisent. 43 LA REVL'E l:-,;uIGba: gnration el J'ge liltnll'e qu'il domine, II fut 5Ilcr potenatiollal par nos chmnb.'es lgislatives. el mrita mme une subventioll pOUl' la publkation de ses livres. Cet elltbousiasme prte.D sourire, if distance mais il montre comment' toule'une poque se recollilt en lui combien son influence fut souveraine.La nitique trangre lui fit unaccueiJ des plus flatteurs. Coppe l'intreduisit la Socil.des Potes Franais aux acclamations de l'auditoire. et su Choul'oune avec sa grcepayssanne et le l'ire rayoBIlHnt de ses dents blalll'hes, a su conqurir tous ceux qni se sont promens chrz nous, Blair Niles a'cM la d('\l'nire conqut,e de l'llcl'ortc morabout.ldalina ln fille des grves et quelques ault'es hroines jaunes ou griffonnes aux appts tl'omphants)) '. pour eOlployer le vocabulaire du barde) vivront dans les mmoires, Sail tonnante fcondit. sn faciHt prodigieuse. snhailiellll('l, font qu'Oswald dell1('urc pour nous un pl'ClII'Setll', Cepend.mt, nos Vl'UX dj ont vieilli nombre de l'toS vignettes, peintures weoll\'entionelles et rudkes, exotisme youlu. t't d'un contestable, Comme les Orientales de Victor Hugo et comme les turqueries de cel'tains voyageurs en chamb.'e. lem' pittoresqut" Les lecteurs bn\'oles qui ne prendront jamllis le bateau et qui un 110m d'arbre inconnu. Ull "0-eahle trange suffit, seront satisfaits, nous pas ((Francine lu pos&de.l'ertaines autres pil'es mdtent. encore 110s suffrages., mnis cMi>, que d.> clichs dplorables. en matil'e on n'tait diffi cile, exotisme de Yign.elles tendl'('ment rOl'c}('l'OS, 3.1manachs illustrs (l'null'cfois, illluges d'Epinal de notre enfance. Il y manque la vision directe et persone) le. ou plutt l'intensit de cetle vision. il se conlentede voir! il ne regarde pas attentivement. Que ceux qui me Jugent Injuste l'elisent Loti, Kipling. Lafcadio Hcarn, les Frl'es Thm'and, Conrad, Chadoul'ne ces merveilleux poteseli prose que sont Marius-AI'Y Leblond que je m'en \'oudrais de ne pns raire l'olH,itrtaux lecteurs de celle Revue. Ceux qui ont goul la saveur acide, le gout {u're de Balouals, semnt certainement dus en r,.lisant Bernadin qe Saint Pierre, ft moins que lecont r3&te ne les sdnisent.
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I.A n1::\'l:E 46 Beaucoup ont entendu le chant des matelots. et. depuis Baudelaire, l'exotisme en robe chatoyante.la tte noue d'un madras de coulelll', a pl's droit de cit dans les letlres franaises. J'ome's Pal'ny et Lonard qui ont eu peu d'influence, Leconte de liste. qui est plutt un peintre de fl'esques bat'batcs el antiques, et dont le sens exquis de l'exo(isme ne se relrouve, avec queUe touche dlicate! que dans sa ",jlanelle:' el 1 Monchy, ft La Iloshtlgie des tropiques d'azur, ('l'Ile qu'eut pu prouvel', un fils de ces climats, le charme mlan colique de leul' mOl'bidesse sensuelle, c'est Baudelaire !lui ra exprim. la malabl'aise, les ngresses, les coco-taers ' Et 1'I11'111i l'herLe, mainte t'lcut' <1 Qui sen t mes an ti Iles loi n tant>s Et qlli repand sur nm dOlllelll' I( mUI'UJllrt!S de lellrs limtllilll',; dira avec le pole Armand (;ot!uy d:'lIls celle magnifique !1ille pOlir Charles Balldelaire .• John Antoinc Nal! est un ange des Il'opiques, c'est .Jean Hoyl'e qui l'a dit cl il Ile nutnnt que nous. (,.'omprendre et aimel', les Hiers Bleus. . Les escales de Paul JeUll Toulel. (hms de brves nolations. saven 1 enclore des Visions dfinitives, Jules SuIlel'vielle, ''os (( Dbal'('adres )1 sonl une pense. La critique EtIJ'openne ,,'u cess de nOlis demandeI' noh'e tmoignage personnel. ( Sm'e1.-vous le reproche que j'adl'esserai M, Coicou el il se'\ ('ourl'res ? C'est de ne pus donnel' une impressiun assez vive et colore de lem' pays. Leurs gltlantel'it's, leurs idvllNI. leurs soupirs. leul's larmes ne l'{'nl 'PliS d('5 lans de mme ol'dl'c auxquels pourraient .,'UlulIUlollnel' enlre deux bocls Et qlli repand sur nm dOlllelll' I( mUI'UJllrt!S de lellrs limtlliIlI',; dira avec le pole Armand (;ot!uy d:'lIls celle magnifique !1ille pOil/" Charles Balldelaire .• John Antoinc Nal! est un ange des Il'opiques, c'est .Jean Hoyl'e qui l'a dit cl il Ile nutnnt que nous. (,.'omprendre et aimel', les Hiers Bleus. . Les escales de Paul JeUll Toulel. (hms de brves nolations. saven 1 enclore des Visions dfinitives, Jules SuIlel'vielle, ''os (( Dbal'('adres )1 sonl une pense. La critique EtIJ'opennc ,,'u cess de nOlis demandeI' noh'e tmoignage personnel. (( Sm'e1.-vous le reproche que j'adl'esserai M, Coicou el il se'\ ('ourl'res ? C'est de ne pus donnel' une impressiun assez vive et colore de lem' pays. Leurs gltlantel'it's, leurs idvllNI. leurs soupirs. leul's larmes ne l'('nl pliS d('5 lans de mme ol'dl'c auxquels pourraient .,'UlulIUlollnel' enlre deux bocl
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\ , .Jeatl,YalnlY Baisse, une cOllft'relH'e SUl' la POt'sie franaise chez les noirs d'Hati. prononci-nu locnl de la Nouvel le nevue :\loderne. t';.;prillwi t le mnH.' regret. \'ers frahais , ptlls<[Ul' ';OllS rll U'l fait de fortbaux, muis demeurez hatiens; \'()(Juez pour nous les/jours ensoleills el. d13Uds, les nuits pleines d'toiles du climat anlillcn, quedans "OS Yc'rs cr<'l1le Jesoufle'tide des vents alizs, ct que le hruissement des: palmes en rythme la cadence; chantez cctte mer des Antilles qui conserve pour nous le c1Hlrme 'ensorceleur,qui retint SUI' ses rives nos aieux les lnigrants du XVIe sicJe; soyez ainsi nos fl'res, maIS apportez dans notre famille que menace un vent de dcadence' la floraison de vos illusions vierges, l'nlme douceur dc votre primitivit .... )) " .... Nous touchons Iii le point fniblc de la littrature hatienne contemporaine. En effet parmi lous ces hatiens dont il nl l n de lire les vers, combien sont potiquement En leurs vers ce sont U)S proccllpnliolls quelque peu dnatures qui provoquent les plus beaux lans d'entouLe, ciel du "ieux monde plane sur celte posie el, so'Uvent il trIlVCI'S, les elle est mniIlenol1!' voyons se dressel' au lieu du pays:lgc nnlill"l1 un bourp; des bords de Ja Loire .... Et pOUl'lanl; qul dco .. pcul ll'(t(,01l1jHll' il t'(,lui dans Jequ("J "j,'cnl ces po('>l('s! Quel IWYS:lgisl(' lyrique li pu contemplcr SlHJS Cil >II'Ct'llll1 Cl'llt' 1H':lult' de nntlll'l' primitive sans rcno.l1\'elc !QIH'l hO'llllle :l pu SPIlIiI' en lui cette fl'akhcUl' de Il'n.' nH't' l'a.ttrore dece jeune peuple, o rOll sait.hien "ivn' pour l1ne uvre, cl o; Ton sait mi<111}' monril']>oul' 1I1H' ide. . , ' , ,.' '. . (Venturn GarciaCuldl'rolldns une critique hicllH'ill\ lant de l'Anthologie Jw'lH,'JlI1e de 'Louis coildut J1lariirepresqile identique. Etvoii ellfin sur le mnle sujeUl ( dt'! ,nal naHsme, dans ls, COll:"'; . seilsque clonllait MHl1Uel Ugarte: le peseur<.> 1 tTitiqtlc( urugayen. • In Re'nle Aniriqul' Latille 1/10/22. \ , .Jeatl,YalnlY Baisse, une cOllft'rellt'e SUl' la POt'sie franaise chez les noirs d'Hati. prononci-nu locHI de la Nouvel le nevue :\loderne. e;.;prillwi t le mnH.' regret. \'ers frahais , ptlls<[Ul' ';OllS rll U'l fait de fortbaux, muis demeurez hatiens; \'()(Juez pour nous les/jours ensoleills el. d13Uds, les nuits pleines d'toiles du climat anlillcn, quedans "OS Yc'rs cr<'l1le Jesoufle'tide des vents alizs, ct que le hruissement des: palmes en rythme la cadence; chantez cette mer des Antilles qui conserve pour nous le c1Hlrme 'ensorceleur,qui retint SUI' ses rives nos aieux les lnigrants du XVIe sicJe; soyez ainsi nos fl'res, maIS apportez dans notre famille que menace un venl de dcadence' la floraison de vos illusions vierges, l'aIme douceur dc votre primitivit .... )) " .... Nous touchons Iii le point fniblc de la littrature hatienne contemporaine. En effet parmi tous ces hatiens dont il nl l n de lire les vers, combien sont potiquement En leurs vers ce sont U9S proCCllpntiolls quelque peu dnatures qui provoquent les plus beaux lans d'entouLe, ciel du "ieux monde plane sur celte posie el, so'Uvent il trllvcl's.lcs elle est mniIlenol1!' voyons se dressel' au lieu du pays:lgc nnlill"l1 un bourp; des bords de Ja Loire .... Et pOUl'lanl; qul dco .. pcul ll'(t(,01l1jHll' il t'(,lui dans Jequ("J "j,'cnl ces po('>l('s! Quel IWYS:lgisl(' lyrique li pu contemplcr SlHJS Cil -II'Ct'llll1 ('l'Ilt' 1H':lult' de nntlll'l' primitive sans rcno.l1\'elc !QIH'l ho'ullle :l pu Sl'IlIiI' en lui cette fl'akhcUl' de Il'n.' nH't' l'a.ttrore dece jeune peuple, o rOll sait.hiell "ivn' pour l1ne uvre, el o. Ton sait mi<111}' monrI']>oul' 1I1H' ide. . , ' , ,.' '. . (Venturn GarciaCuldl'rolldns une critique hiellH'ill\ lantc de l'Anthologie Jw'lH,'J1I1e de 'Louis coildut J1lariirepresqile identique. Etvoii ellfin sur le mnle sujeUl ( dt'! ,nal naHsme, dans ls, COll:"'; . seilsque clonllait MHl1Uel Ugarte: le peseur<.> 1 critiqtlc( urugayen. • In Re'nle Aniriqul' Latille 1/10/22.
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LA I\'CE 48 La t'l'iti(llIC t'urOpt'CIlIH' d le PUUlil'
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4U LA RE\TE l=--OIG:SE que prcieuse, d'un coloris naf. et frais, COl'IlI11C certaines peintures contl'lllplts jadis, m'cc ravissement, sur des vases trusques. rtdont . j'H i gnrd lin souvenir merveill. Pour les crivains de rautre groupe nutre littrature n'a pas besoin de se situer dans l'espace; et dans le temps, l'art sans tre foncirement impersollnel. peut cepelldanttre humain et haitien, mais haUiell simplement parce lJue l'auteur qui proll\'c ces SClltiments est hnilien et que cela conditionne des modes de sentir artn'esl nuHe,ment fn . fonction du dcor jug comme accessoire et contingent. La meilleure expression de celte tendance. n t donn avec . beaucoup plus de. chu't et que je ne saurais jamais le faire. . Je crains bien que ceux qui "clenl voir dans les uvres trangres le reflel de IHl)'S lointains, de milieux inconnus. ne soienl dus, Je n'ni pas crit pour les d'exotisme. J'ai pens. fai crit pour l'eux que tourmentent le dramt' de la vie ,les problmes de la destine, cl le l'me. . erreur d'exiger comme ra sembl faire un dis-tingu Cl'itique. M. Adolphe Brisson. que hHtienne se borne la description de .Botre merveilleuse nature tropicale. Nous sommes penllre dans le cadre le pJus beuu du monde, les esprits les pIns fOllcirement mlancoliques.lespills intrieurement :lg'I('S qu'il y ait... Tout le m,11 \'iellt en somme dl' Cl'
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LA REVUE INDIGNE 50 me d'une jeunesse ardente dcime, Miragone en cendres, -la vie publique a des rpe\:ussions profondes dans l'tre intime-Etzel' Vilaire fut choisi pour tre porte-parole officiel, le grand tmoin lyrique d'une gnration qui se qualifie romantiquement de sacrifie. C'est le mme dsir d'vasion loin des ralits dcevantes vasion dans le temps et dans l'espace -qui amenu Damocls Vieux situer ses r\'es galants dans une atmosphre'Watteau -peut-tre aussi l'influence de Verlaine -mais le paradoxe ne manque ni d'imprvu, ni d'un certain charme piquant d'entendre madrigaliser avec une grce exquise .ce noir authentique. Comme Lonard il prit naissance sous le ciel brlant des Tropiques et comme le chevaliel' de Saint Georges eut fait bonne figure la cour la plus raffine. C'est son exotisme lui. Damocls Vieux nous est surtout sympathique, moins pu !Iles pomes d'intimit d'un sentimenl trs dlicat, d'une musique fine, que par la peinture des paysages hatiens, o il sait dcouvrir des correspondances im-> prvues. Colf Plage, Furcy, qu'il a dcrit en coloriste . hahile, en peintre minutieux. Les lieux o l'on fut heul'eux se mlent dans noIre sou ven il' l'vocation des images e notre bonheur. on ne peut rappeler ces instants nlres. ces minutes blouies sans que ne surgisse aussitt le dcor inoubliable .... SUI' nos proches devanCiers, Luc Grimard, Dominique Hyppolite, Burr-Raynflud, Henri Durand il est difficile de pOlter un jugement dfinitif. Bun-'Ravnatld dont deux volumes onl permis d'apprcier le talent souple. Dominique Hyppolite, Ed Numa. sonl plutt des potes du terroir. Lon Laleall est un pote d'intimit qui situe ces rves (Iilelque part... Ailleurs ... n'importe o YOUS vou.Irez. dans un d('or des conles de Shakespeare des nuits de Musset, une Italie de fantaisie .. Luc Grimard SUl' son fifre de bambou chanlera ses joies mles inlimement au souvenir des lieux cbers Le groupe la Revue indigne , venu aprs des sicles de litle:rature rrafti'ase, la tle lourde, oreilles LA REVUE INDIGNE 50 me d'une jeunesse ardente dcime, Miragone en cendres, -la vie publique a des rpe\:ussions profondes dans l'tre intime-Etzel' Vilaire fut choisi pour tre porte-parole officiel, le grand tmoin lyrique d'une gnration qui se qualifie romantiquement de sacrifie. C'est le mme dsir d'vasion loin des ralits dcevantes vasion dans le temps et dans l'espace -qui amenu Damocls Vieux situer ses r\'es galants dans une atmosphre'Watteau -peut-tre aussi l'influence de Verlaine -mais le paradoxe ne manque ni d'imprvu, ni d'un certain charme piquant d'entendre madrigaliser avec une grce exquise .ce noir authentique. Comme Lonard il prit naissance sous le ciel brlant des Tropiques et comme le chevaliel' de Saint Georges eut fait bonne figure la cour la plus raffine. C'est son exotisme lui. Damocls Vieux nous est surtout sympathique, moins pu !Iles pomes d'intimit d'un sentimenl trs dlicat, d'une musique fine, que par la peinture des paysages hatiens, o il sait dcouvrir des correspondances im-> prvues. Colf Plage, Furcy, qu'il a dcrit en coloriste . hahile, en peintre minutieux. Les lieux o l'on fut heul'eux se mlent dans noIre sou ven il' l'vocation des images e notre bonheur. on ne peut rappeler ces instants nlres. ces minutes blouies sans que ne surgisse aussitt le dcor inoubliable .... SUI' nos proches devanCiers, Luc Grimard, Dominique Hyppolite, Burr-Raynflud, Henri Durand il est difficile de pOlter un jugement dfinitif. BUIT-'Ravnatld dont deux volumes onl permis d'apprcier le talent souple. Dominique Hyppolite, Ed Numa. sonl plutt des potes du terroir. Lon Laleall est un pote d'intimit qui situe ces rves (Il.lelque part... Ailleurs ... n'importe o YOUS vou.Irez. dans un d('or des conles de Shakespeare des nuits de Musset, une Italie de fantaisie .. Luc Grimard SUl' son fifre de bambou chanlera ses joies mles inlimement au souvenir des lieux cbers Le groupe la Revue indigne , venu aprs des sicles de litle:rature rrafti'ase, la tle lourde, oreilles
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fi) plyines des lllus(IUt's entendlll's, les yeux fntgu('s de!') IHl'ysnges de civilisalions, V ('li 1 ouhlier les cmlel:c('s rOIlnues el sa\;anles, les llwg<'s loult's faill-s des BUtres, lira dans le IhTe dl' la nalul'e, di'HI\Tu' le monde par ses yeux. Le monde exlrieur exisle pour nOlis -I(Au centre du monde balle cur de rhomme >l -el voil concili les deux idi'alsdu pass rull.is. Le monde cxtl'icll1' existe pour nous. nslri.lments de connaissance. nos Sl'IIS qui nOlis permellenl de 1'1'1 border. sont neufs, des sel:s viel;ges de gs et de primitifs. Les fouleurs, pur nos )eux avides. sont happes nvee volupt. Quel plaisil'de dl'ouverte 1 Savoil' regarder, combien Cil sont capables, dcouvl'ir entre les choses le rapport secrel, qui les unit, le lien tnu et mntrieux. Donner l'impression. de nouveaut au rnpport" consilli. le plaisir de surprise. l'impl'ssion de scurit. lalll ('s\ rigoureuse l'xarlilude fidle de l'obscI'\'Hlion. L'tranger cnllh qui observe les choses dll'z nous 'l'ouit d'une perception plus nigue et plus pl'omple de eurs associations ou de leurs anlinomies, rnu:('e qu'elles le hem'tent d:l\'anlage. sont plus rxtrieures Il lui. lui uppal'aisscnl en relier. .. L'habilude elldol't nos sens. l'I1101lSSL' notrc sClisibilili', les points de l'omp:lI'aison IIOlIS IIHlIHIllenl, les eonlru,\tes aussi. Le pote se promnera (JOIlC dalls Ic jHl'dill des Htll'Hhu'es lran!{t>I't's. nOI) p(lllr y prelllll'(.' des imnges, olt des imilalions, mais pOlir mieux se 1'('11<))'(.' compte. par les dl' son Le peuple que Il'emharassenl pm,I('s Ih{'ol'{'s, IV' pt"U-ple,com,ne l'ellf:mt. ('sI poNe. . Cius tire des ('Oilles SOll5 la lonnell<'. (jtilll Hm: hois st'(' muJatressc veines cou hl('ues: palmiste Cius vl>nt dl' raire uvre de poi'le, il U "li ler;'llmiste comme une belle lemme. El ]'o01I)l'e, commcnt hl voil il '! CI m'l. pn'IH! 111' Il Me voici, viens me prendre. Cesl hl part(! de ('uchecache avec Il' mirage dcevant. Lu lumire, piti. pili, . plein nlilll' toule petile. elle emp lit ln maison. fi) plyines des lllus(IUt's entendlll's, les yeux fntigu('s de!') IHl'ysnges de civilisalions, v('ul ouhlier les cmlel:c('s rOIlnues el sa\;anles, les llwg<'s loult's faill-s des BUtres, lira dans le IhTe dl' la nalure, di'HI\Tu' le monde par ses yeux. Le monde exlrieur exisle pour nOlis -I(Au centre du monde balle cur de rhomme >l -el voil concili les deux idi'alsdu pass rull.is. Le monde cxtl'icll1' existe pour nous. nstri.lments de connaissance. nos Sl'IIS qui nOlis permellenl de 1'1'1 border. sont neufs, des sel:s viel;ges de gs et de primitifs. Les fouleurs, pllr nos )eux avides. sont happes nvee volupt. Quel plaisil'de dl'ouverte 1 Savoil' regarder, combien Cil sont capables, dcouvl'ir entre les choses le rapport secret, qui les unit, le lien tnu et mntrieux. Donner l'impression. de nouveaut au rnpport" conslni. le plaisir de surprise. l'impl'ssion de scuril. lalll ('si rigoureuse l'xarlilude fidle de l'obscI'\'Hlion. L'tranger cnllh qui observe les choses dll'z nous 'l'ouit d'une perception plus nigue el plus promple de eurs associations ou de leurs antinomies, pII.I:('e qu'elles le hem'tent d:l\'anlage. sont plus rxtrieures Il lui. lui uppal'aisscnt en relier. .. L'habitude elldol" nos sens. l'I1101lSSL' notrc sClisibiliti', les points de l'omp:lI'aison 1I0lIS IIHlIHIlIcnt, les eonlru,\tes aussi. Le pote se promnera (JOIlC dalls Ic jHl'dill des Htll'Hhu'es lran!{t>I't's. nOI) p(lllr y prclllll'(.' des imnges, olt des imilalions, mais pOlir mieux se 1'('11<)1'<.' compte. par les dl' son Le peuple que Il'emharassenl pm,I('s Ih{'ol'{'s, IV' pt"U-ple,com,ne ('si poNe. . Cius tire des ('Oilles SOll5 la lonnell<'. (jtilll Hm: hois st'(.' muJatressc veines cou hl('ues: palmiste Cius vl>nt dl' raire uvre de poi'le, il U "li ler;'llmiste comme une belle lemme. El ]'omill'e, comment hl voil il '! CI m'l. pn'IH! 111' Il Me voici, viens me prendre. Cesl hl part(! de ('uchecache avec Il' mirage dcevant. Lu lumire, piti. pili, . plein nlilll' Ioule petile. elle emp lit ln maison.
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Ces dfinitions. ccs devillcllcs sont le premier mot d'ull \'cl's,.le premier adH'IllIlt'mcnt \'crs la posie, la \'l'Hie posie du ll'l'I'oil'. l':lct'ourt'i elliptique et potique d'li Il peuple (' \J l'lin L a quatrc ails (les yeux lolJns ct ravis qui ('l'cellt nlentoul' d'elle LIll llni\,t.'I's mt'I'\'eilleux, Nicole (' ,il Lee Ilwlges s'tllll0llClellt dallS If ci('j d't, cs nUHhlall<'s. ils courenl el se POUI'SlIiV('III. celui qui a la formc d'LIll chal. le chul de la mre Michel, ou SOli ('oule chat boU, faisanl le gros dos s'avance vers la luIle hll'lllc bien heulTe -(,t d'une hOllche il nvalc ln lune, pleu!'t, La posie el la vic St' IlIlellt en SOli mc candide. Les p:lsscul cl l'epassent sUl',ln lune, H Regarde. COllltlH..' 011 halaie IH IUIH.' )) LI \'l'Hie pol'sil'. nHis Ile la pCI'CC\'l'Z .IHIlHlIS SI \'OUS Il'avez pas "mc d'lIll pctit cl1ranl. La \T:lc poesie, je la tl'Ou\'e dUlls les refnlills que 1I0llS ('hantaient le soir les nourriccs noires. qui ber":' Ilolrcenfunce. Dodo dodo pitite moin, crabe Ilan cnlaloll. crihiche llall gomho, (1 I}odo pitite Illoin les hel'ceuses Icnles cl douces au rythllle apais ... L('s chansons des ( reines-chanlel'clls qui mnenl hs danses champtres. Et'olltt,Z la chanson de la jeune en\'oute Feuille 11H11 hois, {'ot ou pral Feuille, t>. {'ol ou pral Feuille !Hlll bois, t'ol ou pnd Cfl!le bOllmba :\.l'exis (). (' a III 'pm: vil' Alexis 6 cot Ol! prnl :\Iexis e a Ill'pas "I . bOllmbfl quim/l moill l'olldol'<'> est riche de chansons pare-illes. C'est le hruit cles hlms-Iams conviant lu danse d'un moril l':llltre. rappel des Illmbis, cri rauque d'humanit abois. c'est le rythme trpidant et sensuel d'une m"lllgue avec sa mlancolie lascive, qui doit passer dans noire f>osie( afl notation sera directe. de nos mois, et porsol1nelle.1\ol1 des \'t'S mais la posie. Les querelles Ces dfinitions. ccs devillcllcs sont le premier mot d'ull \'cl's,.le premier adH'IllIlt'mcnt \'crs la posie, la \'l'Hie posie du ll'l'I'oil'. l':lct'ourt'i elliptique et potique d'li Il peuple (' \J l'lin L a quatrc ails (les yeux lolJns ct ravis qui ('l'cellt nlentoul' d'elle LIll llni\,t.'I's mt'I'\'eilleux, Nicole (' ,il Lee Ilwlges s'tllll0llClellt dallS If ci('j d't, cs nUHhlall<'s. ils courenl el se pOUI'SlIiVl'lIl. celui qui a la formc d'LIll chal. le chul de la mre Michel, ou SOli ('ou!\in le chat boU, faisanl le gros dos s'avance vers la luIle h:ll'lnc bien hculTe -l't d'une houche il nvalc ln lune, pleu!'t, La posie el la vic St' IlIlellt en son mc candide. Les p:lsscnl cl repassent sUl',ln lune, H Regarde. COllltlH..' 011 halaie IH IUIH.' )) LI \'l'Hie pol'sil'. nHis Ile la pCI'CC\'l'Z .IHIlHlIS SI \'OUS Il'avez pas "mc d'lIll pctit cl1ranl. La \T:lc poesie, je la tl'Ou\'e duns les refnlills que 1I0llS ('hantaient le soir les nourriccs noires, qui ber":' ('l'l'nl Ilolrcenfunce. Dodo dodo pitite moin, crabe Ilan cnlaloll. crihiche llall gomho, (/ I}odo pitite Illoin les herceuses Icnles cl douces au rythllle apais.,. L('s chansons des ( reines-chanlel'clls qui mnenl hs danses champtres. Et'olltt,Z la chanson de la jeune en\'oule Feuille 11H11 hois, {'ot ou pral Feuille, t>, {'ol ou pral Feuille !Hlll bois, l'ol ou pnd Cfl!le bOllmba :\.l'exis (). (' a III 'pm: vil' Alexis 6 cot Ol! prnl ,,,lexis e a Ill'pas "I . bOllmbfl quim/l moill l'olldol'<'> est riche de chansons pare-illes. C'est le hruit cles hims-Iallls conviant lu danse d'un moril l':mtre. rappel des Illmbis, cri rauque d'humanit abois. c'est le rythme trpidant et sensuel d'une m"lllgue avec sa mlancolie lascive, qui doit passer dans noire f>osie\ afl notation sera directe. de nos mois, et porsol1nelle.1\ol1 des \'t'S mais la posie. Les querelles
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53 LA REVUE INDIGNE prosodiques nous font rire. Les pdants solennels dis cutent, la source chante, le ruisseau sur les galets sus sure, un air nouveau, un merle ironique a siffl leurs discours. Comptez sur vos doigts les battements de nos curs. J'ai peur de parler devant lui me dit Petit Pierre. C'est un monsieur trop savant. Il voudrait corriger les faulrs d'orthographes que je fais en parlant Nous laissel'onscomme dit Phito, ces ('uistres prtentieux brouter les couronnes mortuaires sur les tombes des cimetires --.:. antiques et solennels 1 Mon ami Phillipe Thoby-Marcelin se promne' un soir auChamps-de-Mars; Il voit la, lune dans un halo et l'image suivante s'impose a lui. La lune au centre d'un halo se dilatait comme pupille d'un chllt D'un aulre soir Cette lune, comme un il rouge. Je tranais des songes dolents Parmi la canaille des bouges. L'angoisse au cou, nud coulant. De Roumer. cette notation La fa.im donne il la hou che un gont de quinquina Pour Jacques Roumain. La pluie dac'()'lo tapote sur les ,Et je pourrais multiplier les'l'ilalions. Si nous crivons en franais. nOlis sommes, il ne faut . pas J'oublier, des trangers, peu-t-ll'e mmedts barbares, nOlis suivre les de snsibilit. essayel' d'imiler; ,mais nOlis de"'ons I"cndre nos sensations, exprimer nos sen!iments. Nos . sont traduits de ('t'sl la tradlldiun d'ftats d'me qui nous sont pl'o(>rt"s. La g"ande rgle n'est elle pas de 1>laire, peu importe la formule myslrif'lls(' . suivant laquelle s'opre 111 transmutation, homme respire le parfum. s'enchante de la 11111siqne si elle l'meut. Le l'esteestlitt.l'all1re. NORMIL SYLVAIN 53 LA REVUE INDIGNE prosodiques nous font rire. Les pdants solennels dis cutent, la source chante, le ruisseau sur les galets sus sure, un air nouveau, un merle ironique a siffl leurs discours. Comptez sur vos doigts les battements de nos curs. J'ai peur de parler devant lui me dit Petit Pierre. C'est un monsieur trop savant. Il voudrait corriger les faulrs d'orthographes que je fais en parlant Nous laissel'onscomme dit Phito, ces ('uistres prtentieux brouter les couronnes mortuaires sur les tombes des cimetires --.:. antiques et solennels 1 Mon ami Phillipe Thoby-Marcelin se promne' un soir auChamps-de-Mars; Il voit la, lune dans un halo et l'image suivante s'impose a lui. La lune au centre d'un halo se dilatait comme pupille d'un chllt D'un aulre soir Cette lune, comme un il rouge. Je tranais des songes dolents Parmi la canaille des bouges. L'angoisse au cou, nud coulant. De Roumer. cette notation La fa.im donne il la hou che un gont de quinquina Pour Jacques Roumain. La pluie dac'()'lo tapote sur les ,Et je pourrais multiplier les'l'ilalions. Si nous crivons en franais. nOlis sommes, il ne faut . pas J'oublier, des trangers, peu-t-ll'e mmedts barbares, nOlis suivre les de snsibilit. essayel' d'imiler; ,mais nOlis de"'ons I"cndre nos sensations, exprimer nos sen!iments. Nos . sont traduits de ('t'sl la tradlldiun d'ftats d'me qui nous sont pl'o(>rt"s. La g"ande rgle n'est elle pas de 1>laire, peu importe la formule myslrif'lls(' . suivant laquelle s'opre 111 transmutation, homme respire le parfum. s'enchante de la 11111siqne si elle l'meut. Le l'esteestlitt.l'all1re. NORMIL SYLVAIN
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ENTRE NOUS: EMILE BOUMER Chez Florvil. . Coiu de taveme mlallcolique en celte fiu tl'uprs midi lourde. La table rche. et qu'a marque l cul dei cornets ds. Les murs suintants d'humidit. Des banc!. -NOliS avons clos la pOl'te qui doulle sur la vie fi vreuse des Tristesse des salles dsertes. Fume bleue des cigares. en face des bocks vides, Nous avons clos ln porte, Et ce silence. et cette ombre allonge au pied des murs, tout cela nous isole cre une atmosphre apciale de tabac et de vagabolidnge intellectueL .. Roumer parle. HOllmcl': toul rond. Une bOllne lle l'ollge. joviale, candide, Derrire les IUllelles des petils yeux yu'un tic nerveux rait dignotcl', Le geste est large, puissant. Une ,:ie brlante t'II l'uyonlle. qui ,"OllS inonde, VOliS avale: Etille Roumel' dy"amique. . COlllment je dbutai? Il a l':II' de trs S'llllluscr. COlllllle qui dirait en soi: ( Ah hilllllt" blague 1 Il Les petils yeux rient uvee plus de malice. El Ilussi toute la bonne face l'onde et rouge, C'tait HU lyce ;\lichelet olt je 'faisais ma philosophie. Quelques amis\ dont ce Jean Claude Aujame. peintre de": IHlis, et qui devait. vingt ans. exposer au Salon une uHt' rcmarqlmblc.me dfit'ent d'entrer aux Annales.l'evue trs ce qn'ils disaient. Vous devinez ma vanit d'Hatien IlIque, Pari. Discusion. etqui termina par renvoi dt' quel(Ines Uns de mes pomes Madame Sarcey sous .Ja signalure d'Emi1ius Niger. YOllS avouerai-je qt'le je ne fus pas IIf'u moi-mme
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la conql1te de Paris! Il Y:lyait dllllS DOIl Quichotte" .. Ce fut llli qui, cependant qu'ell Angleterre. el dmls ce centre d'tudes fOl'lllidable qu'est le Fhc Rferenee Lihrnry. je IHlss1Is mes journesit ludier, s'o(,("lIJla de r(\ditioll dc mon \'olullle: Les. Pomes dliaiti ct de FI'lIlICC • .L-Quel fllt l'accur.ll de la ? --Elogieux. Andr :\101'3. NolSabnrd. La Pellse Lal.ille.o. -Je me rappele. ('f[et atioil' III ulle tud(' de la Pense Latine el qui rendait C(' dOl! m.mt'l que voU!; al1e=. el la mllsicalit de. votre l'ytbme. -Vous tonnenl-je Cil YOUS disallt (fUt' ln plupart des encouragements qlle j'ni rencolllrs Ille yjt'IlIH'111 d'('tn.Hl gers? (Naturellement, ces nulems inshlut'llt sur cc point que c'lait une LH'I'e de dbut). -Tandis qu'ml contraire, la presse hatienne il part lin Hrtide d'Alldf' dans la Nouvelle Ronde, el le Temps de l'cl l'rinln CJu'est rest Moravia ne Ille eOllsacrnt que de hanuls lIyis de rception et se mOllirait d'tlne nb!'oluc IHiilrt'l'('ncc enyers l'uvre,llonpasdMillilh'e, Ilwis qu<'ppelldnnl lllrlnllllieux, q'ull jeune HniticlI. -Et l'impn's\'1ion lice(' .ne de kola () sa pnill(/' d:ll1s(' l!rt' gigut' fanlllsqlH' rOll\' r('P0ntire .... Je vis qlle .le Ill' seraisjnlllas dalls mOIl pnys-. . 11 y Il dans l'e milieu lIll gol l'ail, (llTl. O I\'CIl SOl'I pas. celui ('Iabli pur ('es Olibrius qui ponr tl'OUYl'r tlllt' rime plus ou moills cOllvellahlt',IH' l'l'culeront pas d("'[\l11 Its inepties, hons faiseurs (le /loi'mes pOllrjt'IIlH>S filles, mois 1'\ qui Ic SN1S de l'mt fnil nhsolUI1H'nt dHal1t. :\Ir. 'lHtre)'. cet enlreprelwllI' de pompes funhres gnl' ne de kola () sa pnill6' d:ll1s(' l!rt' gigut' fanlllsqlH' rOll\' r('P0ntire .... Je yis qlle .le Ill' seraisjnlllas dalls mOIl pnys-. . 11 y Il dans l'e milieu lIll gol l'ail, (llTl. O n'cil SOl'I pas. celui ('Iabli pur ('es Olibrius qui ponr tl'OUYl'r tlllt' rime plus ou moills COllyellahlt',IH' reculeront pas d('\"[\11 1 Its inepties, hons faiseurs (le /loi'mes pOllrjt'IIlH>S filles, mois 1'\ qui Ic S('llS de l'mt fnil nhsolUIlH'nt dHal1t. :\Ir. 'lHtre)'. cet enlreprelwllI' de pompes funhres gnl'
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1..\ IlE\'CE I:-';OIG:\I:: mais de la vic. Il lie peut seulement <{uc nOUli seuls voulions crire d'ulle ccrtuille faon, ct qui est ln notation exacte de IIOS ractiollli La sincrit cn urt, voil ce (lue nous demandons, et.. ..... Je senlis (lue l'entretien dviait. J'v l'amenni Rouiller en lui demalldant quels taient ses ll1ultl:es, . En tte: La forgue. Le Vcrlninc des Fles Gulanles. Toulet. JOli .-\suncion Sil\'ll, -= l'olls a'vf'= eu li subir des influence ... bien dissensable,: Vel'laille et TOlliet par exemple. -di!: le ,Verlaine des Fles Galuntes. trli du myticisme de Sagesse, cl (jui, plll' qrlilite de strophes telles (lue celle-ci Lunure le sol, Pierrot qui d'ull saui . De pu<.'e Franchit le buisson, Cassandre sous son Capuce ...... s'appllrcnle ddemment il ccl OI'fvre dlicat q\l'esl le Toulet des eontrerimcs. l'ons live: parl de .Jos .4.s11I/COII Si/lm. S'avez vous pas {'Il (i llli (,oll.'ocrer ulle cOlljrence ? . Oui, A Jrmie, .Je voulais tablir ses 111pports, et qui Ill'anlient frap,p, avec un de nos plus grands crivains, EfllllOlld Larores!. Physiquement, ils se ressemblaient. Des 'Ilhologi'aphies que je pourrais VOllS montrer, en font roi. Tous deux, fins lellrt's, vivent dans un milieu hestile, qui ne peut pas les comprendre. Ils finh.sent galement plll' le suicide. Clll'ieux. -[l's. Mais c'est llujourdlHli un fait tabli que des familles tnlllsplantes dans un milieu diffrent de leur pays t1'origine finissent. au bout de quelques gnrations, par subir des transformations telles qu'elles se trouvent assimiles nu nouveau corps social dont elles font partie. Un "blond de Pomranie, balourd, buveur de bire, transplant avec sa ta mille l\Iarseillt!, donnera infailliblement, au bout de quelqu temps, une descendance proche de cette race chaude, mousseuse des Provenaux. . -Je ne vois pas o cela tend -Excusez moi. Laforest et ASl1ucion, tous deux sous un mme climat, dans des pays continuels 1..\ IlE\'CE I:-';OIG:\I:: mais de la vic. Il lie peut seulement <{uc nOUli seuls voulions crire d'ulle ccrtuille faon, ct qui est ln notation exacte de IIOS ractiollli La sincrit cn urt, voil ce (lue nous demandons, et.. ..... Je senlis (lue l'entretien dviait. J'v l'amenni Rouiller en lui demalldant quels taient ses ll1ultl:es, . En tte: La forgue. Le Vcrlninc des Fles Gulanles. Toulet. JOli .-\suncion Sil\'ll, -= l'olls a'vf'= eu li subir des influence ... bien dissensable,: Vel'laille et TOlliet par exemple. -di!: le ,Verlaine des Fles Galuntes. trli du myticisme de Sagesse, cl (jui, plll' qrlilite de strophes telles (lue celle-ci Lunure le sol, Pierrot qui d'ull saui . De pu<.'e Franchit le buisson, Cassandre sous son Capuce ...... s'appllrcnle ddemment il ccl OI'fvre dlicat q\l'esl le Toulet des eontrerimcs. l'ons live: parl de .Jos .4.s11I/COII Si/lm. S'avez vous pas {'Il (i llli (,oll.'ocrer ulle cOlljrence ? . Oui, A Jrmie, .Je voulais tablir ses 111pports, et qui Ill'anlient frap,p, avec un de nos plus grands crivains, EfllllOlld Larores!. Physiquement, ils se ressemblaient. Des 'Ilhologi'aphies que je pourrais VOllS montrer, en font roi. Tous deux, fins lellrt's, vivent dans un milieu hes tile, qui ne peut pas les comprendre. Ils finh.sent galement plll' le suicide. Clll'ieux. [l's. Mais c'est aujourd'hui un fait tabli que des familles tnlllsplantes dans un milieu diffrent de leur pays t1'origine finissent. au bout de quelques gnrations, par subir des transformations telles qu'elles se trouvent assimiles nu nouveau corps social dont elles font partie. Un "blond de Pomranie, balourd, buveur de bire, transplant avec sa ta mille l\Iarseillt!, donnera infailliblement, au bout de quelqu temps, une descendance proche de cette race chaude, mousseuse des Provenaux. . -Je ne vois pas o cela tend -Excusez moi. Laforest et ASl1ucion, tous deux sous un mme climat, dans des pays continuels
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LA RE\'L'E !\emblables, portullt des mes de civiliss purmi
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1 • .\ REVUE lXJ:IIGNE 5g Conception lIouvelle en Hati? ...... Attente. Dans la clart neuve des lampes, mon crayon ('st un blon noir. lev 1 --Je ne snis pas. Dcidment. il. se drobe. Je l'accule pal' une question di recte -Que de la littm/ure /lailienne 1 --De Parny Lon Dierx, les crivains hatiens Il"0 nt rait que reflter les diffrentes coles qui se sont succdes en France. Pouvaient-ils d'ailleurs faire autrement 1 ... Deux, noms, selon moi, dominent: Elzer Vilair, Edmond Larorest. J'ai lu en effet les uvres compltes de Vilaire. QueUe motion tragique dans ces dix hommes noirs 1 Cet homme a .su, mieux que tout autre. traduire (me incer/(line de toute une gnration. Du souffle. Du gnie. Et notez qu'avec cela il l'$IUIl sr artiste. Laforest' allssi est lln sr artiste, VOliS avez dll lire ses Sonnets C'est. selon moi, ce ql1e l'on a dll. 'pu blier de plus parfait en Haiti. Les sonnets Mdaillons resteront. -. Ne pa." lUI renouveau littraire. depuis quelques temps ? -Debout, le chapeau sm la tte, fl'ais, souriant. prt pour la rUIl!, il repond : --Un renouveau 1 Jamais de la vie. Une continuation. Le Vritable renouveau, il ne s'est encore manifest. Il ae prpare. Comme tout ce qui dOIt exercer une pousse dfi nitive. il se recueille ... Il attend. ANTONlO V lEUX 1 • .\ REVUE lXJ:IIGNE 5g Conception lIouvelle en Hati? ...... Attente. Dans la clart neuve des lampes, mon crayon ('st un blon noir. lev 1 --Je ne snis pas. Dcidment. il. se drobe. Je l'accule pal' une question di recte -Que de la littm/ure /lailienne 1 --De Parny Lon Dierx, les crivains hatiens Il"0 nt rait que reflter les diffrentes coles qui se sont succdes en France. Pouvaient-ils d'ailleurs faire autrement 1 ... Deux, noms, selon moi, dominent: Elzer Vilair, Edmond Larorest. J'ai lu en effet les uvres compltes de Vilaire. QueUe motion tragique dans ces dix hommes noirs 1 Cet homme a .su, mieux que tout autre. traduire (me incer/fline de toute une gnration. Du souffle. Du gnie. Et notez qu'avec cela il l'$IUIl sr artiste. Laforest' allssi est lln sr artiste, VOliS avez dll lire ses Sonnets C'est. selon moi, ce ql1e l'on a dll. 'pu blier de plus parfait en Haiti. Les sonnets Mdaillons resteront. --Ne pa." lUI renouveau littraire. depuis quelques temps ? -Debout, le chapeau sm la tte, fl'ais, souriant. prt pour la rUIl!, il repond : --Un renouveau 1 Jamais de la vie. Une continuation. Le Vritable renouveau, il ne s'est encore manifest. Il ae prpare. Comme tout ce qui dOit exercer une pousse dfi nitive. il se recueille ... Il attend. ANTONlO V lEUX
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Quelques Dfinitions de la Posie II GEORGES ... , Quand nous pronOnons Je mot posie. nou!; pensons cet art profond. ,puissant. dlicat et grave qui permet l'homme de se mieux ('onnHll'e lUI-mme; nous pensons ctlte flanlme ,scintillante el farouche qui permet l'esprit de s'nventlll'er dans J'inconnu. de pntrer chaque jOli l' plus :l\'anl dans .!('s lnl,bresdu monde et du cu l' ..... ,La vraie polllie est ,un ustrumcut. o cOnnaiI"81\IJCe, ,Connatre le monde! Est-il pour l'esprit une autre carril'e ? Tous IlOS efforts; tous nos tra\'aux lendenl-ils autre chose qu' J'intelligellce de ce qui nous enloure" 0,' au centre du lllOlHle. bal Il' ('ul' de l'holllllle ell lequel sel'flch:sscnl et st.' r('slIl11cnl thus les 'aspects, tous les spectacle::, ' La,'ieille maxime soel'aliqlle uConnais-toi.toi mme. re!;te la h:lse de Joui sa\'oI', t' ln posi{' OI'ie pa:; qllelqut' lumil'j'(' SUI' noire lllt' Il'esl roinl posie "{'l'j'able. Elle P('II! l"eprH'nlel" Ill! jeu pla.isard. llll di\'erl.issemelll b:Hlin. 1111(' 3cro1>:1I;(' \'('1'1>:11 t', ('litn'esl pas digne du tWill de POl'S<.> . ....... l'me Illlmnnt n'l's' IHlS confine il lntl'-1'.eul' de l'homme, ellt' est mnnireste au dehors. elle se rpand dans le temps el dans l'espnce: elh.' forme. entre les individus. un lien t'onlillll; elle imprgne mme l'univers BUltl'je! el communiquc un sellS aux objels en apparence imrllims. L'homme est parloul comme une sorle de vl'il latente toujours St'Ilsible au et au cllr' du pote, ......... Ainsi dfini le fond m-me de celte posi(' 'mcderne, je dois ajouter qu'eHen'csl pns le moins du mondc alourdie d'idologie. Elle ne rappelle en aueunt' faon c(>s fasl id jeu x (Ill i ressemblen t des Quelques Dfinitions de la Posie II GEORGES ... , Quand nous pronOnons Je mot posie. nou!; pensons cet art profond. ,puissant. dlicat et grave qui permet l'homme de se mieux ('onnHll'e lUI-mme; nous pensons ctlte flanlme ,scintillante el farouche qui permet l'esprit de s'nventlll'er dans J'inconnu. de pntrer chaque jOli l' plus :l\'anl dans.!('s lnl,bres du monde et du cu l' ..... ,La vraie polllie est ,un ustrumcut. o cOnnaiI"81\IJCe, ,Connatre le monde! Est-il pour l'esprit une autre carril'c ? Tous IlOS efforts; tous nos tra\'aux lendenl-ils autre chose qu' J'intelligellce de ce qui nous entoure" 0,' au centre du lllOlHle. bal Il' ('ul' de l'holllllle ell lequel sel'flch:sscnl et st.' r('slIl11cnl thus les 'aspects, tous les spectacle::, ' La,'ieille maxime soel'uliqlle uConnais-toi.toi mme. re!;te la h:lse de Joui sa\'oI', t' ln posi{' OI'ie pa:; qllelqut' lumil'j'e SUI' noire lllt' Il'esl roinl posie "('l'j'able. Elle P('II! l'eprH'nlel' Ill! jeu pla.isard, llll di\'erl.issemelll b:Hlin. 1111(' ncro1>:1I;(' \,<'l'I>:dt', ('litn'esl pas digne du tWill de POl'S<.> . ....... l'me IlllmnIH' n'l's' IHlS confine il lntl'-1'.eul' de l'homme, ell(' est mnnireste au dehors. elle se rpand dans le temps el dans l'espnce: elh.' forme. entre les individus. un lien t'onlillll; elle imprgne mme l'univers BUltl'je! el communiquc un sellS aux objels en apparence imrllims. L'homme est parloul comme une sorle de vl'il latente toujours St'Ilsible au et au ClI" du pote, ......... Ainsi dfini le fond m-me de celte posi(' 'mcderne, je dois ajouter qu'eHen'csl pns le moins du mondc alourdie d'idologie. Elle ne rappelle en aueunt' faon c(>s fasl id jeu x (Ill i ressemblen t des
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60 trails de philosophies versifis. La posie, s'efforce "Iuggrcl' l'me par la peinture du cOllcert. Alors mme qu'elle s'intresse il des phnomnes purement phsycologiques elle Je rail de faon direclt>, en appelant les c:hoses pur leur nom. sans rt'('ourir lHIX dtours et llUX artifices du svmbole. J Elle ne s'exprillle donc plus pal' allusion, mais directement. Elle llborde de front toutes les difficults de l'expression. En cela elle se rapproche de l'art classique. Elle fait un large et audacieux emploi. dfs images. De tout temps l'image fut un merveilleux mode d'expression ... alors que le symbole dveloppe longuement les analogies que l'on peut dcouvrir entre deux ordres de phnomnes el. le plus souvent entre des 'Qbjels COI1-creIs et des vrits abstraites, l'image est, au contraire, tlne opration quasi instantane, Son efficacit tient il <\a concision. Bien entendu elle comporte aussi le rapprochement de deux ides. De rapprochement, jaillit comme une tincelle, une lueur brve et fulgurante. A 1:1 faveur de cet clair. les deux objets primitivement distants, sc rvlent. s'expliql1ent. Un l'apport imprvu :\(' trouve etahli qui nous renseigne profondement SUI' les ides .mises ell prsence. Dans un pome symbolisle, nous dcouvrons rapidement qu'aucun des objets dpeints ne signifie titriCtement t.'e qu'il est: la mer reprsentera la destine. une lour representer3 l'ol'gu('il, une rose' la beaut. une main tendue, la concOI'de, une fentl'e. l'esprance. Dans hl posie moderne rien de tel; les choses sont ligures pour elles mmes. L'image sert 'nous en donner une intelliplus aigu et non pas garer notre pense sur des gnralits abstraites. ' ... Vous regardez un arbre d'hiver. Tout de suite cette ('omparaison s'impose. 1':8rbl'<', comme une cage vide . •... Voulez-vous penser un de ces sombresjour$ o la lumire mme semble se dsintresser des hom'''nes. 60 trails de philosophies versifis. La posie, s'efforce "Iuggrcl' l'me par la peinture du cOllcert. Alors mme qu'elle s'intresse il des phnomnes purement phsycologiques elle Je rail de faon direclt>, en appelant les c:hoses pur leur nom. sans rt'('ourir lHIX dtours et llUX artifices du svmbole. J Elle ne s'exprillle donc plus pal' allusion, mais directement. Elle llborde de front toutes les difficults de l'expression. En cela elle se rapproche de l'art classique. Elle fait un large et audacieux emploi. dfs images. De tout temps l'image fut un merveilleux mode d'expression ... alors que le symbole dveloppe longuement les analogies que l'on peut dcouvrir entre deux ordres de phnomnes el. le plus souvent entre des 'Qbjels COI1-creIs et des vrits abstraites, l'image est, au contraire, tlne opration quasi instantane, Son efficacit tient il <\a concision. Bien entendu elle comporte aussi le rapprochement de deux ides. De rapprochement, jaillit comme une tincelle, une lueur brve et fulgurante. A 1:1 faveur de cet clair. les deux objets primitivement distants, sc rvlent. s'expliql1ent. Un l'apport imprvu :\(' trouve etahli qui nous renseigne profondement SUI' les ides .mises ell prsence. Dans un pome symbolisle, nous dcouvrons rapidement qu'aucun des objets dpeints ne signifie titriCtement t.'e qu'il est: la mer reprsentera la destine. une lour representer3 l'ol'gu('il, une rose' la beaut. nne main tendue, la concOI'de, une fenll'e. l'esprance. Dans hl posie moderne rien de tel; les choses sont ligures pour elles mmes. L'image sert 'nous en donner une intelliplus aigu et non pas garer notre pense sur des gnralits abstraites. ' ... Vous regardez un arbre d'hiver. Tout de suite celte ('omparaison s'impose. 1':8rbl'<', comme une cage vide . •... Voulez-vous penser un de ces sombresjour$ o la lumire mme semble se dsintresser des hom'''nes.
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61 LA REVUE INDIGNE Le jour restait dehors Comme n homme tranger. L'immensit d'un ciel pluvieux. L'espace i)nivr de pluie Se dilate comme un coeur. La mer et ses fureurs. L'eau colossale qui songe aux temptE's. Le vent. Le vent pOliSse un soupir ternel-puis qui finit. (CONFERENCIA 1er Septembre 1921 ) l\IADAl\IE EDMOND LAFORES1' Que le sommeil te prenne en .ses lgers rsenux et de pavots subtils t'enchante jusqu'aux os. Dj. dansJ'ombre dense el qui tombe en ln place l'air charg de fluide est une p.eau de. cbat. Et tu fermes tes yeux et qui dfie.nt la glace du temps, dans leur lumire o l'amour se (oudu .. Et j'aime au soir de juin ou tu reposes lasse, ton front qui dodeline en un doux y,rONNE lIAC-GUFFJE J'ai des cheveux (( auburn n, des veux comme une source et qui, glisse emportant des jasnlin3 dans sa course. suis Yvonne et Je monsieUl' qni fit ces vers. le mnsieur laid me dit Voyollne avec dlice. Je suis toute petil et dj dans mes fers j'ai Illon Ipote et que je boude pnr malice, . Tout comme une grande personne j'ai nerfs, je suis Yvonne el ma fossette est un calice. ",;'/-"" ,', DANS ,'EnGER. Un palmiste unicorne et la lune 811 sommet f ... o soir de pay,s que je sente jamais ton odeur de Jasmms et de Inangues cannelles. Er'sur le mur la douce entant lUe dit: Milo ... Voix de cristal, 0 diamants de ses pruneHes L.. Un parfum, de fruits mrs s'alanguit dans rencJos. -Mi10 J redit Jeannine au cri des sauterelles .. , Et nous bnit sainte la Lune el son halo. ROUMER Cabiche : eomnoleJlce 61 LA REVUE INDIGNE Le jour restait dehors Comme n homme tranger. L'immensit d'un ciel pluvieux. L'espace i)nivr de pluie Se dilate comme un coeur. La mer et ses fureurs. L'eau colossale qui songe aux temptE's. Le vent. Le vent pOliSse un soupir ternel-puis qui finit. (CONFERENCIA 1er Septembre 1921 ) l\IADAl\IE EDMOND LAFORES1' Que le sommeil te prenne en .ses lgers rsenux et de pavots subtils t'enchante jusqu'aux os. Dj. dansJ'ombre dense el qui tombe en ln place l'air charg de fluide est une peau de. cbat. Et tu fermes tes yeux et qui dfie.nt la glace du temps, dans leur lumire o l'amour se (oudu .. Et j'aime au soir de juin ou tu reposes lasse, ton front qui dodeline en un doux y,rONNE lIAC-GUFFJE J'ai des cheveux (( auburn n, des veux comme une source et qui, glisse emportant des jasnlin3 dans sa course. suis Yvonne et Je monsieUl' qni fit ces vers. le mnsieur laid me dit Voyollne avec dlice. Je suis toute petil et dj dans mes fers j'ai Illon Ipote et que je boude pnr malice, . Tout comme une grande personne j'ai nerfs, je suis Yvonne el ma fossette est un calice. ",;'/-"" ,', DANS ,'EnGER. Un palmiste unicorne et la lune 811 sommet f ... o soir de pay,s que je sente jamais ton odeur de Jasmms et de Inangues cannelles. Er'sur le mur la douce entant lUe dit: Milo ... Voix de cristal, 0 diamants de ses pruneHes L.. Un parfum. de fruits mrs s'alanguit dans rencJos. -Mi10 J redit Jeannine au cri des sauterelles .. , Et nous bnit sainte la Lune el son halo. ROUMER Cabiche : eomnoleJlce
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LA IIEYt:E I:-.iUIG:amie, assieds-toi au piano long et som bre tel un cercueil: cc soir mon me est en deuil. .Joue une mlodie vieille, et trisle, triste infiniment. Chopin ou Liszt qu'importe! je ,'eux enlendre mu doulelll' sangloler. Puis pose la main, 0 trs doucement SUI' mon cur; 62 et toute la nuit j'coulel'ai mlancQliquc pleurer en moi trs hflS, flmre, une mu-" sique . .JACQl!ES HOnIAl:-.i LA DANSE Dt:' POETE -o Agni! Toi qui flambe .. dal\;; le sang du dnnseur perdu ! ... Bondis eux cl danst' avec tes j:'1Il1bes filles el ton Cl!r triste. Da nse tou t flU tou l' dei a Il i sie: arien, llU -et lance leur haine l'injure de ton sourire. Tourne sur loi-mmo. 0 plir rchauffer Ion dsespoir tourne ne plus IfS yoit tourne, dj ils n.e sont plus que brume. Entends-tu maintenant vivre la blessure de ton cur: ils furent, ils furent 1 mort, tourne, danse, tourne, 0 pote, 0 0 clown, Et chante aussi la mort qui griffe ton corps. Tes lvres sont blmes, chante quand mme, tes pieds s'alourdissent, le lien se casse. Va, pote crever dans la niche du chien JACQUES ROUMAIN LA IIEYt:E I:-iUIG:amie, assieds-toi au piano long et som bre tel un cercueil: cc soir mon me est en deuil. .Joue une mlodie vieille, et trisle, triste infiniment. Chopin ou Liszt qu'importe! je ,'eux enlendre mu doulelll' sangloler. Puis pose la main, 0 trs doucement SUI' mon cur; 62 et toute la nuit j'coulel'ai mlancQliquc pleurer en moi trs hflS, flmre, une mu-" sique . .JACQl!ES HOnIAl:-i LA DANSE Dt:' POETE -o Agni! Toi qui flambe .. dal\;; le sang du dnnseur perdu ! ... Bondis eux cl danst' avec tes j:'1Il1bes filles el ton Cl!r triste. Da nse tou t flU tou l' dei a Il i sie: arien, llU -et lance leur haine l'injure de ton sourire. Tourne sur loi-mmo. 0 plir rchauffer Ion dsespoir tourne ne plus IfS yoit tourne, dj ils n.e sont plus que brume. Entends-tu maintenant vivre la blessure de ton cur: ils furent, ils furent 1 mort, tourne, danse, tourne, 0 pote, 0 0 clown, Et chante aussi la mort qui griffe ton corps. Tes lvres sont blmes, chante quand mme, tes pieds s'alourdissent, le lien se casse. Va, pote crever dans la niche du chien JACQUES ROUMAIN
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LA HE\'Li BIAGES LA liEU o Thalus,;!' ! Thala!:>11 ! Xenophon La Iller, hl Iller toujours recommene. P. "al.\ry Amour de la mer et des choses marines, ardeUl' soudaine et sourde nostalgie! Un flibustier franais ricane en mon Sang amer de forban qui corroda mes veines. Got cre du "ent gontlant les "oiles pleines. Dparts, dparls qui dchirent et dlivrenl. Appels vhments des horizons. Tourment, hantise des espaces libres. La grande Sa\'aIH' de la mer! La barque cheyaucheles lames. couleuvres au glissant et s'Oranl avec un bruit de soie qu'on fmisse. Plus lourde. eelle de fOlll1 ln pousse de l'paule. OUI' 141bonr de l'lrll"e puissanle. Le soc a fait jaillir des loiles bOl!Seuli('s. Commandements dans la nllil: . " Pas lof ! Lofe pas l:lnl. ! Descende flche l ! Barre an "ent! .. Colloques mouvunls. La mer, la lune, le \'enl causen!. La mer est un prisme changennl. LaJune une mduse d'argent llageant sur les flots irl'els de l'Iher. Avez-vous vu Je vent, l'avez-vous VlI sordide et nu, vieux ptI'e rvant, poussant devant la caravane des illHllres qui plunlienl l'herbe r[lre des hauts sommets '! LA HE\'Li BIAGES LA liEU o Thalus,;!' ! Thala!:>11 ! Xenophon La Iller, hl Iller toujours recommene. P. "al.\ry Amour de la mer et des choses marines, ardeUl' soudaine et sourde nostalgie! Un flibustier franais ricane en mon Sang amer de forban qui corroda mes veines. Got cre du vent gontlant les yoiles pleines. Dparts, dparls qui dchirent et dlivrenl. Appels vhments des horizons. Tourment, hantise des espaces libres. La grande Sa\'aIH' de la mer! La barque chevauche les lames. couleuvres au flanc glissant et s'Oranl avec un bruit de soie qu'on fmisse. Plus lourde. eelle de fOlll1 ln pousse de l'paule. Dul' 141bonr de l'lrllve puissanle. Le soc a fait jaillir des loiles bOl!Seuli('s. Commandements dans la nllil: . " Pas lof ! Lofe pas l:lnl. ! Descende flche l ! Barre an Yent! .. Colloques mouvunls. La mer, la lune, le \'enl causen!. La mer est un prisme changennl. LaJune une mduse d'argent llageant sur les flots irl'els de l'Iher. Avez-vous vu Je vent, l'ayez-vous VlI sordide et nu, vieux ptI'e rvant, poussant devant la caravane des illHllres qui plunlienl l'herbe r[lre des hauts sommets '!
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II Ll Uler etint'ploit niu:>i qu'une gitane Tou let Le miroir de ta mer ml soleil verlie.1!. La mer est un diamant superbe et qui l'iL Le bateau grince et crit', tourne et \'int. Le bateau i\'re hmgue et l'oule il chaque houle, et puis enfin s'en revient. fourbu et las, sur ses pas, Les noirs chantcnt nl1e /Joula. scandant de leuJ'spieds llliS des airs barhares et ingnus, Un lambi appelle le vent mais le vent s'est cuch duns les gorges profondes. Tnpi dans ses anciens repaires, le ,'cnt g'('st endormi. Le '\'eul ne s'est pas rveill. III TE1IPEl'E L'abimp n de" cheveux blanc:o;. La Bible La mer bout et rume. 64 Ln mer bout et fume SUl' les Ctes-de-fer. Ln mer est une mal'mile d'enfer . .\coups demaI'teau frappant l'enclume s'acharnent les vagues en dlire ,('onlre la citadelle des rochers. La mer a pris la lerre bras le Cot'pS sur toutes les cte!') ou monde. IV HAUTE Ml1:R Puissante, lmentaire. ,aeule des continents, la mel' se souvient des matins de la gense. NonmL G. SYLVAIN. II Ll Uler etint'ploit niu:>i qu'une gitane Tou let Le miroir de ta mer au soleil verlie.1!. La mer est un diamant superbe et qui l'iL Le bateau grince et crit', tourne et \'int, Le bateau i\'re hmgue et l'oule il chaque houle, et puis enfin s'en revient. fourbu et las, sur ses pas, Les noirs chantcnt nl1e /Joula, scandant de leuJ'spieds llliS des airs barhares et ingnus, Un lambi appelle le vent mais le vent s'est cuch duns les gorges profondes. Tnpi dans ses anciens repaires, le ,'cnt s'est endormi. Le '\'eul ne s'est pas rveill, III TE1IPEl'E L'abimp n de" cheveux blanc:o;. La Bible La mer bout et rume. 64 Ln mer bout et fume SUl' les Ctes-de-fer. Ln mer est une mal'mile d'enfer . .\coups demaI'teau frappant l'enclume s'acharnent les vagues en dlire ,('onlre la citadelle des rochers. La mer a pris la lerre bras le cm'ps sur toutes les cte!') ou monde. IV HAUTE Ml1:R Puissante, lmentaire. ,aeule des continents, la mel' se souvient des matins de la gense. NonmL G, SYLVAIN.
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IUlllil', par ln l'olllprt'\tensioll dcs langues qui leur "'aient la veille compltement lrallgres. Des Indiens. (lui u\'aent survcu illadesll'lIction deleurrace, taient m{lls leurs tranlllx, il leul' conversalion; de lit, l'emploi des expressions curnibl's
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07 ses dfauts,il('sl dt'\'t'Illl un I;lI1gtlgl' qui tl bit'Il qualits; il est doux, caressanl.l'l s'il IH' pnHe llulle. ment il rexros('. des jd('es lll(t::physiIIpil'il\lclle el lgre qui drsanne ('1 qui sduit. 07 ses dfauts,il('sl dt'\'t'Illl un I;lI1gtlgl' qui tl bit'Il qualits; il est doux, caressanl.l'l s'il IH' pnHe llulle-. ment il rexros('. des jd('es lll(t::physi hrillanls ('{ qui t:t'S bijoux serlis dun!"; d('s pI1l4lS(S. nl\'iss:llllrs: Zllt'1I.1-1i clair com'chand('Il(!,ou:Plils'dt'nls-1i blanc/t' (' m'lail .. , Le crole parl bien l'llltr(' t'hos(' que le l:l'oJc crit. Et c'est en pl'ellfllli Slll' le vif rH dil, "J'urinoir. accompagn de.l'es gestes. de (,l'S POSts, (le (,l'l' de ces accents. de ce-s inlel'.cdions d01l1 les noirs seuls ont le-p11vilge el le se<"l'el qta'on apprece, qu'on juge bien le langage cl'ole. . C'est pOUl' cela qu't'Il l'('rivant on doit se biell prn trcr de la ncessit de lni donner des ailes. de 1l1e-llr(' en lU'1lire sa 'philosophi(' !>IIpi!'il\lclle el lgre-qui drsanne ('1 qui sduit.
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'. .ft " L\ IH 1: I:"Wna::\I: ' Aill'ii. il 011'1'(' allX l'h::n.:he..'ul's une mine .1(' jolie..'s phrases. tl\'l'C ues qui cn\',eloppt'nt lesidi'es suns les gi'ncr. L'
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Pluie La nuit est paisscet lourde; le ciel cst bus et La vi1le entire dort, yaulre. Aulour de la Ilwisonl<.s parfms des plantes monlel)t yiolenls, doux, chauds . . L'eau d'un robinet qui lombe dW1S un bQssill il dt'ml f:'ernpli.Le grognement d'un chien. Le galop d'un chev'al dans le lointain ... . Nuit d'li. Je voudrais plonger mon ('orps IIU dans Il' bassin Ol! galopel' sur ce : chevnl donl les Jl'I'S Ile bullenl pilis qu'un indistinct tam-tam ... On aurait d tnpissel' I11n chlllnbre de malelas eOllllllC celle du pauvre amant fou, l'm' je voudrais il loul moment briser mon l'l'ne aux Illurs. Soudain )'a\'el'se. Brusque, farouche en un (Iun de l'Ugl' cO\llrc les l'II es accroupis. Il pleut une pluie norme (lui bouscule les toit" de chaume. mutile les phmlcs ('1 dissoul leurs rtmes. Les gros arbl'es se 100'dent coml11e si on Icnuilll.lit leurs enh'aill('s, les flamboyants cnsungh:llltni Je sol. Le front dHIlS les mains je n\l'('oudt, il la fl'\lt:-Ire. Yoih'l le seul mOlllenl o je Ille seollS moi. Ln plllit, a tllll' yoix. une l11:1in. elle ml' pmlr. me fel'mc les \,('lIX, 1ll't'Ill!,O!'lt loin ... loin '" AlI 1 OUI' de \1loloul s'cst l'Iron y es !IUil' l'eul'es sc d ... esst'nl-eJles de\"tl11t moi '! .l'ai sotHlnill dl's impressions connues, jmnnis pl'ouvt's: . Il pleut qual'anle jours el (JlUlI'tHlt('nUIIs. Dcs lelllmes nues, dsesprment. de Il'urs mains s'accrochent aux ,'oehers. Des muins, des \lwins vers les cieux. .. L'cau monte, monlr ... Je "ois tant de eh oses qui fUl'enl, toul un puss lointain qui revitcn mOJl"ur pal' ('.elle pluie, un pass vanoui qui m'emporte all-delil ... Je n'entends plus la pluie; nUlis
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iO Qu'il rItH1\'C loujou's .• Je me sens des inflexions doul'ts dans lu vob., je me sens bon, doux, tendre. Mon me est une arabcs(lue folle trace par la main maludl'Oile d'un enfant, SUl' une feuille volanle, Quand le soleil "l'ral'oil. 10 effoc l'esquisse et le vent tl cmport la feuille. Mais il pleut tOlljOlll'S •. , Ah ! s'il pouvnit plt>lIvoI' ternellement! DORIS LE 1'All-TAll ANGOISS Il est 1II.hcllle de jouer de la nlite dans un pays o. l'iDltrumennt nntionnl est le t Ilssrtor :\1..\ MUSE Mn muse est une cOlu'tisane toucouleure. Des dents blanches, une cascade de fous rires, . des sanglots profonds jusqu' l'me, un tumulte sonore de bracelets et de ycrrolel'es. Ma muse est une courtisane toucouleure. Voyez com,ne elle est belle . avec de la poudre d'or dans ses cheveux de l'antimoine sur les paupirts et du benn empourprant ses lvres paisses malS CondanteR comme une mangue. Ma mUie est une courtisane taucoulcure. iO Qu'il pItHI\'C loujou's .• Je me sens des inflexions doul'ts dans lu vob., je me sens bon, doux, tendre. Mon me est une arabcs(lue folle trace par la main maludl'Oile d'un enfant, SUl' une feuille volanle. Quand le soleil "l'pal'oil. 10 effoc l'esquisse et le vent tl cmport la feuille. Mais il pleut tOlljOlll'S •. , Ah ! s'il pouvnit plt>lIvoI' ternellement! DORIS LE 1'All-TAll ANGOISS Il est lII.hcllle de jouer de la nlite dans un pays o. l'iDltrumennt nntionnl est le t Ilssrtor :\1..\ MUSE Mn muse est une cOlu'tisane toucouleure. Des dents blanches, une cascade de fous rires, . des sanglots profonds jusqu' l'me, un tumulte sonore de bracelets et de ycrrolel'es. Ma muse est une courtisane toucouleure. Voyez com,ne elle est belle . avec de la poudre d'or dans ses cheveux de l'antimoine sur les paupirts et du benn empourprant ses lvres paisses malS fondanteR comme une mangue. Ma mUie est une courtisane taucoulcure.
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71 "O[s; Nous" les. extravagants, h.'s '])()hleS, les fOllS Nous . Qui aimons les filles les liqueurs fortes . la nudit mouvante des tables o s'rige. pha 11 us, le COl'net il ds, Nous les corchs de ln \'ie. les potes Nous qui aimolls"toLt. toul l'glise, la taverne l'antique , leilloderne la thosophie le ,cubisme. . ' Aux curs puissants cO';l'lH> des moll'll\'s qui aimons les combats de coqs. les sol's t'l-ginCjl1es leYl'ol11 hissem en Id eS ld\(l i Iles dans les malihsd'or. ln mlodie SaUYirge dutftlH-lam J'harmonie l'nuque deskl::rxons' la nostalgie poignrlllie dt\s h::lIljos, Nous les fous. les potes Nous . qui 'crvonSlh)s\'ers ls plus tClldn's lhlllS l; des bougrs et qui 1 isolls l'J 111 i t a t ion dnnslesd ri nei Il gs Nous . . qui n'apportons point la puix mais le poignard triste de notre plume ; et J'enert' rouge de ilOt're l'ur 71 "O[s; Nous" les. extravagants, h.'s '])()hleS, les fOllS Nous . Qui aimons les filles les liqueurs fortes . la nudit mouvante des tables o s'rige. pha 11 us, le COl'net il ds, Nous les corchs de ln \'ie. les potes Nous qui aimolls"toLt. toul l'glise, la taverne l'antique , leilloderne la thosophie le ,cubisme. . ' Aux curs puissants cO';l'lH> des moll'll\'s qui aimons les combats de coqs. les sol's t'l-ginCjl1es leYl'ombissemell Ides ld\(l i Iles dans les malihsd'or. ln mlodie SaUYirge dutfllH-lam J'harmonie l'nuque deskl::rxons' la nostalgie poignrlllie dt\s h::lIljos, Nous les fous. les potes Nous . qui 'crvonSlh)s\'ers ls plus tClldn's lhlllS l; des bougrs et qui 1 isolls l'J 111 i t a t iOI1 dnnslesd ri nei Il gs Nous . . qui n'apportons point la puix mais le poignard triste de notre plume • et J'enert' rouge de ilOt're l'ur
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LA BEVeE vous les gueux les immondes les puants paysannes qui descendez d'cs mornes :avec un gosse d.ans le ventre paysans calleux aux pieds sillonns de verrnines,putains, . infirmes qui trainel vos' puanteurs lourdes de mouches Vous tous de la plbe debout pour le grand t'oup de bnlai .. Vous tes les piliers de rdifice; tez-vous et tout s'croule. chteaux de cartes. , . . -\Iol's, alors Vous comprendrez que voustcs une grande vague qui s'Ignore Oh ! vague Assemblez-vous bouillonnez mugissez et que sous votre linceul d'cumes il. ne subsiste pIns rien, rIen que du bien propre dn bien lay , du blanchi jusqu'aux os. 72 LA BEVeE vous les gueux les immondes les puants paysannes qui descendez d'cs mornes :avec un gosse d.ans le ventre paysans calleux aux pieds sillonns de verrnines,putains, . infirmes qui trainel vos' puanteurs lourdes de mouches Vous tous de la plbe debout pour le grand t'oup de bnlai .. Vous tes les piliers de rdifice; tez-vous et tout s'croule. chteaux de cartes. , . . -\Iol's, alors Vous comprendrez que voustcs une grande vague qui s'Ignore Oh ! vague Assemblez-vous bouillonnez mugissez et que sous votre linceul d'cumes il. ne subsiste pIns rien, rIen que du bien propre dn bien lay , du blanchi jusqu'aux os. 72
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LA I\TE 1l'\{JlEl'\E \',\18 "ors ... . POli" J.\CQl'E:' Ecoutez. compagnons Je vais vous dire des choses .,. Toul d'abord ,versez il boire: Quand j'alll'ai claqu. mes chers copains, Ne pleurez pas. N'crivez point de plaintives lgies, surtout ne faites ,pas de "eTS In Memoriam. Mais que m3 tombe "ous soit une tn,'el'ne o l'on chanll? o l'on se saote et que le rythme mystique cl srllsllel d'une 111l\ringue me berce dans cc moelleux hamac qu't>st le nant. Je vide ce verre avec l'espoir que les toasls flUl me l'l'sie il faire Ile seront pns nombl'IHlx L:'l lune allume son luminnir<.' st le nant. Je vide ce verre avec l'espoir que les toasls flUl me l'l'sie il faire Ile seront pns nombl'IHlx L:'l lune allume son luminnir<.'
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Inaya t Khan, Messager du Soufisme Il naquil il Baroda,danscelte Inde si de he Cil subliles l1ol':lisons mtaphysiques et d'o s'envolrent les notes rrislnllines de la nilte de Kabir. Je cite il dessein le nom de Kabir paree que son mysticisme me parait proche de celui du Pir-O-Mirschid Inayat Khan. Car lousdeux pourgl':.lvir le pnible sentier qui mne vers l'Un Ile s'isolrent pasdana les Thbades, mais ce fut sur le ('hemin amer de la Vie qu'ils chorchrent et respirrent la rose translucide de l'extase. Ce fut sous l'enclume de ln douleur qu'ils se forgrent des ailejS pour voler vers l' Amoul'.' , ,( I.e Cur u'e . .,t pu,; vivant tUtlt qll'il n'a pu" connu douleur li (1) Tous deux cultivrelll avec dlices la Illusique, art (lue le pole de la Silencieuse si loin qu'il reut le tilre de Tansen (2) dans l'Inde, Enfin tous deux s'llvrrent du profond parfum dn mys'licisIlle persan de Hafiz. de Saadi et du pl'estigieux leur de l'ordre de') den'ches tourneurs, Djelal-Eddinel HUllli. Le petit Illuyat gralldil duns la maison de son grand 11re Buksh. homme de hate spiritualit. C'est il que cel enfant motionnel qui refusa d'apprendre autre l'hose que la musiqe. la posie. la morale et la religion, s'inilia il. ln sciellce brlante des Emotions, au SUH"e mysticisme du Son. la douleur tut ln matrice qui le mit au monde lIne seconde fois. Sous l'aiguillon de lu souffrance il naqUlt il. la Vrit . . Son grand'pre mort, l'enfant devenu jeune homme s adonna passionnment l'tude des religions . . Inayat Khan tait arriv celte priode douloureuse de la vie, o l'homme lass des c()uleurs changeaRtes . et sinueuses de Maya (3) n'aspire plus qu' se laisser bercer dans une molle quitude sur le lotus de la Ra-lit, . . 1 Inayat Khan 2 Grand musicien 3 l'llusion . Inaya t Khan, Messager du Soufisme Il naquil il Baroda,danscelte Inde si de he Cil subliles l1ol':lisons mtaphysiques et d'o s'envolrent les notes rrislnllines de la nilte de Kabir. Je cite il dessein le nom de Kabir paree que son mysticisme me parait proche de celui du Pir-O-Mirschid Inayat Khan. Car lousdeux pourgl':.lvir le pnible sentier qui mne vers l'Un Ile s'isolrent pasdana les Thbades, mais ce fut sur le ('hemin amer de la Vie qu'ils chorchrent et respirrent la rose translucide de l'extase. Ce fut sous l'enclume de ln douleur qu'ils se forgrent des ailejS pour \'oler vers r Amoul'.' , ,( I.e Cur u'e . .,t pu,; vivant tUtlt qll'il n'a pu" connu douleur li (1) Tous deux cultivrelll avec dlices la Illusique, art (lue le pole de la Silencieuse si loin qu'il reut le lilre de Tansen (2) dans l'Inde, Enfin tous deux s'llvrrent du profond parfum dn mys'licisIlle persan de Hafiz. de Saadi et du pl'estigieux leur de l'ordre de') den'ches loul'Ileurs, Djelal-Eddinel HUllli. Le petit Illuyat gralldil duns la maison de son grand 11re Buksh. homme de hate spiritualit. C'est il que cel enfant motionnel qui refusa d'apprendre autre l'hose que la musiqe. la posie. la morale et la religion, s'inilia il. ln sciellce brlante des Emotions, au SUH"e mysticisme du Son. la douleur tut ln matrice qui le mit au monde lIne seconde fois. Salis l'aiguillon de lu souffrance il naqUlt il. la Vrit . . SOIl grand'pre mort, l'enfant devenu jeune homme s adonna passionnment l'tude des religions . . Inayat Khan tait arriv celte priode douloureuse de la vie, o l'homme lass des c()uleurs changeaRtes . et sinueuses de Maya (3) n'aspire plus qu' se laisser bercer dans une molle quitude sur le lotus de la Ra-lit, . . 1 Inayat Khan 2 Grand musicien 3 l'llusion .
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75 Apl:s es Hnnes .de solilaire mditnlioll, J'Ill(' dll jeune homme tait devellu une harpe d'or IlllllH'llSe dont toulC's les ('ordes lendties dsespri'lllenl 'ers IT Il vibraienl d'une slIl'naltirl'lle IlIUSiqllC, Cependant l'hel1l'e e la dinulll'(' ne
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U le SOLIn, Stl il l'OllllhC Il' CfllC' Ioules les llles sont UIlt' scule l1lc. comme lIllC llllllirc COll fondUe d:1I1S ulle ulIl rc Il'l'slqu'UIlC lumii'rc. Il sait qlle du miIli'ral au vgilal. du y(>gi'tnl l'animal ct dl' l'nnimal il l'hollllllt,, la ptllTt'ilc divine s'lyc dans une sliblilllt' ascension VCI'S la demeure de son Prc : Je 1lI01lrll'" conllue minral pt ('OlUme plallte Je mourus cornille plante pOlir comme animal J. mourus comme animal et m'levai COllllltC homme Pourquoi donc craindlUis-je de denmir moindre ell rnOlll'!lIIt ? Je mourrai ulle foi:; encore comme homme Pour lIl'levcr comme ange, parfait de la tte aux pied:;, Qnand je i11 mditant, recueilli el siJenciux. dans l'hiver de 't'os douleurs et de "os 1 rist esses. .. .. . Vous avez le choix d. beaucoup de vos douleurs. Mois ces douleurs cOllslituent la gorge la plus amre a.vec laquelle le Sage qui veille au plus profond de vousInme gurit le mal de vos mes. Croyez en le de vos mes; ayez confiance en prenant son breuvage amer, car sa U le SOLIn, Stl il l'OllllhC Il' CfllC' Ioules les llles sont UIlt' scule l1lc. comme lIllC llllllirc COll fondUe d:1I1S ulle ulIl rc Il'l'slqu'UIlC lumii'rc. Il sait qlle du miIli'ral au vgilal. du y(>gi'tnl l'animal ct dl' l'nnimal il l'hollllllt,, la ptllTt'ilc divine s'lyc dans une sliblilllt' ascension VCI'S la demeure de son Prc : Je 1lI01lrll'" conllue minral pt ('OlUme plaute Je mourus cornille plante pOlir comme animal J. mourus comme animal et m'levai COllllltC homme Pourquoi donc craindlUis-je de denmir moindre ell rnOlll'lmt ? Je mourrai ulle foi:; encore comme homme Pour lIl'lever comme ange, parfait de la tte aux pied:;, Qnand je i11 mditant, recueilli el siJenciux. dans l'hiver de 't'os douleurs et de "os 1 rist esses. .. .. .. Vous avez le choix d. beaucoup de vos douleurs. Mois ces douleurs cOllslituent la gorge la plus amre a.vec laquelle le Sage qui veille au plus profond de vousInme gurit le mal de vos mes. Croyez en le de vos mes; ayez confiance en prenant son breuvage amer, car sa
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77 main, quoiqu'clle VOlIS semble lourde et l'sI guide par la main dlicnte de l'EIre invisible. Ln coupe qui vous brle les lnes, elle est amre, mais s[I('hez !lu'elle est faite dc terre par l'EIernel poiiel' mle StS larmes sacres. i * ... Et un vieux disciple lui dil: ( Maill'c, pnrlez-IlOl:s <-Jo Heligion ? . Est-ce que j'ui pad, aujourd'hui, aulrc l'hose qui ne soit Religion 1 . La Religion est tout cCptions . . Si vous dsirez connnllrc Dieu, IlC Il' c1Wl'< hez pus cn vain. Hegardez il vos cts, "ous lc Vl'rl'ez jomll1t HV('C vos enfants; le"qz les yeux vers le grand firmament. vous le verreZ marchant dalls les nuages, ouvrall.t ses mains dans les clairs, "cnanl il vous a"ec la plui. Regardez bien, vous verrez Dieu sourire' les fleurs, remuant ses entre les branches dcs nrhrcs, SALIM Ac ... , . . . Ces p3gesouvrcnt la tn:duc.n (ITllitC',u PI'0lhtel dE'Cfbran Kim Gebran, dj tJudllit fil lIr.glai!:' et (Il aIle n.and: . La Revue indigne puhlie donc la premirE' trnduction franise dt" cet ouvragp. grcean tnlentd" IiMre distingncollaborateu.f Salim Ann. 77 main, quoiqu'clle vous semble lourde et l'sI guide par la main dlicnte de l'EIre invisible. Ln coupe qui vous brle les lnes, elle est amre, mais s[I('hez !lu'elle est faite de terre par l'EIernel poiic1' mle StS larmes sacres. i * ... Et un vieux disciple lui dil: ( Maill'e, pnrlez-IlOl:s <-Jo Heligion ? . Est-ce que j'ui pad, aujourd'hui, aulrc l'hose qui ne soit Religion 1 . La Religion est tout cCptions . . Si vous dsirez cOllnnllrc Dieu, IlC Il' c1Wl'< hez pus en vain. Hegardez il vos cts, "OUS lc Vl'l'I'ez jomll1t H\,('C vos enfants; le"qz les yeux \'Crs le grand firmament. vous le verreZ marchant dalls les nuages, ouvrall.t ses mains dans les clairs, "cnanl il \'OUS avec la plui. Regardez bien, vous verrez Dieu sourire' les fleurs, remuant ses entre les branches dcs nrhrcs, SALIM Ac ... , . . . Ces p3gesouvrcnt la tn:duc.n (ITllitC',u PI'0lhte1 dE' Cfbran Kim Gebran, dj tJudllit fil lIr.glai!:' et (Il aIle n.and: . La Revue indigne puhlie donc la premirE' trnduction franise dt" cet ouvragp. grcean tnlentd,. IiMre distingncollaborateu.f Salim Alln.
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Pu. THOBY-:\IARCELIN LES HROINES :\ous attendions es hrones ... TmsTAN Pu. THOBY-:\IARCELIN LES HROINES :\ous attendions es hrones ... TmsTAN
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1. 1.
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Nausicaa l lIannilwl. c'est mol. .l'ai 22 ans . .Je viens de m'apercevoir que je n al jamais rien regard. Serais-je inditrrent ? A ce propos, une curieuse observation de Dmos : -Quand tu mnrches dans la rue, lu vus droit devllnt toi, sans te retourner une seule rois. Au rond, je n'aime peut-tre quc Illoi.Aussi bicn, quelqll'un me plail pour aulant qu'il me tmoigne de J'affec lien. ( .Jc connais Ull garon qui passait des heures de\'anl SOli miroir . .Je lui en \'Cu X de l'a"oirfaihl\'anl moi.) .Je ne parlerai pas de'mon tra,ail. Il ne m'intresse p:1S .. J'accomplis ma besogllc avec mltomatisme. Et, t'haquc jour, je me r"eille quatre heures daprs-midi. D:IIIS ma 1':I'llille. nous sOlllmes hatiens de pre en lils. C'est tlne tradition . .Je llnquis il Port .. au-Prince, Ull .iour dl' r\'()llltioll. Cciii explique doute ma nos talgie des COl'l)S de feu. sourire de l11ultitre jaune ('\ nwign \'()que Ull l'pis de mas-au-lait rendu . .le ne mentionnerais IWS mon sjour il Paris. l1l:lis il y a Ic petit 1l1t1Sl':.1U frais. et sucre:, de La Blonde r\i"ernaise H. Une clHll'llwnlt' enfanl. Il l11'arrinlt d( la faire souffrir. ,l'adorais la dshabiller la chemise prs. Elle fermait les yeux el quelle pudeur! CeJ se pass:.1i t ... c:omme dans Longus.jecrois ( je ne l'ai pas lu)' EII trois nous tions chasles. L'histoire se termin(' d:lllS lin taxi. Cn fait-c1i\'ers d"lIne ban:ditl' odieuse et qllt' je veux e!Tacer de ma mmoire . . -\ part cette aventure naw, je n'ni j'amais fait l'amour que par respect humain. Des remmes facileset des d,.emivierges cyniques. J'en ai ln nausee. D'ailleurs aucune d'elles ne m'ainwil. Aujourd'hui je me dans la ompagnie de jeunes filles. Cc sonl de petits lrespleins de curtosits. Elles dcouyrenl l'homme ayec passion.Je leur ronle des [lnecdotes sales. Elles s'efl"nrollchent, mais, Nausicaa l lIannilwl. c'est mol. .l'ai 22 ans . .Je viens de m'apercevoir que je n al jamais rien regard. Serais-je inditrrent ? A ce propos, une curieuse observation de Dmos : -Quand tu mnrches dans la rue, lu vus droit devllnt toi, sans te retourner une seule rois. Au rond, je n'aime peut-tre quc Illoi.Aussi bicn, quelqll'un me plail pour aulant qu'il me tmoigne de J'affec lien. ( .Jc connais Ull garon qui passait des heures de\'anl SOli miroir . .Je lui en \'Cu X de l'a"oirfaihl\'anl moi.) .Je ne parlerai pas de'mon tra,ail. Il ne m'intresse p:1S .. J'accomplis ma besogllc avec mltomatisme. Et, t'haquc jour, je me r"eille quatre heures daprs-midi. D:IIIS ma 1':I'llille. nous sOlllmes hatiens de pre en lils. C'est tlne tradition . .Je llnquis il Port .. au-Prince, Ull .iour dl' r\'()llltioll. Cciii explique doute ma nos talgie des COl'l)S de feu. sourire de l11ultitre jaune ('\ nwign \'()que Ull l'pis de mas-au-lait rendu . .le ne mentionnerais IWS mon sjour il Paris. l1l:lis il y a Ic petit 1l1t1Sl':.1U frais. et sucre:, de La Blonde r\i"ernaise H. Une clHll'llwnlt' enfanl. Il l11'arrinlt d( la faire souffrir. ,l'adorais la dshabiller la chemise prs. Elle fermait les yeux el quelle pudeur! CeJ se pass:.1i t ... c:omme dans Longus.jecrois ( je ne l'ai pas lu)' EII trois nous tions chasles. L'histoire se termin(' d:lllS lin taxi. Cn fait-c1i\'ers d'lIne ban:ditl' odieuse et qllt' je veux e!Tacer de ma mmoire . . -\ part cette aventure naw, je n'ni j'amais fait l'amour que pal' respect humain. Des remmes facileset des d,.emivierges cyniques. J'en ai ln nausee. D'ailleurs aucune d'elles ne m'ainwil. Aujourd'hui je me dans la ompagnie de jeunes filles. Cc sonl de petits lrespleins de curtosits. Elles dcouyrenl l'homme ayec passion.Je leur ronle des [lnecdotes sales. Elles s'efl'nrollchent, mais,
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ml foud, lU.' l!lpl'isnnlc quc jc di'die il loul il' qui Ill.' Elles Ille doin'nl ('l'rluiIlS li,s. Cdlc excl aillai ion: -Tiens! Et ceUe cOlll'lllsnn f:ll1holll'il'IlIlC : -Je m'ell f ... s 1 Il Ici C(l1l1111CIll'e Elle n W llllS. El. comme .il' danse le t'horll'sldll (a q'C ces panlalons I:u'ges, \'OUS SlWCZ), ('lle s't'st prise .dc moL Elle s'npl)elle (.'11 l'nlH: Loulousl'. Ellecst qmrl'tcronc lIHX nppns dodns, cl. si je ln prnomme: c'est:'1 ('l1t1SC (Il' sa ('undelll" c\ IHlI'('C qu'el1e a des bl'llS blnues. Elle Ill'envoie dl.' petils houqul'Is de \'iolctlcs lIou); n\'ec des mches dl' S!l lIoirc clliss( . • ( Ce n't'si l'iell Cfll.'UIl(, his!oI'l' il l'cnll (h' l'OSl', 1111 l'O. man pOUl' pcnsillluai\,('s mysl iqlles. ) Je suis 1 l's l'ni housiasm, .Je Ille Sl'IIS niml', .Il' fa is pour VCI'S tin P"'U clans 1(, gt'IH'l; d('slnnkas jnpollnis 01.1 lU.' l!lpl'isnnlc quc jc di'die il loul il' qui Ill.' Elles Ille doin'nl ('l'rluiIlS li,s. Cdlc excl aillai ion: -Tiens! Et ceUe cOlll'lllsnn f:ll1holll'il'IlIlC : -Je m'ell f ... s 1 Il Ici C(l1l1111CIll'e Elle n W llllS. El. comme .il' danse le t'horll'sldll (a q'C ces panlalons I:n'ges, \'OUS SlWCZ), ('lle s't'st prise .dc moL Ellc s'npl)elle (.'11 l'nlH: Loulousl'. Ellecst qmrl'tcronc lIHX nppns dodns, cl. si je ln prnomme: c'est:'1 ('l1t1SC (Il' sa ('undelll" c\ IHlI'('C qu'el1e a des bl'llS blnues. Elle Ill'envoie dl.' petils houqul'Is de \'iolctlcs lIou); n\'ec des mches dl' S!l lIoirc clliss( . • ( Ce n't'si l'iell Cfll.'UIlC:> his!oI'l' il l'cnll (h' l'OSl', 1111 l'O. man pOUl' pcnsillluai\,('s mysl iqlles. ) Je suis 1 l's l'ni housiasm, .Je Ille Sl'IIS niml', .Il' fa is pour VCI'S tin P"'U clans 1(, gt'IH'l; d('slnnkas jnpollnis 01.1
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82 .II1S, j'tudiais le grec cl Anmone \'l'qoil de faire su prtlllile l'Ollll11Union ml Sal ... -Clll' de Turge!llI .. . k loul has : ..llUlIlk 1 El depuis ce jour Anmone III l' prodiguc illadl'S dl' attendrie. C'est llllC forte nlle. GI'unde. BI'UIIC, Dc type indio PlIro. Dlllos lui voua une grossendml'ution,qu'ilme l'pn-li l' en l'CS le l'me, : ' -,Je ne snis pas si lu me compl'cndl'l.lS, Muis, mon, cherr, celle fille, je la trouve \'glule ... Tu sens, Bahal III scns ? J:!.; y;:m=<. :Hpni. Et nou>; l'cprenolls: -VE-GE-TALE 1 ... cst jalouse d'Anmone. Alors, pOUl' "oriel' mes pluisil's Ull peu. je lui raconle Illon enrance. 1.c bai:'ier de 10 rosel'aie el le vocable grec, Le SOil', :\ulIsl'oa me fail pal'venir un hilJet et un mouchoir. Yous n\'t1. dOIlI) un soumel)l. m'crl{'IIt, <'l le mouchoir, mon cherr. il esl humide de lurmgs IV De PL-liouville (lhLre, pOl'l-uu-princicns. de vos vn\':IIlt:es, dc \'OS idylles el de vos lunes de miel ). Ull 100-lin l\(lllS sommes partis l'n excursion Slll' lu l'oule ; l'eprenolls: -VE-GE-TALE 1 ... est jalouse d'Anmone. Alors, pOUl' "oriel' mes pluisil's Ull peu. je lui raconle Illon enrance. 1.c bai:'ier de ln rosel'aie el le vocable grec, Le SOil', :\ulIsl'oa me fail pal'venir un hilJet et un mouchoir. Yous lll'n\'tZ dOIlI) un soumel)l. m'crl{'IIt, <'l le mouchoir, mon cherr. il l'si humide de lurmgs IV De PL-liouvillc (lhLre, pOl'l-uu-princicns. de vos va\':IIlt:es, dc \'OS idylles cl de vos lunes de miel ). Ull mnlill l\(lllS sommes partis l'n excursion Slll' lu l'oule
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83 L.\ I\'t:J:.: IS()J(jSE Pourquoi si m('lwnle, pt'Iilt.' 1II11i<.', ;\:lusnw. Dam, la naleltc>, il l'slnll me pas enc'ore nrl'ne ... • l boude, Nausiraa n'('sl plus !<,'I1H'llls n,'npl .inilii :: la scnsunlilc.', ) . Ce jour 15, l''nuscnanl ,nlmnlltn(ltl 83 L.\ I\'t:J:.: IS()J(jSE Pourquoi si m('lwnle, pt'Iilt.' 1II11i<.', ;\:lusnw. Dam, la naleltc>, il l'slnll me pas ellc'ore nrl'ne ... • l boude, Nausiraa n'('sl plus lcI1H:llls n,'npl .inilii :: la scnsunlilc.', ) . Ce jOllr 15, l''nuscnanl ,nlmnlltn(ltl
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VI Extraits de l'alhulIl de : 8-1 .\ Cl!lui, (pli 111 prelllii!rc foi" m'a ill.pirt! l, 11t11l1a!!ul" lj'aiulI'r d da 'IH", j •• Idie cette . . \ "" Il.i pri 1 on lriullll'ile glui l'!'. lIa1.:11, jt! cllllll'te "ur tOIi l'il!". t'riel' c'c:-t le bOlllll'lIr . . \11 ! quelle j()il' extl'!!1I1n .Ie din'; Il lIannihlll, je l'uiUle! ... JI Chagrine. Tu iJoIJlU! 1111 SIHlm!.!t ! .-.;i je SU il! bonlle, falllil que tu UI'oll'ellso" ? Ton mchant cur S'Cil prvaut chollue jOllr. Plus de rigueur vniucrait ll!s rsistances. 'l'II si j'uvuis lIIoins d'olIIour. ,. Cruelle l'adieUX l'veil. l.e Ch:\l!!lIU bien chafulI4l el"t IltwlOli. t/ueUe dt!ceptioo 1 Alors un \"oit clair'emPllt IlIle la .. io e:l lIlIe luue flerptudle. TOllt ce qui prll\Wllt du t'apri.,/! ,le l'imagination Ile pth rllltre atlelilioll. 'I"i ne l'ail pa .... c1Il":LIIX en ? Tous, tous y pus--,,"l, L." "ell" .. s l'UlIlIlJt! le" t'r\'oles. BllLal ! je t'aIIII' quand mllie. H,'\ lIalluikti Ile 111011 cll'ur '" l'lus je 1111' 1'1.'1111,.; CHlllptU 'Ill'il Il'e,,t pus d'avantuge:; 6un:-10,'011 nI lIien t", VII De me sentir tellement nim. je l'uis ces vers pOUl -: Ldtres slIr un urbre. Saiglle une rose l'Ouge. je vois ln bouche clla (fouleul' de s'cmbl'usser. lIon amour esl aussi gran que lu m'es secrle, (Jmmd je le snurui. pOlll'raj.je encore l'ailtll"r '1 Aujolll'd'i IIut" lu Il'es pus julouse. 'e Ill'cnnuu!, VI Extraits de l'alhulIl de : 8-1 .\ Cl!lui, (pli 111 prelllii!rc foi" m'a ill.pirt! l, 11t11l1a!!ul" lj'aulI'r d da 'IH", j. ddie cette . . \ "" Il.i pri 1 on lriullll'he glui l'!'. lIa1.:11, jt! cllllll'te "ur tOIi l'il!". t'riel' c'c:-t le bOlllll'lIr . . \11 ! quelle j()il' extl'!!1I1n .Ie din'; Il lIannihlll, je l'uiUle! ... JI Chagrine. Tu iJoIJlU! 1111 SIHlm!.!t ! .-.;i je SU il! bonlle, falllil que tu UI'oll'ellso" ? Ton mchant cur S'Cil prvaut chollue jOllr. Plus de rigueur vniucrait ll!s rsistances. 'l'II si j'uvuis lIIoins d'olIIour. ,. Cruelle l'adieUX l'veil. l.e Ch:\l!!lIU bien chafuud el"t IltwlOli. l1uelle dt!ceptioD 1 Alors un \"oit clair'emPllt IJlle la .. io e:l lIlIe luue flerptudle. TOllt ce Cjui prll\Wllt du ('april'/! ,le l'imagination Ile pth rllltre atlelilioll. 'I"i ne l'ail pa .... c1Il":LIIX en ? Tous, tous y pus--,,"l, LI'" "ell" .. s l'UlIlIlJt! le" t'r\'oles. BllLal ! je t'aIIII' quand mllie. H,'\ lIalluikti de 111011 cll'ur '" l'lus je 1111' 1'1.'1111,.; CHlllptU 'Ill'il Il'e,,t pus d'avantuge:; 6un:-10,'011 nI lIien t", VII De me sentir tellement nim. je l'uis ces vers pOUl -: Ldtres slIr un urbre. Saiglle une rose l'Ouge. je vois ln bouche clla (fouleul' de s'cmbl'Usser. lIon amour esl aussi grand que lu m'es secrle, (Jmmd je le snurui. pOllI'raj.je encore l'aiml"r '1 Aujolll'd'i Ilue lu Il'es pus julouse. 'e Ill'cnnuu!,
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Je t'aillH' HII"<.'II1(' ; je le l'ue po 1'\ t' 011\'('1'1(. l.e venl wuf11l', r Il l'\'c s'cll\'ul(. Si III nlhlllldtHlIla is. pclile IImie, comme je l'allnlis aim('c ! De loult' ilia sOllfl'rUlH'(', VIII --_ .... ---_._-Un snir, Dmos Ille prsenla Simoll, Ull cOllfrre, JI fut loul de suile 111011 ami el 011 ('(lll\'illi de St' Itllo)'t'I'. Ch)arm:lnl gal'roll .. Il me iii des pome!; fulurislt's et nOlis huvons de la cJrau[Jllfbe(r.solis II.' sahlil'I' dt, J'Eldorado, JlilJ'mi le VHct, "lcnL des dl' rc.'turds qui n:,e)flIlH'n1 1 ue-l 1 c If II {J'llil-sall. 0 Il t'Il le Il d jOli t' r, il J III ri eUI', n li billnrd ( mais I('s lilelll'S sont silflH'ieli x), El talldis que le phono (!l'OlIll' lllH' IHllgtllll'ClIH' mringlll' de lIotre clH'r Lamo{ hl" Dl'mo:; "'llIbOurIH' SUI-It, z.illl' d'lIne Itlhlc l'Ondl! . .le pal'h,' d'.-\ndrl' Gill ... " dL'Sl'S":'\O:I:Tiluf'('s el dll l'ull(' dt' Simoll nil' : -(;firon. Trois CI ba l'ri lJlICS bit' ! .. , .\pri's quoi il Ille rail l'dog't' pOl'I"" (d'j('llluux qu'il aiml' El hIlIHjI!(Il:('111 -Tu dois (-In' 11H' dit-II. I? '1 '! .-Tu sais, illl{'niellt J)t'Illos. II('S d:tll'\'()\'flllt, .Je IHlis ahuri. P('('n'I's, llloi. 1111 indi!l,'ne! La !>()\1lll' hhlguc 1... C'l'sl Cil l'Hill que j'nllgll(:\allsicllll. 1101,:(, hais pOUl' I:l ::\JeJ' Fl'app('l', Je t'aillH' HII"<.'II1(' ; je 1(' l'ue po 1'\ t' o'IH'rlt. Le venl wuflll', r Il rve s'cll\'ul(. Si III n,hlllldtHlIla is, pclile IImie, ('0 III Ille je l'allnlis aim('c ! De loult' ilia sOllfl'rtIlH'(', VIII --------------Un snir, Dmos Ille prsenla Simon, Ull cOllfrre, JI fut loul de suile 111011 ami el 011 ('(lll\'illi de St' Itllo)'t'r. Ch)arm:lnl gal'roll. ' Il me iii des pome!; fulurislt's et noliS huvons de la cJrau[Jllfbe(r.solis Il' sahlil'I' dl' l'Eldorado, Jlilrmi le vact, \'lenL des dl' rc.'lurds qui n:,e)flIlH'n1 1 ue-l 1 c Il II {J'llil-sall. 0 Il t'Illen d jOli t' r, il J III ri eUI', n li billnrd ( mais I('s lilelll'S sont silflH'ieli x), El Inlldis que le phono (!l'OlIll' lIIH' IHllgtllll'ClIH' mringlll' de lIotre clH'r Lamo{ hl" J)i'lllo:; "'llIbOurIH' SUI' It, z.illl' d'lIlle Itlhlc l'Ondl! . .le parft' d'.-\ndri' Gill ... " dL'Sl'S":'\O:I:Tlllf'(,s el dll l'ulh' dt' Simoll nil' : -(;firon, Trois CI ba l'ri lJllt'S bit' !., . . \pri's quoi il Ille rail l'i'log'e pOl'I"" (d'l'Illuux qu'il aiml' El hIlIHjI!(Il:('111 -Tu dois ('In' 11H' dit-II. I? '1 '! .-Tu sais, illl('niellt J)t'Illos. Iri's d:t 1 \'\'m'fllll, .Je IHlis ahuri. Pc'n'('rs. llloi. 1111 indi!l,'ne! La !>()\1lll' hhlguc 1. .. C'esl Cil \'Hill que j'nllglll':\allsit'llll. 1101,:(., haisal',les. goyaves, Jl1nOl'l'IU'C dl' uos rl'lalions,Silllcll Tricmphe TlI me donnes l'oison! .Je suis [l's ahuri .. , C'esl alors que sur III propositioll dt, D('mos, I\OUS !'iOnlmes pm'Iis, l'II auto, qUi'ril' des fillt's dOIllnir:IIH'l:i. voici !lIl1('('S il toult' "Ilun', (')1 1'0111<.> pOUl' I:l ::\JeJ' Fl'app('l'.
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Hos:l. Placida, Ehira'. )\Tes. Elles dWlltt'lIl f( Papa Mon/Nf) H.' Oll Chicf) ! .Je lJle SCIIS IYl'iqlll'. Petile lJOh'l', i\ausl'u, j'voque 1011 tcs Sl'HIS. la houche et c'csl IH dwir que j'oll\TeS, (SiIllOlln'(l peul-t'Il'e pas lorI, .i(' dois ln' pl'l'H'n; Hil pClI, ) .. , Il heures. Le quarl icI' de ln Glm'ire, NOlis \'t'nons de quitte!' Il's lilll.'s. Trois ngres dans un l'aboulol iWlOhle, l'un joue de la mnndoline, l'aulre de laguilare <.'Ile troisime .. , Que l'hallie-t-i!? .Je' ne sais, l\Inis .le possl'dt' leurs \'i1'iages malades l'I de (Illl'Ilc I1\'ie de El. l'clip 1'I':lillle hourgeoise du l'dlcult, je 111<'> st'rais jel il ses ... aurait-elle cOl11pl'is? . Alors je 11H10 llppl'oell':', .k sOlll'inisd'llll niais sou", rl' ; -Bonsoir. . O t1\'nis-jc ,'U es. Cl'S plaisirs de\' st'rHis jel il ses .. aurait-elle l'ol11pl'is? ,Alors je IlH' llPpl'oell':', ,k sOlll'inisd'llll niais sou"'1'(' ; -Bonsoir. .. . O tl\'nis-jc \'U
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87 moulus des botes de Moartmu.'tre, s'exhibnicnt "(-Ius, cOmme clt:s l'astaquouI'C5.3n.'(' des nllures 1('z si jalous,e ... Et je ne llUis ll1'clllp(ocht'l' dt.' l'jl'e, sans quoi toile n'::lllcompris, X Palmes! La bl'ise" Je el ln lune f..'OUlmCl1l'cnl. Pau\ ... iannibal 1 Et lu penses qu'Anmone esl uuc:' solle el que r\nll-sieaa a "l'aiment pris l!"Op d'clllbonpoint. Tu as le cill' Tu le promnes. , Tu "US,tll \'as ... Le dt ln roulc. dl' la soJiludc, ... les cds des l'/'iquelles. "Tu fass,ieus (hms l'hedJc (lui Il' di'mangt. Tu te mnJhcul'eux. Tu "us plvunr. Mais tu ral'-1'('lelil, pOpl' l'onl'()' nu 1'U' 1('z si jalous,e ... Et je ne llUis ll1'clllp(ocht'l' dt.' l'jl'e, sans quoi toile n'::lllcompris, X Palmes! La bl'ise" Je el ln lune f..'OUlmCl1l'cnl. Pau\ ... iannibal 1 Et lu penses qu'Anmone esl unC:' solle el que r\nll-sieaa a "l'aiment pris l!"Op d'clllbonpoint. Tu as le cill' Tu le promnes. , Tu "US,tll \'as ... Le dt ln roulc. dl' la soJiludc, ... les cds des l'/'iquelles. "Tu fMs,ieus (hms l'hedJc (lui Il' di'nHlIlgt. Tu te mnJhcul'eux. Tu "us plvunr. Mais tu ral'-1'('lelil, pOpl' l'onl'()' nn 1JU'
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NOTRE ENQUE'"fE ---+, .++ ....... ---DtlllS la prface des Essais de psychologie contem-Paul Bourget parlant de l'influence des crivains qu'il allnit analyser crivait il cette minute prcise et lancHs que j'cris celle Ifglle, un adolescent. que je vois, s'est accoud sur son pupitre d'tudiant par cc be;)u soir d'un joUi' de juin. Les fleuri s'ouvrent sous la fentre a 111011reusement. L'or tendre du soleil couch s'tend sur la ligne de l'horizon avec une dlicatesse adorable. Des jeunes filles causent dans le jardin voisin. L'adolescent est pench sur son livre. un de ceux dont il est parl dans ces essais ...... qu'il ferait mieux de "ivre disent les sages., .. ,Hlns c'est qu'il vit cct te minute et d'une "ie plus intense que s'il t'ueillail les fleurs parfumes, que s'il regardnit le mlancolique occident, que s'il serrait les fragiles doigts d'une jeune fille. Il passe tout enticl' dHllS les phrases deson uutelll' prfrt'. Il COll verse a\'ec lui de Cur il Cur, d'homme il hOlhl1H', Il l'coute prononcer sur la mnnirc de goter l'alllour et de pratiquer la dbauche, de chercher le bonheur et de suppOI'lel' le I1lnlheur, d'envisager la mort et tnbl'eux dll 1()Jllbeml. des parol('1'; qui sont des r\'t-Ialions. Ces paroles l'introduiscnl dans lIll univC'rs dt, sentiments jusqu'alors aperu il peine, De celle premire r,'lalion il imiter ces sentimenls la distance est lai!>I!!', et l'adolt'scent ne tarde gure ln Ihmchil' ... NOliS voulonl> dgllger les; Infltl,ence.<; qui agirent SUI' la sensibilit des jeulles haHiens d'aujourd'hui de quel malres l'eur<.'nt-ih les purolesC(u ounen! SUI' le monde et ln "ie. ces fentres mystrieuses qui font que l'on ('roil dcouvrir l'uninrs pOlir la premire fois. Ces initialeurs. lel1l' nOllS aideOlls il comprendre ln nhysionomie morale des jeunes gens qui nous entourent NOliS publierons fur et mesure leurs tmoignages ... NOliS posons la mme question nos proches ains, il tous les intelltctuels hatiens pour essayl?r de retrouvel' les sOllrces o s'alimente b Pense hatienne connOU5 esprons que l'cm fera bon accueil eelle enqute. qu'on en comprendra la porte ; de nous connatre, de tro\lver en commun des faons de sentir semblables, flrrinr il nOlis aimel' ,'. NOTRE ENQUE'"fE ---+, .++ ...... ---DtlllS la prface des Essais de psychologie contem-Paul Bourget parlant de l'influence des crivains qu'il allnit analyser crivait il cette minute prcise et lancHs que j'cris celle Ifglle, un adolescent. que je vois, s'est accoud sur son pupitre d'tudiant par cc be;)u soir d'un joUi' de juin. Les fleuri s'ouvrent sous la fentre a I11011reusement. L'or tendre du soleil couch s'tend sur la ligne de l'horizon avec une dlicatesse adorable. Des jeunes filles causent dans le jardin voisin. L'adolescent est pench sur son livre. un de ceux donl il est parl dans ces essais ...... qu'il ferait mieux de "ivre disent les sages., .. ,Hlns c'est qu'il vil cct te minute et d'une "ie plus intense que s'il t'ueillail les fleurs parfumes, que s'il regardnit le mlancolique occident, que s'il serrait les fragiles doigts d'une jeune fille. Il passe tout enlicl' dans les phrases deson uulelll' prfrt'. Il COll verse a\'ec lui de Cur il Cur, d'homme il hOlhl1H', Il l'coute prononcer sur la mnnirc de goMer l'alllour et de pratiquer la dbauche, de chercher le bonheur et de suppOI'lel' le I1lnlheur, d'envisager la mort et tnbl'eux dll 1<)Jllbeml. des parol('1'; qui sont des rvt-Ialions. Ces paroles l'introduiscnl dans lIll univC'rs dt, sentiments jusqu'alors aperu il peine, De celle premire r,'lalion il imiter ces sentimenls la distance est lai!>I!!', et l'adolt'scent ne larde gure ln Ihmchir ... NOliS voulonl> dgllger les; Infltl,ence.<; qui agirent SUI' la sensibilit des jeulles haHiens d'aujourd'hui de quel malres l'eur<.'nt-ih les purolesC(u ounen! SUI' le monde et ln "ie. ces fentres Illystrieuses qui font que l'on ('roil dcouvrir l'uninrs pOlir la premire fois. Ces initialeurs. lel1l' nOllS aideOlls il comprendre ln nhysionomie morale des jeunes gens qui nous entourent NOliS publierons fur et mesure leurs tmoignages ... NOliS posons la mme question nos proches ains, il tous les intelltctuels hatiens pour essayl?r de retrouvel' les sOllrces o s'alimente b Pense hatienne connOU5 esprons que l'cm fera bon accueil eelle enqute. qu'on en comprendra la porte ; de nous connatre, de tro\l\'er en commun des faons de sentir semblables, arrinr il nOlis aimel' .'.
