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Courrier (French)

Material Information

Title:
Courrier (French)
Place of Publication:
Brussels, Belgium
Publisher:
Hegel Goutier
Publication Date:
Copyright Date:
2008
Language:
English
French
Portuguese
Spanish

Subjects

Subjects / Keywords:
Caribbean
Genre:
serial ( sobekcm )

Record Information

Source Institution:
University of Florida
Holding Location:
University of Florida
Rights Management:
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DECOUVRIR L’EUROPE REPORTAGE DOSSIER DECOUVRIR L’EUROPE REPORTAGE DOSSIER C urrierLeLe magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne FRA_Courier_cover_n7.qxp:Layout 1 3-10-2008 16:04 Pagina 2

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Le magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenneC urrierle SommaireLE COURRIER, N.8 NOUVELLE SERIE (N.S)N. 7 N.E. – AOT SEPTEMBRE 2008 EDITORIAL Des craintes globales dans un monde global 3SANS DETOUR Renforcer les grands partenariats 4TOUR D’HORIZON 6 POINTS DE VUEMdias et Dveloppement : un nouveau champ d’action du partenariat Europe-Afrique ? 10DOSSIER Marchs boursiers des ACP Ne ratez pas l’occasion 12 La valeur cache de l’Afrique 14 La Bourse du Pacifique Sud enregistre une lente croissance 15 Le Kenya cherche devenir une plaque tournante rgionale 16 La NSE en expansion 17 Vent contraire pour les Carabes 18 La bourse nigriane se maintient 19INTERACTION Les grands enjeux du prochain sommet ACP 21 Retour sur un premier sommet historique 22 Le Pacifique perd-il de son pacifisme ? 24 Journes europennes du Dveloppement. Le compte rebours a commenc 25 Les ACP souhaitent voir garanties les avances de Doha 26 APRODEV : plus de comptences pour les ACP avant les APE dfinitifs 27 CONCORD, une voix pour les ONG europennes 28 Relancer la dynamique rgionale 29 COMMERCEDes perspectives pour une politique Afrique-Chine-UE 30 Japon. Une partie gopolitico-commerciale 30 Une politique europenne pour tous les amis de l’Afrique ? 31 L’ambigut brsilienne 31ZOOMBa Diallo, du ring de boxe l’arne politique et sociale 32DE LA TERREAfrique Australe. Le pari, vital, des renouvelables 34REPORTAGEMadagascar Histoire singulire 37 “Nous voulons tre un exemple pour les autres pays ACP” 38 “Un espace de stabilit o les ressources peuvent tre mobilises pour le dveloppement” 39 Redresser la comptitivit et doubler la production alimentaire 41 Des ressources naturelles encadrer 43 Dcentralisation : ACORDS, un programme pionnier 44 “Le MAP ne tient pas suffisamment compte des problmes sociaux” 46 Enseignement : une rforme hautement sensible 47 A la recherche de l’alliance de l’homme et de la nature 48 Polyphonies malgaches 49 DECOUVRIR L’EUROPE Martinique Attrait rebelle aux clichs 50 Fort-de-France, ville vivre pas consommer 52 Sur les traces d’Aim Csaire 54 Apparente opulence et conomie fragile 55 Vers une autonomie certaine et floue 56 Mal organise mais bien quipe 57 Festival de Culture de Fort-de-France 58 Il faut que toute la plante soit dans les films 59 CREATIVITE Les blogs : lieu de rencontre des dessinateurs africains 60 Au carrefour des cultures : le festival international du film de Zanzibar (ZIFF) 61 ‘Ethnopassion’ – La collection ethnique de Peggy Guggenheim 62 AUX PLUS JEUNES Les pargnes de Goor 63 A VOTRE ECOUTE/AGENDA 64

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Oeuvres de Malick Sidib sur les faades du Parlement europen, Bruxelles dans le cadre de la ‘Semaine africaine du dialogue interculturel’ (expositions, spectacles, rencontres culturelles, runions politiques, Parlement europen. Organisation : Parlement europen, Union africaine, Africalia, Commune d’Ixelles. Bruxelles, 8 12 septembre 2008). Photo Hegel Goutier. Remerciements : Pierre Jaccaud, producteur de l’vnement ‘Atelier Sidib’ et Jean-Pierre Bauduin (tireur des photos exposes).

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Editorial 5 Des craintes globales dans un monde global Les bruits de botte parvenant de la Gorgie ont fait craindre un peu partout le retour de la guerre froide, donc celui de la bipolarisation du monde avec son quilibre de la terreur. Dont l’un des effets nfastes avait t une relative indiffrence de chacun des deux ples aux violations des droits de l’individu perptrs par ceux qui les soutiennent. Le choc rcent entre la Russie et la Gorgie pour l’Osstie du Sud et l’Abkhazie a une fois de plus, son corps dfendant, plac l’Europe dans la posture de pompier devant teindre un feu que d’autres ont allum ou souffl dessus, corriger diplomatiquement la sur-raction d’une superpuissance renaissante, et les erreurs d’apprciation de ceux qui lui en ont donn le prtexte. Il a aussi engendr des peurs fortes dans les pays pauvres notamment en Afrique car les pays de la priphrie savent que “quand la grande maison prend feu, les dpendances doivent craindre le pire” (proverbe cariben). Les craintes globales accompagnent le monde global. L’Afrique s’loigne de plus en plus de ses vieilles drives. Dans le dossier principal de ce numro du Courrier, consacr aux marchs boursiers ACP, on peut dcouvrir l’analyse de grands experts internation aux attribuant le succs des places africaines au cercle vertueux initi par les lections dmocratiques et consolid par la rduction des dficits budgtaires, le pari de financiers trangers tablant sur “la valeur cache” de l’Afrique, niche d’investissements gagnants. Le Courrier souligne l’attraction grandissante de certaines conomies, grandes ou mergentes pour l’Afrique, comme le Japon, la Chine ou le Brsil. Tout comme de nouveaux pas pris par le continent pour son dveloppement durable, telle la Confrence interna tionale des nergies renouvelables en Afrique australe qui prvoit de dcupler durant les cinq prochaines annes le niveau des investissements dans ce secteur. La rgion en a grandement besoin quand on dcouvre qu’ Madagascar qui fait l’objet du grand reportage du magazine, le kilowatt-heure est trois quatre fois plus cher qu’en Europe ou mme sur le continent africain. Mais la frilosit qu’entranerait la persistance de manuvres guerrires ne renverserait pas seulement les chteaux de cartes. La crise des subprimes aux Etats-Unis a fragilis des pans de l’conomie mondiale, europenne et japonaise entre autres, qui arrivent rsister tant bien que mal. Mais ses consquences sur de petits pays, par exemple sur l’conomie touristique de la Carabe sont autrement plus graves, de sorte que les marchs boursiers de la rgion, aprs de trs bons rsultats en 2007, connaissent cette anne une certaine inquitude, l’exception de celui du Trinidad dont le ptrole bnficie justement de la peur ambiante. Dans cette morosit, les engagements de l’Union Europenne contribuer “nourrir le monde” pour prendre les mots d’Alain Joyandet, secrtaire d’Etat franais, au nom de la prsidence de l’Union qui joint l’acte la parole en versant une obole supplmentaire d’un milliard d’euros pour l’quilibre alimentaire, met du baume sur les souffrances. Et la ralisation par le Parlement europen de sa premire Semaine africaine – dont le Courrier ne parle pas longuement dans ce numro mais qu’il voquera dans le prochain – mlangeant, culture, diplomatie, politique de dveloppement et forum intellectuel rendant ainsi un trs bel hommage au continent noir, met du plaisir dans les curs. Hegel Goutier Rdacteur en chef

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6 S ans dtour RENFORCER les grands partenariatsDebra Percival & Marie-Martine BuckensInterview d’Alain Joyandet, Secrtaire d’Etat franais la Coopration et la FrancophonieNouveau venu sur la scne politique franaise et internationale, Alain Joyandet a pris les rennes du secrtariat d’Etat la Coopration et la Francophonie – sous la tutelle de Bernard Kouchner – en mars dernier, l’occasion du miniremaniement ministriel du gouvernement, pilot par le Prsident franais, Nicolas Sarkozy. Ses amis de l’UMP auraient plutt vu ce patron de presse de 54 ans – mais galement maire de Vesoul depuis 1995 – aux commandes du ministre des Nouvelles Technologies ou de l’Intrieur. N’empche, aprs moins de six mois son poste, le nouveau patron de la rue Monsieur a dj parcouru plus d’une vingtaine de pays africains et quelque peu heurt les acteurs de la socit civile europenne en dclarant notamment avoir “des convictions” mais aussi vouloir “dfendre notre pays et ses parts de march”. Sur le plan europen, Alain Joyandet se montre plus prudent et assure vouloir jouer la carte du partenariat, y compris avec les “nouveaux acteurs”, au cours des six mois de prsidence franaise de l’UE. Alain Joyandet, ministre d’tat franais charg de la coopration. Cyril Bailleul MAE

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Quelles sont les grandes lignes de la politique de dveloppement de la prsidence franaise de l’UE ? Les axes de notre prsidence sont clairs. Nous souhaitons mieux articuler nos politiques, en soutenant le dveloppement humain et conomique, et en luttant contre le changement climatique. Paralllement, nous voulons renforcer nos moyens, en dmultipliant l’efficacit du dveloppement et de son financement, et en rpondant aux situations difficiles. Enfin, il est important de dvelopper nos partenariats en, et j’insiste, renforant les grands partenariats et en inclu ant les nouveaux acteurs. Dans ce cadre, une srie de priorits nous attend, dont avancer vers les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD), amliorer la gouvernance mais aussi la scurit alimentaire et affirmer le lien entre culture et dveloppement. En matire d’aide, il nous faut en renforcer l’efficacit et la cohrence de mme que dvelopper de nouvelles sources de financement. Enfin, il nous faut renforcer l’investissement en Afrique. Tout au dbut de sa prsidence, la France a organis la confrence Nourrir le Monde pour provoquer un large dbat sur la politique agricole globale. Les pays de l’UE ont-ils trop peu investi dans l’agriculture ? L’agriculture est en effet devenue un secteur un peu oubli des politiques et des oprations. Seuls quelques bailleurs dont la France sont rellement rests actifs durant les dernires annes. La crise alimentaire a montr qu’il fallait rquilibrer les politiques publiques sur ce point. Telle est la logique du partenariat mondial pour l’alimentation et l’agriculture que la France a lanc afin de s’occuper de ce secteur “orphelin” bien qu’essentiel. Il est important de garder l’esprit qu’radiquer la faim constitue le premier des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement et que la pnurie alimentaire entrane immdiatement un recul gnral de tous les OMD. La Commission europenne a dj annonc une facilit d’un milliard d’euros pour stimuler la production agricole dans les pays en voie de dveloppement court terme. Avezvous d’autres projets en vue afin de juguler la crise actuelle ? Le partenariat mondial que nous proposons comporte trois volets. Tout d’abord une remise plat des politiques de faon y insrer les proccupations alimentaires. C’est une mission avant tout de cohrence et de coordination. Ensuite, un travail d’expertise, l’instar du GIEC (NDLR : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), qui nous permet de rflchir aux impacts et aux causes de long terme au-del de la crise conjoncturelle. Nous devons imaginer l’alimentation d’un 21e sicle neuf milliards d’habitants (ds 2050, c’est demain!) dans un contexte climatique changeant. Les bouleversements qui en dcoulent pour les pays pauvres doivent tre anticips. Enfin, la question du financement, fondamentale si on veut inscrire ce partenariat mondial sur le long terme. A cet gard, la France a propos la cration d’une “facilit”, adosse au FIDA (NDLR : Fonds international de dveloppe ment agricole). Nous souhaitons insrer la logique de la scurit alimentaire dans les accords de partenariat conomique et dans les processus d’intgration rgionale. Nous souhaitons aussi la placer au cur de nos stratgies de dveloppement conomique et d’appui au secteur priv agricole. A l’heure actuelle, plus de la moiti des ACP ne manifestent pas le souhait de conclure un accord APE qu’ils jugent aller l’encontre de leur dveloppement. Qu’en pensez-vous ? Le dbat sur les APE a pris une tournure motionnelle qu’il faut dsormais dpasser. Il est en effet important de faire voluer les ngocia tions dans deux directions. A savoir, plus de flexibilit sur les produits et les calendriers, et plus de dveloppement en liant les APE aux processus d’intgration rgionale et aux impratifs de scurit alimentaire. L’essentiel est que nous ayons conclu des accords intri maires qui devraient stabiliser la situation des pays pauvres au regard des rgles de l’OMC (NDLR : Organisation mondiale du commerce). Nous avons donc du temps qu’il faut utiliser pour travailler de faon pragmatique sur des lments concrets. Je souhaite vous signaler, cet gard, qu’aucun APE n’est similaire. Je note que celui concernant la rgion Carabes va bientt tre sign. On est loin du conflit de la banane ! Certains observateurs prdisent une rupture du Groupe ACP aprs l’anne 2020 – date d’expiration de l’Accord de Cotonou. Le maintien du Groupe se justifie-t-il au-del de cette date ? C’est une question rcurrente qu’il appartient aux ACP de trancher. Je note que la plupart des pays au monde s’insrent dans des configurations rgionales singulires sans en souffrir le moins du monde. 2020 est loin. Nous nous concentrons donc sur tout ce qu’il reste faire d’ici l et notamment, vous le savez, la rvision de l’Accord de Cotonou. La Commission europenne souhaite tablir une aide triangulaire avec la Chine pour l’Afrique. Qu’en pensez-vous ? Il est essentiel d’ouvrir un dialogue avec la Chine sur l’Afrique. Ce dialogue doit tre franc mais sans prsupposs d’aucune sorte. Nous devons parler ensemble des OMD, mais aussi de l’impact de nos politiques respectives dans les pays partenaires. Il est tout fait envisageable que nous puissions aussi travailler sur des projets communs. Ceci doit tre bien entendu fait au cas par cas et en fonction des pays. Nous aborderons sous peu ce sujet puisque le sommet UE-Chine, dbut dcembre, aura un point Afrique. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Sans dtour 7 Mots-clsAlain Joyandet ; France ; coopration franaise ; Francophonie ; OMD ; agricul ture ; scurit alimentaire ; OMC ; APE ; Chine.Alain Joyandet l’inauguration de l’cole de Parakou. Bnin Ministre de la coopration, France

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Evoquant la crise alimentaire, la hausse des prix des nergies et le rchauffement du climat mondial, le chef d’Etat gyptien a soulign que l’Afrique tait “l’une des rgions du monde les plus touches”, invitant ainsi la communaut internationale prendre ses responsabilits afin de trouver une solution travers un “dialogue sincre et constructif et les dmarches collectives”. Un appel ritr par l’Union Africaine une semaine plus tard aux dirigeants des huit nations les plus riches du monde (G8) runis au Japon.> Appel au dialogue Dans une rsolution, l’UA a par ailleurs appel le Prsident du Zimbabwe, Robert Mugabe, et le leader du parti MDC (Mouvement pour le changement dmocratique) Morgan Tsvangirai honorer leur engagement de “dialoguer en faveur de la paix, de la stabilit, de la dmocratie et de la rconcilia tion du peuple zimbabwen”. “Profondment proccupe par la situation qui prvaut au Zimbabwe”, l’Union Africaine s’est dite inquite des violences et des pertes de vie dans le pays, insistant sur la ncessit de crer un environnement propice la dmocratie et au dveloppement du Zimbabwe. Malgr la “complexit” de la situation dans le pays, l’UA a affirm sa conviction que le peuple zimba bwen sera capable de trouver une solution ses divergences et de travailler ensemble de nouveau en “une seule nation” avec l’assistance de la Communaut de dveloppement de l’Afrique australe (SADC), de l’UA et du monde entier. Paralllement, l’Union Africaine a condamn l’action militaire de l’Erythre contre Djibouti dans des rgions frontalires en litige et demand le retrait “immdiat et sans conditions” de l’Erythre, lui demandant de “faire preuve de retenue, d’avoir recours au dialogue pour rgler toute dispute bilatrale et de cooprer tous les efforts dploys cet gard”. > Un forum afro-arabe Runis la veille du sommet, dans le cadre du Conseil excutif de l’Union Africaine, les ministres africains des Affaires trangres, ont par ailleurs dcid de mettre en place un forum afro-arabe pour le dveloppement. Ce dernier devrait regrouper des syndicats, des organisations de la socit civile et les secteurs privs de l’Afrique et du monde arabe. La premire session de ce forum pourrait avoir lieu en automne de cette anne. Cette dcision faisait suite la dclaration faite par le Prsident de la Commission de l’Union Africaine, Jean Ping, selon laquelle l’UA entendait poursuivre sa coopration avec le monde arabe. Il a indiqu qu’il discuterait dans un proche avenir avec le Secrtaire gnral de la Ligue arabe des moyens pour lancer le comit de travail afro-arabe. M.M.B. 8 T our d’horizon La crise alimentaire, la situation au Zimbabwe et la ralisation des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement (OMD) ont constitu les plats de rsistance du 11e Sommet de l’Union Africaine, qui a runi du 29 juin au 1er juillet les chefs d’Etat et de gouvernement, ainsi que les reprsentants de 53 membres de l’Union, dans la ville gyptienne de Charm el-Cheikh en mer RougeUNION AFRICAINE : un sommet sur fond de crise alimentaireHarare, Zimbabwe. Marco Mensa

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Christiane Taubira a rpondu aux questions du Courrier sur son rapport mais aussi sur la coopration ou le manque de coopration entre DOM et ACP et sur ses pistes de rflexion pour la dvelopper. Quelles sont les principales recommandations que vous avez faites au Prsident Sarkozy dans votre rapport sur les APE, qui affiche une grande comprhension pour les ACP ? J’ai fait 13 recommandations importantes. J’aimerais dire qu’effectivement j’ai une grande empathie pour les ACP, elle est relle et durable. Et le Prsident Sarkozy le savait, je n’allais pas les dissimuler. J’ai fait 13 recommandations au Prsident dont les plus importantes sont les suivantes. Il faudrait caler le droit international sur le droit la scurit alimentaire, et orienter plus l’aide au dveloppement vers la production agricole avec le soutien d’un arsenal lgislatif contraignant. Je prconise aussi une flexibilit dans les APE, telle que prvue par des dispositions de l’Accord de Cotonou ; une expertise juridique de l’article 24 de l’Accord gnral sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) pour ne pas exiger plus de libralisme que le GATT lui-mme ne demandait ; un amendement du mandat de ngociations de la Commission europenne qui a une interprtation commerciale du dveloppement rigide et maximaliste. Je ne veux pas que l’une des parties, la Commission ou les ACP, impose son point de vue l’autre. C’est pour cela que je propose en ce qui concerne les APE, la possibilit d’arbitrage dans l’interprtation des clauses du Gatt ou d’autres accords. Quel a t l’accueil du Prsident Sarkozy votre rapport ?Tour d’horizon 9 Entretien avec Christiane T aubira, parlementaire europenne franaise guyanaise propos de son rapport sur les APE au Prsident SarkozyChristiane Taubira, qui a d’abord t connue comme la premire femme candidate la prsidence de la Rpublique en France et qui est l’une des grandes voix de la gauche, avait cr la surprise en rpondant favorablement au Prsident Sarkozy qui lui avait demand un rapport sur les Accords de partenariat conomique (APE) pour guider la prsidence franaise de l’UE. Ce rapport devait aussi donner des pistes en ce qui concerne la coopration entre les Dpartements franais d’Outre-mer et les pays ACP voisins. Pour ce faire, Taubira a rencontr en six semaines des centaines de personnalits diverses. L’une de ses runions de travail avait t au dbut de juin avec le Comit des ambassadeurs ACP Bruxelles, l’organe de gestion du Groupe ACP. Hegel GoutierCentre de Bujumbura, Burundi 2007. Joshua Massarenti Quelle coopration entre PAYS ACP et TERRITOIRES D’OUTRE-MER DE L’UE dans le cadre des APE ? Quelle coopration entre PAYS ACP et TERRITOIRES D’OUTRE-MER DE L’UE dans le cadre des APE ?

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10J’ai reu une lettre du Prsident Sarkozy dans laquelle il affirme partager pleinement – ce sont ses mots – mes points de vue. A part sur un point, l’annulation de la dette. O en est la situation de la coopration entre les DOM de votre rgion, la Carabe, et les pays ACP voisins ? Pas loin, juste une phase cosmtique : quelques btiments, quelques changes sportifs. Et puis, le secteur conomique prend quelques initiatives, les coopratives de mme. Et c’est tout ; la question est le cadre juridique dans les DOM franais de la Carabe qui ne facilite pas ces changes. Le systme institutionnel franais fait que dans un DOM, il y a un Conseil rgional (la rgion) et un Conseil gnral (le dpartement) qui se superposent, la Martinique par exemple est la fois dpartement et rgion. Or ces institutions n’ont pas leur homologue dans les pays ACP. Donc la relation se fait entre l’Etat franais et les pays ACP. Souvent l’Etat est frileux sur ses prrogatives et les collectivits manquent d’audace. Dans mon rapport au Prsident Sarkozy, je fais des propositions en ce sens pour que les APE renforcent la coopration entre DOM et ACP. Car on peut trouver des leviers, des champs de comptence des rgions, des collectivits. C’est l’tat d’esprit qu’il faut changer. Il faut dcentraliser la politique en tenant compte de facteurs endognes et goculturels. Comment expliquer que dans la Carabe l’utilisation conjointe des fonds UE disposition des ACP (FED : Fonds europen de dveloppement) et ceux disposition des pays UE comme le FEDER (Fonds europen de dveloppement rgional) ne s’opre pas facilement ? Les pays de la Carabe ont du mal utiliser le FEDER ou Interreg (fonds pour projets interrgionaux UE)*. Il en reste beaucoup de non consomms. Par manque d’expertise mais aussi parce que ces fonds sont lourds mobiliser. Il faut trs bien connatre les mcanismes du FED et avoir des relais Bruxelles. Ceci est valable tant pour les DOM que pour les pays ACP. L’une des raisons en est qu’on n’y inclut pas suffisamment la matire grise qui va avec ce niveau d’exigences. Vous parliez de la personnalit de Vergs dans l’ocan Indien, pourquoi pas Taubira dans la Carabe, vu que vous semblez faire l’unanimit dans les DOM et les pays ACP de la rgion ? Je suis parlementaire, pas prsidente de rgion. Je n’ai pas une prise directe sur ces questions. Mes rflexions sont connues. On peut s’en inspirer. J’ai t la seule de l’Outremer me battre contre la “dfiscalisation” (NDLR : exonration d’impts sur certains investissements faits dans les DOM) qui consistait en un dsengagement de l’Etat du social pour faire des cadeaux aux contribuables les plus riches et favoriser l’vasion fiscale sans promouvoir les comptences locales. Mes combats ont donn aprs cinq ans. Maintenant, 60% des avantages fiscaux accords en cas de dfiscalisation doivent aller l’exploitant. Et ce n’est pas suffisant, ce n’est pas encore une politique de dveloppement.* En rfrence aux fonds europens disponibles pour les projets entre les Dpartements d’Outre-mer.Tour d’horizon Extrait du rapport de C. Taubira sur les APE : “Les DOM et leurs voisins conomie similaire peuvent choisir de demeurer dangereusement concurrentes ou d’uvrer devenir complmentaires La concurrence effrne est donc absurde, infconde et mortifre. Autant il est lgitime que chaque territoire prserve les conditions de vie de sa population, autant le durcissement de faux antagonismes ne mne qu’ des affrontements naturellement destructeurs une poque o la circulation des personnes, des biens et des services est appele s’intensifier.” Extrait de la lettre du Prsident franais, Nicolas Sarkozy, la Dpute Christiane Taubira (publie par nos confrres de RFO, Radio France Outre-mer) : “Il s’agit d’un chantier de grande envergure pour le succs duquel la mobilisation des lus d’Outre-mer sera essentielle, dans la mesure o les APE semblent encore susciter plus de craintes que d’espoirs” “Votre rapport est prcieux en ce qu’il dcrit parfaitement les principaux lments de cet ventuel contentieux, mais plus encore pour les pistes qu’il trace vers un retour l’ambition initiale.”De gauche droite : Christiane Taubira, Sutiawan Gunesse, Ambassadeur de Maurice, Henry Okole, chef de cabinet du Secrtaire gnral ACP au Secrtariat ACP (Bruxelles). Hegel Goutier

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Rexamen des relations entres les PTOM et l’UE des relations entres les PTOM et l’UE N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Ce livre vert de la Commission europenne, publi le 25 juin, a pour objectif de susciter un dbat public sur la faon de moderniser les relations de l’UE avec ses 21 Pays et Territoires d’Outre-mer (PTOM)*, parmi lesquels bon nombre sont des voisins de l’un ou l’autre des 79 Etats ACP. Le document explore les alternatives aux actuelles clauses commerciales et d’aide humanitaire rgies par les dcisions d’association outre-mer qui se sont succd depuis 1964. La dcision d’association actuelle expire le 31 dcembre 2013. Les liens constitutionnels qui relient les PTOM au Danemark, la France, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni sont de diffrents types mais les PTOM ont des points communs : ce sont des les trs loignes, affichant des niveaux levs d’importation et de frais de transport, et caractriss par des marchs particulirement troits – axs essentiellement sur les services. Qui plus est, il s’agit de pays vulnrables aux risques climatiques et volcaniques, ainsi qu’aux tsunamis. Par ailleurs, leur richesse cologique et leur expertise dans certains secteurs pourraient tre dveloppes pour bnficier galement leurs voisins, comme l’indique le Livre vert. S’agissant des aspects commerciaux, le document voque galement la possibilit d’une adhsion des PTOM aux Accords de partenariat europen (APE) avec leur Etat ACP voisin. Des projets “traditionnels” de lutte contre la pauvret, mens titre individuel, sont actuellement financs pour la majorit des PTOM au titre du 10e FED. D.P. Groenland, Nouvelle-Caldonie et dpendances, Polynsie franaise, Terres australes et antarctiques franaises, Wallis et Futuna, Mayotte, Saint-Pierre et Miquelon, Aruba, Antilles nerlandaises, (Bonaire, Curaao, Saba, Saint-Eustache, Saint-Martin), Anguilla, Iles Cayman, Iles Falkland, Iles de Gorgie du Sud et Sandwich du Sud, Montserrat, Pitcairn, Sainte-Hlne et dpendances, Territoire britannique de l’Arctique, Territoire britannique de l’ocan Indien, Iles Turks et Cacos, Iles Vierges britanniques et Bermudes ( la demande du gouvernement des Bermudes, ces accords d’association ne se sont jamais appliqus ce territoire.Tour d’horizon 11 Les agriculteurs de nombreux pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP) et d’autres pays en dveloppement devraient recevoir une aide financire leur permettant de lutter contre la flambe des prix des denres alimentaires. Grce cette nouvelle “facilit” de l’Union europenne, les pays bnficiaires pourront acheter des graines et des engrais de qualit et se procurer des services agricoles ainsi que des conseils dans le domaine des cultures. Il s’agit galement d’offrir aux pays cibls par cette facilit des “filets de scurit” visant rpondre aux besoins alimentaires de base. L’objectif est d’accrotre la production agricole, de rduire la malnutrition et d’attnuer la flambe des prix des denres alimentaires. Ce fonds d’un montant d’un milliard d’euros pour la priode 2008-2009 a t approuv le 18 juillet par la Commission europenne. Il a t aliment par les conomies ralises sur les paiements aux agriculteurs europens au titre de la Politique agricole commune (PAC). 750 millions d’euros provenant du budget communautaire de la PAC pour 2008 et 250 millions au titre du budget 2009 de la PAC ont en effet pu tre dgags grce au fait que les agriculteurs europens bnficient actuellement de prix agricoles plus levs sur les marchs mondiaux. Les premiers projets mens au titre de cette facilit devraient voir le jour d’ici dcembre 2008. Les pays les plus gravement touchs par l’actuelle flambe des prix alimentaires devraient tre les premiers recevoir ces fonds europens. L’ligibilit d’un pays au financement sera value sur la base de sa dpendance vis--vis des importations, de sa vulnrabilit sociale, de sa stabilit politique et du rle de la production alimentaire dans son conomie nationale, ainsi que de sa vulnrabilit fiscale. Les projets ayant une porte rgionale bnficient d’une attention particulire. Selon l’quipe spciale de haut niveau des Nations Unies sur la crise alimen taire, une somme de 18 25 milliards d’euros apparat ncessaire pour lutter contre l’impact de l’actuelle flambe des prix sur les pays en dveloppement S’agissant des pays ACP, les fonds dgags au titre de cette facilit s’ajoutent l’aide ali mentaire d’urgence et au 1,2 milliard d’euros affects des projets long terme en faveur de l’agriculture des pays ACP au titre du 10e Fonds europen de dveloppement couvrant une priode de six ans, allant de 2008 2013. D.P. Un milliard d’euros POUR STIMULER l’agricultureMontserrat, un PTOM. M. Percival

