UNIVERSITY
OF FLORIDA
LIBRARIES
THIS VOLUME HAS IEEN
MICROFILMED
BY THE UNIVERSITY OF
FLORIDA LIBRARIES.
ESSAI 8IIt LA
CONSTITUTION G0LOGIQUE DE LA IGYANE HOLLANDAISE
(DISTRICT OCCIDENTAL)
ESSAI
SUR
La constitution g'ologique
de la Guyane hollandaise
(District occidental)
PAR
H. VAN CAPPELLE
Dr. hs. sciences.
SUIVI D'UNE ITUDE PETROGRAPHIQUE
PAR
E. H. M. BEEKMAN
Dr., ingbnieur des mines.
AVEC QUELQUES FIGURES DANS LE TEXTE ET UNE
CARTE GEOGNOSTIQUE
BAARN
- HOLLANDE -
IMPRIMERIE HOLLANDIA
(SOCITE ANONYME)
PARIS
LIBRAIRIE POLYTECHNIQUE, CH. BERANGER, EDITEUR
SUCCESSEUR DE BAUDRY ET Cie.
15, RUE DES SAINTS-PkRES, 15
MAISON A LIEGE, 21, RUE DE LA RgGENCE
1907
ERRATA
ignes 32 et 33, oxide, lisez: oxyde.
igne 13, gneiss feuillete, lisez: gneiss feuillet6 (voir la
figure p. 56).
,, 32, leptinite, lisez: leptynite.
note 2, collection v. Dr., lisez: Collection v. Dr. (voir p. 9).
ligne 25, 36a, lisez: 36**.
,, 9, No. 76*, lisez: No. 78.
,, 15, le diorite, lisez: la diorite.
S20, busch, lisez: bushs.
S28, No. 131, lisez: 131*.
,, 72, No. 133a et 133*, lisez: 133* et 133**.
,, 17, Arrawarra, lisez: Colline en amount de Zonne-
visch-kreek.
S 18, au nord de l'Arrawarra, lisez: En amount de
Zonnevisch-kreek.
lignes 13 et 14, Effacez: barrage en amount de.
ligne 3, et a biotite, lisez: et a biotite Barrage en
amount d'Ago kili mi.
,, 28, No. 54, lisez: No. 54*.
,, 33, No. 134, lisez: No. 135.
page 12 1
S26 1
28
,, 31
,, 38
61
,, 64
,, 72
,, 79
., 80
,, 91
,, 91
,, 120
,, 121
,, 137
,, 143
PREFACE
L'6tude que voici n'est autre qu'un expose des resultats
gdologiques d'une exploration dans la Guyane hollandaise
entreprise en 900oo; elle fait suite au journal de voyage,
don't une version frangaise intitul6e: ,,Au travers des forts
vierges de la Guyane hollandaise", parut en 1905. Nous
avons cru pouvoir omettre sa publication en langue neer-
landaise en raison du d6bit restreint qui l'attendait dans
les Pays-Bas.
Bien que ces pages forment un complement, en quelque
sorte une deuxieme parties, elles paraitront dans un format
different, qui nous a semble etre plus en rapport avec la
nature de l'ouvrage. Nous n'avons pu du reste donner A
cette 6tude scientifique toute l'extension que nous aurions
voulu: depuis bient6t sept ans que la collection zoologique
se trouve au Musee d'histoire naturelle de Leyde, seuls les
poissons (CANNA M. L. POPTA: Notes from the Leyden
Museum Vol. XXIII), les reptiles et les batraciens (TH. W. VAN
LITH DE JEUDE: Notes from the Leyden Museum Vol. XXV)
ont 6td decrits; une collection d'insectes, don't la conser-
vation nous causa tant de peines, n'a, parait-il, eveill6
l'attention de personnel; le botaniste, Mr. J. E. TULLEKEN
se crut libdrd de sa tache lorsqu'il eut fermd ses caisses;
c'est Mr. A. PULLE qui decrivit sa collection en meme temps
que celles des missions ulterieures qui ont explore notre
colonie. (An Enumeration of the vascular plants known
from Surinam together with their distribution and synonymy.
Leiden, E. J. BRILL. 1906).
Nous avons expliqu6 plus loin les causes qui ont malheu-
reusement retard de tant d'annees la publication de ces
pages.
H. VAN CAPPELLE.
LA HAYE, decembre 1906.
INTRODUCTION
Lorsque. en 1899, je pris l'initiative, de concert avec
Mr. C. VAN DRIMMELEN, alors commissaire du district du
Nickdrie, d'entreprendre une expedition a travers les regions
occidentales du Surinam ) les recherches geologiques
devaient etre 6videmment mon premier but.
Le gouvernement hollandais avait deja represent a
diff6rentes reprises la necessite de recherches serieuses
concernant la nature du sol des regions interieures de la
colonie. Avec le peu de donnees que l'on poss6dait au sujet
de l'origine et de la dispersion de l'or dans cette contree,
cette necessitd se faisait plus pressante a measure que
l'exploitation des terrains auriferes se d6veloppait.
L'encouragement de l'industrie auriferes doit etre consider&
comme l'un des facteurs les plus aptes a reliever le Surinam
de sa decadence; c'est a une connaissance approfondie de
la constitution du terrain que devaient aller les premiers
efforts. Mr. G. A. F. MOLENGRAAF dit 2): ,,Pour le Surinam,
c'est une des conditions de sa vitality que de savoir oui et
comment l'or est disperse dans son sol".
Mr. K. MARTIN partage cette opinion: ,,11 est de premiere
,,importance de limiter consciencieusement la parties de la
1) Voir le journal de voyage. Texte hollandais: ,,De Binnenlanden van
Ake district Nickerie. Lotgevallen en algemeene uitkomsten van eene Expeditie
door het westelijk deel der kolonie Suriname, in September en October van hetjaar
900o, door Dr. H. van Cappelle; met een overzichtskaart, talrijke platen in en
buiten den tekst en een aantal figure; 228 blz.". Baarn, Hollandia-
Drukkerij 1901.
Texte frangais: ,,Au travers des forts vierges de la Guyane hollandaise,
contenant I carte, 2o planches et 60 gravures inserees dans le texte" par H. VAN
CAPPELLE, Dr. es sciences 185 pages. Baarn, Imprimerie Hollandia
et Paris, Librairie polytechnique, CH. BgRANGER Editeur. 1905.
) National belangen in West-Indie verwaarloosd. (Vragen van den dag.
Amsterdam. Jaarg. 1892).
colonies e formee de schiste cristallin et de dresser la carte
,,de ces terrains, qui paraissent 6tre le point de depart de la
,,dispersion de l'or". L'auteur dit, et de droit, que c'est
la le premier pas a faire pour en arriver a une exploitation
systematique de cette riche contrie". 1)
Et, en abandonnant les avantages 6conomiques de cette
question, une collection 6tendue de donnees concernant la
constitution et la composition des terrains si anciens de la
Guyane hollandaise n'6tait-elle pas pour la science du plus
grand intertt? Nombre de problems sur lesquels on se
perdait encore en conjectures, trouveraient peut-6tre leur
solution dans l'experience faite sur le terrain.
II me parut urgent de confronter certaines conclusions
faites par Mr. K. MARTIN apres un court voyage sur le
Suriname-superieur aux observations faites dans d'autres
parties de la colonies; surtout lorsque des circonstances,
independantes de moi-meme, m'obligerent a reprendre mon
project abondonn6, de reconnaitre et d'6tudier le course peu
navigable du Nickdrie-superieur. Ce fut d6s lors ma tache,
non pas d'avancer vers l'interieur aussi rapidement et aussi
loin que je le pourrais, mais de recueillir le plus de rensei-
gnements possible concernant la constitution g6ologique si
compliqu6e de cet ancien terrain.
Le voyage de Mr. C. VAN DRIMMELEN, en 1897, sur le
Nick6rie-sup6rieur, jusqu'a la belle cascade de Blanche-
Marie avait fourni nombre de donnees int6ressantes; mais
la 'grande distance a laquelle on avait recueilli les fragments
de roche laissait encore bien des questions sans reponse.
,,On peut accepter", dit Mr. W. BERGT 2) ,,que non seulement
,,les roches types sont sujettes A des transformations dans
,,l'espace d'un territoire relativement restreint, mais que
,,surtout des filons druptifs 6troits dans le granite fonda-
,,mental et dans les schistes cristallins, et des lits peu
') K. MARTIN. Bericht iiber eine Reise nach Niederlindisch West-Indien.
Leiden, E. J. BRILL. 1888. Zweiter Theil. Geologie p. 192.
2) Zur Geologie des Coppename- und Nickerietales in Surinam (Hollindisch-.
Guyana) in Sammlungen des Geol. Reichs-Museums in Leiden. Serie II.
Bd. II. Heft 2.
importantns dans ces derniers, ont donn6 naissance a une
multiplicityt6 de varidtes du type qui ne peut 6videmment,
,,etre d6montrde avec si peu de renseignements et de
,,specimens" (voir page 9).
L'appui regu de tous c6tes me permit de cumuler a
l'expedition scientifique une etude concernant l'origine et
la dispersion de l'or; ces recherches susciterent, je ne sais
trop pourquoi, une vive opposition, car les prospections me
fournirent bien des renseignements important.
Le compte-rendu de Mr. G. C. Du Bois, ingenieur des
mines, attach a l'ancienne socidte ,,Suriname", qui, mieux
que tout autre, connait les regions interieures pour y avoir
sdjournd longtemps, ce compte-rendu, dis-je, paru peu de
temps apres mon retour en Europe, ddment cette opposition
dans la declaration suivante: ,,I1 est regrettable que jusqu'ici
,,l'on n'ait attached aucune importance a recueillir des expd-
,,riences locales concernant la venue et la dispersion de
,,'or. Les croquis, les cartes, les notes font absolument
,,defaut; ainsi pourvu, d'autres recherches et d'autres d6cou-
,,vertes seraient sensiblement facilities". 1)
Je le disais ddja dans mon journal de voyage, de nom-
breuses prospections ont dtd faites en rapport avec mes
recherches gdologiques, afin de m'assurer s'il existe rdellement
entire certaines roches 6ruptives et la venue de l'or, cette
correlation constant admise par plusieurs auteurs pour
les colonies voisines.
Oblige de remonter un fleuve, navigable pendant quelques
journmes seulement au delA du point extreme atteint par
Mr. C. VAN DRIMMELEN, en 1897, et d'aller reconnaitre ensuite
un trac6, layer au prdalable entire le Fallawatra et le Coppe-
name 2), je pouvais craindre s6rieusement pour les r6sultats
de l'expedition, tant au point de vue geologique qu'au sujet
de la question de l'or. Cette crainte ne se confirm pas,
car rien n'est aussi denue de serieux que la declaration de
1) G. C. Du BoIs: Geologisch-bergminnische Skizzen aus Surinam Io4
pages. La Haye, W. P. VAN STOCKUM en Zoon, 1901. Voir page 1oI.
2) Voir le r6cit du voyage, texte hollandais: page 1o, texte francais: page 8.
Mr. K. MARTIN, qui, de l'expdrience faite au course d'un
voyage sur le Suriname-sup6rieur, conclut ce qui suit:
,,Dans ces circonstances, les recherches gdologiques doivent
,,forc6ment se limiter au lit des rivieres; elles ne pourraient
,,pas s'dtendre plus loin, alors meme que les forts seraient
,,plus p6netrables, car la decomposition y est si avanc6e,
,,que les roches qui ne proviennent pas du lit des rivieres,
,,ne sont que tres rarement susceptible d'une definition". 1)
Cette opinion nous 6tonne moins chez Mr. K. MARTIN, que
de la part de Mr. G. C. Du Bois qui passa de longs mois
dans les regions intdrieures du Surinam: ,,Un voyageur"
dit-il, ,,qui, pour la premiere fois, visit un pays tel que le
,,Surinam, ne verra pas bien, au d6but, en levant la carte
,,du terrain parcouru, comment insdrdr toutes ces roches et
,,ces sols d'aspect a peu pros identique. A l'exception de
,,quelques roches ddnudies par l'eau du fleuve, le voyageur
,,ne voit guere que des argiles et des glaises de couleur
,,variable, des products scorifiques, des concretions et des
,,pouddingues ferrugineux designs par le nom de latdrite". 2)
Je le ripete, prononcee par Mr. G. C. Du Bois, cette decla-
ration ne laisse pas de m'6tonner.
J'6crivais a la page 86 de mon journal de voyage (1. c.) ):
,,Tandis que, de mon c6td, je chemine sous l'imposante
couplebl, je me demand en vain, comment on a jamais pu
,,dire, qu'au Surinam les recherches gdologiques doivent se
,,borner au lit des rivieres.
,,De grands monceaux de blocs, dissiminds dans la fort,
,,couverts d'une belle vegetation, me mettent aisement en
,,possession d'une collection de roches, tout-A-fait propres
,,a un examen p6trographique.
,Je crois me retrouver ici dans la region des F else n-
,,meere, dans les montagnes du Harz, la oi il est donn6
1) K. MARTIN 1. c. p. 145.
2) G. C. DUBOIS. Beitrag zur Kenntmns der Surinamischen Laterit- und
Schutzrindenbildungen. Tschermaks Mineralogische und petrographische
Mitteilungen. XXII Band, I. Heft, 1903. Voir 2me page de Particle.
s) Voir le texte hollandais page 102.
,,au g6ologue d'observer, dans ces gigantesques entasse-
,,ments de blocs, separes par des gorges profondes et de
,,sombres cavernes, le travail incessant de cette eau qui
,,decoule lentement des fissures et pen6tre dans les roches,
,,et que 1'esprit naif des habitants, enclin aux interpretations
,,surnaturelles, croit etre l'oeuvre des gnomes".
Ce meme ph6nomene de blocs de roche fraiche observe
aux environs des chutes Blanche-Marie, se renouvela souvent
au course de mes recherches sur le trac6, lay6 a partir du
Fallawatra dans la direction du Coppename.
