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Material Information
- Title:
- Courrier (French)
- Place of Publication:
- Brussels, Belgium
- Publisher:
- Hegel Goutier
- Publication Date:
- 12-2009
- Copyright Date:
- 2009
- Language:
- English
French Portuguese Spanish
Subjects
- Genre:
- serial ( sobekcm )
Record Information
- Source Institution:
- University of Florida
- Holding Location:
- University of Florida
- Rights Management:
- All applicable rights reserved by the source institution and holding location.
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LE
COURIER
EN
(tue,
J -
Conseil Editorial
Co-presidents
Sir John Kaputin, Secrtaire gnral
Secretariat du Groupe des Etats ACP
www.acp.int
M. Stefano Manservisi, Directeur-Gnral DG Dveloppement
ec.europa.eu/development/
Rdaction
Directeur et Rdacteur en chef
Hegel Goutier
Jounalistes
Marie-Martine Buckens (Assistante Rdacteur en chef)
Debra Percival
Assistant Editorial, Production et recherche iconographique
Joshua Massarenti
Ont particip ce numro
Victoria Burbridge, Maude Dikobe, Sandra Federici, Souleymane Saddi Mazou,
Anne-Marie Mouradian, Nikolaj Nielsen et Okechukwu Romano Umelo.
Gestionnaire de project
Gerda Van Biervliet
Coordination artistique, conception graphique
Gregorie Desmons
Relations publiques
Andrea Marchesini Reggiani (Responsable Relations publiques et rseaux
ONG et experts)
Distribution
Viva Xpress Logistics (www.vxlnet.be)
I
Couverture
Le buste, Claude Cauquil. Photo : Hegel Goutier/Adaptation
graphique : Gregorie Desmons
Quatrime de couverture
"Les mcanismes mis en place en Afrique pour l'galit de genre
ont grandement besoin d'tre consolids". REA/Reporters
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Le Courrier H.a
45, Rue de Trves
1040 Bruxelles
Belgique (EU)
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Le Secrtariat ACP et l'Union europenne, membres du Conseil Editorial de la
revue, dclinent toute responsabilit quant aux positions prises dans les articles
du magazine Le Courrier.
Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles
crits par les rdacteurs extrieurs l'quipe de rdaction et par tout rdacteur
invit.
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rENGHOR
L Espace Senghor est un centre
qui assure la promotion d'ar-
tistes venus des pays d'Afrique,
Carabes et Pacifique et l'chan-
ge cultural entire communauts,
au travers de programmes varis
allant des arts scniques, de la
musique, du cinma, la tenue de
conferences. S'y rencontrent bel-
ges, immigrs d'origine diverse,
fonctionnaires europens.
Espace Senghor
Centre cultural d'Etterbeek
Bruxelles, Belgique
espace.senghor@chello.be
www.senghor.be
courier.info
Re internet!
z les articles, le
f et d'autres infos
Editorial
Genres. Comment parler des hommes ?
"Genres" ne comporte aucun titre d'ar-
ticle prcisant le substantif hommee".
Pourtant, l'homme, le mle en est le
"sujet" principal. Lorsque nous parlons du vol sur
un nid d'injustices dnonc Pkin en 1995 lors
de la "Confrence Mondiale sur les Femmes" de
l'ONU et qui se pursuit, il est l. Lorsqu'aussi
nous soulignons les progrs raliss sur le plan des
lois nationals et internationales, de l'ducation,
du recul de la misogynie et des iniquits contre la
femme, il y est encore. Les lois en faveur de l'galit
des droits entire les genres n'auraient pu etre votes
dans des parlements du monde sans le soutien
d'hommes qui y sont majoritaires.
Femmes et hommes que ceux-ci soient partisans
de l'galit des droits entire les sexes ou machistes -,
sont imbriqus dans une dialectique permanent.
Quand l'un est en lumire, l'autre est en ombre et
les lumires ne sont perues que parce qu'il y a des
ombres. Quand on parle d'une injustice contre la
femme, du viol la premption des postes politiques
important, on parle aussi de leurs auteurs. Auteur
ou sujet, celui qui "a commis l'action". Alors que les
femmes conquirent certaines bastilles, comme les
postes de haut niveau dans la communaut noire-
amricaine ou les tudiantes qui engrangent plus de
succs l'universit en Jamaque, on observe paral-
llement le surgissement de sortes de complexes
chez leurs congnres hommes se traduisant par des
reactions machistes, suicidaires ou de dprciation
de soi. Le film du ralisateur Denis Arcand, Le
dclin de l'empire amricain, don't l'action se droule
au Qubec, illustre le fait que ce dsarroi de mles
ne se circonscrit pas des socits particulires.
L'homme est donc present quand il est question de
femme. Elisabeth Badinter, dans X Y. De l'identit
masculine remarquera que le mle proclamera succes-
sivement au course de sa vie qu'il n'est pas le bb de
sa maman, qu'il n'est pas une fille ou qu'il n'est pas
un "pd". Elle conclut que "etre un homme se dit
plus volontiers l'impratif qu' l'indicatif... impli-
que un travail, un effort qui ne semble pas exig de la
femme... comme si la fminit tait naturelle et que
la masculinit devrait s'acqurir et se payer cher*".
Elle fait siennes les paroles de Pierre Bourdieu**: "Il
suffit de dire d'un homme, pour le louer, que c'est
un homme." Avant de conclure que "contrairement
la croyance patriarcale, ce ne sont pas les hommes
qui sont les premiers rfrents de l'humanit mais les
femmes. C'est par rapport elles et contre elles qu'ils
se dfinissent... Jusqu' present."
Jusqu' present. Parce que les hommes changent.
Et une nouvelle identity masculine cherchant les
similitudes avec les femmes plutt que les dis-
semblances et les opposition, est en gestation. Il
faudrait ne plus ignorer la violence et le pouvoir des
femmes considres comme des ternelles victimss
de l'oppression masculine, de l'autre, les bourreaux
tout-puissants"*** dans une humanity soi-disant
couple en deux.
Ne pas combattre la misogynie au nom de la misan-
drie. C'est une faon de parler des hommes.
Hegel Goutier
Rdacteur-en-chef
*L'Un est l'Autre, editions Odile Jacob, 1986, p. 249.
** La domination masculine, Actes de la recherche en
sciences sociales, no 84, sept. 1990, p 21.
***Fausse route, editions Odile Jacob, 2003, p. 113.
EDITION SPECIAL N.S. DCEMBRE 2009
Difficile de percevoir une tendance claire dans les tudes des institutions et experts parues sur
l'volution de la situation de la femme depuis la Confrence Femmes de l'ONU Pkin en 1995.
Sur le plan public, dans les domaines lgislatif et du travail, les droits de la femme ont progress
presque dans toutes les parties du monde. Il en est de mme dans le domaine de l'ducation,
ou de la reprsentativit politique. Sur le plan priv, l'injustice sous sa forme la plus brutale,
la violence physique persiste et a mme cr. Par ailleurs se pose le problme de la fiabilit des
indices d'valuation de l'iniquit contre les femmes.
> Les cent fleurs depuis Pkin
A Pkin dj, beaucoup de progrs tai-
ent constats dans des domaines comme
l'intrusion des femmes dans la politique.
A la tribune, s'taient retrouves des sym-
boles comme Benazir Bhutto qui faisait une
lecture du Coran mariant la defense des
valeurs de l'Islam au rejet des intgrismes,
et la snatrice Hilary Rodham Clinton avec
ses philippiques contre la dlgation de
conservateurs du Snat de son propre pays.
Au final, la declaration avait t positive,
gravant dans le corpus juridique interna-
tional des principles auxquels les Etats tai-
ent tenus de rpondre. Parmi lesquels, les
droits de la femme de dcider librement
de sa sexuality ou le classement du viol
comme crime, ou mme dans des cas de
conflicts, comme un acte de genocide duquel
les belligrants mme victorieux pourraient
avoir rpondre un jour. Ou l'obligation de
favoriser un accs plus ais au credit pour
les femmes.
Les reprsentants de 184 Etats avaient
appos leur signature au bas du document
final mme si une cinquantaine d'entre
eux l'avaient fait en inscrivant certaines
reserves. Le Courrier, present l'poque
Pkin*, s'tait demand si les engagements
pris taient solubles dans ces reserves.
> malgr tout, d'importants progrs
Dans les domaines de la politique, de
l'conomie ou de l'ducation, les progrs
sont incontestables depuis Pkin. Il suffit
de retenir ces examples. L'alphabtisation
a progress trs fortement partout dans le
monde. Dans trois pays en dveloppement
- Jamaque, Nicaragua et Uruguay le
taux d'alphabtisme des femmes est plus
lev mme que celui des hommes. Dans
quatre autres don't Cuba, ces taux sont
parfaite galit. Les femmes occupent 58%
des postes de decision aux Philippines. La
Tanzanie est la deuxime place avec 49%,
suivie d'un autre pays du Groupe ACP, la
Barbade avec 43%, les Etats-Unis arrivant
en 4e position**.
Dans le secteur du travail, le taux de femmes
actives a augment sans cesse depuis 1989
et n'a baiss qu'en Europe Orientale et
Central, au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord o il reste infrieur la moyenne
mondiale qui est de 40%***.
> Uol au-dessus d'un nid d'injustices
Les progrs vont parfois de pair avec des
reculs. C'est le cas avec une augmentation
COURRIER
parallle ces dernires annes et du taux
d'emploi rmunr et du taux de chmage
des femmes. Dans l'ducation, deux tiers
des analphabtes restent des femmes. Ceci
s'explique par les progrs survenus aussi pour
les hommes.
Il n'y a que cinq pays o il y a gale reprsen-
tation d'hommes et femmes dans le gou-
vernement: Espagne, Islande, Sude, Autriche
et Danemark. Quinze pays ont la parit au
parlement don't le premier de classes mondiale,
le Rwanda, et aussi l'Afrique du Sud. Trois
pays ACP ont un quota de parlementaires
30% : Botswana, Tanzanie et Erythre.
Dans le domaine priv, les femmes passent
presque deux fois plus de temps s'occuper
des teaches domestiques que les hommes.
Malgr l'inscription par les jurisdictions
nationals et internationales des discrimina-
tions et des violence contre la femme comme
crimes passibles de chtiments appropris,
les coupables de ces violations continent
chapper souvent toute justice. L'esclavage
sexuel par example est en nette augmentation,
y compris dans des pays d'Europe.
L'inefficacit de la justice dans certain cas
parat criminelle. Une femme sur quatre est
victim de violence familiale grave****. Les
viols par des hommes arms sont lgion, c'est
une calamit au Congo ou au Darfour. Dans
un pays comme le Mexique, par example,
EDITION SPECIAL N.S. DCEMBRE 2009
qui dispose de moyens policies et juridiques,
305 corps de femmes violes et assassines
ont t trouvs et pas un coupable n'a t
arret*****.
> O penche la balance ?
Les indices permettant de jauger l'iniquit
entire les genres manquent de prcisions
et les institutions qui les utilisent les con-
sidrent comme des pis-aller. C'est le cas
pour les plus connus, l'indice relatif aux
Objectifs du Millnaire pour le dvelop-
pement (ODM), l'indice sexospcifique de
dveloppement human (ISDH) ou celui
de la participation des femmes (IPF) des
Nations Unies. De plus en plus de travaux
sont en course en vue d'indices refltant
avec plus d'acuit la dimension du genre et
mesurant avec exactitude les changements.
Une tude publie par le PNUD en 2007,
Genres et Indicateurs Panorama considre
qu'il faut commencer par "mesurer la dif-
ficult de mesurer" la dimension du genre
ou l'mancipation des femmes, par exem-
ple, qui sont des ralits peu propices un
paramtrage. Ainsi une tude de la pauvret
des femmes devrait intgrer la "pauvret
du temps" pour quantifier le travail non
rmunr des femmes.
Par ailleurs les relevs fournis par les Etats
ne sont pas toujours fiables. Et puis il y a des
situations o les conditions de l'homme (du
mle) se sont dgrades par des comporte-
ments risque ou par la negligence dans les
tudes. Une diminution du taux de mles
dans les universits comme la Jamaque et
dans d'autres pays entraine par effet mca-
nique un progrs de l'indice sexospcifique
pour la femme. Mais en profite-t-elle ?
* Le Courrier, numro 154, Novembre-Dcembre
1995.
** PNUD, Rapport 2006.
*** Rapport 2006 de la Commission de la
Condition de la Femme des Nations Unies
sur la promotion conomique de la femme.
**** D'aprs le PNUD, Rapport 2007.
***** Mouvement franais pour le planning
familial.
Mots-cls
Femmes; Confrence Femmes de l'ONU
Pkin; Benazir Bhutto; Hillary Rodham
Clinton; Objectifs du millnaire pour le
dveloppement (ODM); Indice sexospci-
fique de dveloppement human (ISDH) ;
Indice de la participation des femmes (IPF)
des Nations Unies.
:: .ii 1,.
dveloppement de la Commission des femmes a recommand aussi la mise en
E labor par la direction gnrale du communication de 2007 sur l'mancipation
europenne en collaboration avec de ouvre d'actions spcifiques en complement
la direction gnrale des relations de l'approche d'intgration pour obtenir des
extrieures et avec le concours d'Etats mem- rsultats cibls et encourager l'mancipation
bres de l'UE, le plan d'action vise concr- des femmes dans les pays en dveloppement.
tiser davantage la politique actuelle, explique
i *Victoria Correa. La stratgie communautaire > Communication de 2007
femmes dans les pays en dveloppement est La communication de 2007 de la Commission
dj dfinie dans la communication de la europenne voque les Objectifs du Millnaire
Commission au Parlement europen et au pour le dveloppement (OMD) (voir l'article
Conseil intitule "L'galit entire les hommes prcdent) et va mieme au-del en pinglant des
et les femmes et l'mancipation des femmes problmes critiques qui n'y sont pas abords.
dans la cooperation au dveloppement", mais Sont en particulier viss le troisime OMD
Victoria Correa dit que le nouveau plan d'ac- (promouvoir l'galit des sexes et l'autono-
tion prvoit des measures concrtes qui doi- misation des femmes) et le cinquime OMD
vent permettre la Commission europenne (amliorer la sant maternelle). Ce texte insisted
e e et aux Etats membres de l'UE de continue par example sur la ncessit de lutter contre des
tenir ensemble leurs engagements en faveur problmes tels que les pratiques de mutilation
de l'galit des sexes et d'avoir plus d'impact gnitale feminine (voir l'article qui y est consa-
s------- o S sur le terrain. cr), toutes les formes de violence caractre
S* e* sexiste et la traite des femmes.