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12> Un sujet essentiel L’information libre, vhicule par des mdias indpendants, est une condition essentielle de la dmocratie et du dveloppement. En effet, le dveloppement conomique et social durable des Etats ncessite non seulement une dmocratie solide, mais aussi un dbat sur l’avenir clair, libre, laissant la place toutes les opinions. L’indpendance des mdias est donc un des lments importants d’une politique de dveloppement globale de nos socits. Au-del de la question du rle des mdias dans la gouvernance, la relation entre mdias et dveloppement est d’autant plus importante dans des pays o les vecteurs d’ducation, de formation citoyenne, ou tout simplement de divertissement sont rares et souvent limits aux lites urbaines. Ds lors, la place des mdias en tant que relais culturel, ducatif, social, politique et conomique doit tre renforce, notamment par l’appui la cration et au renforcement de la viabilit des mdias. > La premire pierre d’une > nouvelle dynamique euro-> africaine sur le sujet La tenue du Forum Mdias et Dveloppement Ouagadougou du 11 au 13 septembre 2008 a constitu la premire pierre d’une nouvelle dynamique d’analyse et de propositions sur le sujet. Lanc conjointement par la Commission europenne et la Commission de l’Union Africaine, le forum a t organis en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie, le Commonwealth et le CPLP. Il fait suite au sommet Europe-Afrique de dcembre 2007, qui avait lanc un partenariat pour des actions conjointes. Lors de ce forum, qui rassemblait tant des professionnels du journalisme que des reprsentants de la socit civile et des dcideurs politiques, quatre thmes principaux ont t traits : Mdias et bonne gouvernance, quel lien ? (Discussion sur la gouvernance dans sa relation avec les mdias et la libert d’expression) Libert de la presse : cadre juridique et ralit du terrain (y compris l’opportunit d’une Charte panafricaine de protection des mdias) Lutter contre les strotypes : l’image de l’Afrique en Europe et de l’Europe en Afrique. (Comment changer les perceptions mdiatiques dformes et nfastes l’Afrique, l’Europe, et leurs relations) Le rle des mdias locaux : l’action locale pour russir au niveau mondial ? (En lien avec une des thmatiques fortes des Journes europennes du Dveloppement 2008, la dimension locale du dveloppement). Les intervenants et participants ont t accueillis par le Commissaire europen Louis Michel et le Prsident de la Commission de l’UA Jean Ping, ainsi que par le Prsident du Burkina Faso Blaise Compaor. Parmi les participants, figuraient de grands noms de mdias africains et europens (Euronews, Deutsche Welle, BBC, Les Afriques, Spectrum TV, etc.) du monde politique (commissaires, ministres du Mali, du Ghana, du Burkina Faso, etc.) et de la socit civile (RSF, etc.). Ce forum sera suivi en Europe par une srie de dbats se droulant dans le cadre des Journes europennes du Dveloppement. La rflexion et les initiatives lances Ouagadougou se poursuivront donc, augurant certainement d’un renforcement du rle et des actions conjointes Europe-Afrique dans le domaine Mdias et Dveloppement. > Comment consolider les mdias: formation, indpendance, financement ? Quelles actions existent ? Quelles actions sont possibles ?Il y a bien sr des projets, des initiatives existantes dans le domaine. Au Sri Lanka, la Commission europenne finance un projet visant promouvoir les droits de l’homme des plus vulnrables travers le renforcement des capacits des mdias professionnels et indpendants ; il a permis la publication d’un manuel et la tenue de sminaires de formation sur ces questions. Dans le domaine de l’appui la viabilit des mdias, d’autres actions existent. Par exemple, en Rpublique centrafricaine, la Commission contribue au financement d’un systme original permettant la radio Magaro de pouvoir mettre six huit heures par jour au lieu d’une deux heures auparavant. Il s’agit d’un dispositif qui permet de produire de l’lectricit par traction animale – plus prcisment grce deux bufs tournant autour d’un axe et un alternateur lectrique reli deux batteries de camion. D’autres acteurs interviennent dans ces domaines. En tant qu’organisation internatio-nale ayant spcifiquement mandat de promouvoir le dveloppement des mdias, l’UNESCO a des programmes trs aboutis. Les Etats membres de l’UE, tant au niveau des gouvernements centraux qu’ celui de leurs collectivits territoriales, ont galement mis en place des nombreuses initiatives. La Commission europenne pourrait avoir un rle jouer pour favoriser la coordination avec et entre les Etats membres, et pour l’change de bonnes pratiques entre tous les acteurs intervenant sur ces domaines. De manire plus gnrale, compte-tenu de l’importance du sujet pour le dveloppement, l’Union europenne et l’Union Africaine pourraient tre appeles jouer ensemble un rle plus dvelopp dans le domaine Mdias et Dveloppement. C’est tout le sens du forum de Ouagadougou qui vise apporter des rponses sur ces deux questions concrtes : quoi faire ? Comment ? * Le Courrier reviendra en dtail sur cette runion dans son numro 8. P oints de vue Mdias et Dvelo ppem ent : Un nouveau champ d’action du partenariat Europe-Afrique ? Du 11 au 13 septembre, la Commission europenne et la Commission de l’Union Africaine ont organis un forum Mdias et Dveloppement avec l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie), le Commonwealth, le CPLP (Communaut des pays de langue portugaise). Pourquoi ce sujet ? Pourquoi ce forum ? Quels projets ? Mots-clsMdias ; dveloppement ; Burkina Faso ; Commission europenne ; Commission de l’Union Africaine ; OIF ; Commonwealth ; CPLPCet article est une communication de la Commission Europenne (Direction Gnrale du Dveloppement)

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008L’observation des performances des places boursires d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP), en ces temps incertains pour les investissements dans le monde entier, nous rvle l’attention accrue des investisseurs pour les marchs boursiers d’Afrique subsaharienne (sans compter l’Afrique du Sud). Les bourses de ces pays offrent en effet des rendements plus intressants pour les investisseurs que les marchs mergents traditionnels que sont les pays BRIC – Brsil, Russie, Inde et Chine (voir graphique). Les investisseurs trangers s’intressent de trs prs aux matires premires inexploites. “L’Afrique est riche en ressources naturelles, parmi lesquelles les diamants, le platine, le cobalt et l’or, et possde 7% des rserves mondiales de ptrole et de gaz. En outre, l’argent gnr par ces exportations enrichit les consommateurs et gnre davantage de ventes domestiques”, explique Jamie Allsopp, directrice d’un fonds d’investissement bas Londres qui mise sur des entreprises africaines sous-values. Et le fait que la Bourse de Johannesburg soit actuellement en pourparlers avec cinq pays (le Kenya, la Zambie, le Zimbabwe, le Ghana et le Nigeria) en vue de la cration d’un indice des 40 plus grandes entreprises africaines tmoigne aussi de la confiance accrue des investisseurs dans les pays d’Afrique subsaharienne. De nouveaux produits – bons d’Etat et fonds de pension – sont mis au point sur le continent, et les investisseurs se ruent sur les actions du gouvernement. On a pu le voir en juin 2008, lorsque le gouvernement knyan a vendu une partie de ses actions Safaricom, le gant des tlcoms. Lorsque l’on s’entretient avec des observateurs financiers de pays d’Afrique et d’Etats membres de l’UE, on s’aperoit tout de suite de l’importance de certains fondamentaux, comme la bonne gouvernance, qui influence positivement la confiance des investisseurs et stimule les investissements. Alors que les mmes analystes financiers pointent du doigt le plongeon du Zimbabwe Stock Exchange, consquence des tensions politiques actuelles. En revanche, les actions des entreprises nigrianes ont affich des valorisations leves au cours de ces dernires annes, si l’on excepte le net repli de ces derniers mois. Depuis 2000, la Bourse du Nigeria est en effet soutenue par la flambe des prix ptroliers, par l’volution concrte sur le plan politique, par la cohrence des mesures et par l’attitude positive du gouvernement vis--vis du secteur priv. Par contre, le vent est moins favorable aux marchs boursiers des Carabes, l’exception de celui de Trinit et Tobago, producteur de ptrole ; la confiance dans le secteur touristique, fragile, est en train de s’roder. Ce n’est pas non plus le bon moment pour une expansion de la Bourse du Pacifique Sud, qui est situe dans les les Fidji. D.P. 13 D ossier Marchs boursiers des ACP Entre eaux calmes et mer agiteCet article est une communication de la Commission Europenne (Direction Gnrale du Dveloppement)Bernard Babb, Lucky George, Dev Nadkarni et Debra PercivalMonnaies et billets du continent africain, spcimen. Nikolay Okhitin. Photo : BigstockPhoto.com De la page 11 la page 16: Billets et monnaies des pays ACP, spcimen. Commission europenne

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14“B enjamin Graham, conomiste influent et investisseur professionnel, aurait aim les entreprises africaines. Il n’y a pas assez d’tudes leur sujet et, quasiment sans exception, les entreprises sont rentables, elles produisent des rsultats, elles dtiennent des positions fortes sur les marchs et elles disposent d’un bon flux de liquidits. Plusieurs ont comme actionnaires de contrle des multinationales europennes et amricaines, ce qui amliore la gestion des entreprises”, dclare Christopher Hartland-Peel, spcialiste de l’Afrique subsaharienne (ASS) pour la socit londonienne EXOTIX, une firme de titres internationaux spcialise dans les marchs mergents et dans les investissements alternatifs. “Pendant de nombreuses annes, l’Afrique subsaharienne a t l’cart des crans de radar des investisseurs et, pendant cette priode, les investisseurs ont rat pas mal d’occasions”, affirme-t-il. C’est la deuxime anne qu’EXOTIX couvre l’Afrique subsaharienne ( l’exception de l’Afrique du Sud). Son tude rcente portant sur les 30 principales socits cotes sur les bourses d’Afrique subsaharienne rvle que leur capitalisation boursire combine a augment de 126% depuis dcembre 2006, passant de 40 72 milliards de dollars (USD) (chiffres de juin 2008). Les principales socits sont situes au Nigeria, au Kenya, au Botswana, en Cte d’Ivoire et dans l’le Maurice, mais EXOTIX mne actuellement des recherches auprs de 200 entreprises d’Afrique subsaharienne, notamment au Malawi, en Namibie, en Zambie, au Zimbabwe, en Tanzanie, en Ouganda, au Cameroun et au Ghana. “C’est une combinaison de facteurs politiques et conomiques qui a plac l’Afrique subsaharienne sous le feu des projecteurs”, dclare Hartland-Peel. Dans de nombreux pays, les lections sont maintenant dmocratiques, et les gouvernements reprsentatifs sont devenus la norme ; l’ingrence des gouvernements dans l’conomie est moindre et la privatisation atteint dsormais de nombreux domaines. D’autre part, l’augmentation des prix des produits de base et l’amlioration des termes de l’change ainsi que la stabilit macroconomique ont conduit ce qu’il appelle un “cercle vertueux” avec “des dficits budgtaires rduits et surmontables, des taux d’inflation et des taux d’intrt rduits, une amlioration des comptes courants comme de la balance des paiements et une croissance du secteur priv ainsi que des investissements dans ce dernier”.> Parlez-vous chinois ? D’autre part, de nombreuses transactions sont ralises en anglais et en franais – des langues bien comprises. “Parlez-vous ou comprenezvous le chinois, l’indonsien ou le russe ?”, demande-t-il. De nombreuses entreprises sont des filiales de multinationales et elles dtiennent des parts de march leves. Les niveaux d’endettement sont faibles ; les principes comptables gnralement admis (PCGA) sont la norme et les intrts minoritaires sont protgs. La divulgation d’informations, la transparence et la gestion des entreprises sont bonnes. Selon un rapport publi par EXOTIX le 6 juin 2008, les caractristiques positives des principales entreprises d’Afrique subsaharienne sont les suivantes : des parts de march leves dans leurs secteurs respectifs, des flux de liquidits puissants, de nouveaux dveloppements de produits, des positions financires solides, des taux d’endettement faibles et des couvertures d’intrt leves, de bonnes marges oprationnelles et une haute rentabilit. Le secteur bancaire reprsente 18 des socits figurant dans le “Top 30” et 65,2% de leur capitalisation boursire. Le secteur de la production industrielle a neuf entreprises dans le “Top 30” avec 22,7% de la capitalisation boursire alors que les services et la distribution ont trois entreprises totalisant 12,1% de la capitalisation. > Quelques stars Dangote Sugar Refinery (Nigeria) Il s’agit de la deuxime raffinerie de sucre du monde par ordre d’importance. Elle est contrle 72% par le gant nigrian, Dangote Industries. L’entreprise importe du sucre brut du Brsil et le raffine principalement pour la production intrieure. Les exportations vers le Ghana ont commenc en 2007. L’entreprise cherche actuellement dvelopper une raffinerie de sucre innovante en Algrie et elle largit ses exportations d’autres pays africains. Les bnfices engendrs en 2007 s’levaient 182 millions d’USD, soit une hausse de 40% par rapport 2006. Les perspectives de dveloppement de l’entreprise sont bonnes puisque la capacit de production au Nigeria devrait passer 2,5 millions de tonnes en 2008. Sonatel (Sngal) L’oprateur sngalais de tlcoms pour tlphonie mobile et fixe contrle galement 70% de l’oprateur de tlphonie mobile au Mali. DossierMarchs boursiers ACP NE RATEZ PAS l’occasionDe nombreuses entreprises d’Afrique subsaharienne attirent l’attention d’un nombre croissant d’investisseurs de l’UE et d’ailleurs. Les retours sur investissement sont plus levs que ceux d’autres marchs mergents moins volatiles d’Europe de l’Est, de Chine et d’Afrique du Sud. Les intermdiaires financiers dclarent unanimement : saisissez l’occasion. Les investisseurs ont rat pas mal d’occasions Les meilleurs rsultats ont t enregistrs par l’Afrique occidentale, suivie par l’Afrique orientale et Maurice. EXOTIX

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Mots-clsFinances ; Bourses ; Afrique ; Hartland-Peel ; EXOTIC; PCGA ; Dangote Sugar Refinery ; Nigeria ; Sonatel ; Sngal ; New Mauritius Hotels ; le Maurice ; East African Breweries ; Kenya ; Debra Percival. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008En 2007, la socit a acquis des licences pour la tlphonie mobile en Guine et en Guine Bissau. France Tlcom dtient une participation de 42%, et le gouvernement sngalais est actionnaire raison de 20%. Les derniers retours sur investissement sont excellents, le cours de l’action passant de 30 USD en 2003 420 USD actuellement. Fin 2007, Sonatel avait 4,2 millions d’abonns mobiles et 269.000 abonns pour les lignes fixes. Le nombre d’abonns a t multipli par neuf depuis 2000, atteignant 76% de part du march sngalais et 84% au Mali. Les bnfices ont tripl depuis 2003 pour passer 314 millions d’USD. Les possibilits d’accrotre le nombre d’abonns sont toujours normes au Sngal et au Mali de mme qu’en Guine et en Guine Bissau o les investissements de Sonatel devraient avoir un impact positif sur les rsultats de 2008. New Mauritius Hotels (le Maurice) New Mauritius Hotels est le premier groupe htelier de l’le Maurice, avec huit htels 5 toiles dans l’le Maurice et un aux Seychelles pour un total de 1.900 chambres. Bien que les bnfices du secteur htelier dpendent des taux d’occupation, les bnfices de la socit pour l’exercice comptable 2007 sont passs un record absolu de 65 millions d’USD, soit plus que pour l’exercice 2006, grce une augmentation des taux d’occupation et un renforcement de l’euro. Il n’est pas encore possible d’affirmer si l’exercice 2008 sera aussi tincelant tant donn le ralentissement de l’activit conomique en Europe et la hausse des prix ptroliers, qui fait monter les tarifs ariens. East African Breweries (Kenya) East African Breweries (EAB) exploite deux brasseries, une au Kenya et l’autre en Ouganda. L’entreprise est contrle 50% par Diageo au Royaume-Uni. Les retours sur investissement ont t excellents, le cours de l’action tant multipli par 10 entre 2002 et 2005. Les bnfices d’EAB en dollars amricains pour l’exercice 2007 ont t de 92 millions, soit 26% de plus qu’en 2006. Les ventes ont augment de 31% en 2007 contre 9% en 2006, vu l’accroissement du revenu disponible des consommateurs et le succs des initiatives de commercialisation d’EAB. En 2008, le cours de l’action a chut la suite des violences postlectorales au Kenya. D.P. Dossier Marchs boursiers ACP15 LE ‘TOP 30’Listed on sub-Saharan African Stock Socits de l’Afrique subsaharienne cotes en bourse Pays(US$M) 1 United Bank for Africa Nigria 5,334 2 First Bank of Nigeria Nigria 5,014 3 Zenith Bank Nigria 4,568 4 Sonatel Cte d’Ivoire 4,538 5 Intercontinental Bank Nigria 4,142 6 Guaranty Trust Bank Nigria 3,875 7 Dangote Sugar Refinery Nigria 3,552 8 Union Bank Nigeria Nigria 3,424 9 Nigerian Breweries Nigria 3,271 10 Safaricom Kenya 3,185 11 Ecobank Tansnational Inc. Nigria 2,856 12 Access Bank Nigria 2,526 13 Oceanic Bank International Nigria 2,503 14 East African Breweries Kenya 1,939 15 Guinness Nigeria Nigria 1,620 16 Bank PHB (formerly Platinum) Nigria 1,556 17 Mauritius Commercial Bank le Maurice 1,541 18 Fidelity Bank Nigria 1,536 19 Diamond Bank Nigria 1,475 20 Ecobank Nigeria Nigria 1,460 21 Barclays Bank Kenya 1,460 22 First Monument Bank Nigria 1,397 23 Lafarge WAPCO Nigria 1,375 24 Nestl Nigria 1,233 25 Flour Mills Nigria 1,158 26 Benue Cement Nigria 1,086 27 StateBank of Mauritius le Maurice 1,084 28 Bamburi Cement Kenya 1,075 29 FNB Bank Botswana 1,046 30 New Mauritius Hotels le Maurice 1,005 Les socits sont classes sur la base de leur capitalisation boursire. Ensemble, elles reprsentaient, au 30 avril 2008, 57,7% du total de la capitalisation boursire des socits de l’Afrique subsaharienne. Les statistiques ont t mises gracieusement notre disposition par Christopher Hartland-Peel, Exotix. L’Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) a battu le MSCI (indice boursier Morgan Stanley Capital International de 23 nations dveloppes) Extrme Orient et le MSCI Europe de l’Est et Afrique du Sud ainsi que l’indice du march de Shanghai. EXOTIXEn bas: Table. EXOTIX Capitalisation boursire (millions d’USD)

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16“Mon processus d’investissement repose sur la dcouverte de la valeur cache. J’ai toujours le sentiment que l’Afrique est un continent dont le potentiel n’a pas encore t dcouvert. J’estime qu’il y a toujours de nombreuses socits inconnues, des socits dont la valeur est trs fortement sous-estime dans la rgion subsaharienne, dclare Allsopp. En fait, le Fonds est un fonds de croissance gnrateur d’alphas et pour lequel la slection d’actions se fonde sur une approche ascendante. Il adopte galement une approche du style “investir et dtenir”, cherchant une croissance du capital long terme et il recherche des socits peu coteuses, offrant les meilleures perspectives de croissance, dmarche connue sous le nom de “croissance un prix raisonnable”. Le New Star Heart of Africa Fund, qui fait partie du New Star Investment Funds, dtient tout moment 40 60 titres dans un certain nombre de pays et de secteurs. Le Fonds investit principalement dans les titres de socits dont l’activit conomique ou les recettes proviennent en grande partie de l’Afrique subsaharienne, l’exception de la rpublique d’Afrique du Sud. La valeur du Fonds est actuellement (au 30 juin 2008) estime 82,17 millions de livres sterling. “Les entres qu’enregistre le Fonds sont trs stables et c’est un bon dpart”, affirme Allsopp. En mai 2008, les socits suivantes faisaient partie du “Top 10” de ses avoirs : Central African Mining and Exploration, SIC Company, Zambeef Products, le MTN Group, Chariot Oil and Gas, Ecobank Transnational, Katanga Mining, Celtel Zambia, Nigeria Breweries et Mauritius Commercial Bank. “Le Fonds concentre ses efforts sur des secteurs appels bnficier de la nouvelle richesse des pays africains ; les produits de consommation courante, les producteurs de denres alimentaires, l’agriculture, les brasseries, les cimenteries et les socits de tlphonie mobile sont des domaines dans lesquels le Fonds gagne le plus d’actifs.” Pour commencer, les investisseurs individuels – tant les investisseurs de dtail que les investisseurs institutionnels – doivent dposer un capital de 12.500 livres et ensuite des paiements par tranches de 5.000 livres.> “La croissance un prix raisonnable”Allsopp parcourt l’ensemble du continent dans le but de dcouvrir des socits peu onreuses et prsentant les meilleures perspectives de croissance – ce qu’on appelle dans le jargon spcialis des socits qui offrent une “croissance un prix raisonnable”. tant donn le nombre restreint de socits vedettes ou de filiales de multinationales cotes dans les bourses locales, jusqu’ 10% du Fonds consistent en des investissements “en bas de march”, c’est--dire des actions dans des socits non cotes. Dans ce march au “potentiel inexploit”, ajoute-t-il, les investisseurs doivent bien peser les risques, qui peuvent tre l’expropriation, la nationalisation et l’instabilit conomique, politique et sociale, risques plus frquents sur les marchs mergents que sur les marchs plus dvelopps. Il dpiste minutieusement les “thmes” en Afrique subsaharienne qui tmoignent d’une demande croissante. Il constate l’intrt actuel que porte l’Asie pour l’Afrique subsaharienne en tant que principal fournisseur de matires premires ainsi que la croissance des infrastructures sur le continent, notamment dans les domaines des tlcommunications, de la construction et des activits bancaires vu l’expansion des zones urbaines et le dveloppement des marchs des crdits. De telles tendances ne devraient pas changer du jour au lendemain ; c’est pourquoi l’horizon des investissements en matire de dtention de titres doit tre mesur en annes et non en mois, explique-t-il. “Les pays sur lesquels j’ai concentr mon attention ds le dpart sont les pays les plus petits comme le Ghana, l’le Maurice et le Malawi”, dclare Allsopp. Mais des socits manant des acteurs plus importants occupent aussi une place de choix dans le portefeuille de son Fonds, les socits nigrianes reprsentant 23,92% et les entreprises knyanes 11,48% de son affectation totale. D.P. DossierMarchs boursiers ACP La valeur cache de L’AFRIQUE Le New Star Heart of Africa Fund, lanc en novembre 2007, est le meilleur signe de l’intrt que les investisseurs portent l’exploitation du potentiel offert par l’Afrique subsaharienne. Son directeur en poste Londres, Jamie Allsopp, explique l’attrait qu’exerce l’Afrique subsaharienne sur les investisseurs “avertis”. Mots-clsDebra Percival ; Afrique ; bourses ; New Star Heart of Africa Fund ; Jamie Allsopp; New Star Investment Funds. Jamie Allsopp. New Star

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La Bourse du Pacifique Sud, tablie aux les Fidji, est l’une des plus anciennes bourses de valeurs mobilires de la Rgion des les du Pacifique ; elle a commenc en 1979 ses activits en tant que filiale dtenue 100% de la Fiji Development Bank. A l’origine, elle s’appelait la Bourse de Suva, du nom de la capitale des Fidji, o elle a toujours son sige, et elle a pris son nom actuel en novembre 2000 dans le but de mieux reflter son repositionnement en tant que bourse rgionale visant servir, outre les les Fidji, d’autres pays insulaires du Pacifique. Toutefois, la qute d’un march gographique largi a t peu fructueuse et, huit ans plus tard, elle continue coter seulement des entits situes aux Fidji, sans qu’une autre nation membre du Forum des les du Pacifique ne soit reprsente. Cette situation peut tre attribue une combinaison de plusieurs facteurs, notamment les restrictions imposes par les rgimes rglementaires des diffrents pays insulaires, le manque d’accessibilit en raison de l’absence d’infrastructure commerciale informatise et, bien sr, les priodes d’instabilit politique aux Fidji, avec deux coups d’Etat, en 2000 et 2006, depuis le moment o la Bourse s’est mise faire des transactions au niveau rgional. Les oprations boursires n’ont pas souffert du coup d’Etat** Selon les observateurs et les investisseurs, le facteur d’instabilit politique peru n’a pourtant pas trop affect les volumes de transactions, qui sont rests stables mme pendant les coups d’Etat et les priodes qui ont suivi. La Bourse devrait connatre une spectaculaire phase de croissance, soit au niveau des investissements soit au niveau des introductions en bourse. La Bourse ngocie actuellement des actions de socits cotes, des obligations d’Etat et des bons du Trsor ainsi que d’autres titres comme des dpts terme ngociables. Par contre, les oprations lies des titres d’Etat sont trs rares, la plupart des activits tant limites aux actions des socits. Les cotations de socits en bourse sont peu nombreuses et occasionnelles ; actuellement, seules les actions de 17 socits installes aux Fidji sont cotes. Ces cotations reprsentent un chantillon reprsentatif de l’activit commerciale et industrielle aux Fidji. Cette conomie est la deuxime en importance dans la rgion des les du Pacifique (aprs la Papouasie Nouvelle Guine). Ce sont des socits dans les secteurs des tlcommunications, des mdias, de la production industrielle, des produits de consommation, de la finance, de la revente de voitures, de l’immobilier et de l’exportation qui sont cotes. Certaines de ces socits ont aussi des activits dans d’autres pays insulaires du Pacifique. La Bourse a non seulement espr devenir une structure de cotations et de transactions, mais elle a aussi essay d’attirer des investisseurs de la rgion et au-del. Cependant, le nombre d’investisseurs extrieurs reste trs faible et comprend une infime fraction de la base totale d’investissement qui, tout comme les socits cotes, repose essentiellement sur les les Fidji. Un nouveau regain d’intrt Au cours des 12 derniers mois – la suite des mesures prises par le gouvernement intrimaire des les Fidji en vue de drglementer le march des tlcommunications en supprimant les monopoles et en permettant la concurrence – un vif intrt s’est manifest l’gard du secteur des technologies de l’information et de la communication aux Fidji. L’arrive de nouveaux oprateurs de tlphonie mobile ainsi que de nouveaux oprateurs de services Internet a suscit un regain d’intrt parmi les investisseurs. La socit Amalgamated Telecom Holdings dtient les participations de l’ensemble des oprateurs de tlcoms titulaires ; elle est la socit mre de Vodafone Telecom Fiji tout en grant galement les actions du gouvernement des Fidji au sein de FINTEL (l’accs internet du pays). Amalgamated Telecom Holdings a enregistr une forte augmentation des volumes des transactions. Certaines socits cotes ont rcemment offert des formules telles que l’option permettant de convertir des participations d’investisseurs en actions. De son ct, la Bourse elle-mme tente de populariser les oprations boursires en organisant des sessions de transaction dans d’autres villes afin, en quelque sorte, d’amener la Bourse chez les gens. La Bourse a, pour la premire fois, organis une session de march d’appel dans la ville commerciale de Lautoka (situe quelque 200 km l’ouest de la capitale Suva), et Mme Jinita Prasad, Prsidente-Directrice gnrale, a dclar que la session a eu un tel succs qu’elle a d tre prolonge le lendemain. Elle a ajout qu’tant donn le vif intrt port l’investissement dans des actions, l’activit pourrait tre tendue d’autres rgions, y compris d’autres les de l’archipel des Fidji. * Ecrivain spcialis dans les affaires du Pacifique. Contact : dev.nadkarni@gmail.com ** En dcembre 2006, l’actuel Premier ministre intrimaire, le Commandant Frank Bainimarama, a vinc le Premier ministre dmocratiquement lu, Laisenia Qarase. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Dossier Marchs boursiers ACP17 La valeur cache de L’AFRIQUE En dpit d’un rcent regain d’intrt pour le secteur des technologies de l’information et de la communication, les activits de la Bourse du Pacifique Sud restent largement confines Suva, la capitale des les Fidji, mais un semblant d’intrt se manifeste actuellement au-del du rivage de l’le de Viti Levu Mots-clsPacifique Sud ; Bourse ; Fidji ; Suva; Amalgamated Telecom Holdings ; Vodafone Telecom Fiji ; FINTEL ; Lautoka ; Jinita Prasad. LA BOURSE DU PACIFIQUE SUD enregistre une lente croissanceDev Nadkarni*

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E n attirant 860.000 actionnaires, la vente de parts commence le 9 juin 2008 la suite de l’offre publique initiale (OPI) du mois de mars a ajout 200 milliards de shillings knyans (KES) la Bourse et elle a fait passer la capitalisation de la socit plus de 1.000 milliards de KES. Un million de Knyans, soit un Knyan sur 18, dtient une action auprs de la Bourse de Nairobi, notamment dans des socits prcdemment publiques : Kengen, Kenya Airways, Mumias Sugar Corporation, Kenya Commercial Bank et Kenya Reinsurance Corporation Ltd. Le Fonds montaire international (FMI) prdit un ralentissement de la croissance du pays de 2,5% en 2008 contre 7% en 2007 la suite de la crise politique et du rationnement du crdit mondial qui devrait affecter l’industrie knyane du tourisme, mais le Kenya semble surmonter les obstacles et aimerait jouer un rle en tant que plaque tournante financire rgionale. Cre en 1954, la Bourse de Nairobi est la plus grande bourse de titres d’Afrique centrale et orientale et la cinquime du continent africain. Son systme de transactions est dsormais totalement automatis, et sa gamme de produits ne cesse d’augmenter. Depuis 2007, l’instauration d’un rseau rgional (Area Wide Network) a permis l’ensemble des socits de courtage, des banquiers d’affaires et des ngociants de traiter avec la Bourse partir de leurs propres bureaux. S’adressant la Bourse de Nairobi en juin lors de la vente de Safaricom, le Prsident Kibaki a dclar : “Les marchs de capitaux joueront un rle essentiel dans la mobilisation de fonds long terme et de fonds d’infrastructure”. Il a demand que des dveloppements d’infrastructure soient financs par le biais d’obligations long terme afin d’accrotre le financement public. Les obligations constituent une manire rapide permettant des institutions comme les gouvernements et les socits de recueillir des capitaux par l’intermdiaire de la Bourse pour des initiatives telles que la construction de routes ou des amnagements d’approvisionnement en eau. L’investisseur, aussi connu sous le nom de prteur, ralise un bnfice grce aux intrts lis l’obligation.> Les obligations d’EtatLe professeur Chege Waruingi, Prsident de l’Autorit knyane des marchs de capitaux, a expliqu, toujours l’occasion de la vente de Safaricom, que les projets d’infrastructure phares pour la priode 2008-2012, qui font partie du plan gouvernemental Vision 2030 et qui visent faire du Kenya un pays revenu intermdiaire, devraient coter 500 milliards de KES. Il a galement soulign l’importance de supprimer les obstacles administratifs et juridiques qui empchent un financement de la part d’investisseurs locaux et trangers. Parmi les innovations qui couvent actuellement en vue de “consolider” la Bourse de Nairobi, citons un march libre pour l’change de titres de crance et un programme de concession primaire dans lequel des intermdiaires financiers sont slectionns par le gouvernement dans le but de promouvoir des investissements dans des obligations d’Etat. Le professeur Waruingi a ajout que des “agents de change non fiables” ne seraient pas tolrs. Le dveloppement du projet East African Marine System, destin crer un cble sousmarin en fibres optiques, rduira les cots de communication pour le Kenya et ses voisins et amliorera ainsi l’efficacit des transactions d’actions la Bourse de Nairobi, ce qui renforcera son image de destination rgionale pour les investissements. Des mesures ont dj t prises en vue de crer une bourse de l’Afrique de l’Est avec notamment l’Ouganda, la Tanzanie et le Rwanda. Waruingi a insist sur la ncessit de lancer des initiatives visant faire en sorte que les Knyans possdent de meilleures notions financires. Il a mis l’ide de crer un “Annual Capital Markets University Challenge” afin qu’“un plus grand nombre de jeunes Knyans s’intressent aux possibilits d’pargne qu’offrent les produits financiers”. D.P. 18 DossierMarchs boursiers ACP LE KENYA cherche devenir une plaque tournante rgionaleLorsqu’au dbut de cette anne, le gouvernement knyan a mis en vente la Bourse de Nairobi 25% de sa participation chez Safaricom, qui est le principal oprateur de tlcoms du pays, le groupement d’investisseurs a t sursouscrit six huit fois. Selon le Prsident knyan Mwai Kibaki, cet engouement tmoignait de “l’ampleur des ressources locales disponibles pour des investissements rentables long terme”. Mots-clsDebra Percival ; Kenya ; Bourse de Nairobi ; Safaricom. La russite de SafaricomCr en 1997, Safaricom est le principal oprateur de tlphonie mobile du Kenya et l’une des socits les plus rentables d’Afrique de l’Est. Jadis filiale 100% de Telkom Kenya, la suite de l’offre publique initiale (OPI), les actionnaires publics dtiennent dsormais une participation de 25%, Vodafone en dtient 40% et le gouvernement knyan 35%. Safaricom possde actuellement 80% de la part du march knyan de la tlphonie mobile avec 10,2 millions d’abonns et plus de 100.000 points de distribution. A raison de 36,6%, la rentabilit des capitaux propres de Safaricom tait l’une des plus leves par rapport aux autres oprateurs tlcoms d’Afrique. Les donnes relatives Safaricom ont t gracieusement fournies par EXOTIX.

