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HIDE
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Title: Chants du souvenir ...
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 Material Information
Title: Chants du souvenir ...
Physical Description: Book
Creator: Dennery, Germaine.
Publisher: Compagnie Lithographique d'Haiti
Place of Publication: Port-au-Prince
Publication Date: 1939
 Record Information
Bibliographic ID: UF00081399
Volume ID: VID00001
Source Institution: University of Florida
Holding Location: University of Florida
Rights Management: All rights reserved by the source institution and holding location.
Resource Identifier: oclc - 6531029

Table of Contents
    Front Cover
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    Front Matter
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    Preface
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    Errata
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    Premiere partie
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    Deuxieme partie
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    Back Matter
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    Back Cover
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Full Text
- t.


GERMAINE DENNERY
de la Sooi4tg Haitienne des Lettres et des Arts












CH ANTS

DU SOUVENIR...







PRFiACE DE GASTON PICARD














COMPAGlNIE LITHOOGKAPHIQUB II-IAITI
PORT-AU-PRINCE


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GERMAINE DENNERY




OAYE HAMIT








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GEERMAINE D.NNERY
do la Sooi6t "naintione don LXettU et dos Arta








CHANTS

DU SOUVENIR...





PRI'FACE DE OASTON PICARD





.*.:4.'..':


COMIPAGNXE LXTHOGRAELPRTIQUW IrmaA
k-ORT-AU-PRXNOCM










THIS VOLUME HAS BEEI4
MICROFILMED
BY THE UNIVERSITY OF
FLORIDA LIBRARIES.
















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A- ,







PFdtAcd


PIRAVFA E


f
' 5













g
!


Quand je regus les pages qui formentle livre
qu'on valire, c'6tait h unmoment ohil semblait
que le monde fat bien prbs d'etre vou6 au
pire... Quel signed, quells colombe permettrait
que le mot Pax appardt? La colombe, le signed,
voilA qui se manifest sous la forme d'un pli
que decoraient des timbres haltiens: Mlle Ger-
maine Dennery m'adressait son manuscrit; elle
voulait bien me persuader qu'une pr6face serait
la bienvenue.
Bienvenu fut son envoi: sit6t aprbs, la nou-
velle d'un miraculeux accord jaillit, la Paix
6tait sauv6e.
Les personnalit6s qui d6ciderent a Munich de
l'existence, de l'avenir du Monde, sauf une, ne
parlaient que leur langue. I1 fallut un inter-
pr6te pour recueillir, transmettre leurs res-
pectives volont6s. Point n'est besoin d'un
traducteur pour me faire appr6cier 1'oeuvre de
Mile Germaine Dennery: les 6crivains strangers
de langue frangaise competent dans l'auteur
des Chants du Souvenir... une ambassadrice. Et
comment se priver de la bien accueillir? Rien
de plus sympathique, rien de plus rassurant
pour un Frangais que la fid6lit6 des messagers
de l'esprit envers la langue de Rivarol et de
Loti, de Voltaire et de Fromentin.
Pareille langue, s'il est doux de l'enten-
dre au pays des trois Dumas, s'il est agr6able
de l'entendre de pair avec le parler de Paris,
1l oh Mile Germaine Dennery nous conduit dans la
premiere parties de son livre,il est plus agr6a-
ble, plus doux encore de l'entendre 1 oi la







6 PREFACE

deuxibme parties du recueil nous ambne,-et c'est
nommer 1'Italie. Sans doute la chose nest pas
nouvelle, que bien des tourists et les Ita-
liens eux-m6mes, parent la langue frangaise,
mais j'aime qu'une jeune fille vienne des Cayes
pour dire dans celle-ci l'admiration que sus-
cite chez elle, aprs Paris, Rome...Notre petite
ambassadrice, alors, m'en devient plus chbre.
Qu'elle chante, au rythme d'une prose har-
monieuse, 1'une ou l'autre capital, Mile Ger-
maine Dennery est toujours le pobte que j'ai
pressenti d6s le premier contact avec les
6chantillons d'un talent qui s'affirme aujour-
d'hui; le pobte que, d6s les debuts de Mile
Germaine Dennery, M. Gautron du Coudray, un
compatriot de Maitre Adam Billaut, Nivernais,
lui-m6me un excellent pobte, avait remarqu6.
Et comme l'esprit po4tique,chez l'auteur des
Chants du Souvenir ... s'accompagne d'un esprit
d'observation trbs finement attentif, d'un
esprit lettr6 qui sait d6chiffrer, ressusciter
1'Histoire A travers les monuments et les sites,
le double voyage auquel Mlle Germaine Dennery
nous invite est fort attrayant. Je tiens pour
un honneur de saluer dans cette succinte pr6-
sentation un charmant 6crivain.
Les gazettes, les revues, la radio ont fait
connaltre des oeuvres commengantes qui mon-
traient clairement de quell unit heureuse
s'augmente la jeune litt6rature haltienne avec
Mile Germaine Dennery.
Avee ce premier livre, on a des raisons de
se r6jouir:lamoisson est belle, que les blues
annongaient...


GASTON PICARD







CLANTS DU SOVENNIR 7


La Odographie m'inspira longtemps une vive horreur.
Le Monde, pensais-je, ne peut-etre connu a travers la dis-
tance. Prendre contact avec la terre entire, I bord d'un
grand paquebot! Voila comment je voulais 6tudier notre
planete. Et, en attendant, je me cr6ais une carte tres
attrayante oh mon imagination melait I'Histoire aux his-
toires pour composer un ciel a chaque pays.
C'est munie de cette boussole que, sans me dpplacer,
je parcourais le globe.
Je voyage done depuis mon enfance.
Ce goft-la, je le tiens de mon pre, enthousiaste
voyageur, toujours en quete d'horizons nouveaux qui le
reposaient et le charmaient A la fois.
Quel interessant itindraire je tracerais sous la dictie
de ce guide clairvoyant qui nous d6crivit les aspects
s6duisants de tant de contrdes d'Europe, d'Amdrique et la
plupart des Antilles!
Mais avant que j'eusse mis A la voile, il partit, lui,
pour l'6ternel voyage.
C'est A sa chbre m6moire que je d6die ces pages.
Je les d6die aussi A ma mere qui, Vestale attentive,
entretint en nous le culte de la Beaut6.
























Page 22: EIes et Affides, 3e alinea, 4e line, au lieu
de: Je ne connais d'aussi decevant que les affuaes, lire
que les jfics.
Page 54: Le Capitole, 9e alin4a, Ire ligne, au lieu de:
11 eut raison, celui qui le di, lire clai qui dit.

































PRE~MZtR PAROTWE













































r-


















7








CfdAN!b17fiD O OV' 5


Le Macoris en notre rade, lance son sifflement sonore.
Adieu I mot qu'une larme humete our la Ivre I
Mot par qui le depart de d6ices nous umrel (1)
Bien que la presence d'une soeur et cdun fr're, entre-
tiennent I'ambiance familiale, A la place de rancre qui
monte, s'enfonce un peu de mon coeur.
Pourtant les plus tristes sont encore ceux qu'on
laisse, car pour nous, le decor change avec les heures: la
mer varie a 'infini son bleu, les vagues ondulent diverse-
ment, le ciel modifie aussi son azur, son soleil, ses etoiles,
tandis que les nuages dessinent des mondes hallucinants
ou gracieux, des hommes, des animaux ou des plants.
Sur la mer des Antilles, I chaque aurore un nouveau
port apparaft avec ses palmistes giants, ses quais plus ou
moins proches et ses bateliers bras nus qui rament en
chantant.
Voici Jacmel qui tale ses rues en pente et ses cas-
cades d'argent.
Oonayves, au trace large et regulier, fire cite de Iln-
d6pendance.
Port-de-Paix don't 'eglise ouvre un pan de son toit
sur le ciel pour y acheminer les fiddles, victims du recent
sdTsme.
Cap-Haltien, I'ancien Paris de St-Domingue (2), montre,
succ6dant a ses palais de marbre, des maisons vetustes
encore charges d'Histoire.
L, le coeur se serre A nouveau. Nous avions dit adieu
& notre coin natal, maintenant nous quittons la Patrie et,
avec elle, quelque chose de nous m&mes.