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1 1 lU27. -LI-,:s ARTS ET LA VlE -.. . t)f/,rclellr : E. .; FOIlllait:ur:'i .: E. RonlER X. SYLVAIN .1. ROnlA1X A. YIITX P H.-THUy-:\f ,\ IlCEU:'\ IhslEL C\IIL BIHH.\HU -------0-------Erb; ('(i"" .. Il 1('11 1" POllll\< .1. IL (lm'cia U'lrc,"n'L QlIolqllP'; DMInitioll5 ,It! la Poe,,;,< L',\ngl' Radiguet .\ H:\YIllOlltl FI'3111:i,.; <1(. El:rit l'tif dl' "Eau (o-lxtnUl) Entt'e Nous: hJ"pJe,-; UOllllla;n Le. Bu \"Ird: P0t-L1H':;, Lp. tFr.lI:k BrJlIll ) . POt; m t!"; LI! Pr0l'hi .... KHlil (;ehmn) LI'''' nouI't-'He HnnlElt Trd. par J,\(Qt:ES Il. . de l'AcaJlnia Praocai"e CAHL BRt:Anll • Pli. 'l'1I01l\' Pli. 'filOU'\' :\1., Rel-: LiX FI!,\xn,.: .M )I!O:'l.\Sllr..t: '\STOSI(l \'H:llX .fA<:QUES ROt::'IAI" . Trt!. par JACQl!ES Rov,l..\ls OU<'IEL ffF:URTELOl:, E:l/Iu: HOU)!ER, FAnro FIALJ.O TrtI. pal' A us PH. TIIOIlY !\lARtELl:\ IhlPRHI ERIE HI"-O, Angle do .Rues & 20th Strt"t't, '. PORT .. \!l.PRI:-;CE, (HAITI \ 1 u t [ 1 1 lU27. -LI-,:s A Rn ET LA V lE -.. . t)f/,rclellr : E. .; FOIlllait:ur:'i .: E. RonlER X. SYLVAIN .1. ROnlAIX A. YIITX P H.-THUy-:\f ,\ IlCEU:'\ IhslEL C\IIL BIHH.\HU -------0-------Erb; ('(i"" .. Il 1('11 1" POllll\< .1. IL (lm'cia U'lrc,"n'L QlIolqllP'; DMInitioll5 ,It! la Poe,,;,< L',\ngl' Radiguet .\ H:\YIllOlltl FI'3111:i,.; <1(. El:rit l'tif dl' "Eau (o-lxtnUl) Enlt'e Nous: hJ"pJe,-; UOllllla;n Le. Bu \"Ird: P0t-L1H':;, Lp. (Fr.lI:k BrJlIll ) . POt; m t!"; LI! Pr0l'hi .... KHlil (;ebmn) LI'''' nouI't-'He HnnlElt Trd. par J,\(Qt:ES Il. . de l'AcaJlnia Praocai"e CAHL BRt:Anll • Pli. 'l'1I01l\' Pli. 'filOU'\' :\1., Rel-: LiX FI!,\xn,.: .M )I!O:'l.\Sllr..t: '\STOSI(l \'H:llX .fA<:QUES ROt::'IAI" . Trt!. par JACQl!ES Rov,l..\ls OU<'IEL ffF:URTELOl:, E:l/Iu: HOU)!ER, FAnro FIALJ.O TrtI. pal' A us PH. TIIOIlY !\lARtELl:\ IhlPRHI ERIE HI"-O, Angle do .Rues & 20th Strt"t't, '. PORT .. \!l.PRI:-;CE, (HAITI \ 1 u t [
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192. = _ :::s:::::s:m::: t iJ . -LES ARTS ET LA VIE-CLAI RClSSEMENTS (1 La He\'ue Indigne H est ulle pierre tombe dans la mare aux grenouilles. D:1IH le journal l'Hatien on s'est plaint amrement de ces peUls eunes gens et dmarqu les sottises des anciens bouquins de littrature sur le Illou\'emcnt symboliste, :-':ous. regrettons qu'un homme. auss l'c:-,ped que :\1" Pressoir ait accuilli cluus sa feuille d'anonymes ragols et tripotages de ces ":'lelels lches qni Sigll::llt : un abolln. Nous Ile sommes pas illl'endiaire:s el lIotre souci est d'crire assez bien pour que noire cole nationale pui!lse avoi., une place honol'able dans 1<:1 litlrature hatienne. La Revue Indigl',c II compose lion d'arrivistes mais d'31Tivs, Nous n'avolls pas gravir l'chelle sodale, II appartenait il des goujuls de nous mettre sur le dos les grossirets chrollqes de jeunes (\ cagatingas)) eonlre les jeunes filles de notre socit, r-.:ous faisons cellE" Illise nu point pour que l'intelligentsia hatienne ne lire pas sur ses troupes. Que nOlis n'acceplions pas les manuscrils de ridicules auteurs et voil une srie d'attaques aussi htes que piteuses, Oswald Durand qu'on nOlis accuse de mprise.' cst l'oncle de' Jacques Houmain, 'Nos cri"Hns Ile sent ('OlHlUS dans le monde . .\ qui la faule? Les anthologies tranaises sont ouvertes aux Belges, Suisses et Canadiens, Dans la collection (( Georges Banal ) des poles lrnngers, les "olumesle$ 192. = _ :::s:::::s:m::: t iJ . -LES ARTS ET LA VIE-CLAI RClSSEMENTS (1 La He\'ue Indigne H est ulle pierre tombe dans la mare aux grenouilles. D:1IH le journal l'Hatien on s'est plaint amrement de ces peUls eunes gens et dmarqu les sottises des anciens bouquins de littrature sur le Illou\'emcnt symboliste, :-':ous. regrettons qu'un homme. auss l'c:-,ped que :\1" Pressoir ait accuilli cluus sa feuille d'anonymes ragols et tripotages de ces ":'lelels lches qni Sigll::llt : un abolln. Nous Ile sommes pas illl'endiaire:s el lIotre souci est d'crire assez bien pour que noire cole nationale pui!lse avoi., une place honol'able dans 1<:1 litlrature hatienne. La Revue Indigl',c II compose lion d'arrivistes mais d'31Tivs, Nous n'avolls pas gravir l'chelle sodale, II appartenait il des goujuls de nous mettre sur le dos les grossirets chroIlq{'S de jeunes (\ cagatingas)) eonlre les jeunes filles de notre socit, r-.:ous faisons cellE" mise nu point pour que l'intelligentsia hatienne ne lire pas sur ses (rnupes. Que nOlis n'acceplions pas les manuscrils de ridicules auteurs et voil une srie d'attaques aussi htes que piteuses, Oswald Durand qu'on nOlis accuse de mprise." cst l'oncle de' Jacques Houmain, 'Nos cri"Hns Ile sent ('OlHlUS dans le monde . .\ qui la faule? Les anthologies sont ouvertes aux Belges. Suisses et Canadiens. Dans la collection (( Georges Banal ) des poles lrnngers, les "olumesle$
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!lll ---------------------------------------plus I)t'aux ",Ollt (1 1.:1 :'\lIit ), (\'J\Y:m (;ilkill d les "SOII_ nels " .:l'I':dl1lOl1<1 Lafol'vsl. Et jlollrl:lI1l. ('II France,lIolre EdlllG'HI L.tf(ll'cs' JI'esl C0I1II11 que petits gl';llllls hOilllllt'S, L('s nd III il';' hk ... dcOll\"t>rtes de rnb1>(-Houss(.'lol SOli! i\lCOIlIlUes il chers ('O\lCf0Yl'IH qui (>11 l'f'sl';;nl !OU.iOlll'S ail 111,\111(' (k, six \'oyl'l1l's .. \ d':llIlrl's, pills ("\'olups, r.\rl dl'S Yn, d'.-\ugwilt j)orc!1aiil l'sI L:111\o!";lIl. 1111 E\:lllgi!l', Ils l'il sonlellcore l'esls :wx philosophiqll\" de Sully-Prudhollllllt'.\\ l'oule \111(' hnllded'/?Il\lllt'Dul Il:ll'.S(' chez eux et qu'un monsieur s()it llll pOt'll' Illollclinl qu. boiL de la hiere sur 1:1 It'rrass(' dt' 1'Eldol':ldo, Lnfc:Hljo Hehrll a pas!'\ pills dt Irois il Porl- petits gl';llllls hOilllllt'S, L('s nd III il';' hk ... dcOll\"t>rtes de rnb1>(' Houss(.'lol SOli! i\lCOIlIlUes il chers ('O\lCf0Yl'IH qui (>11 l'f'sl';;nl !OUjolll's :tll 111,\111(' (k, six vOyl'l1l's .. \ d':llIlrl's, pills ("\'olups, r.\rl dl'S Yn, d'.-\ugwilt' j)orc!1aiil l'sI L:111\O!";lIl. 1111 E\:lllgi!l', Ils l'il sonlellcore l'esls :wx philosophiqll\" de Sully-PrudllOllllllt'.\\ l'oule 1111(' hnllded'll\lllt'Dul Il:ll'.S(' chez eux et qu'un monsieur soit llll pOt'll' Illollclinl qUI boiL de la hierc sur 1:1 It'rrass(' de 1'Eldol':ldo, Lnfc:Hljo Hehrll a pas!'\ pills dt Irois il Porl-
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91 dnire el l'l'aiche d de pOl:ks sincres l'si hnlllle' l'II brche pal' des pitres de saloll, d de p:ll\\'I'l'S li!t'ralt's qui se plHiselltduns lu dl'Iedalioll Illorosc. ;\ous (,l'dolls' il ,'enllui de leur raire 1111 cours ,lu reste :lSSt'Z bref. Les gens qui IlOLIS :lltnqllt'1l1 SOli! /cs p:lrlisnlls dt, lnl-II:lI'l'nille :lJllllOlogie de tl'.\rll'cy. Il 1I01lS esl imp()ssible qU:11' exemple, ('e vers d'.\gripptl d'Auhign dUIl:i les Truglqucs : L'('('ulI((' dl' k\ll' [lll;'; klll' mOllit' ,usqu yeu:\. ()Il l'L'li1'':i, 'idl'l:1 q!I;I: ;\ qualre ;1!'lTllls forts, (;l'Ilil/l', IiI/S, /1111/111', .III'Il,r. \'0', I!.:t'lellrs IH'lI\"'llI <'lppliqller l'l'Ill' rl'gk dl.:'s (l'Win' ::t'!.'cnls l'oris ;JI 1 \ \'ers J'r:1l1ruis. (les articles, les :11I:\ili:lil't's /(os (,ol1jonctiolls eti:. cOlliplant pOlir des raildes) Lt's n:'gles dl' sonl t'mpli'iqUt", ('1 l, !l0': 1 t..' ::('!uelleIlH,'n! doit se Illellrl' :1lI {'illl!':l!!! IL lOT"; les pt'!lgl'l'" pro";tldiqllcs, Les t:flldes SU!' jt'..; Yl'J'S S(l!ll "'\llIlll('S il COlllpll'!' dWf(lIc pour Uil pied nt..' peut ('11'(.' v'it..'lltifiqul', lu pr('l'ustoll ti Ill' Jlns Il' suhs!:lllli!' tlll/W, Le prl'!lIer mol dll \ers, Ijel/fJl(', li lit' syllabe I>l'l'\ 1..', sUI\'e d'uile forte l'st tlil pied "lllbiqlll' dans la posc lIIH!,luis(' COlllllle Ioules les prosodies, Qu'on nl' Ill'(jh,it'cle p:1S la Inillite des ("nivaills de la PIl'adc dalls 1:1 cl'!."aloll dil \'ers Illl'Stll't', PD!' del:'l les sil'des de lilti'r:tlllrc f'rtll1caise. /ts Htllls;lJ(1. BuL du Bellay ont telldu les aux cr\'nills dl' /'t't'oll' rOIlHlIie. Du Plessis. Les l'mllaisisles son.t . Il Jl'est qU'l'il lIati que dt,s l't'pliques dc TI'ssolill et \'adius Ile lltil'ent pns le 1'011 rire dll public, L rylhIlle continll conlillll{'/Ilcnt "ari de lh'n Ghil, ln thorie ingnieust' dl' ln l'haine il godets rs : 1l0llS Il'aYOIlS IH1S des es pour Illllrqucl' les Dccenls forts ct' faibles de mme Il:'s gr:l ph ques lIel'C.'ssai l'CS, Tout est Cl't'cr dalls cc pays. J'imprimerie comllle ln lihrairie, Prellons 1>:11' exemple, Cl' vers d'.\gripptl d'Auhign dUIl:i les Truglqucs : L'l' (' UII H' cl l' 10: Ill' fi II :.; k III' III 0 Ille .i Il S q Il "II .Y l' U :\ , ()Il l'L'li1'':i, 'i'{l'I:I l'l'\ e. sUI\'e d'uile forte l'st tlil pied "lllbiqlll' dans la posl' lIIH!,luis(' COlllllle Ioules les prosodies, Qu'on nl' Ill'(jhjt'cle p:1S la Inillite des ("nvuills de la Pleade dalls 1:1 en"alloll dil \'ers Illl'Stll't', PD!' dei:'! les sil'des de lilll'ntiurl' l' .. mH.'aise. \ts Htllls;lJ(1. BuL du Bellay ont telldu les aux cr\'nills de /'t't'ole rOIlHlIie. Du Plessis. Les l'mllaisisles SOllt
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92 LA RE'TE Claudel montrent que les vers classiques ou libres ne sont que des artifices typographiques, Le souffle rgle les rythmes et la chanson d'E\'iradnus ne peut se lire en donnant le mme ton et la Ihme valeur il chacun des.\'ers, Ecoutez, 1 comme un nid! qui murmure': invisible En tudiant un pole model'l1e. Albert Aufl'emonl, nous rencontrerons la mme coupe de vers: Je suis fier / de porlel' / duns mon / me ton me Isral; Nous ne voulons pas ennuJer nos lecteurs de dfinitions techniques mais le vers cit en ralit un vers de quatre pieds, chaque pied tant reprsent par deux syllabes faibles suiVies d'une forte, De plus un rejet allonge ncessairement le vers prcdent et ln mn nire de rcitel'ne pas le vers riche d'une seule coule, il la Claudel. Je suis fiel' de porler,dans inon me ton me, Isral ! ... Le vers clossique il qunlre accents l'oris est un ,'ers il lorme fixecomme le sonnel el J'areyto (que nous nvons cr) sont des pomes forme fixe. Suinlilt les tTis de nos potereaux,lm homme qui n'fcrirail pas en ballades. rondeaux ou pantoums ne ferait pas de la posie, Nos voisins de Cuba ne sont pas en but il Ilwl\'eillnncc systmatique de nos crtins50lennels. d'un Fcmondez Arondo est accueillie chaleureusement qui nous vaudrait nous les pIns grossires insultes ... 1 pasara tu ju\'entud 1... tn jll\'cntud que es canto, que es manzana de Octubre, bravo sol de los Iropicos. que es agua purav fresco de nislalinos rios y t10r qui se abre beso pasional de la aUI'Ol'a. Il reste une objection: la 1. .. La chanson de Roland n'c"t pas rimt.'>e ; clle n'cil est pas moins Je seul pome pique rnmais. Et de quel droit despetits matres attaqueraient les Valery Larbaud, John Antoine Nau et VCl'hneren. Ils sont intnmsi92 LA RE'TE Claudel montrent que les vers classiques ou libres ne sont que des artifices typographiques, Le souffle rgle les rythmes et la chanson d'E\'iradnus ne peut se lire en donnant le mme ton et la Ihme valeur chacun des.\'ers, Ecoutez, 1 comme un nid! qui murmure': invisible En tudiant un pole model'l1e. Albert Aufl'emonl, nous rencontrerons la mme coupe de vers: Je suis fier / de porlel' / duns mon / me ton me Isral; Nous ne voulons pas ennuJer nos lecteurs de dfinitions techniques mais le vers cit en ralit un vers de quatre pieds, chaque pied tant reprsent par deux syllabes faibles suiVies d'une forte, De plus un rejet allonge ncessairement le vers prcdent et ln mn nire de rcitel'ne pas le vers riche d'une seule coule, il la Claudel. Je suis fiel' de porler,dans inon me ton me, Isral ! ... Le vers clossique il qunlre accents l'oris est un "ers il lorme fixecomme le sonnel el J'areyto (que nous nvons cr) sont des pomes forme fixe. Sunlllt les ns de nos potereaux,lm homme qui n'fcrirail pas en ballades. rondeaux ou pantoums ne ferait pas de la posie. Nos voisins de Cuba ne sont pas en but il Ilwl\'eillnncc systmatique de nos crtins50lennels. d'un FCl'l1ondez Arondo est accueillie chaleureusement qui nous vaudrait nous les pIns grossires insultes ... 1 pasara tu ju\'entud 1... tn jll\'cntud que es canto, que es manzana de Octubre, bravo sol de los Iropicos. que es agua purav fresco de nislalinos l'ios y t10r qui se abre beso pasional de la aUI'Ol'a. Il reste une objection: la 1. .. La chanson de Roland n'c"t pas rimt.'>e ; clle n'cil est pas moins Je seul pome pique rnmais. Et de quel droit despetits matres attaqueraient les Valery Larbaud, John Antoine Nau et VCl'hneren. Ils sont intnmsi-
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LA nEVT:E JXDlGEXE geants: nous dIgrons bien leurs rimes-tiroir. bouchon el mariage rpublicain: arbre, marbre: vers. voiles, loiles ; morose elc. La posie est de la prose monte u, une pierre br,ute dont on tire un diamant de la plus belle cau. Le rythme est souverain et que me chantez-vous de rime si un pome vous plat et vous meut. Aime7-vous Shakespeare demandais-je un monsieur? Et Gthe, Le Dante, Camons?.Je revois encore sa bouche en cul de poule. Oh! leurs vers sont quel feu! quel gnie 1... -Et pourtant vous ne savez l'allemand, l'anglais ni rilalief.! ? Comment a\'ez-\'ous pu goler des pomes sans nmes. :\Ime tH'ant l'appnrition de La Revue Indigne >. nos cuistres nurnient d se taire devant la geste pique du pole Flix Viard : La lgende du dernier Marron 1...)) Ecrivant personnellement avec la rime. la contre-assonance de Derme et la contre-rime de T(;mJet je ne prche pas pro domo ) Il n'eH reste pas moins que notre mouvement est original et que nous suivons directement pas ans: Etzer Vilaire, Damocls Vieux, Charles Nous sautons volontiers sur l'inten'alle, cette mare aux grenouilles et leurs coassements anonymes. ROUMER LA nEVT:E JXDlGEXE geants: nous dIgrons bien leurs rimes-tiroir. bouchon el mariage rpublicain: arbre, marbre: vers. voiles, loiles ; morose elc. La posie est de la prose monte (c, une pierre br,ute dont on tire un diamant de la plus belle cau. Le rythme est souverain et que me chantez-vous de rime si un pome vous plat et vous meut. Aime7-vous Shakespeare demandais-je un monsieur? Et Gthe, Le Dante, Camons?.Je revois encore sa bouche en cul de poule. Oh! leurs vers sont quel feu! quel gnie 1... -Et pourtant vous ne savez l'allemand, l'anglais ni rilalief.! ? Comment a\'ez-\'ous pu goler des pomes sans nmes. :\Ime tH'ant l'appnrition de La Revue Indigne >. nos cuistres nurnient d se taire devant la geste pique du pole Flix Viard : La lgende du dernier Marron 1. .. )) Ecrivant personnellement avec la rime. la contre-assonance de Derme et la contre-rime de T(;mJet je ne prche pas pro domo ) Il n'eR reste pas moins que notre mouvement est original et que nous suivons directement pas ans: Etzer Vilaire, Damocls Vieux, Charles Nous sautons volontiers sur l'inten'alle, cette mare aux grenouilles et leurs coassements anonymes. ROUMER
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il ses licteurs un jeulle pote t:ubain. IUF.\EL G.\l\CL\ BARCENA, LAUH.\T e PHIX I)ES .IEt:X FLOH.U'X clc.'brc.'>s par Je scrtarint de l'Instruction Publique et des BenuxArts l'occasion dcs noces d'urgent dl' lu Ht>puhliqlH.> de Cuba. "ISIOX n'Ol.:THE Ttr\IBE Etj'lendrai 111011 \'01 et je resterai !ollnllt dans l'immensit sans lumire. Uniquement je sHunli que j'exisll' et ne me veri'ai llU\lllt' pus dnl1s la Ille'r ... Un' silence absolu ... Et une horreur sull'ocanle qui arrachera de moi un cri terrible, une t'lmncll1' efl'royable ct :.ligue. Uniquement je' que jl> l'l'il' ct n'e'nlendrni mme pas ma yoix ... Et .le sentirai ulle telle que je tentrai dl' I1H' dlrllirl' (.'t Ilt' p:IS. Haisoll sera lIll 1l101TenU d II jour rfugil' l'n mOI1 t'In') Uniquement je saurai que j'cxisle et ne me yerrai mme pas (hms la mer, Uniquement je saurai que' .if crie ... et ne m'entendrai mme pas crier .. , Et llinsi .ferrerai ternclleml'nt dans J'immensit sans lumire. :\lIlL\GE Debout SUl' UB rocher je conlelllplui le paysage. Et .le vis plein de joie. comme lu Iller t-tait bleue. Et je hlll<,'ni ma bnl'CJtl(' il lu IllC!'. COl1lme un baiser [aux vagues. il ses licteurs un jeulle pote t:ubain. IUF.\EL G.\l\CL\ BARCENA, LAUH.\T e PHIX I)ES .IEt:X FLOH.U'X clc.'brc."s par Je scrtarint de l'Instruction Publique et des BenuxArts l'occasion dcs noces d'urgent dl' lu Ht'puhliqlH.> de Cuba. "ISIOX n'Ol.:THE Ttr\IBE Etj'lendrai 111011 \'01 et je resterai !ollnllt dans l'immensit sans lumire. Uniquement je sHunli que j'exisll' et ne me veri'ai llU\lllt' pus dnl1s la Illrr ... Un' silence absolu ... Et une horreur sull'ocanle qui arrachera de moi un cri terrible, une t'lmncll1' efl'royable ct :.ligue. Uniquement jr que jl' l'rit' ct n'rnlcndrni mme pas ma yoix ... Et .le sentirai ulle telle que je tentrai dl' I1H' dlrllirl' (.'t Ilt' p:IS. Haisoll sera lIll 1l101TenU d II jour rfugil' l'n mOI1 t'In') Uniquement je saurai quc j'cxisle et ne me yerrai mme pas (hms la mer, Uniquement je saurai que' .if crie ... et ne m'entendrai mme pas crier .. , Et llinsi .ferrerai ternelleml'nt dans J'immensit sans lumire. :\lIlL\GE Debout SUl' UB rocher je conlelllplui le paysage. Et .le vis plein de joie. comme lu mer t-tait bleue. Et je hlll<,'ni ma bnl'CJtl(' il lu IllC!'. COlllme un baiser [aux vagues.
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et .Ic partis!.,. Le ciel -rellet dl' la Iller -se l'Ollwit de I1lWgCS bientM, Et la mer rime parlaite du ciel devint. no1l'e. Et je vis, prisonnier en ma barquc, que poinl [n'lait hleue la mer, Et je dominai l'impulsion de renverser ma hnrque fond de la Iller par une peul' incollllue. jlais dj la quille va HU caprice des v,Dgues d je au hasard, .\II!:-;i ,'W:lis su en lancanl ma barque q li (' Il 0 i n t !l'l' t ait h Il' lie (tl III e r! C!ueh,ues H:"finitions de la Posie ---... ---":iJ------. Si. du reste. j'avais nmlll parler des seuls pot'mes (lui suggrent explicitement. illlllldintemcnt l'infiniles Psaumes. par exemple, nu le Paradis.-je n'aurais pns dit que ces pomes tendent Hi! rejoindre la prire)) Ils font beaucoup plus; ils la touchent dj; ils se (,'OIllondent presque avec elle. Ce que j'ai dit me parat s'appliqu{'r tout pote. dans la mesure o il est pote, mme s'il n'a jamais compos que des pigrammes. Xous ne nous plaons pns. mon nmi et moi /lU mme point de vue. Il parle du pome, pris en soi, et du suJet que cc pome nous reprsente. Moi du pote lumme, en temps ((ue 1('1. c'est dire de l'eXpt'riC'nee et .Ic partis! ... Le ciel -rellet dl' la Iller -se l'Ollwit de I1lWgCS bientM. Et la mer rime parlaite du ciel devint. no1l'e. Et je vis, prisonnier en ma barquc, que poinl [n'tait hleue la mer. Et je dominai l'impulsion de renverser ma hnrque fond de la Iller par une peul' incollllue. jlais dj la quille va HU caprice des v,Dgues d je au hasard . . \II!:-;i ,'W:lis su en lancanl ma barque q li (' Il 0 i n t !l'l' t ait h Il' lie (tl III e r! C!ueh,ues H:"finitions de la Posie ---... ---":iJ------. Si. du reste. j'avais nmlll parler des seuls pot'mes (lui suggrent explicitement. illlllldintement l'infiniles Psaumes. par exemple, nu le Paradis.-je n'aurais pns dit que ces pomes tendent Hi! rejoindre la prire)) Ils font beaucoup plus; ils la touchent dj; ils se (,'OIllondent presque HyeC elle. Ce que j'ai dit me parat s'appliquer tout pote. dans ln mesure o il est pote, mme s'il n'a jamais compos que des pigrammes. Xous ne nous plaons pns. mon nmi et moi /lU mme point de vue. Il parle du pome, pris en soi, et du suJet que cc pome nous reprsente. Moi du pote lumme, en temps ((ue 1('1. c'est dire de l'eXpt'riC'nee
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LA HE\TE I!lJUlU:\,E premire qui il l'origine du pomc, Cette expiriolltl' si elle est vraiment potique. cst loujourg ulle rencontre de Dieu, obscure, du reste, le plus souvent une certaine prise de contact, consciente ou 110h' peu importe, mais relle, mois fconde, avec Dieu: Quand nous affirmons, cri\'ait Newman, que l'ab_ sence totale de sens religieux entraine une absence to. taJe du sens potique. nous n'entendons pas que le pote doive ncessairement traiter des sujets l'eligieux; ne pas de]a malil'e mme du pome mais de ses sources profondes. A\'c il va de soi que je ne prends pas ici le mot prire au sens formel rigoureux;, lvation .\'0, lontalre, surnaturelle t merttOire de l'ame \'ers Dieu. Entrechanler Sirmione et faire oraison, je mets une diffrence, L'inspiration potique tend il rejoindre 10 prire c'est il dire qU'elle cOildut la prire, qU'elle y pousse de tout ce poids dont parlent \\'ords"'orlh et Keats. Elle est prirt:, non pas prciscment analogique ou mtaphorique. mais inchoative. QU'on me pardonne ces gros mots. Elle est don de Dieu; pills encort elle est Dieului-mme dans ce don. prsent et s'offranl. sub diversis specieblls. Comme toule' de Dieu, elle est invitation la prire. Le pote qui voudrai! puiser ce don, aller jusqu'au balll de gr('(', finirait ncessairement par la p:'ire. ne pouvons pns [ou: dire il la fois, et. pour l'instant nOlis devons .1lOtlS ('II tenir auX. aspects ngatirs de noh'0 vaste sujet. la di flrcnce entre posie et prose. (La Posie Pure ).H. BRt::\WlI.;n def'Acadmie Franaise. LA HE\TE I!lJUlU:\,E premire qui il l'origine du pomc, Cette expiriolltl' si elle est vraiment potique. cst loujour::s ulle rencontre de Dieu, obscure, du reste, le plus souvent une certaine prise de contact, consciente ou 110h' peu importe, mais relle, mois fconde, avec Dieu: Quand nous affirmons, cri\'ait Newman, que rab. sence totale de sens religieux entraine une absence to. taJe du sens potique. nous n'entendons pas que Je pote doive ncessairement traiter des sujets l'eligieux; ne pas de]a malil'e mme du pome mais de ses sources profondes. A\'c il va de soi que je ne prends pas ici le mot prire au sens formel rigoureux;, lvation .\'0, lontalre, surnaturelle t merttOire de l'ame \'ers Dieu. Entrechanler Sirmione et faire oraison, je mets une diffrence, L'inspiration potique tend il rejoindre 10 prire c'est il dire qU'elle cOildut la prire, qU'elle y pousse de tout ce poids dont parlent \\'ords"'orlh et Keats. Elle est prirt:, non pas prciscment analogique ou mtaphorique. mais inchoative. QU'on me pardonne ces gros mots. Elle est don de Dieu; pllls encort elle est Dieului-mme dans ce don. prsent et s'offranl. sub diversis specieblls. Comme toule' de Dieu, elle est invitation la prire. Le pote qui voudrai! puiser ce don, aller jusqu'au bOlll de gr('(', finirait ncessairement par la p:'ire. ne pouvons pns lou: dire il la rois. et. pou!, l'instant nOlis devons .1lOtlS ('II tenir auX. aspects ngatirs de noh'0 vaste sujet. la di flrence entre posie et prose. (La Posie Pure ).H. BRt::\WlI.;n def'Acadmie Franaise.
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L'Ange RAYMOND RADIGUET Ange-ct pas seulemellt au sellS potique du mot. Le corbillard qui pOl'ta Rndigtwt Cil tel're, Il\'nit-ilpas en dfet, des plumets de J.I.l couleul' symholisant J'anglique innocence. puisqu'il mourut vingt ans, ge o moul'ut nussi l'auteur gni .. 1 des Chnnts de Maldoror. Vingt nus 1 Le plus bel ge pOUl' quitter ce mQIHte de (,'nfards. de bigotes. et de ces hypocrites et pompeux de molisseurs d'mcs, que sont les bourgeois. J'ai i:'OIlI1l\, nagure. un jeune qui. fil S011 pOUl' mourir il cet lIge-hl. S'il Il'y panil,lt [>ns, c'est que pcut-tre, il n'avuit encore rien dit de 'te qu'il avait il dire. Ce diuble de .il'une homme avait une munie singulire. 11 aimait se prot1lener dans les cimetires illa recherche d'pitaphes scnsutiollnelles. Un jour il en lt !lne, qui le laissn rvcur: Cl-git i\hH.lcmoiseHe Une Telle. Illorte chrliellilc et vierge il l'gc de 90 uns. Sans blag'ut', pellsa-I-il, celte vertu devnt tre rudement ennuyeuse tout de mme; Hg a ilS sans ... misricorde est-ce possible 't :\Iais ici. je vois h lecteur C:;II'quiIJaut ses veux. Qu'est ce que c'est ({tH' l'elfe au beau milieu, d'un article de eritiquc; cela n'a pas l'ombre de sens commun. Ah! a. jeune homme vous vous mof(uez?-Pas le moins du monde, cher :Monsieur, et jereviens mon sujet. D'ailleurs. ce jeune n'est pas le moins du monde intressant, attendu qu'il avait te excommuni, unge fort lendre. pHr un gentleman en robe de chambre noire. l'evenons il fnnge. Haymoml Radiguet ne tenait pas il ln lerre. crivait Jean Coctt"3U. li suffit pour s'en convaincre, de lire Je Diable au Corps et les Joues en Feu. Radiguet tait un averti et. l'intuition qui le portait crire ces lignes, ne Je trompait gure: Je flambais. je me htais, comme les gens qui doivent mourir jeunes et qui me ttent les bouches doubles. Et encore ( un L'Ange RAYMOND RADIGUET Ange-ct pas seulemellt au sellS potique du mot. Le corbillard qui pOl'ta Radigtwt Cil tel're, Il\'nit-ilpas en dfet, des plumets de J.I.l couleul' symholisant J'anglique innocence. puisqu'il mourut vingt ans, ge o moul'ut nussi l'auteur gni .. 1 des Chnnts de Maldoror. Vingt nus 1 Le plus bel ge pOUl' quitter ce mQIHte de (,'nfards. de bigotes. et de ces hypocrites et pompeux de molisseurs d'mcs, que sont les bourgeois. J'ai i:'OIlI1l\, nagure. un jeune qui. fil SOI1 pOUl' mourir il cet lIge-hl. S'il Il'y panil,lt [>ns, c'est que pcut-tre, il n'avuit encore rien dit de 'te qu'il avait il dire. Ce diuble de .il'une homme avait une munie singulire. 11 aimait se prot1lener dans les cimetires illa recherche d'pitaphes scnsutiollnelles. Un jour il en lt !lne, qui le laissn rvcur: Cl-git i\IcH.lcmoiseHe Une Telle. Illorte chrliellilc et vierge il l'gc de 90 uns. Sans blag'ut', pellsa-I-il, celte vertu devnit tre rudement ennuyeuse tout de mme; Hg a ilS sans ... misricorde est-ce possible 't :\Iais ici. je vois h lecteur C:;II'quiIJaut ses veux. Qu'est ce que c'est ({tH' l'elfe au beau milieu, d'un article de eritiquc; cela n'a pas l'ombre de sens commun. Ah! a. jeune homme vous vous mof(uez?-Pas le moins du monde, cher :Monsieur, et jereviens mon sujet. D'ailleurs. ce jeune n'est pas le moins du monde intressant, attendu qu'il avait te excommuni, unge fort lendre. pHr un gentleman en robe de chambre noire. l'evenons il fnnge. Haymoml Radiguet ne tenait pas il ln lerre. crivait Jean Coctt"3U. li suffit pour s'en convaincre, de lire Je Diable au Corps et les Joues en Feu. Radiguet tait un averti et. l'intuition qui le portait crire ces lignes, ne Je trompait gure: Je flambais. je me htais, comme les gens qui doivent mourir jeunes et qui me ttent les bouches doubles. Et encore ( un
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98 LA HE\TE homme dsordol1ll(' qui ni mOlll'ir el Ile s'en doule pus met soudain de l'ordre (lUIOHr dt, lUI. S:l "il' change. Il clas5e des papiers. Il se 1\'e 161. iJ se eUlH..'!le de bOIl" ne heure. Il renonce il ses Vices, Son entourage se flicite. Aussi sa mort brutale semble-I-l'lle d'nulnnl plus injuste. II allait tre heureux. Ces dernires 1ignes meu\'('nl dH\'ant::lge, quant on sait que ce 'ut peu de temps sa mort. que Hadiguet runit les pomes pars qui d<.>\'nienl complter les Joues enFeu. Est-il un livre pins troublant que ce mince l'eeueil de pomes crits de ln quatorzime il la vingtime JlJ1e el SUI' lequel plane l'nUe angoissante de hl mrt. Raymond Radiguet garde loute son ol'iginalit. d:lllS le roman. Le Diable au Corps est crit dans fe mme stJle nerveux et gl'le, si lumineux cepcl1dnnl. dt's .Joues en Feu. Avec ce roman simple et 'Tai, il coup srnutobiogl'uphique, nous voil loin de ces U\Tes rOllwnesques o l'on voit des cl'atlll'eS romanesques f[l i re 1'21 mOllI' ('n 50 Il ge, et dguster des sorbels il l'ther. Je veux qu'on me montre les ho 111111 es, tels qu'ils sonl dans la ralit. Si ce sont des amants. je veux les voir ... mnis laissons ces choses que quelqueS-lins pl'('lplld('1l1 scnhrC'uses. Peut-tre son chef-d'uvre cst-il L<.' Bal du Comte d'Orge!. .J e Il 'essB it'I'[l i pas de l'[lCOnll'I' ('t' l'C ma n o il ne se pnsse pJ'{'sqllc rien: cependanl les p<"l'solll1nges vivent inlensment l'(,J1's('ign('s (Ill(' nous S0111I11('S d('s motifs psychologiques qui I<.'s J('III ngir. En n petit me pnntil tre dl' la bien qui vu. de la Prnct'sC;;(' deCIt'\'(:'s il Uominique.lbdignet -mlange ('xquis d'un marivundngr 1111 pl'n S("(' ('1 du modt'l'Ilisme lt' pills aign. CAHL BnOt'ARD 98 LA HE\TE Il'iDHiba: homme dsordol1ll(' qui ni mOlll'ir el Ile s'en doule pus met soudain de l'ordre ,mlour dt lUI. S:l "il' change. Il clas5t' des papiers. Il se 1\'e 161. iJ se cuuche de bOIl" ne heure. Il renonce il ses Vices, Son t'ntouragl' st' flicite. Aussi sa mo!'! brutale semble-I-l'lle d'nulnnl plus injuste. II allait tre heureux. Ces dernires 1ignes meu\,('nl dH\'ant[lge, quant on sait que ce iut peu de temps sa mort. que Hadiguet runit les pomes pars qui d<.>\'nienl complter les Joues enFeu. Est-il un livre pins troublant que ce mince recueil de pomes crits de ln quatorzime il la vingtime JlJ1e el SUl' lequel plane l'nUe angoissante de hl mrt. Raymond Radiguet garde loute son ol'iginalit. d:lllS le roman. Le Diable au Corps est crit dans fe mme stJle nerveux et gl'le, si lumineux cepcndnnl. dt's .Joues en Feu. Avec ce roman simple et 'Tai, t'oup srnlltobiogrnphique, nous voil loin de ces U\Tes rOllwnesques o l'on voit des cl'atlll'eS romnncsques fn i re 1'21 mOll\' ('11 50 Il ge, et dguster des sorbets il l'ther. Je veux qu'on me montre les hommes, tels qu'ils sonl dans la ralit. Si ce sont des amants. je veux les voir ... mnis laissons ces choses que quelqueS-lins pl'('lelld('1l1 scnhrC'llses. Peut-tre son chef-d'uvre cst-il L<. Bal du Comte d'Orge!. .Je n'essni('l'nj pas de raconlel' ('t' l'Clllan o il ne se pnsse p\'{'sqlle ri('J}; cependant les p<'\l'solll1nges vivent intensment l'(,J1'seign('s (Ill(' nOlis S0111111('S des motifs psychologiques qui I<.'s J('llt ngir. En n petit me pnntil tre dl' la bicn qui vu. de la Prnct"scH;' deClh'(:'s il Uominique.lbdignet mlange ('xquis d'un marivulldngr 1111 pen S('>(' et du modt'l'llisll1e lt' pills aign. CAHL BnOt'ARD
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LA IlE\TEI:--iDIGE:--iE A Raymond Radiguet ln memoriam Iks anges Je plaisir appris, ('c CfeUl' nous empche de vivre. que recouvre de givre, profanes. voire sot mpris, .-\u 'bout de l'an scolaire, ('hanterons-nous, le front lauri, belle dans le soir ddor Ille ddiant un rt'glu'd polail'e? PH. FRANCIS de MIOMONDRE FRAX.\IS) Quoi qu'il crive. l1l1 homme l'enseigne bien pltHi sur so mme que SUl' les autres, Cne comdie de Molire. pleine de l'ire et de bOllffonuel'ie explique trs bien le drame de son existence. Dans tout livre, je cherche un homme, L'auteur m'intl'esse heallcou p Illoi ns, premire l'ew'ollll'C av{'e Francis de date de deux ans, C'tait Pal's. parmi J'indiffrence affaire des pussagers du Mtro; avec lin licket de {Ieuxime classe, je dcoupais les feuillets de SOli premier l'Oman, Ecrit sm' de l'eau (courl'Ollll pat' l'Acadmie GOIl(,ol1l'l).et cesligncs me tombrent souslcsyeux,qlliollt \'eill ennwi 1111 cho d'uneinfiniemlancolie: i",lne 10llgue du mnlheul' lui avait donn cie la vie cellc jt1sle cOllccplion quc' lu malice des hommes n'est rien il ct de celle uutremcnt incomp.'hellsible des vnements, II y a,'ait l lll1 pl'Ofond mystre devant lequel il s'inclinait S811S 1) C'est un livre plein d'humoul' et de fantaisie; mais quand On vient de le liI'e, il laisse en soi une l'verie dsenchante ( comme 1(' sOl1\'enir, II la gorge, d'une bouche de cendre), LA IlE\TEI:--iDIGE:--iE A Raymond Radiguet ln memoriam Iks anges Je plaisir appris, ('c CfeUl' nous empche de vivre. que recouvre de givre, profanes. voire sot mpris, .-\u 'bout de l'an scolaire, ('hanterons-nous, le front lauri, belle dans le soir ddor Ille ddiant un rt'glu'd polail'e? PH. FRANCIS de MIOMONDRE FRAX.\IS) Quoi qu'il crive. l1l1 homme l'enseigne bien pltHi sur somme que SUl' les autres, Cne comdie de Molire. pleine de l'ire et de bOllffonuel'ie explique trs bien le drame de son existence. Dans tout livre, je cherche un homme, L'auteur m'intl'esse heallcou p Illoi ns, premire l'ew'ollll'C av{'e Francis de date de deux ans, C'tait Pa1's. parmi J'indiffrence affaire des pussagers du Mtro; avec lin licket de {Ieuxime classe, je dcoupais les feuillets de SOli premier l'Oman, Ecrit sm' de l'eau (courl'Ollll pat' l'Acadmie GOIl(,ol1l'l).et cesligncs me tombrent souslcsyeux,qlliollt \'eill ennwi 1111 cho d'uneinfiniemlancolie: i",lne 10llgue du mnlheul' lui avait donn cie la vie cellc jt1sle cOllceplion quc' lu malice des hommes n'est rien il ct de celle uutrement incomp.'hellsible des vnemellts, II y a,'ait l lll1 pmfond mystre devant lequel il s'inclinait S811S 1) C'est un livre plein d'humoul' et de fantaisie; mais quand On vient de le Ih'e, il laisse ell soi une l'verie dsenchante ( comme 1(' sOl1\'enir, II la gorge, d'une bouche de cendre),
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100 LA HE\'t.:E ];\;I1IG:\E Dans JAl .11'11111' Fille 011 Ja/'din, "iOIlUIIHlr(' pl'''l'd(' dl' la mme manil'rc, La Sall{rage ('/ 'I,Jllwlll' dl' 1.1111/'1' IJtIPrrrir/' sonl, lit! din' mme du 1'0mHlleier. ('S lllde .. '1 d'Ilne prt'Ie plesqu(' desespre ), Je n'ai pas lu le Diel"leur, fantaisie joyt'lIs(> el lihre, qui doit faire contrastc n\,(>l' toute \llle ll\TC fnl.aliste. ct Hm(re, mais sallS la nier; aIl contmire. elle explique le Cfll'UCtre de l\1iomandl'c, clll'lin un r\'e, il la gHll, cl qlle la triste platitude du l'amllC il la ml'Iancolie, .Max Daireullx, Jans les Lillrail'es,nolls le prsente ainsi ;ll li crll il la heaut, il ta hont, el sllr le chemill de ses expl'ences il n'n l'encontre 'Ille des amOlll'S mnllques de momes umhitions, des infnl1lies sans grnlldpurs, )) Dans un dl' ses inapprciables TH' he/ll'e (//WC ... , Frdrie Lefvre nOlis apprend que FrHncis dc "it ehezlui en pyjamn de soie \'crte (ol'll ,( HU heau milieu du dos d'une lune qui souril >1 ).entour d'Ilne guenoll el de ces fantoches de feutre, dOlls de ses amis Yalt;r" Larhaud, Simoll Kra et Miguel de Unallllmo. Sa lablf' e ti'a\'nil esl trs pnrente de ces seertnires des marqllises dix-hnilillle, jouant la bergre il Versailles saliS se douter qu" le coupert>t el lihre, qui doit faire contraslc n\,(>l' Ioule \llle ll\TC fnl.alisle. ct Hm(re, mais sallS la nier; aIl contmire. elle explique le Cfll'UCtre de l\1iomandl'c, clll'lin un r\'e, il la gHll, cl qlle la triste platitude du l'amllC il la ml'Iancolie, .Max Daireullx, Jans les Lillrail'es,nolls le prsente ainsi ;ll li crn il la heaul, il ta honl, el sllr le chemin de ses expl'ences il n'n renconlre 'Ille des amOlll'S mnllques de momes umhilions, des infnl1lies sans grnlldpurs, )) Dans un dl' ses inapprciables TH' he/ll'e (//WC ... , Frdrie Lefvre nOlis apprend que FrHncis dc "il ehezlui en pyjamn de soie \'crle (ol'll ,( HU heau milieu du dos d'une lune qui souril >1 ).entour d'Ilne guenoll el de ces fantoches de feutre, dOlls de ses amis Yalt;r" Larhaud, Simoll Kra et Miguel de Unallllmo. Sa lablf' e li'a\'nil esl trs pnrente de ces seertnires des marqllises dix-hnilillle, jouunl la bergre il Versailles saliS se douler qu" le coupert>t
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ECRIT SUit DE L'EAU (extrait) Vous penserez moi. Adieu, mon fou t Elle l'embrassa, boudant dj et tout triste, puis, l gre, s'vapora. Seul de nouveau, plus seul encore entre les murs porcelaine et sous le gaz brlant, Jacques ne se sentait plus la force de descendre. L'ide de revoir les invits de Mme Morille lui tait insupportable, et il eut pour la premire fois l'obscure intuition que l'amour, lorsqu'il n'est pas l, sous la main, fait perdre lUX pe lites choses de la vie le pauvre charme qu'elles ont pour qui ne l've pas mieux. . Cependant, il faut bien vivre, n'est-ce pas? c'est--dire accepter avec un air aimable et indiffrent la mauvaise plaisanterie suprieure qui nous est quotidiennement Impose de fains ce qui nous dplait cent fois plus sou. vent que le contraire, en vue d'ailleurs de ne plaire personne. II devait tre gal MmeMorille que de Meillan vint o ne vint pas faire figure ses quadrilles, et mme M.Morille que ses parquets perdissent un frotteur. car ce qu'il en avait dit n'tait qu'une manire de badinage mtaphorique, et cependant le jeune homme, en ac ceptant leur invitation, s'tait engag implicilement sjou"ner plutl dans leur salon que dans leur cabinel de toilette, Et, donc il descendit. Ce fut grand'peine d'ailleurs qu'il ne se perdit point au milieu du Labyrinthe d'escaliers, de corridors et (I.e chambres qu'il avait travers, et ce qui ne contribpa pas peu son empalT3S, ce de retrouver pleines confuses pl'sences et de tres doux murmures ces pl. ('es qu'il n'avait vu tout l'heure haRtes que de leurs 11Ieubles, .. Des personnes nombreuses ( si nombreuses
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102 LA RE\'UE INDIGt:\E ment pour s'assurer entre el/es, (LttC les baisers qn'l'lIl's se donnaient ainsi. malgr JUl' fi\Te et leur hle. taient la preu\'f: el le gage d'une fidlit durable. Jamais, dans aucune s(;ir<, hlcques n'uvai, vu alItant de monde s'embrns'ier: U comprit, cal' il n't tail pointbte, qu'i n'avflit frqu":-nt jusqll'l.llors que des htes dont les suIons n'ttVuient }>3S d'issue, 'llHiis qUf:.>. cliez Mme.Morille. deux presque e,l1tiers Il de de, malS sans le hure exprs; car Il taIt remplI de veillance, et il aurait voulu'que tout un chacun, malgr son vidente ingnuit et ln mdiocril de son choix. goutt autant de bonheur 3vec sil compagne qu'il ,fil avait pris, lui, retenir entre ses lves la bouche exquise de son amie. Au fuit, o tail-elle?1I espnlt rl'trom'l'l' nu grand salon et... Elle lui avait dfendu de ln l'econnaHre. mais ne. pouvait-il pns demander il .lui tre prsent?, seraIt-ce pas trs chal'lnallt, celle cnlre\'lle ln premire, avec tous les sous-entendus, toutes les significations infiniment nuances que IJl'endl'aient alors les moindl'es paroles galanterie'! . Recherche vaine .. Commc des ombres, comme I('s personnages absurdes et peqJcluels qui dfilent aux lirs des foil'es, il vit passel' et repasser, SHns raison vraIlH'lil LnnturluL MllIe.Defayyunlz, M.Morille ct le petil Clwmar. RappaponL et Unmbnl'd.et Brl>ll1,ond, cl bien d'fiutres. LnnlurJul. surlout repnssnil !\i SQUvent que c'lail en avoir le \'(:l'lige. Celle situai ion devint mme si nsoutennblc que Jacques se le\'(1 el. l'a-bordant, lui posa lu sur l'paule: . . -Ecoulez, LClIltl1r111t. dit-il nH'C une gr:lIldc douceUl" ne repassez plus ('onue,cclil. Je Ile peux pins y tenir. Il faut absolument quel\OllS VOliS nrrl iez. Lanturlut fut tellement l'tonn qu'il ell delJltul':l llIH,' minute la bouche ouverte, jusqu' l't' qU'fIll coup de ('()(:-de violent de M.Morille, qui justement l'Illrannil M"'(' de Chamar dans une' scoll.ish il contre-temps, vint lui faire perdre son nslanlr quilihleel lefaire lomber $sis sm' une basque de son ,hahit. la poche de Inquelle une petite lan.terne pOUl' rcutrer le soir, crfls(', clata. FnA:\ClS DE 102 LA RE\'UE INDIGt:\E ment pour s'assurer entre el/es, (LlI9 les baisers qn'l'lIl's se donnaient ainsi. malgr JUl' fi\Te et leur hle. taient la preu\'f: el le gage d'une filit durable. Jamais, dans aucune s(;r<, hlcques n'uvai, vu alItant de monde s'embrns'icr: U comprit, cal' il n3S d'issue, 'llHiis qUf:.>. cliez Mme.Morille. deux presque e,lltiers Il de de, malS sans le lUire exprs; car Il taIt remplI de veillance, et il aurait voululque tout un chacun, malgr son vidente ingnuit et ln mdiocril de son choix. goutt autant de bonheur 3vec sil compagne qu'il ,fil avait pris, lui, retenir entre ses lves la bouche exquise de son amie. Au fait, o tal-elle?1I esprait rl'trom'CI' nu grand salon et... Elle lui avait dfendu de ln l'econnaHre. mais ne. pouvait-il pns demander il .lui tre prsent?, seraIt-ce pas trs chal'l1umt, cetle enlrenle ln premire, avec tous les sous-entendus, toules les significations infiniment nuances que IJl'endl'aient alors les moindl'es paroles galanterie'! . Recherche vaine .. Comme des ombres, comme I('s personnages absurdes et peqJcluels qui dfilent aux lirs des foil'es, il vit passel' el repasser, SHns raison vranH'lil LnnturluL MllIe.Defayyunlz, M.Morille ct le peUl Clwmur. RappaponL et Unmbmd.et Brl>ll1,ond, ct bien d'fiutres. Lnnlurlul. surlout repnssail !\i SQUvent que c'laiL en avoir le \'(:l'lige. Celle situation devint mme si insoutenable que Jacques se le\'(1 et. Fa-bordnnt, lui posa lu sur l'paule: . . -Ecoulez, LClIltl1r111t. dit-il n\'{'c une gr:lIldc douceUl" ne repassez plus ('onue,celil. Je Ile peux pins y tenir. Il faut absolument quel\OllS VOliS nrrl iez. Lanturlut fut tellement l'tonn qu'il ('n dellltul':l llIH,' minute la bouche ouverte, jusqu' l't' qu'au coup de ('()(:-de violent de M.Morille, qui justement l'Iltrannil M"'(' de Chamar dans une' scotl.ish il contre-temps, vint lui faire perdre sail nslanlr quilihleet lefaire lomber $sis sm' une basque de son ,hahit. clans ln poche de Inquelle une petite lan.terne pour 1'C11tr('r le soir, crfls(', clata. FnA:\ClS DE
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ENTRE NOUS: :\11":1I)le, les tendues, .Jacques RtHlnW1I1 nous rcIl est sourianl dans Lnl pyjallla lIoir. L:.l tte bour-1'1 fe. Cnc,I.'!ligul' Il'g(,\,e :Jutollr des yl'lIx. De quoi il s'cxcuse cl ailleurs ai llI11bl!'llIen 1. .J'ai d{'(>llis cc nwlin. ditil. Une traductioll. Et sur lUI geslt, de slIprisc -.Je crois que ceux qui ont prds . s.'en. sonl Irop excitisivellleni tenus aux quelques criva.ins fnHl<,'ais dOllt ln renomme leur parvenait. Ils se sont ,compltement dsintresss de la marche de la littraturc Tort profond ct qu'on ne j[jl1lais Au xx." sicle -, le mot peut "ous gral] diloC}ucllt. il ex.primc IlUl pro'llsc. -\>11 est LIli citoyen c1UIIIOIHle.De plus cn plll:> les lillrlllures telldenl wrtir dcs limites dcs rrolltires. Elles snf1ucncent rcipr'oquelllc!lt. D'o un cerltlill intt'rt il COlllHltre les rcprsen!lIllIs fIl' ln pellse t.nillgrc pOlir !'i lIIieux possder soi-llIl1lc. Il y a ulle l'ducntion lI got il l'ntreprelldre Cil Des horizolls iIISOUpOIlIl('S qtL'on doit de !dcollvrir il la IOllle. OU II(' le peut qlle par des Qt conlUlit l'hez Il 0 LI."; Prnllz Halllirez. Fabio'Fiallo et ce jeune pote G(>llis cc nwlin. ditil. Une trrlductioll. Et sur lUI geslt, de slIprisc -.Je crois que ceux qui ont prds . s.'en. sonl Irop excitisivellleni tenus aux quelques criva.ins fnHl<,'ais dOllt ln renomme leur parvenait. Ils se sont ,compltement dsintresss de la mnrche de la litlraturc Tort profond ct qu'on ne j[jl1lais Au xx." sicle -, le mot peut "ous gral] diloC}ucllt. il ex.primc nUl pro'llsc. -\>11 est LIli citoyen c1UIIIOIHle.De plus cn plll:> les lillrlllures lelldenl wrtir dcs limites dcs rrontires. Elles snf1ucncent rcipr'oquelllc!lt. D'o un cerltlin inlt'rt il COlllHltre les rcprsen!allls fIl' ln pense t.nillgrc pOlir !'i lIIieux possder soi-llIl1lc. Il y a ulle l'ducation lI got il l'nlreprelldre cn Des horizolls illsollpOnll('s qtL'on doit de !dcollvrir il la IOllle. OU II(' le peut qllt' par des Qt conlUlit l'hez nOll."; Prntlz Halllirez. Fabio'Fiallo et ce jeune pote G
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104 LA. HEVl:E INDIGENE jours de nous, une florissante posie ngre. El originale. Countree Cullins par exemple. Notre littrature est dsaxe. Dans un cadre. au dessus de la table de travail, le visage d'un homme se profile. Robuste, nergique. Bar biche la Napolon Ill. Un narguil, sur un tabouret voque je ne sais quel dcor oriental O des femmes nues s'aJanguirnient sur des 'llpis. Au mur tapiss de draperie persane: panoplie. Il sourit: -Vous regardez mes arilles? Toutes exotiques. Kriss Malais. Hache mongole. AParis, je m'attardais souvent dans les boutiques des brocanteurs .. Je crois que l'iche l'eusse fait un mel'yeilleux collectionneur. Un merveilleux bibliophile UU5S du reste. Du geste, il me montre sa bibliothque. Philosophit. Histoire. Roman. L'indice d'un esprit curieux, ouvert. Tacite coudoie sans mOl'gue madame Bonll'Y et Pirandello. Nous nous asseyons dans ces fauteuils du pays Cil acajou et qui ne 11lanquenl pas de confortable. L soir tombe. Cela met une frmissante chu't d'or dans la pice. une frmissilnte clart d'or o son visAge se d coupe en reliet. Brun. Les traits saillants. Machoire yo lontaire et ttue, qu'aux moments de silence Ull tit: contracte. Les paules sont lal'ges. Sous II ne sveltesse apparente, on devine une extraordinaire puissance de vie. La souplesse d'une machine hie-ll huile. -Ce en quoi ma bibliothque vous paraitra pcuttre originale-, c'est dans le grand nombre des livl'cs orientaux. L'Odent m'a rellement mnrqu. Voyez-\'otlS mme. [Je lis: Les penseurs de l'Islam, Je Rissalvut al Tarohid. le Coran, l'Islam Noir, les Upnnishad. Hafiz. Omar Khayam etc ... ] -Cela est trs inslructif. dit-II en les l'cplannt SUI' le Et intressant. .J'ai ide ainsi que je voyagE'. Je tiens salis doute de mes anctres, bretons et matelots, cette nostalgie vers l'espace. Certaines ferres exer-. cent sm' moi une vritnble ntfractioll. El cerlains noms aussi: Prague. Vienne, Nidjnino\'gorod.-A ct df's livres orientaux, yoiei I\ielzehr. 104 LA. HEVl:E INDIGENE jours de nous, une florissante posie ngre. El originale. Countree Cullins par exemple. Notre littrature est dsaxe. Dans un cadre. au dessus de la table de travail, le visage d'un homme se profile. Robuste, nergique. Bar biche la Napolon Ill. Un narguil, sur un tabouret voque je ne sais quel dcor oriental O des femmes nues s'aJanguirnient sur des 'llpis. Au mur tapiss de draperie persane: panoplie. Il sourit: -Vous regardez mes arilles? Toutes exotiques. Kriss Malais. Hache mongole. AParis, je m'attardais souvent dans les boutiques des brocanteurs .. Je crois que l'iche l'eusse fait un mel'yeilleux collectionneur. Un merveilleux bibliophile UU5S du reste. Du geste, il me montre sa bibliothque. Philosophit. Histoire. Roman. L'indice d'un esprit curieux, ouvert. Tacite coudoie sans mOl'gue madame Bonll'Y et Pirandello. Nous nous asseyons dans ces fauteuils du pays Cil acajou et qui ne 11lanquenl pas de confortable. L soir tombe. Cela met une frmissante chu't d'or dans la pice. une frmissilnte clart d'or o son viSAge se d coupe en reliet. Brun. Les traits saillants. Machoire vo lontaire et ttue, qu'aux moments de silence Ull tit: contracte. Les paules sont lal'ges. Sous II ne sveltesse apparente, on devine une extraordinaire puissance de vie. La souplesse d'une machine hie-ll huile. -Ce en quoi ma bibliothque vous paraitra pcuttre originale-, c'est dans le grand nombre des livl'cs orientaux. L'Odenl m'a rellement mnrqu. Voyez-\'otlS mme. [Je lis: Les penseurs de l'Islam, Je Rissalvut al Tarohid. le Coran, l'Islam Noir, les Upnnishad. Hafiz. Omar Khayam etr ... ] -Cela est trs inslructif. dit-II en les l'cplannt SUI' le Et intressant. .J'ai ide ainsi que je voyagE'. Je tiens salis doute de mes anctres, bretons et matelots, cette nostalgie vers l'espace. Certaines ferres exer-. cent sm' moi une vritnble nffractioll. El cerlains noms aussi: Prague. Vienne, Nidjnino\'gorod.-A ct df's livres orientaux, yoiei I\ielzehr.
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105 -.110i Gussi j'ai connu la crise neL:chenne.1l fut une poque oit avec un de mes amis, Ren Salomon, je. passais des heures cl commenter Zarathoustra. --C'est lllon n\'is J'uvre la plus caractristique du gnie niclzchell. J'ai lu dans quel manuel de philosophie pour coliers'? qne Nielzche est malsain. Tout au contraire. A.ucune morbidesse. Nulle Irflce de l'amertumc hglienne. j.Iflis un vaste chflnt la vie. A l'effort. A }fI Volont de PuissmH:e. Cet homme a cr une religion: celle du SlIrhul11ain:Et je veux que l'homme soit beflu et durcoml11e 1ft ltial11anL)) Et ce passage: Qu'est le.singe pour J'homme, sinon une honle et une drision. De mme l'homme doit tre une honte et une drision pOLIr le Surhumain.) Je cite il peu pr,s. -Et UrOWlc'lll', quelle ampleul' dtt/Yl'isme! "OtiS l'avez dit: :\i('I1.('h(' est lyrique, Ce Il'est pas Je lyrisme sentillll'lllalelllell niHis de quelques LmllHli!liens
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106 LA REYVE INllIotXE -Ni de l'un ni. de l'au Ire'. J'ai le dfuul, comme je YOllS l'IIi dit, d'a"oirdes aeux bretons, li lle dure. Ds que je me senlirais SUI' le point d't"e il1f1ul'lle pUf' un <:lI leur, je m'eu drel.'Jdrais. C'est U!l 101'1 peul ln ... Et puis, j'ai aussi ma cOlH.'ep((OIl du pome. L:.ssl'z que je "ous la dise; Vous n'les p:IS ,,'('!lU pOUl' nllln. c!lose. du l'este, Pour lIloi lepomc contient lIll draille. El Cl' ct'll drtmalique, lui seul peul dgager une> l'1l101ioll. Cl' qu'oll appelle l'moI ion artistique el qui n'est que ln stltisfnction de la chose bien ne nle sutril pas .. Je suis plus exige:mL .le veux nu pome la forte .;ibnlllte qui M'-.. coue. Le moleur. D:tlls Cenl mtres je n'ai pas voulu brosser Ull lable'nu .• Je ne suis pns peintrt, .l'ai voulu faire "iNre ce que j'uvnis couru. LH fi"re. Les impJ'('ssions dlirantes. Et Montrer la projondem de ('elle chose hnnale.l'xlrnire son me. Ll' drame de la pise. Le dans les nerfs les muscles. Depuis C]uls:';( sOlll courhl's. les coureurs, pn\ls il la dtente, jusqn' la minuIt' o Il' fil hlnllc fer;, ;'J l'UIl d'eux, LIlle fine (>l'h;\1'I)(. On 1'1 prlendu qlle ce n'lail qu'uil SHlIp!l.> j('11 d'Im, ges. Des gens nnHs smngilwiell1 qll'Il ('si 1wsoin dl' l cherchel". l\lnis Ilnn. EH( \'Cllt seul('. Elit, s'imlHlst 111(me. On &ouffl'll'nI de Ile pns lu 1lll'llrt'. colceplol) du polt'? Un l:'l' qui \'d .. DOIlI1('7 il ce verhe . .il' VOllS prie; sa (olH'l'plion. C'esl 1(, hn rde a!ltique, .n II x l'S ('1 l'1l101ioll. Cl' qu'oll appelle l'moI ion artistique el qui n'est que ln stltisfaction de la chose bien ne nle sutril pas .. Je suis plus exige:mL .le veux nu pome la forte .;ibnlllte qui M'-.. coue. Le moleur. D:tlls Cenl mtres je n'ai pas voulu brosser Ull lable'nu .• Je ne suis pns peintrt, .l'ai voulu faire "iNre ce que j'uvnis couru. LH fi"re. Les impJ'('ssions dlirantes. Et Montrer la projondem de elll' chose hnnale.l'xlrnire son me. Ll' drame de la pise. Le dans les nerfs les muscles. Depuis C]uls:';( sonl courhl's, les coureurs, pn\ls il la dtente, jusqn' la minuIt' o 1(, fil hlnllc fer;, ;'J l'UIl d'eux, LIlle fille (>ch;\1'I)('. On 1'1 prlendu qlle ce n'lail qu'uil SHlIp!l.> j('11 d'Im, ges. Des gens nnHs smngilwicll1 qll'Il ('si l)('soin dl' l cherchel". l\lnis Ilnn. EH( \'Cllt seul('. Elit s'imlHlst 111(me. On &ouffl'll'nI de Ile pns lu 1lll'llrt'. coH.epliol) du polt'? Un l:'1.' qui \'d .. ))01l11('7 il ce verhe . .il' VOllS prie; sa (olH'l'pIOIl. C'esl 1(, hn rde a!ltique, adoss.-.n II x l'S ('1
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----------Dieu ,hl'lllelll.d'uIIC rllec d'm'icI', ,\utolllohilc ivre d'espace, (lui pilillcs d'uugoissc, Il' lIlors :lUX dcnls stl'iclcnlesl , .. je lchc cnlill Ics brides lIItalliqllcs el tll r/rinces :I\'t't lncssl', dalls l'illllli lihralcul' . ... Et d'illstallt Cil ilH;tallt je redresse IlIH tniH<' l'OUI' sentir sur 111011 COll ni tressaille !l'enrouler les liras frais el dllvcts dll "Cllt, '" :\Iolltngncs, Btail mOllstruellX, 0 :\ftHlInlOlIths, qui trottez IOllrdemellt, arqullnt vos immcnses, VOliS \'oil . Et j'entends vagnel'I\ellt le frueus ronronnant . XOliS Hvons II'H"Crs <;lIr 1:1 terraS'ie, Les toits mel'W_lnl du IOllillis lIoir. -Qui dUlie affirme, Ille dil-il apr(s Ull uslulll de silence, qu'il y :\ deux hommes Cil chaellll de nOlis. Auprs du sportsman que je VOliS ai Illon/r, exubrant de vie, il y a en moi tilt ct mlancolique,. l'lgant ellnui (le Byron, Ces deux hommes, dans mes acles, je les sens se heurter. En Suisse, nOlis tions de joyel1x ludants. Aimant le ct ne reculant pas, certains jours, devant la l'xe joveuse .. Je gardais lIanmoins des accs de t1'stesse profonde. Le mal du pays. D'autres choses aussi que je ne peux. dfinir, Cesl CC' qui explique sans cloule mOIl alllour de Heine, Je suis heureux que 1'.IiL trmlUlt. Notre milieu si trange, SOlIS coulcur d'tre cuHi\', a-t-il su seulement le goter? Heine est le seul romantique que je supporte. A l'('ncontre des mmmts du moi, son est discrte. II ne porte pas son cur en sautoir. La "l'aie souffrance n'est pas dans les phrac:es. ----------Dieu ,hl'lllelll.d'uIIC rllec d'm'icI', ,\utolllohilc ivre d'espace, (lui pilillcs d'uugoissc, Il' lIlors :lUX dcnls stl'iclcnlesl , .. je lchc cnlill Ics brides lIItalliqllcs el tll r/rinces :I\'t't lncssl', dalls l'illllli lihralcul' . ... Et d'illstallt Cil ilH;tnllt je redresse IlIH tniH<' l'OUI' sentir sur 111011 COll ni tressaille !l'enrouler les liras frais el dllvcts dll "Cllt, '" :\Iolltngncs, Btail mOllstruellX, 0 :\ftHlInlOlIths, qui trottez IOllrdemellt, arqullnt vos immcnses, VOliS \'oil . Et j'entends vagnel'I\ellt le frueus ronronnallt . XOliS Hvons II'H"Crs <;lIr 1:1 terraS'ie, Les toits mel'W_lnl du IOllillis lIoir. -Qui dUlie affirme, Ille dil-il apr(s Ull uslulll de silence, qu'il y :\ deux hommes Cil chaellll de nOlis. Auprs du sportsman que je VOliS ai Illon/r, exubrant de vie, il y a en moi tilt ct mlancolique,. l'lgant ellnui (le Byron, Ces deux hommes, dans mes acles. je les sens se heurter. En Suisse, nOlis tions de joyel1x ludants. Aimant le ct ne reculant pas, certains jours, devant la l'xe joyeuse .• Je gardais lIanmoins des accs de t1'stesse profonde. Le mal du pays. D'autres choses aussi que je ne peux dfinir, Cesl CC' qui explique sans doule mOIl alllour de Heine, Je suis heureux que 1'.IiL trmlUlt. Notre milieu si trange, SOlIS coulcur d'tre cuHi\', a-t-il su seulement le goter? Heine est le seul romantique que je supporte. A l'('ncontre des all1flnts du moi, son est discrte. II ne porte pas son cur en sautoir. La "l'aie souffrance n'est pas dans les phrac:es.
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108 LA HEYVE Elle l'sI drillS un sOl1rin', ulle poinlc. Songez il Ct' simple Y<'I'S : C'est par l qu'il me sduit. ,Je compl'f!nds : l\riel::c!le serail alors UOlIS lIne raction conlre lIni' tendanci' nalllrpllf' (f11 IJessimisme? -Je crois. roi/ qui 17'('fif fWS pOllr rendrl' l)ol/'l' art accessible li noire public. . -Le Public '! Il est ahuri. Il ra il' de Ile pns l'I.?elJcll1en [ t'omprelldre Vous m'obligeriez dl' Il'en poilll parler. Y en n ri] un ? Je ne yeux pas croire nn seul instant que VOliS envisagiez l'eUe masse rmorph( de Remi-Ieltrs ou de litlrats)) qui nous l'Il('omhrent. Ceux-Iii: ils irrductibles. l'\os aurons beau, lou!(' lIolre "je, expli-. quer'que nOlis n'uppollons poinl la guerre, mais un . art plus re1lcll1t'nl 1J()tJ'(', ils Ill' VOlHlI'OIl! jamais nOllS croire, Encorcllloins IlOllS Si vous parler 'une !rl'nlHine d'hommes "('('lIel11<:111 nd!in"'s. ouyerls tous les COll l'l.lll Is ddl'l', soyez que IIOllS (I\'OI1S dj le'u\' estime. C(1r/ IJrouord jJllblic' bil'Illl wn p"",';I. El il 11 raisoll, Le Il l'Hm 'l'ail! .-\ngoi:-.st" sert} il 111011 lIlle superhemalliJ.C.slllIolld.ar!hatiell. ::\aturellemE'nt, cel<1 nier. On 1l011SnCCuscra, comme' cerlain journal,d'csp"il de chu(>ell(' II n')' flurait pHS grund mal d':lbonl.-Il' feu sacr n'ayant jamls t enlretenu que dans les chapelles. :rdais nous.Il\'OIlS pas ('(>! esprit. Si nous Y<>l11onsignorer les mdiocl'ts ( elles pullulenl), el sccouors les ,idoles pourries. nous rN'onnussons s,'ec plnisir legn ie d'un O. Durand par exemple. Pas moi. Je le Iroupe iIlisiMe. l'ne fadUl qui le rend. parfois obscur. Des ri111l'SSanS recherche. A 11('(' Dllf(l/ul 'rimpression al'tisliqw' fail dNnul..Je le souponne d'aIJo;r "manqu de 'got. 108 LA HEYVE Elle l'sI drillS un sOl1rin', ulle poinle. Songez il Ct' simple Y<'I'S : C'est par l qu'il me sduit. ,Je compl'f!nds : l\riel::c!le serail alors UOlIS lIne raction conlre lIni' tendanci' nalllrpllf' (f11 IJessimisme? -Je crois. roi/ qui 17'('fif fWS pOllr reudrl' l)ol/'l' art accessible li noire public. . -Le Public '! Il est ahuri. Il ra il' de Ile pns l'elJell1en [ t'omprelldre Vous m'obligeriez dl' Il'en poilll parler. Y en n ri] un ? Je ne yeux pas croire nn seul instant que VOliS envisagiez l'eUe masse rmorph( de Remi-Ieltrs ou de litlrats)) qui nous l'Il('omhrent. Ceux-Iii: ils irrductibles. l'\os aurons beau. lou!(' lIolre "je. expli-. quer'que nOlis n'uppollons poinl la guerre. mais un . art plus re1lcll1t'nl 1J()tJ'(', ils Ill' VOlHll'Oll1 jamais nons croire. Encorcllloins IlOllS Si vous parler 'une Irl'nlHine d'hommes "('('lIel11<:111 nd!in"'s. ouyerls tous les COll l'l.lll Is ddl'l', soyez que IIOllS (I\'OI1S dj le'u\' estime. Car/ IJrouord jJllblic' bil'Illl wn p"",';I. El il 11 raisoll, Le Il l'Hm Talll .-\ngoi:-.st" sert} il 1110n lIlle superhemalliJ.C.slllIolld.arlhatiell. ::\a turellemE'nt, cel<1 nier. On 1l011SnCCllscra, comme' cerlain journal,d'csp"il de chu(>ell(' II n')' flurait pHS grund mal d':lbonl.-Il' feu sacr n'ayant jamls t enlretenu que dans les chapelles. :rdais nous.Il\'OIlS pas ('(>1 esprit. Si nous Y<>l11onsignorer les mdiocl'ts ( elles pullulenl). el sccouors les ,idoles pourries. nous rN'onnassons s,'ec plnisir legn ie d'un O. Durand par exemple. Pas moi. Je le Iroupe iIlisiMe. l'ne fadUl qui le rend. parfois obscur. Des ri111l'SSanS recherche. A 11('(' Dllf(l/ul 'rimpression al'tisliqw' fail dNnul..Je le souponne d'aIJo;r "manqu de 'got.
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U. nE\"t: E lOU pou vez avoir raison. le \Tai visage de notre pnys, c'est encore' lit qu'il faul aller le chercher, Oswald Durlll}d est un pl'l'urscul'. II est indiglu', Vous me parlez de sa rorme.Et il cst vrai qu'ellc nOLIs semble dsute, COllllllC, trs cerlail1@fllerll, n la gnnltion qui nous suina, IlOLIS
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110 Des lt'dures. PrlldllOlllll;r. S:1l1l:111J Lii pen. (pas trop n'pendant), de Hi\()ire, et CjU'OIl (I!luye,lln'{' quclles du l}Wll\'His (i( raldy. Tandis qu'il cut fallu Luhlier.-:\rlllii h l'adil --lu leon apprise. Hiell
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LA REVUE III LE BUVARD Et de ne plus aYOIr pour crire sa peine qu'un morceau de buvard clair par la lune. Clart indcise. La nuit JULES ROMA.INS entre dans la chambre. sombre voile brod d'toiles. La lune est un gros fruit se balanant mon insomnie. Les rossignols de Hafiz sont morts. Silence bleutre. Nuit interminable. Chaque heure s'tire monotone comme une litanie. Je me penche hors de moi pour couter une voix tnue, el triste comme un parfum. J'ai peur du sommeil. Je veux penser ma douleur et m'en bercer comme d'une chanson. Je tends les mains vers loi et j'treins le ciel -et le vide. JACQUES ROUltlAlN r--,-'r:iI_ LA REVUE III LE BUVARD Et de ne plus aYOIr pour crire sa peine qu'un morceau de buvard clair par la lune. Clart indcise. La nuit JULES ROMA.INS entre dans la chambre. sombre voile brod d'toiles. La lune est un gros fruit se balanant mon insomnie. Les rossignols de Hafiz sont morts. Silence bleutre. Nuit interminable. Chaque heure s'tire monotone comme une litanie. Je me penche hors de moi pour couter une voix tnue, el triste comme un parfum. J'ai peur du sommeil. Je veux penser ma douleur et m'en bercer comme d'une chanson. Je tends les mains vers loi et j'treins le ciel -et le vide. JACQUES ROUltlAlN r--,-'r:iI_
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OU;\GE POLJH 'l'II. TUODY-'\lAncELlN Le venl chassa Ull troupeau de bisons blancs dans la Yasleprairie du ciel. Silencieux el puissants Ils t'crasrenl le soleil; le soleil s'leignit. Le vent hurla telle une femme en nUll denfant : la pluie nccolll'ul, fille du fcu cl de lamer; eHe accourul en dansant t:' tira sur le monde des l'idemlx de brunle. Les feuilles chantrenl en tremblant comme des dbulanles de music-hall; vint le. tonnerre etapplnudit. Alors tout se tut pour laisser pplaudir le tonnerre; fleurs .noururent sans avoir vcu; les palmiers leurs ventails contre la chaleur. Un troupeau de bisons noirs migra de l'orient roccident. et la nuit arriva comme nnefemmeen deuil. JACQl'ES 1\001 .. \1:-; OU;\GE POLJH 'l'II. TUODY-'\lAncELlN Le venl chassa Ull troupeau de bisons blancs dans la Yasleprairie du ciel. Silencieux el puissants Ils t'crasrenl le soleil; le soleil s'leignit. Le vent hurla telle une femme en nUll denfant : la pluie nccolll'ul, fille du fcu cl de lamer; eHe accourul en dansant t:' tira sur le monde des l'idemlx de brunle. Les feuilles chantrenl en lremblant comme des dbulanles de music-hall; vint le. tonnerre etapplnudit. Alors tout se tut pour laisser pplaudir le tonnerre; fleurs .noururent sans avoir vcu; les palmiers leurs ventails contre la chaleur. Un troupeau de bisons noirs migra de l'orient roccident. el la nuit arriva comme nnefemmeen deuil. JACQl'ES 1\001 .. \1:-;
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LA CIL\.\'I' HE L'H01UIE c .. .'lt la dmn"on des qui ,,;taiellt nrrac/l le cU!' p.t Ifi portaient dans lu main droite. f U. ArOI.L1XAIHE Pour A. YIEUX ,J'ai voulu il ma dtresse des rues troites, la caresse mes paules des bons murs durs. l'lais vous les avez, 0 hommes largis de vos pns, de vos dsirs, de relents de l'hum,. de sexe et de dl'3ught-Leer • . J'erre dans vos labvrinthes multicolores et je slls las de ma plainte. II Ainsi: vers VOliS je suis venu nvec mon grand cul' nu et rouge, et mes bras lourds de brasses d'amour. Et vos bras vers moi se sont tendus trs ouverts et vos poings durs durement ont frapp ma face. Alors je vis: vos basses grimaces ct vos veux baveux d'injurs. Alors j'entendis autour de moi croasser. pustuleux. les crapauds-.-!insi: solita ire , sombre, maintenant fort et mon ombl'e mon seul compagnon fidle, je projette l'arc de mon bras par desslB le ciel JACQUES LA CIL\.\'I' HE L'H01UIE c .. .'lt la dmn"on des qui ,,;taiellt nrrac/l le cU!' p.t Ifi portaient dans lu main droite. f U. ArOI.L1XAIHE Pour A. YIEUX ,J'ai voulu il ma dtresse des rues troites, la caresse mes paules des bons murs durs. l'lais vous les avez, 0 hommes largis de vos pns, de vos dsirs, de relents de l'hum,. de sexe et de dl'3ught-Leer • . J'erre dans vos labvrinthes multicolores et je slls las de ma plainte. II Ainsi: vers VOliS je suis venu nvec mon grand cul' nu et rouge, et mes bras lourds de brasses d'amour. Et vos bras vers moi se sont tendus trs ouverts et vos poings durs durement ont frapp ma face. Alors je vis: vos basses grimaces ct vos veux baveux d'injurs. Alors j'entendis autour de moi croasser. pustuleux. les crapauds-.-!insi: solita ire , sombre, maintenant fort et mon ombl'e mon seul compagnon fidle, je projette l'arc de mon bras par desslB le ciel JACQUES
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114 LA REVUE lNDIG: CALME Lampes qui s'allument. espoirs qui s'teignent. KHI. YHM Le soleil de minuit de ma lampe. Le temps qui fuit n'atteint pas ma quitude. Voici la minute rare o la douleur se lasse et enfin, furtive, repasse le seuil. Une grande indiffrence entre en moi avec un got de cendre. Ma table est une He lumineuse dans la ouate noire de la silencieuse nuit. Hors un homme courb sur ses dsirs morls .l ne suis plus rien ... La route s'arrte avec les pas du plerin. JACQUES ROUMAIN 114 LA REVUE lNDIG: CALME Lampes qui s'allument. espoirs qui s'teignent. KHI. YHM Le soleil de minuit de ma lampe. Le temps qui fuit n'atteint pas ma quitude. Voici la minute rare o la douleur se lasse et enfin, furtive, repasse le seuil. Une grande indiffrence entre en moi avec un got de cendre. Ma table est une He lumineuse dans la ouate noire de la silencieuse nuit. Hors un homme courb sur ses dsirs morls .l ne suis plus rien ... La route s'arrte avec les pas du plerin. JACQUES ROUMAIN
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li poudre d'ol' de la "il' immohile des fleurs les chles'. Les mantilles \'()(.'atrl'es de cloitre ou lal'em. Les oranges ellcs quolibets qui volent. Le e romain du loucul' de coussins. lssion, pnssiol1 qui aux bras de la ressorts brusques. magique de l'arnc. Et loi, 0 Al'lnilIita,le l'eno lout vient rayollner et d'olt Lout rayonne. :H1le celle "il' pour toi seul, 0 petit Jndie'nl l mort se lient de nlll t toi avec des cornes pointues. bras prolongs pRI' les banderilles, lu avances; tu .n jeune dicu aztquE' nourri du soleil, et du l'ur vaincus. ainlellant tu cours, lu cours vers la mort aux, ( rouges el lu la rencontres, et. tu la touches, el tu la ('S du dclic de les jeune3 hanches. ll soit le venlre de femme qui le portal-lI' le sHble le sang r1Hrpille de petits drapeaux espaes pourpre et or; mais loi lu vas pitinant les drapeaux montes un au-dessus de la foule, essus des mains enthousiastes, au-dessus des femnlllouies, avec un souri!' ambigu aux coins des l-lis ln muleta rouge dmls tes mains hrunes. tu mar: dt, llOU\'eau il la mort. tu t'offres elle, tul'imploJe Ion pied el elle accourt noire et puissante. Ol'S tu ]a contournes, la nargues, t'en dtournes. res elle, jusqu' ce qu'elle perde le souffle et baisse iuflle.li poudre d'ol' de la "il' immohile des fleurs les chles'. Les mantilles \'()(.'atrl'es de cloitre ou lal'em. Les oranges ellcs quolibets qui volent. Le e rOll1nn du loueul' de coussins. lssion, pnssiol1 qui aux bl'ms de la ressorts brusques. tlwgique de l'arnc. Et loi, 0 Al'lnilIita,le l'eno lout vient rn}'ollller et d'olt Lout rayonne. :H1le celle "il' pour toi seul, 0 petit Jndie'nl l mort se lient de nlll t toi avec des cornes pointues. bras prolongs pRI' les banderilles, lu avances; tu .n jeune dicu aztquE' nourri du soleil, et du l'ur \'ninclls. ainlellant tu cours, lu cours vers la mort aux, ( rouges el lu la rencontres, et. tu ln touches, el tu la ('S du dclic de les jeune3 hnllches. ll soit le venlre de femme qui le portal-lI' le sable le sang r1Hrpille de petits drapeaux espaes pourpre et or; mais loi lu vas pitinant les drapeaux montes un au-dessus de la foule, essus des mains enthousiastes, au-dessus des femnlllOuies, nvee un souri!' ambigu [lUX coins des l-lis ln muleta rouge dmls tes mains hrunes, tu mar: dt, 1ll\'eau il la mort. tu t'offres elle, tul'imploJe Ion pied el elle accourt noire et puissante. Ol'S tu ]a contournes, la nargues, t'en dtournes, res elle, jusqu' ce qu'elle perde le souffle et baisse iuflle.-
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l1 L'instanl grave, ];1 minule suprl'me qui fige les Les c(rurs p!)('nl lourds, lourds ct ce!lend:lIll mOI! tent la gorge. a Sacrificateur. frappe! Eclair! Choc! Le monstre titube. secoue de loul son reste de "ie J mort qui l'envnhil. Tombe, se redresse sur les ge!1ollJ tombe. o noble mort. trol1\'e duns la luite noble et loyal( Des colombes palpitent soudain dans toutes lcs mail1 Alors toi, Annillila l'Aztque, tu prsentes a\'ec le gest hiratique du prtre de Huilzilopochtl j l'oreille de 1 victime l'adoration de la foule espagnole . .J,\CQl'ES HOl':\L\I:-I HJ2G LE H'ROSCACH ;\OCYELLE Georg et Bernh1,rd \Yellztl hnhi\ait'll\ lIll(" cJwlllhre une cuisine an fjunlr:t'!ll(' du ;\() (i dl' la Tulsll'a: se .. LeuTs situations n'dait'n\ passi ouls I"W sent pu louer chacunl1ne chnlllbrc dans Ull qlHlI lier plus Ils reslnienll o ils laient. 0 avait ses C01ll1ll0diles. ses hllbilt.des. El puis Bernhm tait de caractre un pen sOlllbre, 1 imide; il Bl1rnilchnnf de rue avcc dplaisir. Ici tout le monde tout le Illomle t'la habitu il sa malheuJ'(!usc apparition. Depuis IOllgle\ll! lei enrants ne le poursuivaient plns.lls s'habitlll'ellt bi('1 tt ce bossu il ln bosse de traYers qui passait tOtlS 1< jours dans leur rue. JI Ile semhla hientt ni lrnllge. 1 comique. C'tait un bossu. Yoil toul... Ils prfraici maintenant courir <:IJl!'('S rnc hlallc altel la voilui dll m:lI'chand de> qnalrc-saisolls. l1 L'instanl grave, ];1 minule suprl'me qui fige les Les c(rurs p!)('nl lourds, lourds rt ce!lend:lIll mOI! tent la gorge. a Sacrificateur. frappe! Eclair! Choc! Le monstre titube. secoue de loul son reste de "ie J mort qui l'envnhil. Tombe, se redresse sur les ge!1ollJ tombe. o noble mort. trol1\'e duns la luite noble et loyal( Des colombes palpitent soudain dans toutes lcs mail1 Alors toi, Annillila l'Aztque, tu prsentes a\'ec le gest hiratique du prtre de Huilzilopochtl j l'oreille de 1 victime l'adoration de la foule espagnole . .J,\CQl'ES HOl':\L\I:-I HJ2G LE H'ROSCACH ;\OCYELLE Georg et Bernh1,rd \Yellztl hnhi\ait'll\ lIll(" cJwlllhre une cuisine an fjunlr:t'!ll(' du ;\() (i dl' la Tulsll'a: se .. LeuTs situations Il'dait'n\ passi ouls I"W sent pu louer chacunl1ne chnlllbrc dans Ull qlHlI lier plus lis reslnienll o ils laient. 0 avait ses C01ll1ll0diles. ses hllbilt.des. El puis Bernhm tait de caractre un pen sOlllbre, 1 imide; il Bl1rnilchnnf de rue avcc dplaisir. Ici toul le monde tout le Illomle t'la habitu sa mnlheuJ'(!usc apparition. Depuis IOllgle\ll! le$ enrants ne le poursuivaient plns.lls s'habitlll'ellt bi('1 tt ce bossu il ln bosse de IraYers qui passait tOtlS 1< jours dans leur rue. JI Ile semhla hientt ni lrnllge. 1 comique. C'tait un bossu. Yoil toul... Ils prfraici maintenant courir <:IJl!'('S rnc hlallc altel la voilui dll m:wchnnd de> qnalrc-saisolls.
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117 que beuu el sn,lIl'. se salTifillit l'II reslant rique fJlIclcon('IlSl'" qlle de se l'l'IHlol'mil'. :I\'nielll tOl1jours t'l,', les de Bel'l1hnrd \YeIlZJ. d('\'uil-il ses manil'es il sa hossc,allx moqueries subil's; il se l'uilwit pusser pOlll' UI1 homme ('ntirC:lllC'nt illscn"iblc' il tout sentiment doux. Mnis il :l\"ait JQ tDet de ne !)[lS l,Ire ili'iupporlahle HYCC son genre t:l d! ,',)il'il'I'\'l'I' des l't'I:JI i()n" ngrlnbles lH'ee tout Je 117 que beuu el sn,lIl'. se salTifillit l'II reslant rique fJlIelcon('IlSl'" qlle de se rl'IHlo('mil'. :I\'aielll tOl1jours t'l,', Ics de Bel'l1hnrd \YeIlZJ. dc>\'uil-il ses manires il sa hossc,allx moqueries subil's; il se l'uilwit pusser pOlll' UI1 homme ('ntirC:lllC'nt illscn"iblc' il lout sentiment doux. Mnis il :l\"ait JQ tDet de ne !)[lS l,Ire ili'iupporlahle HYCC son genre t:l d! ,',)il'il'I'\'l'I' des l't'I:JI ion" ngrlnblcs lH'ee tout Je
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monde, Aussi,i) n'htit point dtest de sescollgl1es de la Compagnie d'Assurances. ht si lin jour il tait de llUlllynise humeur ella !::lissait voir, on se cOlltentait <:e murmurer: pauvre type: avec sa bosse il ne saurait lre gai tous les jours. Mais tait-il un jour particulirement aimable parce que "Je soleil mettait de la gait en son cur ou que sa bosse' n'tait point douloureuse; alors on disait; il n'est d'ordinaire pas il prendre avec des pincettes, qu'il reste aujourd'hui l oil est! )) Ainsi il tait seUl. Dupuls trente il tait seul. Il n'avait auprs de lui que son frre Georg en bonne sant et plein de vie dont les paroles le troublait profondment; Georg qui parlait canotage,foot-ball et dancing, -Comme ils doivent tre heureux ces hommes-qui ont le droit d'enlace.' une femme, qui peuvent danser avec dEls pas si surs, des corps si harmonieusement fondus qu'ils ne semblent former quun. Le pourrait-il. lui, mme sans sa bosse? Non je ne pourrnispas -pensait-il -a le rconciliait un peu avec sn bosse. Ma bosse, disait-il il son frre, celle que j'ai sur les paules,u'est pas trop dsagrable. Mais celle qe je porte l-dedans. an fond de mon me --j'en fais un reproche il Dieu )) Et il souriaitaml'cment lundis que Gt'org le regorgardait t( nif. Non. Georg ne. pouvait le l'ompnlIdre. Un homme ne eomprend jamais un nuIre homme. Frres? Tous les hommes au dbut aYl:lient t frres et ne se comprenaient pourtant pins. A cause de la langue? Probablement. Ils s'taient sur la yaleur des mots. Mais ceux-ci ne trallsml"lIent qpe la pense. l'esprit. Ils avaient entirement nglig la langue du COCUI', elle ta un balbutiement Ils ne se comprelHlent plus. Mais oui; mme pas Georg. Et puis comment pouvait-il prtndre que Georg qui ne conaissait que le rire comme langue, pour qui chaque forme de la vie tait une sour-. ce de joie. Georg. le fort, lesvcIte. prit parC ses Iris tes penses)) . monde, Aussi,i) n'htit point dteste de sescollgl1es de la Compagnie d'Assurances. ht si lin jour il tait de llUlllynise humeur ella !::lissait voir, on se cOlltentait <:e murmurer: pauvre type: avec sa bosse il ne saurait lre gai tous les jours. Mais tait-il un jour particulirement aimable parce que "Je soleil mettait de la gait en son cur ou que sa bosse' n'tait point douloureuse; alors on disait; il n'est d'ordinaire pas il prendre avec des pincettes, qu'il reste aujourd'hui l oil est! )) Ainsi il tait seUl. Dupuls trente il tait seul. Il n'avait auprs de lui que son frre Georg en bonne sant et plein de vie dont les paroles le troublait profondment; Georg qui parlait canotage,foot-ball et dancing, -Comme ils doivent tre heureux ces hommes-qui ont le droit d'enlace.' une femme, qui peuvent danser avec dEls pas si surs, des corps si harmonieusement fondus qu'ils ne semblent former quun. Le pourrait-il. lui, mme sans sa bosse? Non je ne pourrnispas -pensait-il -a le rconciliait un peu avec sn bosse. Ma bosse, disait-il il son frre, celle que j'ai sur les paules, n'est pas trop dsagrable. Mais celle qe je porte l-dedans. an fond de mon me --j'en fais un reproche il Dieu )) Et il souriataml'cment lundis que Gt'org le regorgardait t( nif. Non. Georg ne. pouvait le l'ompnlIdre. Un homme ne eomprend jamais un nuire homme. Frres? Tous les hommes au dbut aYl:lient t frres et ne se comprenaient pourtant pins. A cause de la langue? Probablement. Ils s'taient sur la yaleur des mols. Mais ceux-ci ne trallsml"ltent qpe la pense. l'esprit. Ils avaient entirement nglig la langue du COCUI', elle ta un balbutiement Ils ne se comprelHlent plus. Mais oui; mme pas Georg. Et puis comment pouvait-il prtndre que Georg qui ne conaissait que le rire comme langue, pour qui chaque forme de la vie tait une sour-. ce de joie. Georg. le fort, les\'cIte. prit parC ses Iris tes penses)) .
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LA HE\'!:E lH) Il t injl1ste d'exiger cela de lui. Alors il l!xigenit rien, ne mme pas !:J comprl'hcnsiondc so Il frre. < l3ernh'lrd cOlldamn il tille corporelle suhlimait tous ses tendres en une activit de l'me. Il aimait son frre, il l'nimllit (le faon comme tlVec honte et n'agissait rus autrement envers Jui qu'avec un tranger, mais il portait son amour comme on porte une croyance consolatrice. Il existait donc au monde de l'amour pour Jui, le b03S11. Car qui donne, doit possder pour pouvoil' donner. Ah! personne au monde ne voynit en son cur, pas mme son frre .... FHANK BHAUN (La fin (Ill prochai/l lwmro) Tmduil tle r.411emwul par Jue(/lles Roumain POE::\I.E La l'Oule, ventre insatiable, DOit l'auto, qui file haletante cn des soubresauts. Mon ine a des hoquets, j'ai soif d'un baiser de femme. Les raquettes, vagabonds pouilleux, semblent rire, rire de ma douleur. Je rve d'tre une vache le long de la grand'route. D. HEURTELOU LA HE\'!:E lH) Il t injl1ste d'exiger cela de lui. Alors il l!xigenit rien, ne mme pas !:J comprl'hcnsiondc so Il frre. < l3ernh'll'd cOlldamn il tille corporelle suhlimait tous ses tendres en une activit de l'me. Il aimait son frre, il l'nimllit (le faon comme 1lvec honte et n'agissait rus autrement envers Jui qu'avec un tranger, mais il portait son amour comme on porte une croyance consolatrice. Il existait donc au monde de l'amour pour Jui, le b05S11. Car qui donne, doit possder pour pouvoil' donner. Ah! personne au monde ne voynit en son cur, pas mme son frre .... FHANK BHAUN (La fin (Ill prochai/l lwmro) Tmduil tle r.411emwul par Jue(/lles Roumain POE::\I.E La l'Oule, ventre insatiable, DOit l'auto, qui file haletante cn dS soubresauts. Mon me a des hoquets, j'ai soif d'un baiser de femme. Les raquettes, vagabonds pouilleux, semblent rire, rire de ma douleur. Je rve d'tre une vache le long de la grand'route. D. HEURTELOU
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120 L--HorE\" .\ Malgaches, bambarns, des types nu caInbuis! ... Que je m'nerve en ln crapule o la l10111Wnde, ribaude l'oeil CrCYl' s';)llume nu noir }jouis-bonis. Que jc m'nenc en la crapule o la nOrI1HlIHll', une boule de suif pour souliers de cnrgo se gonfle COmlll(' morte une grossc limande. Une boule de suif pour souliers de cargo! ... Dites plutt les mots du tTole que calrnts maltais le pitoyable argot. Dites plutt les mots du suyoureux crole que je saute il trl\'erS cet ignoble dcor: la femme aux seins rallcis, la borgnesse qui Irll'. Que je saute il trn\'crs c('t ignoble dcor: ... Sur le mur de crachats q'lHtlle' fmmJ s':dlollp;e, la stH'nte qui lrolne l'Il l'afTreux corridor. SUl' le mur
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L\ HEVCE 11.--PAlUS Tes chcyeux au bay-rhum COIllllle des poivriers!.., Un alcve charmant de FI'tlOc,e ou de Cythre, un nid bien chaud contre de tristes Fvriers. Un alcn charnHlnt de France ou de Cythre. 12l ton corps d'bne aux flanc!':; bleuis d'efforts nerveux; luisants de moire fl'aiche aux llluscles -de panthre. ,Ton corps d'bne flancs bleuis d'efforts nCl'veux, beau ngre aux mols fleuris d'llluges nostalgiques; un firnwnlcnt d'exlase el seschunts ct ses fcux. Beau ngre nux mols fleuris d'images Ilostulgiques, que je m'enine toule
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122 LA REVl'EINDIGENE HUIT DE PRISON. Minuit .. Quelqu'un l-bas cogne aux barreAux de ma prison ... Et l'on devine au toc-toc de la main angoisse et crainte. D'une folle treinte, j'embrasse mon lit, la voix inquite: Qui va l?Seule me rpond, 'imide. une rumeur, Lgre comme le baiser .d'une bon che exangue . sur one fleur on le pied fugace d'une vierge li emblanle en rendez-vous. Et cette rumeur en ma cellule fait nsitre une illusion. L'air se parfume de lis, les tnbres sont incendies. Ahl calme tes battements insenss, cur trop ardent, celle qu'en secret tu adores est bien loin de 11\ douleur ! Celle qui approche cependanl tienl d'elle celle spiendeur qui. de son corps transfigure se dgage comme un arme. Blanche daus son manteau d'argent diaphane. c'est la lune qui. vers ma prison s'avance. tl'emblanle et apeure ... Dis-lIOllS, quelle terreur insolite, lune, . jolie lune, Ereillt ton me et te laisse au visage un pli d'horreur? Lentement, d'un geste large et sans bruit l'astre livide plonge un index lumineux par les barreaux de ma pl'ison 122 LA REVl'EINDIGENE HUIT DE PRISON. Minuit .. Quelqu'un l-bas cogne aux barreAux de ma prison ... Et l'on devine au toc-toc de la main angoisse et crainte. D'une folle treinte, j'embrasse mon lit, la voix inquite: Qui va l?Seule me rpond, 'imide. une rumeur. Lgre comme le baiser .d'une bon che exangue . sur one fleur on le pied fugace d'une vierge li emblanle en rendez-vous. Et cette rumeur en ma cellule fait nsitre une illusion. L'air se parfume de lis, les tnbres sont incendies. Ahl calme tes battements insenss, cur trop ardent, celle qu'en secret tu adores est bien loin de 11\ douleur ! Celle qui approche cependanl tienl d'elle celle spiendeur qui. de son corps transfigure se dgage comme un arme. Blanche daus son manteau d'argent diaphane. c'est la lune qui. vers ma prison s'avance. tl'emblanle et apeure ... Dis-lIOllS, quelle terreur insolite, lune, . jolie lune, Ereillt ton me et te laisse au visage un pli d'horreur? Lentement, d'un geste large et sans bruit l'astre livide plonge un index lumineux par les barreaux de ma pl'ison
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LA BEVLE l:';DIG:.;..: et l'te;d loill, loill. en me pointant l'clail' sinistre de lit baionnelle qui. dans l'omhre, gnelle motl vasion. Dmasque en mme temps l'inex radieux la fnee cynique d'un reirre viI qui, de son il bleu. froce, pie ma chambl'e. Le front obtus, les heveux rouges, lvre mince contracte encore en un rictlls de cruaut stupide u 'im prime l'alcool. Un ourlet de sllngluifestonne le bord des ongles, ongles lches, griffes d'hyne peut-tre. 'non de lion, OH! douce compagne des li li ls d'tlmOlll' et de douleur, blanche lune. vainc ta candide motion, repose en paix. Car ce soldat de vil aspect, aux veux d'azul' froce, • malgr son abus des liql1eurs et ses ongt couleur de sang et ses hauts faits de pillage, de ruine et de viol, d'tlt::endies, de martvres et d'heHlombes nn pCll partout, est, ma ple lune, le Surhomme, ct:'lui que dlgua paternellement Wilson pOUl' nous enseigner la foi nouvelle, la paix et la concorde entre les hommes de tous pays. Que l'Etnt f01't en face du faible s'rige en protecteur, la faible romblera du fort la trs juste ambition. en change. lui livrant en mme temps et la vie' et l'argent, mme l'honnellr! 123 LA BEVLE l:';DIG:.;..: et l'te;d loill, loill. en me pointant l'clail' sinistre de lit baionnelle qui. dans l'omhre, gnelle motl vasion. Dmasque en mme temps l'inex radieux la fnee cynique d'un reirre viI qui, de son il bleu. froce, pie ma chambl'e. Le front obtus, les heveux rouges, lvre mince contracte encore en un rictlls de cruaut stupide u 'im prime l'alcool. Un ourlet de sllngluifestonne le bord des ongles, ongles lches, griffes d'hyne peut-tre. 'non de lion, OH! douce compagne des li li ls d'tlmOlll' et de douleur, blanche lune. vainc ta candide motion, repose en paix. Car ce soldat de vil aspect, aux veux d'azul' froce, • malgr son abus des liql1eurs et ses ongt couleur de sang et ses hauts faits de pillage, de ruine et de viol, d'tlt::endies, de martvres et d'heHlombes nn pCll partout, est, ma ple lune, le Surhomme, ct:'lui que dlgua paternellement Wilson pOUl' nous enseigner la foi nouvelle, la paix et la concorde entre les hommes de tous pays. Que l'Etnt f01't en face du faible s'rige en protecteur, la faible romblera du fort la trs juste ambition. en change. lui livrant en mme temps et la vie' et l'argent, mme l'honnellr! 123
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12,1 LA Connue ganmlie de cc trs noble --Aide ct 111l1011l' --toute dispute sera dsonuais tranche . par le canon, Val lune, proclame noire chance et ton erreur quand tn pris pOUl' un rel'l'll malfllsant ivre el froce, Celte ctme de progrs, de civilisai ion . l'tU'e, idule, trop idule,.6 lune, car, .i l1squ' prserH nul ne rH vue! FABIO FIALLO Nous avons cOIDmenc; tl'U!1uire LE PROPHTE, le rcent linE' de Gebran Kalil Gebrall, prillce' es lettres arabes, rpoudant au dsir de 1\11\1, E. Roumer et Carllkollal'd ,:d il'ertelll' et ad m i ni;:trateul' de cette sympathiqne Revue, .. Nous dem:mdons indulgence aux penseurs, aux intelll'ctueb Pl il tous les aimables car nous cri,olls en Hile langue (pli Il '''lit pa. la ntre et n011S traduisons un pote philosophe, ,\. ------)0:( -----' .-'---Douze ans l'Elu aim t"l dsign all@l1dit. dans lu viII!:: d'Orefils, le relour de sa barqueqll j devait le ramener dans son Ile naLive. Le sept Aot de la douzime Hl1l1e, dans le mois dt la moisson, il sur un monticule, le! remparts de la ville; el, ses yeux devinrent loin, l'horizon. barque qui na\'iguai!. en\'eloppe par Ir brume. . 12,1 LA Connue ganmlie de cc trs noble --Aide ct 111l1011l' --toute dispute sera dsonuais tranche . par le canon, Val lune, proclame noire chance et ton erreur quand tn pris pOUl' un rel'l'll malfllsant ivre el froce, Celte ctme de progrs, de civilisai ion . l'tU'e, idule, trop idule,.6 lune, car, .i l1squ' prserH nul ne rH vue! FABIO FIALLO Nous avons cOIDmenc; tl'U!1uire LE PROPHTE, le rcent linE' de Gebran Kalil Gebrall, prillce' es lettres arabes, rpoudant au dsir de 1\11\1, E. Roumer et Carllkollal'd ,:d il'ertelll' et ad m i Ili;:trateul' de cette sympathiqne Revue, .. Nous dem:mdons indulgence aux penseurs, aux intelll'ctueb Pl il tous les aimables car nous cri,olls en Hile langue (pli Il '''lit pa. la ntre et n011S traduisons un pote philosophe, ,\. ------)0:( -----' .-'---Douze ans l'Elu aim t"l dsign all@l1dit. dans lu viII!:: d'Orefils, le relour de sa barqueqll j devait le ramener dans son Ile naLive. Le sept Aot de la douzime Hl1l1e, dans le mois dt la moisson, il sur un monticule, le! remparts de la ville; el, ses yeux devinrent loin, l'horizon. barque qui naviguait. enveloppe par Ir brume. .