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008> Les perspectives conomiques du Kenya pour 2008-2009D’aprs les estimations du gouvernement, la croissance conomique devrait se ralentir en 2009, et se limiter 4% contre 7,7% en 2007. Ce tassement s’inscrit dans le contexte du ralentissement conomique mondial, encore aggrav par la flambe et la volatilit des prix ptroliers. Nous estimons toutefois que la leve des principaux freins la relance conomique au Kenya et dans la rgion – le dlabrement des infrastructures (routes, ports, chemins de fer, tlcommunications) – et l’limination des contraintes nergtiques permettraient d’atteindre une croissance de 10 15 pour cent par an dans toute la Communaut d’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda).> Redfinir le terme d’investisseur local Le dveloppement de la Nairobi Stock Exchange (NSE) s’inscrit aussi dans une perspective rgionale. Pour preuve, lors de son discours sur le budget 2007, le Ministre kenyan des Finances a propos d’offrir aux investisseurs membres de la Communaut d’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Rwanda, Tanzanie et Ouganda) un traitement identique celui des investisseurs locaux, l’objectif tant de promouvoir les investissements sur les marchs financiers. Cette mesure est entre en vigueur depuis. Les membres de la Communaut d’Afrique de l’Est peuvent ainsi investir dans des actions d’une entreprise mises pour la premire fois en bourse, concurrence de 40% de l’introduction en bourse rserve aux investisseurs locaux. En outre, les habitants de la rgion sont soumis une retenue la source sur les dividendes de 5%, contre 10% pour les investisseurs trangers. La retenue la source sur les intrts est en revanche de 15% pour tous les investisseurs.> Cration d’une bourse est-africaine Les investisseurs souhaitent un point d’accs unique aux diffrentes valeurs mobilires admises aux diverses bourses africaines, ainsi qu’un systme de ngociation sr, rapide et solide garantissant l’excution des ordres et minimisant les risques. Ils veulent galement avoir accs des informations opportunes et prcises leur permettant d’investir en parfaite connaissance de cause. Les bourses qui offrent une telle proposition de valeur aux investisseurs continueront d’attirer les investissements. La Nairobi Stock Exchange est membre de la East African Securities Exchanges Association, qui regroupe la Uganda Securities Exchange, la Dar-es-Salaam Stock Exchange et le Capital Markets Advisory Council (CMAC) du Rwanda, qui a rejoint l’Association plus rcemment, le 26 avril 2008. Le CMAC opre la manire d’un organisme autorgulateur ; il gre le march et le rgule, l’objectif ultime tant toutefois de dissocier ces deux fonctions. La vision de ce march des capitaux est celle d’un “march financier entirement intgr, avec une bourse rgionale des valeurs et des titres (d’ici dcembre 2009)”. Les rgulateurs boursiers et les bourses ont galement convenu d’un plan d’action en vue de la ralisation de cette vision : – Mise en place d’une plate-forme de ngociation commune d’ici dcembre 2008 – points d’accs unique pour les metteurs et les investisseurs ; – Prsentation d’une loi sur les marchs financiers de la CAE d’ici dcembre 2008 ; – Coexistence de divers rgulateurs publics au sein d’un cadre rglementaire commun ; – Dmutualisation de chaque bourse d’ici dcembre 2008 ; – Fusion des trois bourses de la rgion d’ici juin 2009. Les pourparlers entre la NSE et la Uganda Stock Echange en vue d’une fusion aprs la dmutualisation des deux bourses sont dj bien avancs, et des discussions ont dj eu lieu entre la NSE et la Dar-es-Salaam Stock Exchange. Dans le cadre de nos efforts en vue de la cration d’une bourse unique des valeurs mobilires pour la rgion de l’Afrique de l’Est, avec des marchs au Kenya, en Ouganda, au Rwanda et en Tanzanie, des discussions ont galement dmarr avec la nouvelle Rwanda Stock Exchange. D.P. Site Internet : www.NSE.Co.Ke Pour l’interview complte, visitez le site du Courrier : www.acp-eucourier.infoDossier Marchs boursiers ACP19 LE KENYA cherche devenir une plaque tournante rgionaleLA NSE EN EXPANSION James Wangunyu est Prsident de la Nairobi Stock Exchange (NSE). Dans cette interview accorde au Courrier, il souligne le rle de plus en plus important du Kenya l’chelon rgional. Mots-cls James Wanyungu ; Kenya ; Nairobi Stock Exchange ; finances ; Communaut d’Afrique de l’Est ; Ouganda ; Tanzanie ; Rwanda.Vue du centre-ville de Nairobi 2007. Andrea Frazzetta (Agenzia Grazia Neri)

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20 DossierMarchs boursiers ACP S ur fond de chocs externes provoqus par la hausse des prix de l’nergie et des produits alimentaires, ainsi que par la contraction des conomies de l’Atlantique Nord, les principales socits d’investissements ont mis en garde les investisseurs contre la volatilit et l’rosion des bnfices court terme. Dans son dernier rapport du deuxime trimestre 2008, la socit Fortress Fund Managers Limited, situe la Barbade, a inform les actionnaires du Caribbean Growth Fund que les places boursires rgionales offraient peu de perspectives de nouveaux bnfices court terme. Tout en confirmant que l’anne 2007 a t positive pour les places boursires de la Barbade, de la Trinit et de la Jamaque, qui ont enregistr une croissance deux chiffres, les gestionnaires d’investissements ont prvenu que des chocs exognes provenant des marchs internationaux risquaient de menacer ces bnfices. “Bien que les cours des actions de la plupart des socits de la rgion sont actuellement raisonnables, nous estimons que les rapports futurs subiront bientt de fortes pressions dues la faiblesse de l’conomie des Etats-Unis et aux prix levs de l’nergie et des matires premires, qui auront bientt des rpercussions ngatives sur la plupart des conomies antillaises, l’exception de la Trinit et Tobago”, ont-ils dclar. La capitalisation boursire la Bourse de la Barbade s’lve environ neuf milliards de dollars, tandis que la Trinit peut se vanter de 15 milliards de dollars et la Jamaque de 12 milliards de dollars. Le Caribbean Growth Fund existe depuis un peu plus de 10 ans, et son actif s’lve environ 125 millions de dollars en liquide et en parts de socits publiques et prives actives principalement dans les Carabes. Il comprend des entreprises de premier plan : des producteurs agro-alimentaires, Sagicor, des entreprises de construction, Neal & Massy et la Banque royale du Canada.> Redressement de l’immobilier ?En soulignant l’impact ngatif des prix levs de l’nergie et des produits alimentaires et du ralentissement des conomies des Etats-Unis, du Royaume-Uni et d’Europe, les experts en placements se sont galement dits inquiets de la possibilit d’observer dans les Carabes le redressement des marchs immobiliers survenu dans les pays industrialiss. Ils ont suggr qu’il pourrait en outre tre difficile pour la rgion de grer l’impact de la hausse du cot de l’nergie et des consquences ngatives pour les secteurs mondiaux de l’aviation et des voyages, sur le tourisme, secteur vital pour elle. Comme la plupart des pays des Carabes sont petits, avec des conomies fragiles et des niveaux d’endettement levs, les vents contraires provenant des marchs internationaux pourraient avoir un impact encore plus important sur le march des actions de la Barbade, sous pression depuis plusieurs annes. Au cours des cinq dernires annes, la Bourse de la Barbade a t touche par une srie de radiations dues surtout des rachats – notamment pour AS Bryden & Sons Ltd, Courts Barbados, BWIA et Barbados Shipping and Trading, le plus grand conglomrat de la Barbade – ce qui a entran une baisse des capitalisations boursires et du nombre de socits cotes sur le march local. En 2007, d’autres oprations de rachat ont eu Bernard Babb*Les experts caribens en placements prvoient une priode difficile pour les trois principaux marchs d’actions de la Barbade, de la Trinit et de la Jamaque, tandis que les grandes conomies des EtatsUnis et d’Europe continuent de prsenter des phases descendantes.First Caribbean International Bank, Bridgetown. Bernard Babb Vent contraire pour LES CARABES Vent contraire pour LES CARABES

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un rle important dans l’ensemble des activits boursires de la Barbade, les rachats reprsentant 130.745.033 actions ngocies, pour une valeur de 215 millions de dollars. Le rachat de la First Caribbean International Bank a eu le plus grand impact sur les activits boursires, avec 129.863.084 actions vendues pour un montant de 212 millions de dollars, soit 80% du volume total et 71% de la valeur totale de toutes les transactions boursires sur l’ensemble du march. Les repreneurs se sont intresss trois entreprises (Barbados Shipping and Trading, Barbados Farms Limited et West India Biscuit Company), alors que trois autres entreprises, qui avaient fait l’objet d’oprations de rachat en 2006, ont toutes conclu ces transactions en 2007. “Le gros des activits de l’anne dernire tait port par des rachats, et les prvisions disent que ce type d’activits marquera encore le march moyen, voire long terme”, a dit Olorundo Simmons, analyste des placements la Caribbean Financial Services Corporation, situe Bridgetown. Toujours selon M. Simmons, le march de la Barbade prsentait comme faiblesse le fait que souvent, le prix d’achat des socits cotes ne refltait pas leur valeur intrinsque et qu’elles taient ds lors des cibles de choix pour les repreneurs dans une conomie stable. “Lorsque l’cart entre prix et valeur devient important, certaines socits deviennent des cibles pour d’autres, qui ont une trsorerie importante”, explique M. Simmons. La Bourse de la Barbade a essay de compenser la chute du nombre de socits cotes en crant une nouvelle plate-forme d’change, le march libre, qui devrait tre prsent avant la fin de l’anne. Le march libre (hors cote) permettrait aux entreprises de vendre leurs titres sans tre cotes ou ngocies la Bourse officielle de la Barbade. * Journaliste tabli la Barbade.N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008La Bourse du Nigria, cre en 1960 sous le nom de Bourse de Lagos, a t renomme en 1977. Elle a maintenant des succursales dans les principales villes commerciales. Les oprations ont dmarr en 1961, avec 19 valeurs cotes en bourse. Aujourd’hui, elle compte 262 cotes, reprsentant une bonne part de l’conomie, de l’agriculture l’industrie, en passant par les services. De nombreuses socits ont des filiales l’tranger. Avant le crash rcent, la confiance des investisseurs bnficiait des rformes conomiques entames en 2003, qui ont valu au Nigria un degr de solvabilit BB-, entranant l’annulation de 18 milliards de dollars de dettes et la cration de fonds de pension qui ont aujourd’hui investi plusieurs milliards dans les titres nigrians. Pendant un certain temps, le march a pourtant t lanc dans une course contre la montre pour crer de nouveaux instruments permettant d’absorber un “mur d’argent” et d’viter une bulle. Il a lanc un march secondaire de bons du Trsor au milieu de l’anne 2006, et les volumes changs au cours du second semestre de cette anne dpassaient la valeur de toutes les actions ngocies pendant toute l’anne. Une rforme du secteur bancaire, qui a augment les niveaux de capitalisation et forc une vague de fusions, a galement aliment l’explosion. La plupart des capitaux bancaires nigrians ont doubl de volume, malgr l’mission de nouvelles actions raison de plusieurs milliards de dollars, la valeur de certains titres ayant mme quadrupl en moins d’un an. Les socits qui lanaient des offres taient submerges par la demande. Le march des capitaux tait devenu le moyen le plus rapide de gagner de l’argent. Nombreux taient ceux qui recouraient des prts bancaires pour financer leurs achats d’actions. Des hommes et des femmes de tous les milieux sociaux commenaient mobiliser leur pargne pour bnficier des marges normes dgages par ce march. Pendant plusieurs mois, il semblait que le mar-Dossier Marchs boursiers ACP21 Mots cls Nigria ; Finance ; Bourse du Nigria ; resserrement mondial du crdit ; producteur de ptrole ; Nigerian Shareholders’ Renaissance Association (NRSA). LA BOURSE NIGRIANE se maintient Ces dernires annes, la Bourse du Nigria tait une ruche, bnficiant d’une nombreuse clientle d’investisseurs institutionnels et particuliers. Mais le 24 juillet 2008, sa capitalisation boursire a chut 10.030 milliards de nairas nigrians (NGN), aprs un pic de 12.640 milliards de NGN** le 5 mars, avant de reprendre lgrement pour atteindre 10.640 milliards de NGN le 5 aot. La crise mondiale du crdit a-t-elle enrhum la bourse nigriane ? Lucky George*Monnaie nigriane, spcimen iStockphoto.com/Peeter Viisimaa

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22ch nigrian des capitaux se trouvait sur une autre plante : immunis contre la dgringolade financire mondiale dclenche par la crise des crdits hypothcaires subprime aux Etats-Unis. > Dpression soudaineLa dpression est arrive tellement vite que les rgulateurs du march semblaient trop surpris pour trouver une explication adquate ce qui tait en train d’arriver. Plusieurs raisons sont voques aujourd’hui pour expliquer la chute de la bourse nigriane, parmi lesquelles une correction du march, l’effet du prtendu refus oppos par la Banque centrale du Nigria concernant les prts sur marge par les banques, la prpondrance des placements privs sur le march et mme la directive aux courtiers, aujourd’hui suspendue, de recapitaliser jusqu’ un milliard de nairas au moins. Au passage, signalons l’impact de la crise financire mondiale. Selon Victor Ogiemwonyi, Directeur gnral de Partnership Investment Company Limited, membre admis la Bourse du Nigria, ce qui s’est pass sur le march tait une rvaluation des prix des titres. “Les six derniers mois, et plus particulirement les trois derniers mois, une rvaluation drastique des prix des titres a eu lieu”, a-t-il dit. Alors que certains titres taient en ralit survalus et avaient besoin d’un rajustement de prix pour correspondre leur base, d’autres ont t punis indment par la peur et le pessimisme qui s’taient empars du march. Selon lui, ce qui s’est pass a t pour tous une bonne occasion d’apprendre que les marchs financiers sont fragiles et prosprent sur base de la confiance : “Ds que l’on cre des incertitudes, elles rodent la confiance et nuisent la capacit des investisseurs de juger de l’volution du march. Tout le reste part de l.” Il a ajout : “Il s’agit d’un march d’investisseurs maintenant, les spculateurs seront hors jeu pendant un certain temps. Il est trs instructif pour les investisseurs de raliser que la richesse exceptionnelle des cinq dernires annes aura besoin d’une longue priode de gestation avant de revenir, mais elle reviendra certainement.” Chidi Agbapu, Directeur gnral de Emerging Capital Limited, attribuait la dpression du march aux spculations exagres, induites par le capital flottant et les liquidits, et aux politiques et dclarations discordantes des rgulateurs : “La peur, renforce par l’branlement de la confiance, a entran des prises de bnfices dsespres, et la correction prolonge du march a rendu les investisseurs plus perspicaces.” M. Olufemi Timothy, Prsident de la Nigerian Shareholders’ Renaissance Association (NSRA), dit : “Si les rcessions sont frquentes sur les places boursires du monde entier, la situation actuelle la Bourse du Nigria rsulte de pratiques contraires l’thique de la part d’oprateurs malhonntes. En tant qu’conomiste, je savais que les prix que nous avons connus en janvier et fvrier 2008 n’taient pas ralistes. La Bourse connat une situation anormale, mais le march corrige progressivement les facteurs ayant entran la maladie, et la situation se redressera trs vite.” Il semblerait que la confiance dans le Nigria, pays producteur de ptrole, l’emportera. * Lucky George est un journaliste bas au Nigria et rdacteur en chef de www.travelandtourism.com ** 1 Euro = 167,055 Naira nigrians (le 19 septembre 2008)DossierMarchs boursiers ACP Mots clsNigria ; Finances ; Bourse du Nigria ; resserrement mondial du crdit ; producteur de ptrole ; Nigerian Shareholders’ Renaissance Association (NRSA). En haut : La volatilit 12 mois a t nettement plus faible en Afrique subsaharienne qu’en Extrme-Orient, en Europe de l’Est et en Afrique du Sud. EXOTIXAbuja, Nigeria. iStockphoto.com/Klaas Lingbeek

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Le prochain sommet du groupe ACP, qui runit 79 pays, se droulera Accra, au Ghana, les 2 et 3 octobre prochains et sera prcd d’une runion ministrielle place sous le thme “Dveloppement humain et Scurit humaine”. L’agenda du sommet sera marqu par les problmes mondiaux actuels que sont les crises alimentaires et nergtiques, les impacts du rchauffement climatique mais galement par l’chec des ngociations l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ainsi que par les ngociations des Accords de partenariat conomiques (APE) avec l’Union europenne. La situation politique des pays ACP sera l’ordre du jour, au retour des missions menes au Tchad, Djibouti et au Soudan cet t. La crise politique que traverse le Zimbabwe sera elle aussi l’ordre du jour. L’tat d’avancement des Objectifs du millnaire pour le dveloppement des Nations unies seront abords ainsi que ce qu’il convient de consolider comme mesures pour y parvenir, notamment au regard de l’impact de la hausse des prix des denres alimentaires. La crise nergtique affecte elle aussi les possibilits d’atteindre ces objectifs. Dans ce contexte, les pays ACP ne peuvent faire l’impasse d’une discussion sur le dveloppement d’alternatives nergtiques que sont entre autre les biocarburants, possible opportunit de dveloppement pour les pays des rgions ACP. Le principal enjeu ce niveau est d’valuer les modalits de dveloppement du secteur qui ne mettent pas en pril les objectifs de souverainet et de scurit alimentaire des pays. L’impact du changement climatique sera galement l’agenda du sommet, dont les pays insulaires sont les premires victimes, notamment dans la rgion pacifique et les Carabes, comme l’ont nouveau sinistrement rappel les importants dgts connus en Hati la suite d’une succession d’ouragans. Dans le volet commercial, l’chec du cycle de Doha l’OMC, tout comme les ngociations autour de la signature des APE tiendront une place importante dans les discussions. Abel Gbetoenonmon, Secrtaire gnral de la Plateforme des acteurs de la socit civile au Bnin, rappelle sur ce dernier point que “l’enjeu pour les ACP est d’abord de sauver l’intgration rgionale”. Il prend ce titre l’exemple de la rgion de l’Afrique de l’Ouest, “o le dfi est de passer des accords intrimaires signs par le Ghana et la Cte d’Ivoire des accords accepts par toute la rgion, mais aussi de savoir comment aller vers les APE tout en veillant ce que les intrts de dveloppement soient sauvegards. L’UE dit la mme chose. Mais les deux parties ne donnent pas la mme signification au dveloppement”. Au-del des Fonds europens de dveloppement, des dispositifs financiers complmentaires devraient tre mis en place pour permettre aux ACP de faire face aux rformes lies la mise en uvre des APE et aux pertes financires qui dcouleraient par exemple des dmantlements des barrires tarifaires. En l’tat, beaucoup d’acteurs, l’instar d’Abel Gbetoenonmon, pensent que “refuser les APE est une myopie alors que des Etats ont accept la signature des APE intrimaires, menaant fortement l’intgration rgionale”. * InfoSud – Proximits Bnin.23 I nteractions Les grands enjeux du prochain SOMMET ACPA la veille du sommet des pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique qui se tiendra les 2 et 3 octobre prochain Accra, au Ghana, aperu des grands enjeux qui y seront discuts. Mots clsSommet ACP ; Accra ; APE ; socit civile ; changement climatique ; Abel Gbetoenonmon.Fernand Nouwligbeto*Centre d’Accra. A.K. Anobil

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24Le 25 juillet dernier, la dlgation sudafricaine, compose de l’ex Prsident Thabo Mbeki et de trois ministres, tait reue Bordeaux par le Prsident de la Commission europenne Jos Manuel Barroso et le Prsident franais Nicolas Sarkozy, dont le pays assure la prsidence de l’Union Europenne (UE) jusqu’en dcembre 2008. L’ordre du jour pour ce sommet historique : approfondir le dialogue politique ainsi que les liens entre l’un des “poumons” conomiques de l’Afrique et son premier investisseur tranger (environ 66% des investissements trangers nets de 2003 2005). Les discussions se tenaient dans le cadre de l’Accord de commerce, de dveloppement et de coopration (TDCA) entre l’Afrique du Sud et l’UE mis en place en 2001 et renforc en mai 2007 avec la cration d’un partenariat stratgique, le premier sign avec un pays africain et dont l’objectif majeur est d’arriver la cration d’une zone de libre-change d’ici 2012. Ce partenariat tend vers une collaboration plus troite aux niveaux rgional, InteractionsACP-UE Retour sur un premier SOMMET HISTORIQUEUNION EUROPENNE-AFRIQUE DU SUDClmence Petit-Perrot (InfoSud) Le premier sommet Afrique du Sud-Union Europenne s’est tenu le 25 juillet dernier Bordeaux. Un sommet qui a pos des jalons ambitieux pour permettre aux relations entre l’Union Europenne et l’Afrique du Sud d’atteindre “une nouvelle tape”. De gauche droite : Nicolas Sarkozy, prsident franais, Thabo Mbeki, prsident d’Afrique du Sud, Jos Manuel Barroso, prsident de la CE et Jean-Louis Borloo, ministre d’tat franais, ministre de l’cologie, de l’nergie, du dveloppement durable et de l’amnagement du territoire. Commission europenne, 2008, Bordeaux, 25 juillet 2008

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008continental et mondial entre les deux parties et vise renforcer la coopration concernant le dveloppement et le commerce et l’tendre dans d’autres domaines. Le sommet tait prcd d’une rencontre entre les Ministres des Affaires Etrangres de la France et de l’Afrique du Sud, respectivement Bernard Kouchner et Nkosazana DlaminiZuma, au cours de laquelle ont t discuts les principaux textes signs l’issue du sommet. Le plus important d’entre eux consistait en un rapport sur l’implmentation du partenariat stratgique et les priorits pour de futures cooprations. Deux dclarations conjointes, concernant le changement climatique et le rle du secteur priv en Afrique, ont galement t signes.> Un partenaire privilgiCe sommet a mis en valeur le renforcement des liens politiques et conomiques qui font aujourd’hui de l’Afrique du Sud un partenaire privilgi de l’Union Europenne parmi les pays du Sud. Au lendemain du sommet, Thabo Mbeki remarquait, dans une interview la tlvision sud-africaine SABC, que “L’Union Europenne considre dsormais l’Afrique du Sud comme un partenaire trs important car [] les thmes abords n’taient pas seulement des enjeux de relations bilatrales [] mais des enjeux globaux”. Sur le terrain politique, les crises au Darfour et au Zimbabwe ont t voques, notamment l’importance du rle de mdiateur du Prsident Mbeki pour le Zimbabwe. La coopration conomique entre les deux pays a galement t souligne puisque les changes bilatraux entre l’Afrique du Sud et l’UE ont t multiplis par cinq entre 1994 et 2007, passant de 4,7 26 milliards d’euros. La coopration existant dans certains secteurs, comme l’nergie, les sciences et technologies, la sant, les migrations et les transports, devrait se voir renforcer dans le futur. L’Afrique du Sud participe par ailleurs au programme de l’Union Europenne pour la recherche, ce qui permet des chercheurs sud-africains de mener plus de 170 projets d’tude dans le cadre de subventions europennes s’levant plus de 20 millions d’euros. > Points d’achoppement Si l’importance stratgique des relations conomiques avec l’Union Europenne a t mise en lumire lors du Sommet, certains points d’achoppement ont galement t voqus, parmi lesquels les Accords de partenariat conomique (APE) qui fixent le cadre commercial des changes entre les pays ACP et l’Union Europenne dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’Afrique du Sud se refuse toujours signer les APE, alors que le reste des pays de la zone SACU (Union douanire d’Afrique Australe) ont fini par signer des accords intrimaires en 2007. Durant le sommet, Thabo Mbeki a exprim ses inquitudes et appuy l’importance d’une politique tarifaire unique pour la zone SACU, afin de favoriser l’intgration rgionale. Le Prsident Sarkozy a annonc Bordeaux la cration d’une commission ad-hoc pour tenter de parvenir un accord. La signature des accords permettrait l’accs au march europen sans frais de douane plus de 500 produits sud-africains. Une semaine aprs le sommet, le Ministre sudafricain du Commerce et de l’Industrie, Rob Davies, a ritr la rsistance sud-africaine signer les accords en l’tat. L’Afrique du Sud remet notamment en cause la clause de la Nation la plus favorise qui permettrait l’Union Europenne d’obtenir les mmes accords commerciaux sur ces produits que ceux passs avec des pays comme la Chine ou le Brsil. Peter Draper, de l’Institut sud-africain des affaires internationales, note comme point problmatique majeur la partie de l’accord portant sur la libralisation des services. L’analyste Matthew Stern estime au contraire que l’Afrique du Sud a tout gagner dans une ouverture de son secteur des services la comptition et que “la relle valeur de l’accord de services des APE est qu’il rendra le contrle des services transparent et fiable”. La vitalit de ces discussions souligne le rle de leader politique et conomique de l’Afrique du Sud l’chelle rgionale, un rle qu’est venu lgitimer la tenue de ce premier sommet Afrique du Sud-Union Europenne. Interactions ACP-UE25 Mots-clsUE ; Afrique du Sud ; APE ; Accord de commerce, de dveloppement et de coopration (TDCA) ; OMC ; Thabo Mbeki.Thabo Mbeki.Nicolas Sarkozy, prsident franais et Jos Manuel Barroso, prsident de la CE. Communaut europenne, 2008, Bordeaux, 25 juillet 2008

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26Le Premier ministre par intrim des les Fidji, le Commodore Voreqe (Frank) Bainimarama, a en effet dcid de boycotter cette runion, vritable ment la dernire minute, reprochant la Nouvelle-Zlande – avant mme qu’on ait pu dire Fakaalofa Lahi Atu (bienvenue en niuen) – de ne pas avoir autoris les autorits du pays participer aux ngociations bilatrales post-forum organises Auckland, le 23 aot dernier. Le Commodore prtend en effet que la Nouvelle-Zlande n’avait accord la dlgation des les Fidji que des visas de transit, annulant ainsi de fait la participation du pays aux pourparlers bilatraux. Le Commodore Bainimarama a pris le pouvoir aux Fidji aprs un coup d’Etat perptr le 5 dcembre 2006. Depuis, il a promis l’Union Europenne (UE), aux membres du Forum ainsi qu’ la communaut internationale que son pays reprendrait la voie de la dmocratie lors des lections prvues pour mars 2009. L’Australie et la Nouvelle-Zlande n’ont toujours pas lev les sanctions son encontre, et l’avenir de l’aide europenne au dveloppement est aujourd’hui en jeu, dpendant du retour – le plus rapide possible – l’Etat de droit sur l’le. Les dirigeants du Pacifique ont qualifi d’“inacceptable” l’absence des Fidji au Forum 2008, lesquelles recevaient, le 20 aot, un message fort, sous la forme d’un communiqu vhment des Premiers ministres du Pacifique, l’enjoignant “rentrer dans les rangs ou ficher le camp” tout simplement et organiser des lections en mars 2009 conformment la constitution et aux lois lectorales existantes, sous peine de suspension du groupement rgional politique. > Fonds de l’Union Europenne > relatifs au sucre A Niue, le Directeur gnral en charge du dveloppement de l’UE, Roger Moore a dclar : “Le message sans ambages des dirigeants du Forum est la meilleure faon d’encourager la mise au point de solutions. Nous (l’UE), nous nous sommes mis d’accord pour que cette anne, la libration de nos fonds relatifs au sucre n’ait lieu que lorsqu’une voie vers des lections libres aura clairement t dfinie.” Toutefois, le gouvernement intrimaire des Fidji, y compris certains autres acteurs politiques, ont vu dans cette prise de position historique un autre exemple de manuvre de la part de l’Australie et de la Nouvelle-Zlande visant faire pression sur la politique rgionale. “Une diplomatie du carnet de chques”, selon l’expression de l’ancien Ministre des Finances du Cabinet Bainimarama, tandis que le Ministre des Affaires Etrangres, Ratu Epeli Nailatikau dclarait, moins laconiquement : “L’usage slectif de la disposition de la Dclaration de Biketawa (sur la scurit rgionale) afin de menacer de suspendre les Fidji du Forum est totalement inappropri mais en plus, une telle dcision violerait le principe d’ouverture et de dialogue, qui fait partie intgrante de la mthode suivie dans le Pacifique.” Autres nouvelles du Forum : Tuiloma Neroni Slade des Samoa a t nomm nouveau Secrtaire gnral du secrtariat du Forum des les du Pacifique. Il succde Greg Urwin, des Samoa, dcd le 11 aot dernier Apia. M. Slade est un fonctionnaire international expriment ; il a en effet t ambassadeur des Samoa aux Etats-Unis, reprsentant permanent aux Nations Unies, procureur gnral des Samoa et juge la Cour pnale internationale. Parmi les autres points pingls par le communiqu de Niue, retenons les Accords de partenariat conomique (APE) avec l’UE, le cycle de Doha pour le dveloppement, la scurit alimentaire, la pche, la mobilit des travailleurs, le changement climatique, l’nergie, l’intgration conomique et le commerce, le transport, l’agriculture, les technologies de l’information et de la communication, la sant, l’ducation et la gouvernance. * L’auteur est un consultant en mdias et communications, bas Fidji. InteractionsACP LE PACIFIQUE perd-il de son pacifisme ?Debbie Singh*Le 39e Forum des les du Pacifique, qui runit les dirigeants de la rgion, s’est ouvert le 19 aot 2008 Alofti, capitale de l’le de Niue. La situation aux Fidji a domin l’ordre du jour, alors que les deux traditionnels poids lourds du forum, l’Australie et la Nouvelle-Zlande, appelaient la suspension de ce petit Etat. Des produits alimentaires locaux prsents aux chefs de gouvernements lors de l’inauguration du 39e Forum des les du Pacifique Niue, les 19 et 20 aot. Photo de Johnson Honimae, Secrtariat du Forum des les du Pacifique. Mots-clsForum Pacifique ; sucre ; cycle de Doha sur le dveloppement ; APE.

