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DCOUVRIR L’EUROPEUne Bohme tchqueDCOUVRIR L’EUROPEUne Bohme tchqueDOSSIERFaire la paix avec l’eau et la terreDOSSIERFaire la paix avec l’eau et la terreN. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009REPORTAGELa rue vers l’AngolaREPORTAGELa rue vers l’AngolaC urrierLe magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenneLe
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Conseil Editorial Co-prsidents Sir John Kaputin, Secrtaire gnral Secrtariat du Groupe des Etats ACP www.acp.int M. Stefano Manservisi, Directeur-Gnral DG Dveloppement ec.europa.eu/development/ Rdaction Directeur et Rdacteur en chef Hegel Goutier Jounalistes Marie-Martine Buckens (Assistante Rdacteur en chef) Debra Percival Assistant Editorial et Production Joshua Massarenti Ont particip ce numro Jeronimo Blo, Elisabetta Degli Esposti Merli, Sandra Federici, Malcolm Flanagan, Marlene Holzner, Musambayi Katumanga, Andrea Marchesini Reggiani et Joshua Massarenti Relations publiques et Coordination artistique Relations publiques Andrea Marchesini Reggiani (Responsable Relations publiques et rseaux ONG et experts Coordination artistique Sandra Federici Concepteur Graphique, Maquette Orazio Metello Orsini, Arketipa; Lai-momo Roberta Contarini, Filippo Mantione Distribution Viva Xpress Logistics (www.vxlnet.be) Gestionnaire de contrat Claudia Rechten Gerda Van Biervliet Couverture Spectacle nocturne de lumire Luanda, le nouveau Quartier Gnral de la Chine en Afrique, 2009. Debra Percival Quatrime de couverture Le desert avance prs de Tombwa, Namibe province. (Angola) Massimo Pronio Contact Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles Belgique (EU) info@acp-eucourier.info www.acp-eucourier.info Tl : +32 2 2374392 Fax : +32 2 2801406 Publi tous les deux mois en franais, anglais, espagnole et portugaisPour toute information concernant l’abonnement, veuillez consulter notre site web www.acp-eucourier.info ou contacter info@acp-eucourier.info Editeur responsable Hegel Goutier Consortium Gopa-Cartermill Grand Angle Lai-momoLe Secrtariat ACP et l’Union europenne, membres du Conseil Editorial de la revue, dclinent toute responsabilit quant aux positions prises dans les articles du magazine Le Courrier. Le consortium et la rdaction dclinent toute responsabilit quant aux articles crits par les rdacteurs extrieurs l’quipe de rdaction et par tout rdacteur invit. Notre partenaire privilgi____________________ L’Espace Senghor est un centre qui assure la promotion d’artistes venus des pays d’Afrique, culturel entre communauts, au travers de programmes varis allant des arts scniques, de la musique, du cinma, la tenue de confrences. S’y rencontrent belges, immigrs d’origine diverses, fonctionnaires europens.Espace Senghor Centre culturel d’Etterbeek Bruxelles, Belgique espace.senghor@chello.be www.senghor.be C urrierLe Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne www.acp-eucourier.infoVisitez notre site internet ! Vous y trouverez les articles, le magazine en pdf et d’autres infos
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SommaireLE COURRIER, N.10 NOUVELLE SERIE (N.S)N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009EDITORIAL 3SANS DTOURAsha Hagi, une femme pour transcender les divisions claniques 4ROUND UP 6DOSSIERACP. Proprit des terres. Situation passable. Proprit de l’eau. CatastrophiqueL’eau en Afrique. Dissolution d’un bien vital 12 Afrique. En dpit de tout, pas de paysans sans terre 14 Carabe, situation plutt quitable 17 Pacifique. Enfin l’adaptation 18 Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe. Nuances dans les conflits de la terre 19 Les grands travaux de l’Union Africaine 20INTERACTIONSLutte contre la pauvret : une rorientation des politiques de l’UE en faveur des personnes avec un handicap s’impose 21 Interconnecter l’Europe et l’Afrique 23 Les “Etats-Unis d’Afrique†de Mouammar Kadhafi 24 La Zambie, premire bnficiaire du nouvel instrument budgtaire de l’UE – le Contrat OMD 25 Les Iles Salomon prennent les rnes du groupe ACP 25 Philanthropie et pauvret 26ZOOMGros plan. Une journe dan la vie de Cheik Oumar Sissoko 28COMMERCEAPE. “Il nous faut un minimum de protection†30 Les exportations des Carabes et le dfi des APE 30 Fairtrade ouvre la voie aux planteurs de bananes des les du Vent 31DE LA TERRELa mdecine traditionnelle prend des galons 32REPORTAGE Angola. 2002 : L’An unUne croissance rapide aprs une guerre interminable 35 Une dynamique de diversification 37 L’aide octroye par la Commission europenne est roriente de l’aide d’urgence vers le renforcement des capacits 38 Participation des communauts une initiative de gestion de l’eau 40 L’opposition remet en question la force du gouvernement au sein de l’Assemble nationale 41 Les Angolais devraient mieux connatre leurs droits, selon les ONG 43 Le pays du baobab 44 L’Angola retrouve sa place dans l’histoire 46DCOUVRIR L’EUROPE Une Bohme tchqueLa Bohme, au carrefour de l’Orient et de l’Occident 48 Des larmes de cristal 49 Coopration. Un vent frais venu d’Europe centrale 50 Prague, bohme et indpendante 52 Une ONG fille de la “rvolution de Velours†53 Martina, fille de l’Europe 53 S’enivrer d’une incroyable richesse 54CRATIVIT L’Afrique du Sud en noir et blanc 55 La vitalit de la cration africaine contemporaine 56 Fespaco 40e anniversaire. Sous le signe de l’ouverture et de l’excellence 57 Maxy. Queen of Sands and African ethos 58AUX PLUS JEUNESDe jeunes ambassadeurs europens pour l’Afrique 59LA PAROLE AUX LECTEURS/CALENDRIER 60Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne
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Jrgen Schadeberg, Sophiatown (We wont move), 1955, imprim en 2006. Avec l’aimable autorisation de la Galleria L’Ariete artecontemporanea, Bologna.
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Afrique. La fascination en trop. L’Afrique semble avoir t mieux connue – connue en mieux – dans le pass lointain. Ce vrai reporter et chercheur qu’tait Hrodote l’avait approche avec la distance requise du journaliste ou du scientifique. En ce Ve sicle av. JC, il est all jusqu’ parler de pygmes. Mme si c’est un de ses contemporains, Socrate, qui, tout en n’ayant visit que l’Egypte, restera le plus connu pour ses transferts de connaissances de l’Afrique vers l’Europe via la Grce, grce l’Apologie de Socrate, Criton et Phdon de son disciple Platon. Hrodote va dfendre et illustrer, entre autres, que les dieux grecs viennent d’Egypte et du territoire des Ethiopiens qui reprsentait toute la partie d’Afrique de l’Est qu’il a explore. De l, il a essay de mettre en vidence une arrogance infonde des Grecs – transmi se l’Europe – vis--vis des autres civilisations. Il le prcise dans son uvre unique, Histoires. “Hrodote d’Halicarnasse prsente ici ses enqutes pour que les uvres des hommes et leurs faits ne tombent pas dans l’oubli et dans le but de dcouvrir pour quelles raisons Grecs et Barbares (NDLR : Asie) se font la guerre.â€. Dans chaque conflit, il voulait remonter jusqu’ “qui le premier a commis une injustice†et ses causes premires. Celui qui a fait redcouvrir le regard d’Hrodote est un n’a pu publier ses uvres fortes, parmi lesquelles cel les que lui a inspires ce continent, Ngus ou Ebne , que l’Afrique “a aid le Nouveau monde devancer l’Ancien en lui fournissant sa main d’uvre et en difiant sa richesse et sa puissance. Puis aprs s’tre vid pendant des gnrations entires, le continent dpeupl et exsangue, est devenu la proie facile des colons europens.†Il relve, comme pour en souligner une menace latente, la fascination des hommes pour l’aura de mystre de l’Afrique qui “devait receler, un point rougeoyant enfoui dans ses tnbresâ€. Tel homme politique ou expert interpell sur ses actions vis--vis de l’Afrique peut commencer par rpondre benoitement :“J’aime l’Afrique†alors que pareils prolgomnes paraitraient superflus pour Isral ou les Etats-Unis. Beaucoup considrent aujourd’hui que les nouveaux Etats membres de l’UE de l’Europe de l’Est se sentent moins impliqus en Afrique parce qu’ils ne la connaitraient pas ! Les reportages que le Courrier a raliss rcemment sur la Transylvanie ou la Slovnie et sur Prague dans le numro actuel ont plutt rvl des regards profonds, perspicaces sur le continent africain. Dans l’autre sens. Le cinma africain par exemple, comme l’a mont le rcent Fespaco, se voit et voit de plus en plus le monde sans essayer d’emprunter le regard de l’autre ni d’tre folklorique pour lui. Les progrs raliss par l’Angola et sa politique de coopration, moins affecte par les vielles lunes du pass vont dans le sens de cette distanciation. De mme, comme le montre notre dossier, le fait que l’Afrique chappe au spectre du paysan sans terre grce au recours – mme mitig –, aprs la colonisation, ses propres principes traditionnels de proprit terrienne. La fascination dans un sens ou dans l’autre est parfois de trop. Hegel Goutier Directeur et Rdacteur-en-chef 3Editorial N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009
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4 Asha Hagi, une FEMME pour transcender les divisions claniques I du Luxembourg Bruxelles. Dans un restaurant faisant face aux tours de verre du Parlement europen, Asha Hagi peine terminer son assiette de crudits. La veille, elle tait Stockholm pour recevoir des mains des dputs sudois le “Right Livelihood Awardâ€, plus connu sous le nom de “Prix Nobel Alternatifâ€. Un prix qui lui a t remis “pour ses actions qui ont permis aux femmes de participer au processus de paix et de reconstruction dans son paysâ€. Des actions que, malgr la fatigue et l’motion, elle va prsenter dans une heure aux eurodputs. Le pays d’Asha Hagi ? La Somalie. Pays en plein chaos, abandonn par la communaut internationale, dlaiss par les ONG, la Somalie Le combat d’Asha Hagi pour restaurer la paix A l’poque, elle fonde le “Save Somali Women and Children†(SSWC) (Sauver les femmes et enfants de Somalie). “C’tait la premire organisation somalienne s’affranchir des barrires des clansâ€, nous dit-elle, poursuivant : “ce faisant, nous tions trs en avance, car les femmes comme la plupart de la population sont leves dans la loyaut du clan ; et les premires annes furent trs dures et dangereusesâ€. Celle qui est toujours prsidente du SSWC ajoute : “Une des premires choses que nous avons d faire, si nous voulions faire des femmes des ambassadrices pour la paix, c’tait de les dissuader de soutenir la guerre ! C’est une ralit, les femmes ont fortement contribu la guerre en s’occupant de tous les aspects logistiques. Mais elles n’avaient pas conscience qu’elles en taient les premires victimes. Elles ont perdu mari, frres et enfants. Des femmes ont t tues, violes, tortures.â€> Le Sixime clanAprs plus de 10 annes de guerre civile, l’espaix et la rconciliation en Somalie se droule Djibouti. “J’avais t invite participer au symposium de prparation cette confrence. Seulement trois femmes furent invites, trois femmes sur soixante participants somaliens.†Un symposium qui dcide que la confrence pour la paix serait convoque sur la base de l’organisation clanique. “Ce qui signifiait l’exclusion de facto des femmes.†Asha Hagi se bat. Obtient du prsident de Djibouti 100 places pour sa dlgation. “Comme la participation la confrence tait base sur l’organisation S ans dtour Marie-Martine BuckensAsha Hagi, une FEMME pour transcender les divisions claniquesRencontre avec le prix Nobel alternatif 2008, rcompense du combat d’une femme dans un pays domin par des “seigneurs de guerreâ€. The Right Livelihood
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5 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 clanique (NDLR : qui compte cinq principaux clans), nous avons donc dcid de crer notre propre clan pour tre pied d’galit avec les autres.†Le Sixime clan tait n. nale Mbagathi (Kenya) ouvre un nouveau cycle de ngociations qui dbouche sur la signature d’un accord de paix. “Huit personnes l’ont sign. J’tais l’une d’entre elles.†La confrence de Mbagathi a galement permis des avances telles que l’introduction de quotas pour les femmes, la cration d’un ministre en charge des questions lies aux femmes et aux affaires > Ne pas abandonnerAsha Hagi est alors membre du Parlement fdral de transition. Elle en est exclue par les seigneurs de guerre, soutenus par les troupes thiopiennes qui ont envahi Mogadiscio, capitale du pays. Menace, elle fuit le pays. “Je vis une mre, une femme. J’ai une famille que je dois protger.†Car cette conomiste, titulaire d’un Master, lve trois enfants, de 15, 11 et huit ans. “Ils taient tous prsents Stockholm, hier. C’tait important ; qu’ils soient fiers, que tout ce que leur maman a fait ces dernires annes, jours et heures, en valait la peine.†Asha Hagi ne cache pas la fatigue, la peur viste de la paix a t tu Mogadiscio. Mon fils m’a alors dit : ces gens faisaient la mme chose que toi ; qui sera le troisime ? J’ai rpondu : seul Dieu le sait.†Elle poursuit : “une nuit, j’ai appel mon mari et mes enfants, leur disant que c’tait trop dur, que je pensais abandonner. Ma fille est sortie de la chambre et a ramen les diffrents prix que j’avais gagns auparavant, me disant : tu vois tous ces prix, ils ne t’ont pas t donn pour rien ; ils symbolisent des choses importantes que tu as faites ; mon conseil est donc de ne pas abandonner.†Il est bientt 19 heures. On l’attend au Parlement europen. Que dira-t-elle aux eurodputs, aux autres responsables des institutions europennes qu’elle doit rencontrer le lendemain ? “Que l’UE continue et renforce son soutien aux ngociations de Djibouti pour la paix et la rconciliation en Somalie, seul espoir que nous avons pour le moment. Je lance galement un appel pour la mise en place d’un rel partenariat avec la socit civile somalienne. Nos acquis sont fragiles.†Mots-clsAsha Hagi ; Right Livelihood Award ; Prix Nobel alternatif ; Somalie ; Sixime clan ; SSWC. PRIVILGIER LES INITIATIVES LOCALES ET CONCRTESEn 1980, Jakob von Uexkll, journaliste et philatliste professionnel, contacte les responsables de la Fondation du prestigieux Prix Nobel. Son ide : tendre le prix deux autres catgories, une consacre l’cologie, l’autre relatives aux conditions de vie des populations pauvres. Il propose d’y contribuer financirement. Il estimait en effet que les catgories du prix Nobel (physique, chimie, mdecine, littrature et paix) avaient une porte trop limite et taient trop concentres sur les intrts des pays industrialiss pour tre en mesure de rpondre aux dfis actuels de l’humanit. Jakob von Uexkll se heurtera une fin de non recevoir de la part de la Fondation Nobel. La mme anne, il dcide de lancer son prix indpendant, le Right Livelihood Award. Chaque anne depuis, il rcompense des personnes ou associations qui “travaillent et recherchent des solutions pratiques et exemplaires pour les dfis les plus urgents de notre monde actuelâ€. Son jury, qui change tous les ans, est compos de personnalits minentes issues du monde associatif, politique, scientifique ou priv. Depuis 1985, le prix est prsent au Parlement sudois, la veille de la remise des prix Nobel. Le prix, de 250.000 euros, est partag entre les laurats, habituellement au nombre de quatre. Cette anne, ce sont quatre femmes qui ont t rcompenses. Sans dtour The Right Livelihood
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“ S’il y a une vritable leon tirer de la difficile exprience de ces dernires dcennies en matire d’art de gouverner, c’est clairement que la construction nationale vocation d’homognisation ne peut russir.†Cette citation de Carwford Young, professeur l’universit de Wisconsin, est reprise en exergue du rapport tabli par la dpute sud-africaine Ruth Magau et le polonais Filip politiques, a t prsent l’Assemble paritaire lors de sa session Prague, le 9 avril. La diversit en elle-mme, note le rapport, n’est pas un problme pour la dmocratie. Mais, ajoutent-ils, “un conflit peut apparatre lorsque des dirigeants instrumentalisent la diversit et font des minorits des boucs missaires politiques. Le dfi reste de trouver des options qui renforcent et facilitent l’interaction pacifique entre l’Etat et la socitâ€. La rsolution adopte esquisse certaines de ces options. Parmi elles, la priorit donner des projets ciblant l’exclusion. La rsolution insiste aussi sur le rle des organisations rgionales dans la promotion des principes de non-discrimination. Sur le plan ducatif, les dputs sont formels : il faut garantir l’ducation multiculturelle au sein d’un systme unifi et non permettre des institutions spares bases sur les communauts. M.M.B. T our d’horizon CONCILIER DIVERSIT et dmocratie, le difficile pariL’existence de minorits – ethniques, religieuses ou culturelles – est une ralit commune aux pays d’Afrique, Carabes et Pacifique (ACP) et de l’Union Europenne (UE). Parfois sources de conflits, en sont-elles pour autant un obstacle la dmocratie ? Non, estiment les dputs de l’Assembl paritaire ACP-UE qui, dans une rsolution, exhortent mettre le droit des minorits au centre de tous les programmes de dveloppement. LES DFISLe rapport identifie cinq dfis relever pour permettre une intgration dmocratique de la diversit : L’exclusion et l’ingalit. Le rapport value 900 millions le nombre de personnes appartenant des groupes dont la participation fait l’objet d’une certaine exclusion. Migration. Le phnomne risque de s’amplifier entre pays en dveloppement en raison des politiques d’immigration restrictives dans les pays industrialiss, la crise alimentaire et le changement climatique. Construction nationale. L’histoire europenne, expliquent les dputs, montre qu’il a fallu beaucoup de temps pour assurer une identit collective et un sens de la solidarit. C’est donc singulirement vrai pour des Etats dont les frontires ont t cres artificiellement par le colonialisme. D’o l’importance d’une intgration l’chelle rgionale, voire continentale. Ressources naturelles. Le rapport souligne le risque de conflit entre deux concep tions antinomiques d’accs la terre : celui accord aux peuples indignes et celui de l’Etat qui abrite ces populations. Libert culturelle. Le dfi, souligne le rapport, est de concevoir une libert culturelle axe sur des choix individuels et non sur la prservation des normes traditionnelles (telle que le non-accs des femmes aux ressources conomiques et aux instances politiques, la mutilation sexuelle). 6 Un dplac kenyan au commissariat de police de Tigoni prt rentrer chez lui aprs avoir t contraint de fuir son village en raison des violences post lectorales, fvrier 2008. Allan Gichigi/IRIN
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N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 7 Tour d’horizon Quelles sont vos activits au Zimbabwe ? ans, j’ai dcid de crer International Video Fair Trust (IVFT) afin que les gens puissent voir des films traitant des citoyens faibles revenus. En Afrique, vous devez vous occuper de tout : quand on est fondateur d’une organisation cinmatographique, on en est aussi le crateur, le producteur le ralisateur et le chauffeur. Votre organisme est-il une ONG ou une entreprise prive ? Il s’agit d’un fonds aliment par les gouvernements de divers pays. Notre principal donateur est la coopration sudoise, qui nous a offert un soutien total d’un million de dollars en trois ans, nous permettant de distribuer dans les pays d’Afrique australe des films sur le VIH. L’ambassade de Norvge nous a apport une aide formidable, tout comme le Canada. Nous avons galement bnfici de la coopration de l’organisation “Africalia†pour la distribution et la promotion du cinma africain. Les Britanniques et les Amricains n’ont pas non plus t en reste. Notre conseil d’administration compte maintenant cinq membres, chacun dot de comptences spcifiques : un consultant en dveloppement, un journaliste, un conseiller en bonne gouvernance, un avocat et moi-mme. Notre proccupation principale a trait la promotion et la distribution des films : nous faisons des films, mais qui les regarde ? Comme nous avons mis en place un rseau de distribution, je vais pouvoir me remettre tourner des films. Des films sur quoi ? J’ai acquis mon exprience en faisant des documentaires mais j’aimerais tourner des longs mtrages. J’ai une proposition mais l’argent ncessaire est difficile trouver. La Commission europenne, par l’intermdiaire du Fonds d’appui ACPFilms, tait bien prte m’octroyer 150 000 euros, mais je n’ai pas pu accepter cause de l’impossibilit de trouver le restant des capitaux. Le scnario du film en question, “Echoing Silencesâ€, concerne la lutte pour la libration (en Afrique). Il met en vidence le traumatisme vcu par un pays qui entre en guerre. Ce n’est jamais une bonne ide d’entrer en guerre mais, bien sr, quand on le fait, on essaie de justifier le fait qu’on tue d’autres gens. Le scnario parle d’un type de traumatisme dont on ne s’occupe pas de faon consciente. De nos jours, les gens souffrent-ils davantage parce qu’ils vivent dans des villes, alors qu’avant ils parvenaient trouver de l’aide au sein de leur communaut ? C’est l’histoire d’un jeune homme qui, la fin des annes 1970 [une priode capitale pour les mouvements de libration africains], frquente l’universit en Rhodsie rentre chez lui pour constater qu’une IMPRESSIONS du pays d’une Zimbabwenne au FESPACOCharity Maruta est la cinaste zimbabwenne qui a cr International Video Fair dans le but de distribuer en Afrique des films consacrs aux citoyens africains. Nous l’avons interviewe au dbut du mois de mars, alors qu’elle participait pour la premire fois au Festival panafricain du cinma et de la tlvision de Ouagadougou (FESPACO), o elle avait t invite par “Africaliaâ€, une organisation culturelle et artistique belge. Elle nous a parl de la difficult de trouver des fonds pour faire des films en Afrique et livr ses rflexions concernant son pays. Hegel Goutier Femmes avec leurs enfants au sein de l’Hpital St. Albert (200 km au nord de Harare, Zimbabwe), o elles suivent la thrapie pharmacologique grce au support de l’Ong italienne Cesvi. (www.cesvi.org). Cesvi
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8 Tour d’horizon famille rhodsienne chasse sa propre famille du lieu o elle a vcu pendant des annes. Le jeune homme dcide de se joindre la lutte mene au Mozambique. Ses compagnons du combat pour la libert tant d’origine paysanne, il est d’autant plus tourment car, arm de sa formation et de ses livres, il veut leur apprendre lire et crire. Mais le commandant du camp militaire, qui n’a pas son niveau d’instruction, se sent menac par le jeune homme. Ces deux personnages deviennent donc des ennemis naturels. A mon avis, qu’ils soient ou non en guerre, les peuples africains sont traumatiss parce qu’ils vivent dans des conditions extrmes. Ils n’ont ni eau ni logements ni enseignement de qualit. On trouve des gens qui ne sont pas conscients de leur place dans le monde du travail. Quant moi, pour trouver les fonds ncessaires (1,5 million de dollars), je dois trouver un producteur international qui tomberait amoureux du scnario. Celui-ci est dj prt en version franaise et anglaise, mais je l’ai mis en attente jusqu’ ce que ces fonds puissent tre runis. Aujourd’hui, quel est le degr de dynamisme de la socit civile au Zimbabwe ? Elle est trs dynamique. Je crois que nous nous renforons de plus en plus. Toutes sortes d’organisations de la socit civile examinent et documentent les diverses situations vcues dans le pays. C’est notamment le cas de “Mdecins pour les droits de l’hommeâ€. Notre lutte pour la libert est la plus documente de l’histoire. Cependant, le rseau form de la sorte n’est pas actif qu’au Zimbabwe. A l’extrieur, des gens tudient les problmatiques d’un point de vue juridique international. La presse internationale met en vidence le gouffre qui spare l’opposition et les partisans du gouvernement. A cause de ce que nous avons vcu, nous sommes devenus beaucoup plus ralistes. Nous regardons la situation sans nous voiler la face. A mon avis, nous sommes un seul peuple. Je considre aussi que Robert Mugabe est le pre de Morgan Tsvangirai. Il s’agit d’une question de pre fils et nous avons besoin d’un tel change. Dans la culture africaine, on ne s’oppose pas ses ans : c’est une question de respect. On vous dit ce que vous devez faire et vous le faites. Avec ma mre, c’est pareil. J’ai d un peu m’opposer elle, mais de faon constructive : tu es ma mre mais il y a une frontire qu’on ne peut franchir. Au Zimbabwe, tout tourne autour de la nouvelle gnration qui remet en question la plus vieille. Nous devons un peu couter cette vieille gnration et pas uniquement donner notre avis. Nous devons dire qu’en effet, nous avons quelque chose mettre sur la table, mme si nous sommes jeunes. Les choses vont mal au pays mais nous disposons d’excellentes infrastructures et, comme nous travaillons d’arrache-pied, nous avons trouv des emplois dans la rgion (voisine du Zimbabwe). C’est nous qui faisons fonctionner le secteur de l’accueil en Afrique du Sud. Les entreprises nous prfrent parce que nous sommes trs comptents et professionnels. Les femmes qui font du commerce transfrontalier maintiennent l’conomie zimbabwenne depuis dix ans. Bien qu’elles travaillent dans la rue, elles ont parfois une belle maison avec trois acquise grce notre mentalit de travailleurs. Que pensez-vous de l’image du Zimbabwe donne par les mdias occidentaux ? Cette image contient une certaine part de vrit. Cependant, cause de la faon dont la presse internationale traite l’actualit d’heure en heure, on ne nous donne jamais tout le contexte d’un fait, mais plutt des fragments. Prenons la situation du cholra au Zimbabwe, par exemple. Oui, c’est vrai que nous avons le cholra dans le pays : nous n’avons pas de gouvernement depuis plus d’un an, et nos infrastructures en souffrent. Toutefois, sur une chane d’information internationale, on a rcemment diffus l’image d’un bb endormi sur l’herbe. En ralit, ce bb n’tait pas malade : sa mre travaillait dans un champ proximit mais, tant donn que le reportage parlait du cholra, l’image suivante tait celle d’eaux uses non traites. Ces images n’avaient pas de rapport entre elles. Avant, nous avions un niveau de vie trs lev et on disait du Zimbabwe qu’il pourrait devenir la “Suisse de l’Afriqueâ€. Pendant cette priode, aux yeux de beaucoup d’habitants, Robert Mugabe tait un hros. Le moment est venu pour quelqu’un d’autre d’assumer le pouvoir parce que Mugabe n’est pas le seul Zimbabwen brillant. Pour en savoir plus : www.videofair.org.zw Entre principale du St. Albert, l’hpital partir duquel le Cesvi a lanc en 2001 son projet ‘Fermiamo l’Aids sul nascere’, un programme prventif contre la transmission du VIH/Sida d’une mre enceinte son enfant. Cesvi