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125 , SOli cur sursl.Iu!a d,IIlS sa poill'ilw, el son esprit "01-tIW"l au-dessus de la l't'rl11a les veux, SPI\ :.llle pritl t'Il silel1cr. il peille lI\olllinde que la Iristesse l'ellvahit. 11 st' dit: COlllment t'II paix, IHisser Hile \'ille? Irais-je dans l'die Iller trislesse '! , Je Ile quillerai cetle ,'ille sans voir le sang couler de mes spirituelles! Longs lurent mes jours lrisies el plus longues nuils de ma solitude .. , Qui peu! s'cnrler de sn tristesse el de son isolement sans que SOli ('(rUr en souffre '? -Beaucoup s01l1 les sentil11ents que j'ai laisss dans les rues de la ville, el beaucoup sont les sujels de mOIl a/fect io Il q tl i ma rc hen t n liS d a Ils ses sell t i PrS, Co III me II! Il'S laisserais-je salis l'('mords ? Ce que je laisse, ce Il'l'st pas la robe que je challge aujourd'hui pour I.a rem demain. :\011. C'est une face que .le ddlil'e de llles mains. Ce n'est pas une ide que je aprs moi. ("esl .. Ull cur que les pri,'atiolls rClldirell t sellsible et palpitallt. -19r ('eln, je dois pm't ir, ct salls retard. enr la m'app ... lle, je dois monlc'\' ma barque ponr arriver prd![rHlr-urs, Si ici. je passnis la nuit dont les heures sont je me glernis et \11'enchainerais celte lerrc! ; -Je voudrais que tOIiS I1Cl'Olllpagncnt. .. comlIIelll? Ln voix est imlHI<':sHnte pour allel' avec la langlle et les lnes. Seulc-, elle pntre dalls les ondes. Ainsi l'aigle pour ,'oler Il'emporte pas son nid, Senl il parcourt l'espace. L'Elll :I!'l'in' ,Ill pied du monticule regnrda la vit sa barque S'UVftlll'er vers Je rivage. el. il son bord ses compntrioles allaient el venaient. Du rond de SOli cul', il leur cria: -Vous. fils de mon pays ('ui montez' la sans avoir peur de ses \'ng(les u\'cz domin les flux et 125 , SOli cur sursl.Iu!a d,IIlS sa poill'ilw, el son esprit "01-tIW"l au-dessus de la l't'rl11a les veux, SPI\ :.llle pritl t'Il silel1cr. il peille lI\olllinde que la Iristesse l'ellvahit. 11 st' dit: COlllment t'II paix, IHisse\' Hile \'ille? Irais-je dans l'die Iller trislesse '! , Je Ile quillerai cetle ,'ille sans voir le sang couler de mes spirituelles! Longs lurent mes jours Irsies el plus longues nuils de ma solitude .. , Qui peu! s'cnrler de sn tristesse el de son isolement sans que SOli ('(rUr en souffre '? -Beaucoup s01l1 les sentil11ents que j'ai laisss dans les rues de la ville. el beaucoup sont les sujels de mon a/fect io Il q tl i ma rc hen t n liS d a Ils ses sell t i PrS, Co III me II! Il'S laisserais-je salis l'('mords ? Ce que je laisse, ce Il'l'st pas la robe que je challge aujourd'hui pour I.a l'cm demain. :\011. C'est une fucl' que .le ddlil'e de llles mains. Ce n'cst pas une ide que je aprs moi. ("esl .. Ull cur que les pri,'atiolls rClldirell t sellsiblc et palpitant. -19r ('eln, je dois pm't ir, ct salls retard. enr la m'app ... lle, je dois monlc'\' ma barque ponr arriver prd![rHlr-urs, Si ici. je passnis la nuit dont les heures sont je me glernis et \11'enchainerais celte lerrc! ; -Je \'oudrais que 10lls I1Cl'Olllpagncnt. .. comlIIelll? Ln voix est imlHI<':sHnte pour allel' avec la langlle et les lwcs. Seulc-. elle pntre dalls Ics ondes. Ainsi l'aigle pour \'oler Il'emporte pas son nid, Senl il parcourt l'espace. L'Elll :I!'l'in' ,Ill pied du monticule regarda la vit sa barque s'avancer vers Je rivage. el. il son bord ses compntrioles allaient el venaient. Du rond de SOli cul', il leur cria: -Vous. fils de mon pays ('ui montez' la sans avoir peul' de ses \'ng(les u\'cz domin les flux et
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ILl) L.\ BEV!.:!:: et rellux, ohl combien de fois je VOliS ai "us dans mes songes! Et voil que je \'OllS re\'ois il mon rveil qui est plus prolond que mes songesf Je suis prt pour Hl'e a\'l..'1.: vous, et d'un immense dsir j'attends la brise qui gonflera vos l'lais anlllt, je voudrais respirer une dernire fois dans cet atmosphre tranquille, et avec douceur. ct'Ue nature. Et alors, je serai marin tre les marins. . -Et toi, 0 Mer immense. sans fin. hoult'lIse ou (aime seule avec loi. Jes neuves et le, Il'ol1\'ent ln libert el Ja ?aix! De loin, il "il homllles et femmes qui. abandonnant leur travail, couraient "ers les porles de la ville. Il les entendait qui criaient son nom el annoilaient l'uIT\'('e de sa barque, Il se dit lui mme: -Sera-ce le joUI' d'adieu C0111111e celui du retour? Se.,.. ra-tiI dit qne mOI1 crpuscule est mon aube? Qu'offrirai-je au cultivateur qui a laiss sa charrue el au "igneron qui a laiss pressoir? -Mon {'UHll' se changel'l-t-il Cil un arbre fm 1 it'I' pOUl' en cueillir et en donner'! Mes dsirs, dbordt'rnirnl-ils, telle une fOlllni/lt', pOUl' en rrmplil' des {'Ollpes? Suis-j{' Ulle ntite ou uu t'Ol"lwt souffl IHlI' le TOIII Puissanl? J'erre, rhel'chnn( ln Iranqllillit.Qllel l'sI fe Ir(su' que j'ai trouv pOlll' jlotl\'oir trallqnillt:lllt'ni en distrihuer " -An jour d'hui sera-I-il pour moi jour de moisson? Mais dllns quels chnlPs ni-je sem(' el au ('ours cil! quelle saisol1 inconnue? ... -Est-ce l'henl'e (h. ma Inmpe :lll haul de mon phare? En lout cas la lumire (]ui en jnillinl Ill' se .. " pas de moi .• Je la melh'ai, mus elle sera t/i'inle, Le Gardi{'l1 de nuit y meltnl l'huile el rnlllllllern .. , C'est ce qu'il se
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I.A RE\TE .. • • 127 Le peuple enlier le reut il son entre dans la ville et l'ovationna. Les nolables l'antrent pour lui dire: Ne nOLIs laisse si tl, lu fus un rayon dans notre aurore. jeunesse inspira nos mes; tu n'es pas tranger parmi nous, tu es notre fils aim et chri ; 'ne fais pas que nos yeux le chtl'{'hellt \'all1 n. Les prlres elles prtress('s lui direnl: Ne fais pas que la i\l6r nous spare, ne jettes pHS dans l'Oubli les annes p,lsses par'lli nous. Ton esprit vivait en nous, Ion ombre clairait nos visages. nos curs t'aiment et nos mes le sont attaches. Mais nof1'e amour s voila dans le silence sans que nus puissions le dvoiler. A prsent il le supplie fn criant, dthil'anl lui-mme son voile. pour le montrer la vril. Seule, la spanltion dvoile la profondeur de l'mour ... I3euucoup d'Hull'es lui parlrent. le prirent. Il ne rpondait pag, mais inclinail la tle el 1'011 voyait des larmes couler sur lies joues et sur sa poitrine. JI continuait il marcher avec le peuple jusqu' la grande plate, devant le Temple, ..\, ce monH.'1l1 sortit du templl .. tlne femme. Elle s'appelait Almelrat el lad voyanlc. Il 1'l"llveloppa d'UlI l'('gard plein de lendl'esse, ('ar ce l'ut la pl'emire qui accourut il lui quand il avait un jour el une nuit dans la ville. Elle le salua avec respect en lui disanl: -Prophte de Dieu, vous fherehiez 1I1l idal. atlendanl \'olre bartfue qui lail lohl de VOliS. La voil, qui 8ITi\'(' et \'ofl'e dpart est rsolu. Grands sont votre ulllour el votre tendresse pour la terre de vos songes, de vos souvenirs et de vos sublimes prfrences. '-Ainsi, ni notre amour, ni notre besoin de vos IuInires ne peuvent vous retenir. Avant de nous laisser, une seule chose nous VOllS demandons: Padez-nous, l'IlSelgnez-llous, vos pnndpt:s pOHr que. noire lour, I.A RE\TE .. • • 127 Le peuple enlier le reut il son entre dans la ville et l'ovationna. Les notables l'antrent pour lui dire: Ne nOLIs laisse si tt, lu fus un rayon dans notre aurore. jeunesse inspira nos mes; tu n'es pas tranger parmi nous, tu es notre fils aim et chri ; 'ne fais pas que nos yeux le cht1'chellt \'all1 n. Les prlres elles prtress('s lui dirent: Ne fais pas que la i\l6r nous spare, ne jettes pHS dans l'Oubli les annes par'lli nous. Ton esprit vivait el1 nous, ton ombre clairait nos visages. nos curs t'aiment et nos mes le sont attaches. Mais nof1'e amour s voila dans le silence sans que nus puissions le dvoiler. A prsent il te supplie fn criant, dthil'anl lui-mme son voile. pour le montrer la vrit. Seule, la spanltion dvoile la profondcur de l'mour ... I3euucoup d'Hull'es lui parlrent. le prirent. Il ne rpondait pag, mais inclinail la tle el 1'011 voyait des larmes couler sur lies joues et sur sa poitrine. JI continuait il marcher avec le peuple jusqu' la grande plate, dcvant le Temple, ..\, ce monH.'1l1 sortit du templl .. tlne femme. Elle s'appelait Almelrat el lad voyanlc. Il 1'l"llveloppa d'UlI l'('gard plein de lendl'esse, ('ar ce l'ut la pl'emire qui accourut il lui quand il avait un jour el une nuit dans la ville. Elle le salua avec respect en lui disanl: -Prophte de Dieu, vous fherehiez Ull idal. atlendanl \'olre bartfue qui lail lohl de vous. La voil, qui 8ITi\'(' et \'ofl'e dpart esl rsolu. Grands sont votre ulllour el votre tendresse pour la tene de vos songes, de vos souvenirs et de vos sublimes prfrences. '-Ainsi, ni notre amour, ni notre besoin de vos IuInires ne peuvent vous retenir. Avant de nous laisser, une seule chose nous VOllS demandons: Padez-nous, l'I1Selgnez-llous, vos pnndpt:s pOHr que. noire lour,
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12H nOlis les enseigniolls il ('111':1111-.:, <:lIX. aux I('urs l'l i I('urs petils fils. El HllSi. voir,' p:1l"ole ,,':'1 ni rlll t' ra ('Il Ull des sicles, -Dans volre' soJement, VOliS a\'z l tt-Illoin dl' hlils; voUs avez eulendn nos rires et nos pleurs. :"\Otl! vous /))'ollsdc nous dvoiler il nOlis-mmes, de now des de la vie. du ben'eHu au tombe'IHl. Il l't'pondit: 12H nOLIs les enseigniolls il ('111':1111-.:, <:lIX. aux I('urs l'l i I('urs petils fils. El HllSi. voir,' p:1l"ole ,,':'1 ni rlll t' ra ('Il Ull des sicles, -Dans volre' soJement, VOliS a\'z l tt-Illoin dl' hlils; voUs avez eulendn nos rires et nos pleurs. :"\Otl! vous Pl'iOIlSdc nous dvoiler il nOlis-mmes, de now des de la vie. du ben'eHu au tombe'IHl. Il l't'pondit:
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PH. THOBY-MARCELIN LES HROINES ;s'ou:,; tlttelldions des ... Dtn8m: PH. THOBY-MARCELIN LES HROINES ;s'ou:,; tlttelldions des ... Dtn8m:
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Gisle aflle, 1) 111:1 "mie, Ilia calJlal'Ude 1. ... \' ALRY LARBAUlJ Voici coniH.' jf.! terminai la fameuse ptre il Dmos au sujet de L\.b::lIldollne: ." Et puis comment ne pas gOlller ln pOl'sie -comme d'un coup d'archet -de ce prnom: Gist'le. 11 voque une gazelle et l'end si bien la gnh:c Yoluplw .. usc de la petite fille qUI t'aime encore et que tu rcnil'S, ( Or ni Llid. ni .. il est sympathique, Sa s,'eltcssc lil'II! du pnlmislc. El ranime chez lui l'ge i ngl'flt prolong, S
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soir il 1.1 rellcolllre d:lllS unt' rut' pen p. s'> aprs-mi-dis avec Gisle. ' NOU3 causons. Dit-elle: . -Je l'odeur de Di'lJloslhm', j'ni ('\l\'il' dl' mordre . .Je rpond s: i\nuse,I:1 ne \'Oldail pliS que je j'(,/llhl'tlsse ... qu'AnmollC'.,. Ilws c'esL li Ile sotte... '. San'Z-YOllS, HallllihaI, que D('lllOSlhl'lll' l'I'quelll assi C'es!, n'xpli. soir il 1.1 rellcolllre d:lllS unt' rut' pen p. s'> aprs-mi-dis avec Gisle. ' NOU3 causons. Dit-elle: . -Je l'odeur de Di'lJloslhm', j'ni ('\l\'il' dl' mordre . .Je rponds: i\nuse,I:1 ne \'Oldail pliS que je j'(,/llhl'tlsse ... qu'Anmone.,. Ilws c'esL li Ile soUe... '. San'Z-YOllS, HallllihaI, que D('ll1oslhl'Il(' l'I'quelll assi C'est, n'xpli.
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.1 l' Ille St' Il S g('Ill>. jp sou ris ... ',-QUI.' Ill:l j'ai dcouH'l'! quelqllcs d:ru!e:i :1 .. , ('1 pu/s, \'oy('Z-\'OllS, elle n trop rossi ... Ce disallt, )'(' l't'!llan/uv la O'O! 0'(' de IllO\1 llIn(' n h • hile l'si haletanl(!, .. Sa l\T(' n le l'Oug(l. des ihiscus. El pl'Ilsant il sa Soli' lesse voluptueuse, je IllC l'l'Ple: --Q LI e Il e Il n III Ille!... Q li C Il e n 111111ll (' ! .. .le suis t'Illballt' . .Jni en\'je dt' l'em!>r:.ssl'I', .. ( Cil pcu d'audnce. vo-ons! ... ) .Te me /H:Il(/Je ... je Il:1,' ... (:le il ('OIllIlH:IH: -Dlllos! !lIW.,. Le clwl'llIl' ('si l'O/lIpll. III L'Ile l'orle tHpe ;,lI lIU11 ('pulIlt', un'olllpaglle d'ull COlllment \'a.lI C'est Dm08, GOu:tilll'ur. il s'illforme: Et les :111l0llI'S'! O l'II ('s-tu <1\'(>(' (jiSl'k? .Je pUl'le lie lu Ile ras p l'st sa dernire ... l1iclimf. 1 pellse dj il ln quiller. -'l'oules mmes, 11\(\11 petit Bahal. je SUiSlIll ... ,le lignerai prochaillemellt LOlllollse ... Ollllllcnt l'appelais-lu ellcore? .. Xlltlsic[!H! ah ol!i, c'est n! ... :\nusl'na IfI rOIlt..Ilno ... Comme dans J'Odysse . ..:... 'l'II s:ls mon che\' Di'l\IoslhnC', qui Irop embras" (' ... Il souril .I\'ec s(lflisHIl(,('. -Tiens! fait-il, nOllce!' ma visitej Gisle? fous irons ln \'oil' lIlI de ces jours. ht on rigolern, je t ro:n ':ls ... ", .1 l' Ille St' Il S g('Ill>. jp sou ris ... ',-QUI.' Ill:l j'ai dcouH'l'! quelqllcs d:ru!e:i :1 .. , ('1 pu/s, \'oy('Z-\'OllS, elle n trop !'ossi ... Ce disallt, )'(' l't'!llan/uv la O'O! 0'(' de IllO\1 llIn(' n h • hile l'si haletanl(!, .. Sa l\T(' n le l'Oug(l. des ihiscus. El pl'Ilsant il sa Soli' lesse voluptueuse, je IllC l'l'Ple: --Q LI e Il e Il n III Il H.' ! '" Q li C Il e n 11111111 (' ! .. .le suis t'Illballt' . .J'ni en\'je dt' l'em!>r:.ssel', .. ( Cil pcu d'alldnce. vo-ons! ... ) .Te me /H:Il('/Je ... je Il:1,' ... (,:le il ('OIllIlH:IH: Dlllos! !lIW.,. Le clwl'llIl' ('si l'n/l1pll. III L' Il e ro r le t il Il e " II li 1. ) Il (. Il
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Je etjt.' l'entends qlli t'ondu!; 'f . , li es J('une ..... IV -:-Vous n'l)prelld Gisle, DnHlsest Hill! mt' vOIr. Je souris. -Oh! fait-elle, je ne l'aime plus ... Je flirte s(:ult'menl avec lui... ' Elle est nerveuse, agite ses pieds. ses Illains. C'est ennuyeux.J'ai envie de parlir. Je me sens ridicule. C'esl ell vain que J'amour propre me souffle: Et elle donc! .l'nIlume une cigarelle. Oh, quelle lte je fais! '(Je llriserais cette glace. Pourquoi y a-t-il loujoll\'s Ulle glace dans les salons hatiens? C'est idiot. ) , Gisle 'me regnrde d'un nir bless ... ou mprisant. je ne sais plus. -Je ne vous cOlpl'ends pas fait-eJ1e. Que veul-elle l ? Je me lve. Je demande avec st'chcrc:-.st' : -1\1011 chapeau s'il vous plat, el Il!::1 -Qu'ayez-vous donc? Elle me prend la main: -Besle . .le t'en pl;je ...• rai il le p:lrlt'I' ... -.\h? (Si elle sHvn'l tomme .il' nOlls In,II\'\! ridicules ... : Elle me tienl toujours ln main. , -Je vous bnllrais, llll' dil-l'lIe .I\'t' ulle gait mal feinle. \' C'est il On Y.I pl'ojelu sur rtlocran .\Jon/( l-dtsSll$, film o fuse la fantaisie automatique ct l'hl'-111001' aigre:-doux d'Harold Loyd ( l'panouissement au bout, d'un bniset' sur les toits, souriant, lyrieJue (' banal). Les hrones sOlltau parlerre, cn groupe. ,Kali Gisle el celte chre Anmone il qui Dmos prodigue, gracieux cl ('o1omhin, d'ineffables roucoulements '; Je etjt.' l'entends qlli t'ondu!; 'f . , li es J('une ..... IV -:-Vous n'l)prelld Gisle, DnHlsest Hill! mt' vOIr. Je souris. -Oh! fait-elle, je ne l'aime plus ... Je flirte s(:ult'menl avec lui... ' Elle est nerveuse, agite ses pieds. ses Illains. C'est ennuyeux.J'ai envie de parlir. Je me sens ridicule. C'esl ell vain que J'amour propre me souffle: -Et elle donc! .l'nIlume une cigarelle. Oh, quelle lte je fais! '(Je llriserais ceUe glace. Pourquoi y a-t-il loujoll\'s Ulle glace dans les salons hatiens? C'est idiot. ) , Gisle 'me regarde d'un nir bless ... ou mprisant. je ne sais plus. -Je ne vons cOlpl'ends pas fait-eJ1e. Que venl-elle l ? Je me lve. Je demande avec st'chcrc:-.st' : -1\1011 chapeau s'il vous plat, el Il!::1 -Qu'ayez-vous donc? Elle me prend la main: -Besle . .le t'en pl;je ...• rai il le p:lrlt'I' ... -.\h? (Si elle sHvn'l tomme .il' nOlls In,II\'\! ridicules ... : Elle me tienl toujours ln main. , -Je vous bnllrais, llll' dil-l'lIe .I\'t' ulle gait mal feinle. \' C'est il On Y.I pl'ojelu sur rtlocran .\Jon/( l-dtsSll$, film o fuse la fantaisie automatique ct lll'-111001' aigre-doux d'Harold Loyd ( l'panouissement au bout, d'un bniset' sur les toits, souriant, lyrieJue (' banal). Les hrones sOlltllU parlerre, cn groupe. ,Kali Gisle el celte chre Anmone il qui Dmos prodigue, gracieux cl ('o1omhin, d'ineffables roucoulements ';
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GIsle IllC fait signc de Ill(! Illettre derrire ellt'. A )cine Ille suis-je al's:s qu'clic d('III.HHIr: -Babal, m'apportez-vous dt's nougals'! -qu' I>evllrz. JI' bou r . Un P0<11l1l'. -Comme c'esl gentil; lailes \uir ... tOi.Il'ne li, tte. l'II belllre lui rait de !''il. ,lais l'appareil cillmatographique s'apprte rponire au ronflement des ventilateurs; les musiciens allotuent une hawairm waltz ( le piano toujours en avance l'une demi-mesure sur le violon); 011 teint la 11Inire et tous les hourdollnent : te J il d eSSll s! ... Dmos SUl'Slll're : -Anmollc, puisque vous Ile \'lulez pas tre la main lui frappe, soyez dOllc la IlWill qui Gisle me li it : --Racontez quelqlle chose Babal. Je me pem:he vers elle ... Cc parfum ... :\Ia lle vire ... --Gisle, VOU 10 une cassolelle ... Elle est natte. de \'uusicua agace.) '" A ce moment, Harold Lovd est au bord du vide; me souris dans son -lui mord la cuisse. Les peclateurs sont oppresss. Va-t-il tomber enfin? Je proite de l'anxit gnrale pOlir embr[lsser Gisle frmisante ... Lumire! elle, a Jes "cux mouills. me Ile me reproche rin: elle me regarde, simplement.. C'est la sortie. JIad:,une Talevllrz, JI' bou r . Un P0<11l1l'. -Comme c'esl gentil; lailes \uir ... tOi.lrne li, tte. l'II belllre lui rait de !''il. ,lais l'appareil cillmatographique s'apprte l'ponire au ronflement des ventilateurs; les musiciens allotuent une hawairm waltz ( le piano toujours en avance l'une demi-mesure sur le violon); 011 teint la 11Inire et tous les hourdollnent : te J il d eSSll s! ... Dmos SUl'SUl're : Anmollc, puisque vous Ile \'lulez pas tre la main lui frappe, soyez dOllc la IlWill qui Gisle me li it : --Racontez quelqlle chose Babal, Je me pem:he vers elle ... Cc parfum ... :\Ia lle vire ... --Gisle, VOU 10 une cassolelle ... Elle est natte. de \'uusicua agace.) '" A ce moment, Harold Lovd est au bord du vide; me souris dans son -lui mord la cuisse. Les peclateurs sont oppresss. Va-t-il tomber enfin? Je proite de l'anxit gnrale pOlir embr[lsser Gisle fl'misante ... Lumire! elle, a les "cux mouills. me Ile me reproche rin: elle me regarde, simplement.. C'est la sortie. JIad:,une Tal
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1 :J() LA l'aillent se trouvent il ln IlH:rci de Il'illlporie gime ygtarien, conlemple son nombril olin d{' parvenir il l'extase. Puissu('cde ces joies thosophi(:ues ulle piriode de lnisme chevel. o il st' s:IOt';le de rhulll. de pomes Illhilistl:'s, d(' luxurcs, de Il d li ra i t : -Un arslo(,l'ate, :lh, laisse-Illoi ... Ma famille me reprochl." de ne pas un Voici ('ommel1t c'('st nrri\'(:' . .Je vis depuis quinze jours avec ma mnill'css<,'. UI.le griffonlle ol'{lenl<.', mystique et qni m'inilie aux rites du vaudou. l\ollS hnbitons une petile chambre nu Morne--Tuf( lupiss('e de chromos et de gravures de renies illustres). o nous ornons nos nudits dl:' colliers. de coquillages el de fUlchets ... Alors ma famille fi trouv que fe n'tait pas des phsirs roUI' moi ..• tTn aristocrate'? Pense-douc! Il ya troissl'r1cs, nos OC'llX cOllrai('nt nl1S dans la brousse 1 :J() LA l'aillent se trouvent il ln IlH:rci de Il'illlporie gime ygtarien, conlemple son nombril olin d{' parvenir il l'extase. Puis succde ces joies thosophi(:ues ulle piriode de lnisme chevel. o il st' s:\Ot;le de rhulll. de pomes Illhilistl:'s, d(' luxures, de Il d li ra i t : -Un arslo(,l'ate, :lh, laisse-Illoi ... Ma famille me reprochl." dl' ne pas un Voici comment c'('st nJ'r\'(:'. ,Je vis depuis quinze jours avec ma mnill'css<,'. UI.le griffonlle ol'{lenl<.', mystique et qni m'inilie aux rites du vaudou. l\ollS hnbitons une petile chambre nu Morne--Tuf( lupiss('e de chromos et de gravures de renies illustres). o nous ornons nos nudits dl:' colliers, de coquillages ('Ide fUlchets ... Alors ma fmnille fi trouv que fe n'tait pas des phsirs roUI' moi ..• tTn aristocrate'? Pense-douc! Il ya troiss'r1es, nos OC'llX couraient nl1S dans la brousse
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I.A 13 ufric:aine et peul-trc qu'ils s'v Ilourissuienl e \'iande humainc... w. Id mon cntuarade OU\Tl un ricunement ignoble. -Ah! mon trre aill, lui. c'est un aristocrate. Il a tngrossi notre mnagre et il a dit que c'talmoi. Et personne n'a oul un instanl... Je me suis spar de Simon ,,\'CC mlalll'olil'. PmlYre amil Moi. je pense aussi que je suis un barbare, mais un barbare civilis. Je ne renierai jamais mes origines, sans pour cela perdre mon quilibre et souf frir comme il t'nI'r\'e. Pourtant je me rappelle, c'tait cn l'e\'enant de Franle. je m'tms li de camaraderie avec un officier du bord. Charmant garon. il y avait aussi sur le bateau, parmi l'quipage, un ngre du Cap-HHilien. Un j?ur, pour jouer (jc suis SI'), sans penser mal, l'offi cIer donml un coup de pied au ngre de l'quipage, Et (Iw:md il me regarda, il vit que je que de la hai ne il lui olTlir. y III Demuin je prendrai le Ia'nin pour St o je veux ruire un mois. Je me sens un grand besin de mditer. Je pars sans livres. J'ai prvenu ma famille, mes amis qUf' Je n'cri rai il personne. , SI Il v fi la mer, 111 grande solitude de la mer.)) ,l'irai parmi ls coquillages et les crabes; je lcherai la hl'idc ;.l mOI} cur, m'coutant vivre; ou bien je poussc rni dans le vent des cris de sauvage. Etla vague s'age nouillant me posera snr les pieds une bouche tide el sale. IX Je (lcvnJs appl'endre il SI Je dpart de Nausicaa pour la France. Je me rappelle encore le p. p. c. banal qu'elle me lit lenir el... mais quoi bon m'tendre sur une personne qui m'est dsormais trangre? (li suivre) I.A 13 ufric:aine el peul-trc qu'ils s'v Ilourissuienl de \'iande humainc... w. Id mon cntuarade OU\Tl un ricunement ignoble. -Ah! mon trre aill, lui. c'est un aristocrate. Il a tngrossi notre mnagre et il a dit que c'talmoi. Et personne n'a dout un inslanl... Je me suis spar de Simon ,,\'CC mlalll'olil'. PmlYre amil Moi. je pense aussi que je suis un barbare, mais un barbare civilis. Je ne renierai jamais mes origines, sans pour cela perdre mon quilibre et souf frir comme il t'nrr\'e. Pourtant je me rappelle, c'lait cn l'e\'enanl de Franle. je m'tms li de camaraderie avec un officier du bord. Charmant garon. il y avait aussi sur le bateau, parmi l'quipage, un ngre du Cap-HHilien. Un j?ur, pour jouer (jc suis SI'), sans penser mal, l'officIer donnn un coup de pied au ngre de l'quipage, Et (Iw:md il me regarda, il vit que je que de la haine il lui olTlir. y III Demuin je prendrai le Ia'nin pour St o je veux ruire un mois. Je me sens un grand besin de mditer. Je pars sans livres, J'ai prvenu ma famille, mes amis qUf' Je n'crirai il personne. , SI Il v fi la mer, 111 grande solitude de la mer.)) ,l'irai parmi ls coquillages et les crabes; je lcherai la hl'idc ;.l mOI} cur, m'coutant vivre; ou bien je pousscrni dans le vent des cris de sauvage. Etla vague s'agenouillant me posera snI' les pieds une bouche tide el sale. IX Je (lcvnJs appl'endre il SI Je dpart de Nausicaa pour la France. Je me rappelle encore le p. p. c. banal qu'elle me lit lenir el. .. mais il quoi bon m'tendre sur une personne qui m'est dsormais trangre? (li suivre)
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1 (' Difl'ctt'Uf : E. (;mnl-llrspolI.mblr : PH. THOBy-:\IARCELIX : E. RODIF.R .1. ROt:MAI:S .-\, YlEl'X PH. TJiOBy-:\lAncEIJ:-l Ih:--;IEI. HEl\TEI.Ol' CAHL BlltH',\I\I) ---._---@--------rnl,'ory Larbautl 1 '" partt' POt'nlI' de ;\hpl •. ,; Arc,o ) ,) 'Carlo,: l'dliCl-!' ) IIMiz COllntf'f' Culh'n, POt'III1," Pierre He\'erd y Les PI1t." tif' nrllllo!' 1., Ln \'estp , nnll\' .. SOli l'en ir Ir Et.! ItWIII! Lllt'on" l Les Hront''' 1 Sult> .. t lll 1 ;-:1 1\D1.' II: ,.: E\l!l.E Tnt. 1':11' .J,\CI.IL'f:.< HOU,\141:-1 (', HI, Blto!:' HIl Tl'd. par n. p, TIIOII\'-;\hllCl':LIS E)t1Lt: HonlEH C,HlI. Bnou.\lw D. Il n,THOt' ,"NI'E'" Bonn IS n. S\'I.\'\I;': p, 'l'llon\'-;\I.\ /WEU:O>: , 1 ,\ :oiTn-,; ,n \' n:I;, -------nll'k 1 \1 E Id E L E At:!!lr Rue" &: \I:" ... j .. ( IIAITl 1. 1 (' Difl'ctt'Uf : E. (;mnl-llrspolI.mblr : PH. THOBy-:\IARCELIX : E. RODIF.R .1. ROt:MAI:S .-\, YlEl'X PH. TJiOBY-:\lAncEIJ:-l Ih:--;IEI. HEl\TEI.Ol' CAHL BlltH',\I\I) ---._---@--------rnl,'ory Larbautl 1 '" partt' POt'nlI' de ;\hpl •. ,; Arc,o ) ,) 'Carlo,: l'dliCl-!' ) IIMiz COllntf'f' Culh'n, POt'III1," Pierre He\'erd y Les Pot." tif' nrllllo!' 1., Ln \'estp , nOIl\' .. SOli l'en ir Ir Et.! ItWIII! Lllt'on" l Les Hront''' 1 Sult> .. t lll 1 ;-:1 1\D1.' II: l,: E\l!l.E Tnt. 1':11' .J,\CI.IL'f:.< HOU,\141:-1 (', HI, Blto!:' HIl Tl'd. par n. p, TIIO/l\'-;\hllCl':LIS E)t1Lt: HonlEH C,HlI. Bnou.\lw D, Il n,THOt' ,l'NI'E''' Bonn IS n, S\'I.\'\I;': p, 'l'llon\'-;\I.\ /WEU:O>: , 1 ,\ :oiTn-,; ,n \' n:I;, -------nll'k 1 \1 E Id E L E At:!!lr &: \I:" ... j .. ( IIAITl 1.
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-LES ARTS ET LA VIE-Valery Larbaud: ! A. O. D\HNABOOTII "on JOlII'nal et 3e" Posies. ------):O::C-------.,. mais r:\ngiol in:] lail \'raiment udorable; VOliS celle chair de lilas blanc avec des profondeurs de spia brlante \'CI'S JlI !lUCfut', une de ces cratures de flamme el d'ombre.,. Ce sont de ces phrases qui fonl gonfler les pectoraux; un appel d'air sifn@ dans nurines, Ce fut dans Je Free Heference Library quc ce line me chul aux mains: A. 0, Barnaboolh. Jeune ignorant tomb dans Jalitlralure je dcoll\Tflis les Huteurs et maUres. ParnJJlement il la foi catholique, le culle du Moi me batissait une chapelle intrieure, Des Esseintes me promenait dans la d'[lllages avec les potes symbolistes, Je crus t rOll\'er un modle d[llls le Pio Ci.cl d'Angel Ganivet mais ('e fllt 13[1\'11:\hoolh qlli Ille dlina de cette obsession d'cole: .. , ;\;os aelions ressemhlent il des bauchs, des bras tendus dans le vide. On va faire un pus dcisif, une dmarche qui modifiera toule notre vie. La crise arrive; el quelques annes aprs, en regardant en arrire, nom; nOllS tonnons d'avoir t si mus et d'tres pen changs. Nous ne pouvons l'ien sur Jes vnements, et les vnemenls ne peuvent rien sur nous, quoiqu'on pense... • Le Journal d'A. 0, Barnnboolh oit plaire aux croles qUl golenl la crme de du Brevoorl-Lafayette . et Je caf du Midhmd's fI Manchester. Toute une gographie s'appl'enrl avec le fondu de la Creuse et Je compoyo -LES ARTS ET LA VIE-Valery Larbaud: ! A. O. D\HNABOOTII "on JOl\I'nal et 3e" Posies. ------):O::C-------.,. mais r:\ngiol in:] lail \Taiment udorable; VOliS celle chair de lilas blanc avec des profondeurs de spia brlante vers JlI !lUCfut', une de ces cratures de flamme el d'ombre.,. Ce sont de ces phrases qui fonl gonfler les pectoraux; un appel d'air sifn@ dans nurines, Ce fut dans Je Free Heference Library que ce line me chul aux mains: A. 0, Barnabooth. Jeune ignorant tomb dalls Jalitlralure je dcoll\Tflis les Huteurs et maUres. ParnJJlement il la foi catholique, le culle du Moi me batissait une chapelle intrieure, Des Esseintes me promenait dans la d'[lllages avec les potes symbolistes, Je crus t rOll\'er un modle d[llls le Pio Ci.cl d'Angel Ganivet mais ('e fllt 13[1\'11:\hoolh qlli Ille dlina de cette obsession d'cole: .. , ;\;os aelions ressemhlent il des bauchs, des bras tendus dans le vide. On va faire un pus dcisif, une dmarche qui modifiera toule notre vie. La crise arrive; el quelques annes aprs, en regardant en arrire, nom; nous tonnons d'avoir t si mus et d'tres pen changs. Nous ne pouvons l'ien sur Jes vnements, et les vnemenls ne peuvent rien sur nous, quoiqu'on pense... • Le Journal d'A. 0, Barnnboolh oit plaire aux croles qUl golenl la crme de du Brevoorl-Lafayette . et Je caf du Midhmd's fI Manchester. Toule une gographie s'appl'enrl avec le fondu de la Creuse et Je compoyo
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l::lll LA IIL\'I L 1:\IJl. 1: cubaill. Ll' \'U\';I"L' dll COlldolli're de SUlll't::" l'), 1 lIllt . de mdailles hicll l'i';lppes ... Il' prtrrt' rJll'll'ram' de Grard de!';ernd. qui. l'Il Suisse. Ile s'c,n'DITt' de !lOler que les villes o 1'011 Illange biclI. Le li\Te de Y[:ln' Larbaud salisfait (lt l'esprit cl 1 .. 8 sens. N'est-cc p: S lilO, qui cOlltl'mple Lille femllll'. il travers lesflcursetles \'erres, et all-del dc'S petils pl4its cuirasss de vermeil cl ? On a Je hrusques chu!!pesde scnes qu'on pourrnil voir soi-mme. La TurqUie ne vous est' pas suggre par le l'romage des coupoles ni Je sucre dCIi minm'els. Voici plullle film: A Orlakei, je croisai un groupe d'elllltHIUl'3 il cheval. lis l;tnient vlus e redingotes noires et de clwpeaux haut de ferme lincehlllls .• leurs visnges plats et ghlbrcs; j'entenis leurs voix, el qunnd .le ma j(' vis leurs grands chenlllx hrillnnts pllSSCI' l'clllhre dt's bosquets de cl'di,t's.)) 1.1 Y a toujours de ces images lIoslulgiques qui \'OIIS . cl'cnt un pays avec ce sells dll rel nu charme prorond. Valory Lnrbaud t'sI 1111 grand flnmaleul'.13nrnahoolh vous ftlit accomplir des voyages intl'ressauts tandis qlll' "ous restez un moelleux rautC'uil. Yenst'. YielllH', sont \'OqUl'S an.'c un arL qui Lient dll mil:acle. Plus dl' ces CO!l\'('llliollllel., d l'eau snle par des farcis dt' prjuges. C son l1le. l'nlll.re ... tl':lH'rS lIne Europe' qu'il recre pm' ses St'llSHt ions el sl'l1!inH'nts . .lamais I,<,s . conventions livresqlH's ne furcill al1l::1l1t hOllsculi{'s. La rsychologic I \'IIC . 1: cubaill. Ll' \'U\';I"L' dll COlldoIIi'r(' de SUlll't::" l'), 1 lIllt . de mdailles hicll l'i';lppes. ,.ll' prtrrt' rJll'll'ram' de Grard de!';ernd. qui. l'Il Suisse. Ile s'c,n'DITt' de !lOler que les villes o 1'011 Illange biclI. Le li\Te de Y[:ln' Larbaud salisfait (lt l'esprit cl 1 .. 8 sens. N'est-cc p: S lilO, qui cOlltl'mple Lille femllll'. il travers lesflcursetles \'erres, et all-del dc'S petils pl4its cuirasss de vermeil cl ? On a Je hrusques chul?pesde scnes qu'on pourrnil voir soi-mme. La TurqUie ne vous est' pas suggre par le l'romage des coupoles ni Je sucre dCIi minm'els. Voici plullle film: A Orlakei, je croisai un groupe d'elllltHIUl'3 il cheval. lis l;tnient vlus dc redingotes noires et de clwpeaux haut de ferme linceh1l1ls .• leurs visnges plats et ghlbrcs; j'entendis leurs voix, el qunnd .le ma j(' vis leurs grands chenlllx hrillnnts passer l'clllhre dt's bosquets de cl'di,t's.)) 1.1 Y a toujours de ces images noslalgiques qui \'OIIS , cl'cnt un pays avec ce sells dll rel nu charme prorond. Valory Lnrbaud t'sI 1111 grand flnmaleul'.13nrnahoolh vous ftlit Hccomplir des voyages intl'ressauts tandis qlll' "ous restez un moelleux rautc>uil. Yenst'. YielllH', sont \'OqUl'S an.'c un arL qui Lient dll mil:acle. Plus dl' ces COl}\'('lltiollllel., d l'eau snle par des farcis dt' prjuges. C son l1lt>. l'nll!.re ... tl':lH'rS une Europe' qu'il recre pm' ses sellSHI ions el sl'l1tinH'nts . .lamais I,('s , conventions livresqlH's ne furcill
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U. HE\'t'E I="iDlGE="iE I-lO dUl'Htioll latine lui t'ait l'l'pIHll1nt accepter de fausses valeurs. L duc le \\' aydberg csl un homme mprisHble. BUl'lluboolh lui n accord ln main de sa maitrE?sse et ce ml1age 1 l'ois 1'('IH:llol1le eOIllI1H! UI1 acte hroque. Les r61es sont rt'Il,'el'sl's, c'est le jnlllc homme qui donne de hu'gellt et le S'tI1H..'lIt de voir son 110111 figurer aupres de celui d'un duc dans les journaux mondains, alors qu'il n'aurt'lil qu'il tl'Ildre la lIwin pOUl' m'oil' des pl'lI<;{'sses. Dalls :\laret.'1 Proust, Swann Ile se vanle pas d'enlrer chez le comle de Paris, Il pouse une cocole et se flicite de l'el't\'oir lin mnuge de l'one! iOllnH ires, 011 Ile pHS du chez ('CS matres; la sonate de Vinleuil est exprime tout. d'lill musicographe. S0I111et de ce du \'oJ des aigles VOliS Venge. () Seigneur. les gorgs, dont les os, .. ).) Barllab()ol li SE'llt tIC l'Europe Ile veut pas di lui. il Il''' cs! Cfu'en [o\l .. iste et ,'oudrait avoir "iU place en Allglele'I'J't'. dnns I('s Espngnes tlllX grandes ...... glises toules
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1-11 opiulIJ dt' rOI:hl i S:lIlS lequel !lotis '1(' pourriom; YiHl'; VOlri lajl'lllH: t"('illllH' de\l'l', E!lt Il-est,plus dl' fu rt'lI r" J H 1lH.;t' 1 t' il llllW i Il<.' Ill' \ j 0 1l'111 (' plus trails. Je lys n'esl pas souill. d'igllobles cradwls: (c .. ce profil mocenl indinf sur unli\Tl', el si ('nt'antin qu'on s'atlend cc houcle glissl' dl' l'pnulr et cache soudain la page .. , -Je eonnais Ull jeune gnronqui, il son pl'emil'r ('('IHlczvous europen cntra UIH' glise el: d('se'sl)(!l'(. Iwin Dieu d'cartel' de lui ce' e:lliee de dliccs. Voki le COIllpagnon de Barnaboolh, le de Pulouurcy: il parcourt lesnH's des villes il la rCl'hel'chedesfilies cl disant son chapelet pour weil pas 1 l'on no' l'. C'('st le franais qu'on remarque par ses gesles dans les UI1-glaises. Le thoricien des l::mIlH:s. pasgl'4l\H! aballC'.l11 de bois mais hbleur sympathiquE': -che!'! l' :\nglelelTe est le pays des hnisel's .. Ils y sont cc que les honbons son! Espagne. Les peilles servantes de!it holels; les petiles 'vendeuses des 1l13gnsins, oh dea!'! VOll5 les t.'mhl;nssrz sur ln el elles SI' f achell!: Ho\\' dnrc Yo li'! J) l'I e IIl's HH! 5 1 (' Ild ('ni Il'S lvres. . Ile manger:! pas dt' \iandp les "('IHla'dis mais il sc d('sF!oJ'('lllill('5 qui. il h'lllToirl'.son! ce qu'il y [\ de plus fin Cil Jtrdie:,( Ce! Il' c1111 il'. ('0,11 leur d(' hl(' l11r, t'es lwlites ga!C'II('s dl' polt'llla' ch:nlde.H JI s(;,l'app{'lIe les I-{!'(\SS('S FSlwgncl('s 1)(': Il dolni"nins pOlir perrudH's l':(,IlII1ll'lIlnlps Le I1HII'quis veul IIll contact bouche il houc!H'. LH mei'l leure f 1I1H'lungne IIf,'st-(lIe )Hlh d'aimer et de ('('l,t'voir sPs It't'ons d'une fClllH' .• f!actylogl'nphc ou IlHHlislf-"! Pulorinl'y doil ressemhle!' UII pell VnU'I'Y Larhnud.('OmllJ(' ('l'('':ll(,lIl'il ('si 1,11 opiulIJ dt' rOI:hl i S:lIlS lequel !lotis '1(' pourriom; YiHl'; VOlri lajl'lllH: t"('illllH' de\l'l', E!lt Il'est,plus dl' fu rt'lI r" J H 1lH.;t' 1 t' il llllW i Il<: Ill' \ j 0 1l'111 (' plus trails. Je lys n'esl pas souill d'igllobles cradwls: (c .. ce profil mocenl indinf sur unli\Tl', el si ('nt'antin qu'on s'atlend cc houcle glissl' dl' l'pnulr et cache soudain la page .. , . Je eonnais Ull jeune gnronqui, il son pl'emil'r n'IHlczvous europen cntra UIH' glise el: d('se'sl)(!l'(. Iwin Dieu d'cartel' de lui ce' e:llice de dliccs. Voki le COIllpagnon de Barnaboolh, le de Pulouurcy: il parcourt lesnH's des villes il la rCl'hel'chedesfilies cl disant son chapelet pour weil pas 1 l'on no' l'. C'('st le franais qu'on remarque par ses gesles dans les UI1-glaises. Le thoricien des /::mIlH:s. pasgl'4l\H! aballe.l11 de bois mais hbleur sympathiquE': -cher! l' :\nglelelTe est le pays des hnisel's .. Ils y sont cc que les honbons sont Espagne. Les peilles servantes de!it holels; les petiles 'vendeuses des 1l13gnsins, oh dea!'! \"0115 les t.'mhl;nssrz sur ln el elles SI' f achell!: Ho\\' dnrc Yo li'! J) l'I e IIl's HH! 5 1 (' Ild ('ni Il'S lvres. . Ile manger:! pas dt' \iandp les "('IHla'dis mais il sc d('sF!oJ'('lllill('5 qui. il h'lllToirl'.son! ce qu'il y [\ de plus fin Cil Jtrdie:,( Ce! Il' c1111 il'. ('0,11 leur d(' hl(' l11r, t'es lwlites ga!C'II('s dl' polt'llla' ch:nlde.H JI s(;,l'app{'lIe les gr(\ss('s FSlwgncl('s 1)(': Il dolnivnins pOlir perrudH's l':(,IlII1ll'lIlnlps Le I1HII'quis veul IIll contact bouche il houc!H'. LH mei'l leure f
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LA HE\TEl:\IlI(,E:\E l-:l2 collediollllClIr de Il1Ibres et 'uniformes de soldats. Je C'l!r du nH1rquis se serre la pense de SOli frre cadet, .Jeall le spahi . ... O.Jean, le ,'!uleil d6ccIIlbre sur la Rivienl, la vitessc, le monde qui s'ouvre dt toutes parts. offrant ses valle\. ses ,'illes, scs noulTituJ'fS, baisers, et une balle dans la tNe. au lac Tchad .. , Swunn aime Odette ({li i ressemhle ulle figure e Boticelli. Comment ces ne nOlis ils pas, la vrit tisse leurs pages. Ainsi Barnaboolh tombe amoureux d'ulle aell'ice de caf concert: elle ressemble ladv Lilith de Dnnle-(iabriel Rosetli. Ce don de s)'mpnlhie intervient encore qui fait de Valery Larhnud un hUlllaill. Toutes les classes sociales sont dcriles <.1\":c leur:'\ tares et leurs dfauts. Et B!.'Irnabooth veut aimer Floride BHiley, pour I(,s insu Iles, les misres qu'elle a dit suhir. [1 la respedo, rHyant dj lue pour fiance el les abandons de l'actrice ne sont que subis: (/ Oh dear. lers I)[I\'e ri kiss.)' Ici illten'ienl Carluvvels, l' .. dministrpleul' des biens du millionnaire. Forl'ie Haile:y Il'esl qu'ulle espiollne gage ct qui surveille Harnaboolh. Les fils de lords des grisettes doi\'ent sllbi,. ces scnes el ces carIes postales o ]a bien aime l'si Cil de bien rcheuses poses. Notre hro!'l soul'il douloureusement et veut convoler malgr tout. Florrie Bailey lui offre autant de baisers qu'il pourra prendre a,'nnt l'heure du dl'parl el Barnahoolh dgoul de el' Ilwrchand:lgl' 50 relire SOLIS les instilles de ln ft-'Illelle blanche. Par la felltre denllll laqut.dle j'nis, je ne .VOIS rien, sinon trois. bouleaux argent(s ... SOll\mes dans le Sainl-Empire russe avanl la oit devait dispHI'Hll'c le Isar bhmc. Barntlhool Il \' I,(trouve son adolt'sl'ClH'e et cette me desaxe qui le :rendait sourd nux penses des livres et indiffrent l'expl'iencc des vieillards. Vnlery Larbaud ait les larmes de cet ge. les rougeurs sans cause et ce tourhillon d'ides (Ill'On a peillE' il mailri5er, ceUe concentration dl'),l'll'e prt il riposh'r il mennce imprvue. Bnl'lHlboolh se sOll\'t'nl-il de ses premires amours. LA HE\TEl:\IlI(,E:'\E l-:l2 collediollllClIr de Il1Ibres et 'uniformes de soldats. Je C'l!r du nH1rquis se serre la pense de SOli frre cadet, .Jeall le spahi . ... O.Jean, le ,'!uleil d6ccIIlbre sur la Rivienl, la vitessc, le monde qui s'ouvre dt toutes parts. offrant ses valle\. ses ,'illes, scs noulTituJ'fS, baisers, et une balle dalls la tNe. au lac Tchad .. , Swunn aime Odette ({li i ressemhle ulle figure e Boticelli. Comment ces ne nOlis ils pas, la vrit tisse leurs pages. Ainsi Barnaboolh tombe amoureux d'ulle aell'ice de caf concert: elle semble Jadv Lilith de Dnnle-(iabrieJ Rosetli. Ce don de s)'mpnlhie intervient encore qui fait de Valery hnud un hUlllaill. Toutes les classes sociales sont dcriles <.1\":c leur:'\ tares et leurs dfauts. Et B!.'Irnabooth veut aimer Floride BHiley, pour J(,S insu Iles, les misres qu'elle a dit suhir. [1 la respedo, rHyant dj lue pour fiance el les abandons de l'actrice ne sont que subis: (/ Oh dear. lers I)[I\'e ri kiss.)' Ici intervienl Carluvvels, l' .. dminislrpleul' des biens du milliollnaire. Forl'ie Haile:y Il'esl qu'ulle espiollne gage ct qui surveille Harnaboolh. Les fils de lords des grisettes doivent sllhi,. ces scnes el ces carIes postales o ]a bien aime l'si Cil de bien rcheuses poses. Notre hro!'l soul'il douloureusement et veut convoler malgr tout. Florrie Bailey lui offre autant de baisers qu'il pourra prendre l'heure du dl'parl el Barnahoolh dgoul de el' 50 relire SOLIS les insu\(es de ln ft-'Illelle blanche. Par la felltre denllll laqut.dle j'nis, je ne .\'015 rien, sinon trois. bouleaux argent(s ... SOll\mes dans le SninlEmpire russe avanl la oit devait dispHI'Hll'c le Isar bhmc. Barntlhool Il \' I,(trouve son adolt'sl'ClH'e et cette me desaxe qui le :rendait sourd nux penses des livres et indiffrent l'expl'iencc des vieillards. Vnlery Larbaud ('l'it les larmes de cet ge. les rougeurs sans cause et ce tourhillon d'ides (Ill'On a peillE' il mailrer, ceUe concentration dl'),l'll'e prt il riposh'l'il mennce imprvue. Bnl'lHlboolh se sOll\'t'nl-il de ses premires amours.
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eetteSmyrniole dOllt le mme t'Il plein solc,j 1 avait cette clart inlr(>un', ce!lc ,'h('mencc solennelle el lrngiquc du teint. A. O. Baruab,wlh a 23 ; liS : il ('si reHll1I de bien d<:s choses. Maxime Clarcmor;s son brogueirlal1(I(lu. rapporteur au conseil de guerre) a d s'enthotlsi:lsIlH'r de ce jeune officier en malllt>au gris. 1111 p;I'nnd gaillard il la figure longue et coupante sous la ,?isire l'on rl'. C'est Je prince le Massarre11l' dn Kharzan. Il emlhne Barnal>oolh fumer un cigare sons les Hiad,\' el voqut' prcmirt's cigarettes. la place rong(,' , 'St Basile, ce pensionnat de sainles pplites filles en grand costume du Paradis. En Occident les villes souillent le deI leul'schemieetteSmyrniole dOllt le mme t'Il plein solc,j 1 avait cette clart inlr(>un', l'l'tic ,'h('mencc solennelle el lrngiquc du teint. A. O. Baruab,wlh a 23 ; liS : il ('si reHll1I de bien d<:s choses. Maxime Clarcmor;s son brogueirlal1(I(lu. rapporteur au conseil de guerre) a d s'enthotlsi:lsIlH'r de ce jeune officier en mUlllt>au gris. 1111 p;I'nnd gaillard il la figure longue et coupante sous la ,?isire l'on rl'. C'est Je prince le Massarre11l' dn Kharzan. Il emlhne Barnaboolh fumer un cigare sons les Hiad,\' el voqut' prcmirt's cigarettes. la place rong(,' , 'St Basile, ce pensionnat de sainles ppliles filles en grand costume du Paradis. En Occident les villes souillent le deI leul'schemi
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14 nes 'usillc tandis qu'en Hussil' il est chez lui, l'Empirt. le contemple tOltt le jour et loute la nuit. [ls out des tramll1ways, l'lectricit, des lllngasins, du champagne et des invelltiolls modernes, Cest Ull hutin (lui lmasse tout !lutoUI' du Kremlin. :\lnis 011 Il'y tient pas. ("cst du rrodson' cOlllmode el amusant. Stplwne est un l'ber. JI sel'_il plutt avec les r\'olllnal'es. mais il n'cst pas de leul' monde. Son est de construire des roules et nHlltrisel' un pays HU galop de ses cosaques. Tout jeulie on l'en\'oie en mission mililaiJ'e dans le Klwl'znn, Il doit tout taire: la guerre, l'organisation adlllinislral\'e du pn)'s. Des patriotes tynlllilisni<,nl les gens et s'emplissaient les poches de l'argent des nuf's, Taudis qu'ils hurlaient, ils tendaicil 1 une main secrte dans de louches combinaisons pOUl' )<.'urs compatriotes. Un peloton d'excution n \,j!(, rnil de Ilr.'lIoyer le Khnl'zall de ces parasi les; : .... l'ai fail l't' que v\:'llleilt faire les l't!gicidt's l'Il t .. ul'ope : ( Tyl'ans. descendez au cercueil! la phrasft Ill'es! re\'enuc en mmoire quand les feux de peloton ont claqu en rleine nuit dans les fosss de la fortel'esse. J'!niscll tl'ain d'<1che\'er le tnH' d'une roule. et j'y metluis toule ma science d'ancien brilhmt lve cie l'cole Constantin ... .Je r\'c d'ull Stephnl1e qui halayant nos politiciens agrondirait le domaine de l'homme. Duss-je y pril" .j'aimerais encore cntendl't' la fusillade da nos voleul's {t tratres S[lIlS nomhre tandis que des roules seraient ollvel'les dans tout le pays, Nous aurions notre Universil. nos lyces Duraient pour rl'ofesscur5 des licenci(s et des agrgs et non de ces l'nIs que chaque Gouvernement Illet ell place comme l'comp"nse de snles besognes, et nos matres sOl,tis de l'Ecole Normale Suprieure 1 rot1v(,I'aienl II n champ il leurs activits qui {'l'OllpissPllt dans 1ft misrt' pour ne pas plaire aux IlHI it l'es de l'heure. Au lieu de singer les Gambetta nos m'aleurs Inisseraient ln place il des technidens qui ne parleraient pHS, mais agirai('nt. Il y en Asie llll pays enl ier qui un jour m'appelera (( Pre de lu Patrie)); un pays pOUl' lequel j'ai t comme Hercule pOlll' ... 14 nes 'usillc tandis qu'en Hussil' il est chez lui, l'Empirt. le contemple tOltt le jour et loute la nuit. [ls out des tramll1ways, l'lectricit, des lllngasins, du champagne et des invelltiolls modernes, Cest Ull hutin (lui lmasse tout !lutoUI' du Kremlin. :\lnis 011 Il'y tient pas. ("cst du rrodson' cOlllmode el amusant. Stplwne est un l'ber. JI ser_il plutt avec les r\'olllnares. mais il n'cst pas de leul' monde. Son est de construire des roules et nHlltrisel' un pays HU galop de ses cosaques. Tout jeulie on l'en\'oie en mission militaire dans le Klwl'znn. Il doit tout taire: la guerre, l'organisation adlllinislral\'e du pn)'s. Des patriotes tynlllilisni<,nl les gens et s'emplissaient les poches de l'argent des nuf's, Taudis qu'ils hurlaient, ils tendaicil 1 une main secrte dans de louches combinaisons pOUl' )<.'urs compatriotes. Un peloton d'excution n \,j!(, rnil de Ilr.'lIoyer le Khnl'zall de ces parasi les; : .... l'ai fail l't' que v\:'llleilt faire les n!gicidt's l'Il t .. ul'ope : ( Tyl'ans. descendez au cercueil! la phrasft Ill'es! re\'enuc t'n mmoire quand les feux de peloton ont claqu en pleine nuit dans les fosss de la forteresse. J'!niscll train d'<1che\'er le tnH' d'une roule. et j'y metluis toule ma science d'ancien brilhmt lve cie l'cole Constantin ... .Je r\'c d'ull Stephnl1e qui halayant nos politiciens agrondirait le domaine de l'homme. Duss-je y pril" .j'aimerais encore cntendl't' la fusillade da nos voleul's {t tratres S[lIlS nomhre tandis que des roules seraient ollvel'les dans tout le pays. Nous aurions notre Universil. nos lyces Duraient pour rl'ofesscur5 des liccnci(s et des agrgs et non de ces l'nIs que chaque Gouvernement Illet ell place comme l'comp"nse de sales besognes, et nos matres sOItis de l'Ecole Normale Suprieure 1 rot1v('l'aienl II n champ il leurs activits qui {'l'Ollpisst'llt dans 1ft misrt' pOUl' ne pas plaire aux nHI it l'es de l'heure. Au lieu de singer les Gambetta nos m'aleurs Inisseraient ln place il des technidens qui ne parleraient pHS, mais agil'ai('nt. Il y en Asie llll pays enl ier qui un jour m'appelera (( Pre de lu Patrie)); un pays pOUl' lequel j'ai t comme Hercule pOUl' ...
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1-1,-) LA Hl:.\TE1:-;[llOf::-;t.: . Bal'lJ:ihulh lHi H'ul J,US (-In> ('l' qu'ou nppelle un polilim, tillt' clf.' ('('S li(jllt qui rI ')1 Il1t' .lage stTI('s dos pels (h.'s aurf'xcepl !'i:l sagesse si pniblem.ent a(', quise, Le$ rt'belles ont pnclis a,'ec le GOU\'cl'uemenl le a maint<:nunt nn<.> diclalure f(>I'Illt' II a pous Concha, celle petile (olllpnt.-iote n'cucilli tl Londres. Bal'llaooolh r:l\'Hil fail (It.",(,)' (,'1 inslruir a\'ec soin. fi s'en l'elolll'n:.' t'lwz lui t'I 10111 seul. par, des chnines de son amolli' il \'a faiJ'(' 1':1('(,' il la \'ie loti simplelllt"111. .. , Quaire.' hl'IIIt'S. h jOtll', .rni nllUlll toules It.'s lamp{'s dt 1:1 lIIaison {'I Il' pl'l'l'nqlld. que: 1 dflrl fi n':'\'eilll' d (fui s'agih' d:lllS 1"1 ('Pgt> ,III SOlllllll d'ull<'> pile cI( \'alises, ne S(' l'clit'nl p!lJ'" dt' Iwrlt.' : -Lro ... Lol'tn ? ... Lorilo ri'al ! ... • 1e fus ('oU\' ('OJ1lIlW PulmulI'E'y (!uns un l'ollige lIe. BrusqlJ('llwlll la dl en Em'ope je plong<.'si tNe bm.s( dU\1S I('s hiblic lhquE's pour 1Ilt' sf!oulel' de hf'lI<.'s histoires, I.(pn miel' vers (Jue j<.> lus d'Endymion fui: fi ... a lI"f{ 1 be8uly is a joy 'fol' ('\'(.'1'11, Mon "sprit d'AfI'(':1n St" phi snit aux ferie!; d<.> Yeals, iJ hl pUi'\SalH e, aux tl'Heuici ces de James .1oy('C's duns 1 i",'(;' qut' j<.> ris \'! nit' exprs dt' FranC'e, L':\l11e s'mt'ut au !'\'e d, "iolons C'omme l l'oracle des lam!nms, aimons 1-1.-) LA Hl:.\TE l'slllOt,St.: . Bal'lJ:ihulh lHi H'ul J,US (-In: ('c.' qu'ou nppclle un polilim. tillt clf.' ('('S li(jllt qui rI ')1 Il1l' .lage StT)('S dos pels (h,'s aurf'. Le (io';\'ernellleu( pro\'isoire lui "ffJ'e )a didulure t'Il ';dli:llge de son aide p( tlni're. LL \'ieille dmu'eul" ('1 colonia)f.> lui svurit el Ir. au pa,'s il ln INe d'une floUe de guerrc: W -Ton p'lyS H bl'son (l'un Porlirio Diuz ! Tu perdslolJ {l'lIIpS, Slphm:l', ton ami Bm'lUlbooU chappe il t'l'l'tains ridiru)es. Il J:sl PliS. tait. rom' C4 rle--('omme ses t'ompalrioll's les qui sou tinrent un sige de quatre jours suries toilsde leur ('01, lge Paris quanti on "oulut les rmnellCl' t'n AlllJ iqut' Il peul rien snI' les vnements. noIre Baplboolh et Il a la tte trop hien fuile pour lourner il,' Hbn comme une hlicc. Foire.' :lUX \'::mils, EUl'op.iI "OUI abandonne toul. <.>xcepl !'i:l sagesse si pniblem.ent quise. Le$ rt'belles ont pnclis n,'ec le GOU\'cl'l1emenl le a maint<:nunt llll<'> diclalure f(>I'Illt' II a pous Concha, celle pclile (olllpnt.-iote n'cueilli tl Londres. Bamaoolh r:l\'Hil rail (It."()' t'I inslruir a\'ec soin. fi s'en l'etoUl'n:.' dH'z lui {'I 10111 seul. par, des chnines de son amolli' il \'a faiJ'(' 1':1('(,' il la \'t' loti simpJelllt"111. .. , Quaire hl'lIlt'S, h jOtll', .rni nllulll toules It.'s Jamp{'s dl' J:l lIIaison {'I Il' pl'l'l'nqlld. l(1It.' 1 dflrl fi n':'\'eilll' d (fui s'agih' dans S'I ('Pgl> ,III SOlllllll d'ull<'> pile cI( \'alises, ne Sl' l'elit'nl pllJ'" dt' Iwrlt.' : -Lro .. , LOl'itn ?,., Lorilo ri'al ! ... • le fus ('oU\' ('OJ1lIlW PulOlulI'ey (!uns un l'ollige ('Il ('::'1<'11(>1(('. BrusqlJ('llwlll la dl en Em'ope je plong<.'si tNt' bm.s( dU\1S I('s hiblic lhques pour 1Ilt' s:louler de hf'lI<.'s histoires, I.('pn miel' vers ()ue j<.> lus d'Endymion rul: fi ... a lI"f{ 1 be8uly is a joy 'fol' ('\'(.'1'11, Mon "sprit d'AfI'(':1n St" phi snit aux ferie!; d<.> Yeals, il hl pUi'\SalH e, aux tl'Heuici ces de James .1oy('C's duns 1 i",'(;' qut' j<.> ris \'! nit' exprs dt> Fran('e. L':\l11e s'mt'ut au !'\'e d, "iolons ('omme l l'oracle des lam!nms, aimons
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147 mas. Le tilm nfruchit Ils pflySfI;:::U d rend ll('uf" comme des pl\.es d'( r. Puis, dans tille ville de pro\'llce de virllx :lInis furent tonns delmportnncc d'un monsieur qu'ils considraient conllue un amnteur. D'anciennes cousines; peut .... tre ddaignes, III 8 parlrent d'un jeune garon !iIllide aux gestts embarrasss, 11 y ,\,ait des magistrats hochant leurs ttessceptiques,des mamans avec des filles joueuses de tennis ... de jeunes artistes aussi. Je me souviens d'une villa, dalle; les parages d'une place rendue clbre par Gustave Flaubert, et du fameux pot-au-feu dontjeme rgnlais. Les Enfantines de "fllery Lm'baud ne sont pas dans mon rayon de lin'es, les ouvrages de cet Buteur tant impossibles trouver. J'y retrouverais peut-tre l'enfant inquiet nuls dou d'une riche imagination, les premicrs sentiments troublesnots nvec ceUe surfIt> d(' main que 1'0ll trou H' chez :\larc{'1 Proust. "The Sha\'ing or Shagpat" de nlvnit directement conduit au line de Goha le Simple d'Ad s et .Josipo\'ici .• Je fus enthousiasm qllnnd je pus trollH'r BaG:lgno d'Alex COI1SlnlllIlOY, En Hrtti. des histoires 1'011-lent aussi sur 1I1l Bouqu prestigieux, ivrogne, "Billard. pnillnrd etsynonyllle de .. rcsplre qll'.-\Iltonio Vieux 110115 donnera ce li \Te laill :lIlt'lIdll el qlle dans }t"s Iihnrit-s Iloln' Bouqui na!ioll:ll ir:l l'E'.ioindre Gohn l'hgyplie-n el le Bul gHrt' Ib-(j:::gl1(). Ln ge-ste-belge C0l1l1Jll'lll1 lu U'!2,l'llde d'lIt'llsptf!."l' 1 de Chu ries de Coste!'. Ces de haule gruissC' et savoureux m'apprirent une phr:lse substantielle {'omIlle un os il moelle.Cuie! Buysse dont Oll ne parle asse.z, Les rm'Ce-s de PallictH sont style aussi riche que le CnntegriJ de Ibymond Escholier. (Jutre l'hisloire, la phrase l'Il doit me satisfaire pleiJH>ment. Il est de ('('s lectures qui vous donnent une pli'niInde de sensntioll COlllllll' tlpr('" Ull hOll repris . . rias mr ponr 1::1> posies d'A. O. Burnalmolh qll!:' me prNn monslIbtil ami Philippe Thby-:\lareelill. D'ahord les Borboryglllt's qUI Ille consolent de certaines grognt"IlH'nts sourd", de l't'slomnc ('t des en147 mas. Le tilm nfruchit Ils pflySfI;::;U d rend ll('uf" comme des pl\.es d'( r. Puis, dans tille ville de pro\'llce de virllx :lInis furent tonns delmportnncc d'un monsieur qu'ils considraient conllue un amnteur. D'anciennes cousines; peut .... tre ddaignes, III 8 parlrent d'un jeune garon Jimide aux gestts embarrasss, 11 y ,\,ait des magistrats hochant leurs ttessceptiques,des mamans avec des filles joueuses de tennis ... de jeunes artistes aussi. Je me souviens d'une villa, dalle; les parages d'une place rendue clbre par Gustave Flaubert, et du fameux pot-au-feu dontjeme rgnlais. Les Enfantines de "fllery ne sont pas dans mon rayon de lin'es, les ouvrages de cet Buteur tant impossibles trouver. J'y retrouverais peut-tre l'enfant inquiet nuls dou d'une riche imagination, les premicrs sentiments troublesnots nvec cette surfIt> d(' main que 1'0ll trou H' chez :\larc{'1 Proust. "The Sha\'ing or de nlvnit directement conduit au line de Goha le Simple d'Ad s et .Josipo\'ici .• Je fus enthousiasm qllnnd je pus trollH'r BaG:lgno d'Alex COI1SlnlllIlOY, En Hrtti. des histoires 1'011-lent aussi sur 1I1l Bouqu prestigieux, ivrogne, "Billard. pnillnrd etsynonyllle de .. rcsplre qll'.-\Iltonio Vieux 110l1S donnera ce li \Te laill :lIlt'lIdll el qlle dans }t"s Iihnrit-s Iloln' Bouqui na!ioll:ll ir:l l'E'.ioindre Gohn l'hgyplie-n el le Bul gHrt' Ib-(j:::gl1(). Ln ge-ste-belge C0l1l1Jll'lll1 lu U'!2,l'llde d'lIt'llsptf!."l' 1 de Chu ries de Coste!'. Ces de haule gruissC' et savoureux m'apprirent une phr:lse substantielle {'omIlle un os il moelle.Cuie! Buysse dont on ne parle asse.z, Les rm'Ce-s de PallictH sont style aussi riche que le CnntegriJ de Ibymond Escholier. (Jutre l'hisloire, la phrase l'Il doit me satisfaire pleiJH>ment. Il est de ('('S lectures qui vous donnent une pli'niInde de sensntioll comml' tlpr('" Ull hOll repris . . rias mr pour 1::1> posies d'A. O. Burnalmolh qll!:' me prNn monslIbtil ami Philippe Thby-:\lareelill. D'ahord les Borborygnws qUI Ille consolent de certaines grognt"IlH'nts sOllrd", de l't'slomnc ('t des en-
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LA ItE\TEI:\[)HiE:\E 148 Ira}l!e5, Toul tou\' enjous ct macahres. Deux amHnls qUI Illlerrolllpcnt leurs pour {'coufer ce gloussement toufT-. Ct bruit de car,II'c vid et s'I!fforccnt de' IH.' pHS ('clater de rire: <1 \'oil pourtaut ln ilicolllp,'ulaellsihie (111. je Ile pOHrrai jUlliaib l'lits nier; roilit pOllrtant ln df'rlljj.re parole fJllej .. dirai Qllan til'! ';0 SM'lIi IIfI pailHe mori qui ride! (li suivre) EMILE HOl1MEH (( LA REVUE INDIGNE ... prsente ses lecteurs deux. des meilleurs )IEXICAIXS dn IIlOlllCllt: J[. ][aples A.rce el Carlos Pellicer dont le modernisllle aigu \l'a rien d'exlnlYagnnt. Le dynamisme de :\1. Arce est seulement, comme le disait dernirement le Diario de la Marina de la Havane. inaccssible aux impuissants pseudo-intellectuels. On aimera nussi (ou, ma foi. 011 n'nimel'a pUI) la douloureuse et !wtll'ianle fantaisie de Cnrlo3 Pellicel'. LA ItE\TEI:\DUjE:\E 148 Ira}l!e5, Toul tou\' enjous ct macahres. Deux amHnls qUI Illlerrolllpcnt leurs pour {'coufer ce gloussement toufT-. Ct bruit de car,II'c vid et s'I!fforccnt de' IH.' pHS ('clater de rire: <1 \'oil pourtaut ln ilicolllp,'ulaellsihie (111. je Ile pOHrrai jUlliaib l'lits nier; roil pOllrtant ln df'rlljj.re parole fJllej .. dirai Qllan til'! ';0 SM'lIi IIfI pailHe mori qui ride! (li suivre) EMILE HOl1MEH (( LA REVUE INDIGNE ... prsente ses lecteurs deux. des meilleurs )IEXICAIXS dn IIlOlllCllt: J[. ][aples A.rce el Carlos Pellicer dont le modernisllle aigu \l'a rien d'exlnlYagnnt. Le dynamisme de :\1. Arce est seulement, comme le disait dernirement le Diario de la Marina de la Havane. inaccssible aux impuissants pseudo-intellectuels. On aimera nussi (ou, ma foi. on n'nimel'a pUI) la douloureuse et !wtll'ianle fantaisie de Carlo3 Pellicel'.
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1H1 LA HE\'VE CET'I'E:\Ol"YELLE Cette profondeur du pUl10rama est une projection vers les mi!'ngcs illtl'"urs. La foule sonore aujourd'hui franchit les places comnlllllnles. et le-6 hurrahs triomphaux de l'obrgonisme r\'erbrent au soleil des facades. o jeune fille romantique, . . grande flamme d'or, Peut-tre entre mes m.lns seulement. demeurrenlles moments vivnnts. Les paysages habills de jnune . s'endormirent derrire les vitrines. ctlla ville. emporte, . est reste trembhmte dtlllS les cordages. Les applaudissements salit celle muraille. -1\1on Dieu 1 -N'aie crainte, c'est la vague romalltique des lllultitudes. Aprs, sur les dbordements dn silence, la ira croissnntc. Eteids tes fentres. Entre la mcanique de l'insomnie la luxUI'e, ce sont des millions d'yeux
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LA HE\'L'E ELEnJE Du haut du balcoll, 011 voit: beaucoup d'autos ont pass. Du haut du balcon, on pense: je hais tous les livret; . .Je suis triste parce que je ne suis pas bon. Dimanche. Un de ces stupides dimanches sans soleil. Il semble que la cathdrllle est hypothque. Je me meurs de l'envie de fuir de moi-mme. Il semble que j'ai IlHlIlgl' des pommes Ytlnkees. li v a une seule femllle au monde elle est absente. Si j'tais peintre je serais sauv . ..\. vec la couleur je crerai, toute Ulle evilisation. Le bleu rouge et l'orange gris: le vert en tonnants se changet'ait. Sagesse des couleurs neuves! 150 atelier serait dans les paturages d'Apam. Enfin cesserait le doute actuel. Je ne peindrais pas des hommes mais deI volcans. Les plus clbres viendraient moi. CARLO. PELUCER (Traduit de l'espagnol par Jacques Roumain) l.A HE\'L' E ELEnJE Du haut du balcoll, 011 voit: beaucoup d'autos ont pass. Du haut du balcon, on pense: je hais tous les livret; . .Je suis triste parce que je ne suis pas bon. Dimanche. Un de ces stupides dimanches sans soleil. Il semble que la cathdrllle est hypothque. Je me meurs de l'envie de fuir de moi-mme. Il semble que j'ai IlHlIlgl' des pommes Ytlnkees. li v a une seule femllle au monde elle est absente. Si j'tais peintre je serais sauv . ..\. vec la couleur je crerai, toute Ulle evilisation. Le bleu rouge et l'orange gris; le ved en tonnants se changelait. Sagesse des couleurs neuves! 150 atelier serait dans les paturages d'Apam. Enfin cesserait le doute actuel. Je ne peindrais pas des hommes mais deI volcans. Les plus clbres viendraient moi. CARLO. PELUCER (Traduit de l'espagnol par Jacques Roumain)
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Hfiz L'aube. douce aux malades, rjouit les fll'U1'S. llil'nllil clateront les du Malin. C'est rheure dt's dosions divines. 0 mon me cours rnfnlichir tes ailes lasses, la rose qu i dOl'l dmls 1 e ca !ire des roses, () mon cur emprunte la voix des oiseAux mlodieux; je veux parler du frais. du chantanl IlMiz. Combien dejnsmins de Chirnz sC' sonl ftms 0 HMiz, depuis que tu descendis dHlt'S la tomhe silenef'use -,-combien de jasmins. et rependant bu\'eul'de le cur qui rythmait lt's Gazels 1llt'lodit'ux, but encore au mme rythme que les nlres. Les poles onl dit: les chansons du cUl' sont ternellt's. Des l'urs semblables au tien, dans des (>oill'ines prissahles comme fail la tienne, ballent encO\'e 0 joueur s encore. lasss (\t's t'ouleurs l'hnngeant<.>s du soupilt'I'onl apri>!i le cyprs qui bercera la poussire t'aime dl' !t'llrs dl'sirs. Il o H/iz pote des dsirs lu fus. dt'sil s tu fus gnllld......,. souli. Nul micux oill'ines prissahles comme fail la tienne, ballent encO\'e 0 joueur s encore. lasss (\t's t'oulel\rs l'hnngeant<.>s du soupilt'I'onl apri>!i le cyprs qui bercera la poussire t'aime dl' !t'llrs dl'sirs. Il o H/iz pote des dsirs lu fus. dt'sil s tu fus gl'lllld......,. souli. Nul micux
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J.A JU::Vl:/<: 152 IHfiz exalte les (,'ocurs hrulanls l'Ol1llllC des c:icrgt's. Touche cc l'OCUI' Irouhl qui, malgr so'fl trouble, yuut cent mille l'oeurs npaiss. Et t'ncore.)) .i'tJe eherc.:hez tn Hfiz ni pntince ni repos;;. Hli7 IHlquit obscl\1'menl Chiraz. Quel pole aima . aussi passionenl sa \'Ille nalale. Grce il ton pote hien-aim, nous respirons encore tes roses 0 Chiraz, les mUl'mures du Hoknatwu bercent encore nos rves tllanguis, ct nous coulons soupirer la brise des vergers de Musalta, Sage il "<'l'ut, la tte ceinte du turban souti. Etendu llonchnlell1mcllt sur un tapis, il n'interrompuit de tumet' son narguil que pour savourer du vin. La brise effeuillait les l'oses de son jardin; des femmes onduleuses passaienl, que la brisede la destine etTeuil .. leroit aussi lIll jour. Des rossignols mlodieux chanlaient. Quand vinl l'heul'e dchiranle dt:' la du corps et de l'me. sourire aux lvres,et les yeux sereins, il mou ru 1. CARL BROVABD J.A JU::Vl:/<: 152 IHfiz exalte les (,'ocurs hrulanls l'Ol1llllC des <:crgt's. Touche cc l'OCUI' Irouhl qui, malgr so'fl trouble, yuut cent mille l'oeurs npaiss. Et t'ncore.)) eherc.:hez tn Hfiz ni pntince ni repos;;. Hli7 IHlquit obscl\1'menl Chiraz. Quel pole aima . aussi passionenl sa \'Ille nalale. Grce il ton pote hien-aim, nous respirons encore tes roses 0 Chiraz, les mUl'mures du Hoknatwu bercent encore nos rves tllanguis, ct nous coulons soupirer la brise des vergers de Musalta, Sage il "<'l'ut, la tte ceinte du turban souti. Etendu llonchnlell1mcllt sur un tapis, il n'interrompuit de tumet' son narguil que pour savourer du vin. La brise effeuillait les l'oses de son jardin; des femmes onduleuses passaienl, que la brisede la destine etTeuil .. lernit aussi lIll jour. Des rossignols mlodieux chanlaient. Quand vinl l'helll'e dchiranle dt:' la du corps et de l'me. sourire aux lvres,et les yeux sereins, il mou ru 1. CARL BROVABD
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COUNTEE CULLEN. A propos du pote Iloil' Countee Cullen, Mr Carl Van Vechten a publi dans VANITYFAIR que ce pote est le plus jeune el l'un des meilleurs crivains ngres des Etats-Unis d'Amrique. Il avait peine vingt et-un ans quand LE VOILE DE COULEUR ( publi en Novembre 1924, dans American Mercury) crtlllne sensation analogue celle cre pnr la publication dt! RENASCENCE d'Edna SI. VincenL .:\Iillay, plannt son auteur immdiatement au premier rang parmi les potes contemporains, bhmes ou noirs. Il est noter que comme tout al'liste distingu de n'importe quelle race, Cullcn est capable d'crire des stances qUI n'ont aucun rnpport avec les problmes dt" sa race. A cet gard, sen seul prcurst'ur ngre, tlUssi loin que l'on puisse remonler, eslle pote Pushkin dont les vers s'inspire-nt de l'histoire et du folklore russe quoi qu'il fut art'il'e petit-fils d'un esclave. Countee CuHen, Cl'il l'Huteur de THE FI RE THE FLINT, Waltel' "'hite, appm'It'nt cetle compagnie de lyriques donl A. E. et Ednn SI Vincent Millay sont les brillantes toiles. Il n'est pas un simple n'I'sificnteur ni un banal assembleur de mols qui riment signification ou sentiment. SOllvers produit Ulle motion ol'ofonde; les mols chonlent harmonipllsenH'nt sans etle'plntitlldeet celle verbosili' ordinairt'ment chez les dhutants. L("s l1Jotlons sont notes sincrement et les tableaux gnws nelt("ment comme nvec une pointe sche, .. Countee Cullen .rst un vrai pote. Ce pole de vingt-quatre fins n dj publi en librairie un trs long pome intitul LA BALLADE DE LA FILLE BRUNE et un volume de pomes COLOR d'ou nous extrayons les vers suivants que La Rtmue Indigine est hem'euse d'om'il' il ses 1"c!el1rs. DmtlNIQl:t;; H YPPoLln:. COUNTEE CULLEN. A propos du pote Iloil' Countee Cullen, Mr Carl Van Vechten a publi dans VANITYFAIR que ce pote est le plus jeune el l'un des meilleurs crivains ngres des Etats-Unis d'Amrique. Il avait peine vingt et-un ans quand LE VOILE DE COULEUR ( publi en Novembre 1924, dans American Mercury) crallne sensation analogue celle cre pnr la publication dt! RENASCENCE d'Edna SI. VincenL .:\Iillay, plannt son auteur immdiatement au premier rang parmi les potes contemporains, bhmes ou noirs. Il est noter que comme tout al'liste distingu de n'importe quelle race, Cullcn est capable d'crire des stances qUI n'ont aucun rnpport avec les problmes dt" sa race. A cet gard, sen seul prcurst'ur ngre, tlUssi loin que l'on puisse remonler, eslle pote Pushkin dont les vers s'inspirt'nt de l'histoire et du folklore russe quoi qu'il fut art'il'e petit-fils d'un esclave. Countee CuHen, Cl'il l'Huteur de THE FI RE THE FLINT, Waltel' "'hite, appm'It'nt cetle compagnie de lyriques donl A. E. et Ednn SI Vincent Millay sont les brillantes toiles. Il n'est pas un simple n'I'sificnteur ni un banal assembleur de mols qui riment signification ou sentiment. SOllvers produit Ulle motion ol'ofonde; les mols chonlent harmonipllsenH'nt sans etle'platitlldeet celle verbosili' ordinairt'ment chez les dhutants. L("s l1Jotlons sont notes sincrement et les tableaux gnws nelt("ment comme nvec une pointe sche, .. Countee Cullen .rst un vrai pote. Ce pole de vingt-quatre fins n dj publi en librairie un trs long pome intitul LA BALLADE DE LA FILLE BRUNE et un volume de pomes COLOR d'ou nous extrayons les vers suivants que La Rtmue Indigine est hem'euse d'om'il' il ses 1"c!el1rs. DmtlNIQl:t;; H YPPoLln:.
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1...\ llE\'CE NOIRES Ccllt's-lil Il'011\ pus dt, Christ pOlll' s'humilier A nil't, SUI' le sahlt" 154: (IIvilunl celui qui l'sI SUIIS pch A leur jeler la premire piCITl'. , Et si le Clll'ist venait. l'Iles Ile pOlilTuient pas {u:heler L'onguent parfum pOUl' son pied. Le pl'ix de leur chail' suilit A la IHlllrrilul'e du I.'orps, , Les dmnes et propres passent aupl's d'elles Et conll'e leUl' souillure prolgt'nl leurs robes, les ont te l'in" prt; Elles el1\'eloppt'nt leurs blessures jeul' lierl, Elles sont dsolc..'s depuis qlll' 1(, Chl"st ahundoIHw Ln Croix pour mOllle'1' SIII' un 1!'<'lIlC, El la Vertu s'nbaisse ('11('01'1.' A leur Innl.'er ln pit'ITt" Chevouchunt une fois dans .Ie \'ieux Bultimol'l". La tle el le cu r pleins de joie, .Je vis Uli BulLimoren Fixel' son regard sur moi, Alors j'avais huit ans et j'tais Il's petit Et lui n'tait pas plus gros que moi. Ainsi je souris, mais il ti l'a dehors Sa langue, et m'appe1a, (Sa1e Ngle.)) .Te vis tout Baltimore De Mai jusqu' Dcembre; De tou t ce que je t rouv" i l C'est tout ce dont je me l'appelle. POUR UNE BAVARDE , Dieu et le diable discutent encore A savoir qui l'aura ou la repoussera; Dieu n'a pas besoin de discorde dans son ciel: Satan en a assez dans l'enfer, J Lountee CULLEN' (Traduction de Dominique-Hippolyte) 1...\ llE\'CE NOIRES Ccllt's-lil Il'011\ pus dt, Christ pOlll' s'humilier A nil't, SUI' le sahlt" 154: (IIvilunl celui qui l'sI suns pch A leur jeler la premire pierrc. , Et si le Clll'ist venait. l'Iles Ile pOlilTuient pas {u:heler L'onguent parfum pOUl' son pied. Le pl'ix de leur chail' suilit A la IHlllrrilul'e du I.'orps, , Les dmnes et propres passent aupl's d'elles Et conll'e leUl' souillure prolgt'nl leurs robes, les ont te l'in" prt; Elles el1\'eloppt'nt leurs blessures jeul' lierl, Elles sont dsolc..'s depuis qllc 1(, Chl"st ahundoIHw Ln Croix pour mOllle'I' SIII' un 1!'<'lIlC, El la Vertu s'nbaisse ('11('01'1.' A leur Innl.'er ln pit'ITt" Chevouchunt une fois dans ./e \'ieux Bultimol'l". La tle el le cu r pleins de joie, .Je vis Uli BulLimorell Fixel' son regard sur moi, Alors j'avais huit ans et j'tais Il's petit Et lui n'tait pas plus gros que moi. Ainsi je souris, mais il tinl dehors Sa langue, et m'appe1a, (Sa1e Ngle.)) .Te vis tout Baltimore De Mai jusqu' Dcembre; De tou t ce que je t rouv" i l C'est tout ce dont je me l'appelle. POUR UNE BAVARDE , Dieu et le diable discutent encore A savoir qui l'aura ou la repoussera; Dieu n'a pas besoin de discorde dans son ciel: Satan en a assez dans l'enfer, J Lountee CULLEN' (Traduction de Dominique-Hippolyte)
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PIERRE REVERDY On a accoulum ans certains milit:llx hatiens, surtout si l'on tient il fuire pl'eu\'e e bon sellslittl'tli.'e d'un Sf, de mpriser les manitesllliollS arlisti!lues de l'esprit mode.:ne. Ln posie nouvelle t'st qualifie de Iill-de-sicle l'Le dcadente, aY.('(' des petits haussements d'paule Pour cblcni .. butio'l de nos tep'ioles (qui peuvent selTt'r lu main il Clment Vautel: Nous .SOU\I\lt'!:i 'affreux bourgeois), il fmldrait tOUl'nel' sans ct'sse des lieux el de clichs teniels,' sans !'isquel' la moindre \'el'sl.e neur... bref. I,ilincl' .SUl' phu'e. comme des oufs s'elllisnll.1, Le premiel' qui a n 1: ( "011" yolpz J'avenil'. Et,'e les ,'ieilJe" cho,..p,"" c'est un' mtier de fo,.::,o\"elll', iutnnt v\'re parmi le" ;'ercueils et les copeaul: ! Les Epaves du Ciel-ont valu il Pierre Revel'dy le prix du Nouveau Monde. Ce livre runit des plaquettes de pomes (vers et prose) parues de 1915 1922. Depuis. l'auteur a Publi Les Ecumes de la ./Uer!" que je n'ai. pas enc(>re lues. Mais ceci,je pense, ne peut m'empcher de donner, de lui. \lne ide plus ou moins exacte. . . • EditioDs de la Nouvefle Franaise, :-i, Rue de Grenelle, Simon Kra, c!diteur, 6, rue Blanche, . PIERRE REVERDY On a accoulum ans certains milit:llx hatiens, surtout si l'on tient il fuire pl'eu\'e e bon sellslittl'tli.'e d'un ST, de mpriser les manitesllliollS arlisti!lues de l'esprit mode.:ne. Ln posie nouvelle t'st quali fie de Iill-de-sicle l'Le dcadente, aY.('(' des petits haussements d'paule Pour cblcni .. butio'l de nos terl'oles (qui peuvent sel'rt'r lu main il Clment Vautel: Nous .SOU\I\lt'!:i 'affreux bourgeois), il fmldrait tOUl'nel' sans ct'sse des lieux el de clichs teniels,' sans !'isquel' la moindre \'el'sl.e neur... bref. I,ilincl' .SUl' phu'e. comme des oufs s'enlisHIl.!. Le premier qui a n 1: ( "011" yolpz J'avenir. Et,'e les ,'ieilJe" cho,",p,,:, c'est un' mtier de fo,.::,o\,elll'. iutnnt v\'re parmi le" ;'ercueils et les copeaul: ! Les Epaves du Ciel-ont valu il Pierre Reve.'dy le prix du Nouveau Monde. Ce livre runit des plaquettes de pomes (vers et prose) parues de 1915 1922. Depuis. l'auteur a Publi Les Ecumes de la ./Uer!" que je n'ai. pas enc(>re lues. Mais ceci,je pense, ne peut m'empcher de donner, de lui. \lne ide plus ou moins exacte. . . • EditioDs de la Nouvefle Franaise, :-1, Rue de Grenelle. Simon Kra, c!diteur, 6, rue Blanche ..
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15n " Lllposic de Hl'\'erdv est il lirwge tic l'nurore. Le hus des maisons est cnol'c bre. que dj les surgissent en pleineQ lumineuse. ( MOiti olllbl'e, moiti IUlIlire )'. cl'it .Jean Cocteau tluns Le (;rand Ecart. If c'est l'cliliru,ge des pluntes,.. Les Epave, .. du Ciel sont une belle fille insense. a,'ec des t!clail's de lucidit l'eg8l'd. qui vlln tahle P.t la lampe :::ont l qlli ffi'atte'irilent. eu PI.'ose). et de .fuies ROlllains: '" L'ombre le 10II Appu,\ll'it sur 1ll01l CO/'p" . . .. L'horizon lllontuglleux :\11.1 "errtlt cOlllme lin CUlHjUe, ... Une chaleur pre:::'lue charnelle' Sort de III ch.lmhre lentement: Elle fait le tour de mon corpi< Et se mle avec mon haleine. Odes Bevel'dy me semble avoir subi :.luss l'influence de Maeterlinck. Certains de ses pomes ouvrent des fentl'es sur le mystre. avec une angoisse lI's parente de celle des Douze Petites Chansons: ... Personne ne parle -personne ne parle d'outrefois. Car plusieurs amis sont l qui le regardent . .. , Il n',v avait rien pourt.'\nt et dans le silene" !!:':lln tahle P.t la lampe :::ont l qui ffi'atte'irilent. eu PI.'ose). et de .fuies ROlllains: '" L'ombre le 10II Appu,\ll'it sur 1ll01l CO/'p" . . .. L'horizon lllontuglleux :\11.1 "errtlt cOlllme lin CUlHjUe, ... Une chaleur pre:::'lue charnelle' Sort de III ch.lmhre lentement: Elle fait le tour de mon corpi< Et se mle avec mon haleine. Odes Hevel'dy me semble avoir subi :.luss l'influence de Maeterlinck. Certains de ses pomes ouvrent des fentl'es sur le mystre. avec une angoisse lI's parente de celle des Douze Petites Chansons: ... Personne ne parle personne ne parle d'outrefois. Car plusieurs amis sont l qui le regardent . .. , Il n',v avait rien pourt.'\nt et dans le silene" !!:':
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, ] :li LA j:\ul\.f.\L Les Jockeys Camoujks dWlltl'll1 bl course des lIuages HVt'C Ull rylhme de Ilwrch(' qui nlJ)])clJ(' cl'l'lailleS Ollnrtures des opras de Hichard ""1gner. cl paIIclIlin.'-:ment celle de Lu H alk Yrie. Aux amateurs du(ct hllmainH , Les Epaues du Ciet sont une bonne et lourdc l't'co III pt'llsC'. On)' renco n l "e de ces vers qui vous empoignent il hl 1l1l.C]UC. ou serrenl dlicatement le cur. Et (juclle bimplicil dnlls t'expressIOn. Par instants, une petite Ilole ironiqut,. Reverdy alll'ait pu exceller dans Je genre complainte. 11 y a en lui du Laforgue, mais plus trngiqU{'l" mOil)! sautillant. Certains de ses vers ont la sublilil cl ln des hai-kas: ... On a des armes pOUl' rirE' et un cur pour mourir . ... Il V a des moments o 1'011 ,omlnlit tl'e llleillt'ur Ou ter quelqu'un. ... Le tomps est pa"" Je n'ai rien fait. /QuelqlU'i' Pomp.i" ", La l'ie avec lion cur la "ie a\'ec ,:;e .. yeux Quel temps pns,,: quel temps pt'ru. . ... La pluie !le tombe plu;,; Ferme ton parapluie Que je ,'oie te;,; jambe" S'panouir lIU l'oleil. (Ln LI/col'lle 0/10(1') Les Epaves du Ciel sont une des U\TE'S lyriques le! plus belles de ce temps. PH. THOBY-:MARCELlN. , ] :li LA I:\U!\;f.\L Les Jockeys Camoujks dWlltl'll1 bl course des lIuages HVt'C Ull rylhme de Ilwrch(' qui nlJ)])clJ(' cl'l'lailleS Ollnrtures des opras de Hichard ""1gne,.. cl paIIclIlin.'-:ment celle de Lu H alk Yrie. Aux amateurs du(ct hllmainH , Les Epaues du Ciet sont une bonne et lourdc l't'co III pt'llsC'. On)' renco n l "e de ces vers qui vous empoignent hl 1l1l.C]UC. ou serrenl dlicatement le cur. Et (juclle bimplicil' dnlls t'expressIOn. Par instants, une petite noie ironiqlH.'. Reverdy alll'ait pu exceller dans Je genre complainte. 11 y a en lui du Laforgue, mais plus trngiqU{'l" mOil)! sautillant. Certains de ses vers ont la sublilil cl ln des hai-kas: ... On a des armes pOUl' rirE' et un cur pour mourir . ... Il V a des moments o 1'011 "omlnlit tl'e llleillt'ur Ou ter quelqu'un. ... Le tomps est pa"" Je n'ai rien fait. /Quelq /1('1' Pomp.l" ", La l'ie avec lion cur la yie a\'ec ,:;e .. yeux Quel temps pns,,: quel temps pt'ru. . ... La pluie !le tombe plu;,; Ferme ton parapluie Que je ,'oie te;,; jambe" S'panouir au l'oleil. (Ln LI/col'lle 0/10(1') Les Epaves du Ciel sont une des U\TfS lyriques le! plus belles de ce temps. PH.
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AIIlOlll', qlle je Il' tienlle ellire mes brus nel'\,(;ux cOlllme la COII!H? d'or o ce roi de l!fl'nde t"> buvuit, .. Que huvail-il ce prince aux del'niers feux du jour qui se mourait slIr la dserte quel vin remplaceruit ln bouche l'Il des cheveux d'lIlle belle et qlli tremhle eH son angoisse gnHlde'l Il n'l'si besoin. ,\IlJOLIr. de rhulIls IIi dl' l'oinlreUNX lIlalS IlOUS \'oulOlls tH chuir dessus IlOS pectoraux. 1\ :\ IlW li r. CI lie .i l' te se LI: l', () ur. co III r e III C<'l te. IllOn mnou\' qui palpite cl dl' t011 jeutle sein t'l d'tlll corps Irt"l\liss;llll dans noIre l'Iwlllhl'e haut!.'. Que trelllbient les baisl'!'s <.'Olllllle un r neurs o .lteills lentclllent ma soif ardell/{', alllOllr, ct IllC.l failll de caresse. Amour. dessous le ciel et d'un pnys c1wrmanl que je me fonde en toi IllOIl HIllOUI' et le presse saccageant le sommeil qui ,'emporte au repos buvuit, .. Que huvail-il ce prince aux derniers feux du jour qui se mourait slIr la dserle quel vin remplaceruit ln bouche l'Il des cheveux d'lIlle belle et qlli tremhle eH son angoisse gnHlde'? Il n'l'si besoin. ,\IlJOLIr. de rhulIls IIi dl' l'oinlreUNX lIlalS IlOUS \'oulOlls tH chuir dessus IlOS pectoraux. 1\ :\lllOUI'. que ,il' te seule, cOlll re c<'lle. IllOn mnou\' qui palpite cl dl' 1011 jeutle sein t'l d'tlll corps Irt"l\liss;llll dans noIre l'Iwlllhl'e haut!.'. Que trelllblenl les baisl'!'s <.'Olllllle un r neurs o .lteills lentclllent ma soif ardellt{', alllOllr, ct IllC.l failll de caresse. Amour. dessous le ciel et d'un pnys c1wrmanl que je me fonde en toi IllOIl HIllOUI' et le presse saccageant le sommeil qui ,'emporte au repos
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Bi ES Ta bouche est grenade-s HUX gl'nins de pourpre, Egl qll i mal'Chl' (Ta mre poule pst d'os el [>:lIThe, ) ds reins .. nnsi qu'eunuque ou moine dans brelan, quand brle Ull signe succulent dans le gras de la Iluque, Demain Iupllrlc'ras sur nez comme mre yelTUC, sche seras CO III me morue cl tes 1':'111(.\s. E:\HLE Bi ES Ta bouche est grenade-s HUX gl'nins de pourpre, Egl qll i mal'Chl' (Ta mre poule pst d'os el [>:lIThe, ) ds reins .. nnsi qu'eunuque ou moine dans brelan, quand brle Ull signe succulent dans le gras de la Iluque, Demain Iupdrlc'ras sur nez comme mre yelTUC, sche seras CO III me morue cl tes 1':'111(,\s. E:\HLE
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LA IIEVLJE wo .\lIOL;US PilA En ce temps lil, nos amours sentaient les produits phnl'lllaccutiques. rodeur de! l'ther endormait la Sur la tOlble, pres du lit, pais. le laudanulll brunissait un l'lucon. :'\os baisers un got de solutioll Iode \Ic') bras ton COli, la brlure dll wintergreen. On :;lvait des larmes aux veux mais l'on riait quand mnle. Dolores, te souviens-tu dc ces jours, douloureux certes, mais si pleins du charme des anciennes choses Parfois. quand je soufTrai5 trop, tu Ull peu de mes souffrances . .\ deux 011 portait gaiement la douleur. C.o\.HL BROUARD LA IIEVLJE wo .\lIOL;US PilA En ce temps lil, nos amours sentaient les produits phnl'lllaccutiques. rodeur de! l'ther endormait la Sur la tOlble, pres du lit, pais. le laudanulll brunissait un l'Iacon. :'\os baisers un got de solutioll Iode \Ic') bras ton COli, la brlure dll wintergreen. On :;lvait des larmes aux veux mais l'on riait quand mnle. Dolores, te souviens-tu dc ces jours, douloureux certes, mais si pleins du charme des anciennes choses Parfois. quand je soufTrai5 trop, tu Ull peu de mes souffrances . .\ deux 011 portait gaiement la douleur. C.o\.HL BROUARD
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Hii LA HLn 1. I\Plld.:\L Ctoit (au temps o Hati s'nppelail SI Domingue.) une jeune et douce ngresse. vtue d'un cnrnco il ramages. le cou lourd de yerroteres, et les bras chargs de mtal. C'hlit (an temps o Hati s'appelail SI Domingue,) Hne jeune et dotlce ngresse. assise nu bord d'une source o bruissent des hananiers touffus, endormant son enfant, et chantnnt des berceuse!'; n
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LA ltEVCI:: FERVEUR Dans la nuit fervente, diapre d'toiles sans nombre. je s.ravirai le plus haut des monts. el {lverai la voix, el Je chanterai ton amour-. et ma voix sera une plainte, une extase, une volupt. Je dirai mon cur nu, nu comme un corps prt pOUl' l'umour. Je dirai ma chair lacre, me, fivre ardente . .Je dirai mon ol'gueil meurtri, tal tes pieds comme un tapis soyeux. et l'ineffable frmissemenl qui m'treint. quand tes pieds doux, y passent et repassent. Et dans la nuit brlante, tu couteras ma voix plaintive, extasie, voluptueuse. CARL BROVARD 162 LA ltEVCI:: FERVEUR Dans la nuit fervente, diapre d'toiles sans nombre. je s.ravirai le plus haut des monts. el {lverai la voix, el Je chanterai ton amour-. et ma voix sera une plainte, une extase, une volupt. Je dirai mon cur nu, nu comme un corps prt pOUl' l'amour. Je dirai ma chair lacre, me, fivre ardente . .Je dirai mon ol'gueil meurtri, tal tes pieds comme un tapis soyeux. et l'ineffable frmissemenl qui m'treint. quand tes pieds doux, y passent et repassent. Et dans la nuit brlante, tu couteras ma voix plaintive, extasie, voluptueuse. CARL BROVARD 162
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----{IJ-----Le pt soit avec vous L'BCCLI!SJ.UTB. Pour Chantier boueux el faces blanchies laissant. voir de noires claircies, o percent des boules de lotos. Quatuor fumant,. sous le chaud soleil de midi, . ils sont l. l',air gnn'e de gens comme il faut, ave,cque quelque chose de plus vrai, l'cre de.ur d'une chair,cuisant dans son jus, Ils sont Iii. les quatre. le derrire l'l'posant sur leurs lalons. Gnmds enfnts aux nez pals, aux poils pouilleux, aux pantalons Imus, qui montrent des lesses flasques. d'Oll s'espacent des ils jouent [lU D. ----{IJ-----Le pt soit avec vous L'BCCLI!SJ.UTB. Pour Chantier boueux el faces blanchies laissant. voir de noires claircies, o percent des boules de lotos. Quatuor fumant,. sous le chaud soleil de midi, . ils sont l. l',air gnn'e de gens comme il faut, ave,cque quelque chose de plus vrai, l'cre de.ur d'une chair,cuisant dans son jus. Ils sont Iii. les quatre. le derrire l'l'posant sur leurs lalons. Gnmds enfnts aux nez pals, aux poils pouilleux, aux pantalons Imus, qui montrent des lesses flasques. d'Oll s'espacent des ils jouent [lU D.
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LA BEVUE INDIGNE NOCTURNE PQur ASTONIG VIEUX Comme un Q,nfant timide, qui n'ose se montrer et nous regarde de derrire une porte, la pleine lune bleue se tient derrire des nuages blancs. L'horloge de Saint-Pierre, de la voix avine, a sonn ses dix coups. Lascivement' cO\lchs il l'ombre complice d'un sablier touffu, ils se disent des mots tendres et doux, dont la fin se perd au travers de leurs lvres colles. Un liquide, un peu tide, l'odeur d'ammoninque, leur passe sous les doigts. C'est Midouin le fou. qui sous l'il de la lune dgonfle sa vessie. D. HECRTELOU 164 LA BEVUE INDIGNE NOCTURNE PQur ASTONIG VIEUX Comme un Q,nfant timide, qui n'ose se montrer et nous regarde de derrire une porte, la pleine lune bleue se tient derrire des nuages blancs. L'horloge de Saint-Pierre, de la voix avine, a sonn ses dix coups. Lascivement' cO\lchs il l'ombre complice d'un sablier touffu, ils se disent des mots tendres et doux, dont la fin se perd au travers de leurs lvres colles. Un liquide, un peu tide, l'odeur d'ammoninque, leur passe sous les doigts. C'est Midouin le fou. qui sous l'il de la lune dgonfle sa vessie. D. HECRTELOU 164
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105. APUS LE BAIN POlir LU,TLU;() !'Jane sOl1l't toute belle en montrant ses deux jolies den ts bl a l1ehes. Sa robe bleue, lgl'emen 1 plus bas que ses hanches laisse voir deux petites (uisses. toutes roses .. sillollnes de replis. Elle vt"nt de prendre sou hlln. NUlle, et sa bonne la jloudrerisl'. l'embrasse ici, la, ln, puis sous le has ventre. C'est bon. c'est doux, a bh qUI dans la bouche de sa nounou en danJ {( fait pipi l) 1), HEl'RTEI.Ol: 105. APUS LE BAIN POlir LU,TLU;() !'Jane sOl1l't toute belle en montrant ses deux jolies den ts bl a l1ehes. Sa robe bleue, lgl'emen 1 plus bas que ses hanches laisse voir deux petites (uisses. toutes roses .. sillollnes de nombl'eux replis. Elle vt"nt de prendre sou hlln. NUlle, et sa bonne la jloudrerisl'. l'embrasse ici, la, ln, puis sous le has ventre. C'est bon. c'est doux, a bh qUI dans la bouche de sa nounou en danJ {( fait pipi l) 1), HEl'RTEI.Ol:
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El'uchltiOIl penible du saxophone f qui crche dan s le soir lourd des notes discorda Il tes, Dans la salle basse. o flotte, ense, un parfum de luxure. les couples. se trmoussant au rythme de la mringue, exhalent l'cre odeur de bles en rut. Et dans le coin ombreux qu'illumine son sourire de noire, je tche d'touffer le qui me tue. DA:s'IEL H EURTELoe 166 • • El'uchltiOIl penible du saxophone f qui crche dan s Je soir lourd des notes discorda Il tes, Dans la salle basse. o flotte, ense, un parfum de luxure. les couples. se trmoussant au rythme de la mringue, exhalent l'cre odeur de bles en rut. Et dans le coin ombreux qu'illumine son sourire de noire, je tche d'touffer le qui me tue. DA:s'IEL H EURTELoe 166 • •
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107 .. II EL:\XeOLIE La lune face blme de gar . dans le ciel d'occirlenl, . glisse lentement dans du velours bleu, Sous le mrtpou touffu o l'ass6tor selllbie gmir, petite noire au corps lisse ardent sous le voile qui cache peine sa nudit eUe pousse des cris. Et mon me. dont les sons lugubres du tambou!' font vibrer les fibres s'imprgm' d'une tristesse lourde. Oh! n'avoir plus l'me des "uctres du Congo!! DANIEL HEllR'rELOU 107 .. II EL:\XeOLIE La lune face blme de gar . dans le ciel d'occirlenl, . glisse lentement dans du velours bleu, Sous le mrtpou touffu o l'ass6tor selllbie gmir, petite noire au corps lisse ardent sous le voile qui cache peine sa nudit eUe pousse des cris. Et mon me. dont les sons lugubres du tambou!' font vibrer les fibres s'imprgm' d'une tristesse lourde. Oh! n'avoir plus l'me des "uctres du Congo!! DANIEL HEllR'rELOU
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.-\ HICHAHU Quand il entra Jalls le bar,Saivre se sentit cOlllme llll voyageur touchant terre ferme. Des rclames atricht;s aux murs brillaient il tl'avers ln fume des Il s'assit dans Ull coin sombre. Un dorllluit ctt de lui. II le poussa rudement pOlir mettre l'ais. L'autre entr'ounit des yeux \'itreuxet dil:( Napolon est mort dans son lit)) Il se rendormit IHlssitt. Saine Ile" sourit pas de c.:tte phrasc et par la felltre. La pluie raisnil 10lldl'e la lumire du rvcrbre. De fines d'or tombaient. Derrire, lu grande lIuit "ugut', le grand silence noir. < Si 011 laissait la porte pensa SahTl',loul monde ici sc.' tairait. Le entrerail el les prendrait il la gorge, Il se sentuit hicll, l11uis le bruit lui faisait mal. Chaque clat de yoi*, le frappait au fronl. Une prostitue monta l'eseulierau bras d'ull matelot. Elle avait des gestes hiS. La pense de Saine' la suivit un instant. Ilia vit blanchc', sc cl"neifiel' SlII' ulle (,Ol1\'el"ture l'ouge et sale. Pourquoi ( rouge )songetl-l-il 11 ne 8:1-vait. Mais il tait certain que lu l'ouverture tut rouge. Il but un verre de lier ueu!', puis un deuxit'l1le, puig IlIl troisime. Alors il eut trs chaud, retira S3 vesle ('1 l'accrocha au .mur en fHec de lui il un clou. Une discu'ssion s'leva nu fend de la salle. Une voix (Le femme monla trs haut el sc cassa nl. Puis foui s'apaisa en un murmure conrus. L'inogne se rveiIJn. Il avait la fnce trs maigre et Je regm'd noy. Une petite cicatrice en forme de V talouait curieusement son fl,ont. Cet homme devint soudain affreusement antipathique il Saivre, Il souffrait presque physiquement. il ne savait pourquoi. de Je sentir prs de lui et tressaillit violel1lment en entendant: .-\ HICHAHU Quand il entra Jalls le bar,Saivre se sentit cOlllme llll voyageur touchant terre ferme. Des rclames atricht;s aux murs brillaient il tl'avers ln fume des Il s'assit dans Ull coin sombre. Un dorllluit ctt de lui. II le poussa rudement pOUl' mettre l'ais. L'autre entr'ounit des yeux \'ilreuxet dil:( Napolon est mort dans son lit)) Il se rendormit IHlssitt. Saine Ile" sourit pas de c.:tte phrase et par la felltre. La pluie raisnil 10lldl'e la lumire du rverbre. De fines d'or tombaiellt. Derrire, lu grande lIuit "ugut', le grand silence noir. ' Si 011 laissait la porte pensa SahTl',loul monde ici sc.' tairait. Le entrerail el les prendrait il la gorge, Il se sentuit hicll, l11uis le bruit lui faisait mal. Chaque clat de yoi*, le frappait au fronl. Une prostitue monta l'eseulierau bras d'ull matelot. Elle avait des gestes hiS. La pense de Saine' la suivit un instant. Ilia vit blanchc', sc cl"neifier SlII' ulle (,Ol1\'el"ture l'ouge et sale. Pourquoi ( rouge )songetl-l-il 11 ne 8:1-vait. Mais il tait certain que lu l'ouverture tut rouge. Il but un verre de lier ueu!', puis un deuxit'l1le, puis IlIl troisime. Alors il eul Irs chaud, retira S3 vesle ('1 raccrocha nu .mur en fucc de lui il un clou. Une discu'ssion s'leva nu fend de la salle. Une voix (Le femme monla trs haut el sc cassa nl. Puis foui s'apaisa en un murmure conrus. L'inogne se rveiJJn. Il avait la fnce trs maigre et Je regm'd noy. Une petite cicatrice en forme de V talouait curieusement son fl,ont. Cet homme devint soudain affreusement antipathique il Saivre, Il souffrail presque physiquement. il ne savait pourquoi. de Je sentir prs de lui et tressaillit violel1lment en entendant:
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Hi!1 C:llnanlde. \"oul('z,\ollS l'rendre 1111 \"{.'II'l' an'I' I1\U,'? M?lis il lHTl'p!:1. lIsburcnt "prs a\'oir t'lIOljll(' leurs \'('1'1'('8. L'ivrogne lui di!. .Je Ill'appelle Paul e\ toi? -Qu'est-ce que a le foui:) grogna Saine Un silenct' suivit, puis :\ldoll Et les. -J'ni pas d'affuires, cJ'ia presque:' S.l\T('. ellt' !tIreur sl!bite lui mOlllel flU cerveau et il s'loiglln lIll Pl'U de l'ivrogne comme pour prendre uu lml. -Bon. BOil. C. ,'3 fit Milon. Un l'nlme )oui
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170 s'entend.lil pas ti\'el' le prr. On l'avait pl's. ma remme et moi, en pension. Fnisnit des vers toute la jotll'lle, li-' snit .\1II tas de bouquins et ne payait pas. Un salaud.
