REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
BUREAU REGIONAL POUR L'HABITAT
ET LE DEVELOPPEMENT URBAIN,
SAID
CONFERENCE SUR LES VILLES MARCHES ET LE DEVELOPPEMENT RURAL:
RELATIONS SOCIALES ET ECONOMIQUES
YAMOUSSOUKRO, COTE D'IVOIRE
8-12 JANVIER, 1989
RESUME ANALYTIQUE
LES HOMMES, LES FEMMES ET LES RESEAUX DE COMMERCIALIZATION
RURAUX-URBAINS
PAR
ANITA SPRING, PH.D.
SERVICE DES FEMMES ET L'AGRICULTURE, FAO
) SJ
RESUME ANALYTIQUE
LES HOMMES, LES FEMMES F" L.S RESEAUX DE COMMERCIALIZATION
RLURAU' IIRBAINS I/
ANITA SPRING, Ph.D UNIVERSITY OF FLORIDA
LILIAN TRAGER, Ph.D., UNIVERSITY OF WISCONSIN-PARKSIDE
CONDENSE DL TEXTE
Les plans visant a intensifier le developpement des villes de march et
des villes secondaires afin de renforcer ies liens entire zones rurales et
zones urbaines doivent tenir compete de la question de la participation des
homes et des femmes a la production et a la commercialization agricoles.
En Afrique, les femmes jouent un r6le important dans 1'agriculture de
subsistence et de rapport, ainsi que dans 1'elevage, mais l'absence d'un
regime leur permettant de poss6der des terres et leur acces reduit aux
moyens d'intensifier 1'agriculture (services de vulgarisation, credit,
facteurs de production, programmes de formation, et m6canisation dans les
secteurs publics ou priv6s) ne leur donne pas la possibility d'atteindre
le maximum d'efficacite ni d'ameliorer leur sort.
En Afrique, les systems de commercialization interne ont une complexity
variable, mais ils relient les zones rurales et urbaines du fait qu'ils
permettent le transfer des products agricoles et des products
manufactures. Grace a leurs aptitudes, a leurs connaissances et a leurs
resources, les negociants et les grossistes, don't beaucoup sont des
femmes, assurent les liaisons sur le plan human. Les commerqantes fixent
souvent les prix des products aussi bien a l'exploitation que sur le
march, et fournissent une multitude de services : groupage en vrac des
products agricoles sur les marches periodiques ruraux; fragmentation des
marchandises en vrac pour les vendre au detail sur les marches ruraux et
urbains; octroi de credit aux vendeurs et aux acheteurs; et ravitaillement
du system d'approvisionnements alimentaires. L'ampleur du commerce, les
categories de products et les services offers varient, dans le cadre du
system de marches, selon qu'il s'agit d'hommes ou de femmes. Meme dans
les regions oi les femmes vivent a l'ecart ou ont moins d'importance dans
le secteur du march, il arrive neanmoins qu'elles vendent au detail des
products agricoles et des aliments cuisines. Le commerce urbain pratique
par les femmes se compose de vente au detail de products agricoles, de la
transformation d'aliments aux fins de vente et du petit commerce
d'aliments dans les rues. Les femmes jouent des roles fondamentaux dans
1/ Communication technique preparee pour l'USAID/Bureau des femmes dans
le developpement, pour la Onzieme Conference sur le logement et le
developpement urbain en Afrique subsaharienne, Lilongwe, Malawi,
17-19 mai 1988.
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l'organisation de l'acheminement des products par le system de
commercialization; elles achetent sur les marches ruraux, prennent des
dispositions pour le transport et organisent des ventes a d'autres
interm6diaires.
On ne fera pas oeuvre utile pour les femmes en operant des "greffes" qui
leur m6nagent une categorie sp6ciale dans les projects ou les
interventions, mais plut6t en comprenant bien leurs besoins et les
contraintes que leur impose la society. II faudra etudier leurs r6les
dans 1'intensification agricole et la transformation structurelle et
mettre sur pied des strategies assurant qu'elles jouent un role de
participants, au lieu d'etre les victims des efforts de developpement.
RESUME DES RECOMMENDATIONS
INTENSIFICATION DE L'AGRICULTURE
1) Ameliorer les connaissances et la base d'informations servant a la
conception et a l'execution de projects de developpement rural et
d'urbanisation en obtenant pour chaque sexe des donnees concernant les
agriculteurs et leurs products, les beneficiaires des services de
vulgarisation, les categories de commerqants et les products qu'ils
vendent.
2) Etudier l'acces des femmes aux facteurs de production agricole dans
le secteur prive et laborer des strategies permettant la participation
des femmes au developpement du secteur prive.
3) Mettre sur pied des strategies visant a renforcer et a garantir la
participation des femmes aux projects d'urbanisation et s'assurer que les
interventions dans le secteur structure et dans la commercialization
rurale n'exercent pas des-influences differentes et negatives sur les
homes et sur les femmes.
INFRASTRUCTURE DES MARCHES
1) Ameliorer l'infrastructure des marches, notamment-la prestation de
services de base, tels que hangars, eau et assainissement, tout
particulierement sur les marches ruraux et sur ceux des villes
intermediaires.
2) Sur les marches urbains ou il y a predominance des femmes, envisager
la creation de garderies d'enfants, de dispensaires et d'ecoles sur les
lieux des marches.
3) Fournir des installations d'entreposage et assurer 1'acces des
commerqantes et des detaillantes a ces installations.
4) Rendre administration des marches responsables des services
d'entretien.
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EMPLACEMENT DES MARCHES
1) Admettre qu'on continue a avoir besoin de marches dans les centres
des villes et ne pas permettre leur destruction en faveur de grands
ensembles commerciaux.
2) En ce qui concern la construction de logements urbains, prevoir des
locaux pour les activities remunerees des femmes (par example, commerce,
transformation d'aliments, location de locaux) et/ou ameliorer l'acces des
femmes aux locaux existants.