Ce plan, encore en phase de conception au
moment de la mise sous press, propose Daniela Rofi, Gender Desk Officer (en charge
e e e trois axes d'action, savoir le enforcement de l'galit entire les sexes) EuropeAid, l'office
du dialogue politique et stratgique avec les
pays partenaires en dveloppement sur les
questions d'galit entire les femmes et les i g ite ne
* hommes, l'intgration de la dimension de
l'galit entire les sexes dans tous les domaines C i i o e op e n e l F n d
de l'action publique, dans les programmes, les
e e e e e strategies et les interventions (de la construc-
S* e tion du rseau routier au dveloppement rural, au e l'aId i mtiat
par example) et la mise en ouvre de measures
spcifiques dans des domaines qui ncessitent gntl f e in l reh-
Sun soutien cibl. Bas sur les resources, ins- -- sesile de- c,,e' sujet-- "-- -c u
truments et mcanismes existants de l'UE et prti ta- -- -- t se bs
O -de la Commission europenne, ce plan d'ac- l'lbrt onvt '
e e tion proposera une srie d'activits mettre Iormetr lephnon.d I I l
l en ouvre conjointement pendant la priode l de ch reiieux expi
2010-2015 ainsi qu'un certain nombre d'indi- enl l re t qe c prtqe ne so as-
cateurs de performance. i l lii U d c p 'q
Entre 2000 et 2007, plutt que de privil- uatsns e te -d'isoeen-------
gier des projects spcialement conus pour i leur encnr.Ce'
promouvoir l'galit entire les femmes et les *p troi P..
hommes, on a adopt une approche d'intgra- s g Sodn l .
tion pour les diffrents projects. Toutefois, la
COURRIER
De Pkin nos jours
de cooperation de la Commission europenne,
explique que la Commission contribute aux
progrs sur la voie de l'galit des sexes dans
les pays partenaires via le Fonds europen de
dveloppement et ses programmes thmati-
ques. Le Fonds europen de dveloppement
(FED) aide les pays ACP dans les rformes
structurelles qu'ils mnent dans le domaine de
l'enseignement, de la sant et de la justice en
vue d'y donner accs tous sur un pied d'ga-
lit, garons et filles, hommes et femmes. Le
Inscrire l'ga itds ee
dan rid budgtair
FED contribute grandement aussi au renfor-
cement des capacits institutionnelles des pays
pour leur permettre d'laborer des politiques
en faveur de l'galit des sexes et de les mettre
en uvre. La Commission soutient les organi-
sations de la socit civil qui luttent en faveur
de l'galit entire les sexes et dfendent les droits
des femmes au travers de programmes thma-
tiques, en particulier le programme "Investir
dans les resources humaines" (2007-2013),
don't une ligne budgtaire concern "la sant
iscr imini onll gard des femmes en
coiignfore 3la onenion eui t daoe npo
gramme n at^MIionalde senibilstonlglt
entreles homes tn le
gnsique et sexuelle et les droits connexes"
ainsi que "l'galit entire les sexes et les droits
des femmes". La Commission travaille aussi
en collaboration avec les Nations Unies (voir
ci-dessous).
Mlots-cls
Genre; Victoria Correa; Daniela Rofi;
Convention des Nations Unies sur l'limination
de toutes les formes de discrimination
l'gard des femmes ; OMD ; Mutilation gni-
tale fminine ; Swaziland ; Ethiopie.
Fonds europen [ de deopmn I[FJ! I.''
Uin'ait' e1 ,ntr les deux sex'es ese Lefe
~/
- I
Bonnes intentions
L~P~II~
- -a- --d'W~
L'galit entire les sexes est leve au rang de droit fundamental dans la legislation international.
C'est aussi un moyen de lutter contre la pauvret mme si le bt blesse ct mise en uvre et que
les objectifs fixs, en particulier le cinquime Objectif du Millnaire pour le dveloppement (OMD)
concernant l'amlioration de la sant maternelle, sont loin d'tre atteints. La progression sur la voie
de l'accomplissement de ces objectifs dpend souvent de personnalits qui prennent les choses bras-
le-corps, comme la ministry sudoise de la cooperation au dveloppement, Gunilla Carlsson, qui a
plac la participation des femmes aux pourparlers de paix et de scurit l'ordre du jour de la prsi-
dence sudoise de I'UE. La prsidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, montre aussi l'exemple : elle a
organis un colloque international sur le leadership fminin Monrovia en mars 2009.
Ltf approche de la communaut du
dveloppement l'gard de l'man-
cipation des femmes a volu depuis
les annes 1970. Ainsi, 1975 a t
dclare Anne international de la Femme par
les Nations Unies, et la Dcennie international
des Nations Unies pour la Femme (1976-1985)
a vu la nomination de femmes des postes de
ministry et l'adoption, par des gouvernements
et des organizations non gouvernementales,
de politiques plaant les femmes au cour du
dveloppement. Ces projects n'ont toutefois pas
t aussi fructueux que prvu, car ils ont t
conus sans tenir compete des problmes de
proprit foncire et d'accs aux marchs, au
credit et l'information.
Au milieu des annes 1970, une approche
plus stratgique a commenc tre adopte
l'gard de l'mancipation des femmes, y
compris par voie legislative. Les 30 articles de
la Convention sur l'limination de toutes les
formes de discrimination l'gard des femmes
adoptes par l'Assemble gnrale des Nations
Unies en 1979 se basent sur le principle de
l'galit et de la non-discrimination et impo-
sent des obligations aux Etats signataires.
Cette convention est contraignante, mais des
reserves sont prvues dans certain articles
spcifiques. A ce jour, 185 Etats l'ont signe.
Le plan d'action de Pkin, qui a t adopt la
suite de la quatrime Confrence des Nations
Unies sur la femme en 1995, a confirm la
tendance l'abandon des projects plaant les
femmes au service du dveloppement au profit
de politiques prvoyant l'mancipation des
femmes. Il a mis en lumire les ingalits
combattre grce l'action de tous les minis-
tres des gouvernements qui l'ont sign, de
l'accs aux soins de sant et autres services
aux effects des conflicts arms sur les femmes.
> "Bonnes pratiques"
Mais comme l'a soulign la prsidente du
Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, aux Journes
europennes du dveloppement organises
Stockholm, en Sude, les programmes
nationaux qui ont suivi l'adoption du plan
d'action de Pkin "n'ont pas eu les rsultats
escompts." A Stockholm, elle a plaid en
faveur de l'exploitation des "bonnes pra-
tiques". Elle a expliqu aux participants
qu'elle avait nomm des femmes des pos-
tes stratgiques de son gouvernement, la
justice et aux finances (chasse garde des
hommes, jusqu'ici), et avait plac les jeunes
filles au cour de sa stratgie, consistent
COURRIER
< Camp de rfugies soudanais au Tchad dans une zone
dforeste. Depuis le camp, les femmes doivent parcourir une
longue distance pour aller chercher du bois et courent un risque
lev d'tre agresses, 2009. 0 Reporters
> La prsidente librienne Ellen Johnson-Sirleaf lors des
Journes europennes du dveloppement Stockholm, en
Sude, le 22 octobre 2009. 0 Reporters/Scanpix
notamment adopter des lois trs strictes
pour enrayer la violence contre les femmes,
en forte recrudescence au moment de sa
nomination la tete de l'Etat en 2006, soit
aprs la guerre.
Les Nations Unies, dans leur propre rap-
port 2009, soulignent que les progrs sont
insuffisants sur la voie de l'accomplissement
de certain Objectifs du Millnaire pour le
dveloppement (OMD) adopts par les
gouvernements au tournant du sicle en
rapport avec les femmes. Est particulire-
ment vis le cinquime OMD concernant
l'amlioration de la sant maternelle. Selon
ce rapport, le nombre de dcs maternels
par 100.000 naissances vivantes a peine
rgress (920 en 1990 contre 900 en 2005)
en Afrique subsaharienne, o se produit la
moiti des dcs maternels recenss dans le
monde chaque anne (265.000). Les progrs
sur la voie de l'accomplissement du troisi-
me OMD (promouvoir l'galit des sexes et
l'autonomisation des femmes), qui vise li-
miner les disparits entire les sexes dans l'en-
seignement primaire et secondaire ainsi qu'
tous les niveaux d'enseignement d'ici 2015,
sont insuffisants galement. "Dans l'ensem-
ble des rgions en dveloppement, 95 filles
taient inscrites l'cole primaire pour 100
garons en 2007, alors qu'elles n'taient que
91 en 1991. La cible visant liminer les
carts entire les sexes dans l'enseignement
primaire et secondaire avant 2005 n'a pas
t atteinte, cependant. Il est ncessaire et
urgent de renouveler les engagements pour
viter que cela ne se reproduise en 2015",
peut-on lire dans le rapport.
Le mme rapport rvle des chiffres plus
satisfaisants concernant la proportion de
siges dvolus des femmes la chambre
unique ou basse des parlements : 18% en
Afrique subsaharienne (contre 9% en 2000)
et 22% la meilleure moyenne rgionale
- en Amrique latine et dans les Carabes.
"L'Afrique subsaharienne continue d'avan-
cer, avec le Rwanda en tete. Ce pays a pass
un cap historique en 2008 lorsqu'une majo-
rit de femmes (56%) a t lue la chambre
basse", explique le rapport. Toutefois, neuf
assembles essentiellement dans les Iles
du Pacifique et dans les Etats arabes du
Golfe ne competent aucune femme parmi
leurs membres. Toujours selon ce rapport,
la crise financire mondiale qui a clat en
2008 a cr de nouveaux obstacles l'emploi
des femmes. D.P.
Mots-cls
Sexe ; Femmes ; OMD ; Sude ; Ministre
de la cooperation au dveloppement ;
Gunilla Carlsson; Liberia ; Ellen Johnson
Sirleaf ; Journes europennes du dvelop-
pement; Stockholm ; Nations Unies.
iLa *ai It Ia sc pueafirdefm s
(Afare rngre) ot esho- Das onpope apot urledveopemn
L~~ ~ ~ ~ ~ ~ ~~~~~1 es 1.-------1. rersnat spciu de.etsr27s otdtsdunpa iiar)
mesmois de10%des goiaters Suronte lafraglit en friue -Pouou.
i ntrainu Oou la pisontds nuelOprceeuonel pnl
tures africaines, on a longtemps
estim que c'taient aux garons
d'avoir la chance de se lancer dans
l'enseignement suprieur, les filles ne devant
pas aller plus loin que l'enseignement pri-
maire. Les garons avaient donc prioritaire-
ment l'accs l'enseignement, tandis que les
filles taient promises au marriage.
Aujourd'hui, le Botswana compete un pour-
centage plus lev de jeunes filles dans
l'enseignement suprieur (voir encadr).
L'cart entire hommes et femmes est en train
de s'attnuer dans l'enseignement suprieur,
ce qui fait du Botswana une figure d'exception
sur le continent africain.
La participation des tudiantes pourrait faire
croire qu'une fois diplmes et sur le march
de l'emploi, ces jeunes filles auront les mmes
chances que leurs homologues masculins. Or,
ce n'est pas le cas, en particulier la direc-
tion de l'Universit du Botswana. L'absence
de femmes aux postes d'encadrement soulve
de nombreuses questions. Le recteur, le vice-
recteur et les deux vice-recteurs adjoints sont
en effet des hommes. Seule exception, la vice-
rectrice adjointe aux affaires tudiantes. Et
lorsqu'on se penche sur le corps enseignant,
on s'aperoit que 93% des professeurs sont des
hommes, contre 7% de femmes seulement.
Dans son document Gender Audit at the
University of Botswana: The Case of the Faculty
of Humanities (Audit de genre l'Universit
du Botswana: le cas de la facult des sciences
humaines), Rosaline Nhlekisana explique
que la plupart de ces postes sont occups
par des hommes en raison de la "culture
patriarcale" au sein de l'institution. Cette
culture n'imprgne pas seulement le monde
universitaire, mais s'observe galement dans
certaines organizations o l'employeur doit
en permanence reliever le dfi de prouver que
"le mieux plac pour tel poste est peut-etre
une femme."
Les progrs en terms d'galit des chances
dans les postes traditionnellement occups
par des hommes sont lents mme si les
femmes du Botswana font leur entre aux
plus hautes functions, comme en tmoigne
la nomination de Dr Attaliah Molokomme
la function d'Attorney General. En outre, les
forces de defense du Botswana acceptent
present des femmes l'arme.
Mais cette entre en force des femmes dans
des carrires traditionnellement rserves
aux hommes dplat certain. Pour les
dtracteurs de ces avances, les femmes
de leur pays se voient dsormais offrir suf-
fisamment d'opportunits et les measures de
discrimination positive ne sont plus nces-
saires. Il y a donc une reaction brutale avec
besoin d'touffer les efforts dploys par les
femmes pour obtenir l'galit, au cas o elles
deviendraient trop puissantes et vinceraient
les hommes de leurs positions privilgies.
L'accs aux tudes est une chose, et l'galit
entire les hommes et les femmes en est une
autre. Nous devons donc introduire des
measures pour amliorer l'galit au niveau
des postes de direction, dans les conseils
d'administration, au Parlement, etc. Et cela
exige un changement de mentality.
lots-cls
Dr. Attaliah Molokomme ; university du
Botswana ; galit des chances.
COURIER
Au Niger, dans plusieurs localits, des hommes mnent des actions de sensibilisation pour
induire des changements de comportement afin d'amliorer la sant de la femme et de
l'enfant. Ce sont les associations fminines qui ont sont l'origine de ces campagnes.
U ne dcennie en arrire, les hom-
mes taient trs hostiles toute
question lie la sant de la repro-
duction. Mais nombreux sont
encore les hommes qui empechent leur
femme de frquenter mme les centres de
sant familiale. "Dans mes causeries, j'attire
l'attention de mes amis sur les bienfaits de
la consultation pr et postnatale", explique
Abdoulaye, commerant Niamey, trs sen-
sibilis la sant maternelle et infantile.
Le plus souvent, les sances de sensibilisa-
tion se font sur la place publique ou l'occa-
sion des crmonies de rjouissances.
Ce travail, accompli par des hommes, donne
de bons rsultats. "Les femmes frquentent de
plus en plus les centres de sant. A la moindre
alerte concernant leur sant, elles se prsentent
au centre de sant le plus proche", tmoigne
Aichatou, une sage-femme Niamey. "Le
rsultat est plus spectaculaire dans beaucoup
de villages o ce sont mme des hommes qui
conduisent leur femme aux consultations. Une
chose qui tait impensable, il y a seulement quel-
ques annes", ajoute une autre sage-femme.
EDITION SPECIAL N.S. DCEMBRE 2009
> Le tabou est bris
Sans complexes, des hommes autorisent leur
femme utiliser des mthodes contracepti-
ves. "Tout cela est du l'mancipation de
la femme nigrienne. Nos associations ont
fait un grand travail. C'est vrai que a a pris
beaucoup de temps, mais la lutte a pay", se
rjouit une militant de defense des droits
de la femme.
Les mentalits ont volu en ce qui concern
la contraception. Auparavant en ville comme
en champagne, l'opposition la contracep-
tion tait grande. "Mon mari m'a interdit la
prise de tout mdicament pour espacer les
naissances. Cependant durant toute cette
priode, je les utilise en cachette. Mais
aujourd'hui, c'est ensemble que nous avons
dcid d'utiliser la pilules", raconte une mre
ge de 33 ans avec quatre enfants charge.
Des femmes comme elle, qui prennent des
contraceptifs l'insu de leur mari taient
nombreuses. Mais aujourd'hui, beaucoup
d'entre-elles le font, avec le consentement de
leur poux sensibilis la question.
"Par le pass, je considrais comme trs
occidental ce genre d'ide. Mais depuis que
je frquente le cercle des hommes qui ont
accept de changer de comportement vis-
-vis de leur pouse en ce qui concern les
questions de planning familial, j'en ai une
autre vision. Je discute avec ma femme des
questions relatives la reproduction", confie
un homme g de 47 ans, lectricien.
Les mdias ont beaucoup contribu aux
cots des associations des femmes pour faire
accepter aux hommes les discours sur le
changement de comportement en matire de
reproduction.
Cependant cette experience a connu une
grande resistance de la part des marabouts.
Mais avec l'volution des choses, ces derniers
introduisent la question dans leurs preches.
Depuis le discours a fort volu. "C'est la
limitation des naissances qui est interdite en
islam, mais pas l'espacement."
lots-cls
Niger ; sant ; hommes ; femmes ; socit
civil.
Sest au lendemain dela Confrence
mondiale des femmes de Mexico
en 1975 que la plupart des pays
africains ont commenc pren-
dre des measures pour assurer l'galit des
genres. A une exception : le Rwanda qui, ds
1965, met en place un premier mcanisme,
mais encore sans grand contenu, explique
Fatou Sarr dans un rapport ralis en 2008.
Il n'empche : le Ministre du Genre et de la
Promotion de la Femme (Migeprofe) mis en
place en 1999 au Rwanda est un modle du
genre, dans la measure, ajoute la sociologue,
o sa mission a t clairement formule,
savoir : promouvoir l'galit et l'quit de
genre dans le processus de dveloppement et
conduire la mutation d'une approche verti-
cale vers une approche transversale.