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Interactions ACPLa nouveaut aux prochaines Journes europennes du Dveloppement (JED) est que ses organisateurs veulent en faire non seulement le lieu de dbat large qu’il a t lors de ses deux premires ditions mais un think thank pratique. Duquel sortiront des “rponses concrtes notamment dans le contexte de la crise alimentaire” pour le Ministre Joyandet et qui permettra ainsi “de mobiliser tous les acteurs europens autour des nouveaux enjeux du dveloppement”. Et qui, assure le Commissaire Michel, prsentera “de nouvelles ides” sur la corrlation entre actions locales et actions globales afin d’“assurer la russite de nos actions de dveloppement”. Le lien entre les ralisations sur le plan local et la dimension globale du dveloppement, sera mis en exergue travers les deux grands thmes des prochaines JED, le rle des autorits locales d’une part et celui des mdias d’autre part. L’accent sera mis sur les approches de ces deux entits face la persistance de la grande pauvret amplifie par les effets nfastes des changements climatiques et la crise alimentaire mondiale. Autour du rle des autorits locales, Louis Michel a lanc une action spciale en invitant les pays du Nord jumeler leurs villes, communes, districts, provinces ou rgions avec des homologues du Sud et conclure les conventions de jumelage officialiser l’occasion des JED. Les JED se veulent le lieu de rassemblement de tous ceux intresss au dveloppement. Officiels, membres de la socit civile, chercheurs, parlementaires, autorits locales ou organisations internationales publiques ou prives en dbattent sans protocole. Pour s’assurer de la participation la plus large, une rencontre avait mme t organise Bruxelles au Comit des Rgions en juin dernier pour peaufiner la logistique de l’vnement. Lors des deux dernires ditions des JED, la moyenne de participants avait dpass le chiffre de 3.000 l ; ils provenaient de 1.200 organisations. Les JED, c’est un grand raout o, en plus du Forum, s’tale “un Village du Dveloppement”, salon d’exposition tenu par plus d’un millier d’organisations, mais comme tout grand festival, il y aura le off, avec cinma, expositions d’art, dfils de mode africaine, mais aussi vnements politiques. Le off politique sera surtout anim cette anne par la France, qui organisera une campagne de sensibilisation sur les Objectifs du Millnaire pour le dveloppement dont le texte sera diffus dans des coles et des lieux publics et autour duquel sera prsente une exposition itinrante dans les tablissements scolaires de tous niveaux. H.G. JOURNES EURO PENNES DU DVELOPPEMENT. Le compte rebours a commencLe compte rebours a commenc pour les prochaines Journes europennes du Dveloppement (Strasbourg, 15-17 novembre 2008). Louis Michel, Commissaire europen et Alain Joyandet, secrtaire d’Etat de la France (prsidence tournante de l’UE) ont officiellement lanc la 3e dition de cet vnement qui revtira une importance d’autant plus capitale leurs yeux, qu’il aura apporter, dans un contexte gopolitique volatile, des rponses concrtes une situation de crise. Mots clsHegel Goutier ; Louis Michel ; Alain Joyandet ; JED. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008 27 Affiche des Journes europennes du dveloppement 2008.. Commission europenne

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InteractionsACP-UE Plutt que de mditer sur l’arrt du cycle de Doha sur le dveloppement la fin juillet 2008, il est plus que jamais ncessaire de stimuler les changes mondiaux dans le contexte du rtrcissement mondial du crdit. Tel est l’avis de S.E. Servansing. Durant les ngociations de Genve, qui ont rcemment chou, les pays ACP se sont montrs sur la dfensive, n’hsitant toutefois pas passer l’offensive. Aux cts d’autres pays en dveloppement, ils ont ainsi fait pression pour obtenir une rduction des subventions agricoles dans les pays dvelopps, un accs amlior leurs produits tropicaux, une amlioration des rgles d’origine et la suppression des droits de douane et des contingents auxquels sont toujours soumis 3% des marchandises et produits exports par les pays les moins avancs (PMA). Confronts une diminution des tarifs douaniers agricoles, les tats ACP, rejoints par d’autres nations en dveloppement, ont fait pression en vue de l’adoption de mesures – les mcanismes spciaux de sauvegarde (MSS) – afin de prvenir un afflux d’importations agricoles risquant de menacer leurs moyens d’existence ainsi que leur scurit alimentaire. Ils ont galement fait pression pour l’adoption d’une liste de produits agricoles spciaux, exempts de la rduction tarifaire ou soumis des rductions tarifaires mineures. Mais le cycle de Doha a finalement chou sur le seuil du dclenchement de la sauvegarde. Au moment o les ngociations s’arrtaient, les ACP taient galement en train de mettre la dernire main une “liste de protection” pour des produits non agricoles ou industriels (AMNA). Cette liste comprend des produits qui pourraient tre exempts des rductions tarifaires mais dans le respect des rgles de la nation la plus favorise. En l’absence d’une telle liste, “La Chine nous aurait crass”, explique l’Ambassadeur mauricien interview par le Courrier, ou “Quel est l’intrt d’insister sur l’accs prfrentiel lorsqu’il n’y a pas de march ?” > Une fin de la guerre de la banane ? Fin juillet 2008, des avances manifestes avaient galement t ralises, laissant esprer un terme la guerre de la banane, commence il y a 16 ans. L’accord concoct en juillet quivalait une rduction des droits de douane sur les bananes importes par l’UE en provenance de pays d’Amrique latine, comme l’Equateur et le Costa Rica, lesquels passeraient de 176 116 euros par tonne. A titre de compensation, l’Ambassadeur Servansing a expliqu que l’UE tait prte offrir une compensation aux producteurs de bananes africains et caribens, sous une forme semblable la compensation offerte aux producteurs de sucre des ACP il y a deux ans. “Nous regrettons qu’un plus grand nombre de points n’aient pas t mis sur la table des ngociations, alors que nous tions en mesure de protger une srie de nos intrts”, dplore l’Ambassadeur Servansing. Le plus urgent est d’obtenir une diminution des subventions octroyes par les nations dveloppes, principalement les Etats-Unis, leurs industries cotonnires. Le groupe des quatre nations ACP productrices de coton – le Bnin, le Burkina Faso, le Tchad et le Mali – porte encore les traces de ces subventions trs leves qui ont fait chuter les prix mondiaux du coton. Alors que l’chec du cycle de Doha faisait la une de la presse mondiale la fin juillet, Peter Mandelson, Commissaire europen en charge du commerce, a expliqu aux journalistes que l’conomie mondiale avec perdu une “politique d’assurance” qui aurait consolid l’actuelle ouverture des marchs aux changes et fait barrage au protectionnisme. Il demeure nanmoins optimiste, car “nous devons veiller ne pas perdre ce qui nous avons russi dgager.” Lors d’une confrence mondiale organise New Delhi, Inde, en aot 2008, Pascal Lamy, Directeur gnral de l’OMC s’est fait l’cho de ce point de vue : “Rien que dans le domaine de l’agriculture et de l’AMNA, les propositions qui ont t mises sur la table pourraient permettre des conomies pouvant atteindre plus de 150 milliards de dollars, les pays dvelopps contribuant concurrence de deux tiers et ces deux tiers venant aider les pays en dveloppement. C’est donc l un vritable cycle de dveloppement qui s’annonce.” D.P. 28 Des mesures visant garantir aux pays d’Afrique, des Carabes et du Paci que (ACP) les acquis du cycle manqu des ngociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent tre prises d’ici l’automne 2008, a dclar Chekitan Baboo Shree Servansing, Ambassadeur Genve de l’le Maurice. S.E. Servansing est le coordinateur du Groupe ACP dans les ngociations de l’OMC. Mots-cls Cycle de Doha sur le dveloppement ; Organisation mondiale du commerce ; AMNA ; MSS. souhaitent voir garanties les avances de Doha Dans des pays comme Maurice, la protection des acquis de Doha permettra de consolider l’conomie dans des secteurs qui, comme le tourisme, risquent un dclin en raison du ralentissement conomique mondial. M. Percival Les ACP souhaitent voir garanties les avances de Doha

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008A PRODEV (Association of World Council of Churches related Development organisations) est un rseau de prs d’une vingtaine d’organisation de diffrents pays de l’UE, mis en place il y a une vingtaine d’annes. Toutes sont lies au Conseil Mondial des Eglises (World Council of Churches) de confession protestante. D’entre de jeu, Karin Ulmer met l’accent sur la grande proccupation de son organisation sur la mise en uvre de la coopration ACP-UE, savoir les Accords de partenariat conomique (APE). “On constate, dit-elle, que les stratgies mises en place par l’Union Europenne se sont orientes vers de nouvelles configurations des ACP alors que leur intrt tait de rester un groupe fort. On aurait souhait, l’instar de beaucoup d’autres ONG, que les ACP aient eu le temps d’acqurir plus de comptences en matire de ngociations commerciales avant de conclure des APE. L’Accord de Cotonou stipule clairement que ceux-ci doivent renforcer leur intgration rgionale. On s’est retrouv avec l’une des parties, l’UE en l’occurrence, disposant de plus de possibilits d’influencer le cours des ngociations. Malgr les remontrances rcentes d’un Etat membre comme la France, la Commission a dispos d’un mandat fort, alors que de l’autre ct, les structures de ngociation ont t si faibles et les mandats trs flous”. La Commission pourrait rtorquer que l’UE et les ACP avaient dcid de commun accord, travers l’Accord de Cotonou, du calendrier et du processus de ngociations des APE. C’tait aussi prvu que les APE soient au service du dveloppement. Il y a une certaine incohrence entre la politique extrieure de l’UE, sa coopration au dveloppement et sa stratgie relative au commerce. On a l’impression que c’est le commerce qui donne le ton. Les ngociateurs de la Direction Commerce n’ont pas la mme formation que ceux de la Direction Gnrale du Dveloppement. Celleci devrait avoir assez de poids pour orienter plus le processus vers des APE vraiment lis au dveloppement. La Direction Gnrale du Commerce prtend que son schma rendra possible l’attraction des investissements trangers dans les pays ACP. Nous, les ONG, nous mettons en doute cette quation. Est-ce qu’il ne faut pas donner du temps au processus pour tirer de pareilles conclusions ? On peut dj voir clairement ces faiblesses. Ds aprs Seattle, Doha et Cancun, il aurait fallu mettre ensemble certaines composantes, diffrentes directions gnrales de la Commission. Il aurait fallu laisser le Parlement europen jouer son rle. Au dpart, nous avions des apprhensions mais maintenant, le point rouge est visible. Il y a eu beaucoup de promesses, de rhtorique mais il n’y a manifestement pas les engagements suffisants pour faire des ACP autre chose que des zones de libre-change avec les APE. Mme si on prend les Carabes qui taient apparemment plus disposs signer un APE rgional, c’est seulement maintenant que les experts de la rgion scrutent l’accord et se rendent compte qu’il n’est pas favorable. Les APE se rvlent donc d’un OMC plus, dans le sens de plus de rigidit, plus d’accs au march. Le dficit commercial des pays ACP va augmenter. APRODEV, avec d’autres ONG et des organisations comme l’International Center for Trade and Sustainable Development (ICTSD) ou la Confrence des Nations Unies sur le Commerce et le Dveloppement (CNUCED), a fait expertiser les accords avec des critres prcis. C’est la conclusion qui en est malheureusement sortie. H.G. Interactions Socit civile29 SOCIT CIVILEAPRODEV, l’une des organisations non gouvernementales UE de dveloppement, nous livre ici par l’intermdiaire de sa spcialiste des questions de commerce, Karin Ulmer, sa vision de la coopration Afrique, Carabes, Pacifique – Union Europenne. Elle pointe surtout les Accords de partenariat conomique (APE). C’est aussi l’occasion de mieux dcouvrir l’une des ONG de dveloppement les plus actives en termes de lobbying. Mots-clsKarin Ulmer ; APRODEV ; APE ; ICTSD ; CNUCED.APRODEV: plus de comptences pour les ACP avant les APE dfinitifsKarin Ulmer ( votre gauche) en mission au Cameroun. APRODEV

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30A ctive dans diffrents domaines (pays d’Afrique, des Carabes et du Pacifique, changement climatique et dveloppement, galit des chances entre hommes et femmes), CONCORD s’emploie promouvoir la bonne gouvernance et l’efficacit de l’aide afin d’obtenir des rsultats concrets pour les pays en dveloppement. CONCORD soumet aux institutions europennes des documents, des propositions, des travaux de recherche et parfois de vives critiques en ce qui concerne l’efficacit et la transparence de l’aide de mme que sur la divergence entre la Politique agricole commune de l’UE et les politiques de scurit alimentaire. CONCORD n’hsite pas rappeler aux gouvernements des pays du G8 qu’ils n’ont pas respect leur engagement d’accrotre l’aide publique au dveloppement, un des Objectifs du Millnaire pour le dveloppement. Le Courrier a pos une srie de questions CONCORD. Pourquoi les ONG se font-elles les porteparole de l’opinion publique dans la coopration au dveloppement La coopration au dveloppement et la solidarit internationale sont essentielles aux yeux du public. Au cours de ces 20 dernires annes, les organisations de la socit civile ont bnfici d’un soutien de plus en plus important. Dans un monde anim par les intrts personnels et conomiques, les ONG poursuivent des objectifs sociaux et dfendent des normes morales dans lesquelles les citoy ens se retrouvent. Cela fait maintenant des dizaines d’annes que les ONG sont associes la coopration au dveloppement. Etant donn qu’elles travail lent sur le terrain mais qu’elles suivent aussi les dcisions politiques, elles jouent un rle capital dans le processus de dveloppement, en tant que pionniers du changement et de la transformation sociale. A l’chelon europen, elles informent les acteurs et le public de l’impact des politiques europennes et de la coopration au dveloppement. Transparence et responsabilit sont ici les matres-mots. Les citoyens, les donateurs et les bnficiaires ont en effet le droit de savoir dans quelle mesure l’aide au dveloppement est utilise efficacement. Les ONG se proccupent-elles de l’efficacit de l’aide ? En leur qualit d’acteurs du dveloppement, les ONG s’intressent beaucoup l’efficacit de leur action. Elles rflchissent donc rgulire ment la faon d’amliorer leurs mthodes et comment rendre compte aux personnes et aux pays avec lesquels et pour lesquels elles travaillent. A cette fin, les organisations de la socit civile ont mis en place le “Forum sur l’efficacit du dveloppement des OSC”.* CONCORD a-t-elle des liens avec les ONG de l’hmisphre sud ? Les ONG europennes et leurs partenaires du Sud changent des expriences, des connaissances et des bonnes pratiques sur le rle des acteurs de la socit civile et sur leurs princi paux axes communs en matire de sensibilisa tion. CONCORD a des liens avec le Sud, via ses membres, mais aussi des liens directs avec des plates-formes rgionales comme Mesa de Articulacin en Amrique latine. La sensibilisation qui vise les acteurs internationaux est plus efficace si elle est ralise en partenariat avec des organisations qui s’intressent prcisment cette mme question. Que pensez-vous du dernier Forum de haut niveau sur l’efficacit de l’aide organis Accra en septembre ? Selon CONCORD, l’UE a un rle cl jouer sur la scne internationale. Nous voulons que les donateurs prparent des plans dtail ls montrant comment et pourquoi ils vont respecter leurs engagements dans le domaine de l’aide. Sans nouvelles cibles et approches pour la mesure des progrs, il ne sera pas possible d’valuer l’importance de l’aide au dveloppement qui arrive effectivement dans les pays en dveloppement. En dbut d’anne, CONCORD a publi un rapport indiquant que si l’UE continuait assurer l’aide au rythme actuel, elle aura en fin de compte dbours 75 milliards d’euros de moins que prvu entre 2005 et 2010. L’UE est le principal bailleur d’aide du monde ; elle a donc un rle capital jouer dans la lutte contre la pauvret mondiale. Pour en savoir plus: www.concordeurope.org * http://www.cso-effectiveness.org/?lang=fr InteractionsSocit civile CONCORD, une voix pour les ONG europennes Andrea Marchesini Reggiani CONCORD (Confdration europenne des ONG d’urgence et de dveloppement), un groupement de 18 rseaux internationaux et de 22 associations nationales d’ONG des Etats membres, fait pression sur les institutions europennes en vue de faire voluer la politique de l’Union Europenne (UE) en faveur des nations en dveloppement. La confdration suit par ailleurs troitement l’aide europenne au dveloppement. Mots cls CONCORD ; ONG ; efficacit de l’aide. CONCORD

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“Plus de politiques de qualit” pour stimuler l’intgration rgionale des nations d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP). Telle est l’une des recommandations d’un document majeur de la direction gnrale du dveloppement, publi la mi-septembre. Le document appelle en outre les 27 Etats membres de l’UE soutenir plus vigoureusement ces politiques dans le cadre de leur aide bilatrale. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Le soutien l’intgration rgionale est un volet cl de la politique de l’UE en faveur des ACP depuis 1979. Cette priorit donne aux rgions se reflte dans les projets d’accords de libre-change avec les six rgions des ACP. La signature du premier accord de ce type est prvue pour cet automne ; il sera conclu avec le Cariforum , le groupement rgional des Carabes. Le doublement de l’aide financire au titre du nouveau et 10e Fonds europen de dveloppement (FED) en faveur des pays ACP, qui atteint prsent 1,78 milliard d’euros, doit permettre de financer les infrastructures, de protger les ressources en eau et les ressources de la mer tout en soutenant les nouveaux APE. Autant de missions qui soulignent l’importance que l’UE accorde au dveloppement rgional. Sur le front politique, l’UE a galement mis en place des “dialogues”, respectivement avec l’Afrique, les Carabes et le Pacifique. Alors que la mondialisation s’acclre, les blocs rgionaux apparaissent dsormais comme les vritables moteurs du dveloppement conomique et social en Afrique, souligne le document. Cette nouvelle communication, intitule “Communication sur l’intgration rgionale pour le dveloppement dans les pays ACP”, fournit matire rflexion pour toutes les institutions et tous les Etats membres de l’UE sur la faon de raliser au mieux ce dveloppement. Le document souligne les avantages de l’intgration rgionale : la stabilit politique, la croissance conomique qui stimule les investissements, instaure la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes et permet des conomies d’chelle. Enfin, toujours selon ce document, la prservation des “biens publics”, comme les produits alimentaires et d’autres ressources naturelles, est mieux ralise l’chelon rgional. > Points faibles Le document examine galement les points faibles qui doivent tre surmonts, comme les capacits institutionnelles insuffisantes l’chelon rgional et national et l’appropriation insuffisante de ces capacits par la socit civile et par les administrations. Les marchs rgionaux restent en outre fragments, les conomies nationales ne sont pas suffisamment diversifies et dpendent fortement d’un petit nombre de produits d’exportation tandis que les rseaux d’infrastructure sont eux aussi insuffisants – routes, chemins de fer, rseau lectrique, rseaux de tlcommunications. Le cot lev des transports interrgionaux et des services publics freine ainsi la croissance conomique. Selon le document, il convient de concentrer les efforts sur l’limination des obstacles techniques au commerce, comme les normes phytosanitaires, et sur l’amlioration de la coordination macroconomique entre partenaires rgionaux afin d’attnuer l’impact de la volatilit des taux de change rgionaux dans les changes intra-rgionaux. Le document insiste aussi sur un dveloppement d’entreprises plus soutenu l’chelon rgional, avec la promotion des rseaux rgionaux de production et d’approvisionnement par les petites et moyennes entreprises (PME). La communication prconise galement la mise en place de forums rgionaux – lorsqu’il n’en existe pas encore – et de commissions parlementaires en charge de la surveillance des Accords de partenariat conomique (APE). Les institutions acadmiques doivent par ailleurs tre encourages analyser les initiatives rgionales et suivre les avances des APE. Le document de la Direction Gnrale du Dveloppement (DG DEV) met galement en lumire la ncessit de promouvoir le rle des sciences et des technologies dans la recherche de solutions pour rduire la pauvret et stimuler la croissance. Enfin, l’existence d’une dimension rgionale doit tre la pierre angulaire des politiques europennes futures dans les pays en dveloppement. L’UE a ainsi recommand le dveloppement de projets au titre de sa facilit de rponse rapide hauteur d’un milliard d’euros, qui vise combattre la flambe des prix alimentaires dans les pays en dveloppement pour la priode 2008-2009. Ce fonds est en voie d’approbation au niveau des institutions europennes (voir rubrique ‘Tour d’horizon’). Le document prvoit galement la possibilit de liens entre les pays ACP et les Pays et Territoires d’outre-mer (PTOM) dont beaucoup ont des ACP pour voisins. D.P. Interactions ACP-UE31 CONCORD, une voix pour les ONG europennes “Plus de politiques de qualit” pour stimuler l’intgration rgionale des nations d’Afrique, des Carabes et du Pacifique (ACP). Telle est l’une des recommandations d’un document majeur de la direction gnrale du dveloppement, publi la mi-septembre. Le document appelle en outre les 27 Etats membres de l’UE soutenir plus vigoureusement ces politiques dans le cadre de leur aide bilatrale. Mots cls Intgration rgionale ; APE ; Facilit alimentaire, science et technologie ; commerce europen ; Debra PercivalRELANCER la dynamique rgionaleProgramme alimentaire en milieu scolaire au Kenya. CONCORD

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32L’annonce par le Premier ministre japonais, Yasuo Fukuda, du doublement de l’aide annuelle de son pays l’Afrique sur les 10 prochaines annes, ce qui la portera 1,4 milliard de dollars, a fait les grands titres. Sans compter un prt de quatre milliards de dollars taux bonifi pour des infrastructures de mme qu’un engagement spcial pour soutenir la production de riz. Pays sans ressources minires et nergtiques, le Japon avait anticip la raret actuelle de ces ressources et la future importance de l’Afrique, de mme que la future omniprsence de son challenger de voisin, la Chine sur ce continent. La premire TICAD s’tait runie en 1993 au creux de l’intrt pour l’Afrique, au temps de “la fatigue de l’aide”. Pour lui venir en aide, il s’tait alors engag mobiliser l’Asie. En 2001, Yoshiro Mori effectua la premire visite d’un Premier ministre japonais en Afrique, en l’occurrence au Kenya, au Nigeria et en Afrique du Sud. Cette anne-l, l’Afrique ne reprsentait que 0,6% des investissements directs extrieurs japonais. En 2006, la perce chinoise tait dj profonde en Afrique. Juste aprs la visite du Prsident Hu Jintao au Ghana, Junichiro Koizumi, Premier ministre japonais, se rend dans ce pays aprs une visite au sige de l’Union Africaine Addis Ababa. Un voyage politique plutt. Parce que le Japon vite d’entrer dans une concurrence ouverte avec la Chine sur le terrain commercial mais surtout parce qu’il lui est imprieux de trouver le support de l’Afrique pour devenir membre permanent du Conseil de scurit de l’ONU. Au moment de la rcente TICAD, les changes commerciaux entre le Japon et l’Afrique totalisent 26,6 milliards de dollars contre 73,5 milliards pour Afrique-Chine. Cela ne fait pas le poids mais c’est dj loin d’tre ngligeable. H.G. C ommerce JAPON. Une partie gopoliticocommercialeLe nouvel intrt pour l’Afrique a contribu mettre en lumire la dernire Confrence internationale de Tokyo sur le dveloppement de l’Afrique TICAD (Yokohama 28-30 mai 2008). La prsence d’un nombre imposant de chefs d’Etat africains et l’annonce par le gouvernement nippon du doublement de son aide l’Afrique dans les 10 ans ont parfait l’clat de cette rencontre. Mais en arrire-plan, c’est une partie gopolitico-commerciale serre que le Japon joue depuis une quinzaine d’annes.Cette consultation en ligne est la premire d’une tude approfondie des diplomates africains, et plus gnralement du monde acadmique et de la socit civile, ralise par la Direction Gnrale du Dveloppement (DG DEV) depuis 2007 et qui affiche des rsultats identiques selon une source de la Commission. Parmi les rares personnes qui estiment que l’heure n’est pas encore un partenariat triangulaire, 86% reprsentent des entreprises europennes qui craignent la concurrence dloyale des entreprises chinoises, lesquelles ne sont pas soumises aux mmes normes commerciales. S’agissant des domaines de coopration futurs prconiss, les personnes interroges citent, par ordre dcroissant : la gestion durable des ressources naturelles, la bonne gouvernance, l’environnement, l’infrastructure, la paix et la scurit, l’ducation et la formation et le dialogue culturel. Les personnes interroges n’envisagent cependant pas toutes de la mme faon le rle des socits civiles dans cette coopration future ainsi que les projets visant promouvoir la bonne gouvernance en Afrique. L’tude conclut nanmoins : “De nouvelles opportunits continuent d’merger, permettant la socit civile de s’engager et d’influencer la nature des relations sino-africaines par le biais de projets et de travaux de recherche communs avec les institutions chinoises et par le biais de contact entre les communauts africaines et les ‘diasporas’ chinoises afin d’amliorer la sensibilisation aux stratgies de rduction de la pauvret mises au point en Chine par les ONG d’Etat (GONGO, Government Non Govern mental Organisations).” Interview par Le Courrier, He Wenping, professeur d’tudes africaines l’Acadmie des sciences sociales de Pkin, commente le document attendu de longue date : “Ce type de dialogue trilatral peut aider les trois entits mieux se comprendre et identifier un dnomina teur commun pour la coopration future.” Et d’ajouter : “Le principe de non-ingrence dans les affaires domestiques ne sera pas modifi dans un avenir proche, tant donn qu’il tmoigne du respect de la souverainet, de l’intgrit territoriale et de la dignit nationale. Toutefois, nous pouvons tmoigner de la flexi bilit et du pragmatisme de la diplomatie chinoise lorsqu’il s’agit d’aborder des questions pineuses, comme le Darfour ou les vellits nuclaires de la Core du Nord.” D.P. Pour les conclusions compltes de l’tude, consultez le lien: ec.europa.eu/development/icenter/repository/ Consultation6Des perspectives pour une politique AFRIQUE-CHINE-UEAlors que la Direction Gnrale du dveloppement de la Commission europenne (CE) s’apprte dvoiler, la mi-octobre, ses plans pour un dialogue futur associant l’UE, l’Afrique et la Chine, une consultation publique de la CE ralise entre la mi-avril et la mi-juin fournit quelques indices sur ce que pense le public d’une telle politique trilatrale.