Grace aux barrages echelonnes dans la riviere et aux
amoncellements de rocs aligns parall6lement dans la fort,
je parvins a former une collection capable de donner des
regions hautes du Surinam une id6e plus exacte qu'on n'en
avait jusqu'ici.
Bien des problemes, 6videmment, n'ont pu etre encore
rdsolus; et les expeditions scientifiques ulterieures ont
commis, de ce fait, une faute impardonnable en se bornant
pour les recherches geologiques, a faire collectionner des
fragments de roche par des personnel absolument incom-
p6tentes en cette matiere.
,,Le seul observateur" nous dit Du Bois, ,,doit A la teinte
uniformre de la couche disagregee, de ne pas remarquer
,,qu'il passe d'une roche a une autre". 1) Si alors ces
expeditions ont cru pouvoir suffire en recueillant les fragments
de roche a des distances de 5 km. et meme plus encore,
ne nous 6tonnons pas si leur collection petrographique ne
donne qu'une idde tres imparfaite de la constitution gdolo-
gique de la region parcourue, et si elle n'a guere contribute
a resoudre les probl6mes difficiles que nous presente cet
ancien terrain montagneux. s)
1) G. C. DU BoIs: Beitrag zur Kenntnis der Surinamischen Laterit- und
;chutzrinden-bildungen 1. c. deuxieme page.
) La Commission pour les recherches scientifiques au Surinam, don't derivent
:es expeditions etait d'avis qu'au point de vue geologique on ne ferait plus
;uere de decouvertes importantes (!) -- (Tijdschrift v/h Aardrijkskundig Genoot-
chap, 1902 p. 700). Par consequent elle chargeait les topographes de
a collection geologique; et, come nous le raconte Mr. DE GOEIE dans un
article, cela se faisait entretemps (!) (Tijdschrift v/h Aardr. Gen. 1905 p. 1086).
La lenteur, avec laquelle s'effectua l'itineraire, quej'6tais
oblige de suivre, fut sans aucun doute avantageux aux
recherches gdologiques; sans ces barrages successifs, qui
disesperaient note cartographe, je n'aurais pu dresser la
carte g6ognostique qui figure a la fin de cet ouvrage, ni
6tablir en plusieurs endroits la relation geologique des
roches, si pinible a decouvrir dans cette region toute us6e
et crevassee par les agents atmospheriques.
Dans le but de faire ressortir une relation possible avec
la colonies anglaise voisine, je me servis pour la publication
que voici, d'une collection, point decrite encore, que Mr. C.
VAN DRIMMELEN rapporta d'un voyage sur le Corantin et le
Kabalebo en I898. (Voir la description p6trographique).
Il y a une douloureuse raison pour laquelle ces lignes
paraissent si longtemps apres la publication, en texte
hollandais, de mon journal de voyage.
Feu Mr. J. L. C. SCHROEDER VAN DER KOLK avait offert
avec enthousiasme d'6tudier et de definir la collection de
roches rapportee. II fut bient6t oblige d'abandonner ce
travail pour ne plus le reprendre: en juin 1905, apres une
longue maladie, le monde scientifique n6erlandais perdait
en lui l'un de ses membres les plus 6minents.
Un heureux hasard voulut que l'un des anciens 6leves du
Maitre qui avait eu ddja a d6finir quelques roches de la collec-
tion au course de ses etudes, s'y interessAt assez pour vouloir
poursuivre les recherehes. Cette decision me rejouissait
d'autant plus chez Mr. E. H. M. BEEKMAN, ingenieur des
mines, que son penchant personnel l'entraine vers l'6tude de
la mindralogie et de la p6trographie.
Les r6sultats de ses 6tudes microscopiques, au course
desquelles l'expdrience faite sur le terrain dut servir de
point de repere dans les cas probl6matiques, ont et6 publi6s
a la fin de cet ouvrage sous le titre de description petro-
graphique; la constitution du sol dans la region parcourue
fit reserver pour cette parties une place important.
Mes chaleureux remerciements a Mr. BEEKMAN pour la
facon consciencieuse don't il s'acquitta de sa tAche difficile.
APEReU IISTORIQUE
II y a peu de temps encore, les lettres de Mr. le Dr.
VOLTZ 6taient notre seule resource pour connaitre la con-
titution du sol du district occidental de la Guyane hollandaise.
En 1855 Mr. VOLTZ remonta le course du Nick6rie jusqu'a
six heures en amount de l'embouchure du Fallawatra. D'apres
lui, le lit du fleuve se compose principalement de granite;
celui de l'affluent, de granite alternant avec des roches
vertes (Gr i nst e i n des Allemands). Les rives elevees, en
amount de la Fallawatra, sont formees des products de d6com-
position de ces roches; elles alternent avec un gres, qu'il
declare identique a celui des rives du Corantin que Schom-
burgk definit abusivement comme gris carbonifere; VOLTZ
considere ce gres comme 6tant egalement un dep6t recent
former des products de decomposition du granite.
Dans ses lettres au geologue hollandais Staring, Mr. VOLTZ
decrit a grands traits ses d6couvertes au point de vue
geologique. Mr. K. MARTIN rassembla les principles de ses
communications 1) et compare, par la suite, la region du
Nick6rie, parcourue par VOLTZ, au course septentrional du
Marowijne (Albina-Armina) oiI le granite est egalement tres
developp6; malgr6 la predominance marquee de cette roche,
MARTIN n'h6site pas a identifier ces deux zones avec la
region diabasique et schisteuse du Suriname-moyen.
Mr. K. MARTIN dit: ,,Le long du Maratakka, un
,,large affluent de gauche du Nickdrie, la roche ferme fait
,,absolument defaut; Mr. ROSEVELT nous decrit les rives
comesms form6es de sable et de glaise. Des roches vertes
1) Voir le chapitre: ,,Auszug aus den Briefen von VOLTZ" dans l'ouvrage
de Mr. K. MARTIN: ,,Bericht iiber eine Reise, etc. 1. c. p. 178.
,,(diabases) apparaissent plus occidentalement, A la limited de
,,la colonie, aux chutes Avanavero, dans le Kabalebo, un
,,affluent de droite du Corantin. A cet affleurement de
,,roches 6ruptives se rattachent les diabases trouvees dans
,,la Guyane anglaise, sur la rive gauche du Corantin, et qui
,,apparaissent A hauteur de Matappi-kreek".
Dans la litterature colonial plus ancienne, citons encore
une critique de Mr. K. MARTIN sur l'ouvrage de Messieurs
BROWN et SAWKINS, concernant la constitution du sol de la
Guyane anglaise 1); dans ce memoire les auteurs ont souvent
confondu le granite et le gneiss. ,,On ne pourrait" dit le
critique fireie sur les donnees de MM. BROWN et SAWKINS
,,une limited bien distinct entire les formations granitique et
,,archeenne; d'autant moins que, sur la carte, les gneiss et
,,les schistes archeens ont 6te rcunis".
Les roches vertes cities par ces auteurs, Mr. K. MARTIN
les considere comme des diabases pour leur disposition; si
elles furent dkterminees, tant6t comme diabase, tant6t
comme diorite l'erreur est due probablement a la presence
de hornblende secondaire que l'auteur reconnut aussi dans
les diabases du Surinam.
,,I1 a 6te d6montr6 tout aussi clairement pour la Guyane
anglaisese que pour le Surinam" dit Mr. K. MARTIN ,,que
,,les diabases sont plus recentes que les formations archeennes
,,et les granites. Leur Age geologique correspond A celui
,,du gres, considered par BROWN et SAWKINS comme un dep6t
,,cretac6 et qui s'6tend du Venezuela, A travers la Guyane
anglaisese, jusqu'au Corantin, en aval du Kabalebo, entre-
,,coup6 de diabase, de meme qu'au V6nezuela".
Il revient A Mr. C. VAN DRIMMELEN, le merite d'avoir
augment serieusement nos connaissances au sujet de la
constitution geognostique du Surinam occidental, et, par
consequent, de la colonie toute entire; 1'6tude petrogra-
phique, par Mr. W. BERGT 2), de quelques roches, rapporties
1) BROWN et SAWKINS: Reports on the physical, descriptive and economical
geology of British Guiana. London 1875.
) 1. c.
du Nickerie-superieur 1), suffit pour d6montrer que la con-
stitution geologique de la Guyane hollandaise n'est pas aussi
simple qu'elle paraissait 1'Ftre au ddbut. BERGT prouva,
apres une comparison entire les donnees de VOLTZ
et les resultats de ses recherches petrographiques person-
nelles, que le collectif de circonstance r o c h e v e r t e se
dissout, cette fois aussi, en une foule de choses qui n'ont
de relation ni entire elles, ni meme avec les roches vertes;
sur ce point, le doute s'6tait fait en moi d6s apres
un examen sommaire des roches rapportdes par VAN
DRIMMELEN 2). BERGT ne recut que quelques 6chan-
tillons des roches rapportdes par VAN DRIMMELEN de
son voyage au Nickdrie-superieur en 1897. Ceci joint a la
grande uniformity des roches rescues, ce fut surtout 1'etude
d'une collection de la vallde du Coppename qui l'amena a
cette conclusion. (Voir la citation p. 2).
Le memoire interessant de Mr. W. BERGT content nean-
moins plusieurs indications au sujet de ces alternatives
nombreuses de schistes archeens et de roches eruptives,
feuilleties par des influences metamorphiques, que j'ai
remarquees au course de mon voyage sur le Nickdrie.
Apres les communications de Mr. W. BERGT on ne se
serait pas attend a voir l'archeen occuper une place im-
portante dans cette parties de la colonies; I'auteur ne men-
tionne qu'un seul gneiss, encore ne le classe-t-il pas
d6finitivement parmi les schistes archeens; ce gneiss est
remarquable pour autant qu'il renferme la premiere sillima-
nite trouv6e dans la colonies, et en cristaux d'un dimension
telle, qu'en lumiere reflective on peut les reconnaitre a
l'oeil nu. BERGT, le premier, decrivit des gabbros, qui,
d'apr6s lui, avaient peut-ktre dt6 classes jusqu'alors parmi
d'autres roches; I'auteur les croit tres rdpandus dans
1) De Boven-Nickerie onderzocht en in kaart gebracht door C. VAN
DRIMMELEN, Districts-Commissaris van Nickerie, en naar diens verslag en
bijeengebrachte gronden en gesteenten beschreven door Dr. H. VAN CAPPELLE -
met kaart. Tijdschrift van het Kon. Ned. Aardrijkskundig Genootschap, 1899.
') De Boven-Nickerie onderzocht, etc. 1. c.
le nord de l'Amerique meridionale. Deux gabbros de la
vallee du Nickerie (provenant l'un d'une colline pros de
Antoniuskreek, l'autre des chutes de Blanche-Marie) furent
d6terminds comme gabbros a hypersthene. ,,Quant a
determiner" dit BERGT ,,de quelle maniere le gabbro se
,,prisente dans les vall6es du Nickerie et du Coppename;
,,s'il y forme des intercalations dans l'archeen ou des masses
,,eruptives d'un caractere intrusif bien ddfini, de nouvelles
,,recherches au Surinam seules peuvent nous l'apprendre".
Mr. W. BERGT s'etonne, a just titre, de l'absence com-
plete, et dans le Nickdrie et dans le Coppename, de roches
diabasiques, que MM. MARTIN et Du Bois nomment en
plusieurs endroits dans la parties orientale de la colonies.
Avant de continue ce sujet, faisons remarquer qu'a
l'encontre de l'hypothese de Mr. K. MARTIN, notamment
que plusieurs des roches vertes de Mr. VOLTZ appartien-
draient aux diabases, mais que des amphibolites et des
schistes chloriteux arch6ens furent d6finis du meme nom
collectif 1), les recherches de Mr. W. BERGT d6montrerent
que la conception ,,roche verte" de Mr. VOLTZ se dissout
en une sdrie de roches qui ne tiennent ni de la diabase,
ni de roches de la m&me famille, et n'ont entire elles aucune
relation ni au point de vue gdologique, ni au point de vue
p6trographique 2).
Tandis que nous voyors apparaitre dans le lit du
Coppename, outre des granites, quelques gneiss, des comes,
des grauwackes cristallines, decrites sous le nom de roches
de contact metamorphiques, enfin de rares diorites, la
constitution geognostique de la vallee du Nickerie nous
parait bien simple. ,,Toutefois, ce serait anticiper" dit
BERGT ,,que de croire que ces roches font defaut".
Les specimens de ce territoire, mis a la disposition de
BERGT, presentent, en general, des signes de pression;
pas un des granites n'en est exempt, et les gabbros, eux
1) Voir K. MARTIN. 1. c. p. 196, en note.
') Voir W. BERGT. 1. c. p. 104.
aussi,' accusent l'influence m6tamorphique subie. La position,
g6n6ralement redress6e, quelquefois meme vertical,
qu'affectent d'apres MM. MARTIN et Du Bois les schistes du
Surinam explique tres bien cette influence m6tamorphique
sur laquelle Mr. W. BERGT attire l'attention et qui fut 6ga-
lement d6crite par Mr. G. C. Du Bois.
Si, de ce qui precede, il apparait clairement, d'une part
combien 6tait n6cessaire une 6tude d6taill6e de la region
occidentale du Surinam et combien de problemes concer-
nant l'origine et la structure de cet ancien terrain montag-
neux restaient encore a r6soudre; d'autre part, l'int6r&t de
donn6es concernant les ph6nomines de d6sagr6gation et
les depots r6cents forms dans les regions interieures, ne
s'imposait pas moins.
Pour la Guyane hollandaise nous ne poss6dions aucune
notion capable de nous donner une conception exacte du
mode de decomposition auquel le sol de laterite doit son
origine, et cependant la Guyane en est le pays par excel-
lence. Le peu que Mr. K. MARTIN nous communique au
sujet de cette formation, qu'il croit actuelle, ne concern
pas la nature du proces de d6sagr6gation.