3) Fournir des locaux au petit commerce alimentaire de rue du
centre-ville et des quarters urbains a forte density de population; ne
pas permettre qu'on chasse les vendeuses pour les installer loin des
concentrations de population.
TRANSPORTS
1) Il faut ameliorer les transports, notamment ceux qui assurent
l'acheminement des products agricoles des zones rurales vers les marches
des villes. Les transports doivent etre offers a des prix raisonnables,
etre facilement accessible et ne presenter aucun danger pour les femmes.
2) Les femmes doivent avoir acces aux programmes qui fournissent des
capitaux aux transports, par example pour acheter ou louer des v6hicules.
CREDIT ET MICROENTREPRISES
1) Cibler les programmes de credit et autres programmes de
microentreprises de maniere a en faire b6n6ficier des groups pr6cis (par
example, les femmes qui font de la petite agriculture ou de l'agriculture
commercial, les interm6diaires basees dans de petites villes, et les
petites vendeuses d'aliments prepares).
2) Les calendriers de remboursement doivent etre souples, de maniere a
accomoder les negociants et les vendeurs de rue don't les revenues varient
selon les saisons.
REGLEMENTATIONS
1) Les politiques de r6glementation visant a interdire le petit commerce
de rue et/ou a faire partir les vendeurs du centre de la ville doivent
etre modifiees; il faut trouver des locaux acceptable pour le petit
commerce de rue, notamment au centre des villes.
2) On a besoin de services permettant aux petits vendeurs de rue
d'offrir des products de meilleure quality dans de meilleures conditions
d'hygiene en leur donnant, par example, acc&s a l'eau ou en leur faisant
suivre des course d'hygiene.
S-4
3) II faut reexaminer les politiques de r6glementation concernant les
commerqants (par example, les efforts de taxation, le deplacement des
marches, etc.) en se rendant compete de 1'importance des occupations du
secteur non structure.
4) Modifier les politiques qui entravent 1'acces des femmes au regime
d'occupation des terres et de propri6te d'eventaires de marches, de
magasins et autres etablissements commerciaux.
LES HOMMES, LES FEMMES ET LES RESEAUX DE COMMERCIALIZATION
RURAUX-URBAINS 1/
ANITA SPRING, Ph.D., UNIVERSITY OF FLORIDA
LILIAN TRAGER, Ph.D., UNIVERSITY OF WISCONSIN-PARKSIDE
Au moment oi les gouvernements et les donateurs s'organisent pour
intensifier le d6veloppement de marches (dans les villes secondaires et
dans les petites villes) afin de servir de traits d'union entire les zones
rurales et urbaines de 1'Afrique, il faut tenir compete, quand on met sur
pied et execute des projects, des r6les fondamentaux que jouent les
Africaines a titre d'agents de production et de transformation des
products agricoles, de commercantes et de grossistes, de responsables d'un
menage et de titulaires de pouvoirs de decision. Lele fait observer "que
meconnaitre le role des femmes dans la production quand on formula L met
en oeuvre des politiques et programmes agricoles entraine des consequences
particulierement regrettables qui se traduisent par des pertes sur le plan
de l'efficacite et du bien-6tre en Afrique" (1986:206).
La present communication examine brievement les r8les des femmes dans la
production agricole, pour etudier ensuite tout particulierement les
questions de la participation des homes et des femmes aux systems de
commercialization agricole. Elle fait ressortir egalement que les
"relations" campagnes-villes se ramenent en fait aux aptitudes, aux
connaissances et aux resources des marchands qui interviennent dans la
distribution des products, tout comme 1l'infrastructure et aux
institutions de base.
Elle offre des recommendations pour aider a organiser des programmes
d'intensification de l'agriculture, d'infrastructure, d'implantation de
marches, de transports, de credit et de microentreprises et pour aider
aussi a elaborer-les politiques en matiere de rgglemenftat-on.
I. LES FEMMES ET LA PRODUCTION AGRICOLE
Les Africaines executent 30 a 70 % des travaux de petite agriculture, en
function de la superficie a cultiver et du produit a obtenir. Dans le
passe, on pensait que ces travaux se limitaient aux cultures de
subsistence. Or, on trouve souvent des femmes qui se consacrent
entierement a des cultures de rapport et a des cultures non alimentaires,
ainsi qu'a 1'elevage, destines a la consommation locale et a la vente
(Boserup 1970; Spring 1985, 1986, 1988; Staudt 1975-76; Rogers 1980).
1/ Communication technique preparee pour 1'USAID/Bureau des femmes dans
le developpement, pour la Onzieme Conference sur le logement et le
developpement urbain en Afrique subsaharienne, Lilongwe, Malawi,
17-19 mai 1988.
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De par leurs r6les de producteurs et de responsables des manages, les
femmes prennent les decisions (soit seules soit de concert avec les
homes) concernant l'utilisation et la conservation de products pour le
menage ou pour la vente. La contribution des femmes a la production n'a
pour contrepartie ni 1'acces au regime de propriety fonciere ni l'acces
aux moyens permettant d'intensidier l'agriculture. Bien que certaines
femmes rurales et certaines femmes des villes a revenue plus eleve soient
proprietaires en titre de terres (acquises par heritage, don, achat ou
defrichage), la majority cultivent des terres qui appartiennent a leur
maria ou a des parents de sexe masculin. Cet etat de hoses a des
consequences sur le plan des ameliorations a long term, des parametres de
dimension des parceiles destinies a certaines entrepr ises commercials et
du nantissement exige par des programmes de credit uu de furniture
d'intrants.