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UNE POLITIQUE EUROPENNEN. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Commerce 33 L’ambigut BRSILIENNE L’troit partenariat bilatral qui unit l’Inde et l’Afrique a t mis en vidence par l’organisation d’un sommet New Delhi, les 8 et 9 avril dernier, l’initiative de l’Union Africaine (UA). C’tait la premire fois qu’tait organise une runion associant des chefs d’Etat et de gouvernement d’Inde et d’Afrique ainsi que 14 reprsentants gouvernementaux africains, notamment d’Afrique du Sud, du Ghana, du Nigeria, du Sngal, de Zambie et de Tanzanie. Les discussions devaient porter sur la cration d’un nouveau partenariat conomique stratgique. Les priorits de l’ordre du jour taient les questions commerciales, les investisse ments, la scurit nergtique, le maintien de la paix et le rchauffement plantaire. Qualifiant l’Afrique de “terre d’veil”, le Premier ministre indien Manmohan Singh a annonc qu’il mettrait en place des prfrences commerciales en faveur des 34 PMA (pays moins avancs) d’Afrique. Il a t convenu de renforcer la coopration dans le domaine de l’intgration rgionale, de la politique, des sciences, des technologies, de l’assainissement et de la lutte contre la pauvret et de mettre en place des mesures pour aider les petits propritaires terriens indiens respecter les normes de qualit et de scurit dans le secteur de la production alimentaire. Quant aux futures politiques de l’UE en faveur de l’Afrique, M. Holslag formule la recommandation suivante : “Nous devrions parvenir un consensus ascendant avec tous les amis de l’Afrique, un consensus qui renonce aux intrts court terme au profit d’un objectif de stabilit long terme.” D.P. * www.vub.ac.be/biccsNous comptons sur le Brsil pour tre un partenaire important dans le processus de renouveau du continent africain”, dclarait l’ex-Prsident de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, au lendemain de sa rencontre, en novembre 2003, avec son homologue brsilien, Luis Incio “Lula” da Silva. Lula ne l’aura pas du : trois tournes sur le continent africain en moins de deux ans, neuf pays visits et des dizaines de projets signs dans des secteurs comme les mines, le ptrole, l’agriculture, ou encore la production de mdicaments gnriques et de biocarburants o Brasilia offre son know-how. Au-del de l’obligation “politique, morale et historique” invoque par Lula, il s’agit surtout de construire un nouvel axe “Sud-Sud”. En tmoigne l’alliance tripartite mise sur pied avec l’Inde et l’Afrique du Sud et surtout son rle de “dfenseur des pays en dveloppement” au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Paralllement, le Brsil affirme ses liens avec les pays industrialiss, singulirement l’Union Europenne avec laquelle il a sign en juillet dernier un “partenariat stratgique”. Tout comme les Etats-Unis, ce sont les biocarburants brsiliens, trs concurrentiels, qui intressent l’UE engage jusqu’ici dans un ambitieux programme de substitution du ptrole dans les transports. Mais comment l’UE peroit-elle la prsence brsilienne en Afrique ? Comme l’indiquait en septembre 2007 au Courrier Manuel Lobo Antunes, Secrtaire d’Etat portugais aux Affaires europennes : “nous ne pouvons qu’appuyer toutes les initiatives de dialogue que le Brsil veut avoir avec le continent africain. Pour nous, c’est important, pour une globalisation plus rgule et plus quilibre”. Reste une autre question, pose par l’conomiste A.-C. Peixoto : “Jusqu’ quand le Brsil pourra-t-il maintenir cette ambigut fondamentale qui l’amne se rapprocher du Tiers-Monde, tout en se dclarant solidaire de l’Occident et en ayant le but avou de pouvoir rejoindre un jour le cercle restreint et ferm des grandes puissances ?”. M.M.B. www.vub.ac.be/biccsUNE POLITIQUE EUROPENNE pour tous les amis de l’Afrique ?“L’UE doit viter de mettre en uvre une politique africaine sino-centrique. Nous pouvons en effet nous demander si une communication entirement ddie la Chine est vraiment souhaitable dans un contexte stratgique domin par plusieurs autres acteurs, comme les Etats-Unis et l’Inde.” C’est ce qu’a expliqu au Courier Jonathan Holslag, directeur de la recherche l’Institut de recherche sur la Chine contemporaine de Bruxelles (BIC). Mots cls Inde ; Afrique ; Jonathan Holslag ; Institut de recherche sur la Chine contemporaine de Bruxelles ; Debra Percival. Immeubles rflchis sur les faades de la Bourse de Rio de Janeiro, au Brsil Elder Salles. Photo de BigstockPhoto.com Mots-clsBrsil ; Afrique du Sud ; Marie-Martine Buckens.

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34Ba Diallo est assis derrire son grand bureau lustr, entour de photos tmoins de ses exploits sur le ring. Des yeux ptillants dans un visage ouvert, un tee-shirt flamboyant moulant un corps d’athlte. Il est quatorze heures trente, il fait chaud, on est en plein t et la vie politique s’est quelque peu assoupie. Un moment de rpit dans une vie trpidante. En guise d’introduction : “cela fait un an et demi que je demande un nouveau bureau, mais quand on travaille pour la commune c’est compliqu, il faut passer par un march public.” Soupir. “Avant, j’tait boxeur, chef d’entreprise aussi.” Il se ressaisit : “je m’entrane encore, mais je ne fais plus de comptition depuis un an. Et des entreprises, j’en ai encore ; ici, mais en GuineConakry aussi, mon pays d’origine.” On frappe la porte, un de ses jeunes assistants s’excuse, traverse le bureau pour s’engouffrer dans la pice voisine. Sourire patient de Ba : “cela Z oom Une journe dans la vie de Ba Dial loDu ring de boxe l’arne politique et sociale Il est l. Au premier tage d’un immeuble un peu vtuste, un de ces immeubles des annes 50, qui abrite ple-mle la bibliothque de la commune d’Ixelles, une des 19 communes que compte Bruxelles, et les locaux de l’chevinat de l’Emploi, de la Famille, de la Jeunesse et de l’Insertion sociale. Tout un programme pour cet ancien boxeur professionnel pass la politique, la demande expresse des lus locaux qui voient en lui un parangon d’intgration sociale.

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fait galement un an et demi qu’on attend que la commune perce le mur ct pour permettre au staff d’aller dans leur bureau sans devoir passer par le mien.”> La boxe comme coleRetour en arrire. Un retour que Ba Diallo dcrit de bonne grce, avec lucidit et cette nergie fougueuse qui a sduit une frange impressionnante d’lecteurs bruxellois. Sa naissance en 1971 au Libria o son pre, guinen, occupe le poste d’ambassadeur. Puis c’est la France, la France du Front National mais aussi de SOS Racisme et de la campagne Touche pas mon pote. “A l’poque j’tais un rvolt et mme un violent. Je tranais dans les rues, je me bagarrais la moindre occasion. Mes parents ne me comprenaient plus. Je m’loignais chaque jour des valeurs qu’ils m’avaient inculques.” Un jour, en revenant d’un concert, “on tait cinq entre 11 et 12 ans, avec mon copain yougoslave, fils du concierge”, Ba est pris dans une rixe avec des skinheads. “J’ai russi m’chapper mais mon copain s’est retrouv l’hpital, un il en moins et moiti paralys.” Plus que jamais, il est en proie la frustration. Il s’en prend une enseignante qui l’a mortifi au plus profond de son identit. “Ne parvenant pas m’exprimer, je suis devenu violent et, paradoxalement, raciste.” “Ma chance, c’est que mon pre a t dplac Bruxelles. En Belgique, je n’ai pas rencontr la mme hypocrisie qu’en France o l’on accepte les gens que s’ils sont intressants’, comme dans le sport.” Ba est toujours rvolt et bagarreur. “Mais la chance m’a souri. Nous avions form un groupe, un Turc, deux Maghrbins, un Belge et moi, et nous allions nous entraner dans le parc avec des gants de boxe. Un jour, le Turc a trouv une salle de boxe o on pouvait s’entraner sans l’autorisation des parents.” Et c’est le choc. Il y dcouvre un autre monde. “On a pris des claques. Dans la rue, ce n’est pas le plus fort qui gagne, c’est souvent le plus lche”. Sur les cinq du groupe, trois n’acceptent pas ces nouvelles rgles et abandonnent. Ba et son ami belge, Jean-Franois, restent. “La boxe m’a sauv. J’y ai rencontr des gens d’origine et de classes trs diffrentes, partageant la mme passion. Cela m’a marqu, car j’tais ferm, dans mon clan.” Trs vite, le “novice trs dou” comme le qualifie la presse spcialise, gravit les chelons de la renomme. A plusieurs reprises, il dfend son titre de champion IBF intercontinental des poids moyens. Ba aurait pu faire carrire, “mais en mme temps, je voulais rester indpendant”. Il n’a pas oubli son pass. Pour venir en aide aux jeunes dlinquants, il met sur pied, beau paradoxe, une socit de gardiennage, Champ’Angels. “Quand j’tais plus jeune et que je voyais un gardien, antipathique, provocateur, peu sr de lui, j’avais plutt envie de l’agresser !” Les gardiens de Champ’Angels seront donc des sportifs, souvent issus de ces quartiers dits difficiles, qui aux prises avec des dlinquants les orientent vers le thtre, la boxe ou le football. Champ’Angels est victime de son succs. En attendant Ba a dcid de faire des tudes et sort diplm de l’Universit Libre de Bruxelles avec un diplme d’conomie et de marketing. Ensuite, c’est la mise sur pied de My Choice, une association qui s’adresse aux jeunes des coles “discrimination positive”. “Cette anne j’ai t dans une trentaine d’coles, j’ai rencontr des jeunes, parfois on partage une journe d’entranement.” Un combat que ce nouveau Belge – il est naturalis en 1998 – mne aussi dans son pays d’origine, la Guine, avec sa fondation Ba Diallo. Les initiatives pleuvent, centre mdical, terrain de jeu et mme une entreprise de transports publics. Avec des succs mitigs. Sa fiert : le club de football de Conakry, Hafia FC dont il est prsident. “J’ai repris ce club en 2000. Ce n’est pas encore gagn. Je dis ces jeunes joueurs, qui rvent un jour d’tre reconnus en Europe : vous pouvez jouer, mais apprenez aussi un mtier ou tudiez. Pour viter qu’ils ne tombent aux mains d’entreprises europennes vreuses qui leur promettent monts et merveilles et qui les lchent dans la rue s’ils n’ont pas t retenus, je les encadre. S’ils ne russissent pas leur test en Europe, ils retournent dans leur club en Guine o on leur donne un salaire.”> 48 ides en 24 heuresIl est 16 heures. Les assistants de Ba l’attendent visiblement derrire la porte. “Nous sommes en horaire d’t, la journe sera moins longue que d’habitude.” Et quelles journes ! Lever six heures (“avant quand j’tais pro, c’tait quatre heures”), une heure de jogging et ensuite djeuner avec les enfants. Car Ba Diallo a quatre enfants ! Deux qu’il a adopt de sa femme belge, “ils ont 17 et 22 ans”, et deux venus ensuite : Ibrahim, 9 ans et Julia, 6 ans. Le temps de les dposer l’cole – “ma femme part 7 h 30” – et le carrousel des runions politiques commence : la commune, les lundis et jeudis, au Parlement bruxellois les mardis, sans compter les runions du collge communal, des commissions parlementaires et les permanences o l’on coute les gens du quartier. “Parfois, c’est difficile. Heureusement, il y a du concret, notamment quand je peux relayer au Parlement, sous forme de projet de loi, les problmes rencontrs sur le terrain. J’ai toujours 48 ides en tte et il est difficile de me suivre.” Et le week-end : “j’ai encore des engagements mais j’essaie de me consacrer ma famille.” A ses enfants, sa femme qui lui rappelle rgulirement : “ce qui est important, ce n’est pas la quantit de temps pass avec nous, mais la qualit.” M.M.B. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Zoom 35 Mots-clsBa Diallo ; boxe ; Belgique ; Bruxelles ; Guine-Conakry ; football ; dveloppement; Marie-Martine Buckens.Affiche de Ba Diallo dans son bureau (l’ex boxeur est votre gauche) 2008. Marie-Martine Buckens

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Les coupures de courant qui empoisonnent le quotidien des Sud-Africains et de leurs voisins souvent dpendant de Pretoria pour leurs besoins en nergie, pourraient tre largement compenses si cette locomotive de l’Afrique australe se dcidait recourir massivement aux nergies renouvelables.36C’est du moins l’avis du Partenariat international pour les nergies renouvelables et l’efficacit nergtique, REEEP (Renewable Energy and Energy Efficiency Partnership), cr au lendemain du Sommet de Johannesburg sur le dveloppement durable en 2002, et financ par une quarantaine de pays industrialiss et la Commission europenne.> Un long cheminPour l’heure, l’Afrique du Sud recourt pour l’essentiel (prs de 90%) au charbon pour produire son lectricit. Le reste tant partag entre la centrale nuclaire de Koeberg et l’hydrolectrique, laissant quelques miettes au solaire et, bientt, l’olien. Le REEEP, de mme que des associations comme Earthlife Africa, entendent bien exploiter les coupures incessantes d’lectricit de la compagnie publique sud-africaine Eskom pour plaider leurs dossiers. Ils ne sont pas les seuls. Selon la firme internationale de consultance Frost & Sullivan, “l’Afrique du Sud est idale ment situe pour le solaire, mais aussi pour l’olien et le biogaz () ce qui signifie qu’il est de plus en plus important d’encourager D e la terre AFRIQUE AUSTRALELes coupures de courant qui empoisonnent le quotidien des Sud-Africains et de leurs voisins souvent dpendant de Pretoria pour leurs besoins en nergie, pourraient tre largement compenses si cette locomotive de l’Afrique australe se dcidait recourir massivement aux nergies renouvelables. EWEA/WINTER DES RENOUVELABLES Le pari, vital, DES RENOUVELABLES

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008l’investissement priv dans le secteur des renouvelables”. Idem, estime la firme, pour la Namibie dont le secteur de l’lectricit va connatre une croissance trs forte au cours de ces prochaines annes, et qui dpend pour l’heure de la sud-africaine Eskom pour 80% de son approvisionnement. Une dpendance qu’elle partage avec d’autres pays de l’Afrique australe dont la Zambie. Les dlestages d’Eskom plombent ainsi par ricochet non seulement l’conomie sud-africaine mais celle de ses voisins. Le REEEP est sans appel : la crise lectrique dans l’ensemble de la Communaut de dveloppe ment d’Afrique australe (SADC) – une crise qui, selon Frost & Sullivan devrait perdurer jusqu’en 2012 – est sans doute le facteur de risque le plus important pesant sur le dveloppement conomique de la rgion.> Renforcer la coopration rgionaleBien que le gouvernement sud-africain se soit dot d’une nouvelle politique en matire d’nergies renouvelables, il reste relativement peu ambitieux, puisqu’il vise moyen terme moins de 3% de la consommation totale en nergie. Selon REEEP, ce chiffre pourrait tre facilement port 50% d’ici 2050. Mais deux conditions : renforcer la planification rgionale – notamment au travers du RERA (le programme Energie de la SADC) et du SAPP (le Southern African Power Pool) – et instaurer des contrats long terme pour garantir l’approvisionnement en renouvela bles et attirer les investisseurs privs. Autre talon d’Achille d’une politique volontariste en matire de renouvelables : le prix extrme ment bas de l’lectricit sud-africaine – l’une des quatre moins chres au monde – rsultat de 20 ans de surcapacits rattrapes par la croissance conomique sans rformes appropries de l’Etat. Ce dernier semble toutefois prt relever le prix de l’lectricit de prs de 70%, ce qui rendrait les renouvelables presque comptitives.> Premires initiativesEskom n’est cependant pas reste inactive. En tmoignent ses deux projets phares d’nergies renouvelables. Son parc d’oliennes sur la ct Atlantique dont les premires turbines construites ont commenc alimenter le rseau de Cape Town. Et la centrale hliothermique Upington, l’un des points du monde o la radiation solaire est la plus leve. Production escompte : 100 mgawatts (MW) chacun, soit quelques lectrons peine parmi les 40,5 gigawatts (GW) produits en 2004 par l’Afrique du Sud. Mais ces deux projets n’en restent pas moins les plus importants dans l’Afrique subsaharienne. Et c’est sans compter sur la construction, prvue en 2009, du troisime barrage hydrolec trique du site d’Inga dans le Bas-Congo lequel pourrait, selon ses promoteurs, alimenter en lectricit toute l’Afrique australe d’ici 2021. Mais il est vrai que les “grands” barrages ne sont pas comptabiliss dans la liste des nergies dites renouvelables. M.M.B. De la Terre 37 Mots clsEnergies renouvelables ; lectricit ; SADC ; REEEP ; Facilit ACP-UE Energie Afrique du Sud ; Eskom Des fonds UE pour les zones rurales du MozambiqueLes grands oublis de l’lectrification de l’Afrique restent les zones rurales, les gouvernements donnant la priorit aux zones urbaines, dcourags galement par le cot de mise en rseau de rgions souvent loignes des grands centres de consommation. Or c’est prcisment dans ce cas que les nergies renouvelables, le solaire en particulier, peuvent intervenir de manire pertinente. En tmoigne, l’initiative finance par la Facilit ACP-UE pour l’Energie, dote d’un budget global de 220 millions d’euros. But du projet : l’lectrification, “hors rseau” et grce l’nergie solaire, des centres de sant et des logements du personnel situs dans les zones rurales des provinces de Nampula et Zambzia au Mozambique. Des “centres de services nergtiques” seront crs et seront grs par des coopratives, qui seront en charge des activits oprationnelles. Outre la fourniture d’lectricit aux centres de sant, une partie de l’nergie produite sera galement utilise pour des activits gnratrices de revenus (chargement de batteries, broyage/pilage mcanis etc.). L’action vise galement augmenter la capacit locale pour l’installation, la gestion et la maintenance des systmes photovoltaques. Le projet, d’une dure de cinq ans (2008/2012) et financ hauteur de 1,9 million d’euros par la facilit, prvoit l’lectrification de 60 centres de sant et la cration de 25 centres de services nergtiques grs par des coopratives qui devront tre cres d’ici la fin du projet. L a “feuille de route” de DakarPorter 10 milliards de dollars dans les cinq prochaines annes (2009-2014) contre moins d’un milliard aujourd’hui, les investissements dans les nergies renouvelables en Afrique, telle est l’ambition affiche par les participants la Confrence internationale sur les nergies renouvelables organise du 16 au 18 avril dernier dans la capitale sngalaise. A l’issue de leurs travaux de trois jours, les participants ont galement dcid travers une dclaration de Dakar, de mettre sur pied un comit ministriel charg du dveloppement des nergies renouvelables en Afrique, appuy par une structure de coordination. La confrence, organise par le gouvernement du Sngal, l’Union Africaine, la Coopration allemande et l’Organisation des Nations Unies pour le dveloppement industriel (ONUDI), a d’autre part adopt un plan d’action reposant sur les politiques, les rglementations, le cadre institutionnel, le dveloppement des stratgies financires en matire d’nergies renouvelables comme base de dveloppement des entreprises et de l’industrie.

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38 R eportage MADAGASCARMadagascar, l’le-continent, l’le tiraille entre son repli sur sa “terre des anctres” vnrs, comme en tmoigne la longue litanie de tombeaux mausoles qui jalonnent les routes du sud, protgs par de multiples fadys (interdits), et son ouverture au monde incarne par Marc Ravalomanana, le Prsident lu voici sept ans par une population exsangue, lasse par un pouvoir dliquescent. Une ouverture volontariste dont les grands principes sont inscrits dans le MAP, le Plan d’Action Madagascar, vritable feuille de route dont l’ambition est de dfinitivement rayer le pays de la liste peu envieuse des pays les plus pauvres du monde. L’nergie dploye par le Prsident pour convaincre les bailleurs de fonds, au premier rang desquels l’Union Europenne, semble jusqu’ prsent porter ses fruits, mme si sa volont d’agir vite, en rupture avec le “mora-mora” (doucement-doucement) fondement d’une certaine philosophie de vie des Malgaches et sa vision d’homme d’affaires bousculent les habitudes des Malgaches, souvent ptris de retenue.Un reportage de Marie-Martine Buckens

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008 39 R eportage Ancre 400 km de l’Afrique de l’Est, grande comme une fois et demi la France, son origine serait divine. Ses habitants vous diront vous le vazaha (l’tranger) qu’ils font sans doute partie de l’Afrique mais qu’ils ne sont pas Africains. Ils sont Malgaches. Malgaches mais merina, betsileo, betsimisaraka, sakalava autant d’ethnies (18 au total) parlant sa varit linguistique du malgache. Et c’est l un des miracles de l’le : un concentr de civilisation austronsienne mtisse aux cultures bantoues, arabes et europennes, parlant une langue unique, cohabitant pacifiquement. Depuis quand ? L les supputations commencent, faisant le dlice des anthropologues et des scientifiques. Selon la tradition orale, les Vazimbas auraient t les premiers habiter l’le il y a 1.500 ans. Peuple mythique, il aurait t cras par les vagues successives d’Indonsiens et Malayo-polynsiens (dont la langue malgache est issue) qui occuprent les plateaux centraux. Les ctes seront progressivement peuples par des Arabes, des Noirs, probablement d’anciens esclaves. Le XVIIe sicle compte dj de nombreux royaumes indpendants. Sur la cte orientale, les Betsimisaraka assoient leur autorit, alors que sur les Hautes Terres, les royaumes Betsileo mais surtout Merina tendent leur domination. Le XIXe sicle voit l’mergence de l’expansion Merina grce l’uvre unificatrice de Andrianampoinimerina (1786-1810) qui rsuma son ambition territoriale par : “La mer sera la limite de ma rizire”. Son fils Radama 1er conquiert toute l’le, aid par les Britanniques; vint ensuite le rgne de la reine Ranavalona 1re (1828-1861) marqu par une politique antieuropenne et anti-chrtienne. Son fils, Radama II rouvre le pays aux puissances coloniales ; l’oligarchie malgache, inquite, le fait trangler en 1863. Le chef de l’arme Rainilaiarivony, merina, devient Premier ministre et pouse successivement trois reines, conservant le pouvoir durant plus de 30 ans (1864-1895). Une priode marque par un dveloppement de la scolarisation et de l’vanglisation, et l’impression de la premire bible en malgache ds 1835. La France dcide de lancer en 1895 un corps expditionnaire jusqu’ Tananarive, ce qui dbouche sur le trait du 1er octobre 1895 confirmant le “protectorat”. Le trait enlve la monarchie tout pouvoir au profit du Rsident Gnral. Face l’autorit coloniale, une rsistance locale se dveloppe, se radicalise jusqu’ l’insurrection de 1947, terriblement rprime. Le 26 juin 1960, l’indpendance du pays est proclame. Depuis son indpendance, Madagascar a connu trois rpubliques. Le premier Prsident Philibert Tsiranana laisse en hritage un solide rseau scolaire mais une conomie dliquescente. Il est destitu en 1972 par le Gnral Gabriel Ramanantsoa. Suit une priode d’instabilit dbouchant sur l’lection de Didier Ratsiraka, le Prsident qui laissera en mmoire la socialisation force du pays. La grogne sociale est telle qu’il accepte en 1991 la cration d’un gouvernement d’Union nationale de transition. En 1993 Albert Zafy est lu Prsident de la IIIe Rpublique .Mais sa msentente avec son Premier ministre dstabilise son rgime ; Didier Ratsiraka est rlu en 1997. Il modifie la Constitution et met en place un rgime prsidentiel fort. Il se prsente pour un deuxime mandat en dcembre 2001. Son challenger, Marc Ravalomanana, conteste le verdict. La communaut internationale s’implique. Un nouveau dcompte des voix donne finalement la victoire au challenger. Ce dernier est rlu fin 2006. M.M.B. MadagascarHISTOIRE singulireDernier vestige gologique de la drive il y a plus de 160 millions d’annes du super continent Gondwana, Madagascar, l’le rouge, aime cultiver le mystre de ses origines. Mots-clsGondwana ; Madagascar ; histoire ; MarieMartine Buckens.Au centre d’Antananarivo, le lac Anosy en forme de coeur et son Ange noir 2008 Marie-Martine Buckens Reportage

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40Apeine rlu pour cinq ans la tte du pays, le Prsident Marc Ravalomanana lance, dbut 2007, son Plan d’Action Madagascar, plus connu sous son acronyme anglais, le MAP. Rvlateur : le MAP emprunte la culture anglo-saxonne son ct pragmatique, l’image du Prsident, un “self-made man” qui, dans la dernire rforme de la Constitution, a introduit l’anglais comme langue officielle – aux cts du malagasy et du franais. Le MAP se qualifie lui-mme de “Plan Audacieux pour le Dveloppement Rapide”. Et pour cause : il se donne en effet huit ans pour raliser les Objectifs du millnaire pour le dveloppement. “Depuis son lancement, le MAP a dj permis de redonner un certain dynamisme la croissance conomique, mme si le contexte international reste difficile. La pauvret a recul de 80 68% de la population entre 2002 et 2005”. A l’inverse de la majorit des autres pays ACP, la politique de dveloppement de Madagascar est “un produit du gouvernement, totalement en ligne avec la dclaration de Paris sur l’efficacit de l’aide”, ajoute de son ct l’Ambassadeur de Madagascar auprs de l’UE, S.E.M. Jeannot Rakotomalala. L’Union Europenne, premier bailleur de fonds, a largement apport son aide et son soutien au MAP, afin, poursuit l’Ambassadeur “d’en faire un modle de dveloppement pour les autres pays en dveloppement”. Pour preuve, en juin 2008, une confrence regroupant Antananarivo tous les grands bailleurs de fonds – notamment la Commission europenne, la Banque africaine de dveloppement, la Banque mondiale, le Fonds montaire international, et de nouveaux partenaires europens – a tent d’valuer la contribution de chaque donateur au MAP. “C’est la premire fois depuis 48 ans d’indpendance : Madagascar a invers le processus en prenant le leadership, tous les bailleurs ayant accept de s’aligner sur le MAP”, note l’Ambassadeur. Charles Rabemananjara de son ct souligne l’appui apport par l’UE au processus, mais surtout “sa grande force, et la flexibilit dont elle fait preuve face la ralit que nous vivons”. M.M.B. ReportageMadagascar “Nous voulons tre UN EXEMPLE pour les autres pays ACP”Le Plan d’Action Madagascar est l’instrument essentiel du gouvernement pour lutter contre la pauvret, explique Charles Rabemananjara, Premier ministre. Mots-clsPlan d’Action Madagascar ; Marc Ravalomanana ; Jeannot Rakotomalala ; efficacit de l’aide ; Marie-Martine Buckens. Six rformes Le Plan qui s’attaque tant au front social qu’conomique, se dcline en six rformes : les finances publiques (contrle strict du budget et rforme drastique de la fiscalit – le taux de pression fiscale, 10,3% du PIB en 2007, est l’un des plus bas en Afrique), les investissements (une nouvelle loi sur la garantie aux investisseurs a t introduite, de mme qu’un guichet unique, loi en prparation afin de garantir l’accs des trangers la proprit, lutte contre la corruption), la rforme agricole (introduction de la “rvolution verte”), la scurit publique (lutte renforce contre les “dahalos”, voleurs de btail considrs comme un vritable flau, la pche illgale, la contrebande de pierres et bois prcieux), planification familiale, lutte contre le paludisme et le sida (lequel reste contenu 1% contre 30% en Afrique du Sud), rforme d’un systme judiciaire relativement corrompu et d’un systme carcral obsolte. Un plan fortement dpendant de l’aide extrieure. En 2008, l’aide publique au dveloppement reprsentait 36% du budget (7% du PIB), dont 51% sous forme de dons (dont l’UE). Pour la priode 2005-2007, les allocations se montaient 350 millions d’euros, dont 24% provenaient de la Commission europenne, 6% de la France et 2% de l’Allemagne. Sur les hauteurs d’Antananarivo 2008. Marie-Martine Buckens

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Reportage Madagascar41 “UN ESPACE DE STABILIT o les ressources peuvent tre mobilises pour le dveloppement”Jean-Claude Boidin, Chef de la Dlgation de la Commission europenne MadagascarInterview par Marie-Martine Buckens Marie-Martine Buckens

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42 ReportageMadagascar Mots-clsJean-Claude Boidin ; Madagascar ; Dlgation de la Commission europenne ; FED ; Aide publique au dveloppement ; pauvret ; Marie-Martine Buckens.Q uelle place Madagascar occupet-elle dans les relations entre l’Union Europenne et les pays d’Afrique, Carabes et Pacifique (ACP), et l’intrieur de cette constellation ACP ? Madagascar occupe une place particulire, bien des gards. C’est d’abord l’un des pays fondateurs du futur Groupe ACP. Ds 1963, bien avant la Convention de Lom, Madagascar et 17 pays africains signent Yaound, au Cameroun, un premier partenariat historique avec les pays de la Communaut europenne. Ensuite, et il convient de le souligner, le pays connat une grande stabilit depuis son indpendance, malgr plusieurs priodes de transition politique tendues ; il n’a pas connu de guerres ou de conflits ouverts, contrairement bien des pays africains. Madagascar reprsente ainsi un espace de stabilit et de relative paix sociale o les ressources peuvent tre mobilises pour le dveloppement. Madagascar compte parmi les pays les plus pauvres de la plante. C’est ce titre qu’il figure parmi les cinq premiers bnficiaires des Fonds europens de dveloppement (FED) allous aux pays ACP. Mais c’est aussi un partenaire trs performant. Le fait qu’il ait particulirement bien utilis l’aide europenne, surtout depuis le huitime FED, lui a valu une forte augmentation des ressources. Autre particularit, son insularit, qui fait qu’il est plus difficile pour ce pays de s’insrer pleinement dans des schmas de coopration rgionale. Certes, Madagascar appartient plusieurs organisations rgionales, telles le march commun de l’Afrique de l’Est et australe (COMESA), la SADC (Communaut de dveloppement d’Afrique australe) ou encore la Commission de l’ocan Indien (COI) et le pays a adopt depuis 2004 une stratgie d’intgration dynamique ; mais du fait de sa position particulire, les possibilits de coopration sont par nature limites. Quels sont les grands dfis que l’le doit relever et dans quels domaines l’UE peut-elle apporter sa contribution ? Le premier dfi est sans conteste la pauvret qui est encore trs grande. Le revenu moyen des Malgaches est de 350 dollars/an et 68% de la population vit en dessous du seuil de pauvret. Lutter contre cette pauvret requiert la poursuite d’une croissance forte, et ce pendant une longue priode. Le second dfi, qui est li au premier, est celui de l’quit. La distribution des fruits de la croissance reste trs ingale. Bien que depuis 2002 nous assistons une croissance conomique soutenue, en particulier dans les secteurs de la construction, des mines et du tourisme, celle-ci ne se diffuse pas partout. Un grand nombre de ruraux n’en profitent pas, les ples de croissance (prs des zones minires ou des sites touristiques) restant relativement isols du reste de l’conomie, dans un pays o beaucoup de rgions sont encore enclaves. En troisime lieu, je citerais la prservation de l’environnement. Madagascar est trs riche en biodiversit, riche en eau et en sols fertiles mais cette richesse est menace par une double croissance, dmographique et conomique. Enfin le quatrime dfi est li l’intgration rgionale que j’voquais plus haut. En clair, il s’agit de relever le dfi de l’insertion dans l’conomie mondiale. Madagascar doit choisir dans quels types d’changes et dans quels schmas de coopration elle veut s’inscrire. “Madagascar compte parmi les pays les plus pauvres de la plante ; mais c’est aussi un partenaire trs performant” La contribution de l’UE au dveloppement de Madagascar s’articule autour de trois grands objectifs : la lutte contre la pauvret – par la construction de routes et le dveloppement rural –, l’insertion dans l’conomie mondiale – au travers des Accords de partenariat conomique (APE) et de nos fonds de coopration rgionale – et enfin la consolidation de la gouvernance – travers l’aide budgtaire et de nombreuses actions d’appui institutionnel. Ce qu’il faut garder l’esprit c’est qu’au travers du FED nous apportons des subventions et non des prts, comme c’est le cas par exemple de la Banque europenne d’investissement, de la Banque africaine, de la Banque mondiale ou de certaines aides bilatrales. Lorsqu’il s’agit d’investir dans des secteurs particulirement rentables, comme dans le secteur nergtique, minier ou les infrastructures portuaires, il est naturel de recourir des prts. Alors que les financements longs et concessionnels sont ncessaires pour entreprendre des investissements structurants, moins rentables, et de trs longue dure comme les grandes routes nationales ou l’quipement de base des communes rurales. C’est le cas du FED dont les ressources sont affectes en priorit des projets dans les rgions enclaves, dfavorises, comme c’est le cas dans le Sud du pays. En construisant des routes (40% du budget du FED), en finanant le dveloppement rural et local (20%), nous aidons Madagascar construire une conomie plus quilibre qui devrait viter des migrations forces vers les centres urbains. Enfin, 30% des ressources sont affectes l’appui budgtaire et 10% des actions “hors concentration” (appui la justice, etc.). Ces orientations du FED se sont dessines ds les annes 1990, et affirmes nettement partir du neuvime FED. Pour le dixime FED, le gouvernement a choisi de retenir les mmes priorits, mais avec des fonds plus importants encore : l’UE est devenue aujourd’hui le premier bailleur d’Aide publique au dveloppement (APD) Madagascar. Outre vos responsabilits au sige de la Commission europenne Bruxelles, vous avez sjourn dans plusieurs pays ACP comme le Burkina Faso et l’Ethiopie. Par rapport ce parcours, qu’est-ce que les Malgaches vous ont apport en termes de richesse humaine et professionnelle ? La population de Madagascar m’a beaucoup appris, et nous amne rflchir sur les valeurs de nos propres socits. Je citerais tout d’abord son calme et le respect qui marque les relations sociales. C’est une socit trs courtoise, police, la recherche de l’harmonie, o les tensions ne s’expriment pas de faon agressive. Ensuite, il y a le sens du travail prcis, bien fait, que l’on retrouve dans l’artisanat ou le soin mis aux cultures traditionnelles mais aussi dans l’administration ou l’industrie. Ce caractre assidu, consciencieux, ce souci de prendre le temps ncessaire, sont trop souvent absents des socits qui vivent dans l’urgence. Je suis frapp galement par la rsilience des populations, souvent trs dmunies, et leur capacit accepter avec courage les circonstances difficiles, que ce soit la pauvret, les effets des cyclones ou les inondations. Enfin, chacun ressent ici la force de la dimension spirituelle. Dans une socit qui reste trs structure, la foi, la pratique religieuse et le respect des valeurs traditionnelles – notamment l’gard de la famille et des anctres – sont profonds, et les proccupations matrielles ne viennent souvent qu’au second plan. Ceci influence ncessairement le cours du dveloppement et notre travail de coopration. M.M.B.