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Tour d’horizon Rpute pour sa franchise, respecte par les reprsentants des pays d’Afrique, Carabes, Pacifique (ACP), Glenys Kinnock n’est pas la seule – au sein de l’Assemble parlementaire paritaire (APP) – quitter la scne europenne pour raison d’ge : l’Italienne Luisa Morgantini, l’Allemand Jurgen Schroeder, le Britannique John Bowis et le Danois Olle Schmidt feront de mme. Voil la seule certitude. Il faudra attendre le mois de septembre pour connatre la composition des diffrentes dlgations, lorsque le nouveau Parlement europen mettra en place ses commissions et nommera les 79 membres europens de l’APP. S’agissant des 79 membres ACP de l’Assemble paritaire, ceux-ci changent en fonction de leur calendrier lectoral national et n’ont donc pas la certitude de rester pendant les cinq annes d’investiture du Parlement europen. A l’exception toutefois des parlementaires ACP membres du Bureau de l’APP et des trois commissions permanentes (affaires politiques, conomiques, sociales et environnement) qui changent tous les deux ans. La prochaine rotation aura lieu en novembre se droulera en Angola. M.M.B. REDISTRIBUTION DES CARTES au Parlement europenEn juin, 492 millions d’lecteurs des 27 Etats de l’Union Europenne se rendront aux urnes afin d’lire leurs reprsentants au Parlement europen. L’occasion de rafrachir les listes des commissions parlementaires. Ce sera le cas en particulier de la commission charge des questions de dveloppement, o la combative Glenys Kinnock, coprsidente aussi de l’Assemble paritaire ACP-UE depuis 2002, part la retraite.Musambayi Katumanga* L’effondrement des droits civiques au KENYAFin dcembre 2007, l’lection prsidentielle kenyane est marque par des affrontements sanglants dont le bilan s’lve plus de 1.500 morts et 300.000 dplacs. En agitant le spectre du gnocide rwandais, certains mdias n’ont pas hsit parler de haines ethniques, pour d’autres la crise avait surtout des ressorts politiques et conomiques. Retour sur les raisons profondes qui ont secou le Kenya et traumatis une Communaut internationale longtemps satisfaite de la stabilit politique de ce pays africain.N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 9 Un garon jouant avec un faux pistolet fabriqu partir de boue, dans le bidonville de Mathare, Nairobi. Mathare est un des cinq plus grands bidonvilles du Kenya et un parmi les plus dangereux. Manoocher Deghati/ IRIN
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10 Le Kenya a plong dans un chaos de nature provoquer l’effondrement brutal d’une socit, les institutions charges de la scurit de l’Etat tant sollicites au maximum de leurs capacits, et cela depuis la dclaration du “vainqueur†des lections du dcapitation de l’Etat l’origine de cette catastrophe, il nous faut revenir sur ce que Leonard Bindera a appel la crise de l’Etat-nation laquelle de nombreux pays africains, parmi lesquels le Kenya, n’ont pas apport de solution, mettant plutt de l’huile sur le feu depuis l’indpendance. Cette crise peut revtir cinq formes ; la premire tant la crise des institutions. Dans le cas du Kenya, celle-ci s’est manifeste par des niveaux limits d’intgration des infrastructures sociales et conomiques au sein de l’Etat. Avec pour consquence l’incapacit de celui-ci de librer des ressources inexploites tout en favorisant le maintien d’“conomies termitesâ€, pour reprendre les termes du spcialiste Thandika Mkandawire. D’o, au final, des communauts figes au sein de leur espace ethnique. Cette crise des institutions se manifeste galement dans la capacit rduite de l’Etat dominer les instruments de violence pour faire respecter le droit et l’ordre public. Des pans entiers de l’Etat kenyan sont ainsi tombs entre les mains de groupes organiss d’autodfense. Deuximement, cette crise est aussi une crise d’affectation et de rpartition des ressources entre les divers groupes sociaux. Dans une socit essentiellement agricole comme au Kenya, les terres sont l’une des ressources les plus critiques. Et celles-ci sont restes au cur du conflit kenyan. Cette crise foncire trouve son origine dans l’alination brutale des terres, qui a priv les paysans de leurs cultures. En troisime lieu, la crise “africaine†prend aussi la forme d’une crise de participation. Celle-ci se manifeste par l’incapacit de l’Etat mettre en place les ressources dmocratiques ncessaires pour faciliter la jouissance des droits socioconomiques et politiques essentiels la participation citoyenne. Au Kenya, cette crise a pris une dimension particulirement aigu, l’lite dirigeante tant incapable d’aboutir un consensus alors que les tendances la dsinstitutionalisation taient de plus en plus “formations†s’autoproclamaient en effet partis politiques. Il y a aussi – et c’est le quatrime point – une crise d’identit, qui se manifeste par l’incapacit de l’Etat dvelopper un rel sentiment national, les citoyens se sentant marginaliss. Cette situation a continu d’alimenter une certaine forme de schizophrnie politique. Si l’lite dirigeante n’a cess de chercher promouvoir le sentiment national, dans les faits, elle a toujours utilis sa position de force pour distribuer ses largesses sur la base de considrations ethniques. Une “stratgie†facilite par l’utilisation de dispositifs tels que les cartes d’identit nationales qui mettent en vidence l’origine ethnique et le district d’origine. L’lite a ainsi renforc une situation o l’Etat et l’identit ethnique tentent tous deux de contrler la loyaut des citoyens. Enfin, et c’est le cinquime et dernier aspect de cette crise, mentionnons l’incapacit de l’Etat dvelopper des formes alternatives de gestion et de rglement des conflits. Un an aprs la fin des violences politiques, que pensez-vous de la “grande coalition†? La grande coalition n’a pas russi le test du pouvoir. Les tentatives de mise en place d’un appareil d’Etat ont t abandonnes, se heurtant la paralysie du pouvoir caractrise par une absence de volont politique, le manque de courage face aux responsabilits mais aussi de comptences utiles. La grande coalition n’est pas parvenue s’acquitter des tches cls du programme postlectoral dfini avec la mdiation de Kofi Annan : nouvel exercice constitutionnel, question agraire, promotion de la rconciliation nationale, lutte contre l’impunit et la corruption. Quels sont les principaux dfis qui attendent Raila Odinga et Mwai Kibaki ? Les principaux dfis qui attendent encore Kibaki et Odinga ont trait la ncessit de rsoudre la crise que l’Etat connat actuellement. Le Kenya doit tre restructur pour viter qu’il se s’effondre, victime des “activits criminelles†des politiciens et des acteurs non-tatiques ; il faut s’atteler une rforme du secteur de la scurit pour mettre un terme l’impunit, trouver de nouvelles rponses institutionnelles et politiques et mettre au point de nouveaux programmes pour lutter contre la marginalisation, la pauvret, et les conflits agraires. Les deux dirigeants doivent aussi mettre en place un nouveau train de mesures politiques pour rpondre au sentiment d’exclusion et au “patrimonialisme†par le biais d’une nouvelle constitution. L’accent doit tre mis sur un systme de “poids et de contrepoidsâ€, la sparation des pouvoirs, le bicamralisme et la dlgation des pouvoirs. La dmocratie kenyane est-elle encore mise mal par les affrontements ethniques ? La “dmocratie†kenyane est musele par l’intrt subjectif de l’lite dirigeante. Cette dernire continue piller les ressources de l’Etat et instrumentalise les questions ethniques et la violence pour se maintenir au pouvoir. Ce qui implique, son tour, l’ethnicisation des institutions publiques, la consolidation du rgime, l’exclusion, la privatisation de la violence publique et son appropriation. Joshua Massarenti KENYA “L’chec de la grande coalitionâ€Pour mettre fin aux violences qui ont provoqu un bain de sang au Kenya lors des lections prsidentielles du 27 dcembre 2007, Mwai Kibaki, Prsident sortant et vainqueur contest et son adversaire, Raila Odinga signaient, le 28 fvrier 2009 un accord de gouvernement de coalition, octroyant le poste de Premier ministre au chef de l’ODM (Orange Democratic Movement). Cet accord est en quelque sorte le certificat de naissance de la “grande coalitionâ€. Un an plus tard, l’analyste politique kenyan Musambayi Katumanga dresse un tableau plutt sombre de la situation.Tour d’horizon D ossier
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11 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 ACP Proprit des terres. Situation passable. L’volution de la proprit foncire dans les pays ACP est moins grave qu’on pourrait l’imaginer malgr les conflits de la terre ici ou l. L’Afrique par exemple chappe gnralement au spectre du paysan sans terre, quelques exceptions prs, migrants ou dplacs comme au Soudan ou dans des pays d’Afrique australe ayant connu les affres de l’apartheid. On dcouvre dans le dossier que la tenure de la terre en Afrique subsaharienne est base sur une conception qui trouve aujourd’hui toute sa modernit avec la nouvelle tendance mieux reconnatre la valeur du travail la suite du cataclysme financier mondial. Car sur ce continent, ce qui appartient l’homme de la terre est le seul fruit de son labeur. Le Pacifique est en train de soigner plutt bien le traumatisme qu’a reprsent l’accaparement par la colonisation du sol considr sacr. Dans la Carabe, le choc tait autre. Les fils d’esclaves venus d’Afrique n’avaient pu vraiment possder les terres qu’avec les autonomies et l’indpendance. Les situations volueront plutt dans un sens positif en ce qui concerne l’accs d’un plus grand nombre la proprit terrienne. Par contre, quant l’appropriation d’un autre bien aussi fondamental sinon plus pour la vie, l’eau, l’optimisme n’est pas de mise. Surtout en Afrique, o, paradoxe, l’eau ne manque pas vraiment, c’est la misre, des injonctions venant d’ailleurs et le manque de concerta tions rgionales qui empchent d’en jouir normalement. H.G. Dossier ralis par Hegel GoutierACP Proprit des terres. Situation passable. Proprit de l’eau. CATASTROPHIQUE . Le bassin du Nil. Jacques Descloitres, MODIS Land Rapid Response Team-NASA GSFC D ossier
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Vous avez dit, Professeur Petrella, qu’il faut faire la paix avec l’eau, jouant sur les deux sens. Quelle est la guerre faite l’eau ou avec l’eau dans les pays pauvres comme ceux des ACP ? Il faut librer l’eau qui existe et la rendre accessi ble aux populations. Il y a plus de 400 millions de gens qui n’ont pas accs l’eau en Afrique. Pas que l’Afrique subsaharienne en manque, au contraire, elle en est trs riche. C’est qu’elle a, avec l’Inde, le plus grand nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvret. Il faut faire la guerre l’exploitation des richesses hydriques de l’Afrique uniquement en fonction des intrts des puissants. Le lac Victoria, par exemple tait un bijou de la nature, un patrimoine extraordinaire qui a rapport beaucoup d’argent avec la culture des perches du Nil. Mais les Africains qui avaient besoin de l’argent du lac ont t appauvris et crvent de faim. En revanche, toute la richesse va ailleurs, aux actionnaires exploitant le lac qui est en train d’tre assassin du point de vue biologique. C’est la deuxime dimension de la guerre ou de la paix l’eau. N’est-ce pas la responsabilit des pouvoirs locaux plutt que celles des actionnaires ? Tout fait mais dans toute analyse scientifique rigoureuse, il faut d’abord chercher les causes primaires et puis il y a beaucoup d’autres causes complmentaires. La cause primaire du problme de l’eau et de la manire dont l’usage de l’eau a t fait est lie l’agissement des puissances ex-coloniales. Aprs vient la responsabilit des classes dirigeantes locales qui sont souvent en relation de subordination, de soumission, de dpendance des ex-puissances coloniales. Les classes dirigeantes africaines sont parfois aussi responsables du fait que l’Afrique demeure dans une crise profonde de l’accs aux biens de la nature alors qu’ils ont des richesses pour ne pas avoir vivre dans l’exclusion. L’EAU EN AFRIQUE. Dissolution d’un bien vitalSon “Manifeste de l’eau†a t la base de la fondation en 1997 du Comit international pour un contrat mondial de l’eau. Il est le concepteur de l’Universit du Bien Commun, ayant en Italie la “Facult de l’eau†et en Belgique la “Facult de l’altritâ€. Professeur mrite de l’Universit de Louvain, Belgique, Docteur honoris causa de nombreuses universits, ex-directeur du Centre europen de coordination de Recherche en Sciences sociales (Vienne, Autriche), ex-prsident de l’Aqueduc des Pouilles (Italie), Fondateur du Groupe de Lisbonne. Echange avec Riccardo PetrellaACP Proprits terre et eau Dossier 12 Le fleuve du Nil au Soudan. Jacques Descloitres, MODIS Land Rapid Response Team-NASA GSFC
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N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009Dossier 13 ACP Proprits terre et eau Autre question : quoi a contribu l’aide internationale avec tous ces milliers d’organisations non-gouvernementales motives par des bons esprits, de bons principes. Chaque petite organisation va faire son petit puits, sa petite canalisation, sa petite irrigation ; on peut calculer par dizaines de milliers les projets dont l’Afrique a t supposment rcipiendaire. Sa situation ne s’est pas moins aggrave. Que va-t-il se Niger disparaitra, il y a 8 pays autour. Le Nil va toujours rester source de conflits. Le Congo, qui en parle comme source de bien-tre ? Il y a l’Initiative Eau de l’Union Europenne mais le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique) vient de signaler que les systmes aquatiques africains sont fragiliss et vont l’tre de plus en plus. Si vous grands vnements extrmes qui vont influencer l’volution de l’eau dans le monde et en Afrique notamment sont d’une part la scheresse, de annes, Londres a investi prs d’un milliard pour se protger contre les inondations alors qu’il n’y a pas d’inondation Londres. O sont les milliards qu’on a dpenss pour protger l’Afrique et les villes africaines des inondations ? La richesse du millions d’habitants, l’Afrique du Sud, le pays lars, un tiers des Pays-Bas. Qu’est-ce qu’il faudrait, une gouvernance mondiale ? L’enjeu fondamental de la solution de la crise, c’est que nous avions invent un mode de vie qui est prdateur de la vie, qui a tu la vie. L’espoir la crise financire mais il commence faiblir considrablement. On va voir ce qui se passera Copenhague en dcembre de cette anne o on devrait avoir l’accord sur le post-Kyoto. Aucun Etat africain ne s’en sortira par rapport l’alimentation si la question de l’agriculture n’est pas revue. Les Etats africains figurent parmi ceux dont l’accs l’eau dpend de territoires voisins. Ils sont amens collaborer entre eux. Les Etats-Unis aussi dpendent de l’eau qui se trouve ailleurs mais il est vident qu’ils se procureront de l’eau en recourant au dessalement de l’eau de mer. Chose intressante, les Etats-Unis et le Canada sur leurs bassins communs depuis une centaine naux, il y a 19 traits transnationaux. Il est temps de faire merger le droit international, le droit coopratif, le droit transnational, les institutions transnationales, les programmes de dveloppement en commun. Avoir un accord sur les ressources signifie avoir un accord sur les objectifs, c’est--dire sur la valorisation en commun d’une ressource qui bnficiera tout le monde au lieu d’utiliser des ressources militaires, conomiques et humaines pour se faire des guerres locales. Avant en Afrique, il y avait le contexte du village mais il ne faut pas idaliser, il y avait des privilges. Mais c’est vrai aussi que c’tait un acte collectif que de partager les ressources hydriques. Maintenant, on a impos l’Afrique le principe de conditionnalit par lequel on a dit au Kenya, au Sngal, tous les autres Etats d’Afrique quand ils prennent un prt de la Banque mondiale qu’ils doivent abandonner la bureaucratie corrompue et ouvrir la concurrence internationale la gestion des services hydriques. C’est nous qui avons impos cela, les grandes entreprises franaises et britanniques, les deux principales puissances coloniales en Afrique avec le Portugal et l’Espagne. Les Africains seraient plus corrompus que les autres ? On sait trs bien que s’il y a des corrompus c’est qu’il y a eu des corrupteurs. Les corrupteurs c’est nous, pas eux. Si on veut tre dans les conditions pour que l’Afrique prenne en main son destin, il est temps que l’Europe s’efface un peu. La deuxime faon d’aider l’Afrique est de changer notre dveloppement, notre agriculture, notre politique de l’eau, notre politique de transport, notre politique nergtique. Alors l’Etat est important. La “rpublicisation†de l’eau, des services hydriques est fondamentale. Et l, je prche avec d’autres personnes – pour faire la paix avec l’eau – avec M. Gorbatchev, pour un protocole mondial sur l’eau. Il ne faut pas penser uniquement la responsabilit des Africains, c’est celle de la communaut mondiale qui est en cause. C’est pour cela que nous rendons grce aussi au Parlement europen grce auquel l’Europe se rend compte qu’on n’est pas devant une crise passagre. L’eau est peu peu en train de figurer sur l’agenda politique mondial. Il faut organiser la vie travers l’eau, in solido, par solidarit non par l’aumne. Insolido, je suis responsable, c’est un concept juridique. Je ne suis pas ncessairement optimiste, mme si je suis foncirement volontariste. Je fais partie de cette catgorie de gens qui essaient d’agir pour que le futur ne soit pas dj crit, qu’il soit encore libre. Je crois fermement la capacit du politique, la noblesse du politique. Il doit crire les grandes orientations de la politique de l’eau en fonction de ce qu’elle reprsente en tant que bien commun et pour la vie. H.G. Mots-clsRiccardo Petrella ; Manifeste de l’eau ; Universit de Louvain ; Afrique ; Nil ; Congo ; GIEC ; Etats-Unis : post-Kyoto ; Hegel Goutier. Riccardo Petrella 2009. Hegel Goutier Alain Guy Moukolo Monny, alias Almo The Best, Camerun. Ce dessin a t ralis pour illustrer le kit didactique “Schizzi d’acqua†(www.amref.it). Avec l’aimable autorisation de Amref
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En Afrique subsaharienne la possession de la terre a volu sous la colonisation du collectif au priv avec une superposition de pratiques traditionnelles et de lgislation formelle qui a perdur aprs les indpendances. A partir des annes 1980, il y eut les ajustements structurels exigeant la privatisation des biens fonciers. Tout ceci a conduit des tensions ou des conflits locaux ou rgionaux dont plusieurs couvent encore. La crise alimentaire, la crise conomique actuelle poussent privilgier des options harmonisant mieux la tradition et la lgislation moderne. En Afrique, l’exploitation du sol est passe d’un modle de mobilit du cultivateur d’un champ un autre celui de la sdentarisation. Paralllement, la possession de la terre, avec des variations d’une rgion l’autre, a volu du collectif vers le priv. L’Afrique concer ne par la proprit collective a t celle du Sud du Sahara, l ou les influences musulmanes n’ont pas t trs prgnantes. La tenure de la terre en Afrique subsaharienne est base sur une conception philosophique et cosmogonique. La terre ne peut tre la proprit de quiconque. Proverbe ivoirien : “Ce n’est pas la terre qui appartient l’homme, c’est l’homme qui appartient la terre.†Il n’en demeure pas moins qu’en pratique, plusieurs schmas ont exist et continuent exister. Ceci dit, la conception africaine ne rejette pas la proprit pleine et entire de l’arbre que le cultivateur a plant car c’est le fruit de son travail ou de celui de ses anctres. L’acquisition de la terre dans le monde africain pouvait se faire sur la base de la rsidence dans la communaut. L’individu obtenait la terre auprs du chef. Mais il ne s’agit que d’un usufruit. C’tait la situation la plus courante.AFRIQUEEn dpit DE TOUT pas de paysans SANS TERRE En dpit DE TOUT , pas de paysans SANS TERRE ACP Proprits terre et eau Dossier 14 En plein centre de Bamako, au Mali, un homme puise de l’eau de son puits pour arroser son champ de betteraves situ entre des buildings et le fleuve Niger, fvrier 2008. Tugela Ridley/IRINEn bas : Un paysan arrose ses champs, Sngal, Aot 2006. Pierre Holtz/IRIN
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Dossier Dans certaines rgions, notamment en Afrique australe, les lignages, descendants d’un anctre commun qui se serait appropri ou aurait reu des terres, les grent au profit de leurs membres. Ce systme remontant des origines lointaines, est par exemple celui de populations du Nord-Ouest de la Zambie travers la matrilinarit, des berges du lac Tanganika o la patrilinarit est de mise ou de la rgion du Tigre en Ethiopie o hommes et femmes de la ligne disposent d’un droit gal. Il a t boulevers par le rgime de l’apartheid en Afrique du Sud et dans les rgimes semblables en Namibie ou au Zimbabwe. A ct de ces systmes, existent ceux o des “chefs de terre†ou “ma tres de terre†sous l’obdience d’un souverain, disposent de larges prrogatives quant la gestion foncire. C’est la situation typique de structure semi-fodale qui existait avant la colonisation dans l’empire Mossi de l’actuel Burkina Faso. Les serfs obtenaient des terres dont leurs enfants (enfants mles quoique ce ft un systme matrilinaire) peuvent hriter. Et enfin, il y a le systme fodal avec des landlords (des bailleurs), nobles, aristocrates, gnraux et chefs religieux ayant reu des terres de l’empereur, concdant des baux des preneurs en change de taxes diverses allant souvent jusqu’ la moiti des rcoltes (exemples de l’Ouganda ou du Sud et de l’Ouest de l’Ethiopie partir de la fin du XIXe sicle). A la colonisation, s’est opre sous des formes varies une confiscation foncire brutale au profit d’individus, les colons europens. Cet acca parement s’est fait sous la force de lois bancales n’liminant pas les normes traditionnelles mais sans les intgrer. Cela a surtout t le cas en Afrique australe et orientale (Zambie, Zimbabwe, Malawi, Kenya). Mais dans la plupart des pays, ct du foncier aux mains des colons, la terre continuait tre globalement gre selon les lois coutumires. En dpit DE TOUT pas de paysans SANS TERRE En dpit DE TOUT , pas de paysans SANS TERRE 15 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009ACP Proprits terre et eau En haut: Ppinire d’oignons au Sngal. LybabaEn bas: Vue sur le Rio Cuanza Kissama, en Angola. Avec l’aimable autorisation de Massimo Pronio.
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16Dossier A la fin du XIXe sicle, la colonisation s’est rendu compte tardivement qu’il n’y a pas de proprit prive de la terre en Afrique subsaharienne. Le systme colonial a alors impos presque partout l’enregistrement des domaines. Cet enregistrement s’est rvl irraliste ou irralisable une large chelle malgr les lois d’adaptation adoptes aprs les indpendances. UN Habitat considre qu’en 1998, seulement 1% des terres tait enregistr en Afrique subsaharienne. Souvent les gouvernements eux-mmes n’ont pas une ide prcise de l’tat des lieux. Mais la pression extrieure la marchandisation de la terre devenait de plus en plus forte et dans plusieurs des nouveaux Etats indpendants, elle a t bien accueillie par des pouvoirs autocratiques qui ont rig de vastes domaines tatiques. Pendant longtemps, des institutions comme la Banque mondiale avaient fait injonction aux Etats africains d’attribuer des terres aux particuliers et aux entreprises. Injonction tait faite de procder l’enregistrement des biens fonciers, devenu une condition sine qua non des plans d’ajustement structurels. C’tait sans valuer certains effets pervers. L’appropriation des terres par l’Etat a entran une mise l’cart des autorits coutumires. L’immatriculation a fait face la rticence des occupants lgitimes payer des frais importants ou s’astreindre des tracasseries admi nistratives pour enregistrer des terres dont ils avaient dj l’usufruit. D’autant qu’ils apprhendaient parfois des entourloupettes pour les en priver. Sans oublier que ceci contrevenait leur conception mme du sol sacr. Si l’enregistrement a certes assur le droit parfois mal tabli de petits occupants, il a souvent t le dbut d’une privatisation plus large chelle au profit de potentats et de grandes entreprises. Le malaise actuel Madagascar aprs la concession d’immenses territoires une entreprise asiatique en est un exemple difiant.> Un flau dont l’Afrique est encore pargneActuellement, plusieurs pays d’Afrique met tent progressivement en place des adaptations lgislatives oprant un mixage entre conception africaine de la tenure du sol et conception europenne remontant la notion romaine de la proprit absolue d’une chose. Les drives autocratiques passes, la plupart des pays d’Afrique voluent dj dans un systme mixte ou la gestion traditionnelle des terres est marine de quelques mesures admi nistratives d’enregistrement souvent opres pour se conformer aux injonctions extrieures. Ces solutions intermdiaires, malgr leurs faiblesses fonctionnent plutt bien et font que l’Afrique, l’exception de rares cas en Afrique australe, reste l’unique continent qui ne connat pas ce qu’on appelle le paysan sans terre. Un flau dont elle est encore pargne. H.G. UNE CONCEPTION TRS MODERNE EN CES TEMPS DE CRISEDes chercheurs comme Alain Testart ou Kba Mbaye (Revue Ethiopique) dmontrent que la conception africaine selon laquelle la terre n’appartient personne, est partage avec d’autres cultures et de religions, commencer par le Lvitique dans la Bible. La diffrence est qu’en Afrique, seule la valeur travail justifie l’acquisition de biens. Ce qui est un concept prn en ces temps de crise financire par des grands conomistes comme Jacques Attali. SNGAL, UN BON MIXAGE DE TRADITION ET DE LGISLATION Le Sngal. Loi du 17 juin 1964 considre comme une rvolution sans bruit. Qui n’a t rien moins qu’une nationalisation de 90% des terres. Alors que dans des pays voisins, le passage de terres non entretenues sous la tutelle de l’Etat a soulev des tolls qui ont souvent conduit l’abandon des rformes. Le mot “nationalisation†n’a jamais t prononc par le gouvernement sngalais. Le “doigt†du gouvernement sngalais de l’poque : le changement en utilisant les coutumes comme points de repres. Le regrou pement sous le contrle de l’Etat de toutes les terres gres dans le pass par la coutume mais leur distribution continuerait suivre le schma coutumier, l’Etat devenant une sorte de grand matre de terre pouvait le grer selon les prvisions du Plan ministriel. Aucun individu n’a en principe perdu dans ce remembrement ses droits coutumiers la jouis sance de ses biens fonciers. LES FEMMES PRIVES DE TERRESLes mles confisquent les terres. Alors que les femmes reprsentent plus de la moiti de la population de la terre et produisent environ les deux tiers des denres des pays pauvres, elles ne possdent que 2% de la proprit foncire de la plante. C’est ce que dnonce la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ceci est d, selon Francis Cheneval, dans son Rapport pour le PNUD “Empowering the poor through property rights†(Renforcer les pauvres travers les droits fonciers), aux discriminations lgales contre les femmes en termes de proprit, la prdominance du patriarcat et au mixage opr par la colonisation entre les prescrits de la tradition et ceux du droit formel. UN Habitat et d’autres partenaires ont labor des critres pour tester les outils mis en place par les gouvernements pour favoriser l’appropriation des terres par les femmes. Exemple de l’Ethiopie o les enregistrements et les certifications de terre ont t mis en place depuis 1999 est significatif. L’une des mesures positives est la certification au nom du mari et de la femme dans beaucoup de pays.Page 17: Hati, 2008. Mark Roger ACP Proprits terre et eau Mots-clsHegel Goutier ; Alain Testart ; Kba Mbaye ; terre ; tenure ; proprit ; foncier ; Afrique ; “matre de l’arbre†; “chef de l’arbre†; enregistrement ; apartheid ; colonisation.
