Citation
Courrier (French)

Material Information

Title:
Courrier (French)
Place of Publication:
Brussels, Belgium
Publisher:
Hegel Goutier
Publication Date:
Copyright Date:
2009
Language:
English
French
Portuguese
Spanish

Subjects

Genre:
serial ( sobekcm )

Record Information

Source Institution:
University of Florida
Holding Location:
University of Florida
Rights Management:
All applicable rights reserved by the source institution and holding location.

UFDC Membership

Aggregations:
Caribbean Newspapers, dLOC
University of Florida

Downloads

This item has the following downloads:


Full Text




















luinqe i irei
Grenader I RenaissancfI IL i


ipide ap .1 -detrq t1o








LE

COURIER
LE MAGAZINE DES RELATIONS ET COOPRATIONS
AFRIQUE CARABES PACIFIQUE
ET UNION EUROPENNE


Conseil Editorial
Co-prsidents
Sir John Kaputin
Secrtaire gnral
Secretariat du Groupe des Etats ACP
www.acp.int
M. Stefano Manservisi
Directeur-Gnral DG Dveloppement
ec.europa.eu/development/

Rdaction
Directeur et Rdacteur en chef
Hegel Goutier

Collaborateurs
Fanois Misser (Assistant Rdacteur en chef),
Debra Percival

Assistant Editorial et Production
Joshua Massarenti

A particip ce numro
Marie-Martine Buckens


Relations publiques et Coordination artistique
Relations publiques
Andrea Marchesini Reggiani
(Responsable Relations publiques et rseaux ONG et experts)
Joan Ruiz Valero
(Responsable Networking avec les institutions UE et nationals)


ENQE-IHOR


Coordination artistique
Sandra Federici

Concepteur Graphique, Maquette
Orazio Metello Orsini
Arketipa

Gestionnaire de contract
Claudia Rechten
Tracey D'Afters









Contact
Le Courrier
45, Rue de Trves
1040 Bruxelles
Belgique (EU)
info@acp-eucourierinfo
www.acp-eucourier.info
Tel :+32 2 2374392
Fax :+32 2 2801406

Public tous les deux mois en franais, anglais, espagnol et portugais
Pour toute information concernant l'abonnement, veuillez consulter notre site web
www.acp-eucourier.info ou contacter info@acp-eucourier.info
Editeur responsible
Hegel Goutier
Consortium
Gopa-Cartermill Grand Angle Lai-momo
Le Secretariat ACP et l'Union europenne, membres du Conseil Editorial de la revue,
dclinent toute responsabilit quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier.
Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles crits
par les rdacteurs extrieurs l'quipe de rdaction et par tout rdacteur invit.


notre partenaire

priuilgi

ESPflCE SE1GHOR

L Espace Senghor est un centre
qui assure la promotion d'ar-
tistes venus des pays d'Afrique,
Carabes et Pacifique et l'change
cultural entire communauts, au
travers de programmes varis
allant des arts scniques, de la
musique, du cinma, la tenue de
conferences. S'y rencontrent bel-
ges, immigrs d'origine diverse,
fonctionnaires europens.

Espace Senghor
Centre cultural d'Etterbeek
Brussels, Belgium
espace.senghor@chello.be
www.senghor.be





Les vignettes et illustrations satiri-
ques prsentes dans ce numro
(pp. 3, 9, 18, 25, 26 et 27) ont t rali-
ses par des dessinateurs humoristi-
ques europens et africains invits
reprsenter la Charte des droits fonda-
mentaux de l'Union europenne pour le
project Manifesta! (www.manifestapro-
ject.eu), ralis par association Africa
e Mediterraneo.


L








L E N. 11 N.S. -MAI JUIN 2009







COURIER

LE MAGAZINE DES RELATIONS ET COOPRATIONS AFRIQUE CARABES PACIFIQUE ET UNION EUROPENNE



Sommaire
LE COURIER, N. Il NOUVELLE SERIES (N.S)


EDITORIAL
SANS DTOUR
Glynis Roberts : une figure phare pour les femmes...
et les hommes

TOUR D'HORIZON
DOSSIER
Le sport et les bailleurs de fonds
"International Inspiration" : 12 millions d'enfants
bnficiaires dans 20 pays d'ici 2012
Une Coupe du monde qui pourrait transformer
l'Afrique du Sud
Le sport au service du dveloppement pour les
Nations Unies
La Jamaque, reine de l'athltisme
Coup d'envoi pour l'unit Sports de la CE au service
du dveloppement
Le pouvoir du sport
INTERACTIONS
L'envers des measures du G20...
Pour des pays ACP: la facility alimentaire"
Reduction de l'aide : des ONG tirent
la sonnette d'alarme
L'Assemble ACP-UE tance le G20
Le dmantlement des Antilles nerlandaises
ACP-Commonwealth : enforcement des liens
ZOOM
Un homme aux multiples facettes. Tobie Cronje
COMMERCE
Plus de flexibility, rclament les dputs ACP-UE
Accord commercial avec l'UE: l'"Amrique" du
continent africain fait de la resistance
DE LA TERRE
Pour une justice climatique


3 REPORTAGE
Dominique/Grenade
La Dominique. Passion de la nature et pari sur l'humain 34
4 Soutenir la croissance dans l'attente de vents favorables 37
Psychologie 38
L'opposition souhaite plus de transparence de la part
du gouvernement 39
Aide de l'UE. Rcompense la bonne governance 40
Dcouverte. Toutes les beauts d'un pays visiter pied 41
Surprenante Grenade 43
13 Ne pas mettre tous les ceufs dans le mme panier 45
Crise financire. Sauver l'emploi 46
15 Authentic Caribbean. Trait d'esprit 46
16 Les pertes en investissements critiques par
l'opposition 47
17 Coopration. Un pari sur les choix de La Grenade 48
18 Dcouverte. Une Grenade rutilante 48
Art. Heart Attack 50

20 DCOUVRIR L'EUROPE
Stockholm. Le paradoxe sudois
22
Un modle d'ouverture 52
23 Migration: une sensibility toute sudoise 53
24 Journes du dveloppement 2009 54
25 L'innovation tout prix 55
26 Qu'elle est verte ma ville 56
Hammarby Sjostad, laboratoire de la ville durable 57
28 Ombres et Lumires 58
CRATIVIT

S0 Editeurs africains. Runis pour tre visible 58
Tourisme cultural et cotourisme en Afrique :
31 la panace ? 60
L'Afrique la rencontre du blues 62

32 AUX PLUS JEUNES
Sport et dveloppement 63

LA PAROLE AUX LECTEURS/CALENDRIER 64



























S.?
'

-i


L. t.

r,..-'a
'4i[:


uvre de Hemerson Andrianetrazafy
Artiste-Plasticien malgache, Historien de l'art l'Universit
d'Antananarivo. Marie-Martine Buckens
Incrustation: Nathalie Murphy, directrice executive de la
branch dominicaine de I'ONG "Channel Cross Disability", 2009.
Hegel Goutier







editorial


uand on lui demand ce qui a change dans
sa vie, tout son visage s'illumine et se pare
d'un sourire radieux qui donne ses yeux
clos un regard tout neuf. "Toute ma vie est
nouvelle." Et la beauty, la joie qui ma-
nent d'elle sont un cadeau pour autrui. Nathalie Murphy
est aveugle l'adolescence d'une ccit partielle ds la
naissance qui a empir.

Elle est directrice executive de la branch de la Dominique
de long "Channel Cross Disability". Ce qui a change
sa vie est un project d'apprentissage aux technologies de
l'information et de la communication lanc il y a cinq
ans et qui a bnfici de subventions diverse don't cel-
les de l'Union Europenne. Depuis qu'elle peut utiliser
Internet grce des ordinateurs adapts et un logiciel
special, "Job activation with speech" (JAWS). "C'est
tout mon quotidien qui a change. Parfaitement Avant,
je dpendais de quelqu'un. Aujourd'hui, je fais tout par
moi-mme. Mon Dieu Cette nouvelle vie est vraiment
formidable. "

Et le plus impressionnant n'est pas le bonheur de
Nathalie mais celui qu'elle communique, qu'elle offre
qui l'approche. Une question entire autres : que vaut
dans les paramtres conomiques existants cette aide qui
a permis le rayonnement d'un tre ? La rponse cette
question devrait tre au moins implicite dans les conclu-
sions du G20 que Le Courrier couvre dans ce numro,
G20 qui s'est fix entire autres objectifs la formulation de
nouveaux indicateurs de dveloppement. Patience.

La Dominique, objet de l'un de nos reportages, en
bonne place dans la moiti suprieure du classement
du dveloppement human du PNUD, est l'un des pays
avec le plus de centenaires ; avec une esprance de vie
relativement leve et surtout gale pour les riches et les
pauvres. En toute logique, c'est un signe d'quit social
et de dveloppement. Mais pour le PIB ?


Parmi les nombreux arguments auxquels a recours Jean
Gadrey pour contester au PIB sa quality d'indicateur "de
progrs", il y en a un special sinon spcieux : le sexe du
PIB serait masculin. D'abord, lors de son adoption dans
les annes 30, c'tait un choix d'hommes. Ensuite, il ne
prenait en compete que la richesse et la puissance car son
objectif central tait, selon Franois Fourquet, de donner
aux gouvernements une ide des resources mobilisables
en cas de guerre. Enfin, la production domestique de
biens comme la reparation d'un garage y a t intgre -
mme tard -, celui des services domestiques, pas. Autant
dire que le bricolage des hommes est inclus et le travail
des femmes la maison, non.

La Sude qui fait l'objet de Dcouverte Rgions d'Euro-
pe dans ce numro 11 du Courrier, a peut-tre quelques
leons donner tant sur le plan de la place de la femme
depuis les Vikings que sur l'attention accorde aux ser-
vices non marchands. Comme elle a des leons donner
sur la lutte contre les changements climatiques, l'instar
de plusieurs pays pauvres, d'Afrique notamment, si l'on
en croit des spcialistes travaillant sur le terrain comme
ceux de long Misereor d'Allemagne travaillant dans
plusieurs pays d'Afrique, et qui rclament une meilleure
"justice climatique". Information qui tombe pic avant
la prochaine Convention de l'ONU sur cette question
Copenhague. Mais les populations de ces pays pauvres
n'ont fait que des adaptations dans leur mode de vie et
leur rapport l'environnement, qui n'ont probablement
aucune valeur dans le PIB de leur pays !

Hegel Goutier
Rdacteur-en-chef


Lecture conseille :
Jean Gadrey, "Nouveaux indicateurs de richesse" (deux livres) La
Dcouverte, coll. Repres 2009.
Jean Gadrey, "En finir avec les ingalits" (Mango, 2006).
Franois Fourquet, "Les competes de la puissance", public en 1980.
Franoise Hritier, "Masculin/Fminin II", Odile Jacob, 2002


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009

































S'j
r- t]^ .. ,

p7 r TJIfnrFr


Glynis Roberts est Ministre de l'Emploi, du Dveloppement social et de l'Egalit entire Hommes et Femmes
au sein du gouvernement dirig par le Congrs dmocratique national (au pouvoir depuis de nombreuses
annes) de La Grenade, pays de la Caraibe Orientale. Sa carrire a dmarr au bureau de la Commission
europeenne de La Grenade. Connue pour sa determination, elle nous fait part de ses pistes pour pro-
mouvoir la participation des femmes la politique dans les Caraibes. Elle encourage actuellement la
creation d'une "Association des femmes politiques caribennes" en vue de favoriser les carrires de cel-
les-ci, l'image d'minentes figures comme Eugenia Charles, premiere femme Premier ministry d'un pays
de la Caraibe, la Dominique (1980-1995) ou de l'ex-Premier ministry jamaicain, Mme Portia Simpson-
Miller (2006-2007).


mes peuvent se sentir bien ?

La Grenade est un pays agrable pour
tout le monde, mais il existe des problmatiques
spcifiquement fminines, qui ne sont pas l'apa-
nage de notre le. Nous connaissons des problmes
auxquels doivent faire face les femmes du monde
entier. Nous sommes profondment proccups
par la violence l'gard des femmes et nous tenons
aussi les aider devenir des actrices part entire
du dveloppement. Il y a des freins majeurs ici ; la
peur du changement et la peur de nous exprimer.
Nous vivons encore et toujours dans un monde
d'hommes o les hommes pensent que les femmes
doivent tre prsentes... mais jusqu' un certain
point seulement. Je veux favoriser le changement
pour les femmes car selon moi, si j'y suis arri-
ve, tout le monde peut y arriver. Pour assurer le
dveloppement, nous devons agir collectivement,
car nous avons tous quelque chose de different
apporter les hommes comme les femmes.


Partout ou presque, les femmes parviennent
accder des posters cls, mais le sommet de la
hirarchie est toujours rserv aux homes.

En tant que femmes, nous acceptons parfois
d'tre instrumentalises et exclues par les hom-
mes, voire par des femmes. Je peux utiliser mon
propre vcu et mon experience pour encourager
les femmes grimper l'chelle social, mais il
faut veiller ce que cela se fasse dans le respect
mutuel. Les femmes doivent s'lever sociale-
ment car si vous ne vous faites pas vous-mme
confiance, personnel ne le fera.

Pensez-vous que les femmes occupant des posters
de haut niveau doivent travailler deux fois plus
pour arriver ce mme niveau que les homes ?

Je ne pense pas que les femmes soient attires
par la politique La Grenade. La politique
reprsente quelque chose d'assez different selon
que vous tes une femme ou un homme ; surtout


pour les femmes qui sont aussi pouses et mres,
car elles doivent trouver le just quilibre entire
leur vie de femme, leur vie d'lue et leur vie
familiale. Les femmes doivent souvent grer
le quotidien. Pour un homme, les choses sont
diffrentes ; s'il part neuf heures le matin et ne
rentre chez lui que le lendemain deux heures
du matin, tout ce qu'il risque, c'est de voir sa
femme lui faire les gros yeux. L'inverse est dif-
ficilement envisageable.

Que pensez-vous de ce qui se fait dans des pays
du Nord de l'Europe, come en Finlande, o
aucune reunion ministrielle ne peut avoir lieu
aprs 17 ou 18 heures et o les homes sont
tenus de prendre un cong de paternity ?

Nous serons peut-tre un jour amens prendre
de telles measures chez nous mais ce jour, deux
femmes seulement sigent la Chambre des
reprsentants : une dans la majority et une dans
l'opposition. Ce n'est gure mieux au Snat,


CURRIER







Sans dtour


o il n'y a que trois femmes. Nous allons donc
devoir travailler ensemble pour prendre des
measures qui nous concement. D'une manire
gnrale, j'encourage les femmes participer
au processus de prise de decision c'est une
ncessit. Il faut apporter tous les niveaux une
touche feminine.

Comment pouvez-vous atteindre cet objectif ?

Nous devons davantage donner la priority aux
families. Elles sont la base du enforcement
des communauts et des nations. Nous devons
mettre en uvre une approche collective et nous
atteler agir pour les families, non seulement
au niveau du gouvernement mais aussi en tra-
vaillant avec les glises et les ONG.
Il n'est pas rare qu'une personnel soit victim de
maltraitances : elle sera maltraite une fois, deux
fois, mais elle reviendra toujours chez son bour-
reau et aura un enfant avec lui. C'est une sorte de
cercle vicieux qui maintient ces personnel dans


une situation de pauvret. Comment se librer
des chanes de la maltraitance et de la pauvret ?
Lutter contre ce phnomne ne relve pas seu-
lement de la responsabilit des glises ou du
gouvernement. Les femmes doivent apprendre
s'assumer. Le plus grand problme de l'tre
human est sa peur de la deception et de l'chec.
C'est aussi la plus grande crainte de toute per-
sonne qui se lance dans la politique : "Que se
passera-t-il si j'choue ?" Nous restons convain-
cus que certaines functions sont rserves aux
personnel appartenant une certain catgorie
social. Nous prtendons nous tre librs du
pouvoir colonial mais nous nous mettons nous-
mmes des chanes car nous ne savons pas nous
affirmer. Je veux servir de guide ces femmes
qui se sentent exclues. En tant que femme issue
d'une communaut rurale pauvre, qui a souffert
de la faim l'cole et qui n'a pas fait d'tudes
universitaires, en tant que mre et femme, je suis
reste chaque instant dtermine et volontaire.
Je ne pretends pas que toute le monde ait cette


force de caractre mais je suis convaincue que
si nous creusons l'intrieur de nous-mmes,
nous dcouvrirons cette force intrieure qui nous
fera agir.

Votre ministre prvoit-il des programmes pour
permettre aux femmes de se prendre en main ?

Nous avons mis en uvre un certain nombre de
programmes, par example un programme natio-
nal ax sur la parentalit qui associe parents,
glises et centres communautaires afin d'appren-
dre aux adults prendre soin de leurs enfants.
Car c'est l le principal problme La Grenade.
Nous sommes confronts un cycle de violence
car les enfants sont tmoins des maltraitances
faites leur mre. Comme toujours lorsqu'une
initiative implique un financement et des cots,
cela prendra du temps. Vous devez savoir que
les habitants de Grenade souffrent aujourd'hui
d'un "syndrome de dpendance" ; nous devons
d'abord librer les citoyens et leur rapprendre
prendre les decisions qui les concernent.

Quelles measures ont t prises pour mettre fin
la violence l'gard des femmes ?

A La Grenade, nous disposons d'une loi, d'une
ligne d'assistance tlphonique et d'un foyer
pour femmes. Le principal problme, c'est que
les coupables ne sont pas toujours traduits en
justice on ne peut pas forcer une femme
porter plainte. Dans de nombreux cas, les victi-
mes des femmes et des enfants ne souhaitent
pas introduire une action en justice. Nous nous
apprtons une rforme au sein de l'Organisa-
tion des Etats de la Carabe Orientale et mettre
en place notre propre Tribunal des affaires fami-
liales, devant lequel de telles affaires pourraient
tre juges, en dehors du systme judiciaire.
Un tel tribunal offrirait un cadre different, plus
dtendu mais avec toujours le mme objectif :
punir les coupables de leurs actes.

La socit civil participe-t-elle de manire
dynamique l'agenda de l'galit entire les
homes et les femmes ?

L'Organisation des femmes de Grenade est trs
active, elle met en uvre des activits de lobbying
et gre des programmes communautaires
pour aider les femmes victims de violence
domestiques. Notre pays compete un nombre
important d'associations paroissiales et autres :
des groups contre le cancer, des organismes
communautaires et des industries artisanales
familiales, mais il faut aller encore plus loin pour
apporter aux hommes comme aux femmes des
avantages propres une socit quilibre.
H.G. M





lots-cls
Glynis Roberts; Carabe ; La Grenade;
genre ; travail; dveloppement social


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009


































LES fCP "sacrifis sur l'autel


du libralisme"

En accordant une nouvelle baisse des droits de douane aux importations latino-amri-
caines de bananes, "la Commission europenne sacrifice le dveloppement au profit de
la libralisation du commerce", a dclar, le 6 avril Bruxelles, Gerhard Hiwat, ambas-
sadeur du Suriname et prsidant du group "bananes" des ACP (Afrique, Carabes,
Pacifique). Le 20 mars, les ministres du Commerce de l'Union Africaine avaient eux aussi
condamn la decision de l'Union Europenne, une decision qui risque de frapper de plein
fouet le Cameroun et la Cte d'Ivoire, premiers exportateurs ACP de bananes vers I'UE.


136 euros par tonne d'ici 2011 avec des dispositions permettant
de poursuivre la reduction jusqu' 114 euros l'horizon 2019 -
esprant ainsi rsoudre le litige qui l'oppose depuis des annes
aux pays latino-amricains producteurs de bananes essentiellement
l'Equateur, la Colombie et le Costa Rica. Cette baisse entranerait, selon
une premiere estimation, une perte de revenues d'"au moins 350 millions
d'euros" pour les exportateurs de bananes ACP sur la priode de libra-
lisation (2009-2019), a ajout M. Hiwat. Pour compenser ces pertes, la


Commission aurait propose environ 100 millions d'euros d'aide pour la
priode 2010-2013, montant jug insuffisant par les ACP. Ces derniers ont
rappel leur proposition : des droits rduits 150 euros et gels pendant
une priode de quatre ans, le tout assorti de measures d'accompagnement.
De son ct, l'ambassadeur de la Rpublique Dominicaine, Federico
Alberto Cuello Camilo, a soulign le fait que les droits de douane actuels
n'ont pas empch les exportations des pays latino-amricains d'aug-
menter sur le march europen, faisant ainsi perdre des parts de march
aux exportateurs ACP. L'ambassadeur dominicain a galement mis en


CURRIER






Tour d'horizon


evidence que les productions latino-amricaines taient le fait de multina-
tionales alors que dans les pays ACP, ce sont "des families qui sont le socle
de notre stability politique".
Selon les chiffres de l'Organisation central des producteurs-exportateurs
d'ananas et de bananes (OCAB), la totalit des exportations de bananes
des pays ACP vers l'UE en 2008 (918.376 tonnes) tait infrieure aux
exportations du seul Equateur (environ 1,3 million de tonnes) et trs loin
du total des pays d'Amrique latine (3,9 millions). Les producteurs ACP
de bananes reprsentent ainsi un cinquime des exportations vers l'Union
Europenne. Une proportion qui est reste sensiblement la mme au course
de ces trois dernires annes, alors que les exportations de bananes ont
connu une lente progression. M


111'1


III


1 I:


Le Cameroun est le principal exportateur ACP de bananas
(279.530 tones en 2008), suivi de prs par la Cte d'Ivoire
(216.583 toness, et la Rpublique Dominicaine (170.406 toness.
Ces trois pays ont sign un accord de partenariat conomique
(APE) intrimaire (le cas des pays africains) ou global dans le
cadre du Cariforum, le cas de la Rpublique Dominicaine, ce qui
leur permit d'exporter librement leurs bananas vers PLIE.


:111


-m






^ ....* *. --.
us Tour g n P a


Bisu G




































marche e- le eorte e-----cmm au^ e-enl^ e a e- re s-




en cas de iolation roSfavetidentelH des princpsdmortqe e eBt edot
l'ouvrture deconsultation vcle pra ys concern.lff


> Guine Conakry: incertitudes
autour des intentions des
putschistes


entam avec la Guine des consultations
qui avaient dbouch sur des promesses
de dmocratisation par les autorits de
Conakry. Des missions de suivi sur le terrain
taient prvues jusqu'au 14 avril 2009.
A la suite du coup d'Etat qui a suivi le dcs du
President Lansana Cont, en dcembre 2008, la
junte militaire constitute en Conseil National
pour la Dmocratie et le Dveloppement (CNDD)
a reu un accueil favorable par l'opinion publi-
que guinenne dsireuse de rompre avec le
pass et d'viter une dstabilisation du pays.
Le CNDD n'en a pas moins recouru une prise
de pouvoir par la force, condamne par l'UE,
l'Union Africaine, la CEDEAO (Communaut


conomique des Etats de l'Afrique de l'Ouest),
les Etats-Unis et le Nigeria. La Guine a t
suspendue de l'Union Africaine, de la CEDEAO
et de l'OIF. Par contre, le regime a t salu par
la Libye, le Sngal, la Mauritanie et la Gambie.
La CEDEAO a entam une mediation et l'Union
Africaine, l'ONU, la France et l'UE ont envoy
des missions.
Certains des nouveaux dirigeants sont sincres
quand ils disent qu'ils veulent nettoyer l'Etat
de la corruption du regime Cont, souligne
Richard Moncrieff, directeur du project Afrique
de l'Ouest long International Crisis Group.
Mais d'autres sont accuss de graves violations
des droits de l'homme.
Dans une lettre au president du CNDD, Moussa
Dadis Camara, et au Premier ministry, Kabin
Kamara, l'UE a invit les autorits guinennes
des consultations politiques. A la suite des
consultations qui se sont droules le 29 avril


Bruxelles, les deux parties se sont mises d'accord
sur une feuille de route pour la transition, prci-
sant la tenue d'lections avant la fin de l'anne,
un accord entire toutes les parties (CNDD, gou-
vernement, parties politiques, syndicats, socit
civile, la mise en place d'un Conseil National
de Transition ayant les pouvoirs et prerogatives
d'une assemble constituante et des measures
urgentes en faveur du respect des droits de
l'homme et des liberts fondamentales.

> Cooperation suspendue auec
la mauritanie

A la suite du coup d'Etat du 6 aot 2008 qui
a renvers le president lu de la Rpublique
islamique de Mauritanie, Sidi Ould Cheikh
Abdallahi, l'UE avait engag, le 20 octobre, des
consultations avec les reprsentants de la junte
militaire. Elle les a cltures le 6 avril 2009 sur


CURRIER































































un constat d'chec, les dirigeants mauritaniens
n'ayant pas prsent de garanties suffisantes
pour un retour l'ordre constitutionnel. L'UE a
gel pour deux ans sa cooperation avec ce pays,
l'exception de l'aide humanitaire et de l'appui
direct la population.
Entre temps, la Commission europenne avait
salu, en mars 2009, la decision du Conseil de
paix et de scurit de l'Union Africaine de sanc-
tionner nommment les "gens au pouvoir, civils
et militaires" impliqus dans le coup d'Etat.
L'UE conditionne la reprise graduelle de sa
cooperation une srie de measures prendre par
Nouakchott dans les 24 mois venir.
En cas de solution consensuelle pour une sortie
de crise et d'un cadre lgal permettant la tenue
d'lections prsidentielles libres et transparen-
tes, l'UE dbloquera certain financements don't
celui du project de renouvellement du port min-
ralier de Nouadhibou.


En cas de misee en euvre irreversible" de cette
solution consensuelle, elle pourrait appuyer la
mise en place de la sortie de cruise et l'organi-
sation des elections, poursuivre le programme
d'appui la justice, etc. Elle mettra galement
en euvre tous les programmes prvus sous le 8e
et 9e FED mais pas encore contractualiss.
Seul le retour complete l'ordre constitutionnel
permettra la leve de toutes les restrictions et la
mise en oeuvre de l'intgralit des 156 millions
d'euros du 10e FED.
Le 15 avril, le Gnral Mohamed Ould Abdel
Aziz, chef de lajunte, a dmissionn de l'arme
et de son poste de president du Haut Conseil
d'Etat pour se porter candidate l'lection pr-
sidentielle. Il promet une "Mauritanie nouvelle"
et la "dmocratie authentique". Prvu le 6 juin
mais boycott en principle par ses opposants,
le scrutiny sera suivi de prs par la communaut
international.

> Guine Bissau : uiter le chaos

L'assassinat par des militaires non identifies,
dbut mars 2009, du Prsident Joao Bernardo
Vieira n'a pas t considr comme un coup
d'Etat et la Guine Bissau n'a pas t suspendue
par le Conseil de paix et de scurit de l'Union
Africaine. L'arme a promise de respecter la voie
constitutionnelle et le president de l'Assemble,
Raimundo Pereira, chef de l'Etat par interim, a
60 jours pour organiser le scrutiny prsidentiel.
Reste que le pays est trs unstable, gangren
par la corruption et le traffic de drogue c'est
un point de passage cl de la cocaine sud-am-
ricaine en transit vers l'Europe qui menacent
de saper tout processus de dmocratisation.
L'opposition a rclam la dmission du gouver-


nement qu'il accuse d'tre incapable de contr-
ler l'arme et de faire cesser les agressions par
des militaires.
Le Parlement europen a invit l'UE et la
communaut international, tout en gardant le
pays sous surveillance, poursuivre son aide
et demand le maintien de la mission de la
Politique europenne de scurit et de defense
qui, depuis juin 2008, appuie la rforme du sec-
teur de la scurit. Selon Alioune Tine, president
de long Rencontre Africaine pour la Dfense
des Droits de l'Homme, trs active en Afrique
de l'Ouest, tant qu'il n'y aura pas une rforme
de l'arme en Guine Bissau, en Mauritanie et
en Guine Conakry, on continuera construire
sur du sable. M


lots-cls
Mauritanie ; Guine Conakry; Guine
Bissau ; Joao Bernardo Vieira; Raimundo
Pereira; Alioune Tine ; Mohamed Ould
Abdel Aziz ; Sidi Ould Cheikh Abdalahi;
Lansana Cont.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009

















KA IL O ON








Han **S. *no:














'r,
Le et0.*0

r f-1.

les -0 p.
I 5>


"Lespot ale ouv ir ecagrl od, detosam u 'xlqeprl ItrainlIsiain u osoun


e 0 povi de 0 stmlr le povi d'ni les d'ute pro ri et plu simplment > an- dan ce n o sotprm e poner el

e Ilitrel -e ensdnsuelnu eqesnu nou somm s Oe Or du dveloppmn.
. Os copenn. ce0 dosie su le sotnt qe- Les poiiqe nainae de quelque pay
0. 0 .. o .v Iro ..o
message ~ ~ ~ virn elace rsdn u ts d'c aux fodlsb 0.CP(fiuCri aiiu) o m
afici Neso Mandela. . inan l'ssnc de exiean d'tlie de crte 'q.0" l aoaseNuel un tl a
la capcit du spor initie et . prmuvi le te, .0s plu strct pou l' t de pr .. reltn un iind prtaln udl
0~~O00 ci.. .
delppmet 0 pati de l'stm d so. La da O edmieusot
Cop u od de0 la S I A qui . . . aur l. . ..u0 en Les O G ont trdtonleetlspei- lUio fian U )etpeasrrl
Afiu duSde 00- un prmir pour le res* 0 fiane des intaie spoties reone deopmn du~ spor (e e prpuee



mi du tep fiane de intitie de le Roam-n (ave so intatv spcil daatg le prora me sportifs M
dveoppeen axe su le sprt Un maqu pou les Jeu Olmiqe de 2012 - Londres






























r- P --


mii i rn~


:iur. iii


Fr!. V


IkI


~---


HE M


w. .....:..


,;;;
;;UI
.r~a);-~i~glpl
-*-
i;-r


""International Inspiration" entend tre l'hritage des jeux Olympiques de Londres en

2012. L'objectif est de mettre la disposition de 12 millions d'enfants des infrastructures
d'ducation physique, de sports et de jeux dans 20 pays en dveloppement, parmi les-
quels un certain nombre d'Afrique, Cara'bes et Pacifique (ACP). Debbie Lye, directrice du

programme, explique comment UK Sport le Conseil des Sports du Royaume-Uni mis en
place en 2006 par Charte royale dans le but de promouvoir le dveloppement du sport et

le dveloppement par le sport s'est associ ce programme avec le concours de V'UNICEF
(le Fonds des Nations Unies pour l'enfance) et du British Council.


;~i
il;;


"i~t :
i
a !;


E .........


111M..
m:


.... .. . ..


*'
c.,I
;,


C est l'occasion de la dsignation qui
accueillera les Jeux Olympiques de
2012 que Lord Sebastian Coe, prsi-
'dent du Comit d'organisation de la
ville finalement choisie, a pris l'engagement
de rapprocher les JO de Londres des enfants


du monde entier. Le Department for Culture,
Media and Sport (DCMS) britannique a ensuite
prsid un think-tank afin d'examiner comment
honorer cette promesse, explique Debbie Lye. A
ce jour, le DCMS a dgag 280.000 livres ster-
ling, l'Unicef 1,45 million de livres, la Premier


League 4,2 millions de livres et le British
Council, 2,85 millions de livres.
Le Comit d'organisation londonien des jeux
olympiques et paralympiques (LOCOG London
Organising Committee t -f oh. Olympie and Para
Olympie Games) et l'Association olympique bri-


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009







Dossier ACP Sport pour le dveloppement


gauche : Le sport est combine l'apprentissage de
comptences utiles pour la vie quotidienne. Project finance
par le Sports Council britannique, Brsil. Caldas Leo
droite : Rhabilitation d'installations de sports
et de loisirs, Brsil. Caldas Leo
I / 11


tannique (BOA British Olympic Association),
ont souhait que le programme pilote include un
pays de chacun des cinq continents, reprsen-
ts par les cercles olympiques. Le programme
destiny une premiere srie de cinq pays a t
lanc en octobre 2007 et couvre : l'Azerbad-
jan (Europe)*, le Brsil (Amrique), l'Inde
(Asie), Palau (Ocanie) et la Zambie (Afrique).
L'objectif est d'largir le programme 15 autres
pays. Debbie Lye explique que le choix de ces
pays tient compete la fois de leurs besoins et
de leur capacity existante d'aller de l'avant. Elle
ajoute que UK Sport a pu s'appuyer sur l'exper-
tise de l'UNICEF qui met en uvre des stra-
tgies permanentes de lutte contre la pauvret
axes sur les enfants des pays en dveloppement
- et sur celle du British Council, fort de ses
110 representations dans le monde. L'initiative
"Dreams + Teams" du British Council a form
de jeunes dirigeants sportifs dans les coles ; ils
sont aujourd'hui charges d'organiser des mani-
festations sportives pour les plus jeunes ainsi
que des activits diverse, allant de la commu-
nication via Internet l'annonce de rencontres
sportives, la gestion des calendriers et au mar-
quage des lignes sur les terrains. Un partenariat
d'une porte et d'une quality unique a ainsi vu
le jour avec UK Sport, don't la reputation dans
la gestion des programmes sportifs n'est plus
faire.
"Avec 'International Inspiration', nous voulons
atteindre les dcideurs politiques et les infrastruc-
tures au sein desquelles des activits sportives
peuvent avoir lieu, mais aussi des praticiens,
comme les enseignants et les participants", expli-
que Debbie Lye. Elle voque aussi le travail de
recherche du Professeur Fred Coalter de l'Uni-
versit de Stirling, en Ecosse, qui a dclar que
le sport ne peut promouvoir le dveloppement
que lorsqu'il y a une relle quality sportive. "Il
ne faut pas s'attendre des miracles lorsqu'on
se content de donner un ballon de football
un group de jeunes. Il faut aussi des coach de
quality et savoir comment mettre les principles
du sport au service du dveloppement", prci-
se-t-elle. Et d'ajouter : "Nous avons tendance
exploiter le sport de manire trop simpliste."


> Uisites d'ualuation


Debbie Lye passe ensuite au fonctionnement
concrete du programme. Dans un premier temps,
une visite d'valuation" est organise dans le
pays cibl afin de faire le point sur ses besoins.
"Lorsque nous partons pour une telle visit, nous
savons quelles questions poser et effectuons un
travail pralable de recherche pour nous assurer
de bien comprendre le context et les categories
de besoins. Nous nous asseyons autour d'une
table avec les experts de l'UNICEF et du British
Council et changeons nos connaissances par
rapport aux programmes. Nous rencontrons
ensuite des professionnels et des dcideurs cls
et nous nous demandons tous ensemble en quoi
International Inspiration pourra les aider rali-
ser leurs objectifs. Enfin, nous les encourageons
mettre sur pied un comit de direction pour
prendre le relais une fois notre mission termine.
Les ministres des sports et de l'enseignement
ainsi que les associations olympiques et para-
lympiques des diffrents pays concerns figu-
rent parmi les acteurs cls consultss"
Debbie Lye dcrit le programme en course en
Inde, o l'UNICEF envisage de lancer une
champagne national sur le sport et le jeu afin
de mettre en vitrine le travail d'International
Inspiration, qui doit faciliter la formation d'ac-
teurs communautaires cls et l'amnagement
d'espaces de jeux srs. "Nous ne pouvons bien
sr pas amnager des states comme celui de
Wembley (le stade national britannique) ou un
superbe terrain de cricket, mais il est possible de
s'assurer que la pelouse soit toujours bien ton-
due, que les serpents et les tessons de bouteille
soient bien enlevs, et nous pouvons mettre
la disposition des communauts du matriel
simple comme des paniers de basket ou un filet
de volley-ball." Pour cela, il convient de prvoir,
poursuit-elle, un certain niveau de formation
dans les coles et l'chelon communautaire.
L'UNICEF fait galement connatre le program-
me aux communauts, dans les bidonvilles et les
villages, et prepare du matriel de sensibilisation
dans des langues indignes. "La section indienne
de l'UNICEF prend tellement les choses cour


qu'elle diffuse le programme dans tous les tats
du pays, d'o un effet dmultiplicateur poten-
tiellement norme", se rjouit-elle.
Les programmes pour les cinq pays en sont
maintenant leur dernire anne. Des visits
d'valuation ont eu lieu dans huit autres pays,
et l'ide est de renforcer encore la cooperation
entire les partenaires dans l'avenir. Le travail
de UK Sport s'intgre dans le programme et
le calendrier du British Council ds le premier
jour ; le British Council et l'UNICEF assurent
ds le dpart la coordination dans chaque pays
afin d'assurer une approche global en ce qui
concern le calendrier et la mise en uvre.
Les trois autres pays dj retenus par le
Conseil sont le Mozambique, la Jordanie et le
Bangladesh. Deux autres programmes, l'un au
Ghana et l'autre Trinit et Tobago, doivent
tre lancs la fin de l'anne. L'Afrique du Sud,
la Malaisie et le Nigeria sont galement dans la
premiere phase du processus de planification.
Compte tenu de la crise conomique actuelle,
le financement de la totalit du programme aux
niveaux prvus reprsentera un dfi, explique
Debbie Lye. Toutefois, sur le budget prvu
de 50 millions de livres, 23,9 millions ont
dj t runis, ce qui reprsente une some
impressionnante L'UNICEF organise actuel-
lement la collect de fonds auprs de sources
non gouvernementales, mais les objectifs seront
difficiles atteindre. International Inspiration,
don't la creation a bnfici du soutien du gou-
vernement britannique, est present gre par
une foundation caritative indpendante, l'objectif
tant d'assurer au programme la dynamique et
l'expertise don't il a besoin pour mener bien
son ambitieux project. M

* Dans le cadre du project, l'Azerbadjan est considr comme
faisant parties de la Grande Europe.



mots-cls
International Inspiration; UK Sport;
UNICEF; British Council; Debbie Lye;
LOCOG; Debra Percival.


COURRIER

















































Les gouvernements tentent de lutter contre la crise financire mondiale en pregnant des

measures pour renflouer l'conomie qui retiennent l'attention gnrale. En Afrique du
Sud, les espoirs reposent sur une perspective trs diffrente : la Coupe du monde 2010
de football.


bes de la crise car son systme bancai-

Le pays a chapp la plupart des retom-
re est sain et ne content qu'un trs petit
nombre d'actifs toxiques. Cependant,
le ralentissement de l'conomie mondiale ne
peut pas pargner l'conomie sud-africaine, qui
est fortement mondialise. Durant le dernier
semestre de l'anne dernire, l'conomie du
pays s'est contracte pour la premiere fois en dix
ans. Cette anne, la fabrication a dj chut, de
sorte que le ralentissement devrait se poursuivre
durant le premier trimestre de 2009. Toutefois,
l'ex-Prsident de l'Afrique du Sud, Kgalema
Motlanthe, s'est montr extrmement optimiste
parce qu'un trs grand nombre d'vnements
sportifs de porte international s'achveront
par la Coupe du monde de football de la FIFA,
qui se tiendra dans moins de 18 mois. Ce mois-
ci, la ligue professionnelle indienne a organism
son tournoi en Afrique du Sud aprs les attaques
terrorists qui ont frapp Bombay. La tourne
de l'quipe de rugby des British Lions dbutera
en mai 2009. La Coupe des confdrations de


football de la FIFA sera organise dans le pays
au mois de juin 2009.

Des budgets impressionnants ont t annoncs.
Ils devraient avoir des retombes dans le secteur
du tourism, de l'htellerie, des mdias et en
matire fiscal. Le Ministre adjoint des Sports,
Gert Oosthuizen, estime que la Coupe du monde
de la FIFA devrait rapporter 55,7 milliards de
rands** (soit 6 milliards de dollars), les recettes
fiscales devant atteindre 19,3 milliards de rands.
"La succession de tournois nous a contraints
investor dans les infrastructures. Les inves-
tissements consentis constituent une measure
anticyclique qui nous protgera des consquen-
ces negatives du ralentissement conomique
mondial." Les experts experiment des doutes
quant aux chiffres avancs par M. Oosthuizen.
Certains jugent que les recettes ne devraient pas
dpasser 22 milliards de rands, le gouvemement
pouvant esprer recouvrer 8 milliards de rands
sur une dpense de 15,6 milliards. Ces estima-
tions sont plus proches des sommes payes par


les pays htes l'issue des dernires Coupes
du monde en date, parmi lesquels la Core du
Sud notamment, pays qui est encore en train de
mettre tout en euvre pour rembourser les dettes
contractes pour l'organisation de la Coupe.

> L'esprit d'une nation arc-en-ciel

Les declarations de Kgalema Motlanthe au
sujet des impondrables sont exactes. Depuis
un an environ, la population sud-africaine a
endur sans sourciller des travaux de construc-
tion routire qui voluent un rythme extrme-
ment soutenu parce qu'elle est convaincue que
ceux-ci transformeront l'Afrique du Sud. La
fiert national concern tout particulirement
"Gautrain", un nom qui associe le nom sesotho
de Johannesburg, capital commercial, et le
terme africaans "gou", qui signifie rapide. Ce
nom fait galement allusion au terme dsignant
l'or, "goud", le mtal qui a fait natre la ville il
y a de cela 110 ans. C'est l un example quasi-
parfait de l'esprit de la nation arc-en-ciel selon


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009







Dossier ACP Sport pour le dveloppement



Nelson Mandela, qui englobe l'ordre ancien et
le nouvel ordre dans des projects de rconcilia-
tion. Il va encore nettement au-del. Ce project
extrmement onreux, don't le cot pourrait
atteindre 40 milliards de rands (4,5 milliards
de dollars) signera l'entre de l'Afrique du Sud
dans le XXIe sicle et sonnera le glas d'un des
hritages les plus tenaces du pass, l'Apartheid.
Sous l'ancien parti national, qui a t au pouvoir
entire 1948 et 1994, le pays s'est modernist par
-coups, mais les bnfices de la croissance ont
t la population blanche, laquelle bnficiait
des meilleures conditions de vie au monde.

Paradoxalement, l'Afrique du Sud ne s'est
jamais dote d'un vritable systme de transport.
Alors que ce pays a t un des premiers ins-
taller des tramways au XIXe sicle, ceux-ci ont
t progressivement retirs. Les plans du rseau
ferroviaire souterrain sont rests l'tat de pro-


jet, et des sommes colossales ont t dpenses
pour construire des autoroutes ultramodemes. Le
gouvemement de l'Apartheid a dessin des routes
contournant les ghettos noirs qui se multipliaient.

Sous l'impulsion du Ministre des Finances,
Trevor Manuel, le gouvernement a relev le
dfi et entam la construction du rseau routier
pour tous, riches et pauvres. Par ailleurs, ce
rseau s'est rapidement avr indispensable au
course des dernires annes, dans le cadre de la
lutte contre le changement climatique engage
par le pays. Le transport public s'est impose
comme un problme devant tre rsolu de toute
urgence. Peu aprs l'annonce de la Coupe du
monde, la construction du Gautrain a dbut, il
reliera Johannesburg la capital administrative,
Pretoria, qui se situe 60 km de l; il serpente
travers les faubourgs peupls et dsormais mix-
tes et les ghettos noirs calmes et amnags.


La Coupe du monde a galement servi lancer
un autre rseau indispensable. Il s'agit du rseau
de transport par autocar, Rea Vaya (qui signifie
"nous y allons"), essential au transport des sup-
porters qui devront se dplacer entire les ghettos
et les diffrentes villes accueillant les matches
de la Coupe du monde. Ces deux projects ont
permis de dvoiler la face sombre de la Coupe
du monde, qui assure un bnfice un milieu
international d'affaires relativement restreint. A
la fin du mois de mars 2009, les chauffeurs noirs
de minibus ont entam une premiere grve pour
protester contre le systme de transport par auto-
car. Pendant 50 ans, ils ont assur le transport
des travailleurs noirs qui trouvaient du travail
uniquement dans les quarters blancs. Dans la
priode qui a suivi l'Apartheid, ils ont mont des
entreprises de transport sans l'aide des blancs.
"Nous allons perdre les emplois crs par les
lignes de minibus. Nous n'allons pas permettre
la mise en place de ces rseaux d'autocars", a
dclar Velile Thambe, porte-parole de l'asso-
ciation Alexandra Taxi.

D'autres questions se posent dsormais : dans
quelle measure les recettes de la Coupe du monde
iront-elles aux pauvres? Cinq states flambant
neufs sont en construction, et celui du Cap
devrait coter 3 milliards de rands (350 millions
de dollars). "La construction du stade cote
autant que celle de 60 000 foyers (pauvres), qui
pourraient abriter 300 000 personnel environ
pendant plusieurs dizaines d'annes et non
pas tre utilis deux fois pendant 45 minutes",
explique le professeur Anthony Leiman de la
Cape Town University. L'expression "Clbrer
l'humanit africaine" est le thme de l'ensemble
du project de 2010, mais le succs obtenu en
2006 par l'Allemagne, qui a russi intgrer
le football, l'art et les autres disciplines par le
truchement des projects "piquets du but" est trs
loign des preoccupations de Johannesburg.
Pourtant, les Sud-africains se montrent trs opti-
mistes par rapport 2010. Une enqute ralise
l'anne dernire a montr que l'amlioration
des infrastructures est attendue par prs de neuf
personnel sur dix (soit 87% de la population).
Prs de 88% des personnel interroges se sont
dit fires du fait que l'Afrique du Sud organise
la Coupe du monde, et 83% ont admis que cet
vnement contribuerait amliorer l'image de
marque du pays l'tranger. M

* Hans Pienaar est un journalist bas Johannesburg.
** 1 rand sud-africain = 0,0876 euro (taux du 28 avril 2009).





mots-cls
Afrique du Sud; Coupe du monde 2010;
football; FIFA; dveloppement; conomie;
Trevor Manuel; Kgalema Motlanthe; states.


COURRIER


Ir



























par les Nations Unies. Wilfried Lemke, conseiller special du Secrtaire gnral des Nations
Unies pour "Le sport au service du dveloppement et de la paix", nous parl de sa mission.
Unie pouvoir d sport au service du dveloppement est recdpaix", nous parle de so mission.


Mots-cls
Debra Percival; Nations unies; Wilfried Lenike; OMD.






Dossier ACP Sport pour le dveloppement





La JfmIQUE



reine de l'athltisme

Depuis 1948, la Jamaque a remport 13 mdailles d'or, 27 mdailles d'argent et 21
mdailles de bronze aux Jeux olympiques et 7 mdailles d'or, 29 mdailles d'argent et
30 mdailles de bronze aux Championnats du monde d'athltisme. Patrick Robinson (*),
juge jamacain la Cour pnale international, vante les mrites du modle de son pays,
qui dveloppe les talents athltiques en privilgiant l'autonomie.


Le championnat scolaire (CHAMPS) une competition junior
annuelle fait office de terrain d'entranement et de tremplin
pour les athletes jamacains. Il fait clore les talents depuis prs
d'un sicle, explique Patrick Robinson dans un entretien au
Courier. Dans chaque cole, des entraneurs qualifies prparent les lves
cet vnement prestigieux. "Ma thse est que mme si la Jamaque a un
norme talent natural en athltisme, c'est le systme qui s'est dvelopp
depuis 1910 qui explique les magnifiques performances de nos athletes au
niveau international", explique-t-il.
"Tous les mdaills d'or ont particip au CHAMPS pendant leurs tudes
secondaires. C'est le cas d'Usain Bolt, dtenteur du record du CHAMPS
sur 200 et 400 mtres, avec un temps de 20,25 et de 45,35 seconds res-
pectivement, en 2003. Et de Veronica Campbell, qui dtient le record du
CHAMPS sur 100 mtres avec un temps 11,13 seconds depuis 2001",
s'enorgueillit Robinson. Usain Bolt a t la star de l'athltisme lors des
Jeux olympiques de Pkin, en 2008 : il est le premier russir le double
olympique sur 100 et 200 mtres, qui plus est avec des records mondiaux
sur les deux distances.
"Pour qu'un pays tire vraiment part des investissements dans le sport,
il faut qu'il se dote d'une politique cohrente, dans laquelle le sport fait
parties intgrante du dveloppement national", martle-t-il. Il n'y a pas
meilleur example de la contribution potentielle du sport au dveloppe-
ment que la russite des deux meilleurs entraneurs de Jamaque, Stephen
Francis (coach d'Asafa Powell) et Glen Mills (coach d'Usain Bolt). "Leur
professionnalisme et leurs exploits montrent que les Jamacains peuvent
russir en athltisme au niveau mondial mme s'ils restent en Jamaque
pour s'entraner, sans ressentir la ncessit de partir s'entraner aux Etats-
Unis", explique Robinson.
"La Jamaque bnficie de la russite de ses athletes, car l'excellence,
l'engagement, l'acharnement et l'autonomie qu'ils portent sont source
d'inspiration pour tous les Jamacains. C'est mettre en contrast avec les
images negatives de violence don't les jeunes sont bombards tous les jours
dans les mdias", ajoute-t-il. Les entraneurs et les athletes jamacains sont
au service de l'athltisme dans le monde entier.
Le sport est source de perspectives pour les plus jeunes en matire de for-
mation professionnelle. De plus, le sport vite aux jeunes de trainer dans la
rue et de tomber dans le pige des activits illicites. "Cet example d'auto-
nomie est crucial pour le dveloppement national, il donne tout son sens
l'exhortation de notre hros national, Marcus Garvey, Up, up, you mighty
race ; you can accomplish what you will", explique Robinson. D.P. M
*Auteur de Jamaican Athletics: A modelfor 2012 Olympics and the World, Arcadia Books,
Londres, 2009.


Blots-clds
La Pao i Nll eGuinil e et B le austra'l ien de












Jamalque; Patrick Robinson; Usain Bolt; Veronica Campbell; Stephen
Campbell; Glenn Milns; ClHAMPS; Jeux olympiques; Debra Percival
sprtd lal Pl i e NouvelleGuin qui privilgiai j

l'itesportiveL-sur l'e]spoiitiipour ledvelop-- eme-n. Des subven-





Jamaque; Patrick Robison; Usain Boit; Veronica Campbeno ; Stephen
Campbell; Glenn Mills; CHAMPS; Jeux olympiques; Debra Percival


CURRIER




















































I. IlI Il l .11 I. .I l..i i ll i I II ,I I l .. ri l i il ii i I ll .ii
I ii I. 1 1 Ii iit i l,. I ii i i. Ii 1 d.li h. i. i. Li i I i l l ii ii ii l I t I i ii I l tni
,Ii. 1,l .,liiliilll' I ,I t t ,, i I ',L Il. i P.' ri ij l i' l l l it.l ii t i L ii I
l 1.110 II- l l lu s. =|i l ul | ll 11 1 .II J m.I|ll l l .I j IlJ ..111..11| .. Ir
ii i i i ii. I li f .l i ,t i ,t' ,i'i i i ihii It i t li i .il.i i1 ii[ii. hiii li lltu il ii i ,
I l '. i.iI i Ii '. iii '. i,. d i ll.i l i llt .r iiit L iL \i. il i .l ri. I i, l

IIIII. I I. i lli l [ju 11 1 li. I II ll'l. Ii il i. l i L i,,l j i it l il i L


,i i' Ii.,. i' ii *i..[ '".i i jii 't lii i. I 'i .I1 '.i l i '.[ l p h.'ii .,i '1| i. i '. 1.1
l i ~ Ii i' i. i. i iii I ~ 1 I. i .i Il . i ii".1 l i i i i d i i p l '-i i. ii'di. i 1i i 'i i


.I', i *..i i -. il % ie i .l *i 0. I il | i In i t lii l. .i iii I OiO.' i O *l.
". -.iI Ai. l I l i 1 1 i p. h., I',il tiel. ri1 il il., i l h '

' i .l,.,.I l. II LIt,..I I l.. I h 1. |id IIn iLu i 1. i. .ille I L irr.di ~l 1 IIII, u I,..llll. l -I ,
h. ~.: ,1 I. i in pu '.qirI l l i i. il tp i l L I .Li l I,.i Iip p l 11-t i[ll II [,11


lI I. ..Ji i i. i ...I ` .. I i .. l ,i .ii l l .n 'i.l i i | i l l I!| l i t 1.i r,. .i .i l i, -
*II.. I h . . i .. II4i. 11 O p i. ,I I .1 II i i Ii IIIlI I liO-.


i l.l i i. 1.. .. i.... n l i il l i |.i . I- ii ..I lln 1iii- il l i l J..i i i., ii I. l i. i

LI1 ,.. ..11i ii. I I. . 1.. i .il. 0 I hl i l l i i 0I i l i l l't I illl -
OI ,. ,.,.I. *O i,,l. IL' ILLIIL- IO, 0 ILoI.-



Y[W tIJE DU SUD 200Ii 1 Il

L m mi ssio erI n et [ a,"11 Aot f e r






Eni ron. id 20 patiipnt serot Z OI a ssoi 1 cette [ inititiv Iorg"a-I
nise'dans diffrente capitales d'fiu (Le Ca ire ,] L rags

Johannesburg Raat Daar ibrevl,'le et Maputo).


li l .. ili. I 'il. I.'|. ,il. iiiiIll ill i di'' .i\ ,i l ', 1 .I' I i 1i'l l iIII,. .li li.II
i 1. i i. i r,. l. i i,. iii 'i . i i.i I.lt l i, lil' ]',.i i l il. ii .i i l .1 i I II. '.. h l il
[ i i. . iI I I I.,~i i. l'il. i i '.1 Ii i I I.I . .'i iil ,.i' I ,It Ilu"i l.i
Ii. ,,i _. lii .li . ,.. Iii i ii' '.. i i .i i l . i .I I' .'." .i lh. i .llihiI. *iJ

L I 1 .1 i i

> Deficit de financement


,. i.ii ,.,.ii iii. .h*'l ,i,. ", li 'l i'i .it" i .,i'l. iiti i.ii' [ '.it ,.I.. .i. i ti.i i 'ii'' .'i ii I
.ii li ii i i ii. I . p lt id I' I' il l l i. i i ih i .ii i .i i I l I .i .i. i i l ii i ll
' .Il l'.i '.I l. lil l .i I ll '. i I i ', i 'l.I1. i ...i i. ii.li illl
IIII. l i t. I. I i llll l l i t ill '.. i C. I :'.i',i'i d l.i I j .ti l .., II t illi
I l. l..l. I. ., .I l 1 u.. I l i Im ..llr L I il,, LI I.. lil-
L lti , I ,l l Ihi lh.li- ,. ,. ,,i l*.'. Lp ,, i '.i li I l I,.. .llll ., >'i 1 ,i 'l.|" ',l







lin.Jiic uit'ni' ir pa il tp.ii tli hiam i' ["r' i.iiii i t' iii.iii. 111 iii'
tlIt l.h 'l t' uL l a I 1 y 'tII t tii '> l'tl .l,,r l, I l i ii Si-it'" ih l I i i l .i .ii. '..llll'l




hl t.iil [i n' uu[ilit tup i |l li.iu i'i tt '. iii iiti Iti iii it.i i 'Il.i 'uii t i l' i
Il'"i i' di .il. L i- h i lla il.ii ,l p.l [i p ii i t il[ i 'Ii' i ir I i iL ii ,.1 i, l 1.

t .. i i i i l lr J, I.. ir t 1. I. I. l l I.n il t u llrI. I. i' i.t llni. I ,iu'u rili -
.I ul 1, in.I. .i i i. u il .ili J i I tr [ll .. I
,, ill [ I .iii 1 I- 1 1 ,il h .. i, l I

[i jtLI IIi- 1 tirL lii, pr I- 'I I p. ur i l. 1 il Ieiir, lit -'2i,,Il Ili l hil klaI.I 1[ ..I II lili
II IIi1 Il L i llt.-p Iil ,l ,Jl .I. tl' ',1 ilr l I i-'i.r lll., 1 1 1 i' h l ..I i h. .
IlllJ d, p i rUli l pu I Il l C.illih.lll I ,., 1 L .1ll dIo '' i I J Ll-I.h. L U I" ..il .
Illi', lh Le d In IL l I.lii il I L P ~t. i l l 1 li l I it 1)-,.ill ,., l. lI ,i i,.h i ,I.
i-niliLeliL'nl', put pal:. 1 l, I l 1r J .fr ._- t 1 IL.', II. l IIh .ii
LIL' 1:1 'LIt _' J e 1., 1 -11- l l r, dIII,L\. l 1it il lil L h ,iIl I tl I' III"..ll |,. ,. I"' ,iii
IL lHl rI'ill JIIl' II ill LL pa i hlJi dlh .,h r II, I ,li li h, ,I Iii .. 1,. I .l -
,fl,'p C ILu ll:' LL i. ( 'l 1].1 ploi rlin ,I ,in d u p ,,I ,Lill.,tll I, .I 11, ...lll .. I ,lI..
.Illill ,li cill, 1t IIlle 0 I' ,i ll L .Ill. Lir I Jrirqu, ,h, iii ,1 D .P M


mols-cls
(_,ll (iai \du l (h1n e (le 1. I, I1 \. I. li- lii lel. i"' I IIIl 'r. \li lUtile (ii
'(Id. I. n,%i 1 ,'rnl. Ilhl'ebl l'lert ll


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009




































































C comment le sport peut-il contribuer au
dveloppement social et conomique
des pays en dveloppement?

