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Courrier (French)

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Title:
Courrier (French)
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Brussels, Belgium
Publisher:
Hegel Goutier
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French
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serial ( sobekcm )

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University of Florida
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L E N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010




COURIER
LE MAGAZINE DES RELATIONS ET COOPRATIONS AFRIQUE CARABES PACIFIQUE ET UNION EUROPENNE


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COURIER


Conseil Editorial
Co-prsidents
Sir John Kaputin, Secrtaire gnral
Secretariat du Groupe des Etats ACP
www.acp.int

M. Stefano Manservisi, Directeur-Gnral DG Dveloppement
ec.europa.eu/development/

Rdaction
Directeur et Rdacteur en chef
Hegel Goutier

Jounalistes
Marie-Martine Buckens (Assistante Rdacteur en chef)
Debra Percival

Assistant Editorial et Production
Okechukwu Romano Umelo

Ont particip ce numro
Elisabetta Degli Esposti Merli, Sandra Federici, Tim Graewert, Philippe Lamotte,
Joshua Massarenti, Anne-Marie Mouradian, Andrea Marchesini Reggiani, Detlef Sonnenberg

Gestionnaire de project
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Coordination artistique, conception graphique
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Relations publiques
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Dpart de Mindelo. Marie-Martine Buckens
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Le SecrtariatACP et l'Union europenne, membres du Conseil Editorial de la revue, dclinent
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Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles crits
par les rdacteurs extrieurs l'quipe de rdaction et par tout rdacteur invit.


Notre partenaire privilgi



SNGH-- .
ENGHOR


L'Espace Senghor est un centre
qui assure la promotion d'ar-
tistes venus des pays d'Afrique,
Carabes et Pacifique et l'change
cultural entire communauts, au
travers de programmes varis al-
lant des arts scniques, de la mu-
sique, du cinma, la tenue de
conferences. S'y rencontrent bel-
ges, immigrs d'origine diverse,
fonctionnaires europens.

Espace Senghor
Centre cultural d'Etterbeek
Bruxelles, Belgique
espace.senghor@chello.be
www.senghor.be


- -
sBgl
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LE


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


URRIER


LE MAGAZINE DES RELATIONS ET COOPRATIONS AFRIQUE CARABES PACIFIQUE ET UNION EUROPENNE




Sommaire
LE COURIER, N. 15 NOUVELLE SERIES (N.S)


PROFILE
Mohamed Ibn Chambas, nouveau Secrtaire gnral
du Groupe ACP
Andris Piebalgs, nouveau commissaire au
Dveloppement de l'UE
EDITORIAL
SANS DTOUR
Michle Duvivier Pierre-Louis, ex-Premire ministry:
Une architect de la difficile renaissance d'Hati
TOUR D'HORIZON
DOSSIER
G20 et pays en dvloppement
D'un G20 l'autre : du G20 des pauvres celui
des riches
Quel organisme de governance mondiale PVD-
compatible ?
G20 : 5 sur 10 pour la rforme financire. 3 sur 10
pour le soutien aux nations dfavorises
La Socit financire international tend ses activits
Je plaide pour un G180 :
Entretien avec Charles Goerens, eurodput
INTERACTIONS
Rformer la fiscalit des pays en dveloppement
Les ngociations commercials doivent reflter
le nouveau consensus global au sujet de la faim
Revision des accords de pche de l'UE en 2012 ?
Du bois ghanen vertt" pour l'Europe
Les pays et territoires d'Outre-mer en cure
d'mancipation
L'UE subventionne 13 pays ACP pour amortir
l'impact de la crise conomique
Partenariat ACP-UE : les nouveaux venus
Politique culturelle : les oprateurs se lancent dans
des activits de mise en rseau
Assurer la place du troisime homme, le pouvoir local
LA SOCIT CIVIL EN ACTION
Greenpeace dbarque en Afrique
La socit civil ACP se met en rseau


COMMERCE
La crise mondiale entaille le joyau de l'Afrique 33
2 Une "affaire conclue" qui ne plat gure aux Carabes
orientales 35
3
ZOOM
5 L'Ange-gardien de la dmocratie prend son envol 38
DE LA TERRE
Le grand soir du climate attendra 38
8
REPORT
8 Cap Vert
Le Cap Vert, "passeur" entire trois mondes 40
Une singularit revendique : Une nation ne de
la premiere mondialisation 41
13 Un example avant la lettre 43
Devenir une tte de pont pour l'Afrique continental 45
14 La bonne governance nous a permis de survive
la crise 47
1 Le gouvernement est loin d'avoir atteint ses objectifs 49
18 "Djunta-M!" 50

'Saudade' et beauts naturelles 51
DCOUVRIR L'EUROPE
S Plovdiv
De nouveaux projects pour la plus vieille cit habite
23 d'Europe 52
24 La plus vieille ville habite d'Europe ne demand
qu' tre dcouverte 53
25
De Dionysos la rose de Damas. Les richesses de
Plovdiv 55
28
Intgrer les Roms et mettre fin aux discrimination
leurs gards ? 57
27
Dveloppement : la Bulgarie sur les strating-blocks 58
28
CRATIVIT
29 Un lieu de rencontre pour la culture africaine 60
30 8me dition des Rencontres de Bamako :
une vitrine de la photographic contemporaine 81

31 AUX PLUS JEUNES 83
32 LA PAROLE AUX LECTEURS/CALENDRIER 84






rofil


Debra Percival et Hegel Goutier


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Profil


Anne-Marie Mouradian

Andris Piebalgs, nouveau commissaire au Dveloppement de I'UE

La politique de dueloppement ne sera pas
I s s lpair I I ''trn I 1' '



























D4`






















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editorial


e Courrier a d modifier le sommaire de ce
numro pour inclure un article sur l'enfer
descendu sur Hati le 12 janvier dernier.
Durant les semaines qui ont suivi le sisme,
jamais autant d'information n'avait circul sur ce
pays, son people, son histoire et sa culture.

Sont passes en revue les uvres et les citations
de tous ceux qui avaient voulu attirer un regard
plus just sur la rpublique caribenne, en gnral
sans succs. D'Andr Malraux ou Andr Breton ou
Jean-Paul Sartre Sergue Mikhalovitch Eisenstein,
ralisateur de "Le cuirassier Potemkine" don't le
scenario "Jean-Jacques Dessalines" sur l'auteur de
l'indpendance hatienne, qu'il n'a jamais pu raliser
et qui le hantait, est rest la base de ses course sur
le cinma l'universit. De Santana Anas Nin,
d'Aim Csaire ou Lopold Cedar Senghor Bill
Clinton. Tous ceux qui un titre ou un autre,
ont considr comme exceptionnel l'apport d'Hati
au monde. On a dcouvert les agressions qu'elle a
subies, premiere terre du nouveau continent faire
l'exprience de la premiere globalisation ds 1492,
deux ans avant le Cap-Vert, l'objet du grand repor-
tage de ce numro, avec ces affres, un esclavage sous
sa forme la plus bestiale qui a dmarr avec l'arrive
de Christophe Colomb, les menaces perptuelles de
diffrentes puissances tout au long du 19me sicle,
l'occupation amricaine au dbut du 20me sicle.
Et aussi ses luttes pour la libert incluant son sou-
tien aux Etats-Unis pour l'indpendance de ce pays
en 1776, avant mme la sienne, et l'aide massive en
hommes, en argent et en munitions Bolivar pour
la liberation de l'Amrique du Sud.

On avait d'abord ressorti, aprs le sisme, les clichs
d'Hati, terre maudite qui a toujours connu le chaos,
mettant dans le mme sac tous ses gouvernements,
oubliant ses lections et gouvernements dmocra-
tiques ds le 19me sicle, de Nissage Saget 1870-
1874 Tiresias Simon Sam de 1896 1902, alter-
nant parfois, il est vrai, avec des rgimes plus durs.
Sans parler de la priode de lumire de Dumarsais
Estim, 1946-1950.

Et puis des intellectuals et de plus en plus de jour-
nalistes ont commenc raconter vraiment cette
terre, son people, sa richesse, son apport modest


peut-tre mais non ngligeable l'humanisme, sa
pliade de grands crivains, artistes, son patrimoine
artistique. Et aussi mettre en exergue le dbut de
renaissance qui l'claire depuis quelques annes, des
13 prix littraires internationaux de ses crivains en
la seule anne 2009, etc. Et les progrs en terms
de governance politique enregistrs ces dernires
annes et qui ont plutt bien convaincu la commu-
naut international. Michle Pierre-Louis encore
premier-ministre avant le sisme quand elle a donn
au Courrier l'interview publie dans son numro, en
atteste. Mais c'est la catastrophe qui a t l'occasion
pour un large public de le dcouvrir.

N'tait-ce cette meilleure governance, la solidarity
de la communaut mondiale n'aurait peut-tre pas
t aussi intense. Les bailleurs de fonds runis
Montral le 25 janvier n'auraient pas aussi unani-
mement dcid que le gouvernement hatien tait
l'instance la plus mme de grer les fonds pour
la reconstruction du pays, prtant ainsi le pas
l'Union europenne qui lui avait dj accord son
soutien sous forme d'aide budgtaire, une sorte de
satisfecit.

Le gouvernement hatien se dit prt entamer la
reconstruction sur des bases plus fiables. Ainsi,
de l'insistance du president hatien auprs des
donateurs, notamment du PAM, pour que l'aide
alimentaire d'urgence ne dstabilise la production
locale et l'utilise plutt dans ses stocks. Pas loin de
la problmatique aborde dans nos articles sur le
consensus global contre la faim ou sur les accords
de pche ou mme sur le changement climatique. Si
le choix d'Hati en ce moment semble endoss par
les donateurs, c'est que la governance mondiale a
enregistr des progrs notoires ces derniers temps,
en dpit des apprehensions importantes qui demeu-
rent et se justifient. Notre dossier sur le G 20 et les
pays en dveloppement le souligne.

Est-ce pour tout cela qu' quelque chose, malheur
est bon ? Tout dpend de ce quelque chose. Il en
faut beaucoup. Et beaucoup de temps pour rpon-
dre la question.

Hegel Goutier
Rdacteur en chef


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010
































Michle Duvivier Pierre-L


difficile renai


Michle Duvivier Pierre-Louis. CE I


Aux dernires journes europennes de Dveloppement Stockholm en octobre 2009, elle tait
l'une des personnalits politiques de haut rang mais surtout un symbol du retour de la crdibi-
lit dmocratique d'Hati. C'tait avant le tremblement de terre qui a dtruit Haiti et mis en pril
le dbut d'une renaissance qui s'esquissait depuis deux trois ans. Michle Pierre-Louis tait,
entire autres, invite remettre l'une des distinctions du prestigieux Prix Natali de la Presse de la
Commission europenne. Signe des temps pour un pays qui, il n'y a pas longtemps tait encore en
proie des drives quant aux droits de l'homme.*


ichele Pierre-Louis t Premire
ministry, de septembre 2008 la
fin d'octobre 2009. Elle a appli-
qu la politique de rforme mise
en place par le president Ren Prval avec un
succs notoire. Incluant une nouvelle image
de marque de son pays comme destination
touristique. Le voyage inaugural du nou-
veau plus grand paquebot du monde "Oasis
of the Seas" -6500 passagers -de la Royal
Caribbean en dcembre dernier s'tait fait
entire Miami et Labadie en Hati.

Michle Duvivier Pierre Louis qui a pass
une bonne parties de sa carrire dans la soci-


te civil est affectee nanmoins par les effects
collatraux des rformes sur la situation des
plus vulnrables.

Le pire est-il pass pour Hati qui continue
.-.,ii .. d'un manque it': :,.- ?

Le pays est encore dans une extreme fra-
gilit quelque soient les progrs qui ont t
raliss. Dans la situation actuelle avec ces
alas, je prfre me colleter aux problmes
au jour le jour. En terms d'image parmi les
lments intressant de ces derniers temps,
je retiendrais le forum des investisseurs
amricains avec 250 participants, organis


en Hati par l'ex-prsident Clinton en tant
qu'envoy special de l'ONU pour Hati.

Qu'est-ce que vous retiendriez come ralisa-
tions importantes de votre gouvernement et plus
largement des trois annes de la prsidence de
Ren Prval ?

D'abord la scurit et la stability. Quand le
president Prval est arriv en 2006, le pays
tait encore en proie la violence des gangs
avec leur operationn Bagdad", qui plongeait
le pays dans l'horreur les kidnapping, les
tueries, les viols, et incendies volontaires -.
Le president a utilis une stratgie qui a


COURRIER







ans dtour


donn des rsultats positifs, savoir faire
appel toute l'opposition pour former une
sorte de gouvernement d'union national.

Cela a permis avec l'aide de la Minustah**
de rnover la police qui est passe de moins
de 5000 plus de 10000 membres, et lutter
contre la corruption de policies impliqus
dans les gangs et le traffic de la drogue. On
a travaill les gangs au corps. A Port-au-
Prince maintenant, la vie nocturne a repris.
Avant, huit heures du soir, c'tait la paix
des cimetires.

La situation de pauvret extreme ne reprsente-
telle pas en soi un danger pour la scurit ?

Tout--fait. Haiti reoit surtout de l'aide
humanitaire. On ne dveloppe pas un pays
avec l'aide humanitaire. C'est pour cela
qu' la conference des bailleurs de fonds en
avril dernier Washington, j'ai propos un
changement de paradigme de la cooperation.
C'est l'investissement priv, public, tranger
et hatien qui permettra d'enclencher le
processus de dveloppement. On nous taxe
de crer des emplois basement rmun-
rs. Nous payons aujourd'hui encore le fait
















d'avoir invest si peu dans l'ducation. Il n'y
a pas chez nous assez de capacits techniques
pour construire les infrastructures routires
ou protger nos cocotiers ou nos bananiers
contre les infections. Ce sont des vrits qui
ne sont pas toujours trs bonnes dire mais
je prfre dire les choses mme si cela me fait
mal de le dire.

Nous avions pris des dispositions -qui
taient lies des conditionnalits de finan-
cement externes -mais qui taient indispen-
sables. Au dpart d'Aristide, le ratio entire la
pression fiscal et le PIB tait de 6,5 %, on
est arriv 10,9 %. Dans la region c'est peu
prs 15 % sinon 18 %.

Nous avons russi ces deux dernires annes
avoir notre budget de fonctionnement
aliment partir du trsor public donc
partir des rentres de taxes et d'impts. Cela
ne s'tait pas fait depuis trs longtemps.


Michle Duvivier Pierre-Louis et Hillary Rodham Clinton, Secrtaire d'Etat amricaine s'adressent aux journalists
Iau Dpartement d'Etat amricain. Reporters/AP


Malheureusement 65 70 % des dpenses
publiques du budget sont encore couvertes
par l'aide international.

Notre travail permet de renforcer la confian-
ce des citoyens. On en est l. Mais un tour-
nant trs fragile. On peut aussi bien faire le
pas vers l'avant que vers l'arrire.

Qu'il y ait une impatience de la part de la
population ou de la part des lus, je peux
parfaitement le comprendre. Je suis arriv
au pouvoir au moment o quatre cyclones
successifs ont tout dtruit. La communaut
international a estim les pertes 1 milliard
de dollars, 14% du PIB. Le PNUD a lanc
un appel d'urgence pour avoir 107 millions
de dollars. A la conference des bailleurs en
avril, nous avions eu des promesses de l'ordre
de 400 millions de dollars. On n'a pas reu
100 millions depuis, a fait huit neuf mois.

Le gouvernement hatien n'avait-il pas t plus
catholique que le pape dans la ralisation des
rformes quand on voit les latitudes que les pays
riches ont prises par rapport au libralisme pour
faire face la crise conomique ?

Les pays qui ont pu prendre ces latitudes ont
la capacity de le faire. Nous, quelles measures
peut-on prendre? On a subi le libralisme,
c'tait trs dur. Quand sur demand du Fonds
montaire et la Banque mondiale on a dr-
gul toutes les importations dans le pays, on a
tu en grande parties la production national.
Le riz de Miami se vendait dix fois moins cher
que la production locale. C'tait le prix payer.
La dette d'Hati a t efface hauteur de 1,2
milliard de dollars par le Club de Paris.


Nous savons que seuls les investissements per-
mettront un vrai dveloppement. L'industrie
textile est en bonne voie. Nous travaillons
aussi pour la promotion du tourism sur-
tout local et de la diaspora. En dehors des
niches comme Labadie ou s'accostent les
gants paquebots de la Royal Caribbean
Cruise Line dbarquant chaque semaine des
milliers de tourists. Nous crons des infras-
tructures pour les attirer vers la Citadelle














Laferrire, patrimoine mondial de l'Unesco,
et fiert des Hatiens. Les Tawanais vien-
nent de leur ct d'investir dans le Sud. Mais
il sera difficile de concurrencer Cuba ou la
Rpublique Dominicaine pour le tourism
de masse. Par ailleurs, je ne sais mme pas si
c'est souhaitable.

* Voir aussi l'article 'L'Afrique se mobilise pour Hati',
p. 8.
** Mission des nations Unies pour la Stabilisation
en Hati.



mots-cls
Michle Duvivier Pierre-Louis ; Haiti;
Journes europennes de Dveloppement;
Ren Prval ; Oasis of the Seas ; Labadie;
Royal Caribbean Cruise Line ; Citadelle
Laferrire ; Hegel Goutier.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010






















A gaucne et a urote megei -ouler, Au miineu nepor ers/ r


Hegel Goutier




L'Afrique se mobilise pour Haoti


L'Afrique s'est mobilise pour Halti aprs le sisme qui a ravag ce pays le 12 janvier dernier et
caus plus de 200.000 morts et des millions de blesss et de sans-abris, et ce, un niveau sans
prcdent pour une cause humanitaire loin de ses territoires. Mme les pays en situation cono-
mique trs difficile ont particip cet lan de gnrosit.


nent, a ragi trs vite non seulement
en annonant une aide montaire
mais en dpchant sur place des sau-
veteurs et des professionnels de la sant
pour intervenir durant la phase d'urgence.
Suivis aprs par des experts particuliers
parmi lesquels des pathologists spcialiss
dans l'identification des corps, et ce avant
l'envoi des quipes d'aide humanitaire pro-
prement dite. Le 14 janvier au matin, un peu
plus de 24 heures aprs le tremblement de
terre, une quipe de 40 sauveteurs de diff-


rentes disciplines de "Rescue South Africa"
prenait le dpart de la Waterlook Airforce
Base o le Prsident Jacob Zuma tait venu
personnellement les saluer. Il leur a exprim
sa gratitude pour ce qu'ils ce qu'ils sont en
train de faire au nom du pays. Il a en outre
demand chaque Sud-Africain d'apporter
du secours sous une forme ou une autre au
people hatien. La compagnie de tlphone
Vodacom South Africa a finance le dplace-
ment de cette quipe hauteur de 1,5 mil-
lions de rands (202.000 dollars amricains).
Une autre quipe de dix spcialistes en


traumatologie et en chirurgie diverse, celle
de "Gift of the Givers" tait aussi parties
vers Hati ce 14 janvier important du mat-
riel divers, tentes, tablettes de purification
d'eau, supplements nergtiques, mdica-
ments et autres d'une valeur de 5 millions de
rands (655.500 dollars amricains). De son
ct, la Croix rouge sud-africaine a lanc un
appel pour recueillir 30 millions de rands (4
millions de dollars amricains).

L'exemple de l'Afrique du Sud a t vite et
largement suivie. Le Gabon a octroy une
aide substantielle Hati. Le 15 janvier,
le communique du Conseil des ministres
l'annonant a prcis qu'il s'agissait d'un
"secours d'urgence de 1 million de dollars
amricains ce people frre sorti, il y a
peu seulement, la fois d'une longue et
meurtrire guerre civil et d'une inondation
lourdement endeuillante."

> Le Parlement sngalais uote
le droit d'tablissement des
Haitiens au Sngal
Le President du Sngal Abdoulaye Wade
a dcid d'octroyer 500.000 dollars amri-
cains Hati mais il a surtout annonc que
les Hatiens taient les bienvenus dans son
pays. "L'Afrique devrait offrir aux Hatiens
le droit de revenir chez eux. C'est un princi-
pe de droit. On ne doit pas marchander." Ce


CURRIER


IDi; L unIm ELR]P in;


dbBloquuinHe IHalideq d'urgence de E3 M dem ent eu p n o l e m aintJiend
prvnn de E esriehmn- l'odr ap le ssm Paallmet





espgnoe d VUE ai annoiB n cBi MialB^ ^'env i tirs onenie pa les dUiffrents EtasT
en Hati d'uneB fo pTrcdegnarip merMie de e l'nTion














































LII ''dut dyduUiie rwnpui tels LILa.iii uilutui dUIytC HC iiuuitittIIiiud ydtusiieetiui nuisx


"rapatriement" des Hatiens serait en outre
probablement pris en charge, espre M.
Wade, par la communaut international.
Soumis la critique d'un parti d'opposition
taxant d'absurde sa proposition, Wade a
pris l'exemple du Libria peupl de Noirs
amricains.

Il est adoub par le Parlement sngalais qui
a vot l'unanimit le 22 janvier le "droit
au retour" des Hatiens. Et qui a en outre
prlev 100.000 dollars de ses resources
propres en faveur d'Hati et a exhort tous
les Sngalais offrir l"quivalent d'une
journe de travail Hati. Il a galement
soutenu le project d'un grand tlthon natio-
nal au profit de ce pays.

Le Nigeria a mis la disposition de la mis-
sion des Nations Unies en Hati un contin-
gent de 121 militaires pour intervenir dans
les operations de sauvetage des victims.
Le Vice-prsident Goodluck Jonathan a
affirm l'engagement de son pays : "Ds
que la communaut international se mobi-
lise pour Hati, elle peut computer sur le
Nigeria." Il a aussi dbloqu un premier
montant de 67.000 dollars amricains pour
la rpublique caribenne.

Le Bnin, pays d'une famille royale duquel,
le forgeron de l'indpendance hatienne,
Toussaint Louverture tait issu, a lanc



N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


un tlthon au profit d'Hati. Son gouver-
nement a aussi dcid de fournir une aide
aux 50 tudiants hatiens frquentant son
university et d'accrotre le nombre de ses
policies servant dans la Minustah. Aussi,
il enverra des militaires la mission des
Nations Unies.

Le Congo RDC a contribu hauteur de
2,5 millions de dollars au fonds special cr
par les Nations Unies. Cette contribution
est relativement leve vu les difficults que
traverse ce pays. Ce que n'a pas manqu de
souligner le parti d'opposition "Union du
Congo" qui ne fait toutefois pas l'unanimit.
Nombre de Congolais approuvent le geste
de leur president, l'instar de Mgr Ilunga
Mutuka dans un communique au nom de
l'Eglise du Christ au Congo (ECC) : "La
RD Congo garde encore frache dans sa
mmoire l'intervention de beaucoup d'Ha-
tiens et Hatiennes qui avaient contribu
la formation de la jeunesse congolaise aprs
son indpendance en 1960."

La Guine Equatorial a dbloqu 2 millions
de dollars pour Hati confis au fonds des
Nations Unies. Le Congo (Brazzaville) a
annonc pour sa part une aide de 1 million
de dollars, le mme montant que celui offert
par le Gabon et par le la Namibie. Maurice
a offert 500.000 dollars en plus de la mobi-
lisation de Caritas Maurice qui a lanc une


operation de leve de fonds. Les contri-
butions du Botswana s'lvent 150.000
dollars. Celles du Rwanda et de la Namibie
atteignent chacune 100.000 dollars et celles
du Libria 50.000 dollars.

A cet lan de gnrosit ont dj parti-
cip d'autres pays comme la Zambie ou la
Gambie. Et la liste continue s'allonger.


e G e- e erie C e ei


les catasrohe naturll es' m11is I sa


Il envisage.( ga lemet'LJ d;e demanderL J















































i U.1, i . ,, 1 1 ^ 1' 1 L


I ly ciau'.bl!ea !des measures de .\tc ldvelope- !u

grunions 1 lurltl I .', .\ I' [ pays ACP ..l-
t .!!- l'Assemb le parlementaire paritaire ACP- lqu'
(.\1'1 ,. !...u ,u l t.. t il .\! l u .... i ,l .,.li-
t ill u. !I. I h l.! Ilu! 1u.. !II.,.1 I p i !. 1 p ul ,, !,

qui y ciblera des measures de dveloppe-
ment. Sous notre prsidence, deux grandes
runions auront lieu avec les pays ACP :
l'Assemble parlementaire paritaire ACP-
UE ( Tnriffe) et le Conseil ACP-UE (
Ouagadougou, au Burkina Faso).

quel point est-il important de mettre Doha sur
les rails ?

La politique commercial de l'UE se carac-
trise par son soutien au principle du libre-
change, dans le cadre de rgles internationales
dfendues par tout le monde. La rfrence
pour l'laboration des politiques commercia-
les est l'Organisation mondiale du Commerce
et, en particulier, le cycle de ngociations
internationales de Doha. La prsidence espa-
gnole attache une trs grande importance au
dblocage de ce processus de ngociation et
met tout en uvre pour faire aboutir les ngo-
ciations et obtenir un accord durant le premier
semestre de l'anne. Cet objectif est partag
par l'UE. La politique commercial commune
privilgie une approche multilatrale, ce qui
n'exclut pas d'autres formes de ngociation,
par example sur des zones de libre-change,
la fois l'chelle bilatrale et rgionale.

Aimeriez-vous voir Cuba devenir membre de
l'Accord de Cotonou ?


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lu l.*!li.II cuh ilh l I !! I.,ul. l. 11. i l. r ul -
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1..u.it. I II i. t uhl

I l .. T i. l i .,JL .l


re-t-elle, en particulier en ce qui concern la
pche illicite dans les eaux des pays ACP ?

Le rglement (CE) n 1005/2008 du Conseil
du 29 septembre 2008 tablissant un sys-
tme communautaire destin prvenir,
dcourager et radiquer la pche illicite,
non dclare et non rglemente est entr
en vigueur le ler janvier 2010 : il s'applique
non seulement aux eaux communautaires,
mais aussi aux eaux relevant de la jurisdiction
ou de la souverainet de pays tiers. C'est le
moyen d'action le plus important don't dis-
pose la politique commune de la pche pour
combattre et radiquer la pche illicite. La
prsidence espagnole est consciente de l'im-
portance de la viabilit conomique, social
et environnementale des activits de pche
et insisted sur le fait qu'elle veillera une
exploitation des resources halieutiques en
function de critres bass sur la durability
la fois au niveau communautaire et au niveau
international.

Envisagez-vous de lancer des initiatives en
faveur de l'galit entire les femmes et les hom-
mes dans le cadre de la politique europenne de
dveloppement ?

Outre sa volont de promouvoir l'adoption
d'une position commune dans la perspective


Miguel Angel Moratinos Cuyaub. Avec laimable autorisation du
Ministre espagnol des Affaires trangres et de la Coopration


de la session spciale qui doit se tenir New
York en septembre prochain en vue de la
revision des Objectifs du Millnaire pour le
dveloppement (OMD), la prsidence espa-
gnole s'emploiera amliorer la politique
europenne concernant certain OMD, par
example l'Objectif 3 : "Promouvoir l'galit
des sexes et l'autonomisation des femmes".
Nous soutiendrons l'approbation du plan
d'action europen sur l'galit entire les hom-
mes et les femmes et l'mancipation des fem-
mes, qui vise amliorer l'efficacit des poli-
tiques et des programmes de l'UE en faveur
de l'galit entire les sexes et de promotion de
l'galit et l'mancipation des femmes dans
les pays en dveloppement. Nous accueille-
rons en mars, Valence, la quatrime ren-
contre Europe-Afrique "Femmes pour un
monde meilleur".


CURRIER



















donne pour la co p pII tniS


Anne-Marie Mouradian



vigueur le ler dcembre 2009. Dans
les mois qui viennent, sa mise en
uvre effective permettra de rpon-
dre certaines interrogations relatives son
impact, entire autres, sur les relations avec
les pays ACP.

Une des principles innovations du trait
est la creation du poste de haut reprsentant
pour les Affaires trangres et la politique
de scurit, galement vice-prsident de la
Commission, charge des relations extrieu-
res. Catherine Ashton conduira et coordon-
nera, au nom de l'UE, le dialogue politique
avec les pays tiers et veillera la cohrence
de son action extrieure. Le commissaire au
Dveloppement et le commissaire l'Aide
humanitaire travailleront en troite collabora-
tion avec elle. Reste voir, en pratique, com-
ment les diffrents postes vont s'articuler.

Le trait largit les objectifs prioritaires
communs de l'action extrieure de l'UE
la reduction et l'radication de la pauvret.
C'est la preuve, estiment certain observa-
teurs, que le dveloppement sera une politi-
que part entire. D'autres voquent le ris-
que qu'elle ne devienne un simple instrument
au service des relations extrieures. "Je fais
confiance jusqu' demonstration du contrai-
re. Je ne dis pas que le dveloppement n'a rien
voir avec la politique extrieure, la question
que je me pose est de savoir si l'autonomie
de la politique de dveloppement est encore
maintenue", a prvenu Louis Michel.


> Prseruer l'acquis

Par ailleurs, la disparition dans le trait de
Lisbonne de la rfrence au group ACP,
existante depuis le trait de Maastricht
(1992), a suscit des inquitudes. Une pr-
occupation exprime dans la lettre adresse
le 23 novembre par la prsidente du conseil
ACP, Eunice Kazembe, aux presidents de la
commission et du conseil europens. De son
ct, Wilkie Rasmussen, coprsident ACP
de l'assemble parlementaire paritaire ACP-
UE, a estim qu'il tait prmatur d'avoir


des craintes, tout en ajoutant : "Mais je ne
suis pas naf. Il faut se battre pour prserver
l'acquis de nos relations".

Un des principaux dfis de la haute reprsen-
tante sera la creation du Service europen
pour l'action extrieure, vritable diplomatic
communautaire place sous son autorit.
Ce mastodonte sera compos terme, vers
2014, de 10.000 fonctionnaires du Conseil,
de la Commission et des services diplomati-
ques des Etats membres. Premier signe visi-
ble : depuis le ler dcembre, les quelque 130
dlgations de la Commission europenne
l'tranger sont revenues des dlgations
de l'UE. Elles vont progressivement crotre
avec l'ajout de reprsentants du Conseil et
des ministres des Affaires trangres des
Etats membres. Tout naturellement, des
questions se posent quant l'impact sur les


Bannire annonant le Trait de Lisbonne. Reporters/AP



dlgations dans les pays ACP o l'allocation
et la programmation de l'aide sont actuel-
lement gres par la Direction gnrale du
Dveloppement.

De son ct, le Parlement europen voit ses
pouvoirs renforcs en matire budgtaire et
ses comptences largies dans des domaines
comme l'aide humanitaire et l'immigration.

Dans cette nouvelle configuration de l'action
extrieure de l'UE, la personnalit de la
haute reprsentante et celles des commissai-
res au Dveloppement et l'Aide humanitai-
re joueront, videmment, un rle important
dans le fonctionnement de leurs relations.

mots-cls
Trait de Lisbonne ; cooperation au
dveloppement; ACP.


LE IORU *IHE DE *. COPRTO EURPn





tat de PU porlsAfie ta- Europ pou l'nergie






ge et la* Poiiu de Surt et .--
Viepiet de- la Co msso rsaln -er v : Co misar

europenne Brtniu ne en 195 en chrg de la Coprtonitr

et me br du- part trvalise ell a natonle de eh m ntiee


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010











La cooperation




i L un tournant


-' 'entre en vigueur du trait de > madagascar et niger
S| Lisbonne et l'achvement en 2010
des ngociations pour la revision de L'APP a par ailleurs condamn le coup
l'Accord de Cotonou seront deux d'Etat Madagascar et appel au retour
S i l ui gnouveaux tournants, a rappel Louis Michel, l'ordre constitutionnel par la conclusion,
le coprsident europen de l'assemble. De entire toutes les parties, d'une sortie de
son ct, Wilkie Rasmussen, le coprsident crise consensuelle. Elle a regrett "l'intran-
-ACP, a plaid pour que les Accords de par- sigeance de M. Rajoelina, lequel apparat
S* tenariat conomique prvoient des mesu- comme l'otage de son clan" et "les exigences
res pour aider les pays ACP faire face du president en exil, M. Ravalomanana,
l'ouverture de leurs marchs. lequel fait preuve d'un manque de ralisme
il lli inappropri". Et prconis des sanctions
Au course des travaux, l'Assemble a vot individuelles en cas de non respect des enga-
trois rapports. Elle rclame une meilleure gements pris Maputo et Addis-Abeba.
S*reprsentativit des pays en dveloppement,
l -r -en particulier ceux d'Afrique, dans les insti- L'APP a galement demand aux autorits
tutions internationales et les organes direc- du Niger de < rtablir dans les plus brefs
teurs du FMI et de la banque mondiale. dlais l'ordre constitutionnel et librer tous
* s ee e ^e Elle prconise de rduire l'impact de la les prisonniers politiques, dputs et diri-
crise financire sur les pays ACP en cher- giants de l'opposition . Les dlgations
chant de nouvelles sources de financement de Madagascar, du Niger et de la Guine
I -pour le dveloppement, comme la mise en Conakry n'ont bnfici cette session que
F place d'une taxe international sur les tran- du statut d'observateur sans droit de vote,
sections financires. Enfin, le rapport sur et non de membre part entire de l'assem-
l'intgration social et culturelle et la par- ble. A.M.M.
ticipation des jeunes, demand de garantir
un meilleur accs l'ducation et l'emploi
pour les 15-24 ans. mots-cls
Assemble parlementaire paritaire;
Luanda; nouveaux commissaires europens.








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So mtu e ac iaceseloo iem nilW sigo C 08 Rpf-A
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N;U111


II.


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Dossier G20 et pays en dvloppement



organizations de PVD savoir ACP, PMA,
SVEs (Petites conomies vulnrables),
Cotton-4 (Benin, Burkina Faso, Tchad et
Mali), G-33, NAMA-11 (Accs au march
pour les products non agricoles), Caricom
(Caribbean community). Sous cette nou-
velle configuration, il s'tait donn comme
objectif premier d'uvrer pour que l'agenda
de dveloppement de Doha soit endoss par
le systme commercial multilatral.


Aprs l'clatement de la crise financire
mondiale, pilogue d'un ensemble de crises
qui avaient fortement touch les pays en
dveloppement, le lobbying du G20 "PVD
et mergents" a contribu faire largir le
G20 des pays dvelopps un group plus
large de pays mergents. Six pays sont mem-
bres des deux regroupements : l'Afrique du
Sud, l'Argentine, le Brsil, la Chine, l'Inde
et le Mexique.


* Egypte, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie et
Zimbabwe ; Chine, Inde, Indonsie, Pakistan,
Philippines et Thalande ; Argentine, Bolivie,
Brsil, Chili, Cuba, Equateur, Guatemala, Mexique,
Paraguay, Prou, Uruguay et Venezuela.



mots-cls
G20; crise financire; OMC ACP; ACP;
PMA ; SVE ; Cotton-4 ; G-33; NAMA-11;
Hegel Goutier.


Quel organisme de gouuernance



mondiale PUD-compatible ?


Dans leur tude "Le G20 et la regulation de l'conomie mondiale" Catherine Mathieu et Henry
Sterdyniak de I'OFCE (Observatoire franais des conjonctures conomique)*, un centre de recher-
che en conomie de Sciences Po Paris, considrent que les pays en dveloppement, l'exception
des plus pauvres, avaient, dans un premier temps, tir profit de la globalisation financire avant
de faire l'exprience de ses revers. Ils ont galement explor des pistes pour une nouvelle gouver-
nance financire mondiale plus just pour les pays pauvres.


tion des plus pauvres, ont tir profit
de la forte croissance de l'conomie
mondiale de 1990 jusqu' la veille de
la crise financire clate en 2008, consi-
dre l'tude. Paradoxalement, autour de
cette mme priode, il y a eu la crise de la
dette du tiers-monde en 1982 ou les crises
du Brsil et de l'Argentine respectivement
la fin de la dcennie 90 et au dbut des
annes 2000. La globalisation financire est
source d'instabilit et met en concurrence
les nations et les peuples. On peut en ddui-
re que ces effects sont encore plus flagrants
dans les nouvelles rpubliques d'Afrique
notamment.

> Une conjugaison G20-FmI

Nombre d'institutions existantes devraient
s'adapter, et d'autres tre mises en place
pour pouvoir riger une meilleure gou-
vernance global. Devrait voir le jour un
organisme central de pilotage qui donnerait
les grandes orientations aux organismes
spcialiss. Des embryons de cet organisme
central existent : G8, G20, FMI. Aucun
d'eux n'est assez membr actuellement pour
jouer le rle exig. Cette institution devrait


De gauche droite : Le Premier ministry britannique
Gordon Brown, la Prsidente du Libria Ellen Johnson-
Sirleaf et le Ministre nigrian des Finances Mansur
Muhtar. Reporters/AP

pouvoir prendre des sanctions pour tre
efficace. L'OMC seule peut le faire, mais, en
pratique elle n'a sanctionn pour ainsi dire
que les petits. Le FMI est trop dpendant
des Etats-Unis, l'ONU prive de pouvoir.
Le G7/G8, c'est la dictature des plus riches.

Le G20 tient maintenant compete des nou-
veaux rapports de force mondiaux, don't les
membres concentrent 90% du PIB et 65%
de la population de la plante. Mais il est
plomb par ce que les auteurs de l'tude
appellent "les grands absents", comme l'Es-
pagne, l'Iran ou le Nigria, et des zones


entires du monde n'y sont pas. Et il n'a
pas encore enregistr beaucoup de rsultats
concrets.

Une conjugaison FMI et G20 qui piloterait
un comit conomique et financier pourrait
tre une solution. Ce comit regrouperait les
pays du G20, mais serait enrichi des repr-
sentants des zones qui y sont sous-repr-
sentes actuellement, en priority l'Afrique.
"Les G20 sont alls trs loin dans la bonne
direction...", mais "la volont rformatrice
des dirigeants du G20 sera-t-elle assez forte
et durable ?", se demand l'tude. H.C.

* Note prsente l'ENA (Ecole normal d'adminis-
tration, Strasbourg, France) le 9 dcembre 2009.









mots-cls
Catherine Mathieu ; Henry Sterdyniak ;
OFCE ; ENA ; globalisation ; governance
financire mondiale ; Afrique; G20;
Hegel Goutier.


CURRIER




-- ii Dossier


620
5 sur 10

pour la rf(




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K'TTniSTnjiMiTI^^~~~~ll~l







Dossier G20 and developing countries



Le G20 est-il just un empltre sur unejambe de
bois ou propose-t-il vraiment des nouvelles pistes
pour grer la crise conomique mondiale ?

Selon moi, il est compltement faux de
penser que le G20 s'emploie recons-
truire le systme de governance mondiale.
D'aucuns y voient en effet un nouvel ordre
de la governance mondiale. Ce n'est pas
le cas : le G20 reconnat simplement une
rotation de pouvoir dans le monde et la
ncessit de mettre en place un autre
group informel de grandes puissances qui
prennent des decisions stratgiques.

Le G20 n'est invest d'aucune competence
dcisionnelle officielle. Il n'a aucun pouvoir
excutif pour prendre des decisions et rares
sont en outre ses membres qui accepte-
raient qu'il en soit ainsi.

La decision, prise par l'ancien president
amricain George Bush, de convoquer la
premiere runion des chefs d'Etat du G20,
en novembre 2008 (ndrl Washington),
a t motive par la prise de conscience
qu'une crise financire de cette ampleur
exigeait une coordination international
immediate des politiques, qui soit credible
aux yeux du march et des investisseurs.
Cette premiere runion a rassembl en un
temps record les dirigeants. Les premiers
sommets du G20 ont ainsi propos des
plans d'action appelant diffrents institu-
tions et divers gouvernements prendre des
measures spcifiques. Cela fait maintenant
dix ans que les ministres des finances du
G20 ont pris l'habitude de se runir. Aprs
la crise financire de 1997, le G7 avait dj
reconnu que le group devrait tre largi
aux chefs d'Etat d'autres pays afin de pou-
voir laborer des solutions mondiales la
crise financire.

En avril 2009, le deuxime Sommet de
Londres a assur le suivi du plan d'action
de la premiere runion du G20 et l'a relan-
c. Son principal objectif tait de faire en
sorte que les grandes conomies accordent
des lignes de credit au FMI. Les dirigeants
ont ainsi accept d'injecter des fonds dans
l'conomie mondiale afin de la soutenir et
d'viter la faillite du systme. La premiere
chose faire tait en effet d'enrayer la failli-
te de l'conomie mondiale ; la deuxime de
rflchir ds present la faon de rgle-
menter les systmes financiers pour viter
qu'une nouvelle crise prenne nouveau
de telles proportions ; la troisime tait
d'identifier des solutions pour attnuer ou
diminuer l'impact de la crise sur les pays en
dveloppement et la quatrime, de rformer
les institutions internationales. Car le fait
mme qu'une runion du G20 ait t nces-
saire, et non pas une simple runion au sein
du FMI par example, tait dj un signal
fort indiquant la ncessit d'une rforme
des institutions internationales.


La troisime runion du G20, Pittsburgh,
a mis davantage l'accent sur l'emploi, les
pays industrialists craignant une nouvelle
aggravation du problme du chmage. Les
dirigeants en revenaient ainsi leur pre-
mire priority : mettre fin la recession
conomique. Le sommet de Pittsburgh s'est
donc finalement peu intress l'impact
de la crise sur les pays en dveloppement.
Pittsburg accoucha nanmoins d'un accord
majeur, la contribution du Brsil, de la
Chine, de l'Inde et de la Russie (BRIC) aux
lignes de credit du FMI en change d'une
rforme plus profonde du Fonds.


crise ont bnfici ces pays. Contre seu-
lement 2 ou 3% environ en faveur des pays
d'Afrique par example.

Quel avenir pour le G7 et le G8 ?

Je pense que le G8 des chefs d'tat appar-
tient au pass. Mme s'il continue se ru-
nir, il n'a plus vraiment de raison d'tre en
tant qu'institution. Le group des ministres
des finances du G7 par contre, survivra sans
doute, car il s'agit d'un outil prcieux pour
les pays du G7 qui peuvent ainsi coordonner
leur position au sein du G20. Ses membres


Ngaire Woods et Donald Kaberuka, president de la Banque africaine de Dveloppement. 0 PE


Vous nous l'avez expliqu, le FMI a t lent.
Pensez-vous que le FMI et la Banque mondiale
soient parvenus contrler la crise ?

Au sein du FMI et de la Banque mondiale,
on peroit une fantastique motivation et une
formidable determination runir un maxi-
mum de fonds pour aider les pays en dve-
loppement. Ce qui ralentit donc les efforts
du FMI et de la Banque mondiale, ce sont
les grandes puissances, les membres du G20,
qui ont tard affected des fonds ces deux
institutions et leur donner le feu vert pour
agir, particulirement en ce qui concern les
pays les plus pauvres. La BM n'avait d'autre
moyen que d'essayer de grer la crise par
voie de paiements anticips, c'est--dire en
acclrant la mise disposition des crdits
dj accords. Elle n'a donc reu aucune
resource supplmentaire pour injecter de
l'argent dans les pays en dveloppement. Les
grandes puissances ont finalement amen le
FMI grer la crise dans l'espace europen.
Ce qui signifie qu'environ 80% des prts
octroys par le FMI depuis le dbut de la


lui ont d'ailleurs accord davantage de com-
ptences qu'au G20. Mais il faut savoir que
si les ministres des finances du G7 conti-
nuent de se runir, ils risquent d'inciter les
conomies mergentes suivre leur example
et s'associer au sein d'un contre-groupe
similaire. C'est ce qui s'est pass lors de la
runion des ministres des finances du G20
Londres au dbut de cette anne, les pays
du G7 s'tant runis pralablement pour
prparer leur propre position. Les BRIC ont
fait de mme. De telles pratiques risquent de
faire clater le G20 en deux camps opposs.

Si le G20 n'a aucune relle autorit, quel est
l'intrt, pour des pays come la Chine et le
Brsil, de faire parties de ce club ?

Pour ces pays, faire parties du G20 leur per-
met d'influencer des decisions stratgiques.
Je pense en outre que le fait qu'ils aient par-
ticip au group des ministres des finances
du G20 au course de ces dix dernires annes
leur a appris comment utiliser ce type d'ins-
titution, ce qui est intressant pour eux. La


CURRIER







G20 et pays en dvloppement Dossier


crise de 1997 tait une crise des conomies
mergentes ; cette crise a touch la Core du
Sud, le Brsil etc. et la Russie. La crise que
nous traversons aujourd'hui est d'une autre
nature. Cette nouvelle crise frappe le G7, les
Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Europe.
En fin de compete, les conomies mergentes
sont plutt bien places, non seulement car
elles ont elles-mmes dj connu la crise,
mais surtout parce qu'elles sont aujourd'hui
mieux armes pour se protger contre cette
crise. Quand une nouvelle crise mondiale a
clat en 2008, ces pays taient en meilleure
position car ils avaient dj des reserves ;
ils avaient pris des measures, ce qui leur a
permis d'viter un trop grand choc leurs
conomies. Et ils avaient dj particip au
group des ministres des finances du G20.
Nous avons galement vu ces conomies
mergentes devenir plus fermes, une pre-
mire mondiale.

La Chine, l'Inde et le Brsil interviennent-ils
vraiment en faveur des pays en dveloppement ?

Ce n'est pas le cas, mme s'ils l'affirment.
Au contraire, ce qui me frappe concernant
le Sommet du G20, c'est que les voix qui
s'lvent vraiment en faveur des pays en
dveloppement sont celles des presidents de
la BM, du directeur du FMI et du reprsen-
tant de l'Union africaine. Les BRIC n'ont
cess de rpter : "Attention, nous avons
affaire une urgence de dveloppement,
nous devons faire quelque chose". Pourtant,
mon sens, le G20 n'a pas obtenu de bons
rsultats en ce qui concern les pays en
dveloppement. Par contre, il a tout fait
russi empcher l'effondrement des co-
nomies des pays riches. Ceux-ci ont rapide-
ment coordonn leurs measures et ont pris
quelques measures conjointes dcisives. Sa
note est ici trs bonne. Par contre, ses rsul-


Le President brsilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Prsident russe Dmitri Medvedev, le Prsident chinois Hu Jintao, et
le Premier ministry indien Manmohan Singh. Reporters


tats sont mdiocres -on pourrait lui donner
5 sur 10 -en ce qui concern la rforme de
la rglementation financire. Et s'agissant
de l'attnuation de l'impact de la crise sur
les conomies en dveloppement, je ne lui
donnerais probablement que 3 sur 10, car
en dpit de belles promesses, les rsultats se
font attendre.

Quelle est l'importance du rle jou par l'Afrique
du Sud et l'Union africaine lors des reunions du
G20 ? N'ont-ils pas t de simples spectateurs ?

Ces pays n'taient pas vraiment en position
de force, d'autant qu'au course de ces trois
premires runions, les gouvernements des
pays riches se sont focaliss sur leur propre
crise. Le Sommet de Pittsburgh s'est avant
tout intress la crise que connaissaient
les Etats-Unis et l'Europe. Cela n'a pas
t facile, surtout pour les gouvernements


africains confronts une crise relle provo-
que par la crise financire. Ils ont eu toutes
les peines du monde mettre leurs propres
besoins l'ordre du jour et de leur assurer la
priority. H.C.
* Mattli, W. and Woods, N. (co-auteur), The Politics
of Global Regulation, Princeton University Press
Mars 2009.
** Woods, N. (co-auteur) Inequality, Globalization,
and World Politics, Oxford University Press, 1999.
*** Woods, N. (co-auteur), Inequality, G ; Explaining
International Relations since 1945, Oxford University
Press, 1996.
**** Woods, N., The Political Economy of Globali-
zation, Macmillan, 2000.
***** Woods, N., The Globalizers: the IMF, the
World Bank, and their Borrowers, Cornell University
Press, March 2006.


mots-cls
Ngaire Woods; governance conomique;
Oxford; G20; Hegel Goutier.


Reporters


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010






Dossier G20 et pays en dvloppement


La Socit financire



international tend ses actiuits

Rachel Kyte est vice-prsidente des Services de conseils aux entreprises (Business Advisory Services)
auprs de la Socit financire international (IFC, International Finance Corporation), l'orga-
nisme de la Banque mondiale (BM) charge de l'octroi de fonds et des conseils pour les investis-
sements privs dans les pays en dveloppement. Mme Kyte a rejoint cette organisation base
Washington il y a neuf ans comme mdiatrice en charge de l'examen des plaintes relatives aux
projects avant de devenir directrice du Dpartement du dveloppement environnemental et social
puis d'arriver au poste qu'elle occupe aujourd'hui.


I Rachel Kyte. oIFC


l'IFC cherche present mettre en
place de nouveaux partenariats avec
des partenaires bilatraux et multilatraux, car
les caisses publiques sont de moins en moins
replies. Selon elle, "la priode est aujourd'hui
intressante pour l'architecture du financement
international", et il imported de cibler encore
davantage les pauvres -les plus vulnrables en
priode de cruise -et de mettre au point des ins-
truments plus innovants.

La crise qui a clat en octobre 2008 a fait
rapidement apparatre un manque de fonds
pour le financement des infrastructures.
A la fin 2008, l'IFC avait ainsi chiffr
1,8 milliard de dollars le deficit de finan-
cement pour le secteur de la microfinance.
Mme Kyte explique qu'tant donn que les
grandes banques commercials ont rapatri
l'essentiel de leurs capitaux en Europe au
lieu de les affected des services de credit sur
les marchs mergents, le Conseil de l'IFC a
immdiatement tripl son financement com-
mercial, le portant 3 milliards de dollars.
Une facility de microfinance a galement t


cre avec les Allemands, avec une premiere
tranche de 500 millions de dollars qui a
favoris l'extension du financement trente
institutions de microfinance orientation
commercial connaissant un grand succs
et situes un peu partout dans le monde.
Une initiative spciale que l'IFC souhaite
present ritrer.

Quelle mission a t confie l'IFC au sommet
du G20 Pittsburgh ?

Dans la disposition sur l'inclusion financire
de la declaration du sommet de Pittsburgh,
le G20 nous a expressment demand de
l'aide. Une question se posait toutefois :
comment renforcer l'inclusion financire en
cette priode de recession conomique mon-
diale ? Comment s'assurer que les pauvres
ne souffrent pas davantage ? Moins de cinq
ans nous sparent present des Objectifs du
Millnaire pour le dveloppement (OMD),
et nous sommes encore bien loin de nous
en rapprocher. Dans un tel context, com-
ment continue lutter contre la pauvret
alors que la marge de maneuvre financire
est bien plus limite ? Une question qui se


pose est de dterminer comment accrotre le
nombre de rglementations fructueuses per-
mettant d'amliorer l'accs des pauvres aux
services financiers. Il s'agit de voir comment
rendre les services financiers plus accessible
aux pauvres non seulement par des appro-
ches rglementaires fructueuses (comme un
registres de gages), mais aussi de la manire
suivante : si plus de fonds devaient tre dga-
gs, il s'agirait d'aider les petites et moyennes
entreprises (PME) mieux les canaliser au
travers de chanes d'approvisionnement, en
aidant les grandes entreprises tendre leur
effet d'entranement en amount afin de crer
davantage d'emplois dans les PME et en exa-
minant galement de manire spcifique les
besoins des femmes qui sont la tte d'une
PME, mais qui ont du mal accder aux
marchs et au credit.

Avez-vous introduit de nouveaux instruments
la suite de la crise ?

Trois grandes innovations se dgagent. Tout
d'abord, nous avons lanc davantage de
fonds pour notre propre compete : nous
avons ainsi cr des fonds de participation


CURRIER


LE Gllf: Un MCHnISME InnOURnT COnJOInT DE UlfC ET DE LH CE
Le mcanisme mondial d'assurance bas canisme mondial d'assurance bas sur un
sur un indices (GlIF, Global Index Insur- indices aidera protger les agriculteurs
ance Facility) est une nouvelle initiative et les communauts vulnrables centre
conjointe de la Socit financire inter- les consequences des catastrophes na-
nationale (l FC, International Finance Cor- turelles qui peuvent les river de moyens
portionn, de la Commission europenne existence et les entraner dans le pige
(CE) et du government nerlandais. de la pauvret. UIFC s'est engage ten-
Les fonds octroys visent indemniser dre ses products et services financiers aux
les bnficiaires victims de certaines ca- regions o le secteur priv n'en est qu'
tastrophes naturelles, en function de leur ses balbutiements, et crer ainsi davan-
gravit. Ce mcanisme d'assurance in- tage d'opportunits pour les personnel
tervie ndra par example dans le cas d'une qui en ont le plus besoin." La CE a allou
tempte d'une certain catgorie, ou d'un 24,5 millions d'euros au Fonds fiduciaire
sisme partir d'une certain magnitude du GlIF, qui bnficie galement du sou-
sur l'chelle de Richter. Jean-Philippe tien des Pays-Bas.
Prosper, directeur de HFC pour l'Afrique
oriental et australe explique : "Le m- Pour en savor plus : www.ifc.org







G20 et pays en dvloppement Dossier


associant davantage d'acteurs, par example
le fonds structure de participation avec l'Al-
lemagne. Tous les partenaires sont present
runis, ils sont d'accord sur le problme et
trouvent ensemble des solutions.

La second innovation est le programme
de liquidits pour le commerce mondial
(GTLP, global trade liquidity pool). Il ne s'agit
pas en soi d'un nouvel instrument, mais le
nombre de partenaires et l'ambition du pro-
gramme sont fondamentalement nouveaux.
Troisimement, nous avons cr une socit
de gestion d'actifs. Il ne s'agit pas d'une
entreprise pour notre propre compete, mais
d'une filiale 100%. Cela nous permet de
lever des fonds garantis par l'Etat, des fonds
de pension publics et des fonds de pension
privs venant complter nos investissements.
Nous assurons le flux de financement, et ces
fonds pourront reprsenter 50% des actions.
Il s'agit l d'une autre faon d'amener davan-
tage de capitaux sur les marchs mergents
d'une manire responsible, une poque o
les capitaux n'affluent pas d'eux-mmes.

Nous savons qu'au moins 5000 milliards
de dollars sont investis dans des fonds de
pension publics sous gestion en Europe,
fonds assortis de certaines exigences en
terms de durability, ainsi que des fonds de
pension qui doivent fructifier pour que nous
bnficiions tous de nos pensions. Ces fonds
doivent produire un retour au bnficiaire


SDiscours du Premier ministry ndien, Manmohan Singh, lors du premier sommet du Forum Inde-Afrique. Reporters/AP


et ils doivent tre verts, ce qui signifie qu'ils
devront peu peu tre investis davantage sur
les marchs mergents et dans les entrepri-
ses durables.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur les
initiatives de l'IFC visant promouvoir la
creation et le dveloppement d'entreprises par
des femmes ?