Ce qui n'est pas le cas dans des pays comme la
Rpublique Dmocratique du Congo (RDC),
le Sngal, le Gabon ou le Togo. "Bien sou-
vent, explique-t-elle, les pays se sont gn-
ralement contents de plans d'action avec
des programmes clectiques et ponctuels
obissant des proccupations dictes par les
partenaires au dveloppement."
Depuis la 4e Confrence mondiale des fem-
mes de Beijing en 1995, un "Conseil national
de la Femme" a t adopt dans la plupart des
pays. Organe consultatif du gouvernement, ses
activits se rsument souvent l'organisation
d'vnements spciaux. Autre nouveaut : les
"Points Focaux Genre". Malheureusement,
ajoute la sociologue, ils sont trs souvent
sans competence, sans expertise et surtout
sans influence car n'occupant pas de position
stratgique ( l'exception du Rwanda). S'y
ajoutent le manque cruel de financements des
ministres en charge de la question (souvent
moins de 1% du budget national, comme au
Togo o il reprsente 0,29% du budget, en
RDC 0,042% ou 0,2% au Sngal).
Les measures prendre ? Selon Fatou Sarr,
elles devraient se concentrer sur les chefs
d'Etat "en Afrique, la structure social est
encore trs hirarchise" afin qu'ils aug-
mentent sensiblement le budget au genre,
un budget qui doit permettre la consoli-
dation d'un movement social capable de
peser sur les politiques.
lots-cls
Fatou Sarr ; galit de genre ; Afrique;
Parlement.
DeZ belle duanc[es, malgr Rtout
Magr les' frutrtins il exst des ii .acus femmes dans [leu] Parlmen (chiffres2006Iou
reconnat FaoI I Sa. Elt dle citer le9M projet 2007): 11%auToI 1'6,73i- au Gbon, 22%
Id- 'aiss isac aux filsmrsqi T au Gabon au LS'gal, 8,4% en I RCet.. 4,8%a
a eris la onstucion de 11 halte-gar- Rwanda, un tauxEarentingal das le^
derig^Biesetprnd e chrgelesfris efr odB ^ e. A^insHiEauCada, 'u es "mell^eurs
mat^iondsI fanismrspu eur ise- sdumneocentS^^B^ HM H S^alleprsHenta-B
tionB proifesionele Srlepanpl^fi IiB^ ^itique, iondsBfemesauarlemntiest de 21,3%,
BflesciqpycitSls pa lasocio5Blogu non cnte 18,2BBiBn Fr iancB6,%aux Eails-
pas roug^ir dutauxde eprentaiondes niset 9,4% se ^ulement auJapon.
NUi
1 lui-
Il'.lillllllLH
Bassilla Renju-Urasa, coordinatrice executive du Rseau tanzanien
des femmes contre les mutilations gnitales fminines (NAFGEM),
explique que mme si l'excision est interdite dans son pays depuis
1998, cette pratique n'en a pas disparu pour autant. "Notre rseau
est n parce que la loi n'est pas applique", nous dit-elle.
bat aux cts du NAFGEM, certaines
ont, elles-mmes, t victims de cette
pratique alors qu'elles taient enfants.
Le rseau s'emploie donc diffuser des infor-
mations et documenter des cas afin d'essayer
de changer les attitudes et de faire disparaitre
certaines coutumes profondment enracines
dans les mentalits. Et pour le NAFGEM,
l'ducation joue un rle capital dans la lutte
contre l'excision. Beaucoup de femmes vivent
dans des zones rurales recules et prouvent des
difficults soumettre leur cas.
Le petit bureau du NAFGEM, situ au
troisime tage d'une petite rue de Moshi, est
l'picentre d'un movement qui a fait voluer
les choses dans le bon sens dans la region du
Kilimandjaro. Cependant les Masai continu-
ent obstinment pratiquer des mutilations
gnitales fminines (MGF), explique Mme
Renju-Ura. "Les Masai ne peuvent tout
simplement pas imaginer qu'une des leurs
ne soit pas excise. C'est une obligation. Une
obligation que les femmes qui n'ont pas t
l'cole acceptent", ajoute-elle.
Un peu en dehors de Chekimaji, un village
nich au pied du Kilimandjaro, une mre
EDITION SPECIAL N.S. DCEMBRE 2009
et sa fille de la tribu Kamba tiennent bon.
Le pre de la jeune fille, un instituteur, est
dcd il y a peu de temps, et c'est l'oncle
qui rgne present sur le mnage. Et celui-ci
exige que la femme de son frre dfunt devi-
enne sa concubine, ce qu'elle refuse. Furieux,
l'oncle menace d'arrter de payer les frais de
scolarit de Pascalini, actuellement l'cole
secondaire Dar-es-Salaam. L'oncle sou-
haite la marier... excise. Or l'excision est
l'origine de graves troubles psychologiques et
de complications physiques potentiellement
mortelles. Selon le NAFGEM, certaines
filles sont victims d'une croissance tissulaire
anormale, qui empeche le bon fonctionne-
ment de certain organes. La procedure la
plus gnralement utilise consiste en une
ablation total ou partielle du clitoris. Le
plan d'action national tanzanien de lutte con-
tre les MGF (2001-2015) entend s'attaquer
ce problme, mais avec peu de succs jusqu'
present. Aux terms du code pnal de 1930,
la pratique des MGF est pnalise, mais en
raison d'une relle passivit quant la mise
en application de la loi, cette pratique est
finalement tolre.
La mre a fait part des menaces de l'oncle
auprs des autorits, mais sans rsultat. Sa
fille prfrerait se suicide que de subir ces
mutilations. Craignant pour la vie de sa
fille et ne pouvant computer sur les autorits
locales, la mre a envoy une personnel du vil-
lage se renseigner auprs du NAFGEM.
Le jour suivant, je rencontre la mre et sa
fille, qui tentent de trouver un peu d'ombre
sous un arbre. Pascalini ne dit pratiquement
rien, et sa mre parle en son nom. "Mes filles
dtestent cette pratique infernale", explique-
t-elle. Elle a sept enfants, don't quatre filles.
La famille se sent abandonne, victim du
mpris de tous les habitants de leur vil-
lage. "La plupart nous ont tourn le dos",
s'attriste-t-elle. Une lettre anonyme a t
dpose sur le pas de sa porte, et des men-
aces ont t profres contre ses enfants. De
retour Moshi, Mme Renju-Urasa coute le
tmoignage de cette fille qui risque de subir
une excision et s'aperoit que ses peurs sont
bien tangibles. Une enquete en bonne et due
forme est requise, mais les seules personnel
la demander sont celles qui comprennent les
spcificits de la region du Kilimandjaro,
savoir les membres du NAFGEM.
* Journaliste bas Bruxelles.
Mots-cls
NAFGEM ; mutilations gnitales
fminines.
1 i
> Du chmage une entreprise
prospre rhistoire de Jennifer
WUilliams
Jennifer Williams, une Jamacaine de 42 ans,
a finalement t force de lancer sa propre
affaire aprs avoir t licencie de la socit
d'alimentation et de distribution o elle tra-
vaillait depuis six ans comme vendeuse. Elle
n'a jamais regard derrire elle. Avec just
quelques sous en poche et de maigres encou-
ragements, elle a ouvert sa propre boutique de
mode, Akira Lyn. Une boutique spcialise
dans les maillots de bain et les tenues dcon-
tractes en crochet. "Je fabriquais dj des
napperons", nous confie-t-elle, tmoignant
ainsi de son intret depuis toujours pour la
couture et le crochet. "Me lancer ne m'a pas
paru spcialement difficile. Je me suis mise
crer des vetements et les assembler, et il
se trouve que j'ai t satisfaite du rsultat."
Mme Williams, qui a install chez elle son
petit atelier, est parvenue se faire connatre
en rejoignant le group Jamaica Fashion and
Apparel Cluster, mis en place par le Jamaica
Business Development Centre (JBDC), une
agence gouvernementale qui offre des ser-
vices de gestion et de soutien technique
de petites entreprises. Ses crations ont t
exposes dans son propre pays, la House of
Flava, une maison de mode jamacaine rpu-
te, mais aussi outre-Atlantique, l'anne der-
nire, lorsque Jennifer Williams s'est rendue
Bruxelles dans le cadre d'une dlgation.
Jennifer avait galement intgr l'quipe de
crateurs jamacains charge de dessiner les
30 pices de la garde-robe pour le concours
de beaut "Miss Jamaica World". "Je suis
toujours trs heureuse et trs excite de
voir mes vetements ports", nous explique-
t-elle, rayonnante et fire de faire partir
de ce petit cercle de crateurs jamacains.
"Et quand un magazine s'intresse mes
crations ou lorsque mes vetements sont
slectionns pour un shooting, cela me
procure toujours normment de plaisir."
Pourtant, Jennifer Williams admet qu'il
n'est pas toujours facile de maintenir une
entreprise flots : "Il arrive souvent que
des gens apprcient mon travail mais qui
trouvent mes crations trop coteuses."
> Recession conomique
C URRIER
Grer une toute jeune entreprise en cette
priode actuelle de recession conomique est
parfois difficile, notamment quand il s'agit
de runir le capital de dmarrage. Mais,
de son enfance difficile, Jennifer a retenu
qu'il faut toujours saisir les occasions qui se
prsentent, surtout quand les temps sont
durs. "La recession vous prpare un avenir
meilleur. Il suffit de considrer chaque obs-
tacle comme un tremplin, et de toute faon,
j'ai l'habitude des rcessions", explique-t-
elle. Car pour Jennifer, avoir grand Bull
Bay, un quarter pauvre de la paroisse de
Saint-Thomas ne l'a pas empeche d'avoir
de grandes ambitions pour son entreprise.
"J'espre partir la conquete de la Chine,
de l'Afrique... du monde entier", nous dit-
elle avec le sourire. Et elle espre bien que
sa petite-fille, Akira, qui lui a inspir le nom
de sa boutique, prenne ensuite la relve.
"J'essaie de lui ouvrir la voie, histoire de lui
viter tous les problmes que j'ai moi-mme
'Je n'aime pas l'ide
de travailler pour autrui;
tre indpendante me plat,
connus pendant ma jeunesse", nous confie-
t-elle, retenant avec peine les larmes alors
qu'elle se rappelle une enfance qui a du etre
trs difficile. Et mme si ce n'est pas toujours
vident d'assurer la bonne march des affai-
res en cette priode de crise conomique,
Jennifer Williams estime que c'est une bonne
chose de prendre des risques. Son conseil
EDITION SPECIAL N.S. DCEMBRE 2009
ceux et celles qui souhaitent dmarrer leur
entreprise? "Il suffit de mettre le moteur en
march et on advance explique-t-elle, "vous
devez avoir l'me d'un battant, et ne jamais
renoncer". Et si elle n'avait pratiquement plus
un sou en poches, elle nous assure qu'elle
utiliserait ses derniers cents pour acheter les
tissus ncessaires la fabrication d'une de ses
crations. "Il faut oser saisir la chance", telle
est sa conviction.
> fuoir son propre atelier, uoil
le rue de Simone Garden
Simone Garden, 36 ans et trois enfants,
ambitionne d'ouvrir un jour un atelier de
couture et d'employer ainsi plusieurs per-
sonnes, l'ide tant de crer des vetements
dcontracts en coton froiss, dans des colo-
ris tie and dye brillants et satins. Pour l'ins-
tant, Simone Garden tente de se crer une
niche dans le tout jeune secteur jamacain
de la mode. Elle gre une petite boutique
de mode Spanish Town, St. Catherine,
o elle vend ses propres vetements. Simone
Garden, qui a ouvert les portes de sa bouti-
que il y a tout just trois ans, explique qu'elle
coud depuis ses huit ans. "J'ai commenc par
coudre des vetements pour des amis pas
pour de l'argent mais par plaisir. J'aime bien
voir les autres porter mes vetements", nous
explique-t-elle, racontant ses premiers coups
de ciseaux dans un morceau de tissu. Garden
n'a jamais suivi des course de couture. Son
mtier, elle l'a appris sur les genoux de sa
mre, couturire, don't la propre mre tait
elle-meme couturire et le pre tailleur.
Carabes
"J'ai grand dans une famille o tout le
monde, ma mre, ma grand-mre et mon
grand-pre avait sa propre petite affaire",
nous explique-t-elle. "Je n'aime pas l'ide de
travailler pour autrui ; etre indpendante me
plait." Une fois son diplme d'tudes secon-
daires en poche, elle a eu envie de dmarrer
sa propre entreprise. Sa mre l'a aide en
lui achetant une machine coudre, mais
quand son entreprise s'est dveloppe, elle
a dcid de louer une boutique sur l'une des
places en dehors de Spanish Town, capital
de St.Catherine, la plus grande paroisse de
Jamaque.
> Des creations unique
Sa boutique sur la plaza met pourtant du
temps dcoller, d'autant que depuis, nous
sommes en pleine recession conomique.
Mais elle parvient s'en sortir en allant
la rencontre des clients. "Je m'efforce
vraiment de faire preuve de crativit. Mes
clients, mme s'ils ne souhaitent pas ache-
ter au dpart, finissent par faire des achats,
sduits par mes crations. Des crations
qui sortent de l'ordinaire et aux finitions
uniques" Simone Garden explique que la
plupart de ses clients font parties du monde
du spectacle en particulier ceux qui portent
ses tenues Dancehall. Ce qui ne l'empeche
pas de diversifier sa production, avec des
tenues dcontractes, des vetements de plage
et des vetements pour enfants. Et si elle fait
face aux nombreux dfis, c'est grce son
amour du travail, qui la porte vritablement.
Son reve serait de pouvoir ouvrir son propre
atelier et de crer des emplois. "J'aimerais un
jour embaucher des artisans talentueux qui
m'aideront raliser mes crations", nous
dit-elle quand on l'interroge sur ses plans
d'avenir. Ses crations ont galement t
exposes dans son propre pays, l'occasion
de la Caribbean Fashion Week, un dfil de
mode cariben trs connu organis chaque
anne en Jamaque, qui met en vitrine les
pices de plusieurs crateurs de la region.
Entre-temps, elle s'est galement fait remar-
quer outre-mer puisqu'on lui a demand de
crer une des pices de la garde-robe pour la
"Ms. Jamaica" de l'anne dernire.
* Journaliste jamacaine
mots-cls
Jennifer Williams ; Simone Garden ;
Jamaque ; Jamaica Business Development
Centre ; Caribbean Fashion Week.
i:iii I 1 I I
Soctobre 2008. La CE l'avait lanc auRwandaarappelparailleurs,'adoption
des resources financires suite la suppres- la perptuit en cas de transmission de
sion par le president Bush de la contribution maladies mortelles.
amricaine aux programmes ienternationaux
.e........................................... c. u -n s em i l'i i e u e
L eprogrammeabnfici22paysgde planification familialeri de mtaternt ufait l poi
octobre 2008. La CE l'avait lanc au Rwanda a rappel, par ailleurs, l'adoption l s
pour pallier les consquences drama- par Kigali d'une loi sanctionnant les auteurs uopelution e Fe A ) et- el a
tiques, pour les pays pauvres, de la chute de viols de 25 ans d'emprisonnement, voire Fdration international
des resources financires suite la suppres- la perptuit en cas de transmission de
sion par le president Bush de la contribution maladies mortelles. pourlp'l anifiaUtion
amricaine aux programmes internationaux fml ia IPF).
de planification familiale. Le FNUAP avait Force est nanmoins de constater que la 1
amricain avait t maintenu, il aurait per-
mis de prvenir 2 millions de grossesses non
dsires et par voie de consequence 800.000
avortements, ainsi que plus de 77.000 dcs
de nourrissons et d'enfants.
Le programme conjoint CE/ACP/FIPF/
FNUAP a permis plus de 1,6 million de
personnel de bnficier de services dans le
domaine de la sant sexuelle et reproductive
et form des milliers de professionnels, tout
en aidant les gouvernements ACP laborer
et mettre en uvre des politiques dans ce
secteur.