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N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009Dossier 17 Dans les pays anglophones, s’tait mis en place trs tt le “Common Law†britannique. La Couronne a attribu des concessions dure illimite (freehold) ou terme (leasehold) des colons, supposes tre des usufruits mais en ralit proprits absolues. Les biens fonciers taient concentrs en peu de mains et de vastes superficies taient restes domaines de la Couronne ou du pays. A l’exception de Trinidad et de la Jamaque, ces pays ne disposaient pas de beaucoup de terres disponibles. Aprs l’indpendance intervenue au milieu du XXe sicle, deux mouvements connexes se sont oprs, un remem brement qui a permis un plus grand nombre (surtout des paysans pauvres) d’accder gratuitement ou peu de frais la proprit de la terre donc une augmentation du nombre de parcelles, et paralllement un regroupement de terres en grands domaines, destin notamment l’industrie du sucre. A Trinidad et Tobago, il y avait l vers 1880, dustrie tait domine par une unique socit Caroni Sugar Company contrle 51% par grands domaines enregistraient une moyenne de 400 hectares. Ce pays a toujours eu un systme quitable de proprit foncire. A la Jamaque, de vastes proprits ont t confies aprs la Deuxime Guerre mondiale aux comagraire de grande porte s’est faite afin de promouvoir l’agriculture. Quatorze pour cent des terres arables ont t redistribues. A la fin de la dcennie 1980, 90% des fermes couvraient au maximum 4 hectares et taient dtenues par 155.000 fermiers alors que le petit nombre de grandes proprits atteignaient une moyenne de 784 hectares. La Rpublique Dominicaine est le pays avec la plus grande disparit et le seul de la rgion connaissant le problme de paysans sans terre. D’un ct les minifundio et de l’autre les lati fundio. La “latifundisation†s’est surtout opre avec le dictateur Trujillo aprs 1948, pour fermes occupaient 55% des terres cultivables. Une redistribution de terres dans les annes 1980 au profit de quelque 75.000 familles a permis de diminuer un peu l’cart entre les petites et les grandes proprits. Quant Hati, son histoire en fait une exception. Les terres des anciens colons sont passes sous le contrle de l’Etat aprs la guerre confies dans la plupart des cas en usufruit cessible aux hritiers. Rgulirement, l’Etat transforme ces usufruits en pleine proprit. de leurs terres. Vingt pour cent en louent l’Etat ou des propritaires absents. D’autres sont mtayers (des “deux-moitisâ€) versant la moiti de la rcolte aux propritaires. Des coopratives de paysans dtiennent galement une petite partie des terres. H.G. assassinat.CARABE , situation plutt quitablePartout, dans la Carabe, la tenure foncire s’est mise en place sur des territoires vierges aprs la disparition quasi complte des Amrindiens quelques dcennies peine aprs l’arrive de Christophe Colomb. Trois schmas d’volution ont t observs et qui ont conduit respectivement la situation actuelle dans la Carabe anglophone, la Rpublique Dominicaine et Hati. Mots-clsHegel Goutier ; Carabes ; tenure ; proprit ; terre ; Hati ; Rpublique Dominicaine ; Jamaque ; Trinidad ; latifundio ; minifundio.ACP Proprits terre et eau
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PACIFIQUE La conception traditionnelle de la tenure de la terre dans les les du Pacifique est aussi cosmogonique qu’en Afrique. La terre et la tribu constituent une mme entit qui forme un triangle avec pour autres ples l’homme et Dieu. Le bouleversement engendr par l’appropriation des terres lors de la colonisation marche force (1850-1914) avec ses dplacements massifs de populations a donc t traumatisant. L’indpendance de la plupart des pays est intervenue tardivement, la fin du sicle dernier. C’est maintenant que la rgion essaie de mettre en place des mcanismes pour mitiger les dgts. Parmi les pays ACP de la rgion Asie-Pacifique, les plus impliqus actuellement dans la rforme foncire, figurent actuellement les Iles Salomon, la Papouasie Nouvelle Guine, Vanuatu et Timor-Leste. Les changements intervenus encore rcemment, migration de populations, croissance dmographique, concessions accordes des entreprises trangres comme les socits d’exploitation forestire aux Iles Salomon au mpris du droit coutumier, ont fait apparatre un mal nouveau, l’inscurit foncire. La solution adopte : concilier les rgles orales du droit coutumier et les prescriptions crites des organes officiels en reconnaissant formellement les rgimes fonciers coutumiers. Jusqu’ des temps rcents, ce n’tait pas ncessaire car chacun savait dans la communaut ce qu’taient ses droits et ses devoirs. Des mesures ont t prises pour faciliter des transactions comme des locations de terres par une communaut des trangers soit directement ( Vanuatu), soit indirectement via l’Etat ( Fidji, Papouasie Nouvelle Guine, Iles Salomon). A ceci, s’ajoute une assistance aux groupes coutumiers pour s’assurer de leurs intrts, prvenir la duplicit de preneurs et certaines carences de contrle. Les mcanismes d’adaptation promus dans la rgion prvoient, entre autres, une scurit d’accs la terre pour les femmes. Par ailleurs, dans certains pays, surtout en Mlansie, les gouvernements prouvent quelques difficults pour leurs projets de dveloppement accder la terre car celle-ci est proprit commune de tribus. Les rformes permettant l’enregistrement au nom de celles-ci facilitent les transactions. Cas d’cole, Fidji. Dans ce pays coexiste aujourd’hui comme formes de proprit de la terre le “taukeiâ€, la proprit commune chez les Fidjiens de souche. En terme de dveloppement de l’conomie foncire, ce systme tait jusque rcemment pnalis par les banques qui lui fermaient l’accs aux fonds de dveloppement, considrant qu’un prt ne peut tre accord qu’ une personne physique ou morale mais pas une collectivit. Les personnes d’origine indienne ou autre dont les parents immigrs avaient reu des biens titre individuel, y avaient droit, elles. Des spcialistes de l’Universit de Melbourne considraient en 1995 que tant que cette disparit n’tait pas corrige, la stabilit sociale, conomique et politique du pays sera toujours menace. Les volutions rcentes leur ont souvent donn raison. Cette correction est en cours actuellement.H.G. Mots-clsHegel Goutier ; proprit ; terre ; taukei ; Fidji ; Papouasie Nouvelle Guine ; Iles Salomon ; Vanuatu ; Timor-Leste. 18 DossierACP Proprits terre et eau L’tendue de Tuvalu, le principale de l’atoll de Funafuti, 2007. Hegel GoutierPACIFIQUE . Enfin l’adaptation
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N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 19 Alors que le gouvernement zimbabwen a lanc, depuis quelques annes, une dynamique d’expropriation des terres des anciens colons afin, considre-t-il, de corriger les appropriations des terres l’poque coloniale par les seuls colons, ses voisins de l’Afrique australe procdent autrement. Avec doigt, en faisant le grand cart entre la justice sociale et la scurit conomique, la Namibie et l’Afrique du Sud, qui avaient connu un accaparement semblable dans le pass, arrivent jusqu’ prsent viter pareil clash. de l’apartheid avait dpossd trois millions et demi de Noirs de leurs biens fonciers. 80% des terres cultivables appartenaient la fin Blancs. Le gouvernement de Nelson Mandela avait pris un double engagement : distribuer un dlai de quatre ans et ne pas exproprier les fermiers blancs. Ces derniers taient appels vendre l’Etat une partie de leurs terres des prix raisonnables. Quoique nombre d’entre eux eurent gracieusement accord une partie de leurs biens fonciers leurs concitoyens noirs en leur fournissant en plus souvent une assistance technique et que le gouvernement ait rachet d’autres de grandes superficies, l’objectif fix n’est pas, et de loin, porte de vue. Aprs les premiers mouvements de gnrosit des propritaires blancs les plus conciliants, leurs congnres n’entendaient plus vendre leurs biens au-dessous des prix du march. L’chance passs entre les mains de Noirs. Pas tonnant que de temps autre la situation devienne tendue, notamment dans la province de Limpopo o des paysans noirs se livrent par intermittence l’occupation “ la zimbabwenne†de terrains agricoles. Namibie. A l’indpendance en 1990, c’tait 74% des terres arables qui taient dtenues par 5.000 fermiers blancs. Le gouvernement a procd comme en Afrique du Sud l’achat de biens fonciers de ces derniers. Pour les rassurer, la constitution de la nouvelle rpublique a prohib l’expropriation, part pour le bien public. Le gouvernement a rsist toutes les pressions des syndicats qui lui taient pourtant proches en dpit du fait que beaucoup de fermiers blancs ne voulussent vendre qu’ des prix “gonfls et irralistes†selon un ministre du pays (John Mbango, Ministry of Lands, dclaration faite en 1997). Jusqu’ prsent, il y a eu peu de dbordements. H.G. Si l’Afrique ne connat pas le paysan sans terre, la dsertification, la diminution des surfaces bien irrigues, et autres causes font planer des menaces de conflit. Le Darfour, les frictions Cte d’Ivoire – Burkina Faso, les affrontements entre sdentaires et nomades au Mali, en Mauritanie, la tension Madagascar la suite de la cession d’une large superficie de terre une entreprise trangre. Et puis l’Afrique australe. Mots-clsHegel Goutier ; Afrique du Sud ; Namibie ; Zimbabwe ; Darfour ; Soudan ; Cte d’Ivoire ; Burkina Faso ; Mali ; Mauritanie ; terre. Dossier AFRIQUE DU SUD NAMIBIE ZIMBABWE Nuances dans les conflits de la terreAFRIQUE DU SUD , NAMIBIE, ZIMBABWE. Nuances dans les conflits de la terreACP Proprits terre et eau Une pirogue au bord du fleuve Cuanza en Angola, pays frontalier de l’Afrique australe et dont la guerre civile a rendu la gestion des rgimes fonciers trs difficile. Massimo Pronio
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Les grands travaux de L’UNION AFRICAINEA l’initiative de la Banque africaine de dveloppement et de la Commission de l’Union Africaine, une srie de consultations rgionales ont t lances afin de valider une politique foncire valable pour tout le continent. Les premires conclusions qui se dessinent ne plaisent pas tout le monde. Dossier 20C Africaine doit trancher sur un sujet des plus sensibles, mis en exergue par l’affaire Daewoo Madagascar, laquelle ne reprsenterait que la pointe de l’iceberg (lire l’encadr ci-contre). La charte en prparation prvoirait entre autres que toute rforme agraire reconnaisse le droit d’un Etat possder les terres au nom des citoyens. Un sujet qui n’est pas du got de tous. Interrog par Radio France International, Tidiane Ngaido, chercheur l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, estime que “ce n’est pas normal que l’Etat s’arroge le droit de proprit et distribue des terres des socits qui viennent de l’tranger. Il faut ncessairement une scurisation foncire pour les populationsâ€. De son ct, le puissant rseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), se dit proccup par “les politiques foncires labores sous pression extrieure au nom d’une libralisation qui laisse une place plus importante l’agrobusiness et aux multinationales, au dpens de nos espaces communautaires, de nos marchs agricoles et de nos exploitations familialesâ€. Dans le communiqu qui nous proccupe, c’est la tendance actuelle remettre en cause la proprit collective et communautaire de la terre et les droits d’usage multiples sur les ressources naturelles que cette terre porte. L’argument avanc serait que ces formes d’exploitation sont incapables d’engendrer une agriculture productive et comptitive. C’est bien sr, ignorer la ralit conomique et sociale de nos pays pour lesquels les exploitations familiales fournissent une part importante des revenus d’exportation et l’essentiel des emplois.†M.M.B. L’ACCAPAREMENT DES TERRES AFRICAI NESLes tentatives de nombreux pays pour acqurir des droits sur les terres africaines – pour la production de denres alimentaires mais, surtout, de biocarburants – se multiplient. Parmi elles, on pinglera, outre le projet malgache de Daewoo : La “location†en un an de 110.000 km (11 millions d’hectares, soit un huitime de la superficie du pays) au Mozambique ; La “location†par l’Egypte de 850.000 hectares de terres en Ouganda, (2,2% de la superficie du pays), pour cultiver du bl ; L’acquisition par la compagnie britannique Sun Biofuels de terrains en Tanzanie, en Ethiopie, au Mozambique pour la culture de biocarburants ; Bioenergy International (suisse) prvoirait la plantation de jatropha (pour fabriquer du biodiesel) sur quelque 90.000 hectares au Kenya ; MagIndustries (Canada) a acquis une plantation de 68.000 hectares d’eucalyptus et construit actuellement une usine de dchiquetage de bois d’une capacit de 500.000 tonnes par an prs de la ville portuaire de Pointe-Noire, en Rpublique Dmocratique du Congo. Mots-clsUnion Africaine ; BAD ; foncier ; Tidiane Ngaido ; ROPPA ; Marie-Martine Buckens. ACP Proprits terre et eau Au Niger, les bergers touaregs et les peuls du Sahel ont trs peu de puits d’eau disposition pour abreuver leur btail. Edward Parsons/IRIN
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21 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 I nteractions Les grands travaux de L’UNION AFRICAINE“Je dfends les droits des personnes porteuses d’un handicap en Europe et ailleurs†(I stand up for the Rights of Persons with Disabilities in Europe and Overseas) est le nom de la campagne de l’IDDC qui prconise l’application l’chelon europen des droits reconnus internationalement. Extrait : “Les personnes porteuses d’un handicap forment l’un des principaux groupe d’individus exclus et souffrant de pauvret chronique dans le monde. Si la prise en compte des besoins des personnes handicapes n’est pas intgre dans les mesures de lutte contre la pauvret, ces personnes continueront vivre dans le dnuement, et les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) ne pourront tre atteints.†Le problme du handicap doit absolument tre pris en compte de manire systmatique dans les programmes de coopration de la CE. Il doit aussi faire l’objet d’un suivi attentif de la part du PE et des groupes de la socit civile, dit Johannes Trimmel, Prsident de l’IDDC et directeur de l’ONG autrichienne Licht-Fuer-die-Welt (Lumire pour le monde). Les initiatives en ce sens prises par les institutions de l’UE n’ont pas t systmatiques ce jour, explique Trimmel. L’IDCC dveloppement et du handicap, dont certaines, comme World Vision UK, mettent en uvre des projets dans les pays en dveloppement. Les Etats membres de l’UE sont signataires de la Convention des NU relative aux droits convention stipule que les personnes handicapes doivent tre prises en compte dans la coopration internationale tandis que l’article 11 pose le principe de leur protection dans les situations d’aide humanitaire et d’urgence. Catherine Naughton, directrice Bruxelles de l’ONG Christian Blind Mission (CBM), sou-Responsables politiques ou simples citoyens, trop peu de gens sont conscients du fait qu’une personne pauvre sur cinq dans le monde prsente un handicap. L’ONG International Disability and Development Consortium (IDDC), la principale fdration internationale dans le domaine du handicap, qui est implante Bruxelles, demande donc aux dputs europens et aux candidats aux lections parlementaires europennes de 2009 de signer une ptition appelant rorienter la politique de dveloppement de l’UE afin de mieux prendre en compte les droits des personnes handicapes. Les objectifs en matire de rduction de la pauvret ne pourront en effet tre atteints que si la protection des droits de ces personnes est systmatiquement intgre dans la politique internationale en matire de dveloppement. LUTTE CONTRE LA PAUVRET : une rorientation des politiques de l’UE en faveur des PERSONNES AVEC UN HANDICAP s’imposeLUTTE CONTRE LA PAUVRET : une rorientation des politiques de l’UE en faveur des PERSONNES AVEC UN HANDICAP s’imposePour un accs inclusif et de qualit aux enseignements primaire et secondaire sur un pied d’galit pour tous. CBM Siegfried Herrman Debra Percival
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InteractionsONGligne que la Convention ne portera vraiment ses fruits que si la socit civile a les moyens d’en contrler l’application et de recommander de nouvelles politiques. Malheureusement, de nombreuses ONG actives dans le domaine du handicap ne disposent ni des ressources ni du une note d’orientation sur le handicap et le dveloppement l’intention des dlgations et des services de l’Union Europenne. Par contre, dans les faits, les progrs restent dcevants, dplore Johannes Trimmel. > Suivi des objectifs Alors que les montants affects par la CE l’aide budgtaire gnrale et sectorielle aux pays ACP ne cessent d’augmenter, des voix de plus en plus nombreuses s’lvent pour demander l’inclusion d’objectifs permettant de mesurer l’intgration de ces questions dans les politiques et leur suivi par des groupes reprsentant les personnes handicapes. Prenons le secteur de l’ducation par exemple, explique Catherine Naughton, o les progrs en termes de ralisation des OMD se font attendre : “Nous ne sommes pas rellement en mesure de surveiller troitement le taux d’intgration scolaire des enfants atteints d’un handicapâ€, explique-t-elle. “C’est la socit civile et au Parlement d’un pays donn de surveiller comment ces fonds sont utiliss. Selon le Rapport tiers des enfants d’ge scolaire non scolariss prsentent un handicap.†Catherine Naughton propose de dvelopper des objectifs sur l’inclusion des enfants porteurs d’un handicap dans les Documents stratgiques pays (DSP) des pays ACP au titre du FED, mais aussi des objectifs lorsque des projets spcifiques doivent tre mis sur les rails. “Assurons-nous la formation d’enseignants spcialiss dans les besoins spciaux en matire d’ducation, capables d’enseigner en braille et dans la langue des signes ?â€, demande-t-elle, ajoutant : “Dans les cas o un soutien sectoriel a t octroy pendant une certaine priode, dans quelle mesure cette aide a-t-elle amlior l’galit d’accs des femmes, des communauts tribales et des personnes handicapes ?†Et lorsqu’on lui demande si ces rserves enfreignent le droit des pays ACP utiliser les fonds comme ils le souhaitent, elle rpond : “Voulons-nous d’un systme d’enseignement qui rponde uniquement aux besoins d’un petit nombre d’individus au sein de la socit et voulons-nous soutenir un tel systme ?†Elle dit que la CE demande dj strictement des comptes en matire de reporting financier. Ds lors, pourquoi ces exigences n’ont-elles pas d’impact sur les groupes bnficiaires ? “Tous les gouvernements, part les Etats-Unis et la Somalie, ont sign la Convention relative aux droits de l’enfant, qui affirme que chaque enfant a le droit d’aller l’cole quelle que soit sa race, son sexe ou un handicap ventuel. Il n’y a rien de draisonnable exiger que chaque enfant ait accs l’enseignement primaireâ€, explique-t-elle. > Des infrastructures accessibles Catherine Naughton poursuit, en soulevant une autre question : “Pourquoi donc construire des coles qui ne sont pas accessibles ?†En consacrant 1,4% en plus, il est en effet possible d’quiper un btiment de faon le rendre accessible aux personnes handicapes. Johannes Trimmel souhaite que l’UE soutienne la personne de contact “handicap†dans chaque dlgation de la CE, une proposition qui a dj bnfici du soutien du Commissaire europen Louis Michel au niveau de l’Assemble parlementaire paritaire ACP-UE, explique-t-il. Certaines dlgations de la CE consultent dj des groupes de dfense des personnes handicapes durant la phase de planification. Ce fut le cas au Ghana, o l’ONG locale Action on Disability and Development a t consulte dans le cadre de l’laboration du document stratgique pays pour le 10e Fonds europen de dved’affaires auprs de la dlgation de la CE au Ghana, explique que la CE s’apprte soutenir le pool de la Rights and Voices Initiative (RAVI) du ministre britannique du Dveloppement international au titre du 10e FED. Le RAVI sponsorise de petites organisations communautaires afin de leur permettre de dialoguer avec le gouvernement. L’exemple du Ghana est toutefois une exception, explique Trimmel. Certains gouvernements ACP se montrent plus proactifs dans le domaine du handicap. L’Ouganda rserve ainsi cinq siges au sein de son Parlement des personnes handicapes et les politiques de sensibilisation, de dpistage et du traitement du VIH/sida prennent en compte les personnes handicapes, explique Catherine Naughton. Un autre projet, soutenu par CBM, Callan Services, a lui aussi eu un impact long terme, cette fois sur le systme ducatif de Papouasie Nouvelle Guine. Jusqu’en 1990, ce pays ne disposait pas d’un systme d’enseignement spcial pour l’accueil des enfants handicaps. A la fin des annes 1990, des Frres chrtiens ont expriment l’chelle pilote les “Callan Servicesâ€, un diplme de trois ans de l’enseignement primaire pour l’Ecole normale St Benedict’s. L’objectif tait de former les futurs enseignants pour qu’ils soient en mesure de donner cours des enfants handicaps frquentant des coles “classiquesâ€. Cette initiative a t soutenue par le Churches’ Education Council et le Conseil national pour les personnes handicapes cofinanc par CBM et la CE. Elle fait aujourd’hui partie du programme de toutes les coles normales du pays. Mots-cls Handicap ; IDDC ; CBM ; Licht-Fuer-dieWelt ; Ghana ; Papouasie Nouvelle Guine. 22 Le droit la mobilit. CBM Phil Lam
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23 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 Ce nouveau “pont†entre les deux continents serait, aux yeux du Commissaire europen, une suite logique des grands travaux d’infrastructures de transports mens aux quatre coins de l’Afrique. Mais, a reconnu Antonio Tajani, il ne s’agit encore que d’une ide : “il s’agirait d’abord d’un exercice de planifica tion visant identifier les points de connexion entre nos rseaux, sur le modle de ce qui se fait dj dans le cadre du rseau transmditer ranen de transport.†Une ide qui a son origine dans la runion tenue en octobre dernier avec le Commissaire Docteur El Ibrahim, l’occasion de la rencontre entre les commis sions de l’UE et de l’UA. En attendant, faisant rfrence au plan d’acministres des Transports de l’UA, Antonio Tajani a tenu noncer “ses ides†concernant les axes transafricains. Avec une priorit : le transport routier. Et de rappeler les grands axes faisant maintenant l’objet d’un programme panafricain consolid et auxquels la Commission europenne et la Banque europenne d’investissement (BEI) apportent leur soutien. Ces axes sont au nombre de huit : DakarN’djamena ; Nouakchott-Lagos ; Khartoum-Djibouti ; Lagos-Mombasa ; Le Caire-Gaborone ; N’djamena-Windhoek ; Beira-Lobito ; Dar Es Salam-Kigali. > Huit axes prioritaires“Le Fonds europen de dveloppement (FED) a dj allou plus de trois milliards d’euros ces huit axesâ€, a soulign le Commissaire mentaires sont programms au titre au 10e FEDâ€. Des “moyens considrablesâ€, a-t-il ajout, qui “catalysent les financements des grandes institutions financires europennes, sous l’gide de la BEIâ€. Chiffres record aussi pour la Banque africaine de dveloppement (BAD) qui, au cours de ces trois dernires dollars dans les transports. “Je suis content d’annoncer que nous devrions doubler nos engagements d’ici trois ansâ€, a dclar Addis Abeba Donald Kabureka, gouverneur de la BAD. Les engagements des donateurs, a ajout le gouverneur de la BAD, ont quasi doubl en un an, passant de 7,7 milliards de augmentation qui s’explique en partie par la contribution des pays mergents, comme le Brsil, l’Inde et la Chine, lesquels ont engag en particulier dans les domaines ferroviaire et hydraulique.INTERCONNECTERl’Europe et l’AfriqueUn rseau euro-africain des transports pour demain ? C’est du moins l’ide dfendue par Antonio Tajani, Commissaire europen aux Transports, lors du Sommet de l’Union Africaine (UA), consacr aux infrastructures, qui s’est tenu du 1er au 4 fvrier Addis Abeba, en Ethiopie. Afrique-UE Interactions Grand Sud de Madagascar 2008. Marie-Martine Buckens
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InteractionsUnion Africaine L’lection du chef d’Etat libyen ne s’est pas faite par acclamation, comme de coutume, mais huit clos. En ralit, la prsidence tournante de l’organisation revenait cette anne un Etat d’Afrique du Nord et M. Kadhafi en tait le seul reprsentant au sommet. Le Tanzanien Jakaya Kikwete, Prsident sortant de l’UA, a ignor son successeur, enjoignant ses pairs consacrer plus de temps au dveloppement de leurs conomies qu’au rglement des conflits “sur les partages de pouvoirs entre nos politiciensâ€. De con ct, le colonel libyen aurait dclar, selon Radio France International (RFI) : “Je sais que certains d’entre vous sont dus et je vais vous provoquer. Mais c’est dans l’intrt de l’Afrique.†Ainsi, le chef d’Etat libyen a russi AddisAbeba faire adopter un compromis prvoyant la transformation de la Commission de l’UA en une nouvelle autorit. Dote d’un mandat plus fort, elle serait une lointaine prfiguration d’un “gouvernement de l’Union Africaineâ€. Le Prsident sngalais Abdoulaye Wade s’est dit prt, dans une dclaration faite la presse le 17 fvrier, apporter son soutien un tel gouvernement. Celui-ci, a-t-il dclar, devrait voir le M.M.B. > Crise du financementLa question tait sur toutes les lvres : en ces priodes troubles, les donateurs pourront-ils tenir leurs engagements ? Antonio Tajani s’est montr relativement confiant : “l’actuelle crise conomique risque d’avoir des consquences sur les ressources ncessaires (), mais en mme temps, les plans de relance labors tous les niveaux font des infrastructures une des priorits. En effet, ce sont elles qui favorisent le commerce et la comptitivit de nos conomies et qui constituent donc la rponse la plus adquate la crise.†Donald Kabureka s’est montr plus pessimiste : “En Afrique, un certain nombre de projets d’infrastructure risquent d’tre annuls ou minimissâ€, tout en ajoutant : “les dfis auxquels doit faire face notre infrastructure ne sont pas seulement de nature financire, mais galement politique, rgulatrice.†Sur ce dernier point, le Commissaire europen a avanc le modle mis en place au sein de l’UE pour faciliter en particulier les sections transfrontalires des rseaux de transport, notamment l’mergence de projets publics et privs. “Les outils dploys, a-t-il ajout, pourraient s’appliquer dans les processus engags par la Commission de l’UA en appui des Etats et des Communauts conomiques.†> Bientt un accord arien ?Antonio Tajani a profit du Sommet pour “esquisser†le nouveau cadre stratgique entre l’UE et l’Afrique dans le secteur arien. Un secteur o les Etats europens jouent un rle prdominant. Un secteur, a-t-il reconnu, o l’UE est un acteur relativement jeune mais dont le rle a rapidement grandi, comme en tmoignent les accords signs avec les EtatsUnis, le Canada ou l’Inde. Quel serait le contour du futur accord arien entre l’UE et l’Afrique ? “Je n’ai pas d’ide prconue sur sa forme, il convient de le btir ensembleâ€, a assur le Commissaire europen, tout en insistant sur deux pralables : la reconnaissance de la nature communautaire des compagnies ariennes europennes et le respect de la scurit arienne. M.M.B. LES “ETATS-UN IS D’AFRIQUE†de Mouammar Kadhafi Runis en Sommet Addis-Abeba (Ethiopie), les chefs d’Etat et de gouvernement des 53 pays de l’Union Africaine (UA) ont lu, le 2 fvrier dernier, le Libyen Mouammar Kadhafi la tte de leur organisation, pour un an. Une nomination qui a permis au “guide†libyen de rouvrir un dossier qui lui tient cur : la cration des Etats-Unis d’Afrique. Mots-clsSommet UA ; Mouammar Kadhafi ; Jakaya Kikwete ; Marie-Martine Buckens. 24 Mouammar Kadhafi, Prsident de la Lybie. Commission europenne Mots-clsUA ; UE ; BAD ; BEI ; Antonio Tajani ; infrastructures ; arien ; Donald Kabureka ; Hegel Goutier.