Nous aidons les banques investor en elles
en tant qu'entrepreneurs parce que c'est une
manire intelligence de faire des affaires.
Nous nous apprtons lancer ce que j'ap-


Jeunes femmes tudiant la couture dans une cole ouverte dans le cadre du project de Crdits pour les Femmes,
Dakar, Sngal. 0 Reporters/ Lehkuva 0y


pellerais un nouveau "bien public" : l'ide
est d'aider les personnel comprendre com-
ment faire en sorte que la rforme de l'envi-
ronnement rglementaire des PME bnficie
galement aux femmes d'entreprise. Nous
n'avons jusqu'ici pas vraiment tenu compete
de la dimension de l'galit entire les hommes
et les femmes dans la rforme rglemen-
taire des PME. Il est possible d'ouvrir un
registre des gages, mais dans les pays o les
femmes ne sont pas autorises trouver des
garanties, comment crer un tel registre qui
tienne compete de la capacity des femmes
mettre en gage des biens meubles comme
des bijoux ou des immobilisations, ce qui
pourrait impliquer une modification de la
legislation sur la proprit des terres ? Si
vous ne ngligez pas un tel aspect, la rgle-
mentation pourra tre plus efficace. Plus de
60% des chefs de PME en Afrique sont des
femmes. Nous lancerons ce travail dans les
prochaines semaines. J'espre que s'y asso-
cieront toutes les personnel actives dans le
secteur des PME.

Prvoyez-vous une second crise mondiale ?

Sortir de cette crise a t long et difficile,
avec la restructuration complete de certaines
chaines d'approvisionnement dans plusieurs
secteurs en surcapacit -avec aussi des
dgraissages suite la recession, par example
dans le secteur de la confection. Nous nous
employons voir comment stimuler le credit
sur les marchs mergents et permettre aux
entreprises en bonne sant d'avoir accs
ces crdits. Cette tche ne sera pas aise.
L'Organisation de cooperation et de dve-
loppement conomiques (OCDE) n'est pas
la seule source de financement. Nous reve-
nons tout just d'Inde et nous avons tous t
frapps par les possibilits d'investissements
indiens en Afrique. La tendance va de plus
en plus dans le sens d'investissements sud-
sud. D.P.




mots-cls
Rachel Kyte; IFC ; crise mondiale;
PME ; microfinance.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010




















































I Charles Goerens. OPE

Vous vous montrez critique vis--vis du G20.
Pour quelles raisons ?

Le G20 a la prtention de remplacer les
Nations Unies. Avec 10% des pays de la
plante, avouez que c'est peu reprsentatif. Ce
qui veut dire que si vous ne faites pas parties
du club des riches, vous n'avez pas droit au
chapitre. Serait-ce donc cela la governance
? L'Union europenne aurait pu faire la dif-
frence. Elle devrait permettre aux autres
Etats membres de l'UE, et pas uniquement les
plus riches, de participer la phase initial du
processus dcisionnel. Ce qui n'est pas le cas
actuellement. Il en est de mme pour les pays
d'Afrique, Carabes et Pacifique. L'Afrique
du Sud, seule faire parties du G20, n'est pas
rellement representative du group ACP.

Quelle serait la solution ?

Je plaide pour un G180, qui regrouperait les
laisss pour compete Je reviens d'une con-
frence sur la scurit et le dveloppement,
thme majeur en ces temps de crise (et objet
d'un rapport de Charles Goerens, NDLR).
Or, il n'y a pas de dveloppement sans scu-
rit ; et vice-versa. Tout est li la gouvern-
ance et la richesse du pays ; s'il n'en a pas
assez, il n'y a pas d'huile dans les rouages


pour permettre l'Etat d'assurer sa fonc-
tion rgalienne. Ainsi, la cause sous-jacente
de toute inscurit est la pauvret. C'est par
l qu'il faut commencer. C'est un travail
peu spectaculaire. Un travail sans visibility,
mme s'il est pacificateur. Pourtant, je suis


SReporters

convaincu qu'il faut passer par l. Ceci dit,
je persiste croire que l'Afrique n'a jamais
t aussi bien gouverne que maintenant, si
on except des rgions comme le Kivu ou le
Darfour o les liberts et l'accs aux richesses
sont bafous. L'Afrique est un grand chantier
institutionnel. On est les seuls ne pas le
voir. Il faudrait les aider. Je crois l'impratif
d'ouverture de l'Afrique sur le monde, mais
une ouverture matrise. Une Afrique ouverte
sans tre offerte.


Que peut faire l'Europe ?

La force de l'Europe, c'est qu'elle est capable
d'coute et de prudence. Mais c'est gale-
ment sa faiblesse. Ainsi, l'Europe a rat une
occasion de se positionner sur la scne inter-
nationale entire le 4 novembre 2008 -date de
l'lection de Barack Obama -et le 20 janvier
2009, date de son investiture la prsidence
des Etats-Unis. L'Europe souffre aussi d'un
manque de vision claire lorsqu'il s'agit de
se positionner dans des enceintes interna-
tionales comme le Fonds montaire interna-
tional (FMI) et l'Organisation mondiale du
Commerce (OMC). Je prends l'exemple des
Chinois qui inondent les marchs informels
africains d'objets manufactures, pralable-
ment imports en Chine, grce une mon-
naie chroniquement sous-value, tout en
restant conformes aux rgles anti-dumping
de l'OMC. Au lieu d'craser les Africains, il
faudrait les aider se reliever. Et l l'Europe
pourrait jouer un rle en faisant notamment
bloc au sein du FMI pour y border la ques-
tion des parits montaires.



mots-cls
Charles Goerens; scurit; dveloppement;
G20; G180.


COURRIER




































Participants de la Confrence "Taxes et dveloppement pour vaincre la pauvret" organise conjointement
par la Commission europenne et la Commission du dveloppement du Parlement europen en 2009. 0 PE




Reformer la fiscalit des



pays en deueloppement

Organise par Eva Joly, prsidente de la commission du dveloppement du Parlement europen
et Karel de Gucht, commissaire europen au Dveloppement, une conference sur la bonne gou-
vernance en matire fiscal a runi, le 9 dcembre 2009, de nombreux spcialistes parmi lesquels
Lszl6 Kovcs, commissaire europen charge de la fiscalit, Abou Baker Traore, ministry malien
des Mines, des reprsentants du gouvernement espagnol, de l'OCDE et d'ONG internationales.


double constat. La fiscalit est le
meilleur moyen de crer du dveloppe-
ment en permettant aux Etats du Sud
d'tre moins dpendants de l'aide interna-
tionale. Dans les faits, ces pays ont rarement
russi mettre en place un systme de taxes
performant. Au contraire, l'vasion fiscal et


la fuite de capitaux vers les paradise fiscaux
leur font perdre chaque anne des milliards
qui auraient pu servir la construction d'co-
les, d'hpitaux, de routes et autres program-
mes de dveloppement. En cause : la corrup-
tion des lites dans des pays africains mais
aussi, la malhonntet financire et le secret
bancaire qui sont le fait de pays du Nord.


"Victimes de l'vasion fiscal, des fraudes sur
le commerce transfrontalier ou de la mise en
place d'incitants fiscaux visant attirer des
capitaux d'investissement, les pays en dve-
loppement perdraient jusqu' 385 milliards
de dollars annuellement", a rappel Eva Joly.
"L'conomie informelle -qui par definition
chappe toute taxation -rduit d'autant


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010
























































Eva Joly, prsidente de la Commission du dveloppement du Parlement europen et Karel De Gucht, ancien Commissaire
europen au Dveloppement. PE


l'assiette fiscal. Ainsi au Kenya, 60% des
revenues fiscaux du pays psent sur seulement
0,2% de la population, ne permettant pas
de collector des resources suffisantes pour
assurer les besoin vitaux du pays."

L'vasion fiscal reprsente actuellement
au moins trois fois les montants de l'aide au
dveloppement, a estim, de son ct, Karel
De Gucht.

Face ces contradictions, la priority est de
remdier la faiblesse des systmes fiscaux
des pays en dveloppement. Il s'agit d'un
investissement long terme on ne rforme
pas une administration fiscal en un an qui
relve de la responsabilit des gouverne-
ments concerns mais aussi des donateurs.
Actuellement, 0,2% peine de l'aide publi-
que au dveloppement est destine l'am-
lioration des systmes fiscaux.

Des progrs seraient enregistrs depuis peu.
"Nous avons davantage progress ces 10


derniers mois qu'en 10 ans", a affirm
Jeffrey Owens, directeur au centre de politi-
que et d'administration fiscal de l'OCDE.
Rappelant les engagements du G20 de
Londres, en avril 2009, pour mettre au pas
les paradise fiscaux, il a encourage les ONG
maintenir leur pression sur les responsables
politiques.

Autre initiative, d'autant plus important
qu'elle mane du Sud : des pays africains
ont dcid de prendre leur destin en mains
en lanant, en novembre 2009, le "Forum
africain sur l'administration fiscale. La
mise en place de ce rseau soutenu par
l'OCDE et l'UE, doit permettre aux hauts
fonctionnaires africains des impts d'non-
cer les besoins et priorits de l'Afrique en
matire fiscal et de dvelopper et partager
les meilleures pratiques pour renforcer les
capacits dans ce secteur.

"J'espre que cette conference aura permis
une vritable prise de conscience et for-


cera la Commission europenne intgrer
davantage la problmatique "taxe et dve-
loppement" dans ses propositions venir",
a conclu Eva Joly. La dynamique dpute et
ancienne juge d'instruction est aussi dcide
se battre pour obliger les entreprises mul-
tinationales dtailler dans leurs rapports
annuels, les activits, revenues et impts
acquitts pays par pays. A.M.M.

http://ec.europa.eu/development/services/
events/taxdevelopment/index.htm










mots-cls
Gouvernance fiscal; Lszl6 Kovcs;
Abou Bakar Traore; taxation; Eva Joly;
Jeffrey Owens; OCDE; Anne-Marie
Mouradian; Karel De Gucht.


CURRIER






ACP-UE Interactions


"Les ngociations commercials


doiuent reflter le nouueau consensus



global au sujet de la faim"


Fin 2009, la FAO announce que la barre du milliard de sous-aliments a t franchise dans le
monde. De Rome o se tenait en novembre dernier le Sommet sur l'alimentation au Sommet
sur le climate Copenhague en dcembre, la question de la scurit alimentaire aura t une
fois de plus souleve. Sans grands rsultats. Malgr les avertissements lancs par des experts de
l'ONU, don't Olivier De Schutter, Rapporteur special sur le droit l'alimentation. Rencontre.





A Rome, nous explique Olivier De
Schutter, toutes les questions dli- __________ ___ at
-., Impossible de pionts.r
cates ont t mises entire paren- .- de ignmes Ds que je
thses. Certaines questions dif- creue. il y o du ptrole
ficiles ont t peine voques, souvent ou des diamonts.
passes sous silence ou ont t ajournes
en attendant le rsultat de nouvelles tu- -
des. Ces questions sont : le problme des
agrocarburants, celui de la speculation sur
les terres des pays du Sud et les rformes
relatives au commerce international, meme
si, je tiens le souligner, les questions de
commerce mondial sont plus compliques
dans leur rapport la question alimentaire
qu'on veuille bien le reconnaitre. .

Comment voyez-vous l'avenir ? ,.Ii i


Dans les mois venir il nous faudra voquer
ces questions de fonds. Mais avec qui et sui-
vant quelles approaches ? Autant de questions
ouvertes. Par contre, ce qui est nouveau, et
qui vaut la peine d'tre soulign, est la mise
sur les rails du Comit mondial pour la
scurit alimentaire. Il existe depuis 1996,
mais tait jusqu' present inefficace car ne
comprenant que les Etats. C'tait un lieu
de dbats sans decisions, sans visibility. Il a
t rform et comprend, outre les Etats, les
organismes internationaux comme le Fonds
montaire international (FMI), la Banque
mondiale (BM) et l'Organisation mondiale
du commerce (OMC) et les organizations de
la socit civil. Il s'agit d'un mini parlement
qui permettra davantage de coordination
travers le PNUD (le programme des
Nations Unies pour le dveloppement).

Qui dit scurit alimentaire, dit aussi com-
merce international. Comment analysez-vous


Avec Ilaimable autorisation de


les ngociations toujours difficiles sur ce point au
sein de l'OMC ?

Je pense que malheureusement ont va pr-
senter le commerce international comme la
panace qui risque de tromper les popula-
tions. On se trouve face une declaration
qui la fois affirme qu'on va aider les "petits"
et la fois qui prsente le commerce interna-
tional comme tant la panace. Or, les pays
qui veulent augmenter leurs exportations,
et donc leur capacity accder aux marchs
trangers, crent une inscurit alimentaire
au sein de leur pays. Les petits sont souvent
perdants. S'ils augmentent leurs exporta-
tions, ils doivent augmenter leurs investis-
sements et les petits producteurs sont per-
dants. On assisted une competition l'accs
aux meilleures terres et l'eau. La question
central est celle du protectionnisme. Je suis


afronline org et de Damien Glez


'glezorg I


partisan d'une solution qui donne le droit
aux Etats de protger leur agriculture.

Le problme est que qu'on assisted une
baisse des protections tarifaires en raison
d'accords bilatraux ou de demands de
bailleurs de fonds. Les Etats du Sud n'ont
pas utilis tous les mcanismes flexibles de
l'OMC. D'accord, cela leur permet d'expor-
ter des bananes ou du coton. Oui, mais pour
quels rsultats ? Cela ne permet pas d'aug-
menter la durability de l'agriculture des pays
en dveloppement. C'est l que l'on trouve la
cause principal de la scurit alimentaire.
M.M.B.


mots-cls
Scurit alimentaire ; Olivier De Schutter ;
FAO.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010













SI 1 i i II I'








e . . dveloppement du secteur de la pche arti- la Commission europenne participe aux
S, , sanale dans les pays africains. futures ngociations, plutt que les laisser
aux mains de la DG des Affaires maritimes
SY* L'tude de la SSNC affirme que les accords et de la Pche. Et en raison de la nature des
* T iT e e avec les pays tiers ont cot plus de 150 mil- reserves, qui traversent invitablement les
lions d'euros l'UE au course de 2009, soit frontires, elle recommande que les par-
18,6% du budget total consacr la pche tenariats futurs soient crs sur une base
par l'UE, impliquant environ 718 navires, rgionale.
Se provenant surtout d'Espagne, de France et
du Portugal. Elle se demand si les accords La SSNC souhaite aussi que tous les gou-
favorisent le dveloppement durable bas vernements de l'UE soient activement impli-
Ssur une valuation de leur impact sur les qus dans les ngociations -lesquelles ne
nations d'Afrique occidentale (Mauritanie, doivent pas uniquement revenir aux pays
Guine, Sngal et Guine-Bissau). ayant des intrts dans l'exploitation des
a reserves -et affirme qu'il faudrait mettre
s s a , K , La SSNC estime que "le concept de la pche un terme au subventionnement des bateaux
et du poisson comme condition pralable de l'UE. La priority devrait tre accorde
la scurit alimentaire semble avoir t au dveloppement du secteur en Afrique
S, oubli suite la domination d'tats aux int- occidentale et plus particulirement aux
rets commerciaux importants. Les espces petits pcheurs, impliquant la communaut
ctires et autres reserves de poissons ont locale, pour viter l'puisement des ressour-
Se et surexploites et la SSNC met aussi en ces. La ngociation d'accords commerciaux
m P i doute l'efficacit des fonds de l'UE pour ne devrait pas avoir lieu avant de disposer
le dveloppement du secteur en Afrique d'une documentation convenable au sujet
occidentale. des stocks excdentaires. "Si le poisson
Svenait manquer, les populations d'Afrique
> "Partenariats rels" occidentale doivent avoir un droit de priority
sur leurs propres poissons", dit l'tude de la
La SSNC souhaite voir "des partenariats SSNC. D.P.


gnrale des Affaires maritimes et
de la Pche de la Commission euro-
penne en 2009, comportait une
consultation publique trs ouverte sur l'ave-
nir de ce secteur. Cette consultation incluait
la communaut scientifique, la socit civil
et de nombreux individus intresss par
la question. La Commission europenne
rdige actuellement une analyse d'impact
de la PCP, base sur cette consultation, qui
comprend notamment la nature future des
accords avec les pays tiers.

Les navires de l'UE ont une longue tradition
de pche en Afrique occidentale pour rpon-
dre la dpendance du poisson import, qui
comble deux tiers des besoins. Aprs l'ad-
hsion de l'Espagne et du Portugal l'UE
en 1986, les accords de pche bilatraux de
ces pays avec l'Afrique ont t repris pour le
compete de l'UE. Ces accords -qui taient
essentiellement des autorisations de pcher
en change d'une compensation -ont t
remodels en 2002 et renomms "Accords
de partenariat dans le domaine de la pche",
accordant une plus grande importance au


rels, bass sur la cohrence entire pche,
dveloppement et politiques commercials"
et suggre que les accords devraient mieux
grer les reserves de poisson et dvelopper
le secteur. Pour y arriver, elle souhaite que
la Direction gnrale au Dveloppement de


mots-cls
Accords de pche ; Swedish Society for
Nature Conservation; Socit sudoise pour
la protection de la nature ; Mauritanie;
Guine ; Sngal et Guine Bissau.


I Bateaux de pche, Saint-Louis, Sngal. Reporters/Photononstop


CURRIER
























I I I I ll i lk I i 1I :I 1


mots-cls
V T -T h-i rhno TTU uTnr






































'emancipation


C'est dans l'air du temps.
Aprs avoir lanc le grand
chantier des "Accords de
partenariats conomiques"
(APE) avec le group des
pays d'Afrique, Carabes
et Pacifique, l'Union
europenne a dcid de
revoir l'association qui la
lie aux pays et territoires
d'Outre-mer (PTOM).
Le nouveau partenariat
prconis pursuit trois grands
objectifs: le enforcement
de la comptitivit, la
reduction de la vulnrabilit
et une ouverture des PTOM
d'autres partenaires de
cooperation.


Commission europenne a pr-
sent sa communication sur un
nouveau partenariat entire l'UE
et les PTOM (http://eur-lex.europa.eu/Lex
UriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2009:06
23:FIN:FR:PDF). Cette nouvelle commu-


nication s'inscrit dans la nouvelle rflexion
lance par la Commission au mois de juin
2008 aprs la publication d'un livre vert sur
les relations entire l'UE et les PTOM. Elle
fait le bilan de ces consultations et prsente
des lments pour un nouveau partenariat
dans la perspective du replacement de
l'actuelle decision d'association d'Outre-mer
qui expirera en dcembre 2013. L'objectif est
de poursuivre la rflexion en 2010 et 2011,
en partenariat avec les PTOM et les Etats
membres auxquels ils sont lis (Danemark,
France, Pays-Bas et Royaume-Uni), afin
de pouvoir prparer, avant la fin 2013, des
propositions lgislatives concrtes modifiant
l'association actuelle.

> Exceptions
"Suite cette consultation, note la Com-
mission, il est couramment admis que l'ac-
cent qui est mis actuellement sur la lutte
contre la pauvret dans les relations entire
l'UE et les PTOM ne correspond plus la
ralit du terrain et qu'une nouvelle appro-
che devrait tre adopte. La relation parti-
culire qui unit les PTOM et l'UE devrait
tre la pierre angulaire de cette nouvelle
logique, qui devrait tenir compete des sp-
cificits des PTOM, et notamment de leur
dveloppement conomique et social, de
leur diversity et de leur vulnrabilit, ainsi
que de leur importance du point de vue
environnemental. Elle devrait aussi viser


renforcer leur capacity d'adaptation et leur
comptitivit".

Avec toute fois des exceptions. C'est le cas
d'Anguilla, Mayotte, Montserrat, Sainte-
Hlne, les les Turks-et-Caicos ainsi que
Wallis-et-Futuna pour lesquels, reconnat la
Commission, "une approche de lutte contre
la pauvret pourrait s'avrer justifie", dans
la measure o ils remplissent aujourd'hui
les conditions pour bnficier de l'aide au
dveloppement.

S'agissant de la cooperation commercia-
le et financire, la Commission prconise
de maintenir les prfrences tarifaires non
rciproques qui leur sont accordes actuel-
lement, "sans prejudice des ventuelles
rvisions qui pourraient s'avrer indispen-
sables". Ce serait le cas notamment si un
PTOM dcidait de se joindre un APE
conclut entire l'UE et un group regional
ACP. Ainsi, note-t-elle, "L'APE Cariforum-
UE permet dj d'intgrer les PTOM dans
le champ d'application de l'accord. Si un
PTOM et l'Etat membre auquel il est li
le demandent, la Commission acceptera
d'intgrer ce PTOM dans le champ d'appli-
cation de l'APE". M.M.B.



mots-cls
PTOM ; APE ; UE ; nouveau partenariat


CURRIER







































Enfants passant devant un btiment colonial dlabr, Bissau, Guine-Bissau. 0 Reporters/AP I


Onze pays africains et deux pays des Caraibes sont les premiers bnficiaires du mcanisme
europen de financement FLEX relatif la vulnrabilit (V-FLEX). Selon l'annonce qui a t
faite en dcembre 2009, ce mcanisme doit en effet allouer 215 millions d'euros des pays
d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique (ACP). Il s'agit du Bnin, du Burundi, de la Rpublique
centrafricaine, des Comores, du Ghana, de Grenade, de la Guine-Bissau, de Haiti, de Malawi,
de Maurice, des Seychelles, de la Sierra Leone et de la Zambie (voir tableau).


par l'UE en aot 2009 pour
amortir l'impact de la crise co-
nomique dans les pays ACP,
dispose d'un budget total de 500 millions
d'euros. "Le mcanisme FLEX relatif la
vulnrabilit est l'instrument d'intervention
rapide de l'UE visant aider les pays main-
tenir leurs dpenses dans les domaines prio-
ritaires, contribuant par l mme la rduc-
tion des cots sociaux de cette crise dans les
pays les plus svrement touchs", a dclar
Karel De Gucht, Commissaire europen au
Dveloppement et l'Aide humanitaire. Des
reprsentants de l'UE affirment que le reste
du budget sera affect en 2010.

Les fonds seront injects directement dans
les budgets des gouvernements ACP, afin
de leur permettre de maintenir le niveau
des dpenses publiques, surtout dans les
secteurs sociaux, sans mettre en pril leur
stability macro-conomique. Pour rpon-
dre la sollicitation des pays ACP qui ont
demand une aide financire au titre de
V-FLEX, l'UE a bas ses calculs sur les
pertes fiscales prvues et d'autres crit-
res de vulnrabilit. Les reprsentants de
l'UE expliquent que le mcanisme s'adresse


en effet aux pays hautement vulnrables
sur le plan conomique, social et politique
et disposant de politiques adquates pour
faire face la crise. Ainsi, plusieurs pays
de la mme liste de bnficiaires recevront
galement une aide supplmentaire, mais


moindre, du Fonds europen de dvelop-
pement (FED) ainsi que d'un mcanisme
'FLEX' visant compenser les fluctuations
des gains provenant des exportations (voir
le tableau ci-dessous pour la liste des pays et
des montants respectifs). D.P


Tableau: Financement de paus FCP en reaction la crise [sources de l'UE


Bnin
Burundi


25,00
13,60


26.40
13.60


Rpublique centrafricaine 7,60 7,60
Comores 4,70 0,33 2,24 7,27
Ghana 35,00 35,00
Grenade 5,00 0,29 5,29
Guine-Bissau 8,00 3,18 11,18
Hati 30,00 30,00
Malawi 25,00 25,00
Maurice 10,90 10,90
Seychelles 9,00 7,50 16,50
Sierra Leone 12,00 12,00
Zambie 30,00 30,00
Total 215,80 5,93 9,74 230,74
V-FLEX = mcanisme FLEX relatif la vulnrabilit
FLEX = compensation des fluctuations des gains provenant des exportations
FED = Fonds europen de dveloppement


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







Interactions ACP-UE


Andrei Gromyko (premier plan, droite), le Ministre des Affaires trangres de l'ex-Union sovitique, en discussion avec Marcelino dos Santos,
membre fondateur du FRELIMO, le Ministre mozambicain du Dveloppement et de la Planification conomique, Moscou, 1977. 0 Reporters/Novosti

La Bulgarie a rejoint le partenariat UE-ACP depuis peu. Pays en conomie de transition, elle a elle-
mme bnfici de l'aide trangre au course de ces 20 dernires annes. Cet Etat des Balkans a
nanmoins acquis de l'exprience dans le domaine de la cooperation au dveloppement l'poque
communist. Du dbut des annes 60 la fin des annes 80, la Bulgarie a ainsi t un bailleur
d'aide au dveloppement pour plus de 40 pays, y compris une srie de pays d'Afrique subsaha-
rienne. D'autres nouveaux Etats membres d'Europe de l'Est ont eux aussi dvelopp des liens avec
des bnficiaires de l'aide au dveloppement.


activement aid et finance des
movements d'indpendance sur le
continent africain, dans des pays
comme l'Afrique du Sud, le Zimbabwe
(ancienne Rhodsie), la Namibie, l'Angola
et le Mozambique. Malgr l'absence de
relations diplomatiques d'Etat Etat, les
dirigeants du Parti communist bulgare
ont activement soutenu les movements de
liberation dans ces pays africains, l'objectif
tant de les encourager introduire des poli-
tiques socialists dans leurs programmes.

En Afrique du Sud, le Congrs national afri-
cain (African National Congress -ANC) a
nou des relations avec les reprsentants du
gouvernement bulgare et des ONG de ce pays
au dbut des annes 70. Quatre ans aprs sa
nomination au poste de Secrtaire gnral de
l'ANC, en 1973, Alfredo Nzo, Ministre des
Affaires trangres dans le gouvernement de
Nelson Mandela, se rendait en Bulgarie dans
le cadre d'une visit officielle. Dans les annes
qui suivirent, des dlgations de l'ANC furent
rgulirement invites des congrs du parti
communist Sofia, la capital bulgare. Le
gouvernement bulgare apporta une aide
humanitaire et militaire l'ANC et ne man-


qua pas d'exprimer plusieurs reprises sa
solidarity avec ce movement.

En 1975, l'indpendance de l'Angola et du
Mozambique, la Bulgarie signa des traits
d'amiti et de cooperation avec ces deux
pays. La Bulgarie accord des bourses des
tudiants africains et dans certain pays, des
socits binationales furent mme cres
(par example des entreprises bulgaro-nig-
rianes).

La plupart des anciennes nations socialists
ont poursuivi des objectifs similaires en
matire de politique de dveloppement. Dans
les annes 70, la Pologne a ainsi activement
soutenu le concept de "Nouvel ordre cono-
mique mondial". Pays communist, elle est
nanmoins parvenue nouer des relations
avec des dirigeants africains anticommunis-
tes. D'autres nations du bloc socialist ont
toutefois privilgi les partenariats avec des
movements communists. Ainsi, le Parti
socialist hongrois des travailleurs a conclu
des accords de cooperation interpartites
avec le Front de liberation du Mozambique
(Frente de Libertaio de Mocambique
FRELIMO) et le Mouvement populaire de
liberation de l'Angola -MPLA).


Mais y a-t-il un lien entire les politiques
menes par les gouvernements socialists il
y a plusieurs dizaines d'annes et les politi-
ques de dveloppement actuelles des nou-
veaux Etats membres de l'Est ? La carrire
personnelle de l'ancien Ministre slovaque
des Affaires trangres Eduard Kukan (en
function de 1998 2006) laisse supposed
que oui. Diplomate tchcoslovaque de 1964
1991, Kukan s'est principalement int-
ress aux relations de son pays avec divers
pays d'Afrique. En charge du portefeuille
des affaires trangres, il n'a pas manqu
de mettre profit sa connaissance du swa-
hili, acquise pendant ses tudes Moscou,
l'Institut d'Etat des Relations interna-
tionales. Les dirigeants politiques actuels
peuvent ainsi s'appuyer sur des contacts
personnel et des comptences dveloppes
dans le pass pour relancer le partenariat de
leur pays avec certain pays ACP.
* Journaliste freelance.



mots-cls
Bulgarie ; Pologne ; Slovaquie ; Afrique
du Sud; FRELIMO; MPLA.


CURRIER






ACP-UE Interactions


Andrea Marchesini Reggiani Politique culturelle : les
La culture est un outil
fundamental pour les relations oprateurs se lancent
extrieures de I'UE. C'est l'un
des themes qui se profilensl s tiut de
depuis 2007, lorsque le Conseil da s des actiut s de


a approuv l'agenda europen
de la culture* qui se fonde
sur trois objectifs stratgiques
ambitieux : la promotion
de la diversity culturelle et
du dialogue interculturel,
la promotion de la culture
en tant que catalyseur de
la crativit et, enfin, la
promotion de la culture en
tant qu'lment indispensable
dans les relations
internationales de I'UE.




culture prvu dans le cadre de cet
agenda s'est droul Bruxelles les 29
et 30 septembre 2009. Y a notamment
t aborde la question de la relation entire
culture et dveloppement. Cette thmatique
a t analyse par Odile Quentin, direc-
trice gnrale de la culture, et par Stefano
Manservisi, directeur gnral du dvelop-
pement. M. Manservisi a dcrit l'volution
en course de cette relation : la culture venait
gnralement en dernire place dans la liste
des priorits de la politique de dveloppe-
ment, mais elle relve dsormais de l'ap-
proche transversale, car il est tabli qu'elle
joue un rle majeur pour jeter les bases d'un
dialogue fructueux.

Des analysts du monde de la culture venant
de pays ACP ont assist aux ateliers orga-
niss durant le forum. Des comparisons
intressantes ont t faites entire le pro-
gramme Culture (destin l'Europe) et
le programme ACPCultures (destin aux
pays ACP). Le programme ACPCultures est
recent et a donc moins d'exprience, et son
budget est moindre alors que le nombre de
pays concerns est plus important (6 mil-
lions d'euros pour les 79 pays ACP, contre
400 millions d'euros pour les 27 pays euro-
pens). De plus, le programme ACPCultures
bnficie d'une visibility moindre parmi le
public citoyen vis.


mise en rseau


Francisco D'Almeida (de l'association
Culture et Dveloppement) a fait part de
l'impatience des oprateurs africains sur le
terrain, et de leur dsir de voir l'application
concrete des politiques locales et nationals
au service de leurs activits culturelles de
tous les jours et d'voluer dans des marchs
nationaux et interrgionaux mieux structu-
rs. La question des visas pour les oprateurs
non europens a galement t voque. Les
plates-formes culturelles europennes, qui
font pression sur leurs gouvernements, ont
t cities comme un modle intressant.

Force est de constater en effet que la mise
en rseau est maintenant une pratique de
rigueur dans tous les projects culturels. Lors
de la troisime conference mondiale de
Culturelink, qui s'est tenue Zagreb du 13
au 15 novembre 2009, des dbats ont t
organiss sur la place des rseaux culturels
dans l'laboration des politiques nationa-
les et transnationales. Les membres de
Culturelink Network, une institution finance
par l'UNESCO et le Conseil de l'Europe,
ont rappel quel point il tait important de


rorienter les politiques culturelles l'heure
o la technologies facility les interactions et
faonne les pratiques culturelles dans un
space de communication numrique en
pleine volution. Des thmatiques majeures
concernant le rle des rseaux culturels dans
les strategies de dveloppement durable ont
t mises en evidence au travers d'exemples
en Amrique latine (le rseau latino-am-
ricain Art et Transformation social) et en
Afrique (l'ARTerial Network).

Dans ce context, les activits de mise en
rseau entire les oprateurs sont une priority
de la politique culturelle et sont essentielles
pour rpondre aux besoins criants du sec-
teur de la culture du Sud.

* Resolution du Conseil du 16 novembre 2007 relative
un agenda europen de la culture, Journal official n
C 287/1 du 29.11.2007.


mots-cls
Forum europen de la culture;
Culturelink Network.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


















II
flsue la plc uao%,m









A t dese gouvernements et ee ergensetiosno -guenm tas exiet es l esuo


dve--ppemen- a e de-e la rendre- plu e -ficace. Tel est lapr -e- ds se- de l a eoopratio

de-- rlise" organises eu -e-it -des rgion rxlee2dcmr 009 en collbortio

raio d'u e iaeoge poitqe su ea cop atio dentrlise devn codie tre lapie
en cope plee grand ee de dei era-a d es e-vor loau eur--e-ne et des pay bfc-iega

dans ea pgrammee n de ede de- IVE
^^EE'^^EK^^^SE^^E^S^^^^^^C^E^^^^



(II ^ ^S ^SS1IIIIEs)ISII MI C^1 ESMI(E(I ISn^ III ^rEsl I l El^^S^^EE^ l^^1Ss EI^^S s^ll ^^^I
^^^^^^ ^S^^^^^^m^^^^^MQ^^^ ^S^^^f^S^S^S^S^^EISs^^^^^E^^S^^^^S ^^SS^S^^^^^^rrcrr*rr*r


Khalifa Sall, maire de Dakar, Sngal, la Confrence
sur a cooperation dcentralise Bruxelles.
S Comit des Rgions


Des participants venant de tous
les continents se sont runis
Bruxelles au Comit des regions,
une institution de l'Union euro-
penne, pour dbattre de projects, program-
mes et perspectives relatifs la cooperation
dcentralise. Et surtout y dfinir la place
des autorits locales. Pour le commissaire
au dveloppement de la Commission euro-
penne, Karel De Gucht : "Les autorits de
niveau local et regional apportent une pers-
pective, une experience et des comptences
unique en matire d'action sur les questions
de dveloppement". Point de vue corro-
bor par Luc Van den Brande, president


du Comit des rgions : "Les ONG sont
dj trs actives dans ce domaine. Nous ne
devrions pas les imiter, mais plutt concen-
trer nos efforts sur la quality de la gestion de
l'aide au dveloppement au niveau local et
regional chez nos partenaires."

Corps Outre les dbats gnraux, quatre
tables-rondes s'taient tenues don't les prin-
cipales conclusions et recommendations ont
t les suivantes.

*Efficacit de l'aide. Le "bon" project
est celui dfini par les gens selon leurs
besoins. Il faut donc prendre en compete
les autorits locales pour l'laboration de la
politique europenne de dveloppement.

* Gouvernance locale. Elle implique tous
les acteurs locaux et rgionaux, gouver-
nements, socit civil, population. Les
pouvoirs locaux doivent grer une parties
de l'aide. Ce que ne permet pas par exem-
ple l'aide budgtaire.

* Energie. Sur ce thme qui est li ceux
de la protection de l'environnement et du
changement climatique, l'action locale est
important. Exemples : l'indpendance
nergtique de Sao Paulo qui produit pro-
prement 45 % de son nergie propre ou le
reboisement de Paris.


* Objectif du millnaire du dveloppe-
ment Sant. Les autorits locales par-
ticipent trs rarement la definition des
politiques de sant. Cela doit changer.

Les decisions immdiates annonces la fin
de la rencontre ont t celles de l'laboration
d'un atlas listant les programmes et projects
de cooperation des autorits locales euro-
penne ; d'un dialogue suivi prolongeant
ces premires assisses; et de la creation d'un
forum internet entire autres sur les fonds
europen pour la cooperation dcentralise.

La Commission europenne travers une
declaration de son directeur gnral du
Dveloppement, Stefano Manservisi, s'est
engage notamment uvrer pour que
les vues des autorits locales et rgionales
soient prises en compete par l'UE dans le
cadre des actions des Nations Unies durant
cette anne 2010 sur les Objectifs du mill-
naire du dveloppement. H.C.






mots-cls
Comit des rgions; Commission
europenne; Assises de la cooperation
dcentralise; OMD, KarelDe Gucht;
Stefano Manservisi; Hegel Goutier.


CURRIER






ai socit civil en action


I


*1 I r


Philippe Lamotte*


dbarque en Afrique

Activistes de Greenpeace au Sommet Europe-Afrique de Lisbonne, Portugal, en 2007. oReporters/AP


Aprs l'Europe et l'Amrique, Greenpeace prend ses quarters en Afrique et s'attaque au
rchauffement du climate, la dforestation et la surpche. Le credo de cette installation: une
meilleure gestion des resources naturelles devrait tre bnfique, terme, la scurit alimen-
taire et lutte contre la pauvret.

Rencontre avec Michelle Ndiaye Ntab, Directeur excutif de Greenpeace
Afrique et expert en governance, sant et dveloppement.


L 'actualit de ces derniers mois, chez
Greenpeace, est dcidment trs
africaine. Depuis l'automne dernier,
le nouveau directeur excutif de
Greenpeace International est d'origine sud-
africaine. Son nom : Kumi Naidoo, docteur
en sciences politiques l'Universit d'Ox-
ford. La Sngalaise Michelle Ndiaye Ntab,
elle, vient de prendre les rnes des trois
premires implantations africaines de l'as-
sociation l'arc-en-ciel : Le Cap, Kinshasa
et, bientt, Dakar. Rencontre.

Quelle image de l'Afrique dfendez-vous ?

Michelle Ndiaye Ntab : Aprs avoir t long-
temps afro-pessimiste, j'ai aujourd'hui une
analyse plus nuance. C'est vrai qu'il y a une
Afrique qui pitine : celle de la mal gouver-
nance et de la corruption ; celle qui manque
cruellement de gouvernements visionnaires
et don't la socit civil, faute de caisse de
rsonance, ne parvient pas se faire enten-
dre. Mais il y a aussi l'Afrique qui bouge, trop


SMichelle Ndiaye Ntab. Greenpeace

peu relaye dans les mdias. Voyez le Burkina
Faso, par example. Enclav et trop dpendant
du coton, ce pays a russi en quelques annes
diversifier considrablement sa production
agricole, exportant des haricots verts et des


tomates-cerises vers l'Union europenne.
Souvenez-vous de la position commune du
group < Afrique quelques semaines avant
la conference de Copenhague sur le change-
ment climatique. Une premiere Voyez aussi
les choix de dveloppement oprs depuis
2000-2001 par le Nepad (Nouveau parte-
nariat pour le dveloppement de l'Afrique),
notamment sur les autoroutes et la fibre opti-
que. C'est l'Afrique qui se renouvelle !

La tlphonie, sans doute. Mais la promotion
des autoroutes en Afrique Il va falloir expliquer
cela aux Europens de Greenpeace...

Si l'on veut dbloquer les marchs rgionaux,
il est ncessaire de prvoir des infrastructu-
res qui permettent aux populations et aux
products de se dplacer d'un pays l'autre,
surtout lorsqu'il n'y a pas d'accs la mer.
Il n'est tout de mme pas normal que des
marchandises transitent aujourd'hui par la
Belgique ou la France pour passer d'un pays
africain un autre Si nos marchs s'ouvrent


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







La socit civil en action


l'un l'autre, ils pourront alors se former
certain products venus du Nord qui cassent
nos prix locaux. Cela dit, les proccupations
environnementales sont en train de monter
en puissance au sein du Nepad.

On dit parfois que l'Afrique a besoin de diri-
geants forts et ne peut se permettre le luxe de la
dmocratie.

Si l'Afrique est l o elle se trouve aujour-
d'hui, c'est parce qu'elle a cru, une poque,
qu'il n'tait pas important d'avoir des insti-
tutions politiques fortes. Seule comptait la
ncessit d'attirer les investisseurs et, avec
leur argent, de faire turner l'conomie. Le
problme est qu'aujourd'hui, on demand
l'Afrique de faire en cinquante ans ce que
l'Europe a fait en trois sicles. L'Occident


oublie parfois qu'une nation se btit tou-
jours par tapes. Je pense fondamentale-
ment que l'avnement de la dmocratie est
indissociable de l'arrive d'une socit civil
forte, de parties forts et de leaders forts.

Quelles sont les priorits de Greenpeace en
Afrique ? Allez-vous adopter les mmes mtho-
des que celles pratiques par les militants euro-
pens ou amricains ?

Tout dpend. En RDC, par example, nous
travaillons beaucoup avec les communauts
de base des rgions jusqu'ici pargnes par
la dforestation. En Afrique du Sud, nous
avons affaire une population urbaine et
semi-urbaine plus duque, plus conscien-
tise. Nous pouvons nous livrer l-bas
un travail de lobbying direct sur le gouver-


nement. Nous dnonons certain choix
politiques ou les agissements d'industries
polluantes, mais nous insistons beaucoup
sur les alternatives et leurs bnfices. Aprs
une seule anne, Greenpeace Afrique comp-
tait dj 3.800 membres -uniquement des
particuliers- qui cotisent chacun pour 5,5
euros mensuels. Grce un vaste travail de
communication entam l'automne 2008
via les TV et les radios communautaires,
nous avons rapidement acquis une notorit
extrmement enthousiasmante partout sur
le Continent. Si ce succs se maintient, nous
serons indpendants d'ici deux trois ans.
* Journaliste freelance.


mots-cls
Greenpeace; Afrique; Michelle Ndiaye Ntab.


La socit ciuile OCP se met en rseau


Runi les 10 et 11 dcembre 2009 Bruxelles, le Forum de la socit civil ACP a dcid de mettre
en place un vaste rseau virtuel de dialogue entire toutes les organizations civiles et leurs points
focaux dans les 79 pays d'Afrique, Caraibes et Pacifique. Le but : changer des informations sur
les grands dfis des ACP mi-parcours de leur cooperation avec I'UE dans le cadre de l'accord
de Cotonou.


otre participation l'labora-
tion des programmes indica-
tifs rgionaux et nationaux est
indispensable de mme que
votre avis sur l'analyse en course de l'accord
de Cotonou mi-parcours, sans computer les
ngociations sur les Accords de partenariats


conomiques", a dclar, l'ouverture de
la runion, Sir John Kaputin, l'poque
Secrtaire gnral du group ACP. De son
ct, Dominique Delicour, du bureau de
cooperation EuropeAid de la Commission
europenne, a invit les participants assis-
ter au sminaire regional que la Commission


Materiel et mdicaments d'un service de sant de base Aftout, Mauritanie. 0 EC/Carolina Martin Tirand


organisera dans le courant de cette anne
au Mail dans le cadre du dialogue struc-
tur. Mme Delicour a galement invit les
reprsentants du Forum lire le rapport
labor par les services de la Commission
sur la participation de la socit civil (http://
ec.europa.eu/europeaid/what/civil-society/
index en.htm).

Au course de la runion -la troisime depuis
la creation du Forum en 1997 les repr-
sentants de la socit civil se sont plaints
des procedures "complexes et bureaucrati-
ques" de la Commission. Ils ont galement
lanc un appel la Commission afin qu'elle
implique davantage des experts issues des
ACP dans les programmes les concernant.
"La pratique de la Commission d'envoyer
des experts europens ne s'est pas traduite
par des changes ou transferts de connais-
sance ; au contraire, les nombreux rapports
rdigs ne sont pas utiliss et sont une perte
de temps et d'argent", a soulign un repr-
sentant. M.M.B.

mots-cls
Forum de la socit civil ACP ; Sir John
Kaputin ; Mme Dominique Delicour.


CURRIER























































Perspectives de reprise en 2010 ? Debswana I


S Ii l'Europe, l'Amrique et le Japon
n'achtent pas de diamants,
nous ne gagnons rien. Avec pour
1 corollaire direct de grosses cou-
pes dans notre budget. D'abord le budget
annuel : nous avons d rduire la part du
dveloppement de 5% dans le dernier bud-
get annuel et les dpenses courantes de 7%.
Nous avons d renoncer certain projects
que nous avions l'intention de lancer", expli-
que le ministry. Et qui plus est, le statut de
pays revenue intermdiaire du Botswana
signifie que l'accs aux fonds des donateurs
internationaux est devenu plus difficile ces
deux dernires annes.

Les ventes de diamant ont d'abord chut lors
de la preparation des ftes de fin d'anne en
2008. Et d'ajouter " deux reprises, aucun
diamant n'a t vendu pendant deux mois
d'affile : aux alentours d'octobre 2008 et
de Nol 2008. Plusieurs mines ont ferm et
des travailleurs ont t licencis. Cela n'avait
aucun sens de continue de produire les dia-
mants pour les accumuler sans les vendre.


Nous avions revu nos prix la baisse mais cela
n'a rien change. Heureusement, aujourd'hui
nos ventes de diamants ont repris, mais nous
n'avons pas encore rcupr et nous sommes
toujours au niveau de 2007."

Le dixime Plan de dveloppement national
du Botswana en a souffert. Ce plan de dve-
loppement sur six ans, approuv en aot
2009, a dmarr en retard en raison de l'in-
certitude des revenues. "Mme aujourd'hui,
nous ne pensions pas encore tre tirs d'af-
faire. Le rsultat est que nous avons d
rduire nos reserves. Nous empruntons
beaucoup plus qu'avant", a prcis le minis-
tre Skelemani. Il a ajout que les emprunts
taient vitaux pour maintenir sur les rails
certain projects, tels que la construction de
trois grands barrages dans le sud du pays,
qui manque d'eau et de rivires. Le ministry
a cependant dclar que les reductions des
dpenses ne nuiraient pas aux financements
publics consacrs l'achat de mdicaments
antirtroviraux pour les nombreux citoyens
du Botswana vivant avec le VIH/sida.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


1111311111ioi1


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Commerce


LE I.MU IOTTM

Le raetssmn cnmiu a toch prvsin pou le co mec mondial*


le co mec du dimat un setu du dimn bru en 201 ? "Aos u


diale a dlr Fed J. Han d prsi de dolar en 208 ele chtrn pro-

den dieceu ga du Cetr Monia balmn 7, milad de dollarsen


du Dimn ( C dan un ineve 2009 pou re one 12, milad de


I Mine de diamants, Botswana. eDebswana


> L'agrgation retarde

Depuis avril 2009, le pays est nouveau
capable de vendre ses diamants, mais le
gouvernement souhaiterait aussi dvelopper
sa plaque tournante de l'industrie minire
et diamantaire, actuellement gre par la
Diamond Trading Company of Botswana
(DTCB). Pour ce faire, il a dcid de faire
appel au secteur priv et espre que ce der-
nier achtera jusqu' 49% des actions de
la DTCB. "Voil un secteur auquel le sec-
teur priv devrait participer trs volontiers.
Initialement, on pensait que cette activity
devrait tre essentiellement publique, mais
il est vident que nous ne pouvons pas conti-
nuer sur cette voie", prcise le ministry.

L'objectif est de crer un centre d'excel-
lence dernier cri pour polir, tailler et faon-
ner des bijoux en diamants, et qui pour-


rait galement tre un centre d'agrgation.
L'agrgation consiste mlanger, en vue de
leur vente, les diamants bruts products par
le Botswana avec des productions d'autres
parties du monde comme l'Afrique du Sud,
le Canada, la Tanzanie et la Namibie. Le
pays avait prvu lancer cette activity en
2009. Malheureusement "l'agrgation a t
reporte d'un an, justement cause de l'ins-
tabilit, mais on y viendra certainement,
parce que nous pensions produire les pierres
de meilleure valeur. Nous ne voyons pas
pourquoi l'agrgation devrait avoir lieu dans
des rgions qui ne produisent pas de dia-
mant", explique le ministry au Courrier.

La decision, prise en dcembre 2009 par la
socit britannique Firestone Diamonds plc,
qui dirige des activits minires en Afrique
du Sud et au Botswana, de dmarrer l'ex-
ploitation commercial du kimberlite dia-


I Le tourism tient le coup jusqu' present. D Percival


mantifre dans la mine BK11 dans le nord
du Botswana est un signe de reprise du sec-
teur, mme si les nouveaux fonds consacrs
au dveloppement de la mine proviennent,
en l'occurrence, d'une socit trangre,
plutt que national. Les activits devraient
commencer plus tt que prvu, au premier
trimestre de 2010, pour atteindre sa capacity
de production maximale de 1,5 millions de
tonnes de diamant au troisime trimestre
de 2010. Dans un communique de press,
Philip Kenny, le president directeur gnral
de la socit, a dclar que la decision a
t prise suite aux provisions de pnurie de
diamant brut, qui devrait faire grimper les
prix du diamant au course des prochaines
annes.

Le secteur touristique du Botswana, une
autre source de revenues important, a tenu
le coup jusqu' present, selon le ministry
Skelemani. Cela est d en parties au fait que
les gens ont tendance rserver leurs vacan-
ces au Botswana l'avance et ne changent
pas leurs plans la dernire minute, mais
aussi au fait que le pays dispose de paysa-
ges incomparables : le delta de l'Okavango,
le parc national de Chobe et la reserve de
gibier du Kalahari central. Le Botswana
espre aussi tirer des bnfices de la Coupe
du Monde de la FIFA chez ses voisons
d'Afrique du Sud en 2010, grce l'agran-
dissement recent de l'aroport de sa capital,
Gaborone, pour pouvoir accueillir des long-
courriers partir de mars 2010. D.P.

mots-cls
Botswana; Phandu Skelemani ; diamant;
DTCB ; FIFA 2010.


CURRIER







Commerce


L'accord tarifaire intervenu en dcembre 2009 entire les

pays d'Amrique latine et l'Union europenne (UE) au
sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)
Genve marque la fin de 15 annes de conflict de la
banane, une des plus longues guerres commercials que
le monde ait connues. Mais les agriculteurs des Caraibes
orientales ripostent.


Vendeur de bananes. aReporters/AP


de l'UE et d'Amrique latine prvoit,
pour l'essentiel, que l'UE abaisse pro-
gressivement ses droits de douane sur
les bananes de 176 euros/tonne actuellement
114 euros/tonne d'ici 2017. Il inclut une
reduction initial de 28 euros/tonne, ce qui
donnera lieu un premier palier fix 148
euros/la tonne ds la signature de l'accord
par toutes les parties, qui devrait intervenir
dbut 2010.

Pour leur part, les pays d'Amrique latine
ont accept de ne plus exiger de nouvelles
reductions tarifaires lors de la reprise des
ngociations commercials dans le cadre
du cycle de Doha de l'OMC. Toujours dans
le cadre de cet accord, les Etats-Unis ont
galement accept d'abandonner toutes les
poursuites introduites au sein de l'OMC
contre l'UE dans le cadre de ce conflict, don't
certaines remontent 1993.

Lors de la mise sous press du Courier, le
Conseil de l'UE devait encore approuver
l'accord pralable la signature de l'accord
avec les pays d'Amrique latine et l'accord de
rglement avec les Etats-Unis. Aux terms
du trait de Lisbonne rcemment ratifi, le
Parlement europen doit aussi donner son
accord. "Il s'agit l du meilleur accord que
nous pouvions esprer. Il concilie en effet
les intrts lgitimes de toutes les parties. Je
sais que les producteurs des pays d'Afrique,


des Carabes et du Pacifique (ACP) risquent
d'avoir du mal s'adapter cette nou-
velle situation, mais l'UE fera de son mieux
pour les aider", a dclar Karel De Gucht,
Commissaire europen au Dveloppement.

> Des compensations

L'UE a en effet promise d'affecter jusqu' 200
millions d'euros -entre 2010 et 2013 -pour
amliorer la comptitivit et la diversifica-
tion conomique et attnuer les consquen-
ces sociales de l'ajustement imposs aux
pays ACP producteurs de bananes. L'Union
a ainsi dclar que l'accord intervenu
Genve donnait suffisamment de temps aux
pays ACP pour s'adapter ces nouveaux
taux tout en amliorant la prdictibilit
du march de la banane. Mais les produc-
teurs des Carabes orientales sont loin d'tre
convaincus.

"Cet 'accord' est loin de satisfaire les pays
ACP qui exportent des bananes en Europe",
explique Renwick Rose, secrtaire gnral
de la WINFA (Association des agriculteurs
des Iles Sous-le-Vent). Selon lui, les expor-
tateurs latino-amricains, constitus par les
trois grandes multinationales amricaines
Dole, Del Monte et Chiquita, dtiennent eux
seuls 80% du march europen. Avec une
part de march limite 1%, les Iles Sous-
le-Vent (Saint-Vincent-et-les-Grenadines ;
Sainte-Lucie et la Dominique) ne mena-


cent en revanche pas le moins du monde la
domination latino-amricaine. Et d'ajouter :
"Grce l'abaissement des droits de douane,
les producteurs latino-amricains pourront
vendre meilleur prix encore leurs bananes,
vinant ainsi du march les producteurs de
notre region."

M. Rose craint en outre que la compensation
financire "nettement inadequate" se fasse
attendre, doutant mme qu'elle ira relle-
ment bnficier aux producteurs. La com-
pensation promise par l'UE doit en outre
tre partage entire tous les producteurs des
ACP, don't le Cameroun, la Cte d'Ivoire, le
Ghana, le Suriname et Belize.

En dcembre 2009, l'UE, les pays ACP et les
pays d'Amrique latine ont galement adopt
une approche commune sur les products
"tropicaux" et l'"rosion des prfrences"
dans le cadre des ngociations du cycle de
Doha de l'OMC. Les productss tropicaux"
front l'objet de reductions de droits de
douane encore plus importantes, tandis que
l'abaissement des droits sur les products dits
d'"rosion des prfrences" intressant les
pays ACP se fera sur une priode relative-
ment plus longue. D.P.

mots-cls
Bananes; Renwick Rose; WINFA; Karel
De Gucht ; OMC ; Cycle de Doha ; Iles
Sous-le-Vent.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


















Avec son mtre 88 lanc
de beaut, d'lgance et
d'intelligence, Gloria Mika,
top-modle grco-gabonaise,
icne de grands couturiers et
de crateurs de products de
beaut de luxe, grie de stars
de la musique, vient de voir
sa notorit prendre un envol.
Aprs son appel toutes les
bonnes volonts, don't ses
collgues mannequins, pour
crer "Les Anges gardens
de la Transparence" afin
de surveiller le droulement
des lections au Gabon en
aot dernier, et l ou il y
a risque de dni du choix
populaire. L'initiative a
engendr un grand buzz sur
la toile. Depuis, trs sollicite,
Gloria Mika intervient pour
diffrentes causes. Avec doigt
et professionnalisme. Et avec
courage ; elle a dsormais
maille partir avec des
puissants.




G l. rli il t i i. 'u illu- Ici r ui-U
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I u h l iJ t .l IIi i1. 1. tl ''l u t. I, uI i li 1,. '
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II LUI LiJL


L'Ange-gardien de la


dmocratie prend son enuol


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S,.L I'L'.. .l .i lk ",. I. [ '!' ,.I U '.. it'l '. v *' u !'
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! ',. _t irli l ., c i[-+% 1 l. i lt i. 1111


C'-URRIER







Zoom


Gloria Mika est ne Libreville au Gabon,
sa famille s'est installe au Sngal alors
qu'elle avait six ans, pour une dure de trois
ans, sjour don't elle aurait gard souvenan-
ce de son enfance de la faon la plus incisive.
A 15 ans, elle ira aux Etats-Unis la French
International High School Rochambeau,
pour gagner Paris trois ans plus tard. L,
elle frquentera La Sorbonne -un BA
en Communication-Relations publiques
avant de parachever ses tudes l'American
College d'Athnes pour une spcialisation
en gestion des associations non-lucratives
avec une option en analyse politique. Elle
a en tte de prsenter une thse de doctorate
sur Gene Sharp, le thoricien de la fin de
l'histoire en liaison avec ceux de la non-vio-
lence, Gandhi et Martin Luther King.

