Title: Revoltes Sanglantes de la populace de Chartres et du Mortagne, en perche, et relation de ce qui s'est passe dans la ville de Grenoble
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Title: Revoltes Sanglantes de la populace de Chartres et du Mortagne, en perche, et relation de ce qui s'est passe dans la ville de Grenoble
Physical Description: Book
Publisher: LeFevre
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Volume ID: VID00002
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REVOLTES SANGLANTES
DE LA POPULACE
DE CHARTRES ET DE MORTAGNE,
EN PERCHE;
ET
RELATION
DE CE QUI S'EST PASSE
DANS LA VILLE DE GRENOBLE.
[1789]





REVOLTES SANGLANTES


De la Populace de Chartres & de Mortagne,
en Perche; & Relation de ce qui s'est passe
dans la Ville de Grenoble.


De Chartres, le 28 Juillet 1789.

Le mercredi 22 juillet, on leva dans la ville de Chartres une milice bourgeoise,
destined a monter la garde. Le lendemain 23, les bourgeois se rendirent, a sept
heures du matin, dans I'eglise des Cordeliers; mais au lieu de se distribuer en
corps-de-garde & en patrouilles, un certain nombre se detacha pour aller a
I'hotel-de-ville, & faire mettre prealablerment le pain de neuf livres a vingt--quatre
sols. Les echevins n'ont pas cru devoir y adherer; alors, la revolte est devenue
general : on a donne ordre dans toutes les paroisses de sonner le tocsin. Les
magistrats voyant le people souleve, lui ont demand grace, & le pain a ete mis a
vingt-quatre sols les huit livres.

Le people s'est recrie que c'etoit trop cher, & I'a taxes a vingt sols. Cette taxes
consentie ne I'a pas calm; il a detruit& brule les registres des commis employes
aux recettes des differences portes de la ville. La milice bourgeoise, la
marechaussee, & cinquante dragons, sont demeures spectateurs de ce pillage.
La maison de M. Belliote a ete le theatre du plus grand desordre; livres, papers,









meubles, pendules, argenteries, linge, glaces, carisse, tout a ete detruit; le vin,
les liqueurs, ont ete bus sur la place : une femme a profit du trouble pour voler;
elle a ete fouillee, epouillee, & exposee nue aux regards de la populace. Ce
pillage etoit tel, que les dragons, la milice bourgeoise, & les cavaliers de la
marechaussee, ont ete obliges de faire feu sur le people. Huit hommes ont ete
tues, & beaucoup blesses. On s'attendoit, le 24, a une nouvelle boucherie; on
devoit rasei la maison d'un sieur Maillard : mais le came a ete retabli I'apres-midi
du 23, a trois heures, les troubles ayant dure depuis huit heures du matin.

On a arrete environ vingt personnel, qu'on a constitute prisonnieres, &
auxquelles on veut faire le process comme cause premiere de la revolte. II paroit
que la cherte du pain a seul occasionne les premiers troubles, & que le people
ne s'est porte a ces exces, que lorsqu'il a vu les echevins disposes a maintenir la
cherte. II faut s'attendre a des scenes pareilles donnees dans plusieurs villes du
royaume. Quand les esprits sont si mecontens, une etincelle suffit pour produire
un embrassement general.



De Mortagne, le 27 Juillet 1789.

La populace a pille les maisons des receveurs, & fait signer au sieur Aubert,
entreposeur de tabac, une soumission de donner le tabac a vingt-quatre sols; &
au receveur des gabelles, I'engagement de donner le sel a six sols la livre.

Le directeurdes aides avoit cru devoir quitter la ville, & s'etoit refugie a Alengon;
mais il a ete reconnu, & deja, le people menagoit sa vie, lorsque M. de Villerau,
qui commandoit la milice bourgeoise, est parvenu, a force de harangues, a
deliver ce prisonnier, qui a ete ramene a Mortagne plus mort que vif. Plusieurs
citoyens de marque avoient deja fait des tentatives pour le sauver; mais on les
avoit fait retire avec une violence, a laquelle il fallut ceder.

L'on a arrete les quatre chefs de cette emeute: ils ont ete conduits a Alengon
pour etre juges selon la rigueur des ordonnances. Dans ces malheureuses
circonstances, il faut se rappeller le premier mot que dit Louis XVI en entrant
dans I'h6tel-de-ville: Je viens, non autoriser, mais oublier ce qui s'est fait; mot
plein de dignity & de bienfaisance qu'il faut conserver.

Mais, a ces nouvelles affligeantes, ajoutons-en une plus propre a ranimer
I'esperance dans tous les coeur, par I'heureuse influence d'un Roi genereux sur
I'esprit de ses fideles sujets, que la nouvelle de sa preference au milieu du
people de la capital a rendu a la joie, bannie pendant quelques jours du milieu
d'eux. Un came general va done succeder aux orages, & dans peu nous verrons
renaiitre dans tout le royaume des jours de paix.












De Grenoble, le 22 Juillet 1789.


Des qu'on a su I'heureuse nouvelle que le Roi avoit renvoye tous les ministres
corrompus que infestoient la cour, & que Sa Majeste, pour donner des marques
certaomes a sa capital, ainsi qu'a tout son royaume, de sa bienveillance & de
son amour pour son people, s'etoit rendue a I'h6tel-de-ville de Paris, sans autre
cortege q'ue I'amour de ses sujets, don't elle etoit environnee, chacun sortit de
ses maisons; grands & petits s'embrassoient & se felicitoient d'avoir retrouve leur
bon Roi, & de ce que le mur d'airain, que les aristocrates avoient eleve autour de
lui pour I'empecher de communiquer avec les fideles sujets & lui derober la vue
des maux don't ils vouloient accabler la Nation, etoit entierement detruit. Ce
spectacle etoit tout-a-fait attendrissant; des larmes de joie couloient des yeux de
tous les bons patriots:

le people se porta en foule a la cathedral, demand a MM. du chapitre que I'on
chantat un Te Deum d'actions de graces pour remercier le Dieu des armees
d'avoir fait avorter tous les projects sinistres des ennemis de la Nation, & lui
demander la conservation des jours precieux de notre monarque, de I'heritier du
tr6ne, Monseigneur' le Dauphin, & des deux dignes ministres que la France
pleuroit, & que Sa Majeste vient de rappeller aupres d'elle. Le chapitre. se rendit
aux voeux des bons patriots, &, a I'issue de Vepres, tous les corps, qui avoient
ete invites, ainsi que le digne Commandant de la ville, M. le Marquis de Durfort, a
la tate de la noblesse, se rendirent a la cathedral, suivis de tout le people. Le Te
Deum fut chanted avec les solemnites requises, ensuite le Salut, & le soir grande
illumination par toute la ville.


Chez LEFEVRE, Librarie, rue de la Harpe, au coin de celle Poupee, no. 181.




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