Beaucoup d'auteurs notent l'importance des femmes dans la production mais,
quand ils en viennent a parler des encouragements a la production
agricole, ils ne mentionnent pas souvent que, en tant que chefs de famille
et spouses, les femmes ont d'ordinaire une position inferieure a celle des
homes sur le plan de 1'acces aux moyens de production (terres,
main-d'oeuvre et capital) et aux services de vulgarisation (formation,
programmes d'intrants et de credit, et mecanisation). Bien que, en regle
general, les femmes (et notamment les chefs de famille) disposent de peu
de resources pour pratiquer l'agriculture, on connait des examples de
femmes agriculteurs qui disposent de moyens consid6rables et ont acces a
la technologies nouvelle (Moock 1976; Spring 1988). Les projects visant a
encourager l'agriculture doivent tenir compete de la tendance a negliger
les femmes agriculteurs qui sont d'ordinaire exclues des programmes parce
qu'elles n'ont pas de contact avec les services de vulgarisation, ne sont
pas affili6es a des organizations agricoles, n'ont rien a offrir en
garantie, n'ont pas d'exploitation de dimensions suffisantes ou ne sont
pas suffisamment:;.duquees (ce qui "ne leur donne pas droit" de-partictper-
a certain programmes de formation).
D'ordinaire, l'intensification de l'agriculture fait intervenir l'emploi
de nouvelles especes ou varieties, de nouvelles m6thodes de culture (y
compris la m6canisation), de nouvelles strategies de commercialization, et
d'une connaissances des grandes orientations. Ii faut tenir compete du
r6le des homes et des femmes quand on parole de transformation
structurelle, notamment parce qu'on a tellement r6duit, par rapport aux.
homes, l'acces des femmes a d-; resources telles que les intrants
agricoles et le credit fournis par le secteur public (gouvernement,
organismes parapublics ou programmes de donateurs). On ne salt pas si
l'acces des femmes aux engrais, aux semences ameliorees, aux machines
agricoles, etc. est et sera meilleur ou pire; c'est une question a
etudier. Les strategies visant a faire augmenter la production agricole
et la s6curite alimentaire doivent tenir compete de la faqon don't les
parametres de production et de vente (services de vulgarisation,
etablissement des prix, transports, logements, etc.) exercent une
influence different sur les homes et sur les femmes.
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II. LES FEMMES ET LES SYSTEMS DE COMMERCIALIZATION AGRICOLE
Dans les pays africains, les systems de commercialization internes
servent de trait d'union entire les zones rurales et urbaines, et entire les
diverse regions, grace a 1'acheminement des products agricoles et des
products manufactures. Qu'ils soient quotidiens ou periodiques, ces
marches internes servent a changer des products d'origine locale, a
grouper sur des marches ruraux les products agricoles destines a des
marches urbains plus important et a distribuer les products de
fabrication locale et les products imports des zones urbaines vers les
zones rurales 1/.
En Afrique, le developpement des systems de commercialization varie
beaucoup, tout comme le r8le que jouent les villes de toutes dimensions
dans la commercialization agricole. Dans certaines regions d'Afrique
occidentale, par example, les marches ont une hi6rarchie tres developpee
(avec des systemes de marches p6riodiques ruraux, de villes de march et
de grandes villes) qui assurent 1'acheminement des marchandises en aval,
depuis les marches ruraux jusqu'aux zones urbaines, et en amount, avec le
transport des products manufactures des villes vers les campagnes. Dans
d'autres regions, cette hierarchies est bien moins developpee ou
inexistante. S'ils existent, les marches ruraux periodiques peuvent
simplement desservir la zone avoisinante et n'avoir que peu ou pas de
liens avec des centres plus important. Ou encore, il peut exister des
systems de petites echopes qui aident a ravitailler les zones rurales ou
de petits nombre d'intermediaires bases dans des villes qui achetent leurs
products aux agriculteurs. Ce dernier type d'arrangement est plus
frequent dans les regions a faible niveau d'urbanisation, ou il n'existe
pas de system de villes interm6diaires et de grandes villes.
1/ La terminologie utilisee dans la present communication suit, en
general, celle qu'on trouve dans les ouvrages consacres aux systems
de marches (par example, Berry 1967; Smith 1978). Les marches
periodiques sont ceux qui ont lieu regulierement, mais pas tous les
jours, et qu'on trouve dans les zones rurales-de toute l'Afrique.
Les marches periodiques peuvent remplir trois functions diff6rentes
changes locaux, commerce interne et centralisation et le font
souvent simultanement (Smith 1978:13). Les participants qui font
commerce sur les marches periodiques sont des agriculteurs et des
marchands, a temps partiel et a temps complete. Les intermediaires
sont des marchands qui pratiquent un commerce vertical, et acheminent
des biens entire les marches ruraux et les marches urbains. Ils
procedent souvent a leurs achats sur des marches ruraux periodiques
et revendent les products sur les marches urbains, bien qu'ils
puissent aussi acheter directement aux producteurs. Dans ce dernier
cas, les producteurs peuvent etre davantage tributaires d'un nombre
limited d'intermediaires, alors que, lorsqu'il existe un system de
marches ruraux periodiques sur lesquels les intermediaires font leurs
achats, les agriculteurs disposent de relativement bons debouches
pour leurs products.
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Malgre ces variations, les marchands jouent dans toute l'Afrique des r6les
important dans les systems de commercialization agricole. Ils sont en
effet les principaux acteurs de tous les systems de commercialization :
ils groupent les products, achetent et vendent les biens, organisent les
transports et fournissent du credit. Ii y a diverse categories de
marchands, depuis les producteurs locaux/marchands a temps partiel
jusqu'aux intermediaires a temps complete qui s'occupent de distribuer des
biens sur grande echelle. Il y a des regions oi certaines ethnies
dominant les activities marchandes.