Remarquons que, d'apres cet auteur, les diabases et les
schistes archeens seuls se transforment en lat6rite; les
granites donnent le sable et le kaolin. D'apres le mime
auteur aussi, cette couche d6sagr6g6e remarquable, d'un
noir brilliant, compose d'oxyde de fer et d'oxyde de man-
ganese, et ressemblant singulierement a du fer graphite,
serait particuliere aux diabases et aux roches de formation
archdenne, mais 6trangere aux granites. Mr. K. MARTIN
consider ce ph6nomene comme un point d'appui s6rieux
pour limiter les formations au course d'un examen sommaire 1).
Mr. G. C. Du Bois nous donne, dans deux m6moires parus
apr&s mon retour des regions int6rieures, des communications
d6taill6es au sujet de la lat6rite du Surinam 2). Selon cet
1) Voir K. MARTIN 1. c. p. 152.
') Voir G. C. Du Bois: Geologische-bergminnische Skizzen, etc. 1. c.
Voir G. C. Du Bois: Beitrage zur Kenntnis der Surinamischen Laterit, etc. 1. c
auteur, la latdrite est produite par toutes les roches, indis-
tinctement, mais elle varie d'apres la composition de la
roche-mere. En nous en tenant au meme auteur, ce process
de decomposition caractdristique, donnerait gendralement
naissance, a la surface, a la concentration, surtout du fer,
du manganese et du fer titans; les autres substances, telles
que les silicates alcalins se trouveraient plus aisement
entrainds, dans les tropiques que dans les regions temperies.
Mr. G. C. Du Bois d6montra 6galement pour le Surinam
ce que Mr. M. BAUER d6couvrit le premier, dans les iles
Seychelles; notamment que la grande quantity d'alumine
qui figure avec l'oxide de fer dans les lat6rites primaire et
secondaire, denonce un proces de decomposition, oiu la
silice a &td entrainde en quantity plus grande que cela n'a
lieu pour la formation de l'argile commune; quelquefois
elle fait entierement ddfaut. Cette decomposition a done
une tendance a transformer les silates en alumine pure.
La difference entire les latdrites dluviales, que l'on trouve
a l'endroit meme de leur formation, et les latdrites alluviales
ou ddp6ts de substances latdritiques, consiste en ceci, d'apres
Du Bois, que chez les premieres les matieres silicieuses
les plus rdsistantes sont rest6es sur place en quantity
plus grande, tandis que chez les dernires il s'opdra une
concentration de hydrate d'alumine.
La laterite d'un aspect caverneux, rdpandue dans l'int6-
rieur du pays, nomm6e K a k er lak iston par la population
indigene, roche a ravets dans la Guyane frangaise, et
considdrie dans la litterature ancienne comme des tufs ou
des scores volcaniques, est formie par la decomposition de
roches ferrugineuses, telles que les diorites et les diabases;
au course de cette decomposition il s'opera une concentration
important du fer qui se separa sous la forme d'oxide de
fer et d'oxide de fer hydroxide.
Mr. G. C. Du Bois ddcrit, sous le nom de pisolithe, une
concretion ferrugineuse remarquable, qui se trouve a la
surface de cette latdrite ferrugineuse d'un aspect caver-
neux. Elle se produit lorsque, par l'extraction des combi-
naisons d'alumine et des combinaisons alcalines et par la
concentration des combinaisons d'oxide de fer qui en r6sulte,
des concretions s'operent en grand nombre; ce produit
ressemblant a des pisolithes se compose principalement de
grains de fer. Quand le ciment argileux qui les agglutine.
est en quantity sensiblement infdrieure et finit par 6tre
entierement extrait, les grains d6tach6s seuls subsistent,
qui de la mitraille la plus fine peuvent atteindre jusqu'.
2 cm. de diam&tre.
Mr. G. C. Du Bois trouva une beauxite oolithique, une
concretion d'alumine hydratee qui se transform quelquefois
insensiblement en une pisolithe ferrugineuse. Mr. Du Bois
admet avec Mr. BAUER, qu'elle est le rdsultat d'un proces
de dissolution au course duquel la hydrate d'alumine surtout
subsista.
Parmi les formations regentes qui demandaient encore
une etude detaillee, il convient de citer avant tout le gres,
considered autrefois come carbonifere, comme nous le
disions deja plus haut. Mr. MARTIN nous dit 1) que le
sable quartzeux gros-grenu qui forme avec l'argile et la
glaise les dep6ts alluvials est cimente souvent par de ]a
limonite pour former ainsi un gres ferrugineux ou une
breche quartzeuse. Ce gres atteint souvent un grand
developpement, mais, generalement immerg6, il est difficile
de se rendre compete de son etendue. L'auteur remarqua
sur les rives du Suriname un bane 6tendu de ce gres
reposant sur des schistes archdens.
D'apres Mr. G. C. Du Bois des br&ches et des poud-
dingues cimentds par de la limonite se pr6sentent souvent
comme formations rdcentes au pied des d6mes de roche verte.
Apres cet apergu sommaire des principles donndes
gdologiques consigndes dans les memoires sur la Guyane
hollandaise, passons a cette parties de la littdrature qui
traite des gites de l'or, ce mdtal qui, depuis sa dcouverte
1) Voir K. MARTIN 1. c.
en 1870, est devenu pour la colonie d'un si grand int6rkt
economique.
Mr. K. MARTIN considbre la region des schistes huroniens
et des diabases comme celle originaire de l'or, car des
filons de quartz' aurifere traversent fr6quemment au Surinam
la formation archeenne et. d'autre part, la majeure parties
du m6tal pr6cieux exploit6e au Br6sil provient de ces
terrains. 1) Plus tard, les grandes productions des players du
Lawa amenerent Mr. MARTIN a la supposition que ces
terrains pourraient bien appartenir au massif granitique
central. 2)
Dans son ouvrage ,,Geologisch-bergmannische Skizzen
aus Surinam" Mr. G. C. Du Bois donne des communications
plus d6taill6es concernant la formation aurifere et l'exploi-
tation de l'or dans la Guyane hollandaise. Voici les prin-
cipaux r6sultats de ses etudes.
Ce n'est que tard, lorsque, en exploitant syst6matiquement
les alluvions, on d6couvrit des terrains 6tendus que l'on
mit au jour des filons, quelquefois auriferes; sous 1'6paisse
couche desagreg6e qui les recouvre, le hasard seul les fait
trouver. Probablement, ils sont en relation avec 'les erup-
tions granitique et dioritique.
Les filons exploitables se rencontrent surtout dans l'arch6en.
Mr. Du Bois distingue deux systemes de filons; les plus
anciens, qui ont environ I m. de larger, sont a peu pres
paralldles aux schistes et s'inclinent vers le nord; les plus
recents, qui n'ont gubre plus de 0.30 m. de larger,
traversent les premiers, se dirigent vers le nord en s'incli-
nant en pente raide vers l'est; dans les deux cas le rem-
plissage se compose generalement de quartz blanc, teint6
de rouge ou de bleu dans les parties auriferes.
L'or natif renferm6 dans ces filons en compagnie de
pyrite aurifere, tourmaline et haematite, s'y trouve, parties
comme impregnation, parties en lamelles de quelques mm.
1) Voir K. MARTIN 1. c. p. 192.
n) Voir K. MARTIN 1. c. p. 192 note 2.
qui remplissent les crevasses; la roche encaissante est souvent
fortement impr6gn6e d'or.
A 30 ou 50 m. de profondeur les filons garden la meme
nature, seuls les pyrites deviennent plus nombreux. Mr. Du
Bois 6tudia les filonnets de quartz d'un stockwerk de
granite; la teneur en or diminuait progressivement avec la
profondeur. D'apres le meme auteur les filons de quartz
qui traversent les diabases et les diorites sont g6neralement
st6riles. Outre qu'il se trouve dans les filons de quartz,
1'or primaire entire encore comme element accessoire dans la
diabase, la diorite et dans les plans de joint de certain
granites.
On peut s'expliquer sans peine que l'or alluvial est tres
repandu; cependant Du Bois est d'avis que, dans tres peu
de cas seulement, les filons de quartz auriferes ont fourni
le materiel des dp6ots d'or alluvionnaire de la colonie.
Des analyses de diabases ont donn6 de 0.2 a 0.6 gr.
d'or a la tonne, d'oi Mr. Du Bois conclut que presque
toutes les criques, les versants de la plupart des vallkes
renferment de l'or.
Dans les terrains oil la roche primaire 'a &t suffisamment
d6composee, et la parties meuble emport6e en quantity
assez grande pour qu'une concentration important des
elements precieux accessoires ait pi s'operer, 1'exploitation
pourra se baser et sur les products 6luvials et sur les
products alluvials.
Mr. Du Bois considere ces dep6ts comme datant des
6poques tertiaire et quaternaire, bien que l'absence d'anciens
sddiments sur la formation arch6enne rend impossible de
verifier jamais cette hypoth6se. L'auteur ne partage pas
l'opinion, g6ndralement admise au Surinam, que l'or alluvial
a &td entrain6 a une grande distance.
Un deplacement uniquement micanique n'explique pas,
d'apres Du Bols, la presence de pdpites, pesant plusieurs
kg., dans les alluvions des criques, et il est hors de doute
que des proces chimiques ont eu lieu, tdmoin les indices
d'or trouv6s par LUNGWITZ dans les cendres de certaines
plants et qui prouveraient la presence d'or en dissolution
dans nombre de criques des districts auriferes de la Guyane
anglaise; Du Bois ne parvint pas a faire les memes consta-
tations dans la Guyane hollandaise.
Mentionnons encore cette decouverte important du meme
auteur que le soi-disant or noir, recouvert d'une couche
noire ou brun-rougeatre, composee de substances organiques
et d'oxide de fer, se trouve toujours dans le voisinage
immediat de roches vertes (diorites et diabases) ferrugi-
neuses.
Du Bois qui sdjourna plusieurs mois dans les regions
intdrieures de la colonie ne nous laisse, nous l'observons
avec 6tonnement, aucune communication concernant l'origine
de l'or dans cette contree. La remarque au sujet d'une
relation possible entire les eruptions granitiques est le seul
endroit de son ouvrage oi l'auteur traite ce point
important.
Apres avoir pass quelques semaines sur les terrains
aurif6res de la colonie, Mr. C. J. VAN LOON s'arr&te
longuement a cette question. Mais ses communications 1)
ont peu de valeur; ce ne sont guere que des conside-
rations qui n'expliquent en rien le probl6me.
Ce serait trop disgresser que vouloir rendre ici les opi-
nions 6mises. Mr. VAN LooN ne nie pas la possibility d'une
relation entire les intrusions de magmas basiques et la
venue de l'or. Cependant, dans les regions intdrieures,
la presence du metal precieux a etd constat6e dans la
plupart des roches, d'oii l'on pourrait admettre que l'or, en
dissolution, a penitrd dans les fissures. L'auteur ne rapporte
pas la provenance de ces solutions.
Mr. VAN LOON donne comme origine d'une relation entire
les eruptions dioritiques et diabasiques et la dispersion de
l'or, que les remaniements qui amenerent au jour les
diorites et les diabases couvrirent de fissures les roches
1) Voir J. C. VAN LOON: Rapport over de Exploratie van het Lawa-gebied.
's Gravenhage, Algemeene Landsdrukkerij 19o4. p. 65-79.
avoisinantes, et qu'a cette pdriode druptive en succida une
autre pendant laquelle des solutions d'or circulerent dans
ces fissures.
Le fait que les diorites et les diabases contiennent
souvent de l'or li6 A du pyrite, et qu'il s'y presente dans
les memes conditions (voir plus loin) que les autres 616ments
constituents de la roche, ne parvient pas A dbranler l'opinion
de Mr. VAN LooN, suivant laquelle l'or n'a pinetr6 que plus
tard les diabases et les filons de quartz.
Que l'or, de meme que d'autres 616ments, se dissolve a
la decomposition des roches pour etre d6pose ailleurs,
qu'il peut se former ainsi dans les alluvions auriferes des
pepites pesant plusieurs kg., Mr. VAN LOON veut bien
l'admettre; mais il ne trouve aucun motif pour croire qu'a
l'origine l'or s'est trouv6 A l'6tat primaire dans la diabase
ou dans toute autre roche et I'auteur conclut, pour ne pas
s'dgarer, que 1'or a 6t6 amend en dissolution.
Encore une fois, la provenance de cet or soluble n'est
point expliquee.
R6sulte-t-il assez clairement de ceci combien il important
de faire des recherches de ce c6te: et combien il faut
regretter que les quatre dernieres expeditions 1), envoyees
pour explorer les regions intdrieures, aient n6glig6 compl6-
tement de rassembler des donnies concernant I'origine et
la dispersion de l'or dans la colonies, cette question d'une
si grande importance 6conomique pour le Surinam?
') L'exp6dition du Coppename en 1901.
,, de la Saramacca en 1902.
,, de la Gonini en 1903.
S de la Tapanahoni en 1904.
CHAPITRE II
TOPOGRAPHIE
Apres le Corantin, le Nickdrie est le plus occidental des
fleuves qui, du sud au nord, traversent notre colonies.
Il est remarquable que plus on advance vers l'est, plus
les fleuves gagnent en importance; et, incontestablement,
une chaine laterale des months Tumac-Humac traverse le
Surinam du S. E. au N. O. En effet, la deuxieme expd-
dition scientifique, 1) celle du Coppename, entreprise en
1901, decouvrit cette chaine, arrkta sa direction et lui donna
le nom de chain WILHELMINE. 2
Nous n'avons pas, en Guyane, 1'dlement, qui dans d'autres
contrdes inconnues facility considdrablement l'orientation:
les cimes d6nudees font presque absolument ddfaut; la
fort vierge recouvre sans interruption les crates et les
pitons (nous ne pourrions les qualifier de montagnes) dis-
perses sur le terrain. Impossible de se former une idde
gendrale de l'orographie du pays, ou de se reprdsenter
approximativement la direction des plissements principaux et
des ranges de pitons d'origine druptive, qui traversent
l'ancien terrain et ont form ainsi le relief du sol.