Je crois que tous ceux qui travaillent dans ce
domaine prennent garde ne pas exagrer
l'importance de ce phnomne, mais le sport a
rellement des qualits spciales qui peuvent
contribuer aux objectifs de dveloppement. Le
sport est un moyen particulirement efficace
de travailler avec les jeunes : ceux-ci aiment le
sport et se reconnaissent dans son image inter-
nationale. Le football est capable d'attirer les
jeunes o que ce soit et, dans ce context, les
jeunes ragissent avec enthousiasme quand on
leur donne l'occasion de participer une acti-
vit. Nous avons vu le sport ramener des jeunes


sur les bancs de l'cole et se rinsrer dans les
structures communautaires, ce qui leur donne
accs diverse possibilits de soutien. Trois
domaines me viennent l'esprit : le sport en tant
que vhicule de l'ducation formelle, le sport en
tant que vhicule des comptences pour la vie
et l'ducation la sant, et le sport en tant que
mcanisme de enforcement de pouvoir pour
les femmes et de remediation aux problmes
d'ingalit entire les hommes et les femmes.
Le domaine qui offre les meilleurs rsultats est
celui du travail de dveloppement personnel par
le sport dans le cas des jeunes femmes. Notre
experience en Afrique et en Inde rvle que le
sport peut tre un mcanisme particulirement
efficace pour le enforcement du pouvoir des
jeunes femmes.


Quels critres faut-il utiliser pour valuer la
contribution du sport au dveloppement cono-
mique et social?

Nous devons voir le sport comme un facteur
favorable et non comme une solution part
entire. L'aspect le plus positif du sport est
qu'il permet d'impliquer des gens qui seraient
difficiles atteindre par d'autres moyens. Une
fois impliques dans une activity, ces person-
nes ont alors accs des measures d'aide qui
leur permettront de maximiser leurs chances
de remdier certaines difficults de leur vie
quotidienne. L'lment apparemment le plus
important est que le sport peut constituer une
base vers des relations constructive avec des
adults dsireux d'aider. En Afrique, nous avons


COURRIER














































Quelle est l'aide la plus effi-
cace que l'on puisse donner
pour promouvoir le sport au
service du dveloppement?


constat quel point les jeunes ragissent dif-
fremment aux adults quand ils voluent dans
un context sportif. De par sa nature ludique et
divertissante, le sport a raison des obstacles car
il favorite des relations moins formelles et plus
ouvertes. Des enseignants de Zambie nous ont
donn des tmoignages trs forts allant dans
ce sens. Selon eux, le fait de pratiquer un sport
avec leurs lves entrane une forme d'interac-
tion compltement diffrente de celle qu'ils ont
avec les mmes lves en classes. Le context
sportif permet aux enseignants de parler aux
jeunes de faon plus directed des sujets impor-
tants en Zambie, le VIH/SIDA en particulier.
De leur ct, les jeunes semblent ragir trs
positivement aux informations transmises dans
un context sportif.


Je dirais que le sport res-
semble d'autres formes de
travail en faveur du dvelop-
pement : les initiatives les
plus efficaces sont cells qui
s'adaptent en totality aux ra-
lits culturelles et pratiques
locales et qui peuvent fire
l'objet d'une appropriation
au niveau local. Si elles pr-
sentent ces deux caractris-
tiques, les initiatives ont des
chances de durer au-del du
financement initial. L'aide
la plus efficace consist
dvelopper des programmes sportifs dans le
cadre d'un partenariat complete avec le pays
bnficiaire.
L'un des cueils viter est l'implantation de
schmas sportifs tout prts qui seraient trop
"occidentaliss". Il est primordial de tenir plei-
nement compete du context cultural dans lequel
les programmes sportifs sont insurer. Cela
signifie qu'il faut adopter des approaches de
partenariat ds la conception des programmes,
sans se limiter leurs phases de mise en oeuvre
et d'excution. De plus, il faut tre conscient
du fait qu'il y a parfois une certain resistance
culturelle l'gard du sport. Dans les commu-
nauts appauvries, o mme les jeunes enfants
sont appels travailler, le sport peut paratre
incongru. Notons bien que, mme dans de telles


circonstances, les programmes sportifs rempor-
tent un franc succs une fois qu'ils sont lancs.

Pensez-vous que les agencies de donateurs man-
quent d'intrt l'gard du financement de
programmes sportifs au service du dveloppe-
ment?

Il s'agit moins d'un manque d'intrt que d'une
ignorance de ce qui est possible grce au sport.
Ds que les organizations concernes ont t
informes des rsultats des recherches dmon-
trant le grand potential du sport, il est frequent
qu'elles adoptent le concept dans son ensemble
et qu'elles tiennent l'utiliser au mme titre que
leurs autres instruments de dveloppement. Les
chercheurs et les agencies dans le domaine du
sport ont un rle en sensibilisant les agencies de
donateurs au fait que le sport peut promouvoir
trs efficacement leurs activits essentielles
en encourageant l'ducation, en appuyant les
programmes de sant et en enseignant des
comptences utiles pour la vie. Le sport a aussi
une valeur intrinsque en tant qu'activit diver-
tissante pour les enfants et les jeunes des com-
munauts appauvries, souvent privs des autres
formes de jeu et d'amusement. Tous ces aspects
sont apprcis par les agencies de donateurs. En
tant que chercheurs, nous devons faire en sorte
que ces acteurs du dveloppement comprennent
mieux comment le sport favorite ces valeurs
positives. D.P. M

lots-cls
Sport ; Tess Kaye ; Institute of Youth
Sport ; Universit de Loughborough ; Inde;
Brsil; Debra Percival


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009































































Paquet du 620: quelles measures ?


met du G20 (Groupe des 20)* organism
Londres le 2 avril, que l'accord des
20 pour la reliance conomique mon-
diale tait dissqu. Des groups de rflexion et
des organizations non gouvernementales (ONG)
de premier plan ont fait une mise en garde car,
selon elles, pour viter une pauprisation encore
plus important des populations, notamment dans
les pays en dveloppement, le G20 doit present
tenir les promesses inscrites dans le plan global
international pour la reliance et la rforme.
"Voici venu le jour o le monde se runit pour


lutter contre la recession mondiale, non pas avec
des mots, mais avec un plan pour la reliance et
la rforme mondiales, assorti d'un calendrier
prcis", a dclar le Premier ministry britanni-
que Gordon Brown, qui a accueilli ce sommet
organism l'Excel Centre Londres. Un paquet
initial de 1.100 milliards de dollars pour rtablir
la croissance et crer des emplois a t adopt.
Il comporte un supplement de 500 milliards de
dollars pour le Fond Montaire International
(FMI), 250 milliards de dollars de droits de
tirage spciaux ** (pour tous les membres du
FMI), une envelope de 250 milliards de dollars


- sur deux ans pour soutenir le commerce,
ainsi qu'une autre envelope de 100 milliards
de dollars de prts supplmentaires des banques
multilatrales de dveloppement.
Seul Africain convi la table du G20, Kgalema
Motlanthe, l'ancien Prsident de l'Afrique du
Sud, s'est dclar "plutt satisfait" de l'issue
de la reunion, notamment de l'"engagement
faire en sorte que les pays en dveloppement
bnficient d'un financement, en particulier
pour les infrastructures". Le Prsident amricain
Barack Obama a dclar que l'vnement avait
pris "des measures sans prcdent pour restaurer


COURRIER







G20 Interactions


institutions financires pour surmonter cette
crise et en empcher d'autres, promouvoir le
commercial mondial et l'investissement, rejeter
le protectionnisme et soutenir la prosprit.
S'agissant du systme bancaire international,
les chefs d'Etat et de gouvernement se sont
galement engags respecter les principles
suivants : ramener le systme bancaire occulte,
y compris les fonds spculatifs, dans les filets de
la regulation mondiale, crer de nouvelles nor-
mes comptables internationales, rglementer les
agencies de notation des metteurs et mettre fin
aux paradise fiscaux qui refusent de transmettre
les informations qui leur sont demandes.

> De l'argent frais ?

Dans un document public aprs le sommet, Martin
Kohr de South Centre, un group de rflexion sur
la politique de dveloppement, a prcis que
les fonds promise ne relevaient pas totalement
de nouvelles affectations. "Certaines enveloppes
avaient dj t dcides bien avant le sommet,
tandis que certain engagements refltent davan-
tage des intentions qu'une affectation concrete."
Le G20 s'est engag octroyer des prts au
FMI. Ds lors, les recycler sous forme de prts
aux pays touchs par la cruise et don't les reserves
trangres s'puisent risque de compromettre la
capacity du FMI surveiller et discipliner les
pays qui octroient des prts, explique M. Kohr,
qui demand une rforme du FMI.
Qui plus est, les 250 milliards de dollars de droits
de tirage spciaux qui ont t promise doivent


la croissance et viter qu'une crise telle que
celle que nous connaissons aujourd'hui ne se
reproduise". Le Prsident de l'Union Africaine
(UA) Jean Ping et le Premier ministry thiopien
Meles Zenawi, qui reprsentaient le Nouveau
partenariat pour le dveloppement de l'Afrique,
avaient tous deux t invits au sommet.
Le G20 a pris une srie d'engagements d'ordre
gnral, parmi lesquels : rtablir la confiance,
promouvoir la croissance et la creation d'em-
plois, rparer le systme financier pour rtablir
le credit, renforcer la regulation financire pour
maintenir la confiance, finance et reformer les


tre partags entire les 186 membres du FMI sur
la base de leurs quote-part ou droits de vote, de
sorte que 44% de ces fonds iront dans les caisses
des sept pays les plus riches, ne laissant que 80
milliards de dollars aux pays moyens revenues et
aux pays en dveloppement, precise M. Kohr. Et
d'ajouter que le G20 n'a pris aucune measure pour
aider les pays en dveloppement viter des det-
tes sans prcdent. Duncan Green, directeur de
la recherche chez Oxfam, explique qu'un grand
point d'interrogation subsiste quant l'ampleur
relle des engagements concernant les paradise
fiscaux. Au sein du G20, il y a clairement eu
conflict sur la question de savoir s'il fallait dresser
une liste noire. Ils sont donc trs contents de ren-
voyer la balle 1'OCDE (voir encadr). Et, selon
lui, sur les 250 milliards prvus pour soutenir
le commerce, 12 milliards de dollars seulement
iront aux pays bas revenues. D.P. M

* Le Groupe des 20 a runi les ministres des Finances et les
gouverneurs des banques centrales de 19 pays : l'Argentine,
l'Australie, le Brsil, le Canada, la Chine, la France, l'Alle
magne, l'Inde, l'Indonsie, l'Italie, le Japon, le Mexique, la
Russie, l'Arabie Saoudite, l'Afrique du Sud, la Core du Sud,
la Turquie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Le 20e membre
du G20 est l'Union Europenne, reprsente par la prsidence
tournante du Conseil et par la Banque central europenne.
** DTS : instrument de reserve international cr par le FMI
en 1969 afin de complter les reserves officielles des pays
membres. Les DTS sont allou



lots-cls
G20; Kgalema Motlanthe; Trevor Manuel
Gordon Brown; Jean Ping ; paradise fiscaux;
facility alimentaire ; Debra PercivaL


Avn la rno eu O2 le "Cmt-es Dix" ungrue e-e- miite de- Fiane et de-
banq-se cse-trae- d'frqe prsd a e e Ministe dses e.acssd-fian Te- o aul







a rig e.ape de. l'fiu au somt Dan -ses-apor se- l'imacte- Oa -rie sue-
se.nmie afrcaies le grup ai On Oise en gade eseian qu l-es prg raise
tou e-----------------------------------------------e oprmi. "L crs fai -iseaar des
e-u la pe-ie foi -epi dix ens le cotnn porri O oInae-e. un crisane- pa hb-e

pe-eans. se-aen ic le exotaer de ptol-e. e-es. flu Oe Oaitu dim.nuent conqene-


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009






InteraCtions Facilit alimentaire


L'HIDE DEURRIT ETRE OCCRUE
Le 8 avril, le Prsident de la Commission europenne, Jos Manuel Barroso, s'est empress
de demanded l'augmentation de l'aide au dveloppement octroye par les 27 Etats members
de VUE. "Nous avons parcouru plus de la moiti du chemin vers l'chance de 2015 fixe pour
atteindre les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement, et certain des acquis risquent
d'tre perdus, plongeant les pays pauvres dans une situation pire qu'avant la crise." Principal
bailleur d'aide en terms de percentage du revenue national brut (RNB), VUE a promise 49
milliards d'euros en 2009, soit 40% du RNB. Le volume de l'aide devrait cependant aug-
menter et atteindre au total 69 milliards d'euros en 2010 si les pays riches entendent tenir la
promesse faite par le G8 au Sommet de Gleneagles de 2005, qui prvoyait d'affecter 0,56%
du RNB l'aide au dveloppement. M. Barroso propose de "recourir advantage l'aide au
dveloppement pour mobiliser d'autres fonds, notamment par le biais de la Banque euro-
penne d'investissement chequee euro dpens en aide devrait mobiliser jusqu' cinq euros
d'investissement priv)".
M. Barroso a dclar que la CE allait "anticiper" les engagements existants (acclrer le
dboursement de l'aide) et les recentrer sur les plus vulnrables (notamment 3 milliards
d'euros au titre du soutien budgtaire). En outre, un instrument ad hoc, FLEX, doit permettre de
venir en aide, par un systme de compensation, aux pays en dveloppement les plus touches
par la chute des recettes deportation. Selon Barroso, il sera oprationnel avant la fin 2009 et
dot d'une envelope de 500 millions d'euros deviant permettre aux pays en dveloppement
de maintenir les dpenses socials. L'UE a par ailleurs adopt une facility alimentaire" pour
stimuler la production agricole dans les pays en dveloppement (voir article ce sujet).


Bi'M Jilili] '






I'.P.Im InH]iT^EwI]MI'i , ll.-KomI M ^ 5'^
DES MiPgiTalESUR^ESii^-p^^






gan^isaion dei coopratioln et deB dve-
loppement. conomi (OCDE) I s'"est,
em ,presse de pub ie r, d,' s lite de


Pour des pays flCP:



"FRCILITE BLImIEInTIRE"

Trente-quatre nations bnficieront de projects et program-
mes financs par I'UE pour amliorer leur scurit alimen-
taire au course des trois prochaines annes.


penne a approuv une premiere dci-
sion de financement dans le cadre de
la facility alimentaire" d'un milliard
d'euros adopte la fin de l'anne dernire par
toutes les institutions de l'Union Europenne
(UE), avec le vif soutien d'ONG d'aide au
dveloppement. Les plus pauvres des 50 pays en
dveloppement en bnficieront durant trois ans.
"L'Europe a dj apport des solutions humani-
taires la crise alimentaire dans le cadre de son
aide d'urgence. La fit; ilire alimentaire lui permet
d'aborder cette crise sous l'angle du dveloppe-
ment [...] pour remettre l'agriculture sur pied",
a dclar Louis Michel, Commissaire europen
en charge du Dveloppement et de l'Aide huma-
nitaire, le 30 mars 2009. Le 18 dcembre 2008,
le Parlement europen et le Conseil ont donn
leur accord la proposition formule par la
Commission europenne en reaction la crise
alimentaire mondiale de 2007 et 2008 qui a vu


les prix des denres alimentaires grimper en
flche. Trois types d'actions sont cibls durant
cette priode de trois ans (2009-2011) :
* des measures visant amliorer l'accs aux
intrants (engrais et semences) et services (soins
vtrinaires, conseils) agricoles ;
* des measures petite chelle visant accrotre
la production agricole, telle que le microcrdit,
les infrastructures rurales ou encore la formation
et le soutien cibls sur des categories profession-
nelles du secteur agricole ;
* des measures de type "filet de scurit" per-
mettant des transferts sociaux en faveur de
groups de population vulnrables, souvent sous
la forme de travaux publics forte intensity de
main-d'ceuvre (routes, projects d'irrigation, etc.).
Les premiers pays ACP bnficiaires de la
facility alimentaire" sont le Burkina Faso,
le Burundi, Cuba, l'Erythre, l'Ethiopie, la
Gambie, la Guine Bissau, Hati, le Kenya, le
Libria, le Mali, le Mozambique, la Rpublique






ONG ADO Interactions


Centrafricaine, la Rpublique Dmocratique du
Congo, la Sierra Leone et le Zimbabwe. Tous
les fonds approuvs ce jour transiteront par
des organizations internationales : l'Organisa-
tion des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO), le Fonds international de
dveloppement agricole (FIDA), le Programme
alimentaire mondial (PAM), la Banque mondiale
et le Programme des Nations Unies pour le dve-
loppement (PNUD).
Durant ces trois ans, des budgets supplmen-
taires seront allous d'autres nations ACP
(voir l'encadr) au travers d'un ventail plus
large d'acteurs, des organizations internationales
et rgionales et des gouvernements nationaux,
et certaines activits seront confines au terme
d'un appel propositions des acteurs non
tatiques, des organismes d'Etat et d'autres
acteurs admissibles, selon un porte-parole de la
Commission europenne. D.P. M






Interactions ACP UE


L'BSSEmBLEE fCP-UE


tance le G20

Les crises financire et alimentaire, les Accords de parte-


nariat conomique et les conclusions du G20 de Londres ',e. dan "s "
taient au menu des parlementaires de l'Assemble pari-
taire d'Afrique, des Carabes, du Pacifique et de l'Union Europenne, runis Prague du
4 au 9 avril. Les parlementaires ont galement adopt une resolution d'urgence sur la
Somalie et les problmes de piraterie qui svissent au large du pays.


ment pas t pargns par la
crise conomique", a soulign
l'eurodpute, coprsident de
l'Assemble, Glenys Kinnock dans son discours
d'ouverture de la session. "Ils ne doivent donc
pas tre en marge des efforts qui sont entrepris
pour en rduire les effects En rfrence aux
promesses d'aide faites lors du G20, elle a
exprim ses inquitudes que ces fonds soient
"sous la forme de prts plutt que de dons et que
le processus soit contrl par le FMI". Dans une
resolution urgente, les dputs de l'Assemble
paritaire ont demand que l'aide au dvelop-
pement issue du paquet de 1.000 milliards de
dollars promise par le G20 le 2 avril Londres
soit dbourse rapidement et provienne de fonds
nouveaux.
Alors que les dputs ont une fois de plus rcla-
m plus de flexibility de la part de la Commission


europenne dans la conclusion des Accords
de partenariats conomiques (APE) avec les
pays ACP (lire dans la rubrique Commerce),
ils ont par ailleurs invit les Etats de l'UE et la
Commission entirement redfinir leurs poli-
tiques d'aide au dveloppement pour finance
les consequences sociales et environnementales
des changements climatiques. "Les pays ACP ne
doivent pas rpter les erreurs commises par les
pays industrialists en dveloppant leurs cono-
mies sur les nergies fossiles", a soulign Netty
Baldeh (Gambie), coauteur de la resolution avec
l'Espagnol Josep Borrell Fontelles.

> S'attaquer aux uraies causes
de la piraterie

Les dputs ont par ailleurs lanc un appel
au nouveau gouvernement somalien pour qu'il
mette fin aux combats et garantisse l'accs de


l'aide humanitaire aux 2,6 millions de victims
du conflict qui ravage le pays. La resolution
affirme que les causes relles de la piraterie sont
la pauvret, le chmage et le dclin du secteur
de la pche. Elle demand une cooperation entire
les forces navales europennes de la mission
Atalanta avec les Amricains, Russes et Chinois
presents dans la region.
Enfin, deux jours aprs la commemoration du
genocide rwandais, les dputs ont adopt une
resolution rclamant un cadre juridique garantis-
sant le respect des diversits ethniques, culturel-
les et religieuses (Voir Le Courrier n10).
M.M.B. a


mots-cls
ACP ; Accords de partenariat conomique
(APE) ; G20 ; Glenys Kinnock ; climate;
Somalie ; crise alimentaire ; crise conomique;
Marie-Martine Buckens.


DVE DVE, MRS KinnOCK
L'Assemble a cltur sa 17e session
en rendant homage la Britannique
Glenys Kinnock, qui assistant sa der-
nire stance en tant que coprsidente.
L infatigable" et irresistiblee" Madame
Kinnock a t salute et applauded par
de nombreux intervenants pour son tra-








































Les Antilles nerlandaises, qui font parties des Pays et territoires d'outre-mer (PTOM)
nerlandais, et le gouvernement des Pays-Bas ont convenu de dmanteler les Antilles
nerlandaises en janvier 2010.


C uraao et Saint-Martin disposeront
de davantage d'autonomie au sein du
Royaume des Pays-Bas, comparable
celle don't bnficie Aruba depuis
1986. Les trois autres les des PTOM nerlandais
- Bonaire, Saint-Eustache et Saba deviendront
une "gemeente" (commune) nerlandaise, avec
leur tte un maire nerlandais. En ce dbut du
XXIe sicle, pourquoi ces les souhaitent-elles
une indpendance renforce au lieu de vouloir
s'manciper ? Ce souhait s'explique en parties
par leur trs petite superficie et leur petit nombre
d'habitants : 11.537 pour Bonaire, 1.491 pour
Saba et 2.699 pour Saint-Eustache. Jusqu'
present, le gouvemement central des Antilles
nerlandaises Curaao prenait toutes les dci-
sions en rapport avec ces les. Le gouvernement
nerlandais souhaite present contrler et sur-
veiller lui-mme les finances de Curaao. Ses
habitants pourront se prononcer ce sujet lors du
rfrendum qui aura lieu le 15 mai 2009.

> Le pays du cour

Curaao est la plus grande le des Antilles
nerlandaises : 140.000 habitants de 40 natio-
nalits y vivent sur une superficie de 44 km2.
Les Espagnols l'avaient baptise corazon en
raison de ses baies qui rappellent la forme d'un


ceur. Le tourism et les services financiers sont
les principles sources de revenues de l'le, qui
jouit d'une bonne sant conomique grce
l'expansion rcente des secteurs du tourism, de
la logistique y compris l'aroport et la zone
portuaire -, de l'industrie ptrolire et des ser-
vices financiers. En vertu d'une rglementation
spciale, Curaao peut offrir des subventions
spciales pour attirer les investissements dans le
secteur du commerce lectronique et pour faci-
liter le dveloppement de ce secteur. Des aides
sont galement accessible aux banques locales
proposant des services lectroniques et aux
socits off-shore hbergeant des e-entreprises
internationales.

> La route du riz des PTO

Une cooperation et des liens de trs longue date
existent avec le Surinam, don't l'aspect le plus
connu est la route du riz : le riz du Surinam
partait de Curaao en direction de l'Union
Europenne pour y tre import libre de droits.
Au course de ces cinq dernires annes, les
liens commerciaux entire Curaao, la Barbade
et Trinit et Tobago se sont renforcs. Les
Antilles nerlandaises sont membres associs de
l'Association des Etats carabes (AES). En mai
2008, la Chambre de commerce de Curaao a


organism une mission d'enqute commercial sur
les Accords de partenariat conomique (APE)
Trinit et la Barbade, avec la participation
d'acteurs du secteur public et priv. L'objectif
tait d'identifier des opportunities commercials
au niveau Cariforum-CE-APE. M

amots-cls
Pays et territoires nerlandais d'outre-mer;
PTO ; Curaao; Antilles nerlandaises.
















des21 aux A d de p



l e pay ACP voisins re tifs.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009


















































Certains signes font tat d'un enforcement des relations entire les 53 membres du
Commonwealth et les 79 pays du Groupe ACP (Afrique, Carabes et Pacifique). Edwin
Laurent, chef de la section Commerce international et cooperation rgionale du
Secrtariat du Commonwealth, nous explique les raisons de ce rapprochement et la
forme qu'il prend.


font parties du Groupe ACP (voir enca-
dr page 27). "Hub and Spokes" est
cet gard un project de grande envergure
qui associe la Commission europenne (CE), le
Secretariat du Commonwealth et l'Organisation
international de la Francophonie. "Ce project a
pour objectif de renforcer la capacity des pays
ACP dvelopper, grer et ngocier efficace-
ment leurs propres politiques commercialss,
explique Edwin Laurent. Un financement -
provenant essentiellement de la Commission
europenne, mais aussi d'autres partenaires a
t prvu pour un certain nombre de "hubs".
Ceux-ci se composent d'un conseiller senior en
matire de politique commercial et d'analystes
de la politique commercial sigeant au sein
d'organismes rgionaux des ACP. Ils bnfi-
cient de l'assistance d'analystes de la politique
commercial des diffrents pays ACP ce sont


les "spokes". Ils travaillent aux cts des hauts
fonctionnaires des gouvernements nationaux
charges de la politique commercial. Les ana-
lystes ne sont gnralement pas citoyens du
pays-hte, et beaucoup sont d'ailleurs recruts
dans une toute autre region. Les analysts des
ACP comme de la CE sont ligibles. La moiti
environ des pays ACP bnficient du soutien
des experts nationaux, explique M. Laurent,
qui pursuit : "Ce project a magnifiquement
fonctionn, il a aid les pays comprendre les
tenants et les aboutissants des ngociations
commercials et des domaines en rapport avec le
commerce, aspects don't ils n'auraient sinon pas
pu prendre conscience." Il ajoute que ce project a
t imagine par l'ancien Commissaire europen
en charge du Commerce extrieur, Pascal Lamy,
ds les premiers jours des ngociations commer-
ciales sur les Accords de partenariat conomique
(APE) et les ngociations commercials du


cycle de Doha de l'Organisation mondiale du
commerce (OMC). Un des dfis auxquels doit
faire face actuellement "Hub and Spoke" est li
son caractre exclusivement ACP, explique
M. Laurent. "Je constate que d'aucuns estiment
aujourd'hui que sa gestion doit tre dcentrali-
se. Au lieu d'un volet exclusivement ACP, les
rgions ACP nous ont dit assez clairement que,
dans l'intrt de la gestion et de la cohrence du
dispositif, il serait plus efficace de travailler sur
une base rgionale."

> Recherche sur l'impact de la
monte en puissance de la Chine

Le Commonwealth a galement mis la dis-
position du Secrtariat ACP des experts et
des conseillers dans des domaines spcialiss
finances au titre d'un "Fonds d'assistance tech-
nique du Commonwealth". Ces experts recru-


COURRIER






Bananeraie Sainte-Lucie. o Debra Percival

Au secretariat ACP, Bruxelles: Kamalesh Sharma
( gauche), secrtaire gnral du Commonwealth, avec son
homologue ACP, Sir John Kaputin ( droite). Robert Iroga


ts l'chelon international travaillent avec le
Secretariat ACP pour une priode bien dtermi-
ne et souvent sur un thme spcifique. Ainsi,
un conseiller travaille actuellement auprs de
la representation ACP de Genve. Il est charge
d'informer les ambassadeurs des ACP sur les
vnements l'chelon de l'OMC ce qui
est particulirement utile pour les pays ACP
n'ayant pas de bureau Genve, explique M.
Laurent. Il pursuit : "Nous menons aussi des
travaux de recherche et soutenons le grou-
pe ACP, mais nous aimerions aussi renforcer
encore leur capacity ngocier sur certaines
questions." Son organisation, nous dit-il, a t
spcialement charge d'tudier l'impact de la
monte en puissance de la Chine sur les nations
africaines. "Nous essayons aussi de promouvoir
le consensus et la comprehension entire les pays
et nous organisons cette fin des reunions infor-
melles", explique M. Laurent. Des rencontres
politiques ont ainsi t encourages entire les
ministres ACP et leurs homologues europens.
"Ces reunions sont informelles et ne sont pas
enregistres. Tout le monde peut donc s'y expri-
mer librement. Nous avons rcemment orga-
nis une rencontre de ce type avec la baronne
Ashton, nouvelle Commissaire europenne au
Commerce extrieur, et 12 ministres des ACP.
Comme Madame Ashton avait t rcemment
dsigne cette function, nous avons pens que
nous pouvions, l'instar du Commonwealth,
apporter notre contribution en facilitant les liens
en dehors du context de la salle de conference
et du cadre official et tendu des ngociations",
explique M. Laurent. Il ajoute : "Dans des struc-


tures bien tablies comme le Comit ministriel
commercial mixte ACP-CE, les dbats sont
enregistrs : les participants prennent des posi-
tions et les dfendent. L'objectif de reunions
informelles est de runir des arguments. Ces
runions permettent aussi de promouvoir la
comprehension et l'empathie."
Le Commonwealth continuera toutefois sou-
tenir les ACP en tant qu'entit, et ce dans le
context actuel d'un enforcement des groups
rgionaux au sein des ACP, en particulier dans
la sphre commercial. M. Laurent tient prci-
ser ce point car, vu le nombre de ses membres
faisant aussi parties du group ACP, en soutenant
celui-ci, le Commonwealth se soutient en fin
de compete lui-mme. Mais il convient aussi
de mentionner une raison plus fondamentale
ce souhait : le Commonwealth a pour but de
crer un monde plus just et meilleur. "Or,
lorsqu'on souhaite susciter le changement et
crer un monde meilleur, l'idal est de cibler
le group ACP. C'est lui en effet qui a le plus
besoin d'une assistance." Selon Edwin Laurent,
quelle que soit la configuration future du Groupe
ACP, le Secrtariat du Commonwealth devrait le
soutenir et faire en sorte d'obtenir en sa faveur
une contribution maximale d'autres partenaires.
D.P. M
Pour plus d'informations : www.commonwealth.org


mots-cls
Secrtariat du Commonwealth ; Groupe
ACP ; "Hub and Spokes" ; Sir John Kaputin;
Kamalesh Sharma ; Pascal Lamy ;
la Baronne Ashton ; Debra Percival


Wa4)d


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009


S Interactions












..0











conitr Bruxlles sonhlomologue du







Io . atio. C t )in *sst













program Im dtilld evraitIte rdig
d lV'imTmiin de changescome





et Babua le Baaa la Babd
Beie* eBtwna eCmrul
Do iiq e le ls *ij*, la G mbe
















^*K~il












BBIBIIJBiliuB^
IlM Tobis.o surse




Nr N









11
'sx


t; P








I I. 11 I
il iu Ji ci




d s h t -ene du 0' me e e e la t e e- p
de--ner ean ea eai e-n e -oanesug es dj e-eee e-ne u ee pilseu
*ontent un ca .i lrqe j'arie che lui Lhme est eeeefe 60an eton
com --e eeep bln en -fiqe eu eud easisape- manent e se laner daee
une tue nou v ee a veture.
A d S a s a des d un a d a dlit de stU sitato p r d n de a de
s 8 8 i I D 8 s s1" " s 0 0
L evtrn dsats du spcal en se ltd sam rPipinh dcp deu s stqipoietu-adsapohsnwa
e s "On ne fait pas a ns sde t m a re c qu et slefrd Cs s
t vs spect ascl s c e ss a l j mdicl s'ac te a c pour a s f le
t trages*e pian E v q j p e. Il v o a h lq l l p s -arci en e* se ss ses
ORl l'I At 84 a p r fs de s a l c d s un s t a t q s rIp t s s W u d p bafuilant14r j
cialement pour lu dan lasi "hospialire asse de temp pou bie se metr dan la pea t e plusieursoc aso ce qu es inhabitul
l '" 0MI s "8 "A'I s M (
a s o t I e '). e u de s persona et ss mont s s to de p q q n'a pa l ps un
a qulq* apprh ension. sa ro pr p e Sean onner ce q' es le sremie s setr
Mas sil s faut d b a n ss Cronje s p d t et d D i t c a s l r u
a Hl la jeune fille de 15 ans, dont C mdit ao z D'o sn et t cs ga au c r de
S[ t l t '1' A' tW1 ifIT ."8 " 8 *G f^^ ^ ^ ^ ^ ^ sr^ ^




s'oi:u'ansdj. Il fa j v ir ilis i n
condire sn pesionat latrshupe and Cc;icidnce iljouele ledu rrequequepeu en rinestuide
H i h ch ol p o r en es ^ ^ fill s m e si ll a arg nal s u d e i n n c efe t di recte r d e efil se r cip te d a s l a uisi e, o C ^ ^onj
sa rore hab rel e wek-en, ele dot dns lhpial, ontles ppartioncairs surrennen vientde ter ine snb ol de qinoa. ajeun

1 1MjB^^^^^^^^M^3^^^^m^fl^^l^^pf^3^g^atHJBI>^







Zoom


fille au regard brilliant tient, accrochs au bout
de son doigt, tous ses uniforms pour la semaine.
Non, elle ne veut pas de petit dej'. Elle avouera
plus tard attendre avec impatience la nourriture de
l'internat. C'est ce qui lui plat le plus l-bas !

> Pre financier

"Un jour, elle en aura assez de mes salades au
tofu et aux olives", fait remarquer Cronje avec
amertume. Mais les deux s'adorent vraiment ;
plus tard, Cronje se rappelle avoir voulu adopter
Refilwe avec son partenaire, l'ancien journalist
William Pretorius, lorsque Philippine, qui venait
d'entrer son service comme gouvernante, a
annonc qu'elle tait enceinte. Cronje et Pretorius
ont alors reu le conseil de ne rien en faire, vu
l'accumulation de problmes qu'entranerait
l'avenir une telle adoption. Plus tard, le pre de
Refilwe, qui ne pourvoit pas son education, a
t reconnu dans la ville du Nord de Polokwane.
Il tait chauffeur de bus. "C'est ainsi que je suis
devenu son pre financier, faute de pouvoir deve-
nir son pre adoptif", explique Cronje.
Nous voil present sur la route, dans la voiture
de Cronje. J'ai laiss ma voiture dans sa cour,
derrire le portail de scurit on ne trouve
trace nulle part du garden que se doit d'avoir
chaque banlieue de Johannesburg. La crimina-
lit, Cronje aussi connat cela, comme tout Sud-
Africain d'ailleurs : un ami s'est fait rcemment
voler sa voiture en quelques seconds, just au
moment o le garden tait en train de piquer du
nez dans sa cabane. A l'heure de pointe, en plein
traffic, Refilwe avoue son rve. L'universit ne
l'intresse plus tellement, elle veut tre pilote, et
suivre les traces d'un ami qui a commence cette
anne cette formation de quatre ans Pretoria.
Lorsque nous arrivons devant le vieux btiment
en grs brun, aprs avoir parcouru deux ou trois
kilomtres peine, elle se souvient avoir oubli
quelque chose. "C'est l'inconvnient d'aller
dans un pensionnat si prs de la maison", soupire
Cronje. "Elle oublie facilement l'une ou l'autre
chose depuis qu'elle sait que je peux lui ramener
aisment ce don't elle a besoin." Le demi-tour
la maison est l'occasion de poursuivre notre
conversation. Pour Binnelanders, les acteurs ne
doivent pas tre sur le plateau 7 heures, ils sont
attendus pour 10 heures 30. Ils y a trois sances
de tournage, et tout se termine 17 heures. Mais
l'acteur commence froncer les sourcils. Une
autre chose pnible avec les soaps, c'est que les
personnages manquent de consistance, c'est d
au fait qu'ils sont plusieurs sur le scenario. Il
a d'ailleurs expliqu aux ralisateurs une srie
d'incohrences, mais ils n'ont pas tenu compete
de ses remarques, convaincus que personnel ne
s'en apercevrait.
William est mort il y a deux ans, et il manque
beaucoup Cronje. Les directions savaient que
lorsqu'ils faisaient appel Cronje pour une
production, il fallait que Pretorius soit gale-
ment de la parties, pour lui servir de prompteur.
Les trous de mmoire de Cronje sont clbres.
Aujourd'hui, il absorbe des doses massive de
spiruline et d'omga 3, surtout lorsqu'il passe
du tournage d'un film un soap, en passant par


une pice de thtre, ce qui lui est arrive il y a
trois semaines.

> Une industries sans syndicate

Cronje partage une loge avec Hans Strydom, le
patriarche et rle principal du soap. Strydom est
avocat de profession et il en fait profiter le com-
plexe de studios du centre de Johannesburg. Il a
t le porte-parole des comdiens sud-africains de
thtre, exploits de manire honte dans ce sec-
teur non syndiqu. Cronje en est d'ailleurs l'illus-
tration parfaite. Il a tourn dans 20 films pourtant,
il a fallu attendre l'intervention de Strydom pour
qu'il touche rcemment les royalties de ce
film, au lieu d'une commission unique.
Les costumes de la journe sont accrochs sur
un chariot rails. Ensuite, c'est le Green Room
pour quelques tasses de caf et un morceau de
gteau. Les morceaux de cake restent gnrale-
ment sur les plateaux ils sont secs. Il faut dire
qu'il s'agit d'un arrivage quotidien, et les acteurs
et l'quipe de production/ralisation en ont


present assez. Dans le Green Room, un cran
announce en dfil qui doit faire quoi. "Etrange
que les dialogues soient en anglais alors qu'il
s'agit d'un soap afrikaans Malgr un casting
multiracial et le fait que l'afrikaans soit parl
par des millions de Noirs, l'anglais est la langue
vernaculaire de l'industrie cinmatographique.
Cronje est present appel pour venir rpter la
premiere des trois scnes du jour. Cronje est un
professionnel et le ralisateur est donc satisfait.
Les quatre cameras arrivent sur le plateau pour
une premiere prise de rptition. Et ensuite
"Moteur !". Une seule prise suffit, la joie de
tous. Cronje aurait bien fait d'autres prises. "Une
prise et c'est tout", soupire-t-il. "Mais je ne m'y
suis pas encore fait". H.P. M




mlots-cls
Tobie Cronje ; Afrique du Sud ;
Binnelanders ; thtre ; Hans Pienaar.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009











PLUS DE FLEXIBILITY,


rclament les dputs iCP-UE

Les Accords de partenariat conomique (APE) doivent tre plus flexibles et soutenus par un
nouveau fonds d'aide au commerce. L'aide europenne ne doit en aucun cas tre conditionne
la signature des accords, ont insist les parlementaires de l'Assemble paritaire d'Afrique,
des Carabes, du Pacifique et de l'Union Europenne, runis Prague du 4 au 9 avril.


pli d'i l], i (Ili nai une aviaijce de 3 milliards
dt. -~ J prd ent l i -- 1 i l i dk~ _- I, ci, le Ilud.i, l. d'aide aux pays ACP et
compenser 1:1 perte (le
J di ii id-LN J\pirt,i iii du, pi d il
avi. ~',Ii i iii i I i.. i, k i 1 i i iniLi if u I I Xi
k> Clauses controuerses
Iiii il 'L,~ir.iC' 'i x ir k .i~qi l a *'
h li ,-. p.ir Il. I., LILI,, la
l i u .-IIIIII l di . I nhii i di i ind' : pai a ll i la
il,-. plu, -IiipiLi
l dj n kI 11 b'. `j1 p>il 'iti. iii'' itrI r p. .,h I i i i r ta i ii i' d in' ki
IL, i i l i l iii hLI A 1iii '. h'2 iV(l IL Iii i 11,1l
I iiha a .I' I 1- !!~ lu I~i il I' iii k 'N.i 1 I'" ~ll .ui~ 'i1111111"" h~1 'IIii il' 'il p1.i
r'a ll iii 1 I h1 : d 1 I ill' i l ltI ti r IL,
j l:iii k i ili'" *' 1 1 1 iii i "l' 'Iiii' i I I1 k p I l a ril di -i L '"i iii ii il,
j i il iii/l~ d'.ii1'. .11i l~'il'"''iiLla I . lil~i.il.jTit.'t iI,''~iiiiiiiIi cl iii'' i~..iill"
k iLit lL _k Fk 1 I. IL, i.ti il 1
LIL, 1 J'alik ]il j 1 111IL t1fi t,,IllllL ILL AIL4 lialidi',
.11 11 1k lie l"I' Il-lu.i L III II [b i1fa1.1 1 .1iii.i 11. hw
~ ~~~i.i iiiiL LIL L, plu JL J.-iciIc l, TL>,Ii l ,,u' nL,,'piu'ek! 11,1
L IL, Li 1 1 1 Ill _l.iii iliijI.1 P.i.rii~ r


> Refus dela "conditionnalit"
de l'aide


M.M.B. a


ilI 'i .. K ..


&E iiMi-IL la
cil~ ~ iii' I 'k i .- i' l*'. I i I i I
2 Ii.~ .u '!~( ulu i' 1. .ili~I* qni I.~ll'r.
.i[. iII l' uC 2 lui k ~nu I jiil i' .ii\' ~.t i .I .ilI I1
Ffdli .Lp'*~...'n ik~- IriIlTl' i1iIl Ilols-cles
I~ ~ ~ ~ ~ ~ ~~ ~~~cli~ ii I'I'Ia k J- IdIii .-I


'f


, l il H-1


A






















































l'Afrique du Sud est un peu l'Am-
rique du continent africain. Ses
entreprises, bien plus performances
que dans les autres pays africains, dtiennent
gnralement d'importantes parts de march
et vincent la concurrence au point qu'on peut
se demander si ce pays n'agit pas comme une
nouvelle puissance colonial.
Mais d'un autre ct, l'Afrique du Sud est deve-
nue le porte-parole de l'Afrique sur la scne
international, notamment durant la prsidence
de Thabo Mbeki, qui a initi la mise en place
d'une srie d'institutions africaines depuis le
lancement de l'Union Africaine (UA) en 2000.
Voici ce que dit de l'Occident le parti actuelle-
ment au pouvoir en Afrique du Sud : "Les int-
rts sud-africains ne lui tiennent pas coeur. "
Il a t question de cette "schizophrnie" dans
les ngociations sur les APE entire l'UE et les
pays ACP, l'Afrique tant en effet un pays
"riche" et en mme temps un ardent dfenseur
des droits des pauvres de race noire.
La signature des APE a commence prendre un
caractre urgent vers la fin 2007, poque qui a
vu la suppression, conformment aux rgles de
l'Organisation mondiale du commerce, des pr-
frences commercials en faveur des pays ACP.
A l'initiative de l'UE, l'Accord de Cotonou
(2000-2007) prvoit la possibility de conclure


des APE. En Afrique, plusieurs "APE" intri-
maires ont t conclus mais non pas signs
- afin d'viter des actions pour non-conformit
aux rgles de l'OMC. En Afrique australe, neuf
des 15 membres de la Communaut de dvelop-
pement de l'Afrique australe (SADC, Southern
African Development Community) ont agi de la
sorte, menaant ainsi l'intgration rgionale, un
des piliers des politiques trangres d'Afrique
du Sud "en faveur des Noirs".
L'UE tant le principal partenaire commercial
de l'Afrique du Sud depuis l'poque colonial,
ce pays a dj son propre accord commercial
avec l'UE. Cet accord est rengoci priodique-
ment. En 2007, l'Afrique du Sud a aussi conclu
un Accord de partenariat stratgique avec l'UE,
un type d'accord sign par seulement une poi-
gne de pays jusqu'ici.
Les ngociations en vue d'un APE remplaant
l'actuel accord commercial entire l'Afrique du
Sud et l'UE lorsqu'il prendra fin, en 2012 -
ont chou de part et d'autre. Concurrent poten-
tiel de l'UE sur son propre continent, l'Afrique
du Sud nourrit des craintes, notamment en ce
qui concern l'avenir de son secteur des servi-
ces. Dans le secteur bancaire, par example, les
frais bancaires, bien plus levs qu'en Europe,
ne pourraient pas tre comptitifs l'tran-
ger. L'introduction de politiques commercials,
comme l'exigent les APE provisoires, entrane-


rait d'autre part la suppression progressive des
droits de douane. Or, la plupart des gouverne-
ments africains, dots de structures d'imposition
inefficaces, dpendant totalement de ces recet-
tes, qu'elles soient ou non officielles, car c'est
leur principal source de revenues. L'Afrique
du Sud souhaite l'instauration d'un systme de
droits de douane commun l'ensemble de la
region et qui serait administr par une Union
douanire sud-africaine largie. Cet organisme
est aussi l'une des bases de l'intgration cono-
mique de l'Afrique australe, et aussi une de ses
tapes, et deviendra un jour peut-tre un modle
d'intgration pour le reste du continent.
Lors d'une troka ministrielle en janvier 2009,
les parties ont convenu que l'intgration autour
d'une nouvelle Union douanire pour l'Afrique
australe devait tre un volet cl dans les ngo-
ciations futures. Mais depuis, l'UE a fait part
de son intention de poursuivre les ngociations
autour d'un APE avec le Botswana, le Lesotho,
la Namibie et le Swaziland (pays de l'Union
douanire de l'Afrique du Sud) ainsi qu'avec le
Mozambique, mais sans l'Afrique du Sud.
H.P. M


mots-cls
Afrique du Sud ; SACU ; SADC ; APE;
Thabo Mbeki ; Hans Pienaar.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009
























































"Une politique climatique quitable, c'est de l'aide au dveloppement efficace", dcla-
rait rcemment Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l'Institut de Postdam pour la
recherche sur l'impact climatique. L'ONG allemande Misereor le prouve sur le terrain.
Et met les bouches doubles moins de six mois du Sommet sur le climate. Pour dcou-
vrir que souvent les pays du Sud ont des leons donner ceux du Nord.


mat qui doit se dcider en dcembre
prochain Copenhague dans le cadre
de la Convention des Nations Unies
sur les changements climatiques risquent d'tre
les pays en dveloppement, lesquels devraient
subir de plein fouet les drglements climatiques
annoncs, et pour une bonne part provoqus par
les pays industrialists responsables de l'aug-
mentation de gaz effet de serre (GES).


> Influer sur les ngociations

Pour deux raisons. D'une part, les solutions
prconises pour limiter les GES sont essen-
tiellement des instruments de march grs par
- et souvent pour les pays industrialists (lire
l'encadr) ; d'autre part, le manque d'expertise
- et de poids politique des reprsentants des
pays du Tiers monde risquent de les dforcer
dans des ngociations qui s'annoncent trs dures


et trs techniques et complexes. C'est ces
deux carences que s'attaque le rseau des ONG
de l'association CIDSE (www.cidse.org) qui
regroupe 16 organizations catholiques. Parmi
elles, l'ONG allemande Misereor s'applique
trouver en partenariat avec la population locale
- des mthodes permettant ces pays d'attnuer
les effects des changements climatiques et de s'y
adapter. Deux concepts l'attnuation et l'adap-
tation qui front l'objet d'pres ngociations


CURRIER







De la Terre


Copenhague o les parties la Convention
devraient dcider d'un fonds special permettant
aux pays en dveloppement de prendre les mesu-
res ad-hoc.
"Nous essayons de donner des outils nos
partenaires pour leur permettre de participer
aux ngociations", explique Anika Schroeder,
responsible climate et dveloppement chez
Misereor. "Copenhague n'est aprs tout que le
dbut du processus. Les gens sur le terrain ne
sont pas encore prts influer sur leurs gou-
vernements, mais cela viendra petit petit."
Ainsi long allemande organisera au Malawi
un webcast entire des reprsentants du Malawi
et des ngociateurs des pays du Nord, lors de la
runion prparatoire au Sommet de Copenhague
qui se droulera en juin Bonn (Allemagne).

> Apprendre des pags du Sud

Mais c'est aussi sur le terrain que long agit.
"Nous avons lanc, pursuit Anika Schroeder,
des ateliers de travail avec les populations loca-
les de trois pays : le Mali, le Niger et le Burkina
Faso. En ralit, ces trois pays subsahariens
ont tir des enseignements trs intressants des
changements climatiques qu'ils vivent depuis
plus de dix ans. Ils sont dj prpars et font
preuve de la flexibility ncessaire. S'adapter fait
dj parties de leur vie. C'est comme un labora-
toire. En ralit, nous essayons de comprendre
leur processus d'adaptation avec l'objectif de le
diffuser au reste du monde." Les ateliers techni-
ques mis en place devraient tre suivis d'ateliers
l'intention des politiques. En octobre prochain,
un grand colloque doit se tenir Niamey, la


capital du Niger, o les questions de change-
ments climatiques et de justice seront discutes
en profondeur. "Nous prvoyons d'inviter des
scientifiques du Nord, de l'Institut de recherche
sur l'impact du climate de Potsdam (PIK), afin
de leur montrer ce que signifie le changement
climatique sur le terrain et non d'aprs leurs
modles."
La moiti des financements de Misereor sont
affects des projects agricoles. "Nous voyons
que les petites exploitations agricoles s'adaptent
trs bien, mieux aux changements climatiques.
Notre project est aussi de collector et de prser-
ver les semences natives. Aux Philippines par
example, des communauts de paysans utilisent
d'anciennes varits de riz et ont mme russi
mettre au point de nouvelles varits qui rsis-
tent soit la scheresse, soit aux grandes pluies",
ajoute Anika Schroeder.

> Combattre la pauuret

Misereor agit galement sur d'autres terrains
prsentant des enjeux diffrents. En Afrique
du Sud notamment. "C'est une conomie d'ur-
gence, qui offre des difficults mais aussi des
opportunities explique Anika Schroeder, pour-
suivant : "Ce sont dj des gros pollueurs mais
en mme temps subsiste une pauvret norme.
Il faut combattre sur les deux fronts." Des ONG
sud-africaines sont dj trs actives et se battent
notamment pour diminuer l'empreinte carbon
des populations riches. Dans les quarters pau-
vres, Misereor travaille avec les communauts
confrontes des risques quotidiens, comme les
glissements de terrain, ces quarters tant sou-


vent construits dans des zones limits. Avec un
"credo" : les initiatives doivent venir des popu-
lations concernes. L'ONG apporte ses conseils
et le financement. M.M.B. M




lots-cls
Misereor ; CIDSE ; Anika Schroeder ; Araya
Asfaw ; Convention Climat; Copenhague;
adaptation ; Marie-Martine Buckens.


I*I I; II Ie;l ll I#.W [. ;.





Dietu du].J Cenrz tre1 environnement ,'ral





rgioal:ll de! la Crne; de il'Afrique lllio
I.yaAsa e. tm qui est imai de.






revo1 ;ir les r.gles; du jeu;Clpenhague
Dan un doumn puli en m-- rs pour








(SN) le directeu esime[ que1 le)'ot-]

cUIole de:.yoto,: qu porlhue i e














* ,."* l!* l;;* 17 I'.-.-l I.[ o.-i
-as' ndoti ali a m frein le
Araya 'l [,=,.I sI'enprn p=)(i l' us part icui-

cle,1" Jle Maim de DveloppementL![




"crd its cab n Le scenifqu thio- !U


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009






































nature


sur humann


D'aucuns la confondent avec la Rpublique Dominicaine.
Quand La Dominique est mieux perue, c'est d'abord
sa "beaut sauvage" qui est retenue. Et elle est vrai-
ment cette "lle nature", come ses habitants aiment
la designer. Mlais la Dominique est plus surprenante,
plus envotante que cette tiquette, mme flatteuse.
Le nouvel attrait pour le tourism vert lui est favorable


et malgr la crise financire international, des normes
bateaux de croisires s'y arrtent tous les jours devant
les fentres des hotels du bord de mer de Roseau, la
capital. Autre curiosity, cette petite ile a eu sa tte
durant 15 ans Dame Eugenia Charles, la 5e Prsidente
ou Premier ministry lue du monde la premiere du
continent amricain.