Dans une grande parties de l'Afrique, les femmes jouent des r6les
essentiels aussi bien dans le commerce local qu'en tant
qu'intermediaires. Le commerce est un element important des activities du
secteur urbain non structure et represente une source important de
revenues pour les femmes. On observe des variations regionales, depuis les
systems de commercialization ou les femmes sont les principaux acteurs a
tous les niveaux du commerce jusqu'a ceux oi les hommes sont les
principaux acteurs a tous les niveaux du commerce, bien que les femmes
vendent certain products, y compris des aliments prepares, en passant par
les systems ou le r6le des femmes se limited a certain products. Dans le
cadre de ces variations r6gionales, les homes et les femmes-ont des r6les
different sur le plan de l'ampleur du commerce, du genre de products
vendus et du lieu (ville ou champagne) des marches. Il n'est pas possible
d'etablir une correlation exacte entire la participation des femmes,
l'ampleur de la commercialization et l'urbanisation du system, bien que
les femmes semblent avoir la plus grande participation dans les regions ou
les marches sont les mieux hierarchises.
Cependant, malgr6 ces variations, les donn6es font ressortir deux elements
fondamentaux concernant la participation des femmes aux systems de
commercialization agricole en Afrique : 1) dans une grande parties du
Continent, les femmes jouent des r6les tres important dans la
distribution interne des products agricoles et 2) pour beaucoup de femmes,
le commerce et la commercialization apportent d'importants 6elments de
revenues et contribuent egalement aux revenues de la famille et du manage.
Dans les system de commercialization de l'Afrique occidentale (notamment
au Ghana et au Nigeria), les femmes sont les principaux acteurs a tous les
niveaux de distribution de la plupart des grands products de base. Ces
pays ont toujours eu une forte urbanisation, avec des villes
intermediaires qui jouaient le r6le de marches regionaux. Des villes
comme Kumasi au Ghana et les villes Yoruba du Sud-Ouest du Nigeria sont
essentiellement des centres commerciaux, don't les marches sont relies aux
regions rurales environnantes. Dans ces systems, les marchandes sont des
intermediaires qui se chargent d'organiser la distribution des products
d'une region rurale a une autre et des zones rurales vers les villes. Par
example, dans le Sud-Ouest du Nig6ria, elles jouent ce r6le en remplissant
les functions suivantes : 1) vente des products agricoles locaux sur les
marches periodiques ruraux (marchandes rurales); 2) groupage des products
agricoles et organisation de leur transport vers les marches urbains
locaux et regionaux (intermediaires); 3) subdivision des lots pour revente
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aux detaillants des marches urbains (interm6diaires); et 4) vente au
detail sur les marches des villes intermediaires et des grandes villes
(d6taillants) (Trager 1976-77).
Dans 1'exercice de ces activities, les marchandes acheminent des aliments
et des products sur des distances consid6rables aussi bien dans une meme
region qu'entre des regions du meme pays; pour cela, elles font appel a
toute une serie de mecanismes, don't des liens reguliers de "clientele" et
de credit, qui permettent d'organiser et d'exploiter ce system
d'approvisionnement (Trager 1981a:50, 1981b). Au Ghana, les femmes jouent
un role central dans presque toutes les activities de commercialisation et
de distribution. Ces activities comportent le groupage des products
agricoles sur les marches periodiques et a l'exploitation, le transport
des products des zones rurales vers les zones urbaines, ainsi que le
commerce de gros et de detail sur les marches urbains (ATRCW 1984:1-2).
La source la plus important de products agricoles vendus sur les marches
des villes est "la femme grossiste qui joue le r6le d'intermediaire de
premier degr6 et peut ou bien acheter directement les products a
l'exploitant pour les amener au march de la ville afin de les y vendre ou
bien grouper des products sur un march periodique local aux fins de
revente dans les villes" ATRCW 184:23). Comme le fait observer Clark :
Sur les marches, les femmes assurent les changes de products
alimentaires locaux products par d'autres femmes qui font de la
petite agriculture; ces products sont ceux qui forment la plus grande
parties du regime alimentaire local. Les marchandes se chargent de
l'acheminement materiel des biens et debattent les prix auxquels les
consommateurs ont acces aux aliments. Elles encouragent aussi la
production par l'intermediaire des prix et en fournissant des
d6bouches fiables de detail et de gros. Ces positions economiques se
fusionnent avec les r6les de gagne-pain que les marchandes jouent
pour leur compete et pour celui de leur famille" (1987:1).
Dans d'autres regions de l'Afrique, les femmes jouent un role moins
central et moins visible dans les systems de commercialization;
cependant, ce r6le n'en est pas moins important, tout au moins pour
certain elements de la distribution. C'est le cas des regions on les
niveaux d'urbanisation sont relativement faibles, et oi il y a peu de
villes intermediaires; c'est aussi celui des regions a d6veloppement
urbain plus general, ou la plupart des villes sont des centres
administratifs et politiques au lieu d'etre des centres de march et de
commerce. Dans ces regions, les hommes et les femmes jouent un r6le
different, dans le cadre du system de commercialization, en ce qui
concern les categories de products vendus, l'ampleur du commerce et
l'emplacement des marches. Certains indices laissent egalement prevoir
des changements de la participation relative des hommes et des femmes en
function de l'evolution de 1'economie. Par example, au Zimbabwe, ce sont
les femmes qui, deja avant 1'epoque colonial, s'occupaient surtout de la
production et de la distribution des fruits et legumes dans la region de
langue Shona. Leur role dans la commercialization des fruits et legumes a
pris encore plus d'importance durant la period colonial. Cependant,
plus recemment, ce sont les homes qui ont assume le role de grossistes,
tandis que les fenmmes continent ai faire le commerce de detail (Horn 1987).
-6 -
Au Burkina Faso I'importance de la participation des femmes a la
commercialization agricole depend du produit, et aussi de la region du
pays. Aujourd'hui, le gros commerce de cereales qui alimente les grandes
villes est surtout entire les mains des hommes; cependant, les femmes sont
encore nombreuses a faire le petit commerce des c6reales dans 1'ouest du
pays. Les femmes dominant egalement le commerce d'autres products
agricoles, tels que les legumes (Saul 1986).