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171 ---------------Malgre son iVrf.'SM', il cournil. l'Il t'hien k l'uurslli,it un moment un', 1.<1 J'Ul' dl:serl(', 11 ne sentait 1 I:t ;liuic. 11 Ill' ,'oyuil l'ns maisons Il ne \'oyait lU0,ne pns son Oll1bl t', Il luvait. Des mots dansaientdiAll)'li sa tle et remuaient une sOliffrOIll'e nlmee: La veste, Ir pt'ndl1, lu yesle, Je pendu, Il murmurait entre ses dents -Non. non. Je ne peux plus. Il l'uul tl'l11enl. Ah! dmon! Toul il rl il comme la veRle. Une choise lomba, Puis plus l';<.>n. rien qu(' l'nllgoissl' qui la collnit au mur. Elle se dit: Il s'esl endol'mi. Mais eUe I ttcnd il prude III Ille n t. r Il C In'UI'''? Dell x he Le jour ne filtl'lit pus encol'c il IJ'llYN'S les plunclws l11al jointes. , Enfin ftvecdnfinies prcanr'iolls,ellc iW ;'l'IOlll'l111 il ln flamme de la bougie, elle "it le corps qui Alors ('lIe poussa Ull gnmd cl'. Des "ois i ns flCCOlll'U1'en t.. ..... JAcorEs 171 --------------------------------Malgre son iVrf.'SM', il cOlll'Hil. l'Il t'hien k l'uurslli,it un moment un', 1.<1 J'Ul' dl:serl(', 11 ne sentait 1 I:t ;liuic. 11 Ill' ,'oyuil l'ns maisons Il ne \'oyait lU0,ne pns son Oll1bl t', I! luvait. Des mots dansaientdiAll)'li sa tle et remuaient une sOliffrOIll'e nlmee: La veste, Ir pt'ndl1, lu yesle, Je pendu, Il murmurait entre ses dents -Non. non. Je ne peux plus. Il l'uul odes'ou\'I'itsollssasimp e POllsSe, Elle, dans le lit, en l'entendant venir st' refugia contre Je mur, ,-Mon Dieu, Illon Dieu pl'lls11-t-E.'lIe pourvu <11I'i1 ne me batte pas 11-) rort aujolu'd'hui. .' , Elle attendait es coups, mais ils Ile pus. Elle l'entendit n)lumet'uue bougie. l'I!t1mer des mellbles; des mols sans suile lui pnl'\'nt'cnt: La vesle. Ex-a(>tl'l11enl. Ah! dmon! Toul il rl il comme la veRle. Une choise lomba, Puis plus l';<.>n. rien qu(' l'nllgoissl' qui la collnit au mur. Elle se dit: Il s'esl endol'mi. Mais eUe I ttcnd il prude III Ille n t. r Il C In'UI'''? Dell x he Le jour ne filtl'lit pus encol'c il Il'llY('f'S les plunclws l11al jointes. , Enfin ftvecdnfinies prcanr'iolls,ellc iW ;'l'IOlll'l111 il ln flamme de la bougie, elle "it le COl'pS qui Alors ('lIe poussa Ull gnmd cl'. Des "ois i ns nccom'm'en t.. ..... JAcorEs
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LE SOUVENIR D'EDMOND LAFOREST -----I!l-----L,'s morl,.. h:! PIIII\'I'('S mort" ont de grallde,.; dOlllelll',-;, 1.1 est 1110rt de la I('nl(' de son PUYs ... Il va dj dix Lui qui IOllie vie Hvait t le mu des h('allts d(' celle IUllllre llcolllparab1e Ile put surY\Te ses espoirs il'ralis('s d'LIlle Hati prospre. h('ul'cuse. 1 i hrt', Lesjoul's passell!. Le telllps cnlint'cule dtl lIllllC voile gris l'eux qui Ile sont plus; 141 cendre d(' l'ouhli tomhe Il'Ille el douct'. !liais il ('st des heures Oll nous, les morts de demain IlOIIS selltolls les ,'inlllls d'hier proches: c'est 1:1 communio\l des mort., et t!('s vivanls; \t'ur prs('IH:(' chre s'illll)()se :'1 110llS, .Jl' le revois lei qu'il apparut il 1II01l el11',1I1(,t' i'lllel'\'C'illie . .Je Il'D\'ais IHIS ('llco1'e lu ses (X:U\'I'CS, ,le le suvuis pole. il lIl'appnl'aissail de ce fait Illlubr d'tille
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li3 LA avec son heau \' :sage pille, ses lliallircs disl lIglles ml' sduisitHulreml'nL .J'lgnorals, trop jf'lIlle pour le (kcoll"rir, quelle qualit d'ami *lIlmait ce corps frle. me aux penses dlicates, am.IUll'l11onies trs fines, une me nostalgique de pote. mais capable de devenir l'indomptable courage d'un hros tranquille et souriant. Je ses pomes d'un artiste subtil. paffin. ql1in-. tessencl. Ses Sonnets Jldaillom; m'apparurent une uvre de cr'tique trs adroile. Je n'llvais pas assez ,'cu pour comprendre Je "raidon de divinalion qu'ils rvlaient. d'intelligence hUlll:iline, sensible. Il l'HIIHi! plus que la banale curiosit; une comprhension tlverlie, une psychologie sre, pour dgager la synthse de crs vies d'hommes illustres du temps pl'sentqll'il enlumina ONee l'art consomm, nnl'. fervenl et s:wnnt. dt's maUres imagiers d'autl'efois, Je lus Cendres et Flammes et quelques pngl's de c(' Carnet Infime. Ce me fui ulle r,'lal ion. Finie IH dedu Latol'est impassihle. UIlt' l::me nue suignait trangement; il tait vibl'Hilt jusqu'if la morhidesse el l\es pomes d'une 11111sicalil trs personnelle. L'accent poi-gnant de ces chants dsesprs. c1wrme amer de dsenchantement, -il vaudrait mieux crire dtrlchement (il tait ani,,> au dtachelllent supt'rieur). J'odeur dcompose de ces fleurs d'enllui (" desplee-n, It'ur parfum trouble, la mOl'phine de ('elle musique Ille laissl'ent dlieietlsement J'tnis l'ge o l'on clnHl\T(, \'erluilll:. o BmH.le-, Inine enl'hnnle, Hollinnt, LnforglH'. Himhand. Corbire' miltoxiquaiellt l'1lVissemelll, <.'l ('hez J'un dE's n6-tl'es .l'en j'etrouvais un cho, nmlhl i; ce me fui une joie; Ces Cendres t!l Flarnme.() o il y a certes plus de cendres que de flammes, sont Hne confession mouvante que son poque n'a pas entendue. Celle faon hautaine de regarder-quoiqu'cn a il -dil le Vicomte -la Mort enfaee, loute philosophir de l'au del, cette psychologie du rve, tout ce talent probe si gnreusement dpens mritnient au moins une tude srieuse .. Ce chant du cygne, je l'enlenefs parfois les lnbres o nous errons dans le silence mu des chose!ll, cho fidle d'une me malade. ... Son sourire de bon 8ccuei1(son sourire tait J'une de ses sductions), .le le revois, voque UI1 trait charmant li3 LA avec son heau \' :sage pille, ses lliallircs disl lIglles ml' sduisitHulreml'nL .J'lgnorals, trop jf'lIlle pour le (kcoll"rir, quelle qualit d'ami *lllimait ce corps frle. me aux penses dlicates, am.IUll'l11onies trs fines, une me nostalgique de pote. mais capable de devenir l'indomptable courage d'un hros tranquille et souriant. Je ses pomes d'un artiste subtil. paffin. ql1in-. tessencl. Ses Sonnets Jldaillom; m'apparurent une uvre de cr'tique trs adroile. Je n'llvais pas assez ,'cu pour comprendre Je "raidon de divinalion qu'ils rvlaient. d'intelligence hUlll:iline, sensible. Il l'HIIHi! plus que la banale curiosit; une comprhension tlverlie, une psychologie sre, pour dgager la synthse de ('('s vies d'hommes illustres du temps pl'sentqll'il enlumina lwec l'art consomm, nnl'. fervenl et s:wnnt. dt's maUres imagiers d'autrefois. Je lus Cendres et Flammes et quelques pngl's de c(' Carnet Infime. Ce me fui ulle r,'lal ion. Finie IH dedu Latol'est impassihle. UIlt' ::me nue suignail trangement; il tait viol'ant jusqu'if la morhidesse el l\es pomes d'une 11111sicalil trs personnelle. L'accent poi-gnant de ces chants dsesprs, c1wrme amer de dsenchantement, -il vaudrait mieux crire dtrlchement (il tait ani,,> au dtachellleni SUpt'rieur), J'odeur dcompose de ces fleurs d'enllui ('1 desplee-Il, It'ur parfum trouble, la mOl'phine de ('elle musique Ille laissl'ent dlieietlsement J'tnis l'ge o l'on clnHl\T(, \'('l'luilll:. o BmH.le-, Inine enl'hnnle, Hollinnt, LnforglH'. Himhand, Corbire' miltoxiquaiellt l'1lVissemelll, <.'l ('hez J'un dE's n6-tl'es j'en j'etrouvais un cho, nmlhli; ce me fui une joie; Ces Cendres t!l Flarnme,() o jl y a certes plus de cendres que de flammes, sont Hne confession mouvante que son poque n'a pas entendue. Celle faon hautaine de regarder-quoiqu'cn a il -dil le Vicomte -la Mort enfaee, IOllte philosophir de l'au del, cette psychologie du rve, tout ce talent probe si gnreusement dpens mritnient au moins une tude srieuse .. Ce chant du cygne, je l'enlenefs parfois les tnbres o nous errons dans le silence mu des chose!ll, cho fidle d'une me malade. ... Son sourire de bon 8ccuei1(son sourire tait J'une de ses sductions), .le le revois, voque UI1 trait charmant
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de te Ilwndtlrin indulgent. Cn de 1\05 CHman1des, un lout jeune hOll1mc, ayant commis Ul! SOIll1cl, notre IW Iii groupe le jugca prscntahle,je fus charg de le luirc' lire il Edmond Lul'orest. .J'entends sa voix amusr(', mais combicn pleine de sympathie \Taie, .scs conseils qui Il'taient pas la formulc ohlige, mais de sincres rellseignements 1I;tll' Il' mtier qu'il aimait. une leon de choses avec des excmples il l'appui; lui, le bon ouvrier, nOlis apprit ce soir l il uvrer, il adorner les Hugh,>s trop l'ches, il I"epolir, il bminer . .Je voudrais que la jeullesse n'nir entretinl son culle pieux, Ull l'ulle discret, ('011l11H,' l'eut permis sa 11l()desl ie, que rOll garda SOli SOli \'e Il il' . .Je pl'opose ulle ruIlioll, une fois l'ail, o rOll p:ll'Ie de lui .. Je voudrais qu'il rut mieux t'Oll Il li. qu'on l'aimt d'a\'antage, 1.'011 saura un jour l'urlisle, S'II raul lui chercher UIlC parent 10il1liciens (,'1 pol-Ips. Jp le e:JlIsant Hvec Bell\'CIlUla Cellini, Ih'll1!>o et SnIlIlIlZs trop l'ches, il I"epolir, il bminer . .Je voudrais que la jeullesse n'nir entretinl son culle pieux, Ull l'ulle discret, COlllllH,' l'eut permis sa 11l()desl ie, que rOll garda SOli SOli \'e Il il' . .Je pl'opose ulle ruIlioll, une fois l'ail, o rOll p:ll'Ie de lui .. Je \'oudrais qu'il rut mieux t'Oll Il li. qu'on l'aimt d'a\'antage, 1.'011 saura un jour l'urlisle, S'II raut lui chercher UIlC parent 10il1liciens (,'1 pol-Ips. Jp le e:JlIsant n\'Pc Bell\'CIlUla Cellini, Ih'll1!>o et SnIlIlIlZ
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li5 LA HE\'l'E I:-;DIG:-;1. . Et maintenant qu 1 n'(:'st plus. qUl' {'l'S ('hosc's lointaines sont ]oilllniucb. deviellnent du IH1SS('-Jlotl'c ],ass vivant-cetieJanlaist' d'Ull soir d'('lllllli pal'ros il nos yeux la splelldt'ul' d'ull symhole. J'entends . .le vois Edmond Laforest JU-ml'me, sentillelle dans lu nuit. maintenant la garde ll11X 8vantpostes de l'ide hnilienne, l'me toute droite dans le C0I1)S Cest pourquoi ce soir. en elle pllge Irs simple. hommage et souvenir, afin qu'il sail moins dans l'oubli, grand sommeil o l'on doit tre heureux)}, comme ikdisait dans un ddain superbe et aristocralique d'artiste, cet autre disparu qui nous est cher. Massi lion Coicou, rai voulu voquer sa fire silholH."lte. G. <""'""'>-> ...... li5 LA HE\'l'E I:-;DIG:-;1. . Et maintenant qu t n'(:'st plus. qUl' {'l'S ('hosc's loin taines sont ]oilllniucb. deviellnent du IH1SS('-Jlotl'c ],ass vivant-cetieJanlaist' d'Ull soir d'('lllllli pal'ros il nos yeux la splendt'ul' d'ull symhole. J'entends . .le vois Edmond Laforest JU-ml'me, sentillelle dans lu nuit. maintenant la garde ll11X 8vantpostes de J'ide hnilienne, l'me toute droite dans le C0I1)S Cest pourquoi ce soir. en elle pllge Irs simple. hommage et souvenir, afin qu'il soil moins dans l'oubli, grand sommeil o l'on doit tre heureux)}, comme ikdisait dans un ddain superbe et aristocralique d'artiste, cet autre disparu qui nous est cher, Massi lion Coicou, rai voulu voquer sa fire silholH."lte. G. <""'""'>-> ......
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Pli. THOBY-:\L-\HCELIN LES HROINES (SUITE ET ) NOlis I\lteml e$ hrones ... Pli. THOBY-:\L-\HCELIN LES HROINES (SUITE ET ) NOlis I\lteml e$ hrones ...
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Mr, Nnesse, le noluire: ne s'cst jallwis ('ouch un lit; il faut chaque soir drouler un gl,tllld matelas sur le parquet de sa chamhre, cal' il pl'tend ne pouvoir dor-mir aull'emenl. . -Mon cher Balnll, lll'a-I-i1 expliqu, j'aul'uis toujours peur de tomber. Bon nombre fonl cOlllme i':nessl', ils se couchent par terre. C'est il cl'ou'e qu'il leur est impossible d'oublier hl nalle Hllceslrale.lI leul' en urrive SOlIvent des msaventures. C'est ainsi que certain soil' un voleur pntra chez le notail'e el, Jultanl contl'e les t nbres, lui pila ln tte. Une puissanle clameur dchira le silence de la Iluit. Le dlinquant n'ultendit pas plus de sa vicli'ne. (1 se sauvait l'anglaise, quand !\Ir. Nnesse appal'ul au balcon, arm d'ull -Voleur! voleur! cdait-il en chemise de nuit -voleur! si vous tes brave, aLlendez-moi ... Depuis la mort de Nnesse, ln muison est gouverne pm' hlllle Tavie, vieille fille' aUlol'ihlire, antipathique et qui Il'aile les hommes de monstres, Elle ne peut leur pardonner d'avoir mconllu les lans de son cur. Quant moi, elle est tout sucre et miel, de quoi je ne lui sais am'un gr, parce qu'elle aflirme retrouver en moi certains traits, cerlaines intonations, certains gestes de son grand' pl'e Aglisas. Or il n'esl rien pour lU'irriter autant. que ceUe faon de m'atll'ibuer ( el m'arrive trop souvent) des ressemblances a,'ee que)... L'aine des tilles s'a.fpeJle Camila. Grande. mince. ,coleur d ' ivolre;, elle a une figure en lame de manchette, o saigne unehouche exquise, sous l'clairage doux de grands yeux rveurs. C'est pourtant une personne positive, qui pense srieusement se marier et ne flirte que dans ce but. Sa st;,eur Laetitia est plult gl'asselle et, du chien. possde Mr, Nnesse, le noluire: ne s'cst jallwis ('ouch un lit; il faut chaque soir drouler un gl,tllld matelas sur le parquet de sa chamhre, cal' il pl'tend ne pouvoir dor-mir aull'emenl. . -Mon cher Balnll, lll'a-I-i1 expliqu, j'aul'uis toujours peur de tomber. Bon nombre f01l1 cOlllme i':nessl', ils se couchent par terre. C'est il cl'ou'e qu'il leur est impossible d'oublier hl nalle Hllceslrale.lI leul' en urrive SOlIvent des msaventures. C'est ainsi que certain sail' un voleur pntra chez le notail'e el, Jultanl contl'e les t nbres, lui pila ln tte. Une puissanle clameur dchira le silence de la Iluit. Le dlinquant n'ultendit pas plus de sa vicli'ne. (1 se sauvait l'anglaise, quand !\Ir. Nnesse appal'ul au balcon, arm d'un -Voleur! voleur! cdait-il en chemise de nuit -yoleur! si vous tes brave, aLlendez-moi ... Depuis la mort de Nnesse, ln muison est gouverne pm' hlllle Tavie, vieille fille' aUlol'ihlire, antipathique et qui Il'aile les hommes de monstres, Elle ne peut leur pardonner d'avoir mCOllllU les lans de son cur. Quant moi, elle est tout sucre et miel, de quoi je ne lui sais am'un gr, parce qu'elle aflirme retrouver en moi certains traits, cerlaines intonations, certains gestes de son grand' pl'e Aglisas. Or il n'esl rien pour lU'irriter autant. que ceUe faon de m'atll'ibuer ( el m'arrive trop souvent) des ressemblances a,'ec que)... L'aine des tilles S'0.fpeJle Camila. Grande. mince. ,coleur d ' ivolre;, elle a une figure en lame de manchette, o saigne unehouche exquise, sous l'clairage doux de grands yeux rveurs. C'est pourtant une personne positive, qui pense srieusement se marier et ne flirte que dans ce but. Sa st;,eur Laetitia est plult gl'asselle et, du chien. possde
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li!) -----------------,---------heaucoup lE.' dOIl de pl:lirl'. De cel les dOllt 011 di 1. rlll qu' les voil' :(\Cellc p('lik l'l'ru SOli chemin d:1I1S lu "il')), Ln famille hnhilC' il Pt:'u,de-Chose UIH' l'cilie llt:liSOIl "crte stvle I>Yl'olllliel' U"T<:'lllelllc.:( d'un )'Hrdill dl' di-.. t') , , mensions o 1'011 n'll111l'p(:lIe se dislrnire sallcmcnb), mais salls njouler. l'ouhlianl (:'11 cet inslnl1l de t'ordialill', que ses fi/ks esprent, HU ('ours de ces dislractions, di'l'rocher des IWlrs ('OIllIlH.' 011 iail les limbnle<; Je fus le lIi!'1 cil' Cnmil. -Donnez-moi dOI1t' des llou\'{:'II('s de Tah\\'{:', dl'mande le nulail'e Lucien. Esl-ee qu'il mOllit> toujours bien il che\'ol '! Lors de mon pass(Jf}t' il UVHI un bel alezan. Moi. je n'ni jomais fail lm' bon cll"nliel'. Un jour, iur les inshllH'C's d(' "oln' pr(', .le pm'Iis V"QC lui pour une longue che\'llllch("; 'Mnl m'l'Il prit, .le ,reli!) -----------------,---------heaucoup lE.' dOIl de pl:lirl'. De cel les dOllt (lll di 1. rlll qu' les voil' :(\Cellc p('lik l'l'ru SOli chemin d:1I1S lu "il')), Ln famille lwhite' il Pt:'u,de-Chose UIH' l'cilie llt:liSOIl "crte stvle I>Yl'olllliel' U"T<:'lllelllc.:( d'ull )'Hrdill dl' di-.. t') , , mensions o 1'011 n'll111l'p(:lIe se dislrnire sallcmcnb), mais salls njouler. l'ouhlianl (:'11 cet inslnl1l de <.'ordialill', que ses fi/ks esprent, HU ('ours de ces distraclions, di'l'rocher des IWlrs comme.' 011 iait les limbnle<; Je fus le lIi!'1 cil' Cnmilelnnl:o :\!Oll HIs)) l. -Donnez-moi dOI1<.' des llou\'{:'II('s de Tah\\'{:', d{'mande le nulail'e Lucien. Esl-{'e qu'il mOllit> toujours bien il cheyol '! Lors de mon pass(Jf}t' il UVHI un bel a]eZ8n. Moi. je n'ni jomais fail lm' bon cuynliel'. Un jour, iur les inshllu'C's d(' "oln' pre, .le pm'Iis VYQ{' lui pour une longue CheYllllch("; 'Mnl m'l'Il prit, .le ,re-
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L,\ IIUTEI:,\((;I-::-':I-: 180 vins ici a"cc Lille jUlllhe Il'CIl garde pas moins lIll bon SOli "cnir de Jacllld.,. Call1ila. "isihlellll'nl, l'lait il LllCil'll. Elle dunse gnke el c'esl le 1ll0illdl'e des dWl'llIes qu'il semble lui dcollvr!l'. Le jaCllll'liell l'si (,l' que nous ap}CIOllS Ull Mallc-pays. BellMrl'. insolelll, il rail 1,\ cO(luelllChe des l'l'Ill III es. Camila, bouche l'Il CCCLII" lui dl'IlHIlHle s'il est pianiste. Il sc rait d'abord prier( C;il dOlll1e de l'imporlance.) aprs quoi il se met nu piano pour jouer. toute ulle IOllgUfi son rperloire cacophonique, et qui sc compose dl' deux ml'llgues, :\Ir cOllsidre le jeulle :\Illi'lril'I' d'ull il attendri. Il pense que lejacmlien ferait bien avec CaIllila, Alors, bO/l p(re. il s'enthousiaslIle de fetle ide, saisit l<.lllie IHr h laille, enlre dans la dallse, Ille Ull cor, ho 1 ille I()/Iguclllcnt sur Sunde des ha hi tus de la nw y{'rte l'si au .'0111plet el loul l'l' monde l'Il all m ps-de-)Ia l's. Qmwd 011 pnrt en hallade, :'\nessl' Ferme toujours a marche et <]onne le bras il tnnle Tavie, qui se raidit :irelllcnt dans sa mngreur de lasso. Et s'il aITiv qu'on es Sftille d'ull Monsieur-dame)l, elle glisse lans de douces illusions. La "oix de son fl're la raplelle alors il ln ralit. M", :\nesse n, lui aussi, son rve 'avor. Mais il rve tout haut. -Quund mes llH1ries, je vendrai mon 'Iude et nous irons vivre la campngne .• J'achterai une lelite villa il Plion-ville . .Je ln haptisenl: Ma Retrtlite. Ju'en d Tavie? L,\ IIUTEI:,\((;I-::-':I: 180 vins ici a"cc Lille jUlllhe Il'CIl garde pas moins lIll bon SOli "cnir de Jacllld.,. Call1ila. "isihlellll'nl, l'lait il Lucil'Il. Elle dunse gnke el c'esl le 1ll0illdl'e des dWl'llIes qu'il semble lui dcollvr!l'. Le jal'Illl'Iiell csl (,l' que nous ap}clol1s Ull Mallc-pays. BellMrl'. insolelll, il rail 1,\ cO(luelllChe des felll III es. Camila, bouche l'Il CCCLII" lui dl'IlHIlHle s'il est pianiste, Il sc rait d'abord prier( C;il dOlll1e de l'imporlance.) aprs quoi il se met nu piano pour jouer. toute tille IOllgUfi son rperloire cacophonique, et qui sc compose de deux ml'llgues, :\Ir cOllsidre le jeulle :\Illi'lrier d'ull il attendri. Il pcnsc que lejacmlien ferait bien avec CaIllila, Alors, bO/l p(re. il s'enthousiaslIle de fetle ide, saisit laille IHr h laille, entre dans la dallse, Ille Ull cor, ho 1 illc I()/Iguclllcnt sur Sunde des ha hi tus de la nw \'{'rte l'si au .'omplet el loul l'l' monde l'Il all m ps-de-)Ia l's. Qmwd 011 pnrt cn hallade, :'\nessl' Ferme toujours a marche et <]onne le bras il tnnle Tavie, qui se raidit :irelllcnt dans sa mngreur de lasso. Et s'il aITiv qu'on es salue d'ull Monsieur-dame )), elle glisse lans de douces illusions. La "oix de son fl're la raplelle alors il ln ralit. M", :\nesse n, lui aussi, son rve 'avor. Mais il rve tout haut. -Quund mes llH1ries, je vendrai mon 'Iude et nous irons vivre la campngne .• J'achterai une lelite villa il Plion-ville . .Je ln haptisenl: Ma Retrnite. Ju'cn d Tavie?
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HH Tanle Tavie se l'l'\'eille H\'e .... 1I1l pet il sursaut, :1 pprou\ \' distraitelll('nt ... Tout Port-:m:-PrIH'(' esl all Cllllm ps-;] (' Autrefois les jeunes gens Oganisaient dl' bruyantes de barre ou de lago-lago. Aujourd'hui ils prfrent Ji'adOnnel' ullxjoies du flirt. l\lr, Nenesse en fail la l'emarque, mais c'eslpour regretter, comme il convient son ge, le temps de sa jeunesse, se donne :des nllures dt' prtendant ofTiciel. Il aprisCamila en apnrt, et ln jeune fille auxfndaises de l'irrsistible jacmlien, Bhtitia glisse l'ort-ille d'une amie: 'fQu'il est beau, le pli! Mntrier! Et elle ajoute avec un air d'envie: :Ma sur a plus de chance quc moi. Autour de nous les idylles ronl, sur 1 J pelouse, lin murmure d'essaim... Le retour! C'est un l'veil. On entend toul--coup des plHisanle ries, des rires, On admire la bemll cl u pnysnge noe!urne. o poinlenl les flches des palmislps. -VOLIS qui les PO{\ll', me dit Luciell. rritez 1l0llS done chose. IV Pour ('Ire nolaire OB Il'el! l'si p:1S IllPillS ho l1l III l'. l\1r • l'\IH:'sse. depuis qUl'lqlll' dix :1I1S (jlll' S:l kllll11l' est morte. n'n jamais pratiql1(' la fonlllelH'c .. -\ussi bien lait-il dlllqUt' soir une promenade digestipe. tefois, on ne lui eOlllHHlit gurt' de maln'!'iSl'S. C'est que le propritaire de la mnison \'erle frquente ell toute pudeuce la boniche du xl(-'s hyginiques. . .. . Ces jOl1l's-ci,Mr. !\llesse assigeait la "ertue?) d'lIne garde-manlglle assez hi.en laite, ma foi, qui rpond au savoureux prnom de et dont les nichons rivalise1lt avec les orHl1g(>sdiles tt Jeune fille. pour hl pret du dessin. Il apprciait aussi sa Cl'oupe gnreuse et La rondeur nppti!isonte. "t'Ioule de srs jambes, 0 HH Tanle Tavie se l'l'\'eille H\'e .... 1I1l pet il sursaut, :1 pprou\ \' distraitelll('nt ... Tout Port-:m:-PrIH'(' esl all Cllllm ps-;] (' Autrefois les jeunes gens Oganisaient dl' bruyanks parties de barre ou de lago-lago. Aujourd'hui ils prfrent Ji'adOnnel' allxjoies du flirt. l\lr, Nenesse en fail la l'emarque, mais c'eslpour regretter, comme il convient son ge, le temps de sa jeunesse, se donne :des nllures dt' prtendant ofTiciel. Il aprisCamila en apnrt, et ln jeune fille auxfndaises de l'irrsistible jacmlien, Bhtitia glisse l'ort-ille d'une amie: 'fQu'il est beau, le pli! Mntrier! Et elle ajoute avec un air d'envie: :Ma sur a plus de chance quc moi. Autour de nous les idylles ronl, sur 1 J pelouse, lin murmure d'essaim... Le retour! C'est un l'veil. On entend toul--coup des plHisanle ries, des rires, On admire la bemll cl u pnysnge nocturne. o poinlenl les flches des palmislps. -Vous qui les PO{\ll', me dit Luciell, rritez 1l0llS done chose, IV Pour ('Ire nolaire OB Il'en l'si p:1S IllPillS ho l1l III l'. l\1r, l'\IH:'SSl', depuis quelqlle dix :1I1S (jlll' S:l kllll11l' est morte. Il':\ jamais pratiql1(' la fonlllelH'c, .-\ussi bien lait-il dlllqUt' soir une promenade digestipe. tefois, on ne lui eOlllHHlit gurt' de C'est que le propritaire de la mnison \'erle frquente en toute pudeuce la boniche du CfIHlI'lie!'. C'est moins coteux pour lui et pins faeile dl'Ohcl' sons des prl(>xl(>s hyginiques. . .. . Ces jOl1l's-ci.Mr. !\llesse assigeait la "ertue?) d'Ilne garde-manlglle lissez hi.en laite, ma foi, qui rpond au savoureux prnom de et dont les nichons rivalise1lt avec les orHl1g(>sdiles tl Jeune fille. pour hl pret du dessin. Il apprciait aussi sa Cl'oupe gnreuse et La rondeur nppti!isonte. "eloule de srs jambes, 0
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182 il rondre la moelle pinire d'une caresse giissee aul ou r de St"S IUlIl(' Iles .. , -Elle c:,oquante, ptlIsait-il. Et il se pourlclwit Il.:'s habilles, lu conqute de Ti-Yettc n'est pas chose aise, Nnesse la voyait tous les SOil'S, conlait fleurette, tounwt autour du pot de miel. IJichil Aux moindl'es propositions la belle s'effarouclUlit. Le r.lOlnire impatient voulut employel' la . toree, La te,:,latl.ve choua pileusement, car, il l'inslnn! o il pensait tnompher, la bonne s'exclama: -Min-moune!. .. Et Mr Nnl'sse \'II Luciell. Lucien L'amoureux de Cumila le considrait d'un il amus, LIli lantinet Ilarquols. Le paune hOllll11e en eut des sueurs froides. Ah! il ne nnait pns. JI s'loigml suns 11101 dire, "ou t. ri tell x. na p pi . . \ lu suite de cel incident. ne vivait pas. Il perdail prcsquf le boire el le manger. Il soufi'rait heaucoup d'avoir l-I surpris .. dans ulle posture qu'il jugeait l'idicule. Et par qui? -L'amoureux de sa fille f Quelle figure prsenterait-il au jeune homme?,. Mais celui-ci fit pl'euve d'une dlicatesse, d'un tact, dont on le cl'Oir.ait I1jOU3 si bien celui qui n'a rien VlI, que Mr. s'est rassur et pense mme s'tre tromp sur l'identil du trouble-fte. qui tait-ce ... ? Qui? La chose Il'en t'si pas l110ins embtante. Le tmoin de l':lIfaire peut parler. Et. YU qu'on es.t toujours dispos il mdire, l'histoire sera vite rpandue. Et alors, quel sctll1clnle! :\lr. n'osait plus se nlOntl'er. Chaque regard lui taJlun supplice. Et. le notaire, rong de soucis, maigrissait dl> fa tte. Vainement, car l'histoire n'lant cnnue que de Lucien et de moi. (il m'en avait fait la confidence) la rputation du pauvre homme n'avait subi :.lUeUIl anl'oe. Il respil'.l enfin, revnt la vit'. Depuis. il ne fuit plus de promenades digestives, Il a sou p de lous Ic).prceptes d'hygine, C'est pousser 182 il rondre la moelle pinire d'une caresse giissee aul ou r de St"S IUlIl(' Iles .. , -Elle croquante, ptlIsait-il. Et il se pourlclwit Il.:'s habilles, lu conqute de Ti-Yettc n'est pas chose aise, Nnesse la voyait tous les SOil'S, conlait fleurette, tounwt autour du pot de miel. IJichil Aux moindl'es propositions la belle s'effa rouclUlit. Le r.lOlnire impatient voulut employel' la . toree, La te':l!ntl.ve choua pi!eusement, car, il l'inslnnt o il pensait tnompher, la bonne s'exclama: -Min-moune!. .. Et Mr Nnl'sse \'II Lucien. Lucien L'amoureux de Cumila le considrait d'un il amus, LIli lantinet Ilarquols. Le paune hOllll11e en eut des sueurs froides. Ah! il ne nnait pns. JI s'loigml suns 11101 dire, "ou t. ri tell x. na p pi . . \ lu suite de cel incident. ne vinlit pas. Il perdail prcsquf le boire el le manger. Il soufi'rait beaucoup d'avoir l'l surpris .. dans ulle posture qu'il jugeait l'idicule. Et par qui? -L'amoureux de sa fille r Quelle figure prsenterait-il au jeune homme?,. Mais celui-ci fit pl'euve d'une dlicatesse, d'un tact, dont on le cl'Oir.ait I1jOUll si bien celui qui n'a rien VlI, que Mr. s'est rassur et pense mme s'tre tromp sur l'identil du troublefte. qui tait-ce ... ? Qui? La chose Il'en t'si pas l110ins embtante. Le tmoin de l':lIfaire peut parler. Et. YU qu'on es.t toujours dispos il mdire, l'histoire sera vite rpnndue. Et alors, quel sctlllclnle! :\lr. n'osait plus se nlOntl'er. Chaque regard lui taJlun supplice. Et. le notaire, rong de soucis, maigrissait dl> fa tte. Vainement, car l'histoire n'lant cnnue que de Lucien et de moi. (il m'en avait fait la confidence) la rputation du pauvre homme n'avait subi :.lUeUIl anl'oe. Il respil'.} enfin, revnt la vit'. Depuis. il ne fuit plus de promenades digestives, Il a sou p de lous Ic).prceptes d'hygine, C'est pousser
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1.,\ HI:\'l'i: 1\1)!(il',:\I, --------------------------un peu ll'op lUlU LI PI'II<1"11C(" sa IH' ItlourllH'llle plus. Quatre heures d'uprts-midi. Les I1lnisons s01l1 silellciNlses, ploq!/,(,'s d:ll!S ll Cl (CIl' douceul' du caMelia, La journe a t c1wudt, lIl'c"bllllllt" U ne rose s'elfe Il i Il (', hrllsq lie menl. Desantos pnssenl. Ir('pidnnl dl' 10il1 l'Il loin. Un cri: glli:t', .. Il s'loigne. On Sl'ili le Jwlalln.'Il1l'1I1 ddwllrh de la IlHIIThnllde d'huile dc' ]\{>r07illl', qui dl':lIllhllll', pr('l'l'd('(? (,)e son en, suivie dull l'ell'nl lT suis nssis sous le feuillrge "('1'1-sombre d'ull eorossplit'I'. .le viens de l'('\'('\'oir Uil poisson, JI l'si de Paris. l'I j'l'Il devne l'allleur. ... Ecoulez! I!u tcndre sentillh:1l1 qui 1ll':IIlIlH.' en ('e jour raul-il (llIe.J c protesle. quant (sic) il clraquc inst:llIl les hallemellis de mon C(l'ur les nlksl( III (sir), '-h1l1gt' li. poisson, Illais Ile IllnIlW' pns le Cll\'oie, III >;:lUr:1S qui Yons l'ecolliwisst'z Il' style dl' :\':lllsic:l:l. ll'('sl-('(' pns', sa fJ'uiclwuJ'. sa Iwvett' e l'l'Ile dt-licil'llSt' IllHl1 ie dt fondl'e dt' Illch:mls \'ers d:lllS sa )lIOS(' ('1 cel\(> (\wr manlc inco\'rection? , C'est donc qu'clle nImc ('IlCO\,(', Je suis h'l'ique. Mon dWl'r(,' <1(, 1:1 jOjl'. Chn petile fille! ' Un taco joue de Sl crcelle. Tt' voici. Toi si r07illl', qui dl':lIllhllll', pr('l'l'dl'e (,)e son en, suivie d'ull l'ell'nl lT suis nssis sous le feuillrge "('1'1-sombre d'ull eorossplit'I'. .le viens de l'('\'('\'oir Uil poisson, JI l'si de Paris, l'I j'l'Il devne l'alllrur. ... Ecoulez! I!u tcndre sentillh:1l1 qui 1ll':IIlIlH.' en ce jour raul-il (llIe.J c protesle. quant (sic) il clraquc inst:llIl les hallemellis de mon C(l'ur les nlksl<-III (sir), '-1:1I1gt' li. poisson, Illais Ile IllnIlW' pns le Cll\'oie, tll >;:lUr:1S qui l'uilll(' ... Yons l'ecolliwisst'z Il' style dl' :\':lllsic:l:l. ll'('sl-('(' pns', sa fJ'uiclwuJ'. sa Iwvett' e l'l'Ile dt-licil'llSt' IllHl1 il' dt fondl'e dt' Illch:mls \'ers d:lllS sa prost el celk (\wr manlc illcorrection? , C'est donc qu'clic nmc ('IlCO\,(', Je suis hTique, Mon dWl'r(,' <1(, 1:1 jOjl'. Chn petile fille! ' Un taco joue de Sl crcelle, Tt' voici, Toi si
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LA Hl.\TI: I:\DIGE:'\J: tH1 ... :\lJllS SOlllllll'!> dalls la ('our de Sl'uside-llll. JI n'v :1 gure que des 1II11t:ricai IlS. Pout n'est hesolll qu'on be gne. Lucien el Call1ilH sont enlacs. Ils n'ont qu'ull \'erre pour boire de la lilllollade.J'offre il Laetitia une cigarette. Elle me soume sa fume au visage ... Pardonne-moi, N"ausicaa, mais lu es absente cl j'embrassel'ais toute la terre ... Je dis des btises ... Et les remords sont supcrllus ... D'alitant plus que Laelitia est chaude et sucre ... Du lait...! (La mel' claque de la langue. Le soleil couchant esl un oeil apoplectique.) Du lait! du lait! \'1 C'esl li Il dillHlIH'he mutin. Lucien photographie en groupe lu fmnille Outre la passion du flirt il li celle du Kodak. de la chambre noire.) Le noraire' dOlllle le hrfls il tante Tavie qui grimace son meilleur sourire. Ils sont encudrs des deux jeunes filles. -Dommage! fit i\'cflcsse, que je ne sache pas me servi.' d'un appareil; je "ous aurais pris, Lucien, avec Camila. Elle serait si contente. -En erfel, rt"'polldit Lucien. gll(. -Surtout, ujoutn l:llIte T.,vie, qu'ils fOi ment un cou-ple banda, Le son Kodak, mtissait du pied IL sable cI(' Llilt:e, Camil" reg;udc stl sur qui mani reste LIlle ('Inlllgt' 1H'I'\'osilt,. dalls la ('our de Sl'uside-llll. JI n'v :1 gure que des 1II11t:ricai IlS. Pout n'est hesolll qu'on be gne. Lucien el Call1ilH sont enlacs. Ils n'ont qu'ull \'el'I'e pour boire de la lilllollade.J'offre il Laetitia une cigarette. Elle me soume sa fume au visage ... Pardonne-moi, N"ausicaa, mais lu es absente cl j'embrassel'ais toute la terre ... Je dis des btises ... Et les remords sont supcrllus ... D'alitant plus que Laelitia est chaude et sucre ... Du lait...! (La mel' claque de la langue. Le soleil couchant esl un oeil apoplectique.) Du lait! du lait! \'1 C'esl li Il dillHlIH'he mutin. Lucien photographie en groupe lu fmnille ;\(nessf:.( Outre la passion du flirt il li celle du Kodak. de la chambre noire.) Le noraire' dOlllle le hrfls il tante T:wie qui grimace son meilleur sourire. Ils sont encudrs des deux jeunes filles. -Dommage! fit i\'cflcsse, que je ne sache pas me servi.' d'un appareil; je "ous aurais pris, Lucien, avec Camila. Elle serait si contente. -En errel, rt"'polldit Lucien. gll(. -Surtout, ujoutn l:llIte T.,vie, qu'ils fOi ment un cou-ple banda, Le lourl11enl:.tit SOli Kodak, mtissait du pied IL sable cI(' Llilt:e, Camil" reg;ude stl sur qui mani reste LIlle ('Inlllgt' 1H'I'\'osilt,.
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T.mle T
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18fi MORT DE NAUS!CAA :\01'" III' ':"""-"lIdoll" ;:lnl;l:" .1:\11" 1. m"'1I1e 111""'1', plli"I";' jllnmi" •.•• 111"'111<> o.lU '1 Il .I't!\t'1I 1 il 11011,.. Ih:u.\I.ITI: DOlic Il' \'()i<:i, Tu souris d'Ill! air Inql degtlgt': -COIllIllt.'lIt, Bul",!. ou ne III 'l'Ill h msM.. pas '? .Je suis gUlIt'he, CO III Ille LIli cousill dt provillce. l'l lJUI se trouble il salue!' su cousine dl' lOI -1301ljoL r, ;\<1 ... Tu Ille prends le hras. c.I/11;ll'(l(le. el st'rieuse: --Je Ill' vcux plus ... (.Je suis dllloltlt' loJ1lplltIIH:1l1. .Je I{> l'l'garde. Tu as lllIlIgt,. JI :l sull d'lI11 \,0y"ge dl' six IllOis, pour qlle lu 11\(' dise: 1'.Il' lit' Vt'ux plus ... ", (,1 ('II dttadwIII les illoIs, les de sells, dl' \,(Jlollit-, El cnlllllH' III uppuies sur le n'I'be!) .le Ile uell.r plus qlle lu llI'uppellt,s ;\ullsit'DH. ,le ne suis plus III l'dite Ila\'(' qui Il' I:lisail sourire. Tl! COllll'rellds'! ... .Je vois hiel! il Ion t'IOIlIICIlH'111 que lu Ille 1 change ... En mieux. pus'! (Oh, l'ct al'cenl! l'es modes dl' parler parisiells!) -En mieux, Loulouse, t'II lIIieux! ... ,J'avais ellvie de pleurer. ,Je su is pH ri i. Alors j'ai IlWITht ... Pour rien. pour r o.lU (jI 1 .I't!\t'1I 1 il 11011,., Ih:u.\I.ITI: DOlic Il' \'()i<:i. Tu souris d'Ill! air Inql degtlgt': -COIllIllt.'lIt, Bul",!. ou ne III 'l'Ill h msM..' pas '? .Je suis gUlIt'he, CO 111 Ille LIli cousill dt province. c't (JUI se trouble il salue!' su cousine dl' lOI -1301ljoL r, ;\<1 .. Tu Ille prends le hras. c.I/11;ll'(l(le. el st'rieuse: --Je Ill' vcux plus ... (.Je suis dllloltlt' loJ1lplltIIH:1l1. .Je I{> l'l'garde. Tu as lllIlIgt,. JI :l sull d'lI11 \,0y"ge dl' six IllOis, pour qlle lu III t' dise: 1,.Ie lit' Vt'ux plus ... ", (,1 t'II dttadwIII les illoIs, les de sells, de \,(Jlollit-. Et cnlllllH' III appuies sur le \'t'I'be!) .le Ile lieu.!.' plus qlle lu llI'appellt,s ;\ullsit'DH. ,Je ne suis plus III l'dite Ilu'in' qui le I:lisail sourire. Tl! COllll'rellds'! ... .Je vois hiel! il Ion t'IOIlIICIlH'1I1 que lu Ille 1 change ... En mieux. pus'! (Oh, l'I:I accenl! l'es modes dl' parler parisiells!) -En mieux, LoulollSl', t'II lIIieux! ... .l'avais ellvie de pleurer. ,Je Sli is pH ri i. Alors j'ai IlWITht ... Pour rien. pour l'
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Hri 1.:\ Ill: n L 1.'\ JI Il i 1,:\ l , Je ('l'l'il (\('s lell J'CS palel'llelles pll':-:'que. Tu llI'UlIr.,:s fuit rl pOIlSl'S ('Il Clie Plion il :.,)1} h<:UlI-p,l'. Il' Pierre B0,Yer. I\.'ndres, plellH's dlll'Or:ediolls (Il tout cllndides: Il me impossible de vous exprimel' le dsir de \'ous "oir car il est lei que je Ut" puis t'Il nyoi\' de mes souhails el de ,'(HIS embrasser bienll ... ))* Je suis trs malheureux: -Elle est mOi'h' , Nausicaa, l"esl fini... 1\lol"e! .le me dis aussi; Hannibal. tu n'es pns sincre . paree ql1ej'a ml ma douleur des souvenir's lillrnires ('1 historiques .• Je viens. pOllrtant. de prendre conseelH'l' que ie, t'ai toujours aime. l\lnlgr mes pm'lHloxes, mes plais:mteries. mes infidlits ... [)'ubol'd. je ne l'ai jamais l'l inlidl'Ie. Dans les autres . .le nOlis C'tait encor<.' toi et moi, uniquement... Vois-tu .. , j'ni de ln pudeur jusqu' jouer le C)liqut'. Anmone ... , Hier elle Ille disnI, pelite ble voluplueuse', soumise et rsigne: .Te "eux lonl ce ElIglH' dt Ll'''I'IIR''''''':'' (;"11" ,. "" fI'l' ), p, . l'honneul'd'annOlH.'er'ml public que pour des l'tlSOIlS spciales el.que toul le' monde comprendra Mr SALIN AUN ne compte pins pm'mi ses rollnhol'nleu :s. Hri 1.:\ Ill: n L 1.'\ JI Il i 1,:\ l , Je ('l'l'il (\('s lell J'CS palel'llelles pll':-:'que. Tu llI'UlIr.,:s fuit rl pOIlSl'S ('Il Clie Plion il :.,)1} h<:UlI-p,l'. Il' Pierre B0,Yer. I\.'ndres, plellH's dlll'Or:ediollS (Il tout cllndides: Il me impossible de vous exprimel' le dsir de vous "oir car il est lei que je Ut" puis t'Il nyoi\' de mes souhaits el de ,'(HIS embrasser bienll ... ))* Je suis trs malheureux: -Elle est mOi'h' , Nausicaa, l"esl fini... 1\lol"e! .le me dis aussi;(( Hannibal. tu n'es pns sincre . paree ql1ej'a ml ma douleur des souvenir's litlrnires ('1 historiques .• Je viens. pOllrtant. de prendre conseelH'l' que ie, t'ai toujours aime. l\lnlgr mes pm'lHloxes, mes plais:mteries, mes infidlits ... [)'ubol'd. je ne l'ai jamais l'l inlidl'Ie. Dans les autres . .le nOlis C'tait encor<.' toi et moi, uniquement... Vois-tu .. , j'ni de ln pudeur jusqu' jouer le C)liqut'. Anmone ... , Hier elle Ille disnI, pelite ble voluplueuse', soumise et rsigne: .Te "eux lonl ce ElIglH' dt Ll'''I'IIR''''''':'' (;"11" ,. "" fI'l' ), p, . l'honneul'd'annOlH.'er'ml public que pour des l'tlSOIlS spciales el.que toul le' monde comprendra Mr SALIN AUN ne compte pins pm'mi ses rollnhol'nleu :s.
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!i1.'l .. RND1GEWE --LES ART$ ET' LA YlE ,....... Directeur E:' ROnfF.H tranr-lln.poll!iftble:. Fonra!rur.ir . E. ROntF.R \'31irv. L:irb:llId tin Tn!n; hlln..'nat . SYL\'.\l:-; J. HOnl\l:-; l' II. Til { 1 !: ) -1 \;. n: : .: :" J)\:\,r:L IllTlITE1.0; C.'IIL Bllr"l.H!D ---;'.---11\1'; [:\IlLE Itol;')lE'U e.U.L :un lJ'tit hom PU .. A..R:L BBOl.,aU 'Ptt. :rHOBY-'St \hU..LrN .ci: J.tfi,/\.'"J::i --------0------';'fflf c.t.-l. . --tJllELE <;!OIJ2,. Rues de l'Et3t. & Maajou PORTAT:PR1:-iCE. f HAltI) !i1.'l .. RND1GEWE --LES ART$ ET' LA YlE ,....... Directeur E:' ROnfF.H tranr-lln.poll!iftble:. Fonra!rur.ir . E. ROntF.R \'31irv. L:irb:llId tin Tn!n; hlln..'nat 000'., . SYL\'.\l:-; J. Honl\.:-; l' II. Til { 1 !: ) -1 \;. n: : .: :" J)\:\,r:L IllTlITE1.0; C.'IIL Bllr"l.H!D ---;'.---11\1'; [:\IlLE Itol;')lE'U e.U.L :un lJ'tit hom PU .. A..R:L BBOl.,aU 'Ptt. :rHOBY-'St \hU..LrN .ci: J.tfi,/\.'"J::i --------0------';'fflf c.t.-l. . --tJllELE <;!OIJ2,. Rues de l'Et3t. & Maajou PORTAT:PR1:-iCE. f HAltI)
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JA:\\'IEB 11)28. LES ARTS ET LA VIE Valry Larbaud -----IC)-----SUITE ET FIl'\ Et Hlici dl' 1I01l\'e'.ll1 Il' Illl-Ille ellthousiasme qui me l'aisait frissollller quand ,il' lus '( Leu\'t.'s of Grass de "'aH \Vhitmall. Hien Ile Ille p,lssiolllle cOlllme des images nell\'eS et l'l'Il vole des "crs Iyriqm's, POUl' lre tranger je remarquc les intonalions des peuples de langues ditrrcnles et mme la chansoll f'nll1aise qui ('IHlnge de ton d',\snii'res il Bonsecours, Baudelaire a dans ses \'ers des Illusicalits profondes comme de pdales sourdes qu'on retrouve chez les poles anglais . . J'cris des ohsel'vDtions personnelles qui n'ont pas force loi. Les exemples' pCll\'ent tre "mnlt!plis. Grard "de et l'allemand etc. Les coles littraires du SudAmrique ne sont pas cnlalogues ou du moins ne sont pas encore venues par le 3 sources franaises. On dnote chez Valrv Lar/)nud l'influence directe de vieux poles chi liens, cellc posie de l'Dpides aynnl exalt les mc5 amricaines l'poque de ln conqute des Cordil-lres par les chemins de J'el' : " Prte-moi ton grand bruit, tu grandi' allure si dOllce Ton glissment noetllrne t1'llver:; l'Europe illumine o tmin Ile hu.e., " Posie de rapides o dans l'immensit noire les villes sont des lumires; un bruit angoissant Je long" ,l('s (,ollloi 1'5 doI'c-s." Les mill ionn:aires dorment et la tburse vous cm porte il Vienne. Buda-Peslh. en Harmonica-Zug Olt l'hiver hsite cder le pas au printemps. me rappelle ce livre de mon enfancct \'oyage autour de ma chamhre . Les temps ont . jolie pl,us mais la belle q " \ f '1' ') • " \ ( JA:\\'IEB 11)28. LES ARTS ET LA VIE Valry Larbaud -----IC)-----SUITE ET FIl'\ Et Hlici dl' 1I01l\'e'.ll1 Il' Illl-Ille ellthousiasme qui me l'aisait frissollller quand ,il' lus '( Leu\'t.'s of Grass de "'aH \Vhitmall. Hien Ile Ille p,lssiolllle cOlllme des images nell\'eS et l'l'Il vole des "crs Iyriqm's, POUl' lre tranger je remarquc les intonalions des peuples de langues ditrrcnles et mme la chansoll f'nll1aise qui ('IHlngc de ton d',\snii'res il Bonsecours, Baudelaire a dans ses \'ers des Illusicalits profondes comme de pdales sourdes qu'on retrouve chez les poles anglais . . J'cris des ohsel'vDtions personnelles qui n'onl pas force loi. Les exemples' pCll\'ent tre "mnlt!plis. Grard "de et l'allemand etc. Les coles littraires du SudAmrique ne sont pas cnlalogues ou du moins ne sont pas encore venues par le 3 sources franaises. On dnote chez Valrv Lar/)nud l'influence directe de vieux poles chi liens, cellc posie de l'Dpides aynnl exalt les mc5 amricaines l'poque de ln conqute des Cordil-lres par les chemins de J'el' : ' Prte-moi ton grand bruit, tu grandi' allure si dOllce Ton glissment noetllrne t1'llver:; l'Europe illumine o tmin Ile hu.e., " Posie de rapides o dans l'immensit noire les villes sont des lumires; un bruit angoissant Je long" ,l('s (,ollloi 1'5 doI'c-s." Les mill ionn:aires dorment et la tburse vous cm porte il Vienne. Buda-Peslh. en Harmonica-Zug Olt l'hiver hsite cder le pas au printemps. Larb:md me rappelle ce livre de mon enfancct \'oyage autour de ma chamhre . Les temps ont , jolie pl,us mais la belle q " \ f '1' ') • " \ (
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HJO Lt ------------------------------l'Mo Je rerOllll1WIH\{' de lire {'llllcureIllIlH'nl (lSOIi ,1Clurnallntimeel (1 Les d',\. 0, Barll:t})oolh,I) Le jeune homme vo}'nge bl l't'l'herche dt.' les jOl,lI'naux publient son porll'lil avec. salls COIllIlH'lllnll't' 60.450.000 livres de renie. Il Ile fait pns de af faires de finance COlllll1eSOn pre que \Vall Sln>et bloui sul'tlommn l'Inca; j'ai senti pour.: la preJlJ il'e foill tou te la douceUl de vivre Daus une cahine du Nord Express pntt'e Wil'ballf'n et r, ... km', Onglis$3it tr'a\'ers d"s prairies Dt des b8l'Wrs, Au pied de "roupes d" arbres pareilles il de,; (;'ollirws Etaient de pt'!lUX de mOlltoIl,f rI'ues et sales, , La prose de Valry LllI'hnud ('si ullssi lllOll\'H Il 1 e que ce pome. Bal'nabooth vcul clllbrasst'r la vie dmlstOl1S ses aspects, c'est un hte de prtssage lHlX muqneuses et qui aime lesconlrasles. La btise des jeunes pfarren prussiens J'ennuie (hms sa joie de vivre el les stupidits dgorges sur les pa)'s11geslrop sn V.UIl ts dt' l'Jta 1 : .. Sensua 1 j l drgle ... pl'a Iqu esslI pl' l'st i 1 ie llSe!\ ... ) Tout un rouleau de phonographe . . Barnabooth est lIll mgalomane du sentimf'llt. Son amour fconderail toule la lerre, Unt' Hmili' sillcrt" lui lin'" Je pays et les C ('lllll:(' ('cs litanies passionnes des sourates Oh 1 qu'il me floit dOlll1P f'nro1'O Ilnf\ fois, ne qup1'l'tf'S flndrnits nimi-:tomme La Place du Parili'!lilO. il : La Chiaja frakhe, Je voudrais insisler SUI' C(' Ion l'idle d'\'ocations qlli avec peu de mots recrent ulle cil <:1 les sentimels cie J'artiste devant Ici paysag(. C'est ('('Ill' pinge de Khe:rsonse, prs dr Sbaslopol o Iller b:.ll pnrmi ks runes. HJO Lt ------------------------------l'Mo Je rerOllll1WIH\{' de lire {'llllcureIllIlH'nl (lSOIi ,1Clurnallntimeel (( Les d',\. 0, Barll:t})oolh,I) Le jeune homme vo}'nge bl l't'l'herche dt.' les jOl,lI'naux publient son porll'lil avec. salls COIllIlH'lllnll't' 60.450.000 livres de renie. Il Ile fait pns de af faires de finance COlllll1eSOn pre que \Vall Sln>et bloui sul'tlommn l'Inca; j'ai senti pour.: la preJlJ il'e foill tou le la douceUl de vivre Daus une cahine du Nord Express pntt'e Wil'ballf'n et r, ... km', Onglis$3it tr'a\'ers d"s prairies Dt des b8l'Wrs, Au pied de "roupes d" arbres pareilles il de,; collirws Etaient de pt'!lUX de mOlltoIl,f rI'ues et sales, , La prose de Valry LllI'hnud ('si ullssi lllOll\'H Il 1 e que ce pome. Bal'nabooth vcul elllbrasst'r la vie dmlstOl1S ses aspects, c'est un hte de prtssage lHlX muqneuses et qui aime lesconlrasles. La btise des jeunes pfarren prussiens J'ennuie (hms sa joie de vivre el les stupidits dgorges sur les pa)'s11geslrop sn V.UIl ts dt' l'Jta 1 : .. Sensua 1 j l drgle ... pl'a Iqu esslI pl' l'st i 1 ie llSe!\ ... ) Tout un rouleau de phonographe . . Barnabooth est lIll mgalomane du sentimf'llt. Son amour fconderail toule la lerre, Unt' Hmili' sillcrt" lui lin'" Je pays et les C ('lllll:(' ('cs litanies passionnes des sourates Oh 1 qu'il me floit dOllllP f'nro1'O Ilnf\ fois, ne qup1'l'tf'S flndrnits nimi-:tomme La Place du Purili/l,il', il : La Chiaja frakhe, Je voudrais insisler SUI' cc Ion l'idle d'\'ocations qlli avec peu de mots recrent \Ille cil <:1 les scntimels cie J'artiste devant Ici paysag(. C'est ('('Ill' pinge de Khe:rsonse, prs dr Sbaslopol o Iller b:.ll pnrmi ks runes.
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101 L'heure la [>nrade sur rOpnnhaus Plalz aux vieux monuments pseudo-classiques, Valry Larbaud a retrouv les couleurs des imagiers d'autrefois et voici un film dlicieux. La posie ne l'econslitue pas le pass mais remonte le cours des temps pour vous mouvoir des mmes sensalions que les courtisans d'Isabelle-Ja.Ioveuse : '" Et RW'k:nghullI l't I/'s Il!l'Ilines dl' ln Rein!' , doucf'l,nent, ('(\!Illlle Ull l'ev(', sur.lean, ()11 comme notre ('U'ur "" 1)([,(,('1':1 il IO!l) il la recherche du lemps perdu: Clll'ille ce tI'j,;tl' jour d'hivl'r ,;\lf' la IIlH j7I'se, :'lIon ami', ‘ Wfi hOllilP Hlllil', ma camarade! Je noi" qu'il e::it ]'ar!>i! ail jOlll' O Hornce l'ode LpUCOIIOt', ("tait flllf'S l'hi\'el', nlo!':,. com n1>' j'hiver Qui mnintpnnnt bri,,!' ,..111' J." 1 oellt'I" fld Il'r,,,'s Il,> la 111\'1' Ty 1 rhni('IIIl" ... , Ce glissemenl du pnSSt' d:lllS le prt:'sclll ('si rendu plus nellemenl <1:1118 ce poL'me lollnalll (1 Lu (1':\1:1-hunllpfI.) L'Inca plcu!'e suppliant de ses gl'Os yeux 1'011-ges Pizflrre cl Almngro. C'esl la ['{'constitution d'ull 1.1-ble:llI Lim:l. Les l't'lllllles dt' rEmpercur ,-\Il11'ric:lill sont furieuses, ('hc\'('I(('s, Ll' clerg(', Cil surplis :l\.'C les croix dores, Et non loin dl' rra\' \ccnl(> de \'alverd(' Atahuallpa slIbit l'supplice IH)rrible du gnrrot. Ce!\(' sanguine du pnss si prodigieux d'ungoisse esl brusquement transpose SUI' Hile loile hhlllche dans une chmrbre blouissnnle de lumires lectriques, Cetle scne de l'histoire nationrtle pru\'ienne-el dnns un cilllchemnr s'accomplit au Sonorn Palace Htel. exactement ('0111111<' il Y a quatre renls ans, il CnXI1IlHII'CU: --Oll! quI' qllllqll\m n'aillE> Il'1.' "C, 1I'(jml'(' de POI'(E>.,. Hibot, CI'i\'ant des hnllucintlliC:)l1s d{'s SCllS ne parletil pas de ce malndc qui senlit revivre entre !'cs doigls LA IIL\TL t:-..I)I{,L:-"L El c ed 1 j (' Tri st: III LI](' llll i i l d e q Il i d (' S l' e Il cl e Il t Il (l S fa Il ta isisl es Pl' lIeri 11, Em i 1 t' Hl' Il rio l, Tri si a Il 1 k r Ille. Toulel. Depuis les mhint'ls d'l'nu tidf' dl' Ln-, martine * et le pipi philosophiqlle de ,'Illy Prudhomme bien des coles ont pass, Mieux \"lUt un travail mdiocre mais personnel plnlt qu'ulle magniHqtH' imitation, Valry Larhaud IiOUS prie de fuir les pasl iclws pour faire des recherdH's modestes, il esl ,'nli dans le grand couranl dUmallisme qui secoue Ioule ln littrature Un s:Juffle antique parcourt les vers de Valry-Larbaud et l'rl1dilioll ne fail qu'ajouter, la beaut des pomes. Pm-Ions avec lui (lnns Cl1rpedlf:'!11)) il la recherche du lemps perdu: Clll'ille ce tI'j,;tl' jour d'hivl'r ,;\lf' la IIlH j7I'se, :'lIon amie, Wfi hOllilP Hlllil', ma camarade! Je noi" qu'il e::it ]'ar!>i! ail jOlll' O Hornce l'ode LpUCOIIOt', ("tait flllf'S l'hi\'el', nlo!':,. com 111>' j'hiver Qui mnintpnnnt bri,,!' ,..111' J." 1 oellt'I" fld Il'r:3es (l,> la 111\'1' Ty 1 rhni('IIIl" ... , Ce glissemenl du pnSSt' d:lllS le prt"sclll ('si rendu plus nellement <1:1118 ce poL'me lollnalll (1 Lu (1':\1:1-hunllpfI.) L'Inca plcu!'e suppliant de ses gl'Os yeux 1'011-ges Pizflrre ct Almngro. Cesl la ['{'constitution d'ull 1.1-ble:llI Lim:l. Les l't'lllllles dt' rEmpercur ,-\Il11'ric:lill sont furieuses, ('hc\'('I(('s, Ll' clerg(', Cil surplis :l\.'C les croix dores, Et non loin dl' rra\' \ccnl(> de \'alverd(' Atahuallpa slIbit l'supplice IH)rrible du gnrrot. Ce!\(' sanguine du pnss si prodigieux d'ungoisse esl brusquement transpose SUI' Hile loile hhlllche dans une chmrbre blouissnnle de lumires lectriques, Cetle scne de l'histoire nationrtle pruvienne et dnns un cilllchemnr s'accomplit au Sonorn Palace Htel. exactemenl ('0111111<' il Y a quatre rents ans, il CnXI1IlHII'CU: --Oll! quI' qllllqll\m n'aillE> Il'1.' "C, 1I'(jml'(' de POI'(E>.,. Hibot, CI'i\'anl des hnllucintltiC:)l1s d{'s scns ne parletil pas de ce malndc qui senlit revivre entre !'cs doigls
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LA BEVUE INDiGNE 193 la main tiue ct uouce un Tireur d'Epines? D'une tasse fumante de chocolat pais la tentation se fait exquise d'une femme de couleur au baisel' lourd et capiteux ",le chocolat mme ,.;oit en tablettes fraches d'abord puis brlante,.;, gl'll:
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LA nE\TL I:\J)I(iL:'-I. Elle,; fj' eU! It'Ildrenw 11 t leurt' iIIsills tl't'llIhlau!ts Yonlait'ilt et Ile voulaiplIt pH,. se ;,;.'pal'e)': Jeur,.: houchts ":'loignaient donJolll'eUilement POIlI' se rappmehel' SIlSl!'ott Tandis que leurs y/lUX fixent se cOlltelllpJeut. Et les hommes passaienl, les remorqueurs grondaient sur le fleuy-t", des lrHins mfoJlll\'nlicnt en sifflant sur les ponts dE" fel', III Eutre COI'(JOIH' Qt Sdlle E,.:t une petite statioll, on ,.:an:3 m:sons apparentes, Le Sud-Elpre:>s ,.:'art't'He toujours, En vain le voyageur cherche dt':;: un vllail'e Ali !lpl de cette petite :.rare eut!nrlllie SOIIS les eucalyptus: II ne l'oit que la l'Omp:\!!u .... !I mh\ 1 Otl ",. verte et dore, POllrlanl. d'lIne huile de branchages noircis el d(' terre une llHII'llHli Ile E"ll loques sarl. Ln sur ane les prcde et danse pOUl' avoir sous, Son \'sag(> est sans beaul. 011 \'oil s':lgil(>r s(.'s cuisses et nues, et son pelit \'ellll'(, jaune, ('(' qui fnit riCnlH'l' les gros bourg('ois fum:ml I(ul's cigHI'C>s au wngo,n-restaul'n ni: o mon nif'u. ue '''(,l'a t-il jamai" po,",,,ible Que je ('onnils:;e I.'ette dOllce. fCIUIlW, l has en Petite Et le,..: deux ami ... ,.: de Hotterdl\m, Et III jeune mendiante d'Andlllou"ie Et que je me lie a vt>e elle" n"une ini:s ,.:'art't'He toujours, En vain le voyageur cherche dt':;: un vllail'e Ali !lpl de cette petite :.rare eut!nrlllie SOIIS les eucalyptus: II ne l'oit que la l'Omp:\p'lI .... !I mh\ 1 Otl ",. verte et dore, POllrlanl. d'lIne huile de branchages noircis el d(' terre une llHII'llHli Ile E"ll loques sarl. Ln sur ane les prcde et danse pOUl' avoir sous, Son \'sag(> est sans beaul. 011 \'oil s':lgil(>r s(.'s cuisses et nues, et son pelit \'ellll'(, jaune, ('(' qui fnit riCnlH'l' les gros bourg('ois fum:ml I(ul's cigHI'C>s au wngon-restaul'n ni: o mon nif'u. ue ,.;t'I'a t-il jamai" po,",,,ible Que je ('onnils:;e I.'ette dOllce. fCIUIlW, l has en Petite Et le,..: deux ami ... ,.: de Hotterdl\m, Et III jeune mendiante d'Andlllou"ie Et que je me lie a vt>e elle" n"une ini:
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LA HE\lUE INDIGNE HJ5 ",1 sens, _:\ remarquel' celte inccl,tilude des villgt-trois ans de l'homme qui se cherche ct voudrait dormir pour ou"" hlier toutes Ics que son rveil lui fera l'e..,, trouver. Je d'nil'e Ull Valry Larhaud pote exotique qui le parmi les St Lgcl' LgCl', Levet, Sgalen. Les cocotiers n"encombrent pas ses vers mais l'exotisme Il'est-ce pDS la nouveaut des paysages comme pour Un myope il qui l'on vielll !Il' donner des lunelles .• ! Ah: Jonnl'z llioi II! Vfmt du suir ';11 t' h''; pmir'es. Et l'odeul' .111 fuin frai:,; coup, cornille l'II L'n '"'lOir ap!'!'" Lt plllie sur'le lal: de Stal'llberg. RiCH n'est plus doux que les Intimits de Valry Laret Scheveningue, Morte Saison, justifient curieusement cette philosophie de Barnabooth: nous restons toujours les mmes. Le moi est si profond que les vagues de surface ne le trouhlent point. L'me s'meut aux douceurs d'aprs-midi en Algrie comme en N\)rvge. Voici une musique de Grieg et
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Trfle Incarnat Ce parfum violent. sensuel ct COllllllun tait Je lien qui nous unissait, Azma el moi, ntllre unit, le fil d'Ariane d.u labyrinthe de nos mes et de nos corps. Quel sl,lbtil alchimiste avait fait d'Azma, du Trfle Incarnat et de moL une comoinaison dont le l'sullat nvait t un prfum inconnu du monde extrieur. (Ce parfum, je vous dirai son nom nl, pllrce ({oe ('clle lente ncclIlllulhlion cleo; exTrfle Incarnat Ce parfum violent. sensuel ct COllllllun tait Je lien qui nous unissait, Azma el moi, m.llre unit, le fil d'Ariane d.u labyrinthe de nos mes et de nos corps. Quel sl,lbtil alchimiste avait fait d'Azma, du Trfle Incarnat et de moL une comoinaison dont le l'sullat nvait t un prfum inconnu du monde extrieur. (Ce parfum, je vous dirai son nom nl, pllrce ({oe ('elle lente ncclIlllulhlion cleo; ex-
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LA REVUE iNDIGNE l priellcl's (Ill i fornwielll Illon moi, llI'empdwI de gotel' la sensation dans su sm'cul' prilllilive, ol'igillalc. Il lIl'mlrail fallu pOUl' l'l'In une [tille cl lIll t'orrs purs de hrule, ces rves eux-mlllcs Iii puissfllnment matriuliss qu'ils fussent, finiraient pal' s'mousser, se dissoudre, t' ainsi, lenlelllcllt Bwis sLh'Cl1lent, je pourrais reconqurir ma puret initiale. j'avouerai cepen
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1..-\ IIE\TEI:"\IHGE:\E Azllll sut un jour que je la trompais. Tu nH.' pacnls dit-elle. Je ne lardai pas ‘ sentir les effets dl' sa melluce. Toutes les obsessions de nagu(>re d qui ne servaient qu' renforcer monalllour, d('\"ircnl. Les pattes nigues de ln jalousie me fouillrent le cur. Dix lois le courrais chez elle comme, un fou: et aeslrant cependant derencolltrel' J amant ImrtgllullI'e .. Je la retrouvais calme, un sourire mystrieux sur les lvres, et alors je m'abimais dans son amour. Ces alternatives d'effroi et de bonheur m' .. rraiblissaienl considrablement, nu point que ... nHls une comparaison vous peindrait certainement mieux l'tat o j'tais. Voil. J'tuis comme un malade sous lnfluenec du ch]oroforme. Un malaise horrible. Une constante envie de vomir. Un vague bourdonnant. Les voix nutour de lui semblent lointaines, et se taisent... et se taisent. Un abme verti gineux o il s'enfonce. Le vide: la mort. Angoisse. Angoisse mon Dieul C'est le moment o le double se dtache lentement du corps. S'il s'en ce double capricieux, et ne revenait plus. Alors ... ... Mon Dien, je vais mourir se dit le malheurcux. fermes. Rideaux baisss. Portes closes. Il voi t et entend des doches qui SOllnent son t'nlen/::'ment. Voiei la h're dl'pose sur le (',itrl1re d qui ne servaient qu' renforcer monalllour, d('\"ircnl. Les pattes nigues de ln jalousie me fouillrent le cur. Dix lois le courrais chez elle comme, un fou: et aeslrant cependant derencolltrel' J amant lI11ngllullI'e .. Je la retrouvais calme, un sourire mystrieux sur les lvres, et alors je m'abimais dans son amour. Ces alternatives d'effroi et de bonheur m' .. rraiblissaienl considrablement, nu point que ... nHls une comparaison vous peindrait certainement mieux l'tat o j'tais. Voil. J'tuis comme un malade sous lnfluenec du ch]oroforme. Un malaise horrible. Une constante envie de vomir. Un vague bourdonnant. Les voix nutour de lui semblent lointaines, et se taisent... et se taisent. Un abme verti gineux o il s'enfonce. Le vide: la mort. Angoisse. Angoisse mon Dieul C'est le moment o le double se dtache lentement du corps. S'il s'en ce double capricieux, et ne revenait plus. Alors ... ... Mon Dien, je vais mourir se dit le malheurcux. fermes. Rideaux baisss. Portes closes. Il voi t et entend des doches qui SOllnent son t'nlen/::'ment. Voiei la h're dl'pose sur le (',itrl1
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1..\ REVUE 199 maius lasses ddaigneut de cueillil'les dsirs'les plus proches. les plus juteux . . J'estime que de se momifier dans l snrcophage dress par la Destine. calme, satisfait et sans envie, le corps en\'elopp des bandelettes de ses principes est en vrit une belle et trs bonne chose ... CABL BROUAHD -----0-----PAfRON,SEUltEIVlENT UN P'TIT BOUTT ... C'EST YOUS C'EST VOCS C'EST VOUS ... de dcembre, amhre, frache, et douce. Et tout l'clairage Le fromage qu'on ne peut pas coupu. Vargent qu'on ne pas compter ... dirait la peI te noire poseuse d'nigmes. Et le gramophone susurre: 1 SAY HlM : JE T'AnIE 1 . Eugne est assis il la terrasse du caf. Firement ( c'est un garon de dix-huit ans. et qui commence sa vie d'homme ). tient de la main droite un grand verre de limonade. El la paille traditionnelle s'meut comme une herbe aquatique. Ti-Rouge, lui, est ramasseur de poes *. Il ::wise Eugne; lui tend son chapeau; et. humble'llenl: -Patrolll dit-il, cinq cutimes, s'Olt pl, pour acheter un biscuit. Eugne le considre drement, tourne la tte, s'absorbe la contemplation de la rue. Mais l'autre: -Patron! YOUS n'avez pas entendu? Eugne aspire une gorge de limonade. nernmt. qui patiente ... M[\lpropre! Et cet il de chien ha ttu ... -Patron! Furieuse cn\ie. de le rudoyer. Eh! n'as-tu pas honfe, it ton ge, de mendier? Tu es un parnsite, Ti-Rouge, un .. 1..\ REVUE 199 maius lasses ddaigneut de cueillil'les dsirs'les plus proches. les plus juteux . . J'estime que de se momifier dans l snrcophage dress par la Destine. calme, satisfait et sans envie, le corps hien en\'elopp des bandelettes de ses principes est en vrit une belle et trs bonne chose ... CABL BROUAHD -----0-----PAfRON,SEUltEIVlENT UN P'TIT BOUTT ... C'EST YOUS C'EST VOCS C'EST VOUS ... de dcembre, amhre, frache, et douce. Et tout l'clairage Le fromage qu'on ne peut pas COUp6r. Vargent qu'on ne pas compter ... dirait la peI te noire poseuse d'nigmes. Et le gramophone susurre: 1 SAY HlM : JE T'AnIE 1 . Eugne est assis il la terrasse du caf. Firement ( c'est un garon de dix-huit ans. et qui commence sa vie d'homme ). tient de la mnin droite un grand verre de limonade. Et la paille traditionnelle s'meut comme une herbe aquatique. Ti-Rouge, lui, est ramasseur de poes *. Il ::wise Eugne; lui tend son chapeau; et. humble'llenl: -Patrolll dit-il, cinq cutimes, s'ou pl, pour acheter un biscuit. Eugne le considre drement, tourne la tte, s'absorbe la contemplation de la rue. Mais l'autre: -Patron! YOUS n'avez pas entendu? Eugne aspire une gorge de limonade. nernmt. qui patiente ... Mnlpropre! Et cet il de chlcn ha ttu ... -Patron! Furieuse en\ie. de le rudoyer. Eh! n'as-tu pas honte, il ton ge, de mendier? Tu es un parnsite, Ti-Rouge, un ..
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fil'au de la Soeil(', La So('('I(' m'et' Ull S Illnjusculc. pour parler l'inslar de 1ll01J pre. qui esl lIll hOllornblejuge au Trihullni de Cussnlion, Mais snis-tll, au moins, ce quee'est, un parasite'! Eugne sOlll'il. sourit, satisfait de lui-m-ml", dt" son petit discolll's illfrieur. Puis: . -Ti-Rouge, tu cs un parasite. -Patron ... -Tu ne comprends pas'!... Je le savnis bien. -Patron, seulement un p'iit boutt ... Alors Eugne, conscienL du mpris que la Socil doit un parasite, lana au mendiant, comme oncrche simplement, la eigarette quinande, et qui tomba dans ]a cour. -Merci en pile, pnlroll. mrrei. Dicu vous recompl'l1-sera. Ti-Rouge sourtle sur lacigan>tle, pOlir lui elllt'ycl' la poussire. C'EST VOUS C'EST VOl:S C'EST VOUS ... Cet air d'cnfunt qui plClll'(' ponr son pain el cur ... Un brave garon, qui sait... Je lui ai fait srement de la peine. Et c'tait si simple de lui donner la mi1'l{rllble cigarette amicalement, de Il IllHin il la main, Non pns des remords. Dsir de lui faire dOl! d'lllll' minute ht'UI'euse. Lui !'er-l'er la main. Frre.,.H jJais (ompl'is? Je vois la scne ... AND 1 SAY .JE TAIM E! ... E"idemment. Il se senlil mfi .. . Au fond, Eugne ne regrette pus 5011 Mme, il se promet de le )'efnire la prochaine ocrnsioTl ... Et Eugne a \,e('ommen,('. Une fois. Puis d'autres. Mais sans janwis retrouver l'motion dl' la premirc. PHILIPPE THOB'f-MARCELI!-; fil'au de la Soeil(', La So('('I(' m'et' Ull S Illnjusculc. pour parler l'inslar de 1ll01J pre. qui est lIll hOllornblejuge au Trihullni de Cussnlion, Mais snis-!ll, au moins, ce quee'es!, un parasite'! Eugne sOlll'il. sourit, satisfait de lui-m-ml", dt" son petit discolll's illfrieur. Puis: . -Ti-Rouge, tu cs un parasite. -Patron ... -Tu ne comprends pas'!... Je le savnis bien. -Patron, seulement un p'iit boutt ... Alors Eugne, conscienL du mpris que la Socil doit un parasite, lana au mendiant, comme oncrche simplement, la eigarette quinande, et qui tomba dans ]a cour. -Merci en pile, pnlroll. mrrei. Dicu vous recompl'l1-sera. Ti-Rouge sourtle sur Incigan>tle, pour lui elllt'ycl' la poussire. C'EST VOUS C'EST VOl:S C'EST VOUS ... Cet air d'cnfunt qui plClll'(' ponr son pain el cur ... Un brave garon, qui sait... Je lui ai fait srement de la peine. Et c'tait si simple de lui donner la mi1'l{rllble cigarette amicalement, de Il IllHin il la main, Non pns des remords. Dsir de lui faire dOl! d'lllll' minute ht'UI'euse. Lui !'er-l'er la main. Frre.,.H jJais (ompris? Je vois la scne ... AND 1 SAY .JE TAIM E! ... E"idemment. Il se serflil mfi .. . Au fond, Eugne ne regrette pus 5011 Mme, il se promet de le refnire la prochaine ocrnsioTl ... Et Eugne a \,e('ommen,('. Une fois. Puis d'autres. Mais sans janwis retrouver l'motion dl' la premirc. PHILIPPE THOB'f-MARCELI!-;
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LA REVUE INDIGNE Desse anthropophage de la Volupl et des richesses, aux robes nuances des couleurs de l'urc-enciel. Protectrice des fils de Yuvoutc. o Toi ., qui tends les dsirs COlllme des cordes 1 o Dix mille fois ddouble qui dans le monde lastique et mol des rves, chaque nuit de jeudi ouvres tes le secret de tes flancs et l'odeur de ta chair! Erzulie lan, dsir, cruaut, douctur, nant, je te chanlerai. je te glorifierai, Je t'exalterai. 201 En ton honneur je brlerai l'huile de palma-christi, l' assa-ftida, je battrai le hogan, . j'agiterai la clochette et l'aon, et je dirai la chair, la chair douce au contact comme du velours, chair humble, Joyeuse, triste • . fl'missanle, palpitante, douloUl'euse . la chair belle que l'me, parce qu'un jour nlll ne pourra la sentir sflns se boucher le nez . . CARL BROUARD LA REVUE INDIGNE Desse anthropophage de la Volupl et des richesses, aux robes nuances des couleurs de l'urc-enciel. Protectrice des fils de Yuvoutc. o Toi ., qui tends les dsirs COlllme des cordes 1 o Dix mille fois ddouble qui dans le monde lastique et mol des rves, chaque nuit de jeudi ouvres tes le secret de tes flancs et l'odeur de ta chair! Erzulie lan, dsir, cruaut, douctur, nant, je te chanlerai. je te glorifierai, Je t'exalterai. 201 En ton honneur je brlerai l'huile de palma-christi, l' assa-ftida, je battrai le hogan, . j'agiterai la clochette et l'aon, et je dirai la chair, la chair douce au contact comme du velours, chair humble, Joyeuse, triste • . fl'missanle, palpitante, douloUl'euse . la chair belle que l'me, parce qu'un jour nlll ne pourra la sentir sflns se boucher le nez . . CARL BROUARD
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202 PARADIS FERDU Paradis perdu comme se fane une rose, C'tait un ajoupa Inpi au creux des manguiers, fleuri d'hibiscus et de jnsmins des bois, au bord de courante. NnetLe, nos corps dans l'eau comme un glaon dans la bouche, Ton odeur de Pompea <,t mon odeur d'tau de Cologne. Nnette, ma !\lletle, Ion cur de confetti, et puis tes lvres qui demandent toujours.,. toujours l'aumn<" et ton corps. ce caramel dlicieux. La salaison tait chre nos l\'res aprs le bain et l'amour, et combien excitants le rhum dor, la menlhe verte, le cinznno jm1l1f:'. 0 frais perdu l Tombe sur mon cur cendre maU\'e de 111 melancolie, et loi i\nelle pches des regrets dans les e[lux du Pass. CArU. BIIOl'.\TW 202 PARADIS FERDU Paradis perdu comme se fane une rose, C'tait un ajoupa Inpi au creux des munguicrs, fleuri d'hibiscus et de jnsmins des bois, au bord de fOUrante. NnetLe, nos corps dans l'eau comme un glaon dans la bouche, Ton odeur de Pompea <,t mon odeur d'tau de Cologne. Nnette, ma !\llellc, Ion Cur de confetti, et puis tes lvres qui demandent toujours.,. toujours l'aumn<" et ton corps. ce caramel dlicieux. La salaison tait chre nos l\'res aprs le bain et l'amour, et combien excitants le rhum dor, la menlhe verte, le cinznno jm1l1f:'. 0 frais perdu l Tombe sur mon Cur cendre maU\'e de 111 melancolie, et loi i\nelle pches des regrets dans les e[lux du Pass. CArU. BIIOl'.\TW
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LA HEVl.;E (ND(Gf:NE Avec les pavoIs vols MOI'phe, belle, m'ont endormi vos doigts de fe dans la tOlll' de ramOllI'. 203 Mollcmc!lt emport SUI' le cerf-volant du rve, comme la Belle au bois dormant me suis endormi dans la tOllr de l'.amour. Perch sur un noir cyprs. l'oiseau bl:tl chante jusqu'au sail' prs de la tour de l'amour. Mais, princesse avenante, viendrezvous diaphane et Jente dans la tour de l'amour, CARL BROUARD . LA HEVl.;E (ND(Gf:NE Avec les pavoIs vols MOI'phe, belle, m'ont endormi vos doigts de fe dans la tOlll' de ramOllI'. 203 Mollcmc!lt emport SUI' le cerf-volant du rve, comme la Belle au bois dormant me suis endormi dans la tOllr de l'.amour. Perch sur un noir cyprs. l'oiseau bl:tl chante jusqu'au soir prs de la tour de l'amour. Mais, princesse avenante, viendrezvous diaphane et Jente dans la tour de l'amour, CARL BROUARD .
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LA HL\TEI:-;mGJ::-;1. L'horizon pli Comme un ventail HAGARD Et cette route n'en finit plus ... Si Seulement Tu peux oublier .. Le grain de sable de ta chaussUl'e, Il ya e!1core moyen de cacher la figure avec I.es dOigts. Et pleurer, Pleurer. Il taut voir . Mais toute la question esll: comprendon jamais pareil dsespoir public? Alors tu regardes la main qui broie Une boite d'allumetles ... Il faut voir a aussi. Pu, TUOBY-:\L\.I1CELll\ LA HL\TEI:-;mGJ::-;1. L'horizon pli Comme un ventail HAGARD Et cette route n'en finit plus ... Si Seulement Tu peux oublier .. Le grain de sable de ta chaussUl'e, Il ya e!1core moyen de cacher la figure avec I.es dOigts. Et pleurer, Pleurer. Il taut voir . Mais toute la question esll: comprendon jamais pareil dsespoir public? Alors tu regardes la main qui broie Une boite d'allumetles ... Il faut voir a aussi. Pu, TUOBY-:\L\.I1CELll\
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.I;! sa is q lie je suis Sct! Il-III t ni . L,\ IILVUE INDIGNE l'Il hOJllIlH> l'litre les llOlllllll'S, -','el' illslind'i, IIH:5 mes pe litcsses /) '110 IIllll e ... L'horlogt d LI San-Cur mesure les heures au comple-gOllttes ... .le ne !'mis qu'un homme aux memhres faligus . . J'ultcnds . . lnte'Toge: Quel sera le joUI' de ma mort? Je prie:(/StignelJl'. donnez-moi la douceur. .. Penser il la grande indiffrence de la mort. PH. THORy-MARCELIN 205 .I;! sa is q lie je suis Sct! Il-III t ni . L,\ IILVUE INDIGNE l'Il hOJllllle l'litre les llOlllllll'S, ",'el' illslind'i, IIH:5 mes pc litcsses /) '110 IIllll e ... L'horlogt d LI San-Cur mesure les heures au comple-gOllttes ... .le ne !'mis qu'un homme aux memhres faligus . . J'ultcnds . . lnte'Toge: Quel sera le joUI' de ma mort? Je prie:(/StignelJl'. donnez-moi la douceur. .. Penser il la grande indiffrence de la mort. PH. THORy-MARCELIN 205
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20U LA fiEVUE INDIGNE MGI MAINS Somonolentes Tes mains glissent . en mes cheveux Effieurement d'esquif sur la mer Lente La descente de mes doigts Au couloir ombr des mammes nsses . Cones ANTONY LESPs 20U LA fiEVUE INDIGNE MGI MAINS Somonolentes Tes mains glissent . en mes cheveux Effieurement d'esquif sur la mer Lente La descente de mes doigts Au couloir ombr des mammes nsses . Cones ANTONY LESPs
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Mes bras LA REVUE INDIGNE peEli1 Autour de ton cou Convolvulus Dsir de loi Simplement , cette nuit Dcevance en tes yeux Je t'aimerai Mon cur est ailleurs Seulement un peu si tu me repousses 207 ANTONY LESPS Mes bras LA REVUE INDIGNE peEli1 Autour de ton cou Convolvulus Dsir de loi Simplement , cette nuit Dcevance en tes yeux Je t'aimerai Mon cur est ailleurs Seulement un peu si tu me repousses 207 ANTONY LESPS
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LA BEVl.:E I:-;DlGE:-;E J'ai compos cette histoire-simple.simple-:::im pie Pour mettre en fureur les Et amuser les C'n.mLES CROS 1-hironde1les qui passent ressemblent des ciseau volants. A les regarder nous recueillons les heures pr petits morceaux droups. -2-Ceux qui ont b('aucoup aim le Dernier des -;\Iohicar voient les gros nuages amoncels houler pesammer dans Je ciel comme un tI"oupeau de bisons dans le Fat West. L'ultime ravon de soleil est l"cJair de la lance d guerrier Indien. -3-Au milieu de la rue dserte un jeune garon s'c: arrt. Il regarde son ombre longue et pense: Qmllld " serai grnnd je sern pins gnllld que mon ombn. --1-Le ciel est trop vaste pOUl' qu'un cnf!lllt puisse le sa sir dans ses petits bras. i\lais dis-lui: Ciel. chapeau lm Ion; alors il tendra ses menoltes vers le fi l"Iuament croch la patre du pnllllier. eeui!l:'.'rn la June et 1 mettra dans sa poche. o pole eniant ! -5-la galette cette brune blanch isseusr a les sei] fleuris ,te violettes. Cela lui donne un grand nil' de 1111 destie (l-Qu'il esL beau cet tnllls qui sans l'esse pen sa maitresse, Mme en faisant sa toilelle il l'voqu . et comme c'est un amant dsespr. se regardvnt dal la glace, froidement. il fait le geste de se sauler la ce velle avee sn dents. JACQUES HOUMAIN LA BEVl.:E I:-;DlGE:-;E J'ai compos cette histoire-simple.simple-:::im pie Pour mettre en fureur les Et amuser les C'n.mLES CROS 1-hironde1les qui passent ressemblent des ciseau volants. A les regarder nous recueillons les heures PI petits morceaux droups. -2-Ceux qui ont b('aucoup aim le Dernier des -;\Iohicar voient les gros nuages amoncels houler pesammer dans Je ciel comme un tI"oupeau de bisons dans le Fat West. L'ultime ravon de soleil est l"cJair de la lance d guerrier Indien. -3-Au milieu de la rue dserte un jeune garon s'c: arrt. Il regarde son ombre longue et pense: Qmllld " serai grnnd je sern pins gnllld que mon ombn. --1-Le ciel est trop vaste pOUl' qu'un cnf!lllt puisse le sa sir dans ses petits bras. i\lais dis-lui: Ciel. chapeau lm Ion; alors il tendra ses menoltes vers le fi l'mament croch la patre du pnllllier. eeui!l:'.'rn la June et 1 mettra dans sa poche. o pole eniant ! -5-la galette cette brune blanch isseusr a les sei] fleuris ,te violettes. Cela lui donne un grand nil' de 1111 destie (l-Qu'il esL beau cet tnllls qui sans l'esse pen sa maitresse, Mme en faisant sa toilelle il l'voqu . et comme c'est un amant dsespr. se regardvnt dal la glace, froidement. il fait le geste de se sauler la ce velle avee sn dents. JACQUES HOUMAIN
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Pendantla pluie .. ,. ('l'He dWlllion, l-bo:::, I!COllt!!1> Cette UH fon du hob ... ("l'st l'adieu du dernier hUIltl.IOI> comme :-tout )'autl"efo,; Tom hait dans l'lime goutt!:' il ),!olltte .. , Vers le sail ... 1I1l soir d'Hl11lhvsle ct de mlancolie ... S'enfermer, seul, avec lu solhude nondudante de no tre campagne tropicale, sous tin modeste et Hlstiquc loit de latanier moisi d'humidit, Hli pm'fulll cre el tide, ml il l'inC:llltatioll de la \'ntHtOll sau\'ag'c d'u-l ,0 . .. cl rver 1 ahs('nlr ... . Sentir IWitl'C Cil sOI el se pr('l'Iser son r\'t', .. r\'(! enchant qui \'il /lotlant de-ci de-Iii dalls le l'rpuscule, chevuurlwlll la nche que In1el: le \(JI rnpide de la [Otll" [cl'elle ou suivant Ir sill(H1 d'or qu'illcruste lentement hl luciole sur le ciel; r\'e estomp de Iluages fins el polychromes que paslellise J'infini des horizon!;; r"e elllbaum de tons les parfulllS indfinis qu'exhale ln nalu 1'(' •. , Eterniser en soi son rve, ell respirant pleins poumons jusqu'il en faire craquer la poitrine, toute la campagne aux txhalaisons chaudes et pentrantes b.1(Juelle il s'identifie ... el jouir l'absorber tout enliel" son l'vc cher .. , • • Laisser reflter en SOI. il travers les cimes en fronaisons qui lui dessinent un cadre de dentel1es lgres o courent des f,'issons, lin pan du ciel opalin, nlumin de mnuve. d'ozur ri de tous les ors, -pan du ciel qui se couvre lei un coin de chair qui se trahit et qui fait tressaillir d'exquise Vl>lupt,-et puis soudainement se voile de gris, comme si une invisible main de jalouse et maussade fe l'l'ut ret'ouvert d'un manteau sombre, aux sens n\'ides la sensation suave et ulL.ne d'un plaisir di,-in ... Pendantla pluie .. ,. ('l'He dWlllion, l-bo:::, I!COllt!!1> Cette UH fon du hob ... ("l'st l'adieu du dernier hUIltl.IOI> comme :-tout )'autl"efo,; Tom hait dans l'lime goutt!:' il ),!olltte .. , Vers le SOil ... 1I1l soir d'Hl11lhvsle ct de mlancolie ... S'enfermer, seul, avec lu solhude nondudante de no tre campagne tropicale, sous tin modeste et Hlstiquc loit de latanier moisi d'humidit, Hli pm'fulll cre el tide, ml il l'inC:llltatioll de la \'ntHtOll sau\'ag'c d'u-l ,0 . .. cl rver 1 ahs('nlr ... . Sentir IWitl'C Cil sOI el se pr('l'Iser son r\'t' .. , r\'(! enchant qui \'il /lotlant de-ci de-Iii dalls le l'rpuscule, CheVUlll'Jwlll la nche que In1el: le \(JI rnpide de la [otlr [erelle ou suivant Ir sill(H1 d'or qu'illcruste lentement hl luciole sur le ciel; r\'e estomp de Iluages fins el polychromes que paslellise J'infini des horizon!;; r"e elllbaum de tons les parfulllS indfinis qu'exhale ln nalu 1'(' •.. Eterniser en soi 5011 rve, ell respirant pleins poumons jusqu'il en faire craquer la poitrine, toute la campagne aux txhalaisons chaudes et pentrantes b.1(Juelle il s'identifie ... el jouir l'absorber tout enliel" son l'vc cher .. , • • Laisser reflter en SOI. il travers les cimes en fronaisons qui lui dessinent un cadre de dentel1es lgres o courent des f,'issons, lin pan du ciel opalin, nlumin de mnuve, d'ozur ri de tous les ors, -pan du ciel qui se couvre lei un coin de chair qui se trahit et qui fait tressaillir d'exquise Vl>lupt,-et puis soudainement se voile de gris, comme si une invisible main de jalouse et maussade fe l'l'ut ret'ouvert d'un manteau sombre, aux sens n\'ides la sensation suave et ulL,ne d'un plaisir di,-in ...
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Se sentir dlicieusement les joues, ks paupires, aussi les lvl'es fl'oles par l'haleine ensol'celallte qu'ex-. hale le soir. .. Soupir d'alanguissement de l'automne qui chante vainement une idylle d'amour, .. Brise prcurseur des pluies ., .. \'ers le soir! Plfurs d'un ,.oir d'l> mthyste et de mlallcol ie .. , • • " Il pieu!. .. En soi, nulle \'ololll de ragir conlre hl VfIgue de ds('sperance qui ('n\'ahil le cur o se rfugie, trileu!ile. toute l'me universelle. Le ciel s'endeuille, se barbouillant rapidement de noir, de gris, surtout de noir si intense qu'on se srnt oppress par la Jourdtur des gros nuages ... Il pleut dj des goulelettes de diamant qui s'vaporent t'Il petites bues fines au conlact du sol encore attidi. .. Se recueillir et s'extrioriser rOllr entendre alors, ln pluie plDintive qui vient du lointaill des lorls, avec unt rumeur surprenante et gouller toute )a musique que J'eau chante en tombant dans rail' si pm qu'cn eut cl:t sur du cristal... C'est doux comme ulle syphonit" l'eHll qui .Iombe sm fonte la camplgll<', "ers le soir ... lIll soi\' si lourd lnngneuJ' qu'il fnit nwl il .. , Silellcieusc!ll('ld {'('wlle)' Ils '-;1'11(' p' qll(: hl nlra!r, au loin, rylhme pal' ntermitlenn.'s oul' la pluie q\li rhfchevrotle et (e'1I{> ulle Yn:\. d'::l1110u!'ellse qUf' des snnglotsbrisenl... . . Se conrondre avec l'me c!<'s choses dans l'immensi. t grise pour mieux couter 1 .. pluie qui se rnppro<:he ... ft qui clate (dngato)), pr huhlll t rOllYerture de qur)que grand 0l>ra ... Il pleut... C'est une musique ind&finie, l'i impre-ssonn3nte. qu'aux bords des I\'['('s du soir ... un soir d'nmthyste et de langueur, s'inflchit un ple de m(-lancolie ... Se sentir dlicieusement les joues, ks paupires, aussi les lvl'es fl'oles par l'haleine ensol'celallte qu'ex-. hale le soir. .. Soupir d'alanguissement de l'automne qui chante vainement une idylle d'amour, .. Brise prcurseur des pluies ., .. \'ers le soir! Plfurs d'un Hlir d'l> mthyste et de mlallcol ie .. , • • " Il pieu!. .. En soi, nulle \'OIOlll de ragir conlre hl VfIgue de ds('sperance qui ('n\'ahil le cur o se rfugie, trileu!ile. toute l'me universelle. Le ciel s'endeuille, se barbouillant rapidement de noir, de gris, surtout de noir si intense qu'on se srnt oppress par la Jourdtur des gros nuages ... Il pleut dj des goulelettes de diamant qui s'vaporent t'Il petites bues fines au conlact du sol encore attidi. .. Se recueillir et s'extrioriser rOllr entendre alors, ln pluie plDintive qui vient du lointaill des lorls, avec unt rumeur surprenante et gouller toute )a musique que J'eau chante en tombant dans rail' si pm qu'cn eut cl:t sur du cristal... C'est doux comme ulle syphonit" l'eHll qui .Iombe sm fonte la camplgll<', "ers le soir ... lIll soi\' si lourd lnnglleuJ' qu'il fnit nwl il .. , Silellcieusc!ll('ld {'('wlle)' Ils '-;1'11(' p' qll(: hl nlra!r, au loin, rylhme pal' ntermitlenn.'s oul' la pluie q\li rhfchevrotle et (e'1I{> ulle Yn:\. d':ullou!'ellse qUf' des snnglotsbrisenl... . . Se conrondre avec l'me c!<'s choses dans l'immensi. t grise pour mieux couter 1 .. pluie qui se rnppro<:he ... ft qui clate (dngato)), pr huhlll t rOllYerture de qur)que grand 0l>ra ... Il pleut... C'est une musique ind&finie, l'i impre-ssonn3nte. qu'aux bords des I\'l'('s du soir ... un soir d'nmthyste et de langueur, s'inflchit un ple de m('lancolie ...
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LA REVUE INDIGENE 211 • • S'merveiller de la fl'c indicible (Iu'offrent aJorsles hois rrissollllants, qui par la vertu magique de leur cou leul' d'meraude et par l'illusion de leur apparence hyaline, se mtamorphosent, sous la pluie, en un ruissellement de pierreries ... L'cali qui tombe sur chaque feuille, semblc-t-il ,mt lin SOli el toutes fleurs du parterre rustique en bordure de lu cahute, forment un singulier clavecin all toucher dl' chaque gouttelelle de dianwllt. .. Des chal1lps COli Ilot' d'IllerulHk, olt Itl l'ouille des feliilles dsSloches apparat comme des l l'Iles d'or rHllye que le soleil y a s'lve un concerto dlicieux d'amour, enivrant tout l'tre languide, p(ll's, el dlinml ('11 un \'erlige !cn!... '''':' Les grands \"Cllls ll'avers les arLl'es de la fort, tel IIll "iolon, se lamentenl et sanglotrenl. .. De toules les corolles de fleurs. c'est une harmonie qui monte, telles 111: Iles "oix de dlicates clochettes lointaines et pures, legl'es des mes rrissonnantes .. , Tandis que de l'me errante, tnsle mourir, rpond IIIl'loppe grave qui dil la douleur de l'absence ... LI.' l'ul' pleure .•. Les cieux atissi pleurent: cur el nalu r c p sai III 0 die III li 11 d 11 0 \' a ria n te) qui \' a cre s ce 11 do , puis s'alanguit et meurt soud:.:in anc la pluie qui s' \'nnouil comme LIll soupir ... Telle LIlle fleur dcolon:'e:w purfum exhal et qui s'inflchit an bord du vase, l'me imprcise s'anantit lenlement dnlls l'extase o l'emporte les vocalises du "('n! ql1i rylhl1lent la mlodie douce et berceuse des l\TCS ples el rriSSOl1lHllltes des choses pmes, ('omme une suprme dHnill3nce aprs l'elreinte infinie .. , El I('s hues filles ('t irises qui mon lent des cllfllllpS humides v('r" le ciel. l'on sUllhle \'oir. grises LA REVUE INDIGENE 211 • • S'merveiller de la fl'c indicible (Iu'offrent aJorsles hois rrissollllants, qui par la vertu magique de leur cou leul' d'meraude et par l'illusion de leur apparence hyaline, se mtamorphosent, sous la pluie, en un ruissellement de pierreries ... L'cali qui tombe sur chaque feuille, semblc-t-il ,mt lin SOli el toutes fleurs du parterre rustique en bordure de lu cahute, forment un singulier clavecin all toucher dl' chaque gouttelelle de dianwllt. .. Des chal1lps COli Ilot' d'IllerulHk, olt Itl l'ouille des feliilles dsSloches apparat comme des l l'Iles d'or rHllye que le soleil y a s'lve un concerto dlicieux d'amour, enivrant tout l'tre languide, p(ll's, el dlinml ('11 un \'erlige !cn!... '''':' Les grands \"Cllls ll'avers les arLl'es de la fort, tel IIll "iolon, se lamentenl et sanglotrenl. .. De toules les corolles de fleurs. c'est une harmonie qui monte, telles 111: Iles "oix de dlicates clochettes lointaines et pures, legl'es des mes rrissonnantes .. , Tandis que de l'me errante, tnsle mourir, rpond IIIl'loppe grave qui dil la douleur de l'absence ... LI.' l'u!' pleure .•. Les cieux atissi pleurent: cur el nalu r c p sai III 0 die 111 li 11 d 11 0 \' a ria n te) qui \' a cre s ce 11 do , puis s'alanguit et meurt soud:.:in anc la pluie qui s' \'nnouil comme LIll soupir ... Telle LIlle fleur dcolon:'e:w purfum exhal et qui s'inflchit an bord du vase, l'me imprcise s'anantit lenlement dnlls l'extase o l'emporte les vocalises du "('n! ql1i rylhl1lent la mlodie douce et berceuse des l\TCS ples el rrissOlllHllltes des choses pmes, ('omme une suprme dl,rnill3nce aprs l'elreinte infinie .. , El I('s hues filles ('t irises qui mon lent des cllfllllpS humides V('I''\ le ciel. l'on sUllhle \'oir. grises
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212 LA HEYL'E de pa:rfum indfini pandu dans rail'. loule une envo le ruisselantes, tou.tes nues aprs un bain; cheveux mouills et colls sur le front, sur la nuque jusque sur les hanches; sourire dlicieusement, aux Jvres Je regard tonn. de convc)itJse que provoque leur emvrante nudIt; fmr sous les regafds voluptueux des toilesqui apparaissent aprs l'onde ... vers le soir, ce soir d'amthyste et de langueur o se fond mon me pars'.tendlle vers Toi, 6 ma Roxane ... SENOGNAM y 30 Juillet 1906 .' (', '! 212 LA HEYL'E de pa:rfum indfini pandu dans rail'. loule une envo le ruisselantes, tou.tes nues aprs un bain; cheveux mouills et colls sur le front, sur la nuque jusque sur les hanches; sourire dlicieusement, aux lvres le regard tonn. de convc)itJse que provoque leur emvrante nudIt; fmr sous les regafds voluptueux des toilesqui apparaissent aprs l'onde ... vers le soir, ce soir d'amthyste et de langueur o se fond mon me pars'.tendlle vers Toi, 6 ma Roxane ... SENOGNAM y 30 Juillet 1906 .' (', '!
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* . z-PU!!? acas. DE 1 1 1 * . z-PU!!? acas. DE 1 1 1
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TABhE DES -----------Prface de Panl :\JOHAND . BROUARD ( end) . . . . SYLVAIN ( .. gc!l ) LIAUTAUD ( Andr) . . . ROUMAIN ( Jacques). . . ( Emile) . • . . :\IARCELIN (PhiliIlPc-Thohy) . HEt.:'RTELOU ( Dalliel) VIEUX (Arllollio) , . . . . • Copyright by • Revue Indigne Tous droits rservs . .'. 1 5 15 . 23 • 31 43 57 (;9 7(j TABhE DES -----------Prface de Panl :\JOHAND . BROUARD ( end) . . . . SYLVAIN ( .. gc!l ) LIAUTAUD ( Andr) . . . ROUMAIN ( Jacques). . . ( Emile) . • . . :\IARCELIN (PhiliIlPc-Thohy) . HEt.:'RTELOU ( Dalliel) VIEUX (Arllollio) , . . . . • Copyright by • Revue Indigne Tous droits rservs . .'. 1 5 15 . 23 • 31 43 57 (;9 7(j
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Il l>epliis lin Ull j'ludie voire race. Je publielui sous le li Ire de Mugie Noire ulle srie de petit:; lubleullx qui serollt comme des projections lumineus('s. SOliS ditTrenls d'ull problme cenh'al. Certains de ces tnblemlx \'ous lIntUseront. d'8,utres \'ons dphlircnl. A \"lmt de juger. t1ltendez ttwoil' lu lout le Iinc: .le crois epliis lin Ull j'ludie voire race. Je publielu sous le liIre de Mugie Noire ulle srie de petit:; lubleullx qui serollt comme des projections lumineus('s. SOliS ditTrenls d'ull problme cenll'al. Certains de ces tnblemlx \'ous lIntUseront. d'8,utres \'ons dphlircnl. A \"lmt de juger. nltendez ttwoil' lu lout le Iinc: .le crois
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---:<1---GE QUE JE PENSE DE "Idl REVUE IN.DIGNE." -,--.. ..... -----Que c'el'lile pllli'! illll\I'l'SSHIlI el h' plus coh,'cllt efforl de l,clIKe uuqut'I il lII'Uit l dOllll d'ussislcl' pt'lHlulIl mOIl sJOUI' flUX Vulre pl'ognllllJlH' tt'l qllt' "OllS l'exposez me semble excellrlll; muis IlIl p"ogl'ntllnlt' il't'st hon que !ol'!'1qlll d'll'c 1111 pl'ogl'lll11\l1C POIII' dt'\'Cllil' 1I1le ralit. Vile' l'I.!\'lIe ('II soi Il'l'sl rrll; c'esl une fllllle iut-dessus d'Ull fen: il "OIIS tl'ellll'clel:iI' ('t' 1'('11 t'I d'v fllil'(' ('l',e de bOllllt'S cllOses, Vous les !'<.'htos el! Inlt'Ills, je ('olllhu:-Ilhie IlC vous 1IIa1l! de IOllle votre l'fIee. de Chirngo il Mndllgflst'nl', EnslIle. ra 11-frunlez-Ies avec les plus hlluts pr()hlmes de Ilotre poqlle, ceux qui vonl dominer le XX" sicle. les chocs de race. Les l'lices ne !lonl peut-tl'e pas fuites pOUl' se rencontrer; en lous cas ellell ne devraient se mlange,' que trs lentement et par lem!! lites: mais le hasard ou les consquences d'lBl pass dont noull ne sommes pas responsables nous mlent et \'ont nous mler chaque .iour davanfage. malRr nous. Errorons nOlis d'll'e .i IIl11eR, pfltien ts, sans Ol'f.tueil et bons; llu-deslIlIs de tn mle. ---:<1---GE QUE JE PENSE DE "hA REVUE IN.DIGNE." -,--.. ..... -----Que c'el'lile pllli'! illll\I'l'SSHIlI el h' plus coh,'cllt efforl de l,clIKe uuqut'I il lII'Uit l dOllll d'ussislcl' pt'lHlulIl mOIl sJOUI' flUX Vulre pl'ognllllJlH' tt'l qllt' "OllS l'exposez me semble excellrlll; muis IlIl p"ogl'ntllnlt' il't'st hon que !ol'!'1qlll d'll'c 1\11 pl'ogl'lll11\l1C POIII' dt'\'Cllil' 1I1le ralit. Vile' l'I.!\'lIe ('II soi Il'l'sl rrll; c'esl une fllllle iut-dessus d'Ull fen: il "OIIS tl'ellll'clel:iI' ('(' 1'('11 t'I d'v fllir(' ('l',e de bOllllt'S cllOses, Vous les !'chtos el! Inlt'Ills, je ('olllhwllhie IlC vous 1IIa1l! de IOllie votre l'fIee. de Chirngo il Mndllgflst'nl', EnslIle. ronfrunlez-Ies avec les plus hauts pr()hlmes de Ilotre poqlle, ceux qui vonl dominer le XX" sicle. les chocs de race. Les l'lices ne !lonl peut-ll'e pas fuites pOUl' se rencontrer; en lous cas ellell ne devraient se mlange,' que trs lentement et par lem!! lites: mais le hasard ou les consquences d'lBl pass dont noull ne sommes pas responsables nous mlent et \'ont nous mler chaque .iour davanfage. malRr nous. Errorons nOlis d'll'e .i IIl11eR, pfltien ts, sans Ol'f.tueil et bons; llu-deslIlIs de tn mle.