Elle avait bien particip 15 ans un dfil
lors d'une soire culturelle au Gabon. Mais
c'est sa participation 17 ans, just pour
s'amuser, au concours de Miss Metropolitan
de Washington DC don't elle est sortie pre-
mire dauphine, qui allait attirer les regards
vers elle. En peu de temps deux dfils rela-
tivement important un gala de la Banque
mondiale et un autre de l'ONU o elle a fait
la rencontre du styliste nigrien, Alphadi
don't elle restera trs proche. Rentre
Paris, elle le retrouvera et rencontrera la
cratrice sngalaise, Claire Kane, et puis
tous les autres grands.


'En juillet, j'tais avec

les Tamouls pour les

soutenir. En prnant le

principle de base de mon

movement, la non-

violence.





> Une icne d'un autre type

Gloria Mika tait dj implique dans plu-
sieurs projects de dveloppement dans des
pays pauvres, par example un sur l'duca-
tion dans un bidonville d'Hati. C'est la
dception cre par la tournure que prenait
la champagne lectorale pour les lections du
30 aot au Gabon qui l'a pousse prendre
la decision crucial de suspendre momen-
tanment son travail de top-modle et de
lancer le 20 juillet 2009 son appel pour
les Anges Gardiens, sur Facebook d'abord
avant de crer un site propre. Quelques
heures plus tard, des dizaines d'inscription
taient arrives. Aprs quelques jours, ce
sera des centaines. Le dlai tait trop court
pour jouer vraiment sur la transparence de
ces lections. Mais la frnsie provoque
par l'appel de la Belle a port les mdias
de partout en rvler les irrgularits et
informer sur les brutalits qui les avaient
mailles.

a lui a donn des ailes. Gloria Mika
est dsormais une icne d'un autre type.
Ecoute, pas seulement admire. Elle met
bien les garde-fous pour empcher que les
"Les Anges Gardiens pour la transparence"
ne soient phagocyts par des gens avec un
agenda personnel ou avec des projects dou-
teux. Les membres de l'association doivent
tre pacifistes et non-affilis des parties
politiques. Depuis, elle est sollicite de
partout. Associations et personnalits de
Guine Conakry, du Congo Brazza, du
Congo RDC, intellectuals, activists font
appel elle, rclament sa presence. Elle
prend la parole des colloques, des rencon-
tres d'experts, de chercheurs, de politicians.
Jusqu'aux activists du Tamoul. "En juillet,
j'tais avec les Tamouls pour les soutenir.
En prnant le principle de base de mon
movement, la non-violence." D'autre part,
elle continue mobiliser tous azimuts pour
avoir plus d'anges. Pour une future cam-
pagne, "Breaking the silence" sur le thme
des trois petits singes qui ne veulent pas


SGloria Mika devant La Bastille, Paris, symbol de la
Declaration des droits de l'homme. aHegel Goutier



N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


entendre, regarder et parler comme par-
fois la communaut international aprs les
lections au Gabon, elle a le soutien de ses
amies mannequins qui veulent aussi mettre
leur beaut au service de la dmocratie et de
designers fameux.

Parmi les appeals tlphoniques incessants
qu'elle reoit, tant manent de connaissan-
ces qui se soucient de sa scurit qu'elle finit
par leur demander si elles sont informes


d'une menace prcise. "Je n'ai pas peur car
je n'ai pas d'ennemis, je ne veux qu'apporter
ma modest contribution citoyenne pour
aider les gouvernements amliorer leur
governance. Si on veut me tuer, qu'on le
fasse. Tout ce qu'ils auront, c'est mon cada-
vre et ma dsobissance." H.C.







mots-cls
Gloria Mika; Gabon; Guine; Congo;
lections; Anges Gardiens de la
Transparence; Elite; Ungaro; Diesel;
Escada; Pierre Cardin; Alphadi; Paul
Mitchell; Kathy Heyndels; Yianos Xenis;
Misu Mitsu; Chris Aire; Cline Dion;
Wyclef Jean; Sweetest girl; Akon; Lil
Wayne; Hegel Goutier.























































I Conference des Nations Unies sur le changement climatique en 2009, Copenhague, Danemark. Reporters/UPP

Les pays en dveloppement les plus pauvres et les plus vulnrables sont venus Copenhague

sachant qu'ils avaient le moins offrir et le plus perdre. Ils en sont repartis bredouille.


Sous nous sommes battus pour
obtenir le peu que nous avons
eu, pas grand-chose en l'oc-
"currence", a dclar Dessima
Williams, dlgue de la Grenade et de l'Al-
liance des petits Etats insulaires (AOSIS),
devant les reprsentants des 192 nations
au matin du 19 dcembre, qui allait voir
le sommet de Copenhague sur le climate se
refermer sur un chec. Elle leur a cependant
demand avec force, comme l'Ethiopie au
nom de l'Union africaine et le Lesotho au
nom des pays les moins avancs (PMA)
d'adopter l'"Accord de Copenhague" de
trois pages annonc la veille par le president
des Etats-Unis, Barack Obama.

Le mme accord avait ensuite t rejet par
plusieurs pays en dveloppement, notam-
ment le Soudan, don't le leader charismatique
Lumumba Di-Aping a dclar que cela reve-
nait demander l'Afrique de signer un texte
"suicidaire". En fin de compete, l'assemble
a pris acte de l'accord, sans l'adopter, et les


gouvernements de la plante sont convenus
de poursuivre les ngociations sur le climate,
sans fixer de date limited pour livrer leurs
conclusions ou aboutir un accord qui don-
nerait lieu un trait contraignant. "Je ne
vous cacherai pas ma dception. Nous ne
sommes pas parvenus combler nos atten-
tes. La ncessit d'un accord contraignant
n'a pas t reconnue", a conclu le president
de la Commission europenne Jos Manuel
Barroso, le visage las, comme vaincu, devant
des journalists. "L'accord ne lvera pas la
menace climatique", a-t-il poursuivi.


> Les nations les plus pauures
prennent position

L'accord de Copenhague et la decision de
poursuivre les ngociations dans le cadre du
protocole de Kyoto et celui, plus large, de la
Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) sont
les seuls accomplissements important de la


Conference. Toutefois, le texte de l'accord
est vague et ne donne pas de prcisions, ni
sur les reductions d'missions, ni sur la part
du financement long terme qui doit venir
du secteur public par rapport au secteur
priv. Les engagements de financements
acclrs s'lvent pour l'heure 25 -et non
30 -milliards de dollars.

Des rfrences explicites un prlvement
sur les fiouls lourds, qui pourrait permettre
de finance jusqu' un quart des budgets
long terme requis selon la fdration euro-
penne T&E, ont t supprimes. Le Malawi
avait plaid, au nom des PMA, en faveur de
l'intgration d'une rfrence ce prlve-
ment. Selon certain, le chaos du sommet
danois pourrait inciter placer les ngocia-
tions internationales sur le climate dans un
autre cadre, par example le Forum des co-
nomies majeures sous l'gide des Etats-Unis
ou le G20. Cela reviendrait en exclure les
plus pauvres, alors qu'ils commenaient
peine faire entendre leur voix.


COURRIER










*~D l'i TerreI




SSciences : l'accord admet que l'aug- mobilisatio de ressources finan

metaio de la te prtr modil prvnn d espy delops LE - I
doit tr maneu sou 2'C Un Mac :'codsutetlsmr

demnrs'lyale de liie l'ug s te- de plaone me- de chan-




chff en mte d e ruto Fiacmn :- le pydeo- De prg on t- acom- i danse





oevr pou l'teide Le pays en d- bles De-pus le pay d -velp Totfos ce tete nesnjmi
veop m n so mtrn ler acin s'nagn moiie cojo-em n qu des prg fat de nouveau





tin pou le co s lain internati- d eo pe e t amliorations-au Mcanisme d

nae e cin otn e a de .-vena c :~ le "Fonds-- - clmaiqe -ceop e en prpe- P d-
pa- dvelp ce rn soumie- un ver de Co e h g e cr dan le c- protocole e Kyto qu pe me au
contrl ~ e e~ee intr-tio al dr de lac g er le s fin nc- pay riches de* r ur les mision

conv e-n n d e o ri es re s ure cli aiq e detnto d e -cysen rd ie e- eux Moinsde 2%- de



ad etl rl cruil d e- la rducti- d'gli regite m n de prje et dep-ts
de isinspovnatdeladfoes ecnooie u manse ou a arallurle onel xuifd
tat^^^^^ijione el rdtS^ 8Sion es orts ecnoHi^^^flS ogie" sera tabSi pou acclrer MDP^ labrr de mtodlogies^^^^^
(REDD) et convientj de la ncessit de le dv^H^^^^^^eloppement et le transfert de top-down et simplifiera les critres ^^^^^^^
fournir des "incitations positives" (un techno^logies vers les pays en dvelop-complmentaires applicablesau
mcanisme^^^^^^^^^M^^^^W^^^^^^^^^^^^^^^^^ 111D+ pou pemetr la peet proet les plu pe 11titsI.


Manifestants la Confrence des Nations Unies sur le
changement climatique en 2009, Copenhague, Danemark.
Reporters/AP

Le premier ministry thiopien, Mls
Zenawi, la tte de la toute premiere dl-
gation conjointe d'Afrique de l'histoire
Copenhague, a dclar que les Africains
taient l pour ngocier, et non en tant que
victims. L'Ethiopie et la France ont pr-
sent un plan de financement appelant une
taxe mondiale sur les transactions financi-
res -la taxe Tobin -et des taxes sur le
transport arien international de personnel


et de marchandises. La socit civil africai-
ne tait prsente comme jamais auparavant,
amenant Tim Gore, reprsentant d'Oxfam,
dclarer que les ngociations sur le climate
ressemblaient de plus en plus aux ngocia-
tions internationales sur le commerce.

Selon certain, le chaos du sommet danois
pourrait inciter placer les ngociations
internationales sur le climate dans un autre
cadre, par example le Forum des conomies
majeures sous l'gide des Etats-Unis ou le
G20. Cela reviendrait en exclure les plus
pauvres, alors qu'ils commenaient peine
faire entendre leur voix.


> Echec cuisant de la strategies
climatique de l'UE

L'UE et l'Afrique taient d'accord sur de
nombreux sujets, des pressions en faveur
de fortes reductions d'missions la recon-
naissance de la ncessit d'un financement
important long terme. Mais comme l'Afri-
que, l'UE n'a toutefois pas russi atteindre
ses objectifs. En fin de compete, l'Europe a
t relgue au rang d'observateur, les Etats-


Unis, la Chine, l'Inde, le Brsil et l'Afrique
du Sud ngociant l'accord. Un Barroso frus-
tr a dclar que personnel n'avait prt int-
rt la proposition de l'UE d'accrotre son
objectif de reduction d'mission 30% d'ici
2020, laissant entendre que sa stratgie pour
obtenir un accord probant avait chou.

Yvo de Boer, responsible du climate l'ONU, a
insist sur le fait que l'accord de Copenhague
tait toutefois extrmement significatif sur
le plan politique, dans la measure o c'est la
premiere fois que des dizaines de dirigeants
mondiaux ont particip des ngociations
sur le climate. C'est cette vision des choses,
savoir que Copenhague est un dbut plutt
qu'une fin, qui a amen des dirigeants de
l'AOSIS, de l'UA et des PMA appuyer un
accord que certain taient prts rejeter.
* Journaliste freelance.


mots-cls
Changement climatique; Copenhague;
Union africaine (UA) ; Pays les moins
avancs ; Protocole de Kyoto ; Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) ; Manuel Barroso;
Mls Zenawi; Yvo de Boer.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010



















epo-
























"passeur" entire trois mondes


vec une superficie a peine deux fois plus grande
que celle du Luxembourg mais parpille sur
dix iles, perdues au milieu de l'Atlantique et pour
la plupart arides des resources naturelles quasi
inexistantes, une population torce souvent d'migrer, le Cap
Vert a russi le tour de torce de se hisser du rang des pays
les moins avancs (PMA) celui des pays revenues interm-
diaires. Cadeau sans doute empoisonn pour un pays qui a
mis l'aide massive qu'il recoit de l'tranger, singulirement
de I'UE, au service de son dveloppement. Mais en soi, dj
une prouesse. Le secret de cette russite ? Avoir mis la gou-
vernance et les droits de l'homme au centre de la politique
gouvernementale tel point que l'index Mo Ibrahim 2009 cite
le Cap Vert come un modle de russite conomique et de
bonne governance. Mais la raison vritable de ce succs vous
diront tous les responsables capverdiens, rside dans sa seule
vraie resource : les resources humaines. Qu'elles resident
l'tranger ou sur l'archipel. Une vritable toile s'est tisse entire
la diaspora qui compete prs de 700.000 mes et les quel-


que 450.000 habitants rests sur l'archipel qui bnficient de
leurs envois de fonds.
Mais le pays doit encore faire face a de nombreux dtis : une
pauvret toujours trs prsente, un taux de chmage lev,
une dpendance alimentaire et nergtique quasi-totale et
une dette d'autant plus difficile grer que le pays ne bn-
ticiera plus terme des avantages lis son ancien statut de
PMA. La solution ? Revitaliser le rle de transit qu'il a toujours
jou, depuis sa creation. Transit pour les Amriques, en par-
ticulier 'Amrique du Sud, sous-continent avec lequel le pays
garde des affinits certaines depuis l'poque d'Amilcar Cabral
et situ moins de 3.000 km d'encablures. Tte de pont pour
l'Atrique continental toute proche. Et enfin, cooperation
rentorce avec l'Europe via son appartenance l'ensemble
des miles de la Macaronsie, don't les Canaries espagnoles (niais
aussi les miles portugaises de Madre et des Aores), distantes
d' peine 1.500 km. En tmoigne le Partenariat special ins-
taur depuis deux ans entire I'UE et le Cap Vert, unique en son
genre au sein du group ACP.


COURIER







42:~- rJy


9:in




Cidade Velha : dans le couvent de Sao Francisco (restaur grce la cooperation espagnole), c


Une nation ne de la premiere mondialisation


ivr aux seuls lments naturels pen-
dant plus de 14 sicles, si l'on except
le passage sporadique d'embarca-
tions sngalaises ou mme, dit-on,
chinoises, l'archipel du Cap Vert ne connut
de presence humaine durable qu' partir
de 1460. A l'poque, le navigateur Diego
Gomes prend possession de l'archipel, qui
devient domaine de la Couronne portugaise
en 1494. Terre de marines, recruts pour la
pche la baleine, escale pour les navires
portugais en route vers le Brsil, le Cap Vert
devient galement, et ce ds le dbut du
XVI sicle, une plaque tournante pour le
commerce des esclaves d'Afrique occiden-
tale vers le Nouveau Monde.

La situation de ce chapelet d'les -dix,
don't neuf aujourd'hui habites -est, il est
vrai, "idale" : 600 km de la pointe la


plus occidentale de l'Afrique (le "Cap Vert"
au Sngal), et moins de 2.600 km du
Brsil. C'est de Ribeira Grande sur l'le de
Santiago, o les trafiquants sont tenus de
faire halte pour payer les droits et baptiser
les esclaves, que ces derniers parent en
direction des Amriques. Les colons de
l'archipel font galement venir des esclaves
du continent africain pour les faire travailler
dans les plantations. Ce sera le dbut d'un
long mtissage, unique au monde, partir
de deux populations (europenne et afri-
caine), toutes deux transplantes sur ces
lots volcaniques vierges.




En 1533, Ribeira Grande devient un dio-
cse autonome couvrant toute l'tendue de
la Guine ancienne. Le traffic ngrier fait


Cidade Velha : le pilhourino o les esclaves rcalcitrants
taient fouetts. a Marie-Martine Buckens


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







eportage Cap Vert


.



Porto-Novo (le de Santo Antao). 0 Marie-MartineBuckens

dvelopper l'industrie des pagnes de coton
Santiago et Fogo, sa voisine, seules
les habites l'poque. Il faudra en effet
attendre le XVII sicle pour que dbute
le peuplement des les de Sao Vicente et
de Sal. Les trafiquants -parmi lesquels
des Franais, Hollandais ou Anglais qui se
disputent le monopole de la couronne por-
tugaise sur la cte africaine -s'en servent
comme monnaie d'change pour aller se
procurer des esclaves sur le continent.

Au milieu du XVII sicle, la position cl du
Cap Vert comme entrept d'esclave decline
avec le dtournement du traffic vers Cacheu,
port de Guine. Prive de ses revenues prin-
cipaux, Ribeira Grande connat le coup
de grce en 1712 quand Jacques Cassard,
corsaire franais, met la ville sac. La capi-
tale est dlocalise vers Praia, 15 km de
Ribeira Grande, qui restera connue comme
Cidade Velha ("vieille ville").

L'abolition definitive de la traite en 1866
et le dtachement de la Guine Bissau en
1879 sonnent le glas de l'conomie des les
et entranent une forte migration libre
vers les Etats-Unis, et -sous la contrainte
des Portugais -vers les plantations de
leurs colonies d'Angola et de Sao Tom
et Principe. Le disengagement des colons
portugais permet aux Mtis et aux Noirs
d'accder des postes important tant dans
les institutions religieuses que laques.

Aprs les grandes scheresses du dbut
du XX sicle l'archipel traverse l'une des
priodes les plus sombres de son histoire
qui coincide avec l'Estado Novo ("Nouvel
Etat") du dictateur portugais Antonio de
Oliveira Salazar (1889-1970). Sous son
rgime, les "chemises vertes" de sa police
politique touffent toutes les voix de l'oppo-
sition, tant au Portugal que dans les colo-
nies. Tortures et dportations au "camp de


la mort" de Tarrafal, sur l'le de Santiago,
sont monnaie courante. Malgr l'interdic-
tion d'migrer, des milliers de capverdiens
russirent s'enfuir dans les annes 1950 et
1960, particulirement en France, aux Pays-
Bas et en Belgique. C'est dans ces trois pays
que se formrent la plupart des cadres du
movement indpendantiste capverdien.


>

En 1956, avec quatre patriots capverdiens
et guinens, l'ingnieur agronome Amilcar
Cabral, don't la famille est originaire de l'le
de Santiago, fonde Bissau le PAIGC, Parti
Africain pour l'Indpendance de la Guine
et des les du Cap Vert. Quatre ans plus tard,
au mpris des resolutions de l'Assemble
gnrale de l'ONU, Salazar refuse tout dia-
logue en vue de l'indpendance du Cap Vert
et de la Guine. Fvrier 1963 voit le dbut
de la lutte de liberation national en Guine


" -.


La


Le village artistique de Porto Madeira (le de Santiago)
fond par l'artiste capverdienne Misa.
Marie-Martine Buckens


Bissau. Capverdiens et Guinens font cause
commune dans le maquis. Au pnitencier de
Tarrafal s'entassent des nationalists africains
du Cap Vert, de la Guine et de l'Angola.

Le 20 janvier 1973, Amilcar Cabral est
assassin Conakry, par des tratres au sein
du PAIGC vraisemblablement la solde
de la PIDE, police politique du rgime
fasciste. L'affaire ne sera jamais lucide.
L'indpendance de la Guine Bissau est pro-
clame en 1973, suivie deux ans plus tard,
aprs la revolutionn des fillets" Lisbonne
et la fin de la guerre colonial, par celle du
Cap Vert.

1980 voit la Premire Constitution, qui ent-
rine le PAIGC en tant que Parti unique. Le
coup d'Etat de novembre Bissau, marque
la fin du project d'union Guine/Cap Vert.
Un an plus tard, le PAIGV devient le PAICV
(Parti Africain pour l'Indpendance du
Cap Vert), d'obdience marxiste. En fvrier
1990, le PAICV proclame l'ouverture dmo-
cratique. Un an plus tard, le Mouvement
pour la Dmocratie (MpD), d'obdience
plus librale, rclame des lections libres,
qu'il remporte, et nomme comme Prsident
Antnio Mascarenhas et comme Premier
ministry Carlos Veiga (actuellement chef de
l'opposition).

Le PAICV revient au pouvoir en 2001
avec Pedro Pires comme Prsident et Jos
Maria Neves comme Premier ministry. M.
Pedro Pires est rlu en fvrier 2006 face
l'ancien Premier ministry Carlos Veiga, le
PAICV conservant la majority l'Assemble
national. Dans son discours inaugural, M.
Neves rappelait les priorits de son gouver-
nement : promotion de la croissance et de la
comptitivit de l'conomie, modernisation
de l'Etat travers la rforme de l'adminis-
tration publique, qualification profession-
nelle et emploi, amlioration du systme de
sant et, enfin, prise en compete de la famille
comme "pierre angulaire de la socit".
Pour faciliter ses relations -vitales -avec
les institutions financires internationales,
Praia lance en 2006 une politique de rigueur
et, surtout, nomme la tte du ministre des
finances Cristina Duarte, auparavant vice
prsidente de la Citibank en Angola, et Jos
Brito en charge de l'conomie, avant que
cet ancien ingnieur ptrolier ne prenne en
mars 2009 la tte de la diplomatic capver-
dienne. M.M.B.


mots-cls
Cidade Velha ; Praia; Amilcar Cabral;
Carlos Veiga ; Jos Maria Neves ; Pedro
Pires.


CURRIER






Cap Vert Reportage


auant la lettre"


Le Partenariat special avec le Cap Vert est un example avant la lettre pour tout pays signataire
de l'accord de Cotonou dsireux de renforcer sa cooperation avec l'Union europenne, indique
Josep Coll i Carbo, Chef de la dlgation de I'UE Praia. Rencontre.


c partunarnit. prd ic crp C(Ill.
J LU[ iii r.tidure la Ltiu-mItilItu
du Caip Vert. qui estimiaid que
l'naL,-rid tic tr!'UtlonLu p.%Uvlail ,e
ticvcl'ppr J'da'.janag. I.c pav' ,tuhalni[
s'an.trr tilns, la ZO/. L- Je tLablit la plu'
pr 'lic, la plu, prr-spcr, la plus famiilihcrL
incnLalclncIm t. 1a a.','ir I'Uni,n curopcannc
I'UF a rcpoinJu p.sMiliv ntaclllc et -[t dicullnlr-
hi, niais cll n's pus lit -culc. Les Ft'1s,
nienllchr si'nI[alemen ttres cnimz~'cs. mllemil
si. pour de- rai-,'ns his,[rique., lI Pur[ugal,
l'I:s'apni, la FrInt.i, le I.ucinhbourg, les
Pa.s-B,'- et[ 1' \urili sein plu- presein[-"
inotuniniieni par la pre-cii.Lc plus inipiilrtintct
sur leur [TIrritlirC de l J diaspiorin LI'ptr-
ditritnnic NDI.R.i.

(.>lili, rt a :./i a i ,r hm1r.,' /'d. i I par'Mnanraf
pal lappo ) l al )>ld J.' ,l' .u pl li' l es
pa ,.I( 1 .7 :".


SIv',i' Liair L : PIartIll aria.l s, hjtll 'ur
l'ac.u'rd ie (Ct'LtituU. 1U.lai' pcrillcI Je mI-t-
[tre uL pla2c ldu nou'.'ellcs .irL'-pratlitUn qui
n'ci.diLnt pa s rddili'l\nnllLmet'lL prcvuc-
Ni,'u' Ltratl s :iirc c'giux cl inciliio n1 ('
iniLrcts .iimmun, sur la iible. t'Car l'UI a
c.laircijnt deI,,s inILrI' s[LraLteiqucL [ant
ticlt'iniqucs quC i('I nilcr iuux, ii cfLILnJre
iLi alrs qu'en LurI'p,', on a e[i.ndilt:ne
defor'rmcr i.oneptu.ilmeniit noi- rdlnioins_
avit. l'A\rrique. Let- -\c.,rds de par[icriris
eifn.mflIutlUes (APE, que nous Somi. en
train de negoix r avec lue groupue \VCP s'ins-
Lri.l'cn d,ns cct,-t [clnJdank il s'apt- Jdunt:
ilise nia ci u JU Lt'! Cin.mic p'rm'tllina fl[,
par le hinis dac.o'rJs gnirint-gnant, de
depasser le studc dei d'na[urs S'agissani
du Cap Vert, il rteprtscni unel vLrit:ihle
tcli Je point I pur I'Afriquc ciintinlrallc. e[
iluil J'uni prsin ct strajiglquc au niiilicu
de l'Atlantique Une precscnC qui perrmne


SE RAPPROCHER

DES STlfODIRDS

EUROPEEnS

La fin de lannee 2007 marque len-
treee pe lain-pied du Cap vert sur la
sceneinternationale Quittantle grou-
pe des pays les moins a,.ances et
proimu pays a re enu intermediaire
selon les criteres de la Banque mon-
diale il est egalement admis come
1l3eme membre de I Organisation
mondiale du commerce iOMu(:i Et
surtout il signed a..ec I UE un parte-
nariat special qci de rail a term
ILI permettre de trailer d egal a legal
a ec les operateurs europeens


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







eportage Cap Vert


. Au lieu actions pul.erisees ce
partenariat permit d organizer mieu,
notre con,.ergence technique et nor-
mati .e a ec acquis co3irimnunautaire
sui.ant si. piliers,, e.pique Jose
Luis IMlonteiro Ordonnateur national
suppleant du Fonds europeen de de-
.eloppement iFEDi au sein du gou-
.ernement cap.erdien Mnime si 3a
con.ergence nornmati.e represent
un de ces Si- piliers Praia le consi-
dere conmme un pilier trans.ersal des
autres piliers qui competent 3a bonne
gou.ernance 3a cooperation dans le
cadre de la security I integration re-
gionale la society de I information et
de la connaissance et 13 lutte centre
la pau rete ** Cette strategic est de
nature fondamentalement politique. .
poursLIt Ml .Monteiro et Ise outre
la cooperation politique culturelle et
social une pIlus grande integration
economique a..ec en particular les
regions ultraperipherique atlantiques
de I Union europeenne


Une pointe de deception .. nous
nous attendions a des fonds addi-
tionnels plour ce partenariat' or la
seule resource programmed est
le FED don't len..eloppe na pas ete
augmentee Malgre cela nous nous
en sortons,- Et le Cap V'ert lorgne
a ec en..ie .lMccord association qui
lie le Maroc a I UE don't la derniere
reunion sest traduite par un ..eritable
bond qualitatif qui a term estime Ml
M.onteiro confererait au Mlaroc un
statut de quasi Etat membre de I UE

* Le Programmr e iiici.ali [ de I ajdJe :.-mmu-
riiliAre dau Cai:p .en |r1 i, l pi ur ila :er Ji
:003-2013.corres:po.ndlil au 10 FED, 11 5
irnIIlliris. J ntrcs I1olir le iarld irianal i :,,, IalI
sur uii lu ial r 51 m.il i.riis Jeur.:. spour les
.Jla.I1 .Ju 10 FED r, lari-.cle i, .. .lll


de crer une zone de stability entire les trois
continents mme si elle est aujourd'hui
srieusement compromise par des trafics
illgaux, que ce soit l'migration illgale, le
traffic d'armes, le blanchiment d'argent ou la
drogue, dans la measure o les grands mar-
chands ont jet leur dvolu sur cette zone,
estimant que c'tait une bonne faon de
s'approcher de l'Occident. Heureusement,
le Cap Vert a russi ragir en amount. Le
gouvernement a fait un trs bon travail de
conscientisation et a mis niveau son appa-
reil scuritaire, grce notamment notre
aide financire.


Mais ce partenariat est galement -et je tiens
le souligner -un trs bon exercise pour
approfondir la coordination entire les Etats
membres et l'Union europenne, apportant
plus de cohrence aux actions respective.
On s'est donn ainsi un cadre o tout le
monde y trouve son compete. La dlgation
de l'UE Praia est present en measure elle
aussi de jouer son rle, ayant acquis un statut
de dlgation part entire.

Vous parlez des relations entire l'UE et le Cap
Vert, mais qu'en est-il des relations de ce dernier
avec le reste de l'Afrique ?

Le Cap Vert peut apporter l'Afrique de
l'ouest, la Cedeao (Communaut conomi-
que des Etats d'Afrique de l'Ouest), une
dimension atlantique qui peut compenser
la lourdeur de sa continentalit, apportant
ainsi une nouvelle dimension la notion
de territorialit. En outre, le Cap Vert est
intress au secteur des services dans les
ngociations sur l'APE, alors que d'autres
membres de la Cedeao sont plus proccu-
ps par les matires premires. On peut


terme imaginer un accord gomtrie
variable. N'oubliez pas que le Cap Vert
entretient galement une relation forte avec
les rgions ultrapriphriques (RUP) de la
Macaronsie, en particulier les Canaries. La
complmentarit entire les deux archipels est
trs important. Ainsi, le dispositif Frontex
mis en place a permis de rduire de manire
significative les passages illgaux d'migrs
via les Canaries.

Quels sont les points faibles du Cap Vert ?

L'accs l'eau et l'assainissement d'un ct,
et l'nergie de l'autre. Deux domaines o
l'UE apporte son soutien. Par ailleurs, la
meilleure performance conomique s'est
aussi traduite par une augmentation de
l'cart entire les riches et les pauvres. Le gou-
vernement capverdien en est trs conscient.

Ses points forts ?

La capacity des capverdiens d'tre bien par-
tout. Ici, de mme qu' l'tranger. Sur le
plan politique, je soulignerais la finesse avec
lequel le gouvernement a russi 'dsidolo-
giser' sa politique trangre. La classes poli-
tique est l'aise tant avec les reprsentants
des Etats-Unis que de la Chine, pour ne citer
que deux grands pays. Le fait que rcemment
Me. Clinton ou encore le vice secrtaire du
Parti communist chinois se soient rendus
Praia tmoigne de l'importance que ce
pays -notamment -accordent au Cap Vert.
M.M.B.



mot cls
Josep Coll i Carbo ; L'accord de Cotonou ;
APE ; Cedeao.


De gauche droite : Stefano Manservisi, Directeur gnral pour le Dveloppementde la Commission europenne,
Jos Brito, Ministre capverdien des Affaires trangres et Josep Coll i Carbo, ambassadeur et Directeur de la Dlgation
europenne au Cap Vert, durant une reception organise Praia pour la Journe de l'Europe, mai 2009. aCE


COURRIER






Cap Vert I eportage


pour l'ffrique




continental"


MarieMartine Buckens


Rencontre avec Jos Brito, ministry des Affaires trangres,
de la Coopration et des communauts du Cap Vert


Le Cap Vert a dcid
de dployer les grands
moyens pour attirer les
investissements. Lesquels ?
En priority les infrastructures
- ports, aroports,
communications haut dbit
- qui transformeraient le
pays en vritable tte de pont
pour les investisseurs attirs
par un continent, l'Afrique,
toute proche, majoritairement
peuple de jeunes et
largement sous-quipe.
Des investisseurs qui
viendraient tant des
Amriques, le Brsil en tte,
que de l'Europe ou de l'Asie.


as tonnant que, dans ce cadre, la
politique trangre "reprsente un
instrument fundamental non seule-
ment du dveloppement, mais aussi
de mise en uvre de la stratgie de trans-
formation du pays", nous explique en guise
d'introduction Jos Brito. Le ministry des
Affaires trangres advance ses pions : "Notre
pays jouit d'un systme politique stable,
ancr, d'un systme judiciaire prvisible
bien que perfectible, d'une administration
publique qui, en raison d'une absence de
corruption, reprsente un atout, et non un
obstacle, aux investissements". Le gouver-
nement table en effet sur ses qualits de bon
gestionnaire, unanimement reconnues par la
communaut international, pour convain-
cre ses futurs partenaires. Car, pour le reste,
le pays n'est gure pourvu d'attraits. "Les
resources humaines sont nos seules ressour-
ces naturelles" reconnat Jos Brito.

Votre ambition est de faire du Cap Vert un centre
de service international ?

Qu'est-ce que le Cap Vert ? Un archipel
d'les qui totalisent 4.000 km2, un space


maritime de 550.000 km2, situ la croise
de divers continents. Nous voulons exploiter
cette situation gostratgique. Le Cap Vert a
t un des premiers pays se "globaliser" du
temps de la traite des esclaves ; l'poque,
les technologies obligeaient les bateaux
plus tard les avions faire escale au Cap
Vert. Cette situation passe, nous voudrions
la faire revivre en tenant compete du context
actuel. Prenez le transport maritime : les
ports, notamment sur le continent africain,
ont de plus en plus de difficults recevoir
de grands containers. Notre pays pour-
rait servir de hub de transbordement. Par
ailleurs, nous entendons accorder la prio-
rit au enforcement de la scurit, un atout
notamment dans nos relations commercials
avec les Etats-Unis qui exigent que les mar-
chandises passent par des ports srs.

Toute cette stratgie comporte galement le
secteur de la pche. Je veux faire du pays une
base rgionale de services de pche. Nous
n'avons pas de plateforme continental et les
espces de poissons sont essentiellement des
poissons migrateurs. La pr-capture n'est
donc pas une activity rentable. En revanche,


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







eportage Cap Vert


nous voulons nous concentrer sur les activits
en aval : conglation et marketing. Faire en
some ce qu'a fait l'Islande: acheter et reven-
dre, conditionns, les products de la pche.
Les Chinois notamment sont trs presents
dans ce secteur. Si nous pouvons vendre nos
services leurs flottes et s'ils peuvent ainsi
rentabiliser ma stratgie, pourquoi pas ?

Les nouvelles technologies de l'information
et de la communication (TIC) constituent
un autre aspect primordial de la stratgie. La
couverture en fibres optiques entire les les est
dj trs grande et d'ici fin 2010 de nouveaux
cbles devraient tre poss entire l'Afrique du
Sud, l'Europe et l'Amrique, nous permet-
tant d'avoir accs un large ventail de bases
de donnes. Je reviens d'un voyage en Inde
et leur ai propos un partenariat stratgique
dans les TIC. J'ai senti de l'intrt. Dans ce
cadre, nos resources humaines -nos seules
resources naturelles -sont essentielles pour
donner de la valeur ajoute aux products
capverdiens. Il est essential de renforcer
notre capacity dans ce secteur pour raliser
ce que nous voulons faire.

A savoir, devenir une tte de pont pour la sous-
rgion ?

Le Cap Vert compete peine un demi-mil-
lion de personnel. Cela n'attire pas grand
monde. Stratgiquement donc, le continent
africain nous intresse. Le march de l'Afri-
que de l'Ouest est ct de nous, le potential
est norme. C'est l que se trouve le gisement
de croissance pour le future. Notre intgra-


tion la sous-rgion vient de cette vision. Ce
qui n'est pas nouveau. Dj Amilcar Cabral
l'avait compris : reporter la victoire en
Guine Bissau signifiait automatiquement
l'indpendance du Cap Vert. Dans cet esprit,
la stability de la sous-rgion est d'une impor-
tance primordiale. Une region o svissent
les troubles n'intresse pas les investisseurs.
C'est l que la diplomatic capverdienne joue
un rle-cl. Rappelez-vous que la plupart
des accords concernant l'Afrique australe
que ce soit pour l'Angola ou la Namibie par
example -ont t ngocis ici. A l'poque de
l'apartheid, le Cap Vert a permis aux avions
de la South African Airlines d'atterrir, mal-
gr l'embargo. De mme pour les Cubains
en route pour l'Angola. Beaucoup de choses
ont t rgles en douceur dans les hotels de
Praia o tout le monde se retrouvait.

Cette experience nous la mettons present
au service de la lutte contre le traffic de
drogue. Le Cap Vert a t le premier pays
d'Afrique affronter les rseaux mafieux
avec un certain succs. Nous avons mis
cette experience la disposition des autres
pays d'Afrique de l'Ouest. En est sorti un
programme d'action, devenu une vritable
"bible" pour la lutte contre la drogue. Les
pays d'Afrique sont plus conscients du dan-
ger de ce traffic : aujourd'hui pays de transit,
ils risquent -en raison de la jeunesse de leur
population -de devenir consommateurs.
C'est de cette faon que nous entendons tre
"utiles" -y compris sur la question du traffic
human -qui intresse l'Union europenne
dans le Partenariat Spcial qui nous lie.


Par ailleurs, cette ouverture au continent
n'est possible que maintenant, au moment
o le Brsil s'est dot d'une vritable politi-
que africaine, ce qui lui permettra de diver-
sifier ses exportations.

Le Cap Vert n'a pas de resources naturelles,
mais pourrait en avoir... Vous avez commenc
votre carrire comme ingnieur ptrolier, qu'en
pensez-vous ? Des prospections ont-elles dbut
aux large de vos ctes ?

Sur ce point, je prfre m'en tenir une
certain forme de sagesse et me dire : "notre
ptrole, c'est nos resources humaines ; ce
sont elles qu'il faut raffiner!" En outre, si
vous tenez compete des questions environ-
nementales dans les pays dvelopps, il faut
s'attendre un recours de moins en moins
grand aux activits polluantes.

Enfin, quelles sont vos relations avec la Chine ?

La Chine est prsente ici comme ailleurs en
Afrique. Quoiqu'on dise, la Chine a offert
aux Africains une option alternative. Le
temps o seules les companies franai-
ses ou britanniques opraient est rvolu.
Aujourd'hui, l'Afrique commence avoir
des options ; elle de dfendre ses intrts.
M.M.B.





mots-cls
Jos Brito ; Cap Vert.


i .

I II
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mil


:, ::. ..


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1' --i.:
... ".. I ",-.,; .- .. -*^. "St, r.:.',. .i- ^-''S


I Le port de Mindelo (le de Sao Vicente). Marie-MartineBuckens


COURRIER







C.3P VeL eportage


suruiure la cruise



Rencontre avec la grande argentire du Cap Vert, Cristina Duarte


'oie dlans l'F i.cd l Atlanique. di'po-
ani1t i L- rcr pcu d'eau dit.ut u. l.u ap
\"Ver est part uliere:nin:it dipcnultiit
die l'uacricur. Ti'nit pour ce finian-
>clincltl les inl.c'ii'siLcni!s Jircti'
tirnimcn rs reprsiteii.t 1 I".. du Pl',
le- trianstrtt- ,e la Jiasp-'ra 12".., l'aidl
inu J.uc 'pTcipicnlnt l"'.. que pour -i-
appro' isinnic-citn[ms. lDispi-'ant JIc res-
surt..s _agrci.lcs et ialiculiquts linii-
[I.es, l'riliripel c-t iblip.c J'iiip-irtcr plus
Jes Jcu\ [icrs di se- biol'ins aliincn-
taire- I.L -ccttur d:es -cr incs 7'2.. -J
Ic'iillunloic esI t it'r[LnllI[ dJe pLindjii
du scc t.ur tuuri-lique, ,alnrs que les:
infra'iructure, d.pci-ldnt de cLi'niTs-
siinnarres publics largemcnt tributaires
dJ laid: e-xtiriure, en aitcndiian que les
prn .ltisai Ins ai.nit 'I Les p r Len leUrs
fruits Malgre trus .ces handiiiaps leh
paii a rcussi a i'nserver la t.intiii[iilt
dles grand bmlllcurs Ji: fln inJipe.n-
ables il ,a sur'ic aLtucllc, grace a une.
-e'ti'nl rignrureuc l se's finances ,

('.'i mini 1. (,.ip Iri a-l-ii ;'l i la i l'i.'
.In i nitdi& '

Ieta .'a p crt esI un p]i'cl I \'Tpa L. UI l- u ciIn.-
inie ou'.erte. Il nL po"uvi. l dtiiL que pair ide
lui crisc qui -'st traduitet pour noiu- par une
dilinution dJe rc,- [el ans ei- s.e c Leurs
Ic.e, hles ic',-isseni its diir ts .trangcrs, le
[Ltur-iini et lis e xpurt.tio'ns Je -cri ts Et
pourtan[ iinus mitn rusr i in [raitrrs.r titte
criset. C(:immnini En iadop[ani[ Jpuis 2di01
le principe d'unL, gestini x cX[rcmnic eLnt strict
des ni'tinnces publiques. l-n 2001 lit si[tuaio'n
ctiit quasi t.a[as[trphique. Nou- itns lmis
crn place les .i.ndi[ions prupin.se a la c.rois-
sanc., ~: qui nous i per'rnis Je Lnnirt:re
au c 'urs Je L .s trois i drnier:s ann cs unt:
rnisu.tnce: c.i'ni'inique soutenue.t:.


Qu 'a:.-;', lit ?


N,'us alin 'agi 'ur pluicur' front. Neu,
av.in- p.ritecg le budget, nitituninent ci ali-
n,iant le prix uiternes ulunt.tiires et t.nr-
bustibles sur l'iniitrnatiiial. Niou- a lon
eaBleinetnt pro[ui' lesI, ppulatioiis iulit:r,a-
blts n ri do-ubliun les pcnsiiin- si.i.ilcs. tri
jauilicnliant les sulairs et crin diiinuiuant la
.harse fi-cale sur les faInilles. Parallcleniciii,
Tlous d'.i, 'nmis pl e un prci gr'iTnulie Jd'in-
't.eissi.ic nti ublii. [r.- ainbithiciu. doublan
lit iiii t riL rois anis. In 2iuii, nous aiLons
di inui t dt iii: ani.rc sii l.icJtti les iiTnpo's
-ur I s soci[Les Pour t.nrealanLe.r cette


perte le revelnu tiscil nou' '.t'ns agi 'ur
plusiLur' front,, surtut UL n mI,bilisnlll
1Le rc's;urne. addJJitionnIClles nil ldllaanl
un appel ,'s partenuire.: internatii-
lnaux. Jr.nt l'Uull,n curtopecln.c qui onri
repiLnJdu p.'W iti'.enLenl 'US loren J'aidUc
budge .iire. Touies L ritnesures sunt
su'IuIcnuc- par une cs tiuol ri nurcu-
tic s fuuian.rcs publiques i: une poulitique
niio'netaire s[abil pIcritnetl.ant Jduisurc!r le
flu1 Jes enl''.s tie f'nds tdi la diaspura.
1 i1 UN pour iirc .cnIriliic..

S.'; iTi -ir ii l .:'.\'~ -:*2- .'iiS l' :' a i t oIi'urI
fi iili ?

L.e resultals tde notre poliique unti
pouri leur- fruit- n 2 ii* mus les puie-
niiEnis l'nt cte rcalis- l'I-ur 2'01). nous
Sal-rl.nl u l budget i]',rud,.nl t alunbitCux
a la [iis. Prudint air nou, cni'. iaan
une iug;inLetatili ion Je: JpLInss cou-
Sraiit.:' +,,2"'.. dini,' Ji ii ]uniiLs 'au-
telabl,'. Ambiltiux. car n1.1 inLIvsls-
s"UiIenlt publiL' Jdeiiriclll augll enUcr
dc 2i.,. 1".. par rapp'ru i'i 200. l.c Jdi-
.. ii public dev'rait av'oi'inr r le, 12",.
IDatii .rd. ,'I celc'c, uai'i il ''inscuri
dans un J .atire s'utenaible Jdans la IiLmuu-
re olu e. JueliclI prr.vicnt Jt pr'granice
dJ'inv tis- nic.'llle cI ni. pait J bulgct Je
Iulicti niiineicnt. P'ur le 1nantenii.., nous
etnidintins t[ircr opportunity Jes .nJitioiis
"Lnn si.nnclle.-" Jd'imprunt qui nl'u' n1t
etl o.ttriVces pour crin,.re' quelques innlc.ees
'"mal1gre le pa-sage diu C:ip Vert du a[ut[ Jet:
pavs pauvre a pa',s ri r-nu uiicrnilediair.e
NDl.R.. M.M.B.



Illots-cs
t. i I- aII ui. il pt..l) \ ci lii.ilet .
SI l'e


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







eportage Cap Vert


UnE RGEnCE POUR PROmOUUOIR LES InUESTISSEmEITS


Pour optimiser sa stratgie le gouverne-
ment a mis en place une Agence 'Cap
Vert Invest' chapeaute par le ministre
des Affaires economiquLes Sa mission at-
tirer les investisseLirs potentiels en antant
larchipel comme destination sre 'Nos
atouts", explique Mr Rocha responsible
de l'Agence 'de bonnes donnes macro-
conomiques et une monnaie, lescudo,
arnme l'euro" Notre objectif, poursuit-il,
est 'de dvelopper un grand centre indus-
triel, don't les principles pieces sont en


train de se mettre en place un grand port
de transbordement sur l'ile de So Vicen-
te, couple a un nouvel aeroport internatio-
nal, qui s'ajouterait a ceux des miles de Boa
Vista et de Sal Deux destinations quant
elles essentiellement touristiques un
autre secteur sur lequel le gouvernement
table 'Dans ce secteur, particulierement
dynamique, l'essentiellement des investis-
sements sont europens' Des Europens
qui se manifestent aussi dans Lin autre
secteur porteur, les TIC


URE RIDE ESSEnTIELLEMEnT BUDGTRIRE


1 NJo elle & oute 0 a L il[, Atril i t11irlr'.ee F',1 I LIEi -[ n, r F..nr., .e1, :


Pres de 90'; de l'aide au dveloppement
octroyee par l'UE (au travers du fonds euro-
peen de dveloppement FEDi au Cap Vert
consiste en appui budgtaire Ce taux re-
cord temoigne de la confiance faite par l'Eu-
rope dans la gestion economique et budge-
taire des autorits capverdiennes Juste
retour des choses 'C'est surtout grce a
I UE, et aussi aux Pays-Bas. que le gou-
vernement a pu ameliorer son systme de
governance, son budget explique Jose
Luis Monteiro, poursuivant 'Cette action a
ete fondamentale Si le Cap Vert est mieux
gere, cest grce a ce system tout a fait
informatis, transparent et qii est en outre
directement reli a la Cour des comptes.
Mme les Etats-Unis en voudraient '

L'essentiel de cette aide budgtaire vient
en appui a la stratgie de croissance et


de reduction de la pauvret du Cap Vert
iSCRP), et son programme de bonne
governance Principaiux objectif de la
SCRP assurer lacces des plus dmu-
nis aux services sociaux de base tels que
soins de sant, education eau et assai-
nissement, renforcer la formation profes-
sionnelle et laborer une strategic de pro-
tection social Au minimum 32,6 millions
deuros ont te reserves a la SCRP et
la governance dans le cadre du 10" FED
pour la period 2008-2013 don'tt l'envelop-
pe global s'lve a 51 millions deuros)

Les 11,5 millions d'euros alloues au parte-
nariat special devraient permettre au Cap
Vert de renforcer son apparel scuntaire
afin de faire face a la recrudescence des
trafics illicites idrogue. traite humaine, blan-
chiment, etc.i. et identifier des projects de


cooperation avec les autres miles de la Ma-
caronesie (Madre Aores et Canariesi

Un montant de 1,1 millions deuros doit
contribuer au financement des initiatives
de bonne goLivernance au sein des cinq
pays lusophones (PALOPI et Timor Leste.

Enfin, 2 millions d'euros viennent en appui
au secteur 'non tatique et 1,8 millions de-
vraient permettre de finance des etudes
et de I assistance technique non includes
dans les projects sans oublier 2 millions
d'euros de reservee'

UnE MOBILITY EnCRDRE
En juin 2008, 1 UE et le Cap Vert signaient
un 'partenariat pour la mobilit', premier
du genre (avec la Moldavie) signed par l'UE
avec un pays tiers Objectif renforcer la
migration legal et mieux grer l'migra-
tion clandestine de lAfrique vers l'Europe,
notamment via Frontex l'Agence de ges-
tion des frontieres extrieures de I'UE Pa-
ralllement un centre de visa Schengen
devrait s'ouvrir en fvrier a Praia Gre
par le Portugal il devrait dans un premier
temps representer des pays comme la
Belgique la Slovenie, le Luxembourg les
Pays-Bas (la France et I Espagne ayant
sign des accords bilateraux!. Ce centre
de facilitation des visas devrait permettre
notamment a des Capverdiens essentiel-
lement tels que sportifs ou artistes de
se rendre facilement en Europe pour de
courts sjours


CURRIER






Cap Vert Reportage


d'auoir atteint ses objectifs"


Rencontre avec le president du principal parti d'opposition,
le Mouvement pour la Dmocratie (MpD), Carlos Veiga.


"Le gouvernement s'est fix
des objectifs clairs, tant en
matire de lutte contre le
chmage et la pauvret, que
de croissance. Mais il est loin
de les atteindre". Les raisons,
selon le leader du plus grand
movement d'opposition du
Cap Vert, sont chercher
essentiellement dans la
mfiance affiche par le parti
au pouvoir, le PAICV, l'gard
du secteur priv.

ur les objectifs, Carlos Veiga n'a rien
redire. Lui-mme les prnait l'po-
que o il tait Premier ministry, entire
avril 1991 et juillet 2000. Mais tout est
dans la manire. Et celui qui s'est fait battre,
parfois de peu, aux lections prsidentielles


de 2001 et 2006, entend bien pouvoir appli-
quer ses recettes si la population -et selon
lui, elle est prte -lui accord ses suffrages
en 2011. Carlos Veiga en veut notamment
pour preuve la victoire remporte par son
parti lors des lections municipales de 2008,
permettant notamment au MpD de prendre
la tte de la capital Praia. Mais celui qui a
laiss de bonne grce le pouvoir au PAICV
en 2001- la "paix politique" est une ra-
lit au Cap Vert -reconnat que des choses
positives ont t accomplies "depuis l'ind-
pendance du pays". "C'est clair, poursuit-il,
mais on veut plus". Par example ? "Une
rpartition just des fonds entire le gouver-
nement central et local qui, l'heure actuel-
le, s'tablit 90% contre 10% ; or pour la
majority de ses problmes, la population se
rend la Mairie". "Nous voulons inverser
la politique gouvernementale actuelle axe
sur la consommation, l'aide publique ou
l'endettement, et les importations, et tabler
sur la production, les investissements et les
exportations. Il faut promouvoir une duc-


tion de quality, mme si beaucoup a t fait
pour garantir l'duction de base, et crer un
environnement propice aux investissements
privs". Avec une urgence : assurer la viabi-
lit de l'entreprise publique d'eau et d'lec-
tricit, Electra, notamment par la creation
d'un partenariat public-priv. M.M.B.


DES CELLULES SOLRIRES POUR DES CHRTERUX D'ERU


L'eau consomme par les capverdiens
proient en majeure parties de l'eau de
mer desalinisee, grevant d'autant le buid-
get d'Electra qui depend 100% des
importations de brut pour produire son
electricity Pourtant l'archipel dispose de
reserves d'eai mme si les nappes ph-
reatiqLies emprisonnes dans un rseau
complete d'anciennes coLules volcani-
ques, sont souvent petites et htrog-
nes Depuis un an, le Cap Vert a recours
aux panneaux solaires pour pomper l'eau
de ces nappes, les stocker dans des ch-
teaiux d'eau afin de la redistribuer aux vil-
lages Plusieurs projects ont ainsi te me-
nes, grce au soLtien de l'UE, a I interieur
de I fie de Santiago et de So Nicolao


La construction de barrages pour retenir
les eaiux de ruissellement reprsente une
autre option prometteuse Un barrage
a t ralis a Santiago avec laide des
Chinois d'autres sont programms avec
l'aide du Portugal

Alors que le Centre des energies renou-
velables de la CEDEAO vient d'tablir ses
quarters au Cap Vert, celles-ci commen-
cent tout doucement a faire leur entre
sur l'archipel Quatre parcs oliens ont
t construits ou sont programms iSan-
tiago, Sao Vicente Sal, Boa Vista) pour la
production d'environ 28 megawatts cor-
respondant 18'. de la production ner-
gtique total de l'archipel


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


RI-E I r 1 l r rj q, a ri LI iig 0 P.J., f


1 68118-l' IIE -J- 5brit1W L-1,e

























I Quartiers "informels", Praia. Marie-Martine Buckens


'Travailler ensemble.' En moins de vingt ans, Praia a vu

sa population plus que doubler et abrite aujourd'hui

un quart de la population de l'archipel, soit prs de
140.000 habitants. L'arrive incessante de ruraux, quittant une agriculture essentiellement de
survive, ne se fait pas sans difficults. Les quarters 'informels' qui bourgeonnent le long des lits de
rivires fossiles reprsentent un concentr des principaux dfis sociaux auxquels le gouvernement
capverdien tente de rpondre, avec l'appui de I'UE.


'est en fvrier 2007 que la munici-
palit a lanc, avec l'aide de long
italienne Africa'70, appuye par
le Fonds europen de dveloppe-
ment (FED), un project pilote dans les quar-
tiers informels de Praia. Le taux de chmage
y est lev, les constructions clandestines
ne disposent pas d'gouts, l'accs l'eau et
aux autres services sociaux est alatoire.
Le project s'articule autour de trois axes :
l'insertion social -avec l'appui des asso-
ciations de quarters, trs vivantes l'appui
la gestion urbaine et les infrastructures
domaine d'action d'Africa 70. "Aprs avoir


tabli un diagnostic des besoins sociaux et
techniques, nous avons concentr nos efforts
sur la construction de murs de soutnement,
explique Gian Paolo Lucchi, responsible
d'Africa'70. Ces murs permettent galement
d'organiser tous les autres ouvrages de voi-
rie, que ce soit la construction de routes d'ac-
cs ou l'acheminement de l'eau. En outre,
ils permettent d'endiguer les crues lors de la
saison des pluies."

Africa'70 est membre de la Plateforme des
ONG du Cap Vert. Forte de 220 membres,
cette Plateforme bnficie galement du sou-


QUHID LR DENGUE FRIT SOn IPPfRITIOII


La dengue a, pour la premiere fois
frapp le Cap Vert en novembre 2009,
infectant 12 000 personnel, don't six ont
succombe a ce virus transmis par les
moustiques, prolifrant aprs une saison
des pluies particulirement forte Les
measures prises par les autorits sanitai-
res ont permis d endiguer l'pidmie Et
louvertLire, voici un an, de cinq centres
de sant dans la capital finances par
'UE don't la sante est une priority dans
sa cooperation avec le pays a permits
de desengorger des hpitauix surchar-
ges 'En dehors de cette pidmie nous
explique Margarita Cardoso, directrice
gnrale au ministre de la Sant, ces
centres permettent surtout de renforcer


les soins de sante primaire c'est parti-
culirement important pour les migres
ruraux confrontes a la vie urbaine. Nous
nous attaquons ainsi directement aux
problmes des moins favoriss Environ
3 000 personnel passent chaque mois
par ces centres Des centres similaires
sont planifis dans d'autres miles une
measure qui, avec le enforcement dLi
systme educatif, vise fixer la popu-
lation sur les miles. Les principaux dfis
a surmonter ? "La recrudescence des
maladies transmissibles au moment o
nous commenons a juguler les mala-
dies non transmissibles Un manque de
resources humaines, surtout de spe-
cialistes


tien du FED. les ONG travaillent avec les quelque 700
associations communautaires de base, trs
actives, explique le secrtaire excutif de
la Plateforme, Mrio Moniz, qui pursuit :
"Travailler ensemble (djunta-m) est une
tradition trs ancre au Cap Vert." Le rle de
la Plateforme ? "Offrir des outils aux ONG
afin de leur permettre d'identifier et de
monter un project. Nous venons d'approuver
l'agenda 2010-2015 et avons adopt, pour la
premiere fois, un code thique." La priority?
"La sant et l'ducation en mettant l'accent
sur la formation professionnelle." En matire
de sant, la Plateforme est notamment le
principal rcipiendaire, avec le ministre de
la Sant, d'un project de 12 millions de dol-
lars du Fonds mondial de lutte contre le sida.
Un flau qui a jusqu'ici relativement pargn
l'archipel, o la prvalence du HIV tait esti-
me 0,8% en 2005. M.M.B.