Meme dans les regions de 1'Afrique ou les femmes vivent A part, elles
peuvent jouer des r6les essentiels dans les systems locaux de commerce et
de commercialization. Hill a montre comment les femmes Hausa, qui vivent
isol6es dans la zone Nord du Nigeria, ont deux sortes d'activites
commercials qu'elles realisent a partir de leur foyer : les spouses des
producteurs-marchands locaux vendent au detail des c6reales et d'autres
products, par example, du niebe, pour le compete de leur mari; les deux
tiers environ de toutes les femmes vendent aussi a leur compete, dans leur
maison, des aliments cuisines et transforms (Hill 1969; 1971). Ainsi
done, meme quand les femmes ne sont pas visible sur les marches, on ne
peut pas en conclure qu'elles ne jouent aucun r6le dans l'organisation de
la distribution.
Enfin, il y a des regions d'Afrique ou les femmes jouent un r6le
extremement r6duit dans le commerce de march rural, mais ou leurs
interventions sur les marches urbains deviennent de plus en plus
importantes. Ce qu'on connait a propos de pays come 1'Ouganda et la
Tanzanie, oi les systems de commercialization ont beaucoup moins des
racines historiques profondes que ceux de 1'Afrique occidentale, et oi les
systems urbains sont egalement relativement recents et sous-d6veloppes,
montre que le commerce de march rural est domino par les hommes. Une
etude de cas portant sur de petits marches du district de Rufiji, en
Tanzanie, revele que "tous les vendeurs et plus de 90 % des acheteurs sont
des hommes"; cependant, cette situation fait un contrast frappant avec le
grand nombre de vendeuses qu'on voit sur les marches p6riodiques, "une ou
deux fois par semaine, dans d'autres regions de la Tanzanie" (McKim
1981:66). Dans une etude effectuee a Ankole, en Ouganda, durant les
annees 1960, plus de 90 % des marchands a plein temps etaient des hommes;
il en allait de meme d'environ 75 % des marchands a temps partiel (Good
1970:69-71). D'un autre c6te, dans la grande zone urbaine de Kampala, il
n'y avait que trois hommes pour deux femmes qui faisaient du commerce et,
sur certain marches de la ville, les femmes etaient plus nombreuses (Good
1970:71).
Dans le commerce de detail sur les marches urbains, et notamment dans le
secteur non structure, les femmes ont tendance a predominer, qu'il
s'agisse des systems de march dans lesquels elles ont la haute main sur
une grande parties du commerce ou des systems oi elles jouent un r6le
global moins important. Sur les marches, les activities des femmes
comportent trois volets principaux : 1) elles font le commerce de detail
des products agricoles sur les marches urbains; 2) elles transforment des
products alimentaires aux fins de vente; et 3) elles vendent des aliments
prepares et cuisines, notamment dans les rues. Ces trois series
d'activites sont liees les unes aux autres et peuvent &tre realisees par
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les mimes personnel, bien que ce ne soit ordinairement pas le cas. Pris
dans leur ensemble, le commerce de detail, la transformation alimentaire
et le petit commerce de rue representent une proportion important des
occupations du secteur urbain non structure qui sont ouvertes aux femmes
(Trager 1987; Jules-Rosette 1982). Cohen (1986:25) affirme que, bien que
la transformation alimentaire et la vente d'aliments dans les rues
fournissent aux femmes d'importantes sources de revenues, il ne faudrait
pas qu'on confine automatiquement les femmes dans ce genre d'entreprises
ni qu'on consider ces dernieres comme ne pr6sentant qu'une "valeur
economique marginale" pour la society.
Comme dans le cas de la distribution a partir des zones rurales, la
participation des femmes au commerce urbain de detail de products
agricoles varie d'une region a l'autre. Les femmes predominent dans une
grande parties de l'Afrique occidentale mais, dans d'autres regions, comme
l'Afrique orientale et australe, les femmes jouent un r6le moins dominant,
meme si ce r6le semble augmenter. Dans une 6tude de la ville de Lusaka,
en Zambie, Beveridge et Oberschall ont constate que, depuis les annees
1950, les proportions d'hommes et de femmes intervenant sur les marches
ont sensiblement change. Alors que les homes dominaient presque toutes
les activities commercials, y compris le commerce des fruits et legumes,
durant les ann6es 1950, les femmes etaient parvenues a jouer, en 1971, un
r6le beaucoup plus important dans le "negoce des fruits et legumes... (et)
... avaient continue de monopoliser la vente d'aliments prepares, de
haricots, de noix, d'epices et de mais Kaffir, et avaient gagn6 du terrain
dans le commerce d'autres products" (1979:62). Meme dans les regions ou
les femmes ne sont pas les principaux detaillants de products agricoles
sur les marches, elles jouent neanmoins un r61e fundamental dans le
traitement des aliments, qu'il s'agisse de products crus vendus au detail
ou d'aliments prepares destines a la vente. Beaucoup d'aliments de base
exigent un traitement avant d'etre offers a la vente aux consommateurs.
Par exemple, au Nig6rif, le mianioc est transformed en gari : cette "
operation a lieu g6enralement ans le village ou la petite ville avant la
distribution aux marches urbains. D'un autre c6te, le mals doit &tre
spare de la rafle, ou les noix de cola de la gousse, par les marchands
qui les achetent sur les marches ruraux; des intermediaires bases dans des
villes intermediaires ou de petites villes font souvent ce genre de
travail. De meme, le traitement des aromates appel~es dawadawa, dans la
region nord du Nigeria, est effectue par des femmes dans des villes,
petites et grandes, avant que les products ne soient vendus sur les
marches regionaux et urbains (Trager 1987:246).
Ce sont les femmes qui, dans les grandes zones urbaines d'Afrique,
s'occupent de la preparation d'aliments et de boissons. Le brassage de la
biere a 6et particulierement important en Afrique australe et orientale;
"parmi d'autres formes de commerce non patented que peuvent pratiquer les
femmes... le brassage de la biere est l'une des options qui promet les
benefices economiques les plus elev6s mais entraine les risques les plus
grands sur le plan juridique" (Jules-Rosette 1982:8; Mbilinyi 1985:89).