Au Rwanda, par example, des sances de
sensibilisation la prevention du VIH/SIDA
et la planification familiale ont runi plus
de 150.000 personnel ; prs de 10.000 jeunes
ont fait un test de dpistage volontaire du
VIH ; 1.500 personnel sropositives ont
bnfici de mutuelles de sant leur per-
mettant de se faire soigner et une centaine
d'ducateurs pairs ont t forms ; prs de
40.000 habitants ont bnfici de services
c'munllllLaun. llLIILlUliIn. L nerna' one.e Lecrr
loin du 5e Objectif du Millnaire pour le
Dveloppement des Nations Unies qui vise
rduire de trois quarts la mortality mater-
nelle entire 1990 et 2015. Celle-ci dcroitrait
d' peine 1% par an et de tous les OMD, le
5e objectif est sans doute celui qui est le plus
la trane.
Les participants la conference ont donc
insist sur l'absolue ncessit de renforcer
les capacits des professionnels de la sant
dans les pays ACP et d'encourager les
gouvernements faire de la sant gn-
sique une des priorits de leurs documents
stratgiques de reduction de la pauvret. Les
ministres de la sant devraient, l'avenir,
avoir leur mot dire lors de l'laboration de
ces documents. De leur ct, les donateurs
doivent malgr la crise financire, s'engager
davantage pour acclrer l'accs universal
la sant gnsique et raliser l'tape inter-
mdiaire de 2010 visant ce que, chaque
anne, 35 millions de naissances suppl-
mentaires soient assistes par du personnel
medical qualifi. L'UE investira 86 millions
d'euros d'ici 2015, avec des efforts particuli-
ers pour impliquer la socit civil des pays
ACP et aider les jeunes les plus vulnrables
et marginaliss, premiers concerns par les
grossesses non dsires.
De son cot, la decision du president Obama
confirme par le reprsentant des USA la
conference, de reprendre les contributions
amricaines au Fonds des Nations Unies
pour la population et la Fdration inter-
nationale pour la planification familiale a
t accueillie avec soulagement.
* Financement : 32 millions d'euros. Pays :
Burkina Faso, Ethiopie, Guine-Bissau, Guine
Equatoriale, Ghana, Jamaque, Niger, Rwanda,
Suriname, Tanzanie, Congo, Rpublique
Dominicaine, Gambie, Hati, Lesotho,
Madagascar, Mauritanie, Nigeria, Sierra Leone,
Soudan, Tuvalu, Zambie.
mots-cls
Programme de sant sexuelle et reproductive;
VIH ; ACP ; CE ; FNUAP ; FIPF
COURRIER
d la I o ai
La diaspora africaine est de plus en plus reconnue pour son rle de premier plan au service
du dveloppement, pour son argent, ses investissements trangers directs, ses transferts de
technologies et de savoir et ses contributions politiques positives qui sont autant de bienfaits pour
les pays d'origine. Les femmes de la diaspora africaine montent au front, mais des politiques
mieux cibles s'imposent, selon Stphanie Mbanzendore, prsidente de la BWPD (Burundian
Women for Peace and Development Femmes burundaises pour la paix et le dveloppement).
de la diaspora. Mme Mbanzendore,
prsidente, elle-mme membre de la
diaspora est la porte-parole de ses
homologues. Nul ne nie le rle des femmes de
la diaspora dans le dveloppement du conti-
nent, dit-elle, "en particulier dans le domaine
de la cooperation intellectuelle, du transfer
de technologies, de l'enseignement et de la
sant ainsi que du combat pour la paix et le
dveloppement en Afrique."
Dans l'Union europenne et en Afrique, des
portes s'ouvrent pour permettre aux femmes
d'tablir des contacts avec des dcideurs et
d'exprimer leurs opinions grce l'organisa-
tion rgulire de conferences et de sminaires,
don't ceux organiss par la BWPD autour du
thme de l'unit, de la jeunesse et du dvelop-
pement et de la prevention du sida.
Ces possibilits sont toutefois autant de dfis.
"Ces femmes qui font entendre leur voix ne
sont jamais prises au srieux lorsque l'on en
vient la mise en uvre de projects en faveur
de leur pays d'origine", admet Stphanie
Mbanzendore. Trouver un financement de
l'UE pour un project dirig par la diaspora
"peut tre trs difficile" et "plus compliqu
que dans le cadre de la cooperation bilat-
rale", regrette-t-elle.
> Presence mondiale, impact local
Comme les membres de la diaspora vivent
l'tranger, ils risquent d'oublier les ralits
du terrain. C'est prcisment cet gard
que les organizations issues de la diaspora
peuvent jouer un rle majeur, dit Stphanie
Mbanzendore, car elles sont le chainon man-
quant entire les acteurs dans les pays d'Afri-
que et le reste du monde.
EDITION SPECIAL N.S. DCEMBRE 2009
Selon Mme Mbanzendore, les organizations
de la diaspora africaine restent constamment
informes "grce aux relations de coopra-
tion tablies avec les organizations prsentes
sur le terrain." C'est essential pour la BWPD,
qui met en uvre au Burundi divers projects
dirigs par des personnel de la diaspora, don't
le project "Social Harmony" (< Harmonie
social ), qui a permis de crer des "comits
pour la paix" pour rgler les conflicts dans
les communauts et a organis des visits
pour les anciens rfugis. Dans la province
burundaise de Kirundo, les promoters de
ce project ont organis des campagnes de
sensibilisation pour inciter les femmes se
prsenter aux scrutins lectoraux et voter,
ont fourni des moulins des groups de
femmes et ont form les enseignants locaux.
Leur plus grand accomplissement est la salle
polyvalente de la ville de Kirundo, la fois
lieu de conference, bibliothque et cinma,
qui sert de point de ralliement aux habitants
des provinces du nord du Burundi.
La BWPD n'est qu'un example parmi tant
d'autres d'organisations fminines issues de
la diaspora qui font rellement la difference
dans leur communaut d'origine. Comment
faire en sorte que la cooperation au dvelop-
pement inspire de nombreux autres examples
de ce type ?
"Nous aimerions que l'expertise des mi-
grants soit prise au srieux et soit mieux
exploite, souligne reconnait Stphanie
Mbanzendore. Nous aimerions que les dona-
teurs et les dcideurs nous consultant avant
d'agir, car leur argent est souvent mal utilis.
C'est mme la raison pour laquelle l'aide au
dveloppement n'a pas encore russi am-
liorer les conditions de vie en Afrique et a
mme eu l'effet inverse."
Dans les arcanes de l'aide international au
dveloppement, ce sont parfois les projects de
petite envergure dirigs par la diaspora qui
ont l'impact le plus fort, le plus sensible et
le plus direct sur la vie des pauvres, affirme
Mme Mbanzendore.
C'est pourquoi il est "urgent de revoir" les
systmes actuels de financement et pourquoi
"il faut adapter les projects si les institutions
financires veulent rellement amliorer les
conditions de vie des Africains", ajoute-t-elle.
Pour plus d'informations, il convient de consulter
le site www.burundesevrouwenvoorvrede.nl [en
nerlandais].
mots-cls
Stphanie Mbanzendore; Femmes africaines;
Diaspora; Burundi ; Femmes burundaises
pour la paix et le dveloppement.
Masque de venture. Bois, perles et pigments, Hauteur : 58 cm,
Muse Dapper, Paris, Inv. n 0717. Muse Dapper/photo Hughes Dubois
L tude de l'art africain tradition-
nel montre que cette difference
influence la production artistique
des socits. Le Muse Dapper*
a rcemment accueilli deux expositions sur
ce thme : Femmes dans les arts d'Afrique
(octobre 2008-juillet 2009) et L'art d'tre
un homme Afrique, Ocanie (15 octo-
bre 2009-11 juillet 2010). Le collectionneur
Fabrizio Corsi a galement conu sur ce
thme des expositions didactiques.
Les femmes ne sont pas seulement des figures
cls des socits africaines, elles jouent aussi
un rle important dans les lgendes. Une
importance que les artistes masculins tradui-
sent dans leur representation de la femme.
L'homme contrle aussi la religion et est habi-
lit crer les images "religieuses" (statues
et masques). Les organes sexuels sont mis
en valeur, ce qui tmoigne de l'inclination
naturelle procrer des anctres d'une com-
munaut. En attestent notamment les extraor-
dinaires masques corporels en bois. Le venture
d'une femme enceinte est glorifi par un cer-
tain nombre de groups ethniques, comme les
Baoul, les Yoruba et les Makonde. Lorsqu'un
tre human n'a pas de descendance, le cycle
de vie de son existence apparait vain et c'est
pour cette raison que l'infertilit est consid-
re comme la pire disgrace.
Un thme commun maille la grande diver-
sit des formes et des traditions artistiques
du continent africain : la clbration des
diffrents cycles et ges de la vie. L'art exalte
particulirement le rle de la femme en tant
qu'pouse et mre, ainsi que des lments
de la beaut et de la sensualit, comme les
sacrifices rituels, les coiffures sophistiques,
les plis de graisse au niveau du cou et les peti-
primoralaux bols, meiar eipigmenis, naureur :o cm, iviusee
Dapper, Paris, Inv. No 2617. 0 Muse Dapper/photoHughesDubois
tes bouches, etc. L'art vnre galement la
relation de couple, la femme tant ici repr-
sente comme le contraire de l'homme.
N'oublions cependant pas de mentionner les
uvres cres par les femmes, mme si ces
dernires se limitent ce qu'on appelle les
"arts appliqus", malheureusement consid-
rs comme des arts mineurs par les critiques
d'art du XVIIIe sicle. Dans le domaine
de l'art, leurs crations fminines couvrent
essentiellement les domaines suivants : pein-
tures murales extrieures et intrieures, rci-
pients en terre cuite, pyrogravure sur cale-
basse et peinture sur tissu.
Il s'agit toujours de crations ralises avec
des hommes ou en partenariat avec d'autres
femmes. Mme dans ce domaine, on retrou-
ve l'expression de l'esprit de cooperation
caractristique des femmes africaines, qui
ont naturellement tendance crer des rela-
tions humaines harmonieuses dans toutes les
manifestations de la vie. L'art fminin, iden-
tifiable par l'utilisation de formes linaires et
gomtriques, joue galement un rle cl en
ce sens qu'il influence l'ducation des jeu-
nes et le language visuel du group ethnique
auquel les femmes appartiennent.
Et quand les hommes utilisent des mat-
riaux durs comme le bois, la pierre, l'ivoire
et le mtal et que la sculpture est leur mode
d'expression artistique privilgi, les femmes
se consacrent davantage la dcoration des
spaces communs du village et de la maison.
Il s'agit ds lors d'une forme d'art public, qui
utilise exclusivement des matriaux malla-
bles et fluides, comme la terre, les pigments,
l'eau et les fibres vgtales.
* Le Muse Dapper est situ Paris (France).
Site Internet : www.dapper.com
COURIER
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CARABES
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Jamaque Rpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint
Vincent et les Grenadines Suriname Trinit et Tobago
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UNION EUROPEENNE
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France t -,- H, l II- Il i I- iii I ,_,- 'n',- liii I_ l l.,, | .1 il,- I i
Pologne ib..,ii F.. ,ii,.i F..,,, I ,,.- 1.. .I.- 1...-,,,.- ,lde
Les listes de pays publies par Le Courrierne prjugent pas le statut de ces pays, territoires et dpartements, ni l'volution de ce statut.
Le Courrierutilise des cartes de diverse origins. Cette reproduction n'implique la reconnaissance d'aucune frontire particulire ni ne prjuge le statut d'aucun Etat ou territoire.