COURRIER


Un reportage de Hegel Coutier





Pj
tA


Dominique eportage


Si nombre de beaux paysages de la Dominique sont gnralement accessi-
bles par route, l'le sduit surtout le nouveau tourism, attir par la march
dans une nature vierge d'une beauty intacte, sa fort tropical, ses chutes
d'eaux et ses rivires et ses curiosits comme le "Boiling lake" ou ses
sources chaudes et sulfureuses percolant ou jaillissant des profondeurs
gothermiques. La Dominique est l'le la plus montagneuse de la Carabe
: quasiment pas de planes, avec des sommets culminant 1.500 mtres.
Elle allie la modernit la protection de la nature sauvage, jusque dans les
villes. C'est aussi un pays qui, tout en reposant sur une conomie agricole
avec tous ses alas, ne connat pas de grande pauvret et est riche d'une
rpartition des richesses relativement quilibre, d'un niveau d'instruc-
tion plutt lev, d'une bonne couverture mdicale. L'esprance de vie,
assez leve d'ailleurs, y est la mme pour les riches et les pauvres, signe
d'un bon quilibre social et du souci de ses gouvernements successifs
d'investir dans l'humain. Le systme de protection social et d'assurance
sant y est efficace. L'esprance de vie la Dominique 75 ans, 14 ans
de plus que la moyenne mondiale la situe dj en bonne position mais
ce qui sort ce pays de l'ordinaire est le nombre relativement lev de ses
centenaires, 22 en 2002 pour 70.000 habitants don't l'poque la doyenne
mondiale Ma Pampo morte en 2003 128 ans ; l'une de ses voisines tait
de 13 ans sa benjamin.

Le pays offre en outre une certain quality de vie, la scurit et l'affabilit
des relations humaines. Il n'est pas rare que l'tranger soit arrt dans un
village ou Roseau just pour s'entendre souhaiter chaleureusement la
bienvenue par un Dominicain et que la conversation se prolonge.

La Dominique est un pays agricole. Contrairement d'autres petites les, la
population ne s'agglutine pas dans la capital. Pas plus d'un tiers des habi-
tants vivent dans et aux environs de Roseau. Mme si on a assist depuis
peu un exode rural, comme consequence de cyclones qui ont ravag des
plantations en plus des difficults des producteurs de banane, le premier
produit d'exportation, dues l'rosion de leurs prfrences sur le march
de l'Union Europenne.


Tout en tant un pays anglophone, la Dominique parle le mme crole
"franais" que les dpartements franais d'Amrique, Hafti. Elle est situe
entire la Guadeloupe au Nord et la Martinique au Sud, just au milieu de
l'arc des Antilles s'tirant entire la Floride et le Venezuela. Comme toute
la Carabe, la Dominique a une population et une culture mtisses mme


Cathdrale catholique romaine, Roseau, Dominique, 2009.
Hegel Goutier


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009







eportage Dominique


si la plupart de ses habitants sont des descendants d'Africains. L'le est
l'une des trs rares de la Carabe insulaire avoir encore une minority
amrindienne (des Caribs), un peu moins de 2.500 sur une population
d'un peu plus de 70.000 habitants. Mixit entire le franais et l'anglais,
entire les influences europennes, africaines et amrindiennes, plus celles
des nouveaux arrivants de la region et de l'Asie ; mixit religieuse entire le
protestantisme et le catholicisme remain plus les croyances d'Afrique et de
sa population autochtone, sans parler d'une forte presence du movement
politico-religieux Rastafari. Six Dominicains sur dix sont catholiques pra-
tiquants et le magister de cette religion est fort tant sur le plan moral que
politique. Lors de la visit du Courrier, des rassemblements de prires
Roseau pour la semaine sainte regroupaient gnralement en un seul lieu
environ 2.000 personnel, un chiffre considerable l'chelle du pays. Tous
anims par des prdicateurs empruntant la mise en scne, le ton et la vh-
mence de leurs mdiatiques congnres tasuniens et fustigeant les carts
la morale strict comme les dbordements sensuels du carnaval. Le carna-
val connat nanmoins un grand succs chaque anne. Culture mixte !




Si la Dominique a t aperue par Christophe Colomb ds novembre 1493
peine un an aprs l'arrive de celui-ci dans la Carabe, elle n'a t occu-
pe qu'un sicle et demi plus tard, les intrpides guerriers carabes l'ayant


farouchement dfendue mais aussi grce sa topographie accidente. Les
Indiens Carabes ne se dnommaient d'ailleurs pas ainsi le mot vient
d'une mprise de Christophe Colomb mais Kalinago. La premiere arri-
ve du navigateur gnois avait eu lieu le 3 novembre, un dimanche d'o
le nom Domenica une le que ses occupants honoraient de l'appellation
enchanteresse de Waitikubuli (Elance est-elle / Elanc est son corps)*
pour designer cette le s'lanant abruptement de la mer. Vers le milieu
du XVIe sicle, les navires espagnols naviguant dans la region avaient un
point de ravitaillement sur l'le Prince Rupert Bay. Le lieu fut aussi uti-
lis par la suite par des navigateurs franais, anglais et hollandais. En 1569,
on y dnombra 30 Espagnols et 40 Africains vivant parmi les Indiens
Kalinago. Parmi les aventuriers illustres qui y ont trouv assistance, figu-
rent Sir Francis Drake, Georges Clifford comte de Cumberland et le Prince
Rupert du Rhin. Quelques flibustiers franais s'y installeront beaucoup
plus tard, suivis par des Anglais et les Hollandais de plus en plus nom-
breux. En 1625, les Kalinago entreprirent une guerre defensive contre eux
mais ont d battre en retraite vu leur faiblesse en nombre et en munitions.
Dsormais ils arbitreront les conflicts inter-coloniaux et seront parmi les
tous derniers de la region tre colonists. En 1627, le compete anglais de
Carlisle affirma la souverainet de son pays sur plusieurs les regroupes
autour de la Dominique. Les Franais en firent de mme. Les jeux n'ont
t faits pour la Dominique qu'en 1805 o l'Angleterre l'emporta aprs la
destruction complete de Roseau par les Franais. Entretemps les Kalinago
ont souvent jou l'un contre l'autre.

La colonisation anglaise, aprs la Premire Guerre mondiale, concdera de
plus en plus d'espace d'autogestion l'le dsormais habilite lire ses
reprsentants locaux. La Dominique accde un systme d'autonomie en
1967 dans le cadre de l'Etat Associ de la Carabe (West Indies Associate
State) et a son indpendance le 3 novembre 1978 avec pour Premier minis-
tre Patrick John, Dominica Labor Party. Celui-ci dmissionnera quelques
mois plus tard la suite d'allgations de corruption. Dans la foule, l'le
a t dvaste par un ouragan. En juin 1980, Dame Eugenia Charles a
gagn les elections la tte du Dominica Freedom Party DFP. Elle sortira
vainqueur de deux autres elections gnrales, et totalisera 15 ans la tte
du pays. Elle aura rsist deux tentatives de coup d'Etat, soutenu en tant
que Prsidente de l'OECS (Organisation of Eastern Caribbean States),
l'invasion amricaine de Grenade en 1883 et acquis le sobriquet de la
Dame de fer de la Carabe. Tout en restant membre du Commonwealth
britannique, le nouvel Etat a opt en 1989 pour un systme rpublicain et
son chef d'Etat est un president dot d'un pouvoir protocolaire, le chef du
gouvernement tant le Premier ministry.

Actuellement, le pays est dirig par un jeune Premier ministry issu du
Dominica Labor Party, Roosevelt Skerrit arrive en 2004 la tte du gou-
vernement seulement 31 ans. *
* Tall is her body.









mots-cls
Hegel Goutier ; Dominique ; Carabe ; Carib; Kalinago ; Waitikubuli;
Sir Francis Drake ; Georges Clifford ; comte de Cumberland ; Prince
Rupert du Rhin ; comte de Carlisle ; Patrick John ; Dame Eugenia
Charles ; OECS ; Edison James ; Roosevelt (Rosie) Douglas ; Roosevelt
Skerrit ; Dominica Labor Party ; Dominica Freedom Party ; United
Worker Party.


COURRIER















pq
* f P2


WIlI


i Lli ln lii


comment la Dominique fait-elle face
l'actuelle crise conomique mon-
diale, aprs avoir connu elle-mme,
il y a quelques annes, des turbulen-
ces conomiques ?

Nous avons en effet d affronter des difficults
conomiques, mais le gouvernement y a ragi
activement, avec le soutien des bailleurs de
fonds, de l'Union Europenne (UE) et du Fonds


montaire international (FMI). En 2004-2005,
notre conomie affichait des signes de reprise.
Comme le reste du monde, et en particulier les
petites conomies ouvertes, nous sommes affec-
ts par la situation que connaissent les grands
pays. Notre conomie depend beaucoup de
l'conomie amricaine et europenne. Beaucoup
de nos habitants ont en effet migr vers ces
pays, et envoient de l'argent leur famille
reste en Dominique. S'ils percent leur emploi


dans ces pays, le volume des envois de fonds
diminuera. Nous sommes galement proccups
par l'incertitude qui plane actuellement sur les
marchs ptroliers.
Le gouvernement a indiqu qu'il continuerait
promouvoir la croissance conomique, il s'em-
ploie d'ailleurs mettre en euvre un programme
d'investissements publics afin de stimuler l'ac-
tivit en Dominique. Il encourage le lancement
d'une srie de projects routiers et immobiliers, de


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009


eportage
i "?---


s-.


ni


I1111


I illL


Arlr


u ielt







eportage Dominique


manire directed ou en facilitant les prts taux
rduit. Il investit par ailleurs dans le secteur de
l'agriculture et dans la pche, measures qui, nous
l'esprons, permettront de dvelopper la produc-
tion indigne et partant, de minimiser l'impact
de la crise. Nous examinons galement comment
amliorer les exportations, en particulier dans
la region, la suite des investissements raliss
dans l'agriculture. Nous sommes en pourparlers
avec les principaux croisiristes et nous pouvons
esprer une augmentation de l'ordre de 40% du
nombre de tourists de croisire pour la pro-
chaine saison.

L'opposition vous reproche de ne pas investor
\ifiitiiii, ni dans l'agriculture.

Dans un pays comme la Dominique, les investis-
sements dans le secteur agricole seront, par dfi-
nition, toujours insuffisants. La Dominique est en
effet un pays majoritairement agricole et de fait,
la plupart des pays de la region ont besoin de nos
exportations de denres alimentaires, en particulier
Antigua, Saint Christophe, Saint Martin et les les
Vierges britanniques et amricaines. En ce sens, il
est toujours possible d'investir davantage. Le gou-
vemement entend continue investor dans ce sec-
teur, mais ces investissements ne peuvent dpasser
les resources disponibles. En 2007, notre agricul-


ture, en particulier les plantations de bananes, a
t ravage par l'ouragan Dean. Le gouvemement
a d rinvestir dans l'agriculture, l'objectif tant
de remplacer ce qui avait t endommag, et non
de raliser de nouveaux investissements. Plus tard,
en 2008, notre secteur de la pche a t affect
par l'ouragan Omar. Le gouvernement a ainsi d
investor prs de 5 millions de dollars pour venir en
aide ce secteur.

Qu'en est-il des measures prises l'chelon
regional, par le biais de la CARICOM, pour
letter contre la crise ?

Les matires relevant de la Communaut cari-
benne (CARICOM) sont traites par diffrents
ministres : commerce, affaires trangres, affai-
res CARICOM. Pour autant que je sache, la
CARICOM et les chefs de gouvemements s'ef-
forcent d'adopter des positions communes sur
certaines questions. Ensemble, ils s'emploient
par example remdier aux problmes financiers
l'origine d'une certain instability dans le sec-
teur des assurances. En outre, les gouvemements
de l'Organisation des Etats des Carabes orienta-
les (OECS) ainsi que de la Barbade et de Trinit
et Tobago ont collabor trs troitement afin de
rsoudre le problme. Je n'ai donc pas l'impres-
sion que la CARICOM n'est pas assez active.


L'actuelle stratgie de dveloppement du gou-
vernement .... ..i.. il. tout son sens dans le
context de la crise conomique mondiale ?

L'agriculture fera toujours parties intgrante de
l'conomie de la Dominique, mais sans doute
pas autant que dans les annes 70. Elle n'en res-
tera pas moins un secteur majeur. Nous mettons
aujourd'hui l'accent sur le tourism et investis-
sons dans la modernisation de notre aroport.
Nous pourrons ainsi accueillir un plus grand
nombre de visiteurs tout en facilitant les dplace-
ments des Dominicains, y compris ceux qui rsi-
dent l'tranger. Le tourism restera un secteur
cl. Le gouvernement a fait part de son souhait
de se concentrer sur le secteur offshore. Nous
mettons aussi l'accent sur le dveloppement des
technologies de l'information et de la commu-
nication. Toutefois, court terme, nous devons
privilgier les initiatives permettant de maintenir
le pays flots, malgr la crise. Le gouvernement
devrait lancer plus rapidement que par le pass
des programmes d'investissements publics car
nous devons absolument lutter contre le ralentis-
sement de la croissance conomique. H.C. *

lots-cls
Hegel Goutier ; Rosamund Edwards;
Roosevelt Skerrit; Dominique ; CARICOM;
OECS.


PSYCHOLOGIE

Francis O. Severin


,iir lt il iL I iiiiii il ut l '.till prt. ill-
il rllil nit u111i1 lifn p' ll.in lUilliI
i.ilt i ii.in ldlil i iiii i -i ih i. par 'c'tii lli pl'


11i i i iii riii iii r IL n id L iLiii
u i c iir t ffItll. I lUhi2 lcti ill i it Cl it LL I ,iit




ii|ii iliiui iiIdi L L ui t i iiiiii.i i ii it 'iild.i
li ,.rirl -i l'.slli l r lkll il ].- l)[ L i .iL l l'



Irai. h .llll a.r' I rII d. I ll it t Iall i.t l i llk i ,11-
%-, ,iL ., U'hr L'., .' dli n liL.r l, Ill 'i l l Ic li |'I li IIr

\iii .i llr iU Iiti li li a l |i.il il iiiiiid ri i 1 1i11
'iii J il i' ', tlil li r1 .il ]il IIiiL L IiL II r1 i ,' tiu i
ill c/i lllli n ll l l di f 1i lllr t1 1 L Il .i d ld l'ttli
Irti ll l 1 b:htrr 'r dd( (l VILi111 1 tl Il1.

St, riiin dt dO nillir I i, l1npl dc Itcl C.adir up,-
ri'iir quIi likid i li tt r It d ', i pi i'%t'll r'll1t d'it ,l,


tiiil '. l I Iliii 'inrir qui iiii paliil d. Irn ti qui.

n j.iilr i Liijin "iioinu II.i 1lli. ajiI, l -I-il i.iI Vlli
tilLI.iilt' 1 ul l lia ur qLt'tll il i'.[\l;iii',t
Ilrii.iacr li a I ndi crii ic. Icl claint l 1I. a.iiiri-
.iilli il diIIi'iilll 24 i l 24 Ik 'iialilliL It, .ilt'inr
Ill il 1klI!.1 d .1lIl p il I .I 1111lll l, -I ik

i'.L'ii Si '.rlinii ir i.ipp'Irl hliiiii.ain .i.i r i ii t
ri'.il' I Ul pl'fl', I li llin pr, lILIqLL' dLn l, L ,
Er l h' t lil IJ dc ill'tltratic tll qii rllr i lt
dc tl. l ',pp t J \elllill ll, l [ l lI c lCL LLtC[L:L
.J.l'i lh.idil 'ud dc i t rt' nr iirr tic Liii vn-liilnli t
dt' rt 'i.llI "l,.ti l t.. '-:-; a I i i.' ll "qLui ,1 I tl
qiu ltquti tIih p,.iii riitil i itt raJtitdi pal
t'\t'lllili|t' pli LI Ill IIII llllll t q i Idll il'i,,tr UllI


l.Aill[ prr. dur inini '. lll.i" .it lun i ciitilnriil pcr-
\ l, Il l. 11 ll l' iill i, d iL tl lFt'i [' iill' id '-
l iitl i.illt rritliin.iia iinci iiii KTt- Lil dii \ln'i
.tLU\ qtLi 2 idl lt iii cii c it' iill t i\ qul li l t'' *tIl
p|,i m.iL'flIn, Lt tvii qui qi pld prrd iiit 'rti
ti 11h ll ll i qkL I' r, p1 hill 'lIZk gi l ll L\ lll d ill]
.iiti i I 3tlii p iir rrjuiiindri It ga.i;n.ilit ail'r,
qLI'il, iili'lf l Id L'. llil *|'21L atdL II. illl ii ll j ll[r'
I'i;i.ririim H.C.



mols-cls
I tul t'*. iii ll ,r l ,IIIIIII I II i. ii ( )
Irl'l ll li' )l)i lli li lllli)ll DI i )ii q lllllleil dI,
1.a i)p ll' i'beee'lll \\' ls I die, L ii' i i'ill
i I \Mi


CURRIER






Dominique eportage


souhaite plus





est le president

du principal parti d'opposition

en Dominique, le Parti des travailleurs unis (United Workers' Party-

UWP) qui a remport huit siges lors des lections du 5 mai 2005.


ous avez formula des critiques de mauvaise governance l'en-
contre du gouvernement.

Les elections de 2005 ont t frauduleuses et entaches d'irrgu-
larits. Ajoutons cela le problme d'une classes dirigeante particulirement
corrompue ; la fraude fiscal et l'acquisition de richesses et d'une srie de
biens devraient galement tre examines par notre nouvelle Commission de
l'intgrit mais celle-ci n'est pas autorise, par la loi, examiner rtroacti-
vement des irrgularits passes. Il appartient donc au Premier ministry de
remdier cela en assurant la transparence des informations dans un esprit de
responsabilit vis--vis des citoyens et de l'opposition.
L'autre point concern l'conomie. La crise conomique international
est une ralit indniable, mais il faut savoir que notre pays n'est pas ce
point dpendant du systme financier international. La crise conomique
n'a donc pas encore frapp la Dominique. Il n'empche qu'au course de ces
quatre ou cinq dernires annes, nous avons connu un climate conomique
extrmement morose, caractris par des pertes d'emplois et de revenues,
une forte imposition et l'absence d'investissements productifs suffisants
dans l'agriculture, notre premier secteur conomique, et dans le tourism,
deuxime secteur conomique de notre pays. La quality de vie de nos habi-
tants en a souffert. Nous disposons de fantastiques resources naturelles,
mais pour l'une ou l'autre raison, nous n'avons pas t en measure de les
exploiter pleinement.

Revenons la nature des irrgularits lectorales...

De telles irrgularits ont t observes pendant toute la priode contempo-
raine de notre histoire politique, c'est--dire depuis 1960. Mais les elections
du 5 mai 2005 ont t les plus corrompues de toute
l'histoire de la Dominique. Certains candidates
n'ont pas hsit rcompenser gnreusement La Dominiqu(
les promesses de vote. Des citoyens dominicains
vivant outre-mer ont mme reu des billets d'avi- Donnees gnrales


on pour venir voter en Dominique une pratique
totalement illgale !

Le dpouillement du scrutiny semble avoir mis en
evidence un nombre lev d'lecteurs par rapport
la population

La liste des lecteurs comptait 68.000 personnel
alors que nous savons que 20.000 d'entre elles
avaient moins de 18 ans, et ne pouvaient donc pas
voter. A l'poque des elections, le pays comptait
entire 60.000 et 65.000 habitants. Environ 48.000
personnel seulement auraient donc d figure sur
la liste.

Le gouvernement parle de reprise conomique...

C'est ce qu'il pretend en effet. C'est oublier que
l'migration est un indicateur de recession co-


nomique. Notre pays compete environ 60.000 habitants, alors qu'il y a dix
ans, il en comptait 90.000 selon les estimations. Un dclin qui montre une
migration massive de nos habitants pour Antigua et d'autres pays de la
region et d'ailleurs qui semblent offrir de meilleures perspectives.
Que faut-il changer dans votre pays, en terms de governance ?
Nous demandons le "nettoyage" des cartes d'identit et des listes d'lec-
teurs. Notre legislation stipule qu'un citoyen dominicain doit s'tre rendu
dans son pays au course des cinq annes prcdant une election pour avoir
le droit de vote. Des observateurs internationaux devraient tre dtachs
dans notre pays. Nous estimons galement que les parties de l'opposition
doivent bnficier d'un accs relativement quitable aux mdias publics
(services de radio et tldiffusion de Dominique (DBS) et Government
Information Service).

Si vous arrive en tte auxprochaines lections, quels changements appor-
teriez-vous ?

La Dominique a pour formidable atout ses richesses naturelles, d'o son
surnom d'"Ile Nature" que nous devons absolument mettre en valeur.
Vient ensuite la question de l'intgrit : nous avons besoin d'une dmocra-
tie ouverte et transparent et d'un systme de gouvernement local renforc.
Nous pouvions nous prvaloir du meilleur systme de gouvernement local
de toute la region, mais il est aujourd'hui rprim. H.C. l

Ilots-cls
Hegel Goutier; Ron Green; Dominique; UWP; migrations; DBS.


e et La Grenade en chiffres


Dominique


r',


Grenade








'r?-,
;'s,,.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009


S J iIL. -,i I .I ILI rriIl, 'll, ,ti 4 lljiiIII I ",

'i .I i i.




'I i, ii iiiL iii iI11 CII 1 LuI,1i
LI iD r Iic
l l .l- .l 1 i ii i,
i[ l U- L I l P iU I II ' lu F'IIl I""I
Fin a n ce m e n t d e I U E i i ,-,, ..1i il, .1, I 1 111-,.


' ur-ii-i c c I- 1 i i liiiii ir' n i ui. lp i nni ';u i ru niiiiiiiil dlc 1 1 ,I mrirniiquc




































Aprs la crise conomique svre qui avait touch la Dominique la fin des annes 90, les gou-

vernements successifs ont fait un effort marquant pour donner une assise solide la governance
conomique et politique. Ces efforts ont t tant et si bien apprcis, souligne l'Ambassadeur
Valeriano Diaz, chef de dlgation de l'Union Europenne pour la Barbade et les pays de
l'Organisation des Etats de la Caraibe orientale, que la Dominique avait obtenu une augmenta-

tion significative de son envelope.


L r Id IL % tc i nu piiari L ti i Li' lu 1 I 'n

Il il il 1_ iiii l 1- ii 1.d i a' L i i i i i ,, 'IL i ni I r
'111 V1 .111 I.t L i1 iI '.111 LI L 1 n l %.)Ljr-
Lu illipl( 11h.1( ii~ lt IIV i~jLtl 1 ii~ p
hltv "I la 1, 'f rlkl[I ut tie 1111 dkliv it i111
Lin ,,ticii hd.xitid ,re Lutiui qui J,,rlnn IL puiis
je ileLr\11111L du IMr IL ILlLI ll t L ,[i.. qT
2 rLo tra .iL iitiiiI, pour 1i Ilie 1 --1)
Illiii iL 11 1 4 Si. mllion, J-d,) ti, -r 5

i 'k' o''i di'il. cili Jeu- piili, pilu due 5i-11ii 111

z r.tir d I ii 1 ha l 'ih i I iiilIIIdi1I1
lii i.iL fl,, L i l I I iLzi i rL i 'n
I i I 1 t I iLii ri u i j li iitIx it: d
pura. i .i.ni [u i h'iiq t l\,riuiii idi iiiiiep'iP
dLqnIlLtt dII\ libl Ij[, de. Id P.LiiL i
Li hi e I-id, dii 11 1) la I 'L'llqll(uL 'lL21






te Vli lIIII d(l\ r 111,%i [CIV LI V.T tladitoll -
1L ,LiIL hliailillie, 1Ld ii '. idr si' L iLd rieisiail i
151 5u I'iIIi i i pl ,a ii puiriiii uih tr
ailiLrz puti iI'~ tI1.~III dii tLiLLii
kIL L hiiinL i r .ii' r dii rl'i r %f ) i 1h 'iTliL
ii~ qpuir Lent ck71 L,111Mhihti.'5 Adi MLU



du;, r- a I[ t iLI I p i%,: [u l a ui i %r 'i,i iiz


du cpIuI di Iii., 4h;nIuilii,, J\ uctir dI doi
r i i aLiLi I ['1 Jtt i [Il' l e.nitre L .ir
el," I~"~ L krzi de i I f2L LkfI aLit
.11I. [i tl- L- I ~LI IIL I hLikl,2 [iarL i-1 iiiillio,n'i
jI' tirei Iuu li.'2Iiruiruin- i!i.',qiiI du r-cfoirirc kiii
rciiic I ,iiL ItI ti du I diiliirtratioi 1 u pa% .


~i.~iiC~i Ldiiiis iliir ru sd '.'iu!iiif liidilIIiiii
Ldin, le cudi d~ I piIIIn J L' IV iii-lii
i ii- ,,pu nrl J. iii di' pi r de Ia 1:nijui uuir.-
pIeeIIIl., i "iflifll I;I lI du \ziiir kIL
klL,\Ll.)IliLr1 I di J L- Liiii 1L-ii- L-i d I'r. d ri1

duii ['r 'rdii iiic tpio mdl di I 1) LEi ii d I iik-


IPar.nm i I, ril ii i : L I ii i 'iI' ii rLj Ii zr iir
l'iii .in i- hiliir ii ii Li 1L -Iiuiiiii t iiii I., Lriii.-i k
cri %ILL d [II-T-ILIIti Ic, duir.iI.ii J hLjii.:LiIc
il ati[re, pr.odui ' i igiiole, de pIliusieiur

I Lifl VJl'IL L ~ iL I1.-i i atI 1.-'n Lr kit
mil li' i L i kit rii.liii r mi iihlir 1,
[rj.id ILt 1 ~i~ it v reportt HaInl lli



~Ti.: liniLniiLi ieiii Ll'uil rieii ,,Li,.Ll ill'ii Li Uri
SL.rt niil .t U1 i u[111 Jl unL i i'. i Mi L u
aril' '[h l* aliu i kI ii w al lalion, Ilh ;,LL,, 11 )L l
r1iii 'fi1i Ll il I L 1ii i 1i iI lLirihsiit,2L kI
i n r r, iiri, 1~i qtl I a.j lcii i 4.jc4 I L pi tiiri

Ini Je n'ulunir IuiieIIinl dLllpel'1Lcii d




li I' riiii it i iuiic lirt' aiio f al p Iurt dit 1 Iv

Lii1'rihu Ikl i uii,[ir i[u, di, Ii du'.i
, t[iir I t i jlrt p iiid? li I 'II lil L


Ln 1 .)rlliiii LIL 1 il 1 1i 1 itvo ila i i kIL vitii
I.j u ri d Idru i pi i i iIiIcr jhk it Id .
estu 'utuIILleilLnun r111' c'i vu'. ugrdLe a
linLi'.unli'n du n 'dii 'q,ild, e--iLl
il lS IUl LuII dol't'io de. -I n lIn dtIi.
.ILI iir, du a.drt I`ILL1.Id I 'i du LI T
dc4iiiR Li1ipcii4cr Ivs Loii..cqik ic L Lie I.d


lh- iitL- dt \p 'irt.i ('iiil i i dL hii n1 I i v i Nifln-
Ilh 2.L lui '1 r i it Ci lu,1iii C4 i I'r u ,xuu
.ibLiiiJ,,, ,'iiis L'L LiiLle 1-riiiiies la Lt-inriiniuriiulL,

liillkliL 111 II INllr IIL lLl rilltri C'l l autant jel
,rLit i tl, h. lL Iii IL di I u'i'ii dui I l s~
Il cri Lai du iu pour 'I. 'iiliiwi du,
[k\ hicuirs et atitres iniicur' Il ipp ' Jd pleini I'uti I
Parl Iv'\ uni' I al.i'.

Iv lll111L1111 I'Ll ilL 1~i~ 11-.1.i111111 10 11 LIrIL

P.oiir I in n'. le jilli' et les i iiii' u

P"I i I~ iTi n iit:2i Lii i1 jil up l.lii.il i
pri.jet Je traitementcii Je, LiLLt-i L ilil- .iii
qu1' Uri liTilJ i
Iv klLiiri.int,2 L d 1,111-Lill
l'diLiitT t.Ii, 1L(4 plti I[ lIiIijiu Par Il i.
,I Livrl 'iI iii p 'r I iiir i riruinic I1 pni@ ite
ILau I).iniiqiu[ hciic ura cxuilniiuiit di' pic,

-p iii iie., J iiii, j:,rlii i iii.liii 1 Je, t'aia lle.
1.,S million d tirir, on i IL dliiIL il titiL Lii
I ii I-i-i' l d!I. i ll it 1 i bII I tI Li :1 I i1ii'<:
tii t i\ It iLilaii _. l ti ic rd t ii.pjrkiijrul CL-
ii.UTiiquL1 I .1 I W siii le I'i I.hi ,
H.G.

\te mitajit ILI L %IRI 'H I ,ILh- ,ILTlIjlrL, JL I J'
LI1 ~ 1 I JrtMLIa k It aJ. i.- la 1,..rbatic
I l la I iiiiiirlitluL 1 I
~Iiii I iillliri i rInai.l Jrni ..il.uici Ini.I



nIols-cls
I I licI( ..iiiiei .ileiie ii .. I I I I

I ij.ilI >. liiiiiiii(III


COURRIER









































"Mon project c'est a, la Dominique et il est sexy pour votre magazine." Et de plaquer une
carte de l'le sur le mur telle qu'amnage pour souligner des circuits reliant et mettant en
evidence les richesses et les merveilles de la nature et les hauts lieux historiques et culturels
du pays. Yvanette Baron-George est la gestionnaire de project du "Waitukubuli National
Trail Project" labor par une ONG locale et destin amnager un circuit pdestre sinuant
travers l'le, la traversant du Nord au Sud et de part en part, permettant de dcouvrir la
beaut de la nature de mme que les sites historiques et culturels.


e project est finance par le gouvernement de Dominique et l'Union
Europenne (C5,9 M) en partenariat avec le Conseil Rgional de
la Martinique. De nombreux tronons de la piste qui mesurera
184 km (115 miles) sont dj praticables.

Le gros de la piste existait dj, dgage dans le pass par la communaut
indigne de la Dominique. Le "Trail project" reliera les diffrents tron-
ons. Une bonne parties de la tche est accomplie. Des tourists dbarquent
dj dans le pays pour les parcourir. Mais pour les plus presss, il y a
moyen de dcouvrir la plupart de ces merveilles en vhicule ou au prix
d'une petite march. Une journe suffit amplement. Evidemment, elle ne
permet pas d'aller voir les fumerolles et les vapeurs du "Boiling Lake" ou
les hauteurs volcaniques car de la route, il faut de bonnes heures de march
aller-retour. N'empche.

Dj Roseau, la capital est un petit bijou, hors temps avec un petit air
surann de ses maisons gingerbread ou de son quarter franais, ses
venelles en pente, tous lieux propices la flnerie et la dsinvolture. Et
l'exubrance de ses massifs floraux, bougainvilliers, oiseaux de paradise,
poinsettia, hibiscus devant chaque petit balcon, chaque balustrade !
La fort tropical commence aux portes de la ville. On peut s'y aventurer


mais la tentation est forte de suivre la grande route longeant la cte ouest.
On passe Canefield o l'on peut visiter le superbe Old Mill Cultural
Center, la fois muse de l'industrie de la canne, muse d'art contempo-
rain, et centre cultural polyvalent, avec bibliothque, scnes de thtre et
de concert. Sans parler du plaisir de s'y musarder dans les course embau-
mes de fragrances captivantes.

Un peu plus loin : Massacre, village historique, thtre au dbut de la
priode colonial d'une scne shakespearienne opposant deux fils d'un
gouverneur, l'un mtis blanc-indien et qui sera massacre avec ses partisans
par son demi-frre europen. Une fresque murale d'Earl Etienne comm-
more cette page de l'histoire semble-t-il dulcore de lgende. Elle ouvre
un pan sur l'art de l'artiste peintre le plus rput de l'le.



Les amateurs de jeux s'arrteront Mahau, la ville qui a la reputation,
mme petite, de ne jamais dormir. Aprs, on ne peut pas rater la Gueule
du lion, "lion djel" en crole anglicis, norme rocher don't on avait d
couper un bout du nez pour construire la route. Comme ville, il faut voir
Portsmouth magnifique de nostalgic et de romantisme quelques enca-


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009















-1 loi k." b I.. il,iu lu. .G.
l I Ii ii I "I Ii, 11 J ,, IJ III ~. ,. il ,Il l i, iJ l Iu l ., l',j Ij ,, I h ,,' ,,, ,lh ,l ,i ,I l I ,,,iII ,I, I ! il l ,liii l. l I' I,
1.1 IIIi l III I,. ,l li ,,,ii lh I il Iali l ,l lli I, h. ,I, i I . lla l il '1. li II, i ,,. l, 1,i Ill, ,. i ll,. ii.,. 1i,,. ,il ,l 1 i ll I i I' n c l I I I ,.l. I .I i l.ilil
l'l, iII i '. J. ,I ,. ,. .i .i.. I I I l',i ,i ,. ,iII I ih I, l l hl i i ali I,. II '. II. ,i .1 ,i. 1 1 1i 11 -I I H .C ..
I iIIIh I I I, u li l u u'I'.' l.ll' iil Ii u i II'I II i I II. IIII. I .III
I ii' i I .I"' I II .. .I. .. . .......... iiiiii. i i ii. .I. I. ....
. l.li. II I. uII II'. I'i I, . l l.h. I l .. .ill I . _... i.. I... .
.II I.. lh .l.il. l ll i iI l. I I, III ti.ll Ib I I l i i. l. . I' .. I I
.. , l . .. ,, I , .. ... .., .. .. I ,MO... .. Iis cls
il l l ,II .. .'..I I i 1 ~ l I IIIi II. '. 1111 . II II i lll i, I, I II Ilhl .IS'l Srl
~i.Ital..1~ 1.. ,.i... .~Ii ..i. I I i.iile \ ill.,alil- a I.i ll .It ... 1 .1. iii l i l. .i ~.i ~ H 'I II,,II.Ii l .ill lli ll lrl'.1 < II- lr l lllr l il iiiill ll' it alli i ll
,il.lh '. il I,'ilb .llli",.l _i.i l'. l .l Iii' 'i' %
~.iill .~~. Iiii li ~ ...I 11.1-.iii -..i.I l I I 11 111. I N. I ..I I *I .iIl, e .


GRAlD

ELtienne e
San est ur
LItura C r e.
art dui pas L pF
i ne nouvance pl
duration, les
.llravures


ns les plus
ence II ava


mission euwr
.r. Lennox


erre, LoU
tLlonal /
0= I rfni


a au


a iii ntuQc -
et qu'il inent4e i
-idudirait techniq
fascine. i. :







































de la Caae on- es euan me supi par e p e ra Les plu e ---------------- n


mmie l'mae de 198 due e eou cpato*ee iaie ap d es -i.oiiu

tochs ily enio qute e s pa la ce-ei ce'e- cloes et qu erouern -e

paslreeteosri et cen mieux le c,'dode ayan et -"ul ba ee d.eetee"


eoi de mucae20
s prtersI*e/ L


.plus petit pays indpendant de l'hmisphre occidental est
ir. tillant de vie. Au Sud de l'arc de la Carabe et just au Nord de
i! init et Tobago et du Venezuela, La Grenade est un ensemble
,I.. trois les, Grenade, Carriacou et Petite Martinique. Chacune,
unique avec des charmes particuliers. Saint Georges, la capital du pays et
de la plus grande le, Grenade, avec sa modernit dimension humaine est
l'une des plus jolies et des plus lgantes cits de la Carabe, blottie autour
d'une baie d'une beauty exceptionnelle, avec ses ports et ses marinas de
rve qui invitent se laisser musarder dans tous leurs recoins, surtout la
tombe de la nuit.


Le pays est peupl en majority de descendants d'Africains, et en beaucoup
moindre measure de ses premiers habitants, Arawacks et surtout Carabes,
plus de petites communauts de descendants d'anciens colons europens,
ou de travailleurs venus de l'Inde au XIXe sicle. Comme toutes les les
de la Carabe peuples par les Carabes (Kalinago), la colonisation a t
tardive. Parce que les guerriers Carabes taient farouches mais aussi
parce qu'ils s'taient cr une reputation terrorisant les colons. Caliban
dans "La tempte" de Shakespeare, esclave et fils de sorcire, tmoigne
parmi tant d'autres rfrences, de la stupeur que provoquait leur renom-
me. Christophe Colomb a abord l'le lors de son troisime voyage en


Amrique, en 1498 mais l'le ne fut vraiment occupe pour la premiere
fois qu'en 1650 par les Franais.

En 1498, La Grenade tait peuple donc essentiellement de Carabes. Les
Espagnols n'ont pas pu s'y installer, les tentatives des Anglais restrent
aussi infructueuses. La "Compagnie des Iles d'Amrique" du cardinal
Richelieu, par l'intermdiaire de son reprsentant la Martinique, Jacques
Dyel du Parquet vise depuis 1636 de s'accaparer La Grenade. Aprs la
faillite en 1649 de la Compagnie, Du Parquet "achte" ces deux les. Et
y lance ses fantassins qui, aprs de nombreux accrochages, finirent par
vaincre les guerriers carabes don't les demiers survivants se seraient jets
la mer plutt que de se rendre.


L'le a ensuite vcu un ping-pong entire Anglais et Franais jusqu'au
Trait de Versailles de 1783, la concdant dfinitivement l'Angleterre.
Au dpart, c'tait une colonie sucrire qui connut la fin du XVIIIe sicle
une diversification avec l'introduction de la muscade don't elle est encore
aujourd'hui avec l'Indonsie et l'Inde les trois producteurs quasi exclusifs.
Elle devint une le aux pices. L'esclavage y est aboli en 1834. A la suite
de diffrents rgimes coloniaux d'administration, ce fut en mars 1967 une
complete autonomie dans le cadre de l'"Associated Statehood Act" avant


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009







eportage Grenade


l'indpendance officielle en 1974. Tout en restant dans le Commonwealth
et en gardant pour chef d'Etat le monarque britannique.

>T

Son premier Chef de gouvernement, Sir Eric Gairy sera renvers cinq ans
plus tard en mars 1979 par un coup d'Etat conduit par Maurice Bishop
sous l'tendard d'un marxisme-lninisme tropical. C'est le dbut d'un
grand traumatisme car Bishop qui avait fini par gagner la sympathie
d'une bonne parties de la population, notamment grce ses programmes
sociaux, se fera renverser par une fraction radical de son parti conduite
par Bernard Coard, et sera assassin le 19 octobre 1983 avec huit de ses
ministres et partisans. S'en est suivie, quelques jours plus tard, l'invasion
des troupes amricaines avec la bndiction de l'Organisation des Etats
de la Carabe orientale (OECS), la suite de laquelle 17 suspects seront
condamns la peine de mort. Celle-ci fut commue aprs. Les prisonniers
ont t rcemment relchs.


Bishop reste un symbol et une sorte de hros romantique. Ses pires
adversaires lui rendent hommage pour ses ralisations sociales et la moder-
nisation des infrastructures du pays tout en condamnant les limitations
de liberts individuelles par son regime. C'est par example la position
que Georges Brizan, ancien Premier ministry, ancien co-prsident de
l'Assemble parlementaire paritaire Afrique Carabe, Pacifique Union
Europenne a explique au Courrier.

Les elections de dcembre 1984 rtablirent le jeu constitutionnel dans le
cadre du systme bipartite traditionnel la Westminster. Le parti au pou-
voir actuellement et ce depuis les dernires elections de juillet 2008, est
le National Democratic Party avec la tte du gouvemement le Premier
ministry, Tillman Thomas. H.C. M

lots-cls
Grenade ; Carriacou ; Petite Martinique ; Carabe ; Arawack;
Eric Gairy ; Maurice Bishop ; Georges Brizan ; Tillman Thomas.






Grenade eportage


"Euitons de mettre tous nos


LujL djn JJJ ii~jsi" JJJJui Fr"

Entretien avec Tillman Thomas, Premier ministry de la Grenade

Le nouveau Premier ministry de La Grenade est entr en function il
y a tout just un an. Lors des lections du 9 juillet 2008, son parti,
le Congrs dmocratique national (National Democratic Congress
-NDC) avait battu le parti du gouvernement de Keith Mitchell, au
pouvoir pendant 13 ans.


n quoi la politique du Congrs dmo-
cratique national est-elle diff ri me ?
Une difference rside dans notre appro-
che de la gouvemance : nous croyons
au respect de l'indpendance des institutions.
Les forces de police sont mieux organises, elles
sont plus indpendantes et leurs interventions
sont plus efficaces. Selon nous, la promotion des
fonctionnaires publics doit se faire au mrite, et
non sur la base de leur appartenance politique.
L'administration prcdente a connu une srie de
litiges avec les mdias. Nous avons une approche
diffrente vis--vis des mdias et notre vision de
la governance est celle d'un partenariat avec
d'autres groups d'intrt de la socit.

Quelle est votre stratgie de dveloppement
pour La Grenade ?
Notre agriculture prsente un formidable poten-
tiel et nous pourrions dvelopper notre industries
alimentaire. Nous produisons de la noix de
muscade et possdons une usine de chocolate
ainsi qu'une industries de bire blonde. Ces pro-
ductions se font petite chelle mais pourraient
tre dveloppes. La pche fumage et trans-
formation des poissons est un secteur potential
d'avenir, et nous nous employons trouver de
nouveaux dbouchs. Un autre objectif est de
dvelopper le tourism communautaire et cultu-
rel, en plus du tourism "mer et soleil". Retenons
par example le project "Fish Friday" Gouyave.
Il est galement capital d'assurer la formation
de nos jeunes pour leur permettre de contribuer
au dveloppement national. L'objectif est de les
aider dcrocher des diplmes d'lectricien, de
maon et de plombier ainsi que dans le secteur
de l'accueil des tourists.

Et le dveloppement de la scurit social ?
Nous aimerions mettre en place, au sein de
la region, un cadre lgal rgissant la fois la
scurit social et les activits des entreprises.
Grce cela, un habitant de La Grenade qui irait
s'installer Sainte Lucie ou Saint Vincent,
pourrait continue percevoir des allocations
(de scurit sociale.

Votre gouvernement ne met-il pas trop l'accent
sur le secteur du tourism ?
Nous devons trouver un quilibre. Sur le long
terme, l'agriculture est le secteur le plus dura-
ble : nous devons aider nos communauts rura-
les se lancer dans les affaires, crer des entre-
prises familiales et rechercher de nouveaux
dbouchs pour nos products. Nous ne devons
pas mettre tous nos eufs dans le mme panier !


Avez-vous constat un ralentissement du rythme
,' -i i.. -I au sein de la CARICOM par rap-
port ces 20 dernires annes ?
L'enthousiasme et l'nergie des dbuts ont
disparu. Nous soutenons rsolument l'initia-
tive visant crer un space conomique entire
Trinit et Tobago et l'Organisation des Etats de
la Carabe orientale (OECS)*. Port-of-Spain est
la capital financire des Carabes du Sud, d'o
une possibility, selon moi, d'intgration entire
Trinit et Tobago et l'OECS. Lorsqu'on exami-
ne l'impact de la crise financire, on comprend
clairement la ncessit de mettre en place un
cadre regional pour les entreprises actives dans
la region. L'absence d'un vritable movement
d'intgration ouvre la porte la discrimination.
Nous devons nous pencher srieusement sur la
CARICOM et dfinir la voie suivre. La region
devrait ngocier en un seul bloc avec les organi-
sations internationales. Il faut viter qu'un pays
noue des relations avec la Chine et un autre avec
Taiwan. Nous pourrions nous doter d'une auto-
rit lgale supranationale au sein de la region et
d'un systme parlementaire regional.

Trinit et Tobago ne risque-il pas d'absorber
des conomies plus petite chelle ?
Trinit est certes un pays assez important, mais
notre secteur du tourism est assez different. La
structure conomique de La Grenade, le type
de proprit foncire dans notre pays
- nos habitants peuvent dtenir des
terres dans tout le pays sont autant
de differences. Je ne m'attends pas
des movements migratoires massifs
dans le cas du rapprochement que j'ai
voqu plus haut. D'aucuns pensent
que les habitants veulent partir pour un
pays plus grand, mais je ne pense pas
que cela soit le cas chez nous. Car selon
moi, la quality de vie Grenade est bien
meilleure que dans n'importe quel autre .
pays de la region. .

Quelles sont les considerations go-
politiques qui gouvernent la politique
extrieure de La Grenade ?
La guerre froide appartient au pass.
Culturellement parlant, on ne peut pas
trouver pays plus proches dans la region
que Grenade et Trinit. Ce qu'il faut
raliser, c'est un engagement clair -
nous devons partager et changer dans
les domaines susceptibles de promou-
voir les institutions dmocratiques et
l'humanit.


A l'heure actuelle, il y a quelques pierres
d'achoppement dans vos relations avec l'UE. Je
songe aux bananes et l'Accord de partenariat
conomique (APE). Comment envisagez-vous
les relations entire La Grenade et I'UE ?
L'APE prsente des avantages comme des incon-
vnients. Si nous pouvions cooprer comme
une seule et mme region, l'APE nous serait
profitable. Nous avons la possibility (depuis la
signature de l'APE) de fournir certain services
l'UE. Nous devons retire un maximum de ces
avantages comparatifs car, au niveau des pro-
duits manufactures, nous n'avons pas la possibi-
lit de produire comme l'UE le fait. H.G. *

* L'OECS compete neuf pays membres : Antigua et
Barbuda, le Commonwealth de la Dominique, Grenade,
Montserrat, Saint Christophe et Nevis, Sainte Lucie et
Saint Vincent et les Grenadines. Anguilla et les Iles
Vierges britanniques sont membres associs de l'OECS.




lots-cls
Hegel Goutier ; Grenade ; Tilhnan Thomas;
OECS; NDC; APE.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009

























> Diagnostic

Les problmes se rpartissent en trois grande
categories. Tout d'abord, l'conomie souffre
d'une diminution des investissements tran-
gers directs. Nombre de gigantesques projects
d'infrastructures touristiques sur lesquels nous
comptions (reprsentant un investissement total
d'environ 700 millions de dollars) ne verront pas
le jour. Deuximement, le secteur du tourism
est lui-mme en berne, en terms de visiteurs
et de dpenses. Dans le secteur du tourism
de croisire, les tourists continent d'arriver
en nombres, mme s'ils dpensent moins. Ce
secteur risque selon nous de voir encore ses
revenues reculer. Viennent enfin les envois d'ar-
gent de l'tranger. Les Grenadiens qui vivent
l'tranger, dans les mtropoles, envoient moins


d'argent dans le pays qu'ils le font d'habitude.
Selon nous, ces envois ont recul d'environ 16%
par rapport l'anne dernire. La recession qui
frappe divers secteurs, don't le btiment, est res-
ponsable d'un recul de l'emploi.

> Ajustement

Nous avons introduit l'amnistie fiscal, ce qui
signifie que les intrts et les amendes dus par
les contribuables qui ne patient pas l'intgralit
de leurs impts et taxes au gouvernement sont
totalement annuls.
Nous nous sommes galement lancs dans une
srie de projects de construction court terme et
nous rnovons des btiments publics, notamment
dans le secteur de la sant et de l'ducation. Nous
avons renforc nos programmes d'entretien des


authentic Caribbean.





"De La Grenade Industries" reprsente l'une de ses images de
marque prestigieuses de la Grenade. Elle est dirige depuis
1992 par Ccile La Grenade, un des entrepreneurs grce
auxquels peut-tre, les grands rhums de la Caraibe, qui raflent
souvent les distinctions dans les concours internationaux de
spiritueux, seront mieux connus des amateurs.


routes. Notre objectif est de crer durablement
des emplois. Nous sommes sur le point de dmar-
rer un autre programme de soutien au revenue des
agriculteurs. Cette initiative doit galement per-
mettre de renforcer la scurit alimentaire.
Nous devrions examiner nos principaux projects
d'investissement moyen et long terme. Nous
pourrions alors identifier les projects prioritaires
ainsi que les projects pouvant tre mis en euvre
par le biais de partenariats entire le secteur priv
et public. Nous pourrions aussi promouvoir ici
les prts taux rduit ainsi que les programmes
de cooperation bilatrale. H.G. *

mots-cls
Grenade ; Hegel Goutier ; cruise financire;
Nazim Burke ; Ministre des Finances.







I NI) L GRI
IN 'l: Li .... I 1. 1 l


JKl 'Spi L 'Jiii cI iirr d
quii aI j1crciii dur Ilihriin Iin s fdlaI

liiii Liiit "Il'. pd1rlI d ui tL t I. diii dI t


1i 1~ c Ii c \t Lt I f l it i, .'ii h au R LI I -1-ih' f 1 h
ruritiii.i iii N i-.idiiLciir, duc ihtinr Ivi plti1

hir, d, I,1i rci,irii p.riiii lutlticl, IL, ki Ln.;~
% IcIIII,(1-1 ii i L IL Chu i k ki 1 11 ii.ih. i L[%,Ii.i d o
d( Il hark, Qit I]l.ili IX flivrad Ifldh.!1Vs
ir. r ii.iirc fiiut jtiir c, i [ i inv du I itlitic ir"


tiilili.iiii 1.i --cIi.iin ilL p.iii-..iriici ci-itiir~ii-t Ic
iio ii dic iXiii i tL.jc pi diir[ % .iii ili rdi-itc
daidiii dud jcii\ uitis c! rcilluflUil t i I ii-iLctrt
d( 1.1 ff i. IlIn sj ( pLi I -AI 1ji *rrcii.iddc 1'tin
dc prCiiiicr iiiiilIrvs Lit ItiXiLit jd ltir Sd
prioprc vnipii 4 k k. Li itiii vn k i iiic Lhi'I'b
,jliiiiriil ri. duiliilMdii t dl pi. .i dkinL
dc 1riidrr4iti icil iiilin in 'ILit I iidiit
. uniiiird hiii IL LciL[ fictir r IC .sjrLIL
dc 1.1 1 iiIIL 1 I LILi if( IL p o ill, d
lai n-i.irL[tic Lt cil i i. l.il tiin flutiroiii 1IL 1 ii-idiihiil
dc -,ii pIi!' 4 L i livcnakiv litlticiir" L: ;t .ill


--] vla 1. ircii dud ]iiLItiric, i pr oilit diruri i c iiit

I niL %n I 'j..,iiiRii H.G.
Il j] :r1, I .I' 1 iif iiJ ad1 J, II I d iill. i. ii


nIols-cls
1I e- iiiIeIl. Cet il I .i( Lai ii.i Il a .i( .*iqii.i Ba.IiI.aiitmiri a11>1.1111 I ..iii- IL.a( i1eII.I a .i( .ellde u .le In iq 1


COURRIER






Grenade eportage


Les pertes




par


Keith Mitchell a occup le poste de Premier
ministry de la Grenade pendant 13 ans
(1995-2008). Son Nouveau Parti national
(New National Party NNP), battu aux
lections gnrales de 2008, a conserv qua-
tre siges la Chambre des reprsentants.
Devenu leader de l'opposition, il accuse le
gouvernement d'avoir dcourag les investis-
seurs potentiels. Il nous explique pourquoi.


,. I. sont les principaux reproches adresss par l'opposition
.n nouveauu gouvernement ?

i i, pays a besoin d'un maximum d'unit et de consensus
i. ,. les niveaux possibles, et plus encore en priode de crise
conomique. Mon gouvernement a mis en place les bases solides d'une telle
vision. Lorsque le nouveau gouvernement est entr en function, il n'avait
qu' exploiter ces bases. Mais en ralit, il a fait exactement le contraire
et s'est lanc dans une veritable chasse aux sorcires contre ses opposants,
perscutant les partisans du gouvernement prcdent. L'actuel gouvernement
n'a pourtant remport les elections qu'avec 1.800 voix d'cart. Il a mis fin
la quasi-totalit des grands projects. Ce sont ainsi des centaines de millions
de dollars d'investissements qui sont parties en fume. Le pilote de Formule
1, Lewis Hamilton, don't le pre est grenadien, souhaitait investor dans notre
pays mais l'opposition [de l'poque] avait affirm qu'il y avait eu corruption
entire le pilote, le gouvernement [le NNP] et l'ancien Gouverneur gnral.

Certains avancent que les investissements sont au point mort en raison de
la crise conomique mondiale...

Le gouvernement tente clairement de manipuler l'opinion, mais les faits
parent d'eux-mmes. Il s'attaque la reputation des politiques c'est l
le problme. Le context international est ce qu'il est mais en dpit de la
crise, les choses auraient pu bouger et de nombreux projects auraient pu voir
le jour. En procdant des campagnes de diffamation, le gouvernement
attaque non seulement les hommes politiques de l'opposition, mais il nuit
surtout aux possibilits d'investissement.

Pourquoi n'intentez-vous pas une action contre le gouvernement ?

J'ai introduit une vingtaine d'actions en diffamation. Certains jugements
sont en ma faveur, mais le systme judiciaire est particulirement lent.


Que pensez-vous de la CARICOM ? Elle semble s'afitiiblir.

Il faut absolument renforcer les liens conomiques et politiques entire les
petites nations de la region pour leur permettre de survive dans le village
plantaire. A mon sens, le rythme d'intgration est encore trop lent, or,
sans une approche intgre, le dveloppement conomique des petits pays
est de plus en plus problmatique. Chaque fois qu'une decision l'che-
lon de la CARICOM va dans le sens d'une cooperation amliore, une
personnalit ou un group de personnel essaie d'branler le systme. Or,
les organes de la CARICOM n'ont pas assez de pouvoir pour forcer les
individus respecter les decisions qui ont t prises. Les institutions de la
CARICOM doivent donc tre renforces. Cette organisation apprhende
aujourd'hui de manire bien trop bureaucratique une srie de problmes.
La region a besoin d'un sens plus affirm d'intgration politique, mais
soyons clairs, cela ne pourra jamais se faire du jour au lendemain.

En ces temps difif ilt \. comment donner aux jeunes des raisons d'esprer ?

Lorsqu'ils n'ont aucune raison d'esprer, les jeunes se sentent marginaliss
et se retrouvent parfois dans une situation o leurs agissements risquent de
se retourner contre eux. On observe un sentiment de dsespoir profond-
ment enracin dans le pays. Il existait auparavant un systme de transport
pour les enfants don't les parents n'avaient pas les moyens de leur payer le
bus ainsi qu'une allocation uniformm" pour les lves. Ces programmes,
et d'autres encore, ont t suspendus par le gouvernement. H.G. M



mots-cls
Hegel Goutier ; Keith Mitchell; NNP ; CARICOM ; Lewis Hamilton ;
La Grenade.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009





portage


Un pari sur


L aide de la Commission europenne (CE) a
sur la restauration aprs des cyclones dv
systme hydraulique et des infrastruct
britannique et qui s'taient encore dtri
avait t d'autant plus efficace que La
reconstruction du pays. C'est ce que soul
gation de I'UE pour les pays de l'organisa!


trade s'est concentre ces dernires annes
en 2004-2005 et sur l'amlioration du
qui remontaient souvent la priode
t&es intempries. L'aide international
KTe ngage avec determination dans la
bassadeur Valeriano Diaz, chef de dl-
Etats de la Carabe orientale.