Recemment, on s'est interesse en particulier au role des femmes dans le
petit commerce de rue; les recherches montrent en effet l'importance que
les aliments prepares vendus dans les rues presentent pour le regime
- S -
alimentaire des habitants des villes et le r6le qu'ils jouent dans
1'economie urbaine (Cohen 1986; EPOC 1985). Dans le cadre du project de
recherches sur les aliments vendus dans les rues, coordonn6 par 1'EPOC,
deux etudes out ete effectuees dans des villes intermediaires d'Afrique
occidental. A Ziguinchor, au S6negal, 53 % des petits vendeurs
d'aliments dans les rues etaient des femmes alors que, a Ife-Ife, au
Nigeria, la proportion atteignait 94 % (Cohen 1986:5). Ces etudes
prouvent l'importance de la vente d'aliments dans les rues en tant
qu'occupation du secteur non structure pour les fenunes. En outre, ces
ventes ont d'importantes consequences pour la demand de products
agricoles ruraux; a Ziguinchor, on estime que les vendeurs de rue
transforment plus de trois tonnes de millet par semaine durant la saison
de pointe (Cohen 1986:29).
En resume, les femmes jouent des r6les fondamentaux dans de nombreux
secteurs essentiels des systems de commercialization agricole. Dans
certaines regions d'Afrique, ce sont elles qui, dans une large measure,
contr6lent et organisent le commerce interne des products agricoles de
base. Dans d'autres regions, elles dominant le commerce de certain
products agricoles, ou certain niveaux du commerce. Meme dans les
regions ou les femmes jouent un r6le minime dans le commerce rural et dans
l'acheminement des products entire les campagnes et les villes, elles
jouent des roles important dans le commerce de detail urbain, dans la
transformation des aliments et dans la vente d'aliments prepares. Enfin,
dans toutes les regions, le commerce fournit une part preponderante des
revenues que gagnent les femmes.
III. RELATIONS CAMPAGNES-VILLES
Les systems de commercialization sont un element essential des relations
entire les campagnes et les villes d'Afrique et les femmes jouent des r6les
fondamentaux dans l'organisation de l'acheminement des biens par ces
systems. Dans les systems oi ce-snt--les .femmes qui- ont la
responsabilite principal du commerce, a tous les niveaux, ce sont elles
qui 6tablissent et maintiennent les relations indispensables au
fonctionnement du system. Par example, les interm6diaires du Ghana et du
Nigeria qui transportent en gros les products entire les marches ruraux et
les marches urbains doivent : 1) organiser les approvisionnements en
achetant soit dans les villages soit sur les marches ruraux, 2) organiser
les transports, et 3) organiser les ventes a d'autres intermediaires ou
aux detaillants des marches urbains. Ces activities exigent des
connaissances, doivent etre effectuees en temps voulu et sont souvent
realisees sans disposer de beaucoup d'informations (au-dela des
connaissances personnelles) au sujet de la situation du march. Ainsi
done, quand on parole de "relations campagnes-villes", on se refere en faith
a l'utilisation des aptitudes, des connaissances et des resources des
marchands (y compris leurs relations personnelles) pour effectuer la
distribution des products agricoles, dans des conditions d'efficacite,
entire les zones rurales et urbaines.
Dans les regions on les femmes font surtout du commerce de detail dans les
villas, transforment les aliments et font du petit commerce de rue, leur
role dans les relations campagnes-villes est peut-etre moins direct et
moins visible; il n'en est pas moins important. La transformation des
aliments et la vente d'aliments prepares exigent des matieres premieres
que fournit le system de march. La demand resultant de ces activities
cree des relations par l'intermediaire du system de production et de
distribution alimentaire, come c'est le cas du millet utilis6 par le
commerce de rue du Senegal don't il a ete question plus haut. Dans le nord
du Nigeria, le dawadawa, condiment a base de n6er ou de soja, est elabor6
dans les petites villes; les products bruts viennent de I'arriere pays;
les products transforms se vendent sur les marches regionaux dans tout le
nord du pays. Alors que l'ampleur et le niveau de la conmercialisation et
de l'urbanisation interviennent dans le developpement de ces relations, il
est important de noter neanmoins que les relations en amount de la
transformation alimentaire et de la vente d'aliments prepares peuvent
avoir des repercussions importantes, meme dans des contextes qui sont
relativement peu urbanises. Dans la plupart des grandes villes et des
capitals, ces products sont tres demands et leurs matieres premieres
viennent des regions rurales. Dans les systems depourvus de hierarchies
bien developpees de march, il se peut qu'il faille renforcer et
consolider les relations existantes.
IV. VILLES SECONDAIRES ET VILLES DE MARCH
Dans les systems de marches agricoles don't il est question, les petites
villes et les villes intermediaires ont une grande importance car elles
facilitent la distribution des marchandises. Souvent, ce sont les
marchands bases dans ces centres qui interviennent aux premieres tapes du
processus de groupage dans les zones rurales et amenent les products sur
les marches plus important aux fins de vente. On a parole plusieurs fois
du r6le des villes secondaires et des villes de march dans le
developpement, aussi bien sur le plan general qu'a propos de lieux
particuliers (Southall 1979; Hardy et Sattherthwaite, a paraitre; UNCRD,
1983; et Bromely 1984a, 1984b). Ces publications ont un caractere surtout
prescriptif et se fondent sur l'analyse d'un lieu central; les resultats
ont porter "sur la forme des systems nationaux de reglements plut6t que...