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Il Depuis tllI un j'lUtlic volrc l'ace, Je publiel ui sous le tiIre. de Mngie NoiJ'e tllIC srie de petit:> tublt'llUX qui strout COlltlne des projectiollslumineus(s. SOUs diffrents u11f4lt'I-', d'ulIJlroblme centl'nl. Cel'Iains de ces tablellllx VOlis 'lmuserOl)t. d'8,utrt's vous Avunl de juger. ntlennez lu tout le livre: je crois que mn glonde hymplllhie pOUl', les noirs s'y verm m'ec vidence; UV8nt la pluJlurt des Blans, j'aurai cherche dgnger le gnie dela l'lwe l10ire et "expliquer en Frunce nvec mpnrlinlit. J'a_n'ai souvent recours lIU ril'C pOlir mnsquel' nu dmasquer ila vrit; un rh'e lIoir, le mme qu'on entend il trnvers tOllS mes Hnes, Diles ceux de vos lecteurs qui s'en choque j'cls comme .le vis. avec pessimiEime, mnis snns cruaut ni s,rit. 81.H1f t'nYel'S moi-mme, J'ni: aim voIre benu C'est ln pel'le des Antilles. Tout J' dQonseille ln lutte, tout y sduit; mais YOUS llpprciet le danger, La mer des Cnrnibes est une mel' fcrme. comme tOllS les liellx d.e dlices: (\\'nd<,z-YotlS, c herchez' En cherchau, J'Asie. Colomh dctHIYI'it les Indes.Occidelltnle!l; il Il'Y n ]Jns d'erreur dont. 1111 cnpitnill<' d"IlYf'lllllre, lin l'lwaill \1 un pqte ne puisse til"t'I' proUI. a'Y.IBIIIIMB'," Il Depuis tllI un j'lUtlic volrc l'ace. Je publiel ui sous le tiIre. de Mngie NoiJ'e tllIC srie de petit:> tublt'llUX qui strout COlltlne des projectiollslumineus(s. SOUs diffrents u11f4lt'I-', d'ulIJlroblme centl'nl. Cel'Iains de ces tablellllx VOlis 'lmuserOl)t. d'8,utrt's vous Avunl de juger. ntlennez lu tout le livre: je crois que mn glonde hymplllhie pOUl', les noirs s'y verm m'ec vidence; UV8nt la pluJlurt des Blans, j'aurai cherche dgnger le gnie dela l'lwe l10ire et "expliquer en Frunce nvec mpnrlinlit. J'a_H'8i souvent recours lIU ril'C pOlir mnsquel' nu dmasquer ila vrit; un rh'e lIoir, le mme qu'on entend il trnvers tOllS mes Hnes. Diles ceux de vos lecteurs qui s'en choque j'cls comme .le vis. avec pessimiEime, mnis snns cruaut ni s,rit. 81.H1f t'nYel'S moi-mme. J'ni: aim voIre beau C'est ln pel'le des Antilles. Tout J' d
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CARL BROUARO -1902CARL BROUARO -1902-
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AHTROLOGII DES INDIOtNEI 8.8u.eUII BOUCE Loutouse, ' lu buvais de la crme de menthe, du gin. du Black and White , et tu es morte. o Loulouse, tu sentais la pommade Mlle de Buf. le Pompeia, lu fumais du tabac de Virginie. et tu es morte. Loulouse, tu te dvtais entirement quand tu faisais l'amour. mais tu es morle et contemples jamais Je bout de tes orteils. AHTROLOGII DES INDIOtNEI 8.8u.eUII BOUCE Loutouse, ' lu buvais de la crme de menthe, du gin. du Black and White , et tu es morte. o Loulouse, tu sentais la pommade Mlle de Buf. le Pompeia, lu fumais du tabac de Virginie. et tu es morte. Loulouse, tu te dvtais entirement quand tu faisais l'amour. mais tu es morle et contemples jamais Je bout de tes orteils.
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mer est pleine de voiles. Je firmoment plein d'toiles. Quel arien gnullophone jone le disque monotone de III lune sur III dune'? Ce vieil oil" dans l'tlher Ille "Cl'se III senlimentlllit en th, Cn ajou)lll, du Pllin, ton cur, dso\'l1wis feront mon bonheur, Oh 1 la vie dc.ux. dans la joie. Honible!je deviens bOlll'geo'is chaque fois CJue la lune sur ;Ia dune . jouJi un ,'ieil ail' dans l'l her
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Vierge! ma maltresse m'a lch sans faoJ'ls. depuisle jour (hlus! maudit soit-il J. o le R. P. fit un indcent sermon sur 10 vertu. Hlas! ainsi soit-il. 7 ASTHOLoon: DF.:I\ ... Vierge! ma maltresse m'a lch sans faoJ'ls. depuisle jour (hlus! maudit soit-il J. o le R. P. fit un indcent sermon sur ln vertu. Hlas! ainsi soit-il. 7
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ANTHOLOGIE DES lND10!HES B9UGI CE bouge. (EtaiH.'e duns un rve.) Des Pl'ostitues mlancoliques dansaienlla ml'ingue, songeant un pass lointain, .. lointain, et Jeurs mules claqua!ient sur le pal'quel us, Mlancoliques. elles 10\1rnaient. .. fournaienl ('omme ,hms u;lll'vc, aUx 80nS d'u11 ol'('hesh'c trange; guitare, (.(l'l'W',ldanglc. h1ll1boul'. Accoud dll cnmploir (,\,8sseux. un ivrogne braillait . une ('hansoll ohsclH'. Ce lmuge. (Etait-l'(' (htns un 1'(\\'('.) ANTHOLOGIE DES lND10!HES B9UGI CE bouge. (EtaiH.'e duns un rve.) Des Pl'ostitues mlancoliques dansaienlla ml'ingue, songeant un pass lointain, .. lointain, et Jeurs mules claqua!ient sur le pal'quel us, Mlancoliques. elles 10\1rnaient. .. fournaienl ('omme ,hms u;lll'vc, aUx 80nS d'u11 ol'('hesh'c trange; guitare, (.(l'l'W',ldanglc. h1ll1boul'. Accoud dll cnmploir (,\,8sseux. un ivrogne braillait . une ('hansoll ohsclH'. Ce houge. (E'ait-l'(' (htns un 1'(\\'('.)
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.\ :\'TIIOI.I'c:U: 1W,1' fNl!lOtNEI SOLITUDE SEl'L dUlls mu dHlIl1bl't'. Il pleut . • J e pense VOl! s. Ah! si vous m'uimez LIll peu, le monde serait mort il mes veux, pUisqllc je ne PCllscl'ais, • je ne verrais, je ne vivrais que pOlir vous, Aujourd'hui. des indiffrenls ont (ll'onon(' votre nom, et Illon ('ur H battu trs forl. DiC:ll que je suis bte 1 Si je possdais un objet de vous. pel1tlre, ma tristesse serait moins lourde if porter. :\lais, il quoi bon me leurrer d'espoirs fous, de rves vains, Vbus portez l'indiffr{IH"e. comme 011 porte ulle fleur son cOI'sage.
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10 ASTilOt.HGIE DES Il S@RB BU MACORIS PAS$AGERS pas nombreux. et g*re amusants. Je Ille suis li d'une troite amiti aveq . un jeune prtl'e armoricain. neurasthnique et charmant. malheureusement constip par le roulis, et auquel je passe des pilules laxalh'es. parlons de Sainte TI,lttl'se. de Saint Jean de la Croix,' . du pote breton. Anatole 131:uz. Le soir. aprs-dner, nous faisons d'interminables purtiesde dominos. toutien ingnrgitant d l'orangeae. Aus& je pisse normment. Oh! (louceur de satisraii'e ses besoins naturels.
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AFIN que dorme ma dsesprance langoureuse Azm8, lamente et dunse. l'oule el,) chantant tes hanches larges et douces, glisse, comrile une orange SUl' la lhousse. La lune au baiser d'opale est 1:111 baume pour les curs meurtris, Le vent lourd d'armes s'insillue.dans le feuillage o danses . endormeuse de ma dsesprance, Azma la foule namoure verse il longs flots lerhul11 dor qui met la joie, le rire sur les lvres, et npaisc du cur. les longues fivres. Puis. la nostalgique chansun crole dont nngure tu me berais, 0 molle Azma, encore et danse afin que dorme ma dsesprance.
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12 BAtKIS, REINE DE 81&B1\ eES claires, loinlainl.'s et dumlunles sonnuilles qui nt, bruissent. tintent au bOl'd des maillt's d'ambre rose que hlisse tomber l'Aurore, . -ces sonnaIlles-sont-ce les clochettes d'or pendue$ aux encolures des dl'omadaires ruminant leur nourriture amre? Ces armes exquis, ce parfum endormeur qui baigne duns cie la suavit, les curs, ('e vent blul1f.'s flocons de ln 11H11,, bleue, ,iellnenl-ils du pays des ArollHllts? -Ahll ces douces t't loinhlines clochettes d'or tintinnobulant dansJe malin sono)'(' ces ('elle hl'ise de l-bas accourtle, 11ll1l0ll('cnl Bnlkis de Sllba.
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IALGH les distances normes les mers sans bornes, lOS mes se sont frles, ah 1 divinemellt. ,les levres se sont faites doucement inllcuses, pousant l'vanescent onloll!' des baisers lointains, proches cependant. nos mes blotties ensemble, -nuages voyageuses que le vent rassemble -'omme deux sons 'onfondus ne forment plus qu'un son, 'omme deux flammes nles ne sont qu'une t'lam me, ont une chastement, liellSE'l1lent. 13
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ANTHOLOGIE DES DESIR DANS la nuit brune de ton visage, tes dents sont un rayon de lumire. Ij)ans la nuit brune de ton visage, sont deux rubans violacs. Quand Je te regarde . .. ne motion profonde coule en moi. sang me monte au cerveau, "n' frisson en entier me parcourt el de respirer l'odeur de femelle exudant de tes aisselles, tue fait rcler de dsir. p ma brune. veux-tu. joyeusement pour renter. fvoh! 1\1.3 vie pour une nuit de pl::lisir.
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NORMIL G .. SYLVAIN -1900---..... ' ... --
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vie esl un fi'uil cre el \'crt. J'ai mordu il pleines dents A la pulpe juteuse, J'ai aim longtemps la saycur amre De la chair Qui fond et qui laisse, aprs. la gorge et les lvres sches un peu, Le charme irritant des choses neu\'es nos sens encore jeunes ... J'ai plant mon dsir nffam Au cur mme du monde. Je me suis en'ivr du partl1l11 violent qu'avec le fruit \'ert j'avrlis cueilli il l'arbre nourricier, Le doute en ricanant .\ rai t s'envoler )'les bonheurs ctfart':'s Dans le soleIl. .. J'ai inrdu il la vie Comme, Par un midi torride, on su l'aim et l'on trompe sa soif :\u rrui t vert Et qui pend il la branche. sur le chemin. Une saveur primitive el vglale m'est reste ci la bouche ... La vie est lin fru it el vert. 17
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MORllt!TES INSOLITES ( DE ces jupes i\ous lH.' SOlllllll'S plus les dupes Volontaires _-Ou bien toule l'erreur l'si Iii! La belle que yoil Sirote un [tIlH'r-cassis Avec Ull pl:.lisir vident. Celle dOllt je baise les dellts, , Dont les l\'es onl lIlI go\ Debonholl :lcidlllc", . A l'l'l'nI ... Les solitudes dispal'nisscll\ Sous les ('[tresses .. Un el ulle font deux El non pins soi.seull'I hideux. Enfin Ln jailli E .. t ln plus /'ol'le. I.:analyse ('si 11101'1t('I'. ;'\iOlls nous Snlllllll'S S:lOlllt'S d'li III ou r vl'ritahle :\OllS Il'aVOIlS pns apl'('s vomis sous la 1:1I)le: ::\OIlS IlOliSSOlllllll'S aillll's ('0 III Ille dl'S
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Te dis-je, Ues btes repues et salist"llcs. o prodige! Sans prlimilJaire Aucun, Sans chagrin imporlLlIl, De lous nos nerfs, De toules nos chairs, Voici vide la coupe Sans l'ivresse coutumire Et le dgot Au fond de l'arrire-got De nant. chairs qui s'treignent Et se craigllent Ont oubli la vieille exprience, plus s:woir, je pense. Dispense Cn bOllheur complel. COllnmes apres La paix. Sans aucun l'rein. En nos chairs rassasie!'5 Ln batitude extasie D'lIll
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ANDR LIAUTAUD -1906----.... ---
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ANTHOLOGIE !lES 1:Ii!lIOtSJ:;S 9 beaux soirs de KenscolT ! veille aulour Baltes, Alors que le brouillard est comme un coutelas, Et l'histoire des chiens qu'un vieux il face plaIe Contait: Simangol. Diolfis, Golsilas 1...) Sa voix avait le rythme trange du Vaudou, Et d'entendre ses chanIs se trainer en des rles fl'missions de ressentir au fond de nOLIs Comme un choc nmorri de choses nnceslrales.
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ANTHOLOGIE DES lSlJlGttoil::S rouge-vineux qui vers le morne monte El la fille tlusourire aussi blanc que du lail Et mon trouble soudain cependant .qu'elle allait. .le me souviens de "ous comme d'un trs beau conte 1 Et de ce qu'on s'est dit de paroles, ce jour, .le me souviens de mon frisson. de son visage. Et tandis qu'on prenait deux le panier loure! Du galhe pur des seins dans l'ombre du C'orsnge.
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.\:'THOLOGII DU 1:'IHGiNf:!I o gnraux -derrire assis dans du coton, .J'aimais votre superbe au soleil des parades, L.aplaces, Larrondissemenls, gnraux de brigades, Uniforme o reluit l'or brlant des boutons.
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26 DES ,. AVAfS march dans l'herbe en touffant mes pas Et rien ne vOus avait annonc ma venue. L'eau claire, parfume, aux frissonnements las, Mordait avec ardeur votre clwir noire et nue, Et j'ai surpris, f\,lade, un peu de votre bain. corps reposait dans toute la lumire Et vous ne sentiez pas -comme ulle avjde main, S'allal'def' sur vos seins l'ombl'E' d'ulle fougre.
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ANTHOLOGIE DES' ISDlGb'ES tlIT orientale dans un pavs barbare! Sadie, v petite fleur plus blanche que les lys, les mots ont vos lvres le got de l'ananas. Qu'importe en ce l\'ew-York absurde le bruit des louds sommils repus. Sadie! Et ton corps! est frais Comme un ciel tropical! ,27
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2S ANTHOLOGIE IlES lSlllot:\ES GLQCHES 1 Bruit de ferrailles, grincement! La gueule' noire d'un tunneL Men, girls and childrell projets bl'l1S(jllement: ant. .1., iia:&88I.P,
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JACQUES ROUMAIN -1007---------.--------
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I.A. pluie, 1Il011otone dactylo. tapote aux fentres closes. Des lumires tremblotent roses dans l'obscurit dense. Des clairs. serpentins gants, dansent Tordus dei pans de ciel noir. La nuit dploie ses voiles de moire sur les lointains jardins o pleure sans bruit le deuil des roses qui seffeuillellt.
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MID! !6ES palm iers Vl'i Ile nt sur Je las. Lesorangel's portent des grnppes de soleil d'or mris au midi vermeil. Un latanier balaie soli tain' des nuages dans l':lZUl' o fulguren t des insectes. (',tincC'llts subitement duns dlu'(lIHlesccnls l'avons .• l'coutc le rythme du sil<:l1ce l'lltbaUlll de des fleurs ITelles. me est attire vcrs la tangente des dsirs lourds que hantent di\'ncment insaisissables l'ombre tirs lanlllWS implacables,
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QUATRE. H'llllss CO III Ille des fauves. Quatre hommes. Les nergil"S bandes tellesdescord('s se sentent fluidiques, se heurte,nt l'orles d'embrocation, nerveusement se froissent. Angoisse. Angoisse de l'attente. Invocation: Starter, 0 Sta l'ter tire, dlivre! Prts '? Bras, hlices brusquament dclanches par le pistolet perdument en quart de cercle. Vingt mtres. Tous de fronl. Bien tre; volupt du vent entre les dents. Cinquante mtres: Deux lchent pied. Hchent l'air. Bcherons de la fatigue qui colle les muscles .u sol. Dsespoir.
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Les dt'lI\ aulres, dt' l'\'on!. Quaire-vingt llIl n's' L'li Il pl'llSt' 0 p:lsst:'rai-jt, '? ' SoufTranc<.', SoufTnlllce du pt'tit IIwrteau contre l'encluI1le de ma lmpe, SofTra\lc(, du 1 l'OU noir enlre la misre de Illesjambes et l'arrive .• Ie veux: .Je passe ... 0:011 ... .Je v('ux .. le pusst.'. " L'autre: H! mon corps h! mes pou mans cnrburatelll' douloureux dans mn poilrine en fell. li Derniel' elTorl du corps projet contre le fil. Hiclus de Promthe dli"I'. Trombt". Enfin. (.Journux du lendemnin: un Tel gagn d'une poitrine.") L'hel'be est ulle verle et fnlche tombe.
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tE vent chassa un troupeau de bisons blancs dans hl prairie . Du ciel. Silencieux et puissants ils CI'asrent le soleil; le soleil s'cleignit. Le vent hurla telle ulle lemme en mal d'enfant: La pluie accourut. fille du feu et de la mer, elle HCC()lIl'llt en dansant Et tira sur Il' monde des ridL':IIlX de brume. Les feuilles c!Hllllrenl En cOlllme des d0buLanles de music-haU; vint le tonnerre Et a pplaudit. Alors tout se tulPOlll' laisser llpplaudir le tonnerre: des Heurs sans avoir vcu, les palmiers agitrent leurs ventails contre la chaleur. Un troupeau de bisons noirs migra de J'orient il l'occident et la nuit arriva comme une femme en deuil.
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JI::. possde Ion cher '\'isage maIs commenl sou)e\'er le rideau tomb sur la forme de tes rves L'me trop lourde pour monter au miroir des veux et je demeure les mains tendues.
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lE plomb e la nuit s'goutte dans le silence, La souffrance d'tre limit et la tentation purile d'avancer la pendule qui grignotte Je temps avec des .dents drisoires. Le vent est aveugle de charrier des cha uv res-souris el se cogne en gmisstlllt aux portes de la chambre. o les yeux douloureux d'pier le ruisseau dOI' que vel'se sur l'asphalte le rVel'Oel'e borgne et pal' o tu viendras miraculeusement ple et douce et les yeux pleins de ptales. Voici la pluie qui tombe, tombe, tombe, tombe. Le ruisseau rie et roule d'imaginaires ppites, tu ne viendras plus. La pluie lombe, tombe. tombe. lombe.
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A:>THOLOGIE DES IlIOt:>ES es l et l ... mais mes yeux sont aYeugle5 de toi. La douleur m'a projet au milieu du Chemin-aux-quatre-sentiers. Il n'y a point d'issue. Vers o que je tende les bras je suis crucifi.
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AXTHOLOGIE DER ISDlGtNES MI.A61 la porte, rouvrir: le bonheur demeure Im1jours dehors. Si tu tais l tes mains prolongeraient ma vie mais il n'y a que le Fleuve coulant entre les arbres sans ombres. ( Dans la nuit il ne retrouvera pas son chemin.) .Te regarde ll'embler la Voie lacte. o se pencher cueilli.' des loiles et un morceau du ciel. Adieu adit>ll mes bras sont ulle croix trop lourde.
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SURGI D-UMI MATT:E DE PEI""I Aux branches des baobabs, quelle main sacrilgt pendit par la barbelespl'ophtes del'Ancien Testament? La lune se cache derrire un nuage. de crainte d'tre empale par les lances des palmiers. . Nuit opaque peine troue pal' le vol des luciole!\. Les crllpauds dans le creu:\. des bannnie:s croyant voir desloiles filantes formulent des "UX en se gargarisant de noIes fausses. Le cri d'un oiseau de nuit abolit l'irrel; le de ma plume sur Je papier.
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MILE ROUMER -1903-
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ANTHOLOGIE liES ISDIOtNES lE bon roi Dagobert que je nomme Glgl. le roi Glgl ronflant, cinq bmols la clef. Le ventre lourd au vin de palme il a pour vignes la fraiche palmeraie, Reine, o tu rechignes, honteuse t'accr{)Upir dans les ronds dt soleil. Ton maUre ronfle avec en brise un gros orteil que tu vides de gros chics noirs, reine Mrope. Mais Glgl dort en plomb, nombril en priscope, le roi Glgl qui mle son matre bourdon les borborygmes doux de SOI1 pelit bedon . ........ CUI' la nit sera noire et blanche. ( GRARD de :SERVAL)
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LUXURE ME nlltends plus jmnuis cnr la nuit sera .lloire et blnnche et triste avee une chanson dormoire qui bercera nos 'curs lasst!s d'un vide'affr.eux. I\e m'attends plus jmnnis dans le jardin ombreux ,)rs des cloitres anciens o des larves grimacent. Tes baisers ne sont plus que dgot et harassent les caresses de chiC'nne ignorante du mal. Et toi mon trouble et triste d'animal quel incube maudit le ChenllH:he. meimmonde ... cC' soir, mn LuxUl'e. () Rnymonde?
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DES Ix[)(nbn.::s D\.ISY, !S\veethearl, plus ne tlellrssent les rosier5 UlIX nocturnes jm'dins o vous VallS reposiez d'un cross-word, Daisv chre et mencilleuse amie qui dans ces soirs gla(:s semblait Lout endormie. Dite,. vous I)arlerai-je et d'une simple voix f:'t d'autres l'ieux et du bonheur que j'eus parfois. Le Town-Hall allume en l'es heures charnelles ses yeux (l'em'aies arms d'Higuilles en pl'llnelles. Que je te parle, amour, en ces nuits sans cho o monle au ciel de brume une lune abricot. Ecoule, au macadam o le klaxon s'cure les ciboulols des Juifs sont des motles de beurre, dans la svh'e normande autour d'un noir brouet la darmo'ire chanson d'une femme au l'ouet. .rai perdu le parfum des les 45 o dans les couchants d'or glissaitll les goleltes. Que les baisers en soient plus longs et doux .. ;, Daisy, oublirai-je jalmlis, ‘ chre. ton baiser, } nublirai,]e au cristal des sources printanier'es les beaux jardins de France et leurs l'oses trmires? ...
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1 BeIS-VIRMA 1. ... Vierge au piano qui rve dlicate dans le velours mineur d'une calme sonale. Oh, ce soir d'Hati, l'heure chaude aux jardins, l'aprs-midi de fleurs, de malaise et de mouches. La musique. une source o dorment des ondins rvthme la siesle o l'on somnole sur les couches. Et j'coute. froissant les roses des gradins . ]a jeune fille flUX doigts d'eau rrnche SUI' les touches
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"ENl'S d'Europe o frmit te Il'isle sycomore je ne vous sentirai jamais plus. nevel' more ... Reviendra-t-elle, 0 chre. une heure de berger o l'horloge sonnait l'espoir dedans les coffres de chair o notre cur battait et si lger? Je ne vivrai jamais les beaux jours que tu m'offres LOlllousc que j'appelle en ce nom tranger. . Hlas! vaut-il pas mieux rire ,et manger de gaufres ... Caf-G1acipr napolitnin. Pari!!. 8 mars 1926.
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ANTHOLOGIE !JE:: 1 N!JIGI!:NES ()ES copIes de Toulet qu'oll gole en rcspinllli des l'Oses dft.lls le Idd au 'Yel'ger odorant. de fracheur o la tige frlt neige d'exlrflgonias dans la chaude saison, Et l'on s'enchante demi-\'oix dedans l'nlle des vers. la mer laiteuse el de l'humble maison o la chre aux doux. yeux contemple l'rnvoJe des mouelles d'argenl SUI' le c1nl' horizon.
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'-:oi"THOLOGIE (lES INlllOtNES 9 Pat'esse onduleuse aux robes violetles tu plis au parfum des ples cigarettes qu'aimaient Jean de Tinan et l'autre Jean Toulet. o Paresse troublante aux lumires fanes; . Paresse, vierge d'or en l'infra-violet qui draille aux. baisers des lentes hymnes, Paresse aux. membres las coulant comme du lait. o grenades de pourpre et d'argent alternes ... 4.9
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ASTHOLOGIE .ADAME, pel'mettez que je pose ma bouche en l'exquise tideur de vos doigts parfums. Pardonnez mon audace o ton cur l'effarouche que j'ouvre d'un baiser vos jolis poings ferms. Vos magntiques yeux sont parfois embrums de paysages gris fleuris de marjolaine. Pardonnez mon audace et qu'en vos bras aims mon rve familier s'chauffe votre haleine ' cpmme un petit lapin qu'on l'oule l'n de la lnine.
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Il Paul MOI'Dnd .ON souffle en mon visage aux fauves tropicales appelle une autre treinte et des chairs plus brutales, Amour, ton souffle chaud est un alcool puissant et qui bat le rappel de mes forces natives; la Danse aux rythmes fous trouble mon jeune sang et je voudrais les flots brutaux frappant les rives ravir ma belle proie et dans le jour naissant comme un centaure lourd aux paules missives.
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52 ANTHOLOGIE DES INDIGNES, Pierre Blot de cinq cous enlre d'paisses lippes, ttu, les ,yeux rougis dans l'cre odeur des pipes. le joueur se elleS muscles bands , d'un brJ.lsque tOUl' du poing fait rebondir les dfs., Et les regards Jrisnnts de inistres prim:,! se fixent sur le point qui d:m<; leUl's pailes mettra bientt }es nuds (:'lll1 Une bastringue r{lnfle animant le ballet ' des femelles-dmol1s.1e houc l'empli de Criles qui dansent comrile tourne une bandt> d'Arrites. dt's femmes en chflleur grouillant d'arrire-train et les os ruisselant au son du tambourin.
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DES 1:->IJIU-Sl::lI ji::H(:jIlE a perdu ses rires eclnlanls, ('enfant si claire et l'l'aiche esl morte en son printemps, Les tillllS sont-ils anciens dans ma triste llImoire. sou\'enil's fIxs d'une magique moire? Le Grnnd-\Vharr du dinwilche ::lUX hrunJcux horizons". Dnlls la Grand'l'uc en l'ombre Ild(' des Illaisons Clara, plus Ile \'NI'DI l'auburn des chevelures o Je \'elll se Illl:lit qui frissonne aux Comment Ile pas souffrir, pays que j'aimais
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PH. THOBY-MARCELIN -190!-
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D .. :-.:s la elwu\k. la douceur :llllilbif->c -le Cil'I s'nrrolldissallt ell 1I1l dais bleu t'iel . 1.'\ ville. assoupie HU sein drs \'el'dUH.'S quiites. hrisse Lt's dt ses palmistt:s. Sleil ! El, chue dUlls la ouate d'lIlI l'I/hiclw (aboli, le bercement de Irl dodine ). . Ses cuisse:> lisses luisuntcs. CCn1mc cuisses de banHIl iel's, LI petite (loire SOIl1TlOk ('11 rarfU'O bleu.
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ASTHOI,ofiIK DER eReIK-DIS-MISS!9NS ROUTE blanche et chaude el pierreuse et qui monte et qui descend, Borde de bayahondes, Branlant. Brimbalant. Brinquebalant un aulobus. et les volumineuses mamelles De celle commre qui broute un biscuit. Joyeux propos des passngers rustauds; mais je refuse ma YU' nu groupe. . Et cet air de midi torride m'engourdit. Et. ma pense se dlestant yagabonrle sm' les {:ahots de la guimbarrle qui rcite: ({ Bayahonrles. Bavaholldes . . La l'Olltfl fait le gl'os dos. . Bayaholldes ... )) On dbouche l'l sUl'qUl'1 paysage! Fl'Ondaisol1s rle manguiers ounenl large un IiI. Au fleuve vel'l des ennnes sucre.
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lu rveil, la peau moite. Et la brise, soufllant par le hublot. lche pieds d'une caresse frache. J'coute, travers mon oreiller, le pouls ddoubl du steamer. -\. grande eau crpitant ainsi qu'une averse, L.e pont qu'on nettoie. La mer chatoie, :omllle une charpe plisse '\ux Ions dgrads de lait et d'acier bleui.
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FOX .. ToPES les trompeltes l'I'C\'ts les tnlll!Jours On a les soldHls dt.' plomh Les perfornmncl's dl' Cal (lI' Vnlenl hieil ' Le!'; cOllles dt' [(,s Tu ns l'It' HU ci Il':' III li Les de l'ur/; Il' J'Ollt 1'('HI' sOllH'nl Pearl \Yhile Elaine ))u!g:(' Clarc] Ln-nwill-ql1i-t'lrt'iu 1 L'nulo dl' Ion papa l'nit dll t'l'Ill 1'!Jellll' COUIOll-l'oulon ' coul OU-l'ouI 0 Il Al I()[-I lA Ta S(l;'UI' :lllt(> ponr t't'IHlollllir Fredollne ' Le fox-trot il ln Il\()(h
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Il t-tEG1!N ,y lE eeu aux cheveux coups sans fesses ni seins o palmiste dactylographE' A lunettes d'caille qui vas bcanc joues au tennis danses le charleston mches du chewing-gum Tu rais ln nique aux pot-au-feu callipyges l'es my dear . \ Et ton shake-hand est trs masculin Tu fais des Sur une Rmington-clavier-univcrsel C'est aussi potique qu'un xylophone Et mon ami Jacques Roumain Te compare il la pluie La correspondance anglaise n'a pas de secrets pour tOi Sir--rou would greatly oblige us forwarding the amount of your bill enclosed by bearer ,Je ne t'ui jamais en\'oy de billets doux So mu dear Et quand HOlllller a cOlllmenc ELEGIE: SOllS n'irons plus au bois o palmisle dactylogl'aphc .-\ IUllettes d'caille tll HS ri Pas pratique hein ce jeune homme
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u:.! III GRAND'RUE Sous de grands-chapuux-de-p::lIl1l' Le march et ses bruils colors lll gt.'lIlimelll IllflIllT(, Camp ou fOll '! • Lo('omol i \'<.' . dodll' HASCO -;) Le convoi beugll' ao \vugolls de ClllH'--SlICI'l' D&fi Il' Il t. (
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<)1 EL-papier-ouva 1'(1 L'avion est une vilaine t:.iche lllooi le qui trace des loopiugs BOllqui tresse une natte de latanier El Roumer tudie la gographie o Bouqui cnkhe la chique de Ion o chnllie une boula et crve l'assolaI' el danse la chiea Dhi mOlles gain mdnes HEI,\ ? Et lan mie-hi Blancs-yo {ail Haili pili pUi con-a • A pl':! le:; mornes, tl'uutres momes. Hein! Et sur la corte les lnflS ont fat Hlliti, petite, petite. comme l\ !
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SIESYES subliks, amollrt!USl', Les imngcs de Ion sommeil. Mais plu') lgres, HU r"eil. 1..('8 chHl1sons de la rcpllsseust ( Assourdis, les du J'<.'l'). Et gliss<.' renvoi sur ln mer, B1HIlC, d'ulle voile pnl'<.'sscuse, 2 .. \il' tllllhl'l', Il'gel' de Dcembre' ( Du sabl<.' d:lIls Il' sang), La hrise el les palmes ;\u call1ll' dt-la chlllllhl'e. Ll'S sanglols lelldres du bnssil1, T(>s l'oses du Bengtlle . . \llIit! el rllrdctll' illg:dt' I>e 1110 Il Sl'l'l'l'l (ksse j Il.
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\.\TIIOLCiUIr-: DES l:\DIGf:NES BELLE, S'l-llH:U\'ent mes pellsl'e An clnil' de la fentre, Et. c .. lIme, la JUill' pntrt> Les chnes ,J'enlends, ln danse continue Aux nUes des Umlbours . .le te re\'()s, ct les dtours D'ulle amour contenue. Les dents blanches de ton I( Iherc \ -En collier d'allgresse .. , Et tu ne l .. lsses pas, ngresse, De soigner Illon souci.
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(lli C'EST lIll l'l'n' trop grand pOUl' toi. :\llllll'cs.se de Illon ennui, Et {'clll' poule sur mon loil Qui picol'c des grnins de pluie
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DANIEL HEURTELOU -lHOt)-
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Ys cri rauque de fresnie Un pau\Te sanglote un mourant agonise une me s'teint.
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tUMIHE tendre des becs clairant le parquet qui miroite. Groupes de jeunes filles nux robes dcolletes. qui dclent une chnir encore ferme, Couples enfivrs, -enlacsdalls l'anlenl' du Charleston, C]ui montrent des croupes nnondies SOllS des l'ob<:'s [lUX Ions dUlUds. NUC]l1C's rnses. l
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1'0111' L. H. g!'iE noIe langoureuse qui n'est plus qu'un som'cnir. Et vous ,wiez encore 1111 rythme . d
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'OIl,\:'\TIEH houeux d l':I('l'S hlanchit's \O!l' de Iloire,s l'clail'cl's. o percent dl.'s houl('s de lolos. ()Iwlol' J'limant. sous le ch:md soleil dl' midi. ils s01l1 l. il F:Jr gl'aH' dl' geus COlllnH' il l'mIl. :'l\'l'CqUC <[ul'lqUl' dl' p'itIS Yr:li. l':l'l' l' odl'lIl' d'Ulll' C!wil', cuisant dalls SOIl jl:S, Ils sOl1llil \(,,, <{n:ltrl', le dpl'!'t'I'P \'('posant sur leurs I:llons. Gr:mds l'Ill'anis :lUX nez l'pall's, :HlX poils pouilleux. HI!:\, p:tlllaiolls trolll'S, ql1i ll1oHII'l'nt des fbs
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43HALEUR accablante, ou tout semble dormir. Un ne baigne sa croupe dans la poussire du chemin. E1llllli les bayahondes, un flamboyant surgit. La savane tend sa lyre rouge a LI soleil.
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ANTONIO VIEUX -HJU 1-
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tE paysage hnppt par la vitesse. . Et cent chenlllx dans Je molclIl' qu'ull gnlop presse, cre\'[lIlt la route cl bondissant. Et la nuit pend aulonr comme lin Inlllbeflu de soie Soixnnle . . Le vent qui siffle cl cinque. Les phares sondnnt ronstade. El cc moleur o je ne suis quel dieu !nn'uille. -.\11 pOlisse encore cl prends l'eslHlce! El (lue S'c."leigllent les loil('s c1n }Ollsses! Le sang charrie dnns mes lIrt('r{'s ln hanlise des horizons!
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DOUGE'lIR tA l'lie que l'on descend, El puis lecel. Voici: quelqu'ull m'n l'l'pouss qui 11I'L'lait Ltl'ilngel' . ( dans l'ombre, ellll'nds ]cs pas sur l':lsphllc' :lllrfllnH'es de ycrveilH'. Et pOlll' (lire les lllots de la tendresse huruine, me voici, simple'. avec des larmes dalls les yeux. (
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pourquoi raut-il que tu sois morl.e? Pourquoi faut-il? ct que sur l'alcve tire la nuit d'encre des draps mtlllVes? Ql1elqtl11 pleure derrire la porte . .J'ni cri: qu'nu moins il te souvienne Bien aime. de l'extase ancienne 1 Ah 1 les baisers chers humant et la gorge que J'on presse. pleine 1)) mais. triste fol el plellrant. qu'importenl nux ombres insensibles des mortes le", sou\'cni,'s qu'on rille et les plaintes?. --Et. sont toutes les lampes teintes.
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DEHORS, les grands clnksons 011 t nmeut la nuit' .J'ai repol.lssla porte et ma dtresse avecql.le. -0 calme oriental de Mdine ou la Mecque! Et la halte reposante tout prs des puits! L'air bourdonnirrit ainsi, qu'aux matins Tu surgirais. Marie Magdaleine, et voici . qu' mn soif, et la fi, ... e. pre de mes soucis tutendl'ais l'cau combien suave de ta cruche 1 Mais, de",j,s tI's longtemps la Magdaleine est mort Et je sais olen que si. soudain, j'ouvrms la forte il n'y ::mrnit que l'ombre allonge de la nuit..,
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lnl.\:'\:'\ ... El Je saJlglol rdulllla gorge -. Dites soir allume l'occident un hchcr trisle ) us souyient-jl d'une nuit tit-de. cl d'nml.hyste. que )'cn' srlllent' brillait. des n('UrS llHllHlites'! p::s"':. hol''' lk-, Illllrs l't'(llll('s, juillil blunc. l'll S():I\cnl: V,lICl I('s IWlllaiues. 1'1I1WIl qu(' dl'roule 1I1l Ileon' ('Il S'L'1l ;d l:m 1. l'ici ('si lIll 1lI00Tt'nll de II1aUYt' porcL'laine. quelque ]>:I1't il ;\iko!n ou Tombouclou. us l't-gurdiolls. penchs ( YOUS en vous? ) ;; toiles fleurir [lUX flches des bnIII bOllS, . " , .;,cr.
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ANTHOLOGIe PES p01l1' HUIIIll:ln GRISE. Sale. Comme en ce jour Illon enranc!.' c o je t'ai dcouverte. (C'tait un matin frmissunt de voiles h,llutesdans le ciel.) Et comme ailssi. plus tard, --,-.uu tte, avec de gais compagnons qlli elwlltnient 1'01'1. et portaient leurs vestes ln cellture, (autre, la joie bruissanle des c:lIlnes) tu m'apprns. dresse, puissante. hargneuse . . re te recollnais. C'es! bien loi. Cette ui l'st la voix de les l'Illnlilles, tes hroderies d'eume, et le sel dont tu nls cingl Je sang. et cette faon brusqlle . .;lllpide. d01l1 lout il l'heure tu as Fonc, et. cette barque, III prise. (deux bras s'y SO:lt levs comille lTlH:ifit's) et l'as chavire, .. c'est bien toi. Tu as Il'uin sous louks les Latitudes. flne, rnus, ,'ugL
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Il' l'e\Oll'l: grise vi s,dl' dt, tous It's hlVl'S Il Y tl eu des poles pOlll' te chante!', pOlll' dire quc lU es belle. el bIelle. pOlir \'Hll[t'!' les Clilles l'oses de l'l'nu d,lIls les criques, el. derrire l'horizon pl'isllwliquC', 1 C III i r:lge des Cy 1 hi'l'es. 1 cs Si l'l' 1H:S :\Joi, j{' Il<' te trou\'(' pas, :\loi, je n'ni jamnis pn l'aimer. \roi . .i(' le \'ois ('0 1111 Il l' lu es: Cirnnde. (' gUl'US(' Il, r:lnk(, dt, bll'lI. (,1 :lJll:lll k, P \I;l nit . l'\ qUI [l 0 l'Il'. (cl qlli ol'llt' SOliS Il' (h' S:I IlIlIiql1e, !es dOldourel1x des dents 1ll01'IC's, la scuillure d('s \' a )' L' c' h sel li e sai gue s -Ions les dchets de lous !('S mond(s.
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1re AN%\E' J':n 1. JCQ..LET 1927. Directeut :E .• Ront.R :HOt"lfER N. Sn ... rAJ! J.' Rm.:-1iAis A.'"iElX DASII. HEl'RTELOC CU. BROt'ARO .. !dmm:dTufiolt : '511 Avenue Chri"tnphe Cbl'Ouiqlle Pr0'TurnUle Quelque:! dfinition:,; de la PlI!:",ie ... Purm,,,,. • • des A ntille" Mt:antlre-" . , Ain;;i IHula l'Onde ..• G. Sn ... .\J:s BAISER M.u:I.\ RILKE de .N'on mL O.' Rotaum,'JA.CQUfl). RiIl.\rS. S.\1:lfT-ftnHF.RT 'PA:iCAL."Fl..')!'1 Er. ri PnrCE I:-JPRnIEHlB MODELE 19-+0, Angle de:o; Rues Courbe & Macajou.:t 20th Str .. et. PQRT."\UPRI.sCE. (HAI;rl,). --............ -1re AN%\E' J':n 1. JCQ..LET 1927. Directeut :E .• Ront.R :HOt"lfER N. Sn ... rAJ! J.' Rm.:iAis A;"iElX DASII. HEl'RTELOC CU. BROt'ARO A.dmm:dTufiolt : '511 A venuc Christophe Cbl'Ouiqlle Pr0'TurnUle Quelque:! dfinition:,; de la PlI!:",ie ... Purm,,,,. • • des A ntille" Mt:antlre-" . , Ain;;i IHula l'Onde ..• G. Sn ... .\J:s BAISER M.u:I.\ RILKE de .N'on mL O.' Rotaum,'JA.CQUfl). R.iIl.\rS. S.\1:lfT-ftnHF.RT 'PA:iCAL."Fl..')!'1 Er. ri PnrCE I:-JPRnIEHlB MODELE 19-+0, Angle de:,; Rues Courbe & Macajou.:t 20th Str .. et. PQRT."\UPRI.NCE. (HAI;rl,). --............ --
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JUILLET urn .. -La::s ARTS E"r LA VIE-• . CHRONIQUE l'n rl!e tle (jeo'!J('s Sy",aIl Pendant tille hlunic dt'
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lioualt', n'nouer la trlls qui mritent l'uHenlion il scfaireconnntre du puhlic. Qui ne \'oilles csprauces qu'il est lgilimc . de concc\'oil' d'une pareillc entreprise L,), Voilit qui serl suffisant cOlllme lu'ogl'nmlllc ct qui m'ptl rgn<:ra;it la peine ,cie i vouscntreleni r longtelnps lllalS li faul; prCiser nos lend"lllces ct ajouter l'idal ancien quelques pensersllouveuux, P01Jrquoi nOlis faisonsunr lurge pari /a Posie, El 1'011 111'.\ dit Pellscz-\'oUS ? llnercnlC d'urt el de lillralul'e, l'Il ce moment, y pel'lsez-\'ous. l'esont jeux el divertisscllIclIls de temps helU'euxt de jours fortuns, on n'a pas Je cur la joie vous n'veillerez aucun ch, qu'est-ce qui lit les \'el's en Holl'e poque)wesse ; de jeulles 1 felllmes ronulnesques etdesadoleseents amonreux,nllons ee Il'(,SI. pas srieux, .le ne \'OLIS. )Hlsde tenler l'uv('nll1re H, L'heure n'est pflS aux l'ires, c'cMnai, Dans 1(' lourbillonnement de nos exislenccsllccl'OV('Z v(>Us pas ('('7 pendant qu'il serait agrable dt' ('Ollsl'Ilir ulle Judie, tille. l't'cration:'J l'ombre l'Il ('COtI la nt l'hlll('!' Il'spo0IesU\s qui mritent l'uHenlion il scfaireconnntre du puhlic. Qui ne \'oilles csprauces qu'il est lgilimc . de concc\'oil' d'une pareillc entreprise L,), Voilit qui serl suffisant cOlllme lu'ogl'nmlllc ct qui m'ptl rgn<:ra;it la peine ,cie i vouscntreleni r longteillps lllalS li faul; prCiser nos lend"lllces ct ajouter l'idal ancien quelques pensersllouveuux, P01Jrquoi nOlis faisonsunr lurge pari /a Posie. El 1'011 111'.\ dit Pellscz-\'oUs ? llnerC\'lIC d'urt el de lillralul'e, l'Il ce moment, y pel'lsez-\ous. l'esont jeux el divertisscllIclIls de temps helU'euxt de jours fortuns, on n'a pas Je cur la joie vous n'veillerez aucun ch, qu'est-ce qui lit les vers en Holl'e poque)wesse ; de jeulles 1 felllmes l'onulnesques etdesadoleseents amonreux,nllons ee Il'(,SI. pas srieux, .le ne \'OLIS. )Hlsde teiller l'uv('nll1re H. L'heure 'n'esl pflS aux l'ires, c'cMnai, Dans 1(' lourbillonnement de nos exislenccsllccl'OV('Z v(>Us pas ('('7 pendant qu'il serait agrable dt' ('Ollsl'Ilir ulle ludle, tille. l't'cration:'J l'ombre l'Il ('COtI la nt l'hlll('!' Il'spo0IesU\r, ((' nouspel'l1iet de mieux. voir t'nnmIS. de jouir du paysage nlricl1l" de pntrer dnlls lcdomainc l1l:'sl(" l'illX des mes ... Toul le prohlme Il'csl-il pus Iii. La posie est un insll'lllllent de cOllllniss
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LA REVl'1:: CO'HI'" S'CD sont alls tds des Ilpotres Yers h's COHH'S tilllides et transi:! t!r>s autres 3 Les doigts nous pOUl' 1:.1 Bonde, La Ronde aulour du monde ! .... Nous voulons que rie tout le pays d'autres voix rpondent. Les chanteurs sont du Nord et ils sont du midi ils chantent le pays hatien. Ils aident le connatre, l'aimer en le connaissant, nous rvlent nousmme, nous donnent des motifs de fiert nationale. Les ides vraies ou fausses que l'ol1.a d'un pays sont celles qu'en donnent les potes, les romanciers. les peintres. les scu!lpteurs. image fidle ou tableau trompeur, 'Les japoneries de Loti, les lllilliutures ont r\'l le .lapon hroque ct galant... Kikou Yamato fZlit pntrer dans celle me japonaise ('Il femme ct en pole sensible ct le pays des cerisiers et des pommiers l'Il Ileul's vit dmls rll1wgillnlion de milliers de lecteurs. Les peuples onl besoin d'une rclame Bonne renomme dit le ,'ieux d!don "aut mieux que ceinture dore.) . Le service de la propagande tait dirig pendant la gue .... e des cr\'uins de valeur et il celle offensive morale u'taient h's communiqus les lalenls Ips Il1cilleu .. s"'des pays beJ;ligranls. C'esl Ginllls autres 3 Les doigts nous pOUl' 1:.1 Bonde, La Ronde aulour du monde ! .... Nous voulons que rie tout le pays d'autres voix rpondent. Les chanteurs sont du Nord et ils sont du midi ils chantent le pays hatien. Ils aident le connatre, l'aimer en le connaissant, nous rvlent nousmme, nous donnent des motifs de fiert nationale. Les ides vraies ou fausses que l'ol1.a d'un pays sont celles qu'en donnent les potes, les romanciers. les peintres. les scu!lpteurs. image fidle ou tableau trompeur, 'Les japoneries de Loti, les lllilliutures ont r\'l le .lapon hroque ct galant... Kikou Yamato fZlit pntrer dans celle me japonaise ('Il femme ct en pole sensible ct le pays des cerisiers et des pommiers l'Il Ileul's vit dmls rll1wgillnlion de milliers de lecteurs. Les peuples onl besoin d'une rclame Bonne renomme dit le ,'ieux d!don "aut mieux que ceinture dore.) . Le service de la propagande tait dirig pendant la gue .... e des cr\'uins de valeur et il celle offensive morale u'taient h's communiqus les lalenls Ips Il1cilleu .. s"'des pays beJ;ligranls. C'est Ginlll
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LA J\E'TE nels. calme dans le tumulte et Je dsarroi. Le cHpilnlH.' . dans' son poste de commandemenl prend le cuhi('r de bord, inscrit ses del'llil'es ohser\'ations ('tJanc :il la . cte une bouteille la mer. De nos espoirs obstins part l'appel d'un antenne ... c'est noh'e bouteille il la mcl .... . Nous voulons essayer de reh'ouYer en commun des rasons de s'aimer dans des raisons de croire. Runt' d'un accord unanime les mes de bonne yolont qui cherchent leur voie et erl'ent latons dans les lnbrs. j les runir paI' l'art. dans la Beaul. Relrouver le lem os ou les hail;enss:ullltlient. 'ou de' vivre tait chez nOlIs une douceul" doucem' enclose dans nos paysages tranquilles entre nos mornes. hleus et la mer qui . Noire Pllblic ... Le lecteur qU 110US choisissons. ('elui qui nous est le plus cher, c'est . le jeune homm' de vingt ans qu'un noble et gnreux enthousiasme qui a encore: une me hrorqut' el fol1e. qui ahl hantise des s.ommets, que le dsir d'excellence 10l'lure, qui rve. d'absolu ... YOUS le beau levain des futures moissons jeune homme en qui nosespoil's sont' endos rai ('on en YOus. Et vous les mres inquites, vous les pres soucieux ql1eson regard pensirme\", flue sa fi\Te el son exallation effraient ra'SSl1J'ez""OUS il est nr pour . de grandes choses.. '.' ... Les jeunes fillt's t1('('s opprimes. les mres de demain qu i auront Pl'lrir l'argile meuble,la pte des mes des enftlllts naill'f'. nous voulons qu'elles nous coulelll, nous .. ons de . reienirlelll' attention. de' .les mouvoir, d(> les faire rflchir avec nous aux deYol's C'oHcdifs. ' .. Nos ides :lInc doctl'lllC.-Ce"n'estpasseulement nu il la tl . e ,que malade. Le problme est de rInleJlide la Il 110US fau,dra . leiller chz nous en nous aidant du bel effort parnllHe men avec un l'are bonheur en Fi'anl'c une cUI'e de re. naissancenalionole. Il y a sur le:' march Irop d'ides fasses .en cours. LA J\E'TE nels. calme dans le tumulte et Je dsarroi. Le cHpilnlH.' . dans' son poste de commandemenl prend le cuhi('r de bord, inscrit ses dCl'Ilil'es ohser\'ations ('tJanc :il la . cte une bouteille la mer. De nos espoirs obstins part l'appel d'un antenne ... c'est noh'e bouteille il la mcl .... . Nous voulons essayer de reh'ouYer en commun des rasons de s'aimer dans des raisons de croire. Runt' d'un accord unanime les mes de bonne yolont qui cherchent leur voie et frl'ent latons dans les lnbrs. j les runir paI' l'art. dans la Beaul. Relrouver le lem os ou les hailienss:ullltlient. 'ou de' vivre tait chez nOlIs une douceul" doucem' enclose dans nos paysages tranquilles entre nos mornes. hleus et la mer qui . Noire Pllblic ... Le lecteur qU 110US choisissons. ('elui qui nous est le plus cher, c'est . le jeune homm' de vingt ans qu'un noble et gnreux enthousiasme qui a encore: une me hrorque el fol1e. qui ahl hantise des s.ommets, que le dsir d'excellence 10l'lure, qui rve. d'absolu ... YOUS le beau levain des futures moissons jeune homme en qui nosespoil's sont' endos rai conen YOus. Et vous les mres inquites, vous les pres soucieux que son regard pensirme\", flue sa fi\Te el son exallation effraient ra'SSl1J'ez""OUS il est nr pour . de grandes choses.. '.' ... Les jeunes fillt's t1('('s opprimes. les mres de demain qu i auront Pl'lrir l'argile meuble,la pte des mes des enftlllts nailre. nous voulons qu'elles nous coulelll, nous !:!ssaieJ'ons de . relf.'llirlelll' attention. de' .les mouvoir, d(> les faire rflchir avec nous aux deYol's C'oHedifs. ' .. Nos ides :lInc doctl'lllC.-Ce"n'estpasseulement l1U il la tl . e ,que malade. Le problme est de rInleJlide la Il nous fau,dra . leiller chz nous en nous aidant du bel effort parnllHe men avec un rare bonheur en Fi'anee une cUI'e de re. naissancenalionole. Il y a SUl' le:' march Irop d'ides fasses .en cours.
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Il nuu!-' faudra rtablir la notion d'ordre, de hirarchie ncessairc dl'S bascs, lIIH' Stlne logique. dl'S crilres' plus justes, tablir la bililiolhque d'un honnle homllll', dwsser les YCl1del1rs de pUfolillc, les diseurs de 1)()l1lleaVelllun', les saltimlwnqucs et les jongleur.;, raire ('Olliwitre les l'ni,'aills probes, les qui IU't'pun'nl il la Fi'?Ill'(' ulle jeuIH'sse sainc et vigoureuse, L'U\'!'e dllllAuguslc Comte, cOlllmenle pm' Maurras, Valois, Galol. La Horme intellectuelle et morale de Bentln, T,aille, Fuslel. Barrs, Le ... j'en , passe, , , . Dans ces penseurs nous prendrons des mthodes de raisollnement cl des modes d'action, ils nous serviront de modles el nous pCl'lllcllront de hli!' unc doclrin<> ' originale. . L'Amriqlle La'/iJ/(' el .ItollS Dans ('ellp .-\ml'quc espagnole et tlllglaisc nOlis nvolls la glol'iellse destine de mainlenil' m'cc le Canada cl les Antilles Ihll1aises les tradillOlls ct la langue' franaise. honneur funeslc et prilleux l'al' il nous valut Ull sicle d'isol.cment... Ln rpublique dominicaine qui partage noIre lerpiloire ne participe pas de cette inforlune, l'Ile app::lI'lient ,une Amrique bltine de 18 rpubliquf's, crivains parlent un public de 90 mil-' lions d'hommes, on reconnat ses joies et ses peines, :\OllS deYCI'l des jeunes nalionalils. L'.:'s historiens de!l callses de leurs I11nlheUl'S essaient, ('OIllIllC IUHlS d'xpliquer la rl:l'e, cc simple phnomne de physique sociale. cc jeu de fOl'ces antagonistes qui se heurtent de s'qllilibrcr cn une statique parfaite. Ils disent '::I\'ons agi ainsi parce qu'indiens. .' . Nous disons Iyolontiel's 110llS nutres parce que n-' . '" . Il nuu!-' faudra rtablir la notion d'ordre, de hirart'hic ncessairc dl'S bascs, lIIH' Stlne logiquC'. dl'S crilres' plus justes, tablir la bililiolhque d'un honnle ho III III l', dwsser les YCl1del1rs de pUfolillc, les diseurs de 1)()l1lleaVclllun', les saltillllwnqucs et les jongleur.;, raire ('olllwilre les l'ni,'aills probes, les qui IU't'pun'nl il la Fi'?Ill't' ulle jeuIH'ssc sainc et vigoureuse, L'u\'l'e dllllAuguslc Comte, cOlllmenle pm' Maurras, Valois, Galol. La Horme intellectuelle et morale de Bentln, T,aille, Fuslel. Barrs, Le ... j'en , passe, , , . Dans ces penseurs !lOUS prendrons des mthodes de raisollnement cl des modes d'ad ion, ils nous serviront de modles el nous pCl'lllcllront de hlil' unc doclrin<> ' originale. . L'Amriqlle La'/iJ/(' el .ItollS Dans ('ellp .-\ml'quc espagnole et tlllglaisc nOlis nvolls la glol'iellse destine de mainlenil' m'cc le Canada cl les Antilles Ihll1tlses les traditlOlls ct la langue' franaise. honneur funesle et pl'illeux l'al' il nous valut Uil sicle d'isol.ement... Ln l'publique dominicaine qui pnrtage noIre lel'piloire ne participe pas de cette inforlune, l'Ile app::lI'lient ,une Amrique bltine de 18 rpubliquf's, crivains parlent un public de 90 mil-' lions d'hommes, on reconnat ses joies et ses peines, :\OllS deYCI'l des jeunes nalionalils. L'.:'s historiens de!l callses de leurs I11nlheUl'S essaient, ('OIllIllC IUHlS d'xpliquer la r:;l'e, cc simple phnomne de physique soriale. cc jeu de fOI'ces antagonistes qui se heurtent de s'qllilibrcl' cn une statique parfaite. Ils disent '::I\'ons agi ainsi paree qu'indiens. .' . Nous disons Iyolontiel's 110llS nutres parce que n-' . '" .
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( j Il n'l'Il l'sI. ri('Il, si soulrerl. si conllu les tn('lll('S :lllg()SSl'S pl:l('l'S clls scm blablt's, d;l\ls des ('I'l'ollsl:l\1('('s presque idl'llliqllt'S, l c Il'csi 111 lHlITl'qu'lldiclls.ni pmn' qlle lll'grt'!'. Ilwis pu\'l't' que hOlllIlH'S; Tous les, hOlllHH.'S, quel qu'ils soielll. placs SOllS le IIll'llll' clilllni. aux prises awc )('S llll'Illes diflicultl'S, auraiellt salis doull' ngt ou n'agi de lllt'\11e .. ' en hOll1llH.'s. Ptlul ml rrlour polHlt .rai l'elH.'clltrl' des hommes cl des lClIltlll'S, Il r\ous sonllnes cOllpabil's dgnol'l'I' l':\lllriqllt'laIne parce que les ol'igllt'S sont :.;elllblnull's el qu'ull gl':llld danger commun nous Illt'nnc(', L.a lulle l'nlre ks t'l'l'oies, ('SIHlgllOlsdl's HIH'CIlIH'S \'ce-roynuls l'! proYIll't'S dl' l'Amrique du Sud, dl'siJ'eux d'l1l1l' v.ic: l'\'iql1e moills ('Ioufl(>c el 1Il1e Illl'iropoll' Hy<1nl des mthodes dl' gOl1HrIlnllfnllrop ',lie! res, el une jeulH'ssl' enflHl11111e pal' Ilos' dl'(' 1 llW 1 ions, pnssilllll'es d('s pellseurs hll'mnni!:1I'l's du li ix-h u.ili {'m l'. sel'\' i S par des III asses hl igl>lft>S Ill!! 1Il',ellc'IllC'11L i>('IIqul'lIst'S, Tl'I1l' t'si t'Il l'neoul'fi J'his!oire 'qui se J'l'Pl'I:! drillS Ioule r,'\llll'riquC'. Simpl'l'Yl'\'olle l'origilH.' puis guelTe (l'l'Illnlll'ip,l\ioll. Lagl'sleh:l";C'lIj", rC'l'l:lil1eIlH'nl s('r\'it dl' It'coll dl' cllOs(' l'I Stll1 S 'p:", v< plus "aste cu', ('P Ill' 1111 p',IS !'('u]tllH'1l1 \:IlV ',' sa JlHI'I tll'S pl'olils. m:ls 1:1 Pl\IS,('t' ,irn'.ic el 1Il1e Illl'iropoll' Hy<1nl des mthodes dl' gOl1HrIlnllfnllrop ',llel res, el une jeulH'ssl' enflHl11111e pal' ks' dl'(' 1 llW 1 ions, pnssilllll'es d('s pellseurs 1IlI'Illnni!:1TS du li ix-h u.ili {'m l'. sel'\' i s par des III asses hl igl'lft>S Ill!! 1Il'.cllc'IllC'11L i>l'lliqul'lIst'S, Tl'I1l' t'si t'Il J'ncoul'fi J'his!oire . qlli se J'l'Pl'I:! drillS Ioule r,'\llll'riquC'. Simpl'l'Yl'\'olle l'origilH.' puis guelTe (l'l'Illnlll'ip,l\ioll. Lagl'sleh:1L;C'IIl". (,l'lnil1ellH'nl s(,J'\'it dl' It'coll dl' cllOs(' l'I Stll1 S 'p:", v< plus ,'aste cu'. Cl' Ill' 1111 p',IS !'('u]tllH'1l1 \:IlV ',' sa JlH!'1 dl'S pl'olils. m:ls 1:1 Pl\IS,('t' .irl't'.i
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i .: :r ,les sll'Ophl'S il Sninlc-1 herl'sl', .. . . . Sarlllicnto, le grand .-\rgelHn pote, polmiste, homIlle d'ad ion n,'anl "cu cel'ttiines de ses <:eu\'I'es onl ({ Fncl1l1do 0 Ci,'ilisnl'on y Barharie expliquc lllcl'\'eil:" lellSPIll('nl les dhuts dc la grande rpublique de ln Pblla. . Lugollcs, EllriqlJ(,l LliTela nous prsentcnt des aspects divcrs (f,. l'thllc aux Illultiples de l'AI'gentille. L'Equatorien Monlalro, nd\'ersnire tl'OP som'ent de pari i pris de Ga rcn 1111111 rc en prose castillane polmisle Yigolll"clIx. Amado :\el'\'o. Alf(;nso Heres dOllllent au dcs . 1c.:'ll1oignagcs inouhliahl(;s. . .Jos Asti Ilcion Si 1 va, San los ChocmlO, nOllls n>caleurs dl' lyrisllle perdu et de cnS de hi-bns, El Hogm" C::mls y us; ;\!osolros, qlle des amis bietl\'cillnllts m'en,'oienl . .lai pi' ainsi npprriel' ln fcondil' men'eil1euse d'ulle U\TC d d'une "ie spirituelle Irop mconnue dll'Z nous. . Trois 110\llS llluskalt; de" \Cllh S Il'llllhrcuses. philosophes C't hOP"1 Etal sont connus ces <\ivers titres,; Les Pros ' !', nes) cfc Huhen Dm'in, le Nicar:!gIH11l q"llial. ,,'op! .ta {rt'dlO parmi lIollS. . i .::/;;:r ,les sll'Ophes il Sninlc-1 herl'se, .. . . . Sarlllicnto, le grand .-\rgelHn pote, polmiste, homIlle d'ad ion n,'anl "cu ('el't{iines de ses <:eu\'I'es onl ({ Fncl1l1do 0 Ci,'ilisnt'on y Barharie expliquc lllcl'\'eil:" lellSPIll('nl les dhuts dl' la grande rpublique de ln Pblla. . Lugolles, EllriqlJ(,l LliTela nous prsentent des aspects divers (f,. j'thlll' aux Illultiples de l'AI'gentille. L'Equatorien Moulalro, nd\'ersnire tl'OP som'ent de pari i pris de Ga rcn 1111111 rc en prose castillane polmisle yigolll"l'lIx. Amado :\cl'ro. Alf(;nso Hcrcs dOllllent au dl's . 1c.:'ll1oignagcs inouhliahl(;s. . .Jos Asti Ilcion Si 1 va, San los ChocmlO, nOllls n>caleurs de lyrisllle pcrdu et de cndelll'es h llI'lll on ellscs . • Je les l'olllwis 11l0t-mllll' lrop peu . .Je nlccllse, les rell<:ollires onl t hrc\'es HU hasanl des leclures, grre il t'l'Ile allal'lHlllle Benie de l'Amrique Latine que tous les illlcllel'lueis haHiens dennient lire, la Rente de (il'Il('ve d quelques l'C,'lIt>S de hi-bns, El Hogm" C::mls y us; ;\!osolros, qlle des amis biell\'cillnllts m'en"oient . .lai pi' ainsi npprriel' ln fcondil' men'eil1euse d'ulle U\TC d d'une "ie spirituelle Irop mconnue dll'Z nous. . Trois 110\llS llluskalt; de" \l'Ilh s Il'llllhreuses. philosophes C't hOP"1 Etal sont connus ces <\ivers titres,; Les Pros ' !', nes) cfc Huhen Dm'in, le Nicar:!gIH11l q"llial. ,,'op! .ta d't'dlO parmi lIollS. .
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. La . li Il . idal ralis, Je chantre d' (1.4./'i(,/ J1)s Ehriql1e Bodo (da plus noble conscience du ('onlinelll connue le safuait rcemment Fl'uncs de premier reprsentant de cct espl'il continenlal qui dpassant Je caare des petites pall'es ('ra el \'oulut la '\>alrie latine, AfutiJilarisml' anglo-saxon il opposa le cu Il'de lu l'Olllprhension du beau pour mieux lu prntique du une .lhique ef une eslhtique hriles cie la Grce antique. rgni'res (Jal' la vertu L'llI'tienne, .UolilJOs de Proteo .) El .lIicador de Prospero •• dvesuccessifs mme docldne lill,raire et sociale exaHnnt les (Ilmhles de la l'aec, el soulignant l'imporl,ance d'une lillralure autochtone, Personnalit au rayonnement consid(>l'able, salu comme un (1 matre dans Ioule "l'Amrique la line (fui SUI' un phlll idal spns doute, comme (iol'the, Henri Heillc .. !'\ielzche, flldes cul'opens}) • .esl un continenlal)} rvant d'un esprit cl d'une Jiltrahu'e a('cessible' toule l'Amrique latine el dans Je domaine politique de ,'asles rl'Olernits ('elrou\'es. ('eUes que rva l'orClgellx hroislll{,}) de Bolivar. . Yenllll'll Gnrch.l Culdcroll (lui le l'ombnt pm-rois rc, lIll outre :lsped de (,'el esprit, cl les divisiolls .. mmes de ses Dmol'I'n 1 iesd'A ml>riq\le Inli Ile.>.' d \'110-: tcnl assez ,'om111enl il enlendl{' pJ'()bll-llle : Guu;/(' Cf' Colombie E(llWI{'ul', YC:'nl-zuh" CO/lfdi;,.,f ''',1 ;Prlwienm': Prou, Bolivie. Crmftlrnlioll de lil h.lla Un!gllH)', Pril':lglHl)', Chili. RH:sil" .4ml'irl.ll( Centrale .. ',exlque, A.ntilles. grollpl'lllenls IOlt'rllHlUl,il inlrlscoll1l1lUlls. ('Ollll1llllHUlt.,:.S ,'nsles nnmlle le ",eul, re (lui au x synl,hses, flUX {'Ollfdctrallons des peilles nnllons 1>0111' rsl&le.I' auxrlpp-,t;ts des de proj{, . , : R\'es dllshll'itt'n l'f cie pellslur. d{' dl'lHnfn! ',Tous les m!rni'l-lil du ('(lIllWill'e lllll'cI,ill'r h.: • pt'.DU el terrible Il\'l'e dL' :\Iallll<.') llg:u;t( (1 El d('!o-hllf) de :,I\Ilt"onlinenle)) . . . ;: ,'" t.,a srie Jos Yns('oll('ellosl ou ln hll'Iu rl'I'i . " yankee,' Cil nols 1ll0nhlllts f'!\' . ;.'. Misll'al. hl chilienne I11flgnalliml" c10nlle (ICI 'relentil clans touh."'.Ia d(' rAllll'ricllIl" du . La . li Il . idal ralis, Je chantre d' (1.4./'i(,/ J1)s Ehriql1e Bodo (da plus noble conscience du ('onlinelll connue le safuait rcemment Fl'uncs de premier reprsentant de cct espl'il continenlal qui dpassant Je caare des petites pall'es ('ra el \'oulut la '\>alrie latine, AfutiJilarisml' anglo-saxon il opposa le cu Il'de lu l'Olllprhension du beau pour mieux lu prntique du une .lhique ef une eslhtique hriles cie la Grce antique. rgni'res (Jal' la vertu L'llI'tienne, .UolilJOs de Proteo .) El .lIicador de Prospero •• dvesuccessifs mme docldne lill,raire et sociale exaHnnt les (Ilmhles de la l'aec, el soulignant l'imporl,ance d'une lillralure autochtone, Personnalit au rayonnement consid(>l'able, salu comme un (1 matre dans Ioule "l'Amrique la line (fui SUI' un phlll idal spns doute, comme {iol'the, Henri Heillc .. !'\ielzche, flldes cul'opens}) • .esl un continenlal)} rvant d'un esprit cl d'une Jiltrahu'e a('cessible' toule l'Amrique latine el dans Je domaine politique de ,'asles rl'Olernits ('elrou\'es. ('eUes que rva l'or:lgellx hroislll{,}) de Bolivar. . Yenllll'll Gnrcll Culdcroll (lui le l'ombnt pm-rois l'C, lIll outre :lsped de (,'el esprit, cl les divisiolls .. mmes de ses Dmol'I'n liesd'Aml>riq\le Inl Ile.>.' di'Il\!: tcnl assez ,'om111enl il enlendl{' pJ'()bll-llle : Guu;/(' Cf' Colombie E(llWI{'ul', YC:'nl-zuh" CO/lfdi;,.,f ''',1 ;Prlwienm': Prou, Bolivie. Crmftlrnlioll de lil h.lla Un!glHl)', Pril':lglHl)', Chili. RH:sil" .4ml'irl.ll( Centrale .. ',exlque, A.ntilles. grollpl'lllenls IOlt'rllHlUl,il inlrlscoll1l1lUlls. ('Ollll1llllHUlt.,:.S ,'nsles nnmlle le ",eul, re (lui au x synl,hses, flUX {'Ol1-fdctrallons des peilles nnllons 1>0111' rsl&le.I' auxrlpp-,t;ts des de proj{, . , : R\'es dllshll'itt'n l'f cie pellslUI'. d{' dl'IlHliil! ',Tous les m!rni'l-lil du ('(lIllWill'e lllll'cI,ill'r h.: • pt'.DU el terrible Il\'l'e dL' :\Iallll<.') llg:u;t( (1 El d('!o-hllf) de :,I\Ilt"onlinenle)) . . . ;: ,'" t.,a srie de Jos Yns('oll('ellosl ou ln hll'Iu rl'I'i . " yankee,' Cil nols 1ll0nhlllts f'!\' . ;.'. (Jabriela MislI'al. hl chilienne I11flgnalliml" c10nlle (ICI 'relentil clans touh."'.Ia d(' rAllll'ricllIl" du
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de la ,'aee tatine justcllll'nt elhaye de la rue saXOllne.', .Jualla [ barboua-on sensible et frissonnante, cr,it sur des fleurs avec l'encre de la rose :'. Plus prs de nous AnterigoLugo,Fabio Fiallo,LeiHen. l'quez, et hmt (lue j'ignore dont les fraternels demeUl'enl jmnais perdus pour nous, . Nous avons il letiu' fuire connaitre notre apport bien mince encore sans doute il l'uy,re de civilisation latine mais que l'on aurait tOl't de, xagrment voire de l'ignorer tou t a fnit. A nous de produire nos titres, de faire notre preuve, i • Plus humain, -Enfin nous devons travailler crer l'homm qui vient, le citoyen de l'avenir, le citoyen de l'humanit, d'une humallit l'ellouvcle -J'entend, les l'ris et le tumulle des pharisictls-pourqui \Ies l'rontil'cs.les diftrcncesderaces, lcs positions go .... graphiques n'Q.ut que leurs va-Ieul's d'aCCidents nces .... limitant le cJutmj) que nous cultivons mais qui n'entament en rien l'identit douloureuse des conscien ces, Voila celui que 1l011scherchons: l'homme qui vient. celui qu'appelait et qu'attendait Coicou, l'ami. le l'I'l'e pOlU' qui nOLIs. avons une tendresse toute prte. essaierons de le crer ("n nous, autour de nous.' Cependant qlle l'on ne se trompe SUI' nos intentions et . _.nos penses et que l'Dllne nous ll'uhisse.en nous interprIII diversit des patries est ncessnire cc Heureux. ('eux qui sont morts peur les cits chal'l1eJIes car elles; sont le corps de ln cit de Dieu. disait Pguy. Ce sont terroirs d'lection. crdl'es prdestins il l'closion merveineuse de planles dissemblables et pourtant proches, parentes. ..' Ce que nous ldchel'Ons de fatre de noire revue. Un tableau fidl et vivant des diverses manifestations de la vie et de la pense hatienne contemporaine. Vie intellectuelle et artisl.iqu. vie conomique et. commerciale .. Le point de vue IUlitien des questions. la faon dont envisageons les choses el COmQl on fail une manire d'insulte du mot indigne nous le
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10 d'hailiennel yoil qui semble t"HI'udriscl' 1101rt.' jeUll(' posie, t't Houiller dont rll\Te nous pnrait sigllifkali\e m'el." ,les moyens dHl'renls el des tempramenls arlisliqm's particuliers onl r<.'ndn charme des paysages de r!H.'Z nous l'UIl t'Il rellX, Houmer; l'nlllre ('Il miniaturiste cli'lic:al, noire tro-giIe Philo, . . .' . Onrell'ouvern dans rhumollrde PtllH'h, J'l'cho bonoehllmeur. Le rire danslc hronillord dfinissail Ikkobl'u.iI .. Il' v; a pas de bnmillnl'd dans rnH: de noIre mi. • Ds noIre prodwine li"raison J'llll de nOlis dj . enlrepri,se pOl' les grrmds c1nir\'oy:l1lts d'outrerols : un Edmond Paul, un JusLn Dvot, un Lon Andain. st:ra continue avec moins d honheurpeut-.i!lrC', mais OH'C une gale I)otlilc foi et la pl!!.5 Nous ymous continuer. prt'IHlre r:lIlg, dnll" lU de ceux.qui peinrent pour qu'il y allll1jotlJ' 1I1H'Haili. prospre, heureuse. li bre. l\: OIl)IIL G. ' 10 d'hailiennel yoil qui semble t"HI'udriscl' 1101rt.' jeUll(' posie, t't Houiller dont rll\Te nous pnrait sigllifkali\e m'el." ,les moyens dHl'renls el des tempramenls arlisliqm's particuliers onl r<.'ndn charme des paysages de r!H.'Z nous l'UIl t'Il rellX, Houmer; l'nlllre ('Il miniaturiste cli'lic:al, noire tro-giIe Philo, . . .' . Onrell'ouvern dans rhumollrde PtllH'h, J'l'cho bonoehllmeur. Le rire danslc hronillord dfinissail Ikkobl'u.il .. Il' v; a pas de bnmillnl'd dans rnH: de noIre mi. • Ds noIre prodwine li"raison J'llll de nOlis dj . enlrepri,se pOl' les grrmds c1nir\'oy:l11ts d'outrerols : un Edmond Paul, un JusLn Dvot, un Lon Andain. st:ra continue avec moins d honheurpeut-.i!lrC', mais OH'C une gale I)otlilc foi et la pl!!.5 Nous ymous contilluer. prt'IHlre r:lIlg, dnll" lU de ceux.qui peinrent pour qu'il y allll1jotlf 1I1H'Haili. prospre, heureuse. li bre. l\: (11)111. G. '
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Quelques Diinitions de la Posie ... HAI:\EII HII.I\E ..• . . . Les \'t'rs Ile sOlll pas ("Olllllll' cerlains croient, des sentimellts, (on les u loujours assez tt) cc sont des expriences. Pour Ull seul vcrs il faut ::l\'oil' VlI beaucoup de \'illes, d'hommes et de choses, il t'aut connatre Ics animaux, il fuut sentir comment ,"olcm les oiseaux ct sa\'oil' quclmouH'llIenl font les petites fleurs Cil S'Oll\Tmlt le malin. Il faut pouvoir rl'pcnser il des chcmins dans des rgions il dts rcncontres inattendues, dcs dparts
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12 (Les Cahiers de:\1. L. Briggt) H:\I:'\EH M:\HL\ BILIm -BiIl\.l' rul l'lIll plus gl'nnds lyriques Ct' lllngnilique It>llloignagl' sur la po(>sie -qui vaut un ;ll-sbeau pome -l'st lirt-d'une manire d'autobiographie o ce visionlluire surprena nI sc raconle, les cahiers de Malte LauridsBrigge paru en 190Uln .. duit par Maurice Belz el que nous l't-yla la collecl ion des Contemporains D'origine slave Hilke eslnt-il PrHglle. C'esl un pes premiers el1ropcns les rvaitXietzche'. Non par ses doctrines conime Homain Holhmd mais pal' la connaissance que ses voyages lui donnrent de l'Europe -Autdchien de'naissance, allemand par son pre il.sjourna il Vienne pendant sa premire jeunesse finit ses tudes il Munich, habita tOl11' il tour :\Joscou, Viennl', Paris, Rome el ses cl'ranls le portrent de la Sude il .l'Espagne et mmechms les pays fic soleil du NOI'd Afrique: Algrie, Tunisie. Il de\'al ("n rapporter un monde d'impressions I1lt'l'vcillellscment harmonises et rendues amplifie! p!lr ln sensibilit tr(>s riche.cJuc l'on a pli apprcier. Il '8 des anlrlllles rrmissanl('s .... ' \ ••• Que tes Vers rconfortent C0l11111elllle poigne th nUl i n qu'on y senle vibrer, rrat('rneJ. un clll' humain. Oublier la-Ieon apprise. les liVl'cs lus, les souvenirs fadices, les sentiments ,"oui us. Peu impOl'le 'que la rime sonlle comme un gl'elql. Peu 'importe le pour rhylmC"r-nos sanglot!';. Comtempler l'univers i"omme unpelit de son regard avide ,et de son 'il gouniulIld, tirer de chaque chose sa part de beaut, dcouvrir en tremblant une humble vrlt-. . Il faut simple, sim')C', comme UI1 mourant. NORMIL S'\1j'AlN. 12 (Les Cahiers de:\1. L. Briggt) H:\I:'\EH M:\HL\ BILIm -BiIl\.l' rul l'lIll plus gl'nnds lyriques Ct' lllngnilique It>llloignagl' sur la po(>sie -qui vaut un ;ll-sbeau pome -l'st lirt-d'une manire d'autobiographie o ce visionlluire surprena nI sc raconle, les cahiers de Malte LauridsBriggc paru en 190Uln .. duit par Maurice Belz el quc nous l't-yla la collecl ion des Contemporains D'origine slave Hilke cslnt-il PrHgllc. C'esl un pes premiers el1ropcns eOllllllC les rvaitXietzche'. Non par ses doctrines conime Homain Holhmd mais pal' la connaissance que ses voyages lui donnrent de l'Europe -Autdchien de'naissance, allemand par son pre il.sjourna il Vienne pendant sa premire jeunesse finit ses tudes il Munich, habita tOl11' il tour :\Joscou, Viennl', Paris, Rome el ses cl'ranls le portrent de la Sude il .l'Espagne et mmechms les pays fic soleil du NOI'd Afrique: Algrie, Tunisie. Il de\'al ("n rapporter un monde d'impressions I1lt'rvcillellsement harmonises et rendues amplifie! p!lr ln sensibilit tr(>s riche.cJuc l'on a pli apprcier. Il '8 des an!rlllles rrmissanl('s .... ' \ ... Que tes Vers rconfortent conllllelille poigne th nUl i n qu'on y senle vibrer, rrat('rlleJ. un clll' humain. Oublier la-Ieon apprise. les lines lus, les souvenirs factices, les sentiments ,"ou/us. Peu impOl'le 'que la rime sonlle comme un gl'elql, Peu 'importe Je pour rh)'lmcl'-nos sanglot!';. Comtempler l'univers i"omme unpelit de son regard avide ,et de son 'il gouniulIld, tirer de chaque chose sa part de beaut, dcouvrir en tremblant ulle humble vrlt-. . Il faut simple, sim')C', comme un mourant. NORMIL S'\1j'AlN.
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13 , Sous la Varangue l'II "iISC de ni!;lul,
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14 "'"Uf;Vl,"E INDIGNE Foot-BalI l'quipe de St. Louis de Gonzague. L'arbitre ... L'avant-centre est presque en quilibre pour le shoot ..• Dbordant la Iigne,les ailiers agiles, les demis dans . le team palpite. harmonieux, sOlIsle ciel libl'e. Signal. .. Le coup d'envoi; c'est une aile qui vibre; .. ' la boule retentit comme au flanc des voiliers . la mer, la grande mer qUt!challtele fHbre; les arrires massifs sont de mouvants pilie.rs. J..,a passe fr.! lU it longue. 011 le bloque. et la lutte grouille autour du gardien qui se dfend mais butte contre un corps affal. l'omme brom'he un mulet. . Et brusque. shoot au bul... On dirait le front ,:l'un bonze qui s'enroule aux mailles du filet. Qu'on me centre il nouveau le ballon de cuir faun' (Pomes d'Hati el de F'ranc) E)lILE Houl\lEl\ Cent Amon e:r(:ellelft C'amal'di: SyllJio .. Quatre. Bainasss cOlllme des fauves. Quatre hOlUlue,s Les l1.ergies bandes' telles dS l'OI'des se sentent fluidiques, se heurlenl forles d'embrocation, . ;nerveusement se fl'oissent" . Angoisse. Angoisse .' 'dt! l'aUente. Invocation:' Starter, 0 Stm'Iel' tire, dlivre . 14 "'-'Uf;VCE.INDIGNE Foot-BalI l'quipe de St. Louis de Gonzague. L'arbitre ... L'avant-centre est presque en quilibre pour le shoot ..• Dbordant la Iigne,les ailiers agiles, les demis dans . le team palpite. harmonieux, sOlIsle ciel libl'e. Signal. .. Le coup d'envoi; c'est une aile qui vibre; .. ' la boule retentit comme au flanc des voiliers . la mer, la grande mer qUt!challtele fHbre; les arrires massifs sont de mouvants pilie.rs. J..,a passe fr.! lU it longue. 011 le bloque. et la lutte grouille autour du gardien qui se dfend mais butte contre un corps affal. l'omme brom'he un mulel. . Et brusque. shoot au bul... On dirait le front ,:l'un bonze qui s'enroule aux mailles du filet. Qu'on me centre il nouveau le ballon de cuir faU\'l' (Pomes d'Hati el de Franc) E)lILE Houl\lEl\ Cent Amon e:r(:ellelft C'amal'di: SyllJio .. Quatre. Bainasss cOlllme des fauves. Quatre hOlUlue,s Les l1.ergies bandes' telles. dS l'OI'des se sentent fluidiques, se heurlenl forles d'embrocation, . ;nerveusement se fl'oissent, . . Angoisse. Angoisse .' 'dt! l'aUente. Invocation:' Starter, 0 Stm'I<.'I tire, dlivre .
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LA REVUE INDIGNE Nous --Prts? Bras, hlices brusquement dclanches par le pistolet tournant perdument . en quart de cercle. Vingt mtres. Tous de front. Bien-tre; . volupt du vent enrre les dents. Cinquante mtres; deux lchent pied. Hchent l'air. Bcherons de la fatigue qui, colle les muscles au sol. .. Les deux autres de front. Quatrevingt mtres. L'un pense: Passerai-je? 0 passerai-je? Souffrance, Souffrance du petit marteau contre l'enclume de ma tempe Souffrance du trou noir entre la misre de mes jambes et l'arrive. Je veux . .Te passe. Non . • Te veux. Je passe L'autre: Ha ! mon corps las Ha 1 mes poumons . carburateurs douloureux dans rpa poitrine en feu. Dernier effort du corps projet . contr le fil. Rictus de Promthe dlivr. Trombe. Enfin . • ( Journaux du lendmain:' Un tel, gagn d'une poitrine) . . L'herbe une verte et fraiche tombe. ROUMAltot. 15 LA REVUE INDIGNE Nous --Prts? Bras, hlices brusquement dclanches par le pistolet tournant perdument . en quart de cercle. Vingt mtres. Tous de front. Bien-tre; . volupt du vent enrre les dents. Cinquante mtres; deux lchent pied. Hchent l'air. Bcherons de la fatigue qui, colle les muscles au sol. .. Les deux autres de front. Quatrevingt mtres. L'un pense: Passerai-je? 0 passerai-je? Souffrance, Souffrance du petit marteau contre l'enclume de ma tempe Souffrance du trou noir entre la misre de mes jambes et l'arrive. Je veux . .Te passe. Non . • Te veux. Je passe L'autre: Ha ! mon corps las Ha 1 mes poumons . carburateurs douloureux dans rpa poitrine en feu. Dernier effort du corps projet . contr le fil. Rictus de Promthe dlivr. Trombe. Enfin . • ( Journaux du lendmain:' Un tel, gagn d'une poitrine) . . L'herbe une verte et fraiche tombe. ROUMAltot. 15
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,l'LA J:E\TE IXOIG?::' Poerne , Lune, globe {rHrgcnt au::t l'hll',li's sonllolenles Quel pome\'iens-tucontel' aux flols Immpeul's , Quand les cloches du soir d.iuc, o fleur du ciel close au jardin de la l!uil. Et pal'"installts, suave el ple ctlulilllC ,Monte le yythme lenl de la \'!lgne qui luit. o HeUl' du ciel close uujal'in de ln nuil, De l'ocan aux. voix profon(Jcs et loinlaines Monte le l'ythme lent de la "agup "qui luil Orcheslre de sanglots' fl!gllS, de plaintes vtlincs .... Et l'ocan aux voix pl'ofondt,s et loinluil1cs Frmit sous les bais,el's de noil's oiseaux de lIll'I', Orchestre de sangJots aigus. de plainles vaines. Les grands mlsflagells pJongent au gouffre amer Qund les cloches' du soir c1airs el lfmolenles Diront leurs Anglus pleiris douceurs, Lune, sous tes c1arls douces et somnolentes' , L'ocan rythmero pomes ,l'LA J:E\TE IXOIG?::' Poerne , Lune, globe (rHrgcnt au::t l'hll',li's sonllolenles Quel pome\'iens-tucontcl' aux flols Immpeul's , Quand les cloches du soir d.iuc, o fleur du ciel close au jardin de la l!uil. Et pal'"installts, suave el ple ctlulilllC ,Monte le yythme lenl de la \'!lgnc qui luit. o HeUl' du ciel close uujal'in de ln nuil, De l'ocan aux. voix profon(Jcs et loinlaines Monte le l'ythme lent de la "agup "qui luil Orcheslre de sanglots' fl!gllS, de plaintes vtlincs .... Et l'ocan aux voix pl'ofondt,s et lointuil1cs Frmit sous les bais,el's de noil's oiseaux de lIll'I', Orchestre de sangJots aigus. de plainles vaines. Les grands mlsflagells pJongent au gouffre amer Qund les cloches' du soir c1ail's el lfmolenles Diront leurs Anglus pleiris douceurs, Lune, sous tes c1arls douces et somnole'ntes' , L'ocan rythmero pomes
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LA REVUE ISDIGNE PAYSAGES DES ANTILLES LA VAGNE 1 17 Il pleut sur La Vague. Rien ne me semble plus triste "e la pluie la campa-:-glle, SUI' les arbres immobiles, qu on les croit'ait .sans vie. Pas un souffle n'agite leurs frondaisons. Il pleut dru, mais fil}ement. Ce n'est pas une averse r Le ciel n'a pas cette nuance sombre des temps d'orage; l'atmospbre n'est pas lourde. Il fait frais, presque uon, L'horizon est clair. A peine estomp sous la h'ame lgre et tnue de l'onde, -trame contmuellement tisse et dans tous les sens ... De temps en temps la tl'aversent, des oiseaux: couples de l'nmiers attards, descendant des monts, vers les Figuiers et les Mombins de la rivire; des jondelles , venues je ne sais d'ot\,-d'e Fauch peut-tre, ou des Salines de Trouin, '"'"""; pareilles des bouts de flches casses, ont l'air de petites croix suspendues dans le vide. Un Mallsfni passe ... Il pleut toujours. Les gouttelettes IAchent de gris les des palmiers ou coulent en rigoles minuscules sur les pennes d'meraude des Bananiers. Le feuillage des Manioc est lav et d'un vert plus fonc. . Dj brille nn rayon de soleil; puis deux; puis trois ..• C'est l'claircie. Onde bienfaisante 1 Les champs avaient soif. La vie reprend. Les Sarah multicolores piaillent dans les rameaux des Gommiers . Un yol de perruches , des cailles sappelll!'nt. La brise dvale des hauteurs rveilles. houle travers les grandes herbes resplendissantes de mica et ndul\. apporte le parfum vivifiant dessapins ou de la bonne terre mouille. . LA REVUE ISDIGNE PAYSAGES DES ANTILLES LA VAGNE 1 17 Il pleut sur La Vague. Rien ne me semble plus triste "e la pluie la campa-:-glle, SUI' les arbres immobiles, qu on les croit'ait .sans vie. Pas un souffle n'agite leurs frondaisons. Il pleut dru, mais fil}ement. Ce n'est pas une averse r Le ciel n'a pas cette nuance sombre des temps d'orage; l'atmospbre n'est pas lourde. Il fait frais, presque uon, L'horizon est clair. A peine estomp sous la h'ame lgre et tnue de l'onde, -trame contmuellement tisse et dans tous les sens ... De temps en temps la tl'aversent, des oiseaux: couples de l'nmiers attards, descendant des monts, vers les Figuiers et les Mombins de la rivire; des jondelles , venues je ne sais d'ot\,-d'e Fauch peut-tre, ou des Salines de Trouin, '"'"""; pareilles des bouts de flches casses, ont l'air de petites croix suspendues dans le vide. Un Mallsfni passe ... Il pleut toujours. Les gouttelettes IAchent de gris les des palmiers ou coulent en rigoles minuscules sur les pennes d'meraude des Bananiers. Le feuillage des Manioc est lav et d'un vert plus fonc. . Dj brille un rayon de soleil; puis deux; puis trois ..• C'est l'claircie. Onde bienfaisante 1 Les champs avaient soif. La vie reprend. Les Sarah multicolores piaillent dans les rameaux des Gommiers . Un yol de perruches , des cailles sappelll!'nt. La brise dvale des hauteurs rveilles. houle travers les grandes herbes resplendissantes de mica et ndul\. apporte le parfum vivifiant dessapins ou de la bonne terre mouille. .
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18 LA HE\TE Un colibri fuil: Ill-lu-lll; des ,troglodyles sifflolenl;. Jp ( Ounnga-ngncss li jt'II(' SOli cri pCl'ulll el Jill' ('omme lIlI lI'al. J'elllellds des chn'talli de pinladcullx, cn mllW
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1.,\ HE\TE Des globes d'or pendent. pal'cilles il des boncles, d'oreilles. -aux rameaux des OI'angel's. Je hume seusuelleme III le purfum dcs llulIlgues mlll'es ct des momhinsjonchant le sol. Un Ham-l'haroi bahille encore. quclque pari, penlu dans la feuille tandis qU'clate le gl'Os l'ire bnvanJescomeilles, Vn chant mlancolique au l'vlhme des ballol's. monte des Hives del'Al'tihonite. Il y li ds ilavandil'es. . LIl ne braie; des chiens jappent; des cailles sifflent ... Vil vol .ffrn de jacquots ))crensaat le ciel d'un sillage vert el rouge. Puis rien; puis le silence: C'est le prs de tropical: Heure de. solitude 1 Sp.ul, IlHlilllenalll pOUlj enchantel" les hois assoupis dans leur siestel:sol.lIle le Chlll" magnifiqlle des. cigales. folles d'amour. de lumire et de vie 1.. .. :.. ' 11\ sile est joli. Ln Iller y csl pillol'esqlle. Xos bonnes gens de l'endroit rappellent (1 mel" frappe . Eans doute IHlI'c.equ'en se brisant SUI' les roches et les galets blancs el. gris du rivage, elle y laisse u ne mousse fouelle .... A quelques pas. Uil lieu propice aux songeries et /.lUX lec tllres. C'est une petite IInse, Une eau calme et peu profonde. Des barques de pche s'y dodillP.lll. ' a et l, -sur grve, -des Il:lsses de roseaux; dans les fouillis d'arbustes d'o metgent. comme des baguettes, ls liges sYClles et fines dcsJollcs. Pour ahl'itel' du soleil: un plafond de l'ouvrage! dUlIelles majestueuses futaies et les Imyahondes Ollt lfni . leurs frolutnisolls. Lestourlel'elles; brunes aux veux hleus; viennent s'y reposer le jour. les me l'les y nicher la nuit. Les chevelures Tcrles et frises des bambous rafrachissent l'air hrlnnl. ' Hetraile cnlme el paisible, dont le silence. pur instanll ' , Il'est trouhl que pm' le chant nostalgique de femmes a'u la voir; des blements de cab rUs, des appels stridents de.rles ou d'chassiers hauts sur palles ct laids, l'appel d'amour, le l"Oucoulement tendre des perdl'ix grises. In plainte des feuilles sches SOl1S le pas menu des lzards ou le bruisse,.. ment harmonieux de la brise dans l'ventail. des Et dominant lout ce paysage. -quand MIDI broie la campagne de sa rude treinte, et tincelle au large. -le bourdon jamais faux, mais monotone du flux ... ROBJ':RT 1.,\ HE\TE Des globes d'or pendent. pal'cilles il des boncles, d'oreilles. -aux rameaux des OI'angel's. Je hume seusuelleme III le parfum dcs llulIlgues mlll'es ct des momhinsjonchant le sol. Un Ham-l'haroi bahille encore. quclque pari, penlu dans la feuille tundis qU'clate le gl'Os l'ire bnvanJescomeilles, Vn chant mlancolique au l'vlhme des ballol's. monte des Hives del'Al'tihonite. Il y li ds ilavandil'es. . LIl ne braie; des chiens jappent; des cailles sifflent ... Vil vol .ffrn de jacquots ))crensaat le ciel d'un sillage vert el rouge. Puis rien; puis le silence: C'est le prs de tropical: Heure de. solitude 1 Sp.ul, IlHlilllentllll pOUlj enchantel" les hois assoupis dans leur siestel:sol.lIle le Chlll" magnifique des. cigales. folles d'amour. de lumire et de vie 1.. .. :.. ' 11\ sile est joli. Ln Iller y csl pillol'esqlle. Xos bonnes gens de l'endroit rappellent (1 mel" frappe . mils doute IHlI'c.equ'en se brisant SUI' les roches et les galets blancs el. gris du rivage, elle y laisse u ne mousse fouelle .... A quelques pas. Uil lieu propice aux songeries et /.lUX lec tllres. C'est une petite IInse, Une eau calme et peu profonde. Des barques de pche s'y dodiwlll. ' a et l, -sur grve, -des Il:lsses de roseaux; dans les fouillis d'arbustes d'o metgent. comme des baguettes, ls liges sYClles et fines dcsJollcs. Pour ahl'itel' du soleil: un plafond de l'ouvrage! dUlIelles majestueuses futaies et les Imyahondes Ollt lfni . leurs frolutnisolls. Lestourlel'elles; brunes aux veux hleus; viennent s'y reposer le jour. les me l'les y nicher la nuit. Les chevelures Tcrles et frises des bambous rafrachissent l'air hrlnnl. ' Hetraile cnlme el paisible, dont le silence. pur instanll ' , Il'est trouhl que pm' le chant nostalgique de femmes a'u la voir; des blements de cab rUs, des appels stridents de.rles ou d'chassiers hauts sur palles ct laids, l'appel d'amour, le l"Oucoulement tendre des perdl'ix grises. In plainte des feuilles sches SOl1S le pas menu des lzards ou le bruisse,.. ment harmonieux de la brise dans l'ventail. des Et dominant lout ce paysage. -quand MIDI broie la campagne de sa rude treinte, et tincelle au large. -le bourdon jamais faux, mais monotone du flux ... ROBJ':RT
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20 LA REVVE Mandres Je n'alourdirai pas les pomes (Jue VOliS allez entendreun pome n'est-il pas loujours un chant. et mm'elu des yeux ne chante fil pas en nous d'ucune glol'e maladroite; pour vous introduire dans l'me de mon and je serail. sans doute. un guide suffisament averti je l'aftet'lionne assez et cela suffit, mais peu-t-tre m'en voudrai[ il de troubler son intimit, Je ne vais donc pas lenlrl' de vous l'expliqut'I'' (,'('si un travaHtrop dlicat alors qu'il ,est dj si dit'llcile de \'oi" clair en soiconnait-on jamais assez son voisin pour Ile 'I)as craindre de le trahir en dnonant ses intentions Je vous invite seulement communier avec moi "11 ln beaut -le travail du cdtique est il autre chose qu'un acle de foi et d'amour. Nous nous promenons en lUl jnrdin mel'veilleux, je cueille 'pour vous en faire hommage mes nmis ca, je lldmels me lire que des Ames frnternelles, les compagnons bu-' voles qui sentent comme nous des l'oses rO)'ales des j!'mins troublanls. des f.'angipanE's llles ••. un aull'e vipndra qui cbenillel'a, fe,'a tomberJes gourmands, rectifiera J'nli gnement. Pour moi l'ombre prol)ce, renu qui chante, les planles vivaces. et drues me plaisent pour pl'omener mou Ilollchn loir et j'coute la chanson du trouvre ... une d18mmn frle d'amolll'eux ... il s'acompagne de la viole ou dE' h\ mandore, les mots sont qui disaient la joie des clbrent les rencontres, magnifient l'exlase, C'E'I'd un prlu. de calnle ou un chant ardent ... Le pote est J'ge du rve, Il murmure ses pomes voix bal\se' pianissimo amo rose. Le soit' est confidentiel. Le jardin s'est fuit pins inli me. L'heure est. prcieuse. Les femmE's rendnes gl'avf's ont cess leurs ramages, L'une d'elle a fl'Jsonn, d'lm geslefriJeux. sur son paule a ramen l'chal'pe qui tomJ)ait •. tHl<> autre ajoint leS' mains. et .rai Vll dans l'eau sombre de vos regards. notre am,te. une toile d'or qui dansait, borneprnche au Bord dcs cils .... . Il est de ces musiques' qui atlendrissf'nt. douttmenl fendre et tendrement mNancoliqlles. et puis les femmes ont des curs pIns sensiblel, et promptes .. J'ihlel1igence de l'Ame... ' , Eoutez la chanson bien dC?l1ce .. ", 20 LA REVVE Mandres Je n'alourdirai pas les pomes (Jue VOliS allez entendreun pome n'est-il pas loujours un chant. et mm'elu des yeux ne chante fil pas en nous d'ucune glol'e maladroite; pour vous introduire dans l'me de mon and je serail. sans doute. un guide suffisament averti je l'aftet'lionne assez et cela suffit, mais peu-t-tre m'en voudrai[ il de troubler son intimit, Je ne vais donc pas lenlrl' de vous l'expliqut'I'' (,'('si un travaHtrop dlicat alors qu'il ,est dj si dit'llcile de \'oi" clair en soiconnait-on jamais assez son voisin pour Ile 'I)as craindre de le trahir en dnonant ses intentions Je vous invite seulement communier avec moi "11 ln beaut -le travail du cdtique est il autre chose qu'un acle de foi et d'amour. Nous nous promenons en lUl jnrdin mel'veilleux, je cueille 'pour vous en faire hommage mes nmis ca, je lldmels me lire que des Ames frnternelles, les compagnons bu-' voles qui sentent comme nous des l'oses rO)'ales des j!'mins troublanls. des f.'angipanE's llles ••. un aull'e vipndra qui cbenillel'a, fe,'a tomberJes gourmands, rectifiera J'nli gnement. Pour moi l'ombre prol)ce, renu qui chante, les planles vivaces. et drues me plaisent pour pl'omener mou Ilollchn loir et j'coute la chanson du trouvre ... une dmlUmn frle d'amolll'eux ... il s'acompagne de la viole ou dE' h\ mandore, les mots sont qui disaient la joie des clbrent Jes rencontres, magnifient l'exlase, C'E'I'd un prlu. de calnle ou un chant ardent ... Le pote est J'ge du rve, Il murmure ses pomes voix bal\se' pianissimo amo rose. Le soit' est confidentiel. Le jardin s'est fuit pins inli me. L'heure est. prcieuse. Les femmE's rendnes gl'aVf'5 ont cess leurs ramages, L'une d'elle a fl'Jsonn, d'lln geslefriJeux. sur son paule a ramen l'chal'pe qui tomJ)ait •. tHl<> autre ajoint leS' mains. et .rai Vll dans l'eau sombre de vos regards. notre am,te. une toile d'or qui dansait, borneprnche au sord dcs cils .... . Il est de ces musiques' qui atlendrisst"nt. douttmenl fendre et tendrement mNancoliqlles. et puis les femmes ont des curs pIns sensible., et promptes .. rihlel1igence de l'Ame... ' , Eoutez la chanson bien dC?l1ce .. ",
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DISCRTIOX vous l'OU lez que l'otn! pro:oeru'e "t! t10U('jl, ne me ditf's Et :,oell/e la .voixdu Silence ElIIvlb",e not!'e gnwe entretien .. :-;i vous ''OU lez que je vous comprenne, Que me parlent yeux illeulem.-nt Et que vos lvrell, comme les miennes, Gardent les pli:.; du recueillement. Si vous voulpz que parfof; je pensf! A vous qui illur Illon chemin, Ne murmulez rien mil. soulfrance Et partez tlOIlS nIe toucher la main. Partez comme vou!> te:.; venue, Pas de mots de terH.tre""e ou d'adieu. Ma tristesse "l'lit inconnllP. Les mol" qu'on tait le mieux ... LEON LALF..Au. Les Oublis Toul Je jour, des visages ples Se sout penchs vel's les lombeaux. Et leurs soupirs et leurs sanglots Ont brui parmi les ptales Des lvres, tremblanles d'amour, Ont dit de trs lentes prires Afin qp'en l'ternel sjour Leur vie, aux morls, soit moinsmnre. r ... tllul cependant n'a pens Que, plus morts que les mort eux-mmes Les curs, par d'autres dlaiss(s. Ont ltUssi besoin qu'on les aime. Ainsi des mes que L\moUl' Peut tre a pOUl' toUjoUl'S broyes, Ont mme en ce grand jour L'aspect des tombes oublies 2 Novembre-21 0 .. voix bassE'"", ) DISCRTIOX vous l'OU lez que l'otn! pro:oeru'e "t! t10U('jl, ne me ditf's Et :,oell/e la -voixdu Silence ElIIvlb",e not!'e gnwe entretien._ :-;i vous vOilIez que je vous comprenne, Que me parlent yeux !leulem.-nt Et que vos lvrell, comme les miennes, Gardent les pli:.; du recueillement. Si vous voulpz que parfof; je pensf! A vous qui !lur Illon chemin, Ne murmulez rien ma soull"rance Et partez tlOIlS nIe toucher la main. Partez comme vou!> telS venue. Pas de mots de terH.tre""e ou d'adieu. Ma tristesse "l'lit inconnllP. Les mol" qu'on tait le mieux.-. LEON LALF..Au. Les Oublis Toul Je jour, des visages ples Se sout penchs vel's les lombeaux. Et leurs soupirs et leurs sanglots Ont brui parmi les ptales Des lvres, tremblanles d'amour, Ont dit de trs lentes prires Afin qp'en l'ternel sjour Leur vie, aux morls, soit moinsmnre. r ... tllul cependant n'a pens Que, plus morts que les mort eux-mmes Les curs, par d'autres dlaiss(s. Ont ltUssi besoin qu'on les aime. Ainsi des mes que L\moUl' Peut tre a pOUl' toUjoUl'S broyes, Ont mme en ce grand jour L'aspect des tombes oublies 2 Novembre-21 0 .. voix bassE'"", )
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22 Dans ce jal'din des joies je suis re.venu (jUl'lquel'ois, mais le joyeux dC'a.tleron, 10 Iroupe un Pl'U l'olle s'est disperse. Le vent souffle en bourrasquE'. L'heure n'l'si plus aux joyeu.;es {'8useries, aux l'oniidt:'IH'es 'mlll'S. Combien l'esle-t-il des dOllneGl's de srnades '! Ou sont les belles couteuses? ' Nous sommes seuls, lui el moi. sur le IHIl1C de pit'rn'. C'esl un homme qui parle. Sa voill, est grave. L'acrenl mle il me dit les JOIes de l'ge viril. Plus ne sont les cadences Svantes et compliques. Plus n'est besoin cie viole d'amour, de la musique des barcoroles. C'esl un homm.e qui parle, vous diS-Je. Il dit J'amour, mnis si la mme ardeur ranime, c'esl qtl sent couler t'Il lui le sang gnreux d'anctres vigoureux. ATAVISME S mon lre fe'mit d'Ulll' lel'Jlelle fivn' Et qu'il ignore, 1l1)I's :l11lourl'UX lou rmenls La molle volupl des ICilIIgs llpaisements ' Et le baliser lass qui s'endorl su l' les lvre!;, Si la sou pie splendeur de ,'ot l'e bhHlehe cha il' Se meurtrit dans l'tau de mes brusques ll'einles, Sije n'entends jamais vosangoissantes plninles Lorsque vous "ons tl'd{'zenlre mes bras de rel' Si ma hom'he doue il votre frle bnu{'he Ne s'en arrl:ll'he plus qu'aveC' brutalit . Et qu'jl semble
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LA lVt.:'E 23 Il est l'age du dsir. Il dit la volupt . . \u b(!rd de la route comme des bOl'nes qui \ indiquent la VOie, qui nous font souvenir que jamais nous ne rem'cc notl'e me d'aujourdhui dans les che-mins d'hier. Il y a des tombes. . A l'hcul'e o se taisent les colombes Parle tout bas, si c'est d'amour, Et c'est la hulte pieuse au bord des tombes. Autour des visages disparus Clment Puul Estve, fant'lmes aims, compagnons de l'adolescence inquite, Avec quelle motion sincre, quelle sympathie revivaient DutOUl' de nous vos ombres fraternelles .... Un soir, la mauvaise bte qui r6desournoises'est approche. Il a su regarder, en face, dans les yeuxlevieux chacal qui est le Desir et la Nuit. Mais sa chaira trembl ct il avoue ce frisson quand il a vu le mufle roux effieu!:Cr le bel'ceau o dormait son enfant. Je n'ai pas peur de vous ... Je n'ai pas peur de vous, mort implacable et sourde et que n'meuvent pas les dsespoirs humains. Uue fois il vingt ans, votre dmarche lourde m'a heurt: j'ai senti ma gorge entre vos mains Et n'ai pas cri ,.. . . Pourtant, dans ma poitrine, Mon cur a sursaut comme une flamme au vent Quand j'ai vu volre pas qui, dans l'ombre chemine Hsiter prs du lit o dormait notre enfant. Voil le cri sincre, d'un accent qui ne trompe pas, Ce sont de ces vers humains que souhatait Rainer Ma ria Rilke. Des paroles de vie, ces simples mots qui expriment la vrit. La mort., parrui les thmes potiques est une pierre de touche: elle mesure C'est trs peu l'abordent. Le cliquetis des pi thtes, les dclamations paraissent ridicules et odieuses ('omme une profnation. L'arl et la Vie s rencontrent. U semblerait puril de les parer d'aucun accessoire ou d'onrir un pcor factice. Prends l'loquence et tords lui le cou ) LA lVt.:'E 23 Il est l'age du dsir. Il dit la volupt . . \u b(!rd de la route comme des bOl'nes qui \ indiquent la VOie, qui nous font souvenir que jamais nous ne rem'cc notl'e me d'aujourdhui dans les che-mins d'hier. Il y a des tombes. . A l'hcul'e o se taisent les colombes Parle tout bas, si c'est d'amour, Et c'est la hulte pieuse au bord des tombes. Autour des visages disparus Clment Puul Estve, fanFmles aims, compagnons de l'adolescence inquite, Avec quelle motion sincre, quelle sympathie revivaient DutOUl' de nous vos ombres fraternelles .... Un soir, la mauvaise bte qui r6desournoises'est approche. Il a su regarder, en face, dans les yeuxlevieux chacal qui est le Desir et la Nuit. Mais sa chaira trembl ct il avoue ce frisson quand il a vu le mufle roux effieu!:Cr le bel'ceau o dormait son enfant. Je n'ai pas peur de vous ... Je n'ai pas peur de vous, mort implacable et sourde et que n'meuvent pas les dsespoirs humains. Uue fois il vingt ans, votre dmarche lourde m'a heurt: j'ai senti ma gorge entre vos mains Et n'ai pas cri ,.. . . Pourtant, dans ma poitrine, Mon cur a sursaut comme une flamme au vent Quand j'ai vu volre pas qui, dans l'ombre chemine Hsiter prs du lit o dormait notre enfant. Voil le cri sincre, d'un accent qui ne trompe pas, Ce sont de ces vers humains que souhatait Rainer Ma ria Rilke. Des paroles de vie, ces simples mots qui expriment la vrit. La mort., parrui les thmes potiques est une pierre de touche: elle mesure C'est trs peu l'abordent. Le cliquetis des pi thtes, les dclamations paraissent ridicules et odieuses eomme une profnation. L'art et la Vie s rencontrent. U semblerait puril de les parer d'aucun accessoire ou d'onrir un peor factice. Prends l'loquence et tords lui le cou )
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LA 'REVUE INDIGtNE Mourir Songer qu'un ce soleil hrlant qui se lve N'clairera qu un peu de ph.'ll!' sm' mon front Que mon regard en let} s'clt'ndra l'omme un rl've Et que mes chers dsil's, il ja IlUI is. se tairont Songer que soudain. mon cllr l'essera de bullnMalgr .Ie grand amour qui l'ensHnglante encore Et qu'aux. frlemenls lents de ,'otl'e main (falhalrc Mon tre l'pondra par le froid de la 1ll00't. . Songet' qu'un jour, songel' qu'unjol1r prol'llMin peul (>1 n' Je ne pourrai plus boin' aux coupes de tes ypux Ni chanter le frisson nt-'s choses et des t l'es Avec en 0l3i l'ol'gueil d'tl'e i1l3pir des dieux ... Et j'mirais termin le pome l celte HlIgoisst-' qui ne sc resout p3S, t't-'lIe illlerl'Ognlion pHssionne . qui n'est hlas qu'une cel,titude dsespr .. " mais o drcule une rvolte de tonIe la dll-lir qui Il'accepte pas l'arrt du destin -El void la rponse, (,'est mnlgl' lout la somission. le ('almt-' aprs Cf' sursaut indign. EN Ce si bon de mourir Sims soulhanee et snns s\'c"S(', A"t'c.'lmpnssiol1 si douc(' . QU'l'll Un instanl l'on V:l dormir! Ce si bou de pnl'tir . Sans que la lvre se retrousse D'aucun rictus, snnsque ron pousse Ni sanglot vain, ni. "Oil1 soupir t . l'ne petile main qui presse' Vos mains d'une ultime ('fi l'esse Et sur'votre front. un baiser, Un baiser de sur ou d'muie, El calme. le cur apais S'en nHer enfin de )H Vit' ! ... LA 'REVUE INDIGtNE Mourir Songer qu'un ce soleil hrlant qui se lve N'clairera qu un peu de ph.'ll!' sm' mon front Que mon regard en let} s'clt'ndra l'omme un rl've Et que mes chers dsil's, il ja nUl is. se tairont Songer que soudain. mon cllr l'essera de bullnMalgr .Ie grand amour qui l'ensHnglante encore Et qu'aux. frlemenls lents de ,'otl'e main (falhalrc Mon tre l'pondra par le froid de la 1ll00't. . Songet' qu'un jour, songel' qu'unjol1r prol'llMin peul (>1 n' Je ne pourrai plus boin' aux coupes de tes ypux Ni chanter le frisson nt-'s choses et des t l'es Avec en 0l3i l'ol'gueil d'tl'e i1l3pir des dieux ... Et j'mirais termin le pome l celte HlIgoisst-' qui ne sc resout p3S, t't-'lIe illlerl'Ognlion pussionlle . qui n'est hlas qu'une cel,titude dsespr .. " mais o drcule une rvolte de tonIe la dll-lir qui Il'accepte pas l'arrt du destin -El void la rponse, (,'est mnlgl' lout la somission. le ('almt-' aprs Cf' sursaut indign. EN Ce si bon de mourir Sims soulhanee et snns s\'c"S(', A"t'c.'lmpnssiol1 si douc(' . QU'l'll Un instanl l'on V:l dormir! Ce si bou de pnl'tir . Sans que la lvre se retrousse D'aucun rictus, snnsque ron pousse Ni sanglot vain, ni. "Oil1 soupir! . l'ne petile main qui presse' Vos mains d'une ultime ('a l'esse Et sur'votre front. un baiser, Un baiser de sur ou d'muie, El calme. le cur apais S'en nHer enfin de )H Vit' ! ...