PACIFIQUE
Miles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats Fdraux de Micronsie Nauru Niue Palau
Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu
--4-
AFRIQUE
Afrique du Sud Angola Bnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert
Comores Congo Cte d'Ivoire Djibouti Erythre Ethiopie Gabon Gambie Gi.-, .ll
Guine Bissau Guine Equatoriale Kenya Lesotho Libria Madagascar Ma i i1.1 iii
Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigeria Ouganda F.-i ... -
Centrafricaine Rpublique Dmocratique du Congo Rwanda Sao Tom --i p', ,-
Sngal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie -- ,..i Ti .,i
Zambie Zimbabwe
CAAE 12
ACP 14o
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DCEMBRE 2009DITION SPECIALEGENRES. La longue route depuis PkinLe magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne
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Conseil Editorial Co-prsidents Sir John Kaputin, Secrtaire gnral Secrtariat du Groupe des Etats ACP www.acp.int M. Stefano Manservisi, Directeur-Gnral DG Dveloppement ec.europa.eu/development/ Rdaction Directeur et Rdacteur en chef Hegel Goutier Jounalistes Marie-Martine Buckens (Assistante Rdacteur en chef) Debra Percival Assistant Editorial, Production et recherche iconographique Joshua Massarenti Ont particip ce numro Victoria Burbridge, Maude Dikobe, Sandra Federici, Souleymane Saddi Mazou, Anne-Marie Mouradian, Nikolaj Nielsen et Okechukwu Romano Umelo. Gestionnaire de projet Gerda Van Biervliet Coordination artistique, conception graphique Gregorie Desmons Relations publiques Andrea Marchesini Reggiani (Responsable Relations publiques et rseaux ONG et experts) Distribution Viva Xpress Logistics (www.vxlnet.be) Couverture Le buste, Claude Cauquil. Photo : Hegel Goutier /Adaptation graphique : Gregorie Desmons Quatrime de couverture “Les mcanismes mis en place en Afrique pour l’galit de genre ont grandement besoin d’tre consolidsâ€. REA/Reporters Contact Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles Belgique (EU) info@acp-eucourier.info www.acp-eucourier.info Tel : +32 2 234 5061 Fax : +32 2 2801406 Publi tous les deux mois en franais, anglais, espagnole et portugaisPour toute information concernant l’abonnement, veuillez consulter notre site web www.acp-eucourier.info ou contacter info@acp-eucourier.info Editeur responsable Hegel Goutier Consortium Gopa-Cartermill Grand Angle Lai-momo Le Secrtariat ACP et l’Union europenne, membres du Conseil Editorial de la revue, dclinent toute responsabilit quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier. Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles crits par les rdacteurs extrieurs l’quipe de rdaction et par tout rdacteur invit. L’Espace Senghor est un centre qui assure la promotion d’artistes venus des pays d’Afrique, Espace Senghor Centre culturel d’Etterbeek Bruxelles, Belgique www.acp-eucourier.infoVisitez notre site internet ! Vous y trouverez les articles, le magazine en pdf et d’autres infos
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DITION SP CIAL N.S. – D CEMBRE 2009 1 Ce numro spcial du Courrier intitul “Genres†ne comporte aucun titre d’article prcisant le substantif “hommeâ€. Pourtant, l’homme, le mle en est le “sujet†principal. Lorsque nous parlons du vol sur un nid d’injustices dnonc Pkin en 1995 lors de la “Confrence Mondiale sur les Femmes†de l’ONU et qui se poursuit, il est l. Lorsqu’aussi nous soulignons les progrs raliss sur le plan des lois nationales et internationales, de l’ducation, du recul de la misogynie et des iniquits contre la femme, il y est encore. Les lois en faveur de l’galit des droits entre les genres n’auraient pu tre votes dans des parlements du monde sans le soutien d’hommes qui y sont majoritaires. Femmes et hommes – que ceux-ci soient partisans de l’galit des droits entre les sexes ou machistes –, sont imbriqus dans une dialectique permanente. Quand l’un est en lumire, l’autre est en ombre et les lumires ne sont perues que parce qu’il y a des ombres. Quand on parle d’une injustice contre la femme, du viol la premption des postes politiques importants, on parle aussi de leurs auteurs. Auteur ou sujet, celui qui “a commis l’actionâ€. Alors que les femmes conquirent certaines bastilles, comme les postes de haut niveau dans la communaut noireamricaine ou les tudiantes qui engrangent plus de succs l’universit en Jamaque, on observe paralllement le surgissement de sortes de complexes chez leurs congnres hommes se traduisant par des ractions machistes, suicidaires ou de dprciation de soi. Le film du ralisateur Denis Arcand, Le dclin de l’empire amricain, dont l’action se droule au Qubec, illustre le fait que ce dsarroi de mles ne se circonscrit pas des socits particulires. L’homme est donc prsent quand il est question de femme. Elisabeth Badinter, dans X Y. De l’identit masculine remarquera que le mle proclamera successivement au cours de sa vie qu’il n’est pas le bb de sa maman, qu’il n’est pas une fille ou qu’il n’est pas un “pdâ€. Elle conclut que “tre un homme se dit plus volontiers l’impratif qu’ l’indicatif implique un travail, un effort qui ne semble pas exig de la femme comme si la fminit tait naturelle et que la masculinit devrait s’acqurir et se payer cher*â€. Elle fait siennes les paroles de Pierre Bourdieu** : “Il suffit de dire d’un homme, pour le louer, que c’est un homme.†Avant de conclure que “contrairement la croyance patriarcale, ce ne sont pas les hommes qui sont les premiers rfrents de l’humanit mais les femmes. C’est par rapport elles et contre elles qu’ils se dfinissent Jusqu’ prsent.†Jusqu’ prsent. Parce que les hommes changent. Et une nouvelle identit masculine cherchant les similitudes avec les femmes plutt que les dissemblances et les oppositions, est en gestation. Il faudrait ne plus ignorer la violence et le pouvoir des femmes considres comme des ternelles “victimes de l’oppression masculine, de l’autre, les bourreaux tout-puissantsâ€*** dans une humanit soi-disant coupe en deux. Ne pas combattre la misogynie au nom de la misandrie. C’est une faon de parler des hommes. Hegel Goutier Rdacteur-en-chef* L’Un est l’Autre, ditions Odile Jacob, 1986, p. 249. ** La domination masculine, Actes de la recherche en sciences sociales, no 84, sept. 1990, p 21. *** Fausse route, ditions Odile Jacob, 2003, p. 113. Genres. Comment parler des hommes ? Editorial C
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> Les cent fleurs depuis Pkin A Pkin dj, beaucoup de progrs tai ent constats dans des domaines comme l’intrusion des femmes dans la politique. A la tribune, s’taient retrouves des sym boles comme Benazir Bhutto qui faisait une lecture du Coran mariant la dfense des valeurs de l’Islam au rejet des intgrismes, et la snatrice Hilary Rodham Clinton avec ses philippiques contre la dlgation de conservateurs du Snat de son propre pays. Au final, la dclaration avait t positive, gravant dans le corpus juridique interna tional des principes auxquels les Etats tai ent tenus de rpondre. Parmi lesquels, les droits de la femme de dcider librement de sa sexualit ou le classement du viol comme crime, ou mme dans des cas de conflits, comme un acte de gnocide duquel les belligrants mme victorieux pourraient avoir rpondre un jour. Ou l’obligation de favoriser un accs plus ais au crdit pour les femmes. Les reprsentants de 184 Etats avaient appos leur signature au bas du document final mme si une cinquantaine d’entre eux l’avaient fait en inscrivant certaines rserves. Le Courrier , prsent l’poque Pkin*, s’tait demand si les engagements pris taient solubles dans ces rserves. > Malgr tout, d’importants progrsDans les domaines de la politique, de l’conomie ou de l’ducation, les progrs sont incontestables depuis Pkin. Il suffit de retenir ces exemples. L’alphabtisation a progress trs fortement partout dans le monde. Dans trois pays en dveloppement – Jamaque, Nicaragua et Uruguay – le taux d’alphabtisme des femmes est plus lev mme que celui des hommes. Dans quatre autres dont Cuba, ces taux sont parfaite galit. Les femmes occupent 58% des postes de dcision aux Philippines. La Tanzanie est la deuxime place avec 49%, suivie d’un autre pays du Groupe ACP, la Barbade avec 43%, les Etats-Unis arrivant en 4e position**. Dans le secteur du travail, le taux de femmes actives a augment sans cesse depuis 1989 et n’a baiss qu’en Europe Orientale et Centrale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord o il reste infrieur la moyenne mondiale qui est de 40%***.> Vol au-dessus d’un nid d’injusticesLes progrs vont parfois de pair avec des reculs. C’est le cas avec une augmentation Hegel GoutierProgrs ou recul. Difficile mesurerGenresDifficile de percevoir une tendance claire dans les tudes des institutions et experts parues sur l’volution de la situation de la femme depuis la Confrence Femmes de l’ONU Pkin en 1995. Sur le plan public, dans les domaines lgislatif et du travail, les droits de la femme ont progress presque dans toutes les parties du monde. Il en est de mme dans le domaine de l’ducation, ou de la reprsentativit politique. Sur le plan priv, l’injustice sous sa forme la plus brutale, la violence physique persiste et a mme cr. Par ailleurs se pose le problme de la fiabilit des indices d’valuation de l’iniquit contre les femmes. D e Pkin nos jours2 Panneau lectoral de Benazir Bhutto, l’ancienne leader de l’opposition pakistanaise, assassine le 27 dcembre 2007, deux semaines avant les lections gnrales organises au Pakistan en 2008. Reporters/AP
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parallle ces dernires annes et du taux d’emploi rmunr et du taux de chmage des femmes. Dans l’ducation, deux tiers des analphabtes restent des femmes. Ceci s’explique par les progrs survenus aussi pour les hommes. Il n’y a que cinq pays o il y a gale reprsen tation d’hommes et femmes dans le gou vernement : Espagne, Islande, Sude, Autriche et Danemark. Quinze pays ont la parit au parlement dont le premier de classe mondiale, le Rwanda, et aussi l’Afrique du Sud. Trois pays ACP ont un quota de parlementaires 30% : Botswana, Tanzanie et Erythre. Dans le domaine priv, les femmes passent presque deux fois plus de temps s’occuper des tches domestiques que les hommes. Malgr l’inscription par les juridictions nationales et internationales des discrimina tions et des violences contre la femme comme crimes passibles de chtiments appropris, les coupables de ces violations continuent chapper souvent toute justice. L’esclavage sexuel par exemple est en nette augmentation, y compris dans des pays d’Europe. L’inefficacit de la justice dans certains cas parat criminelle. Une femme sur quatre est victime de violence familiale grave****. Les viols par des hommes arms sont lgion, c’est une calamit au Congo ou au Darfour. Dans un pays comme le Mexique, par exemple, qui dispose de moyens policiers et juridiques, 305 corps de femmes violes et assassines ont t trouvs et pas un coupable n’a t arrt*****.> O penche la balance ? Les indices permettant de jauger l’iniquit entre les genres manquent de prcisions et les institutions qui les utilisent les con sidrent comme des pis-aller. C’est le cas pour les plus connus, l’indice relatif aux Objectifs du Millnaire pour le dvelop pement (ODM), l’indice sexospcifique de dveloppement humain (ISDH) ou celui de la participation des femmes (IPF) des Nations Unies. De plus en plus de travaux sont en cours en vue d’indices refltant avec plus d’acuit la dimension du genre et mesurant avec exactitude les changements. Une tude publie par le PNUD en 2007, Genres et Indicateurs Panorama considre qu’il faut commencer par “mesurer la dif ficult de mesurer†la dimension du genre ou l’mancipation des femmes, par exem ple, qui sont des ralits peu propices un paramtrage. Ainsi une tude de la pauvret des femmes devrait intgrer la “pauvret du temps†pour quantifier le travail non rmunr des femmes. Par ailleurs les relevs fournis par les Etats ne sont pas toujours fiables. Et puis il y a des situations o les conditions de l’homme (du mle) se sont dgrades par des comporte ments risque ou par la ngligence dans les tudes. Une diminution du taux de mles dans les universits comme la Jamaque et dans d’autres pays entrane par effet mca nique un progrs de l’indice sexospcifique pour la femme. Mais en profite-t-elle ? * Le Courrier , numro 154, Novembre-Dcembre 1995. ** PNUD, Rapport 2006. *** Rapport 2006 de la Commission de la Condition de la Femme des Nations Unies sur la promotion conomique de la femme. **** D’aprs le PNUD, Rapport 2007. ***** Mouvement franais pour le planning familial. Mots-cls Femmes; Confrence Femmes de l’ONU Pkin; Benazir Bhutto; Hillary Rodham Clinton; Objectifs du millnaire pour le dveloppement (ODM); Indice sexospci fique de dveloppement humain (ISDH) ; Indice de la participation des femmes (IPF) des Nations Unies. De Pkin nos jours 3 DITION SPCIAL N.S. – DCEMBRE 2009 Centre d’accueil pour femmes victimes de violences sexuelles, Goma, en RDC, 2009. NU/Marie Frechon
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Elabor par la direction gnrale du dveloppement de la Commission europenne en collaboration avec de la direction gnrale des relations extrieures et avec le concours d’Etats mem bres de l’UE, le plan d’action vise concr tiser davantage la politique actuelle, explique Victoria Correa. La stratgie communautaire en faveur de l’galit entre les hommes et les femmes dans les pays en dveloppement est dj dfinie dans la communication de la Commission au Parlement europen et au Conseil intitule “L’galit entre les hommes et les femmes et l’mancipation des femmes dans la coopration au dveloppementâ€, mais Victoria Correa dit que le nouveau plan d’ac tion prvoit des mesures concrtes qui doi vent permettre la Commission europenne et aux Etats membres de l’UE de continuer tenir ensemble leurs engagements en faveur de l’galit des sexes et d’avoir plus d’impact sur le terrain. Ce plan, encore en phase de conception au moment de la mise sous presse, propose trois axes d’action, savoir le renforcement du dialogue politique et stratgique avec les pays partenaires en dveloppement sur les questions d’galit entre les femmes et les hommes, l’intgration de la dimension de l’galit entre les sexes dans tous les domaines de l’action publique, dans les programmes, les stratgies et les interventions (de la construc tion du rseau routier au dveloppement rural, par exemple) et la mise en uvre de mesures spcifiques dans des domaines qui ncessitent un soutien cibl. Bas sur les ressources, ins truments et mcanismes existants de l’UE et de la Commission europenne, ce plan d’ac tion proposera une srie d’activits mettre en uvre conjointement pendant la priode 2010-2015 ainsi qu’un certain nombre d’indi cateurs de performance. Entre 2000 et 2007, plutt que de privil gier des projets spcialement conus pour promouvoir l’galit entre les femmes et les hommes, on a adopt une approche d’intgra tion pour les diffrents projets. Toutefois, la communication de 2007 sur l’mancipation des femmes a recommand aussi la mise en uvre d’actions spcifiques en complment de l’approche d’intgration pour obtenir des rsultats cibls et encourager l’mancipation des femmes dans les pays en dveloppement.> Communication de 2007 La communication de 2007 de la Commission europenne voque les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) (voir l’article prcdent) et va mme au-del en pinglant des problmes critiques qui n’y sont pas abords. Sont en particulier viss le troisime OMD (promouvoir l’galit des sexes et l’autono misation des femmes) et le cinquime OMD (amliorer la sant maternelle). Ce texte insiste par exemple sur la ncessit de lutter contre des problmes tels que les pratiques de mutilation gnitale fminine (voir l’article qui y est consa cr), toutes les formes de violence caractre sexiste et la traite des femmes. Daniela Rofi, Gender Desk Officer (en charge de l’galit entre les sexes) EuropeAid, l’office Un plan d’action doit tre lanc par la Commission europenne dbut 2010 pour mieux placer la dimension de l’galit entre les femmes et les hommes au cur la politique europenne de dveloppement et amliorer la coordination avec les 27 Etats membres de l’Union europenne, dclare Victoria Correa, en charge des questions d’galit entre les hommes et les femmes la direction gnrale du dveloppement et des relations avec les pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique de la Commission europenne. Un nouveau plan d’action europen sur l’galit femmes-hommes dans le cadre de la coopration au dveloppementDebra Percival Mutilation gnitale fminine Un projet de 4 millions d’euros, cofinanc par la Commission europenne et le Fonds des Na tions Unies pour l’enfance (UNICEF), a t mis en uvre en dcembre 2007 pour uvrer en faveur de l’abandon des pratiques de mutilation gnitale fminine. En raison de la nature hau tement sensible de ce sujet qui touche une pratique traditionnelle, ce projet se base sur l’laboration d’un modle de convention sociale pour mettre le phnomne au grand jour. Dans les communauts, des chefs religieux expli quent clairement que ces pratiques ne sont pas lies la religion. L’abandon de ces pratiques est donc une dcision collgiale de la com munaut, sans crainte d’isolement de certains individus, ni de reprsailles leur encontre. Ce projet est mis en uvre dans trois pays ACP, savoir en Erythre, au Sngal et au Soudan.Femmes du Swaziland, 2005. Reporters/AP De Pkin nos jours 4
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Mots-cls Genre ; Victoria Correa ; Daniela Rofi ; Convention des Nations Unies sur l’limination de toutes les formes de discrimination l’gard des femmes ; OMD ; Mutilation gni tale fminine ; Swaziland ; Ethiopie. Inscrire l’galit des sexes dans l’aide budgtaire Le “Partenariat CE/Nations Unies sur l’galit des genres pour le dveloppement et la paix†a t cr l’issue de la confrence organise en 2005 par la Commission europenne et le Fonds de dveloppement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), dont des dbats ont port sur l’adoption de nouvelles modalits d’aide, notamment le soutien budgtaire. Ce projet concerne douze pays pilotes : le Came roun, l’Ethiopie, le Ghana, le Honduras, l’Indo nsie, le Kirghizistan, le Npal, le Nicaragua, la Papouasie-Nouvelle-Guine, la Rpublique d mocratique du Congo, le Suriname et l’Ukraine. Tous les rsultats du projet sont disponibles en ligne (www.gendermatters.eu). Ce partenariat a galement permis de renforcer les capacits et d’enrichir les connaissances, l’objectif tant de faire en sorte que la dimension de l’galit entre les sexes soit mieux intgre dans l’aide et de contribuer l’adoption de bonnes prati ques en la matire dans tous les programmes de la Commission europenne. Pour plus d’informations: www.gendermatters.eu Swaziland : renforcer les droits des femmes Le Swaziland a ratifi la Convention des Nations Unies sur l’limination de toutes les formes de discrimination l’gard des femmes en mars 2004. Un programme de 42 mois financ par la Commission europenne et le Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD) vise aider les organisations gouvernementa les et non gouvernementales renforcer leurs capacits pour leur permettre d’entreprendre les changements lgislatifs et politiques induits par la ratification de cette convention. Il consis te notamment sensibiliser la classe politique, la socit civile et les chefs traditionnels et leur fournir une assistance technique. Il prvoit de procder l’audit de la lgislation avec la dimension de l’galit entre les hommes et les femmes en ligne de mire, d’aider les rdacteurs de la nouvelle lgislation pour que celle-ci soit conforme la convention et d’laborer un pro gramme national de sensibilisation l’galit entre les hommes et les femmes. de coopration de la Commission europenne, explique que la Commission contribue aux progrs sur la voie de l’galit des sexes dans les pays partenaires via le Fonds europen de dveloppement et ses programmes thmati ques. Le Fonds europen de dveloppement (FED) aide les pays ACP dans les rformes structurelles qu’ils mnent dans le domaine de l’enseignement, de la sant et de la justice en vue d’y donner accs tous sur un pied d’ga lit, garons et filles, hommes et femmes. Le FED contribue grandement aussi au renfor cement des capacits institutionnelles des pays pour leur permettre d’laborer des politiques en faveur de l’galit des sexes et de les mettre en uvre. La Commission soutient les organi sations de la socit civile qui luttent en faveur de l’galit entre les sexes et dfendent les droits des femmes au travers de programmes thma tiques, en particulier le programme “Investir dans les ressources humaines†(2007-2013), dont une ligne budgtaire concerne “la sant gnsique et sexuelle et les droits connexes†ainsi que “l’galit entre les sexes et les droits des femmesâ€. La Commission travaille aussi en collaboration avec les Nations Unies (voir ci-dessous). She is a hero (“C’est une hroneâ€), peinture la bombe sur toile, Rini Hartman, 2008. Cette peinture fait partie d’un projet – “8 Visions of Hope†– ddi aux huit Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement. Sites Internet : http://8visionsofhope.ning.com/ et http://www.rinihartman.nl/5 De Pkin nos jours Ethiopie : exploiter le potentiel des femmes Un projet en faveur de l’mancipation des femmes et de l’galit entre les hommes et les femmes via le renforcement des ca pacits institutionnelles et la promotion de l’esprit d’entreprise sera lanc au printemps 2010 en Ethiopie. Ce projet de 3,64 mil lions d’euros est financ au titre du dixime Fonds europen de dveloppement (FED). L’ingalit entre les deux sexes est en effet l’une des principales causes de la pauvret. Pour russir rduire la pauvret de moi ti l’horizon 2015, l’Ethiopie doit exploiter pleinement le potentiel des hommes comme des femmes. Ce programme soutiendra la mise en oeuvre du plan d’action national du gouvernement thiopien en faveur de l’ga lit, d’une part en renforant les capacits institutionnelles, et d’autre part en dotant les femmes de comptences entrepreneuriales afin d’amliorer leurs moyens d’existence. Les groupes cibles retenus sont, pour le vo let dveloppement des capacits, les hom mes et les femmes travaillant la Condition fminine et, pour le volet renforcement de pouvoir, les femmes travaillant dans le sec teur informel, en particulier les femmes ins truites vivant en milieu urbain (ce volet sera mis en oeuvre l’chelle pilote dans certai nes rgions du pays).