1) Faisons observer ici, pour 6viter toute 6quivoque, que la Commission
pour les recherches scientifiques au Surinam ainsi que les membres expedition-
naires ne competent pas 1'exp6dition du Nickdrie et considerent celle du Coppe-
name comme la premiere expedition scientifique dans les regions interieures
du Surinam.
) Voir: ,,Verslag der Coppename-expeditie". Tijdschrift v/h Kon. Ned.
Aardr. Genootschap page 743.
D'aprbs Mr. A. J. VAN STOCKUM, chef de 1'exp6dition de la Saramacca, il
n'est pas encore nettement 6tabli que la chaine Wilhelmine fait parties des
months Tumac-Humac. (Tjdschr. Kon. Ned. Aardr. Gen. Annee 1904 p. 872).
Cette perspective, restreinte au voisinage imm6diat du
point oa I'on se trouve, fit-on meme sur une cr&te elev6e,
ne se d6ment pas dans les regions m6ridionales de la
colonie oi le terrain s'd6lve a plus grande hauteur. Dans
ces conditions, les recherches topographiques, qui ne figuraient
du reste qu'au second plan du voyage, devaient n6ces-
sairement se border aux levds des rivieres. Mais ici surgissent
des difficulties d'un autre ordre; l'embouchure des affluents
est quelquefois tellement obstru6e par la vegetation du
rivage, qu'elle passe presque inapercue, alors, qu'au delay
de cette barriere, la riviere est souvent tres praticable.
De ce chef, la triangulation se buttait a de nombreux
obstacles, et l'exp6dition, entreprise dans un but purement
g6ologique, dut se borner pour les recherches topographiques
a fire lever le plan des rivieres au moyen de la boussole
et a les contr6ler par des releves locaux.
Un autre inconvenient encore arrktera les recherches de
l'explorateur: l'imp6nktrabilit6 des forts vierges n'est certes
nulle part aussi grande que dans les Guyanes; il est rare
que le d6me de feuillage soit assez touffu pour qu'un sous-
bois serr6 n'ait pui croitre a son ombre.
Le project de recherches g6ologiques sur le terrain
compris entire la Fallawatra et le Coppename necessitait
par consequent le trace d'une ligne, qui devait &tre plus large
et mieux battue, qu'on ne le fait gen6ralement, m'6tant
propose de la faire reliever au moyen de la boussole et du
tranche-montagne, aussi longtemps que cela serait possible.
Malgrd les fAcheuses nouvelles, regues au moment de
partir, au sujet du courant impraticable que nous allions
devoir remonter, je ne pouvais m'6carter de mon premier
project; ) et les observations faites sur l'orographie de la
region parcourue se r6duisent par consequent A bien peu
de chose. Le course de la riviere, les tableaux qui se
deroulent sur les rives touffues, le caractere g6enral de la
1) H. VAN CAPPELLE. De binnenlanden enz. 1. c. p. II, et H. VAN
CAPPELLE, Au travers etc. 1. c. p. 8.
vallie, tous ces details que Mr. K. MARTIN 1) nous donne
dans son m6moire sur le Suriname s'adaptent a un degr6
moindre au course bien moins important du Nickerie.
Pour autant que nous avons pu observer, les pitons et
les crates atteignent rarement 200 m. dans cette region oui
viennent se perdre les months Bakhuis, confins de la chain
Wilhelmine. De la riviere nous n'avons guire apergu qu'une
ligne de faite, au loin, dans un brouillard bleuatre; ou,
s'6levant au dessus de la v6getation du rivage un piton
conique, qui disparaissait bient6t lorsque nous avancions.
Ces crates se dirigeaient g6ndralement du N. O. au S. E.,
telle celle entrevue en aval de Duizendsteenenval 2) et la
chaine apergue en amount de Kouroe-watrakreek 8). Les
pitons coniques, de tout autre origine, don't la forme ferait
meme pr6sumer une roche intrusive, diorite, diabase, gabbro,
n'apparaissent pas toujours isol6s au dessus du d6me de
feuillage; en amount de van Eedenval, avant le point oui la
riviere se replie vers l'ouest nous apercevions une range
de c6nes se dirigeant de l'est a l'ouest 4).
Si, dans cette region, l'explorateur se trouve port a
quitter la riviere pour s'avancer dans le pays, la r6gularit6
du relief le saisira a premiere vue. Les crates se succedent
sans interruption: gravit-on une pente escarp6e, c'est pour
redescendre aussitot, traverser une crique, et en trouver
une autre souvent plus raide que la pric6dente. La regu-
larit6 dans la succession des crates est telle, que le temps
nicessaire pour les franchir est souvent adopted comme
unite parmi les indigenes; ainsi il n'est pas rare d'entendre
dire que de tel endroit a tel autre il y a autant de crates
a franchir. Du Bois fait la meme remarque mais parole
1) Voir K. MARTIN 1. c. p. 167 etc.
H) H. v. CAPPELLE. De binnenlanden, L c. p. 98. Au travers, etc.
1. c. p. 83.
') H. v. CAPPELLE. De binnenlanden, etc. I. c. p. 116. Au travers etc.
L c. p. 98.
4) H. v. CAPPELLE. De binnenlanden etc. L c. p. 123 et 125. Au
travers etc. ). c. p. Io3 et 105.
d'616vations plut6t que de crates, la forme g6n6ralement
affect6e dans cette partie-ci de la colonie.
La direction r6gulibre suivant laquelle ces chaines
rocheuses traversent la fort n'est pas moins digne de
remarque; a de rares exceptions pres, elles se dirigent
parallelement aux lignes de faite apergues A hauteur de
Duizendsteenenval et de Kouroewatrakreek. (S. E. N. O.)
Ce ph6nomene est si distinct et si prononc6 que les criques
et les crates de la ligne trace vers le sud furent traverses
perpendiculairement a leur direction; tandis que sur celle
trace vers le S. E. il nous arrivait de cotoyer une crique
ou de voir le trac6 s'allonger sur le versant d'une crete.
Cette r6gularit6 n'est guere interrompue que pour former
un chaos de dykes et de pitons lorsque des roches
basiques tres r6sistantes traversent les schistes arch6ens
et remplacent les roches granitiques. Un bouleverse-
ment de ce genre fut observe a proximity du 15me km.
de la ligne m6ridionale, oi le terrain est d'une con-
stitution analogue a celle de la region de Blanche-Marie;
nous y trouvons les memes roches dans le m6me ordre
de succession et dans les memes relations par rapport l'une
a l'autre. Cette question important sera reprise en detail
dans le chapitre qui traite de la constitution g6ologique,
passons maintenant au course du Nick6rie.
Le. Nick6rie, le fleuve le moins 6tendu de la Guyane
hollandaise est a la fois le moins praticable; il ne fautpas
moins de 23 jours de voyage sur cette riviere pourarriver
a une latitude que l'on atteint ais6ment en 6 jours en
remontant le Coppename.
II prend sa source dans la chaine Wilhelmine ou dans
l'un de ses confins septentrionaux, traverse en une succes-
sion de sauts et de rapides ce terrain faiblement accident
dans lequel viennent se disperser les confins de la chain
Wilhelmine. A hauteur de Granieteilandval il pdentre dans
la region des savannes: la glaise et le sable forment les
rives, souvent l6ev6es, qui enserrent le course 6troit et
tortueux; dans le lit de la riviere la roche surgit conti-
nuellement (a la saison seche jusque Zonnevisch-kreek)
formant des sauts, des rapides et des amoncellements de
blocs rocheux, de direction plus ou moins r6guliere, qui se
continent sous les formations r6centes du rivage. En aval
de l'embouchure de l'Arrawarra la riviere p6n6tre dans
les terres argileuses de la z6ne alluviale, formant un v6ri-
table r6seau d'arrayos, qui permet aux bateaux, meme a
tonnage relativement 61ev6, de gagner le Coppename au
moyen de 1'Arrawarra et du Wayombo.
II faut attribuer aux formations g6ologiques le caractere
peu praticable des rivieres des Guyanes, qui les distingue
des autres fleuves de l'Am6rique m6ridionale, tels que
l'Amazone, la Plata et l'Or6noque. En effet, tandis que
ces derniers coulent sur les formations secondaire et terti-
aire, les fleuves des Guyanes ont creus6 leur lit dans le
terrain primitif, tres resistant, des schistes cristallins entre-
coup6s de granites, diorites, diabases et autres roches
d'origine 6ruptive.
Pour se frayer un chemin vers la mer, les rivi6res du
Surinam ont incis6 des passages 6trcits dans les crates
cons6cutives de roche peu 6rodiable, formant ainsi une s6rie
de lacs, qui, a l'heure qu'il est, ont presque completement
disparu; cependant le caractere du Nickdrie au delay de la
cascade de Blanche-Marie rappelle encore distinctement cet
ancien 6tat, bien que les lacs se soient transforms petit a
petit en rapides et en sauts.
Dans la saison d'hivernage, le Nickerie ne compete guere
plus de trois cascades: Stone Dansi, Baas Bari et Blanche-
Marie; mais dans la saison seche, pendant laquellej'entre-
pris mon expedition, leur nombre augmente sensiblement.
A l'endroit de ces sauts la vall6e s'l1argit et il n'est pas
rare de voir la riviere se diviser en plusieurs branches,
donnant naissance a des ilots, souvent admirablement
bois6s. A un tel 6largissement succede g6n6ralement une
parties resserr6e ou la roche 6merg6e est absente, ou tout
au moins peu fr6quente, et oh le courant est presque nul.
Ce sont toujours les roches riches en min6raux basiques
qui donnent naissance A ces cascades; leur resistance est
cause d'une 6curation en direction horizontal qui devait,
indvitablement, former peu a peu un 6largissement de la
vall6e.
La premiere bifurquation de la rivibre dans la region
des rapides est celle de ,,Driezustersval"; au delay le courant
se rdtricit et les roches 6mergdes sont rares; a Lombock-
val, la deuxibme cascade de quelque importance, oi se sont
developpds des schistes plus drodiables, la riviere ne forme
pas d'il6ts, qui reparaissent A Granieteilandval.
Au delay de Blanche-Marie ces bifurquations sont plus
frdquentes; apres le barrage d'Ago kiri mi, douze il6ts
encombrent la vallee, separds par des eaux bouillonnantes. 1)
Apres avoir laiss6 derriere nous la region oi les dykes de
diorite donnent gdndralement naissance a ces obstacles,
nous voyons le meme phdnomene se produire dans les
terrains schisteuse; il n'est done pas limit A la region des
granites, comme semble l'admettre Mr. K. MARTIN. 2)
Les memes phdnomenes se pr6senterent, mais a un degr6
moindre au course du relev6 de la Fallawatra. Cet affluent
rev6t bient6t le caractbre du Nickdrie en amount des chutes
Blanche-Marie: des 6tendues semdes de blocs rocheux
couverts des 6pis sechs dela Mourera fluviatilis, des
bifurquations donnant naissance A des il6ts, ces obstacles
qui arr6taient notre march au delay de la cascade de Blanche-
Marie, se prdsentent dans la Fallawatra des le d6but de
notre voyage sur cet affluent; sans nul doute ses sources
se trouvent un peu mdridionalement du point que nous
avons atteint en bateaux. s)
') H. v. CAPPELLE. De Binnenlanden etc. 1. c. p. 130. Au travers etc.
1. c. p. 109.
2) Voir K. MARTIN. 1. c. p. 161.
2) Rappelons ici qu'A hauteur de l'embouchure de la Waterlookreek dans
le Nickdrie, la Fallawatra n'est plus qu'une crique 6troite, d'un course tortueux.
L'imagination de Messieurs les topographes, qui explorerent aprbs moi l'int&-
rieur du Surinam, fut quelquefois un peu hardie, temoin la ligne ponctube
sur la carte de Mr. BAKHUIS, qui ferait chercher les sources de la Fallawatra
a une latitude moins levee que celle de la cascade de Blanche-Marie. Est-ce
'?
Ces communications, bien insuffisantes sans doute, concer-
nant l'orographie du pays pourront du moins faire ressortir
que dans cette contree aussi la constitution gdognostique
a contribud puissamment a la formation du relief du sol.
Les rdsultats des recherches ddtaillkes au sujet de cette
constitution, ne 1'6tabliront que plus clairement.
a cette bris6e que nous devons cette autre de Mr. C. H. DE GOEIE, qui cite
parmi les travaux qui restent A faire, le relev6 de la Fallawatra?
Voir: ,,De stand van het wetenschappelijk onderzoek in Suriname. Tijd-
schrift v/h Kon. Ned. Aardr. Gen. 1905'- p. Io85.
CHAPITRE III
CONSTITUTION IEOLOGIQUE
II etait A presumer, que I'intdrieur du district du Nickdrie ne
nous decouvrirait pas de terrains autres que ceux ddja
trouv6s dans les autres regions de la colonie. Ici, comme
ailleurs, c'est toujours l'archeen, traverse par des injections
granitiques et des intrusions d'un caractere plus basique,
qui emerge dans la riviere ou forme des crates rocheuses
et des pitons dans la fort.
II faudrait en excepter le grbs, qui, d'apres Mr. C. VAN
DRIMMELEN, forme un barrage dans le Corantin a 1500 m.
en aval de l'embouchure du Kabalebo. Messieurs BROWN
et SAWKINS le consignerent dans leur carte comme apparte-
nant a la formation crdtacee. (Voir page 8).
LE TERRAIN ARCHIEN.