(1) Laartue (2) Morea de St-M&y.







12 CMAN=W DV U8OUVZIJI


Deux jours auparavant, Port-au-Prince, dans son affa-
bilitd de capital, nous prodigua d'autres compagnons et
des fleurs qui renouvelaient la gaiete de notre c station
maritime.
La vie a bord 6tablit une intimitd du premier coup.
De ces relations, la plupart se terminent au port, d'autres
se resserrent et deviennent meme des liens de famille.
Apres l'escale A Sanchez (1) exhalant l'odeur de ses
ballots de tabac, puis & Puerto-Rico, qui, pour rester
pimpante, ennuage de carbon les bateaux qui passent,
nous voilk en plein Atlantique.
Nous voguons sur une mer d'huile. A peine quelques
embruns qui flottent aussi sur les coeurs.
Heureusement qu'ils se dissipent vite...
Lecture, musique, danse, tombola au profit d'ceuvres
de mer comblent l'oisivet6. Mais a force de fouiller
I'horizon, d'entendre clamer le vent, d'etre ballott6s par
les flots qui bondissent avec des sautes et des rumeurs de
fauve, on se sent las.
Vingt jours! Pourquoi la France est-elle si loin?
Notre impatience doublerait les noeuds, mais la niachine,
insensiblement, continue sa course habituelle.
Enfin! le Commandant vient d'annoncer qu'on atterrira
le lendemain. Et la joie renait autour de I'artistique picee
monte, du diner d'adieu, dans le frou-frou des bonnets
de paper que chacun coiffe assez drblement.
En ce froid matin, lorgnettes braqudes, les passagers
6pient la terre, et dans leur hate de l'apercevoir confon-
dent nuages et montagnes. Les canciens,, avec autant de
gravity qu'ils leur confdraient la douche baptismale de
I'Equateur, sans cesse font courir les neophytes. Cepen-
dant, fatigues de ce jeu, tous s'allongent douillettement
sur leurs chaises-longues.
(1) R6publiqae Dominicaine







CfHNATS DV 5OuVZaMJ 13


Brusquement, un Pbre Missionnaire, accoud6 aux
bastingages, me tend ses jumelles:
-Regardez, me dit-il, la-bas... Je reconnais les c6tes
de ma Bretagne.
La, si j'evoque la Duchesse Anne et les pecheurs de
Ouernesey, j'entrevois aussi une th6orie de pretres et de
religieuses, tous ceux qui maintiennent 1'amour de leur
c douce France dans nos ties lointaines.
C'est par eux que 'ai pris contact spirituellement
avec la France qui m'apparatt, touchant symbol! par leurs
falaises natales.
II fait beau. Le Havre exhibe sa fort de chemindes
et sa flotille de grues. Le navire ralentit sa march, les
ordres parviennent drus, les matelots se pr6cipitent en tous
sens: leurs faces poudr6es de fumde suspendent sur la
foule masse au quai de la Transat des sourires, que des
femmes et des enfants cueilent avec bonheur.








14 COXLVTS DV 80UVN


TE TEMP)pS


La douane nous absorbe et I'express ronfle. Comment
visiter le Havre?
Simplement, on raye cette tape du carnet de route.
Nous roulons done vers Paris, tout emerveilles des jar-
dins de la Normandie qui s'6talent dans leur fremissante
et luxueuse verdeur. Les paysages succedent aux paysages
et les clochers aux clochers tandis que les voyageurs
precisent sur les moindres signes, la physionomie de la
region qu'il traversent.
Penchee centre la vitre, j'entends un camarade affirmer:
Nous arrivons bient6t.
Or, nous ne devons atteindre Paris qu'A la nuit et le
jour brille encore.
Depuis le passage de la Ligne, j'avanqais consciencieu-
sement mon aiguille: ma montre marque bien neuf heures.
Mais c'esf impossible!
Je perds completement la notion du temps.
Avisant mon frere:
-Veux-tu me dire l'heure?
-Neuf heures, me repete-t-il, en m'enveloppant de
son regard moqueur.
II comprenait ma stupefaction.
En effet, je d6terminais la march du soleil d'apres
mon Mdridien.
J'ignorais les longs cr6puscules du Nord.
Cette nuit, sur mon journal, j'inscris:
SEn France, le soleil ne se resigne pas A aller se
coucher.








=AR~N.AN VSOUVVMwR


3'AR.RIwViE


Nous debarquames a la gare St. Lazare. Onze heures
moins vingt I l'horloge. Les affiches qui peuplent les
sales renseignent dej& sur la vogue du jour.
Malgrd soi, lon s'attarde sous le pdristyle pour admi-
rer Paris qui se revele fW6rique.
Nous nous d6chargeons de tout souci sur mon frere,
ex-quartier-latin.
II donna le numero d'un h6tel du Boulevard St Ger-
main.
-Est-ce prbs d'ici? demandai-je.
-Sur la rive gauche, me r6pondit-il.
Qu'en savais-je?
Mais j'ftais content de franchir les deux rives.
Beatement, je contemplais Paris avec ses maisons
monumentales et ses large avenues.
Bient6t, le taxi stoppa. Mon frere qui en etait des-
cendu, revint nous informer qu'avec l'avance du bateau,
nos chambres ne se trouvaient pas encore libres. Comme
it jetait la nouvelle adresse qui venait de lui 6tre indique,
je conseillai:
-Si nous allions a l'h6tel de Londres?
-Tiens! tu peux choisir deja? fit-il en acquiescant.
Comment ne pas retenir le premier nom qu'on lit?
Bien que la temperature fratchtt, je reprenais avec
plaisir le meme parcours, pour mieux me p6nitrer du
cadre.
Je me couchai sous l'impression du Paris nocturne,
inond6 de lumibres, tous volets clos, quelques rares ombres
sur les trottoirs.
J'avais vu Paris. Pour ce soir-l, c'tait assez.







16 CEWANTS DU SOUP3IR





11 faut avoir vu Paris. C'est d'abord la ville oh I'on
ne se sent pas tout-A-fait stranger.
FacilitE d'expression, (l'accent a part) des voyageurs
de langue fancaise?
Sans doute.
Mais Paris, centre des Arts et des Sciences, appartient
un peu A tous les peuples. Paris! capital du monde!
Cependant, je n'oublie pas que c'est la capital de la
France.
L'amdnitU, le charme de la population dispensent cette
atmosphere d'aise qui prend indubitablement le coeur de
tous ceux qui s'en approchent.
'Paris fait penser & un vaste jardin oi s'dpanouit la
flore la plus varide et la plus rare. Ses alles sinueuses
comme la Seine elle-meme, empechent d'admirer d'un seul
coup tout ce qu'il renferme, de sorte qu'a chaque detour,
on rencontre des beauts_. insoupconndes.
Devant ses fleurs profuses, tant decrites, le simple
promeneur se remplit les yeux en silence et penche son
Ame pour en recueillir les parfums.
Car tout dans Paris a une Ame.
11 suffit de s'arreter A l'Arc-de-Triomphe, pour sentir
celle de la nation entire palpiter sous une flamme.
Court-on aux Invalides?
Les Oloires y demeurent vivantes.
Se dirige-t-on vers le Louvre?
II est plein du souffle des Oenies.
Depasse-t-on I'arcature de l'Opra?
Les Muses s'y tiennent doublement immortelles.
Et, A travers les vitraux de Notre-Dame, la petite lampe
6ternelle se reflite en apotheose.








































L/Aro de Triomphe et la Plae de l'E3toile










R1 eas4 dit A. YAbbM Beg y, des peaples qwi naisseot
avec des Etoiles dans les yeux, an drant dans le cam,
destiny d propager Padmirable contgion de la penske et
da reve. ,
Quand je remue mes souvenirs- de France, je me
demand:
Ai-je vecu?
Ai-je rve?