"(sur) leurs functions essentielles" (McNulty 1985). Neanmoins, ces
etudes ont ete utiles car elles ont fait ressortir a la fois le potential
des petites et grandes villes et certain problems qui leur sont associes,
tout en plaidant pour encourager leurs croissance et leur developpement de
fagons qui soient benefiques pour l'arriere-pays environnant (par example,
Rondinelli 1984; Bromley 1984a). Ces etudes ont preconise une method qui
consist a prendre les centres de march comme base du developpement des
villes (par example, Bromley 1984b; Adalemo 1979; Trager 1979). Selon
Bromley, "des changements bien choisis et soigneusement executes des
systems locaux de commercialization peuvent apporter des contributions
importantes a la fois a la croissance economique et a la reduction des
inegalites socio-economiques" (1984b:337). Plusieurs etudes ont indique
que les marches ruraux du Nigeria occidental et d'autres pays pourraient
etre des foyers important d'activites de developpement rural (par
example, Adalemo 1979; Trager 1979; Rondinelli 1987).
- 10 -
Cependant, ni Bromley ni d'autres auteurs qui s'interessent a cette
question ne se preoccupent du role relatif des homes et des femmes dans
le developpement des petites villes et des marches. UIs ne parent guere
des participants aux activities essentielles de ces villes ni des int6erts
divers de ces participants. Ils notent parfois que les intermediaires des
villes peuvent etablir des oligopoles, dans lesquels les petits
producteurs sont constraints "de vendre bon march et d'acheter cher"
(Bromley 1984b:329). Cependant, on n'a guere 6tudie dans quelle measure
ces oligopoles existent effectivement dans tel ou tel system de march.
L'etude de l'exploitation des consommateurs par les marchands des marches
du Cameroun fait partiellement exception a cette regle; elle conclut que
"les allegations d'extorsion et d'autres pratiques d'exploitation de la
part des vendeurs de products alimenaires sont en grande parties sans
fondement" (Boyer et Davis 1988).
La plupart des discussions de ce genre ne sont guere occupies des
questions du r6le des homes et des femmes, ni des int6erts et
preoccupations different que les homes et les femmes peuvent avoir a
propos de leurs activities dans ces villes. Les marchandes qui operent
dans de petites villes de march et achetent des products agricoles aux
agriculteurs des campagnes n'ont sans doute pas les memes interets que les
agriculteurs qui leur vendent ces products (Trager 1979:150). Afin de
developper des petits centres et des centres interm6diaires, il faut
examiner la facon don't divers groups agriculteurs et marchands, homes
et femmes utilisent ces centres. Comme les femmes competent parmi les
acteurs essentiels de 1'acheminement des biens dans le cadre de nombreux
systems de march africains, les strategies fondees sur le d6veloppement
de villes de march, grandes et petites, doivent examiner les interets qui
leur sont propres.
V. QUESTIONS D'ORIENTATIONS GENERALS ET RECOMMENDATIONS
A. Intensification de l'agriculture
II n'est pas n6cessaire de "greffer les femmes" pour en faire une
cat6gorie special sur les ...(projets)... existants parce qu'elles ont
des besoins different et que la soci6et leur impose des contraintes
particulieres" (Moser 1985:25). Les politiques qui int6ressent
l'intensification de l'agriculture ne peuvent pas partir de l'hypothese
que la transformation se fait dans un environnement oi 1'on ne fait aucune
difference entire homes et femmes ou que la conscience de la repartition
du travail par sexe debouchera sur des plans d'action. Si 1'on veut que
les structures du march et les fournisseurs priv6s des petites villes et
des villes secondaires servent a exercer une influence sur les zones
rurales en leur fournissant des facteurs de production agricole ou
deviennent des foyers de credit et de microentreprises, il faudra alors
etudier comment les differences ou les similarities de sexe conditionnent
1'acces h ces facteurs de production. 11 faudra r6unir, puis subdiviser
par sexe, des informations concernant la production, les ventes et 1'acces
a la vulgarisation ou aux facteurs de production, et integrer dans la
conception et l'ex6cution des projects des strategies visant a assurer la
participation au credit, a la formation et a d'autres programmes (Spring
1985; 1988).
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Recormandations :
1) Ameliorer les connaissances et la base d'informations servant a la
conception et a l'execution de projects de developpement rural et
d'urbanisation en obtenant, pour chaque sexe, des donnees concernant les
agriculteurs et leurs products, les b6enficiaires des services de
vulgarisation, les categories de marchands et les products qu'ils vendent.
2) Etudier l'acces des femmes aux facteurs de production agricole dans
le secteur priv6 et laborer des strategies permettant la participation
des femmes au developpement du secteur prive.
3) Mettre sur pied des strategies visant a renforcer et a garantir la
participation des femmes au projects d'urbanisation et s'assurer que les
interventions dans le secteur structure et dans la commercialization
rurale n'exercent pas des influences differentes et negatives sur les
homes et sur les femmes.
B. Infrastructure des marches
Dans de nombreuses regions d'Afrique, les marches ont une infrastructure
mediocre. Comme les marchands passent de longues journees a travailler
sur le march qui leur sert de base et/ou a voyager pour se rendre sur
d'autres marches, le manque d'infrastructure et de services sur les
marches vient fortement limiter les moyens don't disposent les marchands
pour intervenir avec efficacite. Au Ghana, les marchands qui operent sur
des marches urbains ont indique un certain nombre de problems qu'ils y
rencontrent : 1) assainissement manque de drainage, evacuation des
dechets mediocre ou inexistante, et toilettes mediocres ou inexistantes;
2) aces a l'eau manque de robinets publics, robinets publics qui
fonctionnent mal, et propri6taires de robinets qui exigent des redevances;
3) services n6cessite d'organiser des garderies d'enfants, des
dispensaires et des ecoles pres du-'nrche; et ~) besoins divers r-
installations de cuisson, toit, protection centre la pluie et
6lectricite. Sur les marches ruraux, les problems risquent d'etre encore
plus fondamentaux. La plupart des marches ruraux n'ont d'autres
installations que des auvents, don't beaucoup sont tout simplement a ciel
ouvert ou a l'ombre de grands arbres. Un autre grave obstacle est le
manque de moyens d'entreposage.