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L,\ I\E\'VE , Cest la Ioule petite parole qui nous rait tant de bicn, la silllpl(;' parole hUIlUline. Lc reste est littrature, cc Ile :-;0111 quc restons, cc ne sont qu'uslragales. Ecoulez la' Voix dans le soir )) Cil un rythme haletant oppress, h,' l'yi hmc de l'motion mme. COllll1lenolre ami est :limdesdieuxl1ous serollspoul' Illi s\'re qu'il nous perml'lte de lui dire franchement (Iu'il lu i ru cOllsen t i l' des sacri fi('('s (c ln perfectio n <.'II08e cJc disait notre Moras; il doit apl'!j.cetle ccllne on il nOlis a dit ses doulcurs d'homme. l'uvre (lfinit\'e O('s pices du mme gnlin d'ull marbre com"nd et fin. Paulo majora ('a1HHllUS li y a (>I1COI'C' (ilf;!s mievreries sentimentales auxquelles il s'attarde. de la prciosil ct des exercices qui sont du jeu et du mtier,' jeu ugrnble audemcliralli et mtierd'tlrtiste il droit, J'influl'IH'C a cl Ici de Dfaile et Vil'ile,lerylhme chevd ce grand barbarc sincre Verhren ce dont nous ne nOlis d'ailleurs pas et quand je dis influente c'est faon d'enlendre les choses, des points (le \:ue de descl'iptions psychologiques, pas aulre l'ho!;<=,. L'uvre nouvelle est de qualil et reliendra J'atten-1 iOIl. Ce qui nous a plu pal'tinllirement Irou\'('1' lin hOlllme c( .Je cherche Ull auteul' ,ct .le troU\'e 'un homme. JI POlir mener ('e haut lieu, l'enthousiasme, {'I rl'molion esthtique IHlrliepe de cc pal'OX)'Sme, il faul lre mu profondment soi-mme. La sincril ne l'unit pourtant pas ear un imhl'ilc{'ollvaiueu sl'ait pote. [1 r:llli le don d'C'xpl't.'ssoll. I)'uhord faire en soi le 'sil{'IH'(', d('s('('ndre aux plus profonds 'Hbimesde sa l'on..;eiell <.'1 lions rappo l'ter e IlSU ite les d C'ou\'erles. Cerla:ns en souffrent et parlent dc cabotinage Spll'itUt.'f mais ce n'est pas jouer un rle que' de prsentt'r autres le de h'ur joie et de leurs souffrant'es, le nombre des s( tant restreint. Est-ce pcJH'r vraiment que de pader pour eux leur me? L'homme est goste. Nous plaisent les uvl'espu nous nous retrouvons, les esprits de la mme famiIJe spiri-' luelle; cela explique sans doute les sympalhies ct bien des incomprhensions ... , 'faurice RQstan(: lans l'ntTeciueuse qui intl'Oduit au rC't'ueiL de Lalral1 louant la de L,\ I\E\'VE , Cest la Ioule petite parole qui nous rait tant de bicn, la silllpl(;' parole hUIlUline. Lc reste est littrature, cc Ile :-;0111 quc restons, cc ne sont qu'uslragales. Ecoulez la' Voix dans le soir )) Cil un rythme haletant oppress, h,' l'yi hmc de l'motion mme. COllll1lenolre ami est :limdesdieuxl1ous serollspoul' Illi s\'l'e qu'il nous peJ'ml'lte de lui dire franchement (Iu'il lu i J'U cOllsen t i l' des sacri fi('('s (c ln perfectio n <.'II08e cJc disait notre Moras; il doit apl'!j.cetle ccune on il nOlis a dit ses doulcurs d'homme. l'uvre (lfinit\'e O('s pices du mme gnlin d'ull marbre com"nd et fin. Paulo majora ('a1HHllUS li y a (>I1COI'C' (ilf;!s mievreries sentimentales auxquelles il s'attarde. de la prciosil ct des exercices qui sont du jeu et du mtier,' jeu ugrnble au demeuralll et mtier d'tlJ'tiste il droit, J'influl'IH'C a el lit de Dfaile et Vil'ile,lerylhme chevd ce grand barbarc sincre Verhren ce dont nous ne nOlis d'ailleurs pas et quand je dis influence c'est faon d'enlendre les choses, des points (le \:ue de descl'iptions psychologiques, pas autre l'ho!;<=,. L'uvre nouvelle est de qualit et retiendra J'atten-1 iOIl. Ce qui nous a plu pal'tinllirement Irou\'('1' lin hOlllme c( .Je cherche Ull auteul' ,ct .le troU\'e 'un homme. JI POlir mener ('e haut lieu, l'enthousiasme, {'I rl'molion esthtique IHlrliepe de cc pal'OX)'Sme, il faul lre mu profondment soi-mme. La sincril ne l'unit pourtant pas ear un imhl'ilc{'OIlVaiuell sl'ait pote. [1 r:llli le don d'C'xpl't.'ssoll. I)'uhord faire en soi le . sil{'IH'(', d('s('('ndre aux plus profonds sa l'on..;eiclI <.'1 lions rappo l'ter e nsu te les d C'ou\'erles. Cerla:ns en souffrent et parlent dc cabotinage Spll'itUt.'f mais ce n'est pas jouer un rle que' de prscntt'r autres le de h'ur joie et de leurs souffrant'es, le nombre des s( nlimenls tant restreint. Est-ce pcJH'r vraiment que de pader pour eux leur me? L'homme est goste. Nous plaisent les uvl'espu nous nous retrouvons, les esprits de la mme famiIJe spiri-' luelle; cela explique sans doute les sympalhies ct bien des incomprhensions ... . 'faurice RQstan(: lans l'ntTeciueuse qui intl'Oduit au rC't'ueiL de Lalral1 louant la de
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2 LA HEVL;E INl.>IG;>.;E J'accent dit que les seuls beaux pomes sonlceux que nous avons vcus nvant de les uire.Je pense que cela mve nssez loin des bndinnges puerils et des banalils rimes dont s'encombrent les libraires. Trois ciels pour un cur tel esl le nom de baptme Je nom jouet comme on dil chez nous -que lUI donne son parrain parisien. Ilya certe une influence des choses,du climat,du terroir ou s'panouissent nos sensibilits. Maurice Rostand prte un certain trouble, une exnltation un peu paenne, et barbare au ciel hatien, la sensualit magnifique un peu lourde l'Italie de lumire, et une certaine retenue sobre dans la douleur aux paysages tranquilles des c6teaux modrsde l'Ile de France. Sduisante induction de pote, mais c'est chez nous ou il levait, par ses lectures qui l'enrichissaient que s'est forme la sensibilit si riche de Lon Laleau qui nous vaut aujourd'hui ces pomes qu'il vient de livrer la curiosit inquitede,s amateurs de tulipes Car la phll1te est rnre et la fleur jolie. PASCAl. FLAMMEUR c..->? • pm'-<....J 2 LA HEVL;E INl.>IG;>.;E J'accent dit que les seuls beaux pomes sonlceux que nous avons vcus nvant de les uire.Je pense que cela mve nssez loin des bndinnges puerils et des banalils rimes dont s'encombrent les libraires. Trois ciels pour un cur tel esl le nom de baptme Je nom jouet comme on dil chez nous -que lUI donne son parrain parisien. Ilya certe une influence des choses,du climat,du terroir ou s'panouissent nos sensibilits. Maurice Rostand prte un certain trouble, une exnltation un peu paenne, et barbare au ciel hatien, la sensualit magnifique un peu lourde l'Italie de lumire, et une certaine retenue sobre dans la douleur aux paysages tranquilles des c6teaux modrsde l'Ile de France. Sduisante induction de pote, mais c'est chez nous ou il levait, par ses lectures qui l'enrichissaient que s'est forme la sensibilit si riche de Lon Laleau qui nous vaut aujourd'hui ces pomes qu'il vient de livrer la curiosit inquite ,de,s amateurs de tulipes Car la phlllte est rnre et la fleur jolie. PASCAl. FLAMMEUR c..->? • pm'-<....J
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LA Rt:YlE LE CENDRIER -x-Elle rl.'grt'Ile Sl'S pchs (Ju'en son me, cendre Il-gre ( 'une cigarette trangre tombe enfin sur ses fruits pluchs. ( .JEAN. ?ELLERIN). D'U;.\l RETOUH C'est comme une premire rencontre, Tu reviens sans ton premiel' yisage. Tu te penches sur le bassin. Tu cherches ton sourire et tes gestes d'autrefois; mais l'eau Ill' retient pas l'image ... LAGO (*) C'tait il n'y a pas trop longtemps {j'avais enCOI'e des sanglots pOUl' pleurer mes jouets.casss ) je savais le bonheUl' de m'enfouil' sous un tas d'herbe de Guine, le cur angoiss par la crainte d'tre dcouvel't et pris. J'coutais, , , Rien que l'impatience d'un cheval tapant du sabot. rien que des dmangeaisons aux jambes et la figure. r \ Lago : cliche-cliche BEAU RVE." Beau rve. hamac tendu l'ombre lU sommeil. bercez l'homme perdu d't.re tOlllb du ciel. 27 LA Rt:YlE LE CENDRIER -x-Elle rl.'grt'Ile Sl'S pchs (Ju'en son me, cendre Il-gre ( 'une cigarette trangre tombe enfin sur ses fruits pluchs. ( .JEAN. ?ELLERIN). D'U;.\l RETOUH C'est comme une premire rencontre, Tu reviens sans ton premiel' yisage. Tu te penches sur le bassin. Tu cherches ton sourire et tes gestes d'autrefois; mais l'eau Ill' retient pas l'image ... LAGO (*) C'tait il n'y a pas trop longtemps {j'avais enCOI'e des sanglots pOUl' pleurer mes jouets.casss ) je savais le bonheUl' de m'enfouil' sous un tas d'herbe de Guine, le cur angoiss par la crainte d'tre dcouvel't et pris. J'coutais, , , Rien que l'impatience d'un cheval tapant du sabot. rien que des dmangeaisons aux jambes et la figure. r \ Lago : cliche-cliche BEAU RVE." Beau rve. hamac tendu l'ombre lU sommeil. bercez l'homme perdu d't.re tOlllb du ciel. 27
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CONTE CROLE Sa. pas la savourl'usl' hisloire de BouquiJ . qui habitait six jouvnes de la ville? Savez;'vous pas J'histoire de Bouqui se rendant il la ville et qui, il la cinquimejournt' • .. dclara: . -:C'est bien trop loin, je m'en retourne il ma ase. JOURNE D'HIVEH LaJampe et l"('sl pourtant ridi. . dule. Paris m'offre un soleil sans joie. rougl', loinillin. polaire comllle une lune aprs J'ourugtlll, .Je suis trs las. J'appuie mon l'l'ont il lu yilrl' fredonnant une mriLgut', Elgie aux Lavandires du de Chne Dites, lavandire'i. est-il'si loin ' temps cie mon l'nfimce '1 Ah t nierez-volis, mon pn', le plaisir de \'05 quinze Hns '! Pour r>iel' "t'es tanoas D'o lant de ehansons s'('nvolai('nl, On descendait dans la J'a11ille. Doucement, sans se press'el'. Les aillollX du torrent glissaiellt. Et toute une poi'si<' CQmmenmt. Ah 1 nierez-vous, mon I}re. Le plaisir de vos quinze ans? lavandires. e-sl-il si loin L temps de mon cC ? CONTE CROLE Sa. pas la savourl'usl' hisloire de BouquiJ . qui habitait six jouvnes de la ville? Savez;'vous pas J'histoire de Bouqui se rendant il la ville et qui, il la cinquimejournt' • .. dclara: . -:C'est bien trop loin, je m'en retourne il ma ase. JOURNE D'HIVEH LllJampe et l"('sl pourtant ridi. . dule. Paris m'offre un soleil sans joie. rougl', loinillin, polaire comllle une lune aprs J'ourugtlll, .Je suis trs las. J'appuie mon l'l'ont il lu yilrl' fredonnant une mriLgut', Elgie aux Lavandires du de Chne Dites, lavandire'i. est-il'si loin ' temps cie mon l'nfimce '1 Ah t nierez-volis, mon pn', le plaisir de \'05 quinze Hns '! Pour r>iel' "t'es tanoas D'o lant de ehansons s'('nvolai('nl, On descendait dans la J'a11ille. Doucement, sans se press'el'. Les aillollX du torrent glissaiellt. Et toute une poi'si<' CQmmenmt. Ah 1 nierez-vous, mon I}re. Le plaisir de vos quinze ans? lavandires. e-sl-il si loin L temps de mon cC ?
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L.o\. I\TE PAULI:'\E Benu Paris (si gai, si gTis), loin de vous elle 1 a nOlli 1 tl ' UII petit .ngre (lOUI' porlel' trnine et le 1)(.:' \Toq 1. . La de nonchalantes croles pOUl' causcr. El, sur volt'c ll('. song(,Hnl. un grand calme blcu.. . . Point ne VOliS plail, PuulilH', ('C doux climat dd [sles. DESTI:'-1 l\IELA:'\COLlQUE O est C.aollabd? Caonabo n'est plus. ((U'UU sein d'unc pells(. O. Anuc:!ona '? Elle est chllls son hanuH:, songcHll1 quelque argenl(' chanson pour, papillon, s'envoler de sa bouche. :\OCTVH:'\E F .. UIILIAL Il ne sail pas. honlle malllan dams raltente, au bnlcon appuye. voire fils ne pus ((l\(, ahsem'c. la nuit .. applique un index mlancolique contre la joue de sa ml'{'. 29 Sourire enfin au joli lieu de sa naissance. Comme mm'('s hambous la source dissi-mulent, . ombreux font u.beau ciel une ceinture. C'est ici le l'etour la fJ'aiche gaH. Les rires clatanls et le solei4 d't . • Je retrouve une joie en la chaudeJllmire Qui sur tes galels s'tale. vive l'ivire: . L.o\. I\TE PAULI:'\E Benu Paris (si gai, si gTis), loin de vous elle 1 a nOlli 1 tl ' UII petit .ngre (lOUI' porlel' trnine et le 1)(.:' \Toq 1. . La de nonchalantes croles pOUl' causcr. El, sur volt'c ll('. song(,Hnl. un grand calme blcu.. . . Point ne VOliS plail, PuulilH', ('C doux climat dd [sles. DESTI:'-1 l\IELA:'\COLlQUE O est C.aollabd? Caonabo n'est plus. ((U'UU sein d'unc pells(. O. Anuc:!ona '? Elle est chllls son hanuH:, songcHll1 quelque argenl(' chanson pour, papillon, s'envoler de sa bouche. :\OCTVH:'\E F .. UIILIAL Il ne sail pas. honlle malllan dams raltente, au bnlcon appuye. voire fils ne pus ((l\(, ahsem'c. la nuit .. applique un index mlancolique contre la joue de sa ml'{'. 29 Sourire enfin au joli lieu de sa naissance. Comme mm'('s hambous la source dissi-mulent, . ombreux font u.beau ciel une ceinture. C'est ici le l'etour la fJ'aiche gaH. Les rires clatanls et le solei4 d't . • Je retrouve une joie en la chaudeJllmire Qui sur tes galels s'tale. vive l'ivire: .
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POEME Mille bambous grlesront la source un 1'1-deau de mystre. C'est le dcor des idylles t'roles. Des manguiers. Des fougres. De la momsse. Le ciel lger des Antilles. Et, comme un esso.l' de colombes. n'gl'esse. vos blancs sourires. PASTEL Le visage haign de la frache clart De l'aurore, tu vas dans la nalvet Des chose du llwtin et ton regard se pose Sur chaque flem" abeille d'or pnrm les roses. HUITAIN C'est comllle un yieil homme cass Qui pense au temps des folies lestes, (Ta main n'a plus les mmes gestes). Cette nuit je songe au pa5s . De notre cher espoil' lass. . Nous rvions des amours agrt!sles. De ces flmnbes il ne nous l'l'sie Qu'un peu de l"endl'c ralllasser. PHlL1PPE-Tuony MARCELl!':. POEME Mille bambous grlesront la source un 1'1-deau de mystre, C'est le dcor des idylles t'roles. Des manguiers. Des fougres. De la mou:sse. Le ciel lger des Antilles. Et, comme un esso.r de colombes. n'gl'esse. vos blancs sourires. PASTEL Le visage haign de la frache clart De l'aurore, tu vas dans la nalvet Des chose du llwtin et ton regard se pose Sur chaque flem" abeille d'or pnrm les roses. HUITAIN C'est comllle un yieil homme cass Qui pense au temps des folies lestes. (Ta main n'a plus les mmes gestes). Cette nuit je songe au pa5s ' De notre cher espoil' lass. , Nous rvions des amours agrestes. De ces flmnbes il ne nous l'l'sie Qu'un peu de l"endl'e ralllasser. PHlL1PPE-Tuony MARCELl!':.
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31 u .J AINSI PARLA L'ONCLE ... tA l"AlIlLLE PA LO(:,\I.Jo:S Jo:l' Sun't'IVANCJo:S AFlUCAIN'S. d'cntre sdnt pellt-tre des fami-1 CI'S de celle dlit'cuse rgion ft C'est. l-bus, lin cunlon porllli le gl'Ol:pe des pics dOlllln ligne t iIHIt'IISC se avec les lourdes musses (1I1i uhoulisM.'1I1 li l'cxtrmit de la pl'esqu'ile. Les lIontngnes Xoire!\. (lui font bloc .uu Sud-Est de Porlau-Prince se prolongent vel's la basse plaine au Nord-Ouest en Ulle :mile de l'unleaux frugmenls de gorges et de valles. Un de ces mme/lllX darde vel's la mCI' SOli peron de l'oches o a et l des clait'sems, Tout Je l'este est ballu pm' <"l\pl'es venls. C'est cctleilpoinlt' avance si souvent )U1l' les tes en ,groupes sens que les hahihwtsnpp("lent tabac sauvage . puis SUI' la pente l'oide ou en gl'adution donce, dans les moindl'es anfractuosits lJne herbe courie, grAsse et drue revt toute la d'Ull tapis vert, moelleux Qi tendre, ' . '"1, . Kenskoff est un f.'ais pturage. Le hlail s'y dveloppe . sain et vigoureux. ..\ cause mme de sa configuration en .cl"eux et de sa lumle altitude lu telTe de Keilskoff abrite contre ]a bOlll'l'asque l'client une tt-s grande quantit d'hu midit 'soit que le mUige se l'solve en phties fines ou torrentielles soit que le brouillard quotidien s'accl'oche au flanc des collines et traine sa robe de mousseline blancb'e dans le moindN! repli des vallons. Au surplus ll,n clair r\1sseau dispense en ,minU5iCldes cascades l'eab dont\'$'abreuve la r gion. Ah! celle eall savoureuse de Kenskoff. On IT $ait plus C!' dsaltrant si elle est .. nvoureuse d'ov()h' f,m de 31 u .J AINSI PARLA L'ONCLE ... tA l"AlIlLLE PA LO(:,\I.Jo:S Jo:l' Sun't'IVANCJo:S AFlUCAIN'S. d'cntre sdnt pellt-tre des fami-1 CI'S de celle dlit'cuse rgion ft C'est. l-bus, lin cunlon porllli le gl'Ol:pe des pics dOlllln ligne t iIHIt'IISC se avec les lourdes musses (1I1i uhoulisM.'1I1 li l'cxtrmit de la pl'esqu'ile. Les lIontngnes Xoire!\. (lui font bloc .tiU Sud-Est de Porlau-Prince se prolongent vel's la basse plaine au Nord-Ouest en Ulle :mile de l'unleaux frugmenls de gorges et de valles. Un de ces mme/lllX darde vel's la mCI' SOli peron de l'oches o a et l des clait'sems, Tout Je l'este est ballu pm' <"l\pl'es venls. C'est cctteilpoinlt' avance si souvent )U1l' les tes en ,gl'Oupes sens que les hahihwtsnpp("lent tabac sauvage . puis SUI' la pente l'oide ou en gl'adution donce, dans les moindl'es anfractuosits lJne herbe courIe, grasse et drue revt toute la d'ull tapis vert, moelleux Qi tendre, ' . '"1, . Kenskoff est un f.'ais pturage. Le hlail s'y dveloppe . sain et vigoureux. ..\ cause mme de sa configuration en .cl"eux et de sa lumle altitude lu telTe de Keilskoff abrite contre ]a bOlll'l'asque l'client une h-s grande quantit d'hu midit 'soit que le mUige se l'solve en phties fines ou torrentielles soit que le brouillard quotidien s'accl'oche au flanc des collines et traine sa robe de mousseline blancb'e dans le moindN! repli des vallons, Au surplus 1l;0 clair r\1sseau dispense en ,minU5iCldes cascades l'eab dont\'$'abreuve la r gion. Ah! cetle eall savoureuse de Kenskoff. On IT $ait plus C!' dsaltrant si elle est .. nvoureuse d'ov()h' f,m de
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LA HEYl' E 1:\ J) trop prs I1wll'im' odorante du :lyoil' Ill-muss, absorhl'. dllriO IWllllls reuse et fl'cOIHll> des crcss6nnircs. Muis, enfin, (le ce\lc rnpi fnli!iprs ()l'iglJwil'es des pnys On y fnit des pehes, des fraises, cles pommes, des el d'Ilutl'es chnse:> En hl "ie ppyfntWt> l)I'end ici' 11 Il Ilspt'('1 tOllt il l'nit fl'llppuilt. H c('la t cil! Hulllni il la ,'iehesse tt'nain (II' la fraidwur ('x('eplonnelle du ('limaI. El, lHnnlen/lllt cie (l',dk munit'J(' ("('S llillill;des (III milien ph,ysi 11I'mnin'? A qll(Jk v:lI'it dilermIH.'!' de rm;on n;('I11(' impurfnile la part cJ('s diy{'l'!, groupes hllnHins es ('Il d'lIu!recolllinenls depuis des millnllires et voici prs (il' deux sicles que SUI' celle tene se, tussent, se el s'ngrgent les matriaux d'une l'nce histol'quC' en pI'OCeSf.llS d'fvolulion. Mais autant des crcss6nnircs. Muis, enfin, cie ce\lc rnpi En hl "ie ppyfntWe l)I'end ici' 11 Il Ilspt'('1 lont il fnit fl'llppul1l. H c('la t cil! Hulllni il la l'iehesse tt'nain (II' la fraidwur ('x('eplonnelle du ('limaI. El, lHninl('n/llll cie cprdk munit'J(' ("('S 1I1Itill;des (III milien ph,ysi IlI'mnin'? A di'lermlwl' de rm;on n;('I11(' impurfnile la part l'espl'dh'e cJ('s di,,{'l'!, groupes hllllHins es ('Il d'lIulrecolIlinenls depuis des millnllires et voici prs cie deux sicles que sm' celle lene se, tussent, se condensent el s'ngrgenl les matriaux d'une l'nce histol'que en pI'OCeSf.llS d'fvolulion. Mais autanl
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LA REVUE muMul de Kenscoft a gard des rcssembJances physiques as ... c7. remanllUtulesa,'cc le l"pe congolais qui UI)pul'linl-:on s'en SOli vient -it ln plus nombl'euse des tribus afd.imporles il SI Domingue. Duns tous les cu!'. tel qu'il esl a 1 heure nctuclle. le paysan de lenscoff est dans. son ensemble un homme de Inille moyenne. ullgre et vigoureux hien qul ne soiL l'nbl. ni trupu, Ce monlagnard qui SUPI)011e IOl'se ntl des lempl'ahu'cs de 40 50 audessus de zl'O est au demeurant un gnillanl solide. bien quilibr SUI' ses jambes un peu grles t'I beaucoup plus finaud qu'on ne I>ense sous ses Iruits lIecuss ell suillie. llV(>C ses Resles leuts el son gol illllUodl' de lu JlHlubre, A 21 ans. Il est mI' I)OUI' les gnuHles elllrcpl'ises el pour lu plus gl'ande d'cltlre Ioules (Iu'esl In fundntion ''un f()yel'; cel t\ge. il peut. quund il t'st ordonn. avoil' du bien un Il ole i l, lleHons ense sous ses Iruits lIecuss Cil suillie. llV(>C ses Resles leuts el son gol illllUodl' de lu JlHlubre, A 21 ans. Il est mI' I)OUI' les gnuHles elllrcpl'ises el pour lu plus gt'ande d'cHIre loulcs (Iu'esl In fundntion ''un f()yel'; cel t\ge. il peut. quund il t'st ordonn. avoil' du bien un Il ole i l, lleHons
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LA "'Oh 1 Maimnainne.ou ru cnpab' ditm' bOll jou 1 (4) Elle El.c'stdans le jour lumineux une cascnd.c de rire.clnir qui srume commeUll appel de printemps, Non! pas possible, ou gangnin l'ait ou soude , .. ( 5 ) C'est vrai que Ti-Jean est un peu fou s'il n'est sourd; Il u l'ivresse de ses vingt ans, lnquietude de 1 et l'ardent dsir de le faire partager. l\ltlis, il eslliOlide, Combien -de fois Pas pris .la l'solution de s'en ouvrl' la belle, de lui arracher unbreC consntementafin d'en finit'? Chaque fois il a bredouill quelques . mots inintelligibls et s'eat nlTt '.coi, cependant que dj jaloux. JI est prt se baUre rn'ec n'importe Jeqtlel des gas qui parlei'aient trop librement de Mainmainne. En attendant. il tl'tl\'aille du!' et th!;aurise sou par sou. Enfin, un soir J'occasion vint. C'tait a Corail chez le plus funleux llOngull du voisinage. On clbrllif lin seJ'l1ice la paTticillution d li quel tout le monde pl'pm' pendant des jOllrs(rn vance. Les plusaccOltesUlJes de \'itlrd, de Gotl.!'t, de Robin. de KellScolT coudoynient lesjellllt's gens venus de Iii usieu l'S lieues la l'onde. Le service tait la IllHllgellillc copieus.e, Je ta lin nbandanl, Les tambouriut'un, le cOI"\'plui.e el les churs eQ(Hablaient "assislnllcepUI' une iVl'esse de sons que l'y th ri-ait ell basse profonde la plainte l'nuque de (1), Alon;, dansenss el danseurs, embus de poussil'e, allnienltolll'noyanl, vil'evoletant en piHnt>melll pl i IIII'II Il ni bIt', fl'nppnnt le sol d.'une souple (,udellCf't>. Ali premiernlllg Ti ... Jean el Maillllln;llUe fnisnienl cOllnl!.', libres. "Iiis, fd\'oles: SCludain, sllr 1111 SllIH'. 1111 ('oupde 'bn"ueHe plus intense dt> r..'1otoJ' HlTle r(-Jnn de C'esl 1(' (,()l')'phe qui impmvs(' 1111 :reu lllOllneul'd'Ogol1-FrrClill,.. l':usststanre se l't'( Il t>i 11('. minuit,J'heure Ill'opke aux incantatiollsl'itlelles .... 'tiJean profite deTinlt>l'mde pour {'nl!.iner sa purfeIlaire il. Il n 1\ ('tlllsera\'t'(' elle, De (11I0I? Il ne tft sait pu" Ini-mme, il prouve nn besoin de lui dil'e quelque dl 05t" , Snpoill'ne s'OI>IH'esH", .H'S denls se serrent. Hlas 1 les mots se reht>llf'ut dnus son \'()('nhulail'e lin peu mince. Alors, snilS plus de ('rmonie, dansTopncit de ln nuit .el dans Je vent frais {lui souffit'.su\;IS Irstoiles, il . ]:\ saisit bllIsquement. el dans UI:' Cm'uuche lrt>inte. Inii'lJl. plique an COli le plus tumultueux dt>shllisers.Dj il rejoillt le tom'billon de la danse '... . . .. . , Eh, Maomanne vous pourriez m. dire bonjour '!.--Maiomainne: --Diminutif de Dorismo.e.. ' 5 .Non. c'est pas pOllsible. Vous avez/'air d'tre t As.'lOtor: Le rlns IlrOS rie!'! snr:o. LA "'Oh 1 Maimnainne.ou ru cnpab' ditm' bOll jou 1 (4) Elle El.c'stdans le jour lumineux une cascnd.c de rire.clnir qui srume commeUll appel de printemps, Non! pas possible, ou gangnin l'ait ou soude , .. ( 5 ) C'est vrai que Ti-Jean est un peu fou s'il n'est sourd; Il u l'ivresse de ses vingt ans, lnquietude de 1 et l'ardent dsir de le faire partager. l\ltlis, il eslliOlide, Combien -de fois Pas pris .la l'solution de s'en ouvrh' la belle, de lui arracher unbreC consntementafin d'en finit'? Chaque fois il a bredouill quelques . mots inintelligibls et s'eat nlTt '.coi, cependant que dj jaloux. JI est prt se baUre rn'ec n'importe Jeqtlel des gas qui parlei'aient trop librement de Mainmainne. En attendant. il tl'tl\'aille du!' et th!;aurise sou par sou. Enfin, un soir J'occasion vint. C'tait a Corail chez le plus funleux llOngull du voisinage. On clbrllif lin seJ'l1ice la paTticillution d li quel tout le monde pl'pm' pendant des jOllrsmelll pl i IIII'II Il ni bIt', fl'nppnnt le sol d.'une souple ('lulellCf't>. Ali premiernlllg Ti ... Jean el Maitl/lw;uue fnisnienl counl!.', libres. "Iiis, fd\'oles: SCludain, sllr 1111 SllIH'. 1111 ('oupde 'bn"ueHe plus intense dt> r..'1otoJ' H1Tle r(-Jnn de C'esl 1(' (,()l')'phe qui impmvs(' 1111 :reu lllOllneurd'Ogol1-FrrClill,.. l':ussrstanre se l't'( Il t>i 11('. minuit,J'heure Ill'opke aux incantatiollsl'itlelles .... 'tiJean profite deTinlt>l'mde pour {'nlJ.iner sa purfeIlaire il. Il n 1\ ('tlllsera\'t'(' elle, De <11I0I? Il ne tft sait pu ... Ini-mme, il prouve nn besoin de lui dil'e quelque dl 05t" , Snpoill'ne s'OI>IH'esH", .H'S denls se serrent. Hlas 1 mots se reht>llf'ut dnus son \'()('nhulail'e lin peu mince. Alors, snilS plus de ('rmonie, dansTopncit de ln nuit .el dans Je vent frais {lui souffit'.su\;IS Irstoiles, il . ]:\ saisit bllIsquement. el dans UI.' Cm'uuche lrt>inte. Inii'lJl. plique an COli le plus tumultueux dt>shllisers.Dj il rejoillt le tom'billon de la danse.... . . .. . , Eh! Maomanne vous pourriez m. dire bonjour '!.--Maiomainne: --Diminutif de Dorismo.e.. . 5 .Non. c'est pas pOllsible. Vous avez/'air d'tre t As.'lOtor: Le rlns IlrOS rie!'! snr:o.
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LA RE\TE lSOlGt 35 . lIai", l'Ile, tonne. nhlll"e, l'CS ta un cami instant co.nme, Ils, .. ne IUlI'l'improllllltu de 10 scne .. Puis. dalls un sUllglot,' 110111 on Ile suit s 1 tait fuit de joie iIHluite ou d'inexprimn-li 1 l'loi l't'gl'ets. dans Ull sanglot irrsistihle. elle S'I'tf:, , -Oh! Oh! il/ps ami. ohl Olla t'l co", Ti-Jean rdi; mes zamis, 'fi-Jl'lwhor
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36 Malheur e l\Iulhcnd C'luil donc IloUI' en urrin'r lit (lu'i1 avait tant travaill. mis lanl d'argenl de cl?C'<'!;lil pour se (llire ridiculiser pm' une femme? EhU)iplI lion, il se "CII" gera, il relvera le dfi, . . Alors dare dure .. il COlll'ut conlel' ses qboires LUJloinle, le plus fameux haugan de COl'ail et lIoHidten.on assislullce, Lapointe gl'8vement se l'ecueiIlil.luua les coquilles suel't'('s sur le sol, interprla ln rlonse des diellx c.1 1)J'C'S(.'l'i\'il l'ordonnance: nglige les Esprits (lui sonl mt,hs d'u ne si COll-. pub le indifTl'ence, Ce qui est n .... h n'esl qu'ml uverli!\se ment. Un plus grand mnlhclfl' lui dl0ir. Hem'euse ment Malh'esse Erzilie g l'ouge esl l :'''crire, C'esl. Pliol1viUt' . dcolI\TI Ull ('I'vain blic.qul, Illnyellnnnt snlnh'l', une .,inglnin('cie gouJ'(le[CI, cha .en. style. h'Qdilionul'lla l,en se de rUt1lClUl'l'UX, . . Celle lellre? Mais .. je que Ill'J-SOllne d'('l1l1e nous allssi n'allrait Illl' ln rdigel'. Celle lelh'e? Elle esll'cho affaibli d'une trs vieille cOlltume remonlant il celle poque }onlaine. oille scribe lail 1'00'tlde de lu Citr .•. quel qJi fut le se!'ts on le nnnselli de son griOlOil'f', Urie lell1;e de en mariage doit lout .la l'm:eu d'a-13/ EI.zilie ,re rou#?,e: Divinit VlllldollE'sqlle. 36 Malheur e l\Iulhcnd C'luil donc IloUI' en urrin'r lit (lu'i1 avait tant travaill, mis lanl d'argenl de cl?C'<'!;lil pour se (llire ridiculiser pm' une femme? EhU)iplI lion, il se "CII" gera, il relvera le dfi, . . Alors dare dure .. il COlll'ut conlel' ses qboires LUJloinle, le plus fameux hougan de COl'ail et lIoHidten.on assislullce, Lapointe gl'8vement se l'ecueiIlil,luua les coquilles suel't'('s sur le sol, interprla ln rnse des diellx c.1 1)J'C'S(.'l'i\'il l'ordonnance: nglige les Esprits (lui sonl mt,hs d'u ne si COll-. pub le indifTl'ence, Ce qui est n .... h n'esl qu'ml uverli!\se ment. Un plus grand mnlhclfl' lui dl0ir. Hem'euse ment Malh'esse Erzilie g l'ouge esl l l( r Illus.ieurs fois . l'ordonnance, la I11ll1'molhf 'out I.e. loug clu chemin de retOlll',ell'elllra ('hezilli be:\IIcuup plus Irum)llille qu'il n'en tait parli. QlUlIld cloue vinl (lu-ed'ex('ulol1 il fut fidle el ponctuel i't 1'(,llllllir rellgllgt'III(,111 rontrl!t'U'l'I attendit ln suite des vnemenls, '.,' '.' Dcidl\menl, le HOlwgan de Corail ('!il 1111 hUnml(1' furl. .Cnr. enh8l'di 11OJ' l'usSUl'l\IW(' du SII('('('S lu'omis, M,Jnu ln \'.O)U.l1h,> des diellx, (ls le mois qui suivit le sUl'J'ifit'e. Ti Jt'.llIl l'end il visite chez Fl' Char/l'S, le pre de DOJ'ismne. oH ,ru, cordialem:ml accueilli ell'eHl ('OIwinL'qut' .dallshuil,. je)1\l's CaplflllUt Cuzeau npporleruH "("n pel'sonne,)n leUre de demande en :1Ull'inge de sun fils, Et ln lellre ,'int. Ab t cette leltl', nul il I{enskoff ne flll assez digne de l't>:'''crire, C'esl. Pliol1viUt' . dcolI\TI Ull ('I'vain blic.qul, Illnyellnant snlnh'l', une .,inglnin('cie gouJ'(le[CI, cha .en. style. h'Qdilionul'lla l,en se de rUt1lClUl'l'UX, . . CeUe leUre? Mais .. je que Ill'J-SOllne d'('l1l1e nous allssi n'ntlrait Illl' ln rdigel'. Celle lelh'e? Elle esll'cho affaibli d'une trs vieille cOlltume remontant il celle poque }onlaine. oille scribe lail 1'00'tlde de lu Citr .•. quel qJi fut le se!'ts on le nnnselli de son griOlOil'f', Urie lell1;e de en mariage doit lout .la l'm:eu d'a-13/ EI.zilie ,re rou#?,e: Divinit VlllldollE'sqlle.
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LA REVUE 37 muul' du prh:ndnnl. son engagement de se bien conduire l!1I"CI'S sn ruture compagne et lu garantie prsente par les siens qu'il est tle bOtlne vie et mun: Elle est signe non :-culcmellt tlu Intcndnnt hli-mllle. mais de ses patents lIaltl .. el spirituels. pa .... ufn et nUlITllinc -si Caire se peul. El surluul dIe d"H ll',\ 'crite sur du pupier spciul. ajour hrod, et1Jcliv tI'images .:olodes et cllchcte tians une enveloppe de la mme (lue le pnpiel', En oull'e. elle doit tre npporle chez les de ln jeune fille par 1 homme Le f,hL'i Ag!.' de rnutre fnmille. soif(neust'menl envelopP(!t! duns Ull mouchoir de soie l'uuge et le lo"l-lettre ellllOlichorr-st'rll l'emis nu chef de la Camille dont on 501-lieUe l'nHiance, L:l rponse sera fuite a\'ec le mme crnlOnid ta dule du Il1nringe senl IIlol'S fixe, VOlt') ,le m'en eroyez lm:; penlll'e?llermeltt>z.que je vous tlt)\Ult! lectLL"e d'une de CCii pices "ellues de Dame-Mal'je /IlIlIf lallll:1!:'nticil' est -R:mmlie pnl' le patine tlll temps el ruu' l'hcn.arabdk.t; de c('lui (lui m'en fit don, 111011 n'mi, M, If' Dr F'fH/yOIl, F:le :fimiltl d'llIJ(> 1('Url! lll! drl1wndt' ('n l1WI';agl!, Onllxi.llle HIIM\le .Ie .. le :l Dcelllbre.HJ05, :\ :\fOIl"ipllr Dorm';l1:< 8"M\III,,; pt il Madame ll: R:5Suronll CJuenoUe gnre:oll e.'Jt un enfunt. '_gl!; docile. et rempli de.espect, obi2!liant e"t't'''' gmnds ainsi 1111! pour leI! petit.'! et l'rtendant d'nequitter avec:. f't"oD.tet, avie tid!!lit, notre e\'.oir: en vprtu lJonsieur et !\Indame . -de ce grand tmoignage que nouli VOIII'I tout en .emollrfSI'lf. .•. DI!!1l de Jeur:-! protger polir lion!! afin qu'un jour de tmoigner p-'lfeille s:tti"fnclion. demandont la gloii'e. le "'''J'I'(',t pt'u ; !icienl.'. LA REVUE 37 muul' du prh:ndnnl. son engagement de se bien conduire l!1I"CI'S sn rulure compagne et lu garantie prsente par les siens qu'il est tle bOtlne vie et mun: Elle est signe non :-culcmellt tlu Intcndnnt hli-mllle. mais de ses patents lIaltl .. el spirituels. pa .... ufn et nUlITllinc -si Caire se peul. El surluul dIe d"H ll',\ 'crite sur du IUlpie .. spciul. ajour hrod, et1Jcliv tI'images .:olodes et cllchcte tians une enveloppe de la mme (lue le pnpiel', En oull'e. elle doit tre npporle chez les de ln jeune fille par 1 homme Le f,hL'i Ag!.' de rnutre fnmille. soif(neust'menl envelopP(!t! duns Ull mouchoir de soie ,'uuge et le lo"l-lettre ellllOlichorr-st'rll ,'emis nu chef de la Camille dont on 501-lieUe l'nHiance. L:l rponse sera f"He a\'ec le mme crnlOnid ta dule du Il1nringe senl IIlol'S fixe. VOlt') ,le m'en eroyez lm:; penl,lle?llermeltt>z.que je vous tlt)\Ult! lectLL"e d'une de CCii pices "ellueN de DRme-Mal'je /IlIlIf lallll:1!:'nticil' est -R:mmlie pnl' le patine tlll temps el ruu' l'hcn.arabdk.t; de c('lui (lui m'en fit don, 111011 n'mi, M. If' Dr F'fH/yOIl. F:le :fimiltl ,rlllJ(> 1('Url! lll! drl1wndt' ('Il l1WI';agl!. Onllxi.llle HIIM\le .Ie .. le :l Dcelllbre.HJ05, A :\fOIl"ipllr Dorm';l1:< 8"M\III,,; pt Madame lll'iide Jllcc;aint, "II lalf.r". : R:5Suronll CJuenoUe gnre:oll e.'Jt un enfunt. '_gl!; docile. et rempli de.espect, obi2!liant e"t't'''' gmnds ainsi 1111! Jlour leI! petit.'! et l'rtendant d'nequitter avec:. f'tI)OD.tet, avie tid!!lit, notre e\'.oir: en vprtu lJonsieur et !\Indame . -de ce grand tmoignage que nouli VOIII'I tout en .emollrlS'lf. .•. DI!!1l de leuf'lol protger polir lion!! afin qu'un jour de tmoigner p-'lfeille s:ttil"fnclioft. demandont la gloii'e. le rt'''I'I'(',t pt'u ; !icienl.'.
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38 nion et 13 persvrance, En attei}i.lllnt e ,'1)\18 urie bOIllH' afin de savoir "otre iIigeance, .,,' Et saluent d'un profond et d'une snblilne amititl. Yos serviteurs,' Duyerna St,-Louis. Sa mre Clodice Noel. Son grand pre et son Louis jeune Noel Sa gl,ftllde. l\hlllame tOlaS NOtL, Yoici nos jeunes paysans officiellement engugs. Ils 1)('11-\'ent dsormais se ,"oir et causer libl'emelll. Le pre de ln pt'omise dsigne son futm' gendre le terrain sm lequel =,c ra leur, maison. Celle maison \'iendra Augmentel' le norilbre de Loutes celles qui s'agglomrent dnns terrain limit et indivis dont l'ensemble constitue (f La .•. inviol[jble de la famille. PUl'mi ('CS IlUlis()nnettes, on en remar plus ql.' fixer la date de ln du mariage, llnis ('U plus ql.' fixer la date de ln du mariage, llnis ('U
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Ats tliellx, O!jOlI J)lIl11blllla Legbll, Simbi IUlll (leall, JOlis lt':; t','ipI'iI,'i dt> pro/t'!!rl' ft collph' 1'/ de bllir fUl/ioll (/lli ()l'l'Ill ,f,:/I'I'{Cliie dam; 10 li)i dt'''; ph 'l'.'> "/ dl's allclrt'.'i. TUlIl est accompli. El c'cst pllrlir le ('(' mOllll'lll que st' dl'roule la scculldc t't'rt'lllOllil' ln !lloillS illlt"l'!'sslllle -: Ih'uyeri('s l'Iripailln, ril'CS el d:IIlSt'S, g'ls prOj'ws el deyillt'Iles III s('('olldl' {'(-l'l'IIIOllit' dl'rollie IOlile la g;llllllH' dl'X plaisirs plullllln.'lIx, [)t:.SUllIlllis, les jculles ('poux \'0111 vint' il leur guist" Sllll\'elll. ils restent encore SPHl's rOll de l'nuIre 1111 l'erlHill temps ('('IH,'lidalit ,le HoulIgau cOlll\u/t,on C III\'i(>lldra dt' dcm:lIIdcl' l'Egli:I' que plus d'un philo!'f.'gcelle \'f'lTril(,lllt'lll cie certaines de ces cOlltun1es "')nt le snnholisme sllralln ct possde un charme tille indifiblp'l' )[e sera-t-il permis d'voquerles .I011t's emoleills de nWIl adolescence quand .i'entendais les vieillarlk-Londalor If mporis acti,-regretter les tradida.ll;, la l'gioll de la Grande-Rivi.re-du'? .\. celle poque-l un mariage Ptlys:m mme clbr dtl bOl rg compor'nH comme dfil une magnifique c:lvalcfule. il ltIl!" condilhHl. ('('pendant: il fanait que les Ats tliellx, O!jOlI J)lIl11blllla Legbll, Simbi IUlIl (leall, JOlis lt':; t','ipI'iI,'i cil' pro/t'!!rl' ft collph' pl de bl/ir fUl/ioll (/lli ()l'l'Ill ,f,:tl'l'{Cliie dam; 10 li)i dt'''; ph 'l'.'> ,,' dl's allclrt'.'i. TUlIl est accompli. El c'cst pllrlir le ('(' mOllll'lll que st' dl'roule la scculldc t't'rt'lllOllil' ln !lloillS illlt"l'!'sslllle -: Ih'uyeri('s l'Iripailln, ril'CS el d:IIlSt'S, g'ls prOj'ws el deyillt'Iles III S(,l'Olldl' {'(-l'l'IIIOllit' dl'roule IOlile la g;llllllH' dl'S plaisirs plullllln.'lIx, [)t:.SUllllllis, les jculles ('poux \'0111 vint' il leur guist" Sllll\'elll. ils restent encore SPHl's rOll de l'nuIre 1111 l'erlHill temps t't'IH,'lidalit IHI\'II111 IllOIlllllC ('1 III fClHllle I\'Clllr'aiderollt il la hl'sogne qllolid!I'IlIIt', HllncJ;!('s l'titi il r"ull'(' pOlir It' hOIl ('1 le IIlllllyais ICI11pS, De 1(\11-. lfnlll't'S peu\'('111 1\\'colIl('1' dalls la Illolloloni(' dt:.!; jOllrs SIIIIS fi\'re cl salls IhHI\'l'alltl'. ' , , ViCIlIlt' 1111 mulht'l1l' ou plus simplemellt la prmpa'l(' :1I-l'Ilt' lIn'!'l1 l'alllhiloll du l1lt'nng('.le HoulIgau cOlll\u/t,on C IlIvi(>lldra dt' dcm:lIIdcl' l'Egli:
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40.' ,' .... Il:$ meilleurs ehe":\"" et fussent pr('{'(;(h' s cL que rdcmlanl lui-Illnle fut (rU 11(' t/l,illleheur' inlln:\Cl:l":'p, A ];,lmrrire de la prop:'j('l Iii . l'l\.cepUcm iln'lIs de ::,;t :l\Ulf lii:u IIll 1'C'posoii Je fCllillt,., verte5 .e lauri.'rs f)ounn'es dOllllait rHect's de ln cour. Arriv l, ie preslemlCtti' saulait de selle' et COItl'Ail s'enfel'm{'!' dnns la maisola ,.,,;;liale, Alors, l'pous!:', cn toule humilit, devant J'nssislIlllee " .. lellC', frappait lI'ois COllpS il. la porte principale, ell rplant il haute voix: l\lon mari, ol1\Tez-moi. la porte Il, L'homnw aussitt aecdnil it ln prire de femme, ldi !'i'llwllHil les clers du foycr Imgnes d'ull mouchoir hic .. pt d'lin puil). Joli symbole. Il'es!-ii pasnai, et Jonlla pour pelll "illsi se lr:.dllil'e. (i Je suis id le :lHlll'e. Je le donne llile plan en celle Cl1Icurr o, d\':>"''lais, je J1o\lryoierni la nOlilTilllre et il les \{'ll'ments .. Et, ('0 III 111<'111 ouhlif'}, ('cite Hull (' ,01l11l1lH', chGre mOIl Iwtai, il y 11 (luelque II'PI'" IS, et qui C9sslnii il t:lbrer les llO(,PS sompl.uf'lIsPS li la tombE' .de.> la nuit? Le cortge lIuplinl HU relo!; ue ln crmonie :'eligieuse tra\'(>rsait le hO\lrg pr('cd (h>s portellrs dt' lord.t's,., Elait-ce simplell1('llt purce que ln lllullcipnlit( oubliellH' des ncessils de l"'eJairagt> puhlic IHissail les l:lI('S (>IIIt1-Ilebres oU hien .y llYHI-il 1:'\ lllle \':lgue SlIl'''\'ll1U'C de hl course :\11 flamlH':tll, ln hplle fl\[{, alltiq\lP dnns hHplf'lle dl's coureurs se le flamhellli ',Ol:r S\'Illholiserla transmission de la \'je de g('llral in!. ('II ? Que saisje? .JopleraisyolonI('l's, [HII:,:, "e('Oll(j(: hypoth!'e qui l'ull:lc!lC'rail 110S portellrsdp (ol'el!es il pnrdls des bords dl' la :\IdilelTnllllt'p si jOlI(-Cl'Uigllllis qll'on lIeme l'('!ll'O('ht Il101l penehHl11 lief Il> et le pnss d'hie!' il 1111 pass plus loinluill, clllhrUllIl: peul-lre par la !'('clIlf(' dt's ges, Les 11H1llieipnlils L.C sonl pns plus 1)J'odi:!'t(s de lumires alljollnlllll qu'hier dies Yr'I:X llYage.o> ... , " sont sans n',toul', , . EL que d 'nulres SOIl\'{,lIirs IHlllt!'111 lll011 ill1ogillnljoll pleill(' de lems ombl:es inqltih's '! ()ll(' IIC Pllis-jr m'cm pcher de trouver dons' les gesh's d(' nos cHmpllgllllrds <)mmd ils font la politcsse il leurs hte,.; ('Il s'iuelilllllll en Hile grociellse 1'<'yrellt'e un tmoignage lointain des lwhih:d('s l .... gnntes de la Socit coloniale dll IHnw sicle? Vous SIlYCZ qlle .les grands Seigneurs de Saint-Domingue l:lieut des imitateurs fOl'cens des t1sngC's de Vel'snil1ps et dressaient leul' li\'J'tle il l'al't. exquis des pos(>s, Ln n"Yrt>l1ce jlnyslIllue .llll(, SI:I'"i"nnce cel'taine des lIsnges de 1'{'P0<111 ('. Quoiqll'il ('Il soit quelqllPs unes de" ('oIlIUIl1(>s (111(> fni t'ss:tyr <1(> f:1rt' nvine 40.' ,' .... Il:$ meilleurs ehe":\"" et fussent pr('{'(;(h' s cL que rdcmlanl lui-Illnle fut (!'Ull(' t/l,illleheur' inlln:\Cl:l":'p, A ];,lmrrire de la prop:'j('l Iii . l'l\.cepllDll iln'lIs de ::l;t :l\Ulf lii:u IIll 1'C'posoii Je fCllillt,., verte5 .e lauri.'rs f)ounn'es dOllllait rHect's de ln cour. Arriv l, ie preslemlCtti' saulait de selle' et COHrilit s'enferm{'!' dnns la maisola ,.,,;;liale, Alors, l'pous!:', cn toule humilit, devant J'nssislIlllee " .. lellC', frappait lI'ois COllpS il. la porte principale, Cil rplant il haute voix: l\lon mari, ol1\Tez-moi. la porte Il, L'homnw aussitt aecdnil it ln prire de femme, ldi !'i'llwllHil les clers du foycr Imgnes d'ull mouchoir hic .. pt d'lin puil). Joli symbole. Il'es!-ii pasnai, et Jonlla pour pelll "illsi se lr:.duire. (i Je suis id le :lHlll'e. Je te donne llile plan en celle el1lcurr o, d\':>"''lais, je J1o\lryoierni la nOlilTilllre et il tes \{'ll'ments .. Et, ('0 III 111<'111 ouhlif'}, ('cite Hull (' ,01l11l1lH', chGre mOIl Iwtai, il y 11 (luelque II'PI'" IS, et qui C9sislnil il t:lbrer les llO(,PS sompl.uf'lIsPS li la tombE' .de.> la nuit? Le cortge lIuplinl HU relo!; ue ln crmonie :'eligieuse tra\'(>rsait le hO\lrg pr('cd (h>s portellrs dt' tord.t's,., Etait-ce simplell1('llt purce que ln lllullcipnlit( ouhliellH' des ncessils de l"'eJairagt> puhlic IHissait les l:lI('S ('IIIt1-Ilebres oU hien .y llYHI-il 1:'\ lllle \':lgue SlIl'''\'ll1U'e de hl course :\11 flamlH':tll, ln hplle fl\[{, alltiq\lP dnns hHplf'lle dl's courellrs se le flamhellli ',Ol:r S\'Illholiserla transmission de la \'je de g('llral in!. ('II ? Que saisje? .Jopleraisyolont('rs, [HII:,:, "e('Oll(j(: hypoth!'e qui l'ulIllc!lC'rail 110S portellrsdp 10l'elles il pnrdls des bords dl' la :\IdilelTnllllt'p si jOIU" Cl'Uigllllis qu'on Ile Ille l'('!ll'O('ht Il101l penehHl1t liel' Il> elle pnss d'hie!' il 1111 pass plus lointuill, clllhrUllIl: peul-lre par la !'('clIlf(' dt's ges, Les 11H1llieipnlils L.C sont pns plus 1)J'odi:!q('H de lumires alljollnlllll qu'hier dies Ycl:X llYage.o> ... , " sont sans n',toul', , . EL que d 'nulres SOIl\'{,lIirs lWllt!'111 lll011 ill1ogillntjoll pleill(' de lems ombl:es inqltih's '! ()ll(' IIC Pllis-jr m'cm pcher de trouver dons' les gesh's d(' nos cHmpllgllllrds <)mmd ils font la politcsse il leurs hte,.; ('Il s'iuelilllllll en Hile grnciellse r<,yrellt'e un lmoignage lointain des lwhih:d('s l .... gnntes de la Socit coloniale du IHnw sicle? Vous SIlYCZ que .les grands Seigneurs de Saint-Domingue l:lieut des imitateur!> fOl'cens des t1sng{'s de Vel'snil1ps et dressaient 1euI' li\'J'tle il l'al't. exquis des pos(>s, Ln n"yrt>l1ct' jlnyslIllue .llll(, SI:I'"i"nnce cel'Iaine des lIsnges de 1'{'P0<111 ('. Quoiqll'il ('Il soit quelqllPs ulles de" ('OIlIUIl1(>s (111(> fni t'ss:tyr <1(> f:1rt' nvine
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LA lu::n;E 41 sont cmp,'cinlcs du symbolismc le plus transpurent et puisclnc toutc ln "ie humui,!e est de symboles qui l'n nJ:lsC(uent lcs brutalits, n est-,I pas dplorable que nOUl\ I:,issons s'yunoui,' quelq.ucs uns pUl'lui les plus silggestifs dc ('CS lui pm'aicnt l'existence dcs gens d'nutrefois. :'\UlIS cn avons honte parce qu'on n dit qu'ils taicnt dcs silperstitions et des p,'jugs, Y penscz-\'ous? quund YOUs mus indignez contre quehJuc "ieux prjug absurde. SOI1-"e7., (IU'il est le compagnon dc route de l'humanit depuis dix mille nns peut-tre. qu'on s'est nppuy SUI' lui dnns les llu\II\'ais chemins, qu'H a t J'occasion de hien de joies. qu'il n ycu pour ninsi dire de ln yie humaine, n-t-il I):IS po III' nous quclquc l'hosc de f,'nlel'llel d"ns Ioule pen Sl'C de nWn1me, PRieE LA lu::n;E 41 sont cmp,'cinlcs du symbolismc le plus transpurent et puisclnc toutc ln "ie humui,!e est de symboles qui l'n nJ:lsC(uent lcs brutalits, n est-,I pas dplorable que nOUl\ I:,issons s'yunoui,' quelq.ucs uns pUl'lui les plus silggestifs dc ('CS lui pm'aicnt l'existence dcs gens d'nutrefois. :'\UlIS cn avons honte parce qu'on n dit qu'ils taicnt dcs silperstitions et des p,'jugs, Y penscz-\'ous? quund YOUs mus indignez contre quehJuc "ieux prjug absurde. SOI1-"e7., (IU'il est le compagnon dc route de l'humanit depuis dix mille nns peut-tre. qu'on s'est nppuy SUI' lui dnns les llu\II\'ais chemins, qu'H a t J'occasion de hien de joies. qu'il n ycu pour ninsi dire de ln yie humaine, n-t-il I):IS po III' nous quclquc l'hosc de f,'nlel'llel d"ns Ioule pen Sl'C de nWn1me, PRieE
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, = 1 rc ;\0 2 AOUT '1927. -LES .-\U1'5 ET LA YlE-I)il'tcleur Grimt-Respons(/ble . FondateuJ's : E. nOC)lEH : G. : E. Ror:.iER X. J. .\. YlEn;: PII.-THOBy-MARCEUN IhxlEL HEl'RTELOl: CUH. Bncn:ARD ------[!)-------La 'Jaune LiUratun> hatielllle Entre : Emil" HoulIl!'!' QllehlHe:< dt!finitions tle la l'm:,,i, PollJt!s • F..il"lti $1\r le Crol .. Plu; .. Le 'l'am-Talll Angois" InBvat l\.ban • 1111 Sl'lIlislllf'I La 'Douleur' -Le::! Hroines Notre Enqute G. :\ :- hatielllle Entre : Emil" HoulIl!'!' Qllehl"e:< dt!finitions tle la l'm:,,i, PollJt!s • F..il"lti $1\r le Crol .. Plu; .. Le 'l'am-Talll Angois" InBvat l\.ban • 1111 Sl'lIlislllf'I La 'Doulelll" -Le::! Hroines Notre Enqute G. :\ :-
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AOUT 1927, :us:: = -I...:s ARTS ET LA VIE -,-LA JEUNE LITTRATURE HAITIENRE .11 n'y n jamais eu. proprement parler, d'coles HU l'Jures .:hez nous, Lt>s grands mouvemenls fl'anais, les formulesdecnacJe. n'ont pas rallid'adeplesassez nombreux. pOUl' crel' de vl'ilables couranls. Les crivains huiliens vurenl isols, cl si l'influencC' d'un matre se pal'fois, ",Ile l'sulle d'une prfl'ence particuhcre. Cependanl, il ya eu deux poinls de vue, deux fa ons la posie et ses fins qui onl, il nous semble, domin la littrulure hailiennc, POUl' les uns, la .posie hailienne doit expl'imer IlOi joies et nos souffrances. raire sentir la beaul de notre. nature h'opil'ale, ID splendeur du paysage qui nous entoure, elle doil tre riche en couleul', peu importe mme Ics tons un peu cl'ultle soleil ardent aborigne a une palette magnifique, De la l'ouleur avant toute chose. de la coulc,>.U.' locale, Poul'Ies aulrcs, peu importe Je dcor, peu importe le ,'ndrc. sC'ules complenl les raclons de notre sensibilit douJolJl'eusc ou ullendrie, Que deviennent en passant au prisme de nos mes les vieux sentiqlenls humains t'ommenl nous ml'ut l'angoiss de la mort, le tourment de l'infini. comment nous savourons la douceur de vi vre. le plaisir d'aimer. notre faon de comprendre l'amiti el le charme de la vie en socit. Retrouver tQUS les r,'es, tous les mythes avec les dformations appol'tent le milieu et la race, La littrature hailIenne n'a que raire d'un pittoresque passller, d'une couleur locale combien relalive,elIe dOIt viser A tre humaine, Elle tail en ntlendant p,lus franaise qu'autre AOUT 1927, :us:: = -I...:s ARTS ET LA VIE -,-LA JEUNE LITTRATURE HAITIENRE .11 n'y n jamais eu. proprement parler, d'coles HU l'Jures .:hez nous, Lt>s grands mouvemenls (l'anais, les formulesdecnacJe. n'ont pas rallid'adeplesassez nombreux. pOUl' cre.' de vl'ilables rouranls. Les crivains huiliens vurenl isols, cl si l'influencC' d'un matre se p:II'fois, ",Ile l'sulle d'une prfl'ellce particuhcre. Cependanl, il ya eu deux poinls de vue, deux fa ons la posie et ses fins qui onl, il nous semble, domin la littrulure hailiennc, POUl' les uns, la .posie hailienne doit expl'imer IlOi joies et nos souffrances. raire sentir la beaul de notre. nature h'opil'ale, ID splendeur du paysage qui nous entoure, elle doil tre riche en couleul', peu importe mme Ics tons un peu cl'us.le soleil ardent aborigne a une palette magnifique, De la l'ouleur avant toute chose. de la coulc,>.U.' locale, Poul'Ies aulrcs, peu importe Je dcor, peu importe le ""drc. sC'ules complenl les raclons de notre sensibilit douJolJl'eusc ou ullendrie, Que deviennent en passant au prisme de nos mes les vieux sentiqlenls humains t'ommenl nous ml'ut l'angoiss de la mort, le tourment de l'infini. comment nous savourons la douceur de vi vre. le plaisir d'aimer. notre faon de comprendre l'amiti el le charme de la vie en socit. Retrouver tQUS les r,'es, tous les mythes avec les dformations appoltent le milieu et la race. La littrature hailIenne n'a que raire d'un pittoresque passaler, d'une rouleur locale combien relalive,elIe dOIt viser A tre humaine. Elle tail en ntlendant p,lus franaise qu'autre
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.J.3 chose. et qu'onl e Yeu i Il e ou non, ,. 1 <'lI d.'j III i la 1 i Oll Cette querelle a i\'ts(' lS dl' Ch<.'ZlHillS, el BI<.'Huee de durer. Nousall()lls dillls tille l'ol1rl<.' pn)lcll:ld<. dans l'auLrel'ois. rl'troll\'cr des mnnilcstatiolls de ces tell dUllces, eL apporter au dhat noire opinion en prcisant davantage notre position, Celle pron.'upalioll de faire , connatre, aimer leur puys. en renant sensible ses beauts,nol,lS 19 t,F(Ht\'OnS de nol-I'c Iitlr.ature, L'uvre d'Ignace Nau et de .Coriolan .Ardouin. est em:" preintc d'un dlicat parfum du terrQir. (( Les Belles de Nuit da Bnse au lombeau d'Emma)) el main les autres lgies tendres sur le mode romantique en des rythmes srs associent mn:.du]cUl s intimes .Je leursa.utenrs d.es pa.ysaglis de chez nous, . Toutes lesgnrllionslillraires qui se succdcrolll jusqu' .. lld Durand appelaient de lellrs Hl!UX .It' chnlreinspir qui donnenlit lIll l'l'ho. fidle. et un tn-' 'blenu sincre. cho fidle de nos mes douloureuses, tableau sincre Ile 1I0tl'e luxuriante nnlu\'e, tropicale dont la posie csl l1Q parrum ct :Une musiquc: 1:.1 teur de l,a lrre eal':lbe. la musiquc mlnneol iqllC de chansons croles l10slulgiqtws ellendp'es. Ul1'e Jellre de Deas Hyppolile yieiIle de einqua'lIle o p1.'<))OS
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LA IYl'E -14 :\Iais cst-ce hi la vraie posie, celle qui convienl il Bolr'c poque il notre pays? Malgr la ddicace, sent on chez le de l'inspiration nationale? Est-cc bien :arx abords de nos l'ivil'cs sous l'ombre de nos manguiers que cette muse coquette et bien attire a pris naissance '1 " N'cst-ct! pas plutt aux abords de la Seine. au centre de la civilisatioll et des arts? Son atmosphre n'est elle pas plutt la sene chaude d'un salon parisit"n? Pourrait-elle couril' bien qu'elle en ait la prtention nos grands chemins. battue par la pluie et le vent, escaladant nos mornes ct couchant la belle toile comme une fille du pays. son rlucation de couvent lui dfend ces c:\cenfricits l. . . Eilc est de Irop bonne maison ct tl'Op bien leve. Le "oudrnit-clle qu'ellc ne Je pOll\'l'ail.sa complexion d licale s'y oppose; l'Ile risquernit d'allraper un gros l'hume, ce qui serait dommage. . Telle qu'elle est; elle plait pourtant. cette demoiselle corsete, pingle, mise Il la dernire mode, avec ses cheveux rriss el ses talons' hauls. Aimons-la, sans cessel' de penser l'au tre qui viendra pltlstard celle-l cerlcs n'aura pas peur de slir Sil robe aux broussailles de la roule. ni de s'clabousser. Elle saura bien quand l'occasion se prsentera entrer jusqu' la ceinturc duns l'eau de nos ravines, Elle sera peut-tre mal l'aise dans un 'salo11 ; mais pour sr, aucun montagnard ne s'entendra mieu:\ qU'elle il grnvir une haute comne. Elle c.hantera nos joies ,,1 nos douleurs, nos aspirations et nos esprances. Elle ne prenrlra pas un cadre national pour y placer des figmcs exotiques. Elle ne se prtel'a aucune supercherie. Elle sera loyale et honnte, forle ct grande comme le peuple de <{lii elle sera l'image. Elle prouvera que l'esprit humain s'il es! par'iout le mme subit pourtant certaines modifications. soit qu'il s'veille dans. les bosquets de Versailles, soit qu'il voit le jour dans nos forts de palmistes Il. , Enfin Malherbe vinl. ... On comprend donc comment Oswald. Durand fut salu comme un maitre.Il fut le pote par excellence pour le pays tout entier. pour sa LA IYl'E -14 :\Iais cst-ce hi la vraie posie, celle qui convienl il Bolr'c poque il notre pays? Malgr la ddicace, sent on chez le de l'inspiration nationale? Est-cc bien :arx abords de nos l'ivil'cs sous l'ombre de nos manguiers que cette muse coquette et bien attire a pris naissance '1 " N'cst-ct! pas plutt aux abords de la Seine. au centre de la civilisatioll et des arts? Son atmosphre n'est elle pas plutt la sene chaude d'un salon parisit"n? Pourrait-elle couril' bien qu'elle en ait la prtention nos grands chemins. battue par la pluie et le vent, escaladant nos mornes ct couchant la belle toile comme une fille du pays. son oucation de couvent lui dfend ces c:\cenfricits l. . . Eilc est de trop bonne maison ct tl'Op bien leve. Le "oudrnit-clle qu'ellc ne Je pOll\'l'ail.sa complexion d licale s'y oppose; l'Ile risquernit d'allraper un gros l'hume, ce qui serait dommage. . Telle qu'elle est; elle plait pourtant. cette demoiselle corsete, pingle, mise Il la dernire mode, avec ses chenu:\. rriss el ses talons' hauls. Aimons-la, sans cessel' de penser l'au tre qui viendra pltlstard celle-l cerlcs n'aura pas peur de slir Sil robe aux broussailles de la roule. ni de s'clabousser. Elle saura bien quand l'occasion se prsentera entrer jusqu' la ceinturc duns l'eau de nos ravines, Elle sera peut-tre mal l'aise dans un 'salo11 ; mais pour sr, aucun montagnard ne s'entendra mieu:\ qU'elle il grnvir une haute comne. Elle c.hantera nos joies ,,1 nos douleurs, nos aspirations et nosesprances. Elle ne prenora pas un cadre national pour y placer des figmcs exotiques. Elle ne se prtel'a aucune supercherie. Elle sera loyale et honnte, forle ct grande comme le peuple de <{lii elle sera l'image. Elle prouvera que l'esprit humain s'il es! par'iout le mme subit pourtant certaines modifications. soit qu'il s'veille dans. les bosquets de Versailles, soit qu'il voit le jour dans nos forts de palmistes Il. , Enfin Malherbe vinl. ... On comprend donc comment Oswald. Durand fut salu comme un maitre.Il fut le pote par excellence pour le pays tout entier. pour sa
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43 LA REVL'E l:-,;uIGba: gnration el J'ge liltnll'e qu'il domine, II fut 5Ilcr potenatiollal par nos chmnb.'es lgislatives. el mrita mme une subventioll pOUl' la publkation de ses livres. Cet elltbousiasme prte.D sourire, if dishHlce mais il montre comment' toule'une poque se recollilt en lui combien son influence fut souveraine.La nitique trangre lui fit unaccueiJ des plus flatteurs. Coppe l'intreduisit la Socil.des Potes Franais aux acclamations de l'auditoire. et su Choul'oune avec sa grcepayssanne et le l'ire rayoBIlHnt de ses dents blalll'hes, a su conqurir tous ceux qni se sont promens chrz nous, Blair Niles a'cM la d('\l'Dire conqut,e de l'llC'l'ortc morabout.ldalina ln fille des grves et quelques ault'es hroines jaunes ou griffonnes aux appts tl'omphants)) '. pour eOlployer le vocabulaire du barde) vivront dans les mmoires, SOIl tonnante fcondit. sn faciHt prodigieuse. snhailiellll('l, font qu'Oswald delllC'urc pour nous un pl'ClII'Setll', Cepend.mt, nos Vl'UX dj ont vieilli nombre de l'toS vignettes, peilltures W cOIl\'entionelles et rudkes, exotisme youlu. t't d'un contestable, Comme les Orientales de Victor Hugo et comme les turqueries de cel'tains voyageurs en chamb.'e. lem' pittoresqut" Les lecteurs bn\'oles qui ne prendront jamllis le bateau et qui un 110m d'arbre inconnu. Ull "0-cahle trange suffit, seront satisfaits, nous pas ((Francine lu pos&de.l'ertaines autres pil'es ml'itent. encore 110s suffrages., mnis cMi>, que d.> clichs dplorables. en matil'e on n'tait diffi cile, exotisme de \'ign.elles tendl'('ment rOl'c}('l'OS, a.lmanachs illustrs (l'null'cfois, illluges d'Epinal de notre enfance. Il y manque la vision directe et persone) le. ou plutt l'intensit de cetle vision. il se conlentede voir! il ne regarde pas attentivement. Que ceux qui me Jugent Injuste l'elisent Loti, Kipling. Lafcadio Hcarn, les Frl'es Thm'and, Conrad, Chadoul'Oe ces merveilleux poteseli prose que sont Marius-AI'Y Leblond que je m'en \'oudrais de ne pns raire l'olHll'trtaux lecteurs de celle Revue. Ceux qui ont goul la sa\'eur acide, le gout {u're de Balouala, semnt certainement dus en r,.lisant Bernadin qe Saint Pierre, ft moins que lecont r3&te ne les sdnisent. 43 LA REVL'E l:-,;uIGba: gnration el J'ge liltnll'e qu'il domine, II fut 5Ilcr potenatiollal par nos chmnb.'es lgislatives. el mrita mme une subventioll pOUl' la publkation de ses livres. Cet elltbousiasme prte.D sourire, if distance mais il montre comment' toule'une poque se recollilt en lui combien son influence fut souveraine.La nitique trangre lui fit unaccueiJ des plus flatteurs. Coppe l'intreduisit la Socil.des Potes Franais aux acclamations de l'auditoire. et su Choul'oune avec sa grcepayssanne et le l'ire rayoBIlHnt de ses dents blalll'hes, a su conqurir tous ceux qni se sont promens chrz nous, Blair Niles a'cM la d('\l'nire conqut,e de l'llcl'ortc morabout.ldalina ln fille des grves et quelques ault'es hroines jaunes ou griffonnes aux appts tl'omphants)) '. pour eOlployer le vocabulaire du barde) vivront dans les mmoires, Sail tonnante fcondit. sn faciHt prodigieuse. snhailiellll('l, font qu'Oswald dell1('urc pour nous un pl'ClII'Setll', Cepend.mt, nos Vl'UX dj ont vieilli nombre de l'toS vignettes, peintures weoll\'entionelles et rudkes, exotisme youlu. t't d'un contestable, Comme les Orientales de Victor Hugo et comme les turqueries de cel'tains voyageurs en chamb.'e. lem' pittoresqut" Les lecteurs bn\'oles qui ne prendront jamllis le bateau et qui un 110m d'arbre inconnu. Ull "0-eahle trange suffit, seront satisfaits, nous pas ((Francine lu pos&de.l'ertaines autres pil'es mdtent. encore 110s suffrages., mnis cMi>, que d.> clichs dplorables. en matil'e on n'tait diffi cile, exotisme de Yign.elles tendl'('ment rOl'c}('l'OS, 3.1manachs illustrs (l'null'cfois, illluges d'Epinal de notre enfance. Il y manque la vision directe et persone) le. ou plutt l'intensit de cetle vision. il se conlentede voir! il ne regarde pas attentivement. Que ceux qui me Jugent Injuste l'elisent Loti, Kipling. Lafcadio Hcarn, les Frl'es Thm'and, Conrad, Chadoul'ne ces merveilleux poteseli prose que sont Marius-AI'Y Leblond que je m'en \'oudrais de ne pns raire l'olH,itrtaux lecteurs de celle Revue. Ceux qui ont goul la saveur acide, le gout {u're de Balouals, semnt certainement dus en r,.lisant Bernadin qe Saint Pierre, ft moins que lecont r3&te ne les sdnisent.
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I.A n1::\'l:E 46 Beaucoup ont entendu le chant des matelots. et. depuis Baudelaire, l'exotisme en robe chatoyante.la tte noue d'un madras de coulelll', a pl's droit de cit dans les letlres franaises. J'ome's Pal'ny et Lonard qui ont eu peu d'influence, Leconte de liste. qui est plutt un peintre de fl'esques bat'batcs el antiques, et dont le sens exquis de l'exo(isme ne se relrouve, avec queUe touche dlicate! que dans sa ",jlanelle:' el 1 Monchy, ft La Iloshtlgie des tropiques d'azur, ('l'Ile qu'eut pu prouvel', un fils de ces climats, le charme mlan colique de leul' mOl'bidesse sensuelle, c'est Baudelaire !lui ra exprim. la malabl'aise, les ngresses, les coco-taers ' Et 1'I11'111i l'herLe, mainte t'lcut' <1 Qui sen t mes an ti Iles loi n tant>s Et qlli repand sur nm dOlllelll' I( mUI'UJllrt!S de lellrs limtllilll',; dira avec le pole Armand (;ot!uy d:'lIls celle magnifique !1ille pOlir Charles Balldelaire .• John Antoinc Nal! est un ange des Il'opiques, c'est .Jean Hoyl'e qui l'a dit cl il Ile nutnnt que nous. (,.'omprendre et aimel', les Hiers Bleus. . Les escales de Paul JeUll Toulel. (hms de brves nolations. saven 1 enclore des Visions dfinitives, Jules SuIlel'vielle, ''os (( Dbal'('adres )1 sonl une pense. La critique EtIJ'openne ,,'u cess de nOlis demandeI' noh'e tmoignage personnel. ( Sm'e1.-vous le reproche que j'adl'esserai M, Coicou el il se'\ ('ourl'res ? C'est de ne pus donnel' une impressiun assez vive et colore de lem' pays. Leurs gltlantel'it's, leurs idvllNI. leurs soupirs. leul's larmes ne l'{'nl 'PliS d('5 lans de mme ol'dl'c auxquels pourraient .,'UlulIUlollnel' enlre deux bocls Et qlli repand sur nm dOlllelll' I( mUI'UJllrt!S de lellrs limtlliIlI',; dira avec le pole Armand (;ot!uy d:'lIls celle magnifique !1ille pOil/" Charles Balldelaire .• John Antoinc Nal! est un ange des Il'opiques, c'est .Jean Hoyl'e qui l'a dit cl il Ile nutnnt que nous. (,.'omprendre et aimel', les Hiers Bleus. . Les escales de Paul JeUll Toulel. (hms de brves nolations. saven 1 enclore des Visions dfinitives, Jules SuIlel'vielle, ''os (( Dbal'('adres )1 sonl une pense. La critique EtIJ'opennc ,,'u cess de nOlis demandeI' noh'e tmoignage personnel. (( Sm'e1.-vous le reproche que j'adl'esserai M, Coicou el il se'\ ('ourl'res ? C'est de ne pus donnel' une impressiun assez vive et colore de lem' pays. Leurs gltlantel'it's, leurs idvllNI. leurs soupirs. leul's larmes ne l'('nl pliS d('5 lans de mme ol'dl'c auxquels pourraient .,'UlulIUlollnel' enlre deux bocl
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\ , .Jeatl,YalnlY Baisse, une cOllft'relH'e SUl' la POt'sie franaise chez les noirs d'Hati. prononci-nu locnl de la Nouvel le nevue :\loderne. t';.;prillwi t le mnH.' regret. \'ers frahais , ptlls<[Ul' ';OllS rll U'l fait de fortbaux, muis demeurez hatiens; \'()(Juez pour nous les/jours ensoleills el. d13Uds, les nuits pleines d'toiles du climat anlillcn, quedans "OS Yc'rs cr<'l1le Jesoufle'tide des vents alizs, ct que le hruissement des: palmes en rythme la cadence; chantez cctte mer des Antilles qui conserve pour nous le c1Hlrme 'ensorceleur,qui retint SUI' ses rives nos aieux les lnigrants du XVIe sicJe; soyez ainsi nos fl'res, maIS apportez dans notre famille que menace un vent de dcadence' la floraison de vos illusions vierges, l'nlme douceur dc votre primitivit .... )) " .... Nous touchons Iii le point fniblc de la littrature hatienne contemporaine. En effet parmi lous ces hatiens dont il nl l n de lire les vers, combien sont potiquement En leurs vers ce sont U)S proccllpnliolls quelque peu dnatures qui provoquent les plus beaux lans d'entouLe, ciel du "ieux monde plane sur celte posie el, so'Uvent il trIlVCI'S, les elle est mniIlenol1!' voyons se dressel' au lieu du pays:lgc nnlill"l1 un bourp; des bords de Ja Loire .... Et pOUl'lanl; qul dco .. pcul ll'(t(,01l1jHll' il t'(,lui dans Jequ("J "j,'cnl ces po('>l('s! Quel IWYS:lgisl(' lyrique li pu contemplcr SlHJS Cil >II'Ct'llll1 Cl'llt' 1H':lult' de nntlll'l' primitive sans rcno.l1\'elc !QIH'l hO'llllle :l pu SPIlIiI' en lui cette fl'akhcUl' de Il'n.' nH't' l'a.ttrore dece jeune peuple, o rOll sait.hien "ivn' pour l1ne uvre, cl o; Ton sait mi<111}' monril']>oul' 1I1H' ide. . , ' , ,.' '. . (Venturn GarciaCuldl'rolldns une critique hicllH'ill\ lant de l'Anthologie Jw'lH,'JlI1e de 'Louis coildut J1lariirepresqile identique. Etvoii ellfin sur le mnle sujeUl ( dt'! ,nal naHsme, dans ls, COll:"'; . seilsque clonllait MHl1Uel Ugarte: le peseur<.> 1 tTitiqtlc( urugayen. • In Re'nle Aniriqul' Latille 1/10/22. \ , .Jeatl,YalnlY Baisse, une cOllft'rellt'e SUl' la POt'sie franaise chez les noirs d'Hati. prononci-nu locHI de la Nouvel le nevue :\loderne. e;.;prillwi t le mnH.' regret. \'ers frahais , ptlls<[Ul' ';OllS rll U'l fait de fortbaux, muis demeurez hatiens; \'()(Juez pour nous les/jours ensoleills el. d13Uds, les nuits pleines d'toiles du climat anlillcn, quedans "OS Yc'rs cr<'l1le Jesoufle'tide des vents alizs, ct que le hruissement des: palmes en rythme la cadence; chantez cette mer des Antilles qui conserve pour nous le c1Hlrme 'ensorceleur,qui retint SUI' ses rives nos aieux les lnigrants du XVIe sicJe; soyez ainsi nos fl'res, maIS apportez dans notre famille que menace un venl de dcadence' la floraison de vos illusions vierges, l'aIme douceur dc votre primitivit .... )) " .... Nous touchons Iii le point fniblc de la littrature hatienne contemporaine. En effet parmi tous ces hatiens dont il nl l n de lire les vers, combien sont potiquement En leurs vers ce sont U9S proCCllpntiolls quelque peu dnatures qui provoquent les plus beaux lans d'entouLe, ciel du "ieux monde plane sur celte posie el, so'Uvent il trllvcl's.lcs elle est mniIlenol1!' voyons se dressel' au lieu du pays:lgc nnlill"l1 un bourp; des bords de Ja Loire .... Et pOUl'lanl; qul dco .. pcul ll'(t(,01l1jHll' il t'(,lui dans Jequ("J "j,'cnl ces po('>l('s! Quel IWYS:lgisl(' lyrique li pu contemplcr SlHJS Cil -II'Ct'llll1 ('l'Ilt' 1H':lult' de nntlll'l' primitive sans rcno.l1\'elc !QIH'l ho'ullle :l pu Sl'IlIiI' en lui cette fl'akhcUl' de Il'n.' nH't' l'a.ttrore dece jeune peuple, o rOll sait.hiell "ivn' pour l1ne uvre, el o. Ton sait mi<111}' monrI']>oul' 1I1H' ide. . , ' , ,.' '. . (Venturn GarciaCuldl'rolldns une critique hiellH'ill\ lantc de l'Anthologie Jw'lH,'J1I1e de 'Louis coildut J1lariirepresqile identique. Etvoii ellfin sur le mnle sujeUl ( dt'! ,nal naHsme, dans ls, COll:"'; . seilsque clonllait MHl1Uel Ugarte: le peseur<.> 1 critiqtlc( urugayen. • In Re'nle Aniriqul' Latille 1/10/22.
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LA I\'CE 48 La t'l'iti(llIC t'urOpt'CIlIH' d le PUUlil'
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4U LA RE\TE l=--OIG:SE que prcieuse, d'un coloris naf. et frais, COl'IlI11C certaines peintures contl'lllplts jadis, m'cc ravissement, sur des vases trusques. rtdont . j'H i gnrd lin souvenir merveill. Pour les crivains de rautre groupe nutre littrature n'a pas besoin de se situer dans l'espace; et dans le temps, l'art sans tre foncirement impersollnel. peut cepelldanttre humain et haitien, mais haUiell simplement parce lJue l'auteur qui proll\'c ces SClltiments est hnilien et que cela conditionne des modes de sentir artn'esl nuHe,ment fn . fonction du dcor jug comme accessoire et contingent. La meilleure expression de celte tendance. n t donn avec . beaucoup plus de. chu't et que je ne saurais jamais le faire. . Je crains bien que ceux qui "clenl voir dans les uvres trangres le reflel de IHl)'S lointains, de milieux inconnus. ne soienl dus, Je n'ni pas crit pour les d'exotisme. J'ai pens. fai crit pour l'eux que tourmentent le dramt' de la vie ,les problmes de la destine, cl le l'me. . erreur d'exiger comme ra sembl faire un dis-tingu Cl'itique. M. Adolphe Brisson. que hHtienne se borne la description de .Botre merveilleuse nature tropicale. Nous sommes penllre dans le cadre le pJus beuu du monde, les esprits les pIns fOllcirement mlancoliques.lespills intrieurement :lg'I('S qu'il y ait... Tout le m,11 \'iellt en somme dl' Cl'
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LA REVUE INDIGNE 50 me d'une jeunesse ardente dcime, Miragone en cendres, -la vie publique a des rpe\:ussions profondes dans l'tre intime-Etzel' Vilaire fut choisi pour tre porte-parole officiel, le grand tmoin lyrique d'une gnration qui se qualifie romantiquement de sacrifie. C'est le mme dsir d'vasion loin des ralits dcevantes vasion dans le temps et dans l'espace -qui amenu Damocls Vieux situer ses r\'es galants dans une atmosphre'Watteau -peut-tre aussi l'influence de Verlaine -mais le paradoxe ne manque ni d'imprvu, ni d'un certain charme piquant d'entendre madrigaliser avec une grce exquise .ce noir authentique. Comme Lonard il prit naissance sous le ciel brlant des Tropiques et comme le chevaliel' de Saint Georges eut fait bonne figure la cour la plus raffine. C'est son exotisme lui. Damocls Vieux nous est surtout sympathique, moins pu !Iles pomes d'intimit d'un sentimenl trs dlicat, d'une musique fine, que par la peinture des paysages hatiens, o il sait dcouvrir des correspondances im-> prvues. Colf Plage, Furcy, qu'il a dcrit en coloriste . hahile, en peintre minutieux. Les lieux o l'on fut heul'eux se mlent dans noIre sou ven il' l'vocation des images e notre bonheur. on ne peut rappeler ces instants nlres. ces minutes blouies sans que ne surgisse aussitt le dcor inoubliable .... SUI' nos proches devanCiers, Luc Grimard, Dominique Hyppolite, Burr-Raynflud, Henri Durand il est difficile de pOlter un jugement dfinitif. Bun-'Ravnatld dont deux volumes onl permis d'apprcier le talent souple. Dominique Hyppolite, Ed Numa. sonl plutt des potes du terroir. Lon Laleall est un pote d'intimit qui situe ces rves (Iilelque part... Ailleurs ... n'importe o YOUS vou.Irez. dans un d('or des conles de Shakespeare des nuits de Musset, une Italie de fantaisie .. Luc Grimard SUl' son fifre de bambou chanlera ses joies mles inlimement au souvenir des lieux cbers Le groupe la Revue indigne , venu aprs des sicles de litle:rature rrafti'ase, la tle lourde, oreilles LA REVUE INDIGNE 50 me d'une jeunesse ardente dcime, Miragone en cendres, -la vie publique a des rpe\:ussions profondes dans l'tre intime-Etzel' Vilaire fut choisi pour tre porte-parole officiel, le grand tmoin lyrique d'une gnration qui se qualifie romantiquement de sacrifie. C'est le mme dsir d'vasion loin des ralits dcevantes vasion dans le temps et dans l'espace -qui amenu Damocls Vieux situer ses r\'es galants dans une atmosphre'Watteau -peut-tre aussi l'influence de Verlaine -mais le paradoxe ne manque ni d'imprvu, ni d'un certain charme piquant d'entendre madrigaliser avec une grce exquise .ce noir authentique. Comme Lonard il prit naissance sous le ciel brlant des Tropiques et comme le chevaliel' de Saint Georges eut fait bonne figure la cour la plus raffine. C'est son exotisme lui. Damocls Vieux nous est surtout sympathique, moins pu !Iles pomes d'intimit d'un sentimenl trs dlicat, d'une musique fine, que par la peinture des paysages hatiens, o il sait dcouvrir des correspondances im-> prvues. Colf Plage, Furcy, qu'il a dcrit en coloriste . hahile, en peintre minutieux. Les lieux o l'on fut heul'eux se mlent dans noIre sou ven il' l'vocation des images e notre bonheur. on ne peut rappeler ces instants nlres. ces minutes blouies sans que ne surgisse aussitt le dcor inoubliable .... SUI' nos proches devanCiers, Luc Grimard, Dominique Hyppolite, Burr-Raynflud, Henri Durand il est difficile de pOlter un jugement dfinitif. BUIT-'Ravnatld dont deux volumes onl permis d'apprcier le talent souple. Dominique Hyppolite, Ed Numa. sonl plutt des potes du terroir. Lon Laleall est un pote d'intimit qui situe ces rves (Il.lelque part... Ailleurs ... n'importe o YOUS vou.Irez. dans un d('or des conles de Shakespeare des nuits de Musset, une Italie de fantaisie .. Luc Grimard SUl' son fifre de bambou chanlera ses joies mles inlimement au souvenir des lieux cbers Le groupe la Revue indigne , venu aprs des sicles de litle:rature rrafti'ase, la tle lourde, oreilles
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fi) plyines des lllus(IUt's entendlll's, les yeux fntgu('s de!') IHl'ysnges de civilisalions, V ('li 1 ouhlier les cmlel:c('s rOIlnues el sa\;anles, les llwg<'s loult's faill-s des BUtres, lira dans le IhTe dl' la nalul'e, di'HI\Tu' le monde par ses yeux. Le monde exlrieur exisle pour nOlis -I(Au centre du monde balle cur de rhomme >l -el voil concili les deux idi'alsdu pass rull.is. Le monde cxtl'icll1' existe pour nous. nslri.lments de connaissance. nos Sl'IIS qui nOlis permellenl de 1'1'1 border. sont neufs, des sel:s viel;ges de gs et de primitifs. Les fouleurs, pur nos )eux avides. sont happes nvee volupt. Quel plaisil'de dl'ouverte 1 Savoil' regarder, combien Cil sont capables, dcouvl'ir entre les choses le rapport secrel, qui les unit, le lien tnu et mntrieux. Donner l'impression. de nouveaut au rnpport" consilli. le plaisir de surprise. l'impl'ssion de scurit. lalll ('s\ rigoureuse l'xarlilude fidle de l'obscI'\'Hlion. L'tranger cnllh qui observe les choses dll'z nous 'l'ouit d'une perception plus nigue et plus pl'omple de eurs associations ou de leurs anlinomies, rnu:('e qu'elles le hem'tent d:l\'anlage. sont plus rxtrieures Il lui. lui uppal'aisscnl en relier. .. L'habilude elldol't nos sens. l'I1101lSSL' notrc sClisibilili', les points de l'omp:lI'aison IIOlIS IIHlIHIllenl, les eonlru,\tes aussi. Le pote se promnera (JOIlC dalls Ic jHl'dill des Htll'Hhu'es lran!{t>I't's. nOI) p(lllr y prelllll'(.' des imnges, olt des imilalions, mais pOlir mieux se 1'('11<))'(.' compte. par les dl' son Le peuple que Il'emharassenl pm,I('s Ih{'ol'{'s, IV' pt"U-ple,com,ne l'ellf:mt. ('sI poNe. . Cius tire des ('Oilles SOll5 la lonnell<'. (jtilll Hm: hois st'(' muJatressc veines cou hl('ues: palmiste Cius vl>nt dl' raire uvre de poi'le, il U "li ler;'llmiste comme une belle lemme. El ]'o01I)l'e, commcnt hl voil il '! CI m'l. pn'IH! 111' Il Me voici, viens me prendre. Cesl hl part(! de ('uchecache avec Il' mirage dcevant. Lu lumire, piti. pili, . plein nlilll' toule petile. elle emp lit ln maison. fi) plyines des lllus(IUt's entendlll's, les yeux fntigu('s de!') IHl'ysnges de civilisalions, v('ul ouhlier les cmlel:c('s rOIlnues el sa\;anles, les llwg<'s loult's faill-s des BUtres, lira dans le IhTe dl' la nalure, di'HI\Tu' le monde par ses yeux. Le monde exlrieur exisle pour nOlis -I(Au centre du monde balle cur de rhomme >l -el voil concili les deux idi'alsdu pass rull.is. Le monde cxtl'icll1' existe pour nous. nstri.lments de connaissance. nos Sl'IIS qui nOlis permellenl de 1'1'1 border. sont neufs, des sel:s viel;ges de gs et de primitifs. Les fouleurs, pllr nos )eux avides. sont happes nvee volupt. Quel plaisil'de dl'ouverte 1 Savoil' regarder, combien Cil sont capables, dcouvl'ir entre les choses le rapport secret, qui les unit, le lien tnu et mntrieux. Donner l'impression. de nouveaut au rnpport" conslni. le plaisir de surprise. l'impl'ssion de scuril. lalll ('si rigoureuse l'xarlilude fidle de l'obscI'\'Hlion. L'tranger cnllh qui observe les choses dll'z nous 'l'ouit d'une perception plus nigue el plus promple de eurs associations ou de leurs antinomies, pII.I:('e qu'elles le hem'tent d:l\'anlage. sont plus rxtrieures Il lui. lui uppal'aisscnt en relier. .. L'habitude elldol" nos sens. l'I1101lSSL' notrc sClisibiliti', les points de l'omp:lI'aison 1I0lIS IIHlIHIlIcnt, les eonlru,\tes aussi. Le pote se promnera (JOIlC dalls Ic jHl'dill des Htll'Hhu'es lran!{t>I't's. nOI) p(lllr y prclllll'(.' des imnges, olt des imilalions, mais pOlir mieux se 1'('11<)1'<.' compte. par les dl' son Le peuple que Il'emharassenl pm,I('s Ih{'ol'{'s, IV' pt"U-ple,com,ne ('si poNe. . Cius tire des ('Oilles SOll5 la lonnell<'. (jtilll Hm: hois st'(.' muJatressc veines cou hl('ues: palmiste Cius vl>nt dl' raire uvre de poi'le, il U "li ler;'llmiste comme une belle lemme. El ]'omill'e, comment hl voil il '! CI m'l. pn'IH! 111' Il Me voici, viens me prendre. Cesl hl part(! de ('uchecache avec Il' mirage dcevant. Lu lumire, piti. pili, . plein nlilll' Ioule petile. elle emp lit ln maison.