CHdANTS DU' SO UAvN


PRE1M4I'RfES 1iTEIGrES



Novembre accel'rait I'hiver. Adieu les sorbets trop
glacds! On courait au th6 chaud qui ranime les veines
engourdies.
Cet aprbs-midi-la, en traversant la Chaussee d'Antin,
je vis de tout petits p6tales blancs qui, en tourbillonnant,
inondaient les passants. C'etait aussi imprevu que bref.
--Des enfants, croyais-je, qui, du haut des stages,
s'amusent aux d6pens des autres.
La pluie des miettes de paper, jeu favori de mon
jeune Age qui entrainait souvent quelque reprimande, se
pratiquait done en plein Paris!
-Pauvres innocents de la rue d'Antin!..
Le soir, une amie m'annonqa les premises neiges.
Comme je regrettais de ne les avoir pas vues, elle pr6cisa:
-Vers cinq heures. Cela ne dura pas.
Moi, mi-figue, mi-raisin, je repensai aux premieres
neiges.











V







CEANTS .DV SOQSIR 19


VERM7ZSTES


J'eprouve quelque motion I fouler le pave des rois.
Quelle magnificence a I'aspect seulement du chateau!.
Mais ob sont-ils ces grands, ces puissants a qui tout
fut soumis? S'ils ont pass, leurs ceuvres demeurent Ces
lieux resteront a jamais memorables d'avoir contenu ce
qu'une nation compete de plus noble. Ils revivent dans le
cceur et I'esprit de chacun, tous ceux qui contribuent a la
gloire de leur patrie. Is acquibrent un droit a l'honneur
de I'humanitd.
Versailles est veritablement le Livre d'Or de la France
qu'on feuillette avec respect, avec bonheur.
Les bustes des rois et de ces braves qui, pros d'eux,
crerent I'Histoire, portent au recueillement. Les grandeurs
comme les malheurs des princes sont incommensurables.
N'est-ce pas par une salle lambrisske de marbre que les
emeutiers du 6 Octobre envahirent le chAteau?
Tournant A droite et suivant le cartel, je m'extasie a la
vue des ors, des peintures, sculptures, tapisseries, meubles
semes a discretion dans ce palais immense. Voici la Oalerie
des Glaces, merveille qui ne trouve sa replique qu'en face
des glaces series dans les arcades dix-sept fois renou-
veldes. De la terrasse, on domine l'orangerie: vrai luxe de
roi si cherement conservE et appreci.
On debouche dans le Jardin ob jaillit le genie des
Mansart et des Len6tre. Pres du Parterre de Latone, tout
captive: la facade du chateau, la perspective gendrale des
Jardins que prolonge le Tapis Vert qui se deploiedfastueux
jusqu'au Grand Canal.
Un moment, je me retire derriere les ifs en c6nepour
mieux mediter, mais les chceurs des Naiades invitent a
parcourir le Parc.








20 CXATS DV SOUVNRmm


De Bassin en Bassin toujeurs plus beaux, les jets
d'eaux sveltes ou majestueux ravissent telle une vision
enchantee.
-II y a trop d'art dans Versailles, pretendent certain.
Non, il n'est pas trop du cortege de toutes les perfec-
tions pour inspire un roi.
Mais, par quel privilIge devins-je I'h6te des rois et des
dieux?







WAiftA bV tdb2W il


Les Trianons degagent un air plus families, je dirais:
plus famflal que le Chateau. Le cadre se rapetisse mais
les ombres des rois subsistent encore dans les splendeurs
q'i les parent, notanment les mobiliers qui immorta-
lisent le gofit de tout un sibcle.
Le regard s'attache aux pilastres et aux colonnes de
marbre du peristyle du' Grand Trianon. Demeure appro-
priee a une presque et plus que Reine.
Dans ces jardins,- vrai tPalais de Flore,,- les sou-
verains de France durent oublier le poids du sceptre, pour
se souvenir enfin d'eux-memes. Quelle exquise detente y
eut connue la Reine Victoria, en repondant a invitation
du roi Louis-Philippe!
Au Petit Trianon, on est frappe par la couple du
Temple de lAmour et dans le Hameau, attrayant come
un joujou, aussi bien que dans les delicieux apparterients,
on croit dipister les pieds l4gers d'une Reine en robe de
linon et en chapeau de pailie.







22 &1TDV aqUrvzxM


IFXCEE IET AFFVJECMES8


La circulation intense de Paris semble accrue par les
innombrables affiches qui suspendent leurs notes gaies
parml la foule. L'on se croirait exactement dans une four-
milire: cette affluence n'excluant pas non plus la. dis-
cipline.
Discipline rigoureuse, mais qui a parfois ses agrd-
ments. N'est-ce pas accommodant de voir arrater sa voiture
au d6bouche de l'Etoile, pendant le ddfile du 11 Novembre?
Ou prbs de 1'Elysde quand arrive un Sultan? (1)
En revanche, quelle guigne d'etre pris dans les
embouteillages de I'Avenue de l'Op.ra ou du Boulevard
Haussmann aux heures de rendez-vous! Je ne connais
d'aussi d6cevant que les affiches des restaurants.
A celui du Louvre,une fois,je me heurtai au No. 72.
SCertes, ce n'est pas..d'un coeur Ilger que l'on tourne
et retourne une fiche pour attendre son tour de .passer
dans une salle-A-manger! La vraie fiche de consolation, ce
sont les 6videntes compensations des Grands Magasins,
car combien ces jetons deviennent imperceptibles devant
les ravissants 6talages du Louvre, les expositions de Blanc
du Bon Marchi, les 6lgants mannequins du Printemps ou
les allechantes frivolites des Oaleries Lafayette!
La, vraiment, I'on oublie I'attente. Sollicitd par tant de
choses, choisir s'avere embarrassant; or, on n'a pas fix6
encore sa preference, que les vendeurs s'empressent. Heu-
reusement qu'a une obligeance inouje, ils joignent le voca-
bulaire des mots justes qui brisent toute hesitation. Ils
completent avantageusement les affiches.
Ces jolies reclames places, non pour emcombrer,


3) 5. M. Moutay-Youssf d Mlume.








GCABlW DI7 SOU V0J1 23


mais pour renseigner, eveillent en -nus I'ide de bien-etre,
d'excellence.
C'est un peu comme la po6sie des rues et qui ne
s'6teint point avec le jour, car le soir, les scintillantes
affiches des boulevards projettent les dernires nouvelles;
dedaignant, sans doute, les petites lettres noires des jour-
naux, celles-ci dpient la clarte de la lumiere pour parattre.
Puis, il y avait (ceci semble aujourd'hui un conte de
fees) oui, il y avait ces etoiles toutes proches- qui rendaient
les autres plus lointaines, ces 6toiles si brillantes qu'en les
voyant filer, 'on ne pouvait se retenir d'emettre un voeu.
Dans cette constellation de la Tour Eiffel, Citroen, allant,
venant, achevait de nous inoculer le venin des voyages.
Et, alors... on se surprend a parcourir les pays.