I1 est excessivement difficile, sinon impossible, de distin-
guer sur le terrain, I'archden veritable des granites et
diorites que la dynamo-metamorphose a transforms en
roches schisteuses.
Je n'ignorais pas qu'un certain nombre des gneiss
rapports par Messieurs BROWN et SAWKINS furent ddfinis
plus tard comme granites; il etait done probable que les
memes difficulties de determination se prdsenteraient dans
la region du Nickdrie, toute voisine de la Guyane anglaise.
De fait, les recherches p6trographiques 6tablirent que la
structure schisteuse, si prononcde, m'avait induit plus d'une
fois en erreur. Plusieurs roches, ddfinies provisoirement
comme gneiss A biotite, furent reconnues etre des granites;
quelques gneiss amphiboliques passerent plus tard aux
diorites.
Les diffdrents modes de decomposition ne sont pas
toujours un guide aussi sur que le croit Mr. K. MARTIN
qui considbre la desagr6gation en couples comme 6tant
propre aux granites 1) tandis que nous avons remarqud des
gneiss se decomposant sous la meme forme.
A Lombockval, une couple 6tait en voie de trans-
formation et prenait une forme plus anguleuse; je crus
avoir trouv6 la zone de contact d'un granite et d'un gneiss,
mais les recherches pdtrographiques constaterent une seule
et meme composition: un beau gneiss feuillet. 2) D'oii il
suit que les schistes tres rdsistants sont 6galement suscep-
tibles de se transformer en couples au d6but de leur
decomposition.
C'est ainsi que quelques-uns des gneiss rapports, notam-
ment ceux ddcrits comme gneiss A pyroxene (un 6chantillion
de v. Eedenval, un autre de la ligne S. E. 2me km. s) sont
des diorites ou des gabbros transform s par la dynamo-
metamorphose; un schiste quartzeux, fut reconnu plus tard
6tre un orthoschiste (dans l'acception de Mr. ROSENBUSCH),
-probablement le product du dynamo-mdtamor-
phisme exerce sur une pegmatite ou une aplite.
(Voir le no. 156). -En quelques endroits la pendtration
du gneiss et du granite est si intime qu'il devient impos-
sible de les distinguer sur le terrain.
C'est assez prouver combien il est difficile de limiter en
cette region le systeme archden. Mr. G. C. Du Bois ne
s'est pas hasardd a faire la distinction, et, sur sa carte, nous
trouvons le gneiss et le granite r6unis.
En consultant la carte, on remarquera que l'archden est
peu ddvelopp6 dans le district du Nickdrie.
1) Voir K. MARTIN 1. c. p. 207.
2) Mr. H. E. M. BEEKMAN d6termina la roche come etant un gneiss g
biotite et amphibole. (Nos 30 et o9.)
1) Voir la description des numdros 7o et 141.
Les premieres roches 6mergeant A la baisse de l'eau
sont des gneiss a sillimanite qui, alternant avec du granite
s'etendent sur une longueur de plusieurs km. jusqu'au delA de
Koffiekreek et forment le premier barrage de la Fallawatra.
Le caractere schisteux est peu distinct dans les roches
entire Stone Dansi et la Fallawatra. Par endroits des bandes
de magnetite grenue et de biotite pailletee decelent une
tendance a la structure parallle. A la surface des roches,
elles s'6tendent parallelement aux barrages qui traversent
g6neralement la riviere en une direction N-S; a l'interieur
des schistes diriges du N. au S., je remarquai ga et 1U des
indices de ,,contorded foliation".
Lorsque, en 1897, Mr. C. VAN DRIMMELEN leva le plan du
Nickdrie jusqu'a la cascade de Blanche-Marie, il constata la
meme direction pour les roches de Stone-Dansi. ,,Les
couches, 16g6rement redressees", 6crit-il, ,,s'inclinent vers
l'ouest en formant un angle de ioO".
A Koffie-kreek les schistes archdens disparaissent pour
ne reparaitre que beaucoup plus loin A hauteur de Lombock-
val; il s'y est d6velopp6 un gneiss biotite, tres resistant,
don't les feuillets, assez distincts dans la roche decomposde
se dirigent du N. 200 0. au S. 200 E., c. A. d. dans une
direction analogue a celle constat6e au barrage de Stone
Dansi et ici aussi done ils se dirigent presque parallelement
au barrage.
Apres Lombock-val nous retrouvons larcheen dans la
region de Blanche-Marie oii granites, diorites, gabbros et
gneiss forment un ensemble difficile a dembler.
Le grand d6veloppement des diorites et des gabbros,
alternant par endroits avec le granite, joint aux observations
faites plus septentrionalement ne m'auraient pas fait pre-
sumer dans cette zone la presence du syst6me archeen; il
y forme des bandes 6troites et indistinctes, separees par
des roches intrusives, et, il est curieux de l'observer, ces
dernimres n'ont exerce aucune influence metamorphique sur
la roche encaissante.
Entre Duizendsteenenval et la cascade de Blanche-Marie,
trois bandes de schistes archdens subsisterent au milieu
des intrusions de granite, diorite et gabbro. La plus
septentrionale, un gneiss A biotite (N. 47) se pursuit dans la
fort en blocs gigantesques; vient ensuite un gneiss a
sillimanite (No. 42) auquel succ6de de nouveau un gneiss a
biotite (N. 39), au pied meme de la cascade. Au fate, qui
s'616ve A une trentaine de metres (29.80 M.) environ le
gneiss A sillimanite rdapparait et surplombe la cascade en
compagnie de granite. Ce n'est que beaucoup plus loin
au delay ,,d'Ago kiri mi" et des douze il6ts que nous remar-
quons de nouveau un gneiss a biotite. Enfin a hauteur de
la premiere des chutes Wilhelmine le gneiss a sillimanite
merge une troisibme fois, alternant avec de l'amphibolite,
qui se prdsente 6galement dans le barrage, au pied de
la deuxibme des chutes Wilhelmine.
Remarquons que dans cette region le gneiss a biotite
et le gneiss a sillimanite .alternent trois fois l'un avec
l'autre. 11 serait peut-etre utile d'y attacher plus d'attention
si les distances etaient plus rdgulieres et s'ils s'6tendaient
de l'est a l'ouest. Ceci n'est pas. Pour autant que j'ai
pu en juger, la direction se maintient toujours plus ou
moins N-S. de meme que les schistes en aval de la
cascade de Blanche-Marie.
Par endroits les gneiss alternent avec des quartzites a
structure schisteuse plus ou moins distinct. (Nos. 5 et 65).
Le quartzite d'une petite colline, a l'embouchure de la
Fallawatra, doit probablement son origine a la dynamo-
metamorphose d'un grbs, alternant avec de minces couches
argileuses, qui, en se ddcomposant, donnent naissance a
une limonite rouge qui traverse le quartzite en bandes
parallbles.
Si l'on en except la leptinite, (nos. 113, 120, 124), don't
la veritable nature n'est pas encore bien clairement 6tablie,
nous pouvons dire que sur le trace l'arch6en apparait entire
les km. Iome et 14me de la ligne S. et les km. iome et
i6me de la ligne S. E., g6ndralement reprdsent6 par le
gneiss a biotite (Nos. 117, 133) et par le gneiss a silli-
manite et a biotite (Nos. 121, 122, 123, 225, 152, 154).
Au bout du trac6 il s'y rattache des quartzites a
structure parallele bien distinct, don't quelques uns sont
des orthoschistes; un schiste micac6 (crique au 16me km.
de la ligne S. E.) tres d6compos6 termine la sdrie.
A 1'exception d'un rare granite (No. 157) ou d'une grano-
diorite (No. 155) les schistes ne presentent guere d'injec-
tions 6ruptives comme cela est le cas aux environs de
Blanche-Marie. Quant a leur direction, il est difficile dela
determiner attend que les blocs d6tach6s par la decom-
position ont affect souvent une position qui pourrait
entrainer a des conclusions erronees.
II nous faut observer une fois de plus, que non seulement
les schistes, mais des roches d'origine intrusives aussi,
traversent la fort en ranges de blocs a tendance g6n6-
ralement N. O.-S. E. c. a. d. parallele a la direction
invariable des crates.
Comme particularity de cette region mentionnons une
argilite a great (No. 150*), qu'on peut considerer comme
un sediment ancien metamorphos6 par l'injection granitique
qui le limited septentrionalement.
Ces roches m6tamorphiques de contact paraissent etre
bien rares dans cette parties de la colonies, car, a part cette
argilite, nous ne possedons du district du Nickerie qu'une
seule roche pouvant etre classee comme roche de contact.
Mr. C. VAN DRIMMELEN la rapporta de son voyage sur le
Corantin en 1899 et M. BEEKMAN la d6termina come
come a cordierite. (Voir la description p6trographique no. 3).
BERGT d6crit 1) quelques 6chantillons provenant de la
vallke du Coppename et les rapporte au syst6me paldozofque;
cette zone s'6tend sur une longueur de 19 km. au sud de
la formation arch6enne.
A la description des schistes archeens par M. BEEKMAN
il ne reste que quelques observations a ajouter.
En g6n6ral la structure schisteuse est la plus distinct
1) Voir BERGT: L c. p. o17-109 et p. 123-132.
dans les gneiss A biotite; dans les gneiss a sillimanite, ou
association de la biotite et de la magnetite avec la silli-
manite n'est pas toujours bien r6guliere, la structure
parallkle de la roche a presque compl6tement disparu.
La position redressee, presque vertical, des schistes,
prouve a elle seule deja les remaniements formidable
auquels ils ont et6 soumis. L'6tude microscopique a defini
clairement ces perturbations qui donnerent naissance a des
phenomenes de pression remarquables dans les gneiss a
biotite et les gneiss a sillimanite.
Cette influence a agi d'une fagon remarquable sur la biotite
et le quartz. Tant6t ce dernier a pinetr6 dans le feldspath,
tantot il a pris la forme lenticulaire ou encore forme un
beau specimen du ,,streifenquartz" des auteurs allemands.
Souvent le mineral est totalement morcel6 et renferme des
inclusions de biotite.
La biotite se pr6sente frequemment dans le quartz sous
forme de filaments, ou encore, pulverisde en une espece de
ciment. La magnetite aussi est quelquefois compl6tement
morcele en menus grains ou meme pulverisde. Le gneiss
A biotite no. 148 est un beau specimen de ces phenomenes
de pression.
Il est a noter que nombre de gneiss a sillimanite
renferment du great au point que certain d'entre eux
furent d6finis comme gneiss A sillimanite a biotite et a
great. I1 semblent ktre confines dans les terrains archdens
situes le plus meridionalement; le great fut observe pour
la premiere fois a hauteur de la cascade de Blanche-Marie,
et dans la region du Fallawatra au I ime km. de la ligne
Sud; le gneiss a biotite parait n'en pas contenir.
L'apatite et le zircon se presentent r6gulierement dans
les deux gneiss. A la magnetite, qui semble accompagner
toujours les mindraux foncds, se joint quelquefois le pyrite
LES INTRUSIONS GRANITIQUES.
Le granite, on pourra s'en convaincre en consultant la
carte, recouvre une grande parties du district du Nickerie;
non seulement il forme de nombreux barrages dans la
riviere, mais les cailloux roulds au pied de la 2me des
chutes WILHELMINE 6taient presque exclusivement des quartz
et des granites. Dans la region de la Fallawatra, oi cette
roche est moins developpee, les schistes archdens, les diorites
et les gabbros predominent.
A l'encontre de I'assertion de MM. BROWN et SAWKINS,
qui considerent le granite, comme 6tant plus ancien que
l'archeen, sans donner aucun argument sdrieux, nous avons
dans cette region une relation clairement etablie entire le
schiste et le granite; nous voyons partout cette derniere
roche parcourir, sous forme d'intrusion, le systeme archeen.
De meme que sur le Suriname-sup&rieur 1) le granite a biotite
de teinte claire, avec beaucoup de plagioclase, est la vari&td
la plus repandue. En regle gendrale, cette roche est
susceptible de nombreuses varidtes, ainsi que le prouve la
description petrographique; bien souvent nous poss6dons
d'un m&me endroit Stone Dansi, Bigi Santi, Baas Bari,
barrage en amount de Waterlookreek, barrages en aval et
en amount de Paradijskreek, dans le lit du Nickdrie en
amount de Blanche-Marie, cascade VAN EEDEN deux
echantillons differant par le grain et par la teneur en biotite.
Entre Leguanenkreek et Tom-Deddekreek les roches
6mergees sont rares; il est remarquable que dans cette
region elles sont a couples aplaties, a fleur d'eau, formees
de feuillets s6pares don't le superieur se decompose en
petits blocs polygones; quand les fragments sont arrondis,
ils rappellent le rognon; sont-ils a angles aigus, au con-
traire, on dirait que la carapace d'une tortue gigantesque
se montre a fleur d'eau.
Cette degregation semble confine dans cette parties du
lit de la riviere et c'est la seule oii nous ayons trouve
du granite a. deux micas (Nos. 33, 34, XVII2), 35).
1) Voir K. MARTIN: 1. c. p. 162.
2) Les chiffres remains renvoyent aux 6chantillons de la collection VAN
DRIMMELEN.
Mr. K. MARTIN observa un mode de decomposition identique
chez un granite A deux micas, dans le lit du Suriname a
proximity de Phaedra 1)
Nous reviendrons sur ce ph6nomene en traitant de la
decomposition.
Tous les dchantillons de ce granite sont dans un dtat de
decomposition avancee, ce qui justifierait, dans cette region,
I'absence de barrages et la presence de rares blocs isolds.
Le granite rv6ele en plusieurs endroits un caractere
aplitique, la forme sous laquelle se manifestent de preference
les apophyses des massifs granitiques, come si leur texture
a grain plus fin r6sultait de l'influence de la roche encaissante
en provoquant une plus rapide cristallisation du magma.
D'autre part, le granite a biotite prend quelquefois une
texture legerement porphyroide, ou se transform en une
pegmatite veritable avec la disparition des mineraux foncds.