...... ...
ii L it Ii ri I rL dL riL L L I L iii Li i pi." L I 1 L ri I L LL qt til1
I r i r.VdL 1[1rL L d~ 11,1 I I V Ii d I IlIl ILjt r I1 iLi iL %.i L lliL iii a'i LlrI iL I I irIIIIL 1 i111
L riA ,ti i1 ti LIt ii lrII iL a tJi i, ra I ii L 1h~ rP i i i~I 1 r lL i.
cilI r ni Ik 'I lli IL 1' ili. [iL L il lr.l il' 'r i11. ii 'Ir I' li1
ii -*;
.. ....-t .....
rL IL i l, tid. IJ iltiiitri rtir ii .ii i -.~ ii-tiiitc"c il iii -titi iihii: il t ;; i -t idy l lidel.il'i 1. j 1 il 1 .d; ]'I II L i; iLiii r. ilLq. IL LLIIII"rl
crr i ct c nit poui iir 1 I , Iiit 111 LIi Il'. L I. 11111L L iiliin J' ii L 1 dgla iI i 1 "rli~i Ii ` I .iind Iii.iitioii LL ii-iir-L;,t-ii-tiiit


A.H.llll" ^il


("
ii






Grenade eportage


Dcouverte


Une


rutilante


Si on veut choisir un jour particulier pour dcouvrir l'le de La Grenade, le dimanche de
Pques est un bon choix. Dans chaque ville, chaque village, il y a des attroupements,
des ftes de rue, des rencontres et l'tranger est invit ou il peut s'inviter. Les plages
sont bien frquentes et partout, on peut dguster boissons et plats. Le pays est ouvert


la fte et aux rencontres.


i c'tait un fruit, La Grenade serait vi-
demment une pomme grenade rutilante
de l'extrieur et qui laisse clater, quand
elle s'ouvre, une myriades de petits
joyaux rouges comme tous ces flonflons qui
dcorent les villages en ce jour, comme aussi tou-
tes les maisons de style colonial roses, rouges,
chamarres, petites et alignes dans des ruelles
de villages, cossues au centre de villes plus gran-
des ou accroches aux pentes roides des collins
pour de grandes demeures bourgeoises. Couleurs
de mme chatoiement que les sourires sur les
visages qui ne demandent qu' tre partags.
Il faut commencer une toume d'un jour par
la capital St-Georges qui se rveille dans les
bras de sa baie pare de couleurs bleutes et
embrumes du matin. Et voir arriver les bateaux
de croisire d'o dbarquent souvent de jeunes
couples pour leur marriage qui sera clbr un ou
deux jours lus tard dans ce dcor idyllique de
Port Louis sur l'ancien carnage de St-Georges.
Port Louis ne vise rien moins que "concentrer
tous les charmes de St-Tropez, Costa Esmralda,
Portofino et St Bart's sous la touche particulire
et dans l'atmosphre de La Grenade".
Du bord de mer, on admire les nombreuses
collins constituent la "city on the hill" comme
on dnomme la ville, qui enserrent la baie et
au haut desquelles se trouvent parmi les lieux
visiter, les Forts Friederick et Matthew l'Est
et au Nord, le Fort George avec les fentres de
la prison "Her Majesty Prison" offrant une vue
imprenable sur le Carnage. Peuvent-ils, les
prisonniers parmi lesquels ceux qui ont assassin
Bishop, admirer satit les beauts de Port
Louis ? Quand au Fort Matthew, qui servait
d'hospice pour les malades mentaux colloques,
il a t bombard par erreur par l'aviation am-
ricaine en 1983 et nombre de ses occupants
avaient pri.
Au Nord et au Sud de St. Georges situ au Sud-
Ouest de l'le, s'talent des plages interminables
don't la plus representative est celle de Grand
Anse. C'est le point touristique le plus fr-


quente. Un peu plus loin, la plage ne pas rater
est certainement celle de Morne Rouge avec le
sable le plus blanc qui puisse exister ct de la
mer la plus cristalline. Peu d'habitants dans la
mignonette ville sertie dans une nature vierge,
peine 10.000 et surtout peu de tourists. Mais
l'le a des plages profusion. Parmi les jolies
petites criques, celle de La Sagesse au Sud-Est,
devenue symbolique car une page d'histoire
y est inscrite. Quand le propritaire d'alors de
la grande demeure attenante, voulait la clore,
le militant Bishop y avait organism une grande
manifestation qui a conduit l'Etat garantir par
la loi fondamentale du pays le caractre public
du bord de mer. Le tenancier d'aujourd'hui,
Mike Meranski, qui l'a transform avec bon
got en un htel-restaurant original, "La Sagesse
Nature Center", a d'autres soucis comme il l'a
expliqu au Courrier, la diminution, avec la
crise, du nombre de visiteurs et surtout de leur
dure de sjour.
Parmi les autres villes ctires visiter,
Greenville sur la cte Est, la deuxime plus
grande du pays probablement la plus anime ;
Sauteur dans le Nord historique aussi, c'est de
son rocher de 35 mtres de haut que les Carabes
vaincus par les Franais se seraient jets dans la
mer pour se suicide.
A l'intrieur des terres, la rutilance est celle des
fleurs et des fruits : les grappes de pommes de
cajou, don't la noix n'est que le noyau extrieur,
le rouge cardinal gaufr de dessins en relief,
stylists de couleur noir du noyau de muscade
(nutmeg) fait penser une euvre d'artiste minu-
tieux. C'est le symbol du pays. A l'Ouest, entire
St George au Sud et Gouyave plus au Nord
s'tend le Grand Etang Forest Reserve avec
l'incontournable Grand Etang Lake si calme
dans une nature reposante et pas loin de nom-
breuses chutes, les Concord Falls, tout le long
de la Rivire Concord. Il reste Carriacou, 9.000
habitants, dix fois moins que l'le Grenade et la
Petite Martinique, seulement 1.000 mes. Aussi
surprenantes ? H.G. M


i-.,,,,,


mots-cls
Hegel Goutier ; La Grenade ; Carriacou ;
Petite Martinique ; Fort Friederick; Fort
Matthew ; Fort George ; Port Louis ; Morne
Rouge ; Grand Anse ; Grenville ; Sauteur;
Grand Etang Forest Reserve ; Carabe;
La Sagesse Nature Center.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009






eportage ,-rrsna






firt.


I.iti I 'i ,.il p inilri irp'init i iii nii r[ ii r ,ri .iiiaiij ii. l JIt
i h'I1 iiin.iL q ii Ln 'ii ,il li ii r.' d .' ii'iLi LL a .'. d.lU qinlit
.iriiltii r1iL "'I ii' I11ii n i['l IL" 1 l11i;i L'.ililllt L[IiL llr l-U I
luri t i1rL taruht''i pa i'.ict qlii ta j'ii iiir t t''i .i i.uiiti
l] l k Ik I L Jr L Jltl'l 'I I',l lC 9110 pr'lll[llfr' L' dl]l [hi lll.
I'."ilidiill q1 '1 r ,iI pliu ['rni ti il pr' ti' '. iil',lii dii JI .' 11i ll iii J iio irti l, Jd
Id i IlLii.iL li UI 1'ii i l LIII L ,,' qu i' ', JLi' i d i 'ill Il l trprLli 'L Jl 11
rtti'. I I C, ll d i i'u dj 1 i.i i.iiJtl .irn dr li-ri.if CLi r l |il ltl dti I it.alilt ii '-
Ii ii iiii .'i tii 'i, lii lit -i-il cliiLt.nUll i tii'I 'r 'iil r .'drJ pi 'Li t'iil Lt-ltiLit
dil proluii r i 'iIL[i d i cii. .i iniiillk[iitqui r lI itu lt I [r iii tqilr. r, it lll r it r i

.1i ci\ qut It pi l.l.tLiL ii i lt I t'iLr rtc',1 i il h iitl t i t ,i. i'. iL iifli ln t
i" JiL. Lli Ir' l'll i t. i t1 i , llt ,UI le' r'il J, l p, ililtlh L Lq.' I I l.n1 LL i ll o li
CIlk al l u,~i. I t+. l tL.)-n,
1. inlli ,I I i 1 (L LI L I1 LI ,t UI I ] I, l lI, Kl l1-
lqiic l. lli:il dl I' inclu .im 'Inli lL] I ,.II1,LU i 1- in .itll" il Ic lquticl


i I l d 1a li.i l VI l i in C' .11 1' All. Llli ltlit d L ,,rrLipln ii nn ,m .hlit LuLI niLCnLi
pCl ilniq i L i p ilciiric hinii Sur "P ni ',rL .i clk il r'.nIt "i l c p ,i' ti il icU
i I t n.iLLuL' t.illl r'|' i, ii h r .iit l ,lu i.iip 'L L r i il". Il- IL i '.i' ilL il t \p.lit ill qil tL.
J IJ, 'ILLL LIill L Lz t.'L IIll rLLJ [ I, tl ,t ll.Ih hl c c i rdiil qiiLh
In c l-l, i i t l lI t [,Iu l I itl i lealt IL ,", il .
.d ii' i Ii .i ia i ii.ii tii. i i i i ii t'ni i i.i i l ILi i a1 ill ii'iiti Ia r u r iu

r irtilrll n ', t! llu, irhriiiiil o.ini in pli it i.ii iillr- ri r d i iir ri L rrl jiiil
e i,. ili t IitI Di .i. i r .iil d .ii' iii iklil IaiL [parti i 11 .i1 jiiai k "
1. _- Ilt.r ijd i i t+ i M L,,c% l. i .i -'i, ili \ Illi a l l i i l. "ad jjri, iii ul il1l
IJJioiI -, l LIthui ,i H.G.


mols-cls
li 'e 'l ( uiii l r ( irei de i .iI .1 ( )Il ici ItciluI


e" ... ,, '...'



* ,," "I., -
vs'
.-Fk. i" ^
_ ~. ^ ,,


CURRIER















































































1111. II L. I L i 1i ,i il r 1 11i1u li L IL.




i 1i I I l iII a ki a i r l i li i. IL i .
i I i, 11 ,I l h i. 1 .. l 11h I' 1 IL I i '' ll I ,1
,. Ik Il ll I.IIII ,LII I l i'i l' '1 I '1111'lIII 1 1I .

I I u iL 11, 1i 1I.- ,Ji. l '. I II 1. 1 I I *. I I i -, L I -

N .1 i l. .I l l , l, I. I.. 'i l k 1l 1.. .l i .l 11 l I








I.i iii I iIi L i. *. -Il. i iki 1 ii )ii ii i lI L i i I i 1. iIL
L. 2iII. 1 l ill l I I l I jII 1 i, i 1i i 'L. l ulitl -
1- l' lhl l , Ii I ll. i l'll i ill .ii IIIII, 1 'I l I
"IL.i II ,k "L. I tI, I 'lil llll uli li 'll l il I' li '.l l I lI.




1 l ll ''. I II I iI .ll l'kdi'ji' j 'IL

,k I I l .l lk I 1 I, I I I j1. 1 II 11 I 11 1 11 ,ll. IL [1 ',u1 L 1lh ,
j 111 j Il 'Il b -l j 11",- LI hIL III,


'k Ilki.ll l' I k il'J' .1 ''. sl lh iU'." t 1U i l I.. '-k ll


'.L L IUL L11' lb h i I lll ii l ,l l ..ii I iI 1il, L L
i *,, d ,Ii l i,.il .i i 1 'll l ll. il "'h il iiL
l, i i ..I 1 ,III I I i 1 I ,11 J I L I I 1 I l IL j
I l i II I I I, 'ii' iI l 1 i l i i L' il l*'' '.t iL




l j11 1 I I I i' j I [I' L l I L

II I I l l i I. l ii '.ii i I. IL i, Ii i,


i.li ill' .. ui i .h 1i L iL l l I i i ,ll
Li l 'I LkLi i '.'il L 1i l l I l 1i 1 1.. l ' l I.1k 111 '. i

I i ul l I ', I l' I l'L 1 I1 1 'III II I l ul IL L L i IL. '. 1 h il1

'. i ll .I k k j~1 ~ll 1 .i 1 1.. 1 k. 'I l i' L II


I, IIl. .I j I II I, li I l l' lll' 11,k 1 IL il I
,ili Ii,,i l Ill i li l'iii i dIl' l ll' I l I Il..l l IILl
li' k l' I i l '.i il. II l L 1 [l l ,l l Ii I 111'iii I l" ''LI


Ii'. 11. I I j 1u.i 1 11 i I I :.i j '.i j II LI I I d I 1'. L


l i. i i llii iii 1. li L i i i lii, l ll 'l ' iii. 1 I.

l ' hl. li'. ii ll i. i l ". l' i ll. i, l ll' I '. l 'll
IL I I, ll' ll I L l 11 11 l.I l IIl Ik. I






ii'.I i .il k li'i'u I i i.t.
1 1 Le II I j III
'l ll'l '.llll" 'lh l 'i l i 'Hl o" '.'Lll'
I I II' ll \I i il lli lill I II( l i I luI

1 1 III I I 1 I III ll l 'L1Li II 'iI l I I II II I l' ll k I
L I i 1l 1 1 i Il 11. 11 I', 1 . 1 1' l I. p . 1 'Il 1. II ILIi


j''lllll 'I -- I Ii ll'l 'II l 'k Ii l 1 .'" ij'kl' lll''l l 'iil
LIJ u I I.k I .i li i I" li II IL ill,. L 1.11 II. '. i





mols-cls
\ 1I.iii -\ aiii- le IatI t l ,.I l1, la'(lel \- 1' I[elle


I 1 1 [ S ..1li JLiIi :009










































Considr p rfois avec suspicion, toujours avec envie,
le "modle dois" d'Etat providence, mais surtout
d'Etat lgli ire, dteint sur toutes les politiques. Celle
de la coopr tion au dveloppement pour commencer.
Stockholm s norgueillit, bon droit, d'tre la plus
gnreuse ~ terme de pourcentage de son revenue
national brut B) envers les pays du Sud. A l'oeuvre,
SlI'Agnce.offi elie de cooperation (SIPA) mais aussi une myriade de foundations. Rencontres
a; avec une de cs foundations ; la D F~ mars ........
:. ::


.... n taux ingal, 0,98% du RNB
,I,. 'im l'aide au dveloppement en
2'" ',' la Sude dpasse, et de loin, les
.iii.... pays industrialists (0,42% en
moyenne pour l'Union Europenne, 0,25% pour
les pays du G7) et dpasse l'objectif de 0,7% du
RNB que se sont pieusement fixs la plupart des
pays industrialists l'horizon 2012. C'est sans
doute parce que les Sudois conoivent avant
tout leurs relations sur un pied d'galit que la
cooperation se base sur un rel partenariat, le
but ultime tant de rendre les pays partenaires
totalement indpendants.



"Notre objectif est de combler le foss entire
le Nord et le Sud en crant des alliances glo-
bales avec des personnel qui partagent les
mmes valeurs en matire de dmocratie, de


droit human et de scurit", nous dit d'em-
ble Henning Melber, directeur excutif de la
Fondation Dag Hammarskjold. Installe dans
la ville universitaire de Uppsala, une quaran-
taine de kilomtres au Nord de Stockholm, cette
foundation (http://www.dhf.uu.se/Default.html)
porte le nom du Sudois qui exera la function
de Secrtaire gnral des Nations Unies de 1953
1961, anne o il meurt dans un accident
d'avion alors qu'il se rendait en mission de paix
au Katanga. Il reut la mme anne le prix Nobel
de la paix titre posthume. Ses interventions
dans la crise du canal de Suez en 1956 et dans la
crise de Jordanie en 1958 lui valurent la rputa-
tion d'ardent dfenseur de la paix.
L'esprit de Dag Hammarskjold imprgne toutes
les actions menes aujourd'hui par la Fondation.
Il y a tout d'abord les conferences et publica-
tions, don't la revue Development Dialogu' o
s'entrecroisent les analyses d'auteurs d'horizons


diffrents et don't la dernire livraison s'attaque
au nolibralisme. "Notre principal atout, pour-
suit Henning Melber, c'est le nom mme de
Dag Hammarskjold, trs respect, en particulier
dans les pays du Sud. Et nous l'utilisons pour
rassembler des gens qui sinon ne le feraient
pas." Un example : les rencontres inities depuis
fvrier dernier entire des reprsentants chinois,
de pays africains et de Sude afin de discuter
des relations entire l'Afrique et la Chine. "La
Chine est trs prsente en Afrique, elle sige
en outre au Conseil de scurit des Nations
Unies, mais ses experts sont peu au fait des
ralits sociales en Afrique, ce qui provoque
des frictions grandissantes avec certain pays
africains." Et de poursuivre : "Nous utilisons
cette tradition de dialogue dans d'autres domai-
nes, notamment dans le domaine agricole. Ainsi
la Revolution Verte pour l'Afrique lance par
Koffi Annan en s'appuyant sur des agencies


CURRIER






Stockholm couvrir l'Europe


philanthropiques fait craindre certain qu'elle
ne profit surtout certaines grosses socits
agroalimentaires, en particulier celles spciali-
ses dans les OGM. Nous comptons organiser
un sminaire sur la question en novembre pro-
chain, lors des Journes du dveloppement de
l'Union Europenne. Y participera notamment
l'Universit agricole d'Uppsala." Des Journes
qui se drouleront Stockholm puisque la Sude
occupera la prsidence de l'UE.
Enfin, dernire entreprise, rcente mais non
des moindres : l'installation d'un bureau de la
foundation New York, l o sigent les Nations
Unies. "Notre objectif est de faire pression pour
rellement dmocratiser le systme onusien, ren-
forcer les forces qui veulent rellement la paix et
la scurit", ajoute Henning Melber.
M.M.B.


llots-cls
SIDA ; SAREC ; Dag Hanunarskjold ; Henning Melber ; cooperation sudoise ; recherche ;
Marie-Martine Buckens.


mIGRRTIOI:




une sensibility


p Ill- la ,an ism In 1, h ills 11- 1..11 -... I li ..I lil,
Sli rl1 Iiiilllli r l .l' iill .ii l ll . ,ii i ,. iil I ,


il.l .i Ii I I .I I I I Ii ii,,i Ii i III. 11 p [ I i. -. tL. ,
'ii. i i q .i 1 k i ,ill I t I Ii L i',I i ll l l I III , ii ,i i. Iq Lt

Ilil,. i l l .i[ l l .i [ll o .I cll[ i. li ,II. l I I Z u il I. I I, I Ir I I I ,.i, II, II,. .il i, ,
. i l iI i, il .i i, i I l ii t 11 *i J 'ih lit I a 1 h ill




l I L t. Itl. .ll ,it utl i-,i ., 'il '", Iii ..u 1 1 ,r Ii I I Ii i r ll it i I, 11 t ,li . l I


Li I., i ,Ill di i I l 'll h..u. lI I m lIi i, . i. rl, 2; ," lt ,,
i I.1.i i rs _.l i l ll ii[ .I I II i lll h .- la, ..Ir I. l .I,
1 . 1 | i -1 LI .1 L.|t 1 1I I |', 1 |f
i li Il '. d L l" il ..i ,l'. I Iil u .lll'. I ,li I lI ii. .l t lu. I" l I, I''ii l II I i l, 'ii l i ..
.i ill. I II I. ill. It L i ll 11 ll i-i. 'i L I'. l l i ilI uil 1 1 l ll l i l 'l li -J
i i 11 ii L i I Ii, i i, li I ~ iL L iii I l 1 1 .1 ll -ii l l- i i 11 1I 2 i' tl i ..ll
I t 'i iihi l hlli,.iu i tili .ii t il' iti . i iii. d I.i ,. llidlii,. u i. ,u lih I il i ,.,i i .. iii
Illd l iy*ii ll li llilli ll. ll I I l'lu i, l l Ih.l. ,I l .i I l ,i r l lj u iii l ul il l .i, -i
., lIIli l l i.,.i.u ult l. Ii.t l' .Ii i i tItit il lll i.i LIi.lllia, l 1i. I 'i i .1i I.I
1 I 1 i, a i,,ll ,.i .i il, ii Ib iut hil M .M .B.


mols-cls
.iiilul.ilii.ll Illllllllu.aliinl IlenI'llllm \ ll ri I).i l l.i.ik .
\I.ll' -\ I. le- rii lle l i i' ll-


I 11 ri S I .1"1i JUill 2009






couvrir l'Europe Stockholm


POINTS DE VUE







du 22 au 24 octobre



Le texte suiuant a t communique par
la Commission europenne (Direction
Gnrale du Dueloppement).

Alors que la Sude s'apprte assurer la
prsidence de l'Union Europenne, Mme
Gunilla Carlsson, la Ministre sudoise en
charge du Dveloppement international,
tient dj fixer les priorits de son pays
dans le domaine du dveloppement durant
la prsidence sudoise. L'accent sera mis sur
le enforcement dmocratique, la cohrence
politique pour le dveloppement, l'efficacit
de l'aide et la lutte contre le changement
climatique. Concernant cette thmatique,
rappelons que Mme Gunilla Carlsson a
prsid la Commission international sur le
climate et le dveloppement.


es questions en rapport avec le dveloppement devraient tre mises
en avant pendant la prsidence sudoise car les Joumes europen-
nes du dveloppement constitueront un jalon de ces six mois.
En quelques ditions seulement, les Journes europennes du
dveloppement sont revenues un vnement historique de l'agenda inter-
national. Il faut dire qu'elles attirent chaque fois plus de 4.000 visiteurs
reprsentant 1.500 organizations et 125 pays du monde. Cette anne,
l'vnement aura pour thme fdrateur "la citoyennet et le dveloppe-
ment", avec une attention spciale pour le "changement climatique" et la
"crise conomique". Cette nouvelle dition des Journes europennes du
dveloppement se tiendra la Foire international de Stockholm, du 22
au 24 octobre.
Mme Gunilla Carlsson insisted sur le rle de la cooperation europenne en
matire de dveloppement, don't elle est rellement convaincue. "Je pense
vraiment que l'Union Europenne peut apporter une important contribu-
tion au dveloppement quitable et durable en exploitant pleinement le
potential de la cohrence politique pour le dveloppement. L'UE doit utili-


ser plus efficacement et de manire cohrente toutes ses politiques et tous
ses instruments. Les grandes priorits de l'agenda international la rces-
sion conomique mondiale, le dfi du changement climatique et la question
de la scurit alimentaire confirment aujourd'hui cette ncessit."
Mme Gunilla Carlsson se declare galement ravie d'accueillir Stockholm
les visiteurs des Journes europennes du dveloppement. L'objectif est
de susciter un dbat sur les moteurs du dveloppement et d'examiner -
dans le context de l'actuelle crise financire comment nous pouvons
respecter les engagements d'aide que nous avons dj pris. Les Journes
europennes du dveloppement offrent une plate-forme pour l'change
d'ides ambitieuses. Une plate-forme ouverte permettant de dbattre de
problmatiques mondiales plutt qu'un space clos de ngociations. Ici,
tout le monde a voix au chapitre les militants et les experts tout comme
les parlementaires et les ministres des gouvernements. Mme Gunilla
Carlsson souligne l'importance d'associer ce dbat la socit civil, le
monde des entreprises et les universitaires.
Pour plus d'informations : www.eudevdays.eu


CURRIER
























111111111i


,'iy.


Il


Ili


Kista, cette cit des sciences de plus de 4.700 entreprises,
Ericsson en tte, symbolise elle seule l'inventivit "
la sudoise". Championne toute catgorie en matire
d'innovation, devanant mme le Japon et les Etats-Unis,
la Sude doit ce statut un mlange de pragmatisme et
d'audace."


ista est un nom viking, qui
signifierait cercueil !", nous
explique, malicieux, en
guise d'introduction Mats
Hedenstrom, responsible des relations inter-
nationales de cette cit des sciences, don't
l'origine remote 1976 quand l'unit SRA,
Svenska Radiobolaget de Ericsson s'installe.
Deux ans plus tard IBM la rejoint. "Certains,
c'est vrai, nous verraient bien dans un cercueil,
pursuit Mats Hedenstrm. Car depuis 1976,
Kista a pris une relle ampleur. Avec prs de
64.000 employs et un total de 4.731 entrepri-
ses, don't 70 cres en 2008, Kista est le pre-
mier centre d'innovation en terme de density
humaine. C'est trs important ; cela permet
aux gens de se rencontrer facilement, dans un
environnement en outre trs international."
Aprs IBM, des grands noms comme Nokia,
Intel ou Microsoft s'tablissent sur le site. Car
Kista est tout d'abord un centre de TIC (tech-
nologies d'information et de communication).
"Nous sommes dans les cinq premiers clusters
de TIC, derrire la Silicon Valley et Boston
aux Etats-Unis" indique Mats Hedenstrm qui
pursuit : "en Europe, nous entretenons une
cooperation pousse avec Sophia Antipolis,
dans le Sud de la France, qui regroupe le
mme type de companiess.


Aves des differences toutefois. A Sophia
Antipolis, le nombre de chercheurs est sen-
siblement plus lev qu' Kista (2.000 cher-
cheurs environs), bien que la cit sudoise
abrite l'universit .1.. ,1. I...l. i .. l ..1 i ,iii .1..
recherche technol '-.'.1,. i ..,, I, ..i..i....
autrem ent, plus oi .. ii. ..i ,i.i "i, .. i...., .. ..
responsible des rc. ii.,,i, ,,I.i. ii i, i .. I ,
som m e, K ista, c .. i ,i... ......i ... ,ii.uI, ... i ,i..
concurrents afin cl.. i1i.. 1 ii,..11.. .1 .. iii,, .. .. il
croissance." M ieu. .. K. i I i l i ii,,,
assisterles gens qt ... iil.. .. I u..... l.i. ,
budget public, elle ...i.. 1. i .l. .1. i i-ii ..1
se fait rem bourser.i. .. i I. ...... i i. .... -
taine de nouvelles ..ini, ..i i .. i. 1, ..,ni ...ii i..i .
anne Kista, m i. iii. i. ii.. i. .... i iii
L'an dernier les "p..,. i .. .. .. '. 1 ; .'..
avons une tradition .. i. i.. i.. il.... i 1 ,11 ,
personnel ne se fe i ... ,.I iiu i.,.. i,,,, .u u i
faillite." Signe de i i.,,,i i .. iii... .i .1.. ...
start-up sont spci ili .... 1 i. 1 b In. .l. ..
de l'environnem e:- ..i l.Iiu iu llu, ...I, .l ,l1-
nes o Kista veut .. i.il..


lots-cls
Kista; TIC; inniii.l,.iin %iui .
Mats Hedenstroiii \I.ii-re-\.iilliiie I l(i ken


JI


iTTi























































hiiii. ~.ilh _I. llh.. I .alh hi.i.i 1 ,. .l ,i .*lh. l 1. ii ',' I,'i. ,.I l. hii .IIIi ,lii iiil, I .L

lI.iii ,. ... i ll lil'lh ,I.'. ..,ii I ill,.. ,I,. 1.l lhI. l11i. h. h ll.. 1.. .plhI ,I,. '.I III',,.h -
,I. lh. ,. ,.h ,ii l n Hllll l, . h ... .lh. '.I l. ,i hlli l,. I. ,. .In -.l,,i h ,I,. * '. .i I,,hi l. .. i,.l h l il', .l h l ,.I
Iu'1 iII l II.I 2. s .I.. u. i u. 1 1.' I I Il .l II ,'u '. III Il u ..' l l .l 'I. ' '' '' hIl I.lhii'.llII. I ll 1. '







blues Objectif : arriver a IUU7o d energies renouvelables. "Heureusement, la Suede dispose
de nombre d'entreprises spcialises dans la mise au point de technologies propres", pursuit
Ulla Hamilton. Des techniques qui ont dj permis de perfectionner un systme de gestion des
dchets le tri des dchets a t lanc ds 1960 qui, par un jeu de canalisations amenant les
dchets aux incinrateurs, permet, entire autres, de ne plus avoir utiliser de camions poubelles.
Les incinrateurs "notre premier a plus de 100 ans !", ajoute la vice-maire jouent un rle
cl dans le systme de climatisation de la ville :l'eau chaude alimente les chauffages et, une
fois refroidie, sert rafrachir les locaux en t. Le traffic enfin. Si la bicyclette et les transports
en commun sont populaires, la majority des voitures consomment du combustible "classique".
Premier objectif : utilisation par les fonctionnaires de la ville de voitures exclusivement vertes
(biogaz pour commencer). Installer des prises dans les appartements et les stations, en provision
de la future vague de voitures lectriques. Enfin, et c'est chose dj faite dans le quarter de
Hammarby, gnraliser l'utilisation de bateaux (gratuits) assurant la liaison entire toutes les les
de la capital, faisant ainsi l'conomie de nouveaux points. M.M.B.


mots-cls
Capital verte ; Ulla Hamilton ; chauffage urbain ; nergies renouvelables ; dchets ;
Marie-Martine Buckens.


COURRIER






couvrir l'Europe



Vue d'un pont dans
le quarter Hammarby, 2009.
SMarie Martine Buckens


.EIIIi
O;11i


i I r @


-Imm.


5r17


s le dpart, l'ambition
tait de faire de cet ancient
site pollu un modle
d'urbanisme cologique.
Stockholm briguait alors les Jeux Olympiques
et savait que Sydney l'poque avait obtenu
la tenue des jeux en raison de ses perfor-
mances environnementales. Nous avons perdu
devant Athnes, mais le project s'est poursuivi,"
explique Erik Freudenthal qui nous reoit
GlashusEtt, le centre d'information sur l'envi-
ronnement d'Hammarby Sjstad. "L'objectif au
dpart tait de rduire de moiti l'impact envi-
ronnemental du future quarter par rapport aux
buildings de Stockholm datant de 1990. Tous
les aspects ont t tudis : le bruit, la pollution,
le traffic, le travail, les dchets, etc." En 1997,
le premier coup de pelle est donn, aprs que le
sol 200 hectares a t soigneusement dcon-
tamin. La plupart des btiments industries
sont rass ou ramnags comme l'usine Diesel
reconvertie en centre cultural et sportif. La fin
des travaux est prvue pour 2016. "Le project
est de construire 11.000 appartements pour
environ 28.000 personnel et permettre 10.000
personnel de travailler dans le quarterr" indique
Erik Freudenthal qui pursuit : "Pour l'heure,
8.500 appartements ont t construits et quelque
18.000 personnel y vivent." Les btiments ne
dpassent pas cinq tages et donnent la fois


sur la rue et le parc. Un travail de planification
indit, fruit de la cooperation entire architects,
ingnieurs et urbanistes.
Le nouveau quarter est construct sur un terrain
quasi vierge, ce qui permet ses promoters de
la quadriller de transports en commun et de pro-
poser le covoiturage. Sans computer un bateau qui
assure, gratuitement et tous les quarts d'heure,
la liaison entire le quarter et l'le de Sdermalm,
proche du centre. Ainsi, 79% des transports pour
se rendre au travail se font soit pied, soit en
vlo ou en transport en commun. "Ce qui a per-
mis de rduire l'utilisation de la voiture de plus
de 40%. Une telle chose n'eut pas t possible si
les transports, en particulier le tramway, avaient
t construits plus tard, car tout le monde aurait
achet une voiture."
Hammarby Sjstad rpond un programme
environnemental qui se decline suivant six
objectifs : decontamination des sols, utilisation
des sols dj construits, matriaux de construc-
tion sains, transport en commun, plafonnement
du bruit 45dB et optimisation des services
d'nergie, d'eau et de dchets, l'image de ce
que prvoient les diles pour l'ensemble de la
ville (lire l'article ci-dessus). "C'est la premiere
fois dans le monde qu'on russit rduire l'im-
pact environnemental de prs de moiti pour une
surface aussi important. Et pourtant, les objec-
tifs fixs l'taient par rapport aux normes de


1990. Aujourd'hui, on pourrait faire mieux." Le
project sera dupliqu sous peu dans deux autres
quarters de Stockholm, eux aussi relativement
dgrads. Le cot est la hauteur des objectifs et
la ville est prte y investor un milliard d'euros.
M.M.B.


lots-cls
Erik Freudenthal ; Hammarby Sjistad;
impact environnemental ; Marie-Martine
Buckens.


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009


Stockholm


~;


,--- LI

I I r


























































ui ne connat Fifi Brindacier ?
De son nom complete Fifilolotte
Victuaille Cataplasme Tampon
Fille d'Efraim Brindacier, cette
sacre petite fille rousse est une
rebelle, et depuis 64 ans continue manciper
les enfants partout dans le monde. Dans son
universe fabuleux, elle a sauv les enfants des lois
des adults et du carcan de l'cole. Pas tonnant
qu'elle ait t victim de la censure dans les pays
conservateurs et les dictatures. Sortie en 1945 de
l'imagination d'Astrid Lindgren pour le plaisir de
ses enfants, les ventures de Fifi ont t traduites
dans plus de 60 langues, de l'arabe au zoulou.
Sacr bout de femme aussi Astrid Lindgren qui
jusqu' sa mort, l'ge de 95 ans en 2002, n'aura
de cesse de se battre pour le droit des opprims,
enfants, hommes et animaux, ce qui lui vaudra,
entire autres, la mdaille Albert Schweitzer. Active
en politique, cette femme considre comme une
lgende vivante en Sude est aussi l'instigatrice de
nouvelles lois en faveur des plus dmunis.
Astrid Lindgren avait pour ane une autre grande
dame des lettres et d'humanit. Selma Lagerlg


est l'auteur de la Saga de Gsta Berling, une
pope lyrique, mais surtout de Le Merveilleux
voyage Nils Holgersson travers la Sude. Cette
autre pope, parue en 1906, lui avait t en
ralit commande pour expliquer la gographie
de la Sude aux coliers. Trois ans plus tard, elle
est la premiere femme recevoir le prix Nobel
de littrature et, en 1914, la premiere tre lue
l'Acadmie sudoise. Deux mdailles qu'elle
offrira au dbut de la Seconde Guerre mondiale
la Finlande qui cherchait lever des fonds pour
combattre l'Union sovitique.
Il est d'autres voyages plus tortueux, plus intros-
pectifs. Ceux d'August Strindberg, considr
comme l'un des pres du thtre modeme. Mais
cet homme, n en 1849, et auteur notamment de
Mademoiselle Julie, est aussi un des pionniers
de l'expressionnisme europen en peinture, sans
computer ses activits de photograph, d'alchimis-
te et de tlgraphiste. Misogyne, mais aussi socia-
liste voire anarchiste, ce qui lui valut les honneurs
de l'ex-Union sovitique et Cuba, il renia son
socialisme aprs sa rencontre avec Nietzsche
avant de se turner vers le mysticisme.


L'introspection psychologique est quant elle
le fil rouge de l'ceuvre de ce gant du cinma
qu'est Ingmar Bergman. N en 1918 Uppsala,
ce metteur en scne de thtre, scnariste et
ralisateur, acteur en dbut de carrire, comptait
son actif, sa mort en 2007, 170 pices de
thtre et 62 films. Parmi eux, le mtaphysique
Septime Sceau, le psychologique Persona ou
Fanny et Alexandre ou encore Scnes de la vie
conjugale, lui valent d'tre considr comme
l'un des grands ralisateurs de ce sicle. Tout
comme Strindberg, mari trois fois, Bergman
aura une vie sentimental mouvemente : il se
marie cinq fois et aura neuf enfants.
M.M.B.







lots-cls
Fifi Brindacier ; Astrid Lindgren ; Selma
Lagerlof ; Strinberg ; Ingmar Bergman;
Marie-Martine Buckens.


COURRIER









&.onguliaciie


Abla
Ababou


COJ
: LUNE



ROCHEF








NOCNCGO ^It r (b
S1 MROJ r*sit v r l ir
=i~~~ ~~ ,.- HR~ ii~i ir


I l y a aujourd'hui des diteurs dans presque tous les pays africains,
mais l'activit dans ce domaine varie normment d'un pays
l'autre. Les avis donns par les diteurs des pays ACP ont suscit un
grand intrt l'occasion du colloque "Culture et creation, facteurs
de dveloppement". Organism du ler au 3 avril 2009 Bruxelles par la
Commission europenne, cet vnement a rassembl des diteurs, cri-
vains, associations et organisateurs de foires du livre des pays ACP et de
l'UE. Dans le cadre d'ateliers spcifiques, ces professionnels ont analyst
comment l'industrie de la culture devait rpondre aux besoins du public des
pays ACP et aux intrts du public des pays du Nord."

Les pays ACP ne disposent que de maigres donnes officielles sur la
force conomique du secteur de l'dition. Les manuels scolaires sont les
publications les plus vendues entiree 55 et 70 % du total). Ils constituent
le segment le plus rentable du secteur mais leur diffusion se limited en
gnral quelques spcialistes locaux, des diteurs trangers ou leurs
branches locales. Tout le monde sait que, l'exception de l'Afrique du
Sud, du Nigeria et de l'gypte, l'industrie africaine du livre est faible. Il
est galement notoire que, en raison du manque de fonds de soutien, peu
d'diteurs prennent des risques financiers. C'est pourquoi les crivains
dsireux d'avoir une presence sur la scne international doivent trouver un
diteur du Nord qui public dans les langues des anciennes colonies. Dans
ces grandes villes (New York, Londres, Paris et Lisbonne), les crivains
africains peuvent trouver des revenues, des possibilits de distribution, de
promotion, obtenir des prix et participer des vnements. En Afrique, un


Sandra Federici et
Andrea Marchesini Reggiani


Editeurs africains.


Runis pour



tre uisibles


autre obstacle est tout bonnement le manque de libraries, et donc de
possibilits de vendre des livres. Par example, le Mali ne compete que 13
libraries, le Burkina Faso 11, et le Sngal 215 don'tt 200 commerce
de petite taille*) tandis qu'un pays comme l'Italie en possde pas moins
de 2 000. Le continent africain souffre galement d'un manque de cen-
tres de lecture et de bibliothques: de nombreuses villes, mme de grande
taille, ne competent pas de bibliothque.

Lors du colloque ACP qui s'est tenu Bruxelles, les participants ont
constat que le principal obstacle l'augmentation de la production de
livres africains et l'amlioration de leur marketing rsidait dans l'absence
de politiques publiques et dans la lourdeur des droits de douane, qui pna-
lisent la circulation des livres et des matires premires papere, encre ou
consommables pour imprimantes). Bien que l'accord de Florence (1950)
et le protocole de Nairobi (1976) sur l'importation des objets caractre
ducatif, scientifique ou cultural aient t signs par de nombreux pays, ils
ne sont pas respects.
Certaines maisons d'dition des parties francophones de l'Afrique sont
reconnues l'chelon international pour le rle stratgique qu'elles jouent
dans le dveloppement littraire depuis l'indpendance: Le Centre d'di-
tion et de diffusion africaine (CEDA, Cte d'Ivoire), les ditions Cl
(Cameroun), Les Nouvelles ditions africaines du Sngal (Nas) et les
Nouvelles ditions ivoiriennes (NEI), Afrique-ditions, Kinshasa. Les
nouveaux diteurs africains sont plus dynamiques et plus ouverts la cra-
tion de rseaux susceptibles de favoriser le dveloppement de l'dition aux
quatre coins du continent. Ils assument des risques en faveur de la nouvelle
gnration d'crivains en faisant la promotion de l'ducation la lecture
au travers de projects innovants et en diffusant les publications par motos,
bus, bateaux, etc. Travaillant avec des diteurs du Nord, ils produisent des
co-ditions proposes des prix plus abordables pour le public du Sud. Il


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009






Crativit


y a par example la collection Terres solidaires (avec Le Serpent plumes
et Actes Sud), qui public des romans d'auteurs africains un prix compris
entire 2 000 et 3 000 francs CFA. Citons aussi Global Issues, un project de
"foire du livre" men par Ecosocit, un diteur de qubcois.
Divers rseaux sont actifs dans le secteur de l'dition, comme les
Associations nationals de maisons d'dition, les rseaux de libraries et les
associations d'auteurs. Citons "Afrilivres, une association d'diteurs afri-
cains francophones tablie Cotonou (Bnin) qui entend dvelopper une
relation plus quitable avec le Nord en rendant ses publications visible et
accessible sur les marchs du Nord; "African Book Collective", un point
de distribution sans but lucratif tabli Oxford regroupant 116 diteurs
africains indpendants de 19 pays; le rseau de l'Alliance international
des diteurs indpendants, qui regroupe les diteurs de quatre rseaux
linguistiques dans les regions ACP et UE; et le Rseau des diteurs afri-
cains (APNET), une organisation panafricaine tablie Accra qui runit


des associations nationals d'diteurs afin de "renforcer l'dition indigne
partout en Afrique". Les associations internationales s'efforcent de faciliter
la presence des publications ACP dans les foires du livre du Nord mais
cette participation reste tonnamment faible. Il suffit, pour s'en convaincre,
de feuilleter les catalogues des rcentes foires du livre en Italie. Ainsi,
la Foire du livre pour enfants de Bologne (du 23 au 26 mars 2009), o 66
pays exposaient leurs publications, le continent africain n'tait reprsent
que par des diteurs d'Afrique du Sud, de Tanzanie et d'Egypte. M
* APNET -ADEA, Study project on Intra African Book Trade (Projet d'tude sur le commerce
de livres intra-africain).
lots-cls
Colloque 'Culture et creation, facteurs de dveloppement" ; Bruxelles;
accord de Florence ; protocole de Nairobi; dition; diteurs. Marie-
Martine Buckens.


r<


ir il r i


tier




'j"
P i: .


r . : ."..,*'

o



:


r






















































































mIlOs-Cles
Tourisme; Africue.


.<;A-
'!*'
^
Ek.--"l


























UIIKIIIIIa


IllotS-Cles
Rokia Traor ; musique ; Afrique ; Mali ;
Ali Farka Tour.


i(<


q i





P ux plus jeunes



SPORT ET DEVELOPPEMENT de POV*


* Dessinateur de Madagascar


N. 11 N.S. MAI JUIN 2009












La parole



aux lecteurs


Vos points de vue et
vos reactions
nous intressent.


N'hsitez pas nous
en faire part.


Au sujet de l'article Le prix carbon des
forts (Numro 9)
En Angola, 80% de la population vit dans des
zones rurales et fait usage de la fort. De bons
rsultats seront possibles grce de petits pro-
jets nergtiques mini-hydriques et solaires et
la distribution de gaz butane en conjunction
avec des projects de reboisement. Mais la mise
en place de ces projects devrait tre assure par
des entits indpendantes et non par les tats.

Jos Flix de Caravalho Junior (Brsil)


Le Courrier est un prcieux outil de travail pour
des chercheurs qui s'intressent aux relations
ACP-UE. J'ai apprci positivement l'article sur
L'impact de la crise sur l'Afrique vu par les experts
africains. L'analyse est raliste, et les effects de
la crise dvelopps par les spcialistes africains


commencent se
comme le ntre.


faire sentir dans les pays


Onana Nga Ferdinand
(Chercheur Cameroun).


Droit de rponse
Le Secretariat ACP demand que soient corri-
ges les informations donnes par Mme Charity
Maruta dans l'article de la page 7 du dernier
numro du Courrier ACP-UE. Mme Maruta avait
dclar "J'ai reu 150.000 euros de la CE au titre
du Fonds pour les films ACP pour la production
d'un long mtrage, mais je n'ai pu accepter ce
montant faute d'avoir pu runir les fonds qui me
manquaient encore".
La procedure d'valuation n'est pas encore ter-
mine et est confidentielle. La procedure n'tant
pas termine, nul ne peut avoir communique
quoi que ce soit Mme Maruta concernant ce
project au moment de sa declaration.


A e C 4 de T: 14 B
co rie ino ap-uoririf -~ sit inere : w .ape ucourir.-


Calendrier IUILLET SEPTEMBRE 2009


Juillet 2009

) 5-20 Festival cultural panafricain
d'Alger 2009
Festival prsentant diffrentes
formes d'art: le thtre, le cinma,
la littrature, les bandes dessines,
la musique, les arts plastiques,
Alger, Algrie
Web: http: //www.panafalger2009.dz

> 6-8 Confrence mondiale sur
l'enseignement suprieur (+10)
L'UNESCO accueillera la
Conference mondiale sur
l'enseignement (+10) pour dresser
un tat des lieux des progrs raliss
depuis la premiere conference tenue
en 1998, Paris, France.
Website: www.cepes.ro/forum/
welcome.htm


> 22-02 30e Festival international du film
de Durban
Projection de plus de 200 films issues
des quatre coins du monde. L'accent
sera plus particulirement mis
sur les films d'Afrique du Sud et
d'Afrique, Durban, Afrique du Sud.
Web: http://www.cca.ukzn.ac.za

flot

> 3-6 Enseignement distance et
enseignement destin aux
enseignants,
Cape Coast, Ghana.
Web: http://www.deta.up.ac.za/

> 31-04 Confrence mondiale sur le climate,
Genve, Suisse


Septembre

> 24-28 Perspective africaine 2009 :
le centre-ville africain (re)ssourc,
Pretoria-Tswhane, Afrique du Sud.
Web: http://architectafrica.com/
AFRICAN-PERSPECTIVES- 2009
http://www.africanperspectives.nl/

> 28-01 17e session de l'assemble
parlementaire ACP et runions
intersessionnelles de l'assemble
parlementaire paritaire ACP-EU,
Bruxelles, Belgique. M


CURRIER








II
'es I.ys I'Iue 1- Pacifiqu'

et Union eliii ITne


,. "- i : "- n -

I. I ..- 1.














I II



AFRIQUe
Afriquei i "I.ii .i.l ii I li I li iii I i lii iiil ,:'.'I', L .- i

G ui ne ri .. 1 .u i.'1, 1 .- L.- ...I i .i I.,-i 1 ,. .i iii , i.ii
M aurice 1 ,,, |. $L $, ., ,,|i.., i ,; 1 ,: l.i i ,' F ,Li,,-

Zambie : ii..- ,,, r-. .- ,r "l
^._L^ < .


Les listes de pays publies par Le Courrier ne prjugent pas le statut de ces pays, territoires et dpartements, ni l'volution de ce statut.
Le Courrier utilise des cartes de diverse origins. Cette reproduction n'implique la reconnaissance d'aucune frontire particulire ni ne prjuge le statut d'aucun Etat ou territoire.


W 'v
5*
-L '
i, t-r;E.
-- -.7 pe%


PACIFIQUE
Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats Fdraux de Micronsie Nauru Niue Palau
Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu
L
..'.








'**'


* <__







































4 ft.