CHANTS Do BOUVJWtn


A. ATI -I ES-BlAXETrS


Sur les Pas de Lamartine


Les rayons irises du soleil couchant epandent leur
evanescente lumiere sur le joli panorama de montagnes et
de vignes qu'offre la Savoie.
Tandis qu'un souffle indefinissable flotte dans
Sle zdphyr qui passe,
une tache opale se dessine au loin.
Aussit6t, d'un bout I I'autre du train, les comparti-
ments se vident: les vitres du palier ne sont plus qu'un
immense receptacle d'yeux riv6s sur ce seul point qui
grossit et emerge, mi-reel, mi-ligendaire par l'ineffable
souvenir qu'il evapore.
Le silence rfgne, parfait: le Lac du Bourget se profile
dans sa serenite.
Puissance d'une Muse?
Non, accent du coeur human qui trouve le chemin de
tous les coeurs. L'auteur des M/ditations n'est pas plus
sous les peupliers ou les chataigniers des bois de Tres-
serve que dans l'ancienne Pension Perrier devenue depuis
peu: Maison Lamartine, il est partout dans Aix, mais sur-
tout meld
Saux flots harmonieux,
car, lorsque je revins pres du Lac, la clarte de
Slastre au front d'argent
j'eus la certitude que sur l'onde came, deux ombres, dans
une barque, se balancaient mollement:
<0 temps, suspends ton vollt
























































rao dlu HoLrget, LemauatiOe et 3lEvre








CANa w sDo7 OUrV 25


Soir splendid oh je rencontrai le poete partout, oh
chaque plante, chaque chose chantait un vers.
Quand, par la pense, je me retrouve & Aix, jy revois
Lamartine come si je I'y avais connu. Se faisant complice
de la Nature, n'accomplit-il pas ce prodige d'6terniser une
here?
Oui, & Aix-en-Savoie, Lamartine vit dans
ttout ce qu'on entend, I'on voit o.h Pon respire.,








26 CHARTS DU SOUV3DNZ


A. TIRAVERS MES AlPFES


Ce fut un instant, un court instant qu'on s'arreta prbs
du Lac d'Annecy.
Quel dommage de tracer son itineraire d'avance car
je voudrais m'asseoir, contempler a mon aise ce charmant
tableau.
Si j'etais peintre! murmurai-je avec regret.
L'auto-car ne m'eit pas laiss le temps d'achever le
croquis.- Heureusement qu'un objectif plus prompt I'avait, A
premiere vue, embrass6 tout entier. 11 sourit encore en ma
memoire.
Cette nature ensorcelante rendit notre ascension plus
pittoresque. Nous montons et les Alpes deroulent devant
nous leur chatne grandiose, tandis que les vallees estom-
pent leur verdure, au fond.
Ces enfants qui se soulevent pour offrir aux voya-
geurs des bouquets d'edelweiss, empruntent-ils des ailes
d'anges!
Solennels come des clochetons d'6glise, les carillons
des troupeaux qui animent les collins r6sonnent aux alen-
tours.
Une ferveur subite vous saisit dans 1'enceinte de cette
cath6drale que surmonte une statue: sentinelle place pour
rappeler le ciel en guidant les pelerins.
Nous approchons: le point s'agrandit et scintille.
L'admirable granit! m'ecriai-je. Regardez ces facettes
diamant6es.
-C'est la neige, repliqua mon frrre.
Je ne songeai pas a protester, car aussit6t, je retrouvai
















































Le Lao dtAnneoy







CA "TS DTV 8OUV3PNZ t


le Petit Savoyard:
*Avec lews grands sommets, les glaces ternelles,
Par an soleil d'i, que les Alpes sont belles!
Heureux qui sar ses boards peat longtemps s'arrfterl (1)
Je n'eus pas cette joie. Toutefois, je garde la certitude
que I'ete marie la neige au soleil, pour parer les Alpes
d'une couronne de diamants.
Nous ftmes halte au chalet alpestre du Col des Ara-
vis. Les 2.414 metres du Mont Charvin voisinent presque
avec nous.
A la rustique auberge, sous la fume minuscule d'un
bol de lait, j'imaginais quelque scene pastorale que nimbait
le souffle gdant des montagnes.
Bient6t, nous atteigntmes Combloux, ofi coquet pavil-
Ion d'un moderne Daphnis, l'h6tel du Mont-Blanc nous
accueillait Jamais dejeuner ne fut plus savoureux que sur
cette terrasse vitr&e qui tend sous nos pieds de rutilantes
plates-bandes, tandis que les Alpes nous encadrent de
toute leur majesty.
Maintenant, je me crois detachde du reste du monde,
A peu prbs comme I'oiseau dans 1'rther. Nous c6toyons
tantOt des abtmes sans fond, tant6t des puits de mousse
parsemes de champignons roses que nous assimilerions
tout au plus a des royaumes de poup~es: ce sont des
villages.
En face de nous, une mer s'etire: une vraie mer,
avec de blanches kcumes.
-Le Glacier des Bossons! observa notre guide.
Un dcho lointain s'Oveilla en moi.
Je regardai eperdlment, guettant une silhouette que je
ne separais pas de ce paysage de neige, que 'avais vu,
tout enfant, sur une carte postal.


(1) Aex. Odraud.







28 CBANTS DU BOUVPZNZ


Oui, ii y manquait mon pare avec son bAton d'Alpiniste.
Quand nous parvInmes a Chamonix, le funiculaire
gravissait La Mer de Olace. Pour une fois, PAgenc Cook
se trouvait en defaut. Nous ratames I'excursion, a l'agr&-
ment de ma soeur qui apprehendait la glace.
La pluie tombait lourde comme en hiver. La cel6bre
valle de Jacques Balmat m'apparut triste et grise, mais
je vis de gaies peintures sur de menus objets, j'achetai des
gobelets en come et me delectai de fin miel.
Le lendemain, dans la petite 6glise, I'on pria pour tous
ceux, chercheurs d'id6al ou de fortune, que la neige drape
la-haut, dans ses replis profonds.
Sous la pluie toujours, nous prenons la route de
Oen&ve.
Le vent folAtre depose sur nos joues la poudre qu'il
d6tache des pics audacieux.
Ici, nous admirons des glacons, des courants d'eaux
blanchAtres, des chutes magiques; IA, des treilles charges
de fruits.
Le climate s'adoucit, des chalets vernis annoncent
I'approche de la Suisse, que signalent des factionnaires,
entire deux parapets. Car l'on passerait avec assurance d'un
pays A un autre, si des uniforms diffdrents nindiquaient
la frontibre.
Or, les douaniers ne constituent pas seulement la plaie
des voyageurs, ce sont des poteaux indicateurs que
I'Administration fait payer cher.
Les bagages 16gers de ceux qui parent n'excitent pas
attention. Les passagers n'exhibent que leurs passeports;
arrives aux nbtres, les policies se concertent et esquissent
ensemble un salut militaire a l'adresse de mon frbre.
Lui pretaient-ils une tate d'ambassadeur? ou plut6f,








































smnoniz- Gllaiev do* Ua3mons










nos papers maculds de semax consulaires leur inspiraient-
ils le m&ne respect qu'une poitrine chamarree de d6co-
rations?
Notre sourire voila peut-etre notre surprise, car
partir de cet instant, nos compagnons nous tiennent pour
des personages officials. Cela devient quand meme ganant
Mais, dfth, nous contournons le lac et la voiture de
l'H6tel Victoria nous attend.