Remarquons, qu'en cette region, des filons de pegmatite
traversent, non seulement le granite a biotite, mais aussi
les roches ignees a caract6re plus basique, tels les diorites
et les gabbros de la cascade de Blanche-Marie, alors que
ces roches furent toujours considdrdes comme 6tant en
Guyane des intrusions plus recentes. Par endroits la
pegmatite prdsente l'enchevetrement typique d'orthose et
de quartz nomm6 pegmatite graphique (Schriftgranit), tel
au barrage du pied de la cascade de Blanche-Marie.
A c6t6 de la biotite, le granite content quelquefois de
l'amphibole (voir p. 36); cependant les granites a hornblende
semblent etre moins d6veloppes dans cette region que dans
celle du Suriname. Les granites a biotite renferment g6n6-
ralement, en teneur 6levee, de la magnetite, souvent titanifere.
Comme particularity de cette region, il convient de citer la
presence fr6quente dans le granite de microcline sous
une forme qui exclut g6neralement une origine m6tamorphique
(no. 34) ).
1) Voir K. MARTIN: 1. c. p. 149.
) Voir BERGT: .1. c 134.
Sur le terrain, il resort clairement que les multiples
deviations du type sont des diff6renciations du magma et
appartiennent ou bien au phenomene des ,,Schlieren" des
auteurs allemands, ou bien se rapportent aux s6gr6gations
filoniennes. Ces vari6tes passent de l'une a l'autre sans
limits bien d6finies.
Le granite content g6n6ralement comme 616ments acces-
soires du zircon et de l'apatite, souvent en cristaux de
grande dimension; ils sont quelquefois enclaves dans le
feldspath et le quartz.
De tout autre nature sont les vari6ets du type causes
par la dynamo-m6tamorphose. L'examen microscopique
re6vla chez toutes des indices de pression plus ou moins
distincts, et cette influence s'est fait si profond6ment sentir,
qu'6tant sur le terrain il nous arrivait d'annoter un gneiss
pour un granite; ces granites gneissiques sont en effet si
parfaitement feuillet6s que la separation des gneiss v6ritables
devient absolument impossible (roches dans la rivibre en
amount de la cascade de Blanche-Marie). Ces variet6s A
texture gneissique alternent souvent avec de veritables
granites (meme endroit), mais toutes pr6sentent, sous le
microscope, des signes incontestables de pression, que cette
texture gneissique soit peu d6velopp6e ou meme compl&-
tement absente.
Les ph6nomenes de pression seront traits plus en detail
dans la parties p6trographique.
Sans contredit, la pression qui donna naissance a la
structure schisteuse de l'arch6en s'exerga encore dans la
meme direction aprbs l'6ruption granitique; la direction
identique des feuillets (g6ndralement N20 E--S,, O) et la
direction N.-S. des barrages granitiques et gneissiques en
aval de Franskreek le prouvent.
En remontant plus loin il n'y a plus guere de r6gularit6
dans la direction des obstacles rocheux qui traversent la
rivibre, trbs probablement a cause de la rapidity du courant,
car une direction plus d6finie se fait jour, des qu'6mergent
des roches resistantes, telles que les roches basiques, don't
nous traiterons plus loin.
Avec les injections granitiques nous voyons apparaitre
Ca et la des filons de quartz: tandis qu'en plusieurs
endroits le granite a biotite passe lentement A l' tat
pegmatitoide, les pegmatites A leur tour se transforment
en lits quartzeux. Des differentes vari6tes de granite ce
sont en premier lieu les granites pegmatitoides oi0 les filons
quartzeux abondent.
D'apres Mr. K. MARTIN les filons quartzeux de la vall6e
du Suriname sont probablement le remplissage de crevasses
don't la formation serait due A l'intrusion des diabases, que
l'auteur consider comme des intrusions plus rCcentes. ')
Cependant quand la pegmatite, qui traverse le granite
A biotite est une secretion filonienne de ces derniers, on ne
peut douter d'une origine commune de la pegmatite et des
filons de quartz avec lesquels elle est physiquement lide.
Les filons de quartz furent observes pour la premiere
fois A hauteur de la cascade de Baas Bari, d'ou ils vont
en se multipliant A measure que l'on remote la riviere.
LES INTRUSIONS PYROXENO-AMPHIBOLIQUES.
A c6te des roches granitiques, les injections d'ug caractere
basique occupent une place important dans la region du
Nickerie; apres le granite, c'est a elles que nous devons
accorder le plus d'attention, car elles influent considerable-
ment sur le relief du terrain.
Les roches basiques, representees ici par des diorites et
des gabbros forment des couples grandes et petites, et
des dykes, qui traversent souvent la contree dans une
direction fixe, bien que la vegetation exuberante qui recouvre
jusqu'aux pitons isolds ne permette que fort difficilement de
la definir.
Une serie de couples de diorite atteignant jusqu'a
1) Voir K. MARTIN: 1. c. p. 165.
77-50 m. de hauteur fut apergue sur la rive droite du
Nickerie-superieur en amount d'Ago-kiri-mi, la oi la riviere
se replie brusquement vers l'est.
Cette rangee decline vers la riviere en une direction
Nso O.-So, E. et se transform dans le lit en un barrage
de 30 m. de larger. Ces sommets arrondis doivent donc
6tre considers comme forms des coupol'es resultant de
la decomposition d'un dyke de magma basique. Le meme
phenomene se presente a la cascade de Blanche- Marie oi
un dyke puissant de roches pyroxeno-amphiboliques traverse
la riviere allant du S. S. O. au N. N. E.
pour se prolonger a travers bois en une
serie de sommets decompos6s. (Voii
le croquis ci-joint). A cet endroit la
riviere change de direction en atteignant
les roches basiques; la direction N. N. O.
I qu'elle affectait depuis la cascade de
VAN EEDEN devient N. N. E. a l'approche
de la cascade de Blanche-Marie.
T Ces deux cas prouvent assez la ten-
( dance bien connue des rivieres de
traverser les roches r6sistantes perpen-
diculairement a leur direction.
x = camp. Pour la composition des roches basi-
a = board suprieur desques du bassin du Nickerie, les nom-
chutes.
b = sommet de vis-h vis. breux specimens recueillis l'6tablissent
c = sommet sur la rive mieux encore que les quelques 6chan-
gauche. tillons mis a la disposition de BERGT; il
en r6sulte, encore plus clairement, a l'encontre de l'opinion
de Mr. K. MARTIN, suivant laquelle les roches vertes du
Dr. VOLTZ seraient avant tout des diabases 1) que cette
conception ,,griinstein" se dissout en une sdrie de roches
qui ne tiennent ni geologiquement, ni petrographiquement
de la diabase ou de roches de la meme famille.
Tandis que les m6moires de MM. MARTIN et Du Bois
feraient presumer un grand developpement de roches
1) Voir K. MARTIN: 1. c. p. 196, note 4.
diabasiques nous devons constater leur absence complete
dans la vallee du Nickdrie; la frdquence du gabbro par
contre saute aux yeux.
BERGT ddcrit trois gabbros, don't I'un fut rapport du
Coppename par le geometre LOTH, et les deux autres du
Nickdrie, par Mr. VAN DRIMMELEN, lors de son voyage
jusqu'a la cascade de Blanche-Marie en I897.
Je partage I'opinion de BERGT que les gabbros seront
bient6t connus egalement dans d'autres parties de la colonies,
d'autant plus qu'autrefois on d6finissait ces roches comme
diabases.
Ce qui mdrite surtout attention dans cette region c'est
l'impossibilitd de tracer la limited entire les granites et les
roches intrusives d'un caractere basique; les granites subissent
de multiples modifications et se transforment peu a peu en
diorites, en passant par la grano-diorite, dans le voisinage
des roches ign6es d'un caractere basique; et, sans nul doute,
il existe une relation entire les diorites a hypersthene et
les gabbros, qui renferment gdneralement de l'hypersth6ne.
Sur le terrain meme, cette relation saute au yeux, car de
meme que le granite et la grano-diorite sont gendralement
voisins, de meme la diorite se trouve gendralement dans le
voisinage immddiat d'un gabbro. De ce chef, ne serait-il
pas logique d'admettre egalement une relation d'Age entire
les diorites a hornblende et les diorites a hypersthene et
de consid6rer toutes ces transitions comme la consequence
de modifications physiques et chimiques qui regnaient a la
consolidation du magma?
Cette hypothbse acquiert plus de raison d'etre si l'on
sait que nulle part dans cette region j'ai pui constater une
superposition de ces roches au granite, et que, tout au
contraire, le granite se prdsente quelquefois comme segrd-
gation filonienne dans la diorite et le gabbro. (R6gion de
Blanche-Marie).
En remontant la riviere jusqu'a Blanche-Marie, nous
voyons augmenter les mindraux basiques dans les granites
a biotite, qui se transforment en granites a hornblende
renfermant meme quelquefois de l'augite ph6nomene que
l'on observe 6galement dans la parties orientale de la
colonies, A 1'approche d'une intercalation dioritique ou dia-
basique 1); de meme voyons nous s'accentuer la basicit6
dans la s6rie diorite et gabbro a measure que nous nous
dirigeons vers le sud.
L'examen p6trogaphique a d6montr6 que dans les vallees
du Nick6rie et de la Fallawatra, les r6pr6sentants du group
des roches basiques sont d6velopp6s plus septentrionalement
que ne le ferait supposed l'6tude sur le terrain. Les
min6raux fonc6s restent longtemps au second plan; ga et
la seulement on remarque, dans les roches de teinte claire,
des veines d'apparence plus basique; elles traversent tant6t
la diorite, tantot le granite, pour faire place A la cascade
de Blanche-Marie au puissant d6veloppement don't nous
avons parl6. La meme chose a lieu sur la Fallawatra:
c'est sur le trac6 seulement que les roches de ce group
sont bien distinctes, grace A leur couleur foncde.
Sur la carte g6ognostique cependant, nous trouvons
indiqu6es, des Antoniuskreek, puis plus loin entire Tom
Deddekreek et Granieteilandval et presque sur tout le
parcours de la Fallawatra, des roches appartenant au group
basique ou formant le passage aux roches acides. (Diorite
quartzifere).
L'examen p6trographique des roches a d6montr6 qu'il
est impossible de s6parer les diorites des gabbros et, par
consequent, de les indiquer s6par6ment.
Les diorites a hypersthene se transforment en gabbro;
et, l'hypersthene se faisant plus rare, des diorites quartzeux
se forment qui A leur tour donnent naissance A des quart-
zites purs.
Attirons attention sur la transformation du granite en
diorite, qui donna naissance A une roche, d6finie comme
grano-diorite par Mr. BEEKMAN; BERGT ), lui-meme, va
jusqu'a soupconner dans cette region la transformation du
1) Voir G. C. Du BOIS: 1. c. p. 29.
') Voir BERGT: 1. c. p. 158.
gabbro en granite a hypersthene (voir p. 39) une hypothese
qui trouve deja une certain confirmation dans les filons
de granite que j'ai trouve traverser le gabbro de la cascade
de Blanche-Marie.
Par consequent on ne pourrait plus mettre en doute
un passage graduel reciproque de toutes les roches a carac-
tere intrusif de cette region, et nous avons done ici un bel
example de la differenciation variee qui s'opere A la conso-
lidation d'un magma. Prouvons le.
La serie des roches intrusives basiques s'ouvre par une
diorite (no. 13) en aval de Antoniuskreek; la composition
et la texture de cette roche presentent une si grande ana-
logie avec le gabbro a hypersthene et a hornblende (no. IX a)
d'une colline situee A l'est de cette crique, qu'on ne pour-
rait douter d'un rapport genetique.
Comparons maintenant A la diorite de Antoniuskreek, la
diorite quartzifere (no. I8) qui traverse le granite (no. 19)1)
de la cascade de Baas-Bari qui se trouve non loin de a1;
il semble qu'en cet endroit le granite se transform en
gabbro en passant par la diorite, et, partant, l'on ne peut
admettre, pour cette roche intrusive, un Age plus recent.
En remontant plus loin la riviere, la diorite reapparait
au delay de Tom-Deddekreek, a la chute de six degrees,
nommee Zesvoethoogvallen. La roche, une diorite quart-
zifere a hypersthene (nos. 36, 36*. 36a) present de nombreuses
modifications qui ont ete decrites en detail par Mr. BEEKMAN.
Bornons-nous a constater ici que la Granieteilandval situde
un peu plus haut, n'est pas formee uniquement de granite 2),
car elle est traversee en direction S.-E. par un filon de
diorite a hornblende et a hypersthene (no. 38), large de io cm.
BEEKMAN observe que cette derniere roche resemble
plut6t aux gabbros a hypersthene, et que la roche encaissante,
d6finie comme grano-diorite, tient le milieu entire le granite
et la diorite.
1) Voir aussi BERGT: 1. c. p. 142.
2) Voir BERGT: L c. p. 147, la description d'un granite de la collection
de Mr. C. VAN DRIMMELEN.
Il n'est done plus douteux que le petit filon de diorite .
hypersthene ait ete produit par la differenciation d'un m~me
magma, qui a cet endroit se consolida en formant
principalement du granite et de la grano-diorite.
Dans la region de la cascade de Blanche-Marie la diffe-
renciation du magma a atteint sont point culminant de
ddveloppement; car, si nous comparons les descriptions
des diverse roches, nous trouvons sur tous les points de
cette region les passages les plus distincts des roches acides
aux roches basiques, tant pour ce qui concern la compo-
sition que pour la texture.
Le gabbro a hypersthfne de la collection VAN DRIMMELEN
d6crit par BERGT n'est cependant pas le type de la plus
grande basicit6 de ces roches, car l'auteur suppose une
relation avec les granites a hypersthene, provenant de
Ekersund et Soggendal en Norwege, du Canada et de
New-York, qui a leur tour sont affilies a des gabbros.