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25 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 UE-ACP InteractionsLa Zambie est le premier pays bnficier de cette nouvelle forme d’appui budgtaire – dnomm "Contrat OMD" que la Commission a dcid d’octroyer aux "bons lves" parmi les bnficiaires du Fonds europen de dveloppement. Six autres pays devraient bientt suivre : Mali, Mozambique, Ouganda, Burkina Faso, Ghana et Rwanda. "Dans le contexte actuel de crise financire et conomique, il est plus important que jamais de fournir aux pays en dveloppement une aide prvisible s’inscrivant sur le long terme et respectant leurs propres procdures et priorits stratgiques", a dclar responsable du dveloppement et de l’aide humanitaire, lors de la signature du contrat dans la capitale zambienne, Lusaka. zambienne, Lusaka. Le contrat OMD constitue un lment de la stratgie adopte par l’UE pour respecter son engagement politique d’amliorer l’efficacit et la prvisibilit de l’aide. Il sera plus prvisible, l’engagement s’talant sur six ans, soit sur une priode deux fois plus longue que ce que prvoient les accords d’appui budgtaire classiques. Il prvoit la fourniture d’une aide minimum, quasiment garantie, chaque anne, ainsi que des versements annuels fiables effectus selon un calendrier prtabli. M.M.B. L a ZAMBIE, premire bnficiaire du nouvel instrument BUDGTAIRE de l’UE – le "contrat OMD"L a ZAMBIE, premire bnficiaire du nouvel instrument BUDGTAIRE de l’UE – le "contrat OMD"La Commission europenne a dcid de verser un montant de 225 millions d’euros au gouvernement zambien afin de soutenir les efforts qu’il dploie pour amliorer l’efficacit de ses programmes axs sur la lutte contre la pauvret et acclrer la ralisation des objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD). Mots-cls Zambie, contrat OMD ; efficacit ; FED ; Louis Michel ; Marie-Martine Buckens.L’ambassadeur des les Salomon auprs de l’Union Europenne et du Royaume-Uni, Joseph Ma’ahanua, a pris le leadership du Groupe ACP, Faso. La prsidence du Groupe des pays d’Afrique, Carabes et Pacifique (ACP), est une position tournante, assure tous les six mois par une des six rgions ACP. Aprs l’Afrique de l’Ouest, la prsidence revenait un pays de la rgion Pacifique. “Je compte sur chacun de nous, car la tche qui nous attend est normeâ€, a dclar l’ambassadeur lors de son investiture. Les ngociations sur les Accords de partenariat conomique (APE) entre le groupe et l’UE reprsentent le dossier prioritaire qui devrait occuper les six mois de prsidence des Iles Salomon. Autre dossier de taille : la rvision de ’l’Accord de Cotonou qui lie les ACP et l’UE. Adopt en A ce titre, Joseph Ma’ahanua doit assurer la prsidence du Comit des ambassadeurs des 79 pays membres du Groupe ACP. Ce comit prend les dcisions ad-hoc entre chaque session ministrielle du groupe. M.M.B. LES ILES SALOMON prennent les rnes du groupe ACP Mots-clsIles Salomon ; Groupe ACP ; Jospeh Ma’ahanua ; Marie-Martine Buckens. Louis Michel, Commissaire europen, en charge du Dveloppement et de l’Aide humanitaire, au cours de sa visite en Zambie en mars 2009. CE
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26 Interactions Fondations europennesLes fondations endossent peu peu un rle de donateurs pour la lutte contre la pauvret. Quelles sont les activits de l’EFC cet gard ? En tant qu’association de membres, notre rle consiste appuyer les travaux mens par nos membres dans leurs domaines d’intrt respectifs qui, dans beaucoup de cas, comprennent la pauvret. L’une des missions essentielles du Centre consiste faciliter la contribution et la participation des fondations l’laboration et la mise en uvre des politiques de l’UE. En outre, le Centre s’efforce de mieux faire connatre les recherches menes par les fondations et les pratiques qu’elles prconisent pour faire progresser les questions europennes, cela dans des domaines tels que l’intgration socio-conomique, la libert des mdias, le dialogue interculturel et la sant dans le monde. Les fondations sont-elles intresses par un dialogue avec les donateurs publics, ou alors peroivent-elles ce dialogue comme une restriction de la libert qu’elles ont de grer leurs actifs ? L’EFC juge trs important que les fondations nouent un dialogue franc avec les autorits publiques (locales, rgionales, nationales et supranationales) tout en conservant leur indpendance. Cette coopration possde en fait une longue tradition dont on trouve la trace dans l’histoire : certaines anciennes fondations mdivales ont t cres ou administres par ce que nous appellerions aujourd’hui des autorits locales ou organes excutifs. De nos jours, grce leur indpendance financire et leur flexibilit, les fondations jouent un rle moteur et rassemblent des ressources et des savoir-faire pour rpondre des besoins critiques. Permettez-moi de citer quelques exemples d’initiatives rcentes ayant vu la participation de l’EFC : coopration du European HIV/AIDS Funders Group avec l’ONUSIDA ; Global Fund for Community Foundations, conu conjointement avec la Banque mondiale et les Worldwide Initiatives for Grantmaker Support (WINGS) ; Forum europen sur la philanthropie et le financement de la recherche, qui bnficie du soutien de la Commission europenne ; Consortium europen des fondations sur les droits de l’homme et le handicap pour l’application de la convention des Nations Unies sur les Au niveau individuel, les membres de l’EFC dveloppent aussi d’importants partenariats : le Structural Genomics Consortium, une collaboration internationale soutenue par le Wellcome Trust (Royaume-Uni), des acteurs du financement au Canada et en Sude ainsi que des compagnies pharmaceutiques ; ce consortium a entrepris la caractrisation grande chelle des structures des protines ; le Fondation Calouste Gulbenkian (Portugal) met en place un centre de recherche en Angola pour tudier la sant et les maladies tropicales ; a men des campagnes de sensibilisation nationales sur l’inclusion sociale, en partenariat avec l’UE, le gouvernement espagnol, le secteur non marchand, la Caixa Galicia et 15 gouvernements rgionaux ; la Fondation Roi Baudouin (Belgique) travaille avec des organes gouvernementaux, des ONG, des institutions de recherche et des entreprises en se consacrant des domaines comme la migration, la pauvret et la justice sociale. Quels sont les objectifs de la runion de Rome ? En l’espace de quelques mois, les effets du dclin conomique mondial ont touch toutes les couches de la socit, notamment les groupes de population les plus vulnrables, qui auraient subi les dommages les plus lourds. Pour les fondations – depuis longtemps championnes des causes des plus dfavoriss – c’est donc un moment opportun pour dbattre du rle qu’elles jouent pour relever les dfis poss par la conjoncture. Cette confrence reviendra sur les bases de la philanthropie en examinant le thme de la pauvret mais aussi en envisageant PHILANTHROPIE et pauvretAndrea Marchesini ReggianiL’dition 2009 de la confrence annuelle du Centre europen des fondations (EFC), qui se tiendra Rome du 14 au 16 mai 2009, examinera comment les fondations peuvent rduire la pauvret en crant des opportunits grce l’ducation et au renforcement des capacits. Nous avons interrog M. Rui Vilar, Prsident de l’EFC, sur l’action des fondations europennes en matire d’aide au dveloppement et dans le contexte actuel de la conjoncture conomique difficile.
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27 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 InteractionsFondations europennesde crer de nouvelles opportunits par l’ducation, le renforcement de pouvoir et l’acquisition de comptences. Disposez-vous d’une estimation du montant de l’aide accorde annuellement par les fondations aux pays en dveloppement ? Une enqute de l’EFC sur les financements accords par ses membres en faveur du dveloppement mondial, sur la base des donnes pour les dpenses de dveloppement sont passes La mme enqute a galement examin les positions des membres par rapport aux Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) des Nations Unies. Bien que la majorit des rpondants mnent des activits relevant des domaines couverts par les OMD, ils ne s’identifient pas cet agenda mondial. Cette situation s’explique, entre autres, par un scepticisme marqu au sujet des OMD en tant que cadre, et par une difficult aligner les missions et les approches des fondations sur l’agenda des OMD. Toutefois, selon certaines fondations, alors qu’il est crucial de porter le regard au-del en compte les OMD car ils influencent les agences de donateurs et les ONG. Les dpenses et les actions des fondations diminueront-elles cause de la crise financire ? bres une enqute dans le but de mieux cerner l’impact de l’instabilit de l’conomie. Une bonne moiti des rpondants ont dclar que la crise financire n’affectait pas leur organisation. En ralit, la majorit d’entre eux ont rpondu qu’ils resteraient en mesure d’honorer tous leurs engaun peu moins de la moiti des rpondants s’attendaient ce que leur budget de subventionnement diminue au cours des deux prochaines annes, tandis que deux tiers ont dclar qu’ils envisageaient d’apporter des modifications importantes leur stratgie d’investissement. Ce sont l des statistiques dictes par la prudence. Cependant, nous demeurons convaincus que les fondations, avec leur solide historique de rsistance, de comptence et de crativit, parviendront surmonter cette priode difficile. L’Accord de Cotonou se caractrise par une approche innovante qui inclut la ngociation entre donateur et bnficiaire sur le type d’intervention et les secteurs viss. Votre action est-elle anime par le mme principe ? Dialoguer avec les bnficiaires et se montrer attentif leurs besoins sont des principes essentiels pour les fondations. Ils forment cependant un domaine complexe, surtout pour les actions envergure internationale. Un tel dialogue ncessite en effet une comprhension profonde des divers contextes culturels, sociaux et politiques. Consciente de cette complexit, l’EFC, en coopration avec le Conseil des fondations, a labor des “Principes de responsabilit pour la philanthropie internationaleâ€. Mots clsCentre europen des fondations (EFC) ; Rui Vilar ; philanthropie. LES FONDATIONS IMPLIQUES DANS LE DVELOPPEMENTLes Fondations actives dans le monde du dveloppement sont : Gulbenkian Foundation (Portugal), Diana, Princess of Wales Memorial Fund (RU), Fondation Mrieux (France), Nuffield Foundation (RU), Unidea Unicredit (Italie), Volkswagen Stiftung (Allemagne), Wellcome Trust (RU). Nombreuses sont celles qui s’impliquent en faveur des communauts de dveloppe ment, dont Bernard van Leer Foundation (Pays-Bas), Cera (Belgique), Fondation Roi Baudouin (Belgique), un consortium de Fondations italiennes – Compagnia di San Paolo, Fondazione Cariplo et Monte Paschi di Siena, Rabobank Foundation (Pays-Bas) and Shell Foundation (RU). D’autres focalisent leur attention sur le renforcement des capacits de la socit civile : Joseph Rowntree Charitable Trust, Sigrid Rausing Trust (RU), Oak Foundation (Suisse). Page 26: Rui Vilar, Prsident de l’EFC. EFCCi-dessous : Annabelle le Clown, Paris, vainqueur du prix EFC de la plus belle photographie 2008. Image soumise par la Fondation de France. Francesco AcerbisPour la dfense des minorits dans le Sud-est de l’Europe, Berovo, Macdoine. Image soumise par la Fondation Roi Baudouin. T. Predescu
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28 Qu’importe ! Pour Sissoko, le cinma est un outil au service d’ides, d’une politique. Mais cet outil, loin du martlement des slogans est d’une finesse, utilise par lui. Tantt pour dpeindre l’Empire du Mali du XIXe sicle comme dans “Guimbaâ€, crant un drame shakespearien intense, mlant tous les ingrdients d’un thriller historique, d’une fresque grandiose avec dcors et costumes sophistiqus, lgions de figurants. Tantt pour clairer sous la lumire africaine un pan de l’hritage mondial, la Gense et nous transportant dans un conte o exploits, envotements, sensualits se macrent. mme deux de ses uvres devant une assistance mduse et accroche ses mots comme une corde d’instrument. Il parle devant des jeunes essentiellement, les tudiants de la renomme cole de cinma de l’Afrique de l’Ouest, ISIS de Ouagadougou. Ces derniers ne perdront pas un silence et du film Guimba qu’ils ont vu ou revu en lever de rideau et des propos du matre du matin jusqu’en fin d’aprs-midi. Leurs questions allaient tre d’une acuit et d’une pertinence rares. Sissoko s’en dclarera mu. Les invits trangers, professeurs, directeurs et stagiaires d’coles de cinma de Bruxelles ou de Dijon notamment, partenaires d’ISIS, taient sous le charme. La masterclasse portait sur “Dcors cinmatographique et patrimoine culturelâ€. A ct de l’aspect technique du sujet, Sissoko insistera maintes reprises sur son choix de raliser des coproductions Sud-Sud. Dans son cas prcis, c’est souvent entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger mais aussi avec des pays de l’Afrique du Nord, notamment le Maroc. Il parlera surtout de la faon dont il met en lumire les magnifiques villes impriales du Mali comme Djenn, Sgou, Tombouctou. Il va rendre des hommages chaleureux aux costumiers, dcorateurs et autres magiciens du cinma de la rgion. Tel grand costumier du Burkina Faso, tel as du costume et des pierres, originaire du Mali. Il va faire une dmonstration de la capacit d’autosuffisance du cinma africain. Qui savait dans la salle qu’entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, on pouvait raliser une fresque comme La Gense sans recours l’tranger. Qui savait que ges et que le cinma de ce pays est dsormais autosuffisant ? Pour cette autosuffisance, il faut d’abord utiliser les langues locales africaines et le corpus d’histoires, de lgendes et de faits du continent. Ainsi seulement, un large public africain rendra le cinma africain viable. Sinon, les films du continent continueront tre relgus en Europe Une journe dans la vie de CHEIK OUMAR SISSOKOGROS PLANL’homme est lanc dans son physique comme dans sa pense. Calme mais comme en projection, le corps en pronation, l’esprit laborant, construisant, parfaisant des projets, des stratgies pour le cinma, la culture, l’Afrique. Rappelant avec application mais sans nulle infatuation son parcours dans ses deux carrires, cinaste et homme politique ou plutt, homme politique cinaste. Comme pour quilibrer son aura de grand ralisateur malien ou africain qui estompe hors des frontires de sa rgion ses russites comme Ministre de la Culture. Hegel Goutier Z oom
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Zoom dans des petits cinmas et n’auront pas leur vraie chance. “Je ne crois pas en l’existence d’un cinma universel.†Pour lui, si un film amricain ou japonais a un succs universel, cela ne veut pas dire qu’il est universel. Il reste ancr dans sa culture. C’est son succs dans son monde qui lui permet d’en conqurir d’autres. “Le jour o un film africain fera 10 millions d’entres en Afrique, des producteurs trangers viendront genou demander d’en acheter les droits.†Affable et rserv la foi. D’une chaleur embrasant mais distance comme pour ne pas brler, par courtoisie ou lgance. Tel Cheik Oumar Sissoko conversant avec autrui. Dans Nyamenton ou La leon des ordures, pour pousser voir ce qui est bien, vous montrez bien ce qui est mal. Comme dans Guimba vous avez bien montr le mal pour arriver la fin une lueur. Est-ce que je rsume mal ? Je ne pourrais pas dire que vous rsumez mal. C’est que je peux dire avec certitude, c’est selon les situations. Elles peuvent se prter ce que vous avez dit sur “Nyamenton ou La leon des orduresâ€. Dans la composition du ralisateur, c'tait amener ce qui est trs mal, en faire une construction dramatique en utilisant le comique pour prsenter les choses. C’est pour cela que cette belle mtaphore me plat bien. Vous avez appel les jeunes “chers collguesâ€. Ils en avaient t mus. C’est parce que vous les considrez mrs ou que vous vous considrez jeune toujours en train d’apprendre ? C’est parce que ils sont mrs. Dj aujourd’hui accepter de venir dans une cole de cinma et laisser les grandes coles d’conomie, de gestion, c’est une situation de maturit parce que la profession est extrmement difficile. Elle n’est pas encore accepte par notre socit. Elle ne l’est pas parce qu’on sait qu’ils vont au-devant de beaucoup de difficults et l’accepter, c’est vraiment leur honneur. C’est pour cela que je dis “mes chers collgues†parce que je sais qu’ils vont y aller. Parce que c’est un sale temps pour la culture ? Absolument, c’est un sale temps pour la culture parce que la culture n’a pas droit de cit dans les visions des plus hautes autorits de nos pays. Le Burkina Faso fait bande part parce qu’il a toujours vraiment donn pour la culture particulirement pour le cinma, le Fespaco est l pour le montrer, la cinmathque africaine est l pour le montrer et Isis est l aussi pour le montrer. M. Sissoko, quelle est la mouche qui pique des artistes comme vous, Raoul Peck, Gilberto Gil d’entrer dans un gouvernement. Est-ce pour tter du danger et s’en carter ? Non je pense que pour moi c’est diffrent de Raoul Peck et de Gilberto Gil, mme s’ils ont vraiment une conception politique des luttes mener, des exigences du dveloppement de leurs pays. Moi je suis politique et c’est la politique qui m’a emmen au cinma. Je suis prsident d’un parti “Solidarit africaine pour la dmocratie et l’indpendanceâ€. J’ai travaill (NDLR : comme ministre) dans le sens de bouleverser les choses, de changer les choses positivement. Je crois que nous avons pos vraiment des actes donc qui sont irrversibles. Oui, nous avons fait cela en faisant comprendre au gens la culture comme un facteur de dveloppement conomique, un facteur de paix et de stabilit.H.G. KeywordsHegel Goutier; Cheik Oumar Sissoko; Guimba; Genesis; Nyamanton; ISIS. Une cadreuse reprend le Master Class qui s’est tenu auprs de la renomme cole de cinma de l’Afrique de l’Ouest, ISIS de Ouagadougou. L’initiative a t soutenue par Africalia (www.africalia.be). Hegel Goutier 29 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009
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30 La Caribbean Export Development Agency (CEDA – Agence de dveloppement des exportations des Carabes) est unique en son genre. C’est en effet le seul organisme de promotion des exportations dimension rgionale existant dans le groupe des Etats d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP). La signature en 2008 des Accords de partenariat conomique (APE) entre les 15 Etats membres du Cariforum* et l’UE est synonyme de nouveaux dfis pour les partenaires.Ces accords vont fragiliser “les marchs agricoles locaux en les exposant la concurrence des surproductions europennesâ€, a mis en garde la dlgation, lors de son passage Bruxelles le 5 mars. “Nous craignons que l’Union Europenne, qui subventionne normment ses agriculteurs, inondent nos marchsâ€, a expliqu Kolyang Palebe, reprsentant une organisation paysanne tchadienne. Les APE vont aussi entraner “une chute drastique des recettes fiscales douanires et donc contracter davantage les capacits budgtaires des Etatsâ€, a soulign de son ct la Kenyane Catherine Kimura, Prsidente de la commission Commerce de l’Assemble des Etats d’Afrique de l’Est (EALA). La dlgation a galement dnonc le fait que l’UE ngocie actuellement ces accords pays par pays alors qu’ils devaient au dpart tre ngocis sur la base d’entits rgionales. “C’est rduire nant nos efforts d’intgration rgionale, pourtant prne par l’Accord de Cotonou (qui lie l’UE aux 79 pays d’Afrique, Carabes et Pacifique (NDLR : ACP)â€, a dclar de son ct Eric Ouedraogo, un reprsentant des petits pays du Burkina Faso. Pour ce dernier, “notre solidarit rgionale est naissante, il nous faut donc un minimum de protection sans quoi nous risquons de revenir la case dpartâ€. M.M.B. LES EXPORTATIONS DES CARABES et le dfi des APE “Il nous FAUT un MI NIMUM de protectionâ€ACCORDS DE PARTENARIAT CONOMIQUE (APE)Une dlgation de parlementaires et de fermiers africains, en tourne dans les grandes capitales europennes durant le mois de mars, a dnonc la tournure prise dans les ngociations menes par l’Union Europenne avec les pays africains pour la conclusion de nouveaux Accords de partenariat conomique (APE) qui risque “de provoquer un gnocide conomique en Afriqueâ€. Mots-clsAPE ; dlgation africaine ; petits paysans ; Marie-Martine Buckens. En bas : Plus d’opportunits pour les exportations avec l’APE ? Port Kingstown, Saint Vincent et les Grenadines. Debra Percival C ommerce
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31 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 CommerceI Cariforum, la CEDA a pour mission de renforcer la comptitivit des entreprises sur les marchs internationaux et de promouvoir les exportations des Carabes au niveau de chaque pays, explique Philip Williams, directeur excutif de l’agence, ajoutant que celle-ci dispose d’un personnel de 14 employs la Barbade ainsi que de trois employs pour le bureau sousrgional en Rpublique Dominicaine. D’aprs Escipion Oliveira, directeur des projets spciaux, “le regroupement d’entreprises fait toute la force de la CEDAâ€. Par exemple, lors de la rcente “Fancy Food Fair†New York, le fait que l’Agence ait prsent les produits des entreprises connues sur le mme pied que ceux de nouvelles entreprises a t synonyme de nouveaux clients pour des marques peu connues. Le Fonds europen de dveloppement (FED) de l’UE a dj financ les activits de cet organisme par le pass. Pour l’instant, le 10e FED beaucoup de travail sera ncessaire pour concrtiser les ambitions des APE. Au nombre des initiatives prises rcemment dans ce cadre, on peut citer l’vnement qui a rassembl entre 15 et stylistes de mode, Ochos Rios, en Jamaque, tent de dfinir la “carabitude†et de dterminer comment mieux la vendre sur le march mondial. La CEDA cherche en particulier promouvoir l’artisanat Hati, notamment par la cration d’un “Conseil du dveloppement des petites exportationsâ€. “Il y a beaucoup d’nergie et de crativit en Hati, mais les matriaux de qualit sont au-dessus des moyens des artisansâ€, ajoute M. Williams. Pour Carlos Wharton, conseiller principal en commerce de la CEDA, les APE ouvrent des possibilits dans des domaines tels que les services, mais la rgion va maintenant devoir relever le dfi consistant offrir des ouvertures comparables d’autres pays, comme le Canada, en vertu du traitement de la nation la plus favorise (NPF). Voici peine 10 ans, la Barbade possdait une industrie de l’habillement florissante, qui est en train de disparatre peu peu en raison de la possibilit de fabriquer les textiles ailleurs pour des salaires plus bas. M. Wharton souligne le potentiel du secteur des services et des technologies de l’information, en prcisant que ces secteurs “sont en constructionâ€. “Dans ce domaine, ajoute M. Williams, les conditions de concurrence ne sont pas gales ; nous aurons besoin d’assistance technique et d’aide au dveloppement pendant longtemps.†Selon M. Oliveira, la CEDA tche d’tre un moteur pour le dveloppement rgional dans les pays et territoires d’outre-mer (PTOM) des Carabes et dans la rgion ultrapriphrique des Antilles franaises, qui comprend la Martinique et la Guadeloupe. Au moment de la mise sous presse de ce numro, on apprenait qu’un atelier sur la ncessit d’investir davantage dans le secteur des nergies renouvelables des Carabes et sur les prts susceptibles d’tre obtenus de la Banque europenne d’investissement (BEI) cet effet. D.P. Pour plus d’informations : www.carib-export.com Rpublique Dominicaine, Hati, Grenade, Guyane, Jamaque, Sainte Lucie, Saint Christophe et Nevis, Saint Vincent et les Grenadines, Suriname et Trinit et Tobago. Mots-clsAgence de dveloppement des exportations des Carabes ; Cariforum ; Philip Williams ; Escipion Oliveira ; Carlos Wharton ; APE ; PTOM ; BEI ; Debra Percival.“Si jamais cela arrive, ce sera pire qu’un ouragan pour nousâ€, avertissait Cornelius Lynch. M. Lynch est un planteur de bananes de Dennery, dans la partie orientale de Sainte Lucie, mais aussi le reprsentant du label “Fairtrade†sur l’le. Ce commentaire se rapportait aux effets ngatifs d’une mesure que prendrait l’Union Europenne (UE) en vue de rduire le tarif douanier actuel impos aux euros la tonne dans le cadre d’un nouvel accord commercial avec cette rgion, comprenant les grands exportateurs que sont l’Equateur et la Colombie. Avec la menace de rductions supplmentaires des tarifs douaniers de la banane et l’arrive de nouveaux concurrents sur le march, la production bananire de Sainte Lucie s’est dj effondre, passant d’une production annuelle de 75.000 tonnes au dbut des annes Les planteurs de bananes des les du Vent (Sainte Lucie, Dominique et Saint Vincent et les Grenadines) survivent grce au succs de Fairtrade. Pas moins de 90% des exportations de Sainte Lucie sont vendues sous le label Fairtrade au Royaume-Uni et en Irlande. Cette caractristique reprsente une “prime sociale†pour les agriculteurs. Les associations locales d’agriculteurs des les du Vent dcident quoi serviront ces fonds, par exemple pour allouer des bourses aux enfants des planteurs de bananes. sieurs organisations de dveloppement rputes. Sa directrice, Harriet Lamb, a conclu l’an pass un accord important avec Sainsbury’s, une grande chane de supermarchs de Grande-Bretagne et d’Irlande. Cette entreprise a accept de s’approvisionner en bananes uniquement auprs de fournisseurs Fairtrade. Sainsbury’s travaille en troite collaboration avec les planteurs de bananes des les du Vent mais aussi avec le Costa Rica, l’Equateur, la Colombie et la Rpublique Dominicaine. Le passage 100% de bananes Fairtrade crera une prime sociale expliqu Madame Lamb un public de l’Ecole d’conomie de Londres (LSE). Pour plus d’informations : www.fairtrade.org Fairtrade ouvre la voie aux PLANTEURS DE BANANES des les du Vent Casque de bananes Saint Vincent et les Grenadines. Debra Percival Mots-clsFairtrade ; commerce quitable ; bananes ; Sainte Lucie ; Dominique ; Saint Vincent ; Iles Grenadines ; Carabes ; Royaume-Uni ; Irlande.Malcom Flanagan* et Debra Percival
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32 Paradoxe. L’Afrique possde des ressources vgtales aux multiples proprits et des tradipraticiens aux savoirs sculaires, mais ces deux richesses sont menaces d’oubli. C’est pour combler cette lacune que le programme PMTA a t mis sur pied. Un programme, nous explique le Professeur Jean-Maurille Ouamba, qui doit “permettre de rsoudre le problme crucial de mdicaments et crer progressivement les conditions de l’implantation de la future industrie pharmaceutique africaineâ€. Un dfi de taille dans un continent o D e la terre LA MDECINE TRADITIONNELLE prend des galonsMettre la disposition des populations africaines des mdicaments traditionnels amliors: tel est l’objectif du programme “Pharmacope et Mdecine Traditionnelles Africaines†(PMTA), cr ds 1974 par le Conseil africain et malgache de l’enseignement suprieur. Aprs la mise en place de rseaux dans les 17 pays africains francophones, le programme connait un coup d’acclrateur avec la cration, ds 1995, de formations universitaires. R encontre avec le Professeur Jean-Maurille O uamba, doyen de la facult des Sciences de l’universit Ngouabi de Brazzaville. Quelques produits mdicaux traditionnels utiliss pour gurir de maladies diverses, Ukunda, Kenya, Juillet 2007. Les tentatives de rglementer l’industrie de la mdecine traditionnelle, y compris l’enregistrement des mdecins traditionnels, ont t mins par les rivalits entre docteurs conventionnels et praticiens traditionnels. Allan Gichigi/IRINCi-dessous : Le professeur Jean-Maurille Ouamba. Avec l’autorisation de Jean-Christian Mboussou Mananga