Recommendations :
1) Ameliorer 1'infrastructure des marches, notamment la prestation de
services de base, tels que hangards, eau et assainissement, tout
particulierement sur les marches ruraux et sur ceux des villes
intermediaires.
2) Sur les marches urbains ou il y a predominance des femmes, envisager
la creation de garderies d'enfants, de dispensaires et d'ecoles sur les
lieux des marches.
12 -
3) Fournir des installations d'entreposage et assurer 1'acces des
commerqantes et des detaillantes a ces installations.
4) Rendre administration des marches responsible des services
d'entretien.
C. Questions d'emplacement des marches et de logements
L'emplacement des marches et des aires de vente peut poser probl&me,
notamment dans les grandes villes oi l'on est-en train de construire de
grands ensembles commerciaux et dans ceux oi 1'on est en train d'am6nager
des logements. II peut arriver qu'on deplace les marches pour les
remplacer dans de grands ensembles commerciaux; dans la plupart des
villes, le petit commerce de rue est interdit dans le centre-ville. Dans
ces conditions, les marchands qui operent sur les marches et dans les rues
- notamment les femmes sont harceles par les pouvoirs publics et ne
peuvent obtenir des revenues de ces activities (voir section concernant la
reglementation ci-dessous). (L'exemple le plus brutal a ete le degagement
au bulldozer du march principal d'Accra, au Ghana, au debut du premier
gouvernement Rawlings). En outre, quand on construit des logements dans
les villes, on ne se pr6occupe guere des activities remunerees des femmes,
notamment de leur besoin de disposer d'un space pour le commerce, la
transformation des aliments et la location de locaux.
Recommendations
1) Admettre qu'on continue a avoir besoin de marches dans les centres
des villes et ne pas permettre leur destruction en faveur de grands
ensembles commerciaux.
2) En ce qui concern la construction de logements urbains, prevoir des
locaux pour les activities remun6rees des femmes (par example, commerce,
transformation d'aliments, location -de -ocaux)'et) e-u-ameliorer 1'acces des
femmes aux locaux existants.
3) Fournir des locaux au petit commerce alimentaire de rue du
centre-ville et des quarters urbains a forte density de population; ne
pas permettre qu'on chasse les vendeuses pour les installer loin des
concentrations de population.
D. Relations campagnes-villes role des transports
Les transports sont essentials au bon fonctionnement des systems de
marches qui ont ete decrits. Au Ghana, ces dernieres annees, le manque de
moyens de transport a beaucoup gene les marchandes pour obtenir des
products (ATRCW 1984:33). Les transports posent aussi des problems dans
les systems de marches plus petits, comme dans le district de Rufiji, en
Tanzanie, ou "les transports sont... tellement menaces qu'il est
extremement difficile de transporter les products dans le district ou pour
les exporter" (McKim 1981:60).
- 13 -
Recommendations :
1) 11 faut ameliorer les transports, notamment ceux qui assurent
1'acheminement des products agricoles des zones rurales vers les marches
des villes. Les transports doivent etre offers a des prix raisonnables,
etre facilement accessible et ne presenter aucun danger pour les femmes.
2) Les femmes doivent avoir acces aux programmes qui fournissent des
capitaux aux transports, par example pour acheter ou louer des vehicules.
E. Programmes de credit et de microentreprises
L'acces au credit pose dans toute 1'Afrique un grand problem pour les
producteurs et les marchands et plus particulierement pour les femmes et
pour les petits marchands. Depuis quelques annees, divers pr,-grammes de
microentreprises aident a mettre sur pied des programmes de credit pour
les tres petites entreprises. Cependant, ces programmes d'assistance ne
parviennent souvent pas a atteindre les femmes qui jouent un role dominant
dans la production ou le commerce. Dans les zones urbaines, les vendeurs
de rue sont souvent exclus en raison de la nature de leurs activities
(Cohen 1986:15). Ces programme s'adressent rarement aux femmes
intermediaires, basees dans de petites villes, qui sont responsables d'une
grande parties de la distribution entire les zones rurales et les zones
urbaines.
Recommendations :
1) Cibler les programmes de credit et autres programmes de
microentreprises de maniere a en faire b6neficier des groups precis (par
example, les femmes qui font de la petite agriculture ou de l'agriculture
commercial, les intermediaires basees dans de petites villes et les
petites vendeuses d'aliments prepares).
2) Les calendriers de remboursement doivent etre souples de maniere a
accomoder les negociants et les vendeurs de rue don't les revenues varient
selon les saisons.
F. R6glementation
Les marchands sont souvent la cible des reglements d'Etat (Clark 1987).
Alors qu'il en est particulierement ainsi des vendeurs de rue, les
reglements peuvent aussi viser d'autres marchands, par example, pour
percevoir d'eux des impots. Ii s'ensuit que les marchands consacrent du
temps et de 1'argent a faire front aux measures de harcelement (ou a les
esquiver) au lieu de se consacrer a leur metier. McGee et Yeung (1977) et
Cohen (1986) ont etudie les politiques concernant les vendeurs d'aliments.
Recommendations :
1) Les politiques de reglementation visant a interdire le petit commerce
de rue et/ou a faire partir les vendeurs du centre de la ville doivent
etre modifies; il faut trouver des locaux acceptable pour le petit
commerce de rue, notamment au centre des villes.
14 -
2) On a besoin de services permettant aux petits vendeurs de rue
d'offrir des products de meilleure quality dans de meilleures conditions
d'hygiene en leur donnant, par example, acces a l'eau ou en leur faisant
suivre des course d'hygiene.
3) Il faut r6examiner les politiques de r6glementation concernant les
commercants (par example, les efforts de taxation, le d6placement des
marches, etc.) en se rendant compete de 1'importance des occupations du
secteur non structure.
4) 11 faut modifier les politiques qui entravent 1'acces des femmes au
regime d'occupation des terres et de propriety d'6ventaires de marches, de
magasins et autres 6tablissements commerciaux.
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