3D USN D17 BOV73LYM


Calme, Oeneve respire la paix. Est-ce pourquoi la
S. D. N. y plant son siege?
Partout oh l'on se tourne, le paysage vous prend: que
ce soit vers les ctmes imposantes, vers les quais poetiques,
vers le Lac si bleu, que ce soit vers le Rh6ne et 1'Arve
coulant, I'un prbs de I'autre comme deux rubans distincts,
ou en face du Jet d'eau flamboyant, telle une lumiere de
neige.
Dans leur superbe g6ometrie, les parterres: dmeraude,
rubis, topaze, chatoient sur I'horizon blanc.
Ce qui me plaft, ce ne sont pas les multiples monu-
ments: celui du Duc de Brunswick en pur gothique, ni
le theAtre qui rappelle I'Opdra de Paris, mais c'est le cachet
de famille empreint sur tout.
Le sourire de la nature se retrouve egalement sur les
visages.
Tout y est serein et rytilm a la facon des montres
recherchees du pays.
Oen&ve resemble a une jolie femme vetue de lingerie
fine, riche et simple.









p.








































Goo&ve -QtaL dew M2.uz-'Vi-Vas .t 24ont-39no








CNANT8 DV dSOVWNtR 31


LXJE X2LkM


En ce frais matin d'&t6, le Leman 6tincelle au soleil.
Oeneve sourit sous le profile mauve du Jura et les
frimas du Mont-Blanc; sur les c6teaux ondoient de vertes
frondaisons d'oh s'6chappe une seve enivrante.
Dans l'arc gracieux du port, des visages rayonnants
convoitent le blanc bateau-salon qui se balance entire les
splendeurs de deux azurs.
A l'appel de la Sirene, un vol de mouettes s'abat I la
poupe:
Chantez!
Et tandis que la Suisse nous berce doucement, dans
la caresse veloutee du vent, monte une symphonie Ccla-
tante, sublime: voix des eaux, de la terre et des cieux!
Harmonie! Harmonie! I'heure est divine. Mon coeur
halette comme s'il aspirait 1'Infini...
La Musique s'ach&ve, mais un archet joue en moi.
Car c'est dans une demi-extase, a travers la rose d'une
larme que je vois le grand cygne qui nous emporte, se
poser pres de ces vivants bouquets de geraniums appeles
Nyon, Thonon, Evian, Ouchy, Vevey et Montreux.


(1) Andre Chl6ner.







CZAN!WO DV 17 O UVIN


IKEO4DTR.EIUIX


Au milieu des sites tour A tour sauvages, imposants et
riants, la Riviera Vaudoise offre le luxe des grandes sta-
tions avec ce quelque chose d'onctueux qu'on savoure,
non pas dans ses eaux, mais. dans ce fromage si ddlicat
qu'on nomme petit Suisse.
Mais faut-il qu'elles aient de l'attrait ces tours du
ChAteau de Chillon pour se mirer si complaisamment dans
le lac?
Nous gravissons les escaliers de pierre conduisant
aux vastes appartements maintenant d6nudds, mais tout
remplis des souvenirs des grands Dues qui l'habiterent.
Quelque cuivres artistiquement cisels, constituent les der-
niers vestiges de I'opulence des Charles de Savoie. Nous
parcourons les longs couloirs don't chacun a son histoire:
vraie ou fausse, c'est la poesie des ruines. Nous descen-
dons, non sans frissonner, dans les cachots oi erre encore
I'ombre de Bonivard, puisque Byron le retient A jamais
prisonnier de Chillon.
Les brouillards qul flottent la-haut se fondent. Dans
le crepuscule, la montagne se dentelle pour laisser percer,
entire deux petits festons, une dent gigantesque recouverte
d'un l6ger tulle tant6t carmine, tant6t bleutd. Ces reflects
magiques lui font une aureole a la fois mysterieuse et
sacree. C'est une des plus merveilleuses perspectives
qu'ouvre la fenetre basse de l'H6tel du Golf.
Pour me consoler de n'avoir pas vu les vaches qui
justifient la renommee du lait et des affiches vantant le
chocolate, je transport le panorama de Montreux sur une
vache rousse en porcelaine.

































































Montreux- Xlb Rtvioma Vaudol







CEAr DU DVS DOVAm o


Nous quittons Montreux pour nous engage biektt
sous le tunnel du Simplon que les preparatifs des employes
du chemin-de-fer revilent presque tragique. Alors les lampes
empruntent une clart6 fundraire, le sifflement qui retentit
de temps en temps s'identifie a celui d'un navire en pril,
les coeurs battent I coups prdcipites. On ferme les yeux
pour tromper son ennui. On reve & la lumitre et touti
coup un rayon penetre. Les 19.730 metres sont franchise.
Apres tout, ce n'etait qu'une here d'eclipse qui pr-
pare mieux a I'lblouissement du soleil d'Italie.







































-4.

































DBUXICMB PARTED






















































Dame do Milan


4 --
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.. .' .


1..'
~~'I

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fe 1.- ..













Les Alpes nous ,suient tqoiWul s mais la veadwre
devient plus exuberanie. Dans cette magnnique fin -dapr6s-
midi, nous commencions & fleurer les parfums de I'ltalie,
quand une bouffe de Romantismeentra .dans le compar-
timent avec la voix qui criait:
-L.es Lacs!
Aussit6t, se profila rimmortelle phalange qui plag en
Italie les splendeurs naturefles ef I'art sous le signe de
1'Amour.

A Milan, dans un rayon de soleil, une chanson vint
saluer mon reveil ou plut6t prolonger un songe dupasse.
Pour m'en impregner mieux, j'ouvris tout grands mes
volets.
Sous ma fentre, se tenant bien vivant, le viehfierd des
decalcomanies de mon enfance: dos voAtd, Iofgie bart e
cheveux hirsutes, nigeuxt debordi~t le feufre use humble
parent du Pee Noel, son prdcurdeu quand mea De son
timbre casse, il faisait monter Un tfrlaif, tout en tdAitait
la manivelle d'un orgue de Barbarik.
-Oh! favais reirouv~ mes sli ans!
j: glissai ma demiere piece suisse a pnivre hothmme-
L'Vmoavarae joie avec laquelle i l a reiuti- nat pouri6t
pas comparable A celle qu'il me dispensa. Et je le regardi~
S'eloigner-ainsi qu'une illHsion..
Sedigsad t la comfortable limotsine de- FAgenee, nots
Idngeons i pied, les fameuses arcade millaaises, en nods
merveillant devant les ,talages,
Bibelots de carrare qui nous retinrent, qu'etedvs.s I
c66 de cette piece gig atesque' qae nots apercevons
maintenat?
Elegant gothique de la cathedrale de St-Charles, au>







3 8 MA2W DU 80Ur71


tours innombrables de dentelle, jaillies du marbre des
Borrom&es pour concretiser dans la plenitude de 'art
I'Ancien et le Nouveau Testament! Des portes de bronze
savamment sculpt6es ouvrent cette terre promise od s'irra-
dient d'immenses vitraux, connus pour les plus beaux du
monde.
Feuilletant A rebours cette Bible monumental, tels
des enfants devant un livre images, nous atteignmes
au pre Adam et Ia, nos regards plongeant sur la
place, n'y rencontrbrent que des infiniment petits, pareils
A ceux qte nous sommes.
Mais le souffle divin qui grandit I'homme lui fait
defier I'espace et le temps, a instarr du Saint-Eveque qui,
par delA son cercueil de verre, subsiste tout enter dans
le D6me de Milan.
*
Devant les murs en d6tresse de Santa Maria-delle-
Orazie, j'hesitai.
-C'est bien 1I, insist notre cicerone.
En effet, la cilbre fresque de Vinci: La CAe, dans
I'ombre, kclaire son cadre vetuste.
Comme si la patine du temps ne lui devait pas peser
assez, Phomme I'a mutile, la sueur des chevaux, tachee:
stigmates impies qui n'avilissent pas le chef-d'oeuvre.
Symbole, peut-etre, du miracle d'amour don't elle est
l'image.
Une copie attire par ses fratches couleurs, mais malgrE
soi, l'on s'attache au tableau du mattre don't la pensde
illumine les personnages: ceux-ci se detachent rdels sur la
toile qui s'amplifie et acquiert une profondeur jamais
entrevue.
Je restai stupefaite. Je venais de decouvrir la pers-
pective.







camurs e souvia n


CIBARTrBMUMSLR ADE PAVEE

En parcourant les fertiles campagnes lombardes, nous
depassons une charrette don't le conducteur, yeux dos,
chemine la tete appuye e centre son epaule.
-Reconnais-tu ce type? me demand ma seur.
-Oh! oui L'eternelle histoire des empires du soleil.
Celui-ci doit conduire lui-mbme les chevaux puisqu'il endort
le charretier.
Cest le moment ob jamais de ressusciter le pauvre
Monsieur de la Palice qui, devant les lauriers de paper
que lui dcerne Phumour populaire, pourrait emprunter
cette phrase c6lbre, 6crite ici- m&ne par le royal captif de
la bataille de Pavie:
Tout est perdu, fors Phonneur.
La Chartreuse montre son admirable architecture
Renaissance, mais son touchant air abandonne, la classes
parmi les souverains d6tr6nes don't rltalie, autrefois, dete-
nait le monopole.
Si les siecles estompent sa beauty ext&ieure, elle con-
serve intacts ses riches peintures et ses vingt autels
sculpts, incrustes de mosaTque d'or, de nacre, de dia-
mants, d'opales, de rubis, d'amithyste, etc.. Trdsors auxquels
ne s'attachaient pourtant point ces moines austares qui
les fagonnaient et les soupesaient.
Leur renoncement d6passe Phumain.
Le coeur se serre quand on franchit leurs exigus et
froids ermitages. 11 est vrai que le ciel domine leur petit
jardin et que chaque coup de pioche les rapproche de
lPnfinie Perfection...
Aussi les vieux murs du cloltre respirent encore la
paix, la se6rnitd et malgr6 sa solitude, i'on croit c6toyer ces
sdraphins 6gards sur la terre.