BEEKMAN trouva egalement, dans la collection rapportee,
des gabbros qui tiennent le milieu entire le gabbro et le
granite (no. 42*) et qui forment de belles transitions aux
veritables gabbros, composes presque exclusivement de
silicates colors (no. 40, mais surtout les nos. 49 et 54 oil
l'dchantillon lui-meme pr6sente a l'oeil nu la transition en
question).
L'enrichissement de quartz s'dleve quelquefois au point
que de vdritables filons de quartz en resultent, qui ne
peuvent &tre considerees comme les remplissages postdrieurs
de crevasses, mais plut6t comme des s6gregations d'un
magma basique dans lequel la silice a ete expulsee des
combinaisons qu'elle commengait a former.
La connexion intime entire les gabbros et certaines
diorites resort mieux encore a Blanche-Marie qu'a Antonius-
kreek. (Voir surtout le no. 52).
Du reste, pourrait-on douter d'une relation reciproque
entire toutes les diorites, n'ayant pu trouver sur le terrain
aucune limited bien d6finie et une connexion entire les
gabbros et les granites n'6tant pas invraisemblable?
Ce sont presque exclusivement des pegmatites qui alter-
nent ici avec les diorites et les gabbros et qui se pr6sentent
meme quelquefois en filons bien distincts. (S6gr6gation filo-
nienne). Leur composition est g6n6ralement plus simple 1)
que celle des granites des regions non basiques; par endroits
la plagioclase et la hornblende pr6dominent et la roche se
transform alors en une diorite quartzifere a biotite; le
quartz, a son tour, est quelquefois tellement abondant que
les grands cristaux d'orthose et les grands feuillets de biotite
avec lesquels il alterne finissent par disparaitre compl6tement;
des filons de quartz se forment, traversant le granite et le
gabbro adjacent et qui dans la region de Blanche-Marie
se dirigent pour la plupart du nord au sud. Le passage
graduel du granite au gabbro resort particulierement bien
en quelques endroits ou les min6raux fonces diminuent peu
a peu pour faire place a l'orthoclase et au quartz.
Au delay de Blanche-Marie ce ph6nomene se r6pete,
toutefois a un d6gr6 moindre. On peut s'en convaincre en
comparant la description des num6ros cons6cutifs des
chapitres granite, diorite, gabbro.
Dans cette parties du lit de la riviere aussi les cascades
les plus 6lev6es sont situ6es la oui les roches les plus
basiques se sont consolid6es, et oil, par suite de l'6tat plus
fluide du magma, se sont produites les diff6renciations les
mieux caracterisees. (Cascade VAN EEDEN, Ire et 2me des
chutes WILHELMINE).
Plus on advance dans le pays au delay de la cascade de
Blanche-Marie, plus les s6gr6gations basiques semblent de
nouveau se perdre et faire place a des roches intrusives
plus acides. La region dans laquelle on p6netre2) est iden-
tique a la z6ne granitique du Suriname-Sup6rieur que Mr.
K. MARTIN dans. sa carte limita entire Sara-kreek et Toledo 8).
Les cailloux roul6s amoncel6s au pied de la 2me des chutes
1) Voir BERGT: 1. c. p. 145.
) Voir: Le r6cit du voyage 1. c. Texte Francais p. Ior etc. Texte hol-
landais p. 128.
') Voir: K. MARTIN 1. c. p. 159-167 et p. 19o.
WILHELMINE se composent presque exclusivement de granite
et de quartz.
Le meme phdnomene, ddveloppement des roches basiques
intrusives a measure que l'on remote la riviere vers le
4me degrd de latitude et leur disparition graduelle en allant
plus loin, se present 6galement dans la Fallawatra. Ici, cepen-
dant les granites se font bient6t rares; car, jusqu'A la cascade
de CREMER, a l'exception de quelques segr6gations de peg-
matite, ce sont presque exclusivement des diorites qui se
sont ddveloppdes, formant quelquefois des passages au
granite, d6finis par BEEKMAN comme des grano-diorites.
Non loin de cette cascade, oil commence le trace, se
pr6sentent quelques affleurements de granite contenant
beaucoup de biotite; le plagioclase et la hornblende qu'il
content d6cele une connexion avec la diorite, qui en effet
resort clairement A la cascade de CREMER Oil il nous fut
impossible de tracer une limited entire le granite a biotite
et a hornblende et les diorites qui tour a tour renferment
beaucoup de quartz, de plagioclase, de biotite ou de
hypersthene.
De mnme que dans la vall6e du Nickerie ces roches
sont les precurseurs des diorites a hypersthene et des
gabbros, qui atteignent leur plus beau d6veloppement au
km. 15me de la ligne Sud; c'est lA aussi, de meme qu'a
Blanche-Marie, que les diffdrenciations sont les mieux carac-
terisdes.
La diorite est en varietis nombreuses, (nos. 128, 130),
se transformant peu a peu de grano-diorite par la diorite a
hypersthene en gabbro a hypersthene (nos. 127, 129, 134,
r35, 136); il y a meme une s6gr6gation de granite porphy-
rique (granite porphyrique a hornblende (no. 137) dans le
gabbro.
A partir de ce point nous voyons, comme A la region de
Blanche-Marie, diminuer progressivement le caractere basique
des roches intrusives pour faire place A une predominance
de roches acides a measure que l'on advance vers le sud.
Encore jusqu'au IIIme km. de la ligne S. E., les gabbros
(nos. 133a, 133*, 138--140) et les diorites (nos. 133, 142)
alternent l'un avec l'autre; mais a partir de ce point
reapparait la grano-diorite (no. 133), qui vers le sud-est,
devient plus frequente (nos. 146, 148a) et se transform
peu a peu en granite (nos. 143, 148, 148*, 150, 151, 157).
Le granite pegmatitoide (no. 143) qui traverse le gabbro
(no. 144) pros du km. Vme de la ligne S. E. nous rappelle
encore une fois ce que nous avons observe a Blanche-
Marie; nous remarquons meme les segr6gations quartzeuses
a inclusion de pyrite, (nos. 116, 147) traversant le gabbro.
Apres ces communications, pourrait-on mettre en doute
la simultan6it6 de formation des granites et des roches
basiques de cette region?
Un autre probl6me pour la solution duquel nous n'avons
pas encore de donndes suffisantes c'est de savoir si tous
les granites datent de la meme epoque, si toutes les roches
decrites ici ont &t6 formies par la consolidation d'un m~me
magma igne.
L'hypoth6se suivant laquelle une second eruption de
magma ign6 eut lieu, longtemps apres la consolidation des
gabbros et des diorites de cette region, s'expliquerait par
le fait, qu'une roche intrusive d'un caractere propre aux
roches 6ruptives r6centes (nos. 29 et 31) fut observee; c'est
l'andesite de la cascade du Lombock, qui traverse le gneiss
a biotite et a amphibole en un filon, bien distinct a cause
de sa surface d6compos6e en petits blocs polygones.
Il est probable que plus tard la presence de cette roche
sera constat6e 6galement dans d'autres parties de la colonie;
peut-ftre meme finira-t-on par decouvrir une connexion
entire l'andesite et la diabase, d'une constitution fonci6rement
diff6rente de celle de la diorite et du gabbro, et probable-
ment 6trangere au district du Nickdrie.
Mr. MARTIN considere la diabase comme une roche
intrusive de la p6riode cr6tac6e et base cette opinion sur
le fait que dans la Guyane anglaise la diabase traverse
une formation de gres, consideree comme cr6tac6e. )
1) Voir p. 45-
Cependant ne perdons pas de vue: 10 que l'absence
total de fossiles dans cette formation, rend fort hypoth6tique
la determination de son Age g6ologique; et 20 que ce n'est
point encore un fait av6r6 que la roche intrusive qui alterne
avec le grbs soit une diabase, puisque actuellement il n'y
a plus qu'une certain parties des roches d6termin6es autrefois
comme 6tant des diabases qui puissent encore ktre consi-
der6es comme telles. 1)
I1 est possible que de minutieuses explorations des regions
int6rieures combines aux d6licates investigations de la
lithologie moderne, parviennent a nous renseigner sur les
rapports existant entire les diabases d'une part, les diorites
et les gabbros d'autre part.
Nous ne pourrions terminer ces pages d6di6es aux intru-
sions pyrox6no-amphiboliques sans avoir dit un mot des
ph6nomenes dynamo-m6tamorphiques qu'elles ont subis.
BERGT donne une description des ph6nomenes de pression
constat6s dans les deux gabbros de la collection VAN
DRIMMELEN.
Certains diorites et gabbros de notre collection du Nick6rie,
pr6sentent des indices bien plus 6vidents d'actions m6ca-
niques. D6ja a l'oeil nu on peut d6couvrir une texture
ruban6e, accuse par les train6es courb6es et irr6guli6res
de quartz (no. 59).
Sous l'action du microscope les effects d'une pression
puissante se pr6sentent nombreux. Plusieurs 6chantillons
renferment des min6raux totalement morcel6s ou a contours
estomp6s sous Faction du dynamo-m6tamorphisme. Quelque-
fois l'6paisseur du grain de la roche primitive a diminu6, en
ce sens que tous les 616ments constituents, meme les mineraux
accessoires tels que le pyrite et la magnetite, ont &t6 morcel6s.
Dans bien des cas la dynamo-m6tamorphose A caus6 une
deformation des 616ments: les paillettes de biotite, par
example, affectent une forme courb6e; cependant les lamelles
1) D'apres les definitions de Mr. BEEKMAN, il ne se trouve pas une seule
diabase parmi les roches rassemblees par Mr. vAN DRIMMELEN le long du
Corantin et du Kabalebo.
de feldspath et de diallage pr6sentent souvent, trbs distincte-
ment, ce meme ph6nomene. L'extinction du quartz peut
devenir trbs onduleuse, comme le d6crit a maintes reprises
Mr. BEEKMAN pour la hypersthene, le plagioclase et la diallage.
Le quartz, transform en lentilles a structure parallble
donne quelquefois de beaux specimens de ,,streifenquartz";
souvent aussi il a p6n6tr6 dans le feldspath ou dans la
biotite, qui, a son tour, divise quelquefois un cristal de
hypersthene.
Aprbs les considerations 6mises plus haut sur les s6grd-
gations qui, dans cette region, se sont op6eres au sein du
magma 6ruptif, on se trouvera naturellement port a
admettre que action m6canique prouv6e par BEEKMAN
pour plusieurs granites de la collection a agi 6galement
avec tant de force sur les diorites et les gabbros qu'il a
pu en r6sulter r6ellement des gneiss (orthogneiss des Alle-
mands) a caractbre basique. Bornons nous a citer ici le
gneiss A pyroxene (nos. 70, 141) don't la relation avec les
roches intrusives basiques, probablement le gabbro, est
6vidente aprbs l'6tude microscopique par Mr. BEEKMAN.
Ii est presque certain qu'on finira par trouver, dans la
Guyane hollandaise, les equivalents de toutes les roches du
type granitoide de cette contr6e, sous une apparence
stratiforme ou tout au moins ruban6e.
LES DEP6TS DETRITIQUES.
La zone des roches m6tamorphiques de contact stratifies,
confines par BERGT, pour la valle du Coppename, entire
Manakoa et Jabakreek et consid6r6es par lui comme
appartenant au systeme pal6ozofque semble faire d6faut
dans le district du Nick6rie. La seule roche que l'on
pourrait consider comme telle est l'argilite a great
d6crite par BEEKMAN sous le no. 50o*; elle fut trouv6e sous
la meme latitude oii s'est d6velopp6e dans le Coppename
la zone en question.
Les formations de date plus r6cente que le system
archeen et les intrusions de granite, diorite et gabbro sont
des depots alluvials, et en parties peut-ktre des products de
l'dpoque pleistocene, a l'exception d'un gras, developpI le
long du Corantin, que l'on consider comme cretac6.
(Voir p. 8). Cette formation qui traverse la colonie anglaise
de l'est A l'ouest est indiquee sur la carte de MM. BROWN
et SAWKINS en aval de l'embouchure du Kabalebo sur la
rive gauche du Corantin.
J'avais espdr6 retrouver quelque trace de ce gres dans
la region du Nick6rie, car Mr. K. MARTIN croit tres justement
qu'il est peu probable qu'il se termine subitement au
fleuve limitrophe; ce meme auteur emet l'hypoth6se que
le mont VOLTZ, un sommet d6nude situ6 en amount des
cascades de Ralleygh, pourrait bien 6tre un dernier vestige
de cette assise.
L'expedition du Coppename qui rapporta de ce sommet
des fragments de granite, renversa cette hypoth6se.
Toutes mes investigations n'ont pu decouvrir quelque
renseignement sur l'dtendue de cette formation; le seul
indice est un caillou roul6 (no 88) 1) ramass6 dans le Nickerie
en aval de l'embouchure de la crique Paris-Jacob, qui prend
probablement sa source dans les parages oii l'on a constate
la presence de ce gres sur la rive gauche du Corantin.
Les formations rdcentes de la region du Nick6rie se
bornent done aux dep6ts des rivieres et de la mer et aux
products de la ddsagrdgation des roches, rests sur place.
Nous nous abstiendrons de detailler leur origine:
Mr. K. MARTIN donne une description excellent des allu-
vions du Suriname et des influences auquelles elles doivent
leur formation, et qui sont les memes pour toute la colonies.
Les mares et la grande difference de niveau des rivieres
pendant l'hivernage et pendant la saison seche ont contribu6
puissamment A 6tendre ces dpp6ts. Les mangliers et les
parwas (Avicennia) que l'on rencontre Ca et la le long du
1) Le caractire petrographique de ce caillou correspond entierement a celui
de la roche de la collection VAN DRIMMELEN, rapport6e du Corantin en 1898
voir la description petrographique No. 5.