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Ces dfinitions. ccs devillcllcs sont le premier mot d'ull \'cl's,.le premier adH'IllIlt'mcnt \'crs la posie, la \'l'Hie posie du ll'l'I'oil'. l':lct'ourt'i elliptique et potique d'li Il peuple (' \J l'lin L a quatrc ails (les yeux lolJns ct ravis qui ('l'cellt nlentoul' d'elle LIll llni\,t.'I's mt'I'\'eilleux, Nicole (' ,il Lee Ilwlges s'tllll0llClellt dallS If ci('j d't, cs nUHhlall<'s. ils courenl el se POUI'SlIiV('III. celui qui a la formc d'LIll chal. le chul de la mre Michel, ou SOli ('oule chat boU, faisanl le gros dos s'avance vers la luIle hll'lllc bien heulTe -(,t d'une hOllche il nvalc ln lune, pleu!'t, La posie el la vic St' IlIlellt en SOli mc candide. Les p:lsscul cl l'epassent sUl',ln lune, H Regarde. COllltlH..' 011 halaie IH IUIH.' )) LI \'l'Hie pol'sil'. nHis Ile la pCI'CC\'l'Z .IHIlHlIS SI \'OUS Il'avez pas "mc d'lIll pctit cl1ranl. La \T:lc poesie, je la tl'Ou\'e dUlls les refnlills que 1I0llS ('hantaient le soir les nourriccs noires. qui ber":' Ilolrcenfunce. Dodo dodo pitite moin, crabe Ilan cnlaloll. crihiche llall gomho, (1 I}odo pitite Illoin les hel'ceuses Icnles cl douces au rythllle apais ... L('s chansons des ( reines-chanlel'clls qui mnenl hs danses champtres. Et'olltt,Z la chanson de la jeune en\'oute Feuille 11H11 hois, {'ot ou pral Feuille, t>. {'ol ou pral Feuille !Hlll bois, t'ol ou pnd Cfl!le bOllmba :\.l'exis (). (' a III 'pm: vil' Alexis 6 cot Ol! prnl :\Iexis e a Ill'pas "I . bOllmbfl quim/l moill l'olldol'<'> est riche de chansons pare-illes. C'est le hruit cles hlms-Iams conviant lu danse d'un moril l':llltre. rappel des Illmbis, cri rauque d'humanit abois. c'est le rythme trpidant et sensuel d'une m"lllgue avec sa mlancolie lascive, qui doit passer dans noire f>osie( afl notation sera directe. de nos mois, et porsol1nelle.1\ol1 des \'t'S mais la posie. Les querelles Ces dfinitions. ccs devillcllcs sont le premier mot d'ull \'cl's,.le premier adH'IllIlt'mcnt \'crs la posie, la \'l'Hie posie du ll'l'I'oil'. l':lct'ourt'i elliptique et potique d'li Il peuple (' \J l'lin L a quatrc ails (les yeux lolJns ct ravis qui ('l'cellt nlentoul' d'elle LIll llni\,t.'I's mt'I'\'eilleux, Nicole (' ,il Lee Ilwlges s'tllll0llClellt dallS If ci('j d't, cs nUHhlall<'s. ils courenl el se pOUI'SlIiVl'lIl. celui qui a la formc d'LIll chal. le chul de la mre Michel, ou SOli ('ou!\in le chat boU, faisanl le gros dos s'avance vers la luIle h:ll'lnc bien hculTe -l't d'une houche il nvalc ln lune, pleu!'t, La posie el la vic St' IlIlellt en son mc candide. Les p:lsscnl cl repassent sUl',ln lune, H Regarde. COllltlH..' 011 halaie IH IUIH.' )) LI \'l'Hie pol'sil'. nHis Ile la pCI'CC\'l'Z .IHIlHlIS SI \'OUS Il'avez pas "mc d'lIll pctit cl1ranl. La \T:lc poesie, je la tl'Ou\'e duns les refnlills que 1I0llS ('hantaient le soir les nourriccs noires, qui ber":' ('l'l'nl Ilolrcenfunce. Dodo dodo pitite moin, crabe Ilan cnlaloll. crihiche llall gomho, (/ I}odo pitite Illoin les herceuses Icnles cl douces au rythllle apais.,. L('s chansons des ( reines-chanlel'clls qui mnenl hs danses champtres. Et'olltt,Z la chanson de la jeune en\'oule Feuille 11H11 hois, {'ot ou pral Feuille, t>, {'ol ou pral Feuille !Hlll bois, l'ol ou pnd Cfl!le bOllmba :\.l'exis (). (' a III 'pm: vil' Alexis 6 cot Ol! prnl ,,,lexis e a Ill'pas "I . bOllmbfl quim/l moill l'olldol'<'> est riche de chansons pare-illes. C'est le hruit cles hims-Iallls conviant lu danse d'un moril l':mtre. rappel des Illmbis, cri rauque d'humanit abois. c'est le rythme trpidant et sensuel d'une m"lllgue avec sa mlancolie lascive, qui doit passer dans noire f>osie\ afl notation sera directe. de nos mois, et porsol1nelle.1\ol1 des \'t'S mais la posie. Les querelles
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53 LA REVUE INDIGNE prosodiques nous font rire. Les pdants solennels dis cutent, la source chante, le ruisseau sur les galets sus sure, un air nouveau, un merle ironique a siffl leurs discours. Comptez sur vos doigts les battements de nos curs. J'ai peur de parler devant lui me dit Petit Pierre. C'est un monsieur trop savant. Il voudrait corriger les faulrs d'orthographes que je fais en parlant Nous laissel'onscomme dit Phito, ces ('uistres prtentieux brouter les couronnes mortuaires sur les tombes des cimetires --.:. antiques et solennels 1 Mon ami Phillipe Thoby-Marcelin se promne' un soir auChamps-de-Mars; Il voit la, lune dans un halo et l'image suivante s'impose a lui. La lune au centre d'un halo se dilatait comme pupille d'un chllt D'un aulre soir Cette lune, comme un il rouge. Je tranais des songes dolents Parmi la canaille des bouges. L'angoisse au cou, nud coulant. De Roumer. cette notation La fa.im donne il la hou che un gont de quinquina Pour Jacques Roumain. La pluie dac'()'lo tapote sur les ,Et je pourrais multiplier les'l'ilalions. Si nous crivons en franais. nOlis sommes, il ne faut . pas J'oublier, des trangers, peu-t-ll'e mmedts barbares, nOlis suivre les de snsibilit. essayel' d'imiler; ,mais nOlis de"'ons I"cndre nos sensations, exprimer nos sen!iments. Nos . sont traduits de ('t'sl la tradlldiun d'ftats d'me qui nous sont pl'o(>rt"s. La g"ande rgle n'est elle pas de 1>laire, peu importe la formule myslrif'lls(' . suivant laquelle s'opre 111 transmutation, homme respire le parfum. s'enchante de la 11111siqne si elle l'meut. Le l'esteestlitt.l'all1re. NORMIL SYLVAIN 53 LA REVUE INDIGNE prosodiques nous font rire. Les pdants solennels dis cutent, la source chante, le ruisseau sur les galets sus sure, un air nouveau, un merle ironique a siffl leurs discours. Comptez sur vos doigts les battements de nos curs. J'ai peur de parler devant lui me dit Petit Pierre. C'est un monsieur trop savant. Il voudrait corriger les faulrs d'orthographes que je fais en parlant Nous laissel'onscomme dit Phito, ces ('uistres prtentieux brouter les couronnes mortuaires sur les tombes des cimetires --.:. antiques et solennels 1 Mon ami Phillipe Thoby-Marcelin se promne' un soir auChamps-de-Mars; Il voit la, lune dans un halo et l'image suivante s'impose a lui. La lune au centre d'un halo se dilatait comme pupille d'un chllt D'un aulre soir Cette lune, comme un il rouge. Je tranais des songes dolents Parmi la canaille des bouges. L'angoisse au cou, nud coulant. De Roumer. cette notation La fa.im donne il la hou che un gont de quinquina Pour Jacques Roumain. La pluie dac'()'lo tapote sur les ,Et je pourrais multiplier les'l'ilalions. Si nous crivons en franais. nOlis sommes, il ne faut . pas J'oublier, des trangers, peu-t-ll'e mmedts barbares, nOlis suivre les de snsibilit. essayel' d'imiler; ,mais nOlis de"'ons I"cndre nos sensations, exprimer nos sen!iments. Nos . sont traduits de ('t'sl la tradlldiun d'ftats d'me qui nous sont pl'o(>rt"s. La g"ande rgle n'est elle pas de 1>laire, peu importe la formule myslrif'lls(' . suivant laquelle s'opre 111 transmutation, homme respire le parfum. s'enchante de la 11111siqne si elle l'meut. Le l'esteestlitt.l'all1re. NORMIL SYLVAIN
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ENTRE NOUS: EMILE BOUMER Chez Florvil. . Coiu de taveme mlallcolique en celte fiu tl'uprs midi lourde. La table rche. et qu'a marque l cul dei cornets ds. Les murs suintants d'humidit. Des banc!. -NOliS avons clos la pOl'te qui doulle sur la vie fi vreuse des Tristesse des salles dsertes. Fume bleue des cigares. en face des bocks vides, Nous avons clos ln porte, Et ce silence. et cette ombre allonge au pied des murs, tout cela nous isole cre une atmosphre apciale de tabac et de vagabolidnge intellectueL .. Roumer parle. HOllmcl': toul rond. Une bOllne lle l'ollge. joviale, candide, Derrire les IUllelles des petils yeux yu'un tic nerveux rait dignotcl', Le geste est large, puissant. Une ,:ie brlante t'II l'uyonlle. qui ,"OllS inonde, VOliS avale: Etille Roumel' dy"amique. . COlllment je dbutai? Il a l':II' de trs S'llllluscr. COlllllle qui dirait en soi: ( Ah hilllllt" blague 1 Il Les petils yeux rient uvee plus de malice. El Ilussi toute la bonne face l'onde et rouge, C'tait HU lyce ;\lichelet olt je 'faisais ma philosophie. Quelques amis\ dont ce Jean Claude Aujame. peintre de": IHlis, et qui devait. vingt ans. exposer au Salon une uHt' rcmarqlmblc.me dfit'ent d'entrer aux Annales.l'evue trs ce qn'ils disaient. Vous devinez ma vanit d'Hatien IlIque, Pari. Discusion. etqui termina par renvoi dt' quel(Ines Uns de mes pomes Madame Sarcey sous .Ja signalure d'Emi1ius Niger. YOllS avouerai-je qt'le je ne fus pas IIf'u moi-mme
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la conql1te de Paris! Il Y:lyait dllllS DOIl Quichotte" .. Ce fut llli qui, cependant qu'ell Angleterre. el dmls ce centre d'tudes fOl'lllidable qu'est le Fhc Rferenee Lihrnry. je IHlss1Is mes journesit ludier, s'o(,("lIJla de r(\ditioll dc mon \'olullle: Les. Pomes dliaiti ct de FI'lIlICC • .L-Quel fllt l'accur.ll de la ? --Elogieux. Andr :\101'3. NolSabnrd. La Pellse Lal.ille.o. -Je me rappele. ('f[et atioil' III ulle tud(' de la Pense Latine el qui rendait C(' dOl! m.mt'l que voU!; al1e=. el la mllsicalit de. votre l'ytbme. -Vous tonnenl-je Cil YOUS disallt (fUt' ln plupart des encouragements qlle j'ni rencolllrs Ille yjt'IlIH'111 d'('tn.Hl gers? (Naturellement, ces nulems inshlut'llt sur cc point que c'lait une LH'I'e de dbut). -Tandis qu'ml contraire, la presse hatienne il part lin Hrtide d'Alldf' dans la Nouvelle Ronde, el le Temps de l'cl l'rinln CJu'est rest Moravia ne Ille eOllsacrnt que de hanuls lIyis de rception et se mOllirait d'tlne nb!'oluc IHiilrt'l'('ncc enyers l'uvre,llonpasdMillilh'e, Ilwis qu<'ppelldnnl lllrlnllllieux, q'ull jeune HniticlI. -Et l'impn's\'1ion lice(' .ne de kola () sa pnill(/' d:ll1s(' l!rt' gigut' fanlllsqlH' rOll\' r('P0ntire .... Je vis qlle .le Ill' seraisjnlllas dalls mOIl pnys-. . 11 y Il dans l'e milieu lIll gol l'ail, (llTl. O I\'CIl SOl'I pas. celui ('Iabli pur ('es Olibrius qui ponr tl'OUYl'r tlllt' rime plus ou moills cOllvellahlt',IH' l'l'culeront pas d("'[\l11 Its inepties, hons faiseurs (le /loi'mes pOllrjt'IIlH>S filles, mois 1'\ qui Ic SN1S de l'mt fnil nhsolUI1H'nt dHal1t. :\Ir. 'lHtre)'. cet enlreprelwllI' de pompes funhres gnl' ne de kola () sa pnill6' d:ll1s(' l!rt' gigut' fanlllsqlH' rOll\' r('P0ntire .... Je yis qlle .le Ill' seraisjnlllas dalls mOIl pnys-. . 11 y Il dans l'e milieu lIll gol l'ail, (llTl. O n'cil SOl'I pas. celui ('Iabli pur ('es Olibrius qui ponr tl'OUYl'r tlllt' rime plus ou moills COllyellahlt',IH' reculeront pas d('\"[\11 1 Its inepties, hons faiseurs (le /loi'mes pOllrjt'IIlH>S filles, mois 1'\ qui Ic S('llS de l'mt fnil nhsolUIlH'nt dHal1t. :\Ir. 'lHtre)'. cet enlreprelwllI' de pompes funhres gnl'
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1..\ IlE\'CE I:-';OIG:\I:: mais de la vic. Il lie peut seulement <{uc nOUli seuls voulions crire d'ulle ccrtuille faon, ct qui est ln notation exacte de IIOS ractiollli La sincrit cn urt, voil ce (lue nous demandons, et.. ..... Je senlis (lue l'entretien dviait. J'v l'amenni Rouiller en lui demalldant quels taient ses ll1ultl:es, . En tte: La forgue. Le Vcrlninc des Fles Gulanles. Toulet. JOli .-\suncion Sil\'ll, -= l'olls a'vf'= eu li subir des influence ... bien dissensable,: Vel'laille et TOlliet par exemple. -di!: le ,Verlaine des Fles Galuntes. trli du myticisme de Sagesse, cl (jui, plll' qrlilite de strophes telles (lue celle-ci Lunure le sol, Pierrot qui d'ull saui . De pu<.'e Franchit le buisson, Cassandre sous son Capuce ...... s'appllrcnle ddemment il ccl OI'fvre dlicat q\l'esl le Toulet des eontrerimcs. l'ons live: parl de .Jos .4.s11I/COII Si/lm. S'avez vous pas {'Il (i llli (,oll.'ocrer ulle cOlljrence ? . Oui, A Jrmie, .Je voulais tablir ses 111pports, et qui Ill'anlient frap,p, avec un de nos plus grands crivains, EfllllOlld Larores!. Physiquement, ils se ressemblaient. Des 'Ilhologi'aphies que je pourrais VOllS montrer, en font roi. Tous deux, fins lellrt's, vivent dans un milieu hestile, qui ne peut pas les comprendre. Ils finh.sent galement plll' le suicide. Clll'ieux. -[l's. Mais c'est llujourdlHli un fait tabli que des familles tnlllsplantes dans un milieu diffrent de leur pays t1'origine finissent. au bout de quelques gnrations, par subir des transformations telles qu'elles se trouvent assimiles nu nouveau corps social dont elles font partie. Un "blond de Pomranie, balourd, buveur de bire, transplant avec sa ta mille l\Iarseillt!, donnera infailliblement, au bout de quelqu temps, une descendance proche de cette race chaude, mousseuse des Provenaux. . -Je ne vois pas o cela tend -Excusez moi. Laforest et ASl1ucion, tous deux sous un mme climat, dans des pays continuels 1..\ IlE\'CE I:-';OIG:\I:: mais de la vic. Il lie peut seulement <{uc nOUli seuls voulions crire d'ulle ccrtuille faon, ct qui est ln notation exacte de IIOS ractiollli La sincrit cn urt, voil ce (lue nous demandons, et.. ..... Je senlis (lue l'entretien dviait. J'v l'amenni Rouiller en lui demalldant quels taient ses ll1ultl:es, . En tte: La forgue. Le Vcrlninc des Fles Gulanles. Toulet. JOli .-\suncion Sil\'ll, -= l'olls a'vf'= eu li subir des influence ... bien dissensable,: Vel'laille et TOlliet par exemple. -di!: le ,Verlaine des Fles Galuntes. trli du myticisme de Sagesse, cl (jui, plll' qrlilite de strophes telles (lue celle-ci Lunure le sol, Pierrot qui d'ull saui . De pu<.'e Franchit le buisson, Cassandre sous son Capuce ...... s'appllrcnle ddemment il ccl OI'fvre dlicat q\l'esl le Toulet des eontrerimcs. l'ons live: parl de .Jos .4.s11I/COII Si/lm. S'avez vous pas {'Il (i llli (,oll.'ocrer ulle cOlljrence ? . Oui, A Jrmie, .Je voulais tablir ses 111pports, et qui Ill'anlient frap,p, avec un de nos plus grands crivains, EfllllOlld Larores!. Physiquement, ils se ressemblaient. Des 'Ilhologi'aphies que je pourrais VOllS montrer, en font roi. Tous deux, fins lellrt's, vivent dans un milieu hes tile, qui ne peut pas les comprendre. Ils finh.sent galement plll' le suicide. Clll'ieux. [l's. Mais c'est aujourd'hui un fait tabli que des familles tnlllsplantes dans un milieu diffrent de leur pays t1'origine finissent. au bout de quelques gnrations, par subir des transformations telles qu'elles se trouvent assimiles nu nouveau corps social dont elles font partie. Un "blond de Pomranie, balourd, buveur de bire, transplant avec sa ta mille l\Iarseillt!, donnera infailliblement, au bout de quelqu temps, une descendance proche de cette race chaude, mousseuse des Provenaux. . -Je ne vois pas o cela tend -Excusez moi. Laforest et ASl1ucion, tous deux sous un mme climat, dans des pays continuels
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LA RE\'L'E !\emblables, portullt des mes de civiliss purmi
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1 • .\ REVUE lXJ:IIGNE 5g Conception lIouvelle en Hati? ...... Attente. Dans la clart neuve des lampes, mon crayon ('st un blon noir. lev 1 --Je ne snis pas. Dcidment. il. se drobe. Je l'accule pal' une question di recte -Que de la littm/ure /lailienne 1 --De Parny Lon Dierx, les crivains hatiens Il"0 nt rait que reflter les diffrentes coles qui se sont succdes en France. Pouvaient-ils d'ailleurs faire autrement 1 ... Deux, noms, selon moi, dominent: Elzer Vilair, Edmond Larorest. J'ai lu en effet les uvres compltes de Vilaire. QueUe motion tragique dans ces dix hommes noirs 1 Cet homme a .su, mieux que tout autre. traduire (me incer/(line de toute une gnration. Du souffle. Du gnie. Et notez qu'avec cela il l'$IUIl sr artiste. Laforest' allssi est lln sr artiste, VOliS avez dll lire ses Sonnets C'est. selon moi, ce ql1e l'on a dll. 'pu blier de plus parfait en Haiti. Les sonnets Mdaillons resteront. -. Ne pa." lUI renouveau littraire. depuis quelques temps ? -Debout, le chapeau sm la tte, fl'ais, souriant. prt pour la rUIl!, il repond : --Un renouveau 1 Jamais de la vie. Une continuation. Le Vritable renouveau, il ne s'est encore manifest. Il ae prpare. Comme tout ce qui dOIt exercer une pousse dfi nitive. il se recueille ... Il attend. ANTONlO V lEUX 1 • .\ REVUE lXJ:IIGNE 5g Conception lIouvelle en Hati? ...... Attente. Dans la clart neuve des lampes, mon crayon ('st un blon noir. lev 1 --Je ne snis pas. Dcidment. il. se drobe. Je l'accule pal' une question di recte -Que de la littm/ure /lailienne 1 --De Parny Lon Dierx, les crivains hatiens Il"0 nt rait que reflter les diffrentes coles qui se sont succdes en France. Pouvaient-ils d'ailleurs faire autrement 1 ... Deux, noms, selon moi, dominent: Elzer Vilair, Edmond Larorest. J'ai lu en effet les uvres compltes de Vilaire. QueUe motion tragique dans ces dix hommes noirs 1 Cet homme a .su, mieux que tout autre. traduire (me incer/fline de toute une gnration. Du souffle. Du gnie. Et notez qu'avec cela il l'$IUIl sr artiste. Laforest' allssi est lln sr artiste, VOliS avez dll lire ses Sonnets C'est. selon moi, ce ql1e l'on a dll. 'pu blier de plus parfait en Haiti. Les sonnets Mdaillons resteront. --Ne pa." lUI renouveau littraire. depuis quelques temps ? -Debout, le chapeau sm la tte, fl'ais, souriant. prt pour la rUIl!, il repond : --Un renouveau 1 Jamais de la vie. Une continuation. Le Vritable renouveau, il ne s'est encore manifest. Il ae prpare. Comme tout ce qui dOit exercer une pousse dfi nitive. il se recueille ... Il attend. ANTONlO V lEUX
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Quelques Dfinitions de la Posie II GEORGES ... , Quand nous pronOnons Je mot posie. nou!; pensons cet art profond. ,puissant. dlicat et grave qui permet l'homme de se mieux ('onnHll'e lUI-mme; nous pensons ctlte flanlme ,scintillante el farouche qui permet l'esprit de s'nventlll'er dans J'inconnu. de pntrer chaque jOli l' plus :l\'anl dans .!('s lnl,bresdu monde et du cu l' ..... ,La vraie polllie est ,un ustrumcut. o cOnnaiI"81\IJCe, ,Connatre le monde! Est-il pour l'esprit une autre carril'e ? Tous IlOS efforts; tous nos tra\'aux lendenl-ils autre chose qu' J'intelligellce de ce qui nous enloure" 0,' au centre du lllOlHle. bal Il' ('ul' de l'holllllle ell lequel sel'flch:sscnl et st.' r('slIl11cnl thus les 'aspects, tous les spectacle::, ' La,'ieille maxime soel'aliqlle uConnais-toi.toi mme. re!;te la h:lse de Joui sa\'oI', t' ln posi{' OI'ie pa:; qllelqut' lumil'j'(' SUI' noire lllt' Il'esl roinl posie "{'l'j'able. Elle P('II! l"eprH'nlel" Ill! jeu pla.isard. llll di\'erl.issemelll b:Hlin. 1111(' 3cro1>:1I;(' \'('1'1>:11 t', ('litn'esl pas digne du tWill de POl'S<.> . ....... l'me Illlmnnt n'l's' IHlS confine il lntl'-1'.eul' de l'homme, ellt' est mnnireste au dehors. elle se rpand dans le temps el dans l'espnce: elh.' forme. entre les individus. un lien t'onlillll; elle imprgne mme l'univers BUltl'je! el communiquc un sellS aux objels en apparence imrllims. L'homme est parloul comme une sorle de vl'il latente toujours St'Ilsible au et au cllr' du pote, ......... Ainsi dfini le fond m-me de celte posi(' 'mcderne, je dois ajouter qu'eHen'csl pns le moins du mondc alourdie d'idologie. Elle ne rappelle en aueunt' faon c(>s fasl id jeu x (Ill i ressemblen t des Quelques Dfinitions de la Posie II GEORGES ... , Quand nous pronOnons Je mot posie. nou!; pensons cet art profond. ,puissant. dlicat et grave qui permet l'homme de se mieux ('onnHll'e lUI-mme; nous pensons ctlte flanlme ,scintillante el farouche qui permet l'esprit de s'nventlll'er dans J'inconnu. de pntrer chaque jOli l' plus :l\'anl dans.!('s lnl,bres du monde et du cu l' ..... ,La vraie polllie est ,un ustrumcut. o cOnnaiI"81\IJCe, ,Connatre le monde! Est-il pour l'esprit une autre carril'c ? Tous IlOS efforts; tous nos tra\'aux lendenl-ils autre chose qu' J'intelligellce de ce qui nous entoure" 0,' au centre du lllOlHle. bal Il' ('ul' de l'holllllle ell lequel sel'flch:sscnl et st.' r('slIl11cnl thus les 'aspects, tous les spectacle::, ' La,'ieille maxime soel'uliqlle uConnais-toi.toi mme. re!;te la h:lse de Joui sa\'oI', t' ln posi{' OI'ie pa:; qllelqut' lumil'j'e SUI' noire lllt' Il'esl roinl posie "('l'j'able. Elle P('II! l'eprH'nlel' Ill! jeu pla.isard, llll di\'erl.issemelll b:Hlin. 1111(' ncro1>:1I;(' \,<'l'I>:dt', ('litn'esl pas digne du tWill de POl'S<.> . ....... l'me IlllmnIH' n'l's' IHlS confine il lntl'-1'.eul' de l'homme, ell(' est mnnireste au dehors. elle se rpand dans le temps el dans l'espnce: elh.' forme. entre les individus. un lien t'onlillll; elle imprgne mme l'univers BUltl'je! el communiquc un sellS aux objels en apparence imrllims. L'homme est parloul comme une sorle de vl'il latente toujours St'Ilsible au et au ClI" du pote, ......... Ainsi dfini le fond m-me de celte posi(' 'mcderne, je dois ajouter qu'eHen'csl pns le moins du mondc alourdie d'idologie. Elle ne rappelle en aueunt' faon c(>s fasl id jeu x (Ill i ressemblen t des
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60 trails de philosophies versifis. La posie, s'efforce "Iuggrcl' l'me par la peinture du cOllcert. Alors mme qu'elle s'intresse il des phnomnes purement phsycologiques elle Je rail de faon direclt>, en appelant les c:hoses pur leur nom. sans rt'('ourir lHIX dtours et llUX artifices du svmbole. J Elle ne s'exprillle donc plus pal' allusion, mais directement. Elle llborde de front toutes les difficults de l'expression. En cela elle se rapproche de l'art classique. Elle fait un large et audacieux emploi. dfs images. De tout temps l'image fut un merveilleux mode d'expression ... alors que le symbole dveloppe longuement les analogies que l'on peut dcouvrir entre deux ordres de phnomnes el. le plus souvent entre des 'Qbjels COI1-creIs et des vrits abstraites, l'image est, au contraire, tlne opration quasi instantane, Son efficacit tient il <\a concision. Bien entendu elle comporte aussi le rapprochement de deux ides. De rapprochement, jaillit comme une tincelle, une lueur brve et fulgurante. A 1:1 faveur de cet clair. les deux objets primitivement distants, sc rvlent. s'expliql1ent. Un l'apport imprvu :\(' trouve etahli qui nous renseigne profondement SUI' les ides .mises ell prsence. Dans un pome symbolisle, nous dcouvrons rapidement qu'aucun des objets dpeints ne signifie titriCtement t.'e qu'il est: la mer reprsentera la destine. une lour representer3 l'ol'gu('il, une rose' la beaut. une main tendue, la concOI'de, une fentl'e. l'esprance. Dans hl posie moderne rien de tel; les choses sont ligures pour elles mmes. L'image sert 'nous en donner une intelliplus aigu et non pas garer notre pense sur des gnralits abstraites. ' ... Vous regardez un arbre d'hiver. Tout de suite cette ('omparaison s'impose. 1':8rbl'<', comme une cage vide . •... Voulez-vous penser un de ces sombresjour$ o la lumire mme semble se dsintresser des hom'''nes. 60 trails de philosophies versifis. La posie, s'efforce "Iuggrcl' l'me par la peinture du cOllcert. Alors mme qu'elle s'intresse il des phnomnes purement phsycologiques elle Je rail de faon direclt>, en appelant les c:hoses pur leur nom. sans rt'('ourir lHIX dtours et llUX artifices du svmbole. J Elle ne s'exprillle donc plus pal' allusion, mais directement. Elle llborde de front toutes les difficults de l'expression. En cela elle se rapproche de l'art classique. Elle fait un large et audacieux emploi. dfs images. De tout temps l'image fut un merveilleux mode d'expression ... alors que le symbole dveloppe longuement les analogies que l'on peut dcouvrir entre deux ordres de phnomnes el. le plus souvent entre des 'Qbjels COI1-creIs et des vrits abstraites, l'image est, au contraire, tlne opration quasi instantane, Son efficacit tient il <\a concision. Bien entendu elle comporte aussi le rapprochement de deux ides. De rapprochement, jaillit comme une tincelle, une lueur brve et fulgurante. A 1:1 faveur de cet clair. les deux objets primitivement distants, sc rvlent. s'expliql1ent. Un l'apport imprvu :\(' trouve etahli qui nous renseigne profondement SUI' les ides .mises ell prsence. Dans un pome symbolisle, nous dcouvrons rapidement qu'aucun des objets dpeints ne signifie titriCtement t.'e qu'il est: la mer reprsentera la destine. une lour representer3 l'ol'gu('il, une rose' la beaut. nne main tendue, la concOI'de, une fenll'e. l'esprance. Dans hl posie moderne rien de tel; les choses sont ligures pour elles mmes. L'image sert 'nous en donner une intelliplus aigu et non pas garer notre pense sur des gnralits abstraites. ' ... Vous regardez un arbre d'hiver. Tout de suite celte ('omparaison s'impose. 1':8rbl'<', comme une cage vide . •... Voulez-vous penser un de ces sombresjour$ o la lumire mme semble se dsintresser des hom'''nes.
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61 LA REVUE INDIGNE Le jour restait dehors Comme n homme tranger. L'immensit d'un ciel pluvieux. L'espace i)nivr de pluie Se dilate comme un coeur. La mer et ses fureurs. L'eau colossale qui songe aux temptE's. Le vent. Le vent pOliSse un soupir ternel-puis qui finit. (CONFERENCIA 1er Septembre 1921 ) l\IADAl\IE EDMOND LAFORES1' Que le sommeil te prenne en .ses lgers rsenux et de pavots subtils t'enchante jusqu'aux os. Dj. dansJ'ombre dense el qui tombe en ln place l'air charg de fluide est une p.eau de. cbat. Et tu fermes tes yeux et qui dfie.nt la glace du temps, dans leur lumire o l'amour se (oudu .. Et j'aime au soir de juin ou tu reposes lasse, ton front qui dodeline en un doux y,rONNE lIAC-GUFFJE J'ai des cheveux (( auburn n, des veux comme une source et qui, glisse emportant des jasnlin3 dans sa course. suis Yvonne et Je monsieUl' qni fit ces vers. le mnsieur laid me dit Voyollne avec dlice. Je suis toute petil et dj dans mes fers j'ai Illon Ipote et que je boude pnr malice, . Tout comme une grande personne j'ai nerfs, je suis Yvonne el ma fossette est un calice. ",;'/-"" ,', DANS ,'EnGER. Un palmiste unicorne et la lune 811 sommet f ... o soir de pay,s que je sente jamais ton odeur de Jasmms et de Inangues cannelles. Er'sur le mur la douce entant lUe dit: Milo ... Voix de cristal, 0 diamants de ses pruneHes L.. Un parfum, de fruits mrs s'alanguit dans rencJos. -Mi10 J redit Jeannine au cri des sauterelles .. , Et nous bnit sainte la Lune el son halo. ROUMER Cabiche : eomnoleJlce 61 LA REVUE INDIGNE Le jour restait dehors Comme n homme tranger. L'immensit d'un ciel pluvieux. L'espace i)nivr de pluie Se dilate comme un coeur. La mer et ses fureurs. L'eau colossale qui songe aux temptE's. Le vent. Le vent pOliSse un soupir ternel-puis qui finit. (CONFERENCIA 1er Septembre 1921 ) l\IADAl\IE EDMOND LAFORES1' Que le sommeil te prenne en .ses lgers rsenux et de pavots subtils t'enchante jusqu'aux os. Dj. dansJ'ombre dense el qui tombe en ln place l'air charg de fluide est une peau de. cbat. Et tu fermes tes yeux et qui dfie.nt la glace du temps, dans leur lumire o l'amour se (oudu .. Et j'aime au soir de juin ou tu reposes lasse, ton front qui dodeline en un doux y,rONNE lIAC-GUFFJE J'ai des cheveux (( auburn n, des veux comme une source et qui, glisse emportant des jasnlin3 dans sa course. suis Yvonne et Je monsieUl' qni fit ces vers. le mnsieur laid me dit Voyollne avec dlice. Je suis toute petil et dj dans mes fers j'ai Illon Ipote et que je boude pnr malice, . Tout comme une grande personne j'ai nerfs, je suis Yvonne el ma fossette est un calice. ",;'/-"" ,', DANS ,'EnGER. Un palmiste unicorne et la lune 811 sommet f ... o soir de pay,s que je sente jamais ton odeur de Jasmms et de Inangues cannelles. Er'sur le mur la douce entant lUe dit: Milo ... Voix de cristal, 0 diamants de ses pruneHes L.. Un parfum. de fruits mrs s'alanguit dans rencJos. -Mi10 J redit Jeannine au cri des sauterelles .. , Et nous bnit sainte la Lune el son halo. ROUMER Cabiche : eomnoleJlce
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LA IIEYt:E I:-.iUIG:amie, assieds-toi au piano long et som bre tel un cercueil: cc soir mon me est en deuil. .Joue une mlodie vieille, et trisle, triste infiniment. Chopin ou Liszt qu'importe! je ,'eux enlendre mu doulelll' sangloler. Puis pose la main, 0 trs doucement SUI' mon cur; 62 et toute la nuit j'coulel'ai mlancQliquc pleurer en moi trs hflS, flmre, une mu-" sique . .JACQl!ES HOnIAl:-.i LA DANSE Dt:' POETE -o Agni! Toi qui flambe .. dal\;; le sang du dnnseur perdu ! ... Bondis eux cl danst' avec tes j:'1Il1bes filles el ton Cl!r triste. Da nse tou t flU tou l' dei a Il i sie: arien, llU -et lance leur haine l'injure de ton sourire. Tourne sur loi-mmo. 0 plir rchauffer Ion dsespoir tourne ne plus IfS yoit tourne, dj ils n.e sont plus que brume. Entends-tu maintenant vivre la blessure de ton cur: ils furent, ils furent 1 mort, tourne, danse, tourne, 0 pote, 0 0 clown, Et chante aussi la mort qui griffe ton corps. Tes lvres sont blmes, chante quand mme, tes pieds s'alourdissent, le lien se casse. Va, pote crever dans la niche du chien JACQUES ROUMAIN LA IIEYt:E I:-iUIG:amie, assieds-toi au piano long et som bre tel un cercueil: cc soir mon me est en deuil. .Joue une mlodie vieille, et trisle, triste infiniment. Chopin ou Liszt qu'importe! je ,'eux enlendre mu doulelll' sangloler. Puis pose la main, 0 trs doucement SUI' mon cur; 62 et toute la nuit j'coulel'ai mlancQliquc pleurer en moi trs hflS, flmre, une mu-" sique . .JACQl!ES HOnIAl:-i LA DANSE Dt:' POETE -o Agni! Toi qui flambe .. dal\;; le sang du dnnseur perdu ! ... Bondis eux cl danst' avec tes j:'1Il1bes filles el ton Cl!r triste. Da nse tou t flU tou l' dei a Il i sie: arien, llU -et lance leur haine l'injure de ton sourire. Tourne sur loi-mmo. 0 plir rchauffer Ion dsespoir tourne ne plus IfS yoit tourne, dj ils n.e sont plus que brume. Entends-tu maintenant vivre la blessure de ton cur: ils furent, ils furent 1 mort, tourne, danse, tourne, 0 pote, 0 0 clown, Et chante aussi la mort qui griffe ton corps. Tes lvres sont blmes, chante quand mme, tes pieds s'alourdissent, le lien se casse. Va, pote crever dans la niche du chien JACQUES ROUMAIN
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LA HE\'Li BIAGES LA liEU o Thalus,;!' ! Thala!:>11 ! Xenophon La Iller, hl Iller toujours recommene. P. "al.\ry Amour de la mer et des choses marines, ardeUl' soudaine et sourde nostalgie! Un flibustier franais ricane en mon Sang amer de forban qui corroda mes veines. Got cre du "ent gontlant les "oiles pleines. Dparts, dparls qui dchirent et dlivrenl. Appels vhments des horizons. Tourment, hantise des espaces libres. La grande Sa\'aIH' de la mer! La barque cheyaucheles lames. couleuvres au glissant et s'Oranl avec un bruit de soie qu'on fmisse. Plus lourde. eelle de fOlll1 ln pousse de l'paule. OUI' 141bonr de l'lrll"e puissanle. Le soc a fait jaillir des loiles bOl!Seuli('s. Commandements dans la nllil: . " Pas lof ! Lofe pas l:lnl. ! Descende flche l ! Barre an "ent! .. Colloques mouvunls. La mer, la lune, le \'enl causen!. La mer est un prisme changennl. LaJune une mduse d'argent llageant sur les flots irl'els de l'Iher. Avez-vous vu Je vent, l'avez-vous VlI sordide et nu, vieux ptI'e rvant, poussant devant la caravane des illHllres qui plunlienl l'herbe r[lre des hauts sommets '! LA HE\'Li BIAGES LA liEU o Thalus,;!' ! Thala!:>11 ! Xenophon La Iller, hl Iller toujours recommene. P. "al.\ry Amour de la mer et des choses marines, ardeUl' soudaine et sourde nostalgie! Un flibustier franais ricane en mon Sang amer de forban qui corroda mes veines. Got cre du vent gontlant les yoiles pleines. Dparts, dparls qui dchirent et dlivrenl. Appels vhments des horizons. Tourment, hantise des espaces libres. La grande Sa\'aIH' de la mer! La barque chevauche les lames. couleuvres au flanc glissant et s'Oranl avec un bruit de soie qu'on fmisse. Plus lourde. eelle de fOlll1 ln pousse de l'paule. Dul' 141bonr de l'lrllve puissanle. Le soc a fait jaillir des loiles bOl!Seuli('s. Commandements dans la nllil: . " Pas lof ! Lofe pas l:lnl. ! Descende flche l ! Barre an Yent! .. Colloques mouvunls. La mer, la lune, le \'enl causen!. La mer est un prisme changennl. LaJune une mduse d'argent llageant sur les flots irl'els de l'Iher. Avez-vous vu Je vent, l'ayez-vous VlI sordide et nu, vieux ptI'e rvant, poussant devant la caravane des illHllres qui plunlienl l'herbe r[lre des hauts sommets '!
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II Ll Uler etint'ploit niu:>i qu'une gitane Tou let Le miroir de ta mer ml soleil verlie.1!. La mer est un diamant superbe et qui l'iL Le bateau grince et crit', tourne et \'int. Le bateau i\'re hmgue et l'oule il chaque houle, et puis enfin s'en revient. fourbu et las, sur ses pas, Les noirs chantcnt nl1e /Joula. scandant de leuJ'spieds llliS des airs barhares et ingnus, Un lambi appelle le vent mais le vent s'est cuch duns les gorges profondes. Tnpi dans ses anciens repaires, le ,'cnt g'('st endormi. Le '\'eul ne s'est pas rveill. III TE1IPEl'E L'abimp n de" cheveux blanc:o;. La Bible La mer bout et rume. 64 Ln mer bout et fume SUl' les Ctes-de-fer. Ln mer est une mal'mile d'enfer . .\coups demaI'teau frappant l'enclume s'acharnent les vagues en dlire ,('onlre la citadelle des rochers. La mer a pris la lerre bras le Cot'pS sur toutes les cte!') ou monde. IV HAUTE Ml1:R Puissante, lmentaire. ,aeule des continents, la mel' se souvient des matins de la gense. NonmL G. SYLVAIN. II Ll Uler etint'ploit niu:>i qu'une gitane Tou let Le miroir de ta mer au soleil verlie.1!. La mer est un diamant superbe et qui l'iL Le bateau grince et crit', tourne et \'int, Le bateau i\'re hmgue et l'oule il chaque houle, et puis enfin s'en revient. fourbu et las, sur ses pas, Les noirs chantcnt nl1e /Joula, scandant de leuJ'spieds llliS des airs barhares et ingnus, Un lambi appelle le vent mais le vent s'est cuch duns les gorges profondes. Tnpi dans ses anciens repaires, le ,'cnt s'est endormi. Le '\'eul ne s'est pas rveill, III TE1IPEl'E L'abimp n de" cheveux blanc:o;. La Bible La mer bout et rume. 64 Ln mer bout et fume SUl' les Ctes-de-fer. Ln mer est une mal'mile d'enfer . .\coups demaI'teau frappant l'enclume s'acharnent les vagues en dlire ,('onlre la citadelle des rochers. La mer a pris la lerre bras le cm'ps sur toutes les cte!') ou monde. IV HAUTE Ml1:R Puissante, lmentaire. ,aeule des continents, la mel' se souvient des matins de la gense. NonmL G, SYLVAIN.
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IUlllil', par ln l'olllprt'\tensioll dcs langues qui leur "'aient la veille compltement lrallgres. Des Indiens. (lui u\'aent survcu illadesll'lIction deleurrace, taient m{lls leurs tranlllx, il leul' conversalion; de lit, l'emploi des expressions curnibl's
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07 ses dfauts,il('sl dt'\'t'Illl un I;lI1gtlgl' qui tl bit'Il qualits; il est doux, caressanl.l'l s'il IH' pnHe llulle. ment il rexros('. des jd('es lll(t::physiIIpil'il\lclle el lgre qui drsanne ('1 qui sduit. 07 ses dfauts,il('sl dt'\'t'Illl un I;lI1gtlgl' qui tl bit'Il qualits; il est doux, caressanl.l'l s'il IH' pnHe llulle-. ment il rexros('. des jd('es lll(t::physi hrillanls ('{ qui t:t'S bijoux serlis dun!"; d('s pI1l4lS(S. nl\'iss:llllrs: Zllt'1I.1-1i clair com'chand('Il(!,ou:Plils'dt'nls-1i blanc/t' (' m'lail .. , Le crole parl bien l'llltr(' t'hos(' que le l:l'oJc crit. Et c'est en pl'ellfllli Slll' le vif rH dil, "J'urinoir. accompagn de.l'es gestes. de (,l'S POSts, (le (,l'l' de ces accents. de ce-s inlel'.cdions d01l1 les noirs seuls ont le-p11vilge el le se<"l'el qta'on apprece, qu'on juge bien le langage cl'ole. . C'est pOUl' cela qu't'Il l'('rivant on doit se biell prn trcr de la ncessit de lni donner des ailes. de 1l1e-llr(' en lU'1lire sa 'philosophi(' !>IIpi!'il\lclle el lgre-qui drsanne ('1 qui sduit.
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'. .ft " L\ IH 1: I:"Wna::\I: ' Aill'ii. il 011'1'(' allX l'h::n.:he..'ul's une mine .1(' jolie..'s phrases. tl\'l'C ues qui cn\',eloppt'nt lesidi'es suns les gi'ncr. L'
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Pluie La nuit est paisscet lourde; le ciel cst bus et La vi1le entire dort, yaulre. Aulour de la Ilwisonl<.s parfms des plantes monlel)t yiolenls, doux, chauds . . L'eau d'un robinet qui lombe dW1S un bQssill il dt'ml f:'ernpli.Le grognement d'un chien. Le galop d'un chev'al dans le lointain ... . Nuit d'li. Je voudrais plonger mon ('orps IIU dans Il' bassin Ol! galopel' sur ce : chevnl donl les Jl'I'S Ile bullenl pilis qu'un indistinct tam-tam ... On aurait d tnpissel' I11n chlllnbre de malelas eOllllllC celle du pauvre amant fou, l'm' je voudrais il loul moment briser mon l'l'ne aux Illurs. Soudain )'a\'el'se. Brusque, farouche en un (Iun de l'Ugl' cO\llrc les l'II es accroupis. Il pleut une pluie norme (lui bouscule les toit" de chaume. mutile les phmlcs ('1 dissoul leurs rtmes. Les gros arbl'es se 100'dent coml11e si on Icnuilll.lit leurs enh'aill('s, les flamboyants cnsungh:llltni Je sol. Le front dHIlS les mains je n\l'('oudt, il la fl'\lt:-Ire. Yoih'l le seul mOlllenl o je Ille seollS moi. Ln plllit, a tllll' yoix. une l11:1in. elle ml' pmlr. me fel'mc les \,('lIX, 1ll't'Ill!,O!'lt loin ... loin '" AlI 1 OUI' de \1loloul s'cst l'Iron y es !IUil' l'eul'es sc d ... esst'nl-eJles de\"tl11t moi '! .l'ai sotHlnill dl's impressions connues, jmnnis pl'ouvt's: . Il pleut qual'anle jours el (JlUlI'tHlt('nUIIs. Dcs lelllmes nues, dsesprment. de Il'urs mains s'accrochent aux ,'oehers. Des muins, des \lwins vers les cieux. .. L'cau monte, monlr ... Je "ois tant de eh oses qui fUl'enl, toul un puss lointain qui revitcn mOJl"ur pal' ('.elle pluie, un pass vanoui qui m'emporte all-delil ... Je n'entends plus la pluie; nUlis
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iO Qu'il rItH1\'C loujou's .• Je me sens des inflexions doul'ts dans lu vob., je me sens bon, doux, tendre. Mon me est une arabcs(lue folle trace par la main maludl'Oile d'un enfant, SUl' une feuille volanle, Quand le soleil "l'ral'oil. 10 effoc l'esquisse et le vent tl cmport la feuille. Mais il pleut tOlljOlll'S •. , Ah ! s'il pouvnit plt>lIvoI' ternellement! DORIS LE 1'All-TAll ANGOISS Il est 1II.hcllle de jouer de la nlite dans un pays o. l'iDltrumennt nntionnl est le t Ilssrtor :\1..\ MUSE Mn muse est une cOlu'tisane toucouleure. Des dents blanches, une cascade de fous rires, . des sanglots profonds jusqu' l'me, un tumulte sonore de bracelets et de ycrrolel'es. Ma muse est une courtisane toucouleure. Voyez com,ne elle est belle . avec de la poudre d'or dans ses cheveux de l'antimoine sur les paupirts et du benn empourprant ses lvres paisses malS CondanteR comme une mangue. Ma mUie est une courtisane taucoulcure. iO Qu'il pItHI\'C loujou's .• Je me sens des inflexions doul'ts dans lu vob., je me sens bon, doux, tendre. Mon me est une arabcs(lue folle trace par la main maludl'Oile d'un enfant, SUl' une feuille volanle. Quand le soleil "l'pal'oil. 10 effoc l'esquisse et le vent tl cmport la feuille. Mais il pleut tOlljOlll'S •. , Ah ! s'il pouvnit plt>lIvoI' ternellement! DORIS LE 1'All-TAll ANGOISS Il est lII.hcllle de jouer de la nlite dans un pays o. l'iDltrumennt nntionnl est le t Ilssrtor :\1..\ MUSE Mn muse est une cOlu'tisane toucouleure. Des dents blanches, une cascade de fous rires, . des sanglots profonds jusqu' l'me, un tumulte sonore de bracelets et de ycrrolel'es. Ma muse est une courtisane toucouleure. Voyez com,ne elle est belle . avec de la poudre d'or dans ses cheveux de l'antimoine sur les paupirts et du benn empourprant ses lvres paisses malS fondanteR comme une mangue. Ma mUie est une courtisane taucoulcure.
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71 "O[s; Nous" les. extravagants, h.'s '])()hleS, les fOllS Nous . Qui aimons les filles les liqueurs fortes . la nudit mouvante des tables o s'rige. pha 11 us, le COl'net il ds, Nous les corchs de ln \'ie. les potes Nous qui aimolls"toLt. toul l'glise, la taverne l'antique , leilloderne la thosophie le ,cubisme. . ' Aux curs puissants cO';l'lH> des moll'll\'s qui aimons les combats de coqs. les sol's t'l-ginCjl1es leYl'ol11 hissem en Id eS ld\(l i Iles dans les malihsd'or. ln mlodie SaUYirge dutftlH-lam J'harmonie l'nuque deskl::rxons' la nostalgie poignrlllie dt\s h::lIljos, Nous les fous. les potes Nous . qui 'crvonSlh)s\'ers ls plus tClldn's lhlllS l; des bougrs et qui 1 isolls l'J 111 i t a t ion dnnslesd ri nei Il gs Nous . . qui n'apportons point la puix mais le poignard triste de notre plume ; et J'enert' rouge de ilOt're l'ur 71 "O[s; Nous" les. extravagants, h.'s '])()hleS, les fOllS Nous . Qui aimons les filles les liqueurs fortes . la nudit mouvante des tables o s'rige. pha 11 us, le COl'net il ds, Nous les corchs de ln \'ie. les potes Nous qui aimolls"toLt. toul l'glise, la taverne l'antique , leilloderne la thosophie le ,cubisme. . ' Aux curs puissants cO';l'lH> des moll'll\'s qui aimons les combats de coqs. les sol's t'l-ginCjl1es leYl'ombissemell Ides ld\(l i Iles dans les malihsd'or. ln mlodie SaUYirge dutfllH-lam J'harmonie l'nuque deskl::rxons' la nostalgie poignrlllie dt\s h::lIljos, Nous les fous. les potes Nous . qui 'crvonSlh)s\'ers ls plus tClldn's lhlllS l; des bougrs et qui 1 isolls l'J 111 i t a t iOI1 dnnslesd ri nei Il gs Nous . . qui n'apportons point la puix mais le poignard triste de notre plume • et J'enert' rouge de ilOt're l'ur
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LA BEVeE vous les gueux les immondes les puants paysannes qui descendez d'cs mornes :avec un gosse d.ans le ventre paysans calleux aux pieds sillonns de verrnines,putains, . infirmes qui trainel vos' puanteurs lourdes de mouches Vous tous de la plbe debout pour le grand t'oup de bnlai .. Vous tes les piliers de rdifice; tez-vous et tout s'croule. chteaux de cartes. , . . -\Iol's, alors Vous comprendrez que voustcs une grande vague qui s'Ignore Oh ! vague Assemblez-vous bouillonnez mugissez et que sous votre linceul d'cumes il. ne subsiste pIns rien, rIen que du bien propre dn bien lay , du blanchi jusqu'aux os. 72 LA BEVeE vous les gueux les immondes les puants paysannes qui descendez d'cs mornes :avec un gosse d.ans le ventre paysans calleux aux pieds sillonns de verrnines,putains, . infirmes qui trainel vos' puanteurs lourdes de mouches Vous tous de la plbe debout pour le grand t'oup de bnlai .. Vous tes les piliers de rdifice; tez-vous et tout s'croule. chteaux de cartes. , . . -\Iol's, alors Vous comprendrez que voustcs une grande vague qui s'Ignore Oh ! vague Assemblez-vous bouillonnez mugissez et que sous votre linceul d'cumes il. ne subsiste pIns rien, rIen que du bien propre dn bien lay , du blanchi jusqu'aux os. 72
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LA I\TE 1l'\{JlEl'\E \',\18 "ors ... . POli" J.\CQl'E:' Ecoutez. compagnons Je vais vous dire des choses .,. Toul d'abord ,versez il boire: Quand j'alll'ai claqu. mes chers copains, Ne pleurez pas. N'crivez point de plaintives lgies, surtout ne faites ,pas de "eTS In Memoriam. Mais que m3 tombe "ous soit une tn,'el'ne o l'on chanll? o l'on se saote et que le rythme mystique cl srllsllel d'une 111l\ringue me berce dans cc moelleux hamac qu't>st le nant. Je vide ce verre avec l'espoir que les toasls flUl me l'l'sie il faire Ile seront pns nombl'IHlx L:'l lune allume son luminnir<.' st le nant. Je vide ce verre avec l'espoir que les toasls flUl me l'l'sie il faire Ile seront pns nombl'IHlx L:'l lune allume son luminnir<.'
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Inaya t Khan, Messager du Soufisme Il naquil il Baroda,danscelte Inde si de he Cil subliles l1ol':lisons mtaphysiques et d'o s'envolrent les notes rrislnllines de la nilte de Kabir. Je cite il dessein le nom de Kabir paree que son mysticisme me parait proche de celui du Pir-O-Mirschid Inayat Khan. Car lousdeux pourgl':.lvir le pnible sentier qui mne vers l'Un Ile s'isolrent pasdana les Thbades, mais ce fut sur le ('hemin amer de la Vie qu'ils chorchrent et respirrent la rose translucide de l'extase. Ce fut sous l'enclume de ln douleur qu'ils se forgrent des ailejS pour voler vers l' Amoul'.' , ,( I.e Cur u'e . .,t pu,; vivant tUtlt qll'il n'a pu" connu douleur li (1) Tous deux cultivrelll avec dlices la Illusique, art (lue le pole de la Silencieuse si loin qu'il reut le tilre de Tansen (2) dans l'Inde, Enfin tous deux s'llvrrent du profond parfum dn mys'licisIlle persan de Hafiz. de Saadi et du pl'estigieux leur de l'ordre de') den'ches tourneurs, Djelal-Eddinel HUllli. Le petit Illuyat gralldil duns la maison de son grand 11re Buksh. homme de hate spiritualit. C'est il que cel enfant motionnel qui refusa d'apprendre autre l'hose que la musiqe. la posie. la morale et la religion, s'inilia il. ln sciellce brlante des Emotions, au SUH"e mysticisme du Son. la douleur tut ln matrice qui le mit au monde lIne seconde fois. Sous l'aiguillon de lu souffrance il naqUlt il. la Vrit . . Son grand'pre mort, l'enfant devenu jeune homme s adonna passionnment l'tude des religions . . Inayat Khan tait arriv celte priode douloureuse de la vie, o l'homme lass des c()uleurs changeaRtes . et sinueuses de Maya (3) n'aspire plus qu' se laisser bercer dans une molle quitude sur le lotus de la Ra-lit, . . 1 Inayat Khan 2 Grand musicien 3 l'llusion . Inaya t Khan, Messager du Soufisme Il naquil il Baroda,danscelte Inde si de he Cil subliles l1ol':lisons mtaphysiques et d'o s'envolrent les notes rrislnllines de la nilte de Kabir. Je cite il dessein le nom de Kabir paree que son mysticisme me parait proche de celui du Pir-O-Mirschid Inayat Khan. Car lousdeux pourgl':.lvir le pnible sentier qui mne vers l'Un Ile s'isolrent pasdana les Thbades, mais ce fut sur le ('hemin amer de la Vie qu'ils chorchrent et respirrent la rose translucide de l'extase. Ce fut sous l'enclume de ln douleur qu'ils se forgrent des ailejS pour \'oler vers r Amoul'.' , ,( I.e Cur u'e . .,t pu,; vivant tUtlt qll'il n'a pu" connu douleur li (1) Tous deux cultivrelll avec dlices la Illusique, art (lue le pole de la Silencieuse si loin qu'il reut le lilre de Tansen (2) dans l'Inde, Enfin tous deux s'llvrrent du profond parfum dn mys'licisIlle persan de Hafiz. de Saadi et du pl'estigieux leur de l'ordre de') den'ches loul'Ileurs, Djelal-Eddinel HUllli. Le petit Illuyat gralldil duns la maison de son grand 11re Buksh. homme de hate spiritualit. C'est il que cel enfant motionnel qui refusa d'apprendre autre l'hose que la musiqe. la posie. la morale et la religion, s'inilia il. ln sciellce brlante des Emotions, au SUH"e mysticisme du Son. la douleur tut ln matrice qui le mit au monde lIne seconde fois. Salis l'aiguillon de lu souffrance il naqUlt il. la Vrit . . SOIl grand'pre mort, l'enfant devenu jeune homme s adonna passionnment l'tude des religions . . Inayat Khan tait arriv celte priode douloureuse de la vie, o l'homme lass des c()uleurs changeaRtes . et sinueuses de Maya (3) n'aspire plus qu' se laisser bercer dans une molle quitude sur le lotus de la Ra-lit, . . 1 Inayat Khan 2 Grand musicien 3 l'llusion .
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75 Apl:s es Hnnes .de solilaire mditnlioll, J'Ill(' dll jeune homme tait devellu une harpe d'or IlllllH'llSe dont toulC's les ('ordes lendties dsespri'lllenl 'ers IT Il vibraienl d'une slIl'naltirl'lle IlIUSiqllC, Cependant l'hel1l'e e la dinulll'(' ne
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U le SOLIn, Stl il l'OllllhC Il' CfllC' Ioules les llles sont UIlt' scule l1lc. comme lIllC llllllirc COll fondUe d:1I1S ulle ulIl rc Il'l'slqu'UIlC lumii'rc. Il sait qlle du miIli'ral au vgilal. du y(>gi'tnl l'animal ct dl' l'nnimal il l'hollllllt,, la ptllTt'ilc divine s'lyc dans une sliblilllt' ascension VCI'S la demeure de son Prc : Je 1lI01lrll'" conllue minral pt ('OlUme plallte Je mourus cornille plante pOlir comme animal J. mourus comme animal et m'levai COllllltC homme Pourquoi donc craindlUis-je de denmir moindre ell rnOlll'!lIIt ? Je mourrai ulle foi:; encore comme homme Pour lIl'levcr comme ange, parfait de la tte aux pied:;, Qnand je i11 mditant, recueilli el siJenciux. dans l'hiver de 't'os douleurs et de "os 1 rist esses. .. .. . Vous avez le choix d. beaucoup de vos douleurs. Mois ces douleurs cOllslituent la gorge la plus amre a.vec laquelle le Sage qui veille au plus profond de vousInme gurit le mal de vos mes. Croyez en le de vos mes; ayez confiance en prenant son breuvage amer, car sa U le SOLIn, Stl il l'OllllhC Il' CfllC' Ioules les llles sont UIlt' scule l1lc. comme lIllC llllllirc COll fondUe d:1I1S ulle ulIl rc Il'l'slqu'UIlC lumii'rc. Il sait qlle du miIli'ral au vgilal. du y(>gi'tnl l'animal ct dl' l'nnimal il l'hollllllt,, la ptllTt'ilc divine s'lyc dans une sliblilllt' ascension VCI'S la demeure de son Prc : Je 1lI01lrll'" conllue minral pt ('OlUme plaute Je mourus cornille plante pOlir comme animal J. mourus comme animal et m'levai COllllltC homme Pourquoi donc craindlUis-je de denmir moindre ell rnOlll'lmt ? Je mourrai ulle foi:; encore comme homme Pour lIl'lever comme ange, parfait de la tte aux pied:;, Qnand je i11 mditant, recueilli el siJenciux. dans l'hiver de 't'os douleurs et de "os 1 rist esses. .. .. .. Vous avez le choix d. beaucoup de vos douleurs. Mois ces douleurs cOllslituent la gorge la plus amre a.vec laquelle le Sage qui veille au plus profond de vousInme gurit le mal de vos mes. Croyez en le de vos mes; ayez confiance en prenant son breuvage amer, car sa
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77 main, quoiqu'clle VOlIS semble lourde et l'sI guide par la main dlicnte de l'EIre invisible. Ln coupe qui vous brle les lnes, elle est amre, mais s[I('hez !lu'elle est faite dc terre par l'EIernel poiiel' mle StS larmes sacres. i * ... Et un vieux disciple lui dil: ( Maill'c, pnrlez-IlOl:s <-Jo Heligion ? . Est-ce que j'ui pad, aujourd'hui, aulrc l'hose qui ne soit Religion 1 . La Religion est tout cCptions . . Si vous dsirez connnllrc Dieu, IlC Il' c1Wl'< hez pus cn vain. Hegardez il vos cts, "ous lc Vl'rl'ez jomll1t HV('C vos enfants; le"qz les yeux vers le grand firmament. vous le verreZ marchant dalls les nuages, ouvrall.t ses mains dans les clairs, "cnanl il vous a"ec la plui. Regardez bien, vous verrez Dieu sourire' les fleurs, remuant ses entre les branches dcs nrhrcs, SALIM Ac ... , . . . Ces p3gesouvrcnt la tn:duc.n (ITllitC',u PI'0lhtel dE'Cfbran Kim Gebran, dj tJudllit fil lIr.glai!:' et (Il aIle n.and: . La Revue indigne puhlie donc la premirE' trnduction franise dt" cet ouvragp. grcean tnlentd" IiMre distingncollaborateu.f Salim Ann. 77 main, quoiqu'clle vous semble lourde et l'sI guide par la main dlicnte de l'EIre invisible. Ln coupe qui vous brle les lnes, elle est amre, mais s[I('hez !lu'elle est faite de terre par l'EIernel poiic1' mle StS larmes sacres. i * ... Et un vieux disciple lui dil: ( Maill'e, pnrlez-IlOl:s <-Jo Heligion ? . Est-ce que j'ui pad, aujourd'hui, aulrc l'hose qui ne soit Religion 1 . La Religion est tout cCptions . . Si vous dsirez cOllnnllrc Dieu, IlC Il' c1Wl'< hez pus en vain. Hegardez il vos cts, "OUS lc Vl'l'I'ez jomll1t H\,('C vos enfants; le"qz les yeux \'Crs le grand firmament. vous le verreZ marchant dalls les nuages, ouvrall.t ses mains dans les clairs, "cnanl il \'OUS avec la plui. Regardez bien, vous verrez Dieu sourire' les fleurs, remuant ses entre les branches dcs nrhrcs, SALIM Ac ... , . . . Ces p3gesouvrcnt la tn:duc.n (ITllitC',u PI'0lhte1 dE' Cfbran Kim Gebran, dj tJudllit fil lIr.glai!:' et (Il aIle n.and: . La Revue indigne puhlie donc la premirE' trnduction franise dt" cet ouvragp. grcean tnlentd,. IiMre distingncollaborateu.f Salim Alln.
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Pu. THOBY-:\IARCELIN LES HROINES :\ous attendions es hrones ... TmsTAN Pu. THOBY-:\IARCELIN LES HROINES :\ous attendions es hrones ... TmsTAN
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1. 1.
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Nausicaa l lIannilwl. c'est mol. .l'ai 22 ans . .Je viens de m'apercevoir que je n al jamais rien regard. Serais-je inditrrent ? A ce propos, une curieuse observation de Dmos : -Quand tu mnrches dans la rue, lu vus droit devllnt toi, sans te retourner une seule rois. Au rond, je n'aime peut-tre quc Illoi.Aussi bicn, quelqll'un me plail pour aulant qu'il me tmoigne de J'affec lien. ( .Jc connais Ull garon qui passait des heures de\'anl SOli miroir . .Je lui en \'Cu X de l'a"oirfaihl\'anl moi.) .Je ne parlerai pas de'mon tra,ail. Il ne m'intresse p:1S .. J'accomplis ma besogllc avec mltomatisme. Et, t'haquc jour, je me r"eille quatre heures daprs-midi. D:IIIS ma 1':I'llille. nous sOlllmes hatiens de pre en lils. C'est tlne tradition . .Je llnquis il Port .. au-Prince, Ull .iour dl' r\'()llltioll. Cciii explique doute ma nos talgie des COl'l)S de feu. sourire de l11ultitre jaune ('\ nwign \'()que Ull l'pis de mas-au-lait rendu . .le ne mentionnerais IWS mon sjour il Paris. l1l:lis il y a Ic petit 1l1t1Sl':.1U frais. et sucre:, de La Blonde r\i"ernaise H. Une clHll'llwnlt' enfanl. Il l11'arrinlt d( la faire souffrir. ,l'adorais la dshabiller la chemise prs. Elle fermait les yeux el quelle pudeur! CeJ se pass:.1i t ... c:omme dans Longus.jecrois ( je ne l'ai pas lu)' EII trois nous tions chasles. L'histoire se termin(' d:lllS lin taxi. Cn fait-c1i\'ers d"lIne ban:ditl' odieuse et qllt' je veux e!Tacer de ma mmoire . . -\ part cette aventure naw, je n'ni j'amais fait l'amour que par respect humain. Des remmes facileset des d,.emivierges cyniques. J'en ai ln nausee. D'ailleurs aucune d'elles ne m'ainwil. Aujourd'hui je me dans la ompagnie de jeunes filles. Cc sonl de petits lrespleins de curtosits. Elles dcouyrenl l'homme ayec passion.Je leur ronle des [lnecdotes sales. Elles s'efl"nrollchent, mais, Nausicaa l lIannilwl. c'est mol. .l'ai 22 ans . .Je viens de m'apercevoir que je n al jamais rien regard. Serais-je inditrrent ? A ce propos, une curieuse observation de Dmos : -Quand tu mnrches dans la rue, lu vus droit devllnt toi, sans te retourner une seule rois. Au rond, je n'aime peut-tre quc Illoi.Aussi bicn, quelqll'un me plail pour aulant qu'il me tmoigne de J'affec lien. ( .Jc connais Ull garon qui passait des heures de\'anl SOli miroir . .Je lui en \'Cu X de l'a"oirfaihl\'anl moi.) .Je ne parlerai pas de'mon tra,ail. Il ne m'intresse p:1S .. J'accomplis ma besogllc avec mltomatisme. Et, t'haquc jour, je me r"eille quatre heures daprs-midi. D:IIIS ma 1':I'llille. nous sOlllmes hatiens de pre en lils. C'est tlne tradition . .Je llnquis il Port .. au-Prince, Ull .iour dl' r\'()llltioll. Cciii explique doute ma nos talgie des COl'l)S de feu. sourire de l11ultitre jaune ('\ nwign \'()que Ull l'pis de mas-au-lait rendu . .le ne mentionnerais IWS mon sjour il Paris. l1l:lis il y a Ic petit 1l1t1Sl':.1U frais. et sucre:, de La Blonde r\i"ernaise H. Une clHll'llwnlt' enfanl. Il l11'arrinlt d( la faire souffrir. ,l'adorais la dshabiller la chemise prs. Elle fermait les yeux el quelle pudeur! CeJ se pass:.1i t ... c:omme dans Longus.jecrois ( je ne l'ai pas lu)' EII trois nous tions chasles. L'histoire se termin(' d:lllS lin taxi. Cn fait-c1i\'ers d'lIne ban:ditl' odieuse et qllt' je veux e!Tacer de ma mmoire . . -\ part cette aventure naw, je n'ni j'amais fait l'amour que pal' respect humain. Des remmes facileset des d,.emivierges cyniques. J'en ai ln nausee. D'ailleurs aucune d'elles ne m'ainwil. Aujourd'hui je me dans la ompagnie de jeunes filles. Cc sonl de petits lrespleins de curtosits. Elles dcouyrenl l'homme ayec passion.Je leur ronle des [lnecdotes sales. Elles s'efl'nrollchent, mais,
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ml foud, lU.' l!lpl'isnnlc quc jc di'die il loul il' qui Ill.' Elles Ille doin'nl ('l'rluiIlS li,s. Cdlc excl aillai ion: -Tiens! Et ceUe cOlll'lllsnn f:ll1holll'il'IlIlC : -Je m'ell f ... s 1 Il Ici C(l1l1111CIll'e Elle n W llllS. El. comme .il' danse le t'horll'sldll (a q'C ces panlalons I:u'ges, \'OUS SlWCZ), ('lle s't'st prise .dc moL Elle s'npl)elle (.'11 l'nlH: Loulousl'. Ellecst qmrl'tcronc lIHX nppns dodns, cl. si je ln prnomme: c'est:'1 ('l1t1SC (Il' sa ('undelll" c\ IHlI'('C qu'el1e a des bl'llS blnues. Elle Ill'envoie dl.' petils houqul'Is de \'iolctlcs lIou); n\'ec des mches dl' S!l lIoirc clliss( . • ( Ce n't'si l'iell Cfll.'UIl(, his!oI'l' il l'cnll (h' l'OSl', 1111 l'O. man pOUl' pcnsillluai\,('s mysl iqlles. ) Je suis 1 l's l'ni housiasm, .Je Ille Sl'IIS niml', .Il' fa is pour VCI'S tin P"'U clans 1(, gt'IH'l; d('slnnkas jnpollnis 01.1 lU.' l!lpl'isnnlc quc jc di'die il loul il' qui Ill.' Elles Ille doin'nl ('l'rluiIlS li,s. Cdlc excl aillai ion: -Tiens! Et ceUe cOlll'lllsnn f:ll1holll'il'IlIlC : -Je m'ell f ... s 1 Il Ici C(l1l1111CIll'e Elle n W llllS. El. comme .il' danse le t'horll'sldll (a q'C ces panlalons I:n'ges, \'OUS SlWCZ), ('lle s't'st prise .dc moL Ellc s'npl)elle (.'11 l'nlH: Loulousl'. Ellecst qmrl'tcronc lIHX nppns dodns, cl. si je ln prnomme: c'est:'1 ('l1t1SC (Il' sa ('undelll" c\ IHlI'('C qu'el1e a des bl'llS blnues. Elle Ill'envoie dl.' petils houqul'Is de \'iolctlcs lIou); n\'ec des mches dl' S!l lIoirc clliss( . • ( Ce n't'si l'iell Cfll.'UIlC:> his!oI'l' il l'cnll (h' l'OSl', 1111 l'O. man pOUl' pcnsillluai\,('s mysl iqlles. ) Je suis 1 l's l'ni housiasm, .Je Ille Sl'IIS niml', .Il' fa is pour VCI'S tin P"'U clans 1(, gt'IH'l; d('slnnkas jnpollnis 01.1
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82 .II1S, j'tudiais le grec cl Anmone \'l'qoil de faire su prtlllile l'Ollll11Union ml Sal ... -Clll' de Turge!llI .. . k loul has : ..llUlIlk 1 El depuis ce jour Anmone III l' prodiguc illadl'S dl' attendrie. C'est llllC forte nlle. GI'unde. BI'UIIC, Dc type indio PlIro. Dlllos lui voua une grossendml'ution,qu'ilme l'pn-li l' en l'CS le l'me, : ' -,Je ne snis pas si lu me compl'cndl'l.lS, Muis, mon, cherr, celle fille, je la trouve \'glule ... Tu sens, Bahal III scns ? J:!.; y;:m=<. :Hpni. Et nou>; l'cprenolls: -VE-GE-TALE 1 ... cst jalouse d'Anmone. Alors, pOUl' "oriel' mes pluisil's Ull peu. je lui raconle Illon enrance. 1.c bai:'ier de 10 rosel'aie el le vocable grec, Le SOil', :\ulIsl'oa me fail pal'venir un hilJet et un mouchoir. Yous n\'t1. dOIlI) un soumel)l. m'crl{'IIt, <'l le mouchoir, mon cherr. il esl humide de lurmgs IV De PL-liouville (lhLre, pOl'l-uu-princicns. de vos vn\':IIlt:es, dc \'OS idylles el de vos lunes de miel ). Ull 100-lin l\(lllS sommes partis l'n excursion Slll' lu l'oule ; l'eprenolls: -VE-GE-TALE 1 ... est jalouse d'Anmone. Alors, pOUl' "oriel' mes pluisil's Ull peu. je lui raconle Illon enrance. 1.c bai:'ier de ln rosel'aie el le vocable grec, Le SOil', :\ulIsl'oa me fail pal'venir un hilJet et un mouchoir. Yous lll'n\'tZ dOIlI) un soumel)l. m'crl{'IIt, <'l le mouchoir, mon cherr. il l'si humide de lurmgs IV De PL-liouvillc (lhLre, pOl'l-uu-princicns. de vos va\':IIlt:es, dc \'OS idylles cl de vos lunes de miel ). Ull mnlill l\(lllS sommes partis l'n excursion Slll' lu l'oule
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83 L.\ I\'t:J:.: IS()J(jSE Pourquoi si m('lwnle, pt'Iilt.' 1II11i<.', ;\:lusnw. Dam, la naleltc>, il l'slnll me pas enc'ore nrl'ne ... • l boude, Nausiraa n'('sl plus !<,'I1H'llls n,'npl .inilii :: la scnsunlilc.', ) . Ce jour 15, l''nuscnanl ,nlmnlltn(ltl 83 L.\ I\'t:J:.: IS()J(jSE Pourquoi si m('lwnle, pt'Iilt.' 1II11i<.', ;\:lusnw. Dam, la naleltc>, il l'slnll me pas ellc'ore nrl'ne ... • l boude, Nausiraa n'('sl plus lcI1H:llls n,'npl .inilii :: la scnsunlilc.', ) . Ce jOllr 15, l''nuscnanl ,nlmnlltn(ltl
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VI Extraits de l'alhulIl de : 8-1 .\ Cl!lui, (pli 111 prelllii!rc foi" m'a ill.pirt! l, 11t11l1a!!ul" lj'aiulI'r d da 'IH", j •• Idie cette . . \ "" Il.i pri 1 on lriullll'ile glui l'!'. lIa1.:11, jt! cllllll'te "ur tOIi l'il!". t'riel' c'c:-t le bOlllll'lIr . . \11 ! quelle j()il' extl'!!1I1n .Ie din'; Il lIannihlll, je l'uiUle! ... JI Chagrine. Tu iJoIJlU! 1111 SIHlm!.!t ! .-.;i je SU il! bonlle, falllil que tu UI'oll'ellso" ? Ton mchant cur S'Cil prvaut chollue jOllr. Plus de rigueur vniucrait ll!s rsistances. 'l'II si j'uvuis lIIoins d'olIIour. ,. Cruelle l'adieUX l'veil. l.e Ch:\l!!lIU bien chafulI4l el"t IltwlOli. t/ueUe dt!ceptioo 1 Alors un \"oit clair'emPllt IlIle la .. io e:l lIlIe luue flerptudle. TOllt ce qui prll\Wllt du t'apri.,/! ,le l'imagination Ile pth rllltre atlelilioll. 'I"i ne l'ail pa .... c1Il":LIIX en ? Tous, tous y pus--,,"l, L." "ell" .. s l'UlIlIlJt! le" t'r\'oles. BllLal ! je t'aIIII' quand mllie. H,'\ lIalluikti Ile 111011 cll'ur '" l'lus je 1111' 1'1.'1111,.; CHlllptU 'Ill'il Il'e,,t pus d'avantuge:; 6un:-10,'011 nI lIien t", VII De me sentir tellement nim. je l'uis ces vers pOUl -: Ldtres slIr un urbre. Saiglle une rose l'Ouge. je vois ln bouche clla (fouleul' de s'cmbl'usser. lIon amour esl aussi gran que lu m'es secrle, (Jmmd je le snurui. pOlll'raj.je encore l'ailtll"r '1 Aujolll'd'i IIut" lu Il'es pus julouse. 'e Ill'cnnuu!, VI Extraits de l'alhulIl de : 8-1 .\ Cl!lui, (pli 111 prelllii!rc foi" m'a ill.pirt! l, 11t11l1a!!ul" lj'aulI'r d da 'IH", j. ddie cette . . \ "" Il.i pri 1 on lriullll'he glui l'!'. lIa1.:11, jt! cllllll'te "ur tOIi l'il!". t'riel' c'c:-t le bOlllll'lIr . . \11 ! quelle j()il' extl'!!1I1n .Ie din'; Il lIannihlll, je l'uiUle! ... JI Chagrine. Tu iJoIJlU! 1111 SIHlm!.!t ! .-.;i je SU il! bonlle, falllil que tu UI'oll'ellso" ? Ton mchant cur S'Cil prvaut chollue jOllr. Plus de rigueur vniucrait ll!s rsistances. 'l'II si j'uvuis lIIoins d'olIIour. ,. Cruelle l'adieUX l'veil. l.e Ch:\l!!lIU bien chafuud el"t IltwlOli. l1uelle dt!ceptioD 1 Alors un \"oit clair'emPllt IJlle la .. io e:l lIlIe luue flerptudle. TOllt ce Cjui prll\Wllt du ('april'/! ,le l'imagination Ile pth rllltre atlelilioll. 'I"i ne l'ail pa .... c1Il":LIIX en ? Tous, tous y pus--,,"l, LI'" "ell" .. s l'UlIlIlJt! le" t'r\'oles. BllLal ! je t'aIIII' quand mllie. H,'\ lIalluikti de 111011 cll'ur '" l'lus je 1111' 1'1.'1111,.; CHlllptU 'Ill'il Il'e,,t pus d'avantuge:; 6un:-10,'011 nI lIien t", VII De me sentir tellement nim. je l'uis ces vers pOUl -: Ldtres slIr un urbre. Saiglle une rose l'Ouge. je vois ln bouche clla (fouleul' de s'cmbl'Usser. lIon amour esl aussi grand que lu m'es secrle, (Jmmd je le snurui. pOllI'raj.je encore l'aiml"r '1 Aujolll'd'i Ilue lu Il'es pus julouse. 'e Ill'cnnuu!,
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Je t'aillH' HII"<.'II1(' ; je le l'ue po 1'\ t' 011\'('1'1(. l.e venl wuf11l', r Il l'\'c s'cll\'ul(. Si III nlhlllldtHlIla is. pclile IImie, comme je l'allnlis aim('c ! De loult' ilia sOllfl'rUlH'(', VIII --_ .... ---_._-Un snir, Dmos Ille prsenla Simoll, Ull cOllfrre, JI fut loul de suile 111011 ami el 011 ('(lll\'illi de St' Itllo)'t'I'. Ch)arm:lnl gal'roll .. Il me iii des pome!; fulurislt's et nOlis huvons de la cJrau[Jllfbe(r.solis II.' sahlil'I' dt, J'Eldorado, JlilJ'mi le VHct, "lcnL des dl' rc.'turds qui n:,e)flIlH'n1 1 ue-l 1 c If II {J'llil-sall. 0 Il t'Il le Il d jOli t' r, il J III ri eUI', n li billnrd ( mais I('s lilelll'S sont silflH'ieli x), El talldis que le phono (!l'OlIll' lllH' IHllgtllll'ClIH' mringlll' de lIotre clH'r Lamo{ hl" Dl'mo:; "'llIbOurIH' SUI-It, z.illl' d'lIne Itlhlc l'Ondl! . .le pal'h,' d'.-\ndrl' Gill ... " dL'Sl'S":'\O:I:Tiluf'('s el dll l'ull(' dt' Simoll nil' : -(;firon. Trois CI ba l'ri lJlICS bit' ! .. , .\pri's quoi il Ille rail l'dog't' pOl'I"" (d'j('llluux qu'il aiml' El hIlIHjI!(Il:('111 -Tu dois (-In' 11H' dit-II. I? '1 '! .-Tu sais, illl{'niellt J)t'Illos. II('S d:tll'\'()\'flllt, .Je IHlis ahuri. P('('n'I's, llloi. 1111 indi!l,'ne! La !>()\1lll' hhlguc 1... C'l'sl Cil l'Hill que j'nllgll(:\allsicllll. 1101,:(, hais pOUl' I:l ::\JeJ' Fl'app('l', Je t'aillH' HII"<.'II1(' ; je 1(' l'ue po 1'\ t' o'IH'rlt. Le venl wuflll', r Il rve s'cll\'ul(. Si III n,hlllldtHlIla is, pclile IImie, ('0 III Ille je l'allnlis aim('c ! De loult' ilia sOllfl'rtIlH'(', VIII --------------Un snir, Dmos Ille prsenla Simon, Ull cOllfrre, JI fut loul de suile 111011 ami el 011 ('(lll\'illi de St' Itllo)'t'r. Ch)arm:lnl gal'roll. ' Il me iii des pome!; fulurislt's et noliS huvons de la cJrau[Jllfbe(r.solis Il' sahlil'I' dl' l'Eldorado, Jlilrmi le vact, \'lenL des dl' rc.'lurds qui n:,e)flIlH'n1 1 ue-l 1 c Il II {J'llil-sall. 0 Il t'Illen d jOli t' r, il J III ri eUI', n li billnrd ( mais I('s lilelll'S sont silflH'ieli x), El Inlldis que le phono (!l'OlIll' lIIH' IHllgtllll'ClIH' mringlll' de lIotre clH'r Lamo{ hl" J)i'lllo:; "'llIbOurIH' SUI' It, z.illl' d'lIlle Itlhlc l'Ondl! . .le parft' d'.-\ndri' Gill ... " dL'Sl'S":'\O:I:Tlllf'(,s el dll l'ulh' dt' Simoll nil' : -(;firon, Trois CI ba l'ri lJllt'S bit' !., . . \pri's quoi il Ille rail l'i'log'e pOl'I"" (d'l'Illuux qu'il aiml' El hIlIHjI!(Il:('111 -Tu dois ('In' 11H' dit-II. I? '1 '! .-Tu sais, illl('niellt J)t'Illos. Iri's d:t 1 \'\'m'fllll, .Je IHlis ahuri. Pc'n'('rs. llloi. 1111 indi!l,'ne! La !>()\1lll' hhlguc 1. .. C'esl Cil \'Hill que j'nllglll':\allsit'llll. 1101,:(., haisal',les. goyaves, Jl1nOl'l'IU'C dl' uos rl'lalions,Silllcll Tricmphe TlI me donnes l'oison! .Je suis [l's ahuri .. , C'esl alors que sur III propositioll dt, D('mos, I\OUS !'iOnlmes pm'Iis, l'II auto, qUi'ril' des fillt's dOIllnir:IIH'l:i. voici !lIl1('('S il toult' "Ilun', (')1 1'0111<.> pOUl' I:l ::\JeJ' Fl'app('l'.
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Hos:l. Placida, Ehira'. )\Tes. Elles dWlltt'lIl f( Papa Mon/Nf) H.' Oll Chicf) ! .Je lJle SCIIS IYl'iqlll'. Petile lJOh'l', i\ausl'u, j'voque 1011 tcs Sl'HIS. la houche et c'csl IH dwir que j'oll\TeS, (SiIllOlln'(l peul-t'Il'e pas lorI, .i(' dois ln' pl'l'H'n; Hil pClI, ) .. , Il heures. Le quarl icI' de ln Glm'ire, NOlis \'t'nons de quitte!' Il's lilll.'s. Trois ngres dans un l'aboulol iWlOhle, l'un joue de la mnndoline, l'aulre de laguilare <.'Ile troisime .. , Que l'hallie-t-i!? .Je' ne sais, l\Inis .le possl'dt' leurs \'i1'iages malades l'I de (Illl'Ilc I1\'ie de El. l'clip 1'I':lillle hourgeoise du l'dlcult, je 111<'> st'rais jel il ses ... aurait-elle cOl11pl'is? . Alors je 11H10 llppl'oell':', .k sOlll'inisd'llll niais sou", rl' ; -Bonsoir. . O t1\'nis-jc ,'U es. Cl'S plaisirs de\' st'rHis jel il ses .. aurait-elle l'ol11pl'is? ,Alors je IlH' llPpl'oell':', ,k sOlll'inisd'llll niais sou"'1'(' ; -Bonsoir. .. . O tl\'nis-jc \'U
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87 moulus des botes de Moartmu.'tre, s'exhibnicnt "(-Ius, cOmme clt:s l'astaquouI'C5.3n.'(' des nllures 1('z si jalous,e ... Et je ne llUis ll1'clllp(ocht'l' dt.' l'jl'e, sans quoi toile n'::lllcompris, X Palmes! La bl'ise" Je el ln lune f..'OUlmCl1l'cnl. Pau\ ... iannibal 1 Et lu penses qu'Anmone esl uuc:' solle el que r\nll-sieaa a "l'aiment pris l!"Op d'clllbonpoint. Tu as le cill' Tu le promnes. , Tu "US,tll \'as ... Le dt ln roulc. dl' la soJiludc, ... les cds des l'/'iquelles. "Tu fass,ieus (hms l'hedJc (lui Il' di'mangt. Tu te mnJhcul'eux. Tu "us plvunr. Mais tu ral'-1'('lelil, pOpl' l'onl'()' nu 1'U' 1('z si jalous,e ... Et je ne llUis ll1'clllp(ocht'l' dt.' l'jl'e, sans quoi toile n'::lllcompris, X Palmes! La bl'ise" Je el ln lune f..'OUlmCl1l'cnl. Pau\ ... iannibal 1 Et lu penses qu'Anmone esl unC:' solle el que r\nll-sieaa a "l'aiment pris l!"Op d'clllbonpoint. Tu as le cill' Tu le promnes. , Tu "US,tll \'as ... Le dt ln roulc. dl' la soJiludc, ... les cds des l'/'iquelles. "Tu fMs,ieus (hms l'hedJc (lui Il' di'nHlIlgt. Tu te mnJhcul'eux. Tu "us plvunr. Mais tu ral'-1'('lelil, pOpl' l'onl'()' nn 1JU'
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NOTRE ENQUE'"fE ---+, .++ ....... ---DtlllS la prface des Essais de psychologie contem-Paul Bourget parlant de l'influence des crivains qu'il allnit analyser crivait il cette minute prcise et lancHs que j'cris celle Ifglle, un adolescent. que je vois, s'est accoud sur son pupitre d'tudiant par cc be;)u soir d'un joUi' de juin. Les fleuri s'ouvrent sous la fentre a 111011reusement. L'or tendre du soleil couch s'tend sur la ligne de l'horizon avec une dlicatesse adorable. Des jeunes filles causent dans le jardin voisin. L'adolescent est pench sur son livre. un de ceux dont il est parl dans ces essais ...... qu'il ferait mieux de "ivre disent les sages., .. ,Hlns c'est qu'il vit cct te minute et d'une "ie plus intense que s'il t'ueillail les fleurs parfumes, que s'il regardnit le mlancolique occident, que s'il serrait les fragiles doigts d'une jeune fille. Il passe tout enticl' dHllS les phrases deson uutelll' prfrt'. Il COll verse a\'ec lui de Cur il Cur, d'homme il hOlhl1H', Il l'coute prononcer sur la mnnirc de goter l'alllour et de pratiquer la dbauche, de chercher le bonheur et de suppOI'lel' le I1lnlheur, d'envisager la mort et tnbl'eux dll 1()Jllbeml. des parol('1'; qui sont des r\'t-Ialions. Ces paroles l'introduiscnl dans lIll univC'rs dt, sentiments jusqu'alors aperu il peine, De celle premire r,'lalion il imiter ces sentimenls la distance est lai!>I!!', et l'adolt'scent ne tarde gure ln Ihmchil' ... NOliS voulonl> dgllger les; Infltl,ence.<; qui agirent SUI' la sensibilit des jeulles haHiens d'aujourd'hui de quel malres l'eur<.'nt-ih les purolesC(u ounen! SUI' le monde et ln "ie. ces fentres mystrieuses qui font que l'on ('roil dcouvrir l'uninrs pOlir la premire fois. Ces initialeurs. lel1l' nOllS aideOlls il comprendre ln nhysionomie morale des jeunes gens qui nous entourent NOliS publierons fur et mesure leurs tmoignages ... NOliS posons la mme question nos proches ains, il tous les intelltctuels hatiens pour essayl?r de retrouvel' les sOllrces o s'alimente b Pense hatienne connOU5 esprons que l'cm fera bon accueil eelle enqute. qu'on en comprendra la porte ; de nous connatre, de tro\lver en commun des faons de sentir semblables, flrrinr il nOlis aimel' ,'. NOTRE ENQUE'"fE ---+, .++ ...... ---DtlllS la prface des Essais de psychologie contem-Paul Bourget parlant de l'influence des crivains qu'il allnit analyser crivait il cette minute prcise et lancHs que j'cris celle Ifglle, un adolescent. que je vois, s'est accoud sur son pupitre d'tudiant par cc be;)u soir d'un joUi' de juin. Les fleuri s'ouvrent sous la fentre a I11011reusement. L'or tendre du soleil couch s'tend sur la ligne de l'horizon avec une dlicatesse adorable. Des jeunes filles causent dans le jardin voisin. L'adolescent est pench sur son livre. un de ceux donl il est parl dans ces essais ...... qu'il ferait mieux de "ivre disent les sages., .. ,Hlns c'est qu'il vil cct te minute et d'une "ie plus intense que s'il t'ueillail les fleurs parfumes, que s'il regardnit le mlancolique occident, que s'il serrait les fragiles doigts d'une jeune fille. Il passe tout enlicl' dans les phrases deson uulelll' prfrt'. Il COll verse a\'ec lui de Cur il Cur, d'homme il hOlhl1H', Il l'coute prononcer sur la mnnirc de goMer l'alllour et de pratiquer la dbauche, de chercher le bonheur et de suppOI'lel' le I1lnlheur, d'envisager la mort et tnbl'eux dll 1<)Jllbeml. des parol('1'; qui sont des rvt-Ialions. Ces paroles l'introduiscnl dans lIll univC'rs dt, sentiments jusqu'alors aperu il peine, De celle premire r,'lalion il imiter ces sentimenls la distance est lai!>I!!', et l'adolt'scent ne larde gure ln Ihmchir ... NOliS voulonl> dgllger les; Infltl,ence.<; qui agirent SUI' la sensibilit des jeulles haHiens d'aujourd'hui de quel malres l'eur<.'nt-ih les purolesC(u ounen! SUI' le monde et ln "ie. ces fentres Illystrieuses qui font que l'on ('roil dcouvrir l'uninrs pOlir la premire fois. Ces initialeurs. lel1l' nOllS aideOlls il comprendre ln nhysionomie morale des jeunes gens qui nous entourent NOliS publierons fur et mesure leurs tmoignages ... NOliS posons la mme question nos proches ains, il tous les intelltctuels hatiens pour essayl?r de retrouvel' les sOllrces o s'alimente b Pense hatienne connOU5 esprons que l'cm fera bon accueil eelle enqute. qu'on en comprendra la porte ; de nous connatre, de tro\l\'er en commun des faons de sentir semblables, arrinr il nOlis aimel' .'.
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1 1 lU27. -LI-,:s ARTS ET LA VlE -.. . t)f/,rclellr : E. .; FOIlllait:ur:'i .: E. RonlER X. SYLVAIN .1. ROnlA1X A. YIITX P H.-THUy-:\f ,\ IlCEU:'\ IhslEL C\IIL BIHH.\HU -------0-------Erb; ('(i"" .. Il 1('11 1" POllll\< .1. IL (lm'cia U'lrc,"n'L QlIolqllP'; DMInitioll5 ,It! la Poe,,;,< L',\ngl' Radiguet .\ H:\YIllOlltl FI'3111:i,.; <1(. El:rit l'tif dl' "Eau (o-lxtnUl) Entt'e Nous: hJ"pJe,-; UOllllla;n Le. Bu \"Ird: P0t-L1H':;, Lp. tFr.lI:k BrJlIll ) . POt; m t!"; LI! Pr0l'hi .... KHlil (;ehmn) LI'''' nouI't-'He HnnlElt Trd. par J,\(Qt:ES Il. . de l'AcaJlnia Praocai"e CAHL BRt:Anll • Pli. 'l'1I01l\' Pli. 'filOU'\' :\1., Rel-: LiX FI!,\xn,.: .M )I!O:'l.\Sllr..t: '\STOSI(l \'H:llX .fA<:QUES ROt::'IAI" . Trt!. par JACQl!ES Rov,l..\ls OU<'IEL ffF:URTELOl:, E:l/Iu: HOU)!ER, FAnro FIALJ.O TrtI. pal' A us PH. TIIOIlY !\lARtELl:\ IhlPRHI ERIE HI"-O, Angle do .Rues & 20th Strt"t't, '. PORT .. \!l.PRI:-;CE, (HAITI \ 1 u t [ 1 1 lU27. -LI-,:s A Rn ET LA V lE -.. . t)f/,rclellr : E. .; FOIlllait:ur:'i .: E. RonlER X. SYLVAIN .1. ROnlAIX A. YIITX P H.-THUy-:\f ,\ IlCEU:'\ IhslEL C\IIL BIHH.\HU -------0-------Erb; ('(i"" .. Il 1('11 1" POllll\< .1. IL (lm'cia U'lrc,"n'L QlIolqllP'; DMInitioll5 ,It! la Poe,,;,< L',\ngl' Radiguet .\ H:\YIllOlltl FI'3111:i,.; <1(. El:rit l'tif dl' "Eau (o-lxtnUl) Enlt'e Nous: hJ"pJe,-; UOllllla;n Le. Bu \"Ird: P0t-L1H':;, Lp. (Fr.lI:k BrJlIll ) . POt; m t!"; LI! Pr0l'hi .... KHlil (;ebmn) LI'''' nouI't-'He HnnlElt Trd. par J,\(Qt:ES Il. . de l'AcaJlnia Praocai"e CAHL BRt:Anll • Pli. 'l'1I01l\' Pli. 'filOU'\' :\1., Rel-: LiX FI!,\xn,.: .M )I!O:'l.\Sllr..t: '\STOSI(l \'H:llX .fA<:QUES ROt::'IAI" . Trt!. par JACQl!ES Rov,l..\ls OU<'IEL ffF:URTELOl:, E:l/Iu: HOU)!ER, FAnro FIALJ.O TrtI. pal' A us PH. TIIOIlY !\lARtELl:\ IhlPRHI ERIE HI"-O, Angle do .Rues & 20th Strt"t't, '. PORT .. \!l.PRI:-;CE, (HAITI \ 1 u t [
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192. = _ :::s:::::s:m::: t iJ . -LES ARTS ET LA VIE-CLAI RClSSEMENTS (1 La He\'ue Indigne H est ulle pierre tombe dans la mare aux grenouilles. D:1IH le journal l'Hatien on s'est plaint amrement de ces peUls eunes gens et dmarqu les sottises des anciens bouquins de littrature sur le Illou\'emcnt symboliste, :-':ous. regrettons qu'un homme. auss l'c:-,ped que :\1" Pressoir ait accuilli cluus sa feuille d'anonymes ragols et tripotages de ces ":'lelels lches qni Sigll::llt : un abolln. Nous Ile sommes pas illl'endiaire:s el lIotre souci est d'crire assez bien pour que noire cole nationale pui!lse avoi., une place honol'able dans 1<:1 litlrature hatienne. La Revue Indigl',c II compose lion d'arrivistes mais d'31Tivs, Nous n'avolls pas gravir l'chelle sodale, II appartenait il des goujuls de nous mettre sur le dos les grossirets chrollqes de jeunes (\ cagatingas)) eonlre les jeunes filles de notre socit, r-.:ous faisons cellE" Illise nu point pour que l'intelligentsia hatienne ne lire pas sur ses troupes. Que nOlis n'acceplions pas les manuscrils de ridicules auteurs et voil une srie d'attaques aussi htes que piteuses, Oswald Durand qu'on nOlis accuse de mprise.' cst l'oncle de' Jacques Houmain, 'Nos cri"Hns Ile sent ('OlHlUS dans le monde . .\ qui la faule? Les anthologies tranaises sont ouvertes aux Belges, Suisses et Canadiens, Dans la collection (( Georges Banal ) des poles lrnngers, les "olumesle$ 192. = _ :::s:::::s:m::: t iJ . -LES ARTS ET LA VIE-CLAI RClSSEMENTS (1 La He\'ue Indigne H est ulle pierre tombe dans la mare aux grenouilles. D:1IH le journal l'Hatien on s'est plaint amrement de ces peUls eunes gens et dmarqu les sottises des anciens bouquins de littrature sur le Illou\'emcnt symboliste, :-':ous. regrettons qu'un homme. auss l'c:-,ped que :\1" Pressoir ait accuilli cluus sa feuille d'anonymes ragols et tripotages de ces ":'lelels lches qni Sigll::llt : un abolln. Nous Ile sommes pas illl'endiaire:s el lIotre souci est d'crire assez bien pour que noire cole nationale pui!lse avoi., une place honol'able dans 1<:1 litlrature hatienne. La Revue Indigl',c II compose lion d'arrivistes mais d'31Tivs, Nous n'avolls pas gravir l'chelle sodale, II appartenait il des goujuls de nous mettre sur le dos les grossirets chroIlq{'S de jeunes (\ cagatingas)) eonlre les jeunes filles de notre socit, r-.:ous faisons cellE" mise nu point pour que l'intelligentsia hatienne ne lire pas sur ses (rnupes. Que nOlis n'acceplions pas les manuscrils de ridicules auteurs et voil une srie d'attaques aussi htes que piteuses, Oswald Durand qu'on nOlis accuse de mprise." cst l'oncle de' Jacques Houmain, 'Nos cri"Hns Ile sent ('OlHlUS dans le monde . .\ qui la faule? Les anthologies sont ouvertes aux Belges. Suisses et Canadiens. Dans la collection (( Georges Banal ) des poles lrnngers, les "olumesle$
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!lll ---------------------------------------plus I)t'aux ",Ollt (1 1.:1 :'\lIit ), (\'J\Y:m (;ilkill d les "SOII_ nels " .:l'I':dl1lOl1<1 Lafol'vsl. Et jlollrl:lI1l. ('II France,lIolre EdlllG'HI L.tf(ll'cs' JI'esl C0I1II11 que petits gl';llllls hOilllllt'S, L('s nd III il';' hk ... dcOll\"t>rtes de rnb1>(-Houss(.'lol SOli! i\lCOIlIlUes il chers ('O\lCf0Yl'IH qui (>11 l'f'sl';;nl !OU.iOlll'S ail 111,\111(' (k, six \'oyl'l1l's .. \ d':llIlrl's, pills ("\'olups, r.\rl dl'S Yn, d'.-\ugwilt j)orc!1aiil l'sI L:111\o!";lIl. 1111 E\:lllgi!l', Ils l'il sonlellcore l'esls :wx philosophiqll\" de Sully-Prudhollllllt'.\\ l'oule \111(' hnllded'/?Il\lllt'Dul Il:ll'.S(' chez eux et qu'un monsieur s()it llll pOt'll' Illollclinl qu. boiL de la hiere sur 1:1 It'rrass(' dt' 1'Eldol':ldo, Lnfc:Hljo Hehrll a pas!'\ pills dt Irois il Porl- petits gl';llllls hOilllllt'S, L('s nd III il';' hk ... dcOll\"t>rtes de rnb1>(' Houss(.'lol SOli! i\lCOIlIlUes il chers ('O\lCf0Yl'IH qui (>11 l'f'sl';;nl !OUjolll's :tll 111,\111(' (k, six vOyl'l1l's .. \ d':llIlrl's, pills ("\'olups, r.\rl dl'S Yn, d'.-\ugwilt' j)orc!1aiil l'sI L:111\O!";lIl. 1111 E\:lllgi!l', Ils l'il sonlellcore l'esls :wx philosophiqll\" de Sully-PrudllOllllllt'.\\ l'oule 1111(' hnllded'll\lllt'Dul Il:ll'.S(' chez eux et qu'un monsieur soit llll pOt'll' Illollclinl qUI boiL de la hierc sur 1:1 It'rrass(' de 1'Eldol':ldo, Lnfc:Hljo Hehrll a pas!'\ pills dt Irois il Porl-
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91 dnire el l'l'aiche d de pOl:ks sincres l'si hnlllle' l'II brche pal' des pitres de saloll, d de p:ll\\'I'l'S li!t'ralt's qui se plHiselltduns lu dl'Iedalioll Illorosc. ;\ous (,l'dolls' il ,'enllui de leur raire 1111 cours ,lu reste :lSSt'Z bref. Les gens qui IlOLIS :lltnqllt'1l1 SOli! /cs p:lrlisnlls dt, lnl-II:lI'l'nille :lJllllOlogie de tl'.\rll'cy. Il 1I01lS esl imp()ssible qU:11' exemple, ('e vers d'.\gripptl d'Auhign dUIl:i les Truglqucs : L'('('ulI((' dl' k\ll' [lll;'; klll' mOllit' ,usqu yeu:\. ()Il l'L'li1'':i, 'idl'l:1 q!I;I: ;\ qualre ;1!'lTllls forts, (;l'Ilil/l', IiI/S, /1111/111', .III'Il,r. \'0', I!.:t'lellrs IH'lI\"'llI <'lppliqller l'l'Ill' rl'gk dl.:'s (l'Win' ::t'!.'cnls l'oris ;JI 1 \ \'ers J'r:1l1ruis. (les articles, les :11I:\ili:lil't's /(os (,ol1jonctiolls eti:. cOlliplant pOlir des raildes) Lt's n:'gles dl' sonl t'mpli'iqUt", ('1 l, !l0': 1 t..' ::('!uelleIlH,'n! doit se Illellrl' :1lI {'illl!':l!!! IL lOT"; les pt'!lgl'l'" pro";tldiqllcs, Les t:flldes SU!' jt'..; Yl'J'S S(l!ll "'\llIlll('S il COlllpll'!' dWf(lIc pour Uil pied nt..' peut ('11'(.' v'it..'lltifiqul', lu pr('l'ustoll ti Ill' Jlns Il' suhs!:lllli!' tlll/W, Le prl'!lIer mol dll \ers, Ijel/fJl(', li lit' syllabe I>l'l'\ 1..', sUI\'e d'uile forte l'st tlil pied "lllbiqlll' dans la posc lIIH!,luis(' COlllllle Ioules les prosodies, Qu'on nl' Ill'(jh,it'cle p:1S la Inillite des ("nivaills de la PIl'adc dalls 1:1 cl'!."aloll dil \'ers Illl'Stll't', PD!' del:'l les sil'des de lilti'r:tlllrc f'rtll1caise. /ts Htllls;lJ(1. BuL du Bellay ont telldu les aux cr\'nills dl' /'t't'oll' rOIlHlIie. Du Plessis. Les l'mllaisisles son.t . Il Jl'est qU'l'il lIati que dt,s l't'pliques dc TI'ssolill et \'adius Ile lltil'ent pns le 1'011 rire dll public, L rylhIlle continll conlillll{'/Ilcnt "ari de lh'n Ghil, ln thorie ingnieust' dl' ln l'haine il godets rs : 1l0llS Il'aYOIlS IH1S des es pour Illllrqucl' les Dccenls forts ct' faibles de mme Il:'s gr:l ph ques lIel'C.'ssai l'CS, Tout est Cl't'cr dalls cc pays. J'imprimerie comllle ln lihrairie, Prellons 1>:11' exemple, Cl' vers d'.\gripptl d'Auhign dUIl:i les Truglqucs : L'l' (' UII H' cl l' 10: Ill' fi II :.; k III' III 0 Ille .i Il S q Il "II .Y l' U :\ , ()Il l'L'li1'':i, 'i'{l'I:I l'l'\ e. sUI\'e d'uile forte l'st tlil pied "lllbiqlll' dans la posl' lIIH!,luis(' COlllllle Ioules les prosodies, Qu'on nl' Ill'(jhjt'cle p:1S la Inillite des ("nvuills de la Pleade dalls 1:1 en"alloll dil \'ers Illl'Stll't', PD!' dei:'! les sil'des de lilll'ntiurl' l' .. mH.'aise. \ts Htllls;lJ(1. BuL du Bellay ont telldu les aux cr\'nills de /'t't'ole rOIlHlIie. Du Plessis. Les l'mllaisisles SOllt
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92 LA RE'TE Claudel montrent que les vers classiques ou libres ne sont que des artifices typographiques, Le souffle rgle les rythmes et la chanson d'E\'iradnus ne peut se lire en donnant le mme ton et la Ihme valeur il chacun des.\'ers, Ecoutez, 1 comme un nid! qui murmure': invisible En tudiant un pole model'l1e. Albert Aufl'emonl, nous rencontrerons la mme coupe de vers: Je suis fier / de porlel' / duns mon / me ton me Isral; Nous ne voulons pas ennuJer nos lecteurs de dfinitions techniques mais le vers cit en ralit un vers de quatre pieds, chaque pied tant reprsent par deux syllabes faibles suiVies d'une forte, De plus un rejet allonge ncessairement le vers prcdent et ln mn nire de rcitel'ne pas le vers riche d'une seule coule, il la Claudel. Je suis fiel' de porler,dans inon me ton me, Isral ! ... Le vers clossique il qunlre accents l'oris est un ,'ers il lorme fixecomme le sonnel el J'areyto (que nous nvons cr) sont des pomes forme fixe. Suinlilt les tTis de nos potereaux,lm homme qui n'fcrirail pas en ballades. rondeaux ou pantoums ne ferait pas de la posie, Nos voisins de Cuba ne sont pas en but il Ilwl\'eillnncc systmatique de nos crtins50lennels. d'un Fcmondez Arondo est accueillie chaleureusement qui nous vaudrait nous les pIns grossires insultes ... 1 pasara tu ju\'entud 1... tn jll\'cntud que es canto, que es manzana de Octubre, bravo sol de los Iropicos. que es agua purav fresco de nislalinos rios y t10r qui se abre beso pasional de la aUI'Ol'a. Il reste une objection: la 1. .. La chanson de Roland n'c"t pas rimt.'>e ; clle n'cil est pas moins Je seul pome pique rnmais. Et de quel droit despetits matres attaqueraient les Valery Larbaud, John Antoine Nau et VCl'hneren. Ils sont intnmsi92 LA RE'TE Claudel montrent que les vers classiques ou libres ne sont que des artifices typographiques, Le souffle rgle les rythmes et la chanson d'E\'iradnus ne peut se lire en donnant le mme ton et la Ihme valeur chacun des.\'ers, Ecoutez, 1 comme un nid! qui murmure': invisible En tudiant un pole model'l1e. Albert Aufl'emonl, nous rencontrerons la mme coupe de vers: Je suis fier / de porlel' / duns mon / me ton me Isral; Nous ne voulons pas ennuJer nos lecteurs de dfinitions techniques mais le vers cit en ralit un vers de quatre pieds, chaque pied tant reprsent par deux syllabes faibles suiVies d'une forte, De plus un rejet allonge ncessairement le vers prcdent et ln mn nire de rcitel'ne pas le vers riche d'une seule coule, il la Claudel. Je suis fiel' de porler,dans inon me ton me, Isral ! ... Le vers clossique il qunlre accents l'oris est un "ers il lorme fixecomme le sonnel el J'areyto (que nous nvons cr) sont des pomes forme fixe. Sunlllt les ns de nos potereaux,lm homme qui n'fcrirail pas en ballades. rondeaux ou pantoums ne ferait pas de la posie. Nos voisins de Cuba ne sont pas en but il Ilwl\'eillnncc systmatique de nos crtins50lennels. d'un FCl'l1ondez Arondo est accueillie chaleureusement qui nous vaudrait nous les pIns grossires insultes ... 1 pasara tu ju\'entud 1... tn jll\'cntud que es canto, que es manzana de Octubre, bravo sol de los Iropicos. que es agua purav fresco de nislalinos l'ios y t10r qui se abre beso pasional de la aUI'Ol'a. Il reste une objection: la 1. .. La chanson de Roland n'c"t pas rimt.'>e ; clle n'cil est pas moins Je seul pome pique rnmais. Et de quel droit despetits matres attaqueraient les Valery Larbaud, John Antoine Nau et VCl'hneren. Ils sont intnmsi-
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LA nEVT:E JXDlGEXE geants: nous dIgrons bien leurs rimes-tiroir. bouchon el mariage rpublicain: arbre, marbre: vers. voiles, loiles ; morose elc. La posie est de la prose monte u, une pierre br,ute dont on tire un diamant de la plus belle cau. Le rythme est souverain et que me chantez-vous de rime si un pome vous plat et vous meut. Aime7-vous Shakespeare demandais-je un monsieur? Et Gthe, Le Dante, Camons?.Je revois encore sa bouche en cul de poule. Oh! leurs vers sont quel feu! quel gnie 1... -Et pourtant vous ne savez l'allemand, l'anglais ni rilalief.! ? Comment a\'ez-\'ous pu goler des pomes sans nmes. :\Ime tH'ant l'appnrition de La Revue Indigne >. nos cuistres nurnient d se taire devant la geste pique du pole Flix Viard : La lgende du dernier Marron 1...)) Ecrivant personnellement avec la rime. la contre-assonance de Derme et la contre-rime de T(;mJet je ne prche pas pro domo ) Il n'eH reste pas moins que notre mouvement est original et que nous suivons directement pas ans: Etzer Vilaire, Damocls Vieux, Charles Nous sautons volontiers sur l'inten'alle, cette mare aux grenouilles et leurs coassements anonymes. ROUMER LA nEVT:E JXDlGEXE geants: nous dIgrons bien leurs rimes-tiroir. bouchon el mariage rpublicain: arbre, marbre: vers. voiles, loiles ; morose elc. La posie est de la prose monte (c, une pierre br,ute dont on tire un diamant de la plus belle cau. Le rythme est souverain et que me chantez-vous de rime si un pome vous plat et vous meut. Aime7-vous Shakespeare demandais-je un monsieur? Et Gthe, Le Dante, Camons?.Je revois encore sa bouche en cul de poule. Oh! leurs vers sont quel feu! quel gnie 1... -Et pourtant vous ne savez l'allemand, l'anglais ni rilalief.! ? Comment a\'ez-\'ous pu goler des pomes sans nmes. :\Ime tH'ant l'appnrition de La Revue Indigne >. nos cuistres nurnient d se taire devant la geste pique du pole Flix Viard : La lgende du dernier Marron 1. .. )) Ecrivant personnellement avec la rime. la contre-assonance de Derme et la contre-rime de T(;mJet je ne prche pas pro domo ) Il n'eR reste pas moins que notre mouvement est original et que nous suivons directement pas ans: Etzer Vilaire, Damocls Vieux, Charles Nous sautons volontiers sur l'inten'alle, cette mare aux grenouilles et leurs coassements anonymes. ROUMER
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il ses licteurs un jeulle pote t:ubain. IUF.\EL G.\l\CL\ BARCENA, LAUH.\T e PHIX I)ES .IEt:X FLOH.U'X clc.'brc.'>s par Je scrtarint de l'Instruction Publique et des BenuxArts l'occasion dcs noces d'urgent dl' lu Ht>puhliqlH.> de Cuba. "ISIOX n'Ol.:THE Ttr\IBE Etj'lendrai 111011 \'01 et je resterai !ollnllt dans l'immensit sans lumire. Uniquement je sHunli que j'exisll' et ne me veri'ai llU\lllt' pus dnl1s la Ille'r ... Un' silence absolu ... Et une horreur sull'ocanle qui arrachera de moi un cri terrible, une t'lmncll1' efl'royable ct :.ligue. Uniquement je' que jl> l'l'il' ct n'e'nlendrni mme pas ma yoix ... Et .le sentirai ulle telle que je tentrai dl' I1H' dlrllirl' (.'t Ilt' p:IS. Haisoll sera lIll 1l101TenU d II jour rfugil' l'n mOI1 t'In') Uniquement je saurai que j'cxisle et ne me yerrai mme pas (hms la mer, Uniquement je saurai que' .if crie ... et ne m'entendrai mme pas crier .. , Et llinsi .ferrerai ternclleml'nt dans J'immensit sans lumire. :\lIlL\GE Debout SUl' UB rocher je conlelllplui le paysage. Et .le vis plein de joie. comme lu Iller t-tait bleue. Et je hlll<,'ni ma bnl'CJtl(' il lu IllC!'. COl1lme un baiser [aux vagues. il ses licteurs un jeulle pote t:ubain. IUF.\EL G.\l\CL\ BARCENA, LAUH.\T e PHIX I)ES .IEt:X FLOH.U'X clc.'brc."s par Je scrtarint de l'Instruction Publique et des BenuxArts l'occasion dcs noces d'urgent dl' lu Ht'puhliqlH.> de Cuba. "ISIOX n'Ol.:THE Ttr\IBE Etj'lendrai 111011 \'01 et je resterai !ollnllt dans l'immensit sans lumire. Uniquement je sHunli que j'exisll' et ne me veri'ai llU\lllt' pus dnl1s la Illrr ... Un' silence absolu ... Et une horreur sull'ocanle qui arrachera de moi un cri terrible, une t'lmncll1' efl'royable ct :.ligue. Uniquement jr que jl' l'rit' ct n'rnlcndrni mme pas ma yoix ... Et .le sentirai ulle telle que je tentrai dl' I1H' dlrllirl' (.'t Ilt' p:IS. Haisoll sera lIll 1l101TenU d II jour rfugil' l'n mOI1 t'In') Uniquement je saurai quc j'cxisle et ne me yerrai mme pas (hms la mer, Uniquement je saurai que' .if crie ... et ne m'entendrai mme pas crier .. , Et llinsi .ferrerai ternelleml'nt dans J'immensit sans lumire. :\lIlL\GE Debout SUl' UB rocher je conlelllplui le paysage. Et .le vis plein de joie. comme lu mer t-tait bleue. Et je hlll<,'ni ma bnl'CJtl(' il lu IllC!'. COlllme un baiser [aux vagues.
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et .Ic partis!.,. Le ciel -rellet dl' la Iller -se l'Ollwit de I1lWgCS bientM, Et la mer rime parlaite du ciel devint. no1l'e. Et je vis, prisonnier en ma barquc, que poinl [n'lait hleue la mer, Et je dominai l'impulsion de renverser ma hnrque fond de la Iller par une peul' incollllue. jlais dj la quille va HU caprice des v,Dgues d je au hasard, .\II!:-;i ,'W:lis su en lancanl ma barque q li (' Il 0 i n t !l'l' t ait h Il' lie (tl III e r! C!ueh,ues H:"finitions de la Posie ---... ---":iJ------. Si. du reste. j'avais nmlll parler des seuls pot'mes (lui suggrent explicitement. illlllldintemcnt l'infiniles Psaumes. par exemple, nu le Paradis.-je n'aurais pns dit que ces pomes tendent Hi! rejoindre la prire)) Ils font beaucoup plus; ils la touchent dj; ils se (,'OIllondent presque avec elle. Ce que j'ai dit me parat s'appliqu{'r tout pote. dans la mesure o il est pote, mme s'il n'a jamais compos que des pigrammes. Xous ne nous plaons pns. mon nmi et moi /lU mme point de vue. Il parle du pome, pris en soi, et du suJet que cc pome nous reprsente. Moi du pote lumme, en temps ((ue 1('1. c'est dire de l'eXpt'riC'nee et .Ic partis! ... Le ciel -rellet dl' la Iller -se l'Ollwit de I1lWgCS bientM. Et la mer rime parlaite du ciel devint. no1l'e. Et je vis, prisonnier en ma barquc, que poinl [n'tait hleue la mer. Et je dominai l'impulsion de renverser ma hnrque fond de la Iller par une peul' incollllue. jlais dj la quille va HU caprice des v,Dgues d je au hasard . . \II!:-;i ,'W:lis su en lancanl ma barque q li (' Il 0 i n t !l'l' t ait h Il' lie (tl III e r! C!ueh,ues H:"finitions de la Posie ---... ---":iJ------. Si. du reste. j'avais nmlll parler des seuls pot'mes (lui suggrent explicitement. illlllldintement l'infiniles Psaumes. par exemple, nu le Paradis.-je n'aurais pns dit que ces pomes tendent Hi! rejoindre la prire)) Ils font beaucoup plus; ils la touchent dj; ils se (,'OIllondent presque HyeC elle. Ce que j'ai dit me parat s'appliquer tout pote. dans ln mesure o il est pote, mme s'il n'a jamais compos que des pigrammes. Xous ne nous plaons pns. mon nmi et moi /lU mme point de vue. Il parle du pome, pris en soi, et du suJet que cc pome nous reprsente. Moi du pote lumme, en temps ((ue 1('1. c'est dire de l'eXpt'riC'nee
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LA HE\TE I!lJUlU:\,E premire qui il l'origine du pomc, Cette expiriolltl' si elle est vraiment potique. cst loujourg ulle rencontre de Dieu, obscure, du reste, le plus souvent une certaine prise de contact, consciente ou 110h' peu importe, mais relle, mois fconde, avec Dieu: Quand nous affirmons, cri\'ait Newman, que l'ab_ sence totale de sens religieux entraine une absence to. taJe du sens potique. nous n'entendons pas que le pote doive ncessairement traiter des sujets l'eligieux; ne pas de]a malil'e mme du pome mais de ses sources profondes. A\'c il va de soi que je ne prends pas ici le mot prire au sens formel rigoureux;, lvation .\'0, lontalre, surnaturelle t merttOire de l'ame \'ers Dieu. Entrechanler Sirmione et faire oraison, je mets une diffrence, L'inspiration potique tend il rejoindre 10 prire c'est il dire qU'elle cOildut la prire, qU'elle y pousse de tout ce poids dont parlent \\'ords"'orlh et Keats. Elle est prirt:, non pas prciscment analogique ou mtaphorique. mais inchoative. QU'on me pardonne ces gros mots. Elle est don de Dieu; pills encort elle est Dieului-mme dans ce don. prsent et s'offranl. sub diversis specieblls. Comme toule' de Dieu, elle est invitation la prire. Le pote qui voudrai! puiser ce don, aller jusqu'au balll de gr('(', finirait ncessairement par la p:'ire. ne pouvons pns [ou: dire il la fois, et. pour l'instant nOlis devons .1lOtlS ('II tenir auX. aspects ngatirs de noh'0 vaste sujet. la di flrcnce entre posie et prose. (La Posie Pure ).H. BRt::\WlI.;n def'Acadmie Franaise. LA HE\TE I!lJUlU:\,E premire qui il l'origine du pomc, Cette expiriolltl' si elle est vraiment potique. cst loujour::s ulle rencontre de Dieu, obscure, du reste, le plus souvent une certaine prise de contact, consciente ou 110h' peu importe, mais relle, mois fconde, avec Dieu: Quand nous affirmons, cri\'ait Newman, que rab. sence totale de sens religieux entraine une absence to. taJe du sens potique. nous n'entendons pas que Je pote doive ncessairement traiter des sujets l'eligieux; ne pas de]a malil'e mme du pome mais de ses sources profondes. A\'c il va de soi que je ne prends pas ici le mot prire au sens formel rigoureux;, lvation .\'0, lontalre, surnaturelle t merttOire de l'ame \'ers Dieu. Entrechanler Sirmione et faire oraison, je mets une diffrence, L'inspiration potique tend il rejoindre 10 prire c'est il dire qU'elle cOildut la prire, qU'elle y pousse de tout ce poids dont parlent \\'ords"'orlh et Keats. Elle est prirt:, non pas prciscment analogique ou mtaphorique. mais inchoative. QU'on me pardonne ces gros mots. Elle est don de Dieu; pllls encort elle est Dieului-mme dans ce don. prsent et s'offranl. sub diversis specieblls. Comme toule' de Dieu, elle est invitation la prire. Le pote qui voudrai! puiser ce don, aller jusqu'au bOlll de gr('(', finirait ncessairement par la p:'ire. ne pouvons pns lou: dire il la rois. et. pou!, l'instant nOlis devons .1lOtlS ('II tenir auX. aspects ngatirs de noh'0 vaste sujet. la di flrence entre posie et prose. (La Posie Pure ).H. BRt::\WlI.;n def'Acadmie Franaise.