Full Text

PAGE 1

N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 REPORTAGEDominique Ile naturelle Grenade Renaissance rapide aprs destructionDOSSIERLe sport mise sur le dveloppementDCOUVRIR L’EUROPELe paradoxe sudoisREPORTAGEDominique Ile naturelle Grenade Renaissance rapide aprs destructionDOSSIERLe sport mise sur le dveloppementDCOUVRIR L’EUROPELe paradoxe sudois Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne

PAGE 2

SommaireLE COURRIER, N.11 NOUVELLE SERIE (N.S)N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 EDITORIAL 3SANS DTOURGlynis Roberts : une figure phare pour les femmes... et les hommes 4TOUR D’HORIZON 6DOSSIERLe sport et les bailleurs de fonds“International Inspiration” : 12 millions d’enfants bnficiaires dans 20 pays d’ici 2012 11 Une Coupe du monde qui pourrait transformer l’Afrique du Sud 13 Le sport au service du dveloppement pour les Nations Unies 15 La Jamaque, reine de l’athltisme 16 Coup d’envoi pour l’unit Sports de la CE au service du dveloppement 17 Le pouvoir du sport 18INTERACTIONSL’envers des mesures du G20 20 Pour des pays ACP: la “facilit alimentaire” 22 Rduction de l’aide : des ONG tirent la sonnette d’alarme 23 L’Assemble ACP-UE tance le G20 24 Le dmantlement des Antilles nerlandaises 25 ACP-Commonwealth : renforcement des liens 26ZOOMUn homme aux multiples facettes. Tobie Cronje 28COMMERCEPlus de flexibilit, rclament les dputs ACP-UE 30 Accord commercial avec l’UE : l’“Amrique” du continent africain fait de la rsistance 31DE LA TERREPour une justice climatique 32REPORTAGE Dominique/Grenade La Dominique. Passion de la nature et pari sur l’humain 34 Soutenir la croissance dans l’attente de vents favorables 37 Psychologie 38 L’opposition souhaite plus de transparence de la part du gouvernement 39 Aide de l’UE. Rcompense la bonne gouvernance 40 Dcouverte. Toutes les beauts d’un pays visiter pied 41 Surprenante Grenade 43 Ne pas mettre tous les ufs dans le mme panier 45 Crise financire. Sauver l’emploi 46 Authentic Caribbean. Trait d’esprit 46 Les pertes en investissements critiques par l’opposition 47 Coopration. Un pari sur les choix de La Grenade 48 Dcouverte. Une Grenade rutilante 49 Art. Heart Attack 50DCOUVRIR L’EUROPEStockholm. Le paradoxe sudoisUn modle d’ouverture 52 Migration : une sensibilit toute sudoise 53 Journes du dveloppement 2009 54 L’innovation tout prix 55 Qu’elle est verte ma ville ! 56 Hammarby Sjstad, laboratoire de la ville durable 57 Ombres et Lumires 58CRATIVIT Editeurs africains. Runis pour tre visibles 59 Tourisme culturel et cotourisme en Afrique : la panace ? 60 L’Afrique la rencontre du blues 62AUX PLUS JEUNESSport et dveloppement 63LA PAROLE AUX LECTEURS/CALENDRIER 64 Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne

PAGE 3

uvre de Hemerson Andrianetrazafy Artiste-Plasticien malgache, Historien de l’art l’Universit d’Antananarivo. Marie-Martine BuckensIncrustation: Nathalie Murphy, directrice excutive de la branche dominicaine de l’ONG “Channel Cross Disability”, 2009. Hegel Goutier

PAGE 4

Un ptillement dans le regard d’une aveugle Quand on lui demande ce qui a chang dans sa vie, tout son visage s’illumine et se pare d’un sourire radieux qui donne ses yeux clos un regard tout neuf. “Toute ma vie est nouvelle.” Et la beaut, la joie qui manent d’elle sont un cadeau pour autrui. Nathalie Murphy est aveugle l’adolescence d’une ccit partielle ds la naissance qui a empir. Elle est directrice excutive de la branche de la Dominique de l’ONG “Channel Cross Disability”. Ce qui a chang sa vie est un projet d’apprentissage aux technologies de l’information et de la communication lanc il y a cinq ans et qui a bnfici de subventions diverses dont celles de l’Union Europenne. Depuis qu’elle peut utiliser Internet grce des ordinateurs adapts et un logiciel spcial, “Job activation with speech” (JAWS). “C’est tout mon quotidien qui a chang. Parfaitement ! Avant, je dpendais de quelqu’un. Aujourd’hui, je fais tout par moi-mme. Mon Dieu ! Cette nouvelle vie est vraiment formidable.” Et le plus impressionnant n’est pas le bonheur de Nathalie mais celui qu’elle communique, qu’elle offre qui l’approche. Une question entre autres : que vaut dans les paramtres conomiques existants cette aide qui a permis le rayonnement d’un tre ? La rponse cette question devrait tre au moins implicite dans les conclusions du G20 que Le Courrier couvre dans ce numro, G20 qui s’est fix entre autres objectifs la formulation de nouveaux indicateurs de dveloppement. Patience. La Dominique, objet de l’un de nos reportages, en bonne place dans la moiti suprieure du classement du dveloppement humain du PNUD, est l’un des pays avec le plus de centenaires ; avec une esprance de vie relativement leve et surtout gale pour les riches et les pauvres. En toute logique, c’est un signe d’quit sociale et de dveloppement. Mais pour le PIB ? Parmi les nombreux arguments auxquels a recours Jean Gadrey pour contester au PIB sa qualit d’indicateur “de progrs”, il y en a un spcial sinon spcieux : le sexe du PIB serait masculin. D’abord, lors de son adoption dans les annes 30, c’tait un choix d’hommes. Ensuite, il ne prenait en compte que la richesse et la puissance car son objectif central tait, selon Franois Fourquet, de donner aux gouvernements une ide des ressources mobilisables en cas de guerre. Enfin, la production domestique de biens comme la rparation d’un garage y a t intgre – mme tard –, celui des services domestiques, pas. Autant dire que le bricolage des hommes est inclus et le travail des femmes la maison, non. La Sude qui fait l’objet de Dcouverte Rgions d’Europe dans ce numro 11 du Courrier, a peut-tre quelques leons donner tant sur le plan de la place de la femme depuis les Vikings que sur l’attention accorde aux services non marchands. Comme elle a des leons donner sur la lutte contre les changements climatiques, l’instar de plusieurs pays pauvres, d’Afrique notamment, si l’on en croit des spcialistes travaillant sur le terrain comme ceux de l’ONG Misereor d’Allemagne travaillant dans plusieurs pays d’Afrique, et qui rclament une meilleure “justice climatique”. Information qui tombe pic avant la prochaine Convention de l’ONU sur cette question Copenhague. Mais les populations de ces pays pauvres n’ont fait que des adaptations dans leur mode de vie et leur rapport l’environnement, qui n’ont probablement aucune valeur dans le PIB de leur pays ! Hegel Goutier Rdacteur-en-chef Lecture conseille : Jean Gadrey, “Nouveaux indicateurs de richesse” (deux livres) La Dcouverte, coll. Repres 2009. Jean Gadrey, “En finir avec les ingalits” (Mango, 2006). Franois Fourquet, “Les comptes de la puissance”, publi en 1980. Franoise Hritier, “Masculin/Fminin II”, Odile Jacob, 2002 3Editorial N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009

PAGE 5

4 La Grenade est-elle un pays o les femmes peuvent se sentir bien ? La Grenade est un pays agrable pour tout le monde, mais il existe des problmatiques spcifiquement fminines, qui ne sont pas l’apanage de notre le. Nous connaissons des problmes auxquels doivent faire face les femmes du monde entier. Nous sommes profondment proccups par la violence l’gard des femmes et nous tenons aussi les aider devenir des actrices part entire du dveloppement. Il y a des freins majeurs ici ; la peur du changement et la peur de nous exprimer. Nous vivons encore et toujours dans un monde d’hommes o les hommes pensent que les femmes doivent tre prsentes mais jusqu’ un certain point seulement. Je veux favoriser le changement pour les femmes car selon moi, si j’y suis arrive, tout le monde peut y arriver. Pour assurer le dveloppement, nous devons agir collectivement, car nous avons tous quelque chose de diffrent apporter – les hommes comme les femmes. Partout ou presque, les femmes parviennent accder des postes cls, mais le sommet de la hirarchie est toujours rserv aux hommes. En tant que femmes, nous acceptons parfois d’tre instrumentalises et exclues par les hommes, voire par des femmes. Je peux utiliser mon propre vcu et mon exprience pour encourager les femmes grimper l’chelle sociale, mais il faut veiller ce que cela se fasse dans le respect mutuel. Les femmes doivent s’lever socialement car si vous ne vous faites pas vous-mme confiance, personne ne le fera. Pensez-vous que les femmes occupant des postes de haut niveau doivent travailler deux fois plus pour arriver ce mme niveau que les hommes ? Je ne pense pas que les femmes soient attires par la politique La Grenade. La politique reprsente quelque chose d’assez diffrent selon que vous tes une femme ou un homme ; surtout pour les femmes qui sont aussi pouses et mres, car elles doivent trouver le juste quilibre entre leur vie de femme, leur vie d’lue et leur vie familiale. Les femmes doivent souvent grer le quotidien. Pour un homme, les choses sont diffrentes ; s’il part neuf heures le matin et ne rentre chez lui que le lendemain deux heures du matin, tout ce qu’il risque, c’est de voir sa femme lui faire les gros yeux. L’inverse est difficilement envisageable. Que pensez-vous de ce qui se fait dans des pays du Nord de l’Europe, comme en Finlande, o aucune runion ministrielle ne peut avoir lieu aprs 17 ou 18 heures et o les hommes sont tenus de prendre un cong de paternit ?Nous serons peut-tre un jour amens prendre de telles mesures chez nous mais ce jour, deux femmes seulement sigent la Chambre des reprsentants : une dans la majorit et une dans l’opposition. Ce n’est gure mieux au Snat, S ans dtour Grenade, cte orientale, 2009 Hegel GoutierHegel GoutierGlynis Roberts est Ministre de l’Emploi, du Dveloppement social et de l’Egalit entre Hommes et Femmes au sein du gouvernement dirig par le Congrs dmocratique national (au pouvoir depuis de nombreuses annes) de La Grenade, pays de la Carabe Orientale. Sa carrire a dmarr au bureau de la Commission europeenne de La Grenade. Connue pour sa dtermination, elle nous fait part de ses pistes pour promouvoir la participation des femmes la politique dans les Carabes. Elle encourage actuellement la cration d’une “Association des femmes politiques caribennes” en vue de favoriser les carrires de celles-ci, l’image d’minentes figures comme Eugenia Charles, premire femme Premier ministre d’un pays de la Carabe, la Dominique (1980-1995) ou de l’ex-Premier ministre jamacain, Mme Portia SimpsonMiller (2006-2007). GLYNIS ROBERTS: une figure phare pour les femmes... et les hommes GLYNIS ROBERTS: une figure phare pour les femmes... et les hommes

PAGE 6

5 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 o il n’y a que trois femmes. Nous allons donc devoir travailler ensemble pour prendre des mesures qui nous concernent. D’une manire gnrale, j’encourage les femmes participer au processus de prise de dcision – c’est une ncessit. Il faut apporter tous les niveaux une touche fminine. Comment pouvez-vous atteindre cet objectif ? Nous devons davantage donner la priorit aux familles. Elles sont la base du renforcement des communauts et des nations. Nous devons mettre en uvre une approche collective et nous atteler agir pour les familles, non seulement au niveau du gouvernement mais aussi en travaillant avec les glises et les ONG. Il n’est pas rare qu’une personne soit victime de maltraitances : elle sera maltraite une fois, deux fois, mais elle reviendra toujours chez son bourreau et aura un enfant avec lui. C’est une sorte de cercle vicieux qui maintient ces personnes dans une situation de pauvret. Comment se librer des chanes de la maltraitance et de la pauvret ? Lutter contre ce phnomne ne relve pas seulement de la responsabilit des glises ou du gouvernement. Les femmes doivent apprendre s’assumer. Le plus grand problme de l’tre humain est sa peur de la dception et de l’chec. C’est aussi la plus grande crainte de toute personne qui se lance dans la politique : “Que se passera-t-il si j’choue ?” Nous restons convaincus que certaines fonctions sont rserves aux personnes appartenant une certaine catgorie sociale. Nous prtendons nous tre librs du pouvoir colonial mais nous nous mettons nousmmes des chanes car nous ne savons pas nous affirmer. Je veux servir de guide ces femmes qui se sentent exclues. En tant que femme issue d’une communaut rurale pauvre, qui a souffert de la faim l’cole et qui n’a pas fait d’tudes universitaires, en tant que mre et femme, je suis reste chaque instant dtermine et volontaire. Je ne prtends pas que toute le monde ait cette force de caractre mais je suis convaincue que si nous creusons l’intrieur de nous-mmes, nous dcouvrirons cette force intrieure qui nous fera agir. Votre ministre prvoit-il des programmes pour permettre aux femmes de se prendre en main ? Nous avons mis en uvre un certain nombre de programmes, par exemple un programme national ax sur la parentalit qui associe parents, glises et centres communautaires afin d’apprendre aux adultes prendre soin de leurs enfants. Car c’est l le principal problme La Grenade. Nous sommes confronts un cycle de violence car les enfants sont tmoins des maltraitances faites leur mre. Comme toujours lorsqu’une initiative implique un financement et des cots, cela prendra du temps. Vous devez savoir que les habitants de Grenade souffrent aujourd’hui d’un “syndrome de dpendance” ; nous devons d’abord librer les citoyens et leur rapprendre prendre les dcisions qui les concernent. Quelles mesures ont t prises pour mettre fin la violence l’gard des femmes ? A La Grenade, nous disposons d’une loi, d’une ligne d’assistance tlphonique et d’un foyer pour femmes. Le principal problme, c’est que les coupables ne sont pas toujours traduits en justice – on ne peut pas forcer une femme porter plainte. Dans de nombreux cas, les victimes – des femmes et des enfants – ne souhaitent pas introduire une action en justice. Nous nous apprtons une rforme au sein de l’Organisation des Etats de la Carabe Orientale et mettre en place notre propre Tribunal des affaires familiales, devant lequel de telles affaires pourraient tre juges, en dehors du systme judiciaire. Un tel tribunal offrirait un cadre diffrent, plus dtendu mais avec toujours le mme objectif : punir les coupables de leurs actes. La socit civile participe-t-elle de manire dynamique l’agenda de l’galit entre les hommes et les femmes ?L’Organisation des femmes de Grenade est trs active, elle met en uvre des activits de lobbying et gre des programmes communautaires pour aider les femmes victimes de violences domestiques. Notre pays compte un nombre important d’associations paroissiales et autres : des groupes contre le cancer, des organismes communautaires et des industries artisanales familiales, mais il faut aller encore plus loin pour apporter aux hommes comme aux femmes des avantages propres une socit quilibre.H.G. Mots-cls Glynis Roberts; Carabe ; La Grenade; genre ; travail ; dveloppement social. Sans dtour Glynis Roberts, ministre de l’emploi, du dveloppement sociale et de l’galit entre les hommes et les femmes, Grenade. “Les difficults que connaissent les femmes ne sont pas propres la Grenade. Il s’agit de dfis mondiaux”, 2009. Hegel Goutier

PAGE 7

T our d’horizon BANANES :LES ACP “sacrifis sur l’autel du libralisme”En accordant une nouvelle baisse des droits de douane aux importations latino-amricaines de bananes, “la Commission europenne sacrifie le dveloppement au profit de la libralisation du commerce”, a dclar, le 6 avril Bruxelles, Gerhard Hiwat, ambassadeur du Suriname et prsidant du groupe “bananes” des ACP (Afrique, Carabes, Pacifique). Le 20 mars, les ministres du Commerce de l’Union Africaine avaient eux aussi condamn la dcision de l’Union Europenne, une dcision qui risque de frapper de plein fouet le Cameroun et la Cte d’Ivoire, premiers exportateurs ACP de bananes vers l’UE. Marie-Martine Buckens Un marchand de fruits prpare son tal sur le march de Merkato, Addis-Abeba, thiopie, mai 2007 Manoocher Deghati/IRINLa Commission a propos, le 12 mars dernier, une baisse de 176 136 euros par tonne d’ici 2011 – avec des dispositions permettant de poursuivre la rduction jusqu’ 114 euros l’horizon 2019 – esprant ainsi rsoudre le litige qui l’oppose depuis des annes aux pays latino-amricains producteurs de bananes – essentiellement l’Equateur, la Colombie et le Costa Rica. Cette baisse entranerait, selon une premire estimation, une perte de revenus d’“au moins 350 millions d’euros” pour les exportateurs de bananes ACP sur la priode de libralisation (2009-2019), a ajout M. Hiwat. Pour compenser ces pertes, la Commission aurait propos environ 100 millions d’euros d’aide pour la priode 2010-2013, montant jug insuffisant par les ACP. Ces derniers ont rappel leur proposition : des droits rduits 150 euros et gels pendant une priode de quatre ans, le tout assorti de mesures d’accompagnement. De son ct, l’ambassadeur de la Rpublique Dominicaine, Federico Alberto Cuello Camilo, a soulign le fait que les droits de douane actuels n’ont pas empch les exportations des pays latino-amricains d’augmenter sur le march europen, faisant ainsi perdre des parts de march aux exportateurs ACP. L’ambassadeur dominicain a galement mis en 6

PAGE 8

Le nouveau prsident lu d’Afrique du Sud, lors de son premier discours d’investiture au Parlement Sudafricain (Cape Town, 3 Juin 2009). Reporters.beN. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 7 Tour dhorizon Au moment o Le Courrier allait sous presse, Jacob Zuma, la tte du Congrs national africain (ANC), devait tre lu, le 6 mai, Prsident de la Rpublique d’Afrique du Sud par les dputs de sa majorit. A 67 ans, ce politicien controvers succde Kgalema Motlanthe, son alli, qui assurait un “intrim” la prsidence depuis l’viction de Thabo Mbeki en septembre 2008. C’est le 22 avril dernier que prs de 80% – contre 72% en 2004 – des 23 millions d’lecteurs sud-africains inscrits se sont rendus aux urnes. Alors que l’ANC a remport (selon les dernires estimations) prs de 66% des voix, le nouveau parti dissident, dnomm COPE et cr par les allis de Thabo Mbeki il y a quatre mois, a obtenu prs de 8% des voix. L’Alliance dmocratique conduite par Helen Zille, la maire d’origine allemande de la ville du Cap reste la premire formation de l’opposition, qui remporte 16% des voix au niveau national et prs de 50% dans la province du Cap occidental, amliorant partout sa position. Jacob Zuma est le quatrime chef d’Etat de l’Afrique du Sud post-apartheid. Le premier fut Nelson Mandela, en 1994, Thabo Mbeki assurant les deux autres prsidences en 1999 et 2004. M.M.B. Le Cameroun est le principal exportateur ACP de bananes (279.530 tonnes en 2008), suivi de prs par la Cte d’Ivoire (216.583 tonnes), et la Rpublique Dominicaine (170.406 tonnes). Ces trois pays ont sign un accord de partenariat conomique (APE) intrimaire (le cas des pays africains) ou global dans le cadre du Cariforum, le cas de la Rpublique Dominicaine, ce qui leur permet d’exporter librement leurs bananes vers l’UE. VICTOIRE crasante de l’ANCAfrique du Sud vidence que les productions latino-amricaines taient le fait de multinationales alors que dans les pays ACP, ce sont “des familles qui sont le socle de notre stabilit politique”. Selon les chiffres de l’Organisation centrale des producteurs-exportateurs d’ananas et de bananes (OCAB), la totalit des exportations de bananes des pays ACP vers l’UE en 2008 (918.376 tonnes) tait infrieure aux exportations du seul Equateur (environ 1,3 million de tonnes) et trs loin du total des pays d’Amrique latine (3,9 millions). Les producteurs ACP de bananes reprsentent ainsi un cinquime des exportations vers l’Union Europenne. Une proportion qui est reste sensiblement la mme au cours de ces trois dernires annes, alors que les exportations de bananes ont connu une lente progression.

PAGE 9

De jeunes partisans guinens du Parti africain pour l’indpendance de la Guine et du Cap-Vert (PAIGC) participent au dernier meeting de leur candidat aux lections lgislatives, Carlos Gomes Junior (Cadogo), sur la place principale de la capitale Bissau, Guine-Bissau, 14 novembre 2008. EPA/TIAGO PETINGA8 > Guine Conakry : incertitudes autour des intentions des putschistesEn 2004 dj, l’Union Europenne avait entam avec la Guine des consultations qui avaient dbouch sur des promesses de dmocratisation par les autorits de Conakry. Des missions de suivi sur le terrain taient prvues jusqu’au 14 avril 2009. A la suite du coup d’Etat qui a suivi le dcs du Prsident Lansana Cont, en dcembre 2008, la junte militaire constitue en Conseil National pour la Dmocratie et le Dveloppement (CNDD) a reu un accueil favorable par l’opinion publique guinenne dsireuse de rompre avec le pass et d’viter une dstabilisation du pays. Le CNDD n’en a pas moins recouru une prise de pouvoir par la force, condamne par l’UE, l’Union Africaine, la CEDEAO (Communaut conomique des tats de l’Afrique de l’Ouest), les Etats-Unis et le Nigeria. La Guine a t suspendue de l’Union Africaine, de la CEDEAO et de l’OIF. Par contre, le rgime a t salu par la Libye, le Sngal, la Mauritanie et la Gambie. La CEDEAO a entam une mdiation et l’Union Africaine, l’ONU, la France et l’UE ont envoy des missions. Certains des nouveaux dirigeants sont sincres quand ils disent qu’ils veulent nettoyer l’Etat de la corruption du rgime Cont, souligne Richard Moncrieff, directeur du projet Afrique de l’Ouest l’ONG International Crisis Group. Mais d’autres sont accuss de graves violations des droits de l’homme. Dans une lettre au prsident du CNDD, Moussa Dadis Camara, et au Premier ministre, Kabin Kamara, l’UE a invit les autorits guinennes des consultations politiques. A la suite des consultations qui se sont droules le 29 avril Bruxelles, les deux parties se sont mises d’accord sur une feuille de route pour la transition, prcisant la tenue d’lections avant la fin de l’anne, un accord entre toutes les parties (CNDD, gouvernement, partis politiques, syndicats, socit civile), la mise en place d’un Conseil National de Transition ayant les pouvoirs et prrogatives d’une assemble constituante et des mesures urgentes en faveur du respect des droits de l’homme et des liberts fondamentales.> Coopration suspendue avec la Mauritanie A la suite du coup d’Etat du 6 aot 2008 qui a renvers le prsident lu de la Rpublique islamique de Mauritanie, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, l’UE avait engag, le 20 octobre, des consultations avec les reprsentants de la junte militaire. Elle les a cltures le 6 avril 2009 sur Tour dhorizon COUPS DE AFRIQUE de L’OUESTL’UE et lesCOUPS DE FORCE enAFRIQUE L’OUEST Mauritanie, Guine Conakry, Guine Bissau. Ces trois pays d’Afrique de l’Ouest ont connu en l’espace de quelques mois des coups de force militaires qui ont rompu leur difficile marche vers la dmocratie. La communaut internationale a condamn les rgimes putschistes et appel au retour urgent l’ordre constitutionnel. Dans les deux premiers cas, l’Union Europenne a recouru l’article 96 de l’Accord ACP-CE de Cotonou qui prvoit, en cas de violation grave et vidente des principes dmocratiques et de l’Etat de droit, l’ouverture de consultations avec le pays concern. Anne-Marie Mouradian

PAGE 10

N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 9 Un soldat mauritanien, aid de ses compagnons, chercher disperser une foule manifestant contre un coup d’tat perptr par l’arme, ville de Nouakchott, Mauritanie, aot 2008. Reporters.beun constat d’chec, les dirigeants mauritaniens n’ayant pas prsent de garanties suffisantes pour un retour l’ordre constitutionnel. L’UE a gel pour deux ans sa coopration avec ce pays, l’exception de l’aide humanitaire et de l’appui direct la population. Entre temps, la Commission europenne avait salu, en mars 2009, la dcision du Conseil de paix et de scurit de l’Union Africaine de sanctionner nommment les “gens au pouvoir, civils et militaires” impliqus dans le coup d’Etat. L’UE conditionne la reprise graduelle de sa coopration une srie de mesures prendre par Nouakchott dans les 24 mois venir. En cas de solution consensuelle pour une sortie de crise et d’un cadre lgal permettant la tenue d’lections prsidentielles libres et transparentes, l’UE dbloquera certains financements dont celui du projet de renouvellement du port minralier de Nouadhibou. En cas de “mise en uvre irrversible” de cette solution consensuelle, elle pourrait appuyer la mise en place de la sortie de crise et l’organisation des lections, poursuivre le programme d’appui la justice, etc. Elle mettra galement en uvre tous les programmes prvus sous le 8e et 9e FED mais pas encore contractualiss. Seul le retour complet l’ordre constitutionnel permettra la leve de toutes les restrictions et la mise en oeuvre de l’intgralit des 156 millions d’euros du 10e FED. Le 15 avril, le Gnral Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte, a dmissionn de l’arme et de son poste de prsident du Haut Conseil d’Etat pour se porter candidat l’lection prsidentielle. Il promet une “Mauritanie nouvelle” et la “dmocratie authentique”. Prvu le 6 juin mais boycott en principe par ses opposants, le scrutin sera suivi de prs par la communaut internationale. > Guine Bissau : viter le chaosL’assassinat par des militaires non identifis, dbut mars 2009, du Prsident Joao Bernardo Vieira n’a pas t considr comme un coup d’Etat et la Guine Bissau n’a pas t suspendue par le Conseil de paix et de scurit de l’Union Africaine. L’arme a promis de respecter la voie constitutionnelle et le prsident de l’Assemble, Raimundo Pereira, chef de l’Etat par intrim, a 60 jours pour organiser le scrutin prsidentiel. Reste que le pays est trs instable, gangren par la corruption et le trafic de drogue – c’est un point de passage cl de la cocane sud-amricaine en transit vers l’Europe – qui menacent de saper tout processus de dmocratisation. L’opposition a rclam la dmission du gouvernement qu’il accuse d’tre incapable de contrler l’arme et de faire cesser les agressions par des militaires. Le Parlement europen a invit l’UE et la communaut internationale, tout en gardant le pays sous surveillance, poursuivre son aide et demand le maintien de la mission de la Politique europenne de scurit et de dfense qui, depuis juin 2008, appuie la rforme du secteur de la scurit. Selon Alioune Tine, prsident de l’ONG Rencontre Africaine pour la Dfense des Droits de l’Homme, trs active en Afrique de l’Ouest, tant qu’il n’y aura pas une rforme de l’arme en Guine Bissau, en Mauritanie et en Guine Conakry, on continuera construire sur du sable. COUPS DE AFRIQUE de L’OUESTL’UE et lesCOUPS DE FORCE enAFRIQUE L’OUEST Tour dhorizon Mots-cls Mauritanie ; Guine Conakry ; Guine Bissau ; Joao Bernardo Vieira ; Raimundo Pereira ; Alioune Tine ; Mohamed Ould Abdel Aziz ; Sidi Ould Cheikh Abdallahi ; Lansana Cont.

PAGE 11

10 D ossier “Le sport a le pouvoir de changer le monde, le pouvoir de stimuler, le pouvoir d’unir les hommes comme peu d’autres activits peuvent le faire. Il interpelle les jeunes dans une langue qu’ils comprennent.” Ce message vibrant de l’ancien Prsident sudafricain Nelson Mandela incarne l’essence de la capacit du sport initier et promouvoir le dveloppement, partir de l’estime de soi. La Coupe du Monde de la FIFA, qui aura lieu en Afrique du Sud en 2010 – une premire pour le continent africain – devrait s’accompagner, pour le pays hte, d’une srie d’avantages conomiques et sociaux. A de rares exceptions prs, les donateurs ont mis du temps financer des initiatives de dveloppement axes sur le sport. Un manque d’enthousiasme qui s’explique par la prsence d’autres priorits et, plus simplement, le manque de moyens financiers. D’autres acteurs avec lesquels nous nous sommes entretenus pour ce dossier sur le sport ont voqu les difficults d’accs aux fonds, les bailleurs de fonds exigeant d’utiliser des critres “comptables” toujours plus stricts pour l’valuation des projets dans le domaine du sport. Les ONG ont traditionnellement t les premires financer des initiatives sportives, rejointes par des loteries nationales et les fdrations europennes de football. A l’chelon national, des pays tiers, comme la Norvge, le Canada et l’Australie, ainsi qu’un Etat membre – le Royaume-Uni (avec son initiative spciale pour les Jeux Olympiques de 2012 Londres “International Inspiration” que nous voquons dans ce numro) – sont parmi les pionniers de la promotion de projets axs sur le sport en faveur du dveloppement. Les politiques nationales de quelques pays ACP (Afrique, Carabes, Pacifique), comme la Papouasie Nouvelle Guine et la Jamaque, refltent dj une vision du sport allant au-del de la production d’une lite sportive, tandis que l’Union Africaine (UA) est prte assurer le dveloppement du sport (et le sport pour le dveloppement) sur le continent, et ce dans le cadre de ses objectifs de politique sociale. Certains pays esprent d’ores et dj que ces initiatives encourageront les bailleurs de fonds financer davantage les programmes sportifs. Dossier prpar par Debra Percival et Hans Piennar Portrait de Ajay Kallon, lgende du football de Sierra Leone, sur le mur du stade national de football, Freetown, 2008. Debra PercivalSPORTbailleurs de fonds Le SPORT et les bailleurs de fonds

PAGE 12

11 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009C’est l’occasion de la dsignation qui accueillera les Jeux Olympiques de 2012 que Lord Sebastian Coe, prsident du Comit d’organisation de la ville finalement choisie, a pris l’engagement de rapprocher les JO de Londres des enfants du monde entier. Le Department for Culture, Media and Sport (DCMS) britannique a ensuite prsid un think-tank afin d’examiner comment honorer cette promesse, explique Debbie Lye. A ce jour, le DCMS a dgag 280.000 livres sterling, l’Unicef 1,45 million de livres, la Premier League 4,2 millions de livres et le British Council, 2,85 millions de livres. Le Comit d’organisation londonien des jeux olympiques et paralympiques (LOCOG London Organising Committee of the Olympic and Para Olympic Games) et l’Association olympique bri-Debra Percival “International Inspiration” “International Inspiration” 12 millions d’enfants bnficiaires dans 20 pays d’ici 2012 Match dans le cadre d'un projet financ par le Sports Council britannique. Matt Bright DossierACP Sport pour le dveloppement“International Inspiration” entend tre l’hritage des Jeux Olympiques de Londres en 2012. L’objectif est de mettre la disposition de 12 millions d’enfants des infrastructures d’ducation physique, de sports et de jeux dans 20 pays en dveloppement, parmi lesquels un certain nombre d’Afrique, Carabes et Pacifique (ACP). Debbie Lye, directrice du programme, explique comment UK Sport – le Conseil des Sports du Royaume-Uni mis en place en 2006 par Charte royale dans le but de promouvoir le dveloppement du sport et le dveloppement par le sport – s’est associ ce programme avec le concours de l’UNICEF (le Fonds des Nations Unies pour l’enfance) et du British Council.

PAGE 13

tannique (BOA British Olympic Association), ont souhait que le programme pilote inclue un pays de chacun des cinq continents, reprsents par les cercles olympiques. Le programme destin une premire srie de cinq pays a t lanc en octobre 2007 et couvre : l’Azerbadjan (Europe)*, le Brsil (Amrique), l’Inde (Asie), Palau (Ocanie) et la Zambie (Afrique). L’objectif est d’largir le programme 15 autres pays. Debbie Lye explique que le choix de ces pays tient compte la fois de leurs besoins et de leur capacit existante d’aller de l’avant. Elle ajoute que UK Sport a pu s’appuyer sur l’expertise de l’UNICEF – qui met en uvre des stratgies permanentes de lutte contre la pauvret axes sur les enfants des pays en dveloppement – et sur celle du British Council, fort de ses 110 reprsentations dans le monde. L’initiative “Dreams + Teams” du British Council a form de jeunes dirigeants sportifs dans les coles ; ils sont aujourd’hui chargs d’organiser des manifestations sportives pour les plus jeunes ainsi que des activits diverses, allant de la communication via Internet l’annonce de rencontres sportives, la gestion des calendriers et au marquage des lignes sur les terrains. Un partenariat d’une porte et d’une qualit uniques a ainsi vu le jour avec UK Sport, dont la rputation dans la gestion des programmes sportifs n’est plus faire. “Avec ‘International Inspiration’, nous voulons atteindre les dcideurs politiques et les infrastructures au sein desquelles des activits sportives peuvent avoir lieu, mais aussi des praticiens, comme les enseignants et les participants”, explique Debbie Lye. Elle voque aussi le travail de recherche du Professeur Fred Coalter de l’Universit de Stirling, en Ecosse, qui a dclar que le sport ne peut promouvoir le dveloppement que lorsqu’il y a une relle qualit sportive. “Il ne faut pas s’attendre des miracles lorsqu’on se contente de donner un ballon de football un groupe de jeunes. Il faut aussi des coachs de qualit et savoir comment mettre les principes du sport au service du dveloppement”, prcise-t-elle. Et d’ajouter : “Nous avons tendance exploiter le sport de manire trop simpliste.”> Visites d’valuation Debbie Lye passe ensuite au fonctionnement concret du programme. Dans un premier temps, une “visite d’valuation” est organise dans le pays cibl afin de faire le point sur ses besoins. “Lorsque nous partons pour une telle visite, nous savons quelles questions poser et effectuons un travail pralable de recherche pour nous assurer de bien comprendre le contexte et les catgories de besoins. Nous nous asseyons autour d’une table avec les experts de l’UNICEF et du British Council et changeons nos connaissances par rapport aux programmes. Nous rencontrons ensuite des professionnels et des dcideurs cls et nous nous demandons tous ensemble en quoi International Inspiration pourra les aider raliser leurs objectifs. Enfin, nous les encourageons mettre sur pied un comit de direction pour prendre le relais une fois notre mission termine. Les ministres des sports et de l’enseignement ainsi que les associations olympiques et paralympiques des diffrents pays concerns figurent parmi les acteurs cls consults.” Debbie Lye dcrit le programme en cours en Inde, o l’UNICEF envisage de lancer une campagne nationale sur le sport et le jeu afin de mettre en vitrine le travail d’International Inspiration, qui doit faciliter la formation d’acteurs communautaires cls et l’amnagement d’espaces de jeux srs. “Nous ne pouvons bien sr pas amnager des stades comme celui de Wembley (le stade national britannique) ou un superbe terrain de cricket, mais il est possible de s’assurer que la pelouse soit toujours bien tondue, que les serpents et les tessons de bouteille soient bien enlevs, et nous pouvons mettre la disposition des communauts du matriel simple comme des paniers de basket ou un filet de volley-ball.” Pour cela, il convient de prvoir, poursuit-elle, un certain niveau de formation dans les coles et l’chelon communautaire. L’UNICEF fait galement connatre le programme aux communauts, dans les bidonvilles et les villages, et prpare du matriel de sensibilisation dans des langues indignes. “La section indienne de l’UNICEF prend tellement les choses cur qu’elle diffuse le programme dans tous les tats du pays, d’o un effet dmultiplicateur potentiellement norme”, se rjouit-elle. Les programmes pour les cinq pays en sont maintenant leur dernire anne. Des visites d’valuation ont eu lieu dans huit autres pays, et l’ide est de renforcer encore la coopration entre les partenaires dans l’avenir. Le travail de UK Sport s’intgre dans le programme et le calendrier du British Council ds le premier jour ; le British Council et l’UNICEF assurent ds le dpart la coordination dans chaque pays afin d’assurer une approche globale en ce qui concerne le calendrier et la mise en uvre. Les trois autres pays dj retenus par le Conseil sont le Mozambique, la Jordanie et le Bangladesh. Deux autres programmes, l’un au Ghana et l’autre Trinit et Tobago, doivent tre lancs la fin de l’anne. L’Afrique du Sud, la Malaisie et le Nigeria sont galement dans la premire phase du processus de planification. Compte tenu de la crise conomique actuelle, le financement de la totalit du programme aux niveaux prvus reprsentera un dfi, explique Debbie Lye. Toutefois, sur le budget prvu de 50 millions de livres, 23,9 millions ont dj t runis, ce qui reprsente une somme impressionnante ! L’UNICEF organise actuellement la collecte de fonds auprs de sources non gouvernementales, mais les objectifs seront difficiles atteindre. International Inspiration, dont la cration a bnfici du soutien du gouvernement britannique, est prsent gre par une fondation caritative indpendante, l’objectif tant d’assurer au programme la dynamique et l’expertise dont il a besoin pour mener bien son ambitieux projet. * Dans le cadre du projet, l’Azerbadjan est considr comme faisant partie de la Grande Europe. ACP Sport pour le dveloppement Dossier 12 gauche : Le sport est combin l’apprentissage de comptences utiles pour la vie quotidienne. Projet financ par le Sports Council britannique, Brsil. Caldas Leo droite : Rhabilitation d’installations de sports et de loisirs, Brsil. Caldas Leo Mots-cls International Inspiration; UK Sport; UNICEF; British Council; Debbie Lye; LOCOG; Debra Percival.

PAGE 14

13 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 DossierACP Sport pour le dveloppementLe pays a chapp la plupart des retombes de la crise car son systme bancaire est sain et ne contient qu’un trs petit nombre d’actifs toxiques. Cependant, le ralentissement de l’conomie mondiale ne peut pas pargner l’conomie sud-africaine, qui est fortement mondialise. Durant le dernier semestre de l’anne dernire, l’conomie du pays s’est contracte pour la premire fois en dix ans. Cette anne, la fabrication a dj chut, de sorte que le ralentissement devrait se poursuivre durant le premier trimestre de 2009. Toutefois, l’ex-Prsident de l’Afrique du Sud, Kgalema Motlanthe, s’est montr extrmement optimiste parce qu’un trs grand nombre d’vnements sportifs de porte internationale s’achveront par la Coupe du monde de football de la FIFA, qui se tiendra dans moins de 18 mois. Ce moisci, la ligue professionnelle indienne a organis son tournoi en Afrique du Sud aprs les attaques terroristes qui ont frapp Bombay. La tourne de l’quipe de rugby des British Lions dbutera en mai 2009. La Coupe des confdrations de football de la FIFA sera organise dans le pays au mois de juin 2009. Des budgets impressionnants ont t annoncs. Ils devraient avoir des retombes dans le secteur du tourisme, de l’htellerie, des mdias et en matire fiscale. Le Ministre adjoint des Sports, Gert Oosthuizen, estime que la Coupe du monde de la FIFA devrait rapporter 55,7 milliards de rands** (soit 6 milliards de dollars), les recettes fiscales devant atteindre 19,3 milliards de rands. “La succession de tournois nous a contraints investir dans les infrastructures. Les investissements consentis constituent une mesure anticyclique qui nous protgera des consquences ngatives du ralentissement conomique mondial.” Les experts expriment des doutes quant aux chiffres avancs par M. Oosthuizen. Certains jugent que les recettes ne devraient pas dpasser 22 milliards de rands, le gouvernement pouvant esprer recouvrer 8 milliards de rands sur une dpense de 15,6 milliards. Ces estimations sont plus proches des sommes payes par les pays htes l’issue des dernires Coupes du monde en date, parmi lesquels la Core du Sud notamment, pays qui est encore en train de mettre tout en uvre pour rembourser les dettes contractes pour l’organisation de la Coupe. > L’esprit d’une nation arc-en-ciel Les dclarations de Kgalema Motlanthe au sujet des impondrables sont exactes. Depuis un an environ, la population sud-africaine a endur sans sourciller des travaux de construction routire qui voluent un rythme extrmement soutenu parce qu’elle est convaincue que ceux-ci transformeront l’Afrique du Sud. La fiert nationale concerne tout particulirement “Gautrain”, un nom qui associe le nom sesotho de Johannesburg, capitale commerciale, et le terme africaans “gou”, qui signifie rapide. Ce nom fait galement allusion au terme dsignant l’or, “goud”, le mtal qui a fait natre la ville il y a de cela 110 ans. C’est l un exemple quasiparfait de l’esprit de la nation arc-en-ciel selon Les gouvernements tentent de lutter contre la crise financire mondiale en prenant des mesures pour renflouer l’conomie qui retiennent l'attention gnrale. En Afrique du Sud, les espoirs reposent sur une perspective trs diffrente : la Coupe du monde 2010 de football. Stade en construction Cape Town en vue de la Coupe du monde qui se tiendra en Afrique du Sud en 2010. AP/Reportres.beHans Pienaar*Une Coupe du monde Une Coupe du monde qui pourrait transformer l’Afrique du Sud

PAGE 15

ACP Sport pour le dveloppement Dossier 14 Nelson Mandela, qui englobe l’ordre ancien et le nouvel ordre dans des projets de rconciliation. Il va encore nettement au-del. Ce projet extrmement onreux, dont le cot pourrait atteindre 40 milliards de rands (4,5 milliards de dollars) signera l’entre de l’Afrique du Sud dans le XXIe sicle et sonnera le glas d’un des hritages les plus tenaces du pass, l’Apartheid. Sous l’ancien parti national, qui a t au pouvoir entre 1948 et 1994, le pays s’est modernis par -coups, mais les bnfices de la croissance ont t la population blanche, laquelle bnficiait des meilleures conditions de vie au monde. Paradoxalement, l’Afrique du Sud ne s’est jamais dote d’un vritable systme de transport. Alors que ce pays a t un des premiers installer des tramways au XIXe sicle, ceux-ci ont t progressivement retirs. Les plans du rseau ferroviaire souterrain sont rests l’tat de projet, et des sommes colossales ont t dpenses pour construire des autoroutes ultramodernes. Le gouvernement de l’Apartheid a dessin des routes contournant les ghettos noirs qui se multipliaient. Sous l’impulsion du Ministre des Finances, Trevor Manuel, le gouvernement a relev le dfi et entam la construction du rseau routier pour tous, riches et pauvres. Par ailleurs, ce rseau s’est rapidement avr indispensable au cours des dernires annes, dans le cadre de la lutte contre le changement climatique engage par le pays. Le transport public s’est impos comme un problme devant tre rsolu de toute urgence. Peu aprs l’annonce de la Coupe du monde, la construction du Gautrain a dbut, il reliera Johannesburg la capitale administrative, Pretoria, qui se situe 60 km de l ; il serpente travers les faubourgs peupls et dsormais mixtes et les ghettos noirs calmes et amnags. La Coupe du monde a galement servi lancer un autre rseau indispensable. Il s’agit du rseau de transport par autocar, Rea Vaya (qui signifie “nous y allons”), essentiel au transport des supporters qui devront se dplacer entre les ghettos et les diffrentes villes accueillant les matches de la Coupe du monde. Ces deux projets ont permis de dvoiler la face sombre de la Coupe du monde, qui assure un bnfice un milieu international d’affaires relativement restreint. A la fin du mois de mars 2009, les chauffeurs noirs de minibus ont entam une premire grve pour protester contre le systme de transport par autocar. Pendant 50 ans, ils ont assur le transport des travailleurs noirs qui trouvaient du travail uniquement dans les quartiers blancs. Dans la priode qui a suivi l’Apartheid, ils ont mont des entreprises de transport sans l’aide des blancs. “Nous allons perdre les emplois crs par les lignes de minibus. Nous n’allons pas permettre la mise en place de ces rseaux d’autocars”, a dclar Velile Thambe, porte-parole de l’association Alexandra Taxi. D’autres questions se posent dsormais : dans quelle mesure les recettes de la Coupe du monde iront-elles aux pauvres? Cinq stades flambant neufs sont en construction, et celui du Cap devrait coter 3 milliards de rands (350 millions de dollars). “La construction du stade cote autant que celle de 60 000 foyers (pauvres), qui pourraient abriter 300 000 personnes environ pendant plusieurs dizaines d’annes et non pas tre utilis deux fois pendant 45 minutes”, explique le professeur Anthony Leiman de la Cape Town University. L’expression “Clbrer l’humanit africaine” est le thme de l’ensemble du projet de 2010, mais le succs obtenu en 2006 par l’Allemagne, qui a russi intgrer le football, l’art et les autres disciplines par le truchement des projets “piquets du but” est trs loign des proccupations de Johannesburg. Pourtant, les Sud-africains se montrent trs optimistes par rapport 2010. Une enqute ralise l’anne dernire a montr que l’amlioration des infrastructures est attendue par prs de neuf personnes sur dix (soit 87% de la population). Prs de 88% des personnes interroges se sont dit fires du fait que l’Afrique du Sud organise la Coupe du monde, et 83% ont admis que cet vnement contribuerait amliorer l’image de marque du pays l’tranger. * Hans Pienaar est un journaliste bas Johannesburg. ** 1 rand sud-africain = 0,0876 euro (taux du 28 avril 2009). En haut: Stade FIFA 2010 au Cap (Afrique du Sud). Flickr.com/JackySnappy2009Remue-mnage Johannesburg avec la poursuite de la construction du Systme de transit rapide par bus de Rea Vaya et du mtro de Gautrain. Hans Pienaar Mots-cls Afrique du Sud; Coupe du monde 2010; football; FIFA; dveloppement; conomie; Trevor Manuel; Kgalema Motlanthe; stades.

PAGE 16

Pour quelle raison le programme “Le sport au service du dveloppement et de la paix” a-t-il t mis en uvre par les Nations Unies ? A quand remonte-t-il ? Le sport au service du dveloppement et de la paix n’est pas une approche neuve pour les Nations Unies. Les diffrents fonds, programmes et agences spcialises qui constituent la “famille” des Nations Unies utilisent le sport dans leurs activits depuis longtemps. Certes, le pouvoir et l’utilit du sport n’ont pas toujours t mis profit de manire systmatique ou cohrente dans les programmes d’aide humanitaire, de dveloppement ou de rtablissement de la paix, et les exemples en la matire tiennent plus de l’anecdote. C’est l’une des raisons pour laquelle Kofi Annan a cr le poste de conseiller spcial du Secrtaire gnral pour le sport au service du dveloppement et de la paix en 2001. Je suis le deuxime occuper ce poste, j’ai succd l’ancien Prsident suisse Adolf Ogi en avril 2008. Mon mandat prvoit trois grandes missions : plaider en faveur de l’inclusion systmatique du sport dans les politiques nationales et internationales de dveloppement, faciliter la coopration entre les acteurs au sein des Nations Unies et les partenaires externes et reprsenter le Secrtaire gnral lors des grands vnements sportifs. Dites-nous en quelques mots quel est l’axe retenu. L’un des principaux axes est la coordination des efforts du systme des Nations Unies. Je m’emploie viter les doubles emplois, crer des synergies et identifier les bonnes pratiques en place. En fait, je me vois comme un agent de liaison au sein de la famille des Nations Unies. Pour vous donner un exemple pratique, je citerais le travail de coordination dans le cadre de la prparation des nombreux vnements sportifs majeurs qui auront lieu l’anne prochaine. Les Nations Unies doivent tre bien prsentes et bien visibles en tant que telles lors de ces vnements. Sur un plan plus programmatique, j’espre que l’intgration du Secrtariat du Groupe de travail international pour le sport au service du dveloppement et de la paix dans mon Bureau nous permettra de continuer nos activits fructueuses de conseil auprs des gouvernements dsireux d’inclure le sport dans leurs programmes de dveloppement. La communaut internationale des donateurs se proccupe beaucoup de l’accomplissement des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) actuellement. Quel rapport y a-t-il entre l’investissement de fonds publics dans le sport et la rduction de la pauvret ? Le sport n’est pas la panace, c’est vrai, mais il peut contribuer l’accomplissement des huit OMD. Il peut aider rduire la pauvret en donnant aux gens des comptences utiles dans la vie qui soient transfrables et en les amenant avoir une meilleure image de soi et une plus grande confiance en soi, autant d’atouts qui amlioreront leur employabilit. Certains programmes sportifs prvoient galement la production d’quipements sportifs, ce qui peut crer des emplois au niveau local. Les programmes de dveloppement durable peuvent contribuer mettre en place des marchs et des institutions sociales plus complexes en matire de sport qui crent de l’emploi. Enfin, le sport est un moyen de prvention sanitaire, et l’on sait que les problmes de sant comptent parmi les grands facteurs de pauvret. Quels sont les critres appliqus pour valuer la russite des projets mens dans le cadre du sport au service du dveloppement ? L’importance du suivi et de l’valuation de la qualit des programmes mens dans le cadre du sport au service du dveloppement et de la paix n’est pas sous-estime. Certes, on manque d’outils spcifiques et rpandus pour valuer ces programmes ; des chercheurs s’emploient dans le monde entier rassembler des lments l’appui des efforts consentis en la matire. L’valuation devrait permettre de mesurer la pertinence, l’efficience, l’impact et la durabilit des programmes. Avez-vous le sentiment que les autres donateurs ne s’intressent pas suffisamment au financement de programmes qui mettent le sport au service du dveloppement ? La crise financire a naturellement eu un impact sur tous les types d’activits de dveloppement. Mais par comparaison avec des programmes qui suivent d’autres modles de dveloppement social, ceux qui utilisent le sport pour promouvoir le dveloppement et la paix sont relativement conomiques. C’est l’un des nombreux atouts du concept. Ces programmes, qu’ils soient mens par les Nations Unies ou d’autres agences, doivent ouvrir la voie l’inclusion du concept par les gouvernements dans leur programme national de dveloppement. Menez-vous des programmes conjoints avec d’autres donateurs ? En vertu du mandat de conseiller spcial, mon Bureau se concentre essentiellement sur la coordination, la facilitation et la promotion. Nous encourageons la mise en uvre de programmes conjoints, nous y contribuons et nous donnons des conseils lorsque l’on nous en demande, mais nous n’avons pas pour mission de nous engager activement dans la mise en uvre de programmes qui mettent le sport au service du dveloppement et de la paix. D.P. 15 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 Wilfried Lemke, conseiller spcial du secrtaire gnral de l’ONU pour “Le sport en faveur de la paix et du dveloppement”. NU Le pouvoir du sport au service du dveloppement est reconnu depuis un certain temps dj par les Nations Unies. Wilfried Lemke, conseiller spcial du Secrtaire gnral des Nations Unies pour “Le sport au service du dveloppement et de la paix”, nous parle de sa mission. DossierACP Sport pour le dveloppementSPORT DVELOPPEMENTLe SPORT au service duDVELOPPEMENTpour les Nations Unies Mots-cls Debra Percival; Nations unies; Wilfried Lemke; OMD.

PAGE 17

16 Usain Bolt, double champion olympique du sprint, fte sa victoire en arborant le drapeau jamacain, Pkin, 2008 Pniesen, Dreamstime.com La JAMAQUEreine de l’athltismeDepuis 1948, la Jamaque a remport 13 mdailles d’or, 27 mdailles d’argent et 21 mdailles de bronze aux Jeux olympiques et 7 mdailles d’or, 29 mdailles d’argent et 30 mdailles de bronze aux Championnats du monde d’athltisme. Patrick Robinson (*), juge jamacain la Cour pnale internationale, vante les mrites du modle de son pays, qui dveloppe les talents athltiques en privilgiant l’autonomie.Le championnat scolaire (CHAMPS) – une comptition junior annuelle – fait office de terrain d’entranement et de tremplin pour les athltes jamacains. Il fait clore les talents depuis prs d’un sicle, explique Patrick Robinson dans un entretien au Courier. Dans chaque cole, des entraneurs qualifis prparent les lves cet vnement prestigieux. “Ma thse est que mme si la Jamaque a un norme talent naturel en athltisme, c’est le systme qui s’est dvelopp depuis 1910 qui explique les magnifiques performances de nos athltes au niveau international”, explique-t-il. “Tous les mdaills d’or ont particip au CHAMPS pendant leurs tudes secondaires. C’est le cas d’Usain Bolt, dtenteur du record du CHAMPS sur 200 et 400 mtres, avec un temps de 20,25 et de 45,35 secondes respectivement, en 2003. Et de Veronica Campbell, qui dtient le record du CHAMPS sur 100 mtres avec un temps 11,13 secondes depuis 2001”, s’enorgueillit Robinson. Usain Bolt a t la star de l’athltisme lors des Jeux olympiques de Pkin, en 2008 : il est le premier russir le doubl olympique sur 100 et 200 mtres, qui plus est avec des records mondiaux sur les deux distances. “Pour qu’un pays tire vraiment parti des investissements dans le sport, il faut qu’il se dote d’une politique cohrente, dans laquelle le sport fait partie intgrante du dveloppement national”, martle-t-il. Il n’y a pas meilleur exemple de la contribution potentielle du sport au dveloppement que la russite des deux meilleurs entraneurs de Jamaque, Stephen Francis (coach d’Asafa Powell) et Glen Mills (coach d’Usain Bolt). “Leur professionnalisme et leurs exploits montrent que les Jamacains peuvent russir en athltisme au niveau mondial mme s’ils restent en Jamaque pour s’entraner, sans ressentir la ncessit de partir s’entraner aux EtatsUnis”, explique Robinson. “La Jamaque bnficie de la russite de ses athltes, car l’excellence, l’engagement, l’acharnement et l’autonomie qu’ils portent sont source d’inspiration pour tous les Jamacains. C’est mettre en contraste avec les images ngatives de violence dont les jeunes sont bombards tous les jours dans les mdias”, ajoute-t-il. Les entraneurs et les athltes jamacains sont au service de l’athltisme dans le monde entier. Le sport est source de perspectives pour les plus jeunes en matire de formation professionnelle. De plus, le sport vite aux jeunes de traner dans la rue et de tomber dans le pige des activits illicites. “Cet exemple d’autonomie est crucial pour le dveloppement national, il donne tout son sens l’exhortation de notre hros national, Marcus Garvey, Up, up, you mighty race ; you can accomplish what you will”, explique Robinson. D.P. *Auteur de Jamaican Athletics: A model for 2012 Olympics and the World, Arcadia Books, Londres, 2009. DossierACP Sport pour le dveloppement PA P O U A S IE N O U VELLE G U INE : SP O R T ET DVELO PP E M ENT FONT Q U I P E La Papouasie Nouvelle Guine et l’Agence australienne de dveloppement international (Australian Agency for International Development – AusAID) ont mis au point une initiative de “sport pour le dveloppement” dote de 44,5 millions de dollars et s’talant sur dix ans. Cette initiative entend recentrer la politique des sports de la Papouasie Nouvelle Guine – qui privilgiait jusqu’ici l’lite sportive – sur le sport pour le dveloppement. Des subventions seront ainsi octroyes des projets visant renforcer la participation communautaire des activits sportives rgulires et de qualit, des projets communautaires axs sur le savoir-tre bas sur le sport ainsi qu' des initiatives de coaching et des cours d'administration. Les infrastructures sportives de Papouasie Nouvelle Guine seront galement renforces. Mots-cls Jamaque; Patrick Robinson; Usain Bolt; Veronica Campbell; Stephen Campbell; Glenn Mills; CHAMPS; Jeux olympiques; Debra Percival.

PAGE 18

17 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Louis Michel, commissaire europen en charge du dveloppement et de l’aide humanitaire, reoit Zakumi, la mascotte de la Coupe du monde de football d’Afrique du Sud. EC Dossier ACP Sport pour le dveloppement Les institutions europennes et leurs acteurs sont de plus en plus conscients du rle du sport dans le dveloppement. Le Livre blanc de la Commission europenne sur le sport (2007) contient un chapitre sur la coopration dans le domaine sportif pour promouvoir l’ducation, la sant, le dialogue interculturel, le dveloppement et les objectifs et les ambitions de paix. Un “protocole d’accord” sign par le Commissaire europen Louis Michel et Sepp Blatter, prsident de la FIFA (Fdration Internationale de Football Association), le jour de la finale de la Coupe du Monde de football Berlin, met en place les conditions d’un partenariat CE/FIFA pour les projets mens dans les pays ACP. “Grce ce nouveau cadre politique, le sport pourrait davantage faire parler de lui dans la coopration europenne au dveloppement, ce qui n’tait pas le cas jusqu’ici. La capacit fdrative du sport et sa capacit dpasser les frontires sont de plus en plus reconnues”, explique Tamas Varnai, en charge du sport au sein de la DG Dveloppement de la CE. “Le sport peut galement uvrer pour la paix, tout en tant un outil relativement peu coteux et pouvant avoir un impact dcisif sur la ralisation des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD). Un bon exemple est l’amnagement d’un terrain de football dans l’enceinte d’une cole, que les lves peuvent utiliser aprs les cours. Les athltes sont par ailleurs d’excellents modles de rle pour les enfants et pour les jeunes, notamment ceux issus des communauts dfavorises”, poursuit Tamas Varnai. Le Livre blanc suggre la cration de partenariats entre la CE et les Nations Unies, les Etats membres de l’Union Europenne, les autorits locales et les organismes privs, tandis que le protocole d’accord conclu entre la FIFA et la CE prvoit un dialogue politique rgulier entre la Commission et la FIFA.> Dficit de financement Le lancement des projets n’aura cependant pas t sans mal, le sport tant en concurrence avec d’autres priorits de financement. En mai 2007, le Commissaire Michel et le prsident de la FIFA, Sepp Blatter, envoyaient une lettre commune toutes les dlgations de la CE et aux associations nationales de football des pays ACP, leur suggrant de se runir pour identifier des possibilits de coopration. Parmi les ides proposes, retenons la distribution d’quipements sportifs financs par l’UE, le financement d’coles de football et de championnats scolaires nationaux de football, l’octroi de bourses de jeunes footballeurs et le parrainage de clbres joueurs de football chargs de diffuser des messages sur l’estime de soi, la sant et l’duction. (Voir encadr.) Peu de dlgations se sont cependant dclares intresses par la possibilit d’inclure des projets sportifs dans leurs programmes bilatraux au titre du 10e Fonds europen de dveloppement (2008-2013). En l’absence de budget pour les sports centralis l’chelon de la CE, la seule autre possibilit, dans le domaine de la promotion du sport, consiste octroyer des financements par pays, ou par le biais de programmes rgionaux. A un an de la Coupe de la FIFA organise en Afrique du Sud – une premire pour le continent africain – ce pays devrait affecter 10 millions d’euros de l’enveloppe reue de la CE la promotion du sport, surtout le football, chez les jeunes – garons et filles. (Voir encadr sur l’Afrique du Sud). D.P. PHOTOJOURNALISTES POUR L’AFRIQUE DU SUD 2010La Commission europenne et la FIFA ont fait quipe pour permettre des photojournalistes stagiaires d’Afrique de participer un cours organis par la “Fondation Agence France Presse”. L’objectif est d’amliorer la couverture de la Coupe du Monde. Environ 200 participants seront associs cette initiative organise dans diffrentes capitales d’Afrique (Le Caire, Lagos, Johannesburg, Rabat, Dakar, Libreville et Maputo). “Sport au service du dveloppement” Coup d’envoie pour l’unit “Sport au service du dveloppement” de la Commission europennes Mots-cls Coupe du Monde de la FIFA; Louis Michel; Sepp Blatter; Afrique du Sud; Tamas Varnai; Debra Percival.

PAGE 19

Comment le sport peut-il contribuer au dveloppement social et conomique des pays en dveloppement? Je crois que tous ceux qui travaillent dans ce domaine prennent garde ne pas exagrer l’importance de ce phnomne, mais le sport a rellement des qualits spciales qui peuvent contribuer aux objectifs de dveloppement. Le sport est un moyen particulirement efficace de travailler avec les jeunes : ceux-ci aiment le sport et se reconnaissent dans son image internationale. Le football est capable d’attirer les jeunes o que ce soit et, dans ce contexte, les jeunes ragissent avec enthousiasme quand on leur donne l’occasion de participer une activit. Nous avons vu le sport ramener des jeunes sur les bancs de l’cole et se rinsrer dans les structures communautaires, ce qui leur donne accs diverses possibilits de soutien. Trois domaines me viennent l’esprit : le sport en tant que vhicule de l’ducation formelle, le sport en tant que vhicule des comptences pour la vie et l’ducation la sant, et le sport en tant que mcanisme de renforcement de pouvoir pour les femmes et de remdiation aux problmes d’ingalit entre les hommes et les femmes. Le domaine qui offre les meilleurs rsultats est celui du travail de dveloppement personnel par le sport dans le cas des jeunes femmes. Notre exprience en Afrique et en Inde rvle que le sport peut tre un mcanisme particulirement efficace pour le renforcement du pouvoir des jeunes femmes. Quels critres faut-il utiliser pour valuer la contribution du sport au dveloppement conomique et social? Nous devons voir le sport comme un facteur favorable et non comme une solution part entire. L’aspect le plus positif du sport est qu’il permet d’impliquer des gens qui seraient difficiles atteindre par d’autres moyens. Une fois impliques dans une activit, ces personnes ont alors accs des mesures d’aide qui leur permettront de maximiser leurs chances de remdier certaines difficults de leur vie quotidienne. L’lment apparemment le plus important est que le sport peut constituer une base vers des relations constructives avec des adultes dsireux d’aider. En Afrique, nous avons L’Institute of Youth Sport, qui fait partie de l’Universit de Loughborough (Royaume-Uni), possde une base de recherche sur les manires dont le sport promeut le dveloppement. Avec cette interview de Tess Kay, directrice adjointe de cet tablissement, nous d couvrons cet inestimable ensemble de connaissances utilis par diverses organisations qui financent des projets fonds sur le concept du sport au service du dveloppement. 18 DossierACP Sport pour le dveloppementSPORTLe pouvoir du SPORT

PAGE 20

19 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 Des Soudanais participent une campagne d’information par le sport, Khartoum, Soudan, novembre 2006. UN constat quel point les jeunes ragissent diffremment aux adultes quand ils voluent dans un contexte sportif. De par sa nature ludique et divertissante, le sport a raison des obstacles car il favorise des relations moins formelles et plus ouvertes. Des enseignants de Zambie nous ont donn des tmoignages trs forts allant dans ce sens. Selon eux, le fait de pratiquer un sport avec leurs lves entrane une forme d’interaction compltement diffrente de celle qu’ils ont avec les mmes lves en classe. Le contexte sportif permet aux enseignants de parler aux jeunes de faon plus directe des sujets importants – en Zambie, le VIH/SIDA en particulier. De leur ct, les jeunes semblent ragir trs positivement aux informations transmises dans un contexte sportif. Quelle est l’aide la plus efficace que l’on puisse donner pour promouvoir le sport au service du dveloppement? Je dirais que le sport ressemble d’autres formes de travail en faveur du dveloppement : les initiatives les plus efficaces sont celles qui s’adaptent en totalit aux ralits culturelles et pratiques locales et qui peuvent faire l’objet d’une appropriation au niveau local. Si elles prsentent ces deux caractristiques, les initiatives ont des chances de durer au-del du financement initial. L’aide la plus efficace consiste dvelopper des programmes sportifs dans le cadre d’un partenariat complet avec le pays bnficiaire. L’un des cueils viter est l’implantation de schmas sportifs tout prts qui seraient trop “occidentaliss”. Il est primordial de tenir pleinement compte du contexte culturel dans lequel les programmes sportifs sont insrer. Cela signifie qu’il faut adopter des approches de partenariat ds la conception des programmes, sans se limiter leurs phases de mise en uvre et d’excution. De plus, il faut tre conscient du fait qu’il y a parfois une certaine rsistance culturelle l’gard du sport. Dans les communauts appauvries, o mme les jeunes enfants sont appels travailler, le sport peut paratre incongru. Notons bien que, mme dans de telles circonstances, les programmes sportifs remportent un franc succs une fois qu’ils sont lancs. Pensez-vous que les agences de donateurs manquent d’intrt l’gard du financement de programmes sportifs au service du dveloppement? Il s’agit moins d’un manque d’intrt que d’une ignorance de ce qui est possible grce au sport. Ds que les organisations concernes ont t informes des rsultats des recherches dmontrant le grand potentiel du sport, il est frquent qu’elles adoptent le concept dans son ensemble et qu’elles tiennent l’utiliser au mme titre que leurs autres instruments de dveloppement. Les chercheurs et les agences dans le domaine du sport ont un rle en sensibilisant les agences de donateurs au fait que le sport peut promouvoir trs efficacement leurs activits essentielles en encourageant l’ducation, en appuyant les programmes de sant et en enseignant des comptences utiles pour la vie. Le sport a aussi une valeur intrinsque en tant qu’activit divertissante pour les enfants et les jeunes des communauts appauvries, souvent privs des autres formes de jeu et d’amusement. Tous ces aspects sont apprcis par les agences de donateurs. En tant que chercheurs, nous devons faire en sorte que ces acteurs du dveloppement comprennent mieux comment le sport favorise ces valeurs positives. D.P. Dossier ACP Sport pour le dveloppement Projet GOAL de netball Delhi, Inde. Joanna Welford Mots-cls Sport ; Tess Kaye ; Institute of Youth Sport ; Universit de Loughborough ; Inde ; Brsil ; Debra Percival.