Margarita Cardoso (deuxime partir de la gauche) en
compagnie d'une quipe d'un centre medical de Praia.
Marie-Marbne Buckens

mots-cls
Praia; quarters dfavoriss ; Africa'70;
Plateforme ONG ; centres de sant.


CURRIER
































La culture reprsente tout, nous dit le ministry de la Culture, Manuel Veiga. Nous n'avons pas
d'autres resources naturelles. Rencontre.

Qu'entendez-vous par 'culture' ?


La culture est essentielle, pas seulement
comme art, mais comme vie, comme faon
de voir les choses, la faon de se mettre en
relation -ce qui est essential chez nous.
C'est particulirement important car nous
venons d'un grand dialogue de culture.
Le fait que Cidade Velha ait t consacre
rcemment "patrimoine de l'humanit" par
l'Unesco est rvlateur. C'est la rencontre
durable entire des Africains, esclaves au
dpart, et des Europens, don't est n une
nouvelle anthropologie. Nous tenons tou-
jours notre crolit mais en restant ouvert.
Nous ne mprisons jamais les autres, s'ils
se conforment certaines valeurs- car nous
sommes en quelque sorte les "autres" aussi.
Inversement, les trangers nous aiment car
ils trouvent ici un fil conducteur qui les
ramne leur culture.

Sous titre Ce fil conducteur serait-il la musique ?

Si l'on veut, mme si la musique est post-
rieure notre langue. Le crole capverdien
est n du portugais et de ce que j'appellerais
une structure profonde des langues africai-
nes alors que les esclaves noirs avaient t
ethniquement disperss par les colons portu-
gais afin qu'ils ne puissent pas communiquer.
Mais tout tre human a un pouvoir intrieur
qui, dans une situation limited, lui permet de
devenir cratif, le besoin de communiquer
tant le plus fort. La langue, le crole, est
le trait fundamental de notre identity. Ceci
dit, la musique est notre carte de visit, et
Cesaria Evora notre ambassadrice.

mots-cls
Culture ; Manuel Veiga ; morna ; batuque;
coladeira; funana; Santo Antao ; Mindelo.


DE LA mORnO AU BlTUQUE


Il a fallu que "la chanteuse aux pieds
nus' dboule a Lisbonne et ensuite a
Paris pour que l'Occident dcouvre la
morna cette musique inspire des fados
portugais Mais Cesaria Evora n'est pas
la seule la chanter Tous les Capver-
diens vous parlerez, avec motion, de
lido Lobo, disparu en 2004 I ge de
51 ans celui qu'ils considerent comme
"le" plus grand chanteur des les La co-
ladeira quant a elle fait son apparition
a Mindelo la capitall' de la chanson
capverdienne dans les annes 1930


Version enjoie de la morna mtine
de polka, elle est souvent joue au car-
naval La fiinana est ne sur ile de
Santiago, et a des sonorites nettement
plus africaines C'etait une musique
d esclave et de revolte Probablement
la plus ancienne des musiquies de l'ar-
chipel, le batuque proviendrait de rituels
de musique et de danse africaine inter-
prt surtout par des femmes De nom-
breux jeunes chanteurs se sont laisses
prendre a son charme Mayra Andrade,
Lura, Tchak


STnTO fInTflO, L'LE mOGIQUE


Santo Anto la volcanique se dresse
majestueusement en face de Mindelo,
principal ville de Sao Vicente En arrn-
vant en bateau Porto Novo I ile nest
quie crtes abruptes et arides Du port,
on emprunte la nouvelle route, inaugu-
re en grande pompe le 9 mai 2009 en
presence mme de capverdiens de la
diaspora revenues pour l'occasion Finan-
ce parl'Union europenne, paule par
le Luxembourg, Italie et le Gouverne-
ment du Cap vert la route long la cte,
superbe et sausage, permettant surtout
de relier le nord et le sud de 'ile Dou-
ble advantage a term D'abord permet-


tre auix agricuilteurs car une fois quitt
la cte l'intrieir du pays vouis livre
des paysages luxuriants ou poussent
canne a sucre, banane et bien d'autres
products d exporter leLirs products vers
les autres miles EnsuiLte d'attirer les ama-
teurs de tourism vert Ils sont dj l
sillonner les routes intrieures, longer
les vieux cratres endormis du centre
de l'ile "Les gens ne viennent pas ici
uniquement pour le soleil' nous dit Ma-
nuel Veiga 'Ainsi, travers la culture la
rencontre avec les gens, nous pouvons
doser le tourisme pour en faire un outil
de dveloppement"


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010







couvrir l'Europe


ge l i. II .










la plus uieille cit habite d'Europe


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UL'il' l 'i. L iqu li '. ulii 'iid l.i i[ I u i'

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lLu', lliL. ['lu' -ri l' IlL. lu [' '' u -ud-
t-L dI. |,' iti l'M l qui u 'cuL i- L .i"uL.r J Ld..L.
1 ['lu- .im l l iL liib L 1 ul'-Iu'['L, .
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siIlit. !,. I l ll il iL l i'iu[.- [ .l 'l li. l l i L iL.-
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COURRIER



















ne



demand qu'a



tre dcouuerte


I Peinture murale, Plovdiv, illustrant la presence ottomane. D Percival


Quelle est la plus vieille
ville habite d'Europe ?
Athnes, Thbes (Grce),
Cadiz (Espagne) ou Larnaca
(Chypre) ? Rares sont ceux
qui citeraient la deuxime
ville de Bulgarie, Plovdiv.
Pourtant, cette ville situe
150 km au sud de la capital
Sofia figure galement dans le
Time Out Guide*, The World's
Greatest Cities. Une histoire
fascinante de 6.000 8.000
ans, aux multiples states,
qui fait de Plovdiv une ville
incontournable.

e l'poque thrace la renaissance
bulgare au XIXe sicle, Plovdiv,
une ville qui s'tend de part et
d'autre de la Maritza, a t rebap-
tise maintes fois. Des changements de nom
bien plus nombreux que ses collins. Car
mme si elle tait initialement connue sous
le nom de "Ville des sept collinss, elle n'en
possde plus qu'une aujourd'hui.


Les archologues y ont mis au jour des
poteries fines et autres objets de la vie quo-
tidienne remontant au Nolithique, ce qui
atteste de l'existence de cette ville ds le VIIe
millnaire avant notre re. Eumolpias c'est
ainsi que les Thraces l'avaient baptise tait
dj connue pour son vin, son miel et son
orfvrerie. En 342-341 av. J.-C., la ville est
conquise par Philippe II de Macdoine et
devient Philippopolis avant d'tre rebaptise


Vestiges d'un stade remain, Plovidv. D Percival
Pulpudeva. Aprs la conqute romaine au
1er sicle apr. J.-C., la ville prend le nom
de Thrimonzium (ce qui signifie qu'elle est
construite sur trois collinss. L'amphithtre
remain mis au jour donne aujourd'hui de
faon plutt incongrue sur une autoroute
trs frquente. Durant les trs chauds mois
d't (alors que l'hiver est parfois glacial), il
accueille des concerts, des opras et des pi-


ces classiques. Au centre de la ville, on peut
galement admirer une parties des vestiges
d'un stade remain.

Les Huns envahissent la ville en 447 apr. J.-C.
et auVIe sicle, les Slaves, qui se sont installs
dans la pninsule des Balkans, lui donnent
le nom de Pulden et plus tard, de Plundiv.
En 815, Khan Krum de Bulgarie s'empare
de sa forteresse et annexe la ville l'Empire
bulgare en 834. Elle en fera parties jusqu' la
reconqute byzantine. Durant les cinq sicles
qui suivirent, la ville fut tour tour bulgare
et byzantine. Plovdiv se situait galement sur
le chemin des croisades et fut ainsi dtruite
et pille par les croiss faisant route vers La
Mecque. En 1385, la ville tombe aux mains
des Ottomans et devient Phillibe. Elle restera
sous domination ottomane pendant les 500
annes qui suivirent. A l'poque, on recense
plus de 55 mosques dans la ville. La mos-
que Dzhumaya se dresse toujours au centre
de la ville. C'est l'un des plus anciens difices
de l'poque ottomane dans les Balkans.


Au XIXe sicle, Plovdiv sera le cour du
movement de renaissance bulgare aprs
l'oppression culturelle ottomane. Ainsi, en
1855, s'ouvre la premiere maison d'dition
bulgare, qui diffuse des ouvrages crits, des
journaux et des magazines dans tout le


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


P:, -J, couvrir L'Europe







couvrir L'Europe Plovdiv


pays. Le rvolutionnaire bulgare Vassil Levski
organisera mme un comit rvolutionnaire
dans la ville. Pendant cette priode, de riches
marchands commenceront construire des
maisons dans le style "renaissance bulgare",
qui se caractrisent par des plafonds en bois
sculpts. Ces maisons ont t restaures
depuis et font aujourd'hui parties de la vieille
ville de Plovdiv. Le muse ethnographique,
amnag dans la maison d'A. K..- .i:... I:. 1...:,
permet au visiteur de se faire une ide des
richesses de la ville cette poque.

La ville est libre du joug ottoman par les
Russes suite la bataille de Plovdiv en 1878.
La mme anne, le Trait de San Stefano
donne naissance la Principaut de Bulgarie,
qui absorbe tous les territoires population
majoritairement bulgare. Plovdiv devient le
centre de ce nouvel Etat et du nouveau
gouvernement temporaire russe. Ce trait
sera toutefois modifi par un second trait
sign Berlin, qui divise ce territoire entire
la Bulgarie, avec Sofia pour capital, et la
Roumlie orientale, don't Plovdiv devient la
capital. Semi-indpendante, cette region est
place sous le contrle militaire et politique
du sultan turc. La Macdoine est quant
elle restitue la Turquie. Ce redcoupage
territorial sera de court dure puisque l'uni-
fication de la Bulgarie est proclame le 6
septembre 1885. En 1892, Plovdiv accueille
l'Exposition bulgare, la toute premiere foire
international du pays qui attire des partici-
pants du monde entier. Cette tradition a t
perptue et la Foire international de Plovdiv
a pris ses quarters dans la ville. Elle accueille
chaque anne de nombreuses expositions et
des visiteurs du monde entier.


I Maisons de riches marchands, Plovdiv. D Percival


Motif d'une maison de marchand datant du XIXe sicle,
Plovdiv, Vieille Ville. D Percival


En 1943, pendant la Deuxime Guerre mon-
diale (1939-1945), le gouvernement bulgare
pronazi announce la deportation des 50.000
juifs de Bulgarie. Mais grce au courage d'un
certain nombre d'habitants et de personna-
lits, parmi lesquelles le Patriarche Krill de
l'Eglise orthodox, le gouvernement fait fina-
lement march arrire. La grande majority
des Juifs du pays migreront en Isral la fin
de la guerre**.

En 1944, la fin du rgime pronazi, la
Bulgarie passe sous domination communist
et entretient d'emble des liens trs troits
avec l'ex-Union sovitique. La statue d'un
soldat russe se dresse toujours sur une des
collins de la ville. L'histoire de la ville est
galement marque par l'organisation d'une
grande manifestation anticommuniste, un
des vnements qui allaient conduire la
chute du rgime communist, en novembre
1989. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle
la ville est parfois surnomme la capital
"bleue" (dmocratique) de Bulgarie.

Mais de nouvelles pages d'histoire continent
de s'crire en cette priode postcommuniste
marque par l'adhsion de la Bulgarie l'UE
en 2007**. D.P.

* Time Out Guide, The World's Greatest Cities.
ISBN 978184670141-2, septembre 2009, 350 pages,
Edition 1.
** Beyond Hitler's Grasp: The Heroic Rescue of Bulgarian
Jews, de Michael Bar-Zohar, 1998, ISBN: 158062541X.




mots-cls
Plovdiv ; Bulgarie ; Thraces ; Ottomans.


PARTRGER L'EMPERIEICE DE L'UDHESIOO f L'UE


L European Institute qui a son siege a
Sofia a ete cree en 19'1-9- a.ec le so.utien
financier de George Soros fondateur de
i 'pen Societ. Institute II sagit la dune
des prenireres c.rganisaticns non gL.u er-
neientales a a Oir fait carpagne pour
Integration eurcopeenne de la Bulgarie
De enu finan.-ieremrent independent I ins-
titiut tra. ile a un certain n nomibre de projects
isant a transiiettre l experience bulgare
du processus d adhesin a I UE dans
ces aspects positifs et negatifs a ses
...Oisnsdes Balkans C est que uLI e pliqLue
sa directrice Lubo Panayoto a ancienne
...ce-ministre bulgare des finances

Le site Internet de I Institut .:. Europe
bg est I un des sites traitant des affairs
europeennes les plus consultes de Bul-
garie Lidee de depart etait de recueillir
les informations les plus a..arees sur le


processes de negociation e'.piqiue Lu-
bi. Panaytoc. a Grace au soutien finan-
cier du Parlement europeen i PEi institiut
a egalement pu lancer un site Internet in-
teractif reliant les imemibr du PE bulga-
res et autresi 3 ec le public .. C euro-
parliiment europe bg

Linstittt offre egalenment un soutien tech-
nique au miinistere bulgare de la coopers-
tion regionale dans le cadre d un project de
cooperation transfrontaliere a ec la Mla-
cedoinme I objectif etant d offrir a ce Oisin
des Balkans une formation et une aide en
..u e de generer des projects et de solliciter
des sub mentions Plusieurs nou eau. pro-
jets sont en c.)ours notamment la carte des
emploi e'plique Borisla .Maa.ro... directeur
des programmes et des projects internatio-
naiu au sein de 1 institute Ce project a pour
objectif d ader les Roumains et les Bul-


gares a trou..er plus facilement un eiploi
che; leur ..i,,sn grce a un site Internet

Linstitut peut se pre.a.-lor dune e.pe-
rience de longue date dans le domaine
de la lutte centre les discriminatio.ns II
tr .aille actuellenment a Lin project isant a
coribattre le phenomnene de plus en plus
repandu de la silencee dans les ecoles
Luib. Psanayoto.s pointe du doigt le r.Ile
des telephones portables dans I invitation
a la .iclence un phennomene quelle at-
tribue aussi 5Li., recentes transformaii tins
au sein de la societe bulgare Tout est
en train de changer tiujiord hLui m s111 pas
seulement pour un mieu deplore-t-elle
P :..l.r c' ,,i :r ['ll ,E a, r e1.ri. z.:. ,r,,li i e

J, ,l i li,' l i ll .Il l .. l l I l


CURRIER







































La Valle des Roses prs de Plovdiv. 0 Reporters

Carrefour commercial entire l'Union europenne l'ouest et la Turquie et le Proche-Orient l'est, la pro-
vince de Plovdiv est depuis toujours un centre commercial dynamique. Elle est aussi renomme pour son
industries des mtaux non-ferreux et la production d'engrais, de products pharmaceutiques, de products
alimentaires, de vins et d'essence de rose. A l'instar du reste de la Bulgarie, la region est passe au course
de ces 20 dernires annes d'une conomie d'Etat une conomie de march et depuis 2007, anne de
son adhsion I'UE, ce sont les normes europennes de production et d'importation, plus strictes, qui
sont d'application. C'est ce qu'explique Angel Hronev, directeur du centre d'information de la Chambre
de commerce et d'industrie prive de Plovdiv dans un entretien avec Le Courrier.


es industries traditionnelles comme aide n'a toutefois pas empch l'exode rural et
l'industrie alimentaire, la viticulture et 1,5 million de Bulgares -sur une population
le tabac sont actuellement en phase total de 7,5 millions d'habitants vivent
d'adaptation au march europen. A la aujourd'hui Sofia, dans la capital. Autre
fin des annes 1980, poque o elle important consequence de l'adhsion l'UE, les jeunes
massivement du diesel russe bas prix, la quittent dsormais les exploitations agricoles
Bulgarie tait le premier producteur de lgu- du pays et parent pour d'autres rgions de
mes cultivs sous serre du continent europen. l'UE pour y travailler comme saisonniers, o
"Avant 1989, nous disposions d'un systme ils peroivent un salaire plus lev.
de coopratives d'Etat trs efficace, notam-
ment pour la production des lgumes et de >
crales", explique Angel Hronev. Durant la
phase de pradhsion l'UE, la Bulgarie a Au nord de Plovdiv, la "La valle des Roses"
bnfici d'un financement de l'UE au titre du et ses champs de rosiers produisent la rosa
SAPARD, le programme special d'adhsion damascana (rose de Damas), don't la cueillette
pour l'agriculture et le dveloppement rural. s'effectue traditionnellement au mois de juin.
Son objectif tait de permettre au pays d'adap- Pas moins de 3.000 5.000 kg de fleurs (plus
ter son agriculture aux nouvelles normes et d'un million de fleurs) sont ncessaires pour
rglementations europennes, de renforcer produire un seul litre d'essence de rose. "Grce
son efficacit et sa comptitivit et de favoriser aux conditions trs particulires de la region,
l'emploi dans ce secteur. "Malgr quelques nous produisons une essence de rose est d'une
imperfections, ce programme a permis d'intro- quality ingale dans le monde", explique M.
duire en Bulgarie de nouvelles cultures et de Hronev. Les products locaux base de rose
Angel Hronev Directeur du Centre d'information, de la nouvelles technologies, notamment au niveau sont trs varis, et incluent notamment des
Chambre du Commerce et de I'Industrie, Plovdiv. oD Percivai de l'irrigation", explique M. Hronev. Cette shampooings et de la confiture de roses !


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010






















I Culture de tabac. Reporters


Les vins de la valle de la Thrace, toujours
dans la province de Plovdiv, sont eux aussi de
plus en plus rputs, partout dans le monde.
A l'poque communist, une ou deux entre-
prises d'Etat dtenaient un monopole dans
ce domaine et produisaient des vins bon
march, notamment pour le march de l'ex-
Union sovitique, explique M. Hronev. A
la fin des annes 1980, la Bulgarie tait le
second exportateur de vins. Le pays se heurte
aujourd'hui la vive concurrence du Chili, de
l'Argentine et de l'Afrique du Sud, don't les
vins sont galement vendus dans les grandes
surfaces bulgares, notamment les blancs, car
les Bulgares continent prfrer les vins rou-
ges issues de leur propre production. "Le dfi
consiste amliorer la quality", explique M.
Hronev. Au course de ces dernires annes, la
Bulgarie a t confronte une surproduction
viticole. Il faut dire que produire son propre
vin est aujourd'hui la mode et que beaucoup
de Bulgares s'y essaient. "Avec pour cons-
quence la production de vins ne trouvant pas
de dbouchs", explique M. Hronev. Afin
d'amliorer la quality des vins destination
du march europen et d'autres marchs
mondiaux, notre pays a fait appel des
experts et aujourd'hui, la province de Plovdiv
produit quelques trs bons vins locaux, dans
une fourchette de prix comprise entire 6 et
8 euros la bouteille. Parmi ceux-ci, citons le
Via Diagonalis du domaine Castra Rubra, qui
a t labor avec l'aide d'un conseiller en
vinification franais, Michel Rolland. A 40 km


de Plovdiv, se trouve le domaine Bessa Valley
qui produit l'Enira grce au financement et
l'expertise technique de l'Allemagne. M.
Hronev est convaincu du rel potential de ces
provinces dans le domaine du tourism du
vin. N'oublions pas que Dionysos, le dieu du
vin, tait originaire de la valle de la Thrace.

Depuis l'adhsion de la Bulgarie l'UE en
2007, le profile de l'investisseur-type Plovdiv
s'est modifi. Si dans les annes 1990, la
region bnficiait surtout des investissements
de la Grce et de la Turquie voisines, les
Etats membres plus l'Ouest commencent
aujourd'hui s'intresser davantage ce pays,
comme l'a d'ailleurs remarqu M. Hronev.
Un intrt d'autant plus marqu que les frais
d'exploitation et de main-d'ouvre restent plus
faibles en Bulgarie. "L'Italie est l'un des rares
pays s'tre dot d'un programme national
spcifique pour le transfer d'entreprises d'une
region l'autre de l'UE", explique M.Hronev.
"Les Italiens se sentent bien ici, ils investis-
sent dans les cosmtiques et les parfums, les
aliments, le caf, la glace et les quipements",
ajoute-t-il. Au titre d'un programme similaire
mis en place par le gouvernement allemand,
un entrepreneur fabrique aujourd'hui des
pices pour l'industrie allemande.

Forte d'un trs riche pass (voir article sur
l'histoire de la ville), Plovdiv dispose d'un rel
potential touristique encore relativement peu
exploit. L'expansion de ce secteur dpen-


dra d'une srie de facteurs, parmi lesquels
l'amlioration des infrastructures, notamment
de meilleures liaisons routires dans le pays
et avec le reste de l'UE et une plus grande
frquence de vols low cost desservant Plovdiv.
Cette ville pourrait alors attirer elle aussi
les adeptes des mini-trips en Europe. Grce
l'amnagement d'une nouvelle jonction
routire avec la Grce, la cte grecque n'est
plus qu' trois heures de route de Plovdiv.
Par contre, aucune autoroute ne relie encore
Plovdiv et la cte bulgare plus l'est, prise
par les vacanciers d'autres rgions de l'UE.
Au sud de la province, les Rhodopes propose
des stations de ski et des stations thermales.

Le secteur du btiment, qui tait encore en
plein essor il y a deux ou trois ans et mettait
ainsi la region l'abri du chmage, a pay un
lourd tribute la crise financire. Pourtant,
avec un taux de chmage de 6,76%, la ville
affiche l'un des taux de chmage les plus
faibles du pays. "Plovdiv ne peut que se dve-
lopper. Si nous parvenons exploiter toutes
les opportunits de la region, la ville a un bel
avenir devant elle", assure M. Hronev. D.P.
www.pcci.bg


mots-cls
Plovdiv; Chambre de commerce et
d'industrie de Plovdiv ; Angel Hronev
Plovdiv International Fair ; VINARIA ;
Michel Rolland ; Coupe du monde de la
FIFA.


UIIORIR MET i L'HOIIEUR LES UIIS D'RFRIQUE DU SUD

Lflrique du Sud participers bient,.t en sa quslite de pays parte-
naire organisateur 3 v'l.'I RI le salon annual international du
in et des techniques iti mini.:.es Ce salon annuel se tiendra
du 1-4 au 17 mars 2010 dans les bstiments de I international
Fair de Plo.di Les .min sLid-fricans sont lde plus en plus po-
pulsires sur le imiarche bulgare Le .in se classe actuellemen- t au
troii eme rang des ed.portations de I 4frique du Sud qui est par
3illeur le neu iirme producteur mondial de in a e O 10 millions
d hectf.itres par an virljRi de rait proiriu air les relations
centre la Bulgarie et l friqque du Sud Selon les org3nisateurs les,
isiteurs de V'I rJRI auront I o,.c 3asion de degusiter le in sele :-
ionne par I Afrique du Sud pour la Coupe du nmonde de la FIFA
' ,"i, 1ar t,_ln e enl ; nr, ,, ,,, Le -a .ll ,-,u L ,' lh i-- i1 hp ,i-- :l,:, i, i)h," l i, i, li Ii ,',*:.'.'|ri.-I.- ,1,- n':,. i


CURRIER







i.:. J, couvrir L'Europe


discrimination a leurs gards ?


Les Roms reprsentent 4,70
de la population bulgare et
sont ainsi la deuxime minority
ethnique du pays. Selon les
chiffres officials, la region de
Stolipinovo. dans la province
de Plovdiv, compete l'une des
concentrations de Roins les plus
importantes. Les organizations
non gouvernementales (ONG)
affirment que ces populations
sont victims de discrimination
alors que pour d'autres
commentateurs, ce sentiment
d'antagonisme entire les Roms et
la population bulgare majoritaire
est davantage la consequence
d'un refus des Roms de vouloir
s'intgrer dans a socit moderne.


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[lU' 1U, u I i!',[i| l' l -e e',l.ellIuuI 1-i iU l' l 11 'l "
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H ul ll' I,,'l.le i ll i[ le J ile- !'l ,-e- el |,ll'l,.lI
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.,,l L, hul,_...i, ,.l,,l el le le ihl:in1-,ll l 1 Il'e
*u' l 1. ,1 '.ille quC l,,ir i lJuL.,il. di ] I u le.
R ,,l[, eL leur l l 'l,,li r **,h l",Illi--Ihl 1 Ji--
,,,ull-iirl I l Iliei- L- lJ "hlllie- [*, ill-
quL- [,Ul' 1 -e-. llI ,lJe l Jl, lle.Ir D.P.


L'ERRC, Un CEI1TRE EUROPEE
POUR LI PROMOTION DES
DROITS DES ROOMS
L ur:op-ean Ro:na Rght, -h n[r
iERRis 3 p:ur niiission de luiter
:on[r.e le r ,"'.:ii,- .e et i.:. -3i.:.n de;
drit i5 d I ho':iiirie, 3 1 eg3rd de5 R':nii,
t '. 3si ni e3ui l1-gi,3tif intrn3ti..-
n3l La3 cur ecir:peenne de-, dr.:.ii
de I hon- 'iiini dI 'tr35ibou:rg 3 re.: iii-
'i'tn[ rendi tIn dec:ii,:n n -n ei uir
d, R':iii' d3an, unie affaire p.:.r[ee
de 3ant[ 5 uridic:i.:.n p3r I ERRCL aS
n:-,'iI d l3 F'.:nd3i,.:.n r.:.i B h[it -t d
pr,:'cureur bulqr.e- I.-'eander Vs---
hurn.:. La 'o:ur eiir:.peenne3 a n-,
n e. idn. Liun iri.iI.rei[ inhLil'rain
-It d-r3d3nL de ir.i,5 r-55,:,.ri,553n
bcii3r-, d O:,ricgin- r':'i p-nd3nt[ leur
-grde 3 ui- LERRL- 3 p3r ill.euir,
rec:u re.enririent le p.ri*. OLIL'-iP
il1 er R':-,' rec:-iiniSpn5ni3n[ 5:-,n 3.-
i.:.n en fa(3 er d-5 Ro'iirni, -I n p3r-
Itc.ili-r d s ':.ir ;en ;ibil I- le publi.
c-,:nd3iltne de5 i.:.'Ii:.n;,5 e3b:.re


dro:.,ii de I ho',tili-
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~-- O'Mwrir L'Europe X'4MI RTOIR PABJ CIT


*'""E IL'.


A la mi-janvier 2010, lorsque
nous nous sommes rendus
au Ministre des Affaires
trangres, Sofia, le
gouvernement bulgare tait sur
le point de donner son feu vert
la toute premiere stratgie de
dveloppement bilatrale. Au
moment de la mise sous press
du Courrier, une "ordonnance"
ce sujet attendait en effet
encore l'approbation du Conseil
des ministres. Une fois ce
document adopt, le Ministre
bulgare des Finances devrait
approuver l'affectation de
fonds en faveur de projects de
dveloppement dans six pays
limitrophes, choisis pour tre les
premiers bnficiaires de cette
nouvelle politique bulgare.


U iJI4 rIiri5i ii


la Bulgarie dans


les starting-blocks


1Ill 1~ ,i i: -*LI, lu,* p.il q 'ui -rIi
r, i.-iiii 1 I u1 17 1 1 1 r ih, j

I....~~iu.~ui -I' d\' .~ k I

i1 llu .l ru I<"-1 -l 2 r I
t,,, ~ ~ d llu ll;; lu .*'' ~ i. !''

Ofi'


lb -1i lii.lu c, t 1 il, 'l du 1.p i.i w pur


~.iiiii*ic 2 qui .c c lcl i ci Ii i. u l c LI.h..ii..i
. il .. Il I!'u :b. [ 1'.i[i qu '.. dc : ic ',lhl - JIq1.. -11





I ci \i. l''bl.c ,. ~Ii~.\r ic c t I. icrl c

ui i'i, clt u, ti r dq' *uik r [bll I llh ulu
1 N .-iii 1 ', I K. .. 1~ u'',.


. ull,,,.. 'rc ii, lu,. p.ii, i uiu.c I 1' u ii, li.. un


COURRIER







Bulgarie COuvrir L'Europe


considr comme un "chouchou de l'aide",
mais aussi parce qu' ce stade initial, la
Bulgarie entend viter d'parpiller son aide
financire. Elle est en effet convaincue que
cette aide peut tre plus utile dans les pays
avec lesquels elle partage des caractristiques
culturelles et une mme experience, comme
la dnationalisation de l'conomie.




Faute de personnel suffisant, les missions
du dpartement bulgare pour la politique
de dveloppement sont clairement dfinies.
Depuis l'adhsion de la Bulgarie l'UE, il
est charge de la preparation des runions
ministrielles de l'UE avec les pays ACP, des
runions des Ministres du Dveloppement
de l'UE ainsi que des runions du Conseil
"Affaires gnrales" -et participe ces ren-
contres. Ses comptences s'tendent gale-
ment aux runions des groups de travail sur
ces questions, aux runions dans le cadre de
la politique europenne de voisinage** et
celles sur l'instrument de stability***.

A l'heure actuelle, l'aide au dveloppement
ne reprsente que 0,06% du RNB de la
Bulgarie. Boyan Belev a indiqu que son
pays ne serait pas en measure d'atteindre
l'objectif de 0,17% du RNB d'ici 2010.
Ce RNB devrait toutefois augmenter cette
anne puisque la Bulgarie contribuera pour
la premiere fois au 10e Fonds europen de


dveloppement 2008-2013 (qui bnficie
d'une dotation total de 22,682 milliards)
en faveur des pays ACP. Selon les estima-
tions, la contribution total de la Bulgarie
ce 10me FED devrait s'lever 31,75 mil-
lions, tals sur les trois prochaines annes.

Mme si la politique d'aide bilatral au dve-
loppement doit passer la vitesse suprieu-
re, la Bulgarie finance dj d'une certain
manire les activits gnrales de dveloppe-
ment de l'UE, par le biais de la contribution
bulgare au budget total de l'UE, qui repr-
sente 4,5% de ce budget.

Boyan Belev estime que se lancer dans
l'aide bilatrale au dveloppement est pour
son pays un exercisee d'apprentissage".
L'"ordonnance", qui est encore sur la table
des ministres bulgares, a t prpare sur la
base d'un project de document stratgique sur
la politique de dveloppement, public dans
l'anne qui a vu l'adhsion de la Bulgarie
l'UE. Ce document souligne que la politi-
que de dveloppement national doit viser
raliser les Objectifs du Millnaire pour le
dveloppement (OMD) dans les pays pauvres
et que la cooperation international au dve-
loppement doit s'aligner sur les engagements
politiques pris dans le cadre des NU et de
l'UE. Il raffirme par ailleurs le soutien de la
Bulgarie l'radication de la pauvret et au
dveloppement durable et au enforcement
des conomies des pays en dveloppement.


Selon Boyan Belev, la Bulgarie possde dj
une certain experience de la politique de
dveloppement. Au milieu des annes 80,
la Bulgarie tait un important bailleur de
fonds en faveur de plus de 40 pays d'Asie,
d'Afrique et d'Amrique latine, continents
qui accueillaient des entreprises bulgares
tatises.

L'Afrique subsaharienne et d'autres pays
pourraient un jour venir complter la liste
des bnficiaires, d'autant que l'UE s'est
engage orienter en faveur de ce continent
50% de l'aide renforce au dveloppement, a
indiqu Boyan Belev. D.P.
* A la demand de la Grce, l'Union europenne a
reconnu la Rpublique de Macdoine sous le nom d'
"Ancienne Rpublique yougoslave de Macdoine".
** La politique de voisinage couvre la cooperation
avec les pays suivants : l'Algrie, l'Armnie, l'Azer-
badjan, le Belarus, l'Egypte, la Gorgie, Isral,
Jordanie, le Liban, la Moldavie, le Maroc, le Territoire
palestinien occup, la Syrie, la Tunisie et l'Ukraine.
Pour en savoir plus : http://ec.europa.eu/world/enp/
index fr.htm
*** L'instrument europen de stability a t adopt en
2007. Il soutient et finance la prevention des conflicts,
la gestion des crises et la consolidation de la paix.
Pour en savoir plus : http://ec.europa.eu/europeaid/
what/index en.htm
Pour en savoir plus sur la BPID: www.bpid.org




mots-cls
Boyan Belev ; Bulgarie; TRIALOG;
CONCORD ; Fonds de la prsidence.


UInE PLTEFORME D'OnG En EXPH1ISIOO


Dinitar Sotiro est le directeur de la Pla -
teflorme bulgare pour le de el.ppement
international ie.PDi mise en place au
debut 2009 et qIL regroupe des Corgani-
sations non goiu ernementales de de..e-
loppeiment II y Ira, aille a ni-tenps et se
montre partictiliereiment actif

La BPID etait au depart finance par I an-
cien Fonds de la presidency europeenne
et par TRiL'_3 la plateforme des i lG-3
des noLI.eauL Etats membres Le sou-
tien financier don't elle benefic e actuelle-
ment est assure jusquen a rii 2010 par
CO)lCORD la Confederatcn eiuropeen-
ne des C[JG d urgence et dde delcoppe-
ment a laquelle la Bulgarie souhaite saf-
filier Dimitar S.tiro. estime lui aussi que
la politique de de eloppement bulgare ne
doit pas oir trop grand au debut mais
l ajoute que la mise en place d une stra-
tgie et d une unite specialisee dans la
politique du de eloppement a.ec. da .n-
tage de personnel est essentielle


La BPID compte actueLllement 20 imem-
bres et ne .esse de se de.elopper Ses
membres incluent notamment C PE
Bulgarie Cailtas Bulgarie la CroL-Pou-
ge bulgare et la Fondation iulgaie pour
la recherche sur le genre Dimitar Soti-
ri. est con aincu que la Bulgarie peut
transferer ses nombreuses connaissan-
ces au< nations en de eloppement no-
tamment sur le processes d integration
dans les economies eturopeennes La
platef.rme si nteresse a des questions
ciomme l education au de eloppement la
sante le genre I en.ironnement et le de-
.eloppement durable En octobre 2009
la BPID a organize une table ronde sur
la Participation de la society ci le bul-
gare a la cooperation europeenne au
de elo:ppement Un e.enement qui a
reuni dauLtres pays come le Japon et
le Ro.aume-Uni in tes a echanger a ec
les participants bulgares leurs pratiques
dans le domain de la politique de de.e-
loppement bilaterale


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010


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L~IILI

c~- r











Sandra Federici


Un lieu de rencontre



pour la culture africaine

Creative Africa Network (CAN) propose une plateforme virtuelle d'changes pour les acteurs de la
culture d'Afrique et du monde entier. Sa raison d'tre : assurer une visibility aux artistes de talent
dans le domaine de l'architecture, de la danse, du design, de la mode, du cinma, des beaux-arts,
de la littrature, de la musique, des nouveaux mdias, des arts du spectacle et de la photographic.


C AN* est une initiative de puma. crea-
tive, un concept port par la clbre
marque de sport & lifestyle. Base
sur la technologies 2.0, il s'agit d'une
des plateformes virtuelles de la culture afri-
caine les plus vivantes, les plus visites et les
plus modernes. Ce project se propose de relier
l'univers africain de la culture un rseau
interdisciplinaire qui s'tend toute l'Afri-
que et mme au-del. En s'appuyant sur les
principles et les technologies de l'actuelle
socit de l'information, il entend galement
proposer ses utilisateurs des informations
et des contenus partags et products par les
utilisateurs eux-mmes. Ce rseau social en
ligne est dot d'une structure intelligence et
intuitive qui permet aux utilisateurs de crer
leur profile personnel, et de l'enrichir avec des
photos, des textes et de liens. Le site Internet
s'autoproduit et se dveloppe ainsi jour aprs
jour. Les utilisateurs intresss peuvent y
apprendre qui est en ligne, qui ne l'est pas et
qui est fan de qui. L'utilisateur a en effet la
possibility de "devenir fan"de projects, d'ins-
titutions, d'artistes ou d'expositions don't il a
consult le profile. La section "calendrier" est
l'une des plus utiles. On y trouve l'actualit


des vnements, des festivals artistiques et
cinmatographiques et des prix, ainsi que
des critiques, des appeals artistes et d'autres
opportunits, ainsi que des informations
professionnelles et des informations actua-
lises sur les liaisons culturelles. Autant
d'informations prcieuses pour les artistes
tablis comme pour ceux qui tentent de se
faire un nom.

La section "bibliothque" fournit des infor-
mations sur 300 brochures et ouvrages
majeurs, ainsi que le profile d'environ 200
"bibliothcaires", lesquels ajoutent leur nom
la page ddie aux ouvrages en leur pos-
session. L'objectif du site Internet est de
crer une vritable "librairie partage et non
centralise", alimente par les "prts et les
emprunts (de livres) de ses membres". Mais
on ne se sait pas encore trs bien si cette
bibliothque march bien.


l'aide de Mark Coetzee, curateur de puma.
creative, elle encourage les initiatives collat-
rales. Le "Prix de la mobilit puma.creative"
est un project majeur don't la promotion est
assure par Creative Africa Network. Son
objectif est de faciliter la participation des
artistes confirms et en devenir, des profes-
sionnels de l'art et des organizations artisti-
ques aux vnements d'envergure national
et international.

Parmi les nombreux laurats de l'dition
2008 et 2009 des prix de la mobilit figurent
des artistes de renom comme Barthelemy
Toguo et Goddy Leye du Cameroun, le
curateur nigrian Bisi Silva et les deux
plus grands artistes afro-amricains, Kara
Walker et David Hammons.
* CAN est partenaire du Creative Caribbean
Network.
http://www.creativeafricanetwork.com/


Christine Eyene (ancienne directrice de la
publication du journal franais Africultures) mots-ClS
est la rdactrice de CAN. Elle met jour le Culture africaine; plateformes virtuelles;
site en actualisant les informations sur les art contemporain; Christine Eyene ;Mark
principaux nements cultures, et, avec oetzee.
principaux vnements culturels, et, avec


CURRIER





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La 8me dition
des Rencontres
de Bamako la
Biennale africaine
de la photographic,
qui s'est tenue du
7 novembre au 7
dcembre 2009,
Bamako, a t
organise par le
ministre malien
de la culture, en
cooperation avec
Culturesfrance
(Paris) et avec le
soutien de nom-
breuses socits
locales et interna-
tionales.


N. 15 N.S. JANVIER FEVRIER 2010












































Mots-cls
Photographie africaine ; frontires
culture exposition prix.



























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La parole aux lecteurs


Les pays ACP peuvent aussi mettre la
science au service de leur dveloppement
conomique.
On ne peut continue d'affirmer que les
pays en dveloppement n'ont pas accs la
science. L'investissement, le financement et
la science sont des droits des pays ACP.

Juan Antonio Falcn Blasco


Vous avez crit: "Cet os [le bton d'Ishango]
deviendra la coqueluche des archologues".
Or, c'est l'inverse qui s'est produit : ce bton
a t conserv pendant une cinquantaine
d'anne au 19e tage du muse archologi-
que sans que personnel n'y prte attention.
Jusqu' ce que des mathmaticiens s'y int-
ressent. Il a alors t expos.
En outre, sur son lit de mort en 1998, le
dcouvreur de ce bton a rvl qu'il dte-


nait un autre bton d'Ishango. Ce n'est
qu'en 2007 que ce second exemplaire a t
rendu public. A l'heure actuelle, peu de per-
sonnes connaissent son existence. Et ce n'est
srement pas la "coqueluche".

Dirk Huylebrouck


Chre Madame/cher Monsieur,

Ma remarque concern mon pays d'ori-
gine, l'Erythre. J'ai galement la citoyen-
net britannique et je travaille Londres.
Je suis vivement oppos l'ingrence de
quiconque et pour quelque raison que ce soit
dans les affaires intrieures de mon pays.
Comme l'affirme just titre l'ambassadeur
d'Erythre auprs de l'UE, ce pays est en
effet le plus stable et le plus pacifique de tout
le continent africain.


Y aurait-il des problmes d'ordre religieux,
racial ou des droits de l'homme en Erythre.
Absolument pas. Les droits de l'homme sont
largement bafous par des superpuissances
comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni,
en Irak, en Afghanistan et dans bien d'autres
pays encore. Je vous demand donc de ne
pas critiquer l'Erythre, qui ne le mrite pas
et qui s'emploie au contraire reconstruire
son pays depuis ses cendres.

Merci,
Kelati Measho (Erythre)






Vos points de vue et vos reactions
nous intressent.
N'hsitez pas nous en faire part.


Ades : LeCure 45,Ru de Trve 1040 Bruxlle (Bliqe
courie : sno@ c-ecuirnf site inere : w .ape uc*urir.-


Calendrier

MARS-MAI 2010


> 26- 5me Rencontre de femmes
28/3 espagnoles et africaines
pour un monde meilleur
Evnement socioculturel organis
Valence, Espagne
www.eu2010.es/en

> 27/3 18me session de l'Assemble
1/4 parlementaire paritaire ACP-UE
Centre de congrs Magma, Costa
Adeje, Tnriffe, Espagne





> 23/4- Edition II "Africa lives"
Juin Festival clbrant le 50e
anniversaire de l'indpendance
de pays africains. Crmonie


d'ouverture Barcelone, Espagne.
www.eu2010.es/en

) 21- Partenariat nergtique
23/4 Afrique-UE : runion
ministrielle haut niveau
Vienne, Autriche

> 27/4 14e Troika ministrielle
Afrique-UE
Luxembourg, Luxembourg

> 28/4 Atelier sur l'emploi, la protec-
tion social et le travail dcent
en Afrique
Organis conjointement par la
Commission europenne et la
Commission de l'Union africaine
en cooperation avec les Etats mem-
bres intresss de l'UE et de l'UA,
Nairobi, Kenya.


> 19- Atelier regional "Une meilleure
23/4 formation pour la scurit
alimentaire"
Kampala, Ouganda






> 19- IST-Africa Confrence
21/5 et exposition 2010
Cinquime conference annuelle
sur les TIC organise dans le
cadre d'une srie de conferences
runissant de hauts reprsentants
d'organismes commerciaux, gou-
vernementaux et de recherche de
premier plan d'Afrique et d'Europe,
Durban, Afrique du Sud.
http://www.ist-africa.org/
Conference2010/default. asp


CURRIER







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Les listes de pays publies par Le Courrier ne prjugent pas le statut de ces pays, territoires et dpartements, ni I'volution de ce statut. Le Courrier utilise des cartes de diverse origins. Cette
reproduction n'implique la reconnaissance d'aucune frontire particulire ni ne prjuge le statut d'aucun Etat ou territoire.


CARAIBES
Antigua et Barbuda Bahamas Barbade Belize Cuba Dominique Grenade Guyane Hati
Jamaque Rpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint
Vincent et les Grenadines Suriname Trinit et Tobago


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-- - - - - ----%------















PACIFIQUE
Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats Fdraux de Micronsie Nauru Niue Palau
Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu


AFRIQUE
Afrique du Sud Angola Bnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert
Comores Congo Cte d'Ivoire Djibouti Erythre Ethiopie Gabon Gambie Ghan Guine
Guine Bissau Guine Equatoriale Kenya Lesotho Libria Madagascar Malawi Mali
Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigeria Ouganda Rpublique
Centrafricaine Rpublique Dmocratique du Congo Rwanda Sao Tom et Principe
Sngal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo
Zambie Zimbabwe


UNION EUROPENNE
Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande
France Grce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas
Pologne Portugal Rpublique Tchque Royaume-Uni Roumanie Slovaquie Slovnie
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N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010REPORTAGECap Vert Au carrefour de trois mondes DOSSIERG20 et pays en dveloppementDCOUVRIR L’EUROPEPlovdiv. L’UE rencontre l’Est Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne

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Conseil Editorial Co-prsidents Sir John Kaputin, Secrtaire gnral Secrtariat du Groupe des Etats ACP www.acp.int M. Stefano Manservisi, Directeur-Gnral DG Dveloppement ec.europa.eu/development/ Rdaction Directeur et Rdacteur en chef Hegel Goutier Jounalistes Marie-Martine Buckens (Assistante Rdacteur en chef) Debra Percival Assistant Editorial et Production Okechukwu Romano Umelo Ont particip ce numro Elisabetta Degli Esposti Merli, Sandra Federici, Tim Graewert, Philippe Lamotte, Joshua Massarenti, Anne-Marie Mouradian, Andrea Marchesini Reggiani, Detlef Sonnenberg Gestionnaire de projet Gerda Van Biervliet Coordination artistique, conception graphique Gregorie Desmons Relations publiques Andrea Marchesini Reggiani Distribution Viva Xpress Logistics www.vxlnet.be Agence Photo Reporters www.reporters.be Couverture Dpart de Mindelo. Marie-Martine Buckens Elaboration graphique de Gregorie Desmons Quatrime de couverture Jeu de cartes au march de Mindelo. Marie-Martine Buckens Contact Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles Belgique (EU) info@acp-eucourier.info www.acp-eucourier.info Tel : +32 2 234 5061 Fax : +32 2 2801406 Publi tous les deux mois en franais, anglais, espagnol et portugaisPour toute information concernant l’abonnement, veuillez consulter notre site web www.acp-eucourier.info ou contacter info@acp-eucourier.info Editeur responsable Hegel Goutier Consortium Gopa-Cartermill Grand Angle Lai-momo Le Secrtariat ACP et l’Union europenne, membres du Conseil Editorial de la revue, dclinent toute responsabilit quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier. Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles crits par les rdacteurs extrieurs l’quipe de rdaction et par tout rdacteur invit. www.acp-eucourier.infoVisitez notre site internet ! Vous y trouverez les articles, le magazine en pdf et d’autres infos Notre partenaire privilgi____________________ L’Espace Senghor est un centre qui assure la promotion d’artistes venus des pays d’Afrique, culturel entre communauts, au travers de programmes varis allant des arts scniques, de la musique, du cinma, la tenue de confrences. S’y rencontrent belges, immigrs d’origine diverses, fonctionnaires europens.Espace Senghor Centre culturel d’Etterbeek Bruxelles, Belgique espace.senghor@chello.be www.senghor.be

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N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010PROFILMohamed Ibn Chambas, nouveau Secrtaire gnral du Groupe ACP 2 Andris Piebalgs, nouveau commissaire au Dveloppement de l’UE 3EDITORIAL 5SANS DTOURMichle Duvivier Pierre-Louis, ex-Premire ministre: Une architecte de la difficile renaissance d'Hati 6TOUR D'HORIZON 8DOSSIERD’un G20 l’autre : du G20 des pauvres celui des riches 13 Quel organisme de gouvernance mondiale PVDcompatible ? 14 G20 : 5 sur 10 pour la rforme financire. 3 sur 10 pour le soutien aux nations dfavorises 15 La Socit financire internationale tend ses activits 18 Je plaide pour un G180 : Entretien avec Charles Goerens, eurodput 20INTERACTIONSRformer la fiscalit des pays en dveloppement 21 Les ngociations commerciales doivent reflter le nouveau consensus global au sujet de la faim 23 Rvision des accords de pche de l’UE en 2012 ? 24 Du bois ghanen “vert” pour l’Europe 25 Les pays et territoires d’Outre-mer en cure d’mancipation 26 L’UE subventionne 13 pays ACP pour amortir l’impact de la crise conomique 27 Partenariat ACP-UE : les nouveaux venus 28 Politique culturelle : les oprateurs se lancent dans des activits de mise en rseau 29 Assurer la place du troisime homme, le pouvoir local 30LA SOCIT CIVILE EN ACTIONGreenpeace dbarque en Afrique 31 La socit civile ACP se met en rseau 32COMMERCELa crise mondiale entaille le joyau de l’Afrique 33 Une “affaire conclue” qui ne plat gure aux Carabes orientales 35ZOOML’Ange-gardien de la dmocratie prend son envol 36DE LA TERRELe grand soir du climat attendra 38REPORT Le Cap Vert, “passeur” entre trois mondes 40 Une singularit revendique : Une nation ne de la premire mondialisation 41 Un exemple avant la lettre 43 Devenir une tte de pont pour l’Afrique continentale 45 La bonne gouvernance nous a permis de survivre la crise 47 Le gouvernement est loin d’avoir atteint ses objectifs 49 “Djunta-M!” 50 ‘Saudade’ et beauts naturelles 51DCOUVRIR L’EUROPEDe nouveaux projets pour la plus vieille cit habite d’Europe 52 La plus vieille ville habite d’Europe ne demande qu’ tre dcouverte 53 De Dionysos la rose de Damas. Les richesses de Plovdiv 55 Intgrer les Roms et mettre fin aux discriminations leurs gards ? 57 Dveloppement : la Bulgarie sur les strating-blocks 58CRATIVITUn lieu de rencontre pour la culture africaine 60 8me dition des Rencontres de Bamako : une vitrine de la photographie contemporaine 61AUX PLUS JEUNES 63LA PAROLE AUX LECTEURS/CALENDRIER 64SommaireLE COURRIER, N.15 NOUVELLE SERIE (N.S) Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne

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2 Un homme de poigne et de dialogueLe nouveau Secrtaire gnral du Groupe ACP Mohamed Ibn Chambas a t nomm Secrtaire gnral du Groupe ACP, il entrera en fonction le 1er mars prochain. Originaire du Ghana et Prsident de la Commission de la CEDEAO (Communaut conomique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) depuis 2007, il occupait le poste de Secrtaire excutif de cet organe rgional depuis 2002. Au sein de la CEDEAO, il a fait preuve d’une grande fermet contre les carts l’orthodoxie dmocratique survenus dans la rgion, par exemple rcemment en Guine et au Niger. Le nouveau Secrtaire gnral devrait continuer faire preuve d’une grande fermet vis--vis de ce type d’carts dans tous les pays ACP. M. Chambas est notamment d’avis qu’une politique de “tolrance zro” doit tre maintenue en ce qui concerne le coup d’tat men par la junte militaire guinenne qui a pris le pouvoir en 2008 aprs le dcs du Prsident Lansana Cont. “Nous tenons prciser qu’aussi longtemps que l’arme supervisera la transition, il sera difficile la CEDEAO de travailler avec le gouvernement”, a-t-il dclar. M. Chambas a manifest la mme fermet l’encontre du gouvernement de facto du Niger qui a maintenu son propre agenda pour les lections en 2009, et lui a fait comprendre sans ambages que l’organisation ne reconnatrait pas les rsultats de ces lections. Mais dans les deux cas, M. Chambas a aussi dploy beau coup d’ingniosit chercher une porte de sortie honorable pour les coupables. Des actions qui dmontrent l’attitude d’un homme de trempe mais aussi d’un homme de dialogue, des qualits qui s’avreront fort utiles au groupe ACP, dont la cohsion dpend en grande partie de la poigne de son Secrtaire gnral, en parti culier en cette priode cruciale pour le groupe. En effet une attitude ferme est ncessaire pour faire face aux dfis poss l’unit du groupe ACP par les ngociations en cours sur les diffrents “paquets” sur le commerce rgional entre l’UE et les rgions Afrique, Carabes et Pacifique (ACP). L’Accord de Cotonou (2000-2020) qui rgit les relations entre l’UE et les Etats ACP reste intact. Une rvision de cet accord mi-par cours est en cours et s’achvera d’ici la fin fvrier 2010. M. Chambas possde de nom breuses comptences, acquises dans le cadre de fonctions et de postes exercs en tant qu’avocat, diplomate, homme politique et professeur d’universit. Il est titulaire de diplmes universi taires en sciences politiques de l’Universit du Ghana, Legon et de Cornell University, Ithaca, New York (Matrise 1977 et PhD 1980). Il est galement titulaire d’un diplme uni versitaire en droit de la Case Western Reserve University, Cleveland, Ohio. Dans le cadre de son exprience professionnelle aux Etats-Unis, il a eu enseigner et exercer en tant qu’avocat au Cabinet d’assistance juridique “the Legal Aid Society of Cleveland” avant de revenir au Ghana o il a t administrateur d’tablis sements scolaires. En 1987, il a t nomm Vice-ministre des Affaires trangres du Ghana. De 1993 1996, il a t dput de Bimbilla (Ghana) pour le parti du congrs dmocrati que national, et entre 1993 et 1994, il a prsid la commis sion des Affaires trangres du Parlement. Dans les annes 90, il a particip aux ngociations entre les protagonistes de la guerre civile librienne et plus tard de la guerre civile ivoirien ne. Il a perdu son sige au par lement ghanen en 1996, mais a refait son entre au sein du gou vernement comme Vice-ministre de l’Education en 1997, un poste qu’il a occup jusqu’en 2000. Aprs avoir regagn son sige parlementaire en 2000, il a uvr au sein du parlement pour faciliter la transition vers un gouvernement constitution nel au Nigeria, en Sierra Leone et en Gambie. En 2002, il a accd au poste de Secrtaire excutif de la Commission de la CEDEAO avant sa restruc turation et la cration du nou veau poste de Prsident de la CEDEAO en 2007. Debra Percival et Hegel Goutier P rofil Mohamed Ibn Chambas. Secrtariat ACP