40 CdANTS DS7 BOMUVIWs


Nous passAmes au Pavilion oh s'4tagent de rutilantes
bouteilles. L'apparat du cristal et de la porcelaine convie
k I'oubli des graves pensses. C'est le suc des fruits mo-
nastiques, nous d6gustAmes la forte et delicieuse liqueur
des Chartreux don't la saveur, surtout quand elle est bue
dans ce domaine, s'attache au palais, pour renattre A cha-
que tuis que I'on retrouve ses souvenirs de Pavie.






















































Venise- Le Pont de Souapira







cG'ElNT8 DU BUV~z& 411


L'horl~ge de la gare sonne une heure. Nuit noire,
nais tout au fond la-bas, dansent des feux-foltets; une
phrase musical, une seule, emplit 'air puis s'eteint avec
eux.
Plus rien que quelqtes faibles luears qui vacillent lt,
devant nous. La laguhe est a nos pieds: son clapoti fait
mal...
Comnie aux galires partant A l'aventure, la hache
d'acier qui command chaque embarcation, se detache au
milieu des itiibrtes.
-C'est done cela les gondoles de Venise!
On vogue suir de lencre. Le silence retombe, a cha-
que instant, plus aigoissant, car les cris aigus du rameur
alternent avec une autre voix que l'echo des vofltes rend
plus sinistre.
Croyez-moi, n'abordez pas Venise endormie. Attetidei
qu'elle sourie & lAurore, alors, vous admirerez des cygnes
noirs profilant leur col d'argent sur l'eau moire, et
l gers, courir sous la pouss e de grps bonshiommes coiffes
de large chapeaux t pans bleus, tandis que d6fileni des
palais de marbre.
Et le soir, non pas quand les fees s'ecipsenit, mais
1'heure de la "serenata", sous le rayonnement. des lan-
ternes multicolores, les gondoles vous berceront sur le
Grand Canal, aux accords langoureux d'une symphonie.
Ainsi Venise, fille des eaux et belle, ne rappelle-t-ele
pas Venus?
Ici, tout prend un air inconnu ailleurs. Quand les
nudes fantastiques des pigeons de la Place St-Marc, yous
assaitfnt, on les accueille ainsi que les hirondeles, fami-
libres de St-Franqois; leur jeter des grains, consittee le








42 MEAN2 DoV SOUVZN


tribute offert aux dieux tutelaires de la ville. Or, au milieu
de leur remous d'ailes soyeux, un coup brusque retentit,
suivi d'un autre aussi rythme: c'est que, perches sur la
Tour de l'Horloge, deux chevaliers complaisamment, frap-
pent leurs marteaux d'airain sur la cloche sonore, comme
si cette resonnance devait secouer, a des minutes pr6ci-
ses, la mollesse v4nitienne.
Nous voici devant la ravisante eglise St-Marc, joyau
byzantin du IXe siecle qui renferme sous son d6me de
mosaIque, parmi ses peintures et sculptures antiques, i'ines-
timable retable d'or et d'email parseme de pierres pre-
cieuses. C'est un raffinement d'art. Aussi de l'rcrin ou du
bijou, on ne sait lequel admirer le plus.
La grandeur du Palais aux arcades ajourees, ne suffi-
rait-elle pas a raconter I'histoire de la fastueuse republique
venitienne? De peur que Ion confondtt leurs Majest6s
avec celle du Carnaval, leur successeur, les souverains,
dans leur prescience voulurent fixer la Venise, gloire de
1'Adriatique, et les Doges, gloire de Venise sous I'clat
seduisant des pinceaux de Veronese et de Tintoret qui
multiplient sur les plafonds, surtout dans la salle du
Grand Conseil, les miracles de la perspective.
Nous visitames les prisons (loin de Spielberg, certes)!
qui me rappellent mieux que la plaque commemorative
de l'h6tel Luna ot je loge, le passage de Silvio Pellico.
Nous debouchames sur le Pont des Soupirs: tombeau du
crime, peut-etre aussi tombeau de l'innocence! Quel con-
traste avec le Pont du Rialto, si vivant, of la bimbeloterie
engage la gaiete.
Au contact des choses qui se mirent, les Venitiens
les imitent certainement, car je vois a profusion des glaces
biseautees.
Avec quelle complaisance, elles doivent refl6chir les
camees artistiques, les perles, les coraux parsemes ici et
cette merveilleuse dentelle I la trame deliee: vraie ecume
de l'Adriatique:







CHANTS DUi SOUIJRn


FLO.E1TCE


Son intonation qui la rapproche de fleur, rend ce nom
doux comme un poeme, en meme temps qu'il evoque ce
chantre sublime: Dante.
Non, il ne quitta pas Florence, le proscrit, car dans les
rues, aux portes des palais, sous la statue meme de Lau-
rent le Magnifique, c'est son effigie qu'on vous tend.
L'Alighieril Inutile d'aller le chercher prbs du lourd
sarcophage de reglise Ste-Croix, ni dans la rustique
auberge bAtie sur les cendres de sa maison; sa pensee,
vous dis-je, plane sur la ville entire.
Pres de 'Arno qui coule doucement pour mieux
penetrer rodorante haleine du vent du soir, j'ai erre long-
temps, hant e par son ombre auguste, ainsi qu'il dat l'etre-
6 ironie de la vie! -quand Beatrix passait
Le sourire de Florence, se retrouve idealement dans
celui de la Joconde, cette belle Mona Lisa don't nous aperce-
vons, en approchant de la Place ou fut brfild Savonarole,
l'atelier of Vinci l'immortalisa.
Sourire 6nigmatique que celui de Florence, mais sou-
rire attachant et j'ose croire, 6 mon vendre mattre ('ai
nomm le ddlicat pokte Gautron du Coudray), que sa
bouche est tout & la fois:
tfendre, crintive, ardent et belliquease.P
Le temps qui sape les tr6nes enoblit I'art. Les Mddicis
brillent encore dans les constellations qu'ils allumbrent au
ciel florentin.
Toujours ils pensent A eux, peut-etre, ces artistes que
nous voyons travailler avec patience et amour la mosaTque
superbe de Florence.
Partout une profusion de peintures qui garden leur
prime fratcheur. Au Palais Pitti, quel colors! quele grace!
Je suis seduite par leurs beauties qui me depassent et, de







44 CHANJTrS U SOUVJZ~


cette anxietd de l'aveugle qui sent la lumiere mais ne
rdussit pas a la percer, je titonne.
Or, arrive aux derninres vierges de Philippo Lippi,
j'essayais de retrouver la suavitd d'expression des pre-
mires, quand le guide me livra, dans sa verve, le secret
de I'artiste. J'avais touch son cceur.
Je fus moins attentive A la salle des sculptures. Les
contours harmonieux des marbres bien inspkr&s de San-
Lorenzo et tant d'autres chefs-d'oeuvre me captivaient. Puis,
n'ai-je pas, cedant A une amusante superstition touristique,
pos6 la main sur le Centaure qui me fera revoir rioreice?