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Uapproche de la communaut du dveloppement l’gard de l’man cipation des femmes a volu depuis les annes 1970. Ainsi, 1975 a t dclare Anne internationale de la Femme par les Nations Unies, et la Dcennie internationale des Nations Unies pour la Femme (1976-1985) a vu la nomination de femmes des postes de ministre et l’adoption, par des gouvernements et des organisations non gouvernementales, de politiques plaant les femmes au cur du dveloppement. Ces projets n’ont toutefois pas t aussi fructueux que prvu, car ils ont t conus sans tenir compte des problmes de proprit foncire et d’accs aux marchs, au crdit et l’information. Au milieu des annes 1970, une approche plus stratgique a commenc tre adopte l’gard de l’mancipation des femmes, y compris par voie lgislative. Les 30 articles de la Convention sur l’limination de toutes les formes de discrimination l’gard des femmes adoptes par l’Assemble gnrale des Nations Unies en 1979 se basent sur le principe de l’galit et de la non-discrimination et impo sent des obligations aux Etats signataires. Cette convention est contraignante, mais des rserves sont prvues dans certains articles spcifiques. A ce jour, 185 Etats l’ont signe. Le plan d’action de Pkin, qui a t adopt la suite de la quatrime Confrence des Nations Unies sur la femme en 1995, a confirm la tendance l’abandon des projets plaant les femmes au service du dveloppement au profit de politiques prvoyant l’mancipation des femmes. Il a mis en lumire les ingalits combattre grce l’action de tous les minis tres des gouvernements qui l’ont sign, de l’accs aux soins de sant et autres services aux effets des conflits arms sur les femmes. > “Bonnes pratiques†Mais comme l’a soulign la prsidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, aux Journes europennes du dveloppement organises Stockholm, en Sude, les programmes nationaux qui ont suivi l’adoption du plan d’action de Pkin “n’ont pas eu les rsultats escompts.†A Stockholm, elle a plaid en faveur de l’exploitation des “bonnes pra tiquesâ€. Elle a expliqu aux participants qu’elle avait nomm des femmes des pos tes stratgiques de son gouvernement, la justice et aux finances (chasse garde des hommes, jusqu’ici), et avait plac les jeunes filles au cur de sa stratgie, consistant Bonnes intentionsL’galit entre les sexes est leve au rang de droit fondamental dans la lgislation internationale. C’est aussi un moyen de lutter contre la pauvret mme si le bt blesse ct mise en uvre et que les objectifs fixs, en particulier le cinquime Objectif du Millnaire pour le dveloppement (OMD) concernant l’amlioration de la sant maternelle, sont loin d’tre atteints. La progression sur la voie de l’accomplissement de ces objectifs dpend souvent de personnalits qui prennent les choses brasle-corps, comme la ministre sudoise de la coopration au dveloppement, Gunilla Carlsson, qui a plac la participation des femmes aux pourparlers de paix et de scurit l’ordre du jour de la prsi dence sudoise de l’UE. La prsidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, montre aussi l’exemple : elle a organis un colloque international sur le leadership fminin Monrovia en mars 2009.L’6 U E
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notamment adopter des lois trs strictes pour enrayer la violence contre les femmes, en forte recrudescence au moment de sa nomination la tte de l’Etat en 2006, soit aprs la guerre. Les Nations Unies, dans leur propre rap port 2009, soulignent que les progrs sont insuffisants sur la voie de l’accomplissement de certains Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) – adopts par les gouvernements au tournant du sicle – en rapport avec les femmes. Est particulire ment vis le cinquime OMD concernant l’amlioration de la sant maternelle. Selon ce rapport, le nombre de dcs maternels par 100.000 naissances vivantes a peine rgress (920 en 1990 contre 900 en 2005) en Afrique subsaharienne, o se produit la moiti des dcs maternels recenss dans le monde chaque anne (265.000). Les progrs sur la voie de l’accomplissement du troisi me OMD (promouvoir l’galit des sexes et l’autonomisation des femmes), qui vise li miner les disparits entre les sexes dans l’en seignement primaire et secondaire ainsi qu’ tous les niveaux d’enseignement d’ici 2015, sont insuffisants galement. “Dans l’ensem ble des rgions en dveloppement, 95 filles taient inscrites l’cole primaire pour 100 garons en 2007, alors qu’elles n’taient que 91 en 1991. La cible visant liminer les carts entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire avant 2005 n’a pas t atteinte, cependant. Il est ncessaire et urgent de renouveler les engagements pour viter que cela ne se reproduise en 2015â€, peut-on lire dans le rapport. Le mme rapport rvle des chiffres plus satisfaisants concernant la proportion de siges dvolus des femmes la chambre unique ou basse des parlements : 18% en Afrique subsaharienne (contre 9% en 2000) et 22% – la meilleure moyenne rgionale – en Amrique latine et dans les Carabes. “L’Afrique subsaharienne continue d’avan cer, avec le Rwanda en tte. Ce pays a pass un cap historique en 2008 lorsqu’une majo rit de femmes (56%) a t lue la chambre basseâ€, explique le rapport. Toutefois, neuf assembles – essentiellement dans les Iles du Pacifique et dans les Etats arabes du Golfe – ne comptent aucune femme parmi leurs membres. Toujours selon ce rapport, la crise financire mondiale qui a clat en 2008 a cr de nouveaux obstacles l’emploi des femmes. D.P.Les 11 reprsentants spciaux de l’UE (Affaires trangres) sont des hom mes, moins de 10% des ngociateurs internationaux pour la paix sont des femmes, et, sur 300 accords de paix, moins de dix voquent la violence sexuelle. C’est Margot Wallstrm, commissaire europenne de nationalit sudoise en charge des rela tions institutionnelles et de la stratgie de communication, qui a rvl ces chiffres lors des Journes europennes du dveloppement organises Stockholm, en Sude, les 22, 23 et 24 octobre dernier. Le gouvernement sudois craint que les gou vernements ne se dsintressent de la mise en uvre de la rsolution 1325 adopte par les Nations Unies en 2000 qui traite de l’impact de la guerre sur les femmes et rappelle le rle important que les femmes jouent dans le rgle ment des conflits et la consolidation de la paix. La Sude a adopt son propre plan d’action et souhaite que d’autres Etats membres de l’UE suivent son exemple (8 Etats membres seule ment sur 27 se sont dots d’un plan similaire). Dans son propre rapport sur le dveloppement “Surmonter la fragilit en Afrique Pour une nouvelle approche europenneâ€, l’UE pingle l’usage systmatique du viol comme arme de guerre en Rpublique dmocratique du Congo. Entre 1998 et 2003, 51.000 viols ont t recenss dans les provinces du Sud-Kivu et de Kalemie. La prsidence sudoise de l’UE s’emploie faire en sorte qu’une plus grande proportion de femmes prennent part aux oprations internationales de scurit et de maintien de la paix et que les femmes participent pleine ment et sur un pied d’galit avec les hommes aux institutions et dispositifs en faveur de la prvention des conflits, tous les niveaux, et renforcer la protection des femmes et des filles en cas de conflit. Tous les reprsentants de l’UE doivent avoir connaissance de la rsolution 1325, selon Gunilla Carlsson. Les missions dans les zones de conflit doivent prvoir des runions avec des organisations fminines nationales et locales. Le gouver nement sudois propose de consacrer une partie du budget de l’aide au dveloppement l’amlioration de la participation des fem mes dans les situations d’aprs-conflit et pr conise que les femmes bnficient de prts et d’autres services financiers en faveur de l’ducation et de la formation professionnelle dans les situations d’aprs-conflit.La paix et la scurit, une affaire de femmes Mots-cls Sexe ; Femmes ; OMD ; Sude ; Ministre de la coopration au dveloppement ; Gunilla Carlsson ; Liberia ; Ellen Johnson Sirleaf ; Journes europennes du dvelop pement ; Stockholm ; Nations Unies. L< Camp de rfugis soudanais au Tchad dans une zone dforeste. Depuis le camp, les femmes doivent parcourir une longue distance pour aller chercher du bois et courent un risque lev d’tre agresses, 2009. Reporters> La prsidente librienne Ellen Johnson-Sirleaf lors des Journes europennes du dveloppement Stockholm, en Sude, le 22 octobre 2009. Reporters/ScanpixGunilla Carlsson, ministre sudoise du Dveloppement et de la Coopration lors des Journes europennes du dveloppement Stockholm, 2009. Hegel Goutier7 DITION SPCIAL N.S. – DCEMBRE 2009 UE
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Les femmes au sommet Une femme aux tudes, et c’est l’ensemble de la nation qui s’instruit Mots-cls Dr. Attaliah Molokomme ; universit du Botswana ; galit des chances. 8 Aujourd’hui, au Botswana, les femmes ont un meilleur niveau d’instruction qu’en 1966, lorsque la nation a obtenu l’indpendance du RoyaumeUni. Le Dr Maude Dikobe, prsident de la Commission en charge de la politique de l’galit entre les hommes et les femmes la Facult des scien ces humaines de l’Universit du Botswana, explique qu’il y a encore un bon chemin par courir avant de raliser l’galit entre hommes et femmes dans les fonctions haut niveau. A friqueMaude Dikobe “Au cours de ces six dernires annes, le taux de reprsentation des deux sexes est rest stable, de l’ordre de 1:1. En moy enne, un plus grand nombre de jeunes filles se sont inscrites l’universit. Au cours de la dernire priode de rfrence, les facults d’ingnierie, de sciences et de technologies ont accueilli davantage de jeunes hommes. Le taux de participation des jeunes hommes a diminu de 3,5%, passant 7,886 en 2003-2004, alors que celui des jeunes filles a augment de 12% entre 2003-2004 et 2006-2007. Le nombre d’inscrits des deux sexes a diminu entre 2006-2007 et 2008-2009, de 8,7% chez les jeunes filles et de 14% chez les jeunes gens. Rapport annuel de l’Universit du Botswana 2009 (21).Comme dans la plupart des cul tures africaines, on a longtemps estim que c’taient aux garons d’avoir la chance de se lancer dans l’enseignement suprieur, les filles ne devant pas aller plus loin que l’enseignement pri maire. Les garons avaient donc prioritaire ment l’accs l’enseignement, tandis que les filles taient promises au mariage. Aujourd’hui, le Botswana compte un pour centage plus lev de jeunes filles dans l’enseignement suprieur (voir encadr). L’cart entre hommes et femmes est en train de s’attnuer dans l’enseignement suprieur, ce qui fait du Botswana une figure d’exception sur le continent africain. La participation des tudiantes pourrait faire croire qu’une fois diplmes et sur le march de l’emploi, ces jeunes filles auront les mmes chances que leurs homologues masculins. Or, ce n’est pas le cas, en particulier la direc tion de l’Universit du Botswana. L’absence de femmes aux postes d’encadrement soulve de nombreuses questions. Le recteur, le vicerecteur et les deux vice-recteurs adjoints sont en effet des hommes. Seule exception, la vicerectrice adjointe aux affaires tudiantes. Et lorsqu’on se penche sur le corps enseignant, on s’aperoit que 93% des professeurs sont des hommes, contre 7% de femmes seulement. Dans son document Gender Audit at the University of Botswana: The Case of the Faculty of Humanities (Audit de genre l’Universit du Botswana: le cas de la facult des sciences humaines), Rosaline Nhlekisana explique que la plupart de ces postes sont occups par des hommes en raison de la “culture patriarcale†au sein de l’institution. Cette culture n’imprgne pas seulement le monde universitaire, mais s’observe galement dans certaines organisations o l’employeur doit en permanence relever le dfi de prouver que “le mieux plac pour tel poste est peut-tre une femme.†Les progrs en termes d’galit des chances dans les postes traditionnellement occups par des hommes sont lents mme si les femmes du Botswana font leur entre aux plus hautes fonctions, comme en tmoigne la nomination de Dr Attaliah Molokomme la fonction d’Attorney General. En outre, les forces de dfense du Botswana acceptent prsent des femmes l’arme. Mais cette entre en force des femmes dans des carrires traditionnellement rserves aux hommes dplat certains. Pour les dtracteurs de ces avances, les femmes de leur pays se voient dsormais offrir suf fisamment d’opportunits et les mesures de discrimination positive ne sont plus nces saires. Il y a donc une raction brutale avec besoin d’touffer les efforts dploys par les femmes pour obtenir l’galit, au cas o elles deviendraient trop puissantes et vinceraient les hommes de leurs positions privilgies. L’accs aux tudes est une chose, et l’galit entre les hommes et les femmes en est une autre. Nous devons donc introduire des mesures pour amliorer l’galit au niveau des postes de direction, dans les conseils d’administration, au Parlement, etc. Et cela exige un changement de mentalit.CUniversit du Botswana. Flickr.com
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DITION SPCIAL N.S. – DCEMBRE 2009 9 Des maris engags pour la sant de leurs pouses Au Niger, dans plusieurs localits, des hommes mnent des actions de sensibilisation pour induire des changements de comportement afin d’amliorer la sant de la femme et de l’enfant. Ce sont les associations fminines qui ont sont l’origine de ces campagnes. Une dcennie en arrire, les hom mes taient trs hostiles toute question lie la sant de la repro duction. Mais nombreux sont encore les hommes qui empchent leur femme de frquenter mme les centres de sant familiale. “Dans mes causeries, j’attire l’attention de mes amis sur les bienfaits de la consultation pr et postnataleâ€, explique Abdoulaye, commerant Niamey, trs sen sibilis la sant maternelle et infantile. Le plus souvent, les sances de sensibilisa tion se font sur la place publique ou l’occa sion des crmonies de rjouissances. Ce travail, accompli par des hommes, donne de bons rsultats. “Les femmes frquentent de plus en plus les centres de sant. A la moindre alerte concernant leur sant, elles se prsentent au centre de sant le plus procheâ€, tmoigne Aichatou, une sage-femme Niamey. “Le rsultat est plus spectaculaire dans beaucoup de villages o ce sont mme des hommes qui conduisent leur femme aux consultations. Une chose qui tait impensable, il y a seulement quel ques annesâ€, ajoute une autre sage-femme. > Le tabou est bris Sans complexes, des hommes autorisent leur femme utiliser des mthodes contracepti ves. “Tout cela est d l’mancipation de la femme nigrienne. Nos associations ont fait un grand travail. C’est vrai que a a pris beaucoup de temps, mais la lutte a payâ€, se rjouit une militante de dfense des droits de la femme. Les mentalits ont volu en ce qui concerne la contraception. Auparavant en ville comme en campagne, l’opposition la contracep tion tait grande. “Mon mari m’a interdit la prise de tout mdicament pour espacer les naissances. Cependant durant toute cette priode, je les utilise en cachette. Mais aujourd’hui, c’est ensemble que nous avons dcid d’utiliser la pilulesâ€, raconte une mre ge de 33 ans avec quatre enfants charge. Des femmes comme elle, qui prennent des contraceptifs l’insu de leur mari taient nombreuses. Mais aujourd’hui, beaucoup d’entre-elles le font, avec le consentement de leur poux sensibilis la question. “Par le pass, je considrais comme trs occidental ce genre d’ide. Mais depuis que je frquente le cercle des hommes qui ont accept de changer de comportement vis-vis de leur pouse en ce qui concerne les questions de planning familial, j’en ai une autre vision. Je discute avec ma femme des questions relatives la reproductionâ€, confie un homme g de 47 ans, lectricien. Les mdias ont beaucoup contribu aux cots des associations des femmes pour faire accepter aux hommes les discours sur le changement de comportement en matire de reproduction. Cependant cette exprience a connu une grande rsistance de la part des marabouts. Mais avec l’volution des choses, ces derniers introduisent la question dans leurs prches. Depuis le discours a fort volu. “C’est la limitation des naissances qui est interdite en islam, mais pas l’espacement.â€Souleymane Saddi Mazou Afrique Mots-cls Niger ; sant ; hommes ; femmes ; socit civile. U Reporters/LAIF