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33 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009De la terre l’accs aux soins et le cot des produits constituent de vritables problmes de sant publique. Vous tes, notamment, coordonnateur du Groupe d’tudes et de recherche sur la pharmacope et la mdecine traditionnelle au Congo (Gerphametrac). Est-ce que, paralllement vos activits de R&D, vous avez des contacts suivis avec des tradipraticiens ? Bien entendu, sinon notre action est inutile. Les tudiants de la formation doctorale par exemple (DEA ou Master et Doctorat) travaillent troitement avec les tradipraticiens. Les contacts sont frquents. D’autant plus que notre dmarche impose que nous partions pour nos travaux de recherche et dveloppement des remdes qu’ils proposent, des plantes constitutives de leurs recettes traditionnelles. Nous organisons des rencontres et nous participons celles qui sont organises. Par exemple en aot de chaque anne, une journe de la mdecine traditionnelle en Afrique est organise dans chaque pays, et nous participons cette journe. Nous en assurons parfois la coordination scientifique au Congo. J’ai par exemple t le coordonnateur de le Professeur Ange Antoine Abena, pharmacologue, doyen actuel de la Facult des Sciences de la Sant de notre universit, coordonnateur adjoint du groupe, l’a t avant moi. Les tudiants participent galement cette journe. C’est l’occasion de prsenter les rsultats des recherches dveloppes. Exposition des produits de la mdecine traditionnelle, forum, discussion sur la proprit intellectuelle, changes, etc. Quelques tradipraticiens plus outills ont la possibilit d’exploiter les rsultats des travaux dont ils sont la base au dpart. Retour d’exprience avec les tudiants, etc. Existe-t-il encore beaucoup de tradipraticiens ? Oui il y a encore beaucoup de tradipraticiens de sant en Afrique. Organiss (Association des tradipraticiens de sant au Congo) ou isols. Par exemple, il existe un Centre national de la mdecine traditionnelle (CNMT), qui tablit la jonction recherche/tradition. On retrouve une organisation analogue dans quelques pays africains. L’Organisation mondiale de la sant (OMS) est galement implique, en particulier l’OMS Afrique dont le sige est Brazzaville ; les hpitaux aussi, de mme que le Laboratoire national de sant publique. Constatez-vous une perte des savoirs traditionnels ? C’est vident, il y a une perte des savoirs traditionnels. Nous essayons par nos actions de rassembler des informations utiles et vitales pour la communaut dans le secteur. Car des connaissances sont disponibles : des extraits de plantes anti-hypertensives, antalgiques, antipyrtiques, anti-inflammatoires, anti-diarrhiques, aphrodisiaques douces (rires), trs efficaces. Il faut prserver les populations qui, 80%, recourent la mdecine traditionnelle (MT), des dangers, des intoxications. Il faut connatre les synergies entre les effets chimiques et biologiques. Il faut rechercher les nouvelles molcules, la biodisponibilit molculaire importante dans la flore africaine. Mais il faut tout en ralisant des travaux de recherche avance, amliorer les processus de fabrication de recettes traditionnelles ; il faut mettre la disposition des populations des MTA (Mdicaments Traditionnels Amliors). Il faut mesurer l’impact socioconomique de la MT. Il existe des maladies actuellement soignes par la MT mais non connues par la mdecine moderne actuellement, il convient d’en faire l’tiologie. Beaucoup encore faire, beaucoup dire... C’est dans ce cadre d’ailleurs que nous rpondons l’appel d’offre du programme ACP-UE Sciences et Technologies afin de renforcer nos capacits d’action (scientifiques, technologiques, suggestion de formulation, formations, sensibilisation, vulgarisation), etc. Il faut par exemple, des moyens qui nous amnent jusqu’aux tradipraticiens, des moyens d’agir sur le terrain... Une demande de brevet est en prparation dans vos laboratoires, quelles sont les ractions des tradipraticiens par rapport ces protections intellectuelles ? Qui sera bnficiaire des royalties ? Ils ne Ils ne ragissent pas trs favorablement cela. D’o les contacts permanents, il faut expliquer, convaincre. On ne peut pas protger une plante, on peut protger un procd. Certains sont sduits, ont dj protg leur procd et sont dtenteur d’un brevet. Les rgles sont tablies par l’OMPI (Organisation mondiale de la proprit intellectuelle) ou l’OAPI (son pendant africain). Enfin, les produits ont-ils dj t valoriss, commercialiss ? Oui, bien sr. Les pays d’Afrique de l’Ouest sont trs avancs : le Mali, par exemple, qui a dj mis sur le march des mdicaments comme le Malarial. Au Congo, nous avons beaucoup travaill sur le Tetra, un mdicament traditionnel amlior congolais pour le traitement des douleurs gastriques, du tradipraticien de sant Charles Mbemba. Nous avons ralis beaucoup de travaux sur le Tetra afin de l’amliorer. Le produit est vendu en pharmacie avec l’homologation de la Direction de Sant.M.M.B. Mots-clsPMTA (Pharmacope et Mdecine Traditionnelles Africaines) ; Jean-Maurille Ouamba ; Gerphametrac ; tradipatriciens ; Tetra ; Malarial ; Marie-Martine Buckens. Surnomms “Mzee Musa†par les habitants locaux, ce mdicaments traditionnel expose ses mdicaments, Ukunda, Kenya, Juillet 2007. Le Kenya est connu pour avoir dvelopp une stratgie nationale visant promouvoir et rglementer le recours la mdecine traditionnelle, ainsi qu’ fournir des formes alternatives de traitement. Allan Gichigi/IRIN
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ANGOLA. 2002 : L’An unAno Zero : ces quelques lettres brodes sur un sac voulaient tout dire. Ano Zero tait l pour rappeler que l’Angola se remet sur pied aprs une guerre civile de 28 ans. Une reconstruction qui ne se limite pas aux infrastructures. Car les attentes sont normes au sein de cette population puise par la guerre – 16 17 millions d’habitants, dont la moiti environ a moins de 26 ans. Impatients de participer la reprise ptrolire, la Chine, l’Afrique du Sud, le Portugal et le Brsil renforcent aujourd’hui leurs liens avec un pays qui affiche une croissance deux chiffres depuis 2002. Selon certains, l’Angola est en bonne voie de devenir, l’instar de l’Afrique du Sud, la locomotive conomique de l’Afrique australe. C’est oublier le foss bant entre les Angolais en ce qui concerne le niveau de vie mais aussi l’actuelle chute des prix ptroliers et de la demande mondiale en diamants – l’autre pilier de l’conomie – qui pourrait mettre mal les programmes d’investissements publics. Loin des nouvelles structures en verre et des embouteillages insupportables du cur de la capitale, certaines zones en priphrie de Luanda sont confrontes de trop frquentes coupures de courant, et dans d’autres quartiers, il n’y a mme pas encore l’lectricit. Pourtant, Luanda est l’une des villes les plus chres au monde pour les expatris. Plusieurs raisons sont mises en avant, parmi lesquelles une conomie d’importation, l’absence de concurrence dans le secteur de l’hbergement et le volume lev de devises fortes en circulation, qui fait grimper la valeur du kwana angolais, au point que les loyers montent en flche, dpassant les 7.000 dollars/mois pour un deux chambres ! Tels sont les dfis pour ce gouvernement la recherche d’investissements pour diversifier l’conomie nationale.Un reportage de Debra Percival R eportage 34 Luanda, “la Marginaleâ€, Debra Percival
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N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009Reportage Angola Il semble que les premiers habitants de l’Angola, deuxime plus grand pays d’Afrique subsaharienne, parlaient une langue de la famille khosian. Au Xe sicle, le bantu s’est impos pratiquement partout. Les premiers colons portugais arrivent en Angola la fin du XVe sicle. Les Portugais tissent des relations avec l’Etat Kongo qui s’tend de l’actuel Gabon – au Nord – jusqu’ la rivire Kwanza – au Sud, couvrant donc les villes de Luanda et de Ndongo. L’explorateur portugais Dias de Novais fonde l’actuelle capitale Luanda, qui s’appelle l’poque “So Paulo de Loanda†en 1575. Plusieurs colonies portugaises s’tablissent sur la cte. Elles allaient devenir des comptoirs commerciaux europens pour les changes avec l’Inde et le Sud-Est asiatique. La vente d’esclaves noirs au Brsil compte aussi parmi les activits commerciales de l’poque. Le trac des frontires actuelles remonte 1885, la suite de la Confrence de Berlin. Aprs prs de 500 ans de domination portugaise, le Movimento Popular de Liberao de Angola (MPLA) et l’Unio Nacional para Independncia Total de Angola (UNITA) ainsi que le Frente Nacional para a Libertao de combattu pour l’indpendance, qui est finalement dclare le 11 novembre 1975. Agostinho Neto (MPLA) devient le premier Prsident de l’Angola postcoloniale. Mais trs rapidement, entre le MPLA et l’UNITA (dont l’alliance avec le FNLA n’allait pas faire long feu alors que des dissidents du FNLA rejoignent par ailleurs l’UNITA), c’est l’affrontement idologique et militaire, aliment par les tensions de la Guerre froide et ses allgeances : l’Union sovitique et Cuba soutenant le MPLA marxiste implant surtout dans les zones ptrolifres et les villes alors que les Etats-Unis et l’Afrique du Sud appuient l’UNITA anticommuniste dont les membres appartiennent surtout l’ethnie Ovimbundu et dont le fief se situe autour de Huambo et du Plateau du Bi. A la fin de la Guerre froide, vers 1989, Cuba finit par retirer son soutien au MPLA, tandis que les Etats-Unis remettent en question leur appui l’UNITA du Dr Jonas Savimbi. Les Etats-Unis demandent la tenue d’lections libres et gales. troupes trangres d’Angola en change de l’indpendance de la Namibie entrane des lections – demandes par les Nations Unies. Savimbi et le leader du MPLA, Eduardo dos Santos, s’affrontent pour la prsidence. L’absence d’une R eportage UNE CROISSANCE RAPIDE aprs une guerre interminable 35Spectacle nocturne de lumire Luanda, le nouveau Quartier Gnral de la Chine en Afrique, 2009. Debra Percival
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36 Reportage Angola majorit claire au premier tour des prsidentielles dclenche la reprise des hostilits. La guerre aprs que Savimbi ait t pris dans une embuscade des troupes angolaises. Entre un demi-million et un million de personnes ont perdu la vie rintgration sociale et professionnelle des soldats dmobiliss et des dplacsâ€. Eduardo dos Santos, chef du MPLA, accde la prsidence. Son parti est aujourd’hui largement majoritaire au Parlement aprs les lections lgislatives de Les prochaines lections prsidentielles et munine sont cependant pas encore connues car une rforme constitutionnelle est en cours. > Le fief de la Chine en Afrique La paix a provoqu l’arrive massive d’investisseurs trangers presss de participer au boom conomique de l’aprs-guerre civile, catalys par l’industrie ptrolire. Et la Chine est au premier rang ! L’Angola est ainsi devenue le principal partenaire de la Chine sur le continent africain. Le gant asiatique a en effet pris ses quartiers Luanda. Les prts octroys par la Chine, en change de minerais, sont essentiellement destins au dveloppement des infrastructures. Mme s’il est difficile d’obtenir les chiffres officiels quant l’importance de cette coopration, des liards de dollars le montant des prts octroys par la Chine. Dont un prt de 5 milliards accord baisse des revenus ptroliers qui font chuter les rserves de devises. Le Brsil, l’Afrique du Sud et le Portugal sont d’autres partenaires cls. Pour Alberto Chueca Mora, reprsentant-rsident de la Banque mondiale (BM), “la gestion macro-conomique du pays a t relativement sant et l’agriculture sont la trane. Mais pour la premire fois depuis la fin de la guerre, l’Angola ne connatra pas une croissance deux fois pas en rcession et son taux de croissance conomique ne descendra pas en dessous du taux de croissance dmographique, qui est de dclar que le gouvernement envisageait une nouvelle stratgie de marketing afin de stimuler la demande de diamants. Avant le ralentissement de l’conomie mondiale, l’Angola s’tait en effet fix comme objectif de porter la production lui faudra peut-tre aussi revoir la baisse sa moins ce qu’a laiss entendre le Ministre. Lors des pays exportateurs de ptrole (OPEP), actuellement prside par l’Angola, a dcid que ses quotas de production ptrolire devaient tre relancer la hausse les prix ptroliers. Prs de Luanda, mais bien loin de ses gratte-ciel, les habitants de Roque Santeiro (un bidonville flanc de falaise prs du port de Luanda, qui doit son nom un savon brsilien) ou de Cazenga, millions d’habitants que compte la capitale, esprent que la relance conomique finira par amliorer leur niveau de vie. L’accs l’eau, les structures d’assainissement et l’lectricit ne sont pas assurs en permanence. Les fonds des donateurs, comme la BM et la CE, sont affects des secteurs comme l’eau et l’assainissement (voir article du FED). A ce jour, l’Angola est l’un des pays de la Communaut de dveloppement d’Afrique australe (SADC) encore fort peu intress par la conclusion d’un Accord de partenariat conomique (APE) – un accord de libre-change avec l’UE – dplore Joo Gabriel de Ferreira, Ambassadeur de la CE en Angola. Selon lui, l’Angola dfinit actuellement de nouvelles priorits dans diffrents domaines et craint que ces accords n’entravent le dveloppement de ses secteurs mergents. Pourtant, selon M. Ferreira, un APE permettrait l’Angola de “mieux dfinir comment elle souhaite dvelopper les changes, par exemple en ce qui concerne les droits de douane, et lui permettrait de diversifier son conomieâ€. D.P. PRSERVER LE PATRIMOINE NATIONAL “Nous ne voulons pas que Luanda devienne un nouveau Shanghai ou un nouvel Hong Kongâ€, explique Rui M. Nobre Guapo Garao, directeur du bureau d’tudes RGG Creative Solutions, qui fixe du regard les tours d’immeubles qui poussent comme des champignons dans la capitale. Jacques dos Santos, directeur de l’association culturelle Ch de Caxinde, partage son opinion et estime que le gouvernement devrait se doter d’une politique visant prserver les anciennes demeures coloniales de Luanda et d’ailleurs. Rosa Cruz e Silva, Ministre de la Culture, a insist sur la ncessit de prserver ce patrimoine, grce une politique de rnovation des muses et la formation de personnel, dans le domaine de l’archivage notamment. RECHERCHE MINUTIEUSE SUR L’ANGOLA Guerre et paix sans dmocratisation et Sociologie politique d’une olocratie sont les deux tomes de L’Angola postcolonial de Christine Messiant (1947-2006), un ouvrage qui passe en revue l’histoire rcente de ce pays qui tente de “parvenir la paix sans dmocratie†pour reprendre l’auteur. Rcemment publi titre posthume par les Editions Karthala, le premier tome examine comment la guerre civile a aliment les divisions ethniques, tandis que dans le deuxime tome, l’auteur dcrit l’volution du rle stratgique de l’Angola, l’ancien “rempart†contre l’expansionnisme sovitique tant aujourd’hui devenu un producteur de ptrole incontournable. Christine Messiant a t chercheur au Centre d’Etudes Africaines de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS-France), cofondatrice de la revue Lusotopie et membre du comit de rdaction de Politique Africaine. Vol. 1, 413 p ; Vol.2, 429 p. Editions Karthala, Paris 2008. Mots-clsMPLA ; UNITA ; Eduardo dos Santos ; Dr Jonas Savimbi ; Rosa Cruz e Silva ; CE ; Banque Mondiale ; Ch de Caxinde ; Debra Percival. Debra Percival
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37 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 L’agriculture, le btiment, l’lectricit hydraulique, le dveloppement des infrastructures, le tourisme et l’htellerie – autant de secteurs susceptibles de renforcer la productivit du pays de l’avis de l’ANIP, l’Agence nationale angolaise pour les investissements privs. Avant la guerre civile, le secteur manufacturier – y compris le secteur des denres alimentaires et des biens de consom1997, il ne reprsentait plus que 4,4% de celui-ci (raffinage du ptrole, boissons et ciments). Au cours de la mme priode, indique l’entreprise d’audit KPMG, les importations, principalement en provenance d’Afrique du Sud, du Brsil et du Portugal, ont grimp en flche. Une dpendance vis--vis des importations que symbolise la file incessante de bateaux de marchandises – ils pouvoir dbarquer leur cargaison dans le port de Luanda. L’ANIP a introduit un nouveau code des investissements afin de simplifier les procdures et d’offrir des incitants financiers – entre 100.000 et 5 millions de dollars – en vue d’attirer les Banque mondiale (BM) octroyait au pays un prt de 1 milliard de dollars afin de l’aider promouvoir une diversification de son conomie.> Un pays qui doit absolument miser sur les cultures La scurit alimentaire est l’un des volets cls du charge de la Planification, Ana Dias Loureno. D’o l’accent mis sur les investissements dans le secteur de la pche, l’irrigation des champs, les centres de recherche, l’amlioration des techniques agricoles et de la qualit des semences. Le gouvernement entend en effet augmenter la conflit, l’Angola exportait du caf robusta, du sisal et des bananes. Selon l’ANIP, ses principales zones agricoles – Luanda, Bengo, Benguela, Huila, Cabinda et le Kwanza-Sud – se prtent la culture des crales, des racines comestibles, du caf, des fruits et des lgumes, des graines olagineuses, mais aussi l’co-culture, l’levage de btail et de volaille ainsi qu’ la prparation de produits base de viande. Mais selon un expert portugais de l’agriculture de la Banque mondiale rencontr Luanda, l’augmentation de la production ne se fera pas du jour au lendemain. L’Angola doit vritablement repartir de zro et mettre en place une banque de semences, mais aussi des centres de stockage dans les zones rurales afin d’y stocker l’excdent de production avant la commercialisation. Les deux millions de fermiers qui vivent de l’agriculture de subsistance doivent en outre apprendre de nouvelles techniques de production, estime l’expert. D’autres minerais – fer, or, phosphates, manganse, cuivre, plomb et zinc – mais aussi le granit, le marbre et le tungstne sont autant de pistes intressantes pour la diversification conomique. L’lectricit hydraulique et le gaz naturel, la sidrurgie et la mtallurgie sont d’autres secteurs d’avenir estime l’ANIP. Retenons ce propos la rouverture des mines de fer de Cassinga et de Cassala ainsi qu’un projet d’usine sidrurgique Namibe. Epinglons galement le projet BIOCOM men en partenariat entre une entreprise brsilienne, Odebrecht et la compagnie ptrolire nationale, Sonangol, qui doit permettre le dveloppement d’une industrie sucrire et d’thanol, ainsi que la production dchets. Mais il ne s’agit l que d’un exemple parmi tant d’autres projets de grande envergure mis sur les rails dans une optique de diversification de l’conomie angolaise. D.P. Une dynamique deDIVERSIFICATION L’Angola attire de trs nombreux investisseurs et hommes d’affaires des quatre coins du monde la recherche d’opportunits commerciales dans des secteurs aussi varis que l’agroalimentaire ou les matriaux de construction. Le secteur ptrolier, pivot de l’conomie angolaise, n’emploie que 1% de la main-d’uvre du pays (statistiques gouvernementales), alors qu’il rapporte 40 millions de dollars par an (2008). La priorit donne aux secteurs crateurs d’emplois est encore accentue par le recul des prix ptroliers et la crise conomique internationale responsable galement de l’effondrement de la demande mondiale de diamants, autre fleuron de l’conomie angolaise. Mots-cls Angola ; diversification ; agriculture ; Ana Dias Loureno ; ANIP ; Debra Percival.Angola ReportageDes tomates sur la toute du Rio Cuanza. Massimo Pronio
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Joo Gabriel Ferreira dirige la dlgation de la Commission europenne en Angola. Il a travaill prcdemment pour la Direction gnrale Dveloppement (ex-DG 8), Bruxelles, aux relations avec le Cap Vert, la Mauritanie, le Sahel, l’Afrique australe, le Zimbabwe, la Zambie, la rgion de l’Ocan indien et Madagascar et il a t dtach pendant quatre ans au bureau de liaison en Angola. Numro deux de la dlgation de la Commission europenne au Brsil, il a ensuite t Charg d’affaires avant sa Quel rle la Commission europenne a-t-elle jou en Angola tant donn la forte croissance du pays ? La croissance est une chose et le dveloppement en est une autre. Depuis la guerre, l’Angola a atteint un taux de croissance deux chiffres mais le rythme de l’action en faveur du dveloppement a t moins rapide. Cette situation se reflte L’Angola n’est pas en trs bonne position. Il y a des possibilits d’amlioration. Comment l’aide octroye par la Commission europenne volue-t-elle ? La dlgation a t installe en 1995. Nous avons appliqu la stratgie dite de “LRRD†qui relie l’aide d’urgence, la rhabilitation et le dveloppement. Pendant plusieurs annes, nous avons essentiellement men des oprations d’aide d’urgence, humanitaires et alimentaires. combats ont t moins intenses par priodes et des accords de paix ont t signs, ce qui a suscit des espoirs. Durant ces intervalles, les donateurs et notamment la Commission europenne se sont employs mener autant d’oprations de rhabilitation que possible. Actuellement, les oprations nous avons commenc envisager le passage de la rhabilitation vers le dveloppement. Certaines rgions du pays taient totalement inaccessibles. La reconstruction tait ncessaire en premier lieu pour pouvoir mener d’autres oprations axes sur le secteur social, la sant et la formation qui sont celles que nous privilgions actuellement. Quelles sont les nouvelles priorits dans le cadre Elles sont essentiellement la promotion de la bonne gouvernance et le soutien la rforme conomique et institutionnelle, le dveloppement social et humain et en troisime lieu le soutien au dveloppement rural, l’agriculture et la scurit alimentaire. Nous devons aider le pays atteindre les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD). En quoi l’aide massive apporte par la Chine affecte-t-elle l’action de la Commission europenne ? Les Chinois proposent des lignes de crdit tandis que nous offrons des subventions. Par dfinition, les lignes de crdit doivent tre rembourses contrairement aux subventions. J’ignore quelle est l’tendue de l’implication chinoise en Angola mais elle est significative ; ma connaissance, elle s’lve plusieurs milliards de dollars. Nous n’avons aucun indice. A ma connaissance, ils concluent des contrats pour tous les besoins et essentiellement dans le domaine de la construction d’infrastructures. Nous reconstruisons encore certaines infrastructures mais ce n’est pas la principale cible du soutien bilatral direct que nous apportons. L’Angola peut prtendre la ligne budgtaire rserve l’infrastructure en Afrique mais ce jour aucun projet n’a t prsent et, pour autant que je sache, l’Angola n’est pas intress par cette ligne budgtaire – peut-tre est-ce d aux accords conclus avec la Chine mais galement avec le gouvernement du Brsil en ce qui concerne les infrastructures, quoique l’offre du Brsil soit davantage diversifie. Le 10e FED sera focalis sur le renforcement des capacits du ministre de la Planification et de la Justice au sens large, ainsi que de l’Institut national des statistiques et des changes. Quelle est la nature du dialogue politique avec l’Angola ? Nous avons particip plusieurs runions officielles mais les chefs de mission des Etats membres de l’Union Europenne et moi-mme pensons qu’il y reste beaucoup faire dans le domaine de la coopration. Le dialogue politique est dfini par l’article 8 de l’Accord de Cotonou qui en donne une dfinition trs large. Il ne s’agit pas de discuter de points spcifiques. D’aucuns considrent que nous tentons de cibler un petit nombre de questions comme la dmocratie, les droits humains, et l’galit hommes-femmes. Nous sommes intresss par ces questions et, d’une manire plus gnrale, par les vues de l’Angola sur les questions rgionales, le conflit en Rpublique Dmocratique du Congo (RDC), le Soudan, les perspectives concernant L’AIDE octroye par la COMMISSION EUROPENNE est roriente de l’aide d’urgence vers le renforcement des capacits Entretien avec Joo Gabriel Ferreira, Chef de la dlgation europenne en Angola Mots-clsJoo Gabriel Ferreira ; Angola ; Dlgation en Angola ; ODM ; Chine ; 10e FED ; Debra Percival. Reportage Angola38 En haut : L’Ambassadeur Joo Gabriel Ferreira 2009. Debra PercivalRoque Santeiro, un des quartiers les plus pauvres de Luanda 2009. Debra Percival
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39 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 Reportage PLUS AUCUNE MINE D’ICI 10 15 ANS ? Avec la Colombie et l’Afghanistan, l’Angola figure parmi les trois pays les plus mins au monde explique Richard Grindle, directeur de programme pour l’Angola de “Halo Trustâ€, l’ONG britannique qui s’emploie actuellement neutraliser les trois-quarts des mines du pays. Les mines anti-personnelles et antichars continuent de tuer ou de mutiler une centaine de personnes par an. L’Angola pourrait tre dbarrass des mines qui truffent son territoire d’ici 10 15 ans, condition que les donateurs ne se dsintressent pas de cette problmatique, soutient Grindle. Halo a bnfici du soutien de la Communaut europenne (CE) et de la DFID, ainsi que des gouvernements irlandais, suisse amricain et finnois. La procdure de dminage la plus efficace – permettant de dbarrasser un territoire de toutes les mines qui s’y trouvent – consiste balayer consciencieusement la vgtation l’aide de dtecteurs de mtaux main et dterrer ensuite les mines. Halo a commenc ses activits de dminage en Angola en 1994, profitant d’une accalmie dans les affrontements durant la guerre civile. Ds qu’une mine est repre, son emplacement est immdiatement enregistr par satellite. Ces donnes sont collectes par la CNIDAH, la Commission nationale intersectorielle de dminage et d’aide humanitaire en Angola, qui coordonne galement les travaux des diffrentes ONG, parmi lesquelles Halo, prsente dans six provinces. Le salaire mensuel des 1.000 dmineurs de Halo est de 220 US dollars. Chaque dmineur passe au crible une bande de 30 mtres de long sur un mtre de large par jour. L’anne dernire, 250 hectares – soit 280 terrains de football – ont ainsi t dmins, explique M. Grindle. La CE devrait librer 4 millions d’euros sur quatre ans, au titre du 10e FED, afin de permettre aux ONG de dminer le territoire angolais. Le dminage est un pr-requis essentiel pour une augmentation de la production agricole en Angola. Grindle rappelle en outre l’importance de la Convention d’Ottawa de 1997 interdisant la fabrication et le transfert des mines anti-personnelles. D.P. 10E FED – PROGRAMME INDICATIF NATIONAL POUR L’ANGOLA (2008-2013) Gouvernance 42 millions d’euros Dveloppement humain et social 68.5 millions d’euros Dveloppement rural 68.5 millions d’euros Autres programmes, hauteur de 35 millions d’euros, dont : Eau 8 millions d’euros Intgration rgionale 9 millions d’euros Secteur priv 3 millions d’euros Acteurs non tatiques 3 millions d’euros Facilit de coopration technique 3 millions d’euros Gestion de la biodiversit 2 millions d’euros Initiative de gouvernance dans les PALOP 7 millions d’euros 13,9 millions d’euros sont en outre prvus au titre d’une enveloppe “B†couvrant des aspects comme l’aide d’urgence. L’Angola est galement l’un des 15 bnficiaires du programme rgional du 10e FED (116 millions d’euros) en faveur de la Communaut de dveloppement de l’Afrique australe (SADC). Carte de l’Angola. Organisation des Nations Unies Angolala Communaut de dveloppement de l’Afrique australe, l’Union Africaine et la Commission du Golfe de Guine dont le sige est tabli Luanda. Jusqu’ prsent, nous n’avons pas obtenu de grandes russites en la matire bien que nous ayons discut de questions comme l’intgration rgionale et la politique nationale et rgionale, les lections en Angola et les visas pour les visiteurs entrants et sortants. Nous cherchons une solution pour amliorer le dialogue. Qu’avez-vous acquis sur le plan professionnel et personnel grce votre prsence ici ? Au niveau professionnel, j’ai acquis une exprience supplmentaire et dans une certaine mesure c’est un retour en arrire puisque j’ai travaill avec l’Angola entre 1994 et 1998. Il est extrmement intressant d’observer l’volution en Angola qui est positive dans l’ensemble. J’ai eu la possibilit de m’y rendre pendant la guerre et la diffrence est tonnante. J’ai acquis un bagage intellectuel supplmentaire. J’apprends de nouvelles choses en lisant les nouveaux ouvrages crits par les crivains angolais sur les questions sociales. D.P. des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD). Dans l’encadr : Un dmineur de HALO la recherche de mines, utilisant un dtecteur de mtal. Photo prise dans la province de Bi, o les rfugis ont construit leur maison. The HALO Trust