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N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 3 Andris Piebalgs, nouveau commissaire au Dveloppement de l’UE P rofil La politique de dveloppement ne sera pas instrumentalise par la politique trangre ! Il peut sembler curieux d’avoir choisi un commissaire au Dveloppement origi naire d’un Etat qui a rcem ment adhr l’UE” relevait, avec humour et modestie, le Letton Andris Piebalgs lors de son audition au Parlement europen. Mais l’ex-commissai re europen l’Energie pass au Dveloppement, s’expri mant tour tour en anglais, franais et allemand, a dmontr une parfaite matrise de ses nouveaux dossiers et sa motivation pour les dfendre contre vents et mares. > Les Etats membres doivent respecter leurs promessesLa premire priorit d’Andris Piebalgs sera de relever le dfi des objectifs du Millnaire pour le Dveloppement et d’radication de la pauvret, menacs par l’impact des crises conomique et financire. “En dcembre dernier, au Sommet de Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE ont confirm leur engagement de consacrer partir de 2015, 0,7% du PIB l’aide publique au dveloppement. Il faudra le leur rappeler. Je n’hsiterai pas pointer du doigt les Etats qui ne respecteront pas leurs pro messes” affirme le commissaire, qui suivra en cela l’exemple de Louis Michel. Quant l’aide spcifique aux pays en dvelop pement exposs aux ravages du rchauffement climatique, elle devra tre finance sparment, par de l’argent additionnel. Andris Piebalgs souscrit l’ide d’une taxe Tobin. Il se prononce tout aussi clairement en faveur d’une budgtisation du FED qu’ “il aurait fallu raliser dj il y a quelques annes !” > Mieux ngocier les APEAndris Piebalgs poursuivra les efforts pour renforcer l’efficacit de l’aide, en tirant avantage des nouvelles opportunits offertes par le Trait de Lisbonne. Et comme “c’est insens de donner de l’argent d’une main pour le reprendre de l’autre”, il veillera ce que les autres politiques de l’UE, notamment la pche, l’agriculture ou le commerce, ne compromettent pas les objectifs d’radication de la pauvret dans le monde. Au besoin, il attirera l’attention du Conseil des Affaires trangres – o le commissaire au Dveloppement reprsente dsormais la Commission – sur d’ventuelles contradictions. Dans la contro verse concernant les Accords de partenariat conomique avec les ACP, Andris Piebalgs reconnat que “les dbuts des ngociations ont t durs” mais en attribue la cause “nos nombreuses erreurs de communication dont nous payons le prix”. Il faut, insiste-il, “mieux expliquer nos partenaires africains en quoi les APE sont une chance pour leur dveloppement”. Le fait que l’actuel commissaire au commerce, Karel De Gucht, ait t prcdemment en charge du dveloppement devrait faciliter ce dialogue.> Privilgier le dialogue politiqueLe commissaire se montre diplomate sans pratiquer la langue de bois. Comment compte-t-il ragir dans les cas o l’aide est dtourne par des rgimes qui violent les droits de l’Homme ? Imposer de nouvel les conditionnalits nos par tenaires serait contreproductif, estime Andris Piebalgs qui veut recourir au dialogue politique et, lorsque la dmocratie est en danger, mettre en uvre les dispositions de l’Accord de Cotonou permettant de sus pendre la coopration. Tout en esprant ne jamais se retrouver dans la situation de Karel De Gucht, interdit d’entre en Rpublique dmocratique du Congo en dcembre aprs avoir exprim ses doutes sur la bonne utilisation de l’aide, il affirme qu’il n’hsitera pas, lui aussi, “tenir le langage de la vrit”. Reste un sujet, potentiellement glissant, o le commissaire n’est pas encore en mesure d’apporter de prcisions. Celui de la rpartition exacte des rles dans la nouvelle architec ture de la politique trangre europenne, y compris au sein des dlgations de l’UE. Mais, assure-t-il : “Tout sera dcid en concertation troite avec la Haute Reprsentante Catherine Ashton.” Et promet aux dputs soucieux de voir le commissaire au Dveloppement imposer son autorit : “Vous ne devez pas avoir peur. La politique de dveloppement ne sera pas ins trumentalise par la politique trangre !”Anne-Marie Mouradian Debra Percival et Hegel GoutierAndris Piebalgs. CE “

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Hati, Cit Soleil, 1994, aprs un ouragan. Hegel Goutier

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N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 5 Le Courrier a d modifier le sommaire de ce numro pour inclure un article sur l'enfer descendu sur Hati le 12 janvier dernier. Durant les semaines qui ont suivi le sisme, jamais autant d'information n'avait circul sur ce pays, son peuple, son histoire et sa culture. Sont passes en revue les uvres et les citations de tous ceux qui avaient voulu attirer un regard plus juste sur la rpublique caribenne, en gnral sans succs. D'Andr Malraux ou Andr Breton ou Jean-Paul Sartre Sergue Mikhalovitch Eisenstein, ralisateur de "Le cuirassier Potemkine" dont le scnario "Jean-Jacques Dessalines" sur l'auteur de l'indpendance hatienne, qu'il n'a jamais pu raliser et qui le hantait, est rest la base de ses cours sur le cinma l'universit. De Santana Anas Nin, d'Aim Csaire ou Lopold Cedar Senghor Bill Clinton. Tous ceux qui un titre ou un autre, ont considr comme exceptionnel l'apport d'Hati au monde. On a dcouvert les agressions qu'elle a subies, premire terre du nouveau continent faire l'exprience de la premire globalisation ds 1492, deux ans avant le Cap-Vert, l'objet du grand reportage de ce numro, avec ces affres, un esclavage sous sa forme la plus bestiale qui a dmarr avec l'arrive de Christophe Colomb, les menaces perptuelles de diffrentes puissances tout au long du 19me sicle, l'occupation amricaine au dbut du 20me sicle. Et aussi ses luttes pour la libert incluant son soutien aux Etats-Unis pour l'indpendance de ce pays en 1776, avant mme la sienne, et l'aide massive en hommes, en argent et en munitions Bolivar pour la libration de l'Amrique du Sud. On avait d'abord ressorti, aprs le sisme, les clichs d'Hati, terre maudite qui a toujours connu le chaos, mettant dans le mme sac tous ses gouvernements, oubliant ses lections et gouvernements dmocratiques ds le 19me sicle, de Nissage Saget 18701874 Tiresias Simon Sam de 1896 1902, alternant parfois, il est vrai, avec des rgimes plus durs. Sans parler de la priode de lumire de Dumarsais Estim, 1946-1950. Et puis des intellectuels et de plus en plus de journalistes ont commenc raconter vraiment cette terre, son peuple, sa richesse, son apport modeste peut-tre mais non ngligeable l'humanisme, sa pliade de grands crivains, artistes, son patrimoine artistique. Et aussi mettre en exergue le dbut de renaissance qui l'claire depuis quelques annes, des 13 prix littraires internationaux de ses crivains en la seule anne 2009, etc. Et les progrs en termes de gouvernance politique enregistrs ces dernires annes et qui ont plutt bien convaincu la communaut internationale. Michle Pierre-Louis encore premier-ministre avant le sisme quand elle a donn au Courrier l'interview publie dans son numro, en atteste. Mais c'est la catastrophe qui a t l'occasion pour un large public de le dcouvrir. N'tait-ce cette meilleure gouvernance, la solidarit de la communaut mondiale n'aurait peut-tre pas t aussi intense. Les bailleurs de fonds runis Montral le 25 janvier n'auraient pas aussi unanimement dcid que le gouvernement hatien tait l'instance la plus mme de grer les fonds pour la reconstruction du pays, prtant ainsi le pas l'Union europenne qui lui avait dj accord son soutien sous forme d'aide budgtaire, une sorte de satisfecit. Le gouvernement hatien se dit prt entamer la reconstruction sur des bases plus fiables. Ainsi, de l'insistance du prsident hatien auprs des donateurs, notamment du PAM, pour que l'aide alimentaire d'urgence ne dstabilise la production locale et l'utilise plutt dans ses stocks. Pas loin de la problmatique aborde dans nos articles sur le consensus global contre la faim ou sur les accords de pche ou mme sur le changement climatique. Si le choix d'Hati en ce moment semble endoss par les donateurs, c'est que la gouvernance mondiale a enregistr des progrs notoires ces derniers temps, en dpit des apprhensions importantes qui demeurent et se justifient. Notre dossier sur le G 20 et les pays en dveloppement le souligne. Est-ce pour tout cela qu' quelque chose, malheur est bon ? Tout dpend de ce quelque chose. Il en faut beaucoup. Et beaucoup de temps pour rpondre la question. Hegel Goutier Rdacteur en chef A quelque chose, malheur puisse-t-il tre bon ? Editorial

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Michle Pierre-Louis t Premire ministre, de septembre 2008 la fin d'octobre 2009. Elle a appli qu la politique de rforme mise en place par le prsident Ren Prval avec un succs notoire. Incluant une nouvelle image de marque de son pays comme destination touristique. Le voyage inaugural du nou veau plus grand paquebot du monde "Oasis of the Seas" – 6500 passagers – de la Royal Caribbean en dcembre dernier s'tait fait entre Miami et Labadie en Hati. Michle Duvivier Pierre Louis qui a pass une bonne partie de sa carrire dans la soci t civile est affecte nanmoins par les effets collatraux des rformes sur la situation des plus vulnrables. Le pire est-il pass pour Hati qui continue souffrir d'un manque d'image ? Le pays est encore dans une extrme fra gilit quelque soient les progrs qui ont t raliss. Dans la situation actuelle avec ces alas, je prfre me colleter aux problmes au jour le jour. En termes d'image parmi les lments intressant de ces derniers temps, je retiendrais le forum des investisseurs amricains avec 250 participants, organis en Hati par l'ex-prsident Clinton en tant qu'envoy spcial de l'ONU pour Hati. Qu'est-ce que vous retiendriez comme ralisa tions importantes de votre gouvernement et plus largement des trois annes de la prsidence de Ren Prval ? D'abord la scurit et la stabilit. Quand le prsident Prval est arriv en 2006, le pays tait encore en proie la violence des gangs avec leur "opration Bagdad", qui plongeait le pays dans l'horreur les kidnappings, les tueries, les viols, et incendies volontaires . Le prsident a utilis une stratgie qui a Une architecte de la difficile renaissance d'Hati Aux dernires journes europennes de Dveloppement Stockholm en octobre 2009, elle tait l'une des personnalits politiques de haut rang mais surtout un symbole du retour de la crdibi lit dmocratique d'Hati. C'tait avant le tremblement de terre qui a dtruit Hati et mis en pril le dbut d'une renaissance qui s'esquissait depuis deux trois ans. Michle Pierre-Louis tait, entre autres, invite remettre l'une des distinctions du prestigieux Prix Natali de la Presse de la Commission europenne. Signe des temps pour un pays qui, il n'y a pas longtemps tait encore en proie des drives quant aux droits de l'homme.* S ans dtour Michle Duvivier Pierre-Louisex-Premire ministre 6 Hegel GoutierMichle Duvivier Pierre-Louis. CE

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7 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010donn des rsultats positifs, savoir faire appel toute l'opposition pour former une sorte de gouvernement d'union nationale. Cela a permis avec l'aide de la Minustah** de rnover la police qui est passe de moins de 5000 plus de 10000 membres, et lutter contre la corruption de policiers impliqus dans les gangs et le trafic de la drogue. On a travaill les gangs au corps. A Port-auPrince maintenant, la vie nocturne a repris. Avant, huit heures du soir, c'tait la paix des cimetires. La situation de pauvret extrme ne reprsentetelle pas en soi un danger pour la scurit ? Tout--fait. Hati reoit surtout de l'aide humanitaire. On ne dveloppe pas un pays avec l'aide humanitaire. C'est pour cela qu' la confrence des bailleurs de fonds en avril dernier Washington, j'ai propos un changement de paradigme de la coopration. C'est l'investissement priv, public, tranger et hatien qui permettra d'enclencher le processus de dveloppement. On nous taxe de crer des emplois bassement rmun rs. Nous payons aujourd'hui encore le fait d'avoir investi si peu dans l'ducation. Il n'y a pas chez nous assez de capacits techniques pour construire les infrastructures routires ou protger nos cocotiers ou nos bananiers contre les infections. Ce sont des vrits qui ne sont pas toujours trs bonnes dire mais je prfre dire les choses mme si cela me fait mal de le dire. Nous avions pris des dispositions – qui taient lies des conditionnalits de finan cement externes – mais qui taient indispen sables. Au dpart d'Aristide, le ratio entre la pression fiscale et le PIB tait de 6,5 %, on est arriv 10,9 %. Dans la rgion c'est peu prs 15 % sinon 18 %. Nous avons russi ces deux dernires annes avoir notre budget de fonctionnement aliment partir du trsor public donc partir des rentres de taxes et d'impts. Cela ne s'tait pas fait depuis trs longtemps. Michle Duvivier Pierre-Louis et Hillary Rodham Clinton, Secrtaire d’Etat amricaine s’adressent aux journalistes au Dpartement d’Etat amricain. Reporters/AP Sans dtour Malheureusement 65 70 % des dpenses publiques du budget sont encore couvertes par l'aide internationale. Notre travail permet de renforcer la confian ce des citoyens. On en est l. Mais un tour nant trs fragile. On peut aussi bien faire le pas vers l'avant que vers l'arrire. Qu'il y ait une impatience de la part de la population ou de la part des lus, je peux parfaitement le comprendre. Je suis arriv au pouvoir au moment o quatre cyclones successifs ont tout dtruit. La communaut internationale a estim les pertes 1 milliard de dollars, 14% du PIB. Le PNUD a lanc un appel d'urgence pour avoir 107 millions de dollars. A la confrence des bailleurs en avril, nous avions eu des promesses de l'ordre de 400 millions de dollars. On n'a pas reu 100 millions depuis, a fait huit neuf mois. Le gouvernement hatien n'avait-il pas t plus catholique que le pape dans la ralisation des rformes quand on voit les latitudes que les pays riches ont prises par rapport au libralisme pour faire face la crise conomique ? Les pays qui ont pu prendre ces latitudes ont la capacit de le faire. Nous, quelles mesures peut-on prendre? On a subi le libralisme, c'tait trs dur. Quand sur demande du Fonds montaire et la Banque mondiale on a dr gul toutes les importations dans le pays, on a tu en grande partie la production nationale. Le riz de Miami se vendait dix fois moins cher que la production locale. C'tait le prix payer. La dette d'Hati a t efface hauteur de 1,2 milliard de dollars par le Club de Paris. En 2006, le pays tait encore en proie la violence des gangs avec leur "opration Bagdad", qui plongeait le pays dans l'horreur. On en est l. Mais un tournant trs fragile. On peut aussi bien faire le pas vers l'avant que vers l'arrire. Mots-clsMichle Duvivier Pierre-Louis ; Hati ; Journes europennes de Dveloppement ; Ren Prval ; Oasis of the Seas ; Labadie ; Royal Caribbean Cruise Line ; Citadelle Laferrire ; Hegel Goutier. Nous savons que seuls les investissements per mettront un vrai dveloppement. L'industrie textile est en bonne voie. Nous travaillons aussi pour la promotion du tourisme sur tout local et de la diaspora. En dehors des niches comme Labadie ou s'accostent les gants paquebots de la Royal Caribbean Cruise Line dbarquant chaque semaine des milliers de touristes. Nous crons des infras tructures pour les attirer vers la Citadelle Laferrire, patrimoine mondial de l'Unesco, et fiert des Hatiens. Les Tawanais vien nent de leur ct d'investir dans le Sud. Mais il sera difficile de concurrencer Cuba ou la Rpublique Dominicaine pour le tourisme de masse. Par ailleurs, je ne sais mme pas si c'est souhaitable.* Voir aussi l’article ‘L’Afrique se mobilise pour Hati’, p. 8. ** Mission des nations Unies pour la Stabilisation en Hati.

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T our d'horizon L’Afrique du Sud, tte de file du conti nent, a ragi trs vite non seulement en annonant une aide montaire mais en dpchant sur place des sau veteurs et des professionnels de la sant pour intervenir durant la phase d’urgence. Suivis aprs par des experts particuliers parmi lesquels des pathologistes spcialiss dans l’identification des corps, et ce avant l’envoi des quipes d’aide humanitaire pro prement dite. Le 14 janvier au matin, un peu plus de 24 heures aprs le tremblement de terre, une quipe de 40 sauveteurs de diff rentes disciplines de “Rescue South Africa” prenait le dpart de la Waterlook Airforce Base o le Prsident Jacob Zuma tait venu personnellement les saluer. Il leur a exprim sa gratitude pour ce qu’ils ce qu’ils sont en train de faire au nom du pays. Il a en outre demand chaque Sud-Africain d’apporter du secours sous une forme ou une autre au peuple hatien. La compagnie de tlphone Vodacom South Africa a financ le dplace ment de cette quipe hauteur de 1,5 mil lions de rands (202.000 dollars amricains). Une autre quipe de dix spcialistes en traumatologie et en chirurgie diverse, celle de “Gift of the Givers” tait aussi partie vers Hati ce 14 janvier emportant du mat riel divers, tentes, tablettes de purification d’eau, supplments nergtiques, mdica ments et autres d’une valeur de 5 millions de rands (655.500 dollars amricains). De son ct, la Croix rouge sud-africaine a lanc un appel pour recueillir 30 millions de rands (4 millions de dollars amricains). L’exemple de l’Afrique du Sud a t vite et largement suivie. Le Gabon a octroy une aide substantielle Hati. Le 15 janvier, le communiqu du Conseil des ministres l’annonant a prcis qu’il s’agissait d’un “secours d’urgence de 1 million de dollars amricains ce peuple frre sorti, il y a peu seulement, la fois d’une longue et meurtrire guerre civile et d’une inondation lourdement endeuillante.” > Le Parlement sngalais vote le droit d’tablissement des Hatiens au SngalLe Prsident du Sngal Abdoulaye Wade a dcid d’octroyer 500.000 dollars amri cains Hati mais il a surtout annonc que les Hatiens taient les bienvenus dans son pays. “L’Afrique devrait offrir aux Hatiens le droit de revenir chez eux. C’est un princi pe de droit. On ne doit pas marchander.” Ce L’Afrique se mobilise pour Hati8 L’Afrique s’est mobilise pour Hati aprs le sisme qui a ravag ce pays le 12 janvier dernier et caus plus de 200.000 morts et des millions de blesss et de sans-abris, et ce, un niveau sans prcdent pour une cause humanitaire loin de ses territoires. Mme les pays en situation cono mique trs difficile ont particip cet lan de gnrosit. AIDE D’ U RG E NC E D E L ’UNION EU RO P E NN EHegel GoutierA gauche et droite : Hegel Goutier, Au milieu : Reporters/APAprs le tremblement de terre, l’UE a dbloqu une aide d’urgence de 3 M provenant de ECHO, le service humani taire de la Commission europenne, qui a t suivi le 18 janvier d'un engagement de 429 M pour une aide court et long terme. Le 25 janvier, la prsidence espagnole de l'UE a annonc l'envoi en Hati d'une force de gendarmerie de 300 personnes, oprant sous comman dement europen, pour le maintien de l'ordre aprs le sisme. Paralllement, les Ministres des Affaires trangres ont mis en place une cellule de coor dination, EUCO-Hati, pour l'change d'information sur les aides civiles et mili taires consenties par les diffrents Etats de l'Union.

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9 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 T our d'horizon “rapatriement” des Hatiens serait en outre probablement pris en charge, espre M. Wade, par la communaut internationale. Soumis la critique d’un parti d’opposition taxant d’absurde sa proposition, Wade a pris l’exemple du Libria peupl de Noirs amricains. Il est adoub par le Parlement sngalais qui a vot l’unanimit le 22 janvier le “droit au retour” des Hatiens. Et qui a en outre prlev 100.000 dollars de ses ressources propres en faveur d’Hati et a exhort tous les Sngalais offrir l’’quivalent d’une journe de travail Hati. Il a galement soutenu le projet d’un grand tlthon natio nal au profit de ce pays. Le Nigeria a mis la disposition de la mis sion des Nations Unies en Hati un contin gent de 121 militaires pour intervenir dans les oprations de sauvetage des victimes. Le Vice-prsident Goodluck Jonathan a affirm l’engagement de son pays : “Ds que la communaut internationale se mobi lise pour Hati, elle peut compter sur le Nigeria.” Il a aussi dbloqu un premier montant de 67.000 dollars amricains pour la rpublique caribenne. Le Bnin, pays d’une famille royale duquel, le forgeron de l’indpendance hatienne, Toussaint Louverture tait issu, a lanc un tlthon au profit d’Hati. Son gouver nement a aussi dcid de fournir une aide aux 50 tudiants hatiens frquentant son universit et d’accrotre le nombre de ses policiers servant dans la Minustah. Aussi, il enverra des militaires la mission des Nations Unies. Le Congo RDC a contribu hauteur de 2,5 millions de dollars au fonds spcial cr par les Nations Unies. Cette contribution est relativement leve vu les difficults que traverse ce pays. Ce que n’a pas manqu de souligner le parti d’opposition “Union du Congo” qui ne fait toutefois pas l’unanimit. Nombre de Congolais approuvent le geste de leur prsident, l’instar de Mgr Ilunga Mutuka dans un communiqu au nom de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) : “La RD Congo garde encore frache dans sa mmoire l’intervention de beaucoup d’Ha tiens et Hatiennes qui avaient contribu la formation de la jeunesse congolaise aprs son indpendance en 1960.” La Guine Equatorial a dbloqu 2 millions de dollars pour Hati confis au fonds des Nations Unies. Le Congo (Brazzaville) a annonc pour sa part une aide de 1 million de dollars, le mme montant que celui offert par le Gabon et par le la Namibie. Maurice a offert 500.000 dollars en plus de la mobi lisation de Caritas Maurice qui a lanc une opration de leve de fonds. Les contri butions du Botswana s’lvent 150.000 dollars. Celles du Rwanda et de la Namibie atteignent chacune 100.000 dollars et celles du Libria 50.000 dollars. A cet lan de gnrosit ont dj parti cip d’autres pays comme la Zambie ou la Gambie. Et la liste continue s’allonger. Le Groupe Afrique Carabe Pacifi que a dcid de consacrer Hati 60 millions d’euros du fonds pour les catastrophes naturelles mis sa disposition par l’Union europenne. Il envisage galement de demander l’UE de mobiliser pour Hati une partie encore plus importante des montants non utiliss de l’aide euro penne qui leur est destine.SO L ID A RIT D U G RO UPE A C PEn haut gauche : Reporters/Laif, En haut droite : Hegel Goutier, En bas gauche et droite : Reporters/AP

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“L’Afrique de l’ O uest fera l’objet d’une attention particulire, c’est une rgion prioritaire pour l’Espagne”Quelles sont les priorits de la prsidence espa gnole s’agissant des pays ACP ? La deuxime rvision de l’Accord de Cotonou est la grande priorit de la prsidence espa gnole l’gard des pays ACP. Les ngocia tions des accords de partenariat conomique (APE) se poursuivront. L’Afrique occiden tale fera l’objet d’une attention particulire. C’est une rgion prioritaire pour l’Espagne, qui y ciblera des mesures de dveloppe ment. Sous notre prsidence, deux grandes runions auront lieu avec les pays ACP : l’Assemble parlementaire paritaire ACPUE ( Tnriffe) et le Conseil ACP-UE ( Ouagadougou, au Burkina Faso). quel point est-il important de mettre Doha sur les rails ? La politique commerciale de l’UE se carac trise par son soutien au principe du librechange, dans le cadre de rgles internationales dfendues par tout le monde. La rfrence pour l’laboration des politiques commercia les est l’Organisation mondiale du Commerce et, en particulier, le cycle de ngociations internationales de Doha. La prsidence espa gnole attache une trs grande importance au dblocage de ce processus de ngociation et met tout en uvre pour faire aboutir les ngo ciations et obtenir un accord durant le premier semestre de l’anne. Cet objectif est partag par l’UE. La politique commerciale commune privilgie une approche multilatrale, ce qui n’exclut pas d’autres formes de ngociation, par exemple sur des zones de libre-change, la fois l’chelle bilatrale et rgionale. Aimeriez-vous voir Cuba devenir membre de l’Accord de Cotonou ? C’est une possibilit qui a dj t envisage par le pass, mais la dcision de dposer une candidature l’adhsion est du ressort des autorits cubaines. En tout tat de cause, notre objectif est de renforcer les relations entre l’UE et Cuba. L’Union europenne s’apprte s’attaquer la rforme de la politique commune de la pche. Quels changements la prsidence espagnole esp re-t-elle, en particulier en ce qui concerne la pche illicite dans les eaux des pays ACP ? Le rglement (CE) n 1005/2008 du Conseil du 29 septembre 2008 tablissant un sys tme communautaire destin prvenir, dcourager et radiquer la pche illicite, non dclare et non rglemente est entr en vigueur le 1er janvier 2010 : il s’applique non seulement aux eaux communautaires, mais aussi aux eaux relevant de la juridiction ou de la souverainet de pays tiers. C’est le moyen d’action le plus important dont dis pose la politique commune de la pche pour combattre et radiquer la pche illicite. La prsidence espagnole est consciente de l’im portance de la viabilit conomique, sociale et environnementale des activits de pche et insiste sur le fait qu’elle veillera une exploitation des ressources halieutiques en fonction de critres bass sur la durabilit la fois au niveau communautaire et au niveau international. Envisagez-vous de lancer des initiatives en faveur de l’galit entre les femmes et les hom mes dans le cadre de la politique europenne de dveloppement ? Outre sa volont de promouvoir l’adoption d’une position commune dans la perspective de la session spciale qui doit se tenir New York en septembre prochain en vue de la rvision des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD), la prsidence espa gnole s’emploiera amliorer la politique europenne concernant certains OMD, par exemple l’Objectif 3 : “Promouvoir l’galit des sexes et l’autonomisation des femmes”. Nous soutiendrons l’approbation du plan d’action europen sur l’galit entre les hom mes et les femmes et l’mancipation des fem mes, qui vise amliorer l’efficacit des poli tiques et des programmes de l’UE en faveur de l’galit entre les sexes et de promotion de l’galit et l’mancipation des femmes dans les pays en dveloppement. Nous accueille rons en mars, Valence, la quatrime ren contre Europe-Afrique “Femmes pour un monde meilleur”.Le Ministre espagnol des Affaires trangres et de la Coopration, Miguel ngel Moratinos Cuyaub, dont le pays assure la prsidence tournante de l’UE du 1er janvier au 30 juin 2010, rpond nos questions sur des dossiers en rapport avec les ACP. Tour d'horizon Debra Percival et Marie-Martine Buckens 10 La Place de la Puerta de Alcala, Madrid, marque le dbut de la prsidence espagnole de l’UE. Reporters/AP Miguel ngel Moratinos Cuyaub. Avec l’aimable autorisation du Ministre espagnol des Affaires trangres et de la Coopration.

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Le trait de Lisbonne est entr en vigueur le 1er dcembre 2009. Dans les mois qui viennent, sa mise en uvre effective permettra de rpon dre certaines interrogations relatives son impact, entre autres, sur les relations avec les pays ACP. Une des principales innovations du trait est la cration du poste de haut reprsentant pour les Affaires trangres et la politique de scurit, galement vice-prsident de la Commission, charg des relations extrieu res. Catherine Ashton conduira et coordon nera, au nom de l’UE, le dialogue politique avec les pays tiers et veillera la cohrence de son action extrieure. Le commissaire au Dveloppement et le commissaire l’Aide humanitaire travailleront en troite collabora tion avec elle. Reste voir, en pratique, com ment les diffrents postes vont s’articuler. Le trait largit les objectifs prioritaires communs de l'action extrieure de l'UE la rduction et l’radication de la pauvret. C’est la preuve, estiment certains observa teurs, que le dveloppement sera une politi que part entire. D’autres voquent le ris que qu’elle ne devienne un simple instrument au service des relations extrieures. “Je fais confiance jusqu’ dmonstration du contrai re. Je ne dis pas que le dveloppement n’a rien voir avec la politique extrieure, la question que je me pose est de savoir si l’autonomie de la politique de dveloppement est encore maintenue”, a prvenu Louis Michel.> Prserver l’acquisPar ailleurs, la disparition dans le trait de Lisbonne de la rfrence au groupe ACP, existante depuis le trait de Maastricht (1992), a suscit des inquitudes. Une pr occupation exprime dans la lettre adresse le 23 novembre par la prsidente du conseil ACP, Eunice Kazembe, aux prsidents de la commission et du conseil europens. De son ct, Wilkie Rasmussen, coprsident ACP de l’assemble parlementaire paritaire ACPUE, a estim qu’il tait prmatur d’avoir des craintes, tout en ajoutant : “Mais je ne suis pas naf. Il faut se battre pour prserver l’acquis de nos relations”. Un des principaux dfis de la haute reprsen tante sera la cration du Service europen pour l'action extrieure, vritable diplomatie communautaire place sous son autorit. Ce mastodonte sera compos terme, vers 2014, de 10.000 fonctionnaires du Conseil, de la Commission et des services diplomati ques des tats membres. Premier signe visi ble : depuis le 1er dcembre, les quelque 130 dlgations de la Commission europenne l’tranger sont devenues des dlgations de l’UE. Elles vont progressivement crotre avec l’ajout de reprsentants du Conseil et des ministres des Affaires trangres des Etats membres. Tout naturellement, des questions se posent quant l’impact sur les dlgations dans les pays ACP o l’allocation et la programmation de l’aide sont actuel lement gres par la Direction gnrale du Dveloppement. De son ct, le Parlement europen voit ses pouvoirs renforcs en matire budgtaire et ses comptences largies dans des domaines comme l’aide humanitaire et l’immigration. Dans cette nouvelle configuration de l’action extrieure de l’UE, la personnalit de la haute reprsentante et celles des commissai res au Dveloppement et l’Aide humanitai re joueront, videmment, un rle important dans le fonctionnement de leurs relations. Mots-cls Trait de Lisbonne ; coopration au dveloppement ; ACP. Tour d'horizon Catherine Ashton : Haute-reprsen tante de l’UE pour les Affaires tran gres et la Politique de Scurit et Vice-prsidente de la Commission europenne. Britannique ne en 1956 et membre du parti travailliste, elle a commenc sa carrire au service d’or ganisations sans but lucratif. Elle sige la Chambre des Lords depuis 1999, et a exerc des fonctions ministrielles l’ducation, aux affaires constitutionnel les, puis la justice. En 2008, elle rem place avec beaucoup d’efficacit Peter Mandelson au poste de Commissaire europen en charge du Commerce, o elle a t trs apprcie pour sa capacit d’coute durant les ngociations com merciales avec les pays ACP. Andris Piebalgs : Commissaire au D veloppement. Physicien de formation, g de 52 ans, il a t ministre de l’duca tion, puis des finances en Lettonie, avant d’tre nomm ambassadeur auprs de l’Union europenne, puis secrtaire d’Etat adjoint en charge des affaires europen nes. Il a t nomm Commissaire euro pen l’Energie en 2004, un poste qui l’a amen s’occuper du partenariat Afrique Europe pour l’nergie. Kristalina Georgieva : Commissaire en charge de la Coopration inter nationale, de l’Aide humanitaire et de la Rponse aux crises. A la mise sous presse de ce numro du Courrier , la Bulgarie dsignait une nouvelle com missaire en remplacement de Roumiana Jeleva, commissaire dsigne qui n’avait pas russi convaincre les membres du Parlement europen lors de son audi tion. La nouvelle commissaire est Kris talina Georgieva. Elle est titulaire d’une matrise en conomie politique et socio logie de l’Universit d’conomie de Sofia et est actuellement Vice-prsidente de la Banque mondiale. Elle a galement t charge de recherche la London School of Economics et au Massachu setts Institute of Technology. Ses nou velles fonctions l’amneront s’occuper de l’aide humanitaire, associe au dve loppement sous l’ancienne Commission, et de la protection civile, un nouveau do maine de comptence cr en vertu du Trait de Lisbonne.L ES NO U V EAU X VI SA G ES D E LA COO P R A TION EU RO P E NN ET rait de Lisbonne : nouvelle donne pour la coopration11 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Anne-Marie MouradianBannire annonant le Trait de Lisbonne. Reporters/AP

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EU-A C P La coopration un tournantSans surprise, les discours introductifs de la 18me session de l’assemble parlementaire paritaire ACP-UE, runie Luanda du 30 novembre au 3 dcembre, ont exprim de nombreuses interrogations quant aux modalits futures de la coopration ACPUE. A l’issue de la session, l’assemble a adopt une dclaration, vritable plaidoyer pour renforcer les objectifs de lutte contre la pauvret et pour prserver les acquis et la solidarit du groupe ACP. L’entre en vigueur du trait de Lisbonne et l’achvement en 2010 des ngociations pour la rvision de l’Accord de Cotonou seront deux nouveaux tournants, a rappel Louis Michel, le coprsident europen de l’assemble. De son ct, Wilkie Rasmussen, le coprsident ACP, a plaid pour que les Accords de par tenariat conomique prvoient des mesu res pour aider les pays ACP faire face l'ouverture de leurs marchs. Au cours des travaux, l’Assemble a vot trois rapports. Elle rclame une meilleure reprsentativit des pays en dveloppement, en particulier ceux d’Afrique, dans les insti tutions internationales et les organes direc teurs du FMI et de la banque mondiale. Elle prconise de rduire l'impact de la crise financire sur les pays ACP en cher chant de nouvelles sources de financement pour le dveloppement, comme la mise en place d'une taxe internationale sur les tran sactions financires. Enfin, le rapport sur l'intgration sociale et culturelle et la par ticipation des jeunes, demande de garantir un meilleur accs l'ducation et l'emploi pour les 15-24 ans. > Madagascar et N igerL’APP a par ailleurs condamn le coup d’Etat Madagascar et appel au retour l’ordre constitutionnel par la conclusion, entre toutes les parties, d’une sortie de crise consensuelle. Elle a regrett “l’intran sigeance de M. Rajoelina, lequel apparat comme l’otage de son clan” et “les exigences du prsident en exil, M. Ravalomanana, lequel fait preuve d’un manque de ralisme inappropri”. Et prconis des sanctions individuelles en cas de non respect des enga gements pris Maputo et Addis-Abeba. L’APP a galement demand aux autorits du Niger de rtablir dans les plus brefs dlais l'ordre constitutionnel et librer tous les prisonniers politiques, dputs et diri geants de l'opposition . Les dlgations de Madagascar, du Niger et de la Guine Conakry n'ont bnfici cette session que du statut d'observateur sans droit de vote, et non de membre part entire de l'assem ble. A.M.M. T our d'horizon 12 Mots-clsAssemble parlementaire paritaire ; Luanda ; nouveaux commissaires europens. Luanda. Reporters

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D ’un G 20 l’autre : du G 20 des pauvres celui des richesA l’clatement de la grande crise financire mon diale la fin de 2008, le G20 qui runissait les ministres des finances de pays riches et mergents s’est impos comme un instrument rgulateur potentiel de la finance mondiale. Le G20, sa cration en 1999, se voulait un modeste lieu de concertation pour promouvoir la stabilit cono mique et financire internationale. Aprs la crise et son volution en forum de chefs d’Etat, il est devenu l’embryon d’une gouvernance conomi que mondiale. Une autre organisation galement dnomme G20, dont les premiers membres s’taient associs ds 2000, s’est formellement constitue en 2003. Sa composition est tout autre, essentiellement des nations pauvres compltes d’un groupe de pays mergents. Ce G20 agissait principalement auprs de l’OMC. Certains de ses membres, comme le Brsil, la Chine et l’Inde, ser viront de trait d’union et se retrouveront dans le G20 actuel. Entretemps, leurs conomies s’taient muscles fortement, les positionnant parfois plus proches des riches que des pauvres. 13 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 Le G20 (PVD et mergents) tait plu tt un consortium de pays des stades diffrents de dveloppement qui considraient que leurs intrts n’taient pas suffisamment pris en compte par les institutions financires mondiales. La IVe Confrence ministrielle de l’OMC Doha avait connu une surprise : l’mergence d’un bloc de pays en dveloppement, mem bres du Groupe Afrique Carabes, Pacifique (ACP), de l’Union africaine (UA) et du grou pe des Pays moins avancs (PMA). C’tait au dpart une alliance anti-green room, contre les conciliabules entre grandes puissances au Gatt puis l’OMC, desquels ils taient gnra lement exclus. Entre autres objectifs, ces pays voulaient obtenir des exemptions de l’OMC, notamment en ce qui concerne les avantages commerciaux non rciproques dont la plupart d’entres eux jouissaient dans leurs relations avec l’Union europenne. Sur certains points, leurs intrts objectifs rejoignaient ceux de pays d’Asie et d’Amrique du Sud. A la veille de la Ve Confrence ministrielle de l’OMC Cancun s’est formellement constitu le G20 de “PVD et mergents” avec 23 pays membres (cinq d’Afrique, six d’Asie et douze d’Amrique latine)*. Son but dclar : empcher un arrangement cach entre des pays riches avant la conf rence de Cancun et ouvrir la voie de larges ngociations sur l’agriculture l’OMC. Les rsultats de Cancun tant jugs dcevants, le groupe a continu fonctionner ; il a coordonn ses actions avec diffrentes D ossier Hegel GoutierSommet sur les marchs financiers et l’conomie mondiale, Washington DC, 2008. Reporters/AP

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14 D ossier G20 et pays en dvloppementorganisations de PVD savoir ACP, PMA, SVEs (Petites conomies vulnrables), Cotton-4 (Benin, Burkina Faso, Tchad et Mali), G-33, NAMA-11 (Accs au march pour les produits non agricoles), Caricom (Caribbean community). Sous cette nou velle configuration, il s’tait donn comme objectif premier d’uvrer pour que l’agenda de dveloppement de Doha soit endoss par le systme commercial multilatral. Aprs l’clatement de la crise financire mondiale, pilogue d’un ensemble de crises qui avaient fortement touch les pays en dveloppement, le lobbying du G20 “PVD et mergents” a contribu faire largir le G20 des pays dvelopps un groupe plus large de pays mergents. Six pays sont mem bres des deux regroupements : l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Brsil, la Chine, l’Inde et le Mexique. * Egypte, Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie et Zimbabwe ; Chine, Inde, Indonsie, Pakistan, Philippines et Thalande ; Argentine, Bolivie, Brsil, Chili, Cuba, Equateur, Guatemala, Mexique, Paraguay, Prou, Uruguay et Venezuela. Les pays en dveloppement, l’excep tion des plus pauvres, ont tir profit de la forte croissance de l’conomie mondiale de 1990 jusqu’ la veille de la crise financire clate en 2008, consi dre l’tude. Paradoxalement, autour de cette mme priode, il y a eu la crise de la dette du tiers-monde en 1982 ou les crises du Brsil et de l’Argentine respectivement la fin de la dcennie 90 et au dbut des annes 2000. La globalisation financire est source d’instabilit et met en concurrence les nations et les peuples. On peut en ddui re que ces effets sont encore plus flagrants dans les nouvelles rpubliques d’Afrique notamment. > Une conjugaison G 20-FM INombre d’institutions existantes devraient s’adapter, et d’autres tre mises en place pour pouvoir riger une meilleure gou vernance globale. Devrait voir le jour un organisme central de pilotage qui donnerait les grandes orientations aux organismes spcialiss. Des embryons de cet organisme central existent : G8, G20, FMI. Aucun d’eux n’est assez membr actuellement pour jouer le rle exig. Cette institution devrait pouvoir prendre des sanctions pour tre efficace. L’OMC seule peut le faire, mais, en pratique elle n’a sanctionn pour ainsi dire que les petits. Le FMI est trop dpendant des Etats-Unis, l’ONU prive de pouvoir. Le G7/G8, c’est la dictature des plus riches. Le G20 tient maintenant compte des nou veaux rapports de force mondiaux, dont les membres concentrent 90% du PIB et 65% de la population de la plante. Mais il est plomb par ce que les auteurs de l’tude appellent “les grands absents”, comme l’Es pagne, l’Iran ou le Nigria, et des zones entires du monde n’y sont pas. Et il n’a pas encore enregistr beaucoup de rsultats concrets. Une conjugaison FMI et G20 qui piloterait un comit conomique et financier pourrait tre une solution. Ce comit regrouperait les pays du G20, mais serait enrichi des repr sentants des zones qui y sont sous-repr sentes actuellement, en priorit l’Afrique. “Les G20 sont alls trs loin dans la bonne direction...”, mais “la volont rformatrice des dirigeants du G20 sera-t-elle assez forte et durable ?”, se demande l’tude. H .G. * Note prsente l’ENA (Ecole normale d’adminis tration, Strasbourg, France) le 9 dcembre 2009.Quel organisme de gouvernance mondiale P VD -compatible ? Dans leur tude “Le G20 et la rgulation de l’conomie mondiale”, Catherine Mathieu et Henry Sterdyniak de l’OFCE (Observatoire franais des conjonctures conomique)*, un centre de recher che en conomie de Sciences Po Paris, considrent que les pays en dveloppement, l’exception des plus pauvres, avaient, dans un premier temps, tir profit de la globalisation financire avant de faire l’exprience de ses revers. Ils ont galement explor des pistes pour une nouvelle gouver nance financire mondiale plus juste pour les pays pauvres. De gauche droite : Le Premier ministre britannique Gordon Brown, la Prsidente du Libria Ellen JohnsonSirleaf et le Ministre nigrian des Finances Mansur Muhtar. Reporters/AP Mots-cls G20 ; crise financire ; OMC ; ACP ; ACP ; PMA ; SVE ; Cotton-4 ; G-33 ; NAMA-11 ; Hegel Goutier. Mots-clsCatherine Mathieu ; Henry Sterdyniak ; OFCE ; ENA ; globalisation ; gouvernance financire mondiale ; Afrique ; G20 ; Hegel Goutier.

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G 20 5 sur 10 pour la rforme financire ; Dans un entretien exclusif accord au Courier , Ngaire Woods (prononcez “Nyree”), professeur britannique ne en Nouvelle-Zlande, directrice du Global Economic Governance Programme et Doyen des Diplms l’University College d’Oxford, rsume brivement l’histoire du G20 et value la pertinence de l’institution et les succs engrangs ce jour. Sa conclusion ? Le G20 fait uvre utile en inscrivant des questions cruciales l’ordre du jour des runions de la Banque mondiale (BM), du Fonds montaire international (FMI) et des Nations Unies. Mais Mme Woods ne lui donne qu’une note de 5 sur 10 pour ce qui est de la rforme du systme financier international et de 3 sur 10 pour sa capacit attnuer l’impact de la crise dans les conomies en dveloppement. Parmi les rcentes publications de Ngaire Woods, rete nons : The Politics of Global Regulation* Inequality, Globalization, and World Politics**, Explaining International Relations since 1945***, The Political Economy of Globalization****, The Globalizers: the IMF, the World Bank, and their Borrowers*****. Son expertise dans le domaine de la gouver nance mondiale s’tend un large ventail de sujets, allant de l’conomie mondiale au chan gement climatique. 15 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010G20 et pays en dvloppement D ossier Entretien avec Ngaire Woods, professeur Oxford Avec l’aimable autorisation de Ngaire Woods.3 sur 10 pour le soutien aux nations dfavorises

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16 Le G20 est-il juste un empltre sur une jambe de bois ou propose-t-il vraiment des nouvelles pistes pour grer la crise conomique mondiale ? Selon moi, il est compltement faux de penser que le G20 s’emploie recons truire le systme de gouvernance mondiale. D’aucuns y voient en effet un nouvel ordre de la gouvernance mondiale. Ce n’est pas le cas : le G20 reconnat simplement une rotation de pouvoir dans le monde et la ncessit de mettre en place un autre groupe informel de grandes puissances qui prennent des dcisions stratgiques. Le G20 n’est investi d’aucune comptence dcisionnelle officielle. Il n’a aucun pouvoir excutif pour prendre des dcisions et rares sont en outre ses membres qui accepte raient qu’il en soit ainsi. La dcision, prise par l’ancien prsident amricain George Bush, de convoquer la premire runion des chefs d’Etat du G20, en novembre 2008 (ndrl Washington), a t motive par la prise de conscience qu’une crise financire de cette ampleur exigeait une coordination internationale immdiate des politiques, qui soit crdible aux yeux du march et des investisseurs. Cette premire runion a rassembl en un temps record les dirigeants. Les premiers sommets du G20 ont ainsi propos des plans d’action appelant diffrents institu tions et divers gouvernements prendre des mesures spcifiques. Cela fait maintenant dix ans que les ministres des finances du G20 ont pris l’habitude de se runir. Aprs la crise financire de 1997, le G7 avait dj reconnu que le groupe devrait tre largi aux chefs d’Etat d’autres pays afin de pou voir laborer des solutions mondiales la crise financire. En avril 2009, le deuxime Sommet de Londres a assur le suivi du plan d’action de la premire runion du G20 et l’a relan c. Son principal objectif tait de faire en sorte que les grandes conomies accordent des lignes de crdit au FMI. Les dirigeants ont ainsi accept d’injecter des fonds dans l’conomie mondiale afin de la soutenir et d’viter la faillite du systme. La premire chose faire tait en effet d’enrayer la failli te de l’conomie mondiale ; la deuxime de rflchir ds prsent la faon de rgle menter les systmes financiers pour viter qu’une nouvelle crise prenne nouveau de telles proportions ; la troisime tait d’identifier des solutions pour attnuer ou diminuer l’impact de la crise sur les pays en dveloppement et la quatrime, de rformer les institutions internationales. Car le fait mme qu’une runion du G20 ait t nces saire, et non pas une simple runion au sein du FMI par exemple, tait dj un signal fort indiquant la ncessit d’une rforme des institutions internationales. La troisime runion du G20, Pittsburgh, a mis davantage l’accent sur l’emploi, les pays industrialiss craignant une nouvelle aggravation du problme du chmage. Les dirigeants en revenaient ainsi leur pre mire priorit : mettre fin la rcession conomique. Le sommet de Pittsburgh s’est donc finalement peu intress l’impact de la crise sur les pays en dveloppement. Pittsburg accoucha nanmoins d’un accord majeur, la contribution du Brsil, de la Chine, de l’Inde et de la Russie (BRIC) aux lignes de crdit du FMI en change d’une rforme plus profonde du Fonds. Vous nous l’avez expliqu, le FMI a t lent. Pensez-vous que le FMI et la Banque mondiale soient parvenus contrler la crise ? Au sein du FMI et de la Banque mondiale, on peroit une fantastique motivation et une formidable dtermination runir un maxi mum de fonds pour aider les pays en dve loppement. Ce qui ralentit donc les efforts du FMI et de la Banque mondiale, ce sont les grandes puissances, les membres du G20, qui ont tard affecter des fonds ces deux institutions et leur donner le feu vert pour agir, particulirement en ce qui concerne les pays les plus pauvres. La BM n’avait d’autre moyen que d’essayer de grer la crise par voie de paiements anticips, c’est--dire en acclrant la mise disposition des crdits dj accords. Elle n’a donc reu aucune ressource supplmentaire pour injecter de l’argent dans les pays en dveloppement. Les grandes puissances ont finalement amen le FMI grer la crise dans l’espace europen. Ce qui signifie qu’environ 80% des prts octroys par le FMI depuis le dbut de la crise ont bnfici ces pays. Contre seu lement 2 ou 3% environ en faveur des pays d’Afrique par exemple. Quel avenir pour le G7 et le G8 ? Je pense que le G8 des chefs d’tat appar tient au pass. Mme s’il continue se ru nir, il n’a plus vraiment de raison d’tre en tant qu’institution. Le groupe des ministres des finances du G7 par contre, survivra sans doute, car il s’agit d’un outil prcieux pour les pays du G7 qui peuvent ainsi coordonner leur position au sein du G20. Ses membres lui ont d’ailleurs accord davantage de com ptences qu’au G20. Mais il faut savoir que si les ministres des finances du G7 conti nuent de se runir, ils risquent d’inciter les conomies mergentes suivre leur exemple et s’associer au sein d’un contre-groupe similaire. C’est ce qui s’est pass lors de la runion des ministres des finances du G20 Londres au dbut de cette anne, les pays du G7 s’tant runis pralablement pour prparer leur propre position. Les BRIC ont fait de mme. De telles pratiques risquent de faire clater le G20 en deux camps opposs. Si le G20 n’a aucune relle autorit, quel est l’intrt, pour des pays comme la Chine et le Brsil, de faire partie de ce club ? Pour ces pays, faire partie du G20 leur per met d’influencer des dcisions stratgiques. Je pense en outre que le fait qu’ils aient par ticip au groupe des ministres des finances du G20 au cours de ces dix dernires annes leur a appris comment utiliser ce type d’ins titution, ce qui est intressant pour eux. La D ossier G20 and developing countries Ngaire Woods et Donald Kaberuka, prsident de la Banque africaine de Dveloppement. PE

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crise de 1997 tait une crise des conomies mergentes ; cette crise a touch la Core du Sud, le Brsil etc. et la Russie. La crise que nous traversons aujourd’hui est d’une autre nature. Cette nouvelle crise frappe le G7, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Europe. En fin de compte, les conomies mergentes sont plutt bien places, non seulement car elles ont elles-mmes dj connu la crise, mais surtout parce qu’elles sont aujourd’hui mieux armes pour se protger contre cette crise. Quand une nouvelle crise mondiale a clat en 2008, ces pays taient en meilleure position car ils avaient dj des rserves ; ils avaient pris des mesures, ce qui leur a permis d’viter un trop grand choc leurs conomies. Et ils avaient dj particip au groupe des ministres des finances du G20. Nous avons galement vu ces conomies mergentes devenir plus fermes, une pre mire mondiale. La Chine, l’Inde et le Brsil interviennent-ils vraiment en faveur des pays en dveloppement ? Ce n’est pas le cas, mme s’ils l’affirment. Au contraire, ce qui me frappe concernant le Sommet du G20, c’est que les voix qui s’lvent vraiment en faveur des pays en dveloppement sont celles des prsidents de la BM, du directeur du FMI et du reprsen tant de l’Union africaine. Les BRIC n’ont cess de rpter : “Attention, nous avons affaire une urgence de dveloppement, nous devons faire quelque chose”. Pourtant, mon sens, le G20 n’a pas obtenu de bons rsultats en ce qui concerne les pays en dveloppement. Par contre, il a tout fait russi empcher l’effondrement des co nomies des pays riches. Ceux-ci ont rapide ment coordonn leurs mesures et ont pris quelques mesures conjointes dcisives. Sa note est ici trs bonne. Par contre, ses rsul tats sont mdiocres – on pourrait lui donner 5 sur 10 – en ce qui concerne la rforme de la rglementation financire. Et s’agissant de l’attnuation de l’impact de la crise sur les conomies en dveloppement, je ne lui donnerais probablement que 3 sur 10, car en dpit de belles promesses, les rsultats se font attendre. Quelle est l’importance du rle jou par l’Afrique du Sud et l’Union africaine lors des runions du G20 ? N’ont-ils pas t de simples spectateurs ? Ces pays n’taient pas vraiment en position de force, d’autant qu’au cours de ces trois premires runions, les gouvernements des pays riches se sont focaliss sur leur propre crise. Le Sommet de Pittsburgh s’est avant tout intress la crise que connaissaient les Etats-Unis et l’Europe. Cela n’a pas t facile, surtout pour les gouvernements africains confronts une crise relle provo que par la crise financire. Ils ont eu toutes les peines du monde mettre leurs propres besoins l’ordre du jour et de leur assurer la priorit. H .G.* Mattli, W. and Woods, N. (co-auteur), The Politics of Global Regulation, Princeton University Press Mars 2009. ** Woods, N. (co-auteur) Inequality, Globalization, and World Politics, Oxford University Press, 1999. *** Woods, N. (co-auteur), Inequality, Gl ; Explaining International Relations since 1945, Oxford University Press, 1996. **** Woods, N., The Political Economy of Globalization, Macmillan, 2000. ***** Woods, N., The Globalizers: the IMF, the World Bank, and their Borrowers, Cornell University Press, March 2006. 17 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010G20 et pays en dvloppement D ossier Mots-cls Ngaire Woods; gouvernance conomique; Oxford; G20; Hegel Goutier. ReportersLe Prsident brsilien Luiz Inacio Lula da Silva, le Prsident russe Dmitri Medvedev, le Prsident chinois Hu Jintao, et le Premier ministre indien Manmohan Singh. Reporters

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18 Dans l’entretien accord au Courrier , Bruxelles, Rachel Kyte explique que l’IFC cherche prsent mettre en place de nouveaux partenariats avec des partenaires bilatraux et multilatraux, car les caisses publiques sont de moins en moins remplies. Selon elle, “la priode est aujourd’hui intressante pour l’architecture du financement international”, et il importe de cibler encore davantage les pauvres – les plus vulnrables en priode de crise – et de mettre au point des ins truments plus innovants. La crise qui a clat en octobre 2008 a fait rapidement apparatre un manque de fonds pour le financement des infrastructures. A la fin 2008, l’IFC avait ainsi chiffr 1,8 milliard de dollars le dficit de finan cement pour le secteur de la microfinance. Mme Kyte explique qu’tant donn que les grandes banques commerciales ont rapatri l’essentiel de leurs capitaux en Europe au lieu de les affecter des services de crdit sur les marchs mergents, le Conseil de l’IFC a immdiatement tripl son financement com mercial, le portant 3 milliards de dollars. Une facilit de microfinance a galement t La Socit financire internationale tend ses activits Rachel Kyte est vice-prsidente des Services de conseils aux entreprises (Business Advisory Services) auprs de la Socit financire internationale (IFC, International Finance Corporation) , l’orga nisme de la Banque mondiale (BM) charg de l’octroi de fonds et des conseils pour les investis sements privs dans les pays en dveloppement. Mme Kyte a rejoint cette organisation base Washington il y a neuf ans comme mdiatrice en charge de l’examen des plaintes relatives aux projets avant de devenir directrice du Dpartement du dveloppement environnemental et social puis d’arriver au poste qu’elle occupe aujourd’hui. cre avec les Allemands, avec une premire tranche de 500 millions de dollars qui a favoris l’extension du financement trente institutions de microfinance orientation commerciale connaissant un grand succs et situes un peu partout dans le monde. Une initiative spciale que l’IFC souhaite prsent ritrer. Quelle mission a t confie l’IFC au sommet du G20 Pittsburgh ? Dans la disposition sur l’inclusion financire de la dclaration du sommet de Pittsburgh, le G20 nous a expressment demand de l’aide. Une question se posait toutefois : comment renforcer l’inclusion financire en cette priode de rcession conomique mon diale ? Comment s’assurer que les pauvres ne souffrent pas davantage ? Moins de cinq ans nous sparent prsent des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD), et nous sommes encore bien loin de nous en rapprocher. Dans un tel contexte, com ment continuer lutter contre la pauvret alors que la marge de manuvre financire est bien plus limite ? Une question qui se L E GII F: U N M C A NI SME INNOV A NT CONJOINT D E L ’ I F C E T D E LA C E Le mcanisme mondial d’assurance bas sur un indice (GIIF, Global Index Insur ance Facility ) est une nouvelle initiative conjointe de la Socit financire inter nationale (IFC, International Finance Cor poration ), de la Commission europenne (CE) et du gouvernement nerlandais. Les fonds octroys visent indemniser les bnficiaires victimes de certaines ca tastrophes naturelles, en fonction de leur gravit. Ce mcanisme d’assurance in terviendra par exemple dans le cas d’une tempte d’une certaine catgorie, ou d’un sisme partir d’une certaine magnitude sur l’chelle de Richter. Jean-Philippe Prosper, directeur de l’IFC pour l’Afrique orientale et australe explique : “Le m canisme mondial d’assurance bas sur un indice aidera protger les agriculteurs et les communauts vulnrables contre les consquences des catastrophes na turelles qui peuvent les priver de moyens d’existence et les entraner dans le pige de la pauvret. L’IFC s’est engag ten dre ses produits et services financiers aux rgions o le secteur priv n’en est qu’ ses balbutiements, et crer ainsi davan tage d’opportunits pour les personnes qui en ont le plus besoin.” La CE a allou 24,5 millions d’euros au Fonds fiduciaire du GIIF, qui bnficie galement du sou tien des Pays-Bas. Pour en savoir plus : www.ifc.org D ossier G20 et pays en dvloppementRachel Kyte. IFC pose est de dterminer comment accrotre le nombre de rglementations fructueuses per mettant d’amliorer l’accs des pauvres aux services financiers. Il s’agit de voir comment rendre les services financiers plus accessibles aux pauvres non seulement par des appro ches rglementaires fructueuses (comme un registres de gages), mais aussi de la manire suivante : si plus de fonds devaient tre dga gs, il s’agirait d’aider les petites et moyennes entreprises (PME) mieux les canaliser au travers de chanes d’approvisionnement, en aidant les grandes entreprises tendre leur effet d’entranement en amont afin de crer davantage d’emplois dans les PME et en exa minant galement de manire spcifique les besoins des femmes qui sont la tte d’une PME, mais qui ont du mal accder aux marchs et au crdit. Avez-vous introduit de nouveaux instruments la suite de la crise ? Trois grandes innovations se dgagent. Tout d’abord, nous avons lanc davantage de fonds pour notre propre compte : nous avons ainsi cr des fonds de participation