PAGE 21

I nteractions Paquet du G20 : quelles mesures ? 20Le rideau tait peine tomb sur le sommet du G20 (Groupe des 20)* organis Londres le 2 avril, que l’accord des 20 pour la relance conomique mondiale tait dissqu. Des groupes de rflexion et des organisations non gouvernementales (ONG) de premier plan ont fait une mise en garde car, selon elles, pour viter une pauprisation encore plus importante des populations, notamment dans les pays en dveloppement, le G20 doit prsent tenir les promesses inscrites dans le plan global international pour la relance et la rforme. “Voici venu le jour o le monde se runit pour lutter contre la rcession mondiale, non pas avec des mots, mais avec un plan pour la relance et la rforme mondiales, assorti d’un calendrier prcis”, a dclar le Premier ministre britannique Gordon Brown, qui a accueilli ce sommet organis l’Excel Centre Londres. Un paquet initial de 1.100 milliards de dollars pour rtablir la croissance et crer des emplois a t adopt. Il comporte un supplment de 500 milliards de dollars pour le Fond Montaire International (FMI), 250 milliards de dollars de droits de tirage spciaux ** (pour tous les membres du FMI), une enveloppe de 250 milliards de dollars – sur deux ans – pour soutenir le commerce, ainsi qu’une autre enveloppe de 100 milliards de dollars de prts supplmentaires des banques multilatrales de dveloppement. Seul Africain convi la table du G20, Kgalema Motlanthe, l’ancien Prsident de l’Afrique du Sud, s’est dclar “plutt satisfait” de l’issue de la runion, notamment de l’“engagement faire en sorte que les pays en dveloppement bnficient d’un financement, en particulier pour les infrastructures”. Le Prsident amricain Barack Obama a dclar que l’vnement avait pris “des mesures sans prcdent pour restaurer Sommet de Londres 2009. Lawrence Looi/newsteam.co.uk mesures du G20 L’envers des mesures du G20

PAGE 22

21 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009la croissance et viter qu’une crise telle que celle que nous connaissons aujourd’hui ne se reproduise”. Le Prsident de l’Union Africaine (UA) Jean Ping et le Premier ministre thiopien Meles Zenawi, qui reprsentaient le Nouveau partenariat pour le dveloppement de l’Afrique, avaient tous deux t invits au sommet. Le G20 a pris une srie d’engagements d’ordre gnral, parmi lesquels : rtablir la confiance, promouvoir la croissance et la cration d’emplois, rparer le systme financier pour rtablir le crdit, renforcer la rgulation financire pour maintenir la confiance, financer et rformer les institutions financires pour surmonter cette crise et en empcher d’autres, promouvoir le commercial mondial et l’investissement, rejeter le protectionnisme et soutenir la prosprit. S’agissant du systme bancaire international, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont galement engags respecter les principes suivants : ramener le systme bancaire occulte, y compris les fonds spculatifs, dans les filets de la rgulation mondiale, crer de nouvelles normes comptables internationales, rglementer les agences de notation des metteurs et mettre fin aux paradis fiscaux qui refusent de transmettre les informations qui leur sont demandes. > De l’argent frais ? Dans un document publi aprs le sommet, Martin Kohr de South Centre, un groupe de rflexion sur la politique de dveloppement, a prcis que les fonds promis ne relevaient pas totalement de nouvelles affectations. “Certaines enveloppes avaient dj t dcides bien avant le sommet, tandis que certains engagements refltent davantage des intentions qu’une affectation concrte.” Le G20 s’est engag octroyer des prts au FMI. Ds lors, les recycler sous forme de prts aux pays touchs par la crise et dont les rserves trangres s’puisent risque de compromettre la capacit du FMI surveiller et discipliner les pays qui octroient des prts, explique M. Kohr, qui demande une rforme du FMI. Qui plus est, les 250 milliards de dollars de droits de tirage spciaux qui ont t promis doivent tre partags entre les 186 membres du FMI sur la base de leurs quote-part ou droits de vote, de sorte que 44% de ces fonds iront dans les caisses des sept pays les plus riches, ne laissant que 80 milliards de dollars aux pays moyens revenus et aux pays en dveloppement, prcise M. Kohr. Et d’ajouter que le G20 n’a pris aucune mesure pour aider les pays en dveloppement viter des dettes sans prcdent. Duncan Green, directeur de la recherche chez Oxfam, explique qu’un grand point d’interrogation subsiste quant l’ampleur relle des engagements concernant les paradis fiscaux. Au sein du G20, il y a clairement eu conflit sur la question de savoir s’il fallait dresser une liste noire. Ils sont donc trs contents de renvoyer la balle l’OCDE (voir encadr). Et, selon lui, sur les 250 milliards prvus pour soutenir le commerce, 12 milliards de dollars seulement iront aux pays bas revenus. D.P. * Le Groupe des 20 a runi les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales de 19 pays : l’Argentine, l’Australie, le Brsil, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Indonsie, l’Italie, le Japon, le Mexique, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, la Core du Sud, la Turquie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Le 20e membre du G20 est l’Union Europenne, reprsente par la prsidence tournante du Conseil et par la Banque centrale europenne. ** DTS : instrument de rserve international cr par le FMI en 1969 afin de complter les rserves officielles des pays membres. Les DTS sont allou L’APPEL DE L’AFRIQUE AU SOMMET Avant la runion du G20, le “Comit des Dix”, un groupe de ministres des Finances et de banques centrales d’Afrique prsid par le Ministre des Finances sud-africain, Trevor Manuel, a rdig l’appel de l’Afrique au sommet. Dans son rapport sur l’impact de la crise sur les conomies africaines, le groupe fait une mise en garde, estimant que les progrs raliss tout au long de la dernire dcennie pourraient tre compromis. “La crise fait disparatre des entreprises, des mines, des revenus professionnels, des moyens d’existence.” Pour la premire fois depuis dix ans, le continent pourrait connatre une croissance par habitant gale zro, la chute des recettes d’exportation devant atteindre, pour l’ensemble du continent, 251 milliards de dollars en 2009 et 277 milliards de dollars en 2010. Les grands perdants seraient ici les exportateurs de ptrole. Les flux de capitaux diminuent, consquence de la forte baisse des envois de fonds des travailleurs immigrs vers leur pays d’origine et de la chute des revenus touristiques, alors que les rserves de devises trangres s’puisent. Certains pays n’ont devant eux que quelques semaines de rserves (par exemple la RDC), une situation qui met en pril leur capacit importer des aliments de base, des mdicaments et des produits agricoles, peut-on lire dans le rapport. Une question trs proccupante est la faon de maintenir les investissements un niveau adquat, notamment dans les infrastructures. Des enveloppes supplmentaires de 50 milliards de dollars en 2009 et de 56 milliards en 2010 sont ncessaires pour maintenir la croissance son niveau d’avant la crise. Augmenter les investissements jusqu’au niveau ncessaire pour raliser des taux de croissance plus levs, conformes aux OMD, exige par ailleurs encore 117 milliards de dollars supplmentaires en 2009 et 130 milliards de dollars en 2010. Le rapport recommande des ressources supplmentaires, une flexibilit accrue de la politique des bailleurs de fonds, avec une aide moins conditionnelle et des mesures de promotion des changes. Interactions G20 Mots-cls G20; Kgalema Motlanthe; Trevor Manuel Gordon Brown; Jean Ping ; paradis fiscaux ; facilit alimentaire ; Debra Percival.

PAGE 23

InteractionsFacilit alimentairePour des pays ACP : “FACILIT ALIMENTAIRE”Trente-quatre nations bnficieront de projets et programmes financs par l’UE pour amliorer leur scurit alimentaire au cours des trois prochaines annes. 22 Une jeune fille lave des aliments dans un camp de personnes dplaces l’intrieur de leur propre pays, Arare, 12 km de Jamame, sud de la Somalie, dcembre 2006. Manoocher Deghati/IRINLe 30 mars 2009, la Commission europenne a approuv une premire dcision de financement dans le cadre de la “facilit alimentaire” d’un milliard d’euros adopte la fin de l’anne dernire par toutes les institutions de l’Union Europenne (UE), avec le vif soutien d’ONG d’aide au dveloppement. Les plus pauvres des 50 pays en dveloppement en bnficieront durant trois ans. “L’Europe a dj apport des solutions humanitaires la crise alimentaire dans le cadre de son aide d’urgence. La facilit alimentaire lui permet d’aborder cette crise sous l’angle du dveloppement [] pour remettre l’agriculture sur pied”, a dclar Louis Michel, Commissaire europen en charge du Dveloppement et de l’Aide humanitaire, le 30 mars 2009. Le 18 dcembre 2008, le Parlement europen et le Conseil ont donn leur accord la proposition formule par la Commission europenne en raction la crise alimentaire mondiale de 2007 et 2008 qui a vu les prix des denres alimentaires grimper en flche. Trois types d’actions sont cibls durant cette priode de trois ans (2009-2011) : intrants (engrais et semences) et services (soins vtrinaires, conseils) agricoles ; la production agricole, telle que le microcrdit, les infrastructures rurales ou encore la formation et le soutien cibls sur des catgories professionnelles du secteur agricole ; mettant des transferts sociaux en faveur de groupes de population vulnrables, souvent sous la forme de travaux publics forte intensit de main-d’uvre (routes, projets d’irrigation, etc.). Les premiers pays ACP bnficiaires de la “facilit alimentaire” sont le Burkina Faso, le Burundi, Cuba, l’Erythre, l’Ethiopie, la Gambie, la Guine Bissau, Hati, le Kenya, le Libria, le Mali, le Mozambique, la Rpublique L’AIDE DEVRAIT TRE ACCRUE Le 8 avril, le Prsident de la Commission europenne, Jos Manuel Barroso, s’est empress de demander l’augmentation de l’aide au dveloppement octroye par les 27 Etats membres de l’UE. “Nous avons parcouru plus de la moiti du chemin vers l’chance de 2015 fixe pour atteindre les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement, et certains des acquis risquent d’tre perdus, plongeant les pays pauvres dans une situation pire qu’avant la crise.” Principal bailleur d’aide en termes de pourcentage du revenu national brut (RNB), l’UE a promis 49 milliards d’euros en 2009, soit 40% du RNB. Le volume de l’aide devrait cependant augmenter et atteindre au total 69 milliards d’euros en 2010 si les pays riches entendent tenir la promesse faite par le G8 au Sommet de Gleneagles de 2005, qui prvoyait d’affecter 0,56% du RNB l’aide au dveloppement. M. Barroso propose de “recourir davantage l’aide au dveloppement pour mobiliser d’autres fonds, notamment par le biais de la Banque europenne d’investissement (chaque euro dpens en aide devrait mobiliser jusqu’ cinq euros d’investissement priv)”. M. Barroso a dclar que la CE allait “anticiper” les engagements existants (acclrer le dboursement de l’aide) et les recentrer sur les plus vulnrables (notamment 3 milliards d’euros au titre du soutien budgtaire). En outre, un instrument ad hoc, FLEX, doit permettre de venir en aide, par un systme de compensation, aux pays en dveloppement les plus touchs par la chute des recettes d’exportation. Selon Barroso, il sera oprationnel avant la fin 2009 et dot d’une enveloppe de 500 millions d’euros devant permettre aux pays en dveloppement de maintenir les dpenses sociales. L’UE a par ailleurs adopt une “facilit alimentaire” pour stimuler la production agricole dans les pays en dveloppement (voir article ce sujet). DES MESURES CONCERNANT LES PARADIS FISCAUX A l’annonce de l’engagement du G20 concernant les paradis fiscaux, l’Organisation de coopration et de dveloppement conomique (OCDE) s’est empresse de publier des listes de pays n’ayant toujours pas mis en place les mesures de transparence fiscales qui ont t adoptes. Une liste “grise” de pays ayant amlior leurs normes internationales de transparence, mais de manire encore insuffisante, inclut 16 pays des Carabes.Pour plus d’informations : oecd.org

PAGE 24

N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Rduction de l’aide: des ONG tirent la SONNETTE D’ALARMELes coupes svres pratiques par plusieurs Etats membres de l’UE dans leurs budgets respectifs de l’aide au dveloppement d’outre-mer (ADO) pour 2009 la suite de la crise conomique feront de nombreuses victimes dans les pays en dveloppement. Tel est l’avis des ONG irlandaises. ONG ADO Interactions Afrique centrale. Francois Groemans/EC ECHOEn dcembre 2008, l’Italie annon ait une rduction de 56% de l’aide au dveloppement. Dbut 2009, la Lettonie diminuait ce financement de 100%. En mars 2009, c’tait au tour de l’Estonie de revoir la baisse son budget de l’aide : 10%. L’Irlande vient de leur emboter le pas. Consquence, l’engagement hauteur de 891 millions d’euros pour 2009 a t ramen 696 millions d’euros. Hans Zomer, directeur de Dchas, la fdration des organisations non gouvernementales irlandaises, juge ces coupes svres disproportionnes par rapport au ralentissement conomique en Irlande : “Proportionnellement, une diminution de 8% du revenu national devrait se traduire par une diminution de 71 millions du budget de l’aide. Cela n’a rien voir avec la coupe de 195 millions d’euros !” Et il ajoute : “Des programmes vitaux axs sur l’approvisionnement en eau potable, les soins de sant, l’aide alimentaire et les victimes de catastrophes naturelles auront maintenant moins de moyens.” Entre-temps ont t publis les chiffres de l’OCDE (Organisation de coopration et de dveloppement conomiques), dont le sige est Paris. On constate une lgre augmentation de l’aide octroye aux pays en dveloppement par l’ensemble des pays de l’UE membres de l’OCDE*. De 0,39% du revenu national brut (RNB) en 2007, elle est passe 0,42%. Pourtant, selon les ONG, nous sommes trs loigns des objectifs en matire d’aide au dveloppement d’outre-mer, soit 0,56% du RNB de l’UE d’ici 2010 ! Le rapport de l’OCDE souligne l’impact majeur de la crise conomique mondiale sur les pays pauvres, sous forme d’une diminution des recettes d’exportation, des investissements trangers directs et d’autres flux de financement. * 19 Etats membres de l’UE font partie de l’OCDE : l’Autriche, la Belgique, la Rpublique tchque, le Danemark, la Finlande, la France, l’Allemagne, la Grce, la Hongrie, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les PaysBas, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie, l’Espagne, la Sude et le Royaume-Uni.Centrafricaine, la Rpublique Dmocratique du Congo, la Sierra Leone et le Zimbabwe. Tous les fonds approuvs ce jour transiteront par des organisations internationales : l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de dveloppement agricole (FIDA), le Programme alimentaire mondial (PAM), la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD). Durant ces trois ans, des budgets supplmentaires seront allous d’autres nations ACP (voir l’encadr) au travers d’un ventail plus large d’acteurs, des organisations internationales et rgionales et des gouvernements nationaux, et certaines activits seront confies au terme d’un appel propositions des acteurs non tatiques, des organismes d’Etat et d’autres acteurs admissibles, selon un porte-parole de la Commission europenne. D.P. Budget indicatif (en millions d’euros) 12.9 23.7 13.4 10 3.6 11.7 40.6 12.8 45.4 5.5 20.9 8.4 13.5 15.8 5.9 31.2 6Pays Bnin Burkina Faso Burundi Rpublique Centrafricaine Comores Cuba Rpublique Dmocratique du Congo Erythre Ethiopie Gambie Ghana Guine Bissau Guine Hati Jamaque Kenya Lesotho PaysLibria Madagascar Malawi Mali Mauritanie Mozambique Niger Rwanda Sao Tom et Principe Sngal Sierra Leone Somalie Tanzanie Togo Zambie Zimbabwe Budget indicatif (en millions d’euros) 10.9 21.8 17.9 22.1 7.6 23.2 19.2 15.6 2.1 14.5 16.2 14.4 32.4 13.7 16.3 15.4Budgets allous au titre de la “facilit alimentaire” aux pays ACP (2009-2011) 23 Mots-cls ONG ; Aide au dveloppement d’outremer (ADO) ; Dchas; Hans Zomer ; Debra Percival.

PAGE 25

“ Les pays ACP n’ont clairement pas t pargns par la crise conomique”, a soulign l’eurodpute, coprsident de l’Assemble, Glenys Kinnock dans son discours d’ouverture de la session. “Ils ne doivent donc pas tre en marge des efforts qui sont entrepris pour en rduire les effets.” En rfrence aux promesses d’aide faites lors du G20, elle a exprim ses inquitudes que ces fonds soient “sous la forme de prts plutt que de dons et que le processus soit contrl par le FMI”. Dans une rsolution urgente, les dputs de l’Assemble paritaire ont demand que l’aide au dveloppement issue du paquet de 1.000 milliards de dollars promis par le G20 le 2 avril Londres soit dbourse rapidement et provienne de fonds nouveaux. Alors que les dputs ont une fois de plus rclam plus de flexibilit de la part de la Commission europenne dans la conclusion des Accords de partenariats conomiques (APE) avec les pays ACP (lire dans la rubrique Commerce), ils ont par ailleurs invit les Etats de l’UE et la Commission entirement redfinir leurs politiques d’aide au dveloppement pour financer les consquences sociales et environnementales des changements climatiques. “Les pays ACP ne doivent pas rpter les erreurs commises par les pays industrialiss en dveloppant leurs conomies sur les nergies fossiles”, a soulign Netty Baldeh (Gambie), coauteur de la rsolution avec l’Espagnol Josep Borrell Fontelles.> S’attaquer aux vraies causes de la piraterieLes dputs ont par ailleurs lanc un appel au nouveau gouvernement somalien pour qu’il mette fin aux combats et garantisse l’accs de l’aide humanitaire aux 2,6 millions de victimes du conflit qui ravage le pays. La rsolution affirme que les causes relles de la piraterie sont la pauvret, le chmage et le dclin du secteur de la pche. Elle demande une coopration entre les forces navales europennes de la mission Atalanta avec les Amricains, Russes et Chinois prsents dans la rgion. Enfin, deux jours aprs la commmoration du gnocide rwandais, les dputs ont adopt une rsolution rclamant un cadre juridique garantissant le respect des diversits ethniques, culturelles et religieuses (Voir Le Courrier n).M.M.B. L’ASSEMBLE ACP-UE tance le G20Les crises financire et alimentaire, les Accords de partenariat conomique et les conclusions du G20 de Londres taient au menu des parlementaires de l’Assemble paritaire d’Afrique, des Carabes, du Pacifique et de l’Union Europenne, runis Prague du 4 au 9 avril. Les parlementaires ont galement adopt une rsolution d’urgence sur la Somalie et les problmes de piraterie qui svissent au large du pays. BYE BYE, MRS KINNOCKL’Assemble a cltur sa 17e session en rendant hommage la Britannique Glenys Kinnock, qui assistait sa dernire sance en tant que coprsidente. L’“infatigable” et “irrsistible” Madame Kinnock a t salue et applaudie par de nombreux intervenants pour son travail et sa dvotion la cause du dveloppement dans les pays ACP. InteractionsACP UE 24 L’Assemble parlementaire paritaire ACP-UE Prague, du 4 au 9 avril 2009. EC/ACP Secretariat Mots-cls ACP ; Accords de partenariat conomique (APE) ; G20 ; Glenys Kinnock ; climat ; Somalie ; crise alimentaire ; crise conomique ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 26

25 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009ACP Curaao et Saint-Martin disposeront de davantage d’autonomie au sein du Royaume des Pays-Bas, comparable celle dont bnficie Aruba depuis 1986. Les trois autres les des PTOM nerlandais – Bonaire, Saint-Eustache et Saba – deviendront une “gemeente” (commune) nerlandaise, avec leur tte un maire nerlandais. En ce dbut du XXIe sicle, pourquoi ces les souhaitent-elles une indpendance renforce au lieu de vouloir s’manciper ? Ce souhait s’explique en partie par leur trs petite superficie et leur petit nombre d’habitants : 11.537 pour Bonaire, 1.491 pour Saba et 2.699 pour Saint-Eustache. Jusqu’ prsent, le gouvernement central des Antilles nerlandaises Curaao prenait toutes les dcisions en rapport avec ces les. Le gouvernement nerlandais souhaite prsent contrler et surveiller lui-mme les finances de Curaao. Ses habitants pourront se prononcer ce sujet lors du rfrendum qui aura lieu le 15 mai 2009. > Le pays du cur Curaao est la plus grande le des Antilles nerlandaises : 140.000 habitants de 40 nationalits y vivent sur une superficie de 44 km2. Les Espagnols l’avaient baptise corazon en raison de ses baies qui rappellent la forme d’un cur. Le tourisme et les services financiers sont les principales sources de revenus de l’le, qui jouit d’une bonne sant conomique grce l’expansion rcente des secteurs du tourisme, de la logistique – y compris l’aroport et la zone portuaire –, de l’industrie ptrolire et des services financiers. En vertu d’une rglementation spciale, Curaao peut offrir des subventions spciales pour attirer les investissements dans le secteur du commerce lectronique et pour faciliter le dveloppement de ce secteur. Des aides sont galement accessibles aux banques locales proposant des services lectroniques et aux socits off-shore hbergeant des e-entreprises internationales. > La route du riz des PTO Une coopration et des liens de trs longue date existent avec le Surinam, dont l’aspect le plus connu est la route du riz : le riz du Surinam partait de Curaao en direction de l’Union Europenne pour y tre import libre de droits. Au cours de ces cinq dernires annes, les liens commerciaux entre Curaao, la Barbade et Trinit et Tobago se sont renforcs. Les Antilles nerlandaises sont membres associs de l’Association des Etats carabes (AES). En mai 2008, la Chambre de commerce de Curaao a organis une mission d’enqute commerciale sur les Accords de partenariat conomique (APE) Trinit et la Barbade, avec la participation d’acteurs du secteur public et priv. L’objectif tait d’identifier des opportunits commerciales au niveau Cariforum-CE-APE. Willemstad, capitale de Curaao, figure dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997, avec son architecture nerlandaise coloniale typique. Ville construite autour de la premire forteresse que les Hollandais avaient difie de part et d’autre de l’entre du port. Joyce van Genderen-Naar DAVANTAGE D’INTGRATION AVEC LES ACP La Commission europenne (CE) est actuellement en ngociation avec l’en semble des pays et territoires d’outremer (PTO) afin de renforcer les relations commerciales avec les rgions ACP. Dans un livre vert publi en juin 2008 (voir Le Courrier n), la CE a soulev la possibilit d’une adhsion des 21 PTO aux Accords de partena riat conomique (APE) conclus avec les pays ACP voisins respectifs. Joyce van Genderen-NaarLE DMANTLEMENT LE DMANTLEMENT des Antilles nerlandaises Les Antilles nerlandaises, qui font partie des Pays et territoires d’outre-mer (PTOM) nerlandais, et le gouvernement des Pays-Bas ont convenu de dmanteler les Antilles nerlandaises en janvier 2010. Mots-cls Pays et territoires nerlandais d’outre-mer; PTO ; Curaao; Antilles nerlandaises. Interactions

PAGE 27

26 La plupart des pays du Commonwealth font partie du Groupe ACP (voir encadr page 27). “Hub and Spokes” est cet gard un projet de grande envergure qui associe la Commission europenne (CE), le Secrtariat du Commonwealth et l’Organisation internationale de la Francophonie. “Ce projet a pour objectif de renforcer la capacit des pays ACP dvelopper, grer et ngocier efficacement leurs propres politiques commerciales”, explique Edwin Laurent. Un financement – provenant essentiellement de la Commission europenne, mais aussi d’autres partenaires – a t prvu pour un certain nombre de “hubs”. Ceux-ci se composent d’un conseiller senior en matire de politique commerciale et d’analystes de la politique commerciale sigeant au sein d’organismes rgionaux des ACP. Ils bnficient de l’assistance d’analystes de la politique commerciale des diffrents pays ACP – ce sont les “spokes”. Ils travaillent aux cts des hauts fonctionnaires des gouvernements nationaux chargs de la politique commerciale. Les analystes ne sont gnralement pas citoyens du pays-hte, et beaucoup sont d’ailleurs recruts dans une toute autre rgion. Les analystes des ACP comme de la CE sont ligibles. La moiti environ des pays ACP bnficient du soutien des experts nationaux, explique M. Laurent, qui poursuit : “Ce projet a magnifiquement fonctionn, il a aid les pays comprendre les tenants et les aboutissants des ngociations commerciales et des domaines en rapport avec le commerce, aspects dont ils n’auraient sinon pas pu prendre conscience.” Il ajoute que ce projet a t imagin par l’ancien Commissaire europen en charge du Commerce extrieur, Pascal Lamy, ds les premiers jours des ngociations commerciales sur les Accords de partenariat conomique (APE) et les ngociations commerciales du cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Un des dfis auxquels doit faire face actuellement “Hub and Spoke” est li son caractre exclusivement ACP, explique M. Laurent. “Je constate que d’aucuns estiment aujourd’hui que sa gestion doit tre dcentralise. Au lieu d’un volet exclusivement ACP, les rgions ACP nous ont dit assez clairement que, dans l’intrt de la gestion et de la cohrence du dispositif, il serait plus efficace de travailler sur une base rgionale.”> Recherche sur l’impact de la monte en puissance de la Chine Le Commonwealth a galement mis la disposition du Secrtariat ACP des experts et des conseillers dans des domaines spcialiss financs au titre d’un “Fonds d’assistance technique du Commonwealth”. Ces experts recru-Certains signes font tat d’un renforcement des relations entre les 53 membres du Commonwealth et les 79 pays du Groupe ACP (Afrique, Carabes et Pacifique). Edwin Laurent, chef de la section Commerce international et coopration rgionale du Secrtariat du Commonwealth, nous explique les raisons de ce rapprochement et la forme qu’il prend. Kamalesh Sharma (4e en partant de la droite), secrtaire gnral du Commonwealth, lors de la confrence de presse marquant la fin du mini-sommet du Commonwealth sur la “Rforme des institutions internationales”, Marlborough House, Londres, 10 juin 2008. Roland Kemp Commonwealth SecretariatRenforcement des liensACP/COMMONWEALTH Renforcement des liensInteractions Commonwealth

PAGE 28

27 InteractionsN. 11 N.S. – MAI JUIN 2009ts l’chelon international travaillent avec le Secrtariat ACP pour une priode bien dtermine et souvent sur un thme spcifique. Ainsi, un conseiller travaille actuellement auprs de la reprsentation ACP de Genve. Il est charg d’informer les ambassadeurs des ACP sur les vnements l’chelon de l’OMC – ce qui est particulirement utile pour les pays ACP n’ayant pas de bureau Genve, explique M. Laurent. Il poursuit : “Nous menons aussi des travaux de recherche et soutenons le groupe ACP, mais nous aimerions aussi renforcer encore leur capacit ngocier sur certaines questions.” Son organisation, nous dit-il, a t spcialement charge d’tudier l’impact de la monte en puissance de la Chine sur les nations africaines. “Nous essayons aussi de promouvoir le consensus et la comprhension entre les pays et nous organisons cette fin des runions informelles”, explique M. Laurent. Des rencontres politiques ont ainsi t encourages entre les ministres ACP et leurs homologues europens. “Ces runions sont informelles et ne sont pas enregistres. Tout le monde peut donc s’y exprimer librement. Nous avons rcemment organis une rencontre de ce type avec la baronne Ashton, nouvelle Commissaire europenne au Commerce extrieur, et 12 ministres des ACP. Comme Madame Ashton avait t rcemment dsigne cette fonction, nous avons pens que nous pouvions, l’instar du Commonwealth, apporter notre contribution en facilitant les liens en dehors du contexte de la salle de confrence et du cadre officiel et tendu des ngociations”, explique M. Laurent. Il ajoute : “Dans des structures bien tablies comme le Comit ministriel commercial mixte ACP-CE, les dbats sont enregistrs : les participants prennent des positions et les dfendent. L’objectif de runions informelles est de runir des arguments. Ces runions permettent aussi de promouvoir la comprhension et l’empathie.” Le Commonwealth continuera toutefois soutenir les ACP en tant qu’entit, et ce dans le contexte actuel d’un renforcement des groupes rgionaux au sein des ACP, en particulier dans la sphre commerciale. M. Laurent tient prciser ce point car, vu le nombre de ses membres faisant aussi partie du groupe ACP, en soutenant celui-ci, le Commonwealth se soutient en fin de compte lui-mme. Mais il convient aussi de mentionner une raison plus fondamentale ce souhait : le Commonwealth a pour but de crer un monde plus juste et meilleur. “Or, lorsqu’on souhaite susciter le changement et crer un monde meilleur, l’idal est de cibler le groupe ACP. C’est lui en effet qui a le plus besoin d’une assistance.” Selon Edwin Laurent, quelle que soit la configuration future du Groupe ACP, le Secrtariat du Commonwealth devrait le soutenir et faire en sorte d’obtenir en sa faveur une contribution maximale d’autres partenaires. D.P. Pour plus d’informations : www.commonwealth.org RENFORCEMENT DES LIENS Le 23 mars 2009, Sir John Kaputin, Secrtaire gnral des ACP, a ren contr Bruxelles son homologue du Commonwealth, Kamalesh Sharma, afin d’examiner de nouveaux domaines de coopration. Cette runion s’est clture sur une promesse de “coopration renforce et plus active”. Par ailleurs, un programme dtaill devrait tre rdig dans les semaines venir. L’accent devrait tre mis sur un renforcement des liens dans les domaines de coopration existants plutt que sur de nouveaux liens. L’ide serait de promouvoir la recherche, les activits de formation, les initiatives de dveloppement des capacits, les ateliers et les sminaires. Au cours de la runion, Sir John a rappel que le Commonwealth et les ACP avaient dj coopr dans les domaines de l’immigration, des changes commerciaux, de la culture, du dialogue politique et de la prvention des conflits. Selon M. Sharma, la crise financire, alimentaire et nergtique mondiale que nous connaissons actuellement a aussi motiv ce renforcement de la coopration. Membres du Commonwealth faisant galement partie du Groupe ACP : Antigua et Barbuda, les Bahamas , la Barbade , Belize, le Botswana, le Cameroun, la Dominique, les les Fiji*, la Gambie, le Ghana, Grenade, la Guyane, la Jamaque, le Kenya, Kiribati, le Lesotho, le Malawi, Maurice, le Mozambique, la Namibie, Nauru**, le Nigeria, la Papouasie Nouvelle Guine, Saint Christophe et Nevis, Sainte Lucie, Saint Vincent et les Grenadines, Samoa, les Seychelles, la Sierra Leone, les les Salomon , l’Afrique du Sud , le Swaziland, Tonga, Trinit et Tobago, Tuvalu, l’Ouganda, la Tanzanie, Vanuatu, la Zambie.* Les les Fidji ont t suspendues du Conseil du Commonwealth en dcembre 2006 la suite d’un coup d’tat militaire. ** Nauru a pris du retard dans le paiement de ses cotisations et a maintenant le statut de “membre redevable d’arrirs” (Member in Arrears). Commonwealth Bananeraie Sainte-Lucie. Debra PercivalAu secrtariat ACP, Bruxelles: Kamalesh Sharma ( gauche), secrtaire gnral du Commonwealth, avec son homologue ACP, Sir John Kaputin ( droite). Robert Iroga Mots-cls Secrtariat du Commonwealth ; Groupe ACP ; “Hub and Spokes” ; Sir John Kaputin ; Kamalesh Sharma ; Pascal Lamy ; la Baronne Ashton ; Debra Percival.

PAGE 29

28 Le vtran des arts du spectacle en Afrique du Sud a son actif des dizaines de films, pices de thtre, sries tlvises, spectacles de cabaret et rcitals tranges de piano. Et voil qu’il joue pour la premire fois de sa longue carrire dans un soap, un tlroman ! Ce scnario a t crit spcialement pour lui dans la srie “hospitalire” Binnelanders (‘People of the Interior’). L’acteur a quelques apprhensions. Mais il nous faut d’abord attendre Refilwe Matsimela, la jeune fille de 15 ans, dont Cronje s’occupe depuis plusieurs annes dj. Il faut la conduire son pensionnat, la trs huppe Rand High School pour jeunes filles. Mme si elle a sa propre chambre, le week-end, elle dort dans le lit de sa mre, Philippine, handicape depuis un accident avec dlit de fuite. “On ne fait pas dans la dentelle”, maugre Cronje, qui matrise aussi le jargon mdical d’usage. Il voque la hte laquelle les soaps sont tourns, au point que les rptitions sont quasi-impossibles. Cronje trouve qu’il n’a pas assez de temps pour bien se mettre dans la peau de son personnage et qu’il montre donc trop de sa propre personnalit. Cronje est galement professeur de tai-chi et de mditation zen. D’o son empressement toujours vouloir utiliser les mdecines alternatives. Concidence, il joue le rle du frre quelque peu marginalis du mdecin en chef et directeur de l’hpital, dont les apparitions clairs surprennent et qui prconise tout-va des approches new age. Une situation propre dclencher des clats de rire, ce qui est prcisment le fort de Cronje. L’acteur a conquis pour la premire fois le public sud-africain en endossant le rle de Willem, un dtective priv bafouillant. Cronje devient clbre au point de provoquer des meutes plusieurs occasions, ce qui est inhabituel pour quelqu’un qui n’a pas le physique d’un Sean Connery, ce qu’il est le premier admettre. Depuis, il se prte chaque anne la revue succs organise au centre civique de Johannesburg se dguisant tour tour en mchante sorcire ou en reine stupide. Refilwe se prcipite dans la cuisine, o Cronje vient de terminer son bol de quinoa. La jeune Z oom Lundi, six heures trente du matin. L’acteur Tobie Cronje, assis la table du petit djeuner dans sa maison de Johannesburg, est dj plong dans un pais classeur contenant un scnario lorsque j’arrive chez lui. L’homme est g de 60 ans et connu comme le loup blanc en Afrique du Sud, mais il s’apprte maintenant se lancer dans une toute nouvelle aventure. Un homme aux multiples facettes TOBIE CRONJE, Un homme aux multiples facettes UNE JOURNE DANS LA VIE DETOBIE CRONJE, ACTEUR SUD-AFRICAIN Tobie Cronje sur scne. Scnes du pantomime Snow White. Avec l’autorisation de Maxine Denys (Joburg Theatre).

PAGE 30

Zoom fille au regard brillant tient, accrochs au bout de son doigt, tous ses uniformes pour la semaine. Non, elle ne veut pas de petit dej’. Elle avouera plus tard attendre avec impatience la nourriture de l’internat. C’est ce qui lui plat le plus l-bas ! > Pre financier “Un jour, elle en aura assez de mes salades au tofu et aux olives”, fait remarquer Cronje avec amertume. Mais les deux s’adorent vraiment ; plus tard, Cronje se rappelle avoir voulu adopter Refilwe avec son partenaire, l’ancien journaliste William Pretorius, lorsque Philippine, qui venait d’entrer son service comme gouvernante, a annonc qu’elle tait enceinte. Cronje et Pretorius ont alors reu le conseil de ne rien en faire, vu l’accumulation de problmes qu’entranerait l’avenir une telle adoption. Plus tard, le pre de Refilwe, qui ne pourvoit pas son ducation, a t reconnu dans la ville du Nord de Polokwane. Il tait chauffeur de bus. “C’est ainsi que je suis devenu son pre financier, faute de pouvoir devenir son pre adoptif”, explique Cronje. Nous voil prsent sur la route, dans la voiture de Cronje. J’ai laiss ma voiture dans sa cour, derrire le portail de scurit – on ne trouve trace nulle part du gardien que se doit d’avoir chaque banlieue de Johannesburg. La criminalit, Cronje aussi connat cela, comme tout SudAfricain d’ailleurs : un ami s’est fait rcemment voler sa voiture en quelques secondes, juste au moment o le gardien tait en train de piquer du nez dans sa cabane. A l’heure de pointe, en plein trafic, Refilwe avoue son rve. L’universit ne l’intresse plus tellement, elle veut tre pilote, et suivre les traces d’un ami qui a commenc cette anne cette formation de quatre ans Pretoria. Lorsque nous arrivons devant le vieux btiment en grs brun, aprs avoir parcouru deux ou trois kilomtres peine, elle se souvient avoir oubli quelque chose. “C’est l’inconvnient d’aller dans un pensionnat si prs de la maison”, soupire Cronje. “Elle oublie facilement l’une ou l’autre chose depuis qu’elle sait que je peux lui ramener aisment ce dont elle a besoin.” Le demi-tour la maison est l’occasion de poursuivre notre conversation. Pour Binnelanders, les acteurs ne doivent pas tre sur le plateau 7 heures, ils sont attendus pour 10 heures 30. Ils y a trois sances de tournage, et tout se termine 17 heures. Mais l’acteur commence froncer les sourcils. Une autre chose pnible avec les soaps, c’est que les personnages manquent de consistance, c’est d au fait qu’ils sont plusieurs sur le scnario. Il a d’ailleurs expliqu aux ralisateurs une srie d’incohrences, mais ils n’ont pas tenu compte de ses remarques, convaincus que personne ne s’en apercevrait. William est mort il y a deux ans, et il manque beaucoup Cronje. Les directions savaient que lorsqu’ils faisaient appel Cronje pour une production, il fallait que Pretorius soit galement de la partie, pour lui servir de prompteur. Les trous de mmoire de Cronje sont clbres. Aujourd’hui, il absorbe des doses massives de spiruline et d’omga 3, surtout lorsqu’il passe du tournage d’un film un soap, en passant par une pice de thtre, ce qui lui est arriv il y a trois semaines. > Une industrie sans syndicat Cronje partage une loge avec Hans Strydom, le patriarche et rle principal du soap. Strydom est avocat de profession et il en fait profiter le complexe de studios du centre de Johannesburg. Il a t le porte-parole des comdiens sud-africains de thtre, exploits de manire honte dans ce secteur non syndiqu. Cronje en est d’ailleurs l’illustration parfaite. Il a tourn dans 20 films pourtant, il a fallu attendre l’intervention de Strydom pour qu’il touche – rcemment – les royalties de ce film, au lieu d’une commission unique. Les costumes de la journe sont accrochs sur un chariot rails. Ensuite, c’est le Green Room pour quelques tasses de caf et un morceau de gteau. Les morceaux de cake restent gnralement sur les plateaux – ils sont secs. Il faut dire qu’il s’agit d’un arrivage quotidien, et les acteurs et l’quipe de production/ralisation en ont prsent assez. Dans le Green Room, un cran annonce en dfil qui doit faire quoi. “Etrange que les dialogues soient en anglais alors qu’il s’agit d’un soap afrikaans ! Malgr un casting multiracial et le fait que l’afrikaans soit parl par des millions de Noirs, l’anglais est la langue vernaculaire de l’industrie cinmatographique. Cronje est prsent appel pour venir rpter la premire des trois scnes du jour. Cronje est un professionnel et le ralisateur est donc satisfait. Les quatre camras arrivent sur le plateau pour une premire prise de rptition. Et ensuite “Moteur !”. Une seule prise suffit, la joie de tous. Cronje aurait bien fait d’autres prises. “Une prise et c’est tout”, soupire-t-il. “Mais je ne m’y suis pas encore fait”. H.P. Tobie Cronje avec le Laureate Award de son alma mater en 2004. Le Laureate Award est la plus haute distinction qu’un tudiant de l’Universit de Pretoria puisse recevoir de l’association des tudiants. TuksAlumni, University of Pretoria.En bas : Tobie Cronje ( droite). Avec la permission de Maxine Denys (Joburg Theatre). 29 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009TOBIE CRONJE, UNE JOURNE DANS LA VIE DETOBIE CRONJE, ACTEUR SUD-AFRICAIN Mots-cls Tobie Cronje ; Afrique du Sud ; Binnelanders ; thtre ; Hans Pienaar.

PAGE 31

30 C ommerce Un agriculteur rcolte du sorgho produit partir de semences offertes par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans le cadre du projet Improving Seeds, Nyala (sud du Darfour, Soudan), dcembre 2006. United Nations PLUS DE FLEXIBILIT,rclament les dputs ACP-UELes Accords de partenariat conomique (APE) doivent tre plus flexibles et soutenus par un nouveau fonds d’aide au commerce. L’aide europenne ne doit en aucun cas tre conditionne la signature des accords, ont insist les parlementaires de l’Assemble paritaire d’Afrique, des Carabes, du Pacifique et de l’Union Europenne, runis Prague du 4 au 9 avril. “ Les progrs dans les ngociations des APE dpendent prsent de la volont de la Commission offrir des concessions aux gouvernements et ngociateurs ACP”, a dclar la coprsidente de l’Assemble, la Britannique Glenys Kinnock. “Nous pouvons tre encourags par le fait que la Commissaire europenne au Commerce, Madame Ashton, s’est engage en faveur d’une plus grande flexibilit dans les ngociations.” La rsolution de l’Assemble paritaire (dont les corapporteurs sont le Malien Assarid Ag Imbarcaouane et l’Allemand Jrgen Schrder) raffirme l’objectif de faire des APE, qui doivent aligner les relations commerciales entre l’Europe et les pays ACP sur les rgles de l’OMC, des instruments d’aide au dveloppement. La Commission est prie de ne pas pousser pour une libralisation des secteurs les plus vulnrables des conomies ACP, et l’UE ne devrait pas imposer la signature des accords comme condition pralable l’aide au commerce et au dveloppement.> Refus de la “conditionnalit” de l’aideLa rsolution est contre toute forme de conditionnalit lie aux APE pour l’octroi de l’aide europenne au commerce et des ressources du 10e Fonds europen pour le Dveloppement (FED). L’Assemble exhorte l’UE fournir des “ressources supplmentaires adquates” pour accompagner la mise en uvre des APE, en sus de celles dj prvues par le FED. La moiti des 2 milliards d’euros annuels que l’UE s’est engage verser au titre de l’aide au commerce partir de 2010 devrait ainsi servir financer les APE, demande la rsolution. Cet appel vient alors que le Commissaire au Dveloppement, Louis Michel, a dclar le 4 avril Bruxelles qu’“il n’y aurait pas de dblocage de fonds supplmentaires” mais une avance de 3 milliards d’euros sur le budget d’aide aux pays ACP et 500 millions destins compenser la perte des recettes d’exportation des pays en dveloppement (instrument “FLEX”).> Clauses controversesL’Assemble demande par ailleurs la Commission de permettre la rengociation de “clauses controverses” contenues dans les accords provisoires dj paraphs par un certain nombre de pays ACP et svrement critiqus par les ONG. En outre, la Commission ne doit pas imposer de ngociations sur les services lorsque les pays ACP n’y sont pas disposs, demandent les lus ACP-UE. La libralisation du commerce de marchandises entranerait une perte annuelle de 359 millions de dollars en revenus douaniers pour les pays africains, la Cte d’Ivoire perdant l’quivalent de son budget de sant annuel pour 500 000 personnes, estime une tude de l’Universit britannique de Nottingham cite dans le rapport.M.M.B. Mots-cls Glenys Kinnock ; APP ; APE ; flexibilit ; Ashton ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 32

31 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Aux yeux de nombreux Africains, l’Afrique du Sud est un peu l’Amrique du continent africain. Ses entreprises, bien plus performantes que dans les autres pays africains, dtiennent gnralement d’importantes parts de march et vincent la concurrence au point qu’on peut se demander si ce pays n’agit pas comme une nouvelle puissance coloniale. Mais d’un autre ct, l’Afrique du Sud est devenue le porte-parole de l’Afrique sur la scne internationale, notamment durant la prsidence de Thabo Mbeki, qui a initi la mise en place d’une srie d’institutions africaines depuis le lancement de l’Union Africaine (UA) en 2000. Voici ce que dit de l’Occident le parti actuellement au pouvoir en Afrique du Sud : “Les intrts sud-africains ne lui tiennent pas cur.” Il a t question de cette “schizophrnie” dans les ngociations sur les APE entre l’UE et les pays ACP, l’Afrique tant en effet un pays “riche” et en mme temps un ardent dfenseur des droits des pauvres de race noire. La signature des APE a commenc prendre un caractre urgent vers la fin 2007, poque qui a vu la suppression, conformment aux rgles de l’Organisation mondiale du commerce, des prfrences commerciales en faveur des pays ACP. A l’initiative de l’UE, l’Accord de Cotonou (2000-2007) prvoit la possibilit de conclure des APE. En Afrique, plusieurs “APE” intrimaires ont t conclus – mais non pas signs – afin d’viter des actions pour non-conformit aux rgles de l’OMC. En Afrique australe, neuf des 15 membres de la Communaut de dveloppement de l’Afrique australe (SADC, Southern African Development Community) ont agi de la sorte, menaant ainsi l’intgration rgionale, un des piliers des politiques trangres d’Afrique du Sud “en faveur des Noirs”. L’UE tant le principal partenaire commercial de l’Afrique du Sud depuis l’poque coloniale, ce pays a dj son propre accord commercial avec l’UE. Cet accord est rengoci priodiquement. En 2007, l’Afrique du Sud a aussi conclu un Accord de partenariat stratgique avec l’UE, un type d’accord sign par seulement une poigne de pays jusqu’ici. Les ngociations en vue d’un APE remplaant l’actuel accord commercial entre l’Afrique du Sud et l’UE – lorsqu’il prendra fin, en 2012 – ont chou de part et d’autre. Concurrent potentiel de l’UE sur son propre continent, l’Afrique du Sud nourrit des craintes, notamment en ce qui concerne l’avenir de son secteur des services. Dans le secteur bancaire, par exemple, les frais bancaires, bien plus levs qu’en Europe, ne pourraient pas tre comptitifs l’tranger. L’introduction de politiques commerciales, comme l’exigent les APE provisoires, entranerait d’autre part la suppression progressive des droits de douane. Or, la plupart des gouvernements africains, dots de structures d’imposition inefficaces, dpendant totalement de ces recettes, qu’elles soient ou non officielles, car c’est leur principale source de revenus. L’Afrique du Sud souhaite l’instauration d’un systme de droits de douane commun l’ensemble de la rgion et qui serait administr par une Union douanire sud-africaine largie. Cet organisme est aussi l’une des bases de l’intgration conomique de l’Afrique australe, et aussi une de ses tapes, et deviendra un jour peut-tre un modle d’intgration pour le reste du continent. Lors d’une troka ministrielle en janvier 2009, les parties ont convenu que l’intgration autour d’une nouvelle Union douanire pour l’Afrique australe devait tre un volet cl dans les ngociations futures. Mais depuis, l’UE a fait part de son intention de poursuivre les ngociations autour d’un APE avec le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland (pays de l’Union douanire de l’Afrique du Sud) ainsi qu’avec le Mozambique, mais sans l’Afrique du Sud.H.P. Accord commercial avec l’UE : L’“AMRIQUE”du continent africain fait de la rsistance Accord commercial avec l’UE : L’“AMRIQUE”du continent africain fait de la rsistancePort Elizabeth (Afrique du Sud). Hans Pienaar, journaliste sud-africain, donne son point de vue sur les raisons de la rsistance de l’Afrique du Sud un Accord de partenariat conomique (APE) avec l’UE. Commerce Mots-cls Afrique du Sud ; SACU ; SADC ; APE ; Thabo Mbeki ; Hans Pienaar.