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Ivohasina Razafimahefa, Ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, plaide pour de nouvelles mesures d’accompagnement qui permettraient de renforcer la “capacit d’offre” de Madagascar.N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008“J e suis convaincu que le commerce extrieur peut permettre d’amliorer le bien-tre de la population” nous dclare d’emble Ivohasina Razafimahefa. Cet conomiste, jeune (il a peine 35 ans), sait de quoi il parle. Sa thse de doctorat dfendue l’Universit japonaise de Kob en 2005, ne portait-elle pas sur “Comptitivit internationale dynamique et bien-tre national : le cas des pays en dveloppement, en particulier des pays subsahariens” ? Pas tonnant donc que le Prsident Marc Ravalomanana – qui a fait de l’ouverture de Madagascar l’conomie mondiale la cl de voute de son programme – l’ait plac un poste stratgique, celui de l’conomie, du commerce et de l’industrie. Un poste qu’il occupe depuis octobre 2007 aprs avoir t “l’homme de l’ombre de la Prsidence” comme le qualifie la presse, en tant que Secrtaire gnral du MAP. Et qui dit commerce extrieur, dit, actualit oblige, Accords de partenariat conomique (APE). “En ce moment (NDLR : nous sommes le 22 aot) des hauts fonctionnaires des pays membres du groupe Afrique orientale et australe (AfOA) sont runis dans la capitale malgache afin d’avancer dans les ngociations sur les APE avec l’Union Europenne”. Des ngociations qui s’annoncent serres. Sur les 16 pays membres de l’AfOA, 10 dont Madagascar ont sign un Accord intrimaire en dcembre 2007, vu l’impossibilit de conclure les APE dans le dlai Reportage Madagascar43 Redresser la comptitivit et doubler la PRODUCTION ALIMENTAIRE Le dfi de l’agroalimentaireAssurer la scurit alimentaire et dgager des surplus exportables : tel est l’objectif de la “rvolution verte” inscrite dans le Plan d’Action Madagascar. Pour cela, explique Philibert Rakotoson, Secrtaire gnral au Ministre de l’Agriculture, “il nous faut doubler la production alimentaire”. Un dfi de taille pour une conomie caractrise par des petites exploitations extensives, fragilise par un rgime foncier souvent alatoire (en 2006, 10% du territoire taient dots de titres et de certificats fonciers), sans compter les difficults rencontres par les paysans (80% de la population) accder au crdit. “Autant de problmes auxquels le MAP s’attaque. Mais, attention, il ne s’agit pas de reproduire la premire rvolution verte engage en Afrique, prvient le Secrtaire gnral. Elle n’a pas fonctionn car elle a t copie sur le modle asiatique. On a voulu privatiser les intrants sans disposer d’infrastructures adquates ; c’est cela qui a fait la diffrence”. Et de poursuivre : “c’est ainsi que l’essentiel de l’agriculture malgache est reste dans les hauts plateaux sans entrer dans les villages ctiers qui avaient besoin de ces intrants”. Le dveloppement des infrastructures, une grande priorit pour dsenclaver le monde rural ? “Certainement, condition que l’on n’oublie pas le facteur humain, au travers notamment de la formation”. Pour assurer ce double objectif, le MAP s’attaque une autre caractristique de la production agricole malgache, centre en majeure partie sur le riz. Le riz, qui constitue l’essentiel de l’alimentation d’une population qui vit avec apprhension chaque soubresaut de son cours sur le march. Malgr un rseau impressionnant de rizires, Madagascar n’est pas autosuffisante en riz et connat chaque anne, en septembre, une priode de soudure souvent synonyme de disette. Une des solutions ? Le fameux systme de riziculture intensive (SRI) qui, coupl la filire “amliore” (SRA) permettrait de doubler le rendement moyen l’hectare, pour atteindre cinq tonnes. Le SRI, reconnat Philibert Rakotoson, exige beaucoup de travail et une gestion de l’eau performante. Mais le MAP entend galement diversifier les cultures, “en particulier vers une production oriente sur le march plutt qu’une alimentation de survie, notamment les cultures de rente (comme la vanille, le caf), les fruits, le marachage”. Avec la cl un nouveau dfi : rpondre aux exigences internationales de normes de qualit. Marie-Martine BuckensIvohasina Razafimahefa, Ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie, plaide pour de nouvelles mesures d’accompagnement qui permettraient de renforcer la “capacit d’offre” de Madagascar.

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prvu. “Nous avons propos d’tre l’hte de cette confrence, car les mesures de sauvegarde varient suivant les caractristiques propres de chaque pays et il est temps d’avoir une position commune” poursuit le Ministre. Les secteurs jugs prioritaires vont de l’agriculture la pche en passant par le commerce. Pour Madagascar, la priorit porte sur le concept mme de niveau de dveloppement. “Nous voulons que dans le cadre des ngociations sur les APE les questions lies au dveloppement soient traites au mme niveau que celles lies l’accs au march”.> La course au letchi Ce que dfend ainsi Ivohasina Razafimahefa est la notion de capacit d’offre : “Prenez l’exemple du prix de l’lectricit. A Madagascar, il est de 30 cents le kilowattheure, alors qu’en Europe ou en Afrique il est un tiers, voire un quart de ce prix ; si nous ouvrons notre march, nous allons tre inond”. Autre exemple: la commercialisation du letchi. Un march particulirement porteur puisque Madagascar, qui dtient 90% du march du letchi frais, est le seul pays pouvoir proposer ce fruit pour les ftes de fin d’anne. Cette filire doit faire face une exploitation souvent anarchique et des conditions de transports malaises : “Le letchi doit parcourir 500 km avant d’arriver au port de Tamatave ce qui, tant donn l’tat des routes, prend parfois une semaine, et ce sans chambre froide”, explique le Ministre, poursuivant : “il nous faut des mesures d’accompagnement, autres que le Fonds europen de dveloppement. Cette “aide au commerce” est d’ailleurs tout bnfice pour les Europens qui subiront terme le manque de pouvoir d’achat des Malgaches. Sinon, quoi cela sert de mettre en place des APE ? Si l’UE nous envoie un signal fort sur la question du dveloppement, il y a beaucoup de chance que nous aboutissions un accord au sein de l’AfOA”.> Le test de l’intgration rgionale Dvelopper le commerce international reprsente un sacr dfi pour l’lienne, traditionnellement autocentre. Le Ministre de l’Economie le reconnat mais compte sur l’intgration rgionale “une premire tape pour aller vers l’international”. Et de rappeler que Madagascar fait partie des 11 pays avoir sign le 18 aot dernier l’Accord sur la zone de libre change (ZLE) de la Communaut de dveloppement de l’Afrique australe (SADC), qui compte au total 15 pays. Pourtant, ses changes commerciaux avec l’Afrique australe restent encore marginaux (2% environ du commerce extrieur malgache), bien loin derrire ses changes avec l’UE notamment. Les produits d’exportation phares de Madagascar ? Le textile pour commencer. “Avec 150.000 emplois, le secteur est relativement important. Bien que touch en partie par le dmantlement de l’Accord multifibre (AMF), il reste solide”, souligne Ivohasina Razafimahefa, ajoutant : “nous rflchissons un largissement du cadre lgal (NDLR : les zones franches) d’autres secteurs d’exportation ; les pourparlers sont en cours avec le secteur priv notamment dans les secteurs du tourisme et de l’artisanat afin qu’ils bnficient de mesures promotionnelles mme s’ils n’exportent pas 100%. La lgislation est en gestation”. M.M.B. 44 ReportMadagascar Superficie : 587,040 km2Indpendance : 26 juin 1960 Prsident : Marc Ravalomanana (parti ‘Tiako i Madagasikara’ – ‘J’aime Madagascar’) Population : 18 millions Principales exportations : vanille, clous de girofle, crevettes, production minire, textiles Principales importations : biens de consommation, biens d’quipement, produits chimiques, mtaux Valeur des exportations : 673 millions de dollars US (2005) Valeur des importations : 1,3 milliards de dollars US Esprance de vie la naissance, en annes : 62.5 (2008) Taux de mortalit infantile (par 1.000 naissances vivantes) : 55.6 PIB : 5 milliards de dollars US (2005) PIB par habitant : 217 dollars US (2007) Taux de croissance PIB : 6,3% (2007) Taux d’inflation : 10,3% en 2007 contre 18,4% en 2005 Pouvoir lgislatif : Systme bicamrale avec des lections au suffrage universelle tous les cinq ans. Les prochaines lections prsidentielles sont prvues en 2012. Principaux partis politiques : ‘Tiako I Madagasikara’ (TIM), ‘Antoko Miombona Ezaka’ (AME) et ‘Avant-Garde pour la renovation de Madagascar’ (AREMA). A noter que 22 partis d’opposition ont form une coalition.Madagascar en chiffres Reportage 44 44 Map of Madagascar. @ The University of Texas at Austin (USA), 2003 Mots-clsDveloppement ; capacit d’offre ; Ivohasina Razafimahefa ; agriculture ; riz ; Philibert Rakotoson ; Marie-Martine Buckens.Ivohasina Razafimaheva, ministre de l’conomie, du commerce et de l’industrie 2008. Marie-Martine Buckens

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Largement sous-exploit, le sous-sol malgache – riche en pierres prcieuses, quartz, chromite, or, ilmnite ou nickel, mais aussi en ptrole lourd – est inscrit dans la liste des investissements prioritaires du gouvernement. “Nous privilgions les grands projets miniers, explique Patrick Dany Razakamananifidiny, Secrtaire gnral du Ministre des Mines et de l’Energie, pour lesquels nous avons cr une loi spciale, la loi sur les grands investissements miniers, la LGIM”. Une loi qui doit rassurer les promoteurs qui veulent investir plus de 200 millions de dollars. En tmoignent aujourd’hui deux projets phares. La mine de nickel/cobalt d’Ambatovy 80 km l’est de la capitale et quelque 220 km du plus grand port de Madagascar, Toamasina, o les minerais seront traits avant d’tre exports, alors que les dchets secondaires permettront la production d’engrais base de sulfure d’ammonium. Un projet particulirement porteur – la demande de nickel (principalement pour la fabrication d’acier inoxydable) et de cobalt (pour les batteries des appareils lectroniques et portables) est en hausse continue, de mme que l’engrais devant servir la “rvolution verte” malgache – pour lequel la Banque europenne d’investissement a dcid d’octroyer un prt de 300 millions de dollars sur les 2,1 milliards de dollars emprunts pour un projet estim 3,78 milliards de dollars. Le projet est ralis par un promoteur canadien (Sherritt Intl) et son financement est assur, outre la BEI, par la Banque africaine de dveloppement et les agences de crdit l’exportation canadienne, japonaise et corenne. Il devrait produire environ 60.000 tonnes de nickel et 5.600 tonnes de cobalt par an, ce qui en fait l’un des plus grands complexes verticalement intgrs jamais raliss en Afrique.> Impact social et environnementalIl y a aussi le projet d’ilmnite de Fort Dauphin (sud-est de l’le), vieux de plus d’une dizaine d’annes en attente jusqu’il y a peu d’un cadre rglementaire et d’un cours favorable pour le dioxyde de titane, et de mesures ad-hoc pour contrebalancer les effets ngatifs sur l’environnement et la population locale. Un port en eau profonde (Ehoala) a t construit afin de permettre au promoteur canadien Rio Tinto d’exporter environ 1 million de tonnes par an. Un projet d’envergure mais qui laisse bon nombre de questions ouvertes : la viabilit de la zone de conservation de 230 ha cre (un dixime du site), la rpartition homogne des revenus redistribus aux communes et l’emploi local gnr long terme. A ct de l’impact de ces grands projets sur les populations locales, le gouvernement doit galement s’attaquer une autre gageure : l’exportation illgale de ses ressources naturelles. De ses bois prcieux mais surtout des produits de la pche. Un sujet qui fche. Le gouvernement malgache entend ainsi demander la rvision de l’accord de pche conclu avec l’UE pour le thon. Par ailleurs, la loi rcente interdisant l’exportation de pierres brutes dcourage les oprateurs, dans la mesure o le pays ne s’est pas encore dot d’infrastructures pour assurer la taille des pierres sur place. M.M.B. Reportage Madagascar45 Mots-clsIlmnite ; nickel ; BEI ; thon ; investissements miniers.Ilmnite, nickel, thon, bois et pierres prcieuses, autant de richesses naturelles qui attirent de nouveaux oprateursUsine flottante d’extraction d’ilmnite Fort Dauphin 2008. Marie-Martine Buckens DES RESSOURCE S NATURELLES encadrerDES RESSOURCE S NATURELLES

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ACORDS: 46Amorce en 1994, la dcentralisation Madagascar a connu un coup d’acclration en 2004 avec la rvision de la Constitution, laquelle a supprim les provinces et consacr les rgions (22 au total) et les communes (1.550 environ) seules collectivits territoriales dcentralises. Un processus que l’UE a dcid d’appuyer pleinement mme s’il a connu un certain ralentissement – report de la loi prvoyant l’lection directe de l’excutif rgional ou suspensions de maires, lesquels taient remplacs par un prsident de dl gation spciale nomm par le gouvernement. “Le programme d’Appui aux Communes et Organisations rurales pour le dveloppement du Sud (ACORDS) est pionnier double titre, explique Thierry Rivol, charg de programmes d’investissement en milieu rural au sein de la dlgation de la Commission europenne Madagascar. Tout d’abord, il s’agit d’une subvention verse directement aux communes, ce qui reprsente une utilisation grande chelle du systme de subvention du Fonds europen de dveloppement (FED). Ensuite, c’est un projet jug par toutes les composantes de la socit locale, au sein mme des rgions. Il s’agit d’une grande premire pour la coopration europenne”. ReportageMadagascar ACORDS: un programme pionnierDCENTRALISATIONToliara (ou Tulear), principale ville du sud-ouest, en bordure du canal du Mozambique. C’est dans cette rgion aride et pauvre, couvrant tout le Grand Sud jusqu’ Fort Dauphin la pointe sud-est de l’le, que l’Union Europenne a mis en place un programme de dveloppement local innovant, vritable laboratoire du processus d’appropriation par les communes du pouvoir dcisionnel.

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ACORDS, c’est neuf rgions d’interventions dans les deux ex-provinces du sud de Madagascar, couvrant 662 communes ligibles. Neuf rgions qui comptent parmi les plus pauvres du pays. La rgion est aride, recevant les vents chauds, lesquels ont dpos au pralable leur humidit sur le versant est de l’le bord de hauts massifs. Les localits disposent d’tablissements scolaires aux toits en torchis, les routes sont en terre, l’alimentation en eau potable et en lectricit rare et rudimentaire. La dcentralisation des pouvoirs est une priorit – reconnue par le MAP – pour sortir cette rgion de la pauvret.> Responsabilisation “La dcentralisation vhicule beaucoup de prjugs, poursuit Thierry Rivol. Des ides ils volent’, ides communment partages dans le pays. Dans la ralit, c’est trs diffrent”. Exemple : Sakaraha, une centaine de kilomtres de Toliara, sur la RN7. Une commune atypique, comme il en existe deux trois autres dans la rgion, qui a vu sa population tripler (pour atteindre 40.000 habitants) en l’espace de quelques annes en raison des gisements de saphir. Avec un regain d’inscurit provoqu par l’afflux de migrants (malgaches, indo-pakistanais, sri-lankais) en qute de pierres prcieuses. “Les accidents, blesss de rixes mais aussi malades ont augment en flche”, explique l’ancien maire de la commune. C’est ce dernier qui a initi les premiers projets ACORDS de la commune. “Priorit : un nouveau centre de sant, avec un bloc opratoire, ensuite l’eau, enfin l’enseignement”. Ainsi, le projet prvoit notamment la construction d’un chteau d’eau. Mais depuis l’approbation du projet, les choses ont chang. Les chercheurs de saphir utilisent beaucoup d’eau pour laver les pierres. Consquence : une baisse impressionnante de la nappe phratique. “On a d forer 45 mtres au lieu des 25 mtres prvus, ce qui a entran une augmentation imprvue du cot”. Ces “imprvus”, auxquels se greffent d’autres impondrables, notoirement l’augmentation du prix du fuel, sont lgion. “Mais ils permettent rellement aux responsables des communes de prendre leur destin en main, de les responsabiliser”, explique Claude Rakotoarisoa, coordonnateur du projet ACORDS. Et de poursuivre : “C’est la commune qui dfinit ses besoins, elle est matre d’ouvrage. En outre, la subvention est verse directement au budget communal, ce qui constitue un vritable exercice pratique de gouvernance locale, lui permettant d’amliorer son administration. Et en fin d’action, elle est soumise un audit financier et technique des ralisations pour ancrer la culture de redevabilit envers les citoyens, mais aussi l’administration et le programme”. Le programme communal s’chelonne sur trois ans : “en moyenne chaque commune peroit 70.000 euros par programme triennal”, prcise Thierry Rivol, soit 10 fois plus que le budget communal dans le cas de Sakaraha. Pour aider les lus locaux, le programme prvoit une srie de formations. “Cela n’a pas toujours t facile, reconnat l’ancien maire de Sakaraha. Mais c’est une exprience : quand on comprend ce qui se fait dans la commune on comprend les rouages de l’Etat”. Et si c’tait refaire ? “On y a mis tellement d’nergie, on a l’exprience prsent”, estime le maire d’Ampanihy, commune situe sur la piste qui relie Toliara Fort Dauphin, et qui a bnfici des subventions europennes pour rhabiliter son important march communal et construire une cole fondamentale . M.M.B. Scurit alimentaireSur les mmes pistes du Grand Sud, l’UE finance galement des programmes visant renforcer la scurit alimentaire des populations rurales, au travers des micro-finances et de services agricoles. C’est le cas Ambovombe o le GRET (Groupe de recherche et d’changes technologiques), fort d’une financement europen (1,2 million d’euros), met au point de nouvelles semences, notamment rsistantes la scheresse, comme le mil ou le sorgho, et installe des Boutiques d’intrants pour les paysans. Dans ces rgions trs sches, un rseau de citernes, recueillant l’eau d’coulement des coles, commence voir le jour, dans le cadre du programme de nutrition infantile Nutrimad galement financ par l’UE. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Reportage Madagascar47 Mots-clsMadagascar ; ACORDS ; dcentralisation ; MAP ; Marie-Martine Buckens. Les routes, garantes du dsenclavementL’appui aux infrastructures et aux transports reprsente un volet prioritaire de la coopration europenne Madagascar, puisqu’il reprsente 40% du budget du Fonds europen de dveloppement. L’UE a ainsi financ les grands axes routiers reliant la capitale aux quatre principaux ports du pays, Toliara, Toamasina, Mahajanga et Antsiranana, de mme que d’autres routes nationales desservant les rgions productrices de cultures d’exportation. Une part de 1 2% du budget sert en outre financer des actions permettant d’intgrer ces grands projets dans leur environnement naturel et social. Le Grand Sud reste quant lui isol, travers par des pistes difficiles. “Il en est de mme l’ouest, explique Thierry Rivol ; il n’y a pas de routes transversales, le terrain est trs rod, rendant la construction de routes trs difficile. Enfin, les traverses dans le Grand Sud restent toujours difficiles en raison d’un approvisionnement en essence alatoire.” Halte-march sur la route du Grand-Sud 2008. Marie-Martine Buckens

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48L e Plan d’Action Madagascar (MAP)? “En soi, il n’est pas mauvais ; il peut mme constituer un bon levier pour le dveloppement, si on arrive le raliser”, nous dclare Sylvain Ranjalahy. “Il est vrai, poursuit-il, que les programmes prcdents, initis dans les annes 1980/1990 par les bailleurs de fonds n’ont pas russi car ils n’taient pas adapts aux ralits malgaches. Le MAP quant lui a t conu par Madagascar, mais il n’en reste pas moins qu’il reflte une conception personnelle du Prsident et de son entourage. Il a t parachut, sans tre soumis l’Assemble.” Ct positif ? “Les grands projets d’infrastructures”, poursuit le rdacteur en chef, ceux qui vont permettre de dsenclaver les campagnes et permettre aux paysans qui constituent les trois quart de la population d’acheminer leurs produits vers les villes, “de mme que les hpitaux”. “Mais, poursuit Sylvain Ranjalahy, il ne tient pas suffisamment compte des difficults dont souffre la population”. Et de citer la gratuit des soins et de la scolarit, qui est loin d’tre ralit. Les salaires aussi. “Un fonctionnaire gagne entre 50 et 70 euros par mois, un enseignant environ 60 euros, or un appartement de 40 m revient 40 euros par mois. D’accord, le PAM prvoit une rforme de l’enseignement (lire article spar), mais on oublie les enseignants , lesquels restent les plus mal lotis en matire de salaire alors que l’Etat a rvis celui des gendarmes et des fonctionnaires et que l’inflation est galopante.” Les grands dus, reconnat le rdacteur en chef de L’Express de Madagascar, sont les gens de la ville, ceux de Tananarive (’Tana’), la capitale, ceux-l mme qui avaient dfendu et port Marc Ravolamanana au pouvoir en 2002 : “Un bon indice sont les lections communales ; le nouveau, et jeune, maire de Tana, Andry Rajoelina, lu en dcembre 2007 avec 76% des voix, est un indpendant”. Les citadins reprocheraient ce self-made man qui au dpart d’une petite entreprise artisanale laitire a russi crer le groupe Tiko et plus tard la socit Magro, spcialise dans le commerce de gros, de “s’impliquer dans tout, laissant peu de marges de manuvre aux autres oprateurs”. Le risque est grand, poursuit Sylvain Ranjalahy “d’une fuite vers une certaine forme d’autoritarisme”. “Il n’en fait qu’ sa tte : ainsi il aurait obtenu du FID (le Fonds de dveloppement de la Banque mondiale) de financer en partie la construction d’glises”. Le Prsident est en effet un fervent protestant et Vice prsident de l’Eglise rforme malgache, la FJKM. La nouvelle Constitution approuve par referendum en 2007, supprime le caractre lac de l’Etat. Une disposition critique par le pasteur Andriamanjato, leader de l’opposition l’Assemble nationale sous la Ie Rpublique et maire (lui aussi) de Tana pendant 18 ans, partisan d’une “vision plus laque des rapports entre l’Etat et l’Eglise”. Et l’opposition ? “Au Parlement, sur les 127 dputs, 100 sont du parti du Prsident, le TIM (Tiako i Madagasikara “J’aime Madagascar”) et 27 ’indpendants’ prsents par leurs associations. Il n’y a aucun dput de l’opposition”, prcise Andry Rajoelina, mettant en cause le code lectoral. “L’opposition a du mal se mobiliser”. Et d’ajouter : “en 2002, c’tait l’tat de sige, la population a pris la dfense du candidat Ravalomanana, protgeant mme sa mason. Maintenant, elle ne veut pas se retourner contre celui qu’elle a dfendu”. M.M.B. ReportageMadagascar “Le MAP ne tient pas suffisamment compte des problmes sociaux” Rencontre avec Sylvain Ranjalahy, rdacteur en chef du quotidien ‘L’Express de Madagascar’ Mots-clsSylvain Ranjalahy ; Madagascar ; L’Express ; opposition ; Marie-Martine Buckens.L’Express; opposition; MarieMartine Buckens.