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De la ncessit d’un mouvement social capable de peser sur les politiquesMarie-Martine BuckensC’est au lendemain de la Confrence mondiale des femmes de Mexico en 1975 que la plupart des pays africains ont commenc pren dre des mesures pour assurer l’galit des genres. A une exception : le Rwanda qui, ds 1965, met en place un premier mcanisme, mais encore sans grand contenu, explique Fatou Sarr dans un rapport ralis en 2008. Il n’empche : le Ministre du Genre et de la Promotion de la Femme (Migeprofe) mis en place en 1999 au Rwanda est un modle du genre, dans la mesure, ajoute la sociologue, o sa mission a t clairement formule, savoir : promouvoir l’galit et l’quit de genre dans le processus de dveloppement et conduire la mutation d’une approche verti cale vers une approche transversale. Ce qui n’est pas le cas dans des pays comme la Rpublique Dmocratique du Congo (RDC), le Sngal, le Gabon ou le Togo. “Bien sou vent, explique-t-elle, les pays se sont gn ralement contents de plans d’action avec des programmes clectiques et ponctuels obissant des proccupations dictes par les partenaires au dveloppement.†Depuis la 4e Confrence mondiale des fem mes de Beijing en 1995, un “Conseil national de la Femme†a t adopt dans la plupart des pays. Organe consultatif du gouvernement, ses activits se rsument souvent l’organisation d’vnements spciaux. Autre nouveaut : les “Points Focaux Genreâ€. Malheureusement, ajoute la sociologue, ils sont trs souvent sans comptence, sans expertise et surtout sans influence car n’occupant pas de position stratgique ( l’exception du Rwanda). S’y ajoutent le manque cruel de financements des ministres en charge de la question (souvent moins de 1% du budget national, comme au Togo o il reprsente 0,29% du budget, en RDC 0,042% ou 0,2% au Sngal). Les mesures prendre ? Selon Fatou Sarr, elles devraient se concentrer sur les chefs d’Etat – “en Afrique, la structure sociale est encore trs hirarchise†– afin qu’ils aug mentent sensiblement le budget au genre, un budget qui doit permettre la consoli dation d’un mouvement social capable de peser sur les politiques.Les mcanismes mis en place en Afrique pour l’galit de genre ont grandement besoin d’tre consolids, estime Fatou Sarr. Cette sociologue et directrice du Laboratoire genre et recherches scienti fiques l’Universit Cheikh Anta Dop de Dakar, et consul tante internationale, propose des pistes d’actions. Celles-ci passent par l’appui aux mou vements sociaux. Mots-cls Fatou Sarr ; galit de genre ; Afrique ; Parlement. 10 Afrique De belles avances, malgr tout Malgr les frustrations, il existe des acquis†reconnat Fatou Sarr. Et de citer le projet d’assistance aux filles-mres qui au Gabon a permis la construction de 11 haltes-gar deries et prend en charge les frais de for mation des filles-mres pour leur rinser tion professionnelle. Sur le plan politique, les cinq pays cits par la sociologue n’ont pas rougir du taux de reprsentation des femmes dans leur Parlement (chiffres 2006 ou 2007) : 11% au Togo, 16,7% au Gabon, 22% au Sngal, 8,4% en RDC et 48,8% au Rwanda, un taux largement ingal dans le monde. Ainsi, au Canada, l’un des “meilleurs lves“ du monde occidental, la reprsenta tion des femmes au Parlement est de 21,3%, contre 18,2% en France, 16,8% aux EtatsUnis et 9,4% seulement au Japon. Prestation de serment de femmes nouvellement lu au Parlement rwandais devant le prsident du Rwanda Paul Kagame, lors de la crmonie inaugurale de la nouvelle Assemble nationale, le 10 octobre 2003. AFP
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DITION SPCIAL N.S. – DCEMBRE 2009 Nikolaj Nielsen*11 Mots-cls NAFGEM ; mutilations gnitales fminines. Afrique Parmi les femmes qui mnent ce com bat aux cts du NAFGEM, certaines ont, elles-mmes, t victimes de cette pratique alors qu’elles taient enfants. Le rseau s’emploie donc diffuser des infor mations et documenter des cas afin d’essayer de changer les attitudes et de faire disparatre certaines coutumes profondment enracines dans les mentalits. Et pour le NAFGEM, l’ducation joue un rle capital dans la lutte contre l’excision. Beaucoup de femmes vivent dans des zones rurales recules et prouvent des difficults soumettre leur cas. Le petit bureau du NAFGEM, situ au troisime tage d’une petite rue de Moshi, est l’picentre d’un mouvement qui a fait voluer les choses dans le bon sens dans la rgion du Kilimandjaro. Cependant les Masai continu ent obstinment pratiquer des mutilations gnitales fminines (MGF), explique Mme Renju-Ura. “Les Masai ne peuvent tout simplement pas imaginer qu’une des leurs ne soit pas excise. C’est une obligation. Une obligation que les femmes qui n’ont pas t l’cole acceptentâ€, ajoute-elle. Un peu en dehors de Chekimaji, un village nich au pied du Kilimandjaro, une mre et sa fille de la tribu Kamba tiennent bon. Le pre de la jeune fille, un instituteur, est dcd il y a peu de temps, et c’est l’oncle qui rgne prsent sur le mnage. Et celui-ci exige que la femme de son frre dfunt devi enne sa concubine, ce qu’elle refuse. Furieux, l’oncle menace d’arrter de payer les frais de scolarit de Pascalini, actuellement l’cole secondaire Dar-es-Salaam. L’oncle sou haite la marier excise. Or l’excision est l’origine de graves troubles psychologiques et de complications physiques potentiellement mortelles. Selon le NAFGEM, certaines filles sont victimes d’une croissance tissulaire anormale, qui empche le bon fonctionne ment de certains organes. La procdure la plus gnralement utilise consiste en une ablation totale ou partielle du clitoris. Le plan d’action national tanzanien de lutte con tre les MGF (2001-2015) entend s’attaquer ce problme, mais avec peu de succs jusqu’ prsent. Aux termes du code pnal de 1930, la pratique des MGF est pnalise, mais en raison d’une relle passivit quant la mise en application de la loi, cette pratique est finalement tolre. La mre a fait part des menaces de l’oncle auprs des autorits, mais sans rsultat. Sa fille prfrerait se suicider que de subir ces mutilations. Craignant pour la vie de sa fille et ne pouvant compter sur les autorits locales, la mre a envoy une personne du vil lage se renseigner auprs du NAFGEM. Le jour suivant, je rencontre la mre et sa fille, qui tentent de trouver un peu d’ombre sous un arbre. Pascalini ne dit pratiquement rien, et sa mre parle en son nom. “Mes filles dtestent cette pratique infernaleâ€, expliquet-elle. Elle a sept enfants, dont quatre filles. La famille se sent abandonne, victime du mpris de tous les habitants de leur vil lage. “La plupart nous ont tourn le dosâ€, s’attriste-t-elle. Une lettre anonyme a t dpose sur le pas de sa porte, et des men aces ont t profres contre ses enfants. De retour Moshi, Mme Renju-Urasa coute le tmoignage de cette fille qui risque de subir une excision et s’aperoit que ses peurs sont bien tangibles. Une enqute en bonne et due forme est requise, mais les seules personnes la demander sont celles qui comprennent les spcificits de la rgion du Kilimandjaro, savoir les membres du NAFGEM.* Journaliste bas Bruxelles. Combat contre les mutilations gnitales fminines Bassilla Renju-Urasa, coordinatrice excutive du Rseau tanzanien des femmes contre les mutilations gnitales fminines (NAFGEM), explique que mme si l’excision est interdite dans son pays depuis 1998, cette pratique n’en a pas disparu pour autant. “Notre rseau est n parce que la loi n’est pas appliqueâ€, nous dit-elle. “L’excision a de graves consquences psychologiques et peut entraner des complications mdicales potentiellement mortelles.†Reporters/LAIF
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12 > Du chmage une entreprise > prospre – l’histoire de Jennifer > Williams Jennifer Williams, une Jamacaine de 42 ans, a finalement t force de lancer sa propre affaire aprs avoir t licencie de la socit d’alimentation et de distribution o elle tra vaillait depuis six ans comme vendeuse. Elle n’a jamais regard derrire elle. Avec juste quelques sous en poche et de maigres encou ragements, elle a ouvert sa propre boutique de mode, Akira Lyn. Une boutique spcialise dans les maillots de bain et les tenues dcontractes en crochet. “Je fabriquais dj des napperonsâ€, nous confie-t-elle, tmoignant ainsi de son intrt depuis toujours pour la couture et le crochet. “Me lancer ne m’a pas paru spcialement difficile. Je me suis mise crer des vtements et les assembler, et il se trouve que j’ai t satisfaite du rsultat.†Mme Williams, qui a install chez elle son petit atelier, est parvenue se faire connatre en rejoignant le groupe Jamaica Fashion and Apparel Cluster, mis en place par le Jamaica Business Development Centre (JBDC), une agence gouvernementale qui offre des ser vices de gestion et de soutien technique de petites entreprises. Ses crations ont t exposes dans son propre pays, la House of Flava, une maison de mode jamacaine rpu te, mais aussi outre-Atlantique, l’anne der nire, lorsque Jennifer Williams s’est rendue Bruxelles dans le cadre d’une dlgation. Jennifer avait galement intgr l’quipe de crateurs jamacains charge de dessiner les 30 pices de la garde-robe pour le concours de beaut “Miss Jamaica Worldâ€. “Je suis toujours trs heureuse et trs excite de voir mes vtements portsâ€, nous expliquet-elle, rayonnante et fire de faire partir de ce petit cercle de crateurs jamacains. “Et quand un magazine s’intresse mes crations ou lorsque mes vtements sont slectionns pour un shooting, cela me procure toujours normment de plaisir.†Pourtant, Jennifer Williams admet qu’il n’est pas toujours facile de maintenir une entreprise flots : “Il arrive souvent que des gens apprcient mon travail mais qui trouvent mes crations trop coteuses.†> Rcession conomique C arabesVictoria Burbridge*“On met le moteur en marche et on avance !â€Deux femmes d’affaires jamacaines actives dans le secteur de la mode racontent comment une priode de vaches maigres a nourri un ambitieux projet.Top modle jamacaine. Reporters
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Grer une toute jeune entreprise en cette priode actuelle de rcession conomique est parfois difficile, notamment quand il s’agit de runir le capital de dmarrage. Mais, de son enfance difficile, Jennifer a retenu qu’il faut toujours saisir les occasions qui se prsentent, surtout quand les temps sont durs. “La rcession vous prpare un avenir meilleur. Il suffit de considrer chaque obs tacle comme un tremplin, et de toute faon, j’ai l’habitude des rcessionsâ€, explique-telle. Car pour Jennifer, avoir grandi Bull Bay, un quartier pauvre de la paroisse de Saint-Thomas ne l’a pas empche d’avoir de grandes ambitions pour son entreprise. “J’espre partir la conqute de la Chine, de l’Afrique du monde entierâ€, nous ditelle avec le sourire. Et elle espre bien que sa petite-fille, Akira, qui lui a inspir le nom de sa boutique, prenne ensuite la relve. “J’essaie de lui ouvrir la voie, histoire de lui viter tous les problmes que j’ai moi-mme connus pendant ma jeunesseâ€, nous confiet-elle, retenant avec peine les larmes alors qu’elle se rappelle une enfance qui a d tre trs difficile. Et mme si ce n’est pas toujours vident d’assurer la bonne marche des affai res en cette priode de crise conomique, Jennifer Williams estime que c’est une bonne chose de prendre des risques. Son conseil ceux et celles qui souhaitent dmarrer leur entreprise? “Il suffit de mettre le moteur en marche et on avanceâ€, explique-t-elle, “vous devez avoir l’me d’un battant, et ne jamais renoncerâ€. Et si elle n’avait pratiquement plus un sou en poches, elle nous assure qu’elle utiliserait ses derniers cents pour acheter les tissus ncessaires la fabrication d’une de ses crations. “Il faut oser saisir la chanceâ€, telle est sa conviction. > Avoir son propre atelier, voil > le rve de Simone Garden Simone Garden, 36 ans et trois enfants, ambitionne d’ouvrir un jour un atelier de couture et d’employer ainsi plusieurs per sonnes, l’ide tant de crer des vtements dcontracts en coton froiss, dans des colo ris tie and dye brillants et satins. Pour l’ins tant, Simone Garden tente de se crer une niche dans le tout jeune secteur jamacain de la mode. Elle gre une petite boutique de mode Spanish Town, St. Catherine, o elle vend ses propres vtements. Simone Garden, qui a ouvert les portes de sa bouti que il y a tout juste trois ans, explique qu’elle coud depuis ses huit ans. “J’ai commenc par coudre des vtements pour des amis – pas pour de l’argent mais par plaisir. J’aime bien voir les autres porter mes vtementsâ€, nous explique-t-elle, racontant ses premiers coups de ciseaux dans un morceau de tissu. Garden n’a jamais suivi des cours de couture. Son mtier, elle l’a appris sur les genoux de sa mre, couturire, dont la propre mre tait elle-mme couturire et le pre tailleur. “J’ai grandi dans une famille o tout le monde, ma mre, ma grand-mre et mon grand-pre avait sa propre petite affaireâ€, nous explique-t-elle. “Je n’aime pas l’ide de travailler pour autrui ; tre indpendante me plat.†Une fois son diplme d’tudes secon daires en poche, elle a eu envie de dmarrer sa propre entreprise. Sa mre l’a aide en lui achetant une machine coudre, mais quand son entreprise s’est dveloppe, elle a dcid de louer une boutique sur l’une des places en dehors de Spanish Town, capitale de St.Catherine, la plus grande paroisse de Jamaque. > Des crations uniques Sa boutique sur la plaza met pourtant du temps dcoller, d’autant que depuis, nous sommes en pleine rcession conomique. Mais elle parvient s’en sortir en allant la rencontre des clients. “Je m’efforce vraiment de faire preuve de crativit. Mes clients, mme s’ils ne souhaitent pas ache ter au dpart, finissent par faire des achats, sduits par mes crations. Des crations qui sortent de l’ordinaire et aux finitions uniques.†Simone Garden explique que la plupart de ses clients font partie du monde du spectacle – en particulier ceux qui portent ses tenues Dancehall. Ce qui ne l’empche pas de diversifier sa production, avec des tenues dcontractes, des vtements de plage et des vtements pour enfants. Et si elle fait face aux nombreux dfis, c’est grce son amour du travail, qui la porte vritablement. Son rve serait de pouvoir ouvrir son propre atelier et de crer des emplois. “J’aimerais un jour embaucher des artisans talentueux qui m’aideront raliser mes crationsâ€, nous dit-elle quand on l’interroge sur ses plans d’avenir. Ses crations ont galement t exposes dans son propre pays, l’occasion de la Caribbean Fashion Week, un dfil de mode cariben trs connu organis chaque anne en Jamaque, qui met en vitrine les pices de plusieurs crateurs de la rgion. Entre-temps, elle s’est galement fait remar quer outre-mer puisqu’on lui a demand de crer une des pices de la garde-robe pour la “Ms. Jamaica†de l’anne dernire. * Journaliste jamacaine Mots-cls Jennifer Williams ; Simone Garden ; Jamaque ; Jamaica Business Development Centre ; Caribbean Fashion Week. Carabes Je n’aime pas l’ide de travailler pour autrui; tre indpendante me plat DITION SPCIAL N.S. – DCEMBRE 2009 13 Jennifer Williams expose ses uvres, 2009. Victoria Burbridge