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associant davantage d’acteurs, par exemple le fonds structur de participation avec l’Al lemagne. Tous les partenaires sont prsent runis, ils sont d’accord sur le problme et trouvent ensemble des solutions. La seconde innovation est le programme de liquidits pour le commerce mondial (GTLP, global trade liquidity pool ). Il ne s’agit pas en soi d’un nouvel instrument, mais le nombre de partenaires et l’ambition du pro gramme sont fondamentalement nouveaux. Troisimement, nous avons cr une socit de gestion d’actifs. Il ne s’agit pas d’une entreprise pour notre propre compte, mais d’une filiale 100%. Cela nous permet de lever des fonds garantis par l’tat, des fonds de pension publics et des fonds de pension privs venant complter nos investissements. Nous assurons le flux de financement, et ces fonds pourront reprsenter 50% des actions. Il s’agit l d’une autre faon d’amener davan tage de capitaux sur les marchs mergents d’une manire responsable, une poque o les capitaux n’affluent pas d’eux-mmes. Nous savons qu’au moins 5000 milliards de dollars sont investis dans des fonds de pension publics sous gestion en Europe, fonds assortis de certaines exigences en termes de durabilit, ainsi que des fonds de pension qui doivent fructifier pour que nous bnficiions tous de nos pensions. Ces fonds doivent produire un retour au bnficiaire et ils doivent tre verts, ce qui signifie qu’ils devront peu peu tre investis davantage sur les marchs mergents et dans les entrepri ses durables. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les initiatives de l’IFC visant promouvoir la cration et le dveloppement d’entreprises par des femmes ? Nous aidons les banques investir en elles en tant qu’entrepreneurs parce que c’est une manire intelligente de faire des affaires. Nous nous apprtons lancer ce que j’ap pellerais un nouveau “bien public” : l’ide est d’aider les personnes comprendre com ment faire en sorte que la rforme de l’envi ronnement rglementaire des PME bnficie galement aux femmes d'entreprise. Nous n’avons jusqu’ici pas vraiment tenu compte de la dimension de l’galit entre les hommes et les femmes dans la rforme rglemen taire des PME. Il est possible d’ouvrir un registre des gages, mais dans les pays o les femmes ne sont pas autorises trouver des garanties, comment crer un tel registre qui tienne compte de la capacit des femmes mettre en gage des biens meubles comme des bijoux ou des immobilisations, ce qui pourrait impliquer une modification de la lgislation sur la proprit des terres ? Si vous ne ngligez pas un tel aspect, la rgle mentation pourra tre plus efficace. Plus de 60% des chefs de PME en Afrique sont des femmes. Nous lancerons ce travail dans les prochaines semaines. J’espre que s’y asso cieront toutes les personnes actives dans le secteur des PME. Prvoyez-vous une seconde crise mondiale ? Sortir de cette crise a t long et difficile, avec la restructuration complte de certaines chanes d’approvisionnement dans plusieurs secteurs en surcapacit – avec aussi des dgraissages suite la rcession, par exemple dans le secteur de la confection. Nous nous employons voir comment stimuler le crdit sur les marchs mergents et permettre aux entreprises en bonne sant d’avoir accs ces crdits. Cette tche ne sera pas aise. L’Organisation de coopration et de dve loppement conomiques (OCDE) n’est pas la seule source de financement. Nous reve nons tout juste d’Inde et nous avons tous t frapps par les possibilits d’investissements indiens en Afrique. La tendance va de plus en plus dans le sens d’investissements sudsud. D.P. Mots-cls Rachel Kyte ; IFC ; crise mondiale ; PME ; microfinance. 19 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010G20 et pays en dvloppement D ossier Jeunes femmes tudiant la couture dans une cole ouverte dans le cadre du projet de Crdits pour les Femmes, Dakar, Sngal. Reporters/ Lehtikuva Oy Discours du Premier ministre indien, Manmohan Singh, lors du premier sommet du Forum Inde-Afrique. Reporters/AP

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20 Vous vous montrez critique vis--vis du G20. Pour quelles raisons ? Le G20 a la prtention de remplacer les Nations Unies. Avec 10% des pays de la plante, avouez que c’est peu reprsentatif. Ce qui veut dire que si vous ne faites pas partie du club des riches, vous n’avez pas droit au chapitre. Serait-ce donc cela la gouvernance ? L’Union europenne aurait pu faire la diffrence. Elle devrait permettre aux autres Etats membres de l’UE, et pas uniquement les plus riches, de participer la phase initiale du processus dcisionnel. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Il en est de mme pour les pays d’Afrique, Carabes et Pacifique. L’Afrique du Sud, seule faire partie du G20, n’est pas rellement reprsentative du groupe ACP. Quelle serait la solution ? Je plaide pour un G180, qui regrouperait les laisss pour compte ! Je reviens d’une confrence sur la scurit et le dveloppement, thme majeur en ces temps de crise (et objet d’un rapport de Charles Goerens, NDLR). Or, il n’y a pas de dveloppement sans scurit ; et vice-versa. Tout est li la gouvernance et la richesse du pays ; s’il n’en a pas assez, il n’y a pas d’huile dans les rouages pour permettre l’Etat d’assurer sa fonction rgalienne. Ainsi, la cause sous-jacente de toute inscurit est la pauvret. C’est par l qu’il faut commencer. C’est un travail peu spectaculaire. Un travail sans visibilit, mme s’il est pacificateur. Pourtant, je suis convaincu qu’il faut passer par l. Ceci dit, je persiste croire que l’Afrique n’a jamais t aussi bien gouverne que maintenant, si on excepte des rgions comme le Kivu ou le Darfour o les liberts et l’accs aux richesses sont bafous. L’Afrique est un grand chantier institutionnel. On est les seuls ne pas le voir. Il faudrait les aider. Je crois l’impratif d’ouverture de l’Afrique sur le monde, mais une ouverture matrise. Une Afrique ouverte sans tre offerte. Que peut faire l’Europe ? La force de l’Europe, c’est qu’elle est capable d’coute et de prudence. Mais c’est galement sa faiblesse. Ainsi, l’Europe a rat une occasion de se positionner sur la scne internationale entre le 4 novembre 2008 – date de l’lection de Barack Obama – et le 20 janvier 2009, date de son investiture la prsidence des Etats-Unis. L’Europe souffre aussi d’un manque de vision claire lorsqu’il s’agit de se positionner dans des enceintes internationales comme le Fonds montaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Je prends l’exemple des Chinois qui inondent les marchs informels africains d’objets manufacturs, pralablement imports en Chine, grce une monnaie chroniquement sous-value, tout en restant conformes aux rgles anti-dumping de l’OMC. Au lieu d’craser les Africains, il faudrait les aider se relever. Et l l’Europe pourrait jouer un rle en faisant notamment bloc au sein du FMI pour y aborder la question des parits montaires.“Je plaide pour un G180”Marie-Martine Buckens Sans participation de tous les pays – y compris les plus petits et les plus pauvres – au processus dcisionnel, on va droit dans l’impasse. C’est ce qu’estime en substance le Luxembourgeois Charles Goerens, dput europen, mem bre de la commission environnement et vice-prsident de l’Assemble parlementaire paritaire ACP-UE, et passionn d’Afrique et des agricultures africaines. Rencontre. Mots-cls Charles Goerens ; scurit ; dveloppement ; G20 ; G180. D ossier G20 et pays en dvloppementCharles Goerens. PE Reporters

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R former la fiscalit des pays en dveloppement I nteractionsOrganise par Eva Joly, prsidente de la commission du dveloppement du Parlement europen et Karel de Gucht, commissaire europen au Dveloppement, une confrence sur la bonne gou vernance en matire fiscale a runi, le 9 dcembre 2009, de nombreux spcialistes parmi lesquels Lszl Kovcs, commissaire europen charg de la fiscalit, Abou Baker Traore, ministre malien des Mines, des reprsentants du gouvernement espagnol, de l’OCDE et d’ONG internationales. Les interventions ont dmarr sur un double constat. La fiscalit est le meilleur moyen de crer du dveloppe ment en permettant aux Etats du Sud d’tre moins dpendants de l’aide interna tionale. Dans les faits, ces pays ont rarement russi mettre en place un systme de taxes performant. Au contraire, l’vasion fiscale et la fuite de capitaux vers les paradis fiscaux leur font perdre chaque anne des milliards qui auraient pu servir la construction d'co les, d'hpitaux, de routes et autres program mes de dveloppement. En cause : la corrup tion des lites dans des pays africains mais aussi, la malhonntet financire et le secret bancaire qui sont le fait de pays du Nord. “Victimes de l'vasion fiscale, des fraudes sur le commerce transfrontalier ou de la mise en place d'incitants fiscaux visant attirer des capitaux d'investissement, les pays en dve loppement perdraient jusqu' 385 milliards de dollars annuellement”, a rappel Eva Joly. “L'conomie informelle – qui par dfinition chappe toute taxation – rduit d'autant 21 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 Participants de la Confrence “Taxes et dveloppement pour vaincre la pauvret” organise conjointement par la Commission europenne et la Commission du dveloppement du Parlement europen en 2009. PE

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22 l'assiette fiscale. Ainsi au Kenya, 60% des revenus fiscaux du pays psent sur seulement 0,2% de la population, ne permettant pas de collecter des ressources suffisantes pour assurer les besoin vitaux du pays.” L'vasion fiscale reprsente actuellement au moins trois fois les montants de l'aide au dveloppement, a estim, de son ct, Karel De Gucht. Face ces contradictions, la priorit est de remdier la faiblesse des systmes fiscaux des pays en dveloppement. Il s’agit d’un investissement long terme on ne rforme pas une administration fiscale en un an qui relve de la responsabilit des gouverne ments concerns mais aussi des donateurs. Actuellement, 0,2% peine de l’aide publi que au dveloppement est destine l’am lioration des systmes fiscaux. Des progrs seraient enregistrs depuis peu. “Nous avons davantage progress ces 10 derniers mois qu’en 10 ans”, a affirm Jeffrey Owens, directeur au centre de politi que et d’administration fiscale de l’OCDE. Rappelant les engagements du G20 de Londres, en avril 2009, pour mettre au pas les paradis fiscaux, il a encourag les ONG maintenir leur pression sur les responsables politiques. Autre initiative, d’autant plus importante qu’elle mane du Sud : des pays africains ont dcid de prendre leur destin en mains en lanant, en novembre 2009, le “Forum africain sur l’administration fiscale”. La mise en place de ce rseau soutenu par l’OCDE et l’UE, doit permettre aux hauts fonctionnaires africains des impts d’non cer les besoins et priorits de l’Afrique en matire fiscale et de dvelopper et partager les meilleures pratiques pour renforcer les capacits dans ce secteur. “J'espre que cette confrence aura permis une vritable prise de conscience et for cera la Commission europenne intgrer davantage la problmatique “taxe et dve loppement” dans ses propositions venir”, a conclu Eva Joly. La dynamique dpute et ancienne juge d’instruction est aussi dcide se battre pour obliger les entreprises mul tinationales dtailler dans leurs rapports annuels, les activits, revenus et impts acquitts pays par pays. A.M.M. http://ec.europa.eu/development/services/ events/tax_development/index.htmEva Joly, prsidente de la Commission du dveloppement du Parlement europen et Karel De Gucht, ancien Commissaire europen au Dveloppement. PE Interactions ACP-UE Mots-cls Gouvernance fiscale ; Lszl Kovcs ; Abou Bakar Traore ; taxation ; Eva Joly ; Jeffrey Owens ; OCDE ; Anne-Marie Mouradian ; Karel De Gucht.

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23 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010"Les ngociations commerciales doivent reflter le nouveau consensus global au sujet de la faim" A Rome, nous explique Olivier De Schutter, toutes les questions dli cates ont t mises entre paren thses. Certaines questions dif ficiles ont t peine voques, souvent passes sous silence ou ont t ajournes en attendant le rsultat de nouvelles tu des. Ces questions sont : le problme des agrocarburants, celui de la spculation sur les terres des pays du Sud et les rformes relatives au commerce international, mme si, je tiens le souligner, les questions de commerce mondial sont plus compliques dans leur rapport la question alimentaire qu’on veuille bien le reconnatre. Comment voyez-vous l’avenir ? Dans les mois venir il nous faudra voquer ces questions de fonds. Mais avec qui et sui vant quelles approches ? Autant de questions ouvertes. Par contre, ce qui est nouveau, et qui vaut la peine d’tre soulign, est la mise sur les rails du Comit mondial pour la scurit alimentaire. Il existe depuis 1996, mais tait jusqu’ prsent inefficace car ne comprenant que les Etats. C’tait un lieu de dbats sans dcisions, sans visibilit. Il a t rform et comprend, outre les Etats, les organismes internationaux comme le Fonds montaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les organisations de la socit civile. Il s’agit d’un mini parlement qui permettra davantage de coordination travers le PNUD (le programme des Nations Unies pour le dveloppement). Qui dit scurit alimentaire, dit aussi com merce international. Comment analysez-vous les ngociations toujours difficiles sur ce point au sein de l’OMC ? Je pense que malheureusement ont va pr senter le commerce international comme la panace qui risque de tromper les popula tions. On se trouve face une dclaration qui la fois affirme qu’on va aider les "petits" et la fois qui prsente le commerce interna tional comme tant la panace. Or, les pays qui veulent augmenter leurs exportations, et donc leur capacit accder aux marchs trangers, crent une inscurit alimentaire au sein de leur pays. Les petits sont souvent perdants. S’ils augmentent leurs exporta tions, ils doivent augmenter leurs investis sements et les petits producteurs sont per dants. On assiste une comptition l’accs aux meilleures terres et l’eau. La question centrale est celle du protectionnisme. Je suis partisan d’une solution qui donne le droit aux Etats de protger leur agriculture. Le problme est que qu’on assiste une baisse des protections tarifaires en raison d’accords bilatraux ou de demandes de bailleurs de fonds. Les Etats du Sud n’ont pas utilis tous les mcanismes flexibles de l’OMC. D’accord, cela leur permet d’expor ter des bananes ou du coton. Oui, mais pour quels rsultats ? Cela ne permet pas d’aug menter la durabilit de l’agriculture des pays en dveloppement. C’est l que l’on trouve la cause principale de la scurit alimentaire. M.M.B. Fin 2009, la FAO annonce que la barre du milliard de sous-aliments a t franchie dans le monde. De Rome – o se tenait en novembre dernier le Sommet sur l’alimentation – au Sommet sur le climat Copenhague en dcembre, la question de la scurit alimentaire aura t une fois de plus souleve. Sans grands rsultats. Malgr les avertissements lancs par des experts de l’ONU, dont Olivier De Schutter, Rapporteur spcial sur le droit l’alimentation. Rencontre. ACP-UE Interactions Avec l’aimable autorisation de www.afronline.org et de Damien Glez, www.glez.org. Mots-cls Scurit alimentaire ; Olivier De Schutter ; FAO.

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24 R vision des accords de pche de l’UE en 2012 ? Un “livre vert”, publi par la Direction gnrale des Affaires maritimes et de la Pche de la Commission euro penne en 2009, comportait une consultation publique trs ouverte sur l’ave nir de ce secteur. Cette consultation incluait la communaut scientifique, la socit civile et de nombreux individus intresss par la question. La Commission europenne rdige actuellement une analyse d’impact de la PCP, base sur cette consultation, qui comprend notamment la nature future des accords avec les pays tiers. Les navires de l’UE ont une longue tradition de pche en Afrique occidentale pour rpon dre la dpendance du poisson import, qui comble deux tiers des besoins. Aprs l’ad hsion de l’Espagne et du Portugal l’UE en 1986, les accords de pche bilatraux de ces pays avec l’Afrique ont t repris pour le compte de l’UE. Ces accords – qui taient essentiellement des autorisations de pcher en change d’une compensation – ont t remodels en 2002 et renomms “Accords de partenariat dans le domaine de la pche”, accordant une plus grande importance au dveloppement du secteur de la pche arti sanale dans les pays africains. L’tude de la SSNC affirme que les accords avec les pays tiers ont cot plus de 150 mil lions d’euros l’UE au cours de 2009, soit 18,6% du budget total consacr la pche par l’UE, impliquant environ 718 navires, provenant surtout d’Espagne, de France et du Portugal. Elle se demande si les accords favorisent le dveloppement durable bas sur une valuation de leur impact sur les nations d’Afrique occidentale (Mauritanie, Guine, Sngal et Guine-Bissau). La SSNC estime que “le concept de la pche et du poisson comme condition pralable la scurit alimentaire semble avoir t oubli suite la domination d’tats aux int rts commerciaux importants”. Les espces ctires et autres rserves de poissons ont t surexploites et la SSNC met aussi en doute l’efficacit des fonds de l’UE pour le dveloppement du secteur en Afrique occidentale. > “Partenariats rels”La SSNC souhaite voir “des partenariats rels, bass sur la cohrence entre pche, dveloppement et politiques commerciales” et suggre que les accords devraient mieux grer les rserves de poisson et dvelopper le secteur. Pour y arriver, elle souhaite que la Direction gnrale au Dveloppement de la Commission europenne participe aux futures ngociations, plutt que les laisser aux mains de la DG des Affaires maritimes et de la Pche. Et en raison de la nature des rserves, qui traversent invitablement les frontires, elle recommande que les par tenariats futurs soient crs sur une base rgionale. La SSNC souhaite aussi que tous les gou vernements de l’UE soient activement impli qus dans les ngociations – lesquelles ne doivent pas uniquement revenir aux pays ayant des intrts dans l’exploitation des rserves – et affirme qu’il faudrait mettre un terme au subventionnement des bateaux de l’UE. La priorit devrait tre accorde au dveloppement du secteur en Afrique occidentale et plus particulirement aux petits pcheurs, impliquant la communaut locale, pour viter l’puisement des ressour ces. La ngociation d’accords commerciaux ne devrait pas avoir lieu avant de disposer d’une documentation convenable au sujet des stocks excdentaires. “Si le poisson venait manquer, les populations d’Afrique occidentale doivent avoir un droit de priorit sur leurs propres poissons”, dit l’tude de la SSNC. D.P. En 2010, l’Union europenne signera son projet de Politique commune de la pche (PCP), qui devrait contenir une nouvelle approche des accords de pche avec les pays tiers partir de 2012. La Socit sudoise pour la protection de la nature (Swedish Society for Nature Conservation – SSNC) a publi une valuation approfondie des accords actuels avec l’Afrique occidentale, “To draw the line – EU Fisheries Agreements in West Africa” (Fixer la limite – les accords de pche de l’UE en Afrique occidentale), qui souligne certaines des lacunes des accords actuels. Interactions ACP-UEBateaux de pche, Saint-Louis, Sngal. Reporters/Photononstop Mots-cls Accords de pche ; Swedish Society for Nature Conservation ; Socit sudoise pour la protection de la nature ; Mauritanie ; Guine ; Sngal et Guine Bissau.

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D u bois ghanen “vert” pour l’EuropeFin 2010, les premires cargaisons de bois ghanens, certifis ‘lgaux et durables’, dbarqueront dans les ports europens. Une grande premire, rsultat des pourparlers entams depuis quelques annes avec l’Union europenne (UE), et qui devrait faire tache d’huile. D’autres Accords de Partenariat volontaire seront bientt signs, commencer avec la Rpublique dmocratique du Congo (RDC). C’est le 20 novembre 2009 Bruxelles que l’Accord de par tenariat volontaire (APV) entre le Ghana et l’UE a t sign par le chef de la mission du Ghana auprs de l’UE, Nana Bema Kumi, le Commissaire europen Stavros Dimas en charge de l’En vironnement et le ministre sudois de l’Agri culture, Eskil Erlandsson, qui prsidait l’poque le Conseil de l’UE. L’accord porte sur l'Application des rgle mentations forestires, la gouvernance et les changes commerciaux (FLEGT). Ce plan d’action, mis en place par l’UE et les Etats membres en 2003, vise accrotre la capacit des pays en voie de dveloppement contrler l’exploitation illgale de leurs forts par l’amlioration de la souverainet nationale, mais aussi rduire le commerce de bois illgal – rcurrent – entre ces pays et l’Union europenne. FLEGT tablit un cadre lgal de surveillan ce et de suivi permettant de garantir que tout le bois mis sur le march communautai re a t acquis et export lgalement, suivant les lois en vigueur au Ghana. L’accord cre galement un systme national d’assurance lgale pour tous le bois et les produits dri vs commercialiss dans l’UE comme sur le march national ou dans les pays non UE. Il prvoit galement que des tiers indpen dants effectueront des audits de l’ensemble du systme de vrification. Ces audits seront rendus publics. Le systme est souvent com par au processus de Kimberley, instaur en 2003 et dont le systme de certification a pour objectif d’arrter le commerce de dia mants dans les zones conflit. Mais la Commission europenne prvient : pour que l’accord soit appliqu avec succs, il faudra que les responsables politiques s’engagent, que des investissements soient raliss dans un certain nombre de domai nes et que les systmes rglementaires soient renforcs. Un programme financ par la Commission europenne, la France, les Pays-Bas, le Royaume Uni et la Banque mondiale s’ajoutera aux ressources internes du Ghana pour aider ce pays mettre en uvre l’accord. Cinq autres pays sont en ngociation – Cameroun, Libria, Vietnam, Indonsie et Malaisie – et deux autres en phase pr liminaire de discussions, le Gabon et la Rpublique Centrafricaine. M.M.B. L’UE importe prs de la moiti des produits forestiers exports par le Ghana, un crneau estim quelque 350 millions d’euros par an. Le bois est la quatrime source de revenus l’exportation du pays, derrire l’or, le tourisme et le cacao. Mots-clsFLEGT ; bois ; Ghana ; UE ; RDC. Enfants s’amusant transporter du bois avec des jouets, Ghana. Reporters/LAIF 25 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Afrique Interactions

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26 C’est dans l’air du temps. Aprs avoir lanc le grand chantier des “Accords de partenariats conomiques” (APE) avec le groupe des pays d’Afrique, Carabes et Pacifique, l’Union europenne a dcid de revoir l’association qui la lie aux pays et territoires d’Outre-mer (PTOM). Le nouveau partenariat prconis poursuit trois grands objectifs : le renforcement de la comptitivit, la rduction de la vulnrabilit et une ouverture des PTOM d’autres partenaires de coopration. C’est le 6 novembre 2009 que la Commission europenne a pr sent sa communication sur un nouveau partenariat entre l’UE et les PTOM (http://eur-lex.europa.eu/Lex UriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2009:06 23:FIN:FR:PDF). Cette nouvelle commu nication s'inscrit dans la nouvelle rflexion lance par la Commission au mois de juin 2008 aprs la publication d'un livre vert sur les relations entre l’UE et les PTOM. Elle fait le bilan de ces consultations et prsente des lments pour un nouveau partenariat dans la perspective du remplacement de l'actuelle dcision d'association d'Outre-mer qui expirera en dcembre 2013. L’objectif est de poursuivre la rflexion en 2010 et 2011, en partenariat avec les PTOM et les Etats membres auxquels ils sont lis (Danemark, France, Pays-Bas et Royaume-Uni), afin de pouvoir prparer, avant la fin 2013, des propositions lgislatives concrtes modifiant l’association actuelle. > Exceptions“Suite cette consultation, note la Commission, il est couramment admis que l’ac cent qui est mis actuellement sur la lutte contre la pauvret dans les relations entre l’UE et les PTOM ne correspond plus la ralit du terrain et qu’une nouvelle appro che devrait tre adopte. La relation parti culire qui unit les PTOM et l’UE devrait tre la pierre angulaire de cette nouvelle logique, qui devrait tenir compte des sp cificits des PTOM, et notamment de leur dveloppement conomique et social, de leur diversit et de leur vulnrabilit, ainsi que de leur importance du point de vue environnemental. Elle devrait aussi viser renforcer leur capacit d’adaptation et leur comptitivit”. Avec toute fois des exceptions. C’est le cas d’Anguilla, Mayotte, Montserrat, SainteHlne, les les Turks-et-Caicos ainsi que Wallis-et-Futuna pour lesquels, reconnat la Commission, “une approche de lutte contre la pauvret pourrait s’avrer justifie”, dans la mesure o ils remplissent aujourd’hui les conditions pour bnficier de l’aide au dveloppement. S’agissant de la coopration commercia le et financire, la Commission prconise de maintenir les prfrences tarifaires non rciproques qui leur sont accordes actuel lement, “sans prjudice des ventuelles rvisions qui pourraient s’avrer indispen sables”. Ce serait le cas notamment si un PTOM dcidait de se joindre un APE conclut entre l’UE et un groupe rgional ACP. Ainsi, note-t-elle, “L’APE CariforumUE permet dj d’intgrer les PTOM dans le champ d’application de l’accord. Si un PTOM et l’Etat membre auquel il est li le demandent, la Commission acceptera d’intgrer ce PTOM dans le champ d’appli cation de l’APE”. M.M.B. Mots-cls PTOM ; APE ; UE ; nouveau partenariat. Les pays et territoires d’ O utre-mer en cure d’mancipation Interactions PTOM-UEMamoudzou, Mayotte. Reporters/Image Source

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27 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010ACP-UE Interactions L’UE subventionne 13 pays A C P pour amortir l’impact de la crise conomique (en millions d’euros) V-FLEX FLEX Autre nancement du FED Total Bnin 25,00 1,40 26.40 Burundi 13,60 13.60 Rpublique centrafricaine 7,60 7,60 Comores 4,70 0,33 2,24 7,27 Ghana 35,00 35,00 Grenade 5,00 0,29 5,29 Guine-Bissau 8,00 3,18 11,18 Hati 30,00 30,00 Malawi 25,00 25,00 Maurice 10,90 10,90 Seychelles 9,00 7,50 16,50 Sierra Leone 12,00 12,00 Zambie 30,00 30,00 Total 215,80 5,93 9,74 230,74 V-FLEX”, une initiative adopte par l’UE en aot 2009 pour amortir l’impact de la crise co nomique dans les pays ACP, dispose d’un budget total de 500 millions d’euros. “Le mcanisme FLEX relatif la vulnrabilit est l’instrument d’intervention rapide de l’UE visant aider les pays main tenir leurs dpenses dans les domaines prio ritaires, contribuant par l mme la rduc tion des cots sociaux de cette crise dans les pays les plus svrement touchs”, a dclar Karel De Gucht, Commissaire europen au Dveloppement et l’Aide humanitaire. Des reprsentants de l’UE affirment que le reste du budget sera affect en 2010. Les fonds seront injects directement dans les budgets des gouvernements ACP, afin de leur permettre de maintenir le niveau des dpenses publiques, surtout dans les secteurs sociaux, sans mettre en pril leur stabilit macro-conomique. Pour rpon dre la sollicitation des pays ACP qui ont demand une aide financire au titre de V-FLEX, l’UE a bas ses calculs sur les pertes fiscales prvues et d’autres crit res de vulnrabilit. Les reprsentants de l’UE expliquent que le mcanisme s’adresse en effet aux pays hautement vulnrables sur le plan conomique, social et politique et disposant de politiques adquates pour faire face la crise. Ainsi, plusieurs pays de la mme liste de bnficiaires recevront galement une aide supplmentaire, mais moindre, du Fonds europen de dvelop pement (FED) ainsi que d’un mcanisme ‘FLEX’ visant compenser les fluctuations des gains provenant des exportations (voir le tableau ci-dessous pour la liste des pays et des montants respectifs). D.POnze pays africains et deux pays des Carabes sont les premiers bnficiaires du mcanisme europen de financement FLEX relatif la vulnrabilit (V-FLEX). Selon l’annonce qui a t faite en dcembre 2009, ce mcanisme doit en effet allouer 215 millions d’euros des pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP). Il s’agit du Bnin, du Burundi, de la Rpublique centrafricaine, des Comores, du Ghana, de Grenade, de la Guine-Bissau, de Hati, de Malawi, de Maurice, des Seychelles, de la Sierra Leone et de la Zambie (voir tableau). V-FLEX = mcanisme FLEX relatif la vulnrabilit FLEX = compensation des fluctuations des gains provenant des exportations FED = Fonds europen de dveloppementT ableau : Financement de pays A C P en raction la crise (sources de l’UE) “Enfants passant devant un btiment colonial dlabr, Bissau, Guine-Bissau. Reporters/AP

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Mots-clsBulgarie ; Pologne ; Slovaquie ; Afrique du Sud ; FRELIMO ; MPLA. 28 La Bulgarie a rejoint le partenariat UE-ACP depuis peu. Pays en conomie de transition, elle a ellemme bnfici de l’aide trangre au cours de ces 20 dernires annes. Cet Etat des Balkans a nanmoins acquis de l’exprience dans le domaine de la coopration au dveloppement l’poque communiste. Du dbut des annes 60 la fin des annes 80, la Bulgarie a ainsi t un bailleur d’aide au dveloppement pour plus de 40 pays, y compris une srie de pays d’Afrique subsaha rienne. D’autres nouveaux Etats membres d’Europe de l’Est ont eux aussi dvelopp des liens avec des bnficiaires de l’aide au dveloppement. De 1946 1990, la Bulgarie a ainsi activement aid et financ des mouvements d’indpendance sur le continent africain, dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Zimbabwe (ancienne Rhodsie), la Namibie, l’Angola et le Mozambique. Malgr l’absence de relations diplomatiques d’Etat Etat, les dirigeants du Parti communiste bulgare ont activement soutenu les mouvements de libration dans ces pays africains, l’objectif tant de les encourager introduire des poli tiques socialistes dans leurs programmes. En Afrique du Sud, le Congrs national afri cain (African National Congress – ANC) a nou des relations avec les reprsentants du gouvernement bulgare et des ONG de ce pays au dbut des annes 70. Quatre ans aprs sa nomination au poste de Secrtaire gnral de l’ANC, en 1973, Alfredo Nzo, Ministre des Affaires trangres dans le gouvernement de Nelson Mandela, se rendait en Bulgarie dans le cadre d’une visite officielle. Dans les annes qui suivirent, des dlgations de l’ANC furent rgulirement invites des congrs du parti communiste Sofia, la capitale bulgare. Le gouvernement bulgare apporta une aide humanitaire et militaire l’ANC et ne man qua pas d’exprimer plusieurs reprises sa solidarit avec ce mouvement. En 1975, l’indpendance de l’Angola et du Mozambique, la Bulgarie signa des traits d’amiti et de coopration avec ces deux pays. La Bulgarie accorda des bourses des tudiants africains et dans certains pays, des socits binationales furent mme cres (par exemple des entreprises bulgaro-nig rianes). La plupart des anciennes nations socialistes ont poursuivi des objectifs similaires en matire de politique de dveloppement. Dans les annes 70, la Pologne a ainsi activement soutenu le concept de “Nouvel ordre cono mique mondial”. Pays communiste, elle est nanmoins parvenue nouer des relations avec des dirigeants africains anticommunis tes. D’autres nations du bloc socialiste ont toutefois privilgi les partenariats avec des mouvements communistes. Ainsi, le Parti socialiste hongrois des travailleurs a conclu des accords de coopration interpartites avec le Front de libration du Mozambique (Frente de Libertao de Mocambique – FRELIMO) et le Mouvement populaire de libration de l’Angola – MPLA). Mais y a-t-il un lien entre les politiques menes par les gouvernements socialistes il y a plusieurs dizaines d’annes et les politi ques de dveloppement actuelles des nou veaux Etats membres de l’Est ? La carrire personnelle de l’ancien Ministre slovaque des Affaires trangres Eduard Kukan (en fonction de 1998 2006) laisse supposer que oui. Diplomate tchcoslovaque de 1964 1991, Kukan s’est principalement int ress aux relations de son pays avec divers pays d’Afrique. En charge du portefeuille des affaires trangres, il n’a pas manqu de mettre profit sa connaissance du swa hili, acquise pendant ses tudes Moscou, l’Institut d’Etat des Relations interna tionales. Les dirigeants politiques actuels peuvent ainsi s’appuyer sur des contacts personnels et des comptences dveloppes dans le pass pour relancer le partenariat de leur pays avec certains pays ACP. * Journaliste freelance. Partenariat A C P-UE :les nouveaux venus s’appuient sur 30 annes de liens avec des bnficiaires de l’aide Tim Graewert*Opinion Interactions ACP-UEAndrei Gromyko (premier plan, droite), le Ministre des Affaires trangres de l’ex-Union sovitique, en discussion avec Marcelino dos Santos, membre fondateur du FRELIMO, le Ministre mozambicain du Dveloppement et de la Planification conomique, Moscou, 1977. Reporters/Novosti

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Le premier Forum europen de la culture prvu dans le cadre de cet agenda s’est droul Bruxelles les 29 et 30 septembre 2009. Y a notamment t aborde la question de la relation entre culture et dveloppement. Cette thmatique a t analyse par Odile Quentin, direc trice gnrale de la culture, et par Stefano Manservisi, directeur gnral du dvelop pement. M. Manservisi a dcrit l’volution en cours de cette relation : la culture venait gnralement en dernire place dans la liste des priorits de la politique de dveloppe ment, mais elle relve dsormais de l’ap proche transversale, car il est tabli qu’elle joue un rle majeur pour jeter les bases d’un dialogue fructueux. Des analystes du monde de la culture venant de pays ACP ont assist aux ateliers orga niss durant le forum. Des comparaisons intressantes ont t faites entre le pro gramme Culture (destin l’Europe) et le programme ACPCultures (destin aux pays ACP). Le programme ACPCultures est rcent et a donc moins d’exprience, et son budget est moindre alors que le nombre de pays concerns est plus important (6 mil lions d’euros pour les 79 pays ACP, contre 400 millions d’euros pour les 27 pays euro pens). De plus, le programme ACPCultures bnficie d’une visibilit moindre parmi le public citoyen vis. Francisco D’Almeida (de l’association Culture et Dveloppement) a fait part de l’impatience des oprateurs africains sur le terrain, et de leur dsir de voir l’application concrte des politiques locales et nationales au service de leurs activits culturelles de tous les jours et d’voluer dans des marchs nationaux et interrgionaux mieux structu rs. La question des visas pour les oprateurs non europens a galement t voque. Les plates-formes culturelles europennes, qui font pression sur leurs gouvernements, ont t cites comme un modle intressant. Force est de constater en effet que la mise en rseau est maintenant une pratique de rigueur dans tous les projets culturels. Lors de la troisime confrence mondiale de Culturelink , qui s’est tenue Zagreb du 13 au 15 novembre 2009, des dbats ont t organiss sur la place des rseaux culturels dans l’laboration des politiques nationa les et transnationales. Les membres de Culturelink Network , une institution finance par l’UNESCO et le Conseil de l’Europe, ont rappel quel point il tait important de rorienter les politiques culturelles l’heure o la technologie facilite les interactions et faonne les pratiques culturelles dans un espace de communication numrique en pleine volution. Des thmatiques majeures concernant le rle des rseaux culturels dans les stratgies de dveloppement durable ont t mises en vidence au travers d’exemples en Amrique latine (le rseau latino-am ricain Art et Transformation sociale) et en Afrique (l’ARTerial Network). Dans ce contexte, les activits de mise en rseau entre les oprateurs sont une priorit de la politique culturelle et sont essentielles pour rpondre aux besoins criants du sec teur de la culture du Sud.* Rsolution du Conseil du 16 novembre 2007 relative un agenda europen de la culture, Journal officiel n C 287/1 du 29.11.2007.La culture est un outil fondamental pour les relations extrieures de l’UE. C’est l’un des thmes qui se profile depuis 2007, lorsque le Conseil a approuv l’agenda europen de la culture* qui se fonde sur trois objectifs stratgiques ambitieux : la promotion de la diversit culturelle et du dialogue interculturel, la promotion de la culture en tant que catalyseur de la crativit et, enfin, la promotion de la culture en tant qu’lment indispensable dans les relations internationales de l’UE.Politique culturelle : les oprateurs se lancent dans des activits de mise en rseauAndrea Marchesini Reggiani Mots-cls Forum europen de la culture ; Culturelink Network. 29 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010ACP-UE Interactions CE

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Greenpeace dbarque en Afrique30 Assurer la place du troisime homme, le pouvoir localA ct des gouvernements et des organisations non-gouvernementales exprimentes, les auto rits locales et rgionales doivent participer la gestion des ressources de la coopration au dveloppement afin de la rendre plus efficace. Tel est la prmisse des "Assises de la coopration dcentralise" organises au Comit des rgions Bruxelles le 2 dcembre 2009 en collaboration avec la Commission europenne. Parmi les importantes dcisions concluant ces assises, l'instau ration d'un dialogue politique sur la coopration dcentralise devant conduire terme la prise en compte plus grande des desiderata des pouvoirs locaux europens et des pays bnficiaires dans la programmation de l'aide de l'UE.Assise de la coopration dcentralise Des participants venant de tous les continents se sont runis Bruxelles au Comit des rgions, une institution de l'Union euro penne, pour dbattre de projets, program mes et perspectives relatifs la coopration dcentralise. Et surtout y dfinir la place des autorits locales. Pour le commissaire au dveloppement de la Commission euro penne, Karel De Gucht : "Les autorits de niveau local et rgional apportent une pers pective, une exprience et des comptences uniques en matire d'action sur les questions de dveloppement". Point de vue corro bor par Luc Van den Brande, prsident du Comit des rgions : "Les ONG sont dj trs actives dans ce domaine. Nous ne devrions pas les imiter, mais plutt concen trer nos efforts sur la qualit de la gestion de l'aide au dveloppement au niveau local et rgional chez nos partenaires." Corps Outre les dbats gnraux, quatre tables-rondes s'taient tenues dont les prin cipales conclusions et recommandations ont t les suivantes. Efficacit de l'aide. Le "bon" projet est celui dfini par les gens selon leurs besoins. Il faut donc prendre en compte les autorits locales pour l'laboration de la politique europenne de dveloppement. Gouvernance locale. Elle implique tous les acteurs locaux et rgionaux, gouver nements, socit civile, population. Les pouvoirs locaux doivent grer une partie de l'aide. Ce que ne permet pas par exem ple l'aide budgtaire. Energie. Sur ce thme qui est li ceux de la protection de l'environnement et du changement climatique, l'action locale est importante. Exemples : l'indpendance nergtique de Sao Paulo qui produit pro prement 45 % de son nergie propre ou le reboisement de Paris. Objectif du millnaire du dveloppe ment – Sant. Les autorits locales par ticipent trs rarement la dfinition des politiques de sant. Cela doit changer. Les dcisions immdiates annonces la fin de la rencontre ont t celles de l'laboration d'un atlas listant les programmes et projets de coopration des autorits locales euro penne ; d'un dialogue suivi prolongeant ces premires assisses ; et de la cration d'un forum internet entre autres sur les fonds europen pour la coopration dcentralise. La Commission europenne travers une dclaration de son directeur gnral du Dveloppement, Stefano Manservisi, s'est engage notamment uvrer pour que les vues des autorits locales et rgionales soient prises en compte par l'UE dans le cadre des actions des Nations Unies durant cette anne 2010 sur les Objectifs du mill naire du dveloppement. H .G. Mots-cls Comit des rgions ; Commission europenne ; Assises de la coopration dcentralise ; OMD, Karel De Gucht ; Stefano Manservisi ; Hegel Goutier. Interactions ACP-UEKhalifa Sall, maire de Dakar, Sngal, la Confrence sur la coopration dcentralise Bruxelles. Comit des Rgions

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Greenpeace dbarque en Afrique L a socit civile en actionAprs l’Europe et l’Amrique, Greenpeace prend ses quartiers en Afrique et s’attaque au rchauffement du climat, la dforestation et la surpche. Le credo de cette installation: une meilleure gestion des ressources naturelles devrait tre bnfique, terme, la scurit alimen taire et lutte contre la pauvret. L’actualit de ces derniers mois, chez Greenpeace, est dcidment trs africaine. Depuis l’automne dernier, le nouveau directeur excutif de Greenpeace International est d’origine sudafricaine. Son nom : Kumi Naidoo, docteur en sciences politiques l’Universit d’Ox ford. La Sngalaise Michelle Ndiaye Ntab, elle, vient de prendre les rnes des trois premires implantations africaines de l’as sociation l’arc-en-ciel : Le Cap, Kinshasa et, bientt, Dakar. Rencontre. Quelle image de l’Afrique dfendez-vous ? Michelle Ndiaye Ntab : Aprs avoir t long temps afro-pessimiste, j’ai aujourd’hui une analyse plus nuance. C’est vrai qu’il y a une Afrique qui pitine : celle de la mal gouver nance et de la corruption ; celle qui manque cruellement de gouvernements visionnaires et dont la socit civile, faute de caisse de rsonance, ne parvient pas se faire enten dre. Mais il y a aussi l’Afrique qui bouge, trop peu relaye dans les mdias. Voyez le Burkina Faso, par exemple. Enclav et trop dpendant du coton, ce pays a russi en quelques annes diversifier considrablement sa production agricole, exportant des haricots verts et des tomates-cerises vers l’Union europenne. Souvenez-vous de la position commune du groupe Afrique quelques semaines avant la confrence de Copenhague sur le change ment climatique. Une premire ! Voyez aussi les choix de dveloppement oprs depuis 2000-2001 par le Nepad (Nouveau parte nariat pour le dveloppement de l’Afrique), notamment sur les autoroutes et la fibre opti que. C’est l’Afrique qui se renouvelle ! La tlphonie, sans doute. Mais la promotion des autoroutes en Afrique ! Il va falloir expliquer cela aux Europens de Greenpeace Si l’on veut dbloquer les marchs rgionaux, il est ncessaire de prvoir des infrastructu res qui permettent aux populations et aux produits de se dplacer d’un pays l’autre, surtout lorsqu’il n’y a pas d’accs la mer. Il n’est tout de mme pas normal que des marchandises transitent aujourd’hui par la Belgique ou la France pour passer d’un pays africain un autre ! Si nos marchs s’ouvrent Rencontre avec Michelle Ndiaye Ntab, Directeur excutif de Greenpeace Afrique et experte en gouvernance, sant et dveloppement. Philippe Lamotte*31 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Michelle Ndiaye Ntab. Greenpeace Activistes de Greenpeace au Sommet Europe-Afrique de Lisbonne, Portugal, en 2007. Reporters/AP

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32 l’un l’autre, ils pourront alors se fermer certains produits venus du Nord qui cassent nos prix locaux. Cela dit, les proccupations environnementales sont en train de monter en puissance au sein du Nepad. On dit parfois que l’Afrique a besoin de diri geants forts et ne peut se permettre le luxe de la dmocratie. Si l’Afrique est l o elle se trouve aujourd’hui, c’est parce qu’elle a cru, une poque, qu’il n’tait pas important d’avoir des insti tutions politiques fortes. Seule comptait la ncessit d’attirer les investisseurs et, avec leur argent, de faire tourner l’conomie. Le problme est qu’aujourd’hui, on demande l’Afrique de faire en cinquante ans ce que l’Europe a fait en trois sicles. L’Occident oublie parfois qu’une nation se btit tou jours par tapes. Je pense fondamentale ment que l’avnement de la dmocratie est indissociable de l’arrive d’une socit civile forte, de partis forts et de leaders forts. Quelles sont les priorits de Greenpeace en Afrique ? Allez-vous adopter les mmes mtho des que celles pratiques par les militants euro pens ou amricains ? Tout dpend. En RDC, par exemple, nous travaillons beaucoup avec les communauts de base des rgions jusqu’ici pargnes par la dforestation. En Afrique du Sud, nous avons affaire une population urbaine et semi-urbaine plus duque, plus conscien tise. Nous pouvons nous livrer l-bas un travail de lobbying direct sur le gouver nement. Nous dnonons certains choix politiques ou les agissements d’industries polluantes, mais nous insistons beaucoup sur les alternatives et leurs bnfices. Aprs une seule anne, Greenpeace Afrique comp tait dj 3.800 membres – uniquement des particuliersqui cotisent chacun pour 5,5 euros mensuels. Grce un vaste travail de communication entam l’automne 2008 via les TV et les radios communautaires, nous avons rapidement acquis une notorit extrmement enthousiasmante partout sur le Continent. Si ce succs se maintient, nous serons indpendants d’ici deux trois ans. * Journaliste freelance. Mots-cls Greenpeace ; Afrique ; Michelle Ndiaye Ntab. La socit civile en action La socit civile A C P se met en rseauRuni les 10 et 11 dcembre 2009 Bruxelles, le Forum de la socit civile ACP a dcid de mettre en place un vaste rseau virtuel de dialogue entre toutes les organisations civiles et leurs points focaux dans les 79 pays d’Afrique, Carabes et Pacifique. Le but : changer des informations sur les grands dfis des ACP mi-parcours de leur coopration avec l’UE dans le cadre de l’accord de Cotonou. V otre participation l’labora tion des programmes indica tifs rgionaux et nationaux est indispensable de mme que votre avis sur l’analyse en cours de l’accord de Cotonou mi-parcours, sans compter les ngociations sur les Accords de partenariats conomiques”, a dclar, l’ouverture de la runion, Sir John Kaputin, l’poque Secrtaire gnral du groupe ACP. De son ct, Dominique Delicour, du bureau de coopration EuropeAid de la Commission europenne, a invit les participants assis ter au sminaire rgional que la Commission organisera dans le courant de cette anne au Mail dans le cadre du dialogue struc tur. Mme Delicour a galement invit les reprsentants du Forum lire le rapport labor par les services de la Commission sur la participation de la socit civile (http:// ec.europa.eu/europeaid/what/civil-society/ index_en.htm). Au cours de la runion – la troisime depuis la cration du Forum en 1997 –, les repr sentants de la socit civile se sont plaints des procdures “complexes et bureaucrati ques” de la Commission. Ils ont galement lanc un appel la Commission afin qu’elle implique davantage des experts issus des ACP dans les programmes les concernant. “La pratique de la Commission d’envoyer des experts europens ne s’est pas traduite par des changes ou transferts de connais sance ; au contraire, les nombreux rapports rdigs ne sont pas utiliss et sont une perte de temps et d’argent”, a soulign un repr sentant. M.M.B. Mots-cls Forum de la socit civile ACP ; Sir John Kaputin ; Mme Dominique Delicour. Matriel et mdicaments d’un service de sant de base Aftout, Mauritanie. EC/ Carolina Martin Tirand “

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La crise mondiale entaille le joyau de l’Afrique Si l’Europe, l’Amrique et le Japon n’achtent pas de diamants, nous ne gagnons rien. Avec pour corollaire direct de grosses cou pes dans notre budget. D’abord le budget annuel : nous avons d rduire la part du dveloppement de 5% dans le dernier bud get annuel et les dpenses courantes de 7%. Nous avons d renoncer certains projets que nous avions l’intention de lancer”, expli que le ministre. Et qui plus est, le statut de pays revenu intermdiaire du Botswana signifie que l’accs aux fonds des donateurs internationaux est devenu plus difficile ces deux dernires annes. Les ventes de diamant ont d’abord chut lors de la prparation des ftes de fin d’anne en 2008. Et d’ajouter “ deux reprises, aucun diamant n’a t vendu pendant deux mois d’affile : aux alentours d’octobre 2008 et de Nol 2008. Plusieurs mines ont ferm et des travailleurs ont t licencis. Cela n’avait aucun sens de continuer de produire les dia mants pour les accumuler sans les vendre. Nous avions revu nos prix la baisse mais cela n’a rien chang. Heureusement, aujourd’hui nos ventes de diamants ont repris, mais nous n’avons pas encore rcupr et nous sommes toujours au niveau de 2007.” Le dixime Plan de dveloppement national du Botswana en a souffert. Ce plan de dve loppement sur six ans, approuv en aot 2009, a dmarr en retard en raison de l’in certitude des revenus. “Mme aujourd’hui, nous ne pensons pas encore tre tirs d’af faire. Le rsultat est que nous avons d rduire nos rserves. Nous empruntons beaucoup plus qu’avant”, a prcis le minis tre Skelemani. Il a ajout que les emprunts taient vitaux pour maintenir sur les rails certains projets, tels que la construction de trois grands barrages dans le sud du pays, qui manque d’eau et de rivires. Le ministre a cependant dclar que les rductions des dpenses ne nuiraient pas aux financements publics consacrs l’achat de mdicaments antirtroviraux pour les nombreux citoyens du Botswana vivant avec le VIH/sida. L’conomie tincelante du Botswana qui repose en grande partie sur l’exploitation de diamants s’est ternie en 2009. En effet, pour ce pays enclav qui compte un peu moins de deux millions d’habitants, les pierres prcieuses ont longtemps t la base de l’conomie, reprsentant la moiti des revenus publics et 70% des changes internationaux, et contribuant ainsi au dveloppement social enviable de ce pays. Un pays qui est presque devenu un modle pour le reste de l’Afrique. Certaines mines de diamant ont d fermer suite au ralentissement de l’conomie mondiale. Au dbut de 2010, il y a eu une lueur de reprise, mais le choc a provoqu un changement au niveau du gouvernement qui a d revoir ses plans pour ce secteur. Phandu Skelemani, ministre des Affaires trangres et de la Coopration internationale du Botswana, a expliqu au Courrier lors d’une interview rcente Bruxelles, que le gouvernement appelle dsormais une plus grande participation du secteur priv la cration d’un centre d’excellence du diamant o le Botswana taillera, polira et faonnera ses propres diamants. “ C ommerce33 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Sige de Debswana, Gaborone. D. Percival Perspectives de reprise en 2010 ? Debswana

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> L’agrgation retarde Depuis avril 2009, le pays est nouveau capable de vendre ses diamants, mais le gouvernement souhaiterait aussi dvelopper sa plaque tournante de l’industrie minire et diamantaire, actuellement gre par la Diamond Trading Company of Botswana (DTCB). Pour ce faire, il a dcid de faire appel au secteur priv et espre que ce der nier achtera jusqu’ 49% des actions de la DTCB. “Voil un secteur auquel le sec teur priv devrait participer trs volontiers. Initialement, on pensait que cette activit devrait tre essentiellement publique, mais il est vident que nous ne pouvons pas conti nuer sur cette voie”, prcise le ministre. L’objectif est de crer un centre d’excel lence dernier cri pour polir, tailler et faon ner des bijoux en diamants, et qui pour rait galement tre un centre d’agrgation. L’agrgation consiste mlanger, en vue de leur vente, les diamants bruts produits par le Botswana avec des productions d’autres parties du monde comme l’Afrique du Sud, le Canada, la Tanzanie et la Namibie. Le pays avait prvu lancer cette activit en 2009. Malheureusement “l’agrgation a t reporte d’un an, justement cause de l’ins tabilit, mais on y viendra certainement, parce que nous pensons produire les pierres de meilleure valeur. Nous ne voyons pas pourquoi l’agrgation devrait avoir lieu dans des rgions qui ne produisent pas de dia mant”, explique le ministre au Courrier . La dcision, prise en dcembre 2009 par la socit britannique Firestone Diamonds plc, qui dirige des activits minires en Afrique du Sud et au Botswana, de dmarrer l’ex ploitation commerciale du kimberlite dia mantifre dans la mine BK11 dans le nord du Botswana est un signe de reprise du sec teur, mme si les nouveaux fonds consacrs au dveloppement de la mine proviennent, en l’occurrence, d’une socit trangre, plutt que nationale. Les activits devraient commencer plus tt que prvu, au premier trimestre de 2010, pour atteindre sa capacit de production maximale de 1,5 millions de tonnes de diamant au troisime trimestre de 2010. Dans un communiqu de presse, Philip Kenny, le prsident directeur gnral de la socit, a dclar que la dcision a t prise suite aux prvisions de pnurie de diamant brut, qui devrait faire grimper les prix du diamant au cours des prochaines annes. Le secteur touristique du Botswana, une autre source de revenus importante, a tenu le coup jusqu’ prsent, selon le ministre Skelemani. Cela est d en partie au fait que les gens ont tendance rserver leurs vacan ces au Botswana l’avance et ne changent pas leurs plans la dernire minute, mais aussi au fait que le pays dispose de paysa ges incomparables : le delta de l'Okavango, le parc national de Chobe et la rserve de gibier du Kalahari central. Le Botswana espre aussi tirer des bnfices de la Coupe du Monde de la FIFA chez ses voisons d’Afrique du Sud en 2010, grce l’agran dissement rcent de l’aroport de sa capitale, Gaborone, pour pouvoir accueillir des longcourriers partir de mars 2010. D.P. Le ralentissement conomique a touch le commerce du diamant, un secteur forte intensit de capital, l’chelle mon diale, a dclar Freddy J. Hanard, prsi dent directeur gnral du Centre Mondial du Diamant (WDC) dans une interview avec Le Courrier . Le WDC, tabli dans la ville flamande d’Anvers, en Belgique, domine 80% du march mondial du dia mant brut et 50% du march du diamant poli. Les premiers mois de 2009 ont t particulirement difficiles, les produc teurs rduisant la fois leur production et les ventes, dit Hanard. D’aprs lui, Anvers a bien rsist, son commerce du diamant brut et poli ayant chut de 25% peine de janvier novembre 2009. Ses prvisions pour le commerce mondial du diamant brut en 2010 ? “Alors que les ventes s’levaient 13,4 milliards de dollars en 2008, elles chuteront pro bablement 7,5 milliards de dollars en 2009, pour remonter 12,5 milliards de dollars en 2010.” Il prvoit une lgre augmentation du commerce mondial du diamant poli en 2010, raison de 0,4%. “Nous devrons probablement attendre 2011 avant le rtablissement complet, condition de ne pas rencontrer de nou velle crise financire. Les ventes de dia mant ne dpendront pas directement de la demande des consommateurs, mais plutt des financements disponibles”, a dclar Hanard. L ES DI AMA NT S S ONT T E RNELS Mots-cls Botswana ; Phandu Skelemani ; diamant ; DTCB ; FIFA 2010. C ommerce 34 Mine de diamants, Botswana. Debswana Le tourisme tient le coup jusqu’ prsent. D. Percival