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“Q uand on parle de gens ont encore la hantise des annes 1970. Mais forts de cette exprience, nous voulons viter ses effets pervers”, explique Minoson Rakotomalala, directeur de Cabinet du Ministre de l’Education nationale. Ce dernier fait rfrence la dcision prise en 1972 de gnraliser le malgache, au dtriment du franais, dans l’enseignement. Propose par Didier Ratsiraka, alors jeune Ministre des Affaires trangres – il sera lu prsident trois ans plus tard – cette rforme, louable en soi, fut un dsastre. Mal prpare, peu d’ouvrages existaient en langue nationale compars aux ouvrages en langue franaise, elle cra une gnration prive del’accs au savoir. > L’anglais fait son entreLe gouvernement se targue d’avoir bien prpar les choses. “Nous planchons sur la rforme depuis 2003 et nous avons mens des concertations avec les 22 rgions. ” Et pas question de supprimer le franais : “Nous avons plutt chang la mthodologie, poursuit le directeur : le franais sera enseign, ds la cinquime primaire, comme langue trangre. ” De mme que, grande premire, l’anglais. Mais la rforme de l’enseignement c’est aussi la construction d’au moins 3.000 salles de classe, le recrutement de 7.000 nouveaux enseigne ments chaque anne, ou la mise en place de cantines scolaires dans 600 coles, surtout dans le Sud du pays particulirement dfavoris. C’est encore le remembrement du systme scolaire : sept annes de primaire au lieu de cinq actuellement, “afin d’essayer de rapprocher les coles des mnages ruraux, lesquels n’ont pas toujours les moyens d’envoyer leurs enfants au collge, souvent loign”. Cette disposition serait, selon le directeur de Cabinet, l’origine du refus du rseau catholique de suivre la rforme, qui, fort de sa rputation de qualit, draine la classe moyenne et aise. Au terme de passes d’armes relativement feutres, l’piscopat a obtenu fin aot, un dlai pour sa mise en uvre. Les universits du pays (dont six publiques) seront modernises, notamment en redcoupant le cursus (anglais ou franais) en licence/ matrise/doctorat. Mais, surtout, le gouvernement entend rhabiliter l’enseignement technique : “Nous voulons cibler les besoins du tissu industriel malgache et permettre aux tudiants d’innover et de crer leur propre entreprise. ” Minoson Rakotomalala ne cache pas que cela cotera cher. En 2008, 20% du budget de l’Etat ont t allous l’enseignement, sans compter, notamment, l’aide du Programme alimentaire mondial (pour les cantines), de la Banque mondiale (pour la formation)ou de l’Unicef pour l’dition de manuels. M.M.B. Reportage Madagascar49 ENSEIGNEMENT : une rforme hautement sensibleLe vaste chantier de la rforme de l’enseignement, dont la loi a t vote en juillet dernier, suscite espoir mais aussi crainte. En cause surtout : la “malgachisation” de l’enseignement prne par le gouvernement. Mots clsMalgachisation ; rforme enseignement; Ratsiraka ; anglais ; Marie-Martine Buckens. La rforme sera mise en place progressivement, sur trois ans. Trois ans, c’est peu quand on connat l’objectif que s’est fix le gouvernement : un taux de russite des primaires de 85% en 2012 (contre 57% en 2006), de 56% (contre 19%) pour le collge, 14% (contre 7%) pour l’ensemble du secondaire et porter 10.000 par an le nombre de diplms du suprieur (contre 4.760). Enfin, concentrer les efforts d’alphabtisation sur les jeunes de plus de 15 ans pour rduire l’analphabtisme 20% (contre 48%) dans cette tranche d’ge. Page 46, en haut: Sylvain Ranjalahy, rdacteur en chef de ‘L’Express de Madagascar’ 2008. Marie-Martine Buckens En bas: Des enfants d’Ampanihy 2008. Marie-Martine Buckens N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008

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50Les lmuriens, emblme de Madagascar, tmoignent de la biodiversit unique de cette le due son isolement datant de plus de 160 millions d’annes. Une biodiversit mise mal par un dboisement massif. En 2003, le Prsident Ravalomanana – qui a inscrit la protection de l’environnement dans les priorits de son Plan d’Action – a annonc le triplement des aires protges, de 1,7 millions d’ha 7 millions. “Nous sommes dans le processus, beaucoup d’aires ont dj t cres”, nous explique Guy Suzon Ramangason, Directeur gnral de l’Association nationale pour la gestion des aires protges (ANGAP). “La pauprisation qui a caractris ces dernires annes notre monde rural et urbain a fait payer un lourd tribut la biodiversit. ” Aussi, poursuit le Directeur gnral, “crer des aires de protection est une chose, mais il faut galement tenir compte des conditions conomiques trs prcaires de la population qui ne lui permettent pas de subsister sans accs aux ressources. Trouver un compromis n’est pas une mince affaire”. Les PCDI (Projet de conservation et de dveloppement intgr) tentent d’apporter une rponse. Exemple : le PCDI des Tsingy – formation calcaire corallienne datant de 160 millions d’annes, lorsque la moiti de Madagascar tait recouverte par la mer – dans la rgion de Bemaraha, dans le moyen ouest de l’le. Entre 2000 et 2005, l’UE y a insuffl 5 millions d’euros afin d’assurer les revenus de la population par des mthodes alternatives rentables non destructrices des ressources naturelles. “Les PCDI ont t btis Madagascar sur le concept des Rserves de Biosphre de l’Unesco, qui revient en force”, explique Guy Suzon Ramangason. En clair : un noyau de terrain “intouchable” (sauf aux scientifiques !) et une zone tampon tout autour o les populations qui y habitent peuvent exercer certaines activits “durables”. Cerise sur le gteau : l’cotourisme. “J’y crois, poursuit le Directeur de l’ANGAP ; ce n’est pas la panace mais il a le mrite de partager les bnfices.” C’est le cas de la rserve ctire de Manarara, dans le nordest, qui abrite lmuriens, Aye-Aye, allocdes, tortues de mer, baleines, mais o poussent aussi caf, girofle, vanille et canne sucre.> Test Mais une telle approche n’est pas sans effets pervers. “A Mananara (NDLR : rgion tropicale humide recevant prs de trois mtres d’eau de pluie par an) nous avons dcouvert que nous pouvions construire une cinquantaine de barrages au fil de l’eau pour la riziculture, ce qui a eu pour effet d’attirer les populations tout autour, non bnficiaires de ce statut de zone tampon. ” De quoi faire rflchir. “Le problme, reconnat le Directeur, c’est que cette gestion n’est pas gnralise. Il nous faut une vision globale. Il s’agit d’un problme politique, pas technique. Je suis heureux que le principe de dcentralisation ait t approuv, avec des plans d’amnagement rgionaux ; ainsi le tourisme est devenu une des solutions car les bnfices sont partags. ” Et de conclure : “la politique des aires protges n’est qu’un lment du dveloppement, mme si on croit l’extrieur que Madagascar ne vit que par ses aires protges. Mais prenez le zbu : si on avait une politique claire pour sa gestion, il serait un trs bel outil de dveloppement. Or on investit plus dans les aires protges que dans ce cheptel, pourtant vital pour la population. ” M.M.B. ReportageMadagascar A la recherche de l’alliance de L’HOMME et de LA NATUREComment concilier biodiversit exceptionnelle et accs aux ressources : le pari de Madagascar Mots clsAires protges ; ANGAP ; Guy Suzon Ramangason ; Marie-Martine Buckens.La tortue toile espce endmique de Madagascar, menace d’extinction 2008. Marie-Martine Buckens

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008 “Nous appartenons la nature” “Je viens d’une famille de quatre gnrations de praticiens et mdecins traditionnels. Moimme, j’ai t form quatre ans. A 12 ans, je commenais soigner”, nous explique en guise d’introduction Jean-Claude Ratsimivony. Ensuite, c’est la grande “errance” ; dans Madagascar, la rencontre des autres tradipraticiens, en Asie et en Europe o il se forme l’homopathie. Revenu Madagascar, il met sur pied, avec son pouse docteur en pharmacie, la socit Homeopharma, “spcialise dans la mdecine traditionnelle rnove par l’approche pharmacologique”. Aujourd’hui, Homeopharma compte 97 instituts dans tout Madagascar o des mdecins phyto-aromathrapeutes prodiguent leurs conseils, et des officines, y compris dans les hpitaux. Dans une socit o “seulement 30% de la population accs aux soins de sant, nous sommes accessibles tous, avec des prix trs abordables”, poursuit Jean-Claude Ratsimivony. Tout rcemment, l’Office national de la Nutrition a pass une convention avec Homeopharma pour la distribution d’un produit “trs nergisant, destin combattre la malnutrition”. Son produit de base : l’arbre Moringa, l’arbre “magique”, vritable concentr de vitamines A et C, de potassium et de protines.Reportage Madagascar51 Polyphonies MALGACHES Ils ont en commun l’amour pour leurs frres malgaches. Pour la terre malgache aussi, thrapeute ou muse. Mots-clsMadagascar ; culture ; musique ; MarieMartine Buckens. Marie-Martine Buckens Marie-Martine Buckens Marie-Martine Buckens Aller la source Olombelo Ricky a lui aussi sillonn Madagascar, pendant 13 annes, la recherche de ses racines, particulirement la culture Vazimba, peuple mythique originel de Madagascar, mais aussi des rythmes et instruments traditionnels, comme l’azohaly, percussion typique de son sud-est natif. Une priode qui laissera des marques dans ses crations musicales : les aponga (ou percussions) : “Quand on tape sur les percussions, c’est diffrent de la manire africaine, c’est plus mlodieux, plus oriental”; les rythmes traditionnels comme le sireko, chant funraire pour les anciens, ou encore le balitika, rythme d’une danse du sud-est. Mysticisme, mythologie et rites imprgnent les textes de Ricky qui, chaque anne, avec ses musiciens, organise un spectacle rituel aprs les examens de baccalaurat : “Manala asy” est un rite de passage et de purification pour accompagner les jeunes dans les prochaines tapes de leur vie. Des spectacles que le musicien et sa compagnie Vazimba Produktion exportent aussi : notamment en Afrique du Sud, au Brsil, en Europe, comme Couleur Caf Bruxelles. Mystique Ricky ? Peut-tre. Mais c’est contagieux.> Porte-parole de l’extrme pauvret “Vous tes aujourd’hui dans une dcharge”, nous dit d’emble Pre Pedro. En ralit, la dcharge est quelques encablures des btiments de son association Akamasoa (“les bons amis”), cre voici 19 ans pour venir en aide aux milliers de Malgaches, survivant sur les montagnes d’ordures dverses quotidiennement par les services de la capitale, Tananarive. “Nous sommes la preuve qu’on peut diminuer de 80% la pauvret, pas avec des experts des Nations Unies, mais avec 410 Malgaches, ingnieurs, mdecins ou instituteurs”. Car depuis sa cration, Akamasoa a accueilli et aid plus de 250.000 personnes, construit des milliers de logements sociaux – “des maisons, pas des buildings pour que les gens gardent le contact entre eux et avec la terre ” – scolaris 9.277 enfants, plant des milliers d’arbres. Avec l’aide d’ONG, de l’UE aussi. A bientt 60 ans, ce prte argentin d’origine slovne, porte sa rvolte avec un enthousiasme communicatif. M.M.B.Pour de plus amples informations sur le reportage, consultez le site : www.acp-eucourier.info

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Attrait rebelle aux CLICHS52U n de ses crivains suffirait seul sa rputation, Aim Csaire, un monument de talents littraires de courage politique, d’humanisme ; pour les Martiniquais, un btisseur de dveloppement, un germinateur de conscience.> Florescence de la natureCe qui saute d’abord aux yeux du visiteur est la luxuriance de la nature, jusque dans les villes. Fort-de-France, contemple d’une des collines qui la surplombent, est un parc avec des maisons, rehauss de la couleur de feu rougeoyant des fleurs de flamboyant caress par les nuances varies l’excs des bougainvilles, et l’lgance du large ventail de l’arbre du voyageur, dans la senteur des tamariniers, du corossol et du basilic. La localisation du pays offrant une de ses faces au grand vent de l’Atlantique et sa topographie – alternance de hautes montagnes et de valles – y favorisent une forte hygromtrie qui lui confre le statut de l’un des pays les plus arross au monde avec 10 mtres d’eau par an en haute montagne. D’o la richesse de la vgtation. La flore y est 200 fois plus varie qu’en Europe D couvrir l’Europe Attrait rebelle aux CLICHSMartinique La Martinique est un pays tropical qui chappe l’enfermement dans le clich des plages de sables blancs, du rhum planteur et du sourire permanent. Tout cela existe et est apprci mais l’le est rpute pour d’autres richesses, des groupes de musique comme le fameux Kassav, aux cinastes de talent comme Euzhan Palcy, aux sportifs couverts de mdailles et sa pliade d’crivains les uns plus fameux que les autres. Fort-de-France 2008. Hegel Goutier Un reportage de Hegel Goutier

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008continentale, avec des spcimens de grande beaut comme les acajou noir et rouge et les bois de rose dans la fort tropicale qui couvre le dixime du territoire, les arbres gants dans les zones montagneuses et une vgtation plus chtive dans la “fort de nuage” trs haute altitude. Le Jardin botanique de Balata met en scne des plus beaux spcimens d’arbres et de fleurs de la fort tropicale, roses de porcelaine, balisiers, orchides bambou. Entre autre raret ou originalit, l’acajou blanc en montagne ou le fromager avec ses branches s’tendant l’horizontale et ses vertus mdicinales varies, sans parler des “soucougnans” qui l’habitent en compagnie de maints autres esprits, d’aprs les croyances populaires. La faune y est tout aussi varie, surtout celle des eaux marines et des rcifs coralliens. Les ctes offrent aussi tant de varits : des falaises du ct septentrional avec les grosses vagues de l’Atlantique aux nombreux lots et les plages de sable blanc du Robert ou du Franois au sud-est protges par les barrires coralliennes, aux eaux profondes de la zone de Fort-de-France avec ces paltuviers dans de larges zones de mangrove, ou encore la mer tale de Sainte-Anne ou aux anses d’Arlets et autres criques du Sud presque encore sauvages. Et puis, il y a cette multitude de cours d’eau au charme pittoresque dont certains, malheureusement, ne prsentent pas les garanties suffisantes pour la baignade cause de pollution diverse alors que d’autres offrent aux randonneurs les dlices d’une eau frache et saine. Et les sources chaudes du Didier, d’Absalon ou du Pcheur. Les grandes plantations de bananes ou de cannes ne sont pas moins belles. En Martinique, elles sont souvent amnages comme de vritables parcs l’avant-plan de magnifiques demeures jouxtant les guildiveries et les distilleries des grands producteurs de rhum dont un des plus beaux fleurons est l’Habitation Clment, qui abrite la fondation du mme nom, un lieu culturel avec, entre autres, un muse de l’histoire du rhum et de la canne et une galerie accrochant ces cimaises une belle collection d’uvres contemporaines martiniquaises ; aussi un lieu historique pour la rencontre BushMitterrand d’avant la Guerre du Golfe. > Florescence de culture Culture. Ce mot est entendu en une journe autant de fois qu’on entend peut-tre le mot “money” aux Etats-Unis. Il semble sortir d’une volont de proclamer son appartenance un peuple dont la culture n’aurait pas t suffisamment considre par le pass, y compris par les Martiniquais eux-mmes. Aim Csaire est vu par chacun comme le catalyseur de cette prise de conscience, d’une sorte d’introspection palpable dans les films d’une cinaste comme Euzhan Palcy, dans le jazz de Fal Frett, la nostalgie de Kassav ou dans le roman martiniquais, Texaco de Patrick Chamoiseau en donnant l’une des plus justes tonalits. > Histoire de l’le des AmazonesL’histoire de la Martinique, du moins ses dbuts, est semblable celle de la plupart des autres les des Carabes. Les premires traces d’habitat humain remontant au quatrime millnaire av. J.-C. Au premier sicle av. J.-C., des agriculteurs arrawacks y sont arrivs de la partie continentale des Carabes. Le fruit de ce premier mtissage identifi donnera quatre sicles plus tard la culture raffine des Tanos. Au milieu du XIVe sicle, ce sera l’arrive des Indiens des Carabes du sud. Conqurants au dpart, conciliants l’arrive, ils vont se mlanger avec les Arrawacks-Tanos jusqu’ l’arrive des Europens en t 1492. D’Ayiti (Hispaniola), Christophe Colomb, aprs son deuxime voyage, va partir, entre autres, la conqute de l’le “Martinino”, perue pour tre celle des amazones convoites par ses soldats. Ce n’est qu’en 1502 que Colomb y mettra le pied mais l’le ne servira pendant longtemps que comme escale aux aventuriers. En 1635, un colon franais, d’Esnambuc, s’est empar de Martinino dont il a confi le gouvernorat un de ses protgs, Du Parquet, qui a fini par avoir l’aval de la Compagnie des Iles. En 1664, le roi de France a rachet les les. L’le rebaptise Martinique sera un temps dispute par les puissances coloniales. Vers 1650, elle compte 60.000 mes, la moiti d’esclaves noirs et l’autre moiti d’“engags” blancs. S’ensuivra un grand dveloppement bas sur le sucre, le caf et les esclaves, la sauvagerie de l’esclavage rgie par le Code Noir de Louis XIV ; l’ignorance par les colons des acquis de la Rvolution franaise pour arriver seulement en 1848 l’mancipation des esclaves. A la Premire Guerre mondiale, la Martinique s’acquittera lourdement de l’impt du sang. A la Deuxime Guerre mondiale, malgr la trahison de l’amiral franais sur place qui s’est li au rgime de Vichy, beaucoup de Martiniquais s’enfuiront pour rejoindre les forces de la France libre. Aprs la guerre, Aim Csaire mnera le combat pour la “dpartementalisation” d’une Martinique restant attache la France, combat qu’il gagnera avec le vote du 19 mars 1946. Quant Aim Csaire, il n’aura t que maire de Fort-de-France. C’est de ce poste qu’il est devenu pour les Martiniquais le symbole de celui qui leur aura donn ce qu’il a appel “la force de regarder demain”. H.G. Dcouvrir l’Europe Martinique53 Mots-clsHegel Goutier ; Martinique ; Martinino; d’Esnambuc ; Du parquet ; Richelieu; arrawacks ; Carabe ; Aim Csaire ; Didier ; Absalon ; Balata ; Anse d’Arlet ; Euzhan Palcy ; Kassav. Artisanat 2008. Hegel Goutier Danse, Festival Fort-de-France 2008. Hegel GoutierCulture. Un mot aussi souvent utilis en Martinique que money aux Etats-Unis.

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Serge Letchimy Maire de Fort-de-FranceFORT-DE-FRANCE , VILLE vivre pas consommerFORT-DE-FRANCE , VILLE vivre pas consommer54Quels sont les principaux atouts de votre ville, Monsieur le Maire ? Fort-de-France est une ville patrimoine dans le sens le plus large possible, retraant l’histoire de ses composantes humaines mais aussi celle de l’mergence d’une socit avec la fois les blessures, les stigmates et les richesses humaines. Patrimoine dans le sens matriel aussi avec une crativit, fidle l’histoire des pays coloniss qui intervient dans une renaissance conscutive l’histoire la plus ignoble, celle de l’esclavage. Maintenant la Martinique a choisi d’tre la fois de l’Europe et de la Carabe, dans l’Afrique et la Carabe, de combattre l’assimilation de l’Europe tout en l’intgrant, de lutter contre l’oubli. Tout cela se traduit un peu dans le paysage urbain. Je dis aux visiteurs : venez toucher notre patrimoine, tout en savourant notre identit et vivre avec nous notre mancipa tion. C’est une ville minemment politique qui s’inscrit dans le champ des capitales mme si la France s’oppose au mot “capitale” pour elle. Cette ville qu’Aim Csaire a prophtise, possde en elle la beaut de sa souffrance qui lui permet de parler la fois du “soi” et du “nous”. C’est ce qui me donne une confiance vertigineuse dans Fort-de-France et dans la Martinique. Comment sentir tout cela dans Fort-de-France? En le vivant pas en le consommant. On le sent dans l’histoire sociale, culturelle, humaine que la ville affiche. Regardez le quartier populaire de Trnelle, il exprime de la part de la population une volont et une libert d’appropriation de son espace. La municipalit l’a accom pagn en y emmenant les services, d’abord l’cole. Pour ne pas faire perdurer la sparation entre zones riches et zones pauvres. Il n’y a pas de rupture entre quartiers plus riches et plus pauvres de Fort-de-France. Cette ville a une intimit close qui n’est toute fois pas suffisamment exploite. Sur le plan touristique par exemple, on va souvent chercher des standards proto-europens ou protoamricains au lieu d’adapter des standards nous. Je pense beaucoup l’espace vert, des plans de biodiversit, la rintroduction dans la ville de plantes mdicinales, d’arbres fruitiers par exemple. L’architecture vernaculaire, populaire, a beaucoup d’attraction. Entrer Trnelle, par exemple, dans le circuit touristique serait valorisant. L’urbaniste que vous tes semble souffrir alors ? Dcouvrir l’EuropeMartinique Serge Letchimy Maire de Fort-de-France Interview ralise par Hegel GoutierSerge Letchimy, maire de Fort-de-France, une ville qui hberge presque le quart de la population de la Martinique et qui est au centre d’une conurbation contrlant les deux tiers de son conomie. Il parle au Courrier de sa ville, de la Martinique, ancre dans des mondes diffrents, l’Union Europenne et la Carabe, de ses atouts et de ses faiblesses. Interview ralise par Hegel Goutier

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Oui, c’est une souffrance. Il y a une diffrence entre la logique urbanistique europenne et martiniquaise. Il y a une dconnexion des deux champs sociaux. L’urbain est un langage. Les grilles de lecture ne s’intercalent pas et il y a un traumatisme qu’on ne peut pas transcender si on ne met pas l’humain la base. Le jour o le Martiniquais prend conscience de sa richesse, il pourra crire les modes de construction, d’amnagement, de transformation propres lui. Si on russit cela, la ville sera une trs belle ville. Qu’est-ce qui vous sduit alors dans Fort-deFrance ? Son cachet, son authenticit, sa conjugaison dans l’espace entre les stratifications sociales et sa culture d’appropriation. La ville a t protge par Svre et Csaire (NDLR : les maires qui l’ont prcd). Sainvilles, par exemple, a t rnov sans jamais subir de dmolition. Avant, c’tait le lotissement des misrables. C’est le quartier o avaient vcu la plupart des ouvriers rvolutionnaires. Ce ne sont pas de belles maisons. C’est le cachet populaire qui est intressant. Sur le plan culturel, c’est une ville trs citoyenne avec une participation forte. Le SERMAC (Service municipal d’action culturelle) cr dans les annes 70 est le poto-mitan*du progrs, de l’mancipation, de la prise de conscience pour donner la culture un rle important et la rendre accessible au peuple. C’est par la culture que Fort-de-France est une ville de rsistance. Comme Texaco, clbre par le roman de Patrick Chamoiseau ? L aussi, c’est le changement dans le respect de la population. L’une des rares tentatives de restructuration de quartier en respectant l’architecture populaire de squat. La SEMAFF (Socit d’Economie Mixte d’Amnagement de la Ville de Fort-de-France) qui a ralis les travaux, a obtenu plusieurs prix prestigieux d’urbanisme pour cette rnovation de Texaco dont la Sem d’Or de Paris. Fort-de-France semble florissante mais o en est sa relle situation conomique et celle de la Martinique dans son ensemble ? Fort-de-France avec le Lamentin pse lourd, plus des deux tiers de l’conomie de l’le. La ville a connu une dpression conomique dans les 15 dernires annes. La reprise est balbutiante. De 101.000 habitants la ville tait descendue 94.000. Plusieurs entreprises en taient parties. Depuis quatre cinq ans, elles reviennent en mme temps que les habitants. En ce qui concerne son conomie, la Martinique, c’est un pays de paradoxe. Si on le compare avec les autres de la Carabe, en prenant le niveau d’quipement sanitaire, scolaire, universitaire ou les infrastructures, c’est un pays dvelopp. Si on ne s’arrte pas d’autres standards. Il y a un niveau de chmage chronique de 23% en Martinique contre 10% la Jamaque. 47% de jeunes de moins de 27 ans sont au chmage contre 8% en France. La dsocialisation atteint 700 800 personnes Fort-de-France, alors qu’il n’y avait que 10 15 errants il y a peine 15 ans. Si on va plus loin, il y a une prsence d’habitats insalubres, une prcarisation et une pauvret visibles. La Martinique ne produit que 10 15% de ce qu’elle consomme. Ce pays a deux visages qui rumine la rvolte et construit l’angoisse. D’un ct, le surquipement, de l’autre le malaise social. Quelles sont les solutions que vous proposez ? Il faut, ct de la dmocratie sociale, une dmocratie conomique pour poursuivre la lutte pour l’mancipation. Il faut un cadre particulier de relations conomiques entre l’Europe, la France et les ACP qui protgent la production locale. Il faut que la Martinique puisse intervenir dans le domaine local sans passer par l’Assemble nationale de la Rpublique franaise. * Pylne centralN. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Dcouvrir l’Europe Martinique55 Mots-clsHegel Goutier ; Serge Letchimy ; Fortde-France ; Aim Csaire ; Trnelle ; Sainvilles.Bibliothque Victor Schoelcher, Fort-de-France 2008. Hegel GoutierLa ville a t protge et rnove sans jamais subir le choc des dmolitions.

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56Serge LetchimyMaire de Fort-de-France, hritier politique de Csaire, Martiniquais “Je suis un pur produit socioculturel csairien”. Serge Letchimy vient d’une famille rurale qui avait d migrer dans la banlieue pauvre, une mre femme de mnage. Csaire s’tait engag ce que chaque famille y ait un salaire. “Quand j’tais petit Trnelle, je le voyais passer dans mon quartier. Les gosses se suspendaient sa voiture et criaient Vive Papa Csaire . Il s’est arrt une fois et a demand ma mre comment s’appelait un arbre qui tait devant notre porte .Encore un trait de caractre de cet homme : son amour de la nature.” Aprs ses tudes d’urbaniste la Sorbonne, Letchimy a t naturellement travailler la mairie de Fort-de-France et a t peu peu adopt par Csaire. “C’tait un vrai btisseur. Ce n’est pas par sa posie qu’il est rest 56 ans la mairie. C’est parce qu’il tait un homme la porte des pauvres, un homme de la plus grande humanit. Le gens rentraient fchs, tristes chez y avait en cet homme une bont qui en faisait quelqu’un d’blouissant.” Dcouvrir l’EuropeMartinique Sur les traces d’Aim CsaireLes traces d’Aim Csaire sont omniprsentes dans son le. Des extraits de ses textes sont sur tous les murs et sur toutes les lvres. Et encore plus dans les curs depuis sa disparition le 17 avril dernier. Trois de ses proches ont livr au Courrier quelques anecdotes. Mots-clsHegel Goutier ; Aim Csaire ; Serge Letchimy ; Ernest Ppin ; Christiane Taubira-Delannon.Ouverture du Festival de Fort-de-France l’ombre d’Aim Csaire 2008. Hegel Goutier Ernest Ppin Christiane TaubiraRomancier, pote, essayiste, critique, Directeur des Affaires culturelles en Guadeloupe, Guadeloupen “Quand j’avais 17 ans, en classe de terminale, un ami m’a mis dans les mains Quand les chiens se taisaient. C’tait comme si j’avais reu sur la tte un coup de bambou.” Et le jeune Ppin de commencer prendre conscience du colonialisme, de la dcolonisation, du racisme et de la condition des Noirs. “La premire fois que j’ai rencontr Csaire, c’tait dans le mtro Paris. J’ai pouss un cri du cur Ah Csaire ! . Il a entendu mon cri et s’est arrt. Comme j’tais trop ptrifi pour avancer, il a continu son chemin.” Quand Ppin vint enseigner la littrature l’Universit de Fort-de-France, il s’inscrit dans le parti de Csaire, le PPM (Parti progressiste martiniquais). “Je l’embrassais comme un pre et lui, moi comme un fils. Je me souviens qu’un jour, je me trouvais Paris, il m’a emmen visiter l’Assemble nationale. J’avais environ 25 ans. D’avoir Csaire comme guide pour visiter ce lieu ! Il avait cette faon de faire revivre l’histoire surtout celle de la Rvolution franaise.” Parlementaire europenne, ancienne candidate la prsidence, Guyanaise “C’tait entre Csaire et moi une histoire de grande tendresse. Ce que j’aimais le plus chez lui, c’tait les clats phosphorescents de ses regards qui passent du nacre de la drision au gris ambr des colres rentres.” La parlementaire qui s’meut de pouvoir rciter par cur des chapitres entiers de Csaire se dit “installe dans sa pense”. Ancienne lve chez les bonnes surs, elle tait tombe “au cours de ses vagabondages” sur Le Discours sur le colonialisme dont elle s’tait prise de “la flamboyance”. Devenue plus tard la premire et plus jeune femme dpute de Guyane, elle rencontrera Csaire. Et ce sera un vrai coup de foudre intellectuel et politique entre la passionaria guyanaise et le politique pote. Ils se frquenteront tout le temps partir de cette date. “Il y a une photo publie par France Antilles o j’tais dans ses bras. Toutes ses autres photos avec des officiels comme Sgolne Royal ou Nicolas Sarkozy taient protocolaires et j’tais la seule tre dans ses bras.” H.G. * Les versions intgrales de ces entretiens sont disponibles sur le site internet du Courrier.

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008G ros-Morne a subi de plein fouet certaines mutations conomiques. 60% de ses actifs ont d chercher du travail hors de la commune. Les infrastructures y sont relativement peu dveloppes et les coles plutt rares compares au reste de l’le. Longtemps dirige par la droite, Gros-Morne a fait ce que Vaugirard appelle une “rvolution contre la longue dictature de l’ancienne quipe”. > Explication de texteIl y a 50 ans, les grands domaines sucriers tombaient en faillite. L’Etat a alors mis en place un systme d’aide aux petits producteurs pour leur permettre d’acqurir du foncier rural. 600 700 petits agriculteurs qui on avait propos des terrains de quatre hectares avaient t encourags cultiver des produits d’exportation, banane, canne et aubergine notamment, les dtournant ainsi de leur fonction naturelle de nourrir la population. En fait, pour Vaugirard, les petits agriculteurs ont t utiliss pour les gros planteurs. L’Europe ngociait ses aides sur la base du cot de production des petits exploitants suprieur celui des gros. Ces derniers ont donc ramass la mise, les groupements professionnels amalgamant petits et gros. C’est pourquoi, Mme Nris a entrepris de “dfaire Bruxelles l’image longtemps impose par les lobbies martiniquais des grands producteurs de canne et de banane” en favorisant l’audition de petits producteurs par le Parlement europen. Pralablement, la dpartementalisation de la Martinique avait t suivie d’un bouleversement social. De 10% en 1954, les classes moyennes taient passes 54% en 2000. Une grande partie du domaine rural devenu constructible avait t l’objet de surenchre au dtriment de l’agriculture vivrire. La Martinique et la Guadeloupe avec un total d’un million d’habitants importent actuellement plus que la Tunisie avec cinq millions.> Croissance sans dveloppement En 1986, l’Assemble nationale franaise a vot la loi dite de “dfiscalisation” pour favoriser l’investissement et le logement dans les dpartements d’Outre-mer. Rsultat, les DOM franais sont devenus des espaces pour produits fiscaux. Et les rsultats escompts en termes de remde miracle contre le chmage et pour l’insertion ont t absents. Alors qu’ l’intrieur du pays, les banques prtent plus facilement 75.000 euros pour acheter une voiture que pour soutenir une affaire. Les petites entreprises locales si elles enregistrent un taux de cration suprieur la moyenne franaise, 22 pour 12.000 habitants contre 15, elles se retrouvent en faillite encore plus vite. La Martinique et les autres DOM demandent une diminution de la dfiscalisation mais certains lobbies qui en font leur jus ne veulent pas en entendre parler. “Ces outils financiers avaient favoris la croissance mais pas le dveloppement”, conclut Vaugirard. H.G. Dcouvrir l’Europe Martinique57 Apparente OPULENCE et conomie FRAGILEA l’coute des diles de Gros-Morne, commune rurale dfavorise L’agriculture martiniquaise symbolise l’chec du dveloppement conomique martiniquais depuis 50 ans. Telle est l’analyse de Raphal Vaugirard, maire-adjoint de Gros-Morne et Conseiller gnral de la Martinique. La Parlementaire europenne Catherine Nris, galement membre du Conseil municipal de Gros-Morne, abonde dans le mme sens. Mots-clsHegel Goutier ; Raphal Vaugirard ; Catherine Nris ; Gros-Morne ; Bk ; Martinique.Une banque commerciale Fort-de-France 2008. Hegel GoutierLes instruments financiers ont encourag la croissance mais pas le dveloppement.