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40 ReportageAngola Avant le dmarrage de ce projet d’un habitants multipliaient les systmes D pour avoir accs l’eau potable, explique Mauro di Veroli, coordinateur du projet et membre de la dlgation de la CE en Angola. L’eau tait particulirement chre dans ce pays, belge Techniques Spciales l’Export (TSE) s’occupe de la construction des deux rservoirs de distribution – dont un est dj termin – qui acheminent l’eau vers les robinets par gravit et pompage. Elle a galement install 400 points de captage, dots chacun de quatre robinets. Cent quatre-vingts points ont dj t installs, explique Mauro di Veroli. Ils ont t placs dans le labyrinthe des rues de Cazenga. Roberto Virgilio, de l’ONG italienne Gruppo di Volontariato Civile (GVC) met au point des systmes de gestion pour ces points d’eau, en coopration avec deux autres ONG. Ces trois ONG couvrent chacune un secteur spcifique de Cazenga ; Cazenga Popular, Talahadi et Hoji ya Henda. Lorsqu’ils seront totalement oprationnels, ces points d’eau seront placs sous le contrle d’un “Zelador†ou d’une “Zeladoraâ€, “celui/celle qui prend soinâ€. La socit des eaux de Luanda, Empresa de Aguas de Luanda (EPAL), qui bnficie aussi d’une assistance technique dans le cadre de ce projet devrait signer des contrats avec les associations locales “Associa de Moradores para a Gesto de Chafarizes†(AMOGEC). Chacune d’elles sera charge de surveiller 15 points d’eau et d’informer les consommateurs. Elles rmunreront galement les zelador, hauteur de 100 dollars par mois. L’EPAL compte introduire un systme de carte prpaye (“carto prepagoâ€) pour l’approMonteiro de l’ONG portugaise Instituto Marqus de Valle Flr (IMVF) a expliqu que son ONG distribuerait bientt gratuitement 5.000 jerrycans dans le cadre du projet, afin de garantir le transport hyginique de l’eau. D’autres ONG, parmi lesquelles Development Workshop (DW) et OXFAM, collaborent la construction de latrines et la gestion de dchets mnagers. Elles dveloppent galement les capacits des maons ainsi que des kits destins amliorer l’hygine personnelle et l’assainissement. Des troupes thtrales de Cazenga participent galement au projet. Elles assurent la diffusion auprs des habitants du systme de carte prpaye. Le projet a galement suscit chez les clients des pistes pour la gestion des eaux uses. > Le 10e FED met l’accent sur le dveloppement des comptences tage sur le soutien institutionnel la gestion de l’approvisionnement en eau, plutt que sur la construction de nouvelles infrastructures dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Environ 17 millions de dollars issus de l’enveloppe du 10e FED bnficieront des projets visant amliorer les niveaux de comptences de la main-d’uvre et moderniser l’offre de services. Le financement servira galement laborer une stratgie en vue d’amliorer l’approvisionnement domestique en eau, de soutenir les institutions du secteur et de dfinir d’un programme national d’assainissement. D.P. Un projet financ au titre du 9e FED s’emploie doter le quartier de Cazenga d’un systme fiable d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement. Deux millions environ des six millions d’habitants que compte la capitale vivent dans ce quartier. Ce projet, qui devrait galement permettre une baisse du prix de l’eau, introduit en outre de nouvelles pistes pour la gestion de l’or bleu. Il s’agit d’un des nombreux projets financs par l’UE dans le secteur de l’eau depuis la fin de la guerre. Mots-clsCazenga ; eau ; assainissement ; dveloppement des comptences ; 9e FED ; 10e FED; GVC ; TSE ; IMVF ; DW ; OXFAM ; Debra Percival.Participation des communauts une initiative deGESTION DE L’EAU Un point d’eau constuit grce au FED, Cazenga, Luanda, Angola 2009 Debra Percival
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ReportageAngola L’UNITA est le parti chef de file de l’opposition au sein de l’Assemble Pendant la guerre, il tait bien implant dans les provinces de Huambo et Bie dans le centre du pays. Maintenant, en temps de paix, Samakuva affirme que l’UNITA bnficie d’un soutien dans les 550 communes que compte l’Angola. Nous l’avons rencontr dans les faubourgs de Luanda et avons parl avec lui de la direction d’un parti politique d’opposition et des politiques visant acqurir davantage de soutien. Samakuva a rejoint l’UNITA en 1974 a vcu dans le maquis et t promu brigadier. Il a ensuite t dsign reprsentant de l’UNITA au Royaume-Uni. Il a occup ce poste pendant quatre ans. En 1994, il a t intgr la dlgation de l’UNITA pour les pourparlers de paix. Lorsque la guerre a repris en 1998, il s’est rendu Paris, o il est rest pendant quatre ans et a assur la coordination des missions externes de l’UNITA. A la mort de l’ancien leader de l’UNITA, Dr Jonas Savimbi, survenue en Pourquoi le soutien accord l’UNITA faiblit-il en temps de paix ? Nul ne peut se fier aux rsultats de la dernire lection. Nous voulons savoir combien nous sommes. A l’instar de l’Union Europenne (voir l’introduction), nous avons rdig un L’OPPOSITION remet en question la force du gouvernement au sein de l’Assemble nationaleEntretien avec le Prsident de l’UNITA, Isaas SamakuvaIsaas Samakuva est le Prsident de l’UNITA, l’Union nationale pour l’indpendance totale de l’Angola (Unio Nacional para Indepndencia Total de Angola). Le mouvement, fond en 1966, a combattu aux cts du Mouvement populaire pour la libration de l’Angola (Movimento Popular de Libertao) dans la guerre pour l’indpendance de l’Angola et par la suite contre le MPLA dans la guerre civile qui a suivi (1975-2002) lorsque l’UNITA a t soutenue par la Chine et ensuite par les Etats-Unis et l’Afrique du Sud. N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 41 En haut : Le prsident de l’UNITA, Isaas Samakuva 2009. Debra PercivalCi-dessous : Luena, ville o a t sign l’accord de paix en 2002. Massimo Pronio
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42 Reportage Angola rapport aprs les lections. Les donnes de la Commission lectorale nationale montrent que sonne ne sait d’o elles proviennent). Lorsqu’on additionne le nombre minimum d’lecteurs sur chaque liste, on aboutit trois millions d’lecteurs “fantmesâ€. Au titre du plan d’lection en a dnombr 50.900. Les tentatives d’intimidation ont t lgion durant l’lection Luanda et galement dans les autres rgions du pays, de sorte que les rsultats n’expriment pas la volont du peuple. Du point de vue politique, quels sont vos plans pour renforcer le soutien accord l’UNITA ? La population du pays attend un changement d’orientation. Il faut diversifier l’conomie. Elle repose essentiellement sur le secteur du ptrole et du diamant. Il faut accorder de l’attention l’agriculture. Le pays manque d’outils et les agriculteurs ont besoin d’engrais. Il faut former des personnes afin qu’elles se rendent dans les rgions rurales pour apprendre aux agriculteurs utiliser des engrais et commercialiser et diversifier leur production : certaines rgions se prtent la culture du mas et d’autres conviennent mieux la culture fruitire. Quelques citoyens s’y emploient sans recevoir d’aide. Nous possdons galement d’autres minerais et de riches gisements d’or, mais personne ne touche l’or. Les Japonais taient trs intresss par notre acier. Nous possdons galement du cuivre, du nickel et des phosphates. Que feriez-vous pour que les profits soient redistribus la population ? Les entreprises devraient tre tenues de s’intresser la sphre sociale. Les employs devraient participer aux bnfices des entreprises. La route entre Lunda Norte et Lunda Sul (les provinces d’extraction du diamant) est en mauvais tat. Certaines populations issues des rgions productrices de ptrole vivent dans la misre : elles n’ont pas d’lectricit et ne disposent pas d’coles. Les efforts consentis sont insuffisants. Certaines compagnies ptrolires ont des projets et d’autres n’en ont aucun. Quelle est selon vous l’influence de la Chine dans le pays ? C’est une bonne chose d’avoir des relations avec un pays dynamique, mais elles devraient tre conformes aux dispositions lgislatives internationales. Il faut de la transparence. Personne, except les personnes qui traitent directement avec la Chine, ne sait combien nous recevons. L’Assemble nationale l’ignore alors que la constitution du pays prvoit que tous les crdits passent par l’Assemble nationale et que le gouvernement en est responsable. Nous voyons que des routes, des hpitaux et des coles sont construites avec des crdits chinois entre autres. Qu’en est-il ? Nous voyons de nombreux Chinois au travail alors que nombre d’Angolais sont sans emploi, et ce malgr le fait que le travail accompli par les Chinois ne demande pas de qualifications particulires. Quelles sont la philosophie et la vision de l’UNITA en temps de paix ? Le citoyen doit tre le point de dpart et d’arrive de toutes les mesures prises par le gouvernement. Nous devons dialoguer avec les citoyens, les consulter et les couter. Nous pensons que la formation, l’alimentation et la sant sont les problmes qui doivent tre rsolus en premier lieu. J’entrevois un pays prospre dot des valeurs que sont la justice sociale, la solidarit, le respect des droits humains et la dmocratie. Mots-clsIsaas Samakuva ; UNITA ; MPLA ; Angola ; Dr Jonas Savimbi ; Chine ; Debra Percival. RAPPORT DE L’UE SUR DES LECTIONS HISTORIQUES Le 5 septembre 2008, les Angolais taient appels aux urnes pour les lections lgislatives – les deuximes depuis l’indpendance de l’ex-colonie portugaise, en 1975. Les premires, qui avaient eu lieu en 1992, avaient t l’origine d’une nouvelle guerre civile qui ne prit fin qu’en 2002. A l’invitation de la Commission lectorale nationale angolaise, la Vice prsidente du Parlement europen, Madame Luisa Morgantini (dpute europenne italienne du groupe de la Gauche unitaire europenne – Gauche verte nordique) a dirig une quipe de 108 observateurs des Etats membres de l’UE, ainsi que de Norvge et de Sude, et sept membres du Parlement europen. Les observateurs ont surveill 405 bureaux de vote de 18 provinces. Concluant sur une note positive, le rapport final indique que les lections ont t une tape vers le renforcement de la dmocratie. Le taux lev de participation (plus de 80% dans de nombreuses provinces) tmoigne d’un rel engagement en faveur du processus de dmocratisation, aprs des dcennies de guerre civile et d’affrontements. Autre fait marquant, 39% des membres de l’Assemble nationale angolaise sont de sexe fminin. La mission a toutefois pingl certaines faiblesses en ce qui concerne l’organisation des lections, notamment une couverture ingale des candidats durant la campagne par la chane de tlvision publique, la Televiso Pblica de Angola (TPA) et la Rdio Nacional de Angola (RNA), de mme que par le quotidien Jornal de Angola, lesquels ont consacr davantage de lignes et de temps d’antenne au vainqueur des lections, le MPLA. Pour lire l’intgralit du rapport : www.eueomangola.org Le Prsident de la Rpublique, Jos Eduardo dos Santos sur des panneaux omniprsents Luanda, 2009. Debra PercivalEn-dessous : Le MPLA dtient une solide majorit au sein de l’Assemble Nationale, Luanda 2009. Debra Percival
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43 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 ReportageAngola“Nous (les Angolais) ne nous sommes pas encore trouvsâ€, dclare Joo Castro “Freedomâ€, Secrtaire gnral de la Liga Internacional da Defesa Dos Direitos Humanos E Ambiente Internacional (LIDDHA), cre en 1999. Un regard sur l’histoire de l’Angola suffit expliquer pourquoi le manque de respect pour les droits des citoyens est l’hritage de plusieurs sicles d’influence trangre dans le pays : presque 500 ans de domination coloniale portugaise et un conflit arm caus par le rejet des revendications des Angolais. Le conflit qui en a rsult a vu, sur le sol angolais, l’Est affronter l’Ouest pour la domination de l’Afrique au cours de la Guerre froide. Un exemple du manque d’unit entre les groupes des 18 provinces du pays, commente M. Castro, est le fait que les mariages continuent paix et le dveloppement conomique rapide ont lev le pays un niveau cinq “mtaphoriqueâ€, mais sans le faire passer par les niveaux un, deux, trois ou quatre. “Nous sommes sur un nuage mais sans savoir o allerâ€, interprte-t-il. “Beaucoup de gens ne connaissent pas leurs droitsâ€, poursuit Simo Yakitenge Ngola Lutumba, Prsident de Multisectoral para o Desenvolvimento Integral (CMDI), “et cela vaut tant pour les prisonniers, que les femmes ou les pauvresâ€. Lors d’une runion avec nous Luanda en fvrier, les groupes de dfense des droits de l’homme ont confirm que la situation s’tait amliore depuis la fin de la guerre civile il y a sept ans, mais ont chacun donn des exemples de droits bafoues. Ainsi, Salvador Freire Dos Santos, de Mos Livres, explique qu’il est ncessaire de mener des enqutes compltes et impartiales sur des incidents tels que les tueries sommaires perptres par la police [citant le cas prcis dans droit l’information, mme si de nouveaux titres apparaissent, le quotidien financ par le gouvernement, Jornal de Angola, et la tlvision publique occupent encore la premire place. Le manque de financement rend difficile la survie des mdias indpendants. De plus, les radios locales n’ont ajoute M. Dos Santos. C’est surtout dans les provinces qu’on constate un manque d’information indpendante, une situation laquelle des donateurs ont dcid de s’atteler, prcise-t-il (voir encadr).> Des habitations menacesM. YaKitenge, dont l’ONG est active dans les domaines de la sant et de l’ducation, voque un rapport rcemment dress par son organisation. Selon ce document, les taux de pauvret les plus levs ont t relevs dans les provinces de Lunda Norte et Lunda Sul (nord-est de l’Angola), o la population est empche de travailler dans les champs cause de LES ANGOLAIS devraient mieux connatre leurs droits, selon les ONGEn Angola, les organisations de promotion des droits de l’homme veulent renforcer le droit des citoyens de ce pays poursuivre la rconciliation nationale, qui a progress depuis la fin de la guerre en 2002. De leur ct, de nombreuses ONG de l’Angola esprent tre reconnues par le gouvernement. Le leader des luttes en faveur des Droits de l’homme, Francisco Tonga est proccup par les profiteurs du dveloppement, 2009. Debra Percival
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ReportageAngola l’extraction du diamant. Le dialogue avec le gouvernement doit tre intensifi : “Nous devons trouver d’autres faons de faire les chosesâ€, dclare-t-il. D’aprs le CMDI, des prisons construites pour une population ces tablissements sont remplis de jeunes, dont beaucoup sont en dtention sans avoir t jugs. Francisco Tonga, du Conselho de Coordenao dos de l’homme, tablit un lien direct entre le manque de respect dans certains domaines et le maintien de la pauvret de nombreux Angolais. Son ONG a reu 80.000 euros du Fonds europen de dveloppement (FED) pour avoir les moyens d’informer les citoyens sur leurs droits. La vue que l’on a du toit de son bureau prs de l’aroport permet de comprendre pourquoi les Angolais vivant dans les banlieues les plus pauvres ont des problmes : d’normes btiments commerciaux empitent sur les quartiers d’habitation, ce qui force certaines personnes dmnager pour laisser place au boum conomique. M. Tonga estime que les groupes de dfense des droits de l’homme devraient aussi avoir leur mot dire dans l’actuel processus de rforme constitutionnelle. Toutes les ONG appellent ce que les capitaux du gouvernement, des entits prives et du fonds social tabli par les compagnies ptrolires soient allous de faon plus transparente. D’aprs Joo Castro “Freedomâ€, il est presque impossible pour une ONG angolaise de soumettre une candidature pour un projet financ par l’UE : “En ce troisime millnaire, une telle situation est intolrableâ€, nous a-t-il confi.D.P. Mots-clsAngola ; droits de l’homme ; Joo Castro “Freedom†; Francisco Tonga ; Simo Yakitenge Ngola Lutumba ; Debra Percival. L’UE SOUTIENT UNE RADIO INDPENDANTEL’UE contribue hauteur de 800.000 euros un projet d’une valeur de 1,13 million d’euros visant promouvoir la communication d’informa tions objectives par la trs populaire “Radio Ecclesiaâ€, le seul metteur politiquement indpendant de Luanda. Le BBC World Service Trust formera des journalistes pour amliorer les informations “couvrant les processus dmocratiques locaux avec objectivit et de manire susciter la rflexionâ€. Les programmes mis donneront la parole des acteurs ne relevant pas de l’Etat et aux autorits locales, et permettront aux auditeurs de ragir. Ce projet prvoit galement de faire de la radio sur le terrain, 20 vnements en extrieur tant dj programms Le pays du BAOBAB Le pays du BAOBABLe tourisme n’est pas encore vraiment d’actualit en Angola. Pour beaucoup, visiter ce pays reste un rve, du moins pour l’instant. Nous avons rencontr Massimo Pronio, membre de la dlgation de la CE en Angola entre 2004 et 2007, qui, pendant ses temps libres, est parti la dcouverte des trsors cachs de ce pays. La signature de l’accord de paix de Luena, en 2002, a marqu le dbut d’une nouvelle re de rconciliation nationale, de paix et de stabilit, amenant certains s’intresser au potentiel touristique du pays afin de diversifier l’conomie angolaise. Mais les infrastructures touristiques sont encore pratiquement inexistantes et seules les routes principales peuvent tre utilises, le pays n’ayant pas encore t totalement dmin. Le dveloppement du secteur touristique en est donc encore ses balbutiements. 44
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ReportageAngola Que l’on longe la cte ou que l’on circule l’intrieur du pays, dans le Planalto, les baobabs sont omniprsents (imbondeiro en portugais et mukua en kimbundu), dclare Pronio. Les superbes paysages angolais sont quant eux trs diversifis ; des ctes d’une beaut couper le souffle, des mers qui abritent de nombreuses espces de poissons, des zones montagneuses et des plaines, des rivires (o se cachent des crocodiles) sans oublier de magnifiques chutes d’eau. Tropical au Nord, le long de la frontire avec la RDC, le climat devient dsertique vers le Sud, voisin de la Namibie. Dans les zones plus recules du pays, on a vraiment l’impression que le temps s’est arrt en 1974, lorsque les colons portugais ont quitt le pays. annes de guerre civile. Pronio explique que la Palanca noire gante, une superbe espce d’antilope qu’on croyait teinte, a t aperue ces dernires annes dans le Parc de Cangandala, prs de Malanje. Cette espce symbolique pour l’Angola figure encore toujours sur la liste des espces en rel danger dans le monde. Les chutes de Calandula, galement prs de Malanje, sont quelques heures de route de Luanda. Passez de prfrence par Pungo Andongo pour admirer les magnifiques Pedras Negras, d’immenses pierres arrondies. A l’poque coloniale, la capitale Luanda tait une agrable petite ville ctire, dote d’un grand port et abritant une baie borde d’une promenade (l’avenue “Marginalâ€). La ville est aujourd’hui surpeuple, paralyse par les embouteillages et moyennement accueillante. Si vous passez quelques jours Luanda, ne manquez pas de visiter le monument Agostino Neto, le Fortaleza et “Ilhaâ€, une superbe pninsule borde de plages.> Les merveilles naturelles de l’Angola Pronio recommande plusieurs excursions d’une journe au dpart de Luanda : Barra do Dande, le Fort de Mushima, la Forteresse de Massangano, la Rserve de Kissama, Rio Longa et deux villages de pcheurs deux ou trois heures de route, au Sud de Luanda : Cabo Ledo et Cabo San Braz. Incontournable galement dans cette rgion, le Mirador da Lua, une des merveilles gologiques de l’Angola. Si vous disposez de plusieurs jours, partez la dcouverte de la superbe ville ctire de Benguela qui a donn son nom au clbre courant de Benguela. De l, rejoignez Catumbela et Lobito, en direction de la pninsule (Ilha). De Benguela, mettez le cap sur le Sud-Ouest en direction de Baya Azul, Caota, et, plus loin encore, Baia Farta, et ses falaises couleur sable qui surplombent des mers cristallines. Lubango est une trs belle ville situe dans une zone agricole, clbre pour ses fraises. Prenez aussi le temps de visiter le canyon de Tundavala. La route sinueuse jusqu’ Namibe, deux heures de route de Lubango, traverse les montagnes de la Serra da Leba. Merveille de l’ingnierie, cette route, constitue de sept couches d’asphalte, a t finance par le Fonds europen de dveloppement (FED). En descendant, vous rencontrerez probablement des membres de l’ethnie Mukuwuila, pars de leurs vtements traditionnels bigarrs. Namibe est une jolie ville ctire situe en plein dsert, agrmente d’une promenade borde de palmiers. Plus au Sud se trouve Tombwa, une ville autrefois clbre pour ses pcheries mais qui se vide peu peu, victime de l’avance du dsert et de la pnurie d’eau. C’est entre Namibe et Tombwa que le visiteur rencontre pour la premire fois le dsert, hauteur de l’“Oasis d’Arcoâ€, un lagon form par le Rio Curoca qui doit son nom un rocher de la forme d’un arc, ajoute Pronio. Lorsqu’on continue plus au Sud dans le dsert, on aperoit l’estuaire de la Cunene (Foz de Cunene). Ce simple poste frontire est aussi un spot magnifique pour les pcheurs et les observateurs de phoques, de tortues et de dauphins. De tels paysages se mritent. On peut arriver jusque l soit en passant par le Parc Iona – en campant alors dans le dsert (vous y verrez peuttre la Welwitschia Mirabilis, une plante du dsert) soit en passant par la cte et en campant dans les dunes de sable. Ce voyage dure deux jours et ne peut se faire qu’ certaines dates, et mare basse seulement. Cette zone totalement intacte abrite de nombreux phoques et tortues. Sur la cte, on peut apercevoir des flamants roses l’horizon, et des dauphins, entre deux plongeons sous la mer. Prs de l’ocan, sur la terre ferme, l’Oryx Antelopes escalade les dunes de sables. Pour terminer, nous ne pouvons que vous conseiller un site unique, le point de rencontre entre le dsert et l’ocan, Baia dos Tigres. Une exprience qui justifie elle seule un voyage en Angola, conclut Pronio. D.P. Mots-cls Massimo Pronio ; Tourisme ; Angola ; Namibe ; Lubango ; Benguela ; Luanda ; Baobab ; Palanca Negra Gigante ; Debra Percival. Page 44 : Le “Baobab sacrâ€. IStockphoto.com /Marco SimontacchiEn bas : Le Mirador de Lua, une des beauts gologiques de l’Angola, 2009. Debra Percival 45 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009
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46 Du sang neuf coule en Angola alors que le pays embrasse ce rve qui lui tient cur depuis tant annes : faire son retour dans l’histoire en s’affirmant sur le plan culturel pour trouver quelle est vraiment sa place dans le temps par le biais du cinma, du thtre, de la publication de livres et de sorties de disques, par des concerts d’artistes locaux, des lectures de posies, des confrences et des dbats. L’Angola dborde d’espoir. Le ptrole prendra moins d’importance Lorsque nos armes ont t rduites au silence, en qui se rvla tre sa mission la plus complexe : se forger une identit, “Angolanidadeâ€. Une identit qui tient compte de la ralit nationale actuelle et de l’hritage du pass, mais aussi des contributions positives venues d’ailleurs. Ce phnomne, que l’on constate de plus en plus au sein de la socit angolaise, n’est pas totalement nouveau. L’histoire nous a par exemple montr la lutte et les aspirations des Afro-amricains ds la deuxime partie des annes 1940. Et le premier Prsident de la Rpublique populaire d’Angola, Agostinho Neto (docteur, pote et Prsident de la Rpublique populaire d’Angola de 1975 1979), Viriato da la nouvelle posie de l’ “angolitudeâ€. Ce groupe a exploit pleinement ce moment historique et cr l’thos et les rfrences esthtiques de cette nouvelle avant-garde. > Les origines du jazz La rptition de pomes faisant rfrence ou allusion l’esclavage – cette douloureuse hmorragie de potentialits humaines – et le blues – la musique afro-amricaine dans son expression la plus forte – sont l’origine du jazz. Origines associes aux souffrances des Africains transplants dans le Nouveau Monde, mais aussi aux faces les plus sombres du capitalisme : l’esclavage et le racisme. Le combat et les aspirations des Afro-amricains – perdre le non-statut d’esclave pour devenir des citoyens – ont exerc la plus grande influence sur l’lite africaine, les amenant sur le chemin de la prise de conscience. Aujourd’hui, l’ouverture qui caractrise les Angolais se retrouve dans la musique. C’est d’ailleurs par la musique qu’on dcouvre le mieux et le plus agrablement la capitale angolaise, Luanda. Chanteurs et musiciens utilisent de plus le Semba comme moyen d’expression. Le Semba, c’est la principale musique angolaise Associe la libert et aux possibilits d’improvisation du jazz, cela donne le Semba Jazz ; une musique richement parfume aux nombreux armes. C’est la musique des artistes qui ont une bonne connaissance de leur pass et qui sont convaincus que leurs racines ne sont pas un obstacle au dveloppement et qu’elles vont au contraire les aider devenir plus forts. Ses reprsentants s’appellent Mrio Garnacho (pianiste), Hlio Cruz (batteur), Wando Moreira (basse), Dal Roger (percussion) ou encore la chanteuse Afrikhanita. Cette musique, c’est l’ocan Atlantique qui l’a apporte ici. Une musique qui a avant tout vocation de runir et faire danser les gens – dans une proximit toujours plus grande – autour d’un vieux rve : retourner en Afrique. Jernimo Belo*Le dynamisme de l’Angola et les efforts consentis par ses millions de citoyens ordinaires pour reconstruire le pays aprs un conflit arm interminable et sanglant – une reconstruction grce laquelle les familles peuvent nouveau tre runies tandis que le pays renoue enfin avec le dveloppement – n’ont gure suscit la curiosit du monde extrieur. D’aucuns s’intressent par contre de prs l’volution des prix ptroliers et aux opportunits commerciales dans ce pays potentiellement riche. Pour comprendre ce pays qui se reconstruit en permanence, il est indispensable de bien comprendre la culture angolaise. Angola Reportage La chanteuse angolaise Afrikhanita. Divaldo GregrioL’ANGOLA retrouve sa place dans l’histoire L’ANGOLA retrouve sa place dans l’histoire Mots-clsAngola ; Jernimo Belo ; Agostinho Neto ; Semba Jazz ; Afrikhanita ; Debra Percival.