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L'Ange RAYMOND RADIGUET Ange-ct pas seulemellt au sellS potique du mot. Le corbillard qui pOl'ta Rndigtwt Cil tel're, Il\'nit-ilpas en dfet, des plumets de J.I.l couleul' symholisant J'anglique innocence. puisqu'il mourut vingt ans, ge o moul'ut nussi l'auteur gni .. 1 des Chnnts de Maldoror. Vingt nus 1 Le plus bel ge pOUl' quitter ce mQIHte de (,'nfards. de bigotes. et de ces hypocrites et pompeux de molisseurs d'mcs, que sont les bourgeois. J'ai i:'OIlI1l\, nagure. un jeune qui. fil S011 pOUl' mourir il cet lIge-hl. S'il Il'y panil,lt [>ns, c'est que pcut-tre, il n'avuit encore rien dit de 'te qu'il avait il dire. Ce diuble de .il'une homme avait une munie singulire. 11 aimait se prot1lener dans les cimetires illa recherche d'pitaphes scnsutiollnelles. Un jour il en lt !lne, qui le laissn rvcur: Cl-git i\hH.lcmoiseHe Une Telle. Illorte chrliellilc et vierge il l'gc de 90 uns. Sans blag'ut', pellsa-I-il, celte vertu devnt tre rudement ennuyeuse tout de mme; Hg a ilS sans ... misricorde est-ce possible 't :\Iais ici. je vois h lecteur C:;II'quiIJaut ses veux. Qu'est ce que c'est ({tH' l'elfe au beau milieu, d'un article de eritiquc; cela n'a pas l'ombre de sens commun. Ah! a. jeune homme vous vous mof(uez?-Pas le moins du monde, cher :Monsieur, et jereviens mon sujet. D'ailleurs. ce jeune n'est pas le moins du monde intressant, attendu qu'il avait te excommuni, unge fort lendre. pHr un gentleman en robe de chambre noire. l'evenons il fnnge. Haymoml Radiguet ne tenait pas il ln lerre. crivait Jean Coctt"3U. li suffit pour s'en convaincre, de lire Je Diable au Corps et les Joues en Feu. Radiguet tait un averti et. l'intuition qui le portait crire ces lignes, ne Je trompait gure: Je flambais. je me htais, comme les gens qui doivent mourir jeunes et qui me ttent les bouches doubles. Et encore ( un L'Ange RAYMOND RADIGUET Ange-ct pas seulemellt au sellS potique du mot. Le corbillard qui pOl'ta Radigtwt Cil tel're, Il\'nit-ilpas en dfet, des plumets de J.I.l couleul' symholisant J'anglique innocence. puisqu'il mourut vingt ans, ge o moul'ut nussi l'auteur gni .. 1 des Chnnts de Maldoror. Vingt nus 1 Le plus bel ge pOUl' quitter ce mQIHte de (,'nfards. de bigotes. et de ces hypocrites et pompeux de molisseurs d'mcs, que sont les bourgeois. J'ai i:'OIlI1l\, nagure. un jeune qui. fil SOI1 pOUl' mourir il cet lIge-hl. S'il Il'y panil,lt [>ns, c'est que pcut-tre, il n'avuit encore rien dit de 'te qu'il avait il dire. Ce diuble de .il'une homme avait une munie singulire. 11 aimait se prot1lener dans les cimetires illa recherche d'pitaphes scnsutiollnelles. Un jour il en lt !lne, qui le laissn rvcur: Cl-git i\IcH.lcmoiseHe Une Telle. Illorte chrliellilc et vierge il l'gc de 90 uns. Sans blag'ut', pellsa-I-il, celte vertu devnit tre rudement ennuyeuse tout de mme; Hg a ilS sans ... misricorde est-ce possible 't :\Iais ici. je vois h lecteur C:;II'quiIJaut ses veux. Qu'est ce que c'est ({tH' l'elfe au beau milieu, d'un article de eritiquc; cela n'a pas l'ombre de sens commun. Ah! a. jeune homme vous vous mof(uez?-Pas le moins du monde, cher :Monsieur, et jereviens mon sujet. D'ailleurs. ce jeune n'est pas le moins du monde intressant, attendu qu'il avait te excommuni, unge fort lendre. pHr un gentleman en robe de chambre noire. l'evenons il fnnge. Haymoml Radiguet ne tenait pas il ln lerre. crivait Jean Coctt"3U. li suffit pour s'en convaincre, de lire Je Diable au Corps et les Joues en Feu. Radiguet tait un averti et. l'intuition qui le portait crire ces lignes, ne Je trompait gure: Je flambais. je me htais, comme les gens qui doivent mourir jeunes et qui me ttent les bouches doubles. Et encore ( un
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98 LA HE\TE homme dsordol1ll(' qui ni mOlll'ir el Ile s'en doule pus met soudain de l'ordre (lUIOHr dt, lUI. S:l "il' change. Il clas5e des papiers. Il se 1\'e 161. iJ se eUlH..'!le de bOIl" ne heure. Il renonce il ses Vices, Son entourage se flicite. Aussi sa mort brutale semble-I-l'lle d'nulnnl plus injuste. II allait tre heureux. Ces dernires 1ignes meu\'('nl dH\'ant::lge, quant on sait que ce 'ut peu de temps sa mort. que Hadiguet runit les pomes pars qui d<.>\'nienl complter les Joues enFeu. Est-il un livre pins troublant que ce mince l'eeueil de pomes crits de ln quatorzime il la vingtime JlJ1e el SUI' lequel plane l'nUe angoissante de hl mrt. Raymond Radiguet garde loute son ol'iginalit. d:lllS le roman. Le Diable au Corps est crit dans fe mme stJle nerveux et gl'le, si lumineux cepcl1dnnl. dt's .Joues en Feu. Avec ce roman simple et 'Tai, il coup srnutobiogl'uphique, nous voil loin de ces U\Tes rOllwnesques o l'on voit des cl'atlll'eS romanesques f[l i re 1'21 mOllI' ('n 50 Il ge, et dguster des sorbels il l'ther. Je veux qu'on me montre les ho 111111 es, tels qu'ils sonl dans la ralit. Si ce sont des amants. je veux les voir ... mnis laissons ces choses que quelqueS-lins pl'('lplld('1l1 scnhrC'uses. Peut-tre son chef-d'uvre cst-il L<.' Bal du Comte d'Orge!. .J e Il 'essB it'I'[l i pas de l'[lCOnll'I' ('t' l'C ma n o il ne se pnsse pJ'{'sqllc rien: cependanl les p<"l'solll1nges vivent inlensment l'(,J1's('ign('s (Ill(' nous S0111I11('S d('s motifs psychologiques qui I<.'s J('III ngir. En n petit me pnntil tre dl' la bien qui vu. de la Prnct'sC;;(' deCIt'\'(:'s il Uominique.lbdignet -mlange ('xquis d'un marivundngr 1111 pl'n S("(' ('1 du modt'l'Ilisme lt' pills aign. CAHL BnOt'ARD 98 LA HE\TE Il'iDHiba: homme dsordol1ll(' qui ni mOlll'ir el Ile s'en doule pus met soudain de l'ordre ,mlour dt lUI. S:l "il' change. Il clas5t' des papiers. Il se 1\'e 161. iJ se cuuche de bOIl" ne heure. Il renonce il ses Vices, Son t'ntouragl' st' flicite. Aussi sa mo!'! brutale semble-I-l'lle d'nulnnl plus injuste. II allait tre heureux. Ces dernires 1ignes meu\,('nl dH\'ant[lge, quant on sait que ce iut peu de temps sa mort. que Hadiguet runit les pomes pars qui d<.>\'nienl complter les Joues enFeu. Est-il un livre pins troublant que ce mince recueil de pomes crits de ln quatorzime il la vingtime JlJ1e el SUl' lequel plane l'nUe angoissante de hl mrt. Raymond Radiguet garde loute son ol'iginalit. d:lllS le roman. Le Diable au Corps est crit dans fe mme stJle nerveux et gl'le, si lumineux cepcndnnl. dt's .Joues en Feu. Avec ce roman simple et 'Tai, t'oup srnlltobiogrnphique, nous voil loin de ces U\Tes rOllwnesques o l'on voit des cl'atlll'eS romnncsques fn i re 1'21 mOll\' ('11 50 Il ge, et dguster des sorbets il l'ther. Je veux qu'on me montre les hommes, tels qu'ils sonl dans la ralit. Si ce sont des amants. je veux les voir ... mnis laissons ces choses que quelqueS-lins pl'('lelld('1l1 scnhrC'llses. Peut-tre son chef-d'uvre cst-il L<. Bal du Comte d'Orge!. .Je n'essni('l'nj pas de raconlel' ('t' l'Clllan o il ne se pnsse p\'{'sqlle ri('J}; cependant les p<'\l'solll1nges vivent intensment l'(,J1'seign('s (Ill(' nOlis S0111111('S des motifs psychologiques qui I<.'s J('llt ngir. En n petit me pnntil tre dl' la bicn qui vu. de la Prnct"scH;' deClh'(:'s il Uominique.lbdignet mlange ('xquis d'un marivulldngr 1111 pen S('>(' et du modt'l'llisll1e lt' pills aign. CAHL BnOt'ARD
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LA IlE\TEI:--iDIGE:--iE A Raymond Radiguet ln memoriam Iks anges Je plaisir appris, ('c CfeUl' nous empche de vivre. que recouvre de givre, profanes. voire sot mpris, .-\u 'bout de l'an scolaire, ('hanterons-nous, le front lauri, belle dans le soir ddor Ille ddiant un rt'glu'd polail'e? PH. FRANCIS de MIOMONDRE FRAX.\IS) Quoi qu'il crive. l1l1 homme l'enseigne bien pltHi sur so mme que SUl' les autres, Cne comdie de Molire. pleine de l'ire et de bOllffonuel'ie explique trs bien le drame de son existence. Dans tout livre, je cherche un homme, L'auteur m'intl'esse heallcou p Illoi ns, premire l'ew'ollll'C av{'e Francis de date de deux ans, C'tait Pal's. parmi J'indiffrence affaire des pussagers du Mtro; avec lin licket de {Ieuxime classe, je dcoupais les feuillets de SOli premier l'Oman, Ecrit sm' de l'eau (courl'Ollll pat' l'Acadmie GOIl(,ol1l'l).et cesligncs me tombrent souslcsyeux,qlliollt \'eill ennwi 1111 cho d'uneinfiniemlancolie: i",lne 10llgue du mnlheul' lui avait donn cie la vie cellc jt1sle cOllccplion quc' lu malice des hommes n'est rien il ct de celle uutremcnt incomp.'hellsible des vnements, II y a,'ait l lll1 pl'Ofond mystre devant lequel il s'inclinait S811S 1) C'est un livre plein d'humoul' et de fantaisie; mais quand On vient de le liI'e, il laisse en soi une l'verie dsenchante ( comme 1(' sOl1\'enir, II la gorge, d'une bouche de cendre), LA IlE\TEI:--iDIGE:--iE A Raymond Radiguet ln memoriam Iks anges Je plaisir appris, ('c CfeUl' nous empche de vivre. que recouvre de givre, profanes. voire sot mpris, .-\u 'bout de l'an scolaire, ('hanterons-nous, le front lauri, belle dans le soir ddor Ille ddiant un rt'glu'd polail'e? PH. FRANCIS de MIOMONDRE FRAX.\IS) Quoi qu'il crive. l1l1 homme l'enseigne bien pltHi sur somme que SUl' les autres, Cne comdie de Molire. pleine de l'ire et de bOllffonuel'ie explique trs bien le drame de son existence. Dans tout livre, je cherche un homme, L'auteur m'intl'esse heallcou p Illoi ns, premire l'ew'ollll'C av{'e Francis de date de deux ans, C'tait Pa1's. parmi J'indiffrence affaire des pussagers du Mtro; avec lin licket de {Ieuxime classe, je dcoupais les feuillets de SOli premier l'Oman, Ecrit sm' de l'eau (courl'Ollll pat' l'Acadmie GOIl(,ol1l'l).et cesligncs me tombrent souslcsyeux,qlliollt \'eill ennwi 1111 cho d'uneinfiniemlancolie: i",lne 10llgue du mnlheul' lui avait donn cie la vie cellc jt1sle cOllceplion quc' lu malice des hommes n'est rien il ct de celle uutrement incomp.'hellsible des vnemellts, II y a,'ait l lll1 pmfond mystre devant lequel il s'inclinait S811S 1) C'est un livre plein d'humoul' et de fantaisie; mais quand On vient de le Ih'e, il laisse ell soi une l'verie dsenchante ( comme 1(' sOl1\'enir, II la gorge, d'une bouche de cendre),
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100 LA HE\'t.:E ];\;I1IG:\E Dans JAl .11'11111' Fille 011 Ja/'din, "iOIlUIIHlr(' pl'''l'd(' dl' la mme manil'rc, La Sall{rage ('/ 'I,Jllwlll' dl' 1.1111/'1' IJtIPrrrir/' sonl, lit! din' mme du 1'0mHlleier. ('S lllde .. '1 d'Ilne prt'Ie plesqu(' desespre ), Je n'ai pas lu le Diel"leur, fantaisie joyt'lIs(> el lihre, qui doit faire contrastc n\,(>l' toute \llle ll\TC fnl.aliste. ct Hm(re, mais sallS la nier; aIl contmire. elle explique le Cfll'UCtre de l\1iomandl'c, clll'lin un r\'e, il la gHll, cl qlle la triste platitude du l'amllC il la ml'Iancolie, .Max Daireullx, Jans les Lillrail'es,nolls le prsente ainsi ;ll li crll il la heaut, il ta hont, el sllr le chemill de ses expl'ences il n'n l'encontre 'Ille des amOlll'S mnllques de momes umhitions, des infnl1lies sans grnlldpurs, )) Dans un dl' ses inapprciables TH' he/ll'e (//WC ... , Frdrie Lefvre nOlis apprend que FrHncis dc "it ehezlui en pyjamn de soie \'crte (ol'll ,( HU heau milieu du dos d'une lune qui souril >1 ).entour d'Ilne guenoll el de ces fantoches de feutre, dOlls de ses amis Yalt;r" Larhaud, Simoll Kra et Miguel de Unallllmo. Sa lablf' e ti'a\'nil esl trs pnrente de ces seertnires des marqllises dix-hnilillle, jouant la bergre il Versailles saliS se douter qu" le coupert>t el lihre, qui doit faire contraslc n\,(>l' Ioule \llle ll\TC fnl.alisle. ct Hm(re, mais sallS la nier; aIl contmire. elle explique le Cfll'UCtre de l\1iomandl'c, clll'lin un r\'e, il la gHll, cl qlle la triste platitude du l'amllC il la ml'Iancolie, .Max Daireullx, Jans les Lillrail'es,nolls le prsente ainsi ;ll li crn il la heaul, il ta honl, el sllr le chemin de ses expl'ences il n'n renconlre 'Ille des amOlll'S mnllques de momes umhilions, des infnl1lies sans grnlldpurs, )) Dans un dl' ses inapprciables TH' he/ll'e (//WC ... , Frdrie Lefvre nOlis apprend que FrHncis dc "il ehezlui en pyjamn de soie \'crle (ol'll ,( HU heau milieu du dos d'une lune qui souril >1 ).entour d'Ilne guenoll el de ces fantoches de feutre, dOlls de ses amis Yalt;r" Larhaud, Simoll Kra et Miguel de Unallllmo. Sa lablf' e li'a\'nil esl trs pnrente de ces seertnires des marqllises dix-hnilillle, jouunl la bergre il Versailles saliS se douler qu" le coupert>t
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ECRIT SUit DE L'EAU (extrait) Vous penserez moi. Adieu, mon fou t Elle l'embrassa, boudant dj et tout triste, puis, l gre, s'vapora. Seul de nouveau, plus seul encore entre les murs porcelaine et sous le gaz brlant, Jacques ne se sentait plus la force de descendre. L'ide de revoir les invits de Mme Morille lui tait insupportable, et il eut pour la premire fois l'obscure intuition que l'amour, lorsqu'il n'est pas l, sous la main, fait perdre lUX pe lites choses de la vie le pauvre charme qu'elles ont pour qui ne l've pas mieux. . Cependant, il faut bien vivre, n'est-ce pas? c'est--dire accepter avec un air aimable et indiffrent la mauvaise plaisanterie suprieure qui nous est quotidiennement Impose de fains ce qui nous dplait cent fois plus sou. vent que le contraire, en vue d'ailleurs de ne plaire personne. II devait tre gal MmeMorille que de Meillan vint o ne vint pas faire figure ses quadrilles, et mme M.Morille que ses parquets perdissent un frotteur. car ce qu'il en avait dit n'tait qu'une manire de badinage mtaphorique, et cependant le jeune homme, en ac ceptant leur invitation, s'tait engag implicilement sjou"ner plutl dans leur salon que dans leur cabinel de toilette, Et, donc il descendit. Ce fut grand'peine d'ailleurs qu'il ne se perdit point au milieu du Labyrinthe d'escaliers, de corridors et (I.e chambres qu'il avait travers, et ce qui ne contribpa pas peu son empalT3S, ce de retrouver pleines confuses pl'sences et de tres doux murmures ces pl. ('es qu'il n'avait vu tout l'heure haRtes que de leurs 11Ieubles, .. Des personnes nombreuses ( si nombreuses
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102 LA RE\'UE INDIGt:\E ment pour s'assurer entre el/es, (LttC les baisers qn'l'lIl's se donnaient ainsi. malgr JUl' fi\Te et leur hle. taient la preu\'f: el le gage d'une fidlit durable. Jamais, dans aucune s(;ir<, hlcques n'uvai, vu alItant de monde s'embrns'ier: U comprit, cal' il n't tail pointbte, qu'i n'avflit frqu":-nt jusqll'l.llors que des htes dont les suIons n'ttVuient }>3S d'issue, 'llHiis qUf:.>. cliez Mme.Morille. deux presque e,l1tiers Il de de, malS sans le hure exprs; car Il taIt remplI de veillance, et il aurait voulu'que tout un chacun, malgr son vidente ingnuit et ln mdiocril de son choix. goutt autant de bonheur 3vec sil compagne qu'il ,fil avait pris, lui, retenir entre ses lves la bouche exquise de son amie. Au fuit, o tail-elle?1I espnlt rl'trom'l'l' nu grand salon et... Elle lui avait dfendu de ln l'econnaHre. mais ne. pouvait-il pns demander il .lui tre prsent?, seraIt-ce pas trs chal'lnallt, celle cnlre\'lle ln premire, avec tous les sous-entendus, toutes les significations infiniment nuances que IJl'endl'aient alors les moindl'es paroles galanterie'! . Recherche vaine .. Commc des ombres, comme I('s personnages absurdes et peqJcluels qui dfilent aux lirs des foil'es, il vit passel' et repasser, SHns raison vraIlH'lil LnnturluL MllIe.Defayyunlz, M.Morille ct le petil Clwmar. RappaponL et Unmbnl'd.et Brl>ll1,ond, cl bien d'fiutres. LnnlurJul. surlout repnssnil !\i SQUvent que c'lail en avoir le \'(:l'lige. Celle situai ion devint mme si nsoutennblc que Jacques se le\'(1 el. l'a-bordant, lui posa lu sur l'paule: . . -Ecoulez, LClIltl1r111t. dit-il nH'C une gr:lIldc douceUl" ne repassez plus ('onue,cclil. Je Ile peux pins y tenir. Il faut absolument quel\OllS VOliS nrrl iez. Lanturlut fut tellement l'tonn qu'il ell delJltul':l llIH,' minute la bouche ouverte, jusqu' l't' qU'fIll coup de ('()(:-de violent de M.Morille, qui justement l'Illrannil M"'(' de Chamar dans une' scoll.ish il contre-temps, vint lui faire perdre son nslanlr quilihleel lefaire lomber $sis sm' une basque de son ,hahit. la poche de Inquelle une petite lan.terne pOUl' rcutrer le soir, crfls(', clata. FnA:\ClS DE 102 LA RE\'UE INDIGt:\E ment pour s'assurer entre el/es, (LlI9 les baisers qn'l'lIl's se donnaient ainsi. malgr JUl' fi\Te et leur hle. taient la preu\'f: el le gage d'une filit durable. Jamais, dans aucune s(;r<, hlcques n'uvai, vu alItant de monde s'embrns'icr: U comprit, cal' il n3S d'issue, 'llHiis qUf:.>. cliez Mme.Morille. deux presque e,lltiers Il de de, malS sans le lUire exprs; car Il taIt remplI de veillance, et il aurait voululque tout un chacun, malgr son vidente ingnuit et ln mdiocril de son choix. goutt autant de bonheur 3vec sil compagne qu'il ,fil avait pris, lui, retenir entre ses lves la bouche exquise de son amie. Au fait, o tal-elle?1I esprait rl'trom'CI' nu grand salon et... Elle lui avait dfendu de ln l'econnaHre. mais ne. pouvait-il pns demander il .lui tre prsent?, seraIt-ce pas trs chal'l1umt, cetle enlrenle ln premire, avec tous les sous-entendus, toules les significations infiniment nuances que IJl'endl'aient alors les moindl'es paroles galanterie'! . Recherche vaine .. Comme des ombres, comme I('s personnages absurdes et peqJcluels qui dfilent aux lirs des foil'es, il vit passel' el repasser, SHns raison vranH'lil LnnturluL MllIe.Defayyunlz, M.Morille ct le peUl Clwmur. RappaponL et Unmbmd.et Brl>ll1,ond, ct bien d'fiutres. Lnnlurlul. surlout repnssail !\i SQUvent que c'laiL en avoir le \'(:l'lige. Celle situation devint mme si insoutenable que Jacques se le\'(1 et. Fa-bordnnt, lui posa lu sur l'paule: . . -Ecoulez, LClIltl1r111t. dit-il n\'{'c une gr:lIldc douceUl" ne repassez plus ('onue,celil. Je Ile peux pins y tenir. Il faut absolument quel\OllS VOliS nrrl iez. Lanturlut fut tellement l'tonn qu'il ('n dellltul':l llIH,' minute la bouche ouverte, jusqu' l't' qu'au coup de ('()(:-de violent de M.Morille, qui justement l'Iltrannil M"'(' de Chamar dans une' scotl.ish il contre-temps, vint lui faire perdre sail nslanlr quilihleet lefaire lomber $sis sm' une basque de son ,hahit. clans ln poche de Inquelle une petite lan.terne pour 1'C11tr('r le soir, crfls(', clata. FnA:\ClS DE
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ENTRE NOUS: :\11":1I)le, les tendues, .Jacques RtHlnW1I1 nous rcIl est sourianl dans Lnl pyjallla lIoir. L:.l tte bour-1'1 fe. Cnc,I.'!ligul' Il'g(,\,e :Jutollr des yl'lIx. De quoi il s'cxcuse cl ailleurs ai llI11bl!'llIen 1. .J'ai d{'(>llis cc nwlin. ditil. Une traductioll. Et sur lUI geslt, de slIprisc -.Je crois que ceux qui ont prds . s.'en. sonl Irop excitisivellleni tenus aux quelques criva.ins fnHl<,'ais dOllt ln renomme leur parvenait. Ils se sont ,compltement dsintresss de la marche de la littraturc Tort profond ct qu'on ne j[jl1lais Au xx." sicle -, le mot peut "ous gral] diloC}ucllt. il ex.primc IlUl pro'llsc. -\>11 est LIli citoyen c1UIIIOIHle.De plus cn plll:> les lillrlllures telldenl wrtir dcs limites dcs rrolltires. Elles snf1ucncent rcipr'oquelllc!lt. D'o un cerltlill intt'rt il COlllHltre les rcprsen!lIllIs fIl' ln pellse t.nillgrc pOlir !'i lIIieux possder soi-llIl1lc. Il y a ulle l'ducntion lI got il l'ntreprelldre Cil Des horizolls iIISOUpOIlIl('S qtL'on doit de !dcollvrir il la IOllle. OU II(' le peut qlle par des Qt conlUlit l'hez Il 0 LI."; Prnllz Halllirez. Fabio'Fiallo et ce jeune pote G(>llis cc nwlin. ditil. Une trrlductioll. Et sur lUI geslt, de slIprisc -.Je crois que ceux qui ont prds . s.'en. sonl Irop excitisivellleni tenus aux quelques criva.ins fnHl<,'ais dOllt ln renomme leur parvenait. Ils se sont ,compltement dsintresss de la mnrche de la litlraturc Tort profond ct qu'on ne j[jl1lais Au xx." sicle -, le mot peut "ous gral] diloC}ucllt. il ex.primc nUl pro'llsc. -\>11 est LIli citoyen c1UIIIOIHle.De plus cn plll:> les lillrlllures lelldenl wrtir dcs limites dcs rrontires. Elles snf1ucncent rcipr'oquelllc!lt. D'o un cerltlin inlt'rt il COlllHltre les rcprsen!allls fIl' ln pense t.nillgrc pOlir !'i lIIieux possder soi-llIl1lc. Il y a ulle l'ducation lI got il l'nlreprelldre cn Des horizolls illsollpOnll('s qtL'on doit de !dcollvrir il la IOllle. OU II(' le peut qllt' par des Qt conlUlit l'hez nOll."; Prntlz Halllirez. Fabio'Fiallo et ce jeune pote G
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104 LA. HEVl:E INDIGENE jours de nous, une florissante posie ngre. El originale. Countree Cullins par exemple. Notre littrature est dsaxe. Dans un cadre. au dessus de la table de travail, le visage d'un homme se profile. Robuste, nergique. Bar biche la Napolon Ill. Un narguil, sur un tabouret voque je ne sais quel dcor oriental O des femmes nues s'aJanguirnient sur des 'llpis. Au mur tapiss de draperie persane: panoplie. Il sourit: -Vous regardez mes arilles? Toutes exotiques. Kriss Malais. Hache mongole. AParis, je m'attardais souvent dans les boutiques des brocanteurs .. Je crois que l'iche l'eusse fait un mel'yeilleux collectionneur. Un merveilleux bibliophile UU5S du reste. Du geste, il me montre sa bibliothque. Philosophit. Histoire. Roman. L'indice d'un esprit curieux, ouvert. Tacite coudoie sans mOl'gue madame Bonll'Y et Pirandello. Nous nous asseyons dans ces fauteuils du pays Cil acajou et qui ne 11lanquenl pas de confortable. L soir tombe. Cela met une frmissante chu't d'or dans la pice. une frmissilnte clart d'or o son visAge se d coupe en reliet. Brun. Les traits saillants. Machoire yo lontaire et ttue, qu'aux moments de silence Ull tit: contracte. Les paules sont lal'ges. Sous II ne sveltesse apparente, on devine une extraordinaire puissance de vie. La souplesse d'une machine hie-ll huile. -Ce en quoi ma bibliothque vous paraitra pcuttre originale-, c'est dans le grand nombre des livl'cs orientaux. L'Odent m'a rellement mnrqu. Voyez-\'otlS mme. [Je lis: Les penseurs de l'Islam, Je Rissalvut al Tarohid. le Coran, l'Islam Noir, les Upnnishad. Hafiz. Omar Khayam etc ... ] -Cela est trs inslructif. dit-II en les l'cplannt SUI' le Et intressant. .J'ai ide ainsi que je voyagE'. Je tiens salis doute de mes anctres, bretons et matelots, cette nostalgie vers l'espace. Certaines ferres exer-. cent sm' moi une vritnble ntfractioll. El cerlains noms aussi: Prague. Vienne, Nidjnino\'gorod.-A ct df's livres orientaux, yoiei I\ielzehr. 104 LA. HEVl:E INDIGENE jours de nous, une florissante posie ngre. El originale. Countree Cullins par exemple. Notre littrature est dsaxe. Dans un cadre. au dessus de la table de travail, le visage d'un homme se profile. Robuste, nergique. Bar biche la Napolon Ill. Un narguil, sur un tabouret voque je ne sais quel dcor oriental O des femmes nues s'aJanguirnient sur des 'llpis. Au mur tapiss de draperie persane: panoplie. Il sourit: -Vous regardez mes arilles? Toutes exotiques. Kriss Malais. Hache mongole. AParis, je m'attardais souvent dans les boutiques des brocanteurs .. Je crois que l'iche l'eusse fait un mel'yeilleux collectionneur. Un merveilleux bibliophile UU5S du reste. Du geste, il me montre sa bibliothque. Philosophit. Histoire. Roman. L'indice d'un esprit curieux, ouvert. Tacite coudoie sans mOl'gue madame Bonll'Y et Pirandello. Nous nous asseyons dans ces fauteuils du pays Cil acajou et qui ne 11lanquenl pas de confortable. L soir tombe. Cela met une frmissante chu't d'or dans la pice. une frmissilnte clart d'or o son viSAge se d coupe en reliet. Brun. Les traits saillants. Machoire vo lontaire et ttue, qu'aux moments de silence Ull tit: contracte. Les paules sont lal'ges. Sous II ne sveltesse apparente, on devine une extraordinaire puissance de vie. La souplesse d'une machine hie-ll huile. -Ce en quoi ma bibliothque vous paraitra pcuttre originale-, c'est dans le grand nombre des livl'cs orientaux. L'Odenl m'a rellement mnrqu. Voyez-\'otlS mme. [Je lis: Les penseurs de l'Islam, Je Rissalvut al Tarohid. le Coran, l'Islam Noir, les Upnnishad. Hafiz. Omar Khayam etr ... ] -Cela est trs inslructif. dit-II en les l'cplannt SUI' le Et intressant. .J'ai ide ainsi que je voyagE'. Je tiens salis doute de mes anctres, bretons et matelots, cette nostalgie vers l'espace. Certaines ferres exer-. cent sm' moi une vritnble nffractioll. El cerlains noms aussi: Prague. Vienne, Nidjnino\'gorod.-A ct df's livres orientaux, yoiei I\ielzehr.
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105 -.110i Gussi j'ai connu la crise neL:chenne.1l fut une poque oit avec un de mes amis, Ren Salomon, je. passais des heures cl commenter Zarathoustra. --C'est lllon n\'is J'uvre la plus caractristique du gnie niclzchell. J'ai lu dans quel manuel de philosophie pour coliers'? qne Nielzche est malsain. Tout au contraire. A.ucune morbidesse. Nulle Irflce de l'amertumc hglienne. j.Iflis un vaste chflnt la vie. A l'effort. A }fI Volont de PuissmH:e. Cet homme a cr une religion: celle du SlIrhul11ain:Et je veux que l'homme soit beflu et durcoml11e 1ft ltial11anL)) Et ce passage: Qu'est le.singe pour J'homme, sinon une honle et une drision. De mme l'homme doit tre une honte et une drision pOLIr le Surhumain.) Je cite il peu pr,s. -Et UrOWlc'lll', quelle ampleul' dtt/Yl'isme! "OtiS l'avez dit: :\i('I1.('h(' est lyrique, Ce Il'est pas Je lyrisme sentillll'lllalelllell niHis de quelques LmllHli!liens
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106 LA REYVE INllIotXE -Ni de l'un ni. de l'au Ire'. J'ai le dfuul, comme je YOllS l'IIi dit, d'a"oirdes aeux bretons, li lle dure. Ds que je me senlirais SUI' le point d't"e il1f1ul'lle pUf' un <:lI leur, je m'eu drel.'Jdrais. C'est U!l 101'1 peul ln ... Et puis, j'ai aussi ma cOlH.'ep((OIl du pome. L:.ssl'z que je "ous la dise; Vous n'les p:IS ,,'('!lU pOUl' nllln. c!lose. du l'este, Pour lIloi lepomc contient lIll draille. El Cl' ct'll drtmalique, lui seul peul dgager une> l'1l101ioll. Cl' qu'oll appelle l'moI ion artistique el qui n'est que ln stltisfnction de la chose bien ne nle sutril pas .. Je suis plus exige:mL .le veux nu pome la forte .;ibnlllte qui M'-.. coue. Le moleur. D:tlls Cenl mtres je n'ai pas voulu brosser Ull lable'nu .• Je ne suis pns peintrt, .l'ai voulu faire "iNre ce que j'uvnis couru. LH fi"re. Les impJ'('ssions dlirantes. Et Montrer la projondem de ('elle chose hnnale.l'xlrnire son me. Ll' drame de la pise. Le dans les nerfs les muscles. Depuis C]uls:';( sOlll courhl's. les coureurs, pn\ls il la dtente, jusqn' la minuIt' o Il' fil hlnllc fer;, ;'J l'UIl d'eux, LIlle fine (>l'h;\1'I)(. On 1'1 prlendu qlle ce n'lail qu'uil SHlIp!l.> j('11 d'Im, ges. Des gens nnHs smngilwiell1 qll'Il ('si 1wsoin dl' l cherchel". l\lnis Ilnn. EH( \'Cllt seul('. Elit, s'imlHlst 111(me. On &ouffl'll'nI de Ile pns lu 1lll'llrt'. colceplol) du polt'? Un l:'l' qui \'d .. DOIlI1('7 il ce verhe . .il' VOllS prie; sa (olH'l'plion. C'esl 1(, hn rde a!ltique, .n II x l'S ('1 l'1l101ioll. Cl' qu'oll appelle l'moI ion artistique el qui n'est que ln stltisfaction de la chose bien ne nle sutril pas .. Je suis plus exige:mL .le veux nu pome la forte .;ibnlllte qui M'-.. coue. Le moleur. D:tlls Cenl mtres je n'ai pas voulu brosser Ull lable'nu .• Je ne suis pns peintrt, .l'ai voulu faire "iNre ce que j'uvnis couru. LH fi"re. Les impJ'('ssions dlirantes. Et Montrer la projondem de elll' chose hnnale.l'xlrnire son me. Ll' drame de la pise. Le dans les nerfs les muscles. Depuis C]uls:';( sonl courhl's, les coureurs, pn\ls il la dtente, jusqn' la minuIt' o 1(, fil hlnllc fer;, ;'J l'UIl d'eux, LIlle fille (>ch;\1'I)('. On 1'1 prlendu qlle ce n'lail qu'uil SHlIp!l.> j('11 d'Im, ges. Des gens nnHs smngilwicll1 qll'Il ('si l)('soin dl' l cherchel". l\lnis Ilnn. EH( \'Cllt seul('. Elit s'imlHlst 111(me. On &ouffl'll'nI de Ile pns lu 1lll'llrt'. coH.epliol) du polt'? Un l:'1.' qui \'d .. ))01l11('7 il ce verhe . .il' VOllS prie; sa (olH'l'pIOIl. C'esl 1(, hn rde a!ltique, adoss.-.n II x l'S ('1
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----------Dieu ,hl'lllelll.d'uIIC rllec d'm'icI', ,\utolllohilc ivre d'espace, (lui pilillcs d'uugoissc, Il' lIlors :lUX dcnls stl'iclcnlesl , .. je lchc cnlill Ics brides lIItalliqllcs el tll r/rinces :I\'t't lncssl', dalls l'illllli lihralcul' . ... Et d'illstallt Cil ilH;tallt je redresse IlIH tniH<' l'OUI' sentir sur 111011 COll ni tressaille !l'enrouler les liras frais el dllvcts dll "Cllt, '" :\Iolltngncs, Btail mOllstruellX, 0 :\ftHlInlOlIths, qui trottez IOllrdemellt, arqullnt vos immcnses, VOliS \'oil . Et j'entends vagnel'I\ellt le frueus ronronnant . XOliS Hvons II'H"Crs <;lIr 1:1 terraS'ie, Les toits mel'W_lnl du IOllillis lIoir. -Qui dUlie affirme, Ille dil-il apr(s Ull uslulll de silence, qu'il y :\ deux hommes Cil chaellll de nOlis. Auprs du sportsman que je VOliS ai Illon/r, exubrant de vie, il y a en moi tilt ct mlancolique,. l'lgant ellnui (le Byron, Ces deux hommes, dans mes acles, je les sens se heurter. En Suisse, nOlis tions de joyel1x ludants. Aimant le ct ne reculant pas, certains jours, devant la l'xe joveuse .. Je gardais lIanmoins des accs de t1'stesse profonde. Le mal du pays. D'autres choses aussi que je ne peux. dfinir, Cesl CC' qui explique sans cloule mOIl alllour de Heine, Je suis heureux que 1'.IiL trmlUlt. Notre milieu si trange, SOlIS coulcur d'tre cuHi\', a-t-il su seulement le goter? Heine est le seul romantique que je supporte. A l'('ncontre des mmmts du moi, son est discrte. II ne porte pas son cur en sautoir. La "l'aie souffrance n'est pas dans les phrac:es. ----------Dieu ,hl'lllelll.d'uIIC rllec d'm'icI', ,\utolllohilc ivre d'espace, (lui pilillcs d'uugoissc, Il' lIlors :lUX dcnls stl'iclcnlesl , .. je lchc cnlill Ics brides lIItalliqllcs el tll r/rinces :I\'t't lncssl', dalls l'illllli lihralcul' . ... Et d'illstallt Cil ilH;tnllt je redresse IlIH tniH<' l'OUI' sentir sur 111011 COll ni tressaille !l'enrouler les liras frais el dllvcts dll "Cllt, '" :\Iolltngncs, Btail mOllstruellX, 0 :\ftHlInlOlIths, qui trottez IOllrdemellt, arqullnt vos immcnses, VOliS \'oil . Et j'entends vagnel'I\ellt le frueus ronronnallt . XOliS Hvons II'H"Crs <;lIr 1:1 terraS'ie, Les toits mel'W_lnl du IOllillis lIoir. -Qui dUlie affirme, Ille dil-il apr(s Ull uslulll de silence, qu'il y :\ deux hommes Cil chaellll de nOlis. Auprs du sportsman que je VOliS ai Illon/r, exubrant de vie, il y a en moi tilt ct mlancolique,. l'lgant ellnui (le Byron, Ces deux hommes, dans mes acles. je les sens se heurter. En Suisse, nOlis tions de joyel1x ludants. Aimant le ct ne reculant pas, certains jours, devant la l'xe joyeuse .• Je gardais lIanmoins des accs de t1'stesse profonde. Le mal du pays. D'autres choses aussi que je ne peux dfinir, Cesl CC' qui explique sans doule mOIl alllour de Heine, Je suis heureux que 1'.IiL trmlUlt. Notre milieu si trange, SOlIS coulcur d'tre cuHi\', a-t-il su seulement le goter? Heine est le seul romantique que je supporte. A l'('ncontre des all1flnts du moi, son est discrte. II ne porte pas son cur en sautoir. La "l'aie souffrance n'est pas dans les phrac:es.
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108 LA HEYVE Elle l'sI drillS un sOl1rin', ulle poinlc. Songez il Ct' simple Y<'I'S : C'est par l qu'il me sduit. ,Je compl'f!nds : l\riel::c!le serail alors UOlIS lIne raction conlre lIni' tendanci' nalllrpllf' (f11 IJessimisme? -Je crois. roi/ qui 17'('fif fWS pOllr rendrl' l)ol/'l' art accessible li noire public. . -Le Public '! Il est ahuri. Il ra il' de Ile pns l'I.?elJcll1en [ t'omprelldre Vous m'obligeriez dl' Il'en poilll parler. Y en n ri] un ? Je ne yeux pas croire nn seul instant que VOliS envisagiez l'eUe masse rmorph( de Remi-Ieltrs ou de litlrats)) qui nous l'Il('omhrent. Ceux-Iii: ils irrductibles. l'\os aurons beau, lou!(' lIolre "je, expli-. quer'que nOlis n'uppollons poinl la guerre, mais un . art plus re1lcll1t'nl 1J()tJ'(', ils Ill' VOlHlI'OIl! jamais nOllS croire, Encorcllloins IlOllS Si vous parler 'une !rl'nlHine d'hommes "('('lIel11<:111 nd!in"'s. ouyerls tous les COll l'l.lll Is ddl'l', soyez que IIOllS (I\'OI1S dj le'u\' estime. C(1r/ IJrouord jJllblic' bil'Illl wn p"",';I. El il 11 raisoll, Le Il l'Hm 'l'ail! .-\ngoi:-.st" sert} il 111011 lIlle superhemalliJ.C.slllIolld.ar!hatiell. ::\aturellemE'nt, cel<1 nier. On 1l011SnCCuscra, comme' cerlain journal,d'csp"il de chu(>ell(' II n')' flurait pHS grund mal d':lbonl.-Il' feu sacr n'ayant jamls t enlretenu que dans les chapelles. :rdais nous.Il\'OIlS pas ('(>! esprit. Si nous Y<>l11onsignorer les mdiocl'ts ( elles pullulenl), el sccouors les ,idoles pourries. nous rN'onnussons s,'ec plnisir legn ie d'un O. Durand par exemple. Pas moi. Je le Iroupe iIlisiMe. l'ne fadUl qui le rend. parfois obscur. Des ri111l'SSanS recherche. A 11('(' Dllf(l/ul 'rimpression al'tisliqw' fail dNnul..Je le souponne d'aIJo;r "manqu de 'got. 108 LA HEYVE Elle l'sI drillS un sOl1rin', ulle poinle. Songez il Ct' simple Y<'I'S : C'est par l qu'il me sduit. ,Je compl'f!nds : l\riel::c!le serail alors UOlIS lIne raction conlre lIni' tendanci' nalllrpllf' (f11 IJessimisme? -Je crois. roi/ qui 17'('fif fWS pOllr reudrl' l)ol/'l' art accessible li noire public. . -Le Public '! Il est ahuri. Il ra il' de Ile pns l'elJell1en [ t'omprelldre Vous m'obligeriez dl' Il'en poilll parler. Y en n ri] un ? Je ne yeux pas croire nn seul instant que VOliS envisagiez l'eUe masse rmorph( de Remi-Ieltrs ou de litlrats)) qui nous l'Il('omhrent. Ceux-Iii: ils irrductibles. l'\os aurons beau. lou!(' lIolre "je. expli-. quer'que nOlis n'uppollons poinl la guerre. mais un . art plus re1lcll1t'nl 1J()tJ'(', ils Ill' VOlHll'Oll1 jamais nons croire. Encorcllloins IlOllS Si vous parler 'une Irl'nlHine d'hommes "('('lIel11<:111 nd!in"'s. ouyerls tous les COll l'l.lll Is ddl'l', soyez que IIOllS (I\'OI1S dj le'u\' estime. Car/ IJrouord jJllblic' bil'Illl wn p"",';I. El il 11 raisoll, Le Il l'Hm Talll .-\ngoi:-.st" sert} il 1110n lIlle superhemalliJ.C.slllIolld.arlhatiell. ::\a turellemE'nt, cel<1 nier. On 1l011SnCCllscra, comme' cerlain journal,d'csp"il de chu(>ell(' II n')' flurait pHS grund mal d':lbonl.-Il' feu sacr n'ayant jamls t enlretenu que dans les chapelles. :rdais nous.Il\'OIlS pas ('(>1 esprit. Si nous Y<>l11onsignorer les mdiocl'ts ( elles pullulenl). el sccouors les ,idoles pourries. nous rN'onnassons s,'ec plnisir legn ie d'un O. Durand par exemple. Pas moi. Je le Iroupe iIlisiMe. l'ne fadUl qui le rend. parfois obscur. Des ri111l'SSanS recherche. A 11('(' Dllf(l/ul 'rimpression al'tisliqw' fail dNnul..Je le souponne d'aIJo;r "manqu de 'got.
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U. nE\"t: E lOU pou vez avoir raison. le \Tai visage de notre pnys, c'est encore' lit qu'il faul aller le chercher, Oswald Durlll}d est un pl'l'urscul'. II est indiglu', Vous me parlez de sa rorme.Et il cst vrai qu'ellc nOLIs semble dsute, COllllllC, trs cerlail1@fllerll, n la gnnltion qui nous suina, IlOLIS
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110 Des lt'dures. PrlldllOlllll;r. S:1l1l:111J Lii pen. (pas trop n'pendant), de Hi\()ire, et CjU'OIl (I!luye,lln'{' quclles du l}Wll\'His (i( raldy. Tandis qu'il cut fallu Luhlier.-:\rlllii h l'adil --lu leon apprise. Hiell
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LA REVUE III LE BUVARD Et de ne plus aYOIr pour crire sa peine qu'un morceau de buvard clair par la lune. Clart indcise. La nuit JULES ROMA.INS entre dans la chambre. sombre voile brod d'toiles. La lune est un gros fruit se balanant mon insomnie. Les rossignols de Hafiz sont morts. Silence bleutre. Nuit interminable. Chaque heure s'tire monotone comme une litanie. Je me penche hors de moi pour couter une voix tnue, el triste comme un parfum. J'ai peur du sommeil. Je veux penser ma douleur et m'en bercer comme d'une chanson. Je tends les mains vers loi et j'treins le ciel -et le vide. JACQUES ROUltlAlN r--,-'r:iI_ LA REVUE III LE BUVARD Et de ne plus aYOIr pour crire sa peine qu'un morceau de buvard clair par la lune. Clart indcise. La nuit JULES ROMA.INS entre dans la chambre. sombre voile brod d'toiles. La lune est un gros fruit se balanant mon insomnie. Les rossignols de Hafiz sont morts. Silence bleutre. Nuit interminable. Chaque heure s'tire monotone comme une litanie. Je me penche hors de moi pour couter une voix tnue, el triste comme un parfum. J'ai peur du sommeil. Je veux penser ma douleur et m'en bercer comme d'une chanson. Je tends les mains vers loi et j'treins le ciel -et le vide. JACQUES ROUltlAlN r--,-'r:iI_
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OU;\GE POLJH 'l'II. TUODY-'\lAncELlN Le venl chassa Ull troupeau de bisons blancs dans la Yasleprairie du ciel. Silencieux el puissants Ils t'crasrenl le soleil; le soleil s'leignit. Le vent hurla telle une femme en nUll denfant : la pluie nccolll'ul, fille du fcu cl de lamer; eHe accourul en dansant t:' tira sur le monde des l'idemlx de brunle. Les feuilles chantrenl en tremblant comme des dbulanles de music-hall; vint le. tonnerre etapplnudit. Alors tout se tut pour laisser pplaudir le tonnerre; fleurs .noururent sans avoir vcu; les palmiers leurs ventails contre la chaleur. Un troupeau de bisons noirs migra de l'orient roccident. et la nuit arriva comme nnefemmeen deuil. JACQl'ES 1\001 .. \1:-; OU;\GE POLJH 'l'II. TUODY-'\lAncELlN Le venl chassa Ull troupeau de bisons blancs dans la Yasleprairie du ciel. Silencieux el puissants Ils t'crasrenl le soleil; le soleil s'leignit. Le vent hurla telle une femme en nUll denfant : la pluie nccolll'ul, fille du fcu cl de lamer; eHe accourul en dansant t:' tira sur le monde des l'idemlx de brunle. Les feuilles chantrenl en lremblant comme des dbulanles de music-hall; vint le. tonnerre etapplnudit. Alors tout se tut pour laisser pplaudir le tonnerre; fleurs .noururent sans avoir vcu; les palmiers leurs ventails contre la chaleur. Un troupeau de bisons noirs migra de l'orient roccident. el la nuit arriva comme nnefemmeen deuil. JACQl'ES 1\001 .. \1:-;
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LA CIL\.\'I' HE L'H01UIE c .. .'lt la dmn"on des qui ,,;taiellt nrrac/l le cU!' p.t Ifi portaient dans lu main droite. f U. ArOI.L1XAIHE Pour A. YIEUX ,J'ai voulu il ma dtresse des rues troites, la caresse mes paules des bons murs durs. l'lais vous les avez, 0 hommes largis de vos pns, de vos dsirs, de relents de l'hum,. de sexe et de dl'3ught-Leer • . J'erre dans vos labvrinthes multicolores et je slls las de ma plainte. II Ainsi: vers VOliS je suis venu nvec mon grand cul' nu et rouge, et mes bras lourds de brasses d'amour. Et vos bras vers moi se sont tendus trs ouverts et vos poings durs durement ont frapp ma face. Alors je vis: vos basses grimaces ct vos veux baveux d'injurs. Alors j'entendis autour de moi croasser. pustuleux. les crapauds-.-!insi: solita ire , sombre, maintenant fort et mon ombl'e mon seul compagnon fidle, je projette l'arc de mon bras par desslB le ciel JACQUES LA CIL\.\'I' HE L'H01UIE c .. .'lt la dmn"on des qui ,,;taiellt nrrac/l le cU!' p.t Ifi portaient dans lu main droite. f U. ArOI.L1XAIHE Pour A. YIEUX ,J'ai voulu il ma dtresse des rues troites, la caresse mes paules des bons murs durs. l'lais vous les avez, 0 hommes largis de vos pns, de vos dsirs, de relents de l'hum,. de sexe et de dl'3ught-Leer • . J'erre dans vos labvrinthes multicolores et je slls las de ma plainte. II Ainsi: vers VOliS je suis venu nvec mon grand cul' nu et rouge, et mes bras lourds de brasses d'amour. Et vos bras vers moi se sont tendus trs ouverts et vos poings durs durement ont frapp ma face. Alors je vis: vos basses grimaces ct vos veux baveux d'injurs. Alors j'entendis autour de moi croasser. pustuleux. les crapauds-.-!insi: solita ire , sombre, maintenant fort et mon ombl'e mon seul compagnon fidle, je projette l'arc de mon bras par desslB le ciel JACQUES
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114 LA REVUE lNDIG: CALME Lampes qui s'allument. espoirs qui s'teignent. KHI. YHM Le soleil de minuit de ma lampe. Le temps qui fuit n'atteint pas ma quitude. Voici la minute rare o la douleur se lasse et enfin, furtive, repasse le seuil. Une grande indiffrence entre en moi avec un got de cendre. Ma table est une He lumineuse dans la ouate noire de la silencieuse nuit. Hors un homme courb sur ses dsirs morls .l ne suis plus rien ... La route s'arrte avec les pas du plerin. JACQUES ROUMAIN 114 LA REVUE lNDIG: CALME Lampes qui s'allument. espoirs qui s'teignent. KHI. YHM Le soleil de minuit de ma lampe. Le temps qui fuit n'atteint pas ma quitude. Voici la minute rare o la douleur se lasse et enfin, furtive, repasse le seuil. Une grande indiffrence entre en moi avec un got de cendre. Ma table est une He lumineuse dans la ouate noire de la silencieuse nuit. Hors un homme courb sur ses dsirs morls .l ne suis plus rien ... La route s'arrte avec les pas du plerin. JACQUES ROUMAIN
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li poudre d'ol' de la "il' immohile des fleurs les chles'. Les mantilles \'()(.'atrl'es de cloitre ou lal'em. Les oranges ellcs quolibets qui volent. Le e romain du loucul' de coussins. lssion, pnssiol1 qui aux bras de la ressorts brusques. magique de l'arnc. Et loi, 0 Al'lnilIita,le l'eno lout vient rayollner et d'olt Lout rayonne. :H1le celle "il' pour toi seul, 0 petit Jndie'nl l mort se lient de nlll t toi avec des cornes pointues. bras prolongs pRI' les banderilles, lu avances; tu .n jeune dicu aztquE' nourri du soleil, et du l'ur vaincus. ainlellant tu cours, lu cours vers la mort aux, ( rouges el lu la rencontres, et. tu la touches, el tu la ('S du dclic de les jeune3 hanches. ll soit le venlre de femme qui le portal-lI' le sHble le sang r1Hrpille de petits drapeaux espaes pourpre et or; mais loi lu vas pitinant les drapeaux montes un au-dessus de la foule, essus des mains enthousiastes, au-dessus des femnlllouies, avec un souri!' ambigu aux coins des l-lis ln muleta rouge dmls tes mains hrunes. tu mar: dt, llOU\'eau il la mort. tu t'offres elle, tul'imploJe Ion pied el elle accourt noire et puissante. Ol'S tu ]a contournes, la nargues, t'en dtournes. res elle, jusqu' ce qu'elle perde le souffle et baisse iuflle.li poudre d'ol' de la "il' immohile des fleurs les chles'. Les mantilles \'()(.'atrl'es de cloitre ou lal'em. Les oranges ellcs quolibets qui volent. Le e rOll1nn du loueul' de coussins. lssion, pnssiol1 qui aux bl'ms de la ressorts brusques. tlwgique de l'arnc. Et loi, 0 Al'lnilIita,le l'eno lout vient rn}'ollller et d'olt Lout rayonne. :H1le celle "il' pour toi seul, 0 petit Jndie'nl l mort se lient de nlll t toi avec des cornes pointues. bras prolongs pRI' les banderilles, lu avances; tu .n jeune dicu aztquE' nourri du soleil, et du l'ur \'ninclls. ainlellant tu cours, lu cours vers la mort aux, ( rouges el lu la rencontres, et. tu ln touches, el tu la ('S du dclic de les jeune3 hnllches. ll soit le venlre de femme qui le portal-lI' le sable le sang r1Hrpille de petits drapeaux espaes pourpre et or; mais loi lu vas pitinant les drapeaux montes un au-dessus de la foule, essus des mains enthousiastes, au-dessus des femnlllOuies, nvee un souri!' ambigu [lUX coins des l-lis ln muleta rouge dmls tes mains hrunes, tu mar: dt, 1ll\'eau il la mort. tu t'offres elle, tul'imploJe Ion pied el elle accourt noire et puissante. Ol'S tu ]a contournes, la nargues, t'en dtournes, res elle, jusqu' ce qu'elle perde le souffle et baisse iuflle.-
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l1 L'instanl grave, ];1 minule suprl'me qui fige les Les c(rurs p!)('nl lourds, lourds ct ce!lend:lIll mOI! tent la gorge. a Sacrificateur. frappe! Eclair! Choc! Le monstre titube. secoue de loul son reste de "ie J mort qui l'envnhil. Tombe, se redresse sur les ge!1ollJ tombe. o noble mort. trol1\'e duns la luite noble et loyal( Des colombes palpitent soudain dans toutes lcs mail1 Alors toi, Annillila l'Aztque, tu prsentes a\'ec le gest hiratique du prtre de Huilzilopochtl j l'oreille de 1 victime l'adoration de la foule espagnole . .J,\CQl'ES HOl':\L\I:-I HJ2G LE H'ROSCACH ;\OCYELLE Georg et Bernh1,rd \Yellztl hnhi\ait'll\ lIll(" cJwlllhre une cuisine an fjunlr:t'!ll(' du ;\() (i dl' la Tulsll'a: se .. LeuTs situations n'dait'n\ passi ouls I"W sent pu louer chacunl1ne chnlllbrc dans Ull qlHlI lier plus Ils reslnienll o ils laient. 0 avait ses C01ll1ll0diles. ses hllbilt.des. El puis Bernhm tait de caractre un pen sOlllbre, 1 imide; il Bl1rnilchnnf de rue avcc dplaisir. Ici tout le monde tout le Illomle t'la habitu il sa malheuJ'(!usc apparition. Depuis IOllgle\ll! lei enrants ne le poursuivaient plns.lls s'habitlll'ellt bi('1 tt ce bossu il ln bosse de traYers qui passait tOtlS 1< jours dans leur rue. JI Ile semhla hientt ni lrnllge. 1 comique. C'tait un bossu. Yoil toul... Ils prfraici maintenant courir <:IJl!'('S rnc hlallc altel la voilui dll m:lI'chand de> qnalrc-saisolls. l1 L'instanl grave, ];1 minule suprl'me qui fige les Les c(rurs p!)('nl lourds, lourds rt ce!lend:lIll mOI! tent la gorge. a Sacrificateur. frappe! Eclair! Choc! Le monstre titube. secoue de loul son reste de "ie J mort qui l'envnhil. Tombe, se redresse sur les ge!1ollJ tombe. o noble mort. trol1\'e duns la luite noble et loyal( Des colombes palpitent soudain dans toutes lcs mail1 Alors toi, Annillila l'Aztque, tu prsentes a\'ec le gest hiratique du prtre de Huilzilopochtl j l'oreille de 1 victime l'adoration de la foule espagnole . .J,\CQl'ES HOl':\L\I:-I HJ2G LE H'ROSCACH ;\OCYELLE Georg et Bernh1,rd \Yellztl hnhi\ait'll\ lIll(" cJwlllhre une cuisine an fjunlr:t'!ll(' du ;\() (i dl' la Tulsll'a: se .. LeuTs situations Il'dait'n\ passi ouls I"W sent pu louer chacunl1ne chnlllbrc dans Ull qlHlI lier plus lis reslnienll o ils laient. 0 avait ses C01ll1ll0diles. ses hllbilt.des. El puis Bernhm tait de caractre un pen sOlllbre, 1 imide; il Bl1rnilchnnf de rue avcc dplaisir. Ici toul le monde tout le Illomle t'la habitu sa mnlheuJ'(!usc apparition. Depuis IOllgle\ll! le$ enrants ne le poursuivaient plns.lls s'habitlll'ellt bi('1 tt ce bossu il ln bosse de IraYers qui passait tOtlS 1< jours dans leur rue. JI Ile semhla hientt ni lrnllge. 1 comique. C'tait un bossu. Yoil toul... Ils prfraici maintenant courir <:IJl!'('S rnc hlallc altel la voilui dll m:wchnnd de> qnalrc-saisolls.
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117 que beuu el sn,lIl'. se salTifillit l'II reslant rique fJlIclcon('IlSl'" qlle de se l'l'IHlol'mil'. :I\'nielll tOl1jours t'l,', les de Bel'l1hnrd \YeIlZJ. d('\'uil-il ses manil'es il sa hossc,allx moqueries subil's; il se l'uilwit pusser pOlll' UI1 homme ('ntirC:lllC'nt illscn"iblc' il tout sentiment doux. Mnis il :l\"ait JQ tDet de ne !)[lS l,Ire ili'iupporlahle HYCC son genre t:l d! ,',)il'il'I'\'l'I' des l't'I:JI i()n" ngrlnbles lH'ee tout Je 117 que beuu el sn,lIl'. se salTifillit l'II reslant rique fJlIelcon('IlSl'" qlle de se rl'IHlo('mil'. :I\'aielll tOl1jours t'l,', Ics de Bel'l1hnrd \YeIlZJ. dc>\'uil-il ses manires il sa hossc,allx moqueries subil's; il se l'uilwit pusser pOlll' UI1 homme ('ntirC:lllC'nt illscn"iblc' il lout sentiment doux. Mnis il :l\"ait JQ tDet de ne !)[lS l,Ire ili'iupporlahle HYCC son genre t:l d! ,',)il'il'I'\'l'I' des l't'I:JI ion" ngrlnblcs lH'ee tout Je
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monde, Aussi,i) n'htit point dtest de sescollgl1es de la Compagnie d'Assurances. ht si lin jour il tait de llUlllynise humeur ella !::lissait voir, on se cOlltentait <:e murmurer: pauvre type: avec sa bosse il ne saurait lre gai tous les jours. Mais tait-il un jour particulirement aimable parce que "Je soleil mettait de la gait en son cur ou que sa bosse' n'tait point douloureuse; alors on disait; il n'est d'ordinaire pas il prendre avec des pincettes, qu'il reste aujourd'hui l oil est! )) Ainsi il tait seUl. Dupuls trente il tait seul. Il n'avait auprs de lui que son frre Georg en bonne sant et plein de vie dont les paroles le troublait profondment; Georg qui parlait canotage,foot-ball et dancing, -Comme ils doivent tre heureux ces hommes-qui ont le droit d'enlace.' une femme, qui peuvent danser avec dEls pas si surs, des corps si harmonieusement fondus qu'ils ne semblent former quun. Le pourrait-il. lui, mme sans sa bosse? Non je ne pourrnispas -pensait-il -a le rconciliait un peu avec sn bosse. Ma bosse, disait-il il son frre, celle que j'ai sur les paules,u'est pas trop dsagrable. Mais celle qe je porte l-dedans. an fond de mon me --j'en fais un reproche il Dieu )) Et il souriaitaml'cment lundis que Gt'org le regorgardait t( nif. Non. Georg ne. pouvait le l'ompnlIdre. Un homme ne eomprend jamais un nuIre homme. Frres? Tous les hommes au dbut aYl:lient t frres et ne se comprenaient pourtant pins. A cause de la langue? Probablement. Ils s'taient sur la yaleur des mots. Mais ceux-ci ne trallsml"lIent qpe la pense. l'esprit. Ils avaient entirement nglig la langue du COCUI', elle ta un balbutiement Ils ne se comprelHlent plus. Mais oui; mme pas Georg. Et puis comment pouvait-il prtndre que Georg qui ne conaissait que le rire comme langue, pour qui chaque forme de la vie tait une sour-. ce de joie. Georg. le fort, lesvcIte. prit parC ses Iris tes penses)) . monde, Aussi,i) n'htit point dteste de sescollgl1es de la Compagnie d'Assurances. ht si lin jour il tait de llUlllynise humeur ella !::lissait voir, on se cOlltentait <:e murmurer: pauvre type: avec sa bosse il ne saurait lre gai tous les jours. Mais tait-il un jour particulirement aimable parce que "Je soleil mettait de la gait en son cur ou que sa bosse' n'tait point douloureuse; alors on disait; il n'est d'ordinaire pas il prendre avec des pincettes, qu'il reste aujourd'hui l oil est! )) Ainsi il tait seUl. Dupuls trente il tait seul. Il n'avait auprs de lui que son frre Georg en bonne sant et plein de vie dont les paroles le troublait profondment; Georg qui parlait canotage,foot-ball et dancing, -Comme ils doivent tre heureux ces hommes-qui ont le droit d'enlace.' une femme, qui peuvent danser avec dEls pas si surs, des corps si harmonieusement fondus qu'ils ne semblent former quun. Le pourrait-il. lui, mme sans sa bosse? Non je ne pourrnispas -pensait-il -a le rconciliait un peu avec sn bosse. Ma bosse, disait-il il son frre, celle que j'ai sur les paules, n'est pas trop dsagrable. Mais celle qe je porte l-dedans. an fond de mon me --j'en fais un reproche il Dieu )) Et il souriataml'cment lundis que Gt'org le regorgardait t( nif. Non. Georg ne. pouvait le l'ompnlIdre. Un homme ne eomprend jamais un nuire homme. Frres? Tous les hommes au dbut aYl:lient t frres et ne se comprenaient pourtant pins. A cause de la langue? Probablement. Ils s'taient sur la yaleur des mols. Mais ceux-ci ne trallsml"ltent qpe la pense. l'esprit. Ils avaient entirement nglig la langue du COCUI', elle ta un balbutiement Ils ne se comprelHlent plus. Mais oui; mme pas Georg. Et puis comment pouvait-il prtndre que Georg qui ne conaissait que le rire comme langue, pour qui chaque forme de la vie tait une sour-. ce de joie. Georg. le fort, les\'cIte. prit parC ses Iris tes penses)) .
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LA HE\'!:E lH) Il t injl1ste d'exiger cela de lui. Alors il l!xigenit rien, ne mme pas !:J comprl'hcnsiondc so Il frre. < l3ernh'lrd cOlldamn il tille corporelle suhlimait tous ses tendres en une activit de l'me. Il aimait son frre, il l'nimllit (le faon comme tlVec honte et n'agissait rus autrement envers Jui qu'avec un tranger, mais il portait son amour comme on porte une croyance consolatrice. Il existait donc au monde de l'amour pour Jui, le b03S11. Car qui donne, doit possder pour pouvoil' donner. Ah! personne au monde ne voynit en son cur, pas mme son frre .... FHANK BHAUN (La fin (Ill prochai/l lwmro) Tmduil tle r.411emwul par Jue(/lles Roumain POE::\I.E La l'Oule, ventre insatiable, DOit l'auto, qui file haletante cn des soubresauts. Mon ine a des hoquets, j'ai soif d'un baiser de femme. Les raquettes, vagabonds pouilleux, semblent rire, rire de ma douleur. Je rve d'tre une vache le long de la grand'route. D. HEURTELOU LA HE\'!:E lH) Il t injl1ste d'exiger cela de lui. Alors il l!xigenit rien, ne mme pas !:J comprl'hcnsiondc so Il frre. < l3ernh'll'd cOlldamn il tille corporelle suhlimait tous ses tendres en une activit de l'me. Il aimait son frre, il l'nimllit (le faon comme 1lvec honte et n'agissait rus autrement envers Jui qu'avec un tranger, mais il portait son amour comme on porte une croyance consolatrice. Il existait donc au monde de l'amour pour Jui, le b05S11. Car qui donne, doit possder pour pouvoil' donner. Ah! personne au monde ne voynit en son cur, pas mme son frre .... FHANK BHAUN (La fin (Ill prochai/l lwmro) Tmduil tle r.411emwul par Jue(/lles Roumain POE::\I.E La l'Oule, ventre insatiable, DOit l'auto, qui file haletante cn dS soubresauts. Mon me a des hoquets, j'ai soif d'un baiser de femme. Les raquettes, vagabonds pouilleux, semblent rire, rire de ma douleur. Je rve d'tre une vache le long de la grand'route. D. HEURTELOU
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120 L--HorE\" .\ Malgaches, bambarns, des types nu caInbuis! ... Que je m'nerve en ln crapule o la l10111Wnde, ribaude l'oeil CrCYl' s';)llume nu noir }jouis-bonis. Que jc m'nenc en la crapule o la nOrI1HlIHll', une boule de suif pour souliers de cnrgo se gonfle COmlll(' morte une grossc limande. Une boule de suif pour souliers de cargo! ... Dites plutt les mots du tTole que calrnts maltais le pitoyable argot. Dites plutt les mots du suyoureux crole que je saute il trl\'erS cet ignoble dcor: la femme aux seins rallcis, la borgnesse qui Irll'. Que je saute il trn\'crs c('t ignoble dcor: ... Sur le mur de crachats q'lHtlle' fmmJ s':dlollp;e, la stH'nte qui lrolne l'Il l'afTreux corridor. SUl' le mur
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L\ HEVCE 11.--PAlUS Tes chcyeux au bay-rhum COIllllle des poivriers!.., Un alcve charmant de FI'tlOc,e ou de Cythre, un nid bien chaud contre de tristes Fvriers. Un alcn charnHlnt de France ou de Cythre. 12l ton corps d'bne aux flanc!':; bleuis d'efforts nerveux; luisants de moire fl'aiche aux llluscles -de panthre. ,Ton corps d'bne flancs bleuis d'efforts nCl'veux, beau ngre aux mols fleuris d'llluges nostalgiques; un firnwnlcnt d'exlase el seschunts ct ses fcux. Beau ngre nux mols fleuris d'images Ilostulgiques, que je m'enine toule
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122 LA REVl'EINDIGENE HUIT DE PRISON. Minuit .. Quelqu'un l-bas cogne aux barreAux de ma prison ... Et l'on devine au toc-toc de la main angoisse et crainte. D'une folle treinte, j'embrasse mon lit, la voix inquite: Qui va l?Seule me rpond, 'imide. une rumeur, Lgre comme le baiser .d'une bon che exangue . sur one fleur on le pied fugace d'une vierge li emblanle en rendez-vous. Et cette rumeur en ma cellule fait nsitre une illusion. L'air se parfume de lis, les tnbres sont incendies. Ahl calme tes battements insenss, cur trop ardent, celle qu'en secret tu adores est bien loin de 11\ douleur ! Celle qui approche cependanl tienl d'elle celle spiendeur qui. de son corps transfigure se dgage comme un arme. Blanche daus son manteau d'argent diaphane. c'est la lune qui. vers ma prison s'avance. tl'emblanle et apeure ... Dis-lIOllS, quelle terreur insolite, lune, . jolie lune, Ereillt ton me et te laisse au visage un pli d'horreur? Lentement, d'un geste large et sans bruit l'astre livide plonge un index lumineux par les barreaux de ma pl'ison 122 LA REVl'EINDIGENE HUIT DE PRISON. Minuit .. Quelqu'un l-bas cogne aux barreAux de ma prison ... Et l'on devine au toc-toc de la main angoisse et crainte. D'une folle treinte, j'embrasse mon lit, la voix inquite: Qui va l?Seule me rpond, 'imide. une rumeur. Lgre comme le baiser .d'une bon che exangue . sur one fleur on le pied fugace d'une vierge li emblanle en rendez-vous. Et cette rumeur en ma cellule fait nsitre une illusion. L'air se parfume de lis, les tnbres sont incendies. Ahl calme tes battements insenss, cur trop ardent, celle qu'en secret tu adores est bien loin de 11\ douleur ! Celle qui approche cependanl tienl d'elle celle spiendeur qui. de son corps transfigure se dgage comme un arme. Blanche daus son manteau d'argent diaphane. c'est la lune qui. vers ma prison s'avance. tl'emblanle et apeure ... Dis-lIOllS, quelle terreur insolite, lune, . jolie lune, Ereillt ton me et te laisse au visage un pli d'horreur? Lentement, d'un geste large et sans bruit l'astre livide plonge un index lumineux par les barreaux de ma pl'ison
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LA BEVLE l:';DIG:.;..: et l'te;d loill, loill. en me pointant l'clail' sinistre de lit baionnelle qui. dans l'omhre, gnelle motl vasion. Dmasque en mme temps l'inex radieux la fnee cynique d'un reirre viI qui, de son il bleu. froce, pie ma chambl'e. Le front obtus, les heveux rouges, lvre mince contracte encore en un rictlls de cruaut stupide u 'im prime l'alcool. Un ourlet de sllngluifestonne le bord des ongles, ongles lches, griffes d'hyne peut-tre. 'non de lion, OH! douce compagne des li li ls d'tlmOlll' et de douleur, blanche lune. vainc ta candide motion, repose en paix. Car ce soldat de vil aspect, aux veux d'azul' froce, • malgr son abus des liql1eurs et ses ongt couleur de sang et ses hauts faits de pillage, de ruine et de viol, d'tlt::endies, de martvres et d'heHlombes nn pCll partout, est, ma ple lune, le Surhomme, ct:'lui que dlgua paternellement Wilson pOUl' nous enseigner la foi nouvelle, la paix et la concorde entre les hommes de tous pays. Que l'Etnt f01't en face du faible s'rige en protecteur, la faible romblera du fort la trs juste ambition. en change. lui livrant en mme temps et la vie' et l'argent, mme l'honnellr! 123 LA BEVLE l:';DIG:.;..: et l'te;d loill, loill. en me pointant l'clail' sinistre de lit baionnelle qui. dans l'omhre, gnelle motl vasion. Dmasque en mme temps l'inex radieux la fnee cynique d'un reirre viI qui, de son il bleu. froce, pie ma chambl'e. Le front obtus, les heveux rouges, lvre mince contracte encore en un rictlls de cruaut stupide u 'im prime l'alcool. Un ourlet de sllngluifestonne le bord des ongles, ongles lches, griffes d'hyne peut-tre. 'non de lion, OH! douce compagne des li li ls d'tlmOlll' et de douleur, blanche lune. vainc ta candide motion, repose en paix. Car ce soldat de vil aspect, aux veux d'azul' froce, • malgr son abus des liql1eurs et ses ongt couleur de sang et ses hauts faits de pillage, de ruine et de viol, d'tlt::endies, de martvres et d'heHlombes nn pCll partout, est, ma ple lune, le Surhomme, ct:'lui que dlgua paternellement Wilson pOUl' nous enseigner la foi nouvelle, la paix et la concorde entre les hommes de tous pays. Que l'Etnt f01't en face du faible s'rige en protecteur, la faible romblera du fort la trs juste ambition. en change. lui livrant en mme temps et la vie' et l'argent, mme l'honnellr! 123
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12,1 LA Connue ganmlie de cc trs noble --Aide ct 111l1011l' --toute dispute sera dsonuais tranche . par le canon, Val lune, proclame noire chance et ton erreur quand tn pris pOUl' un rel'l'll malfllsant ivre el froce, Celte ctme de progrs, de civilisai ion . l'tU'e, idule, trop idule,.6 lune, car, .i l1squ' prserH nul ne rH vue! FABIO FIALLO Nous avons cOIDmenc; tl'U!1uire LE PROPHTE, le rcent linE' de Gebran Kalil Gebrall, prillce' es lettres arabes, rpoudant au dsir de 1\11\1, E. Roumer et Carllkollal'd ,:d il'ertelll' et ad m i ni;:trateul' de cette sympathiqne Revue, .. Nous dem:mdons indulgence aux penseurs, aux intelll'ctueb Pl il tous les aimables car nous cri,olls en Hile langue (pli Il '''lit pa. la ntre et n011S traduisons un pote philosophe, ,\. ------)0:( -----' .-'---Douze ans l'Elu aim t"l dsign all@l1dit. dans lu viII!:: d'Orefils, le relour de sa barqueqll j devait le ramener dans son Ile naLive. Le sept Aot de la douzime Hl1l1e, dans le mois dt la moisson, il sur un monticule, le! remparts de la ville; el, ses yeux devinrent loin, l'horizon. barque qui na\'iguai!. en\'eloppe par Ir brume. . 12,1 LA Connue ganmlie de cc trs noble --Aide ct 111l1011l' --toute dispute sera dsonuais tranche . par le canon, Val lune, proclame noire chance et ton erreur quand tn pris pOUl' un rel'l'll malfllsant ivre el froce, Celte ctme de progrs, de civilisai ion . l'tU'e, idule, trop idule,.6 lune, car, .i l1squ' prserH nul ne rH vue! FABIO FIALLO Nous avons cOIDmenc; tl'U!1uire LE PROPHTE, le rcent linE' de Gebran Kalil Gebrall, prillce' es lettres arabes, rpoudant au dsir de 1\11\1, E. Roumer et Carllkollal'd ,:d il'ertelll' et ad m i Ili;:trateul' de cette sympathiqne Revue, .. Nous dem:mdons indulgence aux penseurs, aux intelll'ctueb Pl il tous les aimables car nous cri,olls en Hile langue (pli Il '''lit pa. la ntre et n011S traduisons un pote philosophe, ,\. ------)0:( -----' .-'---Douze ans l'Elu aim t"l dsign all@l1dit. dans lu viII!:: d'Orefils, le relour de sa barqueqll j devait le ramener dans son Ile naLive. Le sept Aot de la douzime Hl1l1e, dans le mois dt la moisson, il sur un monticule, le! remparts de la ville; el, ses yeux devinrent loin, l'horizon. barque qui naviguait. enveloppe par Ir brume. .
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125 , SOli cur sursl.Iu!a d,IIlS sa poill'ilw, el son esprit "01-tIW"l au-dessus de la l't'rl11a les veux, SPI\ :.llle pritl t'Il silel1cr. il peille lI\olllinde que la Iristesse l'ellvahit. 11 st' dit: COlllment t'II paix, IHisser Hile \'ille? Irais-je dans l'die Iller trislesse '! , Je Ile quillerai cetle ,'ille sans voir le sang couler de mes spirituelles! Longs lurent mes jours lrisies el plus longues nuils de ma solitude .. , Qui peu! s'cnrler de sn tristesse el de son isolement sans que SOli ('(rUr en souffre '? -Beaucoup s01l1 les sentil11ents que j'ai laisss dans les rues de la ville, el beaucoup sont les sujels de mOIl a/fect io Il q tl i ma rc hen t n liS d a Ils ses sell t i PrS, Co III me II! Il'S laisserais-je salis l'('mords ? Ce que je laisse, ce Il'l'st pas la robe que je challge aujourd'hui pour I.a rem demain. :\011. C'est une face que .le ddlil'e de llles mains. Ce n'est pas une ide que je aprs moi. ("esl .. Ull cur que les pri,'atiolls rClldirell t sellsible et palpitallt. -19r ('eln, je dois pm't ir, ct salls retard. enr la m'app ... lle, je dois monlc'\' ma barque ponr arriver prd![rHlr-urs, Si ici. je passnis la nuit dont les heures sont je me glernis et \11'enchainerais celte lerrc! ; -Je voudrais que tOIiS I1Cl'Olllpagncnt. .. comlIIelll? Ln voix est imlHI<':sHnte pour allel' avec la langlle et les lnes. Seulc-, elle pntre dalls les ondes. Ainsi l'aigle pour ,'oler Il'emporte pas son nid, Senl il parcourt l'espace. L'Elll :I!'l'in' ,Ill pied du monticule regnrda la vit sa barque S'UVftlll'er vers Je rivage. el. il son bord ses compntrioles allaient el venaient. Du rond de SOli cul', il leur cria: -Vous. fils de mon pays ('ui montez' la sans avoir peur de ses \'ng(les u\'cz domin les flux et 125 , SOli cur sursl.Iu!a d,IIlS sa poill'ilw, el son esprit "01-tIW"l au-dessus de la l't'rl11a les veux, SPI\ :.llle pritl t'Il silel1cr. il peille lI\olllinde que la Iristesse l'ellvahit. 11 st' dit: COlllment t'II paix, IHisse\' Hile \'ille? Irais-je dans l'die Iller trislesse '! , Je Ile quillerai cetle ,'ille sans voir le sang couler de mes spirituelles! Longs lurent mes jours Irsies el plus longues nuils de ma solitude .. , Qui peu! s'cnrler de sn tristesse el de son isolement sans que SOli ('(rUr en souffre '? -Beaucoup s01l1 les sentil11ents que j'ai laisss dans les rues de la ville. el beaucoup sont les sujels de mon a/fect io Il q tl i ma rc hen t n liS d a Ils ses sell t i PrS, Co III me II! Il'S laisserais-je salis l'('mords ? Ce que je laisse, ce Il'l'st pas la robe que je challge aujourd'hui pour I.a l'cm demain. :\011. C'est une fucl' que .le ddlil'e de llles mains. Ce n'cst pas une ide que je aprs moi. ("esl .. Ull cur que les pri,'atiolls rClldirell t sellsiblc et palpitant. -19r ('eln, je dois pm't ir, ct salls retard. enr la m'app ... lle, je dois monlc'\' ma barque ponr arriver prd![rHlr-urs, Si ici. je passnis la nuit dont les heures sont je me glernis et \11'enchainerais celte lerrc! ; -Je \'oudrais que 10lls I1Cl'Olllpagncnt. .. comlIIelll? Ln voix est imlHI<':sHnte pour allel' avec la langlle et les lwcs. Seulc-. elle pntre dalls Ics ondes. Ainsi l'aigle pour \'oler Il'emporte pas son nid, Senl il parcourt l'espace. L'Elll :I!'l'in' ,Ill pied du monticule regarda la vit sa barque s'avancer vers Je rivage. el. il son bord ses compntrioles allaient el venaient. Du rond de SOli cul', il leur cria: -Vous. fils de mon pays ('ui montez' la sans avoir peul' de ses \'ng(les u\'cz domin les flux et
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ILl) L.\ BEV!.:!:: et rellux, ohl combien de fois je VOliS ai "us dans mes songes! Et voil que je \'OllS re\'ois il mon rveil qui est plus prolond que mes songesf Je suis prt pour Hl'e a\'l..'1.: vous, et d'un immense dsir j'attends la brise qui gonflera vos l'lais anlllt, je voudrais respirer une dernire fois dans cet atmosphre tranquille, et avec douceur. ct'Ue nature. Et alors, je serai marin tre les marins. . -Et toi, 0 Mer immense. sans fin. hoult'lIse ou (aime seule avec loi. Jes neuves et le, Il'ol1\'ent ln libert el Ja ?aix! De loin, il "il homllles et femmes qui. abandonnant leur travail, couraient "ers les porles de la ville. Il les entendait qui criaient son nom el annoilaient l'uIT\'('e de sa barque, Il se dit lui mme: -Sera-ce le joUI' d'adieu C0111111e celui du retour? Se.,.. ra-tiI dit qne mOI1 crpuscule est mon aube? Qu'offrirai-je au cultivateur qui a laiss sa charrue el au "igneron qui a laiss pressoir? -Mon {'UHll' se changel'l-t-il Cil un arbre fm 1 it'I' pOUl' en cueillir et en donner'! Mes dsirs, dbordt'rnirnl-ils, telle une fOlllni/lt', pOUl' en rrmplil' des {'Ollpes? Suis-j{' Ulle ntite ou uu t'Ol"lwt souffl IHlI' le TOIII Puissanl? J'erre, rhel'chnn( ln Iranqllillit.Qllel l'sI fe Ir(su' que j'ai trouv pOlll' jlotl\'oir trallqnillt:lllt'ni en distrihuer " -An jour d'hui sera-I-il pour moi jour de moisson? Mais dllns quels chnlPs ni-je sem(' el au ('ours cil! quelle saisol1 inconnue? ... -Est-ce l'henl'e (h. ma Inmpe :lll haul de mon phare? En lout cas la lumire (]ui en jnillinl Ill' se .. " pas de moi .• Je la melh'ai, mus elle sera t/i'inle, Le Gardi{'l1 de nuit y meltnl l'huile el rnlllllllern .. , C'est ce qu'il se
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I.A RE\TE .. • • 127 Le peuple enlier le reut il son entre dans la ville et l'ovationna. Les nolables l'antrent pour lui dire: Ne nOLIs laisse si tl, lu fus un rayon dans notre aurore. jeunesse inspira nos mes; tu n'es pas tranger parmi nous, tu es notre fils aim et chri ; 'ne fais pas que nos yeux le chtl'{'hellt \'all1 n. Les prlres elles prtress('s lui direnl: Ne fais pas que la i\l6r nous spare, ne jettes pHS dans l'Oubli les annes p,lsses par'lli nous. Ton esprit vivait en nous, Ion ombre clairait nos visages. nos curs t'aiment et nos mes le sont attaches. Mais nof1'e amour s voila dans le silence sans que nus puissions le dvoiler. A prsent il le supplie fn criant, dthil'anl lui-mme son voile. pour le montrer la vril. Seule, la spanltion dvoile la profondeur de l'mour ... I3euucoup d'Hull'es lui parlrent. le prirent. Il ne rpondait pag, mais inclinail la tle el 1'011 voyait des larmes couler sur lies joues et sur sa poitrine. JI continuait il marcher avec le peuple jusqu' la grande plate, devant le Temple, ..\, ce monH.'1l1 sortit du templl .. tlne femme. Elle s'appelait Almelrat el lad voyanlc. Il 1'l"llveloppa d'UlI l'('gard plein de lendl'esse, ('ar ce l'ut la pl'emire qui accourut il lui quand il avait un jour el une nuit dans la ville. Elle le salua avec respect en lui disanl: -Prophte de Dieu, vous fherehiez 1I1l idal. atlendanl \'olre bartfue qui lail lohl de VOliS. La voil, qui 8ITi\'(' et \'ofl'e dpart est rsolu. Grands sont votre ulllour el votre tendresse pour la terre de vos songes, de vos souvenirs et de vos sublimes prfrences. '-Ainsi, ni notre amour, ni notre besoin de vos IuInires ne peuvent vous retenir. Avant de nous laisser, une seule chose nous VOllS demandons: Padez-nous, l'IlSelgnez-llous, vos pnndpt:s pOHr que. noire lour, I.A RE\TE .. • • 127 Le peuple enlier le reut il son entre dans la ville et l'ovationna. Les notables l'antrent pour lui dire: Ne nOLIs laisse si tt, lu fus un rayon dans notre aurore. jeunesse inspira nos mes; tu n'es pas tranger parmi nous, tu es notre fils aim et chri ; 'ne fais pas que nos yeux le cht1'chellt \'all1 n. Les prlres elles prtress('s lui dirent: Ne fais pas que la i\l6r nous spare, ne jettes pHS dans l'Oubli les annes par'lli nous. Ton esprit vivait el1 nous, ton ombre clairait nos visages. nos curs t'aiment et nos mes le sont attaches. Mais nof1'e amour s voila dans le silence sans que nus puissions le dvoiler. A prsent il te supplie fn criant, dthil'anl lui-mme son voile. pour le montrer la vrit. Seule, la spanltion dvoile la profondcur de l'mour ... I3euucoup d'Hull'es lui parlrent. le prirent. Il ne rpondait pag, mais inclinail la tle el 1'011 voyait des larmes couler sur lies joues et sur sa poitrine. JI continuait il marcher avec le peuple jusqu' la grande plate, dcvant le Temple, ..\, ce monH.'1l1 sortit du templl .. tlne femme. Elle s'appelait Almelrat el lad voyanlc. Il 1'l"llveloppa d'UlI l'('gard plein de lendl'esse, ('ar ce l'ut la pl'emire qui accourut il lui quand il avait un jour el une nuit dans la ville. Elle le salua avec respect en lui disanl: -Prophte de Dieu, vous fherehiez Ull idal. atlendanl \'olre bartfue qui lail lohl de vous. La voil, qui 8ITi\'(' et \'ofl'e dpart esl rsolu. Grands sont votre ulllour el votre tendresse pour la tene de vos songes, de vos souvenirs et de vos sublimes prfrences. '-Ainsi, ni notre amour, ni notre besoin de vos IuInires ne peuvent vous retenir. Avant de nous laisser, une seule chose nous VOllS demandons: Padez-nous, l'I1Selgnez-llous, vos pnndpt:s pOHr que. noire lour,
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12H nOlis les enseigniolls il ('111':1111-.:, <:lIX. aux I('urs l'l i I('urs petils fils. El HllSi. voir,' p:1l"ole ,,':'1 ni rlll t' ra ('Il Ull des sicles, -Dans volre' soJement, VOliS a\'z l tt-Illoin dl' hlils; voUs avez eulendn nos rires et nos pleurs. :"\Otl! vous /))'ollsdc nous dvoiler il nOlis-mmes, de now des de la vie. du ben'eHu au tombe'IHl. Il l't'pondit: 12H nOLIs les enseigniolls il ('111':1111-.:, <:lIX. aux I('urs l'l i I('urs petils fils. El HllSi. voir,' p:1l"ole ,,':'1 ni rlll t' ra ('Il Ull des sicles, -Dans volre' soJement, VOliS a\'z l tt-Illoin dl' hlils; voUs avez eulendn nos rires et nos pleurs. :"\Otl! vous Pl'iOIlSdc nous dvoiler il nOlis-mmes, de now des de la vie. du ben'eHu au tombe'IHl. Il l't'pondit:
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PH. THOBY-MARCELIN LES HROINES ;s'ou:,; tlttelldions des ... Dtn8m: PH. THOBY-MARCELIN LES HROINES ;s'ou:,; tlttelldions des ... Dtn8m:
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Gisle aflle, 1) 111:1 "mie, Ilia calJlal'Ude 1. ... \' ALRY LARBAUlJ Voici coniH.' jf.! terminai la fameuse ptre il Dmos au sujet de L\.b::lIldollne: ." Et puis comment ne pas gOlller ln pOl'sie -comme d'un coup d'archet -de ce prnom: Gist'le. 11 voque une gazelle et l'end si bien la gnh:c Yoluplw .. usc de la petite fille qUI t'aime encore et que tu rcnil'S, ( Or ni Llid. ni .. il est sympathique, Sa s,'eltcssc lil'II! du pnlmislc. El ranime chez lui l'ge i ngl'flt prolong, S
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soir il 1.1 rellcolllre d:lllS unt' rut' pen p. s'> aprs-mi-dis avec Gisle. ' NOU3 causons. Dit-elle: . -Je l'odeur de Di'lJloslhm', j'ni ('\l\'il' dl' mordre . .Je rpond s: i\nuse,I:1 ne \'Oldail pliS que je j'(,/llhl'tlsse ... qu'AnmollC'.,. Ilws c'esL li Ile sotte... '. San'Z-YOllS, HallllihaI, que D('lllOSlhl'lll' l'I'quelll assi C'es!, n'xpli. soir il 1.1 rellcolllre d:lllS unt' rut' pen p. s'> aprs-mi-dis avec Gisle. ' NOU3 causons. Dit-elle: . -Je l'odeur de Di'lJloslhm', j'ni ('\l\'il' dl' mordre . .Je rponds: i\nuse,I:1 ne \'Oldail pliS que je j'(,/llhl'tlsse ... qu'Anmone.,. Ilws c'esL li Ile soUe... '. San'Z-YOllS, HallllihaI, que D('ll1oslhl'Il(' l'I'quelll assi C'est, n'xpli.
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.1 l' Ille St' Il S g('Ill>. jp sou ris ... ',-QUI.' Ill:l j'ai dcouH'l'! quelqllcs d:ru!e:i :1 .. , ('1 pu/s, \'oy('Z-\'OllS, elle n trop rossi ... Ce disallt, )'(' l't'!llan/uv la O'O! 0'(' de IllO\1 llIn(' n h • hile l'si haletanl(!, .. Sa l\T(' n le l'Oug(l. des ihiscus. El pl'Ilsant il sa Soli' lesse voluptueuse, je IllC l'l'Ple: --Q LI e Il e Il n III Ille!... Q li C Il e n 111111ll (' ! .. .le suis t'Illballt' . .Jni en\'je dt' l'em!>r:.ssl'I', .. ( Cil pcu d'audnce. vo-ons! ... ) .Te me /H:Il(/Je ... je Il:1,' ... (:le il ('OIllIlH:IH: -Dlllos! !lIW.,. Le clwl'llIl' ('si l'O/lIpll. III L'Ile l'orle tHpe ;,lI lIU11 ('pulIlt', un'olllpaglle d'ull COlllment \'a.lI C'est Dm08, GOu:tilll'ur. il s'illforme: Et les :111l0llI'S'! O l'II ('s-tu <1\'(>(' (jiSl'k? .Je pUl'le lie lu Ile ras p l'st sa dernire ... l1iclimf. 1 pellse dj il ln quiller. -'l'oules mmes, 11\(\11 petit Bahal. je SUiSlIll ... ,le lignerai prochaillemellt LOlllollse ... Ollllllcnt l'appelais-lu ellcore? .. Xlltlsic[!H! ah ol!i, c'est n! ... :\nusl'na IfI rOIlt..Ilno ... Comme dans J'Odysse . ..:... 'l'II s:ls mon che\' Di'l\IoslhnC', qui Irop embras" (' ... Il souril .I\'ec s(lflisHIl(,('. -Tiens! fait-il, nOllce!' ma visitej Gisle? fous irons ln \'oil' lIlI de ces jours. ht on rigolern, je t ro:n ':ls ... ", .1 l' Ille St' Il S g('Ill>. jp sou ris ... ',-QUI.' Ill:l j'ai dcouH'l'! quelqllcs d:ru!e:i :1 .. , ('1 pu/s, \'oy('Z-\'OllS, elle n trop !'ossi ... Ce disallt, )'(' l't'!llan/uv la O'O! 0'(' de IllO\1 llIn(' n h • hile l'si haletanl(!, .. Sa l\T(' n le l'Oug(l. des ihiscus. El pl'Ilsant il sa Soli' lesse voluptueuse, je IllC l'l'Ple: --Q LI e Il e Il n III Il H.' ! '" Q li C Il e n 11111111 (' ! .. .le suis t'Illballt' . .J'ni en\'je dt' l'em!>r:.ssel', .. ( Cil pcu d'alldnce. vo-ons! ... ) .Te me /H:Il('/Je ... je Il:1,' ... (,:le il ('OIllIlH:IH: Dlllos! !lIW.,. Le clwl'llIl' ('si l'n/l1pll. III L' Il e ro r le t il Il e " II li 1. ) Il (. Il
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Je etjt.' l'entends qlli t'ondu!; 'f . , li es J('une ..... IV -:-Vous n'l)prelld Gisle, DnHlsest Hill! mt' vOIr. Je souris. -Oh! fait-elle, je ne l'aime plus ... Je flirte s(:ult'menl avec lui... ' Elle est nerveuse, agite ses pieds. ses Illains. C'est ennuyeux.J'ai envie de parlir. Je me sens ridicule. C'esl ell vain que J'amour propre me souffle: Et elle donc! .l'nIlume une cigarelle. Oh, quelle lte je fais! '(Je llriserais cette glace. Pourquoi y a-t-il loujoll\'s Ulle glace dans les salons hatiens? C'est idiot. ) , Gisle 'me regnrde d'un nir bless ... ou mprisant. je ne sais plus. -Je ne vous cOlpl'ends pas fait-eJ1e. Que veul-elle l ? Je me lve. Je demande avec st'chcrc:-.st' : -1\1011 chapeau s'il vous plat, el Il!::1 -Qu'ayez-vous donc? Elle me prend la main: -Besle . .le t'en pl;je ...• rai il le p:lrlt'I' ... -.\h? (Si elle sHvn'l tomme .il' nOlls In,II\'\! ridicules ... : Elle me tienl toujours ln main. , -Je vous bnllrais, llll' dil-l'lIe .I\'t' ulle gait mal feinle. \' C'est il On Y.I pl'ojelu sur rtlocran .\Jon/( l-dtsSll$, film o fuse la fantaisie automatique ct l'hl'-111001' aigre:-doux d'Harold Loyd ( l'panouissement au bout, d'un bniset' sur les toits, souriant, lyrieJue (' banal). Les hrones sOlltau parlerre, cn groupe. ,Kali Gisle el celte chre Anmone il qui Dmos prodigue, gracieux cl ('o1omhin, d'ineffables roucoulements '; Je etjt.' l'entends qlli t'ondu!; 'f . , li es J('une ..... IV -:-Vous n'l)prelld Gisle, DnHlsest Hill! mt' vOIr. Je souris. -Oh! fait-elle, je ne l'aime plus ... Je flirte s(:ult'menl avec lui... ' Elle est nerveuse, agite ses pieds. ses Illains. C'est ennuyeux.J'ai envie de parlir. Je me sens ridicule. C'esl ell vain que J'amour propre me souffle: -Et elle donc! .l'nIlume une cigarelle. Oh, quelle lte je fais! '(Je llriserais ceUe glace. Pourquoi y a-t-il loujoll\'s Ulle glace dans les salons hatiens? C'est idiot. ) , Gisle 'me regarde d'un nir bless ... ou mprisant. je ne sais plus. -Je ne vons cOlpl'ends pas fait-eJ1e. Que venl-elle l ? Je me lve. Je demande avec st'chcrc:-.st' : -1\1011 chapeau s'il vous plat, el Il!::1 -Qu'ayez-vous donc? Elle me prend la main: -Besle . .le t'en pl;je ...• rai il le p:lrlt'I' ... -.\h? (Si elle sHvn'l tomme .il' nOlls In,II\'\! ridicules ... : Elle me tienl toujours ln main. , -Je vous bnllrais, llll' dil-l'lIe .I\'t' ulle gait mal feinle. \' C'est il On Y.I pl'ojelu sur rtlocran .\Jon/( l-dtsSll$, film o fuse la fantaisie automatique ct lll'-111001' aigre-doux d'Harold Loyd ( l'panouissement au bout, d'un bniset' sur les toits, souriant, lyrieJue (' banal). Les hrones sOlltllU parlerre, cn groupe. ,Kali Gisle el celte chre Anmone il qui Dmos prodigue, gracieux cl ('o1omhin, d'ineffables roucoulements ';
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GIsle IllC fait signc de Ill(! Illettre derrire ellt'. A )cine Ille suis-je al's:s qu'clic d('III.HHIr: -Babal, m'apportez-vous dt's nougals'! -qu' I>evllrz. JI' bou r . Un P0<11l1l'. -Comme c'esl gentil; lailes \uir ... tOi.Il'ne li, tte. l'II belllre lui rait de !''il. ,lais l'appareil cillmatographique s'apprte rponire au ronflement des ventilateurs; les musiciens allotuent une hawairm waltz ( le piano toujours en avance l'une demi-mesure sur le violon); 011 teint la 11Inire et tous les hourdollnent : te J il d eSSll s! ... Dmos SUl'Slll're : -Anmollc, puisque vous Ile \'lulez pas tre la main lui frappe, soyez dOllc la IlWill qui Gisle me li it : --Racontez quelqlle chose Babal. Je me pem:he vers elle ... Cc parfum ... :\Ia lle vire ... --Gisle, VOU 10 une cassolelle ... Elle est natte. de \'uusicua agace.) '" A ce moment, Harold Lovd est au bord du vide; me souris dans son -lui mord la cuisse. Les peclateurs sont oppresss. Va-t-il tomber enfin? Je proite de l'anxit gnrale pOlir embr[lsser Gisle frmisante ... Lumire! elle, a Jes "cux mouills. me Ile me reproche rin: elle me regarde, simplement.. C'est la sortie. JIad:,une Talevllrz, JI' bou r . Un P0<11l1l'. -Comme c'esl gentil; lailes \uir ... tOi.lrne li, tte. l'II belllre lui rait de !''il. ,lais l'appareil cillmatographique s'apprte l'ponire au ronflement des ventilateurs; les musiciens allotuent une hawairm waltz ( le piano toujours en avance l'une demi-mesure sur le violon); 011 teint la 11Inire et tous les hourdollnent : te J il d eSSll s! ... Dmos SUl'SUl're : Anmollc, puisque vous Ile \'lulez pas tre la main lui frappe, soyez dOllc la IlWill qui Gisle me li it : --Racontez quelqlle chose Babal, Je me pem:he vers elle ... Cc parfum ... :\Ia lle vire ... --Gisle, VOU 10 une cassolelle ... Elle est natte. de \'uusicua agace.) '" A ce moment, Harold Lovd est au bord du vide; me souris dans son -lui mord la cuisse. Les peclateurs sont oppresss. Va-t-il tomber enfin? Je proite de l'anxit gnrale pOlir embr[lsser Gisle fl'misante ... Lumire! elle, a les "cux mouills. me Ile me reproche rin: elle me regarde, simplement.. C'est la sortie. JIad:,une Tal
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1 :J() LA l'aillent se trouvent il ln IlH:rci de Il'illlporie gime ygtarien, conlemple son nombril olin d{' parvenir il l'extase. Puissu('cde ces joies thosophi(:ues ulle piriode de lnisme chevel. o il st' s:IOt';le de rhulll. de pomes Illhilistl:'s, d(' luxurcs, de Il d li ra i t : -Un arslo(,l'ate, :lh, laisse-Illoi ... Ma famille me reprochl." de ne pas un Voici ('ommel1t c'('st nrri\'(:' . .Je vis depuis quinze jours avec ma mnill'css<,'. UI.le griffonlle ol'{lenl<.', mystique et qni m'inilie aux rites du vaudou. l\ollS hnbitons une petile chambre nu Morne--Tuf( lupiss('e de chromos et de gravures de renies illustres). o nous ornons nos nudits dl:' colliers. de coquillages el de fUlchets ... Alors ma famille fi trouv que fe n'tait pas des phsirs roUI' moi ..• tTn aristocrate'? Pense-douc! Il ya troissl'r1cs, nos OC'llX cOllrai('nt nl1S dans la brousse 1 :J() LA l'aillent se trouvent il ln IlH:rci de Il'illlporie gime ygtarien, conlemple son nombril olin d{' parvenir il l'extase. Puis succde ces joies thosophi(:ues ulle piriode de lnisme chevel. o il st' s:\Ot;le de rhulll. de pomes Illhilistl:'s, d(' luxures, de Il d li ra i t : -Un arslo(,l'ate, :lh, laisse-Illoi ... Ma famille me reprochl." dl' ne pas un Voici comment c'('st nJ'r\'(:'. ,Je vis depuis quinze jours avec ma mnill'css<,'. UI.le griffonlle ol'{lenl<.', mystique et qni m'inilie aux rites du vaudou. l\ollS hnbitons une petile chambre nu Morne--Tuf( lupiss('e de chromos et de gravures de renies illustres). o nous ornons nos nudits dl:' colliers, de coquillages ('Ide fUlchets ... Alors ma fmnille fi trouv que fe n'tait pas des phsirs roUI' moi ..• tTn aristocrate'? Pense-douc! Il ya troiss'r1es, nos OC'llX couraient nl1S dans la brousse
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I.A 13 ufric:aine et peul-trc qu'ils s'v Ilourissuienl e \'iande humainc... w. Id mon cntuarade OU\Tl un ricunement ignoble. -Ah! mon trre aill, lui. c'est un aristocrate. Il a tngrossi notre mnagre et il a dit que c'talmoi. Et personne n'a oul un instanl... Je me suis spar de Simon ,,\'CC mlalll'olil'. PmlYre amil Moi. je pense aussi que je suis un barbare, mais un barbare civilis. Je ne renierai jamais mes origines, sans pour cela perdre mon quilibre et souf frir comme il t'nI'r\'e. Pourtant je me rappelle, c'tait cn l'e\'enant de Franle. je m'tms li de camaraderie avec un officier du bord. Charmant garon. il y avait aussi sur le bateau, parmi l'quipage, un ngre du Cap-HHilien. Un j?ur, pour jouer (jc suis SI'), sans penser mal, l'offi cIer donml un coup de pied au ngre de l'quipage, Et (Iw:md il me regarda, il vit que je que de la hai ne il lui olTlir. y III Demuin je prendrai le Ia'nin pour St o je veux ruire un mois. Je me sens un grand besin de mditer. Je pars sans livres. J'ai prvenu ma famille, mes amis qUf' Je n'cri rai il personne. , SI Il v fi la mer, 111 grande solitude de la mer.)) ,l'irai parmi ls coquillages et les crabes; je lcherai la hl'idc ;.l mOI} cur, m'coutant vivre; ou bien je poussc rni dans le vent des cris de sauvage. Etla vague s'age nouillant me posera snr les pieds une bouche tide el sale. IX Je (lcvnJs appl'endre il SI Je dpart de Nausicaa pour la France. Je me rappelle encore le p. p. c. banal qu'elle me lit lenir el... mais quoi bon m'tendre sur une personne qui m'est dsormais trangre? (li suivre) I.A 13 ufric:aine el peul-trc qu'ils s'v Ilourissuienl de \'iande humainc... w. Id mon cntuarade OU\Tl un ricunement ignoble. -Ah! mon trre aill, lui. c'est un aristocrate. Il a tngrossi notre mnagre et il a dit que c'talmoi. Et personne n'a dout un inslanl... Je me suis spar de Simon ,,\'CC mlalll'olil'. PmlYre amil Moi. je pense aussi que je suis un barbare, mais un barbare civilis. Je ne renierai jamais mes origines, sans pour cela perdre mon quilibre et souf frir comme il t'nrr\'e. Pourtant je me rappelle, c'lait cn l'e\'enanl de Franle. je m'tms li de camaraderie avec un officier du bord. Charmant garon. il y avait aussi sur le bateau, parmi l'quipage, un ngre du Cap-HHilien. Un j?ur, pour jouer (jc suis SI'), sans penser mal, l'officIer donnn un coup de pied au ngre de l'quipage, Et (Iw:md il me regarda, il vit que je que de la haine il lui olTlir. y III Demuin je prendrai le Ia'nin pour St o je veux ruire un mois. Je me sens un grand besin de mditer. Je pars sans livres, J'ai prvenu ma famille, mes amis qUf' Je n'crirai il personne. , SI Il v fi la mer, 111 grande solitude de la mer.)) ,l'irai parmi ls coquillages et les crabes; je lcherai la hl'idc ;.l mOI} cur, m'coutant vivre; ou bien je pousscrni dans le vent des cris de sauvage. Etla vague s'agenouillant me posera snI' les pieds une bouche tide el sale. IX Je (lcvnJs appl'endre il SI Je dpart de Nausicaa pour la France. Je me rappelle encore le p. p. c. banal qu'elle me lit lenir el. .. mais il quoi bon m'tendre sur une personne qui m'est dsormais trangre? (li suivre)
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1 (' Difl'ctt'Uf : E. (;mnl-llrspolI.mblr : PH. THOBy-:\IARCELIX : E. RODIF.R .1. ROt:MAI:S .-\, YlEl'X PH. TJiOBy-:\lAncEIJ:-l Ih:--;IEI. HEl\TEI.Ol' CAHL BlltH',\I\I) ---._---@--------rnl,'ory Larbautl 1 '" partt' POt'nlI' de ;\hpl •. ,; Arc,o ) ,) 'Carlo,: l'dliCl-!' ) IIMiz COllntf'f' Culh'n, POt'III1," Pierre He\'erd y Les PI1t." tif' nrllllo!' 1., Ln \'estp , nnll\' .. SOli l'en ir Ir Et.! ItWIII! Lllt'on" l Les Hront''' 1 Sult> .. t lll 1 ;-:1 1\D1.' II: ,.: E\l!l.E Tnt. 1':11' .J,\CI.IL'f:.< HOU,\141:-1 (', HI, Blto!:' HIl Tl'd. par n. p, TIIOII\'-;\hllCl':LIS E)t1Lt: HonlEH C,HlI. Bnou.\lw D. Il n,THOt' ,"NI'E'" Bonn IS n. S\'I.\'\I;': p, 'l'llon\'-;\I.\ /WEU:O>: , 1 ,\ :oiTn-,; ,n \' n:I;, -------nll'k 1 \1 E Id E L E At:!!lr Rue" &: \I:" ... j .. ( IIAITl 1. 1 (' Difl'ctt'Uf : E. (;mnl-llrspolI.mblr : PH. THOBy-:\IARCELIX : E. RODIF.R .1. ROt:MAI:S .-\, YlEl'X PH. TJiOBY-:\lAncEIJ:-l Ih:--;IEI. HEl\TEI.Ol' CAHL BlltH',\I\I) ---._---@--------rnl,'ory Larbautl 1 '" partt' POt'nlI' de ;\hpl •. ,; Arc,o ) ,) 'Carlo,: l'dliCl-!' ) IIMiz COllntf'f' Culh'n, POt'III1," Pierre He\'erd y Les Pot." tif' nrllllo!' 1., Ln \'estp , nOIl\' .. SOli l'en ir Ir Et.! ItWIII! Lllt'on" l Les Hront''' 1 Sult> .. t lll 1 ;-:1 1\D1.' II: l,: E\l!l.E Tnt. 1':11' .J,\CI.IL'f:.< HOU,\141:-1 (', HI, Blto!:' HIl Tl'd. par n. p, TIIO/l\'-;\hllCl':LIS E)t1Lt: HonlEH C,HlI. Bnou.\lw D, Il n,THOt' ,l'NI'E''' Bonn IS n, S\'I.\'\I;': p, 'l'llon\'-;\I.\ /WEU:O>: , 1 ,\ :oiTn-,; ,n \' n:I;, -------nll'k 1 \1 E Id E L E At:!!lr &: \I:" ... j .. ( IIAITl 1.
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-LES ARTS ET LA VIE-Valery Larbaud: ! A. O. D\HNABOOTII "on JOlII'nal et 3e" Posies. ------):O::C-------.,. mais r:\ngiol in:] lail \'raiment udorable; VOliS celle chair de lilas blanc avec des profondeurs de spia brlante \'CI'S JlI !lUCfut', une de ces cratures de flamme el d'ombre.,. Ce sont de ces phrases qui fonl gonfler les pectoraux; un appel d'air sifn@ dans nurines, Ce fut dans Je Free Heference Library quc ce line me chul aux mains: A. 0, Barnaboolh. Jeune ignorant tomb dans Jalitlralure je dcoll\Tflis les Huteurs et maUres. ParnJJlement il la foi catholique, le culle du Moi me batissait une chapelle intrieure, Des Esseintes me promenait dans la d'[lllages avec les potes symbolistes, Je crus t rOll\'er un modle d[llls le Pio Ci.cl d'Angel Ganivet mais ('e fllt 13[1\'11:\hoolh qlli Ille dlina de cette obsession d'cole: .. , ;\;os aelions ressemhlent il des bauchs, des bras tendus dans le vide. On va faire un pus dcisif, une dmarche qui modifiera toule notre vie. La crise arrive; el quelques annes aprs, en regardant en arrire, nom; nOllS tonnons d'avoir t si mus et d'tres pen changs. Nous ne pouvons l'ien sur Jes vnements, et les vnemenls ne peuvent rien sur nous, quoiqu'on pense... • Le Journal d'A. 0, Barnnboolh oit plaire aux croles qUl golenl la crme de du Brevoorl-Lafayette . et Je caf du Midhmd's fI Manchester. Toute une gographie s'appl'enrl avec le fondu de la Creuse et Je compoyo -LES ARTS ET LA VIE-Valery Larbaud: ! A. O. D\HNABOOTII "on JOl\I'nal et 3e" Posies. ------):O::C-------.,. mais r:\ngiol in:] lail \Taiment udorable; VOliS celle chair de lilas blanc avec des profondeurs de spia brlante vers JlI !lUCfut', une de ces cratures de flamme el d'ombre.,. Ce sont de ces phrases qui fonl gonfler les pectoraux; un appel d'air sifn@ dans nurines, Ce fut dans Je Free Heference Library que ce line me chul aux mains: A. 0, Barnabooth. Jeune ignorant tomb dalls Jalitlralure je dcoll\Tflis les Huteurs et maUres. ParnJJlement il la foi catholique, le culle du Moi me batissait une chapelle intrieure, Des Esseintes me promenait dans la d'[lllages avec les potes symbolistes, Je crus t rOll\'er un modle d[llls le Pio Ci.cl d'Angel Ganivet mais ('e fllt 13[1\'11:\hoolh qlli Ille dlina de cette obsession d'cole: .. , ;\;os aelions ressemhlent il des bauchs, des bras tendus dans le vide. On va faire un pus dcisif, une dmarche qui modifiera toule notre vie. La crise arrive; el quelques annes aprs, en regardant en arrire, nom; nous tonnons d'avoir t si mus et d'tres pen changs. Nous ne pouvons l'ien sur Jes vnements, et les vnemenls ne peuvent rien sur nous, quoiqu'on pense... • Le Journal d'A. 0, Barnnboolh oit plaire aux croles qUl golenl la crme de du Brevoorl-Lafayette . et Je caf du Midhmd's fI Manchester. Toule une gographie s'appl'enrl avec le fondu de la Creuse et Je compoyo
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l::lll LA IIL\'I L 1:\IJl. 1: cubaill. Ll' \'U\';I"L' dll COlldolli're de SUlll't::" l'), 1 lIllt . de mdailles hicll l'i';lppes ... Il' prtrrt' rJll'll'ram' de Grard de!';ernd. qui. l'Il Suisse. Ile s'c,n'DITt' de !lOler que les villes o 1'011 Illange biclI. Le li\Te de Y[:ln' Larbaud salisfait (lt l'esprit cl 1 .. 8 sens. N'est-cc p: S lilO, qui cOlltl'mple Lille femllll'. il travers lesflcursetles \'erres, et all-del dc'S petils pl4its cuirasss de vermeil cl ? On a Je hrusques chu!!pesde scnes qu'on pourrnil voir soi-mme. La TurqUie ne vous est' pas suggre par le l'romage des coupoles ni Je sucre dCIi minm'els. Voici plullle film: A Orlakei, je croisai un groupe d'elllltHIUl'3 il cheval. lis l;tnient vlus e redingotes noires et de clwpeaux haut de ferme lincehlllls .• leurs visnges plats et ghlbrcs; j'entenis leurs voix, el qunnd .le ma j(' vis leurs grands chenlllx hrillnnts pllSSCI' l'clllhre dt's bosquets de cl'di,t's.)) 1.1 Y a toujours de ces images lIoslulgiques qui \'OIIS . cl'cnt un pays avec ce sells dll rel nu charme prorond. Valory Lnrbaud t'sI 1111 grand flnmaleul'.13nrnahoolh vous ftlit accomplir des voyages intl'ressauts tandis qlll' "ous restez un moelleux rautC'uil. Yenst'. YielllH', sont \'OqUl'S an.'c un arL qui Lient dll mil:acle. Plus dl' ces CO!l\'('llliollllel., d l'eau snle par des farcis dt' prjuges. C son l1le. l'nlll.re ... tl':lH'rS lIne Europe' qu'il recre pm' ses St'llSHt ions el sl'l1!inH'nts . .lamais I,<,s . conventions livresqlH's ne furcill al1l::1l1t hOllsculi{'s. La rsychologic I \'IIC | |