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Vers une AUTONOMIE CERTAINE... et floue58L e de partis politiques. La plupart sont autonomistes ou mme indpendan tistes. Et pourtant au rfrendum du 7 dcembre 2003 sur l’volution institutionnelle, c’est le non qui a gagn, il est vrai avec seulement 1.000 voix de diffrence. Or, part trois variantes locales du parti prsidentiel en France mais qui en Martinique sont minoritaires, toute la classe politique avait appel voter en faveur de l’volution constitutionnelle, mme la gauche non autonomiste, celle-ci comptant sur l’volution prvue pour liminer la division administrative entre Rgion et Dpartement juge ineffi ciente. Raphal Vaugirard de “Dynamique Gros-Mornaise”, l’un des politiciens de l’le ayant le vent en poupe, l’instar de tous les autres autonomistes, considre que ce n’est que partie remise. “On sort d’un long temps d’assimilationnisme qui bascule en autonomie. En 2003, le processus n’tait pas parachev. Mais la conscience des Martiniquais s’duque et se forme.” Certains ont une explication plus alatoire, considrant simplement que le peuple a vot non car “volution institutionnelle” ne signifie pas garantie d’autonomie future. Joseph Virassamy, enseignant l’Universit des Antilles et de Guyane, membre influent du Parti socialiste martiniquais class parmi les partis de gauche assimilationniste et dpartementaliste, explique que l’autonomie n’est pas ncessaire pas parce qu’il y est oppos mais parce que les lois de dcentralisation donnent dj suffisamment d’espaces aux rgions comme la Martinique pour btir leur destin. Le Parti socialiste a lanc un dfi aux autonomistes consistant comparer 10 projets importants pour l’le sous l’angle de l’actuelle dcentralisation et sous celui de l’autonomie afin de prouver l’inanit de celle-ci. Son diagnostic : ce sont les querelles de personnes entre les autonomistes qui les empchent de se mobiliser pour disposer des leviers d’autonomie et de dveloppe ment dj existants. Et de souligner les oppositions entre les dtenteurs des principaux pouvoirs politiques sur l’le : le Prsident du Conseil rgional, Alfred Marie-Jeanne du MIM (Mouvement indpendantiste martini quais), le Prsident du Conseil gnral, Claude Lise, RDM (Rassemblement dmocratique martiniquais), et le Maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, PPM (Parti progressiste martiniquais). La conclusion de Virassamy est sans appel. Tout en considrant que les mtropolitains accaparent le gros des postes de direction de l’administration et du secteur priv et que cela cre des ressentiments surtout chez les intel lectuels, il affirme que la population n’est pas autonomiste car elle sait “qu’on ne peut pas dire aux gens donnez votre argent et tirez-vous”. Argument sonnant et trbuchant. H.G. Dcouvrir l’EuropeMartinique Vers une AUTONOMIE CERTAINE... et floueLa plupart des leaders politiques dtenant le pouvoir en Martinique sont autonomistes. La Constitution franaise permet cette autonomie. Le hic, chacun en a une vision diffrente et le premier rfrendum local sur “l’volution institutionnelle” l’avait rejete. Pour certains, c’est parce que la population voudrait plus que l’volution offerte. Casse-tte ! Mots-clsHegel Goutier ; Joseph Virassamy ; Alfred Marie-Jeanne ; Claude Lise ; Serge Letchimy ; Raphal Vaugirard ; Mouvement indpendantiste martiniquais; Rassemblement dmocratique martiniquais ; Parti progressiste martiniquais.Port de la Marine de guerre, Fort-de-France 2008. Hegel Goutier

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Comment jugez-vous la situation conomique actuelle de la Martinique ? L’conomie martiniquaise est la croise des chemins, la veille d’une crise majeure. La Martinique n’a connu de tout temps qu’un rgime conomique marqu du sceau du Pacte colonial : commercer avec “sa Mtropole”, lui fournir au besoin, caf, coton, cacao, tabac, sucre, banane au gr des modes, des gots et des fluctuations des rgles du commerce international et aux dpens d’un rel dveloppement. Aujourd’hui, il y a une dgradation constante du secteur agricole avec des difficults structurelles. Il faut rduire une importation galopante. Pour l’heure la Martinique est terre de consommation. Jusqu’aux lgumes pouvant tre produits sur place, et imports hauteur de 61% des besoins. Quels sont alors les points forts de la rgion ? La Martinique a des atouts pour dvelopper un tourisme durable et productif mais il faut une rorganisation, des htels rnovs, avec des fonds martiniquais, gage de leur durabilit, et associs des chanes, gage d’une clientle diversifie et d’intressement des transporteurs. Quels ont t les apports les plus significatifs de l’Union Europenne au dveloppement de l’le ? Le PIB/habitant en Martinique est de 17.196 euros. La France et l’Union Europenne ne sont pas trangres ce niveau de vie. La Martinique est quipe, sinon amnage (aroports, ports, hpitaux, routes, etc.). L’Europe a soutenu l’agriculture d’exportation, la mise aux normes des exploitations, l’irrigation et a compens, en partie, les handicaps structurels avec la mise disposition des fonds europens. Par exemple, le programme de Dveloppement Rural Rgional de la Martinique pour la priode 2007-2013 sur un total de 172 millions d’euros, bnficie de 100 millions de l’UE. Dsormais, l’ensemble des acteurs du monde rural pourra avoir accs ce financement, y compris les collectivits, les entreprises et micro-entreprises de transformation de l’agroindustrie. Quelle est la situation cologique de la Martinique ? Il semble qu’il y ait des problmes de pollution du sol. La surface utile agricole a connu une rosion sans prcdent (-30% entre 1989 et 2006). Aujourd’hui les 25.907 hectares restant sont pour une bonne part pollus au chlordcone (NDLR : pesticide organochlor trs toxique utilis entre 1981 et 1993 dans le traitement des bananiers pour lutter contre le charanon), interdisant toute culture de racine-tubercules sur les emplacements contamins. C’est l un des lments d’un diagnostic cologique assez sombre de l’tat de l’environnement martiniquais, marqu par d’autres problmes comme l’urbanisation galopante et la menace sur les espces animales et vgtales marines et terrestres. O en est la coopration entre la Martinique et les ACP voisins ? Il y a une perspective du ct des APE (Accords de partenariat conomique) qui prvoient entre l’Union Europenne et les ACP une suppression des restrictions aux importations de chaque partie. Un problme : il est envisag pour nous, dans le cadre des APE, d’tre offensifs sur les services ; encore faut-il librer la circulation dans les deux sens dans la Carabe, pour viter que les Martiniquais, les Guadeloupens, les Guyanais circulent librement alors que les Caribens seraient traits avec suspicion et soumis des contraintes de toute sorte pour l’obtention d’un visa. H.G. Dcouvrir l’Europe Martinique59 Mal organise mais bien quipeUne interview de Madeleine Jouye de Grandmaison, Martiniquaise, Vice-prsidente de l’Assemble parlementaire paritaire ACP-UE Mots-clsHegel Goutier ; Madeleine Jouye de Grandmaison ; Martinique ; APE ; Carabe.Anse d’Arlet 2008. Hegel GoutierLa Martinique a le profil adquat pour le dveloppement d’un secteur touristique durable et rentable mais une rorganisation pralable est ncessaire.

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60> RflchirC’est entre autres “Le Cnacle”, des dbats en plein air sur le bord de mer sur des thmes sociaux ou politiques o, autour de deux dbatteurs, le public peut s’emparer du sujet. Un spectacle en soi. Le SERMAC, c’est aussi des “stages”, une vingtaine de classes, des arts de la scne aux arts plastiques pour une participation annuelle modique.> DivertirCette anne, le festival, qui avait t dans le temps l’un des premiers inviter Johnny Clegg, a honor l’Afrique du Sud pour le jubil de Mandela. Le spectacle vedette a t celui d’Umoja. Parmi des dizaines d’autres vnements, concerts, danses thtre, chorgraphie moderne, rcitals de chants lyriques, expositions, films en avant-premire, avec des hautes pointures, Kassav n’en tant pas des moindres. Pour la premire semaine du festival, on peut mettre en exergue au moins trois spectacles de trs haut niveau. Le premier est le concert du groupe de jazz martiniquais, Fal Frett (en crole “Froid l’estomac”). Deux frres Bernard, Jacky au piano et au synth et Alex la basse, autour desquels volue une quinzaine d’artistes, la plupart de la famille, plus des invits comme Andr Woodvine (Barbade) au saxophone et la flte, le crooner Tony Chasseur ou Papa Slam. Swing envotant et nostalgique apprivoisant airs martiniquais et caribens, vieilles rengaines franaises, rock ou jazz et hip-hop. Couleur Cav, c’est en vedette Alan et Syto Cav. Encore la famille. Syto est l’un des metteurs en scne et des acteurs les plus dous d’Hati, jouant sur tous les registres. Alan, son fils, volue New York. Un repre : le duo d’Alan, La Pson avec Tanya St-Val est sur un texte de Syto. De temps autre, l’un faisait de la figuration dans le spectacle de l’autre mais cette fois ils ont dcid de crer ensemble. Cela a donn un spectacle poustouflant. D’abord c’est un concert. Et pour finir c’est un concert. Dans lequel se passent tant de choses relevant de tant de formes d’art de la scne mais toujours avec un esprit sinon un tempo, rock. Retenir aussi au moins le nom de la pianiste amricano-japonaise, Ado Coker. Un petit joyau : deux soires d’un concert lyrique suave la superbe glise de Balata et l’glise St Christophe la priphrie de Fort-de-France. Avec Magali Albertini au piano, Roselyne Cyrille (mezzo soprano, Martiniquaise), Carole Venutolo (soprano lyrique, Guadeloupenne), Danielle Bouthillon (soprano lyrico-dramatique). Roselyne Cyrille, une voix fusant des sons purs sans un souffle parasite, tout en intriorit. Sublime dans le Qui sedes du Gloria de Vivaldi. Carole Venutolo, un soupon de trmolo voluptueux et sensuel. Son Ave Maria de Schubert servi par l’coute et la beaut du jeu de Magali Albertini est un dlice. Danielle Bouthillon, c’est la puissance patine par la luminosit. Le O Salutatus de la Petite Messe solennelle de Rossini parat rarement aussi naturel. Et son duo avec Magali Albertini sur Hore Israel de Mendelssohn Eliah vaut lui seul le dplacement. H.G. Dcouvrir l’EuropeMartinique FESTIVAL DE CULTURE de Fort-de-France La culture pour donner “La force de regarder demain”Cr il y a 37 ans, le Festival de Fort-de-France a reu ds le dpart une mission simple : r chir et divertir. C’est ce que nous con e Lydie Btis, directrice du SERMAC (Service municipal d’Action culturel) dont les objectifs sont le rejet de l’alination culturelle et l’ouverture au monde. Le titre de cette dition du festival est loquent : “La force de regarder demain.” Mots-clsHegel Goutier ; Fort-de-France ; SERMAC ; Fal Frett ; Couleur Cav ; Magali Albertini ; Roselyne Cyrille ; Carole Venutolo ; Danielle Bouthillon.Papa Slam 2008. Hegel Goutier

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008France Zobda – Je joue dans des sries diverses. D’abord, La Parker sur M6, et SOS 18 sur FR3 dont c’est la 7e saison, dans lequel je suis le mdecin-pompier et qui me tient cur. Le personnage avait t cr pour moi par Didier Cohen. J’ai aussi beaucoup travaill en Amrique du Nord. Trois ans au Qubec sur la srie Lance et compte en plus de neuf prochains pisodes dont je viens de participer au tournage ; une srie et Counter strike avec comme partenaire Peter Sinclair au Canada anglais ; et aux Etats-Unis, Sheena de John Guillemin ct de Tanya Roberts et The Barron d’Alessandro Fracassi. HG – Sheena tait un grand succs en Amrique mais en France o on vous a vraiment dcouverte avec Les caprices du fleuve ? Sans aucun doute, j’ai t assimile au personnage de la signare sensuelle du film de Bernard Giraudeau. C’tait un norme succs mme si une certaine presse avait t dure. Le film couvrait une priode pas forcment glorieuse de l’histoire de France. Il y a toujours une part de reniement de son histoire par la France. Le malaise des Noirs qui y vivent vient de cela. Mon parcours plus local dans la Carabe s’tait fait plutt avec des ralisateurs comme Guy Deslauriers pour L’Exil du Roi Bhanzin et Gregg Germain pour Adieu Foulard. Et vous vous tes lance dans la production et dans la ralisation ? Le but de notre bote de production est de faire parler de l’histoire. Parmi nos projets, il y a Toussaint Louverture. S’il y a un homme avec un grand H pour nous en Martinique, c’est lui, le premier avoir permis l’abolition de l’esclavage. Quand on met Toussaint au got du jour, on berce l’espoir de voir Hati merger. Il y a un tournage sur les sans-papiers pour FR2, Pas de toit sans moi avec Assa Maga. Il y a aussi Les amants de l’ombre sur les librateurs GI’s en France en 45 du temps o l’on y tondait aussi les cheveux des femmes qui avaient couch avec des soldats noirs amricains. Et Faire danser la poussire, l’histoire autobiographique d’une petite mtisse de mre bretonne dans les annes 60. Et la Martinique ? La Martinique, c’est mon cur, ma racine. Tout ce que je fais c’est pour qu’elle en soit fire. Je veux contribuer faire briller le blason de ce pays, avec de grands crivains comme Raphal Confiant, Edouard Glissant ou Maryse Cond, les talents de jeunes Martiniquais Guadeloupens, Hatiens et d’autres, y compris les Franais franais. Je veux proposer de beaux rles notre communaut mlange. Il faut que toute la plante soit dans les films. Dcouvrir l’Europe Martinique61 Il faut que TOUTE LA PLANTE soit dans les films I nterview avec France Z O B DA , actrice, ralisatrice, productrice martiniquaiseFrance Zobda est actrice. Elle et Jean-Lou Monthieux, le producteur de mgasuccs comme Astrix et les jeux olympiques, ont cr Eloa Production. Et elle se lance dans la ralisation en dirigeant Assa Maga et prpare une fresque humaine sur Toussaint Louverture, le Spartacus noir, avec un scnario command Raoul Peck. Avant de faire son mtier d’actrice, elle avait dcroch un doctorat en anglais et un autre diplme universitaire en gestion d’entreprises. France Zobda parle au Courrier de son travail, de sa Martinique, de sa Carabe et de l’humain sur qui par-dessus tout, elle veut faire profession de foi. Mots-clsHegel Goutier ; France Zobda ; Jean-Lou Monthieux ; Gregg Germain ; Sheena ; Les Caprices du Fleuve ; La Parker ; John Guillemin ; Assa Maga. France Zobda est entre dans le Guinness des Records pour la personne au monde ayant le plus de teintes dans l’iris de ses yeux. Mais ce qui lui tient le plus cur c’est d’en faire voir de toutes les couleurs aux cinphiles du monde. H.G. France Zobda 2008. Hegel Goutier

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62J usqu’il y a peu, les dessinateurs africains dsireux de se faire un nom devaient aller s’installer en Europe. Le secteur de l’dition est en effet peu dvelopp sur le continent africain, et ces dessinateurs ont donc beaucoup de mal faire imprimer leurs uvres sans l’aide financire d’organisations non gouvernementales (ONG) et internationales. Mais aujourd’hui, les dessinateurs et auteurs de bandes dessines se mettent utiliser l’Internet pour se faire connatre dans le monde entier, utilisant les technologies de l’information pour changer des uvres et parfois aussi pour les produire. On y trouve des blogs de dessinateurs ambitieux, blogs structurs la manire d’un journal intime ; ils sont spontans, sans subdivision thmatique, avec trs peu d’informations crites mais enrichis de multiples illustrations. D’autres dessinateurs ont opt pour des sites Internet plus structurs, vritables vitrines destines mettre en contact les auteurs avec leurs clients potentiels. Derrire chaque caricaturiste s’affichant sur le Web se cache une trs riche expertise dans le domaine de la conception, de la publicit, des arts plastiques, de la BD, des dessins anims et du Web design. Le blog du dessinateur congolais Pat Masioni (http://patmasioni. canalblog.com) prsente un intrt particulier. L’homme est l’une des meilleures plumes d’Afrique, et le succs est donc dj au rendez-vous pour les deux albums de sa srie Rwanda 94. Le blog de l’illustrateur et auteur de bandes dessines Willy Zekid, qui a collabor l’hebdomadaire satirique ivoirien Gbich!, sort lui aussi du lot avec son amusant hros, Papou, publi pour l’association Plante jeunes. Le dessinateur tchadien Adjim Danngar, (http://adjimdanngar.over-blog. net/) entend plutt montrer comment les auteurs peuvent utiliser le blog pour dnoncer des faits politiques et certaines situations dans les pays des dessinateurs. Et si le site de l’auteur bninois Didier Viode invite les visiteurs venir dcouvrir son blog en ces termes : “Bienvenue dans mon espace de libert ! Faites comme chez vous ! Pour des commandes de cartes ou caricatures personnalises, contactez-moi”. Il contient galement des dessins humoristiques politiques, pas toujours trs tendres (http://ziba.oldiblog.com/). En parcourant ces blogs et en lisant les commentaires, on s’aperoit qu’un dialogue s’est ainsi cr entre des artistes qui habitent parfois trs loin les uns des autres. Certains se sont rencontrs lors d’un atelier, d’une expo ou d’un festival, et se sont promis de “se retrouver sur le blog” plutt que de s’crire une lettre, comme par le pass. Les changes sur les blogs favorisent l’essaimage d’initiatives conjointes. On peut y apprendre qu’un scnariste et un illustrateur laborent un projet commun. Les textes affichs sur les blogs contiennent souvent des onomat opes et imitent le langage strotyp de l’auteur de bandes dessines. Riche en dessins et en rflexions personnelles au point de faire songer un vritable journal intime, le blog du Comorien Moniri M’Ba, a pour nom “Little Momo World”. On peut y lire le commentaire suivant prs du “dessin du jour” : “Mon pre, ce hros. Je suis revenu de Paris avec mon pre. Pourquoi le mentionner ??? Parce que c’est la premire fois qu’il vient me voir Angoulme et c’est norme J’voulais juste dire a” Quant au blog de Pah, le Gabonais qui s’est fait rcemment connatre en Europe avec “La vie de Pah”, aux ditions Paquet, il contient d’intressants articles sur son uvre, ses voyages et ses expriences en atelier. Plus personnels, certains auteurs expliquent ce qui les a incits se faire connatre par le biais d’un blog. Le clbre auteur malgache Pov (http://povonline.wordpress.com/) explique comment tout a commenc : “Je rvais depuis longtemps dj de mettre certaines de mes planches en ligne. C’est ainsi que povonline a finalement vu le jour. Ce blog propose une slection de dessins, dessins ditoriaux, photos et rcits se prtant des discussions. C’est un dbut. J’ai hsit entre le blog et le site Internet.” Certains auteurs ont choisi de crer des sites Internet personnaliss, comme Bob Kanza (http://bobdestin.site.voila.fr/index. html), n au Congo Brazzaville et auteur du personnage Sergent Deux C rativit Des dessinateurs africains s’affichent dsormais sur la toile afin de mieux se faire connatre dans le monde entier. Ils ditent des blogs personnels ou lancent des sites Internet destins faire connatre leurs productions. LES BLOGS : lieu de rencontre des dessinateurs africainsSandra FedericiDe gauche droite : Pages d’accueil des blogs de Adjim Danngar, Pov, Pat Masioni, Didier Viode En bas : Pov, dessins de son blogbuster. Avec l’aimable autorisation de l’auteur

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Togo pour l’hebdomadaire ivoirien Gbich! Quant www.mayval.eu du Camerounais Mayval, il met judicieusement en vitrine l’ensemble des uvres, affiches, couvertures de CD, lay-out graphiques, dessins, etc. de son auteur. Le site Internet de Damien Glez (http://www.glez.org/eng/home.htm), auteur du Journal du Jeudi, au Burkina Faso, mrite bien le dtour, ne serait-ce que pour ses portraits et caricatures, comme sa bande dessine de la “Divine Comdie”. Si la prsentation de crations personnelles sur un site ne suffit pas pour dcrocher des commandes, cette approche permet toutefois l’artiste de surmonter les obstacles lis au financement et la distance et amliore ainsi ses chances de faire carrire. Dans le pass, seul un vnement majeur comme un festival de la bande dessine permettait de rencontrer le bon scnariste ou l’diteur intress. A prsent, avec trs peu d’argent, ces artistes montrent l’tendue de leur talent leurs amis, aux lecteurs, au monde entier dans le secret espoir d’une rencontre dcisive pour leur carrire. N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008Pour sa 11e dition, organise du 11 au 20 juillet 2008, le Festival international du film de Zanzibar a investi le pittoresque Vieux-Fort de Stone Town. Rappelons que ZIFF est aussi le nom de l’organisation non gouvernementale vocation non lucrative prsente depuis 1997 Zanzibar, o elle organise ce festival afin de protger et de conserver ce riche patrimoine culturel rgional. “A partir de Zanzibar, place stratgique de l’ocan Indien, nous offrons un point de vue particulier sur les nouvelles tendances de la culture mondiale qui semblent dfinir le XXIe sicle.” Afin de promouvoir et de dvelopper les industries cinmatographiques et culturelles pour en faire des outils au service de la croissance sociale et conomique dans la rgion, ZIFF a cr un festival annuel ouvert tous les films africains et ceux d’Asie du Sud-Est, de la Pninsule arabique, du Golfe persique, d’Iran, du Pakistan et des les de l’ocan Indien, appels “pays des boutres”, voiliers typiques de la rgion et connus ici sous le nom de “dhows”. La slection officielle comprend trois catgories : la comptition officielle, rserve aux courts-mtrages, aux fictions et aux documentaires de ralisateurs africains ou des pays des dhows, la catgorie des documentaires, ouverte aux vidos de ralisateurs africains et des pays des dhows et enfin les films sur l’esclavage, ouverts tous les pays et aux genres et formats les plus divers. Les films et les vidos en lice cette anne dans le cadre du ZIFF ont abord des thmes importants comme la diversit culturelle et les droits de l’homme, avec une attention particulire aux droits de la femme et de l’enfant, l’intgrit de la personne, la culture de la diaspora et la conservation. Le ZIFF intgre galement un impressionnant programme d’ateliers, de confrences, de musique internationale, d’arts du spectacle, d’expositions et vnements divers visant rehausser la valeur thmatique de ce festival au carrefour de plusieurs cultures. Parmi les principaux sponsors qui ont soutenu l’vnement, on compte la Fondation Ford, Africalia et Hivos. S.F. Crativit 63 Mots-clsInternet ; blog ; dessinateurs africains ; bandes dessines ; Pat Masioni ; Damien Glez ; Pah ; Bob Kanza ; Moniri M’Ba ; Adjim Danngar ; Didier Viode.AU CARREFOUR DES CULTURES : le festival international du film de Zanzibar (ZIFF) festival Le festival international du film de Zanzibar (ZIFF, Zanzibar International Film Festival) est un vnement culturel annuel majeur d’Afrique orientale. KeywordsFestival international du film de Zanzibar (ZIFF) ; cinma ; Sandra Federici.Combats rituels lors du festival Mwaka Kogwa, ZIFF 2008. ziff/Pandu LAURATS DU ZIFF 2008The Golden Dhow Ezra de Newton I Aduaka, Nigeria/ France, 2007 The Silver Dhow India Untouched de Stalin K., Inde, 2007 Afrique orientale African Lens de Shravan Vidyarthi, Kenya, 2008 Prix Sembene Ousmane Into the light de Peter Glen, USA, 2007 Slection spciale du Jury Laya Project de Harold Monfils, Inde, 2006

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ETHNO PASSION 64P eggy Guggenheim est un mcne du XXe sicle parmi les plus importants. Fascine par le surralisme occidental, elle s’est progressivement intresse ce qu’on appelle communment l’art primitif ou “natif”. Une forme d’art que lui fait dcouvrir le peintre allemand Max Ernst, avec qui elle vcut une relation amoureuse aussi brve qu’intense et tourmente. Dans un premier temps, l’amour du peintre pour l’art ethnique sera une source de conflit dans le couple car elle ne supporte pas que Ernst lui “prfre” ses objets exotiques. Dans les annes qui ont suivi, Peggy Guggenheim se met elle aussi vritablement se passionner pour ces objets, des objets vers lesquels son subconscient la porte et dont elle ne souhaite pas ncessairement approfondir la signification. Comme elle l’a dit un jour : “Pour apprcier l’art moderne, mieux vaut examiner les diffrences entre les coles congolaises qu’entre les tribus de la Renaissance.” Peggy Guggenheim a rempli son somptueux Palace Venier dei Leoni de Venise d’objets issus de l’art d’Afrique, d’Ocanie et des Amriques. Aujourd’hui, 50 tmoins de cette collection sont runis dans le cadre de l’exposition “Ethnopassion”, organise la Galleria Gottardo de Lugano. Le titre de l’exposition souligne le plaisir de Peggy Guggenheim propos de ces objets : “la riche collectionneuse prenait plaisir admirer leur esthtique.” Organise par Franco Rogantini, directeur de la Swiss Gallery et par Philip Rylands, directeur de la collection de Peggy Guggenheim, cette premire exposition mondiale est prsente au public aprs de minutieux travaux de restauration et de recherche scientifique raliss par le Muse des cultures de Lugano, sous la direction de Francesco Paolo Campione. L’exposition entend avant tout restituer aux objets ethniques leur aspect esthtique mais aussi les remettre l’honneur et les replacer dans leur contexte historique et culturel. D’o la prcision des travaux de restauration pralable et la cration de fiches d’exposition descriptives, dont se sont chargs le Muse de la culture et des spcialistes de l’art ethnique. Parmi ces objets figurent des terres cuites en provenance de Colombie et du Mexique. Des cimiers utiliss pendant les ciwara ainsi que divers masques de crmonie proviennent d’Afrique occidentale. Enfin des personnages finement sculpts nous viennent de PapouasieNouvelle-Guine. Le Wuramon ocanien (“Pirogue des mes”) est une autre pice majeure de la collection : il s’agit d’une embarcation de 2,26 m de long semblable un cano, utilise lors des crmonies funraires chez les Asmats mlansiens. La prsentation de collections de particuliers, de mcnes ou de personnes ayant consacr leur vie aux uvres d’art est l’une des dernires tendances dans le monde des arts. En tmoignent par exemple la collection Pigozzi ou la collection africaine de la Fondation Sindika Dokolo. De telles expositions offrent au public une dimension plus personnelle, l’objectif ultime n’tant plus ncessairement le dveloppement des connaissances. L’exposition se suffit finalement elle-mme sur le plan ethnographique tout en tant esthtiquement plaisante, dans la ligne du surralisme. Succs de foule oblige, l’exposition a t prolonge jusqu’au 18 octobre 2008. Crativit ETHNO PASSION La Galleria Gottardo, Lugano (Suisse) abrite la premire exposition mondiale d’uvres d’art “ethniques” rassembles par la collectionneuse amricaine Peggy Guggenheim. La Galleria Gottardo, Lugano (Suisse) abrite la premire exposition mondiale d’uvres d’art “ethniques” rassembles par la collectionneuse amricaine Peggy Guggenheim. Mots cls Peppy Guggenheim; Galleria Gottardo; collection ethnique; art africain; Lugano; Suisse.La collection ethnique de Peggy Guggenheim Elisabetta Degli Sposti Merli

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N. 7 N.S. AOT SEPTEMBRE 2008 65 A ux plus jeunes * Dessinateur du Sngal. Avec l’aimable autorisation de l’auteur.LES PARGNES DE GOOR par T.T. Fons*

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66Les Africains sont un peuple part, en ce sens qu’ils diffrent de tous les autres. J’ai trouv fort intressant l’article “tre Africain en Roumanie” (numro 4) car il montre clairement comment un Africain est peru et trait en-dehors de son pays d’origine. Tebidhenry J’ai bien aim l’article sur les 50 ans de coopration ACP-UE (Numro spcial 1) : je l’ai trouv bien rdig, bien document et clair. Rumyana Dobreva La population de Kalmie, en Rpublique dmocratique du Congo (RDC), n’est pas au courant de ce qui se passe dans les pays ACP. Le Courrier permet aux populations de notre continent de mieux connatre ces pays. Merci ! Tharcisse Director of Kabulo library Kalmie (DRC) Je suis vraiment ravie de la parution du nouveau Courrier. Mes enfants, qui tudient la gographie l’Universit Cheikh Anta Diop Dakar, l’apprcieront aussi. L’interruption de la publication du Courrier avait en effet dsorganis leurs travaux de recherche. Sadia Sambou Bignona (Senegal) Vos points de vue et vos ractions nous intressent. N’hsitez pas nous en faire part.La parole aux lecteurs Calendrier Octobre – Dcembre 2008 Octobre 2008 > 2-3 6e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement ACP, Accra, Ghana > 8 Publication d’une communication de la CE sur un dialogue et une coopration entre la Chine, l’Afrique et l’UE > 20-23 2e Runion des Ministres de l’Education ACP, Bruxelles, Belgique> 21-24 8e Forum EURAFRICPartners sur l’eau et l’nergie en Afrique, Lyon, France www.adeafrance.org www.eurafric.org> 27-30 Deuxime Forum mondial sur la migration et le dveloppement, Manilles, Philippines Novembre > 15-17 Journes europennes du Dveloppement 2008, Strasbourg, France www.eudevdays.eu > 20-28 16e session de l’Assemble parlementaire paritaire ACP-UE Port Moresby, Papouasie Nouvelle, Guine www.europarl.europa.eu/intcoop/ acp> 29-3 Confrence sur le finacement du Dveloppement : confrence de suivi du Concensus de Monterrey Doha, QatarDcembre> 4-5 Runion des chefs des organisations d’intgration rgion ale des ACP, Bruxelles, Belgique www.acp.int www.ec.europa/trade/> 11-12 88e session du Conseil des ministres ACP Bruxelles, Belgique www.acp.int

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DECOUVRIR L’EUROPE REPORTAGE DOSSIER DECOUVRIR L’EUROPE REPORTAGE DOSSIER C urrierLeLe magazine des relations et Cooprations Afrique Carabes Pacifique et Union europenne FRA_Courier_cover_n7.qxp:Layout 1 3-10-2008 16:04 Pagina 2