PAGE 33

32 Les grands perdants du pacte sur le climat qui doit se dcider en dcembre prochain Copenhague dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques risquent d’tre les pays en dveloppement, lesquels devraient subir de plein fouet les drglements climatiques annoncs, et pour une bonne part provoqus par les pays industrialiss responsables de l’augmentation de gaz effet de serre (GES). > Influer sur les ngociationsPour deux raisons. D’une part, les solutions prconises pour limiter les GES sont essentiellement des instruments de march grs par – et souvent pour – les pays industrialiss (lire l’encadr) ; d’autre part, le manque d’expertise – et de poids politique – des reprsentants des pays du Tiers monde risquent de les dforcer dans des ngociations qui s’annoncent trs dures et trs techniques et complexes. C’est ces deux carences que s’attaque le rseau des ONG de l’association CIDSE (www.cidse.org) qui regroupe 16 organisations catholiques. Parmi elles, l’ONG allemande Misereor s’applique trouver – en partenariat avec la population locale – des mthodes permettant ces pays d’attnuer les effets des changements climatiques et de s’y adapter. Deux concepts – l’attnuation et l’adaptation – qui feront l’objet d’pres ngociations D e la T erre POUR une justice climatique POUR une justice climatique“Une politique climatique quitable, c’est de l’aide au dveloppement efficace”, dclarait rcemment Hans Joachim Schellnhuber, directeur de l’Institut de Postdam pour la recherche sur l’impact climatique. L’ONG allemande Misereor le prouve sur le terrain. Et met les bouches doubles moins de six mois du Sommet sur le climat. Pour dcouvrir que souvent les pays du Sud ont des leons donner ceux du Nord. Des militants de la CIDSE et de Caritas International pendant le lancement de la campagne pour une Justice climatique Poznan, Pologne. CIDSEA droite: Araya Afsaw. Araya Afsaw

PAGE 34

De la Terre 33 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 Copenhague o les parties la Convention devraient dcider d’un fonds spcial permettant aux pays en dveloppement de prendre les mesures ad-hoc. “Nous essayons de donner des outils nos partenaires pour leur permettre de participer aux ngociations”, explique Anika Schroeder, responsable climat et dveloppement chez Misereor. “Copenhague n’est aprs tout que le dbut du processus. Les gens sur le terrain ne sont pas encore prts influer sur leurs gouvernements, mais cela viendra petit petit.” Ainsi l’ONG allemande organisera au Malawi un webcast entre des reprsentants du Malawi et des ngociateurs des pays du Nord, lors de la runion prparatoire au Sommet de Copenhague qui se droulera en juin Bonn (Allemagne).> Apprendre des pays du SudMais c’est aussi sur le terrain que l’ONG agit. “Nous avons lanc, poursuit Anika Schroeder, des ateliers de travail avec les populations locales de trois pays : le Mali, le Niger et le Burkina Faso. En ralit, ces trois pays subsahariens ont tir des enseignements trs intressants des changements climatiques qu’ils vivent depuis plus de dix ans. Ils sont dj prpars et font preuve de la flexibilit ncessaire. S’adapter fait dj partie de leur vie. C’est comme un laboratoire. En ralit, nous essayons de comprendre leur processus d’adaptation avec l’objectif de le diffuser au reste du monde.” Les ateliers techniques mis en place devraient tre suivis d’ateliers l’intention des politiques. En octobre prochain, un grand colloque doit se tenir Niamey, la capitale du Niger, o les questions de changements climatiques et de justice seront discutes en profondeur. “Nous prvoyons d’inviter des scientifiques du Nord, de l’Institut de recherche sur l’impact du climat de Potsdam (PIK), afin de leur montrer ce que signifie le changement climatique sur le terrain et non d’aprs leurs modles.” La moiti des financements de Misereor sont affects des projets agricoles. “Nous voyons que les petites exploitations agricoles s’adaptent trs bien, mieux aux changements climatiques. Notre projet est aussi de collecter et de prserver les semences natives. Aux Philippines par exemple, des communauts de paysans utilisent d’anciennes varits de riz et ont mme russi mettre au point de nouvelles varits qui rsistent soit la scheresse, soit aux grandes pluies”, ajoute Anika Schroeder. > Combattre la pauvretMisereor agit galement sur d’autres terrains prsentant des enjeux diffrents. En Afrique du Sud notamment. “C’est une conomie d’urgence, qui offre des difficults mais aussi des opportunits”, explique Anika Schroeder, poursuivant : “Ce sont dj des gros pollueurs mais en mme temps subsiste une pauvret norme. Il faut combattre sur les deux fronts.” Des ONG sud-africaines sont dj trs actives et se battent notamment pour diminuer l’empreinte carbone des populations riches. Dans les quartiers pauvres, Misereor travaille avec les communauts confrontes des risques quotidiens, comme les glissements de terrain, ces quartiers tant souvent construits dans des zones limites. Avec un “credo” : les initiatives doivent venir des populations concernes. L’ONG apporte ses conseils et le financement. M.M.B. LE COUP DE GUEULE D’ARAYA ASFAWDirecteur du Centre environnemental rgional de la Corne de l’Afrique l’Universit d’Addis Abeba, en Ethiopie, Araya Asfaw estime qu’il est impratif de revoir les rgles du jeu Copenhague pour que l’Afrique puisse s’adapter efficacement aux changements climatiques. Dans un document publi en mars pour le Science and Development Network (SDN), le directeur estime que le protocole de Kyoto, qui pour l’heure rgit les rductions de gaz effet de serre entre pays industrialiss, a mme frein le dveloppement durable en Afrique. Araya Asfaw s’en prend plus particulirement l’un des instruments du protocole, le Mcanisme de Dveloppement Propre (MDP) qui permet des investisseurs du Nord de financer des projets dans le Sud permettant de rduire les missions de GES en change de “crdits carbone”. Le scientifique thiopien fustige le principe mme du MDP dans la mesure o il ne permet pas de nouveaux projets “propres” d’tre financs. Seuls donc les pays dj gros pollueurs et devant rduire leurs missions peuvent en bnficier. C’est le cas de l’Afrique du Sud qui elle seule concentre la plupart des projets MDP en Afrique. Un exemple parmi d’autres : les Europens, tudient la possibilit de produire de l’lectricit solaire en Afrique du Nord, de l’importer et de la connecter au rseau. Mais parce que le MDP ne soutient pas la technologie de la thermie solaire, l’Afrique ne peut s’engager seule dans cette voie. Mots-cls Misereor ; CIDSE ; Anika Schroeder ; Araya Asfaw ; Convention Climat ; Copenhague ; adaptation ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 35

La Dominique.PASSION de la nature et pari sur l’humainD’aucuns la confondent avec la Rpublique Dominicaine. Quand La Dominique est mieux perue, c’est d’abord sa “beaut sauvage” qui est retenue. Et elle est vraiment cette “Ile nature”, comme ses habitants aiment la dsigner. Mais la Dominique est plus surprenante, plus envotante que cette tiquette, mme flatteuse. Le nouvel attrait pour le tourisme vert lui est favorable et malgr la crise financire internationale, des normes bateaux de croisires s’y arrtent tous les jours devant les fentres des htels du bord de mer de Roseau, la capitale. Autre curiosit, cette petite le a eu sa tte durant 15 ans Dame Eugenia Charles, la 5e Prsidente ou Premier ministre lue du monde – la premire du continent amricain. Un reportage de Hegel Goutier R eportage 34

PAGE 36

N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Reportage R eportage 35 Dominique > Beaut sauvage et protection socialeSi nombre de beaux paysages de la Dominique sont gnralement accessibles par route, l’le sduit surtout le nouveau tourisme, attir par la marche dans une nature vierge d’une beaut intacte, sa fort tropicale, ses chutes d’eaux et ses rivires et ses curiosits comme le “Boiling lake” ou ses sources chaudes et sulfureuses percolant ou jaillissant des profondeurs gothermiques. La Dominique est l’le la plus montagneuse de la Carabe : quasiment pas de plaines, avec des sommets culminant 1.500 mtres. Elle allie la modernit la protection de la nature sauvage, jusque dans les villes. C’est aussi un pays qui, tout en reposant sur une conomie agricole avec tous ses alas, ne connat pas de grande pauvret et est riche d’une rpartition des richesses relativement quilibre, d’un niveau d’instruction plutt lev, d’une bonne couverture mdicale. L’esprance de vie, assez leve d’ailleurs, y est la mme pour les riches et les pauvres, signe d’un bon quilibre social et du souci de ses gouvernements successifs d’investir dans l’humain. Le systme de protection sociale et d’assurance sant y est efficace. L’esprance de vie la Dominique – 75 ans, 14 ans de plus que la moyenne mondiale – la situe dj en bonne position mais ce qui sort ce pays de l’ordinaire est le nombre relativement lev de ses centenaires, 22 en 2002 pour 70.000 habitants dont l’poque la doyenne mondiale Ma Pampo morte en 2003 128 ans ; l’une de ses voisines tait de 13 ans sa benjamine. Le pays offre en outre une certaine qualit de vie, la scurit et l’affabilit des relations humaines. Il n’est pas rare que l’tranger soit arrt dans un village ou Roseau juste pour s’entendre souhaiter chaleureusement la bienvenue par un Dominicain et que la conversation se prolonge. La Dominique est un pays agricole. Contrairement d’autres petites les, la population ne s’agglutine pas dans la capitale. Pas plus d’un tiers des habitants vivent dans et aux environs de Roseau. Mme si on a assist depuis peu un exode rural, comme consquence de cyclones qui ont ravag des plantations – en plus des difficults des producteurs de banane, le premier produit d’exportation, dues l’rosion de leurs prfrences sur le march de l’Union Europenne. > Culture. Mixit de langues, de religions, de peuplesTout en tant un pays anglophone, la Dominique parle le mme crole “franais” que les dpartements franais d’Amrique, Hati. Elle est situe entre la Guadeloupe au Nord et la Martinique au Sud, juste au milieu de l’arc des Antilles s’tirant entre la Floride et le Venezuela. Comme toute la Carabe, la Dominique a une population et une culture mtisses mme Peinture murale “Massacre” d’Earl Etienne, Petros Meaza & Lowell Royer / Massacre, Dominica, 2009. Hegel Goutier Cathdrale catholique romaine, Roseau, Dominique, 2009. Hegel Goutier

PAGE 37

Reportage 36 Dominiquesi la plupart de ses habitants sont des descendants d’Africains. L’le est l’une des trs rares de la Carabe insulaire avoir encore une minorit amrindienne (des Caribs), un peu moins de 2.500 sur une population d’un peu plus de 70.000 habitants. Mixit entre le franais et l’anglais, entre les influences europennes, africaines et amrindiennes, plus celles des nouveaux arrivants de la rgion et de l’Asie ; mixit religieuse entre le protestantisme et le catholicisme romain plus les croyances d’Afrique et de sa population autochtone, sans parler d’une forte prsence du mouvement politico-religieux Rastafari. Six Dominicains sur dix sont catholiques pratiquants et le magister de cette religion est fort tant sur le plan moral que politique. Lors de la visite du Courrier, des rassemblements de prires Roseau pour la semaine sainte regroupaient gnralement en un seul lieu environ 2.000 personnes, un chiffre considrable l’chelle du pays. Tous anims par des prdicateurs empruntant la mise en scne, le ton et la vhmence de leurs mdiatiques congnres tasuniens et fustigeant les carts la morale stricte comme les dbordements sensuels du carnaval. Le carnaval connat nanmoins un grand succs chaque anne. Culture mixte !> Une Histoire de rsistanceSi la Dominique a t aperue par Christophe Colomb ds novembre 1493 peine un an aprs l’arrive de celui-ci dans la Carabe, elle n’a t occupe qu’un sicle et demi plus tard, les intrpides guerriers carabes l’ayant farouchement dfendue mais aussi grce sa topographie accidente. Les Indiens Carabes ne se dnommaient d’ailleurs pas ainsi – le mot vient d’une mprise de Christophe Colomb – mais Kalinago. La premire arrive du navigateur gnois avait eu lieu le 3 novembre, un dimanche d’o le nom Domenica une le que ses occupants honoraient de l’appellation enchanteresse de Waitikubuli (Elance est-elle / Elanc est son corps)* pour dsigner cette le s’lanant abruptement de la mer. Vers le milieu du XVIe sicle, les navires espagnols naviguant dans la rgion avaient un point de ravitaillement sur l’le Prince Rupert Bay. Le lieu fut aussi utilis par la suite par des navigateurs franais, anglais et hollandais. En 1569, on y dnombra 30 Espagnols et 40 Africains vivant parmi les Indiens Kalinago. Parmi les aventuriers illustres qui y ont trouv assistance, figurent Sir Francis Drake, Georges Clifford comte de Cumberland et le Prince Rupert du Rhin. Quelques flibustiers franais s’y installeront beaucoup plus tard, suivis par des Anglais et les Hollandais de plus en plus nombreux. En 1625, les Kalinago entreprirent une guerre dfensive contre eux mais ont d battre en retraite vu leur faiblesse en nombre et en munitions. Dsormais ils arbitreront les conflits inter-coloniaux et seront parmi les tous derniers de la rgion tre coloniss. En 1627, le compte anglais de Carlisle affirma la souverainet de son pays sur plusieurs les regroupes autour de la Dominique. Les Franais en firent de mme. Les jeux n’ont t faits pour la Dominique qu’en 1805 o l’Angleterre l’emporta aprs la destruction complte de Roseau par les Franais. Entretemps les Kalinago ont souvent jou l’un contre l’autre. La colonisation anglaise, aprs la Premire Guerre mondiale, concdera de plus en plus d’espace d’autogestion l’le dsormais habilite lire ses reprsentants locaux. La Dominique accde un systme d’autonomie en 1967 dans le cadre de l’Etat Associ de la Carabe (West Indies Associate State) et a son indpendance le 3 novembre 1978 avec pour Premier ministre Patrick John, Dominica Labor Party. Celui-ci dmissionnera quelques mois plus tard la suite d’allgations de corruption. Dans la foule, l’le a t dvaste par un ouragan. En juin 1980, Dame Eugenia Charles a gagn les lections la tte du Dominica Freedom Party DFP. Elle sortira vainqueur de deux autres lections gnrales, et totalisera 15 ans la tte du pays. Elle aura rsist deux tentatives de coup d’Etat, soutenu en tant que Prsidente de l’OECS (Organisation of Eastern Caribbean States), l’invasion amricaine de Grenade en 1883 et acquis le sobriquet de la Dame de fer de la Carabe. Tout en restant membre du Commonwealth britannique, le nouvel Etat a opt en 1989 pour un systme rpublicain et son chef d’Etat est un prsident dot d’un pouvoir protocolaire, le chef du gouvernement tant le Premier ministre. Actuellement, le pays est dirig par un jeune Premier ministre issu du Dominica Labor Party, Roosevelt Skerrit arriv en 2004 la tte du gouvernement seulement 31 ans. * Tall is her body. Mots-cls Hegel Goutier ; Dominique ; Carabe ; Carib; Kalinago ; Waitikubuli ; Sir Francis Drake ; Georges Clifford ; comte de Cumberland ; Prince Rupert du Rhin ; comte de Carlisle ; Patrick John ; Dame Eugenia Charles ; OECS ; Edison James ; Roosevelt (Rosie) Douglas ; Roosevelt Skerrit ; Dominica Labor Party ; Dominica Freedom Party ; United Worker Party. Portsmouth, Dominique, 2009. Hegel Goutier

PAGE 38

37 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Comment la Dominique fait-elle face l’actuelle crise conomique mondiale, aprs avoir connu elle-mme, il y a quelques annes, des turbulences conomiques ? Nous avons en effet d affronter des difficults conomiques, mais le gouvernement y a ragi activement, avec le soutien des bailleurs de fonds, de l’Union Europenne (UE) et du Fonds montaire international (FMI). En 2004-2005, notre conomie affichait des signes de reprise. Comme le reste du monde, et en particulier les petites conomies ouvertes, nous sommes affects par la situation que connaissent les grands pays. Notre conomie dpend beaucoup de l’conomie amricaine et europenne. Beaucoup de nos habitants ont en effet migr vers ces pays, et envoient de l’argent leur famille reste en Dominique. S’ils perdent leur emploi dans ces pays, le volume des envois de fonds diminuera. Nous sommes galement proccups par l’incertitude qui plane actuellement sur les marchs ptroliers. Le gouvernement a indiqu qu’il continuerait promouvoir la croissance conomique, il s’emploie d’ailleurs mettre en uvre un programme d’investissements publics afin de stimuler l’activit en Dominique. Il encourage le lancement d’une srie de projets routiers et immobiliers, de STRATGIE GOUVERNEMENTALE.Soutenir la croissance dans l’attente de vents favorables STRATGIE GOUVERNEMENTALE.Dominique Reportage Entretien avec Rosamund Edwards, secrtaire financire du Premier ministre de la Dominique, Roosevelt Skerrit Roosevelt Skerrit, Premier ministre de Dominique, saluant des enfants, 2009. Hegel Goutier

PAGE 39

Pour lui, la Dominique se voit profondment comme un pays tranquille. Quand survenait un choc, par exemple un crime, tout le monde se runissait et commenait rflchir. Les Dominicains ont conscience qu’ils doivent conserver cette placidit jalousement. Dans cette socit, on se connat l’un l’autre. Vous pouvez dmnager, rien ne change, l o vous allez, vous ne serez pas un numro. Vous pouvez vous promener n’importe o, vous aurez un sentiment de scurit. Et cette solidarit franchit les barrires des classes sociales. Et Dr Severin de donner l’exemple de tel cadre suprieur qui perd son poste, des personnes modestes vont venir lui offrir qui, un panier de fruit qui, un service quelconque. Cette situation est scurisante mais “nous fragilise”, ajoute-t-il car elle entraine une angoisse : la peur qu’elle disparaisse, menace par la modernit, les chanes TV amricaines diffusant 24 h/24, les satellites, les valeurs importes d’ailleurs par les migrants, etc. Pour Sverin, ce rapport humain scurisant recle un pige. Le systme politique du pays est bas sur la dmocratie telle qu’elle s’est dveloppe Westminster et elle est respecte. Mais l’habitude de se secourir cre un sentiment de reconnaissance vis--vis de celui “qui a fait quelque chose pour moi”. Cette gratitude par exemple pour un ministre qui a fait passer une route prs de mon village est un sentiment pervers. Les gens au pouvoir, de leur ct, considrent cette reconnaissance comme un d. Ainsi, ceux qui gagnent en veulent ceux qui ne les ont pas soutenus et celui qui perd, perd tout. Ceci entrane que les politiciens glissent souvent d’un parti l’autre pour rejoindre les gagnants alors qu’ils avaient fait campagne au nom d’un autre programme. H.G. manire directe ou en facilitant les prts taux rduit. Il investit par ailleurs dans le secteur de l’agriculture et dans la pche, mesures qui, nous l’esprons, permettront de dvelopper la production indigne et partant, de minimiser l’impact de la crise. Nous examinons galement comment amliorer les exportations, en particulier dans la rgion, la suite des investissements raliss dans l’agriculture. Nous sommes en pourparlers avec les principaux croisiristes et nous pouvons esprer une augmentation de l’ordre de 40% du nombre de touristes de croisire pour la prochaine saison. L’opposition vous reproche de ne pas investir suffisamment dans l’agriculture. Dans un pays comme la Dominique, les investissements dans le secteur agricole seront, par dfinition, toujours insuffisants. La Dominique est en effet un pays majoritairement agricole et de fait, la plupart des pays de la rgion ont besoin de nos exportations de denres alimentaires, en particulier Antigua, Saint Christophe, Saint Martin et les les Vierges britanniques et amricaines. En ce sens, il est toujours possible d’investir davantage. Le gouvernement entend continuer investir dans ce secteur, mais ces investissements ne peuvent dpasser les ressources disponibles. En 2007, notre agriculture, en particulier les plantations de bananes, a t ravage par l’ouragan Dean. Le gouvernement a d rinvestir dans l’agriculture, l’objectif tant de remplacer ce qui avait t endommag, et non de raliser de nouveaux investissements. Plus tard, en 2008, notre secteur de la pche a t affect par l’ouragan Omar. Le gouvernement a ainsi d investir prs de 5 millions de dollars pour venir en aide ce secteur. Qu’en est-il des mesures prises l’chelon rgional, par le biais de la CARICOM, pour lutter contre la crise ? Les matires relevant de la Communaut caribenne (CARICOM) sont traites par diffrents ministres : commerce, affaires trangres, affaires CARICOM. Pour autant que je sache, la CARICOM et les chefs de gouvernements s’efforcent d’adopter des positions communes sur certaines questions. Ensemble, ils s’emploient par exemple remdier aux problmes financiers l’origine d’une certaine instabilit dans le secteur des assurances. En outre, les gouvernements de l’Organisation des Etats des Carabes orientales (OECS) ainsi que de la Barbade et de Trinit et Tobago ont collabor trs troitement afin de rsoudre le problme. Je n’ai donc pas l’impression que la CARICOM n’est pas assez active. L’actuelle stratgie de dveloppement du gouvernement garde-t-elle tout son sens dans le contexte de la crise conomique mondiale ? L’agriculture fera toujours partie intgrante de l’conomie de la Dominique, mais sans doute pas autant que dans les annes 70. Elle n’en restera pas moins un secteur majeur. Nous mettons aujourd’hui l’accent sur le tourisme et investissons dans la modernisation de notre aroport. Nous pourrons ainsi accueillir un plus grand nombre de visiteurs tout en facilitant les dplacements des Dominicains, y compris ceux qui rsident l’tranger. Le tourisme restera un secteur cl. Le gouvernement a fait part de son souhait de se concentrer sur le secteur offshore. Nous mettons aussi l’accent sur le dveloppement des technologies de l’information et de la communication. Toutefois, court terme, nous devons privilgier les initiatives permettant de maintenir le pays flots, malgr la crise. Le gouvernement devrait lancer plus rapidement que par le pass des programmes d’investissements publics car nous devons absolument lutter contre le ralentissement de la croissance conomique. H.G. PSYCHOLOGIE Francis O. Severin, Directeur de l’Open Campus de Dominique de la pancaribenne West Indies University (UWI) a la rputation de bien dcoder la psychologie intime de la Dominique et des Dominicains. Dont acte. Reportage Dominique38 Mots-cls Hegel Goutier ; Rosamund Edwards ; Roosevelt Skerrit ; Dominique ; CARICOM ; OECS. Mots-cls Hegel Goutier ; Dominica ; Francis O Severin ; l’Open Campus de Dominique de la pancaribenne West Indies University (UWI).

PAGE 40

Reportage 39 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009DominiqueVous avez formul des critiques de mauvaise gouvernance l’encontre du gouvernement. Les lections de 2005 ont t frauduleuses et entaches d’irrgularits. Ajoutons cela le problme d’une classe dirigeante particulirement corrompue ; la fraude fiscale et l’acquisition de richesses et d’une srie de biens devraient galement tre examines par notre nouvelle Commission de l’intgrit mais celle-ci n’est pas autorise, par la loi, examiner – rtroactivement – des irrgularits passes. Il appartient donc au Premier ministre de remdier cela en assurant la transparence des informations dans un esprit de responsabilit vis--vis des citoyens et de l’opposition. L’autre point concerne l’conomie. La crise conomique internationale est une ralit indniable, mais il faut savoir que notre pays n’est pas ce point dpendant du systme financier international. La crise conomique n’a donc pas encore frapp la Dominique. Il n’empche qu’au cours de ces quatre ou cinq dernires annes, nous avons connu un climat conomique extrmement morose, caractris par des pertes d’emplois et de revenus, une forte imposition et l’absence d’investissements productifs suffisants dans l’agriculture, notre premier secteur conomique, et dans le tourisme, deuxime secteur conomique de notre pays. La qualit de vie de nos habitants en a souffert. Nous disposons de fantastiques ressources naturelles, mais pour l’une ou l’autre raison, nous n’avons pas t en mesure de les exploiter pleinement. Revenons la nature des irrgularits lectorales De telles irrgularits ont t observes pendant toute la priode contemporaine de notre histoire politique, c’est--dire depuis 1960. Mais les lections du 5 mai 2005 ont t les plus corrompues de toute l’histoire de la Dominique. Certains candidats n’ont pas hsit rcompenser gnreusement les promesses de vote. Des citoyens dominicains vivant outre-mer ont mme reu des billets d’avion pour venir voter en Dominique – une pratique totalement illgale ! Le dpouillement du scrutin semble avoir mis en vidence un nombre lev d’lecteurs par rapport la population La liste des lecteurs comptait 68.000 personnes alors que nous savons que 20.000 d’entre elles avaient moins de 18 ans, et ne pouvaient donc pas voter. A l’poque des lections, le pays comptait entre 60.000 et 65.000 habitants. Environ 48.000 personnes seulement auraient donc d figurer sur la liste. Le gouvernement parle de reprise conomique C’est ce qu’il prtend en effet. C’est oublier que l’migration est un indicateur de rcession conomique. Notre pays compte environ 60.000 habitants, alors qu’il y a dix ans, il en comptait 90.000 selon les estimations. Un dclin qui montre une migration massive de nos habitants pour Antigua et d’autres pays de la rgion et d’ailleurs qui semblent offrir de meilleures perspectives. Que faut-il changer dans votre pays, en termes de gouvernance ? Nous demandons le “nettoyage” des cartes d’identit et des listes d’lecteurs. Notre lgislation stipule qu’un citoyen dominicain doit s’tre rendu dans son pays au cours des cinq annes prcdant une lection pour avoir le droit de vote. Des observateurs internationaux devraient tre dtachs dans notre pays. Nous estimons galement que les partis de l’opposition doivent bnficier d’un accs relativement quitable aux mdias publics (services de radio et tldiffusion de Dominique (DBS) et Government Information Service). Si vous arrivez en tte aux prochaines lections, quels changements apporteriez-vous ? La Dominique a pour formidable atout ses richesses naturelles, d’o son surnom d’“Ile Nature” que nous devons absolument mettre en valeur. Vient ensuite la question de l’intgrit : nous avons besoin d’une dmocratie ouverte et transparente et d’un systme de gouvernement local renforc. Nous pouvions nous prvaloir du meilleur systme de gouvernement local de toute la rgion, mais il est aujourd’hui rprim. H.G. L’OPPOSITION souhaite plusde transparence de la partdu gouvernement Ron Green est le prsident du principal parti d’opposition en Dominique, le Parti des travailleurs unis (United Workers’ PartyUWP) qui a remport huit siges lors des lections du 5 mai 2005. Donnes gnralesPopulation Taux d’accroissement dmographique annuel en % Superficie Capitale Langue Indice de dveloppement humain 2007/08 – classement Taux d’alphabtisation des adultes (% chez les 15 ans et plus) PIB par habitant, en euros – 2005 Accs de la population l’eau potable, en % Population urbaine (% du total) – 2005 Taux de fcondit (naissance(s) par femme) – 2005 Taux de mortalit infantile pour 1.000 naissances vivantes – 2005 Dpenses de sant publique (% du PIB) – 2005 Dpenses d’ducation publique (% du PIB) – 2005Financement de l’UE* (affectation en millions d’euros)Programme indicatif national 10e FED (2008-2013) Cadre spcial d’assistance – CSA (1999-2007)Sources: PNUD, * Commission europenne, ** Gouvernement de la Dominique. Dominique 72000 (2005)** 0.9 (1975-2003) 290 sq. miles (754 km carrs) Roseau Anglais, crole (franais) 71 88 4,684 97 (2004) 72.9 Non renseign 13 4.2 5 5.70 52.5Grenade 105000 (2004) 0.4 (1975-2005) 133 sq. miles (344 km carrs) St George Anglais 82 96 5,748 95 (2004) 30.6 2.4 21 5 5.2 6.00 5.5La Dominique et La Grenade en chiffres Mots-cls Hegel Goutier; Ron Green; Dominique; UWP; migrations; DBS.

PAGE 41

ReportageDominique Pour la revue mi-parcours du 9e Fonds europen de Dveloppement (FED 2000-2007), la Commission europenne avait dcid d’ajouter des ressources supplmentaires consquentes l’enveloppe alloue la Dominique, et qui taient destines un soutien budgtaire, celui qui donne le plus de flexibilit au pays bnficiaire. Ce “support budgtaire gnral” continue pour le 10e FED qui lui rserve 4,56 millions d’euros sur 5,7 millions allous provisoirement ce pays. Le reste est divis en deux parts gales de 570.000 euros : l’une pour une assistance technique au bureau de l’Ordonnateur national (le reprsentant du gouvernement en charge de la coopration avec l’UE) et l’autre rserve la Facilit de coopration technique (FCT) dont une bonne part destine aux projets de la socit civile. En plus des fonds du FED, la Dominique a galement bnfici du Cadre spcial d’assistance (CSA) en faveur des producteurs ACP traditionnels de bananes. Le pays a utilis ces ressources (52,5 millions pour la priode 1999-2008.) entre autres pour amliorer la comptitivit du secteur de la banane et pour diversifier son conomie. Vingt-cinq pour cent des contributions au titre du CSA ont t affects la diversification du secteur de la banane et du secteur agricole, 33% au secteur priv, aux TIC et au tourisme, 8,5% aux activits sociales, 8% au transport et 14% l’approvisionnement en eau et au systme d’gouts. 43 millions d’euros des fonds STABEX ont fait l’objet d’une promesse entre 1994-1999, et le reste de cet engagement a t affect au soutien budgtaire (2,8 millions) ainsi qu’au programme national de rforme du rgime foncier et de l’administration. Le pays bnficie d’autres formes de soutien financier dans le cadre de la coopration ACP-Union europenne, dont des prts de la Banque europenne d’investissement (BEI), du Centre de dveloppement des entreprises et du Programme Proinvest. La Dominique bnficie galement du programme rgional du FED d’aide l’intgration caribenne. Parmi les diffrents projets majeurs qui seront financs au titre du 10e FED, citons la cration ou la rhabilitation de plusieurs facilits agricoles en vue d’augmenter les exportations de bananes et autres productions agricoles, de plusieurs systmes d’irrigation hors exploitation ainsi que d’un vaste programme de rhabilitation et de remise en tat des routes rurales. Sans oublier le projet d’extension de l’aroport Melville Hall, avec l’amnagement d’une nouvelle piste, un nouveau hall des arrives et des dparts et une amlioration des installations techniques pour permettre le dcollage et l’atterrissage de plus gros avions ainsi que les atterrissages nocturnes. Afin de soutenir l’excellent dveloppement du secteur du tourisme dont bnficie le pays depuis deux ans, le Programme Waitukubuli National Trail est mis en uvre afin de faire de la Dominique une destination phare de l’cotourisme. Des activits de forage doivent en outre permettre d’valuer les potentialits du secteur de la production d’nergie gothermique en Dominique. Un large ventail de projets en faveur des franges les plus vulnrables de la socit est actuellement mis en uvre grce l’intervention du Fonds d’investissement social (FIS), avec une dotation de 4 millions d’euros au titre du Cadre spcial d’assistance de la CE destin compenser les consquences de la chute des exportations de bananes. Les personnes ges, les enfants et les jeunes risques, les abandons d’tudes, les femmes, la communaut caribe ainsi que les personnes souffrant d’un handicap physique ou mental sont autant de groupes ayant bnfici de l’assistance du FIS. Il en va de mme pour la communaut des pcheurs et autres mtiers frapps de plein fouet par les rcents ouragans. D’autres projets, dots de budgets plus modestes, mritent d’tre pingls, notamment une formation aux systmes bureautiques conus pour les non-voyants et les malvoyants, un projet de traitement des dchets solides ainsi qu’un portail d’entreprises pour encourager le dmarrage de start-up. Pratiquement tous ces projets financs par l’UE se droulent pour l’instant comme prvu. La Dominique bnficiera galement des programmes d’intgration l’chelle des Carabes. 165 millions d’euros ont t affects au titre du 10e FED l’intgration des Carabes et la mise en uvre du nouvel Accord de partenariat conomique (APE) *, sign le 15 octobre 2008.H.G. * Au niveau du CARIFORUM, les signataires de l’APE sont : Antigua-etBarbuda, les Bahamas, la Barbade, Belize, la Dominique, la Rpublique dominicaine, Grenade, la Guyane, Hati, la Jamaque, Sainte-Lucie, SaintVincent-et-les Grenadines, Saint-Christophe-etNivs, le Surinam, et Trinidad-et-Tobago. Aprs la crise conomique svre qui avait touch la Dominique la fin des annes 90, les gouvernements successifs ont fait un effort marquant pour donner une assise solide la gouvernance conomique et politique. Ces efforts ont t tant et si bien apprcis, souligne l’Ambassadeur Valeriano Diaz, chef de dlgation de l’Union Europenne pour la Barbade et les pays de l’Organisation des Etats de la Carabe orientale, que la Dominique avait obtenu une augmentation significative de son enveloppe.40 Aide de l’UE . BONNE GOUVERNANCEAide de l’UE Rcompense la BONNE GOUVERNANCE Mots-cls Hegel Goutier ; Valeriano Diaz ; FED ; Melville Hall Airport ; Waitukubuli National Trail ; Dominique. Melville Hall Airport, Dominique, 2009. Hegel Goutier

PAGE 42

Le projet est financ par le gouvernement de Dominique et l’Union Europenne (,9 M) en partenariat avec le Conseil Rgional de la Martinique. De nombreux tronons de la piste qui mesurera 184 km (115 miles) sont dj praticables. Le gros de la piste existait dj, dgage dans le pass par la communaut indigne de la Dominique. Le “Trail project” reliera les diffrents tronons. Une bonne partie de la tche est accomplie. Des touristes dbarquent dj dans le pays pour les parcourir. Mais pour les plus presss, il y a moyen de dcouvrir la plupart de ces merveilles en vhicule ou au prix d’une petite marche. Une journe suffit amplement. Evidemment, elle ne permet pas d’aller voir les fumerolles et les vapeurs du “Boiling Lake” ou les hauteurs volcaniques car de la route, il faut de bonnes heures de marche aller-retour. N’empche. Dj Roseau, la capitale est un petit bijou, hors temps avec un petit air surann de ses maisons gingerbread ou de son quartier franais, ses venelles en pente, tous lieux propices la flnerie et la dsinvolture. Et l’exubrance de ses massifs floraux, bougainvilliers, oiseaux de paradis, poinsettia, hibiscus devant chaque petit balcon, chaque balustrade ! La fort tropicale commence aux portes de la ville. On peut s’y aventurer mais la tentation est forte de suivre la grande route longeant la cte ouest. On passe Canefield o l’on peut visiter le superbe Old Mill Cultural Center, la fois muse de l’industrie de la canne, muse d’art contemporain, et centre culturel polyvalent, avec bibliothque, scnes de thtre et de concert. Sans parler du plaisir de s’y musarder dans les cours embaumes de fragrances captivantes. Un peu plus loin : Massacre, village historique, thtre au dbut de la priode coloniale d’une scne shakespearienne opposant deux fils d’un gouverneur, l’un mtis blanc-indien et qui sera massacr avec ses partisans par son demi-frre europen. Une fresque murale d’Earl Etienne commmore cette page de l’histoire semble-t-il dulcore de lgende. Elle ouvre un pan sur l’art de l’artiste peintre le plus rput de l’le.> La face du lion Les amateurs de jeux s’arrteront Mahau, la ville qui a la rputation, mme petite, de ne jamais dormir. Aprs, on ne peut pas rater la Gueule du lion, “lion djel” en crole anglicis, norme rocher dont on avait d couper un bout du nez pour construire la route. Comme ville, il faut voir Portsmouth magnifique de nostalgie et de romantisme quelques enca-N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 41 Reportage DominiqueDCOUVERTE Toutes les beauts d’un pays visiter piedDCOUVERTE Toutes les beauts d’un pays visiter pied “Mon projet c’est a, la Dominique et il est sexy pour votre magazine.” Et de plaquer une carte de l’le sur le mur telle qu’amnage pour souligner des circuits reliant et mettant en vidence les richesses et les merveilles de la nature et les hauts lieux historiques et culturels du pays. Yvanette Baron-George est la gestionnaire de projet du “Waitukubuli National Trail Project” labor par une ONG locale et destin amnager un circuit pdestre sinuant travers l’le, la traversant du Nord au Sud et de part en part, permettant de dcouvrir la beaut de la nature de mme que les sites historiques et culturels. Chutes Emerald, 2009. Hegel GoutierDans l’encadr: Yvanette Baron-George directrice du projet Waitukubuli National Trail, 2009. Hegel Goutier

PAGE 43

GRAND PEINTRE : EARL ETIENNE Earl Etienne est l’un des artistes dominicains les plus exposs l’tranger. Dans son pays, il est une rfrence. Il avait dirig le Old Mill Cultural Center Canefield l’entre de Roseau, le plus actif centre d’art du pays. La palette d’Earl Etienne est trs large. Inscrites dans une mouvance plus internationale plus proche de l’abstraction que de la figuration, les uvres d’Earl Etienne, mme monochrome comme ses gravures au bec de gaz, reclent une chaleur, une fournaise intrieure. Sa crativit est aussi bouillonnante ; l’artiste travaille sur tous les supports, utilise tous les matriaux et tant des techniques connues de la peinture et de la gravure plus toutes celles qu’il a inventes et qu’il invente chaque jour. Mais plus que cette inventivit qu’on dirait technique, c’est celle de son inspiration et de sa touche qui fascine.QUANT UN HISTORIEN CHEVRONN DEVIENT CONSTRUCTEUR Un historien chevronn mettant la main la patte comme entrepreneur, architecte, artisan pour entreprendre la restauration l’authentique d’un patrimoine historique dlabr avec un budget relativement faible. C’est le portrait de Lennox Honychurch, docteur en anthropologie Oxford, auteur, journaliste, historien, homme de radio et de tlvision, conservateur de lieu d’art et artiste. Il s’agissait du Fort Shirley remontant la deuxime partie du XVIIIe sicle. L’association regroupe autour de Honychurch avait commenc des petits travaux il y a plus d’une vingtaine d’annes avec de maigres ressources. La slection du projet pour le financement par le European Commission Ecotourism Development Fund financ par la Commission europenne a t, en 2006, le vrai point de dpart du chantier. Lennox Honychurch a commenc par faire des recherches sur le fort en Angleterre, tous les documents utiles tant au Public Records Office au National Archives La restauration a t si bien faite que la Commission europenne lui a attribue d’autres fonds. Au total, 1 million de dollars estcariben (un peu moins de 300.000 euros). Avec cette somme, un travail de titan a t ralis : la restauration complte du fort et de la plupart des dpendances, l’quipement de base pour que le centre puisse commencer fonctionner. Le gouvernement envisage de financer le centre pour l’cologie et l’environnement et le patrimoine naturel de la Dominique et de l’ensemble de la rgion, destin aux jeunes, tel que l’association de Honychurch l’avait rv. Site internet : http://www.lennoxhonychurch.com Dominique blures de la Prince Rupert Bay au Sud avec sa belle plage de sable fin. Mais surtout prs de Portsmouth, il faut s’offrir le dpaysement total de la promenade de deux heures en barque sur l’Indian River, un des lieux de tournage de “Pirates des Carabes”. Indescriptible, cette drive sur une eau tale dans le silence encapsul par les frondaisons des paltuviers gants et autres plantes aquatiles. O la plus subtile note de chant d’oiseau est perue distinctement. En redescendant sur la cte ouest, on traverse le Carib Territory, l’occasion de dcouvrir une culture amrindienne vivante, de dialoguer avec son chef, Charles Williams*, au moins de prendre un verre dans son auberge et bed-and-breakfast et de s’offrir un bel objet d’artisanat. On passe par la Fort tropicale classe patrimoine de l’Humanit pour aller admirer la merveilleuse Emerald Fall. Dj unique. Et il restera tant dcouvrir sur l’le. H.G. * Parmi les projets financs par la CE au profit de sa communaut, figurant des coles, des centres communautaires, des pcheries et une boulangerie.Reportage 42 Mots-cls Hegel Goutier ; Yvanette Baron-George ; Dominique ; Waitukubuli National Trail Project ; culture ; tourisme ; histoire. Au bord de l’Indian River, 2009. Hegel Goutier

PAGE 44

43 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Le plus petit pays indpendant de l’hmisphre occidental est ptillant de vie. Au Sud de l’arc de la Carabe et juste au Nord de Trinit et Tobago et du Venezuela, La Grenade est un ensemble de trois les, Grenade, Carriacou et Petite Martinique. Chacune, unique avec des charmes particuliers. Saint Georges, la capitale du pays et de la plus grande le, Grenade, avec sa modernit dimension humaine est l’une des plus jolies et des plus lgantes cits de la Carabe, blottie autour d’une baie d’une beaut exceptionnelle, avec ses ports et ses marinas de rve qui invitent se laisser musarder dans tous leurs recoins, surtout la tombe de la nuit.> La tempte de ShakespeareLe pays est peupl en majorit de descendants d’Africains, et en beaucoup moindre mesure de ses premiers habitants, Arawacks et surtout Carabes, plus de petites communauts de descendants d’anciens colons europens, ou de travailleurs venus de l’Inde au XIXe sicle. Comme toutes les les de la Carabe peuples par les Carabes (Kalinago), la colonisation a t tardive. Parce que les guerriers Carabes taient farouches mais aussi parce qu’ils s’taient cr une rputation terrorisant les colons. Caliban dans “La tempte” de Shakespeare, esclave et fils de sorcire, tmoigne parmi tant d’autres rfrences, de la stupeur que provoquait leur renomme. Christophe Colomb a abord l’le lors de son troisime voyage en Amrique, en 1498 mais l’le ne fut vraiment occupe pour la premire fois qu’en 1650 par les Franais. En 1498, La Grenade tait peuple donc essentiellement de Carabes. Les Espagnols n’ont pas pu s’y installer, les tentatives des Anglais restrent aussi infructueuses. La “Compagnie des Iles d’Amrique” du cardinal Richelieu, par l’intermdiaire de son reprsentant la Martinique, Jacques Dyel du Parquet vise depuis 1636 de s’accaparer La Grenade. Aprs la faillite en 1649 de la Compagnie, Du Parquet “achte” ces deux les. Et y lance ses fantassins qui, aprs de nombreux accrochages, finirent par vaincre les guerriers carabes dont les derniers survivants se seraient jets la mer plutt que de se rendre.> Ping-pong entre Franais et Anglais L’le a ensuite vcu un ping-pong entre Anglais et Franais jusqu’au Trait de Versailles de 1783, la concdant dfinitivement l’Angleterre. Au dpart, c’tait une colonie sucrire qui connut la fin du XVIIIe sicle une diversification avec l’introduction de la muscade dont elle est encore aujourd’hui avec l’Indonsie et l’Inde les trois producteurs quasi exclusifs. Elle devint une le aux pices. L’esclavage y est aboli en 1834. A la suite de diffrents rgimes coloniaux d’administration, ce fut en mars 1967 une complte autonomie dans le cadre de l’“Associated Statehood Act” avant Grenade Surprenante GrenadeLa surprise. Mme quand on s’attend a priori la beaut et la convivialit prtes aux les de la Carabe, on est quand mme surpris par La Grenade. Les plus gs ont encore en mmoire l’image de 1983 d’une le sous occupation amricaine aprs des drives politiques, eux aussi, seront surpris par la normalit dmocratique du pays. Surprise aussi pour ceux touchs, il y a environ quatre ans, par la dvastation des cyclones, et qui trouveront un pays largement reconstruit et en mieux, le mot d’ordre ayant t “Build back, Build better” (refaire en mieux). Jusqu’ quand durera un manque de passion inexpliqu l’gard de La Grenade ? Reportage Grenade Noix de muscade, 2009. Reporters.be/LAIF

PAGE 45

ReportageGrenadel’indpendance officielle en 1974. Tout en restant dans le Commonwealth et en gardant pour chef d’Etat le monarque britannique. > Traumatisme et romantismeSon premier Chef de gouvernement, Sir Eric Gairy sera renvers cinq ans plus tard en mars 1979 par un coup d’Etat conduit par Maurice Bishop sous l’tendard d’un marxisme-lninisme tropical. C’est le dbut d’un grand traumatisme car Bishop qui avait fini par gagner la sympathie d’une bonne partie de la population, notamment grce ses programmes sociaux, se fera renverser par une fraction radicale de son parti conduite par Bernard Coard, et sera assassin le 19 octobre 1983 avec huit de ses ministres et partisans. S’en est suivie, quelques jours plus tard, l’invasion des troupes amricaines avec la bndiction de l’Organisation des Etats de la Carabe orientale (OECS), la suite de laquelle 17 suspects seront condamns la peine de mort. Celle-ci fut commue aprs. Les prisonniers ont t rcemment relchs. Bishop reste un symbole et une sorte de hros romantique. Ses pires adversaires lui rendent hommage pour ses ralisations sociales et la modernisation des infrastructures du pays tout en condamnant les limitations de liberts individuelles par son rgime. C’est par exemple la position que Georges Brizan, ancien Premier ministre, ancien co-prsident de l’Assemble parlementaire paritaire Afrique Carabe, Pacifique – Union Europenne a explique au Courrier. Les lections de dcembre 1984 rtablirent le jeu constitutionnel dans le cadre du systme bipartite traditionnel la Westminster. Le parti au pouvoir actuellement et ce depuis les dernires lections de juillet 2008, est le National Democratic Party avec la tte du gouvernement le Premier ministre, Tillman Thomas. H.G. 44 Mots-cls Grenade ; Carriacou ; Petite Martinique ; Carabe ; Arawack ; Eric Gairy ; Maurice Bishop ; Georges Brizan ; Tillman Thomas. Cathdrale St George’s, Grenade 2009. Hegel GoutierCarcasse d’un avion cubain dtruit durant l’invasion amricaine. Ancien aroport de Grenade, 2009. Hegel Goutier

PAGE 46

Reportage ufs dans le mme panier” Le nouveau Premier ministre de La Grenade est entr en fonction il y a tout juste un an. Lors des lections du 9 juillet 2008, son parti, le Congrs dmocratique national (National Democratic Congress -NDC) avait battu le parti du gouvernement de Keith Mitchell, au pouvoir pendant 13 ans. 45 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 Grenade“vitons de mettre tous nosufs dans le mme panier” Entretien avec Tillman Thomas, Premier ministre de la Grenade En quoi la politique du Congrs dmocratique national est-elle diffrente ? Une diffrence rside dans notre approche de la gouvernance : nous croyons au respect de l’indpendance des institutions. Les forces de police sont mieux organises, elles sont plus indpendantes et leurs interventions sont plus efficaces. Selon nous, la promotion des fonctionnaires publics doit se faire au mrite, et non sur la base de leur appartenance politique. L’administration prcdente a connu une srie de litiges avec les mdias. Nous avons une approche diffrente vis--vis des mdias et notre vision de la gouvernance est celle d’un partenariat avec d’autres groupes d’intrt de la socit. Quelle est votre stratgie de dveloppement pour La Grenade ? Notre agriculture prsente un formidable potentiel et nous pourrions dvelopper notre industrie alimentaire. Nous produisons de la noix de muscade et possdons une usine de chocolat ainsi qu’une industrie de bire blonde. Ces productions se font petite chelle mais pourraient tre dveloppes. La pche – fumage et transformation des poissons – est un secteur potentiel d’avenir, et nous nous employons trouver de nouveaux dbouchs. Un autre objectif est de dvelopper le tourisme communautaire et culturel, en plus du tourisme “mer et soleil”. Retenons par exemple le projet “Fish Friday” Gouyave. Il est galement capital d’assurer la formation de nos jeunes pour leur permettre de contribuer au dveloppement national. L’objectif est de les aider dcrocher des diplmes d’lectricien, de maon et de plombier ainsi que dans le secteur de l’accueil des touristes. Et le dveloppement de la scurit sociale ? Nous aimerions mettre en place, au sein de la rgion, un cadre lgal rgissant la fois la scurit sociale et les activits des entreprises. Grce cela, un habitant de La Grenade qui irait s’installer Sainte Lucie ou Saint Vincent, pourrait continuer percevoir des allocations (de scurit sociale). Votre gouvernement ne met-il pas trop l’accent sur le secteur du tourisme ? Nous devons trouver un quilibre. Sur le long terme, l’agriculture est le secteur le plus durable : nous devons aider nos communauts rurales se lancer dans les affaires, crer des entreprises familiales et rechercher de nouveaux dbouchs pour nos produits. Nous ne devons pas mettre tous nos ufs dans le mme panier ! Avez-vous constat un ralentissement du rythme d’intgration au sein de la CARICOM par rapport ces 20 dernires annes ? L’enthousiasme et l’nergie des dbuts ont disparu. Nous soutenons rsolument l’initiative visant crer un espace conomique entre Trinit et Tobago et l’Organisation des Etats de la Carabe orientale (OECS)*. Port-of-Spain est la capitale financire des Carabes du Sud, d’o une possibilit, selon moi, d’intgration entre Trinit et Tobago et l’OECS. Lorsqu’on examine l’impact de la crise financire, on comprend clairement la ncessit de mettre en place un cadre rgional pour les entreprises actives dans la rgion. L’absence d’un vritable mouvement d’intgration ouvre la porte la discrimination. Nous devons nous pencher srieusement sur la CARICOM et dfinir la voie suivre. La rgion devrait ngocier en un seul bloc avec les organisations internationales. Il faut viter qu’un pays noue des relations avec la Chine et un autre avec Taiwan. Nous pourrions nous doter d’une autorit lgale supranationale au sein de la rgion et d’un systme parlementaire rgional. Trinit et Tobago ne risque-il pas d’absorber des conomies plus petite chelle ? Trinit est certes un pays assez important, mais notre secteur du tourisme est assez diffrent. La structure conomique de La Grenade, le type de proprit foncire dans notre pays – nos habitants peuvent dtenir des terres dans tout le pays – sont autant de diffrences. Je ne m’attends pas des mouvements migratoires massifs dans le cas du rapprochement que j’ai voqu plus haut. D’aucuns pensent que les habitants veulent partir pour un pays plus grand, mais je ne pense pas que cela soit le cas chez nous. Car selon moi, la qualit de vie Grenade est bien meilleure que dans n’importe quel autre pays de la rgion. Quelles sont les considrations gopolitiques qui gouvernent la politique extrieure de La Grenade ? La guerre froide appartient au pass. Culturellement parlant, on ne peut pas trouver pays plus proches dans la rgion que Grenade et Trinit. Ce qu’il faut raliser, c’est un engagement clair – nous devons partager et changer dans les domaines susceptibles de promouvoir les institutions dmocratiques et l’humanit. A l’heure actuelle, il y a quelques pierres d’achoppement dans vos relations avec l’UE. Je songe aux bananes et l’Accord de partenariat conomique (APE). Comment envisagez-vous les relations entre La Grenade et l’UE ? L’APE prsente des avantages comme des inconvnients. Si nous pouvions cooprer comme une seule et mme rgion, l’APE nous serait profitable. Nous avons la possibilit (depuis la signature de l’APE) de fournir certains services l’UE. Nous devons retirer un maximum de ces avantages comparatifs car, au niveau des produits manufacturs, nous n’avons pas la possibilit de produire comme l’UE le fait. H.G. * L’OECS compte neuf pays membres : Antigua et Barbuda, le Commonwealth de la Dominique, Grenade, Montserrat, Saint Christophe et Nevis, Sainte Lucie et Saint Vincent et les Grenadines. Anguilla et les Iles Vierges britanniques sont membres associs de l’OECS. Mots-cls Hegel Goutier ; Grenade ; Tillman Thomas ; OECS ; NDC ; APE. “La Sagesse Beach” 2009. Hegel Goutier Hegel Goutier

PAGE 47

Entretien avec Nazim Burke, Ministre des Finances Crise financire Crise financire Sauver l’emploi Authentic Caribbean. TRAIT D’ESPRITCcile La Grenade est trs active la WIRSPA (West Indies Rum & Spirits Producers’ Association)* qui a peru du programme de la Commission europenne “Caribbean rum programme” 70 millions d’euros et qui vient de lancer le label “Authentic Caribbean Rum” regroupant 18 producteurs des rhums les plus fins de la rgion, parmi lesquels les 25 ans d’ge vieillis en fts de chne d’El Dorado, Guyana ou de Barbancourt, Hati. De La Grenade Industries prpare, entre autres, “La Grenade Liqueur”, utilisant la “chair” (le pricarpe) entourant le noyau de la muscade, travers une vieille recette datant de deux sicles et remontant l’anctre de la dynastie, Captain Louis La Grenade, l’un des premiers multres de Grenade avoir sa propre entreprise. Ccile, docteur en technologie alimentaire du Maryland, Etats-Unis, la barre de l’entreprise familiale depuis 1992, dtient aujourd’hui le secret, peut-tre le mieux gard de la Grenade. Elle a diversifi les produits de la marque et en a fait un fleuron de l’industrie de son pays. “La Grenade liqueur” est Mdaille d’or au concours prestigieux “Monde Selection”. “De la Grenade Industries” a profit directement ou via les programmes rgionaux d’aides de l’Union Europenne. H.G. * La WIRSPA a reu une aide de l’UE dans le cadre d’un programme pour le rhum de la Carabe (70 millions d'euros)Entretien avec Nazim Burke, Ministre des Finances Reportage 46 “De La Grenade Industries” reprsente l’une de ses images de marque prestigieuses de la Grenade. Elle est dirige depuis 1992 par Ccile La Grenade, un des entrepreneurs grce auxquels peut-tre, les grands rhums de la Carabe, qui raflent souvent les distinctions dans les concours internationaux de spiritueux, seront mieux connus des amateurs. Grenade > Diagnostic Les problmes se rpartissent en trois grandes catgories. Tout d’abord, l’conomie souffre d’une diminution des investissements trangers directs. Nombre de gigantesques projets d’infrastructures touristiques sur lesquels nous comptions (reprsentant un investissement total d’environ 700 millions de dollars) ne verront pas le jour. Deuximement, le secteur du tourisme est lui-mme en berne, en termes de visiteurs et de dpenses. Dans le secteur du tourisme de croisire, les touristes continuent d’arriver en nombres, mme s’ils dpensent moins. Ce secteur risque selon nous de voir encore ses revenus reculer. Viennent enfin les envois d’argent de l’tranger. Les Grenadiens qui vivent l’tranger, dans les mtropoles, envoient moins d’argent dans le pays qu’ils le font d’habitude. Selon nous, ces envois ont recul d’environ 16% par rapport l’anne dernire. La rcession qui frappe divers secteurs, dont le btiment, est responsable d’un recul de l’emploi. > Ajustement Nous avons introduit l’amnistie fiscale, ce qui signifie que les intrts et les amendes dus par les contribuables qui ne paient pas l’intgralit de leurs impts et taxes au gouvernement sont totalement annuls. Nous nous sommes galement lancs dans une srie de projets de construction court terme et nous rnovons des btiments publics, notamment dans le secteur de la sant et de l’ducation. Nous avons renforc nos programmes d’entretien des routes. Notre objectif est de crer durablement des emplois. Nous sommes sur le point de dmarrer un autre programme de soutien au revenu des agriculteurs. Cette initiative doit galement permettre de renforcer la scurit alimentaire. Nous devrions examiner nos principaux projets d’investissement moyen et long terme. Nous pourrions alors identifier les projets prioritaires ainsi que les projets pouvant tre mis en uvre par le biais de partenariats entre le secteur priv et public. Nous pourrions aussi promouvoir ici les prts taux rduit ainsi que les programmes de coopration bilatrale. H.G. Mots-cls Grenade ; Hegel Goutier ; crise financire ; Nazim Burke ; Ministre des Finances. Mots-cls Hegel Goutier ; Ccile La Grenade ; De La Grenade Industries ; El Dorado ; Barbancourt ; Captain Louis La Grenade ; La Grenade Liqueur. Autorit portuaire de Grenade, St George’s, 2009. Hegel Goutier Cecile la Grenade, directrice, “De La Grenade Industries”, 2009. Hegel Goutier

PAGE 48

Quels sont les principaux reproches adresss par l’opposition au nouveau gouvernement ? Un pays a besoin d’un maximum d’unit et de consensus tous les niveaux possibles, et plus encore en priode de crise conomique. Mon gouvernement a mis en place les bases solides d’une telle vision. Lorsque le nouveau gouvernement est entr en fonction, il n’avait qu’ exploiter ces bases. Mais en ralit, il a fait exactement le contraire et s’est lanc dans une vritable chasse aux sorcires contre ses opposants, perscutant les partisans du gouvernement prcdent. L’actuel gouvernement n’a pourtant remport les lections qu’avec 1.800 voix d’cart. Il a mis fin la quasi-totalit des grands projets. Ce sont ainsi des centaines de millions de dollars d’investissements qui sont partis en fume. Le pilote de Formule 1, Lewis Hamilton, dont le pre est grenadien, souhaitait investir dans notre pays mais l’opposition [de l’poque] avait affirm qu’il y avait eu corruption entre le pilote, le gouvernement [le NNP] et l’ancien Gouverneur gnral. Certains avancent que les investissements sont au point mort en raison de la crise conomique mondiale Le gouvernement tente clairement de manipuler l’opinion, mais les faits parlent d’eux-mmes. Il s’attaque la rputation des politiques – c’est l le problme. Le contexte international est ce qu’il est mais en dpit de la crise, les choses auraient pu bouger et de nombreux projets auraient pu voir le jour. En procdant des campagnes de diffamation, le gouvernement attaque non seulement les hommes politiques de l’opposition, mais il nuit surtout aux possibilits d’investissement. Pourquoi n’intentez-vous pas une action contre le gouvernement ? J’ai introduit une vingtaine d’actions en diffamation. Certains jugements sont en ma faveur, mais le systme judiciaire est particulirement lent. Que pensez-vous de la CARICOM ? Elle semble s’affaiblir. Il faut absolument renforcer les liens conomiques et politiques entre les petites nations de la rgion pour leur permettre de survivre dans le village plantaire. A mon sens, le rythme d’intgration est encore trop lent, or, sans une approche intgre, le dveloppement conomique des petits pays est de plus en plus problmatique. Chaque fois qu’une dcision l’chelon de la CARICOM va dans le sens d’une coopration amliore, une personnalit ou un groupe de personnes essaie d’branler le systme. Or, les organes de la CARICOM n’ont pas assez de pouvoir pour forcer les individus respecter les dcisions qui ont t prises. Les institutions de la CARICOM doivent donc tre renforces. Cette organisation apprhende aujourd’hui de manire bien trop bureaucratique une srie de problmes. La rgion a besoin d’un sens plus affirm d’intgration politique, mais soyons clairs, cela ne pourra jamais se faire du jour au lendemain. En ces temps difficiles, comment donner aux jeunes des raisons d’esprer ? Lorsqu’ils n’ont aucune raison d’esprer, les jeunes se sentent marginaliss et se retrouvent parfois dans une situation o leurs agissements risquent de se retourner contre eux. On observe un sentiment de dsespoir profondment enracin dans le pays. Il existait auparavant un systme de transport pour les enfants dont les parents n’avaient pas les moyens de leur payer le bus ainsi qu’une allocation “uniforme” pour les lves. Ces programmes, et d’autres encore, ont t suspendus par le gouvernement. H.G. Les pertes critiques par l'oppositionN. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 47 Reportage Grenade Keith Mitchell a occup le poste de Premier ministre de la Grenade pendant 13 ans (1995-2008). Son Nouveau Parti national (New National Party – NNP), battu aux lections gnrales de 2008, a conserv quatre siges la Chambre des reprsentants. Devenu leader de l’opposition, il accuse le gouvernement d’avoir dcourag les investisseurs potentiels. Il nous explique pourquoi. Hegel Goutier Mots-cls Hegel Goutier ; Keith Mitchell ; NNP ; CARICOM ; Lewis Hamilton ; La Grenade.