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Jadis centre nvralgique de l’Europe centrale, Prague est aujourd’hui propulse au devant de la scne europenne. Assurant pour la premire fois la prsidence de l’Union Europenne depuis son entre tion, mais non sans une certaine apprhension, qu’elle conduit les ngociations entre les Vingt-sept. Des ngociations rendues plus difficiles avec le spectre d’une crise conomi que gnralise. Mais les Tchques ont appris par leur histoire – riche et foisonnante, dure parfois mais toujours passionnante – ne pas avoir froid aux yeux. Et dfendre envers et contre tout les droits de l’homme. Une Bohme tchqueUn reportage de Marie-Martine BuckensN. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 47 Dans les rues de Prague 2009. Marie-Martine Buckens D couvrir l’Europe
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48 Les frontires de la Bohme sont marques par des chanes de montagnes, comme les monts Mtallifres ou les monts des Gants, la sparant de l’Allemagne l’ouest, de la Pologne au nord-est, de la province de Moravie l’est et de l’Autriche au sud. Position centrale qui attirera la convoitise des monarques et autres empereurs. Aprs la dynastie des Premyslides initie par Libuse et qui, installe Prague, fut l’origine du premier tat tchque, la Bohme, incorpore partir du Xe sicle au Saint-Empire germa nique, connat un vritable ge d’or au Moyen Age. L’empereur Charles IV – qui donna son nom au fameux pont de pierre bord de statues qui enjambe la Vltava – en fait la ville la plus importante d’Europe et y fonde la premire universit d’Europe centrale. Suivront, au dbut du XVe sicle, la premire fronde des paysans et nobles tchques contre l’Empire LA BOHME, au carrefour de L’ORIENTet de L’OCCIDENTReprsentant prs des deux tiers de la superficie et de la population de la Rpublique tchque, la Moldavie occupant le reste du territoire, sans oublier une petite fraction de la Silsie, la Bohme reste le creuset de ce qui fut plus tard la Tchcoslovaquie, et ensuite la Rpublique tchque. Dcouvrir l‘Europe Prague Un pont Prague 2009. Marie-Martine Buckens La statue du rformateur et premier doyen de l’Universit de Prague, Jan Hus 2009. Marie-Martine Buckens
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49 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 Dcouvrir l‘EuropePrague dfaite des rvolts. Un sicle plus tard, les Habsbourgs autrichiens s’emparent de la couronne de Bohme et ce pour 400 ans. Si, parmi les Habsbourg, un empereur particulirement clair, Rodolphe II, apporte Prague l’esprit de la Renaissance, la rvolte protestante monte ds le dbut du XVIIe sicle et conduira la guerre de Trente ans.> NaissanceIl faudra attendre le XIXe sicle pour que, la domination autrichienne faiblissant, les Tchques redcouvrent leur culture et que la langue tchque retrouve droit de cit. La Premire Guerre mondiale pointe l’horizon. Son pilogue verra l’clatement de l’empire austro-hongrois et la naissance d’un nouveau pays. La Tchcoslovaquie voit le jour en 1918. Vingt ans aprs sa naissance, la Rpublique est une des premires victimes des manuvres politiques qui prcdent la domination nazie de l’Europe. Si Prague sort de la Deuxime Guerre presque sans avoir connu de destruction, la communaut juive – prs d’un tiers de la population praguoise – paye elle un lourd tribu l’occupation nazie, perdant prs des trois quarts de ses membres. La libration se fait grce aux Sovitiques, qui entrent Prague en mai 1945 aprs le soulvement de la ville. Une libration empoisonne. Aprs trois annes de pouvoir, le gouvernement de cohabitation runissant tous les partis issus de la rsistance se radicalise. En 1948, la Tchcoslovaquie s’enfonce dans plus de 40 ans d’un rgime stalinien liberticide. Des purges sont effectues chez les Juifs, les intellec tuels et mme les communistes tchques. En eux 11 condamns mort aprs les “procs de Pragueâ€, dont on dcouvrira plus tard que les preuves et aveux avaient t fabriqus de toutes pices. Trois sont condamns perptuit dont Artur London, juif communiste, nomm en 1949 Vice ministre des Affaires Trois ans plus tard, il y publie L’Aveu mis en pellicule par le ralisateur grec Costa Gavras.> La Charte 77 res des Tchques, des Europens : les chars du Pacte de Varsovie crasent la tentative de rsistance des Praguois. Un noyau d’incontre l’attitude rpressive du gouvernement, des intellectuels font circuler une ptition, la “Charte 77â€, qui appelle le gouvernement respecter la charte des Droits de l’homme signe un an auparavant Helsinki. Parmi eux, un certain Vclav Havel, dramaturge qui, en 1989, sera port par la “rvolution de Velours†la prsidence. Quatre ans plus tard, il devient Prsident de la seule Rpublique tchque la suite de sa partition avec la Slovaquie. Vclav Havel passe la main, au printemps Premier ministre. C’est lui, pourtant europessimiste, qui prsidera l’entre en mai Europenne. M.M.B. Mots-clsBohme ; Empereur Charles IV ; Vclav Havel ; Vaclav Kraus ; Artur London ; Rpublique Tchque ; Marie-Martine Buckens.Il est loin le temps o le cristal au plomb – joyau de la Bohme et principal produit d’exportation et d’emploi – tait essentiellement fondu dans des verreries artisanales, essaimes dans les montagnes de la rgion depuis le XVIIe sicle. Avec le temps, les fonderies prendront une dimension industrielle. Ainsi l’usine de Svetla se verra d’abord nationalise par le rgime communiste, puis privatise dans les annes 1990 l’poque du passage l’conomie de march. La population de la ville a suivi l’volution indusCrystalex Trading (BCT) et sa socit partenaire Porcela Plus (PP), spcialiste des porcelaines, qui emploient elles deux prs de 7.000 personnes sur une dizaine de sites, entraient fin Les raisons d’une telle dbcle ? Pour le chef des syndicats de l’usine de Svetla, l’une des grandes erreurs fut l’abandon volontaire, peu aprs la chute du communisme en 1989, du traditionnel march russe, immdiatement pris par la concurrence et l’orientation vers le march des Etats-Unis, fatale en raison de la chute du billet vert et du renforcement de la monnaie tchque. S’y ajoutent l’augmentation du prix des matires premires – potasse, minium mais aussi lectricit – et la concurrence de plus en plus rude, principalement asiatique. Rsultat, autrefois prospre, la fabrique a accumul 4 milliards de couronnes de dettes, soit quelque M.M.B. DES LARMES DE CRISTALEn septembre dernier, l’usine Sklo Bohemia situe dans la bourgade de Svetla-nadSazavou, 80 km au sud-est de Prague, teignait ses fours o se fondait le clbre cristal de Bohme. Quelques semaines plus tard, l’entreprise fermait son second grand site de fabrication, Podebrady, quelque 50 km l’est de Svetla. Sacrifies sur l’autel de la crise. Mots-clsCristal ; Bohme ; Svetla ; Marie-Martine Buckens. Marie-Martine Buckens
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COOPRATIONUN VENT FRAIS venu d’Europe centrale UN VENT FRAIS venu d’Europe centraleRencontre avec Petr Jelinek, responsable de l’Agence de dveloppement tchque, rcemment mise sur pied par le ministre des Affaires trangres. Rencontre avec Petr Jelinek, responsable de l’Agence de dveloppement tchque, rcemment mise sur pied par le ministre des Affaires trangres. 50Prague Dcouvrir l‘EuropeLe chteau de Prague 2009. Marie-Martine Buckens
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51 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 Dcouvrir l‘EuropePrague“Notre politique de coopration vise tout d’abord les pays d’Europe orientaleâ€, reconnat d’emble Petr Jelinek, poursuivant : “ensuite, certains pays d’Asie, et enfin d’Afrique.†A y regarder de plus prs, la majorit des pays qui bnficient des financements tchques la coopration, ont adhr un moment ou un autre de leur histoire au socialo-communisme. Tout comme, dans les annes qui ont suivi la Deuxime Guerre mondiale o la coopration au dveloppement a pris son essor, la Rpublique tchque – en ralit, la Tchcoslovaquie l’poque – intgre au tiellement dicte par le “Grand Frre†sovitique. C’est Moscou que se dcidaient les nouvelles alliances avec les pays d’outre-mer. Des alliances dcides en pleine Guerre froide afin de contrebalancer l’influence des Occidentaux – notamment et surtout dans leurs anciennes colonies d’Asie ou d’Afrique. Pas tonnant donc que parmi les huit pays retenus en priorit par le gouvernement pour bnficier de l’aide publique au dveloppement pour la priode Vietnam, la Serbie, la Bosnie-Herzgovine et le Montngro, mais aussi l’Angola et la Zambie en Afrique, ainsi que la Mongolie, la Moldavie et le Ymen, en raison des liens tisss en 1970 entre l’Union sovitique, Cuba et la Chine avec le Ymen du Sud. “Sans oublier, prcise Petr Jelinek, l’Afghanistan et l’Irak, pour lesquels l’aide est d’ordre essentiellement humanitaire.†Une coopration qui bnficie d’un budget tchque. “L’objectif est d’arriver 0,17% en heureux si nous parvenons augmenter ce budget de 0,01% du PNB tous les ansâ€, prcise Petre Jelinek. Avec l’accord de la population : 50% des personnes sondes l’an dernier se disaient mme prtes accepter une augmentation des taxes pour aider les pays dfavoriss. > L’aventure angolaise“Nos relations de coopration privilgies avec des pays comme l’Angola, mais aussi avec l’Ethiopie, ne se sont pas traduites uniquement par des activits sur le terrain. Ainsi, dans le cadre de la coopration scientifique et technique avec l’Angola, une centaine d’Angolais sont venus tudier dans l’ancienne Tchcoslovaquie, dont notamment un des membres de l’actuel gouvernement angolais. Notre coopration a t intense entre 1975 et 1980 ; elle a connu un temps d’arrt aprs qu’une centaine de Tchcoslovaques aient t enlevs par les rebelles de l’Unita. Aprs la guerre civile en Angola, les besoins en reconstruction du pays taient normes. Nous avons dcid de reprendre la coopration en un boom spectaculaire grce son ptrole, oui il profite des ressources financires de la Chine. Mais en mme temps, il fait face aujourd’hui la chute du prix du baril, et prs des trois quarts de la population vit encore en dessous du seuil de pauvret. Aussi, notre coopration se concentre actuellement sur l’ducation ou l’agriculture.†Autre pays d’Afrique o la Rpublique tchque est prsente, la Zambie, “o nos activits sont moins intensesâ€, prcise Petr Jelinek qui ajoute : “par contre, il est fort probable que notre coopration avec l’Ethiopie se renforce ; leurs besoins, surtout la suite des problmes rencontrs aprs > Peau neuvePour mener bien sa politique de coopration, le ministre des Affaires trangres a dcid de centraliser au sein d’une seule agence des ministres diffrents (Sant, Agriculture, etc.). “Il nous reste prsent pouvoir accorder des dons, notamment des ONG uvrant sur le terrain ; pour l’heure en effet, nous n’accordons des financements que sur la base de contrats publicsâ€, ajoute Petr Jelinek. M.M.B. (aussi dsign sous l’acronyme anglais Comecon), tait une organisation d’entraide conomique entre diffrents pays du bloc communiste. Cre par Staline en 1949, il s’est dissout avec la chute de l’empire sovitique en juin 1991, la fin de la Guerre froide. A ct de l’Union sovitique, ses membres comptrent d’abord les pays communistes d’Europe de l’Est : Tchcoslovaquie, Bulgarie, Hongrie Pologne, Roumanie, Rpublique dmocratique allemande et Albanie (cette dernire quittant le cercle aprs la rupture des avait le statut de membre associ. D’autres pays non euroUN VENT FRAIS venu d’Europe centraleDurant ses six mois la prsidence de l’UE, la Rpublique tchque entend bien tendre la politique europenne de dveloppement aux pays europens orientaux. Sans pour autant renier les liens privilgis tisss entre l’Union Europenne et les pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP). Ceux d’Afrique en particulier pour lesquels la population tchque se dit mme prte faire des sacrifices. Et avec une mention spciale pour Cuba.Rencontre avec Petr Jelinek, responsable de l’Agence de dveloppement tchque, rcemment mise sur pied par le ministre des Affaires trangres. Rencontre avec Petr Jelinek, responsable de l’Agence de dveloppement tchque, rcemment mise sur pied par le ministre des Affaires trangres. Mots-clsPrague ; Rpublique tchque ; coopration ; Comecom ; CAEM ; Petr Jelinek ; Angola ; Ethiopie ; Marie-Martine Buckens. LES DROITS DE L’HOMME, UNE PRIORIT POUR PRAGUEAu cours de sa prsidence europenne, la Rpublique tchque n’entend pas rvolution ner la politique mene jusqu’ici en matire de coopration. “Pas de changementsâ€, confirme Petr Jelinek, “mais nous allons quand mme essayer de poursuivre les discussions avec les autres grands donateurs internationaux afin d’augmenter l’efficacit de l’aide.†Mais il est un domaine o Prague – pass oblige – veut faire entendre sa voix, celui des droits de l’homme. “Nous disposons d’un instrument spcial, destin soutenir la socit civile et la presse indpendanteâ€, souligne le directeur de l’Agence de dveloppement tchque. Cette ligne budgtaire particulire est pilote directement par le ministre des Affaires trangres. Les actions de soutien visent quatre pays : Cuba, la Birmanie, la Moldavie et la Bilorussie. Marie-Martine Buckens
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52 A peine arriv Prague, crin pos au cur de la Bohme, les Praguois ne manqueront pas de vous rappeler la prophtie de la princesse Libuse, la tte d’une des tribus slaves installes aux environs de l’an 500 dans la valle de la Vltava : Je vois un grand Chteau dont la gloire monte jusqu’aux toiles. La rivire Vltava se fraie un chemin ses pieds. C’est l qu’il vous faut aller. Au profond de la fort, vous trouverez un homme en train de tailler le seuil de sa maison. Voil o vous difierez un chteau que vous nommerez Praha (Prague) d’aprs le mot dsignant le seuil. Et comme tout seigneur baisse la tte pour franchir le seuil d’une demeure, ainsi les plus grands de ce monde la baisseront-ils devant ce chteau. Inutile d’ajouter – prcise le chroniqueur de Radio Praha, Vclav Richter – que la prophtie de la princesse est prise au srieux : on se met en route, on trouve l’homme taillant le seuil de sa maison et on y rige, sur la rive gauche de la Vltava, un chteau en bois plus vaste et plus somptueux que Vysehrad, rsidence du prince Premysl et de son pouse Libuse. “Prahâ€, le seuil, la position premire d’une ville cartele entre l’Orient et l’Occident, l’antique et le moderne, l’or des mythes et la grisaille du rel. Quoi qu’il en soit, poursuit Vclav Richter, Prague porte l’hrdit de la prtresse lgendaire en devenant comme il avait t prsag “ville d’orâ€, “ville aux cent toursâ€, et plus tard “mre des villesâ€, ou tout simplement “la petite mreâ€. Prague qui, au fil du temps et de batailles sanglantes, de la construction de son chteau qui domine la ville ses ponts, glises et maisons de matres rivalisant en beaut, deviendra le centre nvralgique non seulement du royaume de Bohme, mais d’une partie importante de l’Europe centrale.> IndpendanceMais l’histoire de Prague n’est pas cousue que de fils d’or et de brocarts. Les Praguois ont souvent d payer par le sang leur dsir, profondment enracin, d’indpendance. Par le feu aussi. Il y eut d’abord Jan Hus, premier recteur tchque de l’universit de Prague. Grand penseur religieux, il dnona les pratiques corrompues de l’Eglise ce qui lui valut le soutien inconditionnel tant des nobles que des paysans tchques mais, surtout, le bcher, prpar en catimini par les organisateurs du concile de Constance en 1415. Son excution dclenche les guerres hussites qui durrent rvolte, protestante, conduira la guerre des Trente ans. Et puis il y eut, il y a 40 ans peine, un autre Jan, Jan Palach. A la faon des bonzes au Vietnam, ce jeune tudiant tchque se suicidait par le feu pour inciter le peuple tchcoslo vaque continuer la lutte et protester contre l’occupation de son pays. Un geste dramati que qui reste grav dans la mmoire de tous. Remettant aux autorits tchques une statue en son honneur, le Secrtaire d’Etat franais des affaires europennes soulignait le 19 janvier dernier que “les sacrifices consentis par la Rpublique tchque pour dfendre les plus hautes valeurs des Europens, promouvoir leur libert et ouvrir la voie la runification du continentâ€. M.M.B. PRAGUE . Bohme et indpendante Prague, o chaque pav de la vieille ville rappelle l’histoire turbulente et passionnante de la Bohme Mots-clsLibuse ; Jan Hus ; Jan Palach ; Vclav Richter ; Prague ; Bohme; Marie-Martine Buckens. Prague Dcouvrir l‘Europe Marie-Martine Buckens
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53 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 Dcouvrir l‘EuropePrague S la vaste manifestation du 17 novembre, inspire par une trs grande vague de protestations contre le rgime communiste en place, a russi renverser le pouvoir en place. Fort de cette exprience, le jeune tudiant dcide avec des amis de fonder une ONG dont le but, tout naturellement, est de venir en aide aux populations en temps de crise : crise due la guerre ou aux catastrophes naturelles. “Cette diversit d’interventions s’explique par le fait qu’au lendemain du communisme, c’tait le dsert en matire de coopration et nous avons fait feu de tout bois.†People in Need est venue d’abord en aide ses proches, commencer par le Haut Karabakh, dchir par la guerre, par la Bosnie ensuite. Priorit : aider les gens reconstruire, leur fournir du matriel. “Ce n’est que plus tard que nous avons lanc des programmes de dveloppementâ€, ajoute Simon Panek. Si l’ONG (www.peopleinneed.cz) consa cre plus de 70% de son budget des projets humanitaires et de dveloppement, elle n’oublie pas ses “racines†: uvrer une socit plus juste et tolrante, y compris l’intrieur des frontires de la Tchquie o elle a mis sur pied des programmes d’intgration sociale et des programmes d’information sur la pauvret ou les droits de l’homme. Aujourd’hui, People in Need uvre dans une quarantaine de pays – y compris en Afrique, surtout en Ethiopie, Angola et Namibie. Malgr un staff important – plus de quinzaine d’annes et un budget de quelque 15 millions d’euros, Simon Panek sait qu’il ne peut rivaliser avec les “grandesâ€. “Nous voulons garder notre diversit, y compris l’aspect droits de l’homme et les programmes dmocratiques dans des Etats non-dmocratiques qui ds le dpart taient une de nos priorits.†M.M.B. M.M.B. nUne ONG fille de la“rvolution de Velours â€Cre, par une poigne d’activistes, trois ans aprs la chute du communisme en 1992, People in Need (Population en dtresse) est aujourd’hui la plus importante ONG humanitaire des 10 Etats Membres ayant adhr l’Union Europenne.P Chladova de Simon Panek. “Ma gnration n’a pas connu le communismeâ€, nous dit-elle d’emble. Simon Panek, bien sr, elle le connat de nom, comme tous les Tchques. Elle se dit mme prte, aprs ses tudes, travailler dans une ONG. De l en fonder une, elle aussi ? “Oh non, il y en a dj suffisamment. Mais je me vois bien monter des activits en matire de responsabilit sociale des entreprisesâ€, ajoute-t-elle. Le pragmatisme a-t-il pris le pas sur un certain romantisme des annes 1990 ? Sans doute. “Il y a cinq ans, nous n’avions pas Internet, les portables ; il faut apprendre ragir vite si on veut survivre.†Travailler pour Erasmus participe cette volont : “cela me permet de tester ma personnalit.†Une exprience que peu de Tchques partagent en raison, selon Martina, de leur manque de confiance : “je crois que c’est assez tchque : on ne sait pas vendre ses comptences.†M.M.B. Mots-clsSimon Panek ; People in Need ; Prague ; Marie-Martine Buckens.MARTINA , fille de l’EuropeEtudiante Prague, Martina Chladova est Vice prsidente d’un groupe de volontaires qui accueillent les tudiants trangers en Rpublique tchque dans le cadre du programme Erasmus. Pragmatique, elle considre l’Europe comme un passage oblig dans un monde qui se meut de plus en plus rapidement. Mots-clsMartina Chladova ; Erasmus ; universit ; Prague ; Marie-Martine Buckens. Marie-Martine Buckens Marie-Martine Buckens
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Impossible de les raconter tous. On fera donc uvre de subjectivit, de coup de cur. Coup de cur pour un nom d’abord : Jan Neruda, dont Prague a honor la mmoire en rebaptisant la rue qui monte au Chteau de Prague Nerudova ulice, “la rue de Nerudaâ€. Ce pote et journaliste, mort en 1891, a dpeint avec une verve froce les petits bourgeois de Prague dans son clbre recueil, les Contes de Mala Strana. Fervent admirateur de son uvre, un pote chilien Neftali Ricardo Reyes Basoalto, endossera son nom : Pablo Neruda, prix Nobel de littrature en 1971, tait n.> L’iconoclasteEt puis il y a l’inclassable Egon Bondy. De son vrai nom Zbynek Fiser. Il a 19 ans en 1949 lorsque la Tchcoslovaquie, devenue communiste au lendemain du coup de Prague en 1948, remet la shoah l’ordre du jour. Zbynek, dj actif dans un groupe surraliste, prend le nom juif de Bondy en raction au stalinisme antismite. Turbulent, il n’obtient son ans et entreprend des tudes de philosophie et comme veilleur de nuit au Muse national, il crit ses premiers pomes et prne son propre courant potique, le ralisme total. Ses posies seront mises en musique par le groupe “Plastic People of the Universeâ€, dont les membres communiste, arrestation qui fut l’origine du fameux manifeste, Charte 77, critiquant le gouvernement pour sa violation des droits de l’homme. Comptant parmi les premiers dissidents tchcoslovaques, il garda toujours une certaine distance avec ses “hrosâ€, commencer par Vaclav Havel, futur Prsident du pays. En 1994, en raction la partition de la Tchcoslovaquie, il quitte Prague pour Bratislava, capitale de la Slovaquie pour enseigner l’universit le marxisme et le bouddhisme, deux doctrines que cet athe curieux affectionnait particulirement. > Le mystique un artiste quasi inconnu hors de ses frontires. Artiste unique, Bohuslav Reynek, dcd en 1971, tait tout la fois traducteur – notam ment de potes franais (Hugo, Claudel, Verlaine entre autres, mais aussi de sa femme) et allemands – pote et graveur. Pote secret, viscralement attach sa Bohme des hautes terres, mystique et fraternel, son parcours est symbolique de toute une gnration. En Renaud avec laquelle il sjourne souvent en France jusqu’ la mort de son pre, en de Petrkov. Il ne quittera plus la Bohme. Sous l’occupation nazie, le domaine familial est rquisitionn. Aprs le coup de Prague, le domaine est nouveau confisqu et Reynek et ses deux fils deviennent de simples employs dans leur ferme. Le pote, interdit de publica tion poursuivra cependant son uvre jusqu’ sa mort en 1971. M.M.B. S’ENIVRER d’une incroyable richessePrague les a tous, ou presque, vus passer. Smetana ou Dvorak dans son conservatoire, Mucha dans son atelier, Franz Kafka la recherche d’inspiration littraire prs de son chteau, et, plus prs de nous, le romancier Milan Kundera. Quelques noms, si peu, dans le florilge luxuriant des artistes tchques. Mots clsNeruda ; Egon Bondy ; Bohuslav Reynek ; Prague ; Marie-Martine Buckens. Dcouvrir l‘Europe Prague 54 La rue Neruda Prague 2009. Marie-Martine BuckensEn mdaillon : Egon Bondy.