CHANTS DV SOU VNIU 4


LES V(




Quoi! ici les cloches s'&brante-elles pour accueiBir
chaque voyageur? Otu Pair de Rome est-il satur des vibrg
tions laiss~es par toutes les cloches de Pnivers?
Elles continent & carillonner gaiement dans le flam-
boiement du crdpuscule: c'est l'Assomption. Je me sens
6mue, comme si leur chant de priere montait pour moi,
vers Dieu.
Rome est sonore. Quand ses innombrables clochers
se taisent, la voix argentine de ses fontaines parsame des
grelots dans la nuit et leurs gouttes cristallimies, eni buvant
I'ardeur du soleil qui les dore, bourdonnent joy KseeittlC
telles les abeiles de Virgile.








0 C~NTS D17 SOUVNNIO


3 :E PlTCIO
II y a plusieurs villes dans Rome, affirme-t-on. Afin
d'entrevoir la plus attrayante, fjprouvai ce soir-l I'irrdsis-
tible envie de gravir l'une des douze collins. Mais laquelle?
Je m'en remis au hasard, qui nous conduisit sur la jolie
Place Barberini, entourde de Palais qu'dgaie le murmure
de la Fontaine du Triton, combien plus comprehensible
que toutes les cascades de, d'i, d'a des groups de pro-
meneurs et du cocher avec lequel nous ne parvenons pas
a nous entendre.
Je m'en desolais, quand, percevant nos paroles un
gentilhomme qui passait, devina notre embarras.
Quel bonheur de pouvoir s'expliquer!
II convint d'une promenade avec notre conducteur et
nous engage A monter au Pincio.-
-Vous etes Francais? lui demand mon frare, en le
remerciant.
--Oui, Monsieur, mais j'habite Rome, ripondit-il.
Moi, je pensais que c'tait peut-etre le fant6me de Cha-
teaubriand...
Nous primes place dans la victoria et parcourfmes
des rues presque desertes qui conferaient une apparence
ddsubte aux aristocratiques h6tels qui les bordent.
Bient6t, nous parvinmes A la royale terrasse du Pincio
d'od la Ville Eternelle surgit dans un clair de lune. Le ciel
intens6ment bleu, se pare de pleTades d'dtoiles que souli-
gnent, pareilles & des traindes lumineuses, maintes fleches
d'dglises et, parmi celles-ci, le venrable D6me de St-Pierre
apparaTt, dominant aussi les monuments sans nombre. A
nos pieds, s'etend la magnifique Place du Peuple; au loin,
les sommets se noient dans la douceur; et tout au fond,
couple paisiblement le Tibre.
Rome se rev6la A moi dans toute sa munificence, qui
s'accentue encore des ombrages discrets et parfumes du
Jardin du Pincio.







CONANIDO 7 SOSU N


A.U VALTIC-'


Qui vient d Rome doit voir Ie Pape*, dit le vied
adage don't je ne me departis pas ce matin. Cependant, je
n'ai aucune raison d'espdrer, car Fabsence de notre agent
diplomatique, rend nos formalities infructueuses.
Et c'tait jour d'audiencel
Essayez d'obtenir votre admission directement du
Vatican, nous conseilla le consul de France.
Nous nous rendtmes done a la Porte de Bronze que
franchissait, just I ce moment, le Cardinal, Mattre de
Chambre du Pape, qui, apres un aimable entretien, accept
de nous remettre une carte.
Sur le palier du monumental escalier de marbre, les
gardes pontificaux nous observerent discrttement. Mais
nos mantilles de dentelle noire nous rendaient conformes
a la tenue reglementaire.
Aussit6t s'ouvrit devant nous la porte du premier salon.
La, une centaine de personnel oh se distinguaient aussi des
Religieux, attendaient, charges d'objets de pidte qui etabli-
rent une atmosphere de sympathie, malgre la difference de
races et de langues.
Une derniere inspection et Son Eminence le Cardinal.
vint nous introduire dans la salle du Tr6ne.
Spacieuse, majestueuse, comme tout appartement de
Souverain, elle a pour principal ornement, le tr6ne aux
armes de S. S. Pie XI qui fait face & un grand Christ
Encore un moment et la hallebarde du Suisse nous fait
bondir, alors attention unanime se concentre sur le cor-
tege qui paralt.
Pr6c6de de sa garde d'honneur, accompagn6 de son
Secretaire et de son Maftre de Chambre, le St-Pare s'avance.
Un regard clair, percent, dans un visage empreint de








48 C2AVTS. DU SOUVZNM


bonti. Sa calotte, 6ianche come sa soutane, se perd dans
ses blancs cheveux. 11 gravit les degr6s du tr6ne, et, avec
mansudtude, nous adresse des paroles d'espdrance et de
paix qui tombent sur les coeurs en rose celeste.
Nous nous agenouillAmes sous la b6nediction aposto-
lique. Ensuite, Sa Saintet6 daigna presenter son annieau A
chacun. Quand l'homme de Dieu s'approcha de mni6, bien
que j'eusse vu les Franciscains se pencher avec humility
sur sa mule et les autres visiteurs baiser respectueusement
son reliquaire, m6i j'osai, dans un elan d'enthousiasme, oui,
j'bsai, prendre dans la mienne, la main du Souverain Pon-
tife, avant d'y poser ries lIvres.
11 sourit indulgemment et modula d'un ton averti:
-Vous venez d'Hatti!
Et il passa.




































Rome Maullqu. di eL-PI i











STr-CAiaLWTE

A.1'entre du sputerrain, le Trappiste joias ffrijtdep
cIhplpele1. fa* ityr t hunide. Sele, dans Ie coin, A
gau.e, I bla Fhe atsj e de Ste-C4iile s'urle a la cla

A ,a lueur de ng s petits flambe'mm, conmm ,n rie
sacr noB s spivtme t e religieux danse ISlee dalep tombes
ob, en couches superposdes, donrment depis deis s
dos memigs intates, admirabls opvrqges des AiJenms,
mais bien pales pas des s4pulcres des martyrs dQt e
sang arrosa qe gol que jpous fqulops .d6vptientj.
Ainsi drnt y. peetrer le prpiers chreltense. Etpos
ressuscdtons le Azle des saints Ap6tres, en qoutpat Ie
cours d'archoloigie que nous fit Je mpine.
UEn jpignant A nos remeriengepts robole traditi*ppe,
ie le vis sursauter a la vue crdne lietre timbrtte, 4das son
sac quyert.
-Vous faites collection, mon Pere? lui demanmjOg,
en lui tendant mes vignettes.
11 les considdra avec satisfaction et me dit:
-Ce sont les premiers timbres haTtiens que je pos-
s&de et parmi les plus beaux que faie vus.
Puis, apris un silence:
-Jen offrirai aussi le prix aux pauvres.








t2t"MbI 7D BOtJVZ6


Les plus nobles manifestations de 'esprit human
depuis les anciennes civilisations se retrouvent dans les
musees du Vatican. Nous nows penchAmes sur des manus-
crits rares, des cartes uniuges de geographie, des meubles
pr6cieux, de riches collections d'objets sacres. Et en pas-
sant devant les fenetres du jardin, nous cherchimes
encore la vasque de porphyre, la VWnus du Vatican et
FAriane Abandonnde.
Nous montAmes a la premiere Chambre de Raphael,
aux fresques vivantes, d'un colors si ddlicat.
Puis, traversant la salle de 1'Immaculde-Conception oi
de v6n6rables bulls proclament les prerogatives de la
Mere de Dieu, pous nous rendtmes A la Chapelle. Sixtine;
tapissee de peintures magistrates, notamnient les Saints
Pontifes de Botticelli et le Jugement Dernier de Michel-
Ange don't 'ampleur et la beauty grave priludeiit dans
Funivers entier A la voix de 1'Ange qui annoncera la fin des
temps.