PAGE 49

L’aide de la Commission europenne (CE) La Grenade s’est concentre ces dernires annes sur la restauration aprs des cyclones dvastateurs en 2004-2005 et sur l’amlioration du systme hydraulique et des infrastructures sanitaires qui remontaient souvent la priode britannique et qui s’taient encore dtriors la suite des intempries. L’aide internationale avait t d’autant plus efficace que La Grenade s’tait engage avec dtermination dans la reconstruction du pays. C’est ce que souligne l’ambassadeur Valeriano Diaz, chef de dlgation de l’UE pour les pays de l’organisation des Etats de la Carabe orientale. ReportageGrenadeCoopration48 LES CHOIX DE LA GRENADEUn pari sur LES CHOIX DE LA GRENADE L’ouragan de 2004 avait caus la mort de 39 personnes et des dommages valus 250% du produit intrieur brut. Ainsi la Commission europenne, prenant en compte les besoins particuliers de La Grenade aprs les dvastations des cyclones, a ajout en 2007 10 millions d’euros l’enveloppe qui lui avait t initialement alloue par le 9e Fonds europen de dveloppement (FED) 2000-2007 pour soutenir sa rforme macroconomique pour la rduction de la pauvret. Cette aide supplmentaire tait constitue en un soutien budgtaire. Il en est de mme pour l’essentiel de son enveloppe de 6 millions d’euros du 10e FED (2008-2013). La Commission europenne avait par ailleurs rpondu favorablement plusieurs propositions d’adaptation de l’aide faites par le gouvernement grenadien aprs les intempries. Ainsi, par exemple, au lieu du projet touristique de restauration de deux forts, les ressources prvues par la Banque mondiale et la CE avaient t consacres la rfection d’coles dtruites. Quant au relogement des populations vivant pralablement dans des zones impropres ou fragiles, les concertations entre la CE et le gouvernement ont permis d’adopter des mesures appropries pour permettre de “reconstruire en mieux” selon la volont de celui-ci. En ce qui concerne la reconstruction des coles dtruites par le cyclone Ivan en dcembre 2004, les 19 tablissements secondaires, par exemple, taient concerns par le “Post emergency school rehabilitation project” quasi excut lors de la visite du Courrier, part deux chantiers en parachvement. Crispin Frederick, coordinateur du projet, se rjouit de ce qu’il a souvent pu, avec la restauration, installer des locaux et des quipements qui faisaient dfaut avant et qui ne permettaient pas parfois de fournir certaines obligations prvues comme le repas scolaire. En plus, tous les lieux rhabilits doivent rpondre aux nouvelles normes anti-ouragans. L’aide de l’UE pour ce projet a t de 9,3 millions d’euros C’est l’un des plus importants programmes de l’UE La Grenade, avec le support budgtaire (11,7 millions d'euros) et l’amlioration de l’infrastructure hydraulique (6,7 millions d'euros). Parmi les autres budgets de l’UE mis contribution pour sa coopration avec La Grenade figurent les reliquats des anciens fonds STABEX (pour la stabilisation des revenus d’exportation des pays ACP) se chiffrant au dbut de 2008 3,2 millions d'euros, qui devaient servir favoriser les investissements privs dans le secteur agricole. Il y a galement le Cadre, le soutien du Centre pour le dveloppement des entreprises (CDE) au secteur priv, et le PROINEST pour encourager les investissements entre la Carabe et l’Europe. Dans le 10e FED, La Grenade bnficie des fonds du programme d’Intgration rgionale de la Carabe (165 millions d'euros), destins l’intgration rgionale et la mise en uvre des APE signs par l’UE et la rgion le 15 octobre 2008. H.G. Hegel Goutier Mots-cls Hegel Goutier ; Coopration UE-Grenade ; Valeriano Diaz ; Crispin Frederick ; Banque mondiale ; Stabex ; CDE; PROINVEST.

PAGE 50

49 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Si c’tait un fruit, La Grenade serait videmment une pomme grenade rutilante de l’extrieur et qui laisse clater, quand elle s’ouvre, une myriades de petits joyaux rouges comme tous ces flonflons qui dcorent les villages en ce jour, comme aussi toutes les maisons de style coloniale roses, rouges, chamarres, petites et alignes dans des ruelles de villages, cossues au centre de villes plus grandes ou accroches aux pentes roides des collines pour de grandes demeures bourgeoises. Couleurs de mme chatoiement que les sourires sur les visages qui ne demandent qu’ tre partags. Il faut commencer une tourne d’un jour par la capitale St-Georges qui se rveille dans les bras de sa baie pare de couleurs bleutes et embrumes du matin. Et voir arriver les bateaux de croisire d’o dbarquent souvent de jeunes couples pour leur mariage qui sera clbr un ou deux jours lus tard dans ce dcor idyllique de Port Louis sur l’ancien carnage de St-Georges. Port Louis ne vise rien moins que “concentrer tous les charmes de St-Tropez, Costa Esmralda, Portofino et St Bart’s sous la touche particulire et dans l’atmosphre de La Grenade”. Du bord de mer, on admire les nombreuses collines constituant la “city on the hill” comme on dnomme la ville, qui enserrent la baie et au haut desquelles se trouvent parmi les lieux visiter, les Forts Friederick et Matthew l’Est et au Nord, le Fort George avec les fentres de la prison “Her Majesty Prison” offrant une vue imprenable sur le Carnage. Peuvent-ils, les prisonniers parmi lesquels ceux qui ont assassin Bishop, admirer satit les beauts de Port Louis ? Quand au Fort Matthew, qui servait d’hospice pour les malades mentaux colloqus, il a t bombard par erreur par l’aviation amricaine en 1983 et nombre de ses occupants avaient pri. Au Nord et au Sud de St. Georges situ au SudOuest de l’le, s’talent des plages interminables dont la plus reprsentative est celle de Grand Anse. C’est le point touristique le plus frquent. Un peu plus loin, la plage ne pas rater est certainement celle de Morne Rouge avec le sable le plus blanc qui puisse exister ct de la mer la plus cristalline. Peu d’habitants dans la mignonette ville sertie dans une nature vierge, peine 10.000 et surtout peu de touristes. Mais l’le a des plages profusion. Parmi les jolies petites criques, celle de La Sagesse au Sud-Est, devenue symbolique car une page d’histoire y est inscrite. Quand le propritaire d’alors de la grande demeure attenante, voulait la clore, le militant Bishop y avait organis une grande manifestation qui a conduit l’Etat garantir par la loi fondamentale du pays le caractre public du bord de mer. Le tenancier d’aujourd’hui, Mike Meranski, qui l’a transform avec bon got en un htel-restaurant original, “La Sagesse Nature Center”, a d’autres soucis comme il l’a expliqu au Courrier, la diminution, avec la crise, du nombre de visiteurs et surtout de leur dure de sjour. Parmi les autres villes ctires visiter, Greenville sur la cte Est, la deuxime plus grande du pays probablement la plus anime ; Sauteur dans le Nord historique aussi, c’est de son rocher de 35 mtres de haut que les Carabes vaincus par les Franais se seraient jets dans la mer pour se suicider. A l’intrieur des terres, la rutilance est celle des fleurs et des fruits : les grappes de pommes de cajou, dont la noix n’est que le noyau extrieur, le rouge cardinal gaufr de dessins en relief, styliss de couleur noir du noyau de muscade (nutmeg) fait penser une uvre d’artiste minutieux. C’est le symbole du pays. A l’Ouest, entre St George au Sud et Gouyave plus au Nord s’tend le Grand Etang Forest Reserve avec l’incontournable Grand Etang Lake si calme dans une nature reposante et pas loin de nombreuses chutes, les Concord Falls, tout le long de la Rivire Concord. Il reste Carriacou, 9.000 habitants, dix fois moins que l’le Grenade et la Petite Martinique, seulement 1.000 mes. Aussi surprenantes ? H.G. Une GRENADE rutilanteSi on veut choisir un jour particulier pour dcouvrir l’le de La Grenade, le dimanche de Pques est un bon choix. Dans chaque ville, chaque village, il y a des attroupements, des ftes de rue, des rencontres et l’tranger est invit ou il peut s’inviter. Les plages sont bien frquentes et partout, on peut dguster boissons et plats. Le pays est ouvert la fte et aux rencontres. Reportage GrenadeDcouverte Mots-cls Hegel Goutier ; La Grenade ; Carriacou ; Petite Martinique ; Fort Friederick ; Fort Matthew ; Fort George ; Port Louis ; Morne Rouge ; Grand Anse ; Grenville ; Sauteur ; Grand Etang Forest Reserve ; Carabe ; La Sagesse Nature Center. De haut en bas : Peintures murales / S George’s St George’s bay March ciel ouvert Hegel Goutier

PAGE 51

Art. HEART ATTACK 50Oliver Benoit, peintre rput, tout en tant reconnaissant de l’hommage que son pays lui rend, constate avec quelque amertume. “Dans mon pays, les gens estiment que je ne fais pas de l’art cariben.” Parce que sa peinture est abstraite. Pourtant qui est plus proche des proccupations du commun des mortels de la Grenade que lui. Tout ce qui se voit, se devine ou s’interprte dans son uvre, en dessous de l’abstraction de surface, est proche de la ralit quotidienne. Aussi, invite-t-il chacun aiguiser son regard pour voir au-del du premier coup d’il, s’impliquer car il veut le provoquer, susciter son questionnement en mme temps que donner de la jouissance ce regard. “Je veux que les spectacteurs (de mes uvres) participent et deviennent des acteurs. J’insiste prsent sur le rle de la politique, sur la faon dont elle affecte les citoyens.” L’un des tableaux de la srie Outburst o l’on voit bien les billets de banque l’effigie de l’Oncle Sam s’intitule “Dollar is my soul” dans lequel il dit sa douleur en cho aux allgations de corruption touchant un ancien politique de premier rang. Sur “Heart attack”, il prcise “C’est politique. Le nouveau gouvernement a pour symbole le Coeur Et il explique que dans la situation nationale et internationale actuelle la crise cardiaque menace le gouvernement, chaque citoyen ou tout le systme. A la Galerie Agora New York qui le reprsente, de mme qu’ sa galerie virtuelle www.oliverbenoit.com, on peut contempler des uvres relevant de six thmes “Disasters and Emotions” dont fait partie “Heart attack” Love, After Ivan (le cyclone Ivan), “Men without Head”, “Carvin out on Identity” et “Outbursts”. H.G. ReportageGrenade Mots-cls Hegel Goutier ; Grenade ; art ; Olivier Benoit. Oliver Benoit, 2009. Hegel Goutier

PAGE 52

Stockholm, C’est la rencontre des eaux bleu cobalt du lac Mlaren et des flots d’encre de la mer Baltique que Stockholm s’est rige, voici sept sicles, s’parpillant sur 14 les, relies entre elles par une quarantaine de ponts. Et ce n’est qu’en 1637 qu’elle devient capitale de la Sude, dtrnant Uppsala qui reste la capitale ecclsiastique, et universitaire, du pays. Stockholm, un festival pour les yeux, chaque le – partir de son noyau historique Gamla Stan, la “vieille ville” – prsentant un ensemble architectural particulier avec son charme propre. Mais Stockholm n’est rien sans les Stockholmois – plus d’un million, le double si l’on tient compte de la grande agglomration, sur une population totale de 9 millions –, un brin plus presss que leurs voisins de la campagne. Un brin plus revendicatifs dans leurs exigences galitaires et dmocratiques aussi. Des exigences qui remontent au temps des Vikings, ce peuple de conqurant qui au Xme sicle poussa jusqu’ l’Est et tablit des relations commerciales avec Byzance et les royaumes arabes. Et ce n’est pas sans fiert que les Sudois, tous les Scandinaves en ralit, voquent ces anctres. Comme l’voque l’historienne Astrid Helle: “Ce n’est pourtant pas tant cause des victoires militaires et des conqutes que les descendants des Vikings se plaisent voquer cette poque de leur histoire. C’est bien davantage parce qu’ils retrouvent dans la civilisation viking, plus qu’un peuple entreprenant pourvu d’une culture originale, les racines profondes de ce qu’ils apprcient tant dans leur socit actuelle : une dmocratie trs vivante, dans une socit profondment galitaire. La femme jouissait d’une haute considration et d’un statut juridique que nombre d’autres Europennes pouvaient lui envier. La femme viking avait le droit d’pouser l’homme qui lui plaisait, mme sans le consentement de son pre. Elle pouvait comme les hommes porter certaines armes et mme devenir pote, mtier qui procurait une grande reconnaissance sociale. ” Une chose dont a d se souvenir Astrid Lindgren quand elle a crit Fifi Brindacier Commerants, galitaires et potes. A ces qualits on ajoutera pragmatisme (corollaire il est vrai de commercial) et ouverture. Ouverture la modernit, l’innovation, et ouverture au monde, aux pays meurtris par cette mme modernit. Deux domaines – l’innovation et la coopration – o la Sude figure en premire place. Paradoxe ? La Sude n’en manque pas. 51 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 D couvrir l’Europe paradoxesudoisLe paradoxesudoisUn reportage de Marie-Martine Buckens Marie-Martine Buckens Mots-cls Marie-Martine Buckens; Stockholm ; Sude ; Astrid Helle.

PAGE 53

52 Avec son taux ingal, 0,98% du RNB destin l’aide au dveloppement en 2008, la Sude dpasse, et de loin, les autres pays industrialiss (0,42% en moyenne pour l’Union Europenne, 0,25% pour les pays du G7) et dpasse l’objectif de 0,7% du RNB que se sont pieusement fixs la plupart des pays industrialiss l’horizon 2012. C’est sans doute parce que les Sudois conoivent avant tout leurs relations sur un pied d’galit que la coopration se base sur un rel partenariat, le but ultime tant de rendre les pays partenaires totalement indpendants.> Un “autre dveloppement”“Notre objectif est de combler le foss entre le Nord et le Sud en crant des alliances globales avec des personnes qui partagent les mmes valeurs en matire de dmocratie, de droit humain et de scurit”, nous dit d’emble Henning Melber, directeur excutif de la Fondation Dag Hammarskjld. Installe dans la ville universitaire de Uppsala, une quarantaine de kilomtres au Nord de Stockholm, cette fondation (http://www.dhf.uu.se/Default.html) porte le nom du Sudois qui exera la fonction de Secrtaire gnral des Nations Unies de 1953 1961, anne o il meurt dans un accident d’avion alors qu’il se rendait en mission de paix au Katanga. Il reut la mme anne le prix Nobel de la paix titre posthume. Ses interventions dans la crise du canal de Suez en 1956 et dans la crise de Jordanie en 1958 lui valurent la rputation d’ardent dfenseur de la paix. L’esprit de Dag Hammarskjld imprgne toutes les actions menes aujourd’hui par la Fondation. Il y a tout d’abord les confrences et publications, dont la revue Development Dialogu’ o s’entrecroisent les analyses d’auteurs d’horizons diffrents et dont la dernire livraison s’attaque au nolibralisme. “Notre principal atout, poursuit Henning Melber, c’est le nom mme de Dag Hammarskjld, trs respect, en particulier dans les pays du Sud. Et nous l’utilisons pour rassembler des gens qui sinon ne le feraient pas.” Un exemple : les rencontres inities depuis fvrier dernier entre des reprsentants chinois, de pays africains et de Sude afin de discuter des relations entre l’Afrique et la Chine. “La Chine est trs prsente en Afrique, elle sige en outre au Conseil de scurit des Nations Unies, mais ses experts sont peu au fait des ralits sociales en Afrique, ce qui provoque des frictions grandissantes avec certains pays africains.” Et de poursuivre : “Nous utilisons cette tradition de dialogue dans d’autres domaines, notamment dans le domaine agricole. Ainsi la Rvolution Verte pour l’Afrique lance par Koffi Annan en s’appuyant sur des agences Considr parfois avec suspicion, toujours avec envie, le “modle sudois” d’Etat providence, mais surtout d’Etat galitaire, dteint sur toutes les politiques. Celle de la coopration au dveloppement pour commencer. Stockholm s’enorgueillit, bon droit, d’tre la plus gnreuse en terme de pourcentage de son revenu national brut (RNB) envers les pays du Sud. A l’uvre, l’Agence officielle de coopration (SIDA) mais aussi une myriade de fondations. Rencontres avec une de ces fondations, la Dag Hammarskjld. Stockholm Dcouvrir l'EuropeUppsala 2009. Marie-Martine Buckens D’OUVERTURE Un modleD’OUVERTURE

PAGE 54

N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 Dcouvrir l'Europe “ Depuis les annes 50, la dimension sociale inclut la solidarit internationale”, poursuit Henning Melber, “mme si elle s’est dtriore ces dernires annes”. Stockholm s’est ainsi ouverte aux personnalits qui, aprs les vagues d’indpendance en Afrique, subissaient les attaques de groupes nocolonialistes. “La Sude a galement accueilli les soldats amricains qui refusaient de faire la guerre au Vietnam, de mme que les opposants au rgime dictatorial de Pinochet au Chili.”> Une immigration plus soupleEn pleine crise, la Sude a dcid d’assouplir sa rglementation sur l’immigration de main-d’uvre. “Nous sommes en pointe dans ce domaine et cette action vient son heure, a dclar le Ministre des Migrations et de la Politique d’asile, Tobias Billstrm, en dcembre 2008, peu aprs l’adoption du rglement. C’est une bonne chose de savoir que nous avons dj eu ce dbat, alors que dans bien des pays il n’a mme pas commenc. La concurrence pour la main-d’uvre va se durcir dans l’avenir, et quand l’conomie redmarrera, nous serons en meilleure position.” Un rglement qui, pragmatisme sudois aidant, rpond la demande des entreprises qui manquent notamment d’informaticiens, d’ingnieurs, de soudeurs, de personnels de sant, mais aussi qui anticipe la pnurie de main-d’uvre d’ici 2011 en raison des dparts la retraite. M.M.B. MIGRATION: une sensibilit toute sudoiseLes Sudois gardent en mmoire les grandes vagues d’migration de la seconde moiti du XIXe sicle o, pousss par la faim, prs de 1,5 millions de gens migrrent aux Etats-Unis. “Cette longue tradition d’immigration explique que les Sudois restent trs connects au reste du monde”, explique Henning Melber, directeur excutif de la Fondation Dag Hammarskjld. Pays d’migration, la Sude devient, aprs 1950, un pays d’immigration.Stockholm LA RECHERCHE, UNE PRIORITAutre particularit de la coopration sudoise : la place importante occupe par la coopration en matire de recherche. Cre ds 1975, l’Agence de coopration pour la recherche avec les pays en dveloppement (SAREC) qui au fil des annes est devenue l’un des principaux dpartements de l’Agence sudoise de coopration (SIDA). La SAREC ne se contente pas de financer les universits et instituts de recherche sudois qui mnent des programmes de recherche relatifs au dveloppement. Son but premier est en ralit de financer des instituts dans les pays du Sud, avec toujours le mme objectif : les rendre petit petit viables sans aide extrieure. Pour l’heure, la SAREC entretient des relations bilatrales avec une douzaine de pays, dont : l’Ethiopie, le Burkina Faso, le Mozambique, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda. philanthropiques fait craindre certains qu’elle ne profite surtout certaines grosses socits agroalimentaires, en particulier celles spcialises dans les OGM. Nous comptons organiser un sminaire sur la question en novembre prochain, lors des Journes du dveloppement de l’Union Europenne. Y participera notamment l’Universit agricole d’Uppsala.” Des Journes qui se drouleront Stockholm puisque la Sude occupera la prsidence de l’UE. Enfin, dernire entreprise, rcente mais non des moindres : l’installation d’un bureau de la fondation New York, l o sigent les Nations Unies. “Notre objectif est de faire pression pour rellement dmocratiser le systme onusien, renforcer les forces qui veulent rellement la paix et la scurit”, ajoute Henning Melber.M.M.B. 53 Mots-cls SIDA ; SAREC ; Dag Hammarskjld ; Henning Melber ; coopration sudoise ; recherche ; Marie-Martine Buckens. Mots-cls Emigration ; immigration ; Henning Melber ; Dawit Isaak ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 55

Les questions en rapport avec le dveloppement devraient tre mises en avant pendant la prsidence sudoise car les Journes europennes du dveloppement constitueront un jalon de ces six mois. En quelques ditions seulement, les Journes europennes du dveloppement sont devenues un vnement historique de l’agenda international. Il faut dire qu’elles attirent chaque fois plus de 4.000 visiteurs reprsentant 1.500 organisations et 125 pays du monde. Cette anne, l’vnement aura pour thme fdrateur “la citoyennet et le dveloppement”, avec une attention spciale pour le “changement climatique” et la “crise conomique”. Cette nouvelle dition des Journes europennes du dveloppement se tiendra la Foire internationale de Stockholm, du 22 au 24 octobre. Mme Gunilla Carlsson insiste sur le rle de la coopration europenne en matire de dveloppement, dont elle est rellement convaincue. “Je pense vraiment que l’Union Europenne peut apporter une importante contribution au dveloppement quitable et durable en exploitant pleinement le potentiel de la cohrence politique pour le dveloppement. L’UE doit utiliser plus efficacement et de manire cohrente toutes ses politiques et tous ses instruments. Les grandes priorits de l’agenda international – la rcession conomique mondiale, le dfi du changement climatique et la question de la scurit alimentaire – confirment aujourd’hui cette ncessit.” Mme Gunilla Carlsson se dclare galement ravie d’accueillir Stockholm les visiteurs des Journes europennes du dveloppement. L’objectif est de susciter un dbat sur les moteurs du dveloppement et d’examiner – dans le contexte de l’actuelle crise financire – comment nous pouvons respecter les engagements d’aide que nous avons dj pris. Les Journes europennes du dveloppement offrent une plate-forme pour l’change d’ides ambitieuses. Une plate-forme ouverte permettant de dbattre de problmatiques mondiales plutt qu’un espace clos de ngociations. Ici, tout le monde a voix au chapitre – les militants et les experts tout comme les parlementaires et les ministres des gouvernements. Mme Gunilla Carlsson souligne l’importance d’associer ce dbat la socit civile, le monde des entreprises et les universitaires. Pour plus d’informations : www.eudevdays.euJOURNES DU DVELOPPEMENT 2009 :du 22 au 24 octobre StockholmLe texte suivant a t communiqu par la Commission europenne (Direction Gnrale du Dveloppement). Alors que la Sude s’apprte assurer la prsidence de l’Union Europenne, Mme Gunilla Carlsson, la Ministre sudoise en charge du Dveloppement international, tient dj fixer les priorits de son pays dans le domaine du dveloppement durant la prsidence sudoise. L’accent sera mis sur le renforcement dmocratique, la cohrence politique pour le dveloppement, l’efficacit de l’aide et la lutte contre le changement climatique. Concernant cette thmatique, rappelons que Mme Gunilla Carlsson a prsid la Commission internationale sur le climat et le dveloppement. Dcouvrir l'Europe Stockholm 54 Gunilla Carlsson. SIDAPOINTS DE VUE

PAGE 56

N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009L’INNOVATION tout prix L’INNOVATION tout prix Marie-Martine Buckens CHAMPIONNELes “tableaux de bord de l’innovation” publis rgulirement par la Commission europenne le confirment chaque anne : la Sude pulvrise les records en matire d’innovation, mme si, en 2008, elle s’est fait devancer par la Suisse. Derrire elle, on retrouve le Danemark, la Finlande, l’Allemagne, suivis du Japon. Les Sudois sont, entre autres, champions en matire de participation des activits de formation permanente, avec un taux de 35% pour une moyenne europenne de 11% (chiffres 2007). Autre point fort : la priorit donne l’enseignement suprieur et l’investissement en recherche et dveloppement, En pourcentage du PIB, elle investit plus dans la R&D que les autres pays de l’OCDE. Dcouvrir l'Europe StockholmKista, cette cit des sciences de plus de 4.700 entreprises, Ericsson en tte, symbolise elle seule l’inventivit “ la sudoise”. Championne toute catgorie en matire d’innovation, devanant mme le Japon et les Etats-Unis, la Sude doit ce statut un mlange de pragmatisme et d’audace.”“ Kista est un nom viking, qui signifierait cercueil !”, nous explique, malicieux, en guise d’introduction Mats Hedenstrm, responsable des relations internationales de cette cit des sciences, dont l’origine remonte 1976 quand l’unit SRA, Svenska Radiobolaget de Ericsson s’installe. Deux ans plus tard IBM la rejoint. “Certains, c’est vrai, nous verraient bien dans un cercueil, poursuit Mats Hedenstrm. Car depuis 1976, Kista a pris une relle ampleur. Avec prs de 64.000 employs et un total de 4.731 entreprises, dont 70 cres en 2008, Kista est le premier centre d’innovation en terme de densit humaine. C’est trs important ; cela permet aux gens de se rencontrer facilement, dans un environnement en outre trs international.” Aprs IBM, des grands noms comme Nokia, Intel ou Microsoft s’tablissent sur le site. Car Kista est tout d’abord un centre de TIC (technologies d’information et de communication). “Nous sommes dans les cinq premiers clusters de TIC, derrire la Silicon Valley et Boston aux Etats-Unis” indique Mats Hedenstrm qui poursuit : “en Europe, nous entretenons une coopration pousse avec Sophia Antipolis, dans le Sud de la France, qui regroupe le mme type de compagnies”. Aves des diffrences toutefois. A Sophia Antipolis, le nombre de chercheurs est sensiblement plus lev qu’ Kista (2.000 chercheurs environs), bien que la cit sudoise abrite l’universit de Stockholm et l’Institut de recherche technologique. “Nous fonctionnons autrement, plus orient entreprises” prcise le responsable des relations internationales. “En somme, Kista, c’est une coopration entre concurrents afin de permettre d’augmenter la croissance.” Mieux encore, Kista est l pour assister les gens qui veulent se lancer ; fort d’un budget public, elle investit dans des start-up, et se fait rembourser en cas de succs. “Une centaine de nouvelles entreprises naissent chaque anne Kista, mais toutes ne survivent pas. L’an dernier les “pertes” ont t de 30%. Nous avons une tradition entrepreneuriale et jamais personne ne se fera condamn pour avoir fait faillite.” Signe des temps ? Beaucoup de ces start-up sont spcialises dans les technologies de l’environnement et du multimedia, domaines o Kista veut s’tendre. 55 Mots-cls Kista ; TIC ; innovation ; Sude ; Mats Hedenstrm ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 57

“ Nous avons labor toute une stratgie pour que Stockholm devienne d’ici une vingtaine d’anne la capitale la plus propre et la plus sre du monde”, nous explique d’emble Ulla Hamilton, vice-maire de la ville. Une des grandes ambitions des autorits de la ville : affranchir la ville de sa dpendance en combustibles fossiles et rduire les missions de CO2 3 tonnes par habitant et par an d’ici 2050. Sacr dfi quand on sait que ces missions de CO2 sont actuellement de 4 tonnes/hab/an, ce qui constitue dj une diminution de 25% par rapport 1990 et un record en regard des 12 tonnes mis par les Finnois, des 22 tonnes par les Amricains et de 1 tonne en moyenne par les Africains. De tels objectifs supposent de travailler sur plusieurs fronts. L’efficacit nergtique des btiments, o beaucoup reste faire (lire l’article suivant). Le chauffage ensuite. “Le chauffage urbain est trs bien dvelopp et aliment dj pour 75% par des combustibles renouvelables.” Objectif : arriver 100% d’nergies renouvelables. “Heureusement, la Sude dispose de nombre d’entreprises spcialises dans la mise au point de technologies propres”, poursuit Ulla Hamilton. Des techniques qui ont dj permis de perfectionner un systme de gestion des dchets – le tri des dchets a t lanc ds 1960 – qui, par un jeu de canalisations amenant les dchets aux incinrateurs, permet, entre autres, de ne plus avoir utiliser de camions poubelles. Les incinrateurs – “notre premier a plus de 100 ans !”, ajoute la vice-maire – jouent un rle cl dans le systme de climatisation de la ville : l’eau chaude alimente les chauffages et, une fois refroidie, sert rafrachir les locaux en t. Le trafic enfin. Si la bicyclette et les transports en commun sont populaires, la majorit des voitures consomment du combustible “classique”. Premier objectif : utilisation par les fonctionnaires de la ville de voitures exclusivement vertes (biogaz pour commencer). Installer des prises dans les appartements et les stations, en prvision de la future vague de voitures lectriques. Enfin, et c’est chose dj faite dans le quartier de Hammarby, gnraliser l’utilisation de bateaux (gratuits) assurant la liaison entre toutes les les de la capitale, faisant ainsi l’conomie de nouveaux ponts. M.M.B. Gestion intgre des dchets et de l’eau, rduction du bruit et du trafic, cration d’espaces de loisirs : les autorits de Stockholm se sont lances depuis plus de dix ans dans des travaux parfois monumentaux pour relooker la ville. Des efforts rcompenss par la Commission europenne qui pour sa premire dition du Prix des capitales vertes, a dcid de le dcerner en 2010 la capitale sudoise. 56 Mais Stockholm c’est galement des espaces verts. A commencer par Skansen. Muse en plein air, il s’tend sur un vaste espace parsem de fermes, de moulins, de magasins d’antan, sans oublier une impressionnante glise en bois. On y dnombre au total 160 constructions qui ont t transportes de tous les coins du pays pour former ce lieu de mmoire. On y trouve aussi un zoo avec des lans, des loups, des lynx et des ours bruns. Dcouvrir l'Europe StockholmQu’elle est VERTE MA VILLE ! Qu’elle est VERTE MA VILLE ! Ulla Hamilton avec le Prix de la Capitale verte. Marie-Martine Buckens Un march populaire Stockholm, 2009. Marie-Martine Buckens Mots-cls Capitale verte ; Ulla Hamilton ; chauffage urbain ; nergies renouvelables ; dchets ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 58

57 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009“ Ds le dpart, l’ambition tait de faire de cet ancien site pollu un modle d’urbanisme cologique. Stockholm briguait alors les Jeux Olympiques et savait que Sydney l’poque avait obtenu la tenue des jeux en raison de ses perfor mances environnementales. Nous avons perdu devant Athnes, mais le projet s’est poursuivi,” explique Erik Freudenthal qui nous reoit GlashusEtt, le centre d’information sur l’environnement d’Hammarby Sjstad. “L’objectif au dpart tait de rduire de moiti l’impact environnemental du futur quartier par rapport aux buildings de Stockholm datant de 1990. Tous les aspects ont t tudis : le bruit, la pollution, le trafic, le travail, les dchets, etc.” En 1997, le premier coup de pelle est donn, aprs que le sol – 200 hectares – a t soigneusement dcontamin. La plupart des btiments industriels sont rass ou ramnags comme l’usine Diesel reconvertie en centre culturel et sportif. La fin des travaux est prvue pour 2016. “Le projet est de construire 11.000 appartements pour environ 28.000 personnes et permettre 10.000 personnes de travailler dans le quartier,” indique Erik Freudenthal qui poursuit : “Pour l’heure, 8.500 appartements ont t construits et quelque 18.000 personnes y vivent.” Les btiments ne dpassent pas cinq tages et donnent la fois sur la rue et le parc. Un travail de planification indit, fruit de la coopration entre architectes, ingnieurs et urbanistes. Le nouveau quartier est construit sur un terrain quasi vierge, ce qui permet ses promoteurs de la quadriller de transports en commun et de proposer le covoiturage. Sans compter un bateau qui assure, gratuitement et tous les quarts d’heure, la liaison entre le quartier et l’le de Sdermalm, proche du centre. Ainsi, 79% des transports pour se rendre au travail se font soit pied, soit en vlo ou en transport en commun. “Ce qui a permis de rduire l’utilisation de la voiture de plus de 40%. Une telle chose n’eut pas t possible si les transports, en particulier le tramway, avaient t construits plus tard, car tout le monde aurait achet une voiture.” Hammarby Sjstad rpond un programme environnemental qui se dcline suivant six objectifs : dcontamination des sols, utilisation des sols dj construits, matriaux de construction sains, transport en commun, plafonnement du bruit 45dB et optimisation des services d’nergie, d’eau et de dchets, l’image de ce que prvoient les diles pour l’ensemble de la ville (lire l’article ci-dessus). “C’est la premire fois dans le monde qu’on russit rduire l’impact environnemental de prs de moiti pour une surface aussi importante. Et pourtant, les objectifs fixs l’taient par rapport aux normes de 1990. Aujourd’hui, on pourrait faire mieux.” Le projet sera dupliqu sous peu dans deux autres quartiers de Stockholm, eux aussi relativement dgrads. Le cot est la hauteur des objectifs et la ville est prte y investir un milliard d’euros.M.M.B. Dcouvrir l'Europe Stockholm HAMMARBY SJSTAD,laboratoire de la ville durableHAMMARBY SJSTAD,laboratoire de la ville durable Ancienne zone portuaire insalubre, le quartier de Hammarby est devenu en l’espace de moins de 15 ans un modle d’amnagement durable qui intresse le monde entier. Rencontre avec son “porte-parole” infatigable et souriant Erik Freudentahl. Erik Frudenthal 2009. Marie-Martine Buckens Vue d’un pont dans le quartier Hammarby, 2009. Marie-Martine Buckens Mots-cls Erik Freudenthal ; Hammarby Sjstad ; impact environnemental ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 59

58 Ils ont en commun une certaine forme d’universalisme. Les uns, des hommes – Strindberg, l’homme de thtre, Ingmar Bergman le cinaste – attachs la comprhension des pulsions, des comportements des humains. Les autres, des femmes – Astrid Lindgren et Selma Lgerlf – ont utilis l’criture et le dessin comme armes de paix, d’mancipation et de plaisir !Qui ne connat Fifi Brindacier ? De son nom complet Fifilolotte Victuaille Cataplasme Tampon Fille d’Efram Brindacier, cette sacre petite fille rousse est une rebelle, et depuis 64 ans continue manciper les enfants partout dans le monde. Dans son univers fabuleux, elle a sauv les enfants des lois des adultes et du carcan de l’cole. Pas tonnant qu’elle ait t victime de la censure dans les pays conservateurs et les dictatures. Sortie en 1945 de l’imagination d’Astrid Lindgren pour le plaisir de ses enfants, les aventures de Fifi ont t traduites dans plus de 60 langues, de l’arabe au zoulou. Sacr bout de femme aussi Astrid Lindgren qui jusqu’ sa mort, l’ge de 95 ans en 2002, n’aura de cesse de se battre pour le droit des opprims, enfants, hommes et animaux, ce qui lui vaudra, entre autres, la mdaille Albert Schweitzer. Active en politique, cette femme considre comme une lgende vivante en Sude est aussi l’instigatrice de nouvelles lois en faveur des plus dmunis. Astrid Lindgren avait pour ane une autre grande dame des lettres et d’humanit. Selma Lagerlg est l’auteur de la Saga de Gsta Berling, une pope lyrique, mais surtout de Le Merveilleux voyage Nils Holgersson travers la Sude. Cette autre pope, parue en 1906, lui avait t en ralit commande pour expliquer la gographie de la Sude aux coliers. Trois ans plus tard, elle est la premire femme recevoir le prix Nobel de littrature et, en 1914, la premire tre lue l’Acadmie sudoise. Deux mdailles qu’elle offrira au dbut de la Seconde Guerre mondiale la Finlande qui cherchait lever des fonds pour combattre l’Union sovitique. Il est d’autres voyages plus tortueux, plus introspectifs. Ceux d’August Strindberg, considr comme l’un des pres du thtre moderne. Mais cet homme, n en 1849, et auteur notamment de Mademoiselle Julie, est aussi un des pionniers de l’expressionnisme europen en peinture, sans compter ses activits de photographe, d’alchimiste et de tlgraphiste. Misogyne, mais aussi socialiste voire anarchiste, ce qui lui valut les honneurs de l’ex-Union sovitique et Cuba, il renia son socialisme aprs sa rencontre avec Nietzsche avant de se tourner vers le mysticisme. L’introspection psychologique est quant elle le fil rouge de l’uvre de ce gant du cinma qu’est Ingmar Bergman. N en 1918 Uppsala, ce metteur en scne de thtre, scnariste et ralisateur, acteur en dbut de carrire, comptait son actif, sa mort en 2007, 170 pices de thtre et 62 films. Parmi eux, le mtaphysique Septime Sceau, le psychologique Persona ou Fanny et Alexandre ou encore Scnes de la vie conjugale, lui valent d’tre considr comme l’un des grands ralisateurs de ce sicle. Tout comme Strindberg, mari trois fois, Bergman aura une vie sentimentale mouvemente : il se marie cinq fois et aura neuf enfants.M.M.B. Astrid Lindgren, personnalit enjoue. Scanpix/reporters Dcouvrir l'Europe StockholmOMBRES et LUM IRES OMBRES et LUM IRES Mots-cls Fifi Brindacier ; Astrid Lindgren ; Selma Lagerlf ; Strinberg ; Ingmar Bergman ; Marie-Martine Buckens.

PAGE 60

59 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009Il y a aujourd'hui des diteurs dans presque tous les pays africains, mais l'activit dans ce domaine varie normment d'un pays l'autre. Les avis donns par les diteurs des pays ACP ont suscit un grand intrt l'occasion du colloque “Culture et cration, facteurs de dveloppement”. Organis du 1er au 3 avril 2009 Bruxelles par la Commission europenne, cet vnement a rassembl des diteurs, crivains, associations et organisateurs de foires du livre des pays ACP et de l'UE. Dans le cadre d'ateliers spcifiques, ces professionnels ont analys comment l'industrie de la culture devait rpondre aux besoins du public des pays ACP et aux intrts du public des pays du Nord.” Les pays ACP ne disposent que de maigres donnes officielles sur la force conomique du secteur de l'dition. Les manuels scolaires sont les publications les plus vendues (entre 55 et 70 % du total). Ils constituent le segment le plus rentable du secteur mais leur diffusion se limite en gnral quelques spcialistes locaux, des diteurs trangers ou leurs branches locales. Tout le monde sait que, l'exception de l'Afrique du Sud, du Nigeria et de l'gypte, l'industrie africaine du livre est faible. Il est galement notoire que, en raison du manque de fonds de soutien, peu d'diteurs prennent des risques financiers. C'est pourquoi les crivains dsireux d'avoir une prsence sur la scne internationale doivent trouver un diteur du Nord qui publie dans les langues des anciennes colonies. Dans ces grandes villes (New York, Londres, Paris et Lisbonne), les crivains africains peuvent trouver des revenus, des possibilits de distribution, de promotion, obtenir des prix et participer des vnements. En Afrique, un autre obstacle est tout bonnement le manque de librairies, et donc de possibilits de vendre des livres. Par exemple, le Mali ne compte que 13 librairies, le Burkina Faso 11, et le Sngal 215 (dont 200 commerces de petite taille*) tandis qu'un pays comme l'Italie en possde pas moins de 2 000. Le continent africain souffre galement d'un manque de centres de lecture et de bibliothques: de nombreuses villes, mme de grande taille, ne comptent pas de bibliothque. Lors du colloque ACP qui s'est tenu Bruxelles, les participants ont constat que le principal obstacle l'augmentation de la production de livres africains et l'amlioration de leur marketing rsidait dans l'absence de politiques publiques et dans la lourdeur des droits de douane, qui pnalisent la circulation des livres et des matires premires (papier, encre ou consommables pour imprimantes). Bien que l'accord de Florence (1950) et le protocole de Nairobi (1976) sur l'importation des objets caractre ducatif, scientifique ou culturel aient t signs par de nombreux pays, ils ne sont pas respects. Certaines maisons d'dition des parties francophones de l'Afrique sont reconnues l'chelon international pour le rle stratgique qu'elles jouent dans le dveloppement littraire depuis l'indpendance: Le Centre d'dition et de diffusion africaine (CEDA, Cte d’Ivoire), les ditions Cl (Cameroun), Les Nouvelles ditions africaines du Sngal (Nas) et les Nouvelles ditions ivoiriennes (NEI), Afrique-ditions, Kinshasa. Les nouveaux diteurs africains sont plus dynamiques et plus ouverts la cration de rseaux susceptibles de favoriser le dveloppement de l'dition aux quatre coins du continent. Ils assument des risques en faveur de la nouvelle gnration d'crivains en faisant la promotion de l'ducation la lecture au travers de projets innovants et en diffusant les publications par motos, bus, bateaux, etc. Travaillant avec des diteurs du Nord, ils produisent des co-ditions proposes des prix plus abordables pour le public du Sud. Il C rativit Sandra Federici et Andrea Marchesini ReggianiEditeurs africains.Runis pour tre visibles Coup de lune d’Abla Ababou (septembre 2008) Serpent PlumesEl Hadj de Mamadou Mahmoud N’DONGO (aot 2008) Serpent PlumesEn attendant que le bus explose de Thomt Ryam (fvrier 2009) ditions du Rocher

PAGE 61

Crativit y a par exemple la collection Terres solidaires (avec Le Serpent plumes et Actes Sud), qui publie des romans d'auteurs africains un prix compris entre 2 000 et 3 000 francs CFA. Citons aussi Global Issues, un projet de “foire du livre” men par Ecosocit, un diteur de qubcois. Divers rseaux sont actifs dans le secteur de l'dition, comme les Associations nationales de maisons d'dition, les rseaux de librairies et les associations d'auteurs. Citons “Afrilivres, une association d'diteurs africains francophones tablie Cotonou (Bnin) qui entend dvelopper une relation plus quitable avec le Nord en rendant ses publications visibles et accessibles sur les marchs du Nord; “African Book Collective”, un point de distribution sans but lucratif tabli Oxford regroupant 116 diteurs africains indpendants de 19 pays; le rseau de l'Alliance internationale des diteurs indpendants, qui regroupe les diteurs de quatre rseaux linguistiques dans les rgions ACP et UE; et le Rseau des diteurs africains (APNET), une organisation panafricaine tablie Accra qui runit des associations nationales d'diteurs afin de “renforcer l'dition indigne partout en Afrique”. Les associations internationales s'efforcent de faciliter la prsence des publications ACP dans les foires du livre du Nord mais cette participation reste tonnamment faible. Il suffit, pour s'en convaincre, de feuilleter les catalogues des rcentes foires du livre en Italie. Ainsi, la Foire du livre pour enfants de Bologne (du 23 au 26 mars 2009), o 66 pays exposaient leurs publications, le continent africain n'tait reprsent que par des diteurs d'Afrique du Sud, de Tanzanie et d'gypte. * APNET – ADEA, Study project on Intra African Book Trade (Projet d'tude sur le commerce de livres intra-africain).Igino Schraffl*Tourisme culturel et cotourisme en Afrique : la panace ? Tourisme culturel et cotourisme en Afrique : la panace ? Mali, environs de Segou: le chef du village.Photo d’Igino Schraffl. 60 Mots-cls Colloque “Culture et cration, facteurs de dveloppement” ; Bruxelles ; accord de Florence ; protocole de Nairobi ; dition ; diteurs. MarieMartine Buckens.

PAGE 62

La contribution du secteur du tourisme aux interventions d’aide au dveloppement progresse depuis quelques dcennies. Les raisons sont lgion : les besoins d’investissement, la reconversion des agriculteurs, l’augmentation de la demande europenne pour les destinations exotiques, etc. Les consultants et les organisations internationales du secteur disent que le baromtre reste au beau fixe, certes, mais se concentrer sur l’cotourisme et le tourisme culturel, est-ce vraiment un moyen d’viter une baisse annonce ? L’accroissement global des flux vers le continent africain est exclusivement imputable l’explosion du tourisme en Afrique du Sud. Les chiffres du tourisme se maintiennent en Egypte, car les destinations culturelles attirent toujours les visiteurs. D’autres pays d’Afrique du Nord et d’Afrique centrale accusent des chiffres en baisse et bon nombre d’entre eux connaissent une saturation du march, qui devrait tre suivie d’une diminution en croire la thorie du “cycle” d’un modle conomique. Ces prvisions se basent sur des projections mathmatiques et des calculs statistiques. Pour les pays pauvres, l’accroissement dmographique ne gnrera pas d’afflux massif de touristes et, pour les pays riches, le vieillissement dmographique ne se prte pas l’essor des destinations exotiques puisque les plus gs sont plus susceptibles d’carter des destinations qui impliquent des transports inconfortables, le manque frquent de conditions d’hbergement de qualit, des risques pour la sant et la scurit personnelle et de pitres conditions sanitaires. De plus, de grandes tudes de march rcentes – ralises l’aide de critres et de concepts hautement sophistiqus, notamment de nouvelles thories de bioconomie ou de neuroconomie, d’conomie comportementale et de neurosciences – rvlent que dans la gnration x (soit les personnes nes entre 1965 et 1980), suivie par celle des baby-boomers (qui sont ns entre 1950 et 1965), il y a une tendance au tourisme culturel et l’cotourisme. Par voie de consquence, la niche du tourisme exotique devrait se rduire comme peau de chagrin – mesure que les nouveaux groupes de touristes se mettront suivre des tendances similaires celles des plus gs en matire de confort, de service et de qualit.> Non au dmodDe plus, les touristes prfrent ce qui est tendance ou glamour et se dtournent de ce qui est dmod, classique ou traditionnel. Les nouveaux adeptes de la forme et du bien-tre ne sont pas ngliger non plus. Ils ne s’intressent pas la vie sauvage et se mfient des environnements qui leur sont peu familiers. Ces touristes prfrent la plage la montagne, et leurs excursions culturelles se limitent quelques incursions sur les sentiers battus de sites touristiques. Autre facteur aggravant : seuls quelques pays sont capables de dvelopper le tourisme de masse, ce qui rduit les incitations dvelopper le secteur du tourisme. Contrairement d’autres secteurs, le tourisme ne bnficie pas dans une grande mesure de l’impact positif des technologies de l’information et de la communication. Quelles conclusions tirer pour dvelopper la niche des destinations exotiques dans le secteur du tourisme avec l’abandon de l’approche traditionnelle qui consiste promouvoir un territoire particulier et l’adoption d’un nouveau concept sophistiqu bas sur le principe de la gestion du systme de destinations ? Aucun facteur n’est ngliger dans le cadre d’un nouveau mode de “gestion du systme de destinations” : la scurit, la sant et les conditions sanitaires, l’accs et les transports, la devise et les services bancaires, la rglementation, le niveau de prix, la formation professionnelle et le suivi. Les grands sites touristiques rentables doivent tre prservs dans le cadre de nouveaux programmes de gestion. Enfin, l’ensemble de l’entreprise doit tre bas sur des critres stricts de durabilit, pour garantir la stabilit long terme du march. Si l’objectif conomique premier est de rduire le chmage et la pauvret, l’un des moyens les plus viables est de promouvoir l’cotourisme et le tourisme culturel petite chelle et leurs spcificits, sur le modle des centres existants de tourisme durable intgr dans un programme de dveloppement rural, c’est--dire un systme qui intgre le tourisme, l’agriculture, l’utilisation d’nergies renouvelables, l’aide sociale et les infrastructures ducatives. * Professeur de choix public l’Universit Lumsa de Rome ; expert senior bnvole des Nations Unies, actuellement conseiller du ministre malien du Tourisme. 61 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 Crativit Le centre touristique de Teiya Bugu in Mali, un modle de tourisme durable. Photo d’Igino Schraffl.A droite : Mali, Mosque de Djenn, le plus grand difice en terre crue adobe du monde.Photo d’Igino Schraffl. Mots-clsTourisme; Afrique.

PAGE 63

Lorsque Rokia Traor monte sur scne, tout ce qui se trouve autour d’elle se met vibrer. C’est croire que cette silhouette frle – mais seulement en apparence – libre une nergie ancestrale. Ses musiciens se sont peine chauffs qu’elle se met danser. Monte alors sa voix, vibrante et d’une lgance sensible, qui vient charmer notre oue. Rokia est ne Kolokani, dans le Nord-Ouest du Mali. Enfant, elle a eu la chance de voyager de nombreuses annes avec son pre, diplomate malien. C’est ce contact avec la musique de diffrents pays – des Etats-Unis l’Algrie, de l’Arabie Saoudite la Belgique – qui lui a donn l’envie prcoce de se lancer dans l’aventure musicale. Ce n’est toutefois qu’ son retour au Mali qu’elle parvient donner forme la musique qui la caractrise : “ni de la pop ni du jazz ni du classique, plutt de la musique contemporaine utilisant des instruments traditionnels” (ngoni, balafon et kora). Rokia nous invite nous dfaire de nos prjugs sur la musique africaine, sur ce qu’elle doit tre et ne pas tre. En 1997, ge de 23 ans seulement, Rokia dcroche le prix de Radio France Internationale dans la catgorie “Rvlation africaine de l’anne”, un honneur remport par le Malien Habib Koit en 1993. Dans les annes qui suivent, Rokia enregistre et part en tourne dans le monde entier, l’occasion pour elle de continuer dvelopper ses ides musicales, d’enchanter le public aux quatre coins du monde, mais aussi de dranger les adeptes d’une musique du monde plus conservatrice. L’anne dernire, la sculpturale chanteuse a sorti un nouvel album, intitul Tchamantch. Un album qui impressionne le public, provoquant une rvolution pareille ses albums prcdents (Mouneissa, 1997, Wanita, 2000, Bowmboi, 2003). Cette fois-ci, les sonorits s’occidentalisent la faveur des instruments europens (guitare Gretsch par exemple) et du mixage, assur par Phil Brown (qui a travaill entre autres avec des artistes comme Bob Marley). L’album reste malgr tout fidle aux vibrations purement africaines. Pourquoi ? Rokia, une fois de plus, nous en explique la raison : “Car la musique est fonction de la personne qui la fait, et je suis Africaine. Mais j’appartiens la nouvelle gnration, et je vois donc l’Afrique et notre musique d’une autre faon.” Comme d’habitude, la chanteuse chante en bambara, sauf les morceaux Aimer et The man I love, une reprise du fameux morceau de Billie Holiday. Ses textes abordent des thmes du quotidien, mais voquent aussi la ralit politique et sociale, comme la dlicate et dramatique question de l’immigration (Tounka). Dounia est au contraire un appel aux habitants du Mali, qui ne doivent pas ranger dans un tiroir leur pass glorieux (la vido du morceau est galement trs intressante). Ddi Ali Farka Tour, ce nouvel album illustre la perfection la recherche d’un quilibre culturel, comme l’indique d’ailleurs son titre, qui signifie “quilibre” en bambara. Malgr la volont d’volution perceptible dans cet album, la musique de Rokia semble nouveau incarner une nouvelle conception de la musique africaine, ni “traditionnelle” ni “contemporaine” ni “fusion”. Sa voix s’est pure, les sonorits rappellent davantage le blues, mais elle continue, doucement et inexorablement, monter, avec une force incroyable. L’AFRIQUE la rencontre DU BLUES Mots-clsRokia Traor ; musique ; Afrique ; Mali ; Ali Farka Tour.Elisabetta Degli Esposti Merli Crativit 62 Rokia Traor. Richard Dumas

PAGE 64

63 N. 11 N.S. – MAI JUIN 2009 A ux plus jeunes SPORT ET DVELOPPEMENT de POV** Dessinateur de Madagascar

PAGE 65

64 Vos points de vue et vos ractions nous intressent. N'hsitez pas nous en faire part. Adresse : Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles (Belgique) courriel : info@acp-eucourier.info site internet : www.acp-eucourier.infoCalendrier Au sujet de l’article Le prix carbone des forts (Numro 9) En Angola, 80% de la population vit dans des zones rurales et fait usage de la fort. De bons rsultats seront possibles grce de petits projets nergtiques mini-hydriques et solaires et la distribution de gaz butane en conjonction avec des projets de reboisement. Mais la mise en place de ces projets devrait tre assure par des entits indpendantes et non par les tats.Jos Flix de Caravalho Jnior (Brsil)Le Courrier est un prcieux outil de travail pour des chercheurs qui s'intressent aux relations ACP-UE. J'ai apprci positivement l'article sur L’impact de la crise sur l’Afrique vu par les experts africains. L’analyse est raliste, et les effets de la crise dvelopps par les spcialistes africains commencent se faire sentir dans les pays comme le ntre.Onana Nga Ferdinand (Chercheur – Cameroun). Droit de rponse Le Secrtariat ACP demande que soient corriges les informations donnes par Mme Charity Maruta dans l’article de la page 7 du dernier numro du Courrier ACP-UE. Mme Maruta avait dclar “J’ai reu 150.000 euros de la CE au titre du Fonds pour les films ACP pour la production d’un long mtrage, mais je n’ai pu accepter ce montant faute d’avoir pu runir les fonds qui me manquaient encore”. La procdure d’valuation n’est pas encore termine et est confidentielle. La procdure n’tant pas termine, nul ne peut avoir communiqu quoi que ce soit Mme Maruta concernant ce projet au moment de sa dclaration.La parole aux lecteurs J uillet 2009> 5-20 Festival culturel panafricain d’Alger 2009 Festival prsentant diffrentes formes d’art : le thtre, le cinma, la littrature, les bandes dessines, la musique, les arts plastiques, Alger, Algrie Web: http://www.panafalger2009.dz > 6-8 Confrence mondiale sur l’enseignement suprieur (+10) L’UNESCO accueillera la Confrence mondiale sur l’enseignement (+10) pour dresser un tat des lieux des progrs raliss depuis la premire confrence tenue en 1998, Paris, France. Website: www.cepes.ro/forum/ welcome.htm> 22-02 30e Festival international du film de Durban Projection de plus de 200 films issus des quatre coins du monde. L’accent sera plus particulirement mis sur les films d’Afrique du Sud et d’Afrique, Durban, Afrique du Sud. Web: http://www.cca.ukzn.ac.za Aot > 3-6 Enseignement distance et enseignement destin aux enseignants, Cape Coast, Ghana. Web: http://www.deta.up.ac.za/> 31-04 Confrence mondiale sur le climat, Genve, Suisse Septembre> 24-28 Perspective africaine 2009 : le centre-ville africain (re)ssourc, Pretoria-Tswhane, Afrique du Sud. Web: http://architectafrica.com/ AFRICAN-PERSPECTIVES2009 http://www.africanperspectives.nl/ > 28-01 17e session de l’assemble parlementaire ACP et runions intersessionnelles de l’assemble parlementaire paritaire ACP-EU, Bruxelles, Belgique. JUILLET – SEPTEMBRE 2009