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55 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 S commence sa carrire de photographe comme stagiaire pour une agence de presse allemande de Hambourg. En 1950, Jrgen part s’installer en Afrique du Sud. Il y devient photographe en chef, diteur d’images et directeur artistique du lgendaire “Drum Magazineâ€. C’est ds cette poque – les annes 1950 – qu’il se met immortaliser des moments cls de la vie des Sud-Africains. Des photos qui illustrent la vie culturelle et le combat des Noirs pendant l’apartheid. Les portraits raliss sont ceux de personnalits historiques, comme Nelson Mandela, Walter Sisulu, Yusuf Mohammed Dadoo, Father Trevor Huddleston Schadeberg est reconnu comme l’une des stars de la photographie internationale depuis la seconde moiti du XXe sicle. Tmoin d’une priode historique unique, il en photographie des moments et des dates cls comme la campagne gnantes, il a galement document la destruction de Sophiatown, le township de Johannesburg qui tait le symbole de la culture noire (dans le domaine des arts, de la politique, de la religion et des loisirs) dans les annes 1940 et 1950. En fvrier 1955, ses habitants furent dplacs sur un nouveau site, une vingtaine de kilomtres du centre. Ils tentrent de rsister pacifiquement. Le gouvernement fit dmolir Sophiatown vers la et rebaptis Triomf (triomphe en afrikaans). Il allait tre rserv exclusivement aux blancs. travaille comme reporter-photographe en Europe et aux Etats-Unis, pour une srie de magazines prestigieux. Avant de rentrer en Afrique du Sud, en 1985, Jrgen a vcu Londres, en Espagne, New York et en France. Les photos prises au cours de cette priode relvent la fois du documentaire social et de l’abstraction moderniste. “Lorsque je suis arriv en Afrique du Sud, en 1950, venant d’Allemagneâ€, crit Schadeberg, “j’ai t frapp par la coexistence parallle de deux socits qui ne communiquaient absolument pas entre elles.†“C’est comme si un mur invisible avait t rig pour sparer deux univers. Celui des noirs – ou non-europen pour reprendre les termes de la communaut blanche – tait culturellement et conomiquement rejet par l’univers des blancs, dans lequel seuls les domestiques et les serviteurs noirs pouvaient pntrer.†“Dans les annes 1950, la socit noire est devenue trs dynamique, tant sur le plan culturel que sur le plan politique alors que la socit blanche me semblait isole, replie sur elle-mme – une socit coloniale ignorant l’autre monde.†“Nouveau venu et tranger ces deux communauts, je passais sans trop de difficult d’un monde l’autre, par exemple, le soir, il m’arrivait de photographier un bal masqu blanc, au City Hall, et le lendemain, une manifestation de dsobissance civile de l’ANC.†Schadeberg a expos dans des muses et des galeries du monde entier. Ses photos font aussi partie de collections de prestigieuses institutions comme La Maison Europenne de la Photographie Paris et le Victoria & Albert Museum Londres. C rativit Sandra FedericiL’AFRIQUE DU SUD en noir et blanc L’AFRIQUE DU SUD en noir et blanc La vie dans les quartiers blancs et les townships o vivent les Noirs, les productions musicales des annes 1950, des personnalits extraordinaires, comme Miriam Makeba : tels sont les thmes et les sujets des superbes photos en noir et blanc de l’artiste Jrgen Schadeberg, exposes la Galerie Ariete Bologne, jusqu’au 25 fvrier 2009. Mots-cls Jurgen Schadeberg ; photographie ; Afrique du Sud ; apartheid ; Allemagne.Jrgen Schadeberg, Nelson Mandela in his Law Office, 1952, imprim en 2007. Avec l’aimable autorisation de la Galleria L’Ariete artecontemporanea, Bologna
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Crativit Les danses sont restes trs traditionnelles jusqu’aux annes 1980, lorsqu’elles ont t confrontes un intrt croissant pour les formes contemporaines d’art africain. En 1995, l’association franaise “Afrique en cration†a organis Luanda (Angola) la premire biennale “Rencontres de la cration chorgraphique d’Afrique et de l’ocan Indienâ€, un concours de chorgraphies de ces deux rgions. Depuis cette anne, six concours se Les compagnies africaines de production contemporaine se sont multiplies et ont considrablement chang leur approche. Certaines maintiennent la tradition tandis que d’autres, tout en reconnaissant les valeurs traditionnelles, cherchent offrir des concepts nouveaux, modernes et exprimentaux. Cette volont de dialogue entre deux mondes est cependant rejete par un troisime mouvement artistique oppos tout ce qui peut se dfinir comme une “traditionâ€, c’est--dire tout ce qui appartient un temps dtermin. Irne Tassembedo, artiste trs ambitieuse venue du Burkina Faso, est une chorgraphe et danseuse qui exprime sa crativit dans des spectacles mlant la danse, le thtre et la musique. Ses productions se distinguent par une mthode originale de recherche artistique qui conserve l’nergie explosive de la danse africaine et exploite la force motionnelle et communicative du thtre. Cette chorgraphe a fond sa compagnie, bne, en 1988. Avec elle, elle a produit plusieurs spectacles qui ont fait le tour du monde. Une autre femme qui a rvolutionn le monde de la danse est Germaine Acogny, une choune technique qui lui est propre, un mtissage de danses africaines traditionnelles et de danses occidentales classiques et modernes. Dakar, c’est elle qui a dirig Mudra Afrique, une cole de danse cre par Maurice Bjart et le prsident L.S. Senghor. Deux des artistes les plus originaux du moment sont Salia Sanou et Seydou Boro, fondateurs de la Compagnie Salia n Seydou. Au mme titre que leur spectacle “Le Sicle des fousâ€, une premire production qui a beaucoup fait parler d’elle, “Figninto†et “Poussires de sang†prfigurent, leur faon, ce que sera la chorgraphie africaine de demain. Citons galement Alphonse Tirou, un chercheur et chorgraphe de Cte d’Ivoire qui se consacre depuis longtemps fournir les fondements thoriques qui manquent la danse africaine. Mme s’il admet l’existence de plusieurs types de danses sur le continent africain, M. Tirou estime que des mouvements de base unissent ces danses. son avis, certaines personnes parlent de conserver les danses traditionnelles comme s’il s’agissait de sardines conserver dans de l’huile. Comme Alphonse Tirou le dirait, au-del des diverses tendances qui traversent le continent africain, “si la danse bouge, l’Afrique bougeraâ€.La VITALIT de la cration africaine contemporaineElisabetta Degli Esposti MerliCes dernires annes ont vu augmenter le nombre de compagnies de danse contemporaine, de chorgraphes et d’artistes en Afrique. Pour retracer l’histoire de cette forme d’art, nous devons remonter la cration des compagnies nationales de ballet en Guine et au Sngal au moment de la naissance de leur indpendance. En cette priode historique, l’art tait utilis pour affirmer les valeurs et l’identit des nouveaux tats africains. Mots-clsAfrique; danse contemporaine, danse traditionnelle; Irne Tassembedo; Germaine Acogny; Salia Sanou; Seydou Boro; Alphonse Tirou. 56 La compagnie de danse de Saila n Seydou, Poussires de sang, Juin 2008. Antoine Temp
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57 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 L de cinma d’Afrique, le Fespaco de Ouagadougou (Burkina Faso) a tal Ce qui frappait Ouaga cette anne, c’tait le niveau atteint par le cinma africain, o l’on ne dcouvre plus avec compassion des faiblesses et des -peu-prs techniques d’antan. Pour les distinctions, les plus prestigieuses sont alles des pays peu habitus du tapis rouge de Ouaga. Si l’talon d’or de Yenenga, la plus haute rcompense, est all au superbe, mouvant et imaginatif “Teza†de l’Ethiopien Haile Gerima, ce sont l’Algrie avec le tiers des prix dcerns, le Maroc et l’Afrique du Sud qui sont les grands gagnants du Festival. L’Algrie a eu, entre autres, le Poulain d’or (meilleur court-mtrage de fiction) pour “Sektou (Ils se sont tus)†de Khaled Benaissa et aussi l’Etalon de bronze pour le long-mtrage “Mascarade†de Lyes Salem. L’Afrique du Sud a gagn l’Etalon d’argent pour “Nothing but the truth†de John Kani et plusieurs prix pour “Jerusalema†de Rufth Ziman, dont celui de la meilleure interprtation masculine dcroch par Rapulana Seiphmo. Alors que le prix de la meilleure interprtation fminine a t pour la Marocaine Sana Mousiane dans “Les jardins de Smira†de Lahlou Latif. Le pays hte, le Burkina Faso ne s’en est pas mal sorti non plus avec le prix de l’Union Europenne pour “Cur de Lion†de Boubacar Diallo, remis au Culture Colloquium (Bruxelles, alors que “Le fauteuil†du mme ralisateur a eu le prix RFI. Le Fespaco a atteint un record cette anne avec ptitions. Certains films exceptionnels n’ont pas eu de prix, ce qui dmontra contrario la qualit du festival. Par exemple, le documentaire “En attendant les hommes†de Katy Lena Ndiaye clairant en touches sensuelles des femmes mauritaniennes attendant le retour de leurs hommes travaillant l’tranger. Ou “Yand Codou, la griote de Senghor†d’Angle Diabang Brener sur cette femme encore vivante, forte qui avait t le double artistique du gnie littraire et homme politique. Une matrise du documentaire l’assimilant une fiction de matre. Le Fespaco, l’endroit o dcouvrir les grands de demain.H.G. FESPACO 40e anniversaire sous le signe de l’ouverture et de l’excellence Mots-clscinma ; Afrique ; Ouagadougou ; Burkina Faso ; Hegel Goutier. Crativit La fte fut au rendez-vous durant la crmonie d’ouverture du Fespaco 2009. Hegel Goutier
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58 Crativit Le “best of†de Maxy (Olebile ‘Maxy’ C’est peut-tre l’opus conseiller ceux dsireux de dcouvrir la diva du Bostwana, car il aligne ses plus grands succs rgion ne manquent pas en cette fin d’anne de souligner combien la prolifique cratrice est devenue une icne. Maxy est une femme d’affaires avise en mme temps qu’une acti viste soutenant les malades du Sida. Et surtout elle est une artiste gniale dont l’uvre repose sur la musique traditionnelle mais qui a fait siennes les sensibilits multiples du hip hop, du R&B, du rock, du pop et du gospel africain. Et surtout du jazz qu’elle recre. Savourez le album pour vous en rendre compte. H.G. BRUXELLES. POUR PROLONGER OUAGADOUGOUAprs le Fespaco plac cette anne sous l’auspice du professionnalisme, un autre grand raout aura t le Culture Colloquium de Bruxelles les 2 et 3 avril o acteurs de la culture d’Europe et de ses partenaires d’autres continents devaient laborer une plate-forme et faire savoir leurs desiderata quant la coopration en matire de culture. Les politiques auront utiliser cet outil pour affiner leur stratgie en la matire pour les annes venir. Ceci a constitu l’un des points importants de la confrence de presse du Directeur gnral du dveloppement de la Commission europenne, Stefano Manservisi au Fespaco, laquelle participait galement le Ministre de la Culture du Burkina Faso, M. Philippe Sawadogo. Stefano Manservisi a inform que la CE est en train de faire un bilan avec les autorits burkinab de ce qui a t fait dans le domaine de la coopration culturelle avec ce pays. Ce bilan doit permettre un meilleur usage de ressources somme toutes limites. Pareil bilan sera fait avec d’autres partenaires de l’Union Europenne. “Pour tablir ce bilan, on va regarder aussi ce qu’on a fait en Europe. Je ne veux pas d’un double standard. On va parler de l’UE aussi. Nous avons des programmes comme Eurimages qui prsentent des potentiels mais nous devons encore les transformer en position offensive. Par rapport au cinma amricain nous devrons passer de la dfensive l’offensiveâ€, prcise Stefano Manservisi. La production culturelle ne peut se passer de politique structurelle selon lui. Il faut voir toute la chane, c’est tout un secteur en amont et en aval sur lequel il faut prendre toues les dcisions. La plate-forme et les desiderata des participants au colloque de Bruxelles seront destins aux ministres de diffrents secteurs, conomie, finances, investissements et autres, et permettront d’tablir une charte pour l’utilisation des fonds europens destins au dveloppement via la culture. MAXY . Queen of Sands and African ethos Un feu d’artifice a conclu la crmonie d’ouverture du Fespaco 2009. Hegel Goutier
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59 N. 10 N. S. – MARS AVRIL 2009 Lara Likar vient de Slovnie. Elle est entoure de dizaines d’enfants de la Maison des enfants de Kasisi, le plus grand orphelinat de Zambie. Gr par enfants, essentiellement des orphelins du SIDA. dans diffrents pays de l’UE. A la suite de ce voyage en groupe en Zambie, ces jeunes sont prsent bien au fait des problmes du continent africain. Ils peuvent parler de ces problmes et de l’importance des politiques de dveloppement, ainsi que de leur complexit. “D’une certaine faon, ils sont ainsi devenus les ambassadeurs du dveloppementâ€, explique Louis Michel, Commissaire europen en charge du Dveloppement et de l’Aide humanitaire. Ancien enseignant lui-mme, le Commissaire Louis Michel a pour passion de sensibiliser les jeunes aux thmatiques en rapport avec le dvede leurs enseignants en Zambie, allant visiter avec eux certains projets, parmi lesquels l’orphelinat, le muse David Livingston et un centre de formation professionnelle. Les tudiants europens auront vcu des expriences particulirement intressantes, l’une d’elles ayant t l’occasion de rencontrer des tudiants du mme ge au collge David Kaunda de Lusaka, dans la capitale zambienne. Les tudiants africains leur ont fait visiter les lieux et ces premiers contacts ont rapidement dbouch sur des changes anims portant sur les systmes scolaires et la vie quotidienne dans leurs pays respectifs. “L’cole est trs diffrente ici bien sr, mais il y a aussi de nombreuses similitudesâ€, estime Helen Huges venue d’Irlande. Au programme des visites galement, deux centres de formation professionnelle o les Zambiens peuvent apprendre la menuiserie, la plomberie et d’autres mtiers, un projet en faveur des enfants des rues dont les bnficiaires, qui ne suivent pas l’enseignement officiel, peuvent frquenter une bibliothque et lire, et enfin, un projet pour les femmes victimes de violences domestiques. Tous ces projets sont particulirement orients sur les bnficiaires, les tudiants ont donc de multiples occasions d’interagir, de poser des questions et d’apprendre comment vivent les tudiants zambiens. Un temps fort a t la rencontre avec Rupiah Bwezani Banda, le Prsident zambien. Avec beaucoup de chaleur et de sympathie, celuici s’est entretenu avec les jeunes pendant plus d’une heure – ce qui est rare pour ce genre de visite – rpondant toutes les questions. La plupart des tudiants n’avaient jamais eu l’occasion jusqu’ici de discuter avec un prsident, d’o une certaine nervosit bien palpable. Ce voyage en Zambie n’aurait pas t complet sans une visite de la plus grande attraction touristique du pays, les Chutes Victoria. Une exprience d’autant plus spectaculaire que c’tait la saison des pluies. Les jeunes ont ainsi eu la surprise de voir l’eau dvaler de partout et de se retrouver tremps jusqu’aux os. visitez le site Internet l’adresse : www.dyp A ux plus jeunes Marlene Holzner*De JEUNES ambassadeurs De JEUNES ambassadeurs EUROPENS pour l’Afrique L e texte ci-dessous est inspir d’une communication de la Commission europenne (direction gnrale du dveloppement) Entre le 3 et le 7 mars 2009, les laurats du Prix “Jeunesse et dveloppement†de l’UE ont visit des projets sur le terrain en Zambie. Associs des visites et des runions, ils sont devenus les ambassadeurs de l’UE pour le dveloppement et, une fois de retour dans leur pays, ils n’ont pas manqu de transmettre aux autres tudiants les connaissances acquises dans le domaine de la politique du dveloppement. POINT DE VUELouis Michel, Commissaire europen, en charge du Dveloppement et de l’Aide humanitaire, avec les laurats du Prix “Jeunesse et dveloppement†de l’UE au cours de sa visite en Zambie en mars 2009. EC
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60 Vos points de vue et vos ractions nous intressent. N’hsitez pas nous en faire part. Addresse: Le Courrier 45, Rue de Trves 1040 Bruxelles (Belgique) courriel: info@acp-eucourier.info site internet: www.acp-eucourier.infoCalendrier Je souhaite remercier la rdaction du Courrier d’avoir consacr un dossier sur la dynamique, les atouts et l’histoire de ma rgion, l’Aragon. Cette communaut autonome mrite d’tre mieux connue. J’espre que la rdaction nous donnera encore souvent l’occasion d’apprendre mieux nous connatre, au-del des clichs. Antonio Lâ€PEZ PEA Chef d’unit adjoint Commission europenne DG DVELOPPEMENT (Bruxelles, Belgique)Je suis un fidle lecteur du Courrier, qui est mes yeux bien plus qu’une publication officielle. Vritable “encyclopdie vivanteâ€, le magazine offre aux lecteurs un large ventail d’informations. J’ai beaucoup aim la contribution de Jacques Attali dans le numro 9, sur la crise financire mondiale et ses consquences en Afrique. Je partage totalement son point de vue. Son article montre que nous devons rester optimistes quant l’impact de la crise financire sur le continent africain (sans toutefois en ngliger les dommages collatraux). Les conomies africaines sont en effet moins intgres dans le systme de l’conomie mondiale et possdent par ailleurs des avantages comparatifs, comme une dmographie en baisse. Brian Melle (Cameroun)La parole aux lecteurs Mai 2009> 4-9 Dveloppement durable en Afrique : le rle de l’enseignement suprieur Abuja, Nigeria. www.aau.org > exposition. Kampala, Ouganda. > (AGA) et Confrence “Lutter contre la pauvret. Crer des opportunits†Rome, Italie. www.efc.be> Une confrence annuelle pour renforcer les capacits de l’Afrique dans le domaine de l’elearning, 19 vnements qui prcderont la confrence. Dakar, Sngal. www.elearning-africa.com Juin > 14-17 En partenariat avec la Chambre de commerce agricole d’Afrique du Sud et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et la Rabobank. Le Cap, Afrique du Sud. www.emrc.be> Campus euro-africain sur la coopration culturelle. Maputo, Mozambique http://ocpa.irmo.hr/activities/meetings> 10e Forum de l’OCDE Beyond the Crisis : For a stronger, cleaner, fairer economy (Au-del de la crise : pour une conomie plus forte, plus propre et plus quitable) Paris, France> Confrence sur les migrations transnationales et les retours en Afrique en vue du dveloppement national, sous l’angle des relations euro-africaines et de l’exprience latino-amricaine. Universit de Warwick, RoyaumeUni crer/events/african/ Juillet> Confrence mondiale sur l’Enseignement suprieur (WCHE+10). L’UNESCO accueillera la “Confrence mondiale sur l’Enseignement suprieur (WCHE+10)†afin de faire le point sur les avances ralises depuis la premire confrence organise en 1998. Paris, France www.cepes.ro/forum/welcome.htm> projections de films du monde entier, l’accent tant mis en particulier sur le cinma africain et les films d’Afrique du Sud. http://www.cca.ukzn.ac.za Mai juin 2009
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et pays de l’Union Europenne Les listes de pays publies par Le Courrier ne prjugent pas le statut de ces pays, territoires et dpartements, ni l’volution de ce statut. Le Courrier utilise des cartes de diverses origines. Cette reproduction n’implique la reconnaissance d’aucune frontire particulire ni ne prjuge le statut d’aucun Etat ou territoire. CARABES Antigua et Barbuda Bahamas Barbade Belize Cuba Dominique Grenade Guyane Hati Jamaque Rpublique Dominicaine Saint Christophe et Nevis Sainte Lucie Saint Vincent et les Grenadines Suriname Trinit et Tobago PACIFIQUE Iles Cook Fidji Kiribati Iles Marshall Etats Fdraux de Micronsie Nauru Niue Palau Papouasie Nouvelle Guine Iles Salomon Samoa Timor Leste Tonga Tuvalu Vanuatu AFRIQUE Afrique du Sud Angola Bnin Botswana Burkina Faso Burundi Cameroun Cap Vert Comores Congo Cte d’Ivoire Djibouti Erythre Ethiopie Gabon Gambie Ghan Guine Guine Bissau Guine Equatoriale Kenya Lesotho Libria Madagascar Malawi Mali Maurice Mauritanie Mozambique Namibie Niger Nigeria Ouganda Rpublique Centrafricaine Rpublique Dmocratique du Congo Rwanda Sao Tom et Principe Sngal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Zambie Zimbabwe UNION EUROPENNE Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France Grce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne Portugal Royaume-Uni Roumanie Slovaquie Slovnie Sude
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Ne peut tre vendu ISSN 1784-682XC urrier
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