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Acclrer la lutte contre la mortalit maternelle14 Un atelier international organis l’initiative de la Commission europenne (CE) et du secrtariat du groupe ACP a fait le point, les 14 et 15 octobre, sur le Programme de sant sexuelle et reproductive financ par l’UE et mis en uvre par le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et la Fdration internationale pour la planification familiale (FIPF). Le programme a bnfici 22 pays ACP* et s’est tal de janvier 2003 octobre 2008. La CE l’avait lanc pour pallier les consquences drama tiques, pour les pays pauvres, de la chute des ressources financires suite la suppres sion par le prsident Bush de la contribution amricaine aux programmes internationaux de planification familiale. Le FNUAP avait estim, en 2002, que si le financement amricain avait t maintenu, il aurait per mis de prvenir 2 millions de grossesses non dsires et par voie de consquence 800.000 avortements, ainsi que plus de 77.000 dcs de nourrissons et d’enfants. Le programme conjoint CE/ACP/FIPF/ FNUAP a permis plus de 1,6 million de personnes de bnficier de services dans le domaine de la sant sexuelle et reproductive et form des milliers de professionnels, tout en aidant les gouvernements ACP laborer et mettre en uvre des politiques dans ce secteur. Au Rwanda, par exemple, des sances de sensibilisation la prvention du VIH/SIDA et la planification familiale ont runi plus de 150.000 personnes ; prs de 10.000 jeunes ont fait un test de dpistage volontaire du VIH ; 1.500 personnes sropositives ont bnfici de mutuelles de sant leur per mettant de se faire soigner et une centaine d’ducateurs pairs ont t forms ; prs de 40.000 habitants ont bnfici de services de planification familiale et de maternit moindre risque. Le reprsentant de la FIPF au Rwanda a rappel, par ailleurs, l’adoption par Kigali d’une loi sanctionnant les auteurs de viols de 25 ans d’emprisonnement, voire la perptuit en cas de transmission de maladies mortelles. Force est nanmoins de constater que la communaut internationale est encore trs loin du 5e Objectif du Millnaire pour le Dveloppement des Nations Unies qui vise rduire de trois quarts la mortalit mater nelle entre 1990 et 2015. Celle-ci dcroitrait d’ peine 1% par an et de tous les OMD, le 5e objectif est sans doute celui qui est le plus la trane. Les participants la confrence ont donc insist sur l’absolue ncessit de renforcer les capacits des professionnels de la sant dans les pays ACP et d’encourager les gouvernements faire de la sant gn sique une des priorits de leurs documents stratgiques de rduction de la pauvret. Les ministres de la sant devraient, l’avenir, avoir leur mot dire lors de l’laboration de ces documents. De leur ct, les donateurs doivent malgr la crise financire, s’engager davantage pour acclrer l’accs universel la sant gnsique et raliser l’tape inter mdiaire de 2010 visant ce que, chaque anne, 35 millions de naissances suppl mentaires soient assistes par du personnel mdical qualifi. L’UE investira 86 millions d’euros d’ici 2015, avec des efforts particuli ers pour impliquer la socit civile des pays ACP et aider les jeunes les plus vulnrables et marginaliss, premiers concerns par les grossesses non dsires. De son cot, la dcision du prsident Obama confirme par le reprsentant des USA la confrence, de reprendre les contributions amricaines au Fonds des Nations Unies pour la population et la Fdration inter nationale pour la planification familiale a t accueillie avec soulagement.* Financement : 32 millions d’euros. Pays : Burkina Faso, Ethiopie, Guine-Bissau, Guine Equatoriale, Ghana, Jamaque, Niger, Rwanda, Suriname, Tanzanie, Congo, Rpublique Dominicaine, Gambie, Hati, Lesotho, Madagascar, Mauritanie, Nigeria, Sierra Leone, Soudan, Tuvalu, Zambie.L A cpAnne-Marie Mouradian Mots-cls Programme de sant sexuelle et reproductive ; VIH ; ACP ; CE ; FNUAP ; FIPF. Aprs le dsengagement, par l’administration Bush, de 34 millions de dollars de fonds en faveur de l’UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la population) en 2003, l’Organisation des Nations Unies a recherch “34 millions d’amis†qui pourraient donner un dollar ou plus. Reporters
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15 La BWPD, est dirige par des personnes de la diaspora. Mme Mbanzendore, prsidente, elle-mme membre de la diaspora est la porte-parole de ses homologues. Nul ne nie le rle des femmes de la diaspora dans le dveloppement du conti nent, dit-elle, “en particulier dans le domaine de la coopration intellectuelle, du transfert de technologies, de l’enseignement et de la sant ainsi que du combat pour la paix et le dveloppement en Afrique.†Dans l’Union europenne et en Afrique, des portes s’ouvrent pour permettre aux femmes d’tablir des contacts avec des dcideurs et d’exprimer leurs opinions grce l’organisa tion rgulire de confrences et de sminaires, dont ceux organiss par la BWPD autour du thme de l’unit, de la jeunesse et du dvelop pement et de la prvention du sida. Ces possibilits sont toutefois autant de dfis. “Ces femmes qui font entendre leur voix ne sont jamais prises au srieux lorsque l’on en vient la mise en uvre de projets en faveur de leur pays d’origineâ€, admet Stphanie Mbanzendore. Trouver un financement de l’UE pour un projet dirig par la diaspora “peut tre trs difficile†et “plus compliqu que dans le cadre de la coopration bilat raleâ€, regrette-t-elle.> Prsence mondiale, impact localComme les membres de la diaspora vivent l’tranger, ils risquent d’oublier les ralits du terrain. C’est prcisment cet gard que les organisations issues de la diaspora peuvent jouer un rle majeur, dit Stphanie Mbanzendore, car elles sont le chanon man quant entre les acteurs dans les pays d’Afri que et le reste du monde. Selon Mme Mbanzendore, les organisations de la diaspora africaine restent constamment informes “grce aux relations de coopra tion tablies avec les organisations prsentes sur le terrain.†C’est essentiel pour la BWPD, qui met en uvre au Burundi divers projets dirigs par des personnes de la diaspora, dont le projet “Social Harmony†( Harmonie sociale ), qui a permis de crer des “comits pour la paix†pour rgler les conflits dans les communauts et a organis des visites pour les anciens rfugis. Dans la province burundaise de Kirundo, les promoteurs de ce projet ont organis des campagnes de sensibilisation pour inciter les femmes se prsenter aux scrutins lectoraux et voter, ont fourni des moulins des groupes de femmes et ont form les enseignants locaux. Leur plus grand accomplissement est la salle polyvalente de la ville de Kirundo, la fois lieu de confrence, bibliothque et cinma, qui sert de point de ralliement aux habitants des provinces du nord du Burundi. La BWPD n’est qu’un exemple parmi tant d’autres d’organisations fminines issues de la diaspora qui font rellement la diffrence dans leur communaut d’origine. Comment faire en sorte que la coopration au dvelop pement inspire de nombreux autres exemples de ce type ? “Nous aimerions que l’expertise des mi grants soit prise au srieux et soit mieux exploite, souligne reconnat Stphanie Mbanzendore. Nous aimerions que les dona teurs et les dcideurs nous consultent avant d’agir, car leur argent est souvent mal utilis. C’est mme la raison pour laquelle l’aide au dveloppement n’a pas encore russi am liorer les conditions de vie en Afrique et a mme eu l’effet inverse.†Dans les arcanes de l’aide internationale au dveloppement, ce sont parfois les projets de petite envergure dirigs par la diaspora qui ont l’impact le plus fort, le plus sensible et le plus direct sur la vie des pauvres, affirme Mme Mbanzendore. C’est pourquoi il est “urgent de revoir†les systmes actuels de financement et pourquoi “il faut adapter les projets si les institutions financires veulent rellement amliorer les conditions de vie des Africainsâ€, ajoute-t-elle.Pour plus d’informations, il convient de consulter le site www.burundesevrouwenvoorvrede.nl [en nerlandais]. D iasporaLa diaspora africaine est de plus en plus reconnue pour son rle de premier plan au service du dveloppement, pour son argent, ses investissements trangers directs, ses transferts de technologie et de savoir et ses contributions politiques positives qui sont autant de bienfaits pour les pays d’origine. Les femmes de la diaspora africaine montent au front, mais des politiques mieux cibles s’imposent, selon Stphanie Mbanzendore, prsidente de la BWPD (Burundian Women for Peace and Development Femmes burundaises pour la paix et le dveloppement). L’action des femmes de la diaspora africaineOkechukwu Romano UmeloL Mots-clsStphanie Mbanzendore ; Femmes africaines ; Diaspora ; Burundi ; Femmes burundaises pour la paix et le dveloppement. DITION SPCIAL N.S. – DCEMBRE 2009 Paysage du Burundi. Jean-Claude Ernst/LUXPRESS
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16 L’tude de l’art africain tradition nel montre que cette diffrence influence la production artistique des socits. Le Muse Dapper* a rcemment accueilli deux expositions sur ce thme : Femmes dans les arts d’Afrique (octobre 2008-juillet 2009) et L’art d’tre un homme – Afrique, Ocanie (15 octo bre 2009-11 juillet 2010). Le collectionneur Fabrizio Corsi a galement conu sur ce thme des expositions didactiques. Les femmes ne sont pas seulement des figures cls des socits africaines, elles jouent aussi un rle important dans les lgendes. Une importance que les artistes masculins tradui sent dans leur reprsentation de la femme. L’homme contrle aussi la religion et est habi lit crer les images “religieuses†(statues et masques). Les organes sexuels sont mis en valeur, ce qui tmoigne de l’inclination naturelle procrer des anctres d’une com munaut. En attestent notamment les extraor dinaires masques corporels en bois. Le ventre d’une femme enceinte est glorifi par un cer tain nombre de groupes ethniques, comme les Baoul, les Yoruba et les Makonde. Lorsqu’un tre humain n’a pas de descendance, le cycle de vie de son existence apparat vain et c’est pour cette raison que l’infertilit est consid re comme la pire disgrce. Un thme commun maille la grande diver sit des formes et des traditions artistiques du continent africain : la clbration des diffrents cycles et ges de la vie. L’art exalte particulirement le rle de la femme en tant qu’pouse et mre, ainsi que des lments de la beaut et de la sensualit, comme les sacrifices rituels, les coiffures sophistiques, les plis de graisse au niveau du cou et les peti tes bouches, etc. L’art vnre galement la relation de couple, la femme tant ici repr sente comme le contraire de l’homme. N’oublions cependant pas de mentionner les uvres cres par les femmes, mme si ces dernires se limitent ce qu’on appelle les “arts appliqusâ€, malheureusement consid rs comme des arts mineurs par les critiques d’art du XVIIIe sicle. Dans le domaine de l’art, leurs crations fminines couvrent essentiellement les domaines suivants : pein tures murales extrieures et intrieures, rci pients en terre cuite, pyrogravure sur cale basse et peinture sur tissu. Il s’agit toujours de crations ralises avec des hommes ou en partenariat avec d’autres femmes. Mme dans ce domaine, on retrou ve l’expression de l’esprit de coopration caractristique des femmes africaines, qui ont naturellement tendance crer des rela tions humaines harmonieuses dans toutes les manifestations de la vie. L’art fminin, iden tifiable par l’utilisation de formes linaires et gomtriques, joue galement un rle cl en ce sens qu’il influence l’ducation des jeu nes et le langage visuel du groupe ethnique auquel les femmes appartiennent. Et quand les hommes utilisent des mat riaux durs comme le bois, la pierre, l’ivoire et le mtal et que la sculpture est leur mode d’expression artistique privilgi, les femmes se consacrent davantage la dcoration des espaces communs du village et de la maison. Il s’agit ds lors d’une forme d’art public, qui utilise exclusivement des matriaux malla bles et fluides, comme la terre, les pigments, l’eau et les fibres vgtales. * Le Muse Dapper est situ Paris (France). Site Internet : www.dapper.comDans les tudes de genre, le terme “genre†fait rfrence la construction et la reprsentation sociale et culturelle, ainsi qu’ la motivation comportementale l’origine des caractristiques dites masculines et fminines. Les identits de genre dpassent les diffrences sexuelles. Elles sont faonnes et influences par divers aspects de la vie culturelle des populations. Il importe que les femmes prennent davantage conscience de la nature culturelle de ces diffrences car il en va de leur propre dveloppement futur et de celui des socits.La diffrence de genre dans l’art africain A rtSandra FedericiStatuette dege dyinge reprsentant le “couple de jumeaux primordiauxâ€. Bois, mtal et pigments, hauteur : 66 cm, Muse Dapper, Paris, Inv. N 2617. Muse Dapper/photo Hughes DuboisMasque de ventre. Bois, perles et pigments, Hauteur : 58 cm, Muse Dapper, Paris, Inv. n 0717. Muse Dapper/photo Hughes Dubois
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et pays de l’Union Europenne CARABES Antigua et Barbuda Bahamas Barbade Belize Cuba Dominique Grenade Guyane Hati Jamaque Rpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint Vincent et les Grenadines Suriname Trinit et Tobago PACIFIQUE Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats Fdraux de Micronsie Nauru Niue Palau Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu AFRIQUE Afrique du Sud Angola Bnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert Comores Congo Cte d’Ivoire Djibouti Erythre Ethiopie Gabon Gambie Ghan Guine Guine Bissau Guine Equatoriale Kenya Lesotho Libria Madagascar Malawi Mali Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigeria Ouganda Rpublique Centrafricaine Rpublique Dmocratique du Congo Rwanda Sao Tom et Principe Sngal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Zambie Zimbabwe UNION EUROPENNE Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France Grce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne Portugal Royaume-Uni Roumanie Slovaquie Slovnie Sude Les listes de pays publies par Le Courrier ne prjugent pas le statut de ces pays, territoires et dpartements, ni l’volution de ce statut. Le Courrier utilise des cartes de diverses origines. Cette reproduction n’implique la reconnaissance d’aucune frontire particulire ni ne prjuge le statut d’aucun Etat ou territoire.
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Ne peut tre vendu KQ-AH-09-001-FR-C ISSN 1784-6803 SommaireLE COURRIER, EDITION SPECIALE NOUVELLE SERIE (N.S)EDITORIAL 1 DE PKIN NOS JOURS 2 UE 6 AFRIQUE 8 CARABES 12 ACP 14 DIASPORA 15 ART 16 Ne peut tre vendu KQ-AH-09-001-FR-C ISSN 1784-6803
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