Heureux Age od pour durer toujours, les fortunes
s'entassaient dans les eglises et les palais sous 'egide de
l'Art! Heureux aussi les artistes qui cherchaient dans I'n-
finie Lumire, I'epanouissement de feur genie!
Autant d'eglises, autant de merveilles of s'enchassent
d'insignes reliques transportees, pour la plupartde Pales-
tine a Rome, par la pietE de i'empereur Constantin.
Le temps nous manque pour les voir toutes.
Nous nous laissons attirer par la plus haute tour de
Rome, la tour svelte de Ste-Marie-Majeure ou N. D.-des-
Neiges, conclut la lIgende. Cette basilique, oh le people
remain s'assemble dans les temps de calamities pour
implorer l'image de Marie attribute & St-Luc, est une des
principles eglises.
Son plafond dore rehausse son ornementation somp,
tueuse, et ses colonnes de porphyre abritent ta creche
d'argent renfermant la couche de paille sur laquelle reposa
PEnfant-Jesus. Tandis que j'admirais, parmi les mosaTques
resplendissantes, celle representant le Couonnement de la
Ste-Vierge, sous l'Arc Triomphal, flottait un MagnifiFat
chanted, sans doute, par les anges de bronze qui soutien-
nent le magnifique autel.

Pour gravir la pente de r'esplanade de St-Jean-de-
Latran, nous attendlmes Pheure oh le soleil couchant fait
briller ses statues comme des flambeaux. Cet embrasement
met davantage en relief, la facade grandiose de la m&re
de toutes les eglises.
La f6erie se continue a l'interieur qui se. revet de
richesses et de. souvenirs, car la banniire des Croisades
se balance dans I'atmosphere des Conciles, tandis qu'unF











portion- d ait it&a1 oidf -dnstllW i AI diBi et 4 e tr6ne
au-dessus du tabernacle en metal, au milieu des bronzes
scu!ptds etde toutes les saints splendeurs de. l'glise-
dor e..

Par la voie d'Ostie, calme et reposante noustattei
glimes St-Paul-horsles-mars ok Ap6Itre des' Oeuetiavec
St-Pierre entourent Jesus sur le tympat de la belle h)gfde
aux nuances emailles.
Des la porte, I'on se croit devant un mmage form
par ia forget des colonies sur le pave luisant.
La voflte etincelle d'arabesques et de roses d'ori et
des m&daillons a Feffigie des Souverains Pontifes, deco-
rent la frise.
Evangiistes, Proph~tes, vieillardf de VApoelyipse s'y
donnent rendez-vous dans des dessins et des allgories
touchants.
Les jolis marbres de la Confessioe, le chandelier du
cierge pascal sculpt an Xe sikc-e, les stalls en marque-
terie retinrent notre attention; puis, comme le guide nous
faisait remarquer le granit de Symplon, 1'albAtre d'Egypte,
la malachite de Russie, je, cherchais la contribution du
Nouveau-Monde A la reconstruction de cette basilique:
me souvenant que le premier or venu d'Amrique avait
OtW offert a Ste-Marie-Majeure, i m'a sembl voir sur l'admi-
rable mosaique de Iabside, aux fleurs, se meler les
palmiers de mon pays.


Nous void devant la Basilique de St-Pierre: chef-d'eui-
we des chefs-d'euvre don't les details ehappent au simple
profane, toutefois, son ensemble grandiose et hatmonieux
s'itnpose a tous. En effect, fetais saisie ar tiht de b eaitt
que diiinise encore la saintet6 des -ieux.







meWA u eo --- -----a


Comme la chift des centf-vigex mpes da tom-
beau du Prince des Ap6tres fait tinceler le bronze,
rsgent et 'albtre qMw i Fa fso east ainad uireQ-t
nmes yeux (blouis tea,.les. he es ..d,. la dutar itdd mEi
leurs niches de marbreprmi. les; fresques: Am6eoms
e.trelac.es. de guidarudeset dBpalmesedaas me aMoitose
de ch&rubins et d'anges. .
Trdsors incomparable St-Pierre y concidtisele phoi
hautes pensdes de la oi
Fascine par ce concert de la Pidtd et de FAIti e6
contemplant le ciel del [a. aoupole, mon a m crt adcou-
rir la couple du CieL.








S .t>







ONAN2W DU UOUVNNID


LaE CAP.FITOLE


:Apris avoir quitter le blanc monument de Victor
Emmanuel II, i'on embrasse l'ensemble du Capitole: les
trois palais et la terrasse offrent un aspect ravissant.
Seulement, le chemin reste desert: la Renommde s'est
enfuie avec ses trompettes, nul char de victoire, pas un
brinh de laurier.
Moi qui pretendais y rencontrer toutes les gloires de
Rome!
SCependant, les statues colossales des sages que pre-
side Marc-Aur&le, animant la place ovale, semblent une
assemble de consacrants.
Au bas de la rampe, qu'exaltent done ces deux lions
couches en leur attitude royale?
Dans le minuscule jardin, je n'apercois qu'une modest
cage. Sanctuaire sacr, elle abrite le vivant blason: les
Afgles Romaines don't les ailes s'agitent
Puis, une louve.
Quelle leon! Rome I'ancienne mattresse du monde, I
travers les millionaires, vEnere la louve qui nourrit Romu-
lus et Remus a l'ombre de son Capitole!
11 eut raison, celui qui le dtt que la grandeur d'ne
nation se mesare 4 la durd de ses souvenirs., (1)
J'avais compris 1M tout le genie de Rome.








(1) Raymaod Poncnrt.
I








CRAN!W DU HOUVVnI


I OE O UTM ROMAraIO


Nous descendtmes au Forum Romain. LA, chaque
pierre a son histoire et les sikcles se heurtent et s'entre-
melent dans un fouillis mythique.
Fragements de marbre, nefs, bas-reliefs, corniches,
vestiges de basiliques chretiennes, temples de divinites
paTennes, restes de prisons et de ncropoles, colonnes de
triomphe ressuscitent, en choeur, I'Antiquite et le Moyen.
Age, et me communiquent une impression semblable a
celle que fjprouvai au Colisde don't les proportions
gdantes parent a la fois d'abominables crimes et d'emi-
nentes vertus.
Je demeurai, un moment ecras6e sous le poids
inorme de la civilisation grdco-romaine qui, pour s'epa-
nouir, eut besoin de ces elements divers.
...Je songeais A I'etendue des Ages et & la complexity
des Ames..
Alors, dans le silence enveloppant de l'heure qui
decline, le souffle tiWde du Palatin m'apporta des airs
graves et des chants joyeux, mel6s aux sons des cloches
et aux bruits des cymbales.






. e"i



TAMBE DE8 MB IALTT*RXEA



Prface ............................ .................................... 5

Le Dapart.............................................................. 11
Le Temps............................................................. 14
L'Arrivde........................................................... 15
Paris.................................................................... 16
Premieres Neiges................................... ........ .. 18
Versailles ........................................ .................... 19
Les Trianons........ ............... ............................. 21
Fiches et Affiches.................................. ........ .. 22
Aix-les-Bains............... ........... .......................... 24
A travers les Alpes................................. ....... 26
Oenve .................. ............................................. 30
Le Leman..................................... ............ ....... 31
Montreux........................................ ................ 32

Vers Milan........................................ ................... 37
Chartreuse de Pavie.................................. ......... 39
Venise................................................................. 41
Florence............................................................... 43
Les Voix de Rome.................................. .......... 45
Le Pincio........................................... .............. 46
Au Vatican......................................................... 47
Aux Catacombes de St-Calixte................................ 49
Musdes du Vatican............................... ................ 50
Les Eglises de Rome........................................... 51
Le Capitole....................................................... 54
Le Forum Romain................................. ....... .. 55







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25 EXEMPLAIRES SUR VELVETONE


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Last updated October 10, 2010 - - mvs