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35 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 L’accord tarifaire intervenu en dcembre 2009 entre les pays d’Amrique latine et l’Union europenne (UE) au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) Genve marque la fin de 15 annes de conflit de la banane, une des plus longues guerres commerciales que le monde ait connues. Mais les agriculteurs des Carabes orientales ripostent. L’accord conclu entre les ambassadeurs de l’UE et d’Amrique latine prvoit, pour l’essentiel, que l’UE abaisse pro gressivement ses droits de douane sur les bananes de 176 euros/tonne actuellement 114 euros/tonne d’ici 2017. Il inclut une rduction initiale de 28 euros/tonne, ce qui donnera lieu un premier palier fix 148 euros/la tonne ds la signature de l’accord par toutes les parties, qui devrait intervenir dbut 2010. Pour leur part, les pays d’Amrique latine ont accept de ne plus exiger de nouvelles rductions tarifaires lors de la reprise des ngociations commerciales dans le cadre du cycle de Doha de l’OMC. Toujours dans le cadre de cet accord, les Etats-Unis ont galement accept d’abandonner toutes les poursuites introduites au sein de l’OMC contre l’UE dans le cadre de ce conflit, dont certaines remontent 1993. Lors de la mise sous presse du Courier , le Conseil de l’UE devait encore approuver l’accord pralable la signature de l’accord avec les pays d’Amrique latine et l’accord de rglement avec les Etats-Unis. Aux termes du trait de Lisbonne rcemment ratifi, le Parlement europen doit aussi donner son accord. “Il s’agit l du meilleur accord que nous pouvions esprer. Il concilie en effet les intrts lgitimes de toutes les parties. Je sais que les producteurs des pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP) risquent d’avoir du mal s’adapter cette nou velle situation, mais l’UE fera de son mieux pour les aider”, a dclar Karel De Gucht, Commissaire europen au Dveloppement. > D es compensations L’UE a en effet promis d’affecter jusqu’ 200 millions d’euros – entre 2010 et 2013 – pour amliorer la comptitivit et la diversifica tion conomique et attnuer les consquen ces sociales de l’ajustement imposs aux pays ACP producteurs de bananes. L’Union a ainsi dclar que l’accord intervenu Genve donnait suffisamment de temps aux pays ACP pour s’adapter ces nouveaux taux tout en amliorant la prdictibilit du march de la banane. Mais les produc teurs des Carabes orientales sont loin d’tre convaincus. “Cet ‘accord’ est loin de satisfaire les pays ACP qui exportent des bananes en Europe”, explique Renwick Rose, secrtaire gnral de la WINFA (Association des agriculteurs des Iles Sous-le-Vent). Selon lui, les expor tateurs latino-amricains, constitus par les trois grandes multinationales amricaines Dole, Del Monte et Chiquita , dtiennent eux seuls 80% du march europen. Avec une part de march limite 1%, les Iles Sousle-Vent (Saint-Vincent-et-les-Grenadines ; Sainte-Lucie et la Dominique) ne mena cent en revanche pas le moins du monde la domination latino-amricaine. Et d’ajouter : “Grce l’abaissement des droits de douane, les producteurs latino-amricains pourront vendre meilleur prix encore leurs bananes, vinant ainsi du march les producteurs de notre rgion.” M. Rose craint en outre que la compensation financire “nettement inadquate” se fasse attendre, doutant mme qu’elle ira relle ment bnficier aux producteurs. La com pensation promise par l’UE doit en outre tre partage entre tous les producteurs des ACP, dont le Cameroun, la Cte d’Ivoire, le Ghana, le Suriname et Belize. En dcembre 2009, l’UE, les pays ACP et les pays d’Amrique latine ont galement adopt une approche commune sur les produits “tropicaux” et l’“rosion des prfrences” dans le cadre des ngociations du cycle de Doha de l’OMC. Les “produits tropicaux” feront l’objet de rductions de droits de douane encore plus importantes, tandis que l’abaissement des droits sur les produits dits d’“rosion des prfrences” intressant les pays ACP se fera sur une priode relative ment plus longue. D.P. Une “affaire conclue” qui ne plat gure aux C arabes orientales Mots-cls Bananes ; Renwick Rose ; WINFA ; Karel De Gucht ; OMC ; Cycle de Doha ; Iles Sous-le-Vent. C ommerce Vendeur de bananes. Reporters /AP

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Z oom L’Ange-gardien de la dmocratie prend son envolGloria Mika top-modle Gloria Mika tait Paris depuis une semaine, venant d’Athnes, elle vit dans ces deux villes. La nuit avait t courte manifes tement. Elle s’tait dpche pour arriver au point de rencontre avec Le Courrier la Gare du Nord. Nous apprendrons plus tard qu’elle travaille normment la nuit. Pour tout maquillage de son visage satin d’une fracheur presque juvnile, les lvres subtilement nacres. Tenue de sport, sans ornement, pour tablir probablement la diffrence entre l’ange de dsir envotant des dfils de mode et l’ange gardien de la socit civile. C’est presque relche pour elle ce jour : seulement acheter un billet pour un court voyage au Ghana et dposer une demande de visa l’ambassade de ce pays, et l’aprs-midi, un rencontre avec des intellectuels activistes africains, de Guine notamment, la Bastille. A 29 ans, la top-modle a derrire elle dix annes de dfils. Avec des agences cultes comme Elite, les plus grands coutu riers, Ungaro, Diesel, Escada, Pierre Cardin, Alphadi, Paul Mitchell, Kathy Heyndels, Yianos Xenis, Misu Mitsu, ou des bijoutiers comme Chris Aire de Los Angeles grce qui elle a cr des liens avec Cline Dion. Elle a t visage de la ligne prestigieuse de produits de beaut, L’Oral et grie de stars internationales comme Wyclef Jean, le cra teur des Fugees, dans son clip Sweetest girl , en compagnie d’autres grosses pointures, Akon et Lil Wayne. Elle est pressentie pour des films et a mme suscit l’intrt d’un trs grand cinaste amricain.Avec son mtre 88 lanc de beaut, d’lgance et d’intelligence, Gloria Mika, top-modle grco-gabonaise, icne de grands couturiers et de crateurs de produits de beaut de luxe, grie de stars de la musique, vient de voir sa notorit prendre un envol. Aprs son appel toutes les bonnes volonts, dont ses collgues mannequins, pour crer “Les Anges gardiens de la Transparence” afin de surveiller le droulement des lections au Gabon en aot dernier, et l ou il y a risque de dni du choix populaire. L’initiative a engendr un grand buzz sur la toile. Depuis, trs sollicite, Gloria Mika intervient pour diffrentes causes. Avec doigt et professionnalisme. Et avec courage ; elle a dsormais maille partir avec des puissants.36 Avec l’aimable autorisation de Gloria Mika

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Gloria Mika est ne Libreville au Gabon, sa famille s’est installe au Sngal alors qu’elle avait six ans, pour une dure de trois ans, sjour dont elle aurait gard souvenan ce de son enfance de la faon la plus incisive. A 15 ans, elle ira aux Etats-Unis la French International High School Rochambeau, pour gagner Paris trois ans plus tard. L, elle frquentera La Sorbonne – un BA en Communication-Relations publiques – avant de parachever ses tudes l’American College d’Athnes pour une spcialisation en gestion des associations non-lucratives avec une option en analyse politique. Elle a en tte de prsenter une thse de doctorat sur Gene Sharp, le thoricien de la fin de l’histoire en liaison avec ceux de la non-vio lence, Gandhi et Martin Luther King. Elle avait bien particip 15 ans un dfil lors d’une soire culturelle au Gabon. Mais c’est sa participation 17 ans, juste pour s’amuser, au concours de Miss Metropolitan de Washington DC dont elle est sortie pre mire dauphine, qui allait attirer les regards vers elle. En peu de temps deux dfils rela tivement importants un gala de la Banque mondiale et un autre de l’ONU o elle a fait la rencontre du styliste nigrien, Alphadi dont elle restera trs proche. Rentre Paris, elle le retrouvera et rencontrera la cratrice sngalaise, Claire Kane, et puis tous les autres grands. > Une icne d’un autre type Gloria Mika tait dj implique dans plu sieurs projets de dveloppement dans des pays pauvres, par exemple un sur l’duca tion dans un bidonville d’Hati. C’est la dception cre par la tournure que prenait la campagne lectorale pour les lections du 30 aot au Gabon qui l’a pousse prendre la dcision cruciale de suspendre momen tanment son travail de top-modle et de lancer le 20 juillet 2009 son appel pour les Anges Gardiens, sur Facebook d’abord avant de crer un site propre. Quelques heures plus tard, des dizaines d’inscription taient arrives. Aprs quelques jours, ce sera des centaines. Le dlai tait trop court pour jouer vraiment sur la transparence de ces lections. Mais la frnsie provoque par l’appel de la Belle a port les mdias de partout en rvler les irrgularits et informer sur les brutalits qui les avaient mailles. a lui a donn des ailes. Gloria Mika est dsormais une icne d’un autre type. Ecoute, pas seulement admire. Elle met bien les garde-fous pour empcher que les “Les Anges Gardiens pour la transparence” ne soient phagocyts par des gens avec un agenda personnel ou avec des projets dou teux. Les membres de l’association doivent tre pacifistes et non-affilis des partis politiques. Depuis, elle est sollicite de partout. Associations et personnalits de Guine Conakry, du Congo Brazza, du Congo RDC, intellectuels, activistes font appel elle, rclament sa prsence. Elle prend la parole des colloques, des rencon tres d’experts, de chercheurs, de politiciens. Jusqu’aux activistes du Tamoul. “En juillet, j’tais avec les Tamouls pour les soutenir. En prnant le principe de base de mon mouvement, la non-violence.” D’autre part, elle continue mobiliser tous azimuts pour avoir plus d’anges. Pour une future cam pagne, “Breaking the silence” sur le thme des trois petits singes qui ne veulent pas entendre, regarder et parler comme par fois la communaut internationale aprs les lections au Gabon, elle a le soutien de ses amies mannequins qui veulent aussi mettre leur beaut au service de la dmocratie et de designers fameux. Parmi les appels tlphoniques incessants qu’elle reoit, tant manent de connaissan ces qui se soucient de sa scurit qu’elle finit par leur demander si elles sont informes d’une menace prcise. “Je n’ai pas peur car je n’ai pas d’ennemis, je ne veux qu’apporter ma modeste contribution citoyenne pour aider les gouvernements amliorer leur gouvernance. Si on veut me tuer, qu’on le fasse. Tout ce qu’ils auront, c’est mon cada vre et ma dsobissance.” H .G. En juillet, j’tais avec les Tamouls pour les soutenir. En prnant le principe de base de mon mouvement, la nonviolence. Mots-clsGloria Mika ; Gabon ; Guine ; Congo ; lections ; Anges Gardiens de la Transparence ; Elite ; Ungaro ; Diesel ; Escada ; Pierre Cardin ; Alphadi ; Paul Mitchell ; Kathy Heyndels ; Yianos Xenis ; Misu Mitsu ; Chris Aire ; Cline Dion ; Wyclef Jean ; Sweetest girl ; Akon ; Lil Wayne ; Hegel Goutier. 37 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 Z oom Gloria Mika devant La Bastille, Paris, symbole de la Dclaration des droits de l’homme. Hegel Goutier Avec l’aimable autorisation de Gloria Mika.

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38 D e la TerreLes pays en dveloppement les plus pauvres et les plus vulnrables sont venus Copenhague sachant qu’ils avaient le moins offrir et le plus perdre. Ils en sont repartis bredouille.Le grand soir du climat attendra Nous nous sommes battus pour obtenir le peu que nous avons eu, pas grand-chose en l’oc currence”, a dclar Dessima Williams, dlgue de la Grenade et de l’Al liance des petits Etats insulaires (AOSIS), devant les reprsentants des 192 nations au matin du 19 dcembre, qui allait voir le sommet de Copenhague sur le climat se refermer sur un chec. Elle leur a cependant demand avec force, comme l’thiopie au nom de l’Union africaine et le Lesotho au nom des pays les moins avancs (PMA) d’adopter l’“Accord de Copenhague” de trois pages annonc la veille par le prsident des Etats-Unis, Barack Obama. Le mme accord avait ensuite t rejet par plusieurs pays en dveloppement, notam ment le Soudan, dont le leader charismatique Lumumba Di-Aping a dclar que cela reve nait demander l’Afrique de signer un texte “suicidaire”. En fin de compte, l’assemble a pris acte de l’accord, sans l’adopter, et les gouvernements de la plante sont convenus de poursuivre les ngociations sur le climat, sans fixer de date limite pour livrer leurs conclusions ou aboutir un accord qui don nerait lieu un trait contraignant. “Je ne vous cacherai pas ma dception. Nous ne sommes pas parvenus combler nos atten tes. La ncessit d’un accord contraignant n’a pas t reconnue”, a conclu le prsident de la Commission europenne Jos Manuel Barroso, le visage las, comme vaincu, devant des journalistes. “L’accord ne lvera pas la menace climatique”, a-t-il poursuivi.> Les nations les plus pauvres prennent position L’accord de Copenhague et la dcision de poursuivre les ngociations dans le cadre du protocole de Kyoto et celui, plus large, de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) sont les seuls accomplissements importants de la Confrence. Toutefois, le texte de l’accord est vague et ne donne pas de prcisions, ni sur les rductions d’missions, ni sur la part du financement long terme qui doit venir du secteur public par rapport au secteur priv. Les engagements de financements acclrs s’lvent pour l’heure 25 – et non 30 – milliards de dollars. Des rfrences explicites un prlvement sur les fiouls lourds, qui pourrait permettre de financer jusqu’ un quart des budgets long terme requis selon la fdration euro penne T&E, ont t supprimes. Le Malawi avait plaid, au nom des PMA, en faveur de l’intgration d’une rfrence ce prlve ment. Selon certains, le chaos du sommet danois pourrait inciter placer les ngocia tions internationales sur le climat dans un autre cadre, par exemple le Forum des co nomies majeures sous l’gide des Etats-Unis ou le G20. Cela reviendrait en exclure les plus pauvres, alors qu’ils commenaient peine faire entendre leur voix.Changement climatique“Detlef Sonnenberg*Confrence des Nations Unies sur le changement climatique en 2009, Copenhague, Danemark. Reporters/UPP

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39 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Le premier ministre thiopien, Mls Zenawi, la tte de la toute premire dl gation conjointe d’Afrique de l’histoire Copenhague, a dclar que les Africains taient l pour ngocier, et non en tant que victimes. L’Ethiopie et la France ont pr sent un plan de financement appelant une taxe mondiale sur les transactions financi res – la taxe Tobin – et des taxes sur le transport arien international de personnes et de marchandises. La socit civile africai ne tait prsente comme jamais auparavant, amenant Tim Gore, reprsentant d’Oxfam, dclarer que les ngociations sur le climat ressemblaient de plus en plus aux ngocia tions internationales sur le commerce. Selon certains, le chaos du sommet danois pourrait inciter placer les ngociations internationales sur le climat dans un autre cadre, par exemple le Forum des conomies majeures sous l’gide des Etats-Unis ou le G20. Cela reviendrait en exclure les plus pauvres, alors qu’ils commenaient peine faire entendre leur voix .> chec cuisant de la stratgies climatique de l’UE L’UE et l’Afrique taient d’accord sur de nombreux sujets, des pressions en faveur de fortes rductions d’missions la recon naissance de la ncessit d’un financement important long terme. Mais comme l’Afri que, l’UE n’a toutefois pas russi atteindre ses objectifs. En fin de compte, l’Europe a t relgue au rang d’observateur, les EtatsUnis, la Chine, l’Inde, le Brsil et l’Afrique du Sud ngociant l’accord. Un Barroso frus tr a dclar que personne n’avait prt int rt la proposition de l’UE d’accrotre son objectif de rduction d’mission 30% d’ici 2020, laissant entendre que sa stratgie pour obtenir un accord probant avait chou. Yvo de Boer, responsable du climat l’ONU, a insist sur le fait que l’accord de Copenhague tait toutefois extrmement significatif sur le plan politique, dans la mesure o c’est la premire fois que des dizaines de dirigeants mondiaux ont particip des ngociations sur le climat. C’est cette vision des choses, savoir que Copenhague est un dbut plutt qu’une fin, qui a amen des dirigeants de l’AOSIS, de l’UA et des PMA appuyer un accord que certains taient prts rejeter.* Journaliste freelance. De la Terre Sciences : l’accord admet que l’aug mentation de la temprature mondiale doit tre maintenue sous 2C. Une valuation sera mene en 2015 pour dterminer s’il y a lieu de limiter l’aug mentation 1,5C. Attnuation : les pays dvelopps doivent soumettre leurs engagements chiffrs en matire de rduction d’mission d’ici 2020 la Convention (CCNUCC) au plus tard la fin du mois de janvier 2010. C’est eux qu’il revient de dterminer le niveau de rduction et les moyens mettre en uvre pour l’atteindre. Les pays en d veloppement soumettront leurs actions d’attnuation qui feront l’objet d’une valuation nationale, “avec des disposi tions pour les consultations internatio nales.” Les actions soutenues par des pays dvelopps seront soumises un contrle international. Adaptation : les pays dvelopps conviennent de fournir des ressources financires, des technologies et un renforcement des capacits adquats, prvisibles et durables pour aider les pays en dveloppement s’adapter. Dforestation : un bref paragraphe admet le rle “crucial” de la rduction des missions provenant de la dfores tation et de la dgradation des forts (REDD) et convient de la ncessit de fournir des “incitations positives” (un mcanisme REDD+) pour permettre la mobilisation de ressources financires provenant des pays dvelopps. Marchs : l’accord soutient les mar chs et laisse la porte ouverte un systme de plafonnement des chan ges des droits d’mission, y compris dans le transport arien international de personnes et de marchandises. Financement : les pays dvelop ps s’engagent offrir un nouveau financement acclr “approchant” les 30 milliards de dollars pour la priode 2010-2012, en priorit pour les pays les plus pauvres et les plus vulnra bles. De plus, les pays dvelopps “s’engagent mobiliser conjointement un objectif de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020” pour les pays en dveloppement. Gouvernance : le “Fonds climatique vert de Copenhague” cr dans le ca dre de la CCNUCC grera les finance ments d’attnuation des changements climatiques destination des pays en dveloppement. Un nouveau finan cement multilatral d’adaptation fera l’objet d’une structure de gouvernance o les pays dvelopps et en dvelop pement seront reprsents sur un pied d’galit. Technologie : un “mcanisme pour la technologie” sera tabli pour acclrer le dveloppement et le transfert de technologies vers les pays en dvelop pement.L’ A CCORD D E C O PE N HA G UE Des progrs ont t accomplis dans les versions prliminaires des textes techniques de Copenhague, dans des domaines tels que la rforme du march du carbone et la dfores tation et la dgradation des forts. Toutefois, ces textes ne sont jamais que des progrs faute de nouveau trait contraignant. Les pays sont convenus d’apporter quelques amliorations au Mcanisme de dveloppement propre (MDP) du protocole de Kyoto, qui permet aux pays riches de rduire les missions dans les pays pauvres au lieu de les rduire chez eux. Moins de 2% des projets MDP sont mens en Afrique. Pour y remdier, les pays o ces projets sont moins nombreux bnfi cieront d’un report des frais d’en registrement de projet et de prts. Par ailleurs, le Conseil excutif du MDP laborera des mthodologies top-down et simplifiera les critres complmentaires applicables aux projets les plus petits.L ES F ORT S E T LES MA RC H S D U C A RBON E E N SUSPE N S Mots-clsChangement climatique ; Copenhague ; Union africaine (UA) ; Pays les moins avancs ; Protocole de Kyoto ; Conventioncadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ; Manuel Barroso ; Mls Zenawi ; Yvo de Boer. Manifestants la Confrence des Nations Unies sur le changement climatique en 2009, Copenhague, Danemark. Reporters/AP

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R eportage “passeur” entre trois mondesLe Cap Vert Avec une superficie peine deux fois plus grande que celle du Luxembourg – mais parpille sur dix les, perdues au milieu de l’Atlantique et pour la plupart arides – des ressources naturelles quasi inexistantes, une population force souvent d’migrer, le Cap Vert a russi le tour de force de se hisser du rang des pays les moins avancs (PMA) celui des pays revenus interm diaires. Cadeau sans doute empoisonn pour un pays qui a mis l’aide massive qu’il reoit de l’tranger, singulirement de l’UE, au service de son dveloppement. Mais en soi, dj une prouesse. Le secret de cette russite ? Avoir mis la gou vernance et les droits de l’homme au centre de la politique gouvernementale tel point que l’index Mo Ibrahim 2009 cite le Cap Vert comme un modle de russite conomique et de bonne gouvernance. Mais la raison vritable de ce succs vous diront tous les responsables capverdiens, rside dans sa seule vraie ressource : les ressources humaines. Qu’elles rsident l’tranger ou sur l’archipel. Une vritable toile s’est tisse entre la diaspora – qui compte prs de 700.000 mes – et les quel que 450.000 habitants rests sur l’archipel qui bnficient de leurs envois de fonds. Mais le pays doit encore faire face de nombreux dfis : une pauvret toujours trs prsente, un taux de chmage lev, une dpendance alimentaire et nergtique quasi-totale et une dette d’autant plus difficile grer que le pays ne bn ficiera plus terme des avantages lis son ancien statut de PMA. La solution ? Revitaliser le rle de transit qu’il a toujours jou, depuis sa cration. Transit pour les Amriques, en par ticulier l’Amrique du Sud, sous-continent avec lequel le pays garde des affinits certaines depuis l’poque d’Amilcar Cabral et situ moins de 3.000 km d’encablures. Tte de pont pour l’Afrique continentale toute proche. Et enfin, coopration renforce avec l’Europe via son appartenance l’ensemble des les de la Macaronsie, dont les Canaries espagnoles (mais aussi les les portugaises de Madre et des Aores), distantes d’ peine 1.500 km. En tmoigne le Partenariat spcial ins taur depuis deux ans entre l’UE et le Cap Vert, unique en son genre au sein du groupe ACP.Marie-Martine Buckens40

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Une singularit revendiqueUne nation ne de la premire mondialisation Livr aux seuls lments naturels pen dant plus de 14 sicles, si l’on excepte le passage sporadique d’embarca tions sngalaises ou mme, dit-on, chinoises, l’archipel du Cap Vert ne connut de prsence humaine durable qu’ partir de 1460. A l’poque, le navigateur Diego Gomes prend possession de l’archipel, qui devient domaine de la Couronne portugaise en 1494. Terre de marins, recruts pour la pche la baleine, escale pour les navires portugais en route vers le Brsil, le Cap Vert devient galement, et ce ds le dbut du XVI sicle, une plaque tournante pour le commerce des esclaves d’Afrique occiden tale vers le Nouveau Monde. La situation de ce chapelet d’les – dix, dont neuf aujourd’hui habites – est, il est vrai, “idale” : 600 km de la pointe la plus occidentale de l’Afrique (le “Cap Vert” au Sngal), et moins de 2.600 km du Brsil. C’est de Ribeira Grande sur l’le de Santiago, o les trafiquants sont tenus de faire halte pour payer les droits et baptiser les esclaves, que ces derniers partent en direction des Amriques. Les colons de l’archipel font galement venir des esclaves du continent africain pour les faire travailler dans les plantations. Ce sera le dbut d’un long mtissage, unique au monde, partir de deux populations (europenne et afri caine), toutes deux transplantes sur ces lots volcaniques vierges.> T raite et flibustiersEn 1533, Ribeira Grande devient un dio cse autonome couvrant toute l’tendue de la Guine ancienne. Le trafic ngrier fait 41 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 Cidade Velha : le pilhourino o les esclaves rcalcitrants taient fouetts. Marie-Martine Buckens Cidade Velha : dans le couvent de So Francisco (restaur grce la coopration espagnole). Marie-Martine Buckens Cap Vert Reportage

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dvelopper l’industrie des pagnes de coton Santiago et Fogo, sa voisine, seules les habites l’poque. Il faudra en effet attendre le XVII sicle pour que dbute le peuplement des les de Sao Vicente et de Sal. Les trafiquants – parmi lesquels des Franais, Hollandais ou Anglais qui se disputent le monopole de la couronne por tugaise sur la cte africaine – s’en servent comme monnaie d’change pour aller se procurer des esclaves sur le continent. Au milieu du XVII sicle, la position cl du Cap Vert comme entrept d’esclave dcline avec le dtournement du trafic vers Cacheu, port de Guine. Prive de ses revenus prin cipaux, Ribeira Grande connat le coup de grce en 1712 quand Jacques Cassard, corsaire franais, met la ville sac. La capi tale est dlocalise vers Praia, 15 km de Ribeira Grande, qui restera connue comme Cidade Velha (“vieille ville”). L’abolition dfinitive de la traite en 1866 et le dtachement de la Guine Bissau en 1879 sonnent le glas de l’conomie des les et entranent une forte migration libre vers les Etats-Unis, et – sous la contrainte des Portugais – vers les plantations de leurs colonies d’Angola et de Sao Tom et Principe. Le dsengagement des colons portugais permet aux Mtis et aux Noirs d’accder des postes importants tant dans les institutions religieuses que laques. Aprs les grandes scheresses du dbut du XX sicle l’archipel traverse l’une des priodes les plus sombres de son histoire qui concide avec l’Estado Novo (“Nouvel Etat”) du dictateur portugais Antonio de Oliveira Salazar (1889-1970). Sous son rgime, les “chemises vertes” de sa police politique touffent toutes les voix de l’oppo sition, tant au Portugal que dans les colo nies. Tortures et dportations au “camp de la mort” de Tarrafal, sur l’le de Santiago, sont monnaie courante. Malgr l’interdic tion d’migrer, des milliers de capverdiens russirent s’enfuir dans les annes 1950 et 1960, particulirement en France, aux PaysBas et en Belgique. C’est dans ces trois pays que se formrent la plupart des cadres du mouvement indpendantiste capverdien. > Le rve d’Amilcar C abralEn 1956, avec quatre patriotes capverdiens et guinens, l’ingnieur agronome Amilcar Cabral, dont la famille est originaire de l’le de Santiago, fonde Bissau le PAIGC, Parti Africain pour l’Indpendance de la Guine et des les du Cap Vert. Quatre ans plus tard, au mpris des rsolutions de l’Assemble gnrale de l’ONU, Salazar refuse tout dia logue en vue de l’indpendance du Cap Vert et de la Guine. Fvrier 1963 voit le dbut de la lutte de libration nationale en Guine Bissau. Capverdiens et Guinens font cause commune dans le maquis. Au pnitencier de Tarrafal s’entassent des nationalistes africains du Cap Vert, de la Guine et de l’Angola. Le 20 janvier 1973, Amilcar Cabral est assassin Conakry, par des tratres au sein du PAIGC vraisemblablement la solde de la PIDE, police politique du rgime fasciste. L’affaire ne sera jamais lucide. L’indpendance de la Guine Bissau est pro clame en 1973, suivie deux ans plus tard, aprs la “rvolution des illets” Lisbonne et la fin de la guerre coloniale, par celle du Cap Vert. 1980 voit la Premire Constitution, qui ent rine le PAIGC en tant que Parti unique. Le coup d’Etat de novembre Bissau, marque la fin du projet d’union Guine/Cap Vert. Un an plus tard, le PAIGV devient le PAICV (Parti Africain pour l’Indpendance du Cap Vert), d’obdience marxiste. En fvrier 1990, le PAICV proclame l’ouverture dmo cratique. Un an plus tard, le Mouvement pour la Dmocratie (MpD), d’obdience plus librale, rclame des lections libres, qu’il remporte, et nomme comme Prsident Antnio Mascarenhas et comme Premier ministre Carlos Veiga (actuellement chef de l’opposition). Le PAICV revient au pouvoir en 2001 avec Pedro Pires comme Prsident et Jos Maria Neves comme Premier ministre. M. Pedro Pires est rlu en fvrier 2006 face l’ancien Premier ministre Carlos Veiga, le PAICV conservant la majorit l’Assemble nationale. Dans son discours inaugural, M. Neves rappelait les priorits de son gouver nement : promotion de la croissance et de la comptitivit de l’conomie, modernisation de l’Etat travers la rforme de l’adminis tration publique, qualification profession nelle et emploi, amlioration du systme de sant et, enfin, prise en compte de la famille comme “pierre angulaire de la socit”. Pour faciliter ses relations – vitales – avec les institutions financires internationales, Praia lance en 2006 une politique de rigueur et, surtout, nomme la tte du ministre des finances Cristina Duarte, auparavant vice prsidente de la Citibank en Angola, et Jos Brito en charge de l’conomie, avant que cet ancien ingnieur ptrolier ne prenne en mars 2009 la tte de la diplomatie capver dienne. M.M.B. Mots-cls Cidade Velha ; Praia ; Amilcar Cabral ; Carlos Veiga ; Jos Maria Neves ; Pedro Pires. 42 Reportage Cap Vert A Porto-Novo (le de Santo Anto). Marie-Martine Buckens Le village artistique de Porto Madeira (le de Santiago) fond par l’artiste capverdienne Misa. Marie-Martine Buckens

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43 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 “Un exemple avant la lettre”Le Partenariat spcial avec le Cap Vert est un exemple avant la lettre pour tout pays signataire de l’accord de Cotonou dsireux de renforcer sa coopration avec l’Union europenne, indique Josep Coll i Carbo, Chef de la dlgation de l’UE Praia. Rencontre.Le partenariat, prcise Josep Coll, a t instaur la demande du Cap Vert, qui estimait que l’accord de Cotonou pouvait se dvelopper d'avantage. Le pays souhaitait s’ancrer dans la zone de stabilit la plus proche, la plus prospre, la plus familire mentalement, savoir l’Union europenne. L’UE a rpondu positivement cette dmar che ; mais elle n’est pas la seule. Les Etats membres sont galement trs engags, mme si, pour des raisons historiques, le Portugal, l’Espagne, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Autriche sont plus prsents” (notamment par la prsence plus importante sur leur territoire de la diaspora capver dienne, NDLR). Quelle est la valeur ajoute d’un tel partenariat par rapport l’accord de Cotonou qui lie les pays ACP et l’UE ? Soyons clair. Le Partenariat se btit sur l’accord de Cotonou, mais permet de met tre en place de nouvelles cooprations qui n’taient pas traditionnellement prvues. Nous traitons entre gaux et mettons nos intrts communs sur la table. Car l’UE a clairement des intrts stratgiques, tant conomiques que commerciaux, dfendre ici – alors qu’en Europe on a tendance dformer conceptuellement nos relations avec l’Afrique. Les Accords de partenariats conomiques (APE) que nous sommes en train de ngocier avec le groupe ACP s’ins crivent dans cette tendance : il s’agit d’une mise niveau de ces conomies permettant, par le biais d’accords gagnant-gagnant, de dpasser le stade de donateurs. S’agissant du Cap Vert, il reprsente une vritable tte de pont pour l’Afrique continentale, et jouit d’une prsence stratgique au milieu de l’Atlantique. Une prsence qui permet La fin de l’anne 2007 marque l’en tre de plain-pied du Cap Vert sur la scne internationale. Quittant le grou pe des pays les ‘moins avancs’ et promu pays ‘revenu intermdiaire’ selon les critres de la Banque mon diale, il est galement admis comme 153me membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et, surtout, il signe avec l’UE un parte nariat spcial qui devrait, terme, lui permettre de traiter d’gal gal avec les oprateurs europens.S E R APP ROC HE R D ES S T A ND A RD S EURO P E N S“Cap Vert Reportage L’le de So Vicente vue depuis Santo Anto. Marie-Martine Buckens

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44 Reportage Cap Vert de crer une zone de stabilit entre les trois continents mme si elle est aujourd’hui srieusement compromise par des trafics illgaux, que ce soit l’migration illgale, le trafic d’armes, le blanchiment d’argent ou la drogue, dans la mesure o les grands mar chands ont jet leur dvolu sur cette zone, estimant que c’tait une bonne faon de s’approcher de l’Occident. Heureusement, le Cap Vert a russi ragir en amont. Le gouvernement a fait un trs bon travail de conscientisation et a mis niveau son appa reil scuritaire, grce notamment notre aide financire. Mais ce partenariat est galement – et je tiens le souligner – un trs bon exercice pour approfondir la coordination entre les Etats membres et l’Union europenne, apportant plus de cohrence aux actions respectives. On s’est donn ainsi un cadre o tout le monde y trouve son compte. La dlgation de l’UE Praia est prsent en mesure elle aussi de jouer son rle, ayant acquis un statut de dlgation part entire. Vous parlez des relations entre l’UE et le Cap Vert, mais qu’en est-il des relations de ce dernier avec le reste de l’Afrique ? Le Cap Vert peut apporter l’Afrique de l’ouest, la Cedeao (Communaut conomi que des Etats d’Afrique de l’Ouest), une dimension atlantique qui peut compenser la lourdeur de sa continentalit, apportant ainsi une nouvelle dimension la notion de territorialit. En outre, le Cap Vert est intress au secteur des services dans les ngociations sur l’APE, alors que d'autres membres de la Cedeao sont plus proccu ps par les matires premires. On peut terme imaginer un accord gomtrie variable. N’oubliez pas que le Cap Vert entretient galement une relation forte avec les rgions ultrapriphriques (RUP) de la Macaronsie, en particulier les Canaries. La complmentarit entre les deux archipels est trs importante. Ainsi, le dispositif Frontex mis en place a permis de rduire de manire significative les passages illgaux d’migrs via les Canaries. Quels sont les points faibles du Cap Vert ? L’accs l’eau et l’assainissement d’un ct, et l’nergie de l'autre. Deux domaines o l’UE apporte son soutien. Par ailleurs, la meilleure performance conomique s’est aussi traduite par une augmentation de l’cart entre les riches et les pauvres. Le gou vernement capverdien en est trs conscient. Ses points forts ? La capacit des capverdiens d’tre bien par tout. Ici, de mme qu’ l’tranger. Sur le plan politique, je soulignerais la finesse avec lequel le gouvernement a russi ‘dsidolo giser’ sa politique trangre. La classe poli tique est l’aise tant avec les reprsentants des Etats-Unis que de la Chine, pour ne citer que deux grands pays. Le fait que rcemment Me. Clinton ou encore le vice secrtaire du Parti communiste chinois se soient rendus Praia tmoigne de l’importance que ce pays – notamment – accordent au Cap Vert. M.M.B. Au lieu d’actions pulvrises, ce partenariat permet d’organiser mieux notre convergence technique et nor mative avec l’acquis communautaire, suivant six piliers explique Jos Luis Monteiro, Ordonnateur national supplant du Fonds europen de d veloppement (FED) au sein du gou vernement capverdien. Mme si la convergence normative reprsente un de ces six piliers, Praia le consi dre comme un pilier transversal des autres piliers qui comptent : la bonne gouvernance, la coopration dans le cadre de la scurit, l’intgration r gionale, la socit de l’information et de la connaissance, et la lutte contre la pauvret. Cette stratgie est de nature fondamentalement politique , poursuit M. Monteiro, et vise – outre la coopration politique, culturelle et sociale – une plus grande intgration conomique avec en particulier les rgions ultrapriphrique atlantiques de l’Union europenne . Une pointe de dception : nous nous attendions des fonds addi tionnels pour ce partenariat*, or la seule ressource programme est le FED dont l’enveloppe n’a pas t augmente. Malgr cela, nous nous en sortons . Et le Cap Vert lorgne avec envie l’Accord d’association qui lie le Maroc l’UE, dont la dernire runion s’est traduite par un vritable bond qualitatif qui terme, estime M. Monteiro, confrerait au Maroc un statut de quasi Etat membre de l’UE.* Le Programme indicatif de l’aide commu nautaire au Cap Vert prvoit, pour la priode 2008-2013 (correspondant au 10 FED) 11,5 millions d’euros pour le partenariat spcial, sur un total de 51 millions d’euros (pour les dtails du 10 FED, lire l’article suivant). De gauche droite : Stefano Manservisi, Directeur gnral pour le Dveloppement de la Commission europenne, Jos Brito, Ministre capverdien des Affaires trangres et Josep Coll i Carbo, ambassadeur et Directeur de la Dlgation europenne au Cap Vert, durant une rception organise Praia pour la Journe de l’Europe, mai 2009. CE Mot cls Josep Coll i Carbo ; L’accord de Cotonou ; APE ; Cedeao.

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Pas tonnant que, dans ce cadre, la politique trangre “reprsente un instrument fondamental non seule ment du dveloppement, mais aussi de mise en uvre de la stratgie de trans formation du pays”, nous explique en guise d’introduction Jos Brito. Le ministre des Affaires trangres avance ses pions : “Notre pays jouit d’un systme politique stable, ancr, d’un systme judiciaire prvisible bien que perfectible, d’une administration publique qui, en raison d’une absence de corruption, reprsente un atout, et non un obstacle, aux investissements”. Le gouver nement table en effet sur ses qualits de bon gestionnaire, unanimement reconnues par la communaut internationale, pour convain cre ses futurs partenaires. Car, pour le reste, le pays n’est gure pourvu d’attraits. “Les ressources humaines sont nos seules ressour ces naturelles” reconnat Jos Brito. Votre ambition est de faire du Cap Vert un centre de service international ? Qu’est-ce que le Cap Vert ? Un archipel d’les qui totalisent 4.000 km2, un espace maritime de 550.000 km2, situ la croise de divers continents. Nous voulons exploiter cette situation gostratgique. Le Cap Vert a t un des premiers pays se “globaliser” du temps de la traite des esclaves ; l’poque, les technologies obligeaient les bateaux – plus tard les avions – faire escale au Cap Vert. Cette situation passe, nous voudrions la faire revivre en tenant compte du contexte actuel. Prenez le transport maritime : les ports, notamment sur le continent africain, ont de plus en plus de difficults recevoir de grands containers. Notre pays pour rait servir de hub de transbordement. Par ailleurs, nous entendons accorder la prio rit au renforcement de la scurit, un atout notamment dans nos relations commerciales avec les Etats-Unis qui exigent que les mar chandises passent par des ports srs. Toute cette stratgie comporte galement le secteur de la pche. Je veux faire du pays une base rgionale de services de pche. Nous n’avons pas de plateforme continentale et les espces de poissons sont essentiellement des poissons migrateurs. La pr-capture n’est donc pas une activit rentable. En revanche, “ N ous voulons tre une tte de pont pour l’Afrique continentale” Rencontre avec Jos Brito, ministre des Affaires trangres, de la Coopration et des communauts du Cap VertLe Cap Vert a dcid de dployer les grands moyens pour attirer les investissements. Lesquels ? En priorit les infrastructures – ports, aroports, communications haut dbit – qui transformeraient le pays en vritable tte de pont pour les investisseurs attirs par un continent, l’Afrique, toute proche, majoritairement peuple de jeunes et largement sous-quipe. Des investisseurs qui viendraient tant des Amriques, le Brsil en tte, que de l’Europe ou de l’Asie. 45 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Cap Vert Reportage Marie-Martine Buckens

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nous voulons nous concentrer sur les activits en aval : conglation et marketing. Faire en somme ce qu’a fait l’Islande : acheter et reven dre, conditionns, les produits de la pche. Les Chinois notamment sont trs prsents dans ce secteur. Si nous pouvons vendre nos services leurs flottes et s’ils peuvent ainsi rentabiliser ma stratgie, pourquoi pas ? Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent un autre aspect primordial de la stratgie. La couverture en fibres optiques entre les les est dj trs grande et d’ici fin 2010 de nouveaux cbles devraient tre poss entre l’Afrique du Sud, l’Europe et l’Amrique, nous permet tant d’avoir accs un large ventail de bases de donnes. Je reviens d’un voyage en Inde et leur ai propos un partenariat stratgique dans les TIC. J’ai senti de l’intrt. Dans ce cadre, nos ressources humaines – nos seules ressources naturelles – sont essentielles pour donner de la valeur ajoute aux produits capverdiens. Il est essentiel de renforcer notre capacit dans ce secteur pour raliser ce que nous voulons faire. A savoir, devenir une tte de pont pour la sousrgion ? Le Cap Vert compte peine un demi-mil lion de personnes. Cela n’attire pas grand monde. Stratgiquement donc, le continent africain nous intresse. Le march de l’Afri que de l’Ouest est ct de nous, le potentiel est norme. C’est l que se trouve le gisement de croissance pour le futur. Notre intgra tion la sous-rgion vient de cette vision. Ce qui n’est pas nouveau. Dj Amilcar Cabral l’avait compris : remporter la victoire en Guine Bissau signifiait automatiquement l’indpendance du Cap Vert. Dans cet esprit, la stabilit de la sous-rgion est d’une impor tance primordiale. Une rgion o svissent les troubles n’intresse pas les investisseurs. C’est l que la diplomatie capverdienne joue un rle-cl. Rappelez-vous que la plupart des accords concernant l’Afrique australe – que ce soit pour l’Angola ou la Namibie par exemple – ont t ngocis ici. A l’poque de l’apartheid, le Cap Vert a permis aux avions de la South African Airlines d’atterrir, mal gr l’embargo. De mme pour les Cubains en route pour l’Angola. Beaucoup de choses ont t rgles en douceur dans les htels de Praia o tout le monde se retrouvait. Cette exprience nous la mettons prsent au service de la lutte contre le trafic de drogue. Le Cap Vert a t le premier pays d’Afrique affronter les rseaux mafieux avec un certain succs. Nous avons mis cette exprience la disposition des autres pays d’Afrique de l’Ouest. En est sorti un programme d’action, devenu une vritable “bible” pour la lutte contre la drogue. Les pays d’Afrique sont plus conscients du dan ger de ce trafic : aujourd’hui pays de transit, ils risquent – en raison de la jeunesse de leur population – de devenir consommateurs. C’est de cette faon que nous entendons tre “utiles” – y compris sur la question du trafic humain – qui intresse l’Union europenne dans le Partenariat Spcial qui nous lie. Par ailleurs, cette ouverture au continent n’est possible que maintenant, au moment o le Brsil s’est dot d’une vritable politi que africaine, ce qui lui permettra de diver sifier ses exportations. Le Cap Vert n’a pas de ressources naturelles, mais pourrait en avoir Vous avez commenc votre carrire comme ingnieur ptrolier, qu’en pensez-vous ? Des prospections ont-elles dbut aux larges de vos ctes ? Sur ce point, je prfre m’en tenir une certaine forme de sagesse et me dire : “notre ptrole, c’est nos ressources humaines ; ce sont elles qu’il faut raffiner!” En outre, si vous tenez compte des questions environ nementales dans les pays dvelopps, il faut s’attendre un recours de moins en moins grand aux activits polluantes. Enfin, quelles sont vos relations avec la Chine ? La Chine est prsente ici comme ailleurs en Afrique. Quoiqu’on dise, la Chine a offert aux Africains une option alternative. Le temps o seules les compagnies franai ses ou britanniques opraient est rvolu. Aujourd’hui, l’Afrique commence avoir des options ; elle de dfendre ses intrts. M.M.B. Mots-cls Jos Brito ; Cap Vert. 46 Reportage Cap Vert Le port de Mindelo (le de So Vicente). Marie-Martine Buckens

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47 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 Isol dans l’Ocan Atlantique, dispo sant de trs peu d’eau douce, le Cap Vert est particulirement dpendant de l’extrieur. Tant pour ses finan cements – les investissements directs trangers reprsentent 14% du PIB, les transferts de la diaspora 12%, l’aide au dveloppement 10% – que pour ses approvisionnements. Disposant de res sources agricoles et halieutiques limi tes, l’archipel est oblig d’importer plus des deux tiers de ses besoins alimen taires. Le secteur des services – 72% de l’conomie – est fortement dpendant du secteur touristique, alors que les infrastructures dpendent de conces sionnaires publics largement tributaires de l’aide extrieure, en attendant que les privatisations annonces portent leurs fruits. Malgr tous ces handicaps le pays a russi conserver la confiance des grands bailleurs de fonds, indispen sables sa survie actuelle, grce une gestion rigoureuse de ses finances. Comment le Cap Vert a-t-il vcu la crise financire ? Le Cap Vert est un petit pays avec une cono mie ouverte. Il ne pouvait donc que ptir de la crise qui s’est traduite pour nous par une diminution des recettes dans des secteurs cls, les investissements directs trangers, le tourisme et les exportations de services. Et pourtant nous avons russi traverser cette crise. Comment ? En adoptant depuis 2001 le principe d’une gestion extrmement stricte des finances publiques. En 2001, la situation tait quasi catastrophique. Nous avons mis en place les conditions propices la crois sance, ce qui nous a permis de connatre au cours de ces trois dernires annes une croissance conomique soutenue. Qu’avez-vous fait ? Nous avons agi sur plusieurs fronts. Nous avons protg le budget, notamment en ali gnant les prix internes – alimentaires et com bustibles – sur l’international. Nous avons galement protg les populations vulnra bles en doublant les pensions sociales, en augmentant les salaires et en diminuant la charge fiscale sur les familles. Paralllement, nous avons mis en place un programme d’in vestissement public trs ambitieux, doublant la mise en trois ans. En 2009, nous avons diminu de manire significative les impts sur les socits. Pour contrebalancer cette perte de revenu fiscal nous avons agi sur plusieurs fronts, surtout en mobilisant des ressources additionnelles en lanant un appel nos partenaires internatio naux, dont l’Union europenne, qui ont rpondu positivement sous forme d’aide budgtaire. Toutes ces mesures sont soutenues par une gestion rigoureuse des finances publiques et une politique montaire stable permettant d’assurer le flux des envois de fonds de la diaspora, vitaux pour notre conomie. Comment voyez-vous l’avenir court terme ? Les rsultats de notre politique ont port leurs fruits. En 2009 tous les paie ments ont t raliss. Pour 2010, nous avons un budget prudent et ambitieux la fois. Prudent car nous envisageons une augmentation des dpenses cou rantes (+3,2%) dans des limites sou tenables. Ambitieux, car nos investis sements publics devraient augmenter de 26,4% par rapport 2009. Le dfi cit public devrait avoisiner les 12%. D’accord, c’est lev, mais il s’inscrit dans un cadre soutenable dans la mesu re o ce dficit provient de programmes d’investissements et non pas de budget de fonctionnement. Pour le financement, nous entendons tirer opportunit des conditions “concessionnelles” d’emprunt qui nous ont t octroyes pour encore quelques annes (malgr le passage du Cap Vert du statut de pays pauvre pays revenu intermdiaire, NDLR). M.M.B.“Notre bonne gouvernance nous a permis de survivre la crise”Cap Vert Reportage Rencontre avec la grande argentire du Cap Vert, Cristina Duarte Mots-cls Cristina Duarte ; Cap Vert ; finances ; crise. Marie-Martine Buckens

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Pour optimiser sa stratgie, le gouverne ment a mis en place une Agence, “Cap Vert Invest”, chapeaute par le ministre des Affaires conomiques. Sa mission : at tirer les investisseurs potentiels, en vantant l’archipel comme destination sre. “Nos atouts”, explique Mr. Rocha, responsable de l’Agence : “de bonnes donnes macroconomiques et une monnaie, l’escudo, arrime l’euro”. Notre objectif, poursuit-il, est “de dvelopper un grand centre indus triel, dont les principales pices sont en train de se mettre en place : un grand port de transbordement sur l’le de So Vicen te, coupl un nouvel aroport internatio nal, qui s’ajouterait ceux des les de Boa Vista et de Sal”. Deux destinations quant elles essentiellement touristiques, un autre secteur sur lequel le gouvernement table. “Dans ce secteur, particulirement dynamique, l’essentiellement des investis sements sont europens”. Des Europens qui se manifestent aussi dans un autre secteur porteur, les TIC.UN E A G E NC E P O U R P RO M O U VOIR LES INV ES TI SSEME NT S Prs de 90% de l’aide au dveloppement octroye par l’UE (au travers du fonds euro pen de dveloppement FED) au Cap Vert consiste en appui budgtaire. Ce taux re cord tmoigne de la confiance faite par l’Eu rope dans la gestion conomique et budg taire des autorits capverdiennes. Juste retour des choses. “ C’est surtout grce l’UE, et aussi aux Pays-Bas, que le gou vernement a pu amliorer son systme de gouvernance, son budget ” , explique Jos Luis Monteiro, poursuivant : “ Cette action a t fondamentale. Si le Cap Vert est mieux gr, c’est grce ce systme tout fait informatis, transparent et qui est en outre directement reli la Cour des comptes. Mme les Etats-Unis en voudraient ! ” . L’essentiel de cette aide budgtaire vient en appui la stratgie de croissance et de rduction de la pauvret du Cap Vert (SCRP), et son programme de bonne gouvernance. Principaux objectif de la SCRP : assurer l’accs des plus dmu nis aux services sociaux de base tels que soins de sant, ducation, eau et assai nissement, renforcer la formation profes sionnelle et laborer une stratgie de pro tection sociale. Au minimum 32,6 millions d’euros ont t rservs la SCRP et la gouvernance dans le cadre du 10 FED pour la priode 2008-2013 (dont l’envelop pe globale s’lve 51 millions d’euros). Les 11,5 millions d’euros allous au parte nariat spcial devraient permettre au Cap Vert de renforcer son appareil scuritaire afin de faire face la recrudescence des trafics illicites (drogue, traite humaine, blan chiment, etc.), et identifier des projets de coopration avec les autres les de la Ma caronsie (Madre, Aores et Canaries). Un montant de 1,1 millions d’euros doit contribuer au financement des initiatives de bonne gouvernance au sein des cinq pays lusophones (PALOP) et Timor Leste. Enfin, 2 millions d’euros viennent en appui au secteur ‘non tatique’ et 1,8 millions de vraient permettre de financer des tudes et de l’assistance technique non incluses dans les projets, sans oublier 2 millions d’euros de ‘rserve’.UNE M OBI L IT E NC A DR EEn juin 2008, l’UE et le Cap Vert signaient un ‘partenariat pour la mobilit’, premier du genre (avec la Moldavie) sign par l’UE avec un pays tiers. Objectif : renforcer la migration lgale et mieux grer l’migra tion clandestine de l'Afrique vers l'Europe, notamment via Frontex, l’Agence de ges tion des frontires extrieures de l’UE. Pa ralllement, un centre de visa Schengen devrait s’ouvrir en fvrier Praia. Gr par le Portugal, il devrait dans un premier temps reprsenter des pays comme la Belgique, la Slovnie, le Luxembourg, les Pays-Bas (la France et l’Espagne ayant sign des accords bilatraux). Ce centre de facilitation des visas devrait permettre notamment des Capverdiens essentiel lement – tels que sportifs ou artistes – de se rendre facilement en Europe pour de courts sjours. UN E A ID E ESSE NTI ELLEME NT B U DGT A IR E Reportage Cap Vert 48 Sur la Praa 12 de Setembro, Praia. Marie-Martine Buckens Nouvelle route Santo Anto (finance par l’UE). Marie-Martine Buckens

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“Le gouvernement est loin d’avoir atteint ses objectifs”Rencontre avec le prsident du principal parti d’opposition, le Mouvement pour la Dmocratie (MpD), Carlos Veiga. Sur les objectifs, Carlos Veiga n’a rien redire. Lui-mme les prnait l’po que o il tait Premier ministre, entre avril 1991 et juillet 2000. Mais tout est dans la manire. Et celui qui s’est fait battre, parfois de peu, aux lections prsidentielles de 2001 et 2006, entend bien pouvoir appli quer ses recettes si la population – et selon lui, elle est prte – lui accorde ses suffrages en 2011. Carlos Veiga en veut notamment pour preuve la victoire remporte par son parti lors des lections municipales de 2008, permettant notamment au MpD de prendre la tte de la capitale Praia. Mais celui qui a laiss de bonne grce le pouvoir au PAICV en 2001la “paix politique” est une ra lit au Cap Vert – reconnat que des choses positives ont t accomplies “depuis l’ind pendance du pays”. “C’est clair, poursuit-il, mais on veut plus”. Par exemple ? “Une rpartition juste des fonds entre le gouver nement central et local qui, l’heure actuel le, s’tablit 90% contre 10% ; or pour la majorit de ses problmes, la population se rend la Mairie”. “Nous voulons inverser la politique gouvernementale actuelle axe sur la consommation, l’aide publique ou l’endettement, et les importations, et tabler sur la production, les investissements et les exportations. Il faut promouvoir une duc tion de qualit, mme si beaucoup a t fait pour garantir l’duction de base, et crer un environnement propice aux investissements privs”. Avec une urgence : assurer la viabi lit de l’entreprise publique d’eau et d’lec tricit, Electra, notamment par la cration d’un partenariat public-priv. M.M.B. “Le gouvernement s’est fix des objectifs clairs, tant en matire de lutte contre le chmage et la pauvret, que de croissance. Mais il est loin de les atteindre”. Les raisons, selon le leader du plus grand mouvement d’opposition du Cap Vert, sont chercher essentiellement dans la mfiance affiche par le parti au pouvoir, le PAICV, l’gard du secteur priv. Cap Vert Reportage 49 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 L’eau consomme par les capverdiens provient en majeure partie de l’eau de mer dsalinise, grevant d’autant le bud get d’Electra qui dpend 100% des importations de brut pour produire son lectricit. Pourtant l’archipel dispose de rserves d’eau mme si les nappes ph ratiques, emprisonnes dans un rseau complexe d’anciennes coules volcani ques, sont souvent petites et htrog nes. Depuis un an, le Cap Vert a recours aux panneaux solaires pour pomper l’eau de ces nappes, les stocker dans des ch teaux d’eau afin de la redistribuer aux vil lages. Plusieurs projets ont ainsi t me ns, grce au soutien de l’UE, l’intrieur de l’le de Santiago et de So Nicolao. La construction de barrages pour retenir les eaux de ruissellement reprsente une autre option prometteuse. Un barrage a t ralis Santiago avec l’aide des Chinois, d’autres sont programms avec l’aide du Portugal. Alors que le Centre des nergies renou velables de la CEDEAO vient d’tablir ses quartiers au Cap Vert, celles-ci commen cent tout doucement faire leur entre sur l’archipel. Quatre parcs oliens ont t construits ou sont programms (San tiago, Sao Vicente, Sal, Boa Vista) pour la production d’environ 28 mgawatts, cor respondant 18% de la production ner gtique totale de l'archipel. DES C ELLULES S O LA IR ES P O U R D ES C H T EAU X D’ EAU Marie-Martine BuckensBarrage, le de Santiago. Marie-Martine Buckens Rservoir d’eau, le de Santiago. Marie-Martine Buckens

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C’est en fvrier 2007 que la munici palit a lanc, avec l’aide de l’ONG italienne Africa’70, appuye par le Fonds europen de dveloppe ment (FED), un projet pilote dans les quar tiers informels de Praia. Le taux de chmage y est lev, les constructions clandestines ne disposent pas d’gouts, l’accs l’eau et aux autres services sociaux est alatoire. Le projet s’articule autour de trois axes : l’insertion sociale – avec l’appui des asso ciations de quartiers, trs vivantes –, l’appui la gestion urbaine et les infrastructures – domaine d’action d’Africa 70. “Aprs avoir tabli un diagnostic des besoins sociaux et techniques, nous avons concentr nos efforts sur la construction de murs de soutnement, explique Gian Paolo Lucchi, responsable d’Africa’70. Ces murs permettent galement d’organiser tous les autres ouvrages de voi rie, que ce soit la construction de routes d’ac cs ou l’acheminement de l’eau. En outre, ils permettent d’endiguer les crues lors de la saison des pluies.” Africa’70 est membre de la Plateforme des ONG du Cap Vert. Forte de 220 membres, cette Plateforme bnficie galement du sou tien du FED. Prsentes sur toutes les les, les ONG travaillent avec les quelque 700 associations communautaires de base, trs actives , explique le secrtaire excutif de la Plateforme, Mrio Moniz, qui poursuit : “Travailler ensemble (djunta-m) est une tradition trs ancre au Cap Vert.” Le rle de la Plateforme ? “Offrir des outils aux ONG afin de leur permettre d’identifier et de monter un projet. Nous venons d’approuver l’agenda 2010-2015 et avons adopt, pour la premire fois, un code thique.” La priorit ? “La sant et l’ducation en mettant l’accent sur la formation professionnelle.” En matire de sant, la Plateforme est notamment le principal rcipiendaire, avec le ministre de la Sant, d’un projet de 12 millions de dol lars du Fonds mondial de lutte contre le sida. Un flau qui a jusqu’ici relativement pargn l’archipel, o la prvalence du HIV tait esti me 0,8% en 2005. M.M.B. La dengue a, pour la premire fois, frapp le Cap Vert en novembre 2009, infectant 12.000 personnes, dont six ont succomb ce virus transmis par les moustiques, prolifrant aprs une saison des pluies particulirement forte. Les mesures prises par les autorits sanitai res ont permis d’endiguer l’pidmie. Et l’ouverture, voici un an, de cinq centres de sant dans la capitale – financs par l’UE, dont la sant est une priorit dans sa coopration avec le pays – a permis de dsengorger des hpitaux surchar gs. “En dehors de cette pidmie, nous explique Margarita Cardoso, directrice gnrale au ministre de la Sant, ces centres permettent surtout de renforcer les soins de sant primaire ; c’est parti culirement important pour les migrs ruraux confronts la vie urbaine. Nous nous attaquons ainsi directement aux problmes des moins favoriss. Environ 3.000 personnes passent chaque mois par ces centres.” Des centres similaires sont planifis dans d’autres les, une mesure qui, avec le renforcement du systme ducatif, vise fixer la popu lation sur les les. Les principaux dfis surmonter ? “La recrudescence des maladies transmissibles au moment o nous commenons juguler les mala dies non transmissibles. Un manque de ressources humaines, surtout de sp cialistes.”Q UA ND LA DE NG UE FA IT S ON APPA RITION Mots-cls Praia ; quartiers dfavoriss ; Africa’70 ; Plateforme ONG ; centres de sant. 50 ‘Travailler ensemble.’ En moins de vingt ans, Praia a vu sa population plus que doubler et abrite aujourd’hui un quart de la population de l’archipel, soit prs de 140.000 habitants. L’arrive incessante de ruraux, quittant une agriculture essentiellement de survie, ne se fait pas sans difficults. Les quartiers ‘informels’ qui bourgeonnent le long des lits de rivires fossiles reprsentent un concentr des principaux dfis sociaux auxquels le gouvernement capverdien tente de rpondre, avec l’appui de l’UE.Margarita Cardoso (deuxime partir de la gauche) en compagnie d’une quipe d’un centre mdical de Praia. Marie-Martine Buckens “D junta-M!” Reportage Cap Vert Quartiers “informels”, Praia. Marie-Martine Buckens

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Il a fallu que “la chanteuse aux pieds nus” dboule Lisbonne et ensuite Paris pour que l’Occident dcouvre la morna cette musique inspire des fados portugais. Mais Cesaria Evora n’est pas la seule la chanter. Tous les Capver diens vous parlerez, avec motion, de Ildo Lobo, disparu en 2004 l’ge de 51 ans, celui qu’ils considrent comme “le” plus grand chanteur des les. La co ladeira quant elle fait son apparition Mindelo – la “capitale” de la chanson capverdienne – dans les annes 1930. Version enjoue de la morna, mtine de polka, elle est souvent joue au car naval. La funana est ne sur l’le de Santiago, et a des sonorits nettement plus africaines. C’tait une musique d’esclave et de rvolte. Probablement la plus ancienne des musiques de l’ar chipel, le batuque proviendrait de rituels de musique et de danse africaine, inter prt surtout par des femmes. De nom breux jeunes chanteurs se sont laisss prendre son charme : Mayra Andrade, Lura, TchakDE LA M ORN A AU B A T UQUE Santo Anto la volcanique se dresse majestueusement en face de Mindelo, principale ville de Sao Vicente. En arri vant en bateau Porto Novo, l’le n’est que crtes abruptes et arides. Du port, on emprunte la nouvelle route, inaugu re en grande pompe le 9 mai 2009 – en prsence mme de capverdiens de la diaspora revenus pour l’occasion. Finan ce par l’Union europenne, paule par le Luxembourg, l’Italie et le Gouverne ment du Cap vert, la route longe la cte, superbe et sauvage, permettant surtout de relier le nord et le sud de l’le. Dou ble avantage terme. D’abord permet tre aux agriculteurs – car une fois quitt la cte, l’intrieur du pays vous livre des paysages luxuriants, o poussent canne sucre, banane et bien d’autres produits – d’exporter leurs produits vers les autres les. Ensuite d’attirer les ama teurs de tourisme vert. Ils sont dj l, sillonner les routes intrieures, longer les vieux cratres endormis du centre de l’le. “Les gens ne viennent pas ici uniquement pour le soleil”, nous dit Ma nuel Veiga. “Ainsi, travers la culture, la rencontre avec les gens, nous pouvons doser le tourisme pour en faire un outil de dveloppement.”S A NTO ANT A O, L ’ LE MA GI QUE51 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010La culture reprsente tout, nous dit le ministre de la Culture, Manuel Veiga. Nous n’avons pas d’autres ressources naturelles. Rencontre.Qu’entendez-vous par ‘culture’ ? La culture est essentielle, pas seulement comme art, mais comme vie, comme faon de voir les choses, la faon de se mettre en relation – ce qui est essentiel chez nous. C’est particulirement important car nous venons d’un grand dialogue de culture. Le fait que Cidade Velha ait t consacre rcemment “patrimoine de l’humanit” par l’Unesco est rvlateur. C’est la rencontre durable entre des Africains, esclaves au dpart, et des Europens, dont est n une nouvelle anthropologie. Nous tenons tou jours notre crolit mais en restant ouvert. Nous ne mprisons jamais les autres, s’ils se conforment certaines valeurscar nous sommes en quelque sorte les “autres” aussi. Inversement, les trangers nous aiment car ils trouvent ici un fil conducteur qui les ramne leur culture. Sous titre Ce fil conducteur serait-il la musique ? Si l’on veut, mme si la musique est post rieure notre langue. Le crole capverdien est n du portugais et de ce que j’appellerais une structure profonde des langues africai nes alors que les esclaves noirs avaient t ethniquement disperss par les colons portu gais afin qu’ils ne puissent pas communiquer. Mais tout tre humain a un pouvoir intrieur qui, dans une situation limite, lui permet de devenir cratif, le besoin de communiquer tant le plus fort. La langue, le crole, est le trait fondamental de notre identit. Ceci dit, la musique est notre carte de visite, et Cesaria Evora notre ambassadrice. ‘Saudade’ et beauts naturelles Mots-cls Culture ; Manuel Veiga ; morna ; batuque ; coladeira ; funana ; Santo Anto ; Mindelo. Cap Vert Reportage Santo Anto. Marie-Martine Buckens Sur la plage Mindelo. Marie-Martine Buckens

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La Bulgarie a rejoint les rangs de l’UE en janvier 2007, mais cinq de ses six rgions* de planification comptent toujours parmi les dix rgions de l’UE affichant le Produit intrieur brut (PIB) par habitant le plus faible de l’UE. Aprs le changement de gouvernement intervenu en juillet 2009 et l’arrive au poste de Premier ministre de Boyko Borisov, du parti des Citoyens pour le dveloppement europen, il est prvoir que les fonds europens promis tellement attendus, en particulier pour les infrastructures, arriveront plus facilement dans le pays. Il est vrai que le versement de divers financements europens, y compris au titre du processus de pradhsion (PHARE), avait t suspendu en raison d’un certain nombre de difficults parmis lesquelles des problmes de procdures et de gestion administrative. Selon Georgi Chernov, prsident de la Chambre de commerce de Sofia**, une instance indpendante, la Bulgarie a t moins touche par la crise financire que certains autres pays de l’Union, en grande partie du fait de la prsence de nombreuses banques trangres dans le pays. Georgi Chernov craint toutefois que le Revenu national brut (RNB) ne baisse encore de deux points de pourcentage cette anne, aprs le recul de six points enregistr en 2009. Selon lui, la crise financire a dop les taux d’intrt et a rduit la disponibilit du crdit, ce qui pourrait provoquer une hausse du chmage cette anne. “Mais en tout tat de cause, la situation n’est pas si mauvaise par comparaison avec d’autres pays d’Europe orientale”, reconnat Georgi Chernov. “La Bulgarie n’est pas trs endette, et il lui reste 8 milliards d’euros de rserve”, explique-t-il, une situation qu’il attribue au taux de croissance de 5 ou 6% enregistr ces dernires annes grce l’essor du secteur de la construction. Les diverses personnes que nous avons interviewes l’occasion de ce reportage attendent maintenant des fonds europens. Lors de sa visite en Bulgarie la mi-novembre dernier, le Commissaire europen la Politique rgionale, Pawel Samecki, a annonc que ce pays recevrait 9,5 milliards d’euros (2007-2013) au titre de la politique europenne de cohsion qui aide les rgions de l’UE dont le PIB par habitant reprsente moins de 90 % de la moyenne europenne, en particulier dans le domaine de la construction d’infrastructures. Pawel Samecki a lev les villes bulgares au rang de “moteurs de croissance”. Ce numro du Courrier met l’honneur Plovdiv, la deuxime plus grande ville du pays, au sudest de Sofia. Plodiv, qui peut se targuer d’tre la plus vieille cit habite d’Europe avec ces six huit mille ans d’histoire, a sans cesse anticip le changement et s’emploie maintenant relever les dfis et saisir les occasions qui vont de pair avec l’adhsion l’UE. * www.ec.europa.eu ** www.scci.bg52 Plovdivde nouveaux projets pour la plus vieille cit habite d’EuropeDebra PercivalAmphithtre romain, Vieille Ville, Plovdiv. Reporters D couvrir l'Europe

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De l’poque thrace la renaissance bulgare au XIXe sicle, Plovdiv, une ville qui s’tend de part et d’autre de la Maritza, a t rebaptise maintes fois. Des changements de nom bien plus nombreux que ses collines. Car mme si elle tait initialement connue sous le nom de “Ville des sept collines”, elle n’en possde plus qu’une aujourd’hui. La plus vieille ville habite d’Europe ne demande qu’ tre dcouverte Plovdiv D couvrir L’Europe Quelle est la plus vieille ville habite d’Europe ? Athnes, Thbes (Grce), Cadiz (Espagne) ou Larnaca (Chypre) ? Rares sont ceux qui citeraient la deuxime ville de Bulgarie, Plovdiv. Pourtant, cette ville situe 150 km au sud de la capitale Sofia figure galement dans le Time Out Guide*, The World’s Greatest Cities. Une histoire fascinante de 6.000 8.000 ans, aux multiples strates, qui fait de Plovdiv une ville incontournable. 53 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 Vestiges d’un stade romain, Plovidv. D. Percival Peinture murale, Plovdiv, illustrant la prsence ottomane. D. Percival Les archologues y ont mis au jour des poteries fines et autres objets de la vie quotidienne remontant au Nolithique, ce qui atteste de l’existence de cette ville ds le VIIe millnaire avant notre re. Eumolpias – c’est ainsi que les Thraces l’avaient baptise – tait dj connue pour son vin, son miel et son orfvrerie. En 342-341 av. J.-C., la ville est conquise par Philippe II de Macdoine et devient Philippopolis avant d’tre rebaptise Pulpudeva. Aprs la conqute romaine au Ier sicle apr. J.-C., la ville prend le nom de Thrimonzium (ce qui signifie qu’elle est construite sur trois collines). L’amphithtre romain mis au jour donne aujourd’hui de faon plutt incongrue sur une autoroute trs frquente. Durant les trs chauds mois d’t (alors que l’hiver est parfois glacial), il accueille des concerts, des opras et des pices classiques. Au centre de la ville, on peut galement admirer une partie des vestiges d’un stade romain. Les Huns envahissent la ville en 447 apr. J.-C. et au VIe sicle, les Slaves, qui se sont installs dans la pninsule des Balkans, lui donnent le nom de Pulden et plus tard, de Plundiv. En 815, Khan Krum de Bulgarie s’empare de sa forteresse et annexe la ville l’Empire bulgare en 834. Elle en fera partie jusqu’ la reconqute byzantine. Durant les cinq sicles qui suivirent, la ville fut tour tour bulgare et byzantine. Plovdiv se situait galement sur le chemin des croisades et fut ainsi dtruite et pille par les croiss faisant route vers La Mecque. En 1385, la ville tombe aux mains des Ottomans et devient Phillibe. Elle restera sous domination ottomane pendant les 500 annes qui suivirent. A l’poque, on recense plus de 55 mosques dans la ville. La mosque Dzhumaya se dresse toujours au centre de la ville. C’est l’un des plus anciens difices de l’poque ottomane dans les Balkans. > La renaissance bulgare Au XIXe sicle, Plovdiv sera le cur du mouvement de renaissance bulgare aprs l’oppression culturelle ottomane. Ainsi, en 1855, s’ouvre la premire maison d’dition bulgare, qui diffuse des ouvrages crits, des journaux et des magazines dans tout le

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pays. Le rvolutionnaire bulgare Vassil Levski organisera mme un comit rvolutionnaire dans la ville. Pendant cette priode, de riches marchands commenceront construire des maisons dans le style “renaissance bulgare”, qui se caractrisent par des plafonds en bois sculpts. Ces maisons ont t restaures depuis et font aujourd’hui partie de la vieille ville de Plovdiv. Le muse ethnographique, amnag dans la maison d’A. Koyumdjioglou, permet au visiteur de se faire une ide des richesses de la ville cette poque. La ville est libre du joug ottoman par les Russes suite la bataille de Plovdiv en 1878. La mme anne, le Trait de San Stefano donne naissance la Principaut de Bulgarie, qui absorbe tous les territoires population majoritairement bulgare. Plovdiv devient le centre de ce nouvel Etat et du nouveau gouvernement temporaire russe. Ce trait sera toutefois modifi par un second trait sign Berlin, qui divise ce territoire entre la Bulgarie, avec Sofia pour capitale, et la Roumlie orientale, dont Plovdiv devient la capitale. Semi-indpendante, cette rgion est place sous le contrle militaire et politique du sultan turc. La Macdoine est quant elle restitue la Turquie. Ce redcoupage territorial sera de courte dure puisque l’unification de la Bulgarie est proclame le 6 septembre 1885. En 1892, Plovdiv accueille l’Exposition bulgare, la toute premire foire internationale du pays qui attire des participants du monde entier. Cette tradition a t perptue et la Foire internationale de Plovdiv a pris ses quartiers dans la ville. Elle accueille chaque anne de nombreuses expositions et des visiteurs du monde entier. En 1943, pendant la Deuxime Guerre mondiale (1939-1945), le gouvernement bulgare pronazi annonce la dportation des 50.000 juifs de Bulgarie. Mais grce au courage d’un certain nombre d’habitants et de personnalits, parmi lesquelles le Patriarche Krill de l’Eglise orthodoxe, le gouvernement fait finalement marche arrire. La grande majorit des Juifs du pays migreront en Isral la fin de la guerre**. En 1944, la fin du rgime pronazi, la Bulgarie passe sous domination communiste et entretient d’emble des liens trs troits avec l’ex-Union sovitique. La statue d’un soldat russe se dresse toujours sur une des collines de la ville. L’histoire de la ville est galement marque par l’organisation d’une grande manifestation anticommuniste, un des vnements qui allaient conduire la chute du rgime communiste, en novembre 1989. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la ville est parfois surnomme la capitale “bleue” (dmocratique) de Bulgarie. Mais de nouvelles pages d’histoire continuent de s’crire en cette priode postcommuniste marque par l’adhsion de la Bulgarie l’UE en 2007**. D.P.* Time Out Guide, The World’s Greatest Cities. ISBN 978184670141-2, septembre 2009, 350 pages, Edition 1. ** Beyond Hitler’s Grasp: The Heroic Rescue of Bulgarian Jews, de Michael Bar-Zohar, 1998, ISBN: 158062541X. L’European Institute qui a son sige Sofia a t cr en 1999 avec le soutien financier de George Soros, fondateur de l’Open Society Institute. Il s’agit l d’une des premires organisations non gouver nementales avoir fait campagne pour l’intgration europenne de la Bulgarie. Devenu financirement indpendant, l’ins titut travaille un certain nombre de projets visant transmettre l’exprience bulgare du processus d'adhsion l’UE – dans ces aspects positifs et ngatifs – ses voisins des Balkans. C’est que qu’explique sa directrice, Lubov Panayotova, ancienne vice-ministre bulgare des finances. Le site Internet de l’Institut, www.Europe. bg, est l’un des sites traitant des affaires europennes les plus consults de Bul garie. “L’ide de dpart tait de recueillir les informations les plus varies sur le processus de ngociation”, explique Lu bov Panayotova. Grce au soutien finan cier du Parlement europen (PE), l’institut a galement pu lancer un site Internet in teractif reliant les membres du PE (bulga res et autres) avec le public – www.euro parliament.europe.bg. L’institut offre galement un soutien tech nique au ministre bulgare de la coopra tion rgionale dans le cadre d’un projet de coopration transfrontalire avec la Ma cdoine*, l’objectif tant d’offrir ce voisin des Balkans une formation et une aide en vue de gnrer des projets et de solliciter des subventions. Plusieurs nouveaux pro jets sont en cours, notamment la “carte des emploi”, explique Borislav Mavrov, directeur des programmes et des projets internatio naux au sein de l’institut. Ce projet a pour objectif d’aider les Roumains et les Bul gares trouver plus facilement un emploi chez leur voisin grce un site Internet. L’institut peut se prvaloir d’une exp rience de longue date dans le domaine de la lutte contre les discriminations. Il travaille actuellement un projet visant combattre le phnomne de plus en plus rpandu de la violence dans les coles. Lubov Panayotova pointe du doigt le rle des tlphones portables dans l’incitation la violence, un phnomne qu’elle at tribue aussi aux rcentes transformations au sein de la socit bulgare : “Tout est en train de changer aujourd’hui, mais pas seulement pour un mieux”, dplore-t-elle. Pour en savoir plus : www.europeaninstitute * Dans l’UE, la Macdoine est connue sous le nom d’ancienne Rpublique yougoslave de Mac doine, dnomination adopte suite une protes tation de la Grce.P A RT A G E R L ’ E X P RI E NC E D E L ’ A D H S ION L ’UE Mots-cls Plovdiv ; Bulgarie ; Thraces ; Ottomans. 54 D couvrir L’Europe PlovdivMaisons de riches marchands, Plovdiv. D. Percival Motif d’une maison de marchand datant du XIXe sicle, Plovdiv, Vieille Ville. D. Percival

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55 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 De Dionysos la rose de Damas – les richesses de Plovdiv Carrefour commercial entre l’Union europenne l’ouest et la Turquie et le Proche-Orient l’est, la pro vince de Plovdiv est depuis toujours un centre commercial dynamique. Elle est aussi renomme pour son industrie des mtaux non-ferreux et la production d’engrais, de produits pharmaceutiques, de produits alimentaires, de vins et d’essence de rose. A l’instar du reste de la Bulgarie, la rgion est passe au cours de ces 20 dernires annes d’une conomie d’Etat une conomie de march et depuis 2007, anne de son adhsion l’UE, ce sont les normes europennes de production et d’importation, plus strictes, qui sont d’application. C’est ce qu’explique Angel Hronev, directeur du centre d’information de la Chambre de commerce et d’industrie prive de Plovdiv dans un entretien avec Le Courrier . Les industries traditionnelles comme l’industrie alimentaire, la viticulture et le tabac sont actuellement en phase d’adaptation au march europen. A la fin des annes 1980, poque o elle importait massivement du diesel russe bas prix, la Bulgarie tait le premier producteur de lgumes cultivs sous serre du continent europen. “Avant 1989, nous disposions d’un systme de coopratives d’Etat trs efficace, notamment pour la production des lgumes et de crales”, explique Angel Hronev. Durant la phase de pradhsion l’UE, la Bulgarie a bnfici d’un financement de l’UE au titre du SAPARD, le programme spcial d’adhsion pour l’agriculture et le dveloppement rural. Son objectif tait de permettre au pays d’adapter son agriculture aux nouvelles normes et rglementations europennes, de renforcer son efficacit et sa comptitivit et de favoriser l’emploi dans ce secteur. “Malgr quelques imperfections, ce programme a permis d’introduire en Bulgarie de nouvelles cultures et de nouvelles technologies, notamment au niveau de l’irrigation”, explique M. Hronev. Cette aide n’a toutefois pas empch l’exode rural et 1,5 million de Bulgares – sur une population totale de 7,5 millions d’habitants – vivent aujourd’hui Sofia, dans la capitale. Autre consquence de l’adhsion l’UE, les jeunes quittent dsormais les exploitations agricoles du pays et partent pour d’autres rgions de l’UE pour y travailler comme saisonniers, o ils peroivent un salaire plus lev. > La valle des R oses Au nord de Plovdiv, la “La valle des Roses” et ses champs de rosiers produisent la rosa damascana (rose de Damas), dont la cueillette s’effectue traditionnellement au mois de juin. Pas moins de 3.000 5.000 kg de fleurs (plus d’un million de fleurs) sont ncessaires pour produire un seul litre d’essence de rose. “Grce aux conditions trs particulires de la rgion, nous produisons une essence de rose est d’une qualit ingale dans le monde”, explique M. Hronev. Les produits locaux base de rose sont trs varis, et incluent notamment des shampooings et de la confiture de roses ! Plovdiv Dcouvrir L’Europe La Valle des Roses prs de Plovdiv. Reporters Angel Hronev, Directeur du Centre d’information, de la Chambre du Commerce et de l’Industrie, Plovdiv. D. Percival

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L’Afrique du Sud participera bientt, en sa qualit de pays parte naire organisateur, VINARIA, le salon annuel international du vin et des techniques vitivinicoles. Ce salon annuel se tiendra du 14 au 17 mars 2010, dans les btiments de l’International Fair de Plovdiv. Les vins sud-africains sont de plus en plus po pulaires sur le march bulgare. Le vin se classe actuellement au troisime rang des exportations de l’Afrique du Sud, qui est par ailleurs le neuvime producteur mondial de vin, avec 10 millions d’hectolitres par an. VINARIA devrait promouvoir les relations entre la Bulgarie et l’Afrique du Sud. Selon les organisateurs, les visiteurs de VINARIA auront l’occasion de dguster le vin slec tionn par l’Afrique du Sud pour la Coupe du monde de la FIFA. www.fair.bg/en/events/vinaria, www.bessavalley.comVIN A RI A ME T L ’ H ONN EU R LES VINS D'A F RI QUE D U S U D La viticulture en pleine transformation pour partir la conqute de nouveaux marchs. Reporters Les vins de la valle de la Thrace, toujours dans la province de Plovdiv, sont eux aussi de plus en plus rputs, partout dans le monde. A l’poque communiste, une ou deux entreprises d’Etat dtenaient un monopole dans ce domaine et produisaient des vins bon march, notamment pour le march de l’exUnion sovitique, explique M. Hronev. A la fin des annes 1980, la Bulgarie tait le second exportateur de vins. Le pays se heurte aujourd’hui la vive concurrence du Chili, de l’Argentine et de l’Afrique du Sud, dont les vins sont galement vendus dans les grandes surfaces bulgares, notamment les blancs, car les Bulgares continuent prfrer les vins rouges issus de leur propre production. “Le dfi consiste amliorer la qualit”, explique M. Hronev. Au cours de ces dernires annes, la Bulgarie a t confronte une surproduction viticole. Il faut dire que produire son propre vin est aujourd’hui la mode et que beaucoup de Bulgares s’y essaient. “Avec pour consquence la production de vins ne trouvant pas de dbouchs”, explique M. Hronev. Afin d’amliorer la qualit des vins destination du march europen et d’autres marchs mondiaux, notre pays a fait appel des experts et aujourd’hui, la province de Plovdiv produit quelques trs bons vins locaux, dans une fourchette de prix comprise entre 6 et 8 euros la bouteille. Parmi ceux-ci, citons le Via Diagonalis du domaine Castra Rubra, qui a t labor avec l’aide d’un conseiller en vinification franais, Michel Rolland. A 40 km de Plovdiv, se trouve le domaine Bessa Valley qui produit l’Enira grce au financement et l’expertise technique de l’Allemagne. M. Hronev est convaincu du rel potentiel de ces provinces dans le domaine du tourisme du vin. N’oublions pas que Dionysos, le dieu du vin, tait originaire de la valle de la Thrace. Depuis l’adhsion de la Bulgarie l’UE en 2007, le profil de l’investisseur-type Plovdiv s’est modifi. Si dans les annes 1990, la rgion bnficiait surtout des investissements de la Grce et de la Turquie voisines, les Etats membres plus l’Ouest commencent aujourd’hui s’intresser davantage ce pays, comme l’a d’ailleurs remarqu M. Hronev. Un intrt d’autant plus marqu que les frais d’exploitation et de main-d’uvre restent plus faibles en Bulgarie. “L’Italie est l’un des rares pays s’tre dot d’un programme national spcifique pour le transfert d’entreprises d’une rgion l’autre de l’UE”, explique M.Hronev. “Les Italiens se sentent bien ici, ils investissent dans les cosmtiques et les parfums, les aliments, le caf, la glace et les quipements”, ajoute-t-il. Au titre d’un programme similaire mis en place par le gouvernement allemand, un entrepreneur fabrique aujourd’hui des pices pour l’industrie allemande. Forte d’un trs riche pass (voir article sur l’histoire de la ville), Plovdiv dispose d’un rel potentiel touristique encore relativement peu exploit. L’expansion de ce secteur dpendra d’une srie de facteurs, parmi lesquels l’amlioration des infrastructures, notamment de meilleures liaisons routires dans le pays et avec le reste de l’UE et une plus grande frquence de vols low cost desservant Plovdiv. Cette ville pourrait alors attirer elle aussi les adeptes des mini-trips en Europe. Grce l’amnagement d’une nouvelle jonction routire avec la Grce, la cte grecque n’est plus qu’ trois heures de route de Plovdiv. Par contre, aucune autoroute ne relie encore Plovdiv et la cte bulgare plus l’est, prise par les vacanciers d’autres rgions de l’UE. Au sud de la province, les Rhodopes propose des stations de ski et des stations thermales. Le secteur du btiment, qui tait encore en plein essor il y a deux ou trois ans et mettait ainsi la rgion l’abri du chmage, a pay un lourd tribut la crise financire. Pourtant, avec un taux de chmage de 6,76%, la ville affiche l’un des taux de chmage les plus faibles du pays. “Plovdiv ne peut que se dvelopper. Si nous parvenons exploiter toutes les opportunits de la rgion, la ville a un bel avenir devant elle”, assure M. Hronev. D.P. www.pcci.bg Mots-cls Plovdiv ; Chambre de commerce et d’industrie de Plovdiv ; Angel Hronev ; Plovdiv International Fair ; VINARIA ; Michel Rolland ; Coupe du monde de la FIFA. Culture de tabac. Reporters Dcouvrir L’Europe Plovdiv56

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Intgrer les Roms et mettre fin aux discriminations leurs gards ? En Bulgarie, le premier groupe rom est celui des Yerlii, les Roms locaux qui se subdivisent eux-mmes en gitans bulgares (Daskane Roma) et gitans turcs (Korhane Roma). Il existe toutefois d’autres communauts roms dans le pays. Les Roms seraient arrivs en Bulgarie ds le XIIIe sicle, et plus massivement encore au XIVe et XVe sicle, l’poque de la conqute ottomane. La Bulgarie est l’un des 12 gouvernements europens abritant des minorits roms s’tre associs la Dcennie de l’inclusion des Roms (2005-2015) – www.romadecade.org*. Cette initiative vise amliorer la situation conomique et l’intgration des Roms dans les socits et bnficie d’un financement europen et international. Mais pour les ONG qui travaillent auprs des minorits roms, des mesures antidiscriminatoires supplmentaires s’imposent. Angel Gestov, consultant auprs de l’ONG Roma Together (www.romatogether.com), travaille essentiellement avec les communauts locales des villages du centre et du nord de la Bulgarie (dans les environs de Polski Trambesh). Il nous explique que la discrimination l’gard des Roms est une ralit que l’on retrouve dans tout le pays. “Au cours de ces deux dernires annes, les Roms qui avaient russi profiter de la priode de croissance conomique – surtout dans le secteur du btiment – se sont retrouvs sans emploi, cause de la crise”, a-t-il expliqu au Courrier. > C hmage Faute de possibilits d’emploi, les Roms “dpendent de manire disproportionne du systme d’assistance sociale, cens leur assurer un niveau de vie minimum. Ils n’ont toutefois pas suffisamment accs aux services sociaux en raison des discriminations dont ils sont victimes et des prjugs des reprsentants gouvernementaux. Sans compter les exigences administratives, qui font aussi obstacle leur accs.” “La politique bulgare envers les minorits roms devrait introduire des mesures incitatives afin d’encourager les acteurs publics et privs revoir leurs attitudes et leur comportement vis--vis des Roms, ou de les pnaliser en cas de non-respect des exigences lgales”, ajoute-il. Selon lui, les dclarations intergouvernementales relatives aux Roms ne sont pas mises en pratique faute de reprsentation politique suffisante de ces minorits. Lubov Panayotova dirige l’European Institute, un groupe de rflexion non gouvernemental bas Sofia. Cet institut se penche sur la politique europenne et examine une srie de questions en rapport avec la lutte contre les discriminations. Mme Panayotova explique qu’il existe pas moins de 16 clans roms en Bulgarie, fortement hirarchiss et parfois opposs une plus grande intgration dans la socit bulgare. Selon elle, le changement ne pourra se faire que par l’ducation des jeunes Roms et leur insertion professionnelle. Et de souligner aussi la ncessit de “bonnes pratiques” pour la gestion de la diversit. D.P.Les Roms reprsentent 4,7% de la population bulgare et sont ainsi la deuxime minorit ethnique du pays. Selon les chiffres officiels, la rgion de Stolipinovo, dans la province de Plovdiv, compte l’une des concentrations de Roms les plus importantes. Les organisations non gouvernementales (ONG) affirment que ces populations sont victimes de discriminations alors que pour d’autres commentateurs, ce sentiment d’antagonisme entre les Roms et la population bulgare majoritaire est davantage la consquence d’un refus des Roms de vouloir s’intgrer dans a socit moderne. L’European Roma Rights Centre (ERRC) a pour mission de lutter contre le racisme et la violation des droits de l’homme l’gard des Roms et ce, au niveau lgislatif internatio nal. La Cour europenne des droits de l’homme de Strasbourg a rcem ment rendu une dcision en faveur des Roms dans une affaire porte devant sa juridiction par l’ ERRC au nom de la Fondation rom Baht et du procureur bulgare Alexander Kas hurnov. La Cour europenne a mis en vidence un traitement inhumain et dgradant de trois ressortissants bulgares d’origine rom pendant leur garde vue. L’ERRC a par ailleurs reu rcemment le prix SOLIDAR Silver Rose rcompensant son ac tion en faveur des Roms et en par ticulier “d’avoir sensibilis le public, condamn des violations, labor des documents europens de po litique et influenc les aspects des droits de l’homme.”www.errc.org www.solidar.orgL’E RRC , U N C E NTR E EU RO P E N P O U R LA P RO M OTION D ES DROIT S D ES R O MS Enfants roms, Bulgarie. Les attitudes envers les Roms doivent changer, dclarent les ONG. Reporters 57 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Plovdiv D couvrir L’Europe * Pays participants abritant des minorits roms : Al banie, Bosnie-et-Herzgovine, Bulgarie, Croatie, R publique tchque, Hongrie, Macdoine, Montngro, Roumanie, Serbie, Slovaquie et Espagne.

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Dveloppementla Bulgarie dans les starting-blocks A l’instar de tous les pays qui ont rejoint l’UE en 2007, la Bulgarie s’est engage faire le ncessaire pour raliser les objectifs de dve loppement de Monterrey et revoir la hausse le montant de son aide publique au dveloppement (APD), afin qu’elle atteigne 0,17% de son Revenu national brut (RNB) en 2010 et 0,33% du RNB en 2015. (Conseil de l'Union europenne, Conclusions de la prsi dence, 10255/05, Bruxelles, 18 juin 2005, p. 8, para. 27) Boyan Belev est la tte du dpartement pour la politique de dveloppement au sein de la Direction “Nations Unies et Affaires inter nationales” (Ministre bulgare des Affaires trangres), qui a t charg de l’laboration de cette nouvelle politique. Il explique que l’adoption de cette “ordonnance” concidera avec la mise en place d’une unit entirement ddie au dveloppement au sein de ce minis tre, forte de 8 10 collaborateurs. Six pays ont t dsigns comme bnficiaires pour cette premire phase d’assistance. Il s’agit de proches voisins de la Bulgarie : l’ouest, la Macdoine*, le Kosovo et la Serbie ; et l’est la Moldavie, l’Armnie et la Gorgie. Boyan Belev nous a expliqu qu’il avait t un moment question d’ajouter cette liste un pays d’Afrique subsaharienne, en l’occurren ce l’Angola, en raison des liens qui unissaient les deux pays. Ce projet est pour l’instant abandonn, d’une part parce que l’Angola est A la mi-janvier 2010, lorsque nous nous sommes rendus au Ministre des Affaires trangres, Sofia, le gouvernement bulgare tait sur le point de donner son feu vert la toute premire stratgie de dveloppement bilatrale. Au moment de la mise sous presse du Courrier, une “ordonnance” ce sujet attendait en effet encore l’approbation du Conseil des ministres. Une fois ce document adopt, le Ministre bulgare des Finances devrait approuver l’affectation de fonds en faveur de projets de dveloppement dans six pays limitrophes, choisis pour tre les premiers bnficiaires de cette nouvelle politique bulgare. 58 D couvrir L’Europe BulgarieParlement bulgare, Sofia. D. Percival

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considr comme un “chouchou de l’aide”, mais aussi parce qu’ ce stade initial, la Bulgarie entend viter d’parpiller son aide financire. Elle est en effet convaincue que cette aide peut tre plus utile dans les pays avec lesquels elle partage des caractristiques culturelles et une mme exprience, comme la dnationalisation de l’conomie.> Une unit spcialise Faute de personnel suffisant, les missions du dpartement bulgare pour la politique de dveloppement sont clairement dfinies. Depuis l’adhsion de la Bulgarie l’UE, il est charg de la prparation des runions ministrielles de l’UE avec les pays ACP, des runions des Ministres du Dveloppement de l’UE ainsi que des runions du Conseil “Affaires gnrales” – et participe ces ren contres. Ses comptences s’tendent gale ment aux runions des groupes de travail sur ces questions, aux runions dans le cadre de la politique europenne de voisinage** et celles sur l’instrument de stabilit***. A l’heure actuelle, l’aide au dveloppement ne reprsente que 0,06% du RNB de la Bulgarie. Boyan Belev a indiqu que son pays ne serait pas en mesure d’atteindre l’objectif de 0,17% du RNB d’ici 2010. Ce RNB devrait toutefois augmenter cette anne puisque la Bulgarie contribuera pour la premire fois au 10e Fonds europen de dveloppement 2008-2013 (qui bnficie d’une dotation totale de 22,682 milliards) en faveur des pays ACP. Selon les estima tions, la contribution totale de la Bulgarie ce 10me FED devrait s’lever 31,75 mil lions, tals sur les trois prochaines annes. Mme si la politique d’aide bilatral au dve loppement doit passer la vitesse suprieu re, la Bulgarie finance dj d’une certaine manire les activits gnrales de dveloppe ment de l’UE, par le biais de la contribution bulgare au budget total de l’UE, qui repr sente 4,5% de ce budget. Boyan Belev estime que se lancer dans l‘aide bilatrale au dveloppement est pour son pays un “exercice d’apprentissage”. L’“ordonnance”, qui est encore sur la table des ministres bulgares, a t prpare sur la base d’un projet de document stratgique sur la politique de dveloppement, publi dans l’anne qui a vu l’adhsion de la Bulgarie l’UE. Ce document souligne que la politi que de dveloppement nationale doit viser raliser les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) dans les pays pauvres et que la coopration internationale au dve loppement doit s’aligner sur les engagements politiques pris dans le cadre des NU et de l’UE. Il raffirme par ailleurs le soutien de la Bulgarie l’radication de la pauvret et au dveloppement durable et au renforcement des conomies des pays en dveloppement. Selon Boyan Belev, la Bulgarie possde dj une certaine exprience de la politique de dveloppement. Au milieu des annes 80, la Bulgarie tait un important bailleur de fonds en faveur de plus de 40 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amrique latine, continents qui accueillaient des entreprises bulgares tatises. L’Afrique subsaharienne et d’autres pays pourraient un jour venir complter la liste des bnficiaires, d’autant que l’UE s’est engage orienter en faveur de ce continent 50% de l’aide renforce au dveloppement, a indiqu Boyan Belev. D.P.* A la demande de la Grce, l’Union europenne a reconnu la Rpublique de Macdoine sous le nom d’ “Ancienne Rpublique yougoslave de Macdoine”. ** La politique de voisinage couvre la coopration avec les pays suivants : l’Algrie, l’Armnie, l’Azer badjan, le Belarus, l’Egypte, la Gorgie, Isral, Jordanie, le Liban, la Moldavie, le Maroc, le Territoire palestinien occup, la Syrie, la Tunisie et l’Ukraine. Pour en savoir plus : http://ec.europa.eu/world/enp/ index_fr.htm *** L’instrument europen de stabilit a t adopt en 2007. Il soutient et finance la prvention des conflits, la gestion des crises et la consolidation de la paix. Pour en savoir plus : http://ec.europa.eu/europeaid/ what/index_en.htm Pour en savoir plus sur la BPID: www.bpid.org Dimitar Sotirov est le directeur de la Pla teforme bulgare pour le dveloppement international (BPID) mise en place au dbut 2009 et qui regroupe des organi sations non gouvernementales de dve loppement. Il y travaille mi-temps et se montre particulirement actif. La BPID tait au dpart finance par l’an cien Fonds de la prsidence europenne et par TRIALOG, la plateforme des ONG des nouveaux Etats membres. Le sou tien financier dont elle bnficie actuelle ment est assur, jusqu’en avril 2010, par CONCORD, la Confdration europen ne des ONG d’urgence et de dveloppe ment, laquelle la Bulgarie souhaite s’af filier. Dimitar Sotirov estime lui aussi que la politique de dveloppement bulgare ne doit pas “voir trop grand” au dbut, mais il ajoute que la mise en place d’une stra tgie et d’une unit spcialise dans la politique du dveloppement, avec davan tage de personnel, est essentielle. La BPID compte actuellement 20 mem bres et ne cesse de se dvelopper. Ses membres incluent notamment CARE Bulgarie, Caritas Bulgarie, la Croix-Rou ge bulgare et la Fondation bulgare pour la recherche sur le genre. Dimitar Soti riv est convaincu que la Bulgarie peut transfrer ses nombreuses connaissan ces aux nations en dveloppement, no tamment sur le processus d’intgration dans les conomies europennes. La plateforme s’intresse des questions comme l’ducation au dveloppement, la sant, le genre, l’environnement et le d veloppement durable. En octobre 2009, la BPID a organis une table ronde sur la “Participation de la socit civile bul gare la coopration europenne au dveloppement”. Un vnement qui a runi d’autres pays, comme le Japon et le Royaume-Uni, invits changer avec les participants bulgares leurs pratiques dans le domaine de la politique de dve loppement bilatrale. UN E PLA T EF OR ME D’ ONG E N E X PA N S ION Mots-cls Boyan Belev ; Bulgarie ; TRIALOG ; CONCORD ; Fonds de la prsidence. 59 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010Bulgarie D couvrir L’Europe Dimitar Sotirov, directeur de la Plateforme bulgare pour le Dveloppement international. D. Percival

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Un lieu de rencontre pour la culture africaine CAN* est une initiative de puma.crea tive , un concept port par la clbre marque de sport & lifestyle. Base sur la technologie 2.0, il s’agit d’une des plateformes virtuelles de la culture afri caine les plus vivantes, les plus visites et les plus modernes. Ce projet se propose de relier l’univers africain de la culture un rseau interdisciplinaire qui s’tend toute l’Afri que et mme au-del. En s’appuyant sur les principes et les technologies de l’actuelle socit de l’information, il entend galement proposer ses utilisateurs des informations et des contenus partags et produits par les utilisateurs eux-mmes. Ce rseau social en ligne est dot d’une structure intelligente et intuitive qui permet aux utilisateurs de crer leur profil personnel, et de l’enrichir avec des photos, des textes et de liens. Le site Internet s’autoproduit et se dveloppe ainsi jour aprs jour. Les utilisateurs intresss peuvent y apprendre qui est en ligne, qui ne l’est pas et qui est fan de qui. L’utilisateur a en effet la possibilit de “devenir fan”de projets, d’ins titutions, d’artistes ou d’expositions dont il a consult le profil. La section “calendrier” est l’une des plus utiles. On y trouve l’actualit des vnements, des festivals artistiques et cinmatographiques et des prix, ainsi que des critiques, des appels artistes et d’autres opportunits, ainsi que des informations professionnelles et des informations actua lises sur les liaisons culturelles. Autant d’informations prcieuses pour les artistes tablis comme pour ceux qui tentent de se faire un nom. La section “bibliothque” fournit des infor mations sur 300 brochures et ouvrages majeurs, ainsi que le profil d’environ 200 “bibliothcaires”, lesquels ajoutent leur nom la page ddie aux ouvrages en leur pos session. L’objectif du site Internet est de crer une vritable “librairie partage et non centralise”, alimente par les “prts et les emprunts (de livres) de ses membres”. Mais on ne se sait pas encore trs bien si cette bibliothque marche bien. Christine Eyene (ancienne directrice de la publication du journal franais Africultures ) est la rdactrice de CAN. Elle met jour le site en actualisant les informations sur les principaux vnements culturels, et, avec l’aide de Mark Coetzee, curateur de puma. creative, elle encourage les initiatives collat rales. Le “Prix de la mobilit puma.creative ” est un projet majeur dont la promotion est assure par Creative Africa Network. Son objectif est de faciliter la participation des artistes confirms et en devenir, des profes sionnels de l’art et des organisations artisti ques aux vnements d’envergure nationale et internationale. Parmi les nombreux laurats de l’dition 2008 et 2009 des prix de la mobilit figurent des artistes de renom comme Barthelemy Toguo et Goddy Leye du Cameroun, le curateur nigrian Bisi Silva et les deux plus grands artistes afro-amricains, Kara Walker et David Hammons. * CAN est partenaire du Creative Caribbean Network. http://www.creativeafricanetwork.com/Creative Africa Network (CAN) propose une plateforme virtuelle d’changes pour les acteurs de la culture d’Afrique et du monde entier. Sa raison d’tre : assurer une visibilit aux artistes de talent dans le domaine de l’architecture, de la danse, du design, de la mode, du cinma, des beaux-arts, de la littrature, de la musique, des nouveaux mdias, des arts du spectacle et de la photographie. Mots-cls Culture africaine ; plateformes virtuelles ; art contemporain ; Christine Eyene ; Mark Coetzee. Sandra Federici60 A droite : Christine Eyene (deuxime gauche), animant un atelier Creative Africa Network (CAN) avec des tudiants maliens au Conservatoire des Arts et Mtiers Multimdia durant la 8e dition des Rencontres de Bamako – la Biennale africaine de la photographie. Novembre 2009. Photo du milieu : Invits du dner organis par PUMA. Creative / Creative Africa Network. Photos de Christine Eyene. Gauche : Musiciens en train de jouer et journalistes couvrant le dner organis par PUMA. Creative/ Creative Africa Network au Muse national du Mali durant la 8e dition des Rencontres de Bamako en nov.2009. Photos de Christine Eyene. C rativit

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une vitrine de la photographie contemporaine 8me dition des Rencontres de Bamako L’dition 2009 de la Biennale africaine de la photographie a t place sous le signe des “frontires”. Les curateurs de l’exposition ont ainsi invit les artistes explorer cette thmatique et examiner comment les frontires influencent les peuples, les identits, les religions, les territoires, les ressources conomiques, le contexte sociopolitique, les mouvements et les migrations. En Afrique plus que partout ailleurs dans le monde, la question des frontires est com plexe, qu’il s’agisse de frontires naturelles ou de lignes artificielles traces par l’homme. Mais dans les pays occidentaux, les frontires sont galement l’origine de proccupations thiques. Chaque jour ou presque, les mdias commentent abon damment les problmes auxquels doivent faire face les jeunes partis pour l’Europe en qute de meilleures conditions de vie. Comme l’a crit Victor Hugo: “La frontire est le premier esclavage. Supprimons les frontires () et la paix suivra.”. Le nouvelle direction de la Biennale, Michket Krifa et Laura Serani, directeurs artistiques, s’est donc attele abolir les frontires entre l’vnement et le grand public, l’objectif tant d’accrotre la participation de ce dernier. Mais les frontires peuvent aussi tre des lieux de rencontres et d’changes. Et c’est pourquoi le travail de sensibilisation men dans les tablisse ments scolaires et les universits sera complt par l’organisation d’une dizaines d’expos dans des quartiers ouvriers ainsi que sur des sites impor tants de la capitale comme le Muse national, le Palais de la culture, le Muse du district de Bamako et l’Institut national des arts (INA).La 8me dition des Rencontres de Bamako – la Biennale africaine de la photographie, qui s’est tenue du 7 novembre au 7 dcembre 2009, Bamako, a t organise par le ministre malien de la culture, en coopration avec Culturesfrance (Paris) et avec le soutien de nom breuses socits locales et interna tionales. Elisabetta Degli Esposti Merli C rativit 61 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 B. Mouanda (Brazzaville, Congo), srie “S.A.P.E”, Brazzaville, Congo, 2008. Baudouin Mouanda

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Alors que les grands acteurs du monde des arts ont les yeux tourns vers les Rencontres de Bamako, les habitants ne semblent pas particulirement impliqus, participant peu aux diverses manifestions organises dans la ville. M. Samuel Sidib, directeur gnral de la biennale, a d’ailleurs dclar qu’il avait t difficile de mobiliser le public local autour de cet vnement. En dpit de ces difficults, les “Rencontres” constituent dsormais une tape incontour nable du circuit international des biennales de la photographie contemporaine. Le programme comprend plusieurs sec tions diffrentes : l’exposition panafricaine (avec 40 photographes et 13 vidastes de renom), une section monographies (repr sente entre autres par les photos de Angle Etoundi Essamba, Hassan Hajjaj, Patrizia Guerresi Mamouna, Baudouin Mouanda, et Fazal Sheikh), des expositions thmati ques (The Maghreb Connection, Living Under One Roof, Albinos, Goudron-Tanger/ Le Cap, et Nord-Kivu), “Focus sur le Mali” (une exposition prsentant une slection de photographes maliens contemporains), une galerie invite (avec Michael Stevenson et les Rencontres d’Arles Bamako), et une section mmoires de la photographie. Le jury a rassembl Malick Sidib (pr sident), Els Barents (directrice de Huis Marseille, Amsterdam), Annie Boulat (direc trice de l’agence Cosmos, Paris), Manthia Diawara (crivain et ralisateur, New York University, New York), et John Fleetwood (directeur du Market Photo Workshop, Johannesburg). Les prix suivants ont t dcerns aux artistes : Prix Seydou Keta (le grand prix des Rencontres de Bamako, dcern par le ministre malien de la culture) : Uche Okpa Iroha / Nigeria ; Prix de l’Union europenne (distin guant le meilleur photographe de presse ou de reportage d’un pays ACP) : Jodie Bieber / Afrique du Sud ; Prix Jeune talent (offert par Bollor Africa Logistics, rcompensant le travail cra tif d’un jeune photographe) : Baudouin Mouanda / Congo-Brazzaville ; Prix du Jury (le “coup de coeur” de Culturesfrance) : Berry Bickle / Zimbabwe et Abdoulaye Barry / Tchad ; Prix de l’Organisation internationa le de la photographie (meilleur pho tographe francophone) : Guy Wouete / Cameroun ; Prix Elan (de l’Agence franaise de dve loppement) : Salif Traor / Mali. Pour en savoir plus sur les artistes et leurs uvres, et pour tlcharger le programme et le communiqu de presse, veuillez consulter le site Internet : www. rencontres-bamako.com. Mots-cls Photographie africaine ; frontires ; culture ; exposition ; prix. C rativit 62 J. Bieber (Afrique du Sud), srie “Going Home”, 2001, exposition panafricaine. Jodi Bieber S. Traore (Mali), srie “Rve non ralis”, 2008, exposition panafricaine. Salif Traor U. Okpa-Iroha (Nigeria), srie “Underbridge Life”, 2009, exposition panafricaine. Uche Okpa-Iroha G. Wouete (Cameroun), “Volcano”, 2008, exposition panafricaine. Guy Wouete Z. Muholi (Afrique du Sud), srie “Miss Divine 2008”, exposition panafricaine. Zanele Muholi

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63 N. 15 N.S. – JANVIER FEVRIER 2010 A ux plus jeunes Hati en noir-et-blanc et en couleur Hati, petit pays de la Carabe a t ravag le 12 avril par un tremblement de terre qui a tu plus de 200 000 personnes. Dans les deux annes prcdentes, il avait subi les ravages de quatre cyclones. Le sisme survient au moment o ces habitants com menaient entrevoir une amlioration dans la situation gnrale du pays. Peut-tre que c'est cet espoir qui se levait dans leur tte qui les a aids mettre aussitt la main la pte pour reconstruire leur pays. H .G.

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64 Vos points de vue et vos ractions nous intressent. N'hsitez pas nous en faire part.Calendrier MARS-MAI 2010 Adress e : Le Cour rier 45, Rue de Trves 1040 Bru xelles (Belgi que) courriel : info@acp-eucourier.info site internet : www.acp-eucourier.infoLes pays ACP peuvent aussi mettre la science au service de leur dveloppement conomique. On ne peut continuer d’affirmer que les pays en dveloppement n’ont pas accs la science. L’investissement, le financement et la science sont des droits des pays ACP. Juan Antonio Falcn Blasco Vous avez crit : “Cet os [le bton d’Ishango] deviendra la coqueluche des archologues”. Or, c’est l’inverse qui s’est produit : ce bton a t conserv pendant une cinquantaine d’anne au 19e tage du muse archologi que sans que personne n’y prte attention. Jusqu’ ce que des mathmaticiens s’y int ressent. Il a alors t expos. En outre, sur son lit de mort en 1998, le dcouvreur de ce bton a rvl qu’il dte nait un autre bton d’Ishango. Ce n’est qu’en 2007 que ce second exemplaire a t rendu public. A l’heure actuelle, peu de per sonnes connaissent son existence. Et ce n’est srement pas la “coqueluche”. Dirk Huylebrouck Chre Madame/cher Monsieur, Ma remarque concerne mon pays d'ori gine, l’Erythre. J’ai galement la citoyen net britannique et je travaille Londres. Je suis vivement oppos l’ingrence de quiconque et pour quelque raison que ce soit dans les affaires intrieures de mon pays. Comme l’affirme juste titre l’ambassadeur d’Erythre auprs de l’UE, ce pays est en effet le plus stable et le plus pacifique de tout le continent africain. Y aurait-il des problmes d’ordre religieux, racial ou des droits de l’homme en Erythre. Absolument pas. Les droits de l’homme sont largement bafous par des superpuissances comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni, en Irak, en Afghanistan et dans bien d’autres pays encore. Je vous demande donc de ne pas critiquer l’Erythre, qui ne le mrite pas et qui s’emploie au contraire reconstruire son pays depuis ses cendres. Merci, Kelati Measho (Erythre) La parole aux lecteurs Mars 2010 > 265me Rencontre de femmes 28/3 espagnoles et africaines pour un monde meilleur Evnement socioculturel organis Valence, Espagne www.eu2010.es/en > 27/3 18me session de l’Assemble 1/4 parlementaire paritaire ACP-UE Centre de congrs Magma, Costa Adeje, Tnriffe, Espagne > 23/4Edition II “Africa lives” Juin Festival clbrant le 50e anniversaire de l’indpendance de pays africains. Crmonie d’ouverture Barcelone, Espagne. www.eu2010.es/en > 21Partenariat nergtique 23/4 Afrique-UE : runion ministrielle haut niveau Vienne, Autriche > 27/4 14e Troka ministrielle Afrique-UE Luxembourg, Luxembourg > 28/4 Atelier sur l’emploi, la protection sociale et le travail dcent en Afrique Organis conjointement par la Commission europenne et la Commission de l’Union africaine en coopration avec les Etats membres intresss de l’UE et de l’UA, Nairobi, Kenya. Avril 2010 > 19Atelier rgional “Une meilleure 23/4 formation pour la scurit alimentaire” Kampala, Ouganda> 19IST-Africa Confrence 21/5 et exposition 2010 Cinquime confrence annuelle sur les TIC organise dans le cadre d’une srie de confrences runissant de hauts reprsentants d’organismes commerciaux, gouvernementaux et de recherche de premier plan d’Afrique et d’Europe, Durban, Afrique du Sud. http://www.ist-africa.org/ Conference2010/default.asp Mai 2010

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et pays de l’Union EuropenneCARABES Antigua et Barbuda Bahamas Barbade Belize Cuba Dominique Grenade Guyane Hati Jamaque Rpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint Vincent et les Grenadines Suriname Trinit et Tobago PACIFIQUE Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats Fdraux de Micronsie Nauru Niue Palau Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu AFRIQUE Afrique du Sud Angola Bnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert Comores Congo Cte d’Ivoire Djibouti Erythre Ethiopie Gabon Gambie Ghan Guine Guine Bissau Guine Equatoriale Kenya Lesotho Libria Madagascar Malawi Mali Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigeria Ouganda Rpublique Centrafricaine Rpublique Dmocratique du Congo Rwanda Sao Tom et Principe Sngal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Zambie Zimbabwe UNION EUROPENNE Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France Grce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne Portugal Rpublique Tchque Royaume-Uni Roumanie Slovaquie Slovnie Sude Les listes de pays publies par Le Courrier ne prjugent pas le statut de ces pays, territoires et dpartements, ni l’volution de ce statut. Le Courrier utilise des cartes de diverses origines. Cette reproduction n’implique la reconnaissance d’aucune frontire particulire ni ne prjuge le statut d’aucun Etat ou territoire.

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Interdit la vente ISSN 1784-6803