Nick6rie-inferieur rivelent leur violence. Pendant la saison
seche elle se fait sentir jusqu'a Stone-Dansi, la premiere
cascade; pendant l'hivernage elle ne s'6tend gu6re plus
loin que Koffiemakka-kreek, tout au plus jusqu'a la Karapana,
oi elle se r6duit a une immobility passagere de l'eau.
Des amas de bois flottant, semblables a de gigantesques
paniers, sont suspendus a grande hauteur aux arbres du
rivage, principalement la oi le relief du terrain emp6che
la riviere d'elargir son lit. C'est ainsi que, a hauteur de
l'Arrawarra, le niveau d'hivernage est plus 6lev6 de cinq
metres et sur le course superieur des differences de dix
metres m6me ne sont pas rares.
L'dlargissement du course superieur de la rivibre pendant
la saison d'hivernage, el6ve graduellement les rives, des
products d6tritiques qu'elle charrie, tandis que dans la zone
du littoral c'est le limon de la mer qui 6elve continuelle-
ment les bords. Pendant la saison seche elle forme des
d6p6ts jusqu'a bien avant dans le pays. Cette quantity de
limon amenee par la mer, s'amasse a telle hauteur devant
les 6cluses des canaux d'irrigation, qu'il faut proc6der a
un ddblayage complete avant de pouvoir les rouvrir. 11 est
vrai que la masse d'eau que roule la rivibre pendant l'hivernage
entraine de nouveau vers la mer une certain quantity de
limon, cependant les rives s'el6vent sensibliment.
Il est impossible de limiter exactement l'6tendue des
d6p6ts marines, car la violence des marees differe souvent
d'une annee a l'autre, par consequent les d6p6ts altement
dans la zone limitrophe et on ne parviendra a determiner
leur origine qu'en recherchant leurs propridtes physiques et
chimiques.
Mr. J. M. VAN BEMMELEN, ci-devant professeur d'universit6
A Leyde, publia les r6sultats d'une 6tude de quelques
6chantillons rapport6s de la region du Nickdrie. 1)
1) Voir J. M. VAN BEMMELEN: ,,Onderzoek van eenige grondsoorten uit
Suriname. (Landbouwkundig tijdschrift 1903 p. 315) et ,,Beitrige zur Kenntnis
der Verwitterungsprodukte der Silikate in Ton-, Vulkanischen- und Laterit-boden.
Zeitschrift fuir Anorganische Chemie Bd. XLII 1904 p. 265).
La plasticity, entire autres, propre aux alluvions marines
diminue B measure qu'on remote, la teneur en F, O0
augmente et les fragments de mineraux, peu ou point
d6compos6es, deviennent plus frequents.
SIl est interessant de compare sous ce rapport les 6chan-
tillons I A et I B de VAN BEMMELEN, provenant de plantations
du littoral 1), avec l'echantillon no. V. 2), provenant de la
rive entire la Karapana et Cederkreek s), qui forme une
transition entire l'argile grasse du littoral et la glaise des
rives elev6es du course superieur.
Pendant la saison seche, les depots argileux de la zone
du littoral se dressent en terrasses au dessus du niveau
d'eau, mais la fort touffue qui ne s'arrete qu'au bord meme
cache generalement tout relief du terrain. Une terrasse bien
distinct d'une larger de 8 m. fut apergue cependant B
hauteur de Manilie-kreek.
Cette crique et celle de Warappe, qui d6bouche un peu
plus haut, coupent toutes deux une meandre de la rivibre,
un nouvel example de sa tendance a prendre toujours le
plus court chemin. Lors de notre exploration, pendant la
saison seche, ces jonctions 6taient obstrudes par une
luxuriante vegetation de moucoumoucous.
Entre les criques Waraai et Warappe, a cause de l'oxyde
de fer qui cimente entire elles les elements du sol, le
terrain affected deji le long des rives basses une couleur
jaune uniform et un aspect plus granule, comme plus haut
les terrains glaiseux, composes exclusivement de sediments
charries par la riviere.
C'est a ces terrains glaiseux qui bordent les rivibres et
les criques, que le Surinam doit ses belles forts d'essences
precieuses. C'6tait une vraie jouissance de constater la
1) Cette argile est finement granulee, elle a une grande penetrabilit6e 1'eau
et un grand pouvoir absorbant.
2) Cette argile correspond plut6t a un produit de decomposition oi subsista
beaucoup d'alumine et peu de silice, de meme que dans la lat6rite. VAN
BEMMELEN determine sa composition comme suit: du quartz, de 1'albite, de
1'oligoclase, de la sillimanite, de la disthene, du zircon et de 1'ilmenite.
3) Campement du 5 Septembre. (Voir la carte jointe au journal de voyage).
multiplication des essences dures a measure que nous avan-
cions et qu'une glaise plus 16gere remplagait I'argile
plastique. 1)
Plus loin, lorsque, aux detours de la riviere, les dep6ts
de glaise de la rive concave se dressent a plusieurs m&tres
au dessus du niveau de la saison seche, on remarque une
superposition de couches qui est bien distinct, pour la
premiere fois entire Prak6-kreek et Zonnevischkreek. Cette
structure est due a une alternative de couches 16g6res et
grasses, don't les dernieres, vu leur imp6netrabilit6 a l'eau
mirent obstacle a une formation d'oxyde de fer sur toute
la profondeur du d6p6t.
A notre retour, l'eau ayant alors son minimum de
profondeur, nous observions a un quart d'heure en aval de
Ariniekreek, un d6veloppement d'argile feuilletee, ressem-
blant au ,,Letten" des Allemands.
En amount de Zonnevischkreek, une couche de kaolin,
tachetd de rouge, forme le fonds de la riviere et se pro-
longe sous la couche de glaise du rivage, qui, a cet endroit,
se dresse jusqu'a Io m. au dessus du niveau d'eau.
Cette alluvion, car sans nul doute elle a et6 entrainde
de la region oii elle s'est form6e, parait etre tres repandue
dans la colonies; non seulement elle se trouve sous les dep6ts
de glaise mais encore sous le sable des savannes dans
l'int&rieur du pays. Lorsque le chemin de fer en voie
de construction aura atteint les regions interieures elle sera,
esperons-le, prise en consideration pour la fabrication de la
porcelaine.
La quality du kaolin de notre colonie est fort variable:
celui de Zonnevischkreek est exceptionnellement dur et
souill6 par de l'oxyde de fer; au contraire le dep6t, remarque
par VAN DRIMMELEN sur la rive gauche du Corantin, au
village Indien d'Oreala 2) est d'une quality tres maniable et
tout-a-fait susceptible d'6tre purifice.
1) Voir le r6cit du voyage, 1. c. texte hollandaise p. 38, texte franchise p. 32.
') VOLTZ 6crit dans 1'une de ses lettres a Staring que les Arowakkes
nomment le kaolin ,,Aureala".
Ces couches appartiennent-elles a des depositions alluviales
ou avons-nous ici une formation plus ancienne?
Cette meme question se pose en amount, oiu un bane de
gr&s transformed ca et 1l en conglomdrat, se dessine a la
base de la rive concave 6levee. Ce bane qui tant6t
recouvre la roche massive, tant6t en est spare par une
couche de glaise bleuAtre fut observe pour la premiere fois
entr6 Too-heddekreek et Witte-waterkreek pour accom-
pagner a partir de 1i la formation de glaise.
Entre Drogekreek et Witte-waterkreek, le bane de gres
est d6velopp6 sur la rive concave a six m&tres de profondeur,
alternativement avec un conglomdrat don't les fragments sont
d'une regularity remarquable. II fut observe 6galement le
long de la Fallawatra, sous la rive de glaise, 1levie de trois
m&tres et demi a proximity de embouchure de la Masonia.
Le quartz des granites de la region constitua le materiel
necessaire a la formation de ce banc de gres et conglomerat;
cependant les products de la decomposition des gneiss et
des diorites quartzeux ont incontestablement pris part a
sa formation. La limonite qui cimente les fragments de
quartz donne au banc une teinte brunAtre; elle est due
a la teneur elevie en fer des roches de l'interieur.
MARTIN, dans son ouvrage 1) mentionne egalement cette
assise de grbs, qui fit croire autrefois2) a la presence
d'une formation houillere; cependant le niveau elev6 de la
riviere ne lui permit pas de limiter son etendue. La saison
seche nous fut propice sous ce rapport: a voir le d6veloppe-
ment r6gulier du bane de gres a la base de la formation de
glaise on serait tent6 de croire qu'elle date d'une epoque
antrieure pendant laquelle le Nickerie avait un charriage bien
plus grand que des jours. Une etude du lit des criques dans
l'interieur du pays ne fit que confirmer cette supposition.
Les prospections organis6es dans plusieurs criques m'ont
1) Voir MARTIN: L C. 2me parties p. 173.
') Voir: ROBERT HERMANN SCHOMBURGK'S Reisen in Guyana und am
Orinoko wihrend derJahre 1835-1839. Herausgegeben von A. O. SCHOMBURGK.
Mit einem Vorworte von A. voN HUMBOLDT. Leipzig 1841.
convaincus de la regularity qui caracterise la succession
des couches alluviales des criques, observe deja par d'autres
auteurs.
Une couche d'6paisseur variable, composer presque
exclusivement de fragments de quartz peu roules, est
d6velopp6 a peu pres partout, a une certain profondeur,
sous une glaise rougeAtre ou jaunAtre, parsem6e A sa
surface de fragments de laterite. Elle est separde de la
glaise qui lui est superpos6e, par un sable a gros grains,
contenant souvent un grand nombre de fragments de
granite, schiste, diorite et autres roches provenant des
collins avoisinantes.
La profondeur a laquelle se trouve cette couche detritique
de quartz, connue dans la colonie francaise voisine sous
le nom de ,,la couche", varie sensiblement: tant6t a 2 m&tres,
tant6t aussi a raz du sol, notamment dans les dernieres
criques de la ligne S. E. LEVAT 1) 6crit au sujet de ,,la
couche" dans la Guyane francaise: ,,Elle se rencontre,
,,non seulement dans les vallies actuelles mais meme sur
,,des points, qui, a premiere vue, se trouvent situdes hours
,,de la port6e des eaux sidimentaires de notre 6poque.
,,Sous les terres moyennes et basses de la Guyane frangaise,
,,notamment sous toute la region des savanes, elle passe
,,meme a un veritable sable blanc".
La presence de cette couche detritique aussi prouve
pour les rivieres du Surinam un courant bien plus rapide
qu'il ne l'est aujourd'hui, et qui abandonnait les materiaux
peu eriodiables, tels les quartz, pour entrainer vers la mer
les products de decomposition des silicates. Alors se formerent
ces d6p6ts de glaise qui constituent les rives levees du
cours-moyen, et qui, le long du course inferieur, disparaissent
sous la couche d'argile alluviale.
C'est de la periode de la plus grande rapidity des rivieres
que date la formation du bane de gres, d6crit plus haut,
A la base des d6p6ts de glaise, a l'6poque ou de grandes
1) Voir M. E. D. LEVAT. Guide pratique pour la recherche et I'exploitation
de l'or en Guyane francaise. Paris. 1898. p. 71.
quantities de fragments de quartz se trouvaient encore
entrains vers le nord.
Apres ce qui precede, l'opinion de VOLTZ, suivant laquelle
seule la zone du littoral serait une alluvion, formee par la
double action des rivieres et du grand courant equatorial,
dirige vers l'ouest, nous parait fort admissible.
Suivant ce meme auteur, les terrains de l'intrieur, qui
s'etendent jusqu'aux massifs granitiques et dioritiques,
appartiennent plut6t a une formation plus ancienne qui
correspond probablement a l'une des subdivisions des terrains
tertiaires, reconnus par d'Orbigny dans les regions meridio-
nales du Brisil.
Nous ne partageons point cette derniere opinion. I1 est
plus probable que ces terrains datent de l'6poque diluviale
et que la formation alluviale du Nickerie ne s'6tende pas
plus loin que la Karapana. Des products alluvials se ren-
contrent 6videmment sur toute l'6tendue du pays: il se forme
toujours de puissants dp6ots dans le lit des criques, sans
cesse aussi des courants se deplacent et l'ancien lit est
ensabl6 au fur et a measure, comme se pursuit toujours aussi la
formation du gres sur les versants des collins, dans le lit
des criques et entire les 6cueils dans la riviere.
Un tel d6p6t de formation recente fut constat6 pour la
premiere fois sur le barrage dioritique en aval de Anthonius-
kreek; les large voies incisees par l'eau sont couvertes d'une
couche de gres, aux forces bizarre, qu'un coup de marteau
d6tache aisement de la roche sous-jacente. En remontant
plus loin le materiel qui le forme devient plus grossier, et se
transform finalement au pied de la cascade de Blanche-
Marie en un conglomerat gigantesque dans lequel on peut
remarquer des cailloux roules de io cm.
Cette constatation ne coincide pas avec la communication
suivante de Mr. K. MARTIN: ,,Nous n'avons point vu sur le
,,Suriname des breches ou des conglomerats grossiers 1);
,,dans la region des cascades des fragments de la grosseur
,,d'un poing sont rares". L'auteur croit devoir l'attribuer a
1) Voir K. MARTIN: 1. c. 2me parties p. 174.
l'intensit6 de la decomposition et a la violence du courant
qui brise en menus morceaux les roches d6composdes.
Au delU de la cascade de Blanche-Marie, au contraire,
au pied des cascades surtout ces gros cailloux ne sontpas
rares; et les trous creuses par les tournants sont frequents
dans cette region oii la riviere entraine des fragments de
diorite, de gabbro et d'autres roches resistantes auxquels
elle imprime un movement rotatoire.
A c6td des dep6ts glaiseux
ou argileux, les d6p6ts de
sable sur les rives et dans le
lit des rivieres jouent un r6le
important, come il stait a
prevoir sachant la teneur
6levIe en quartz de la plupart
des roches d6velopp6s ici.
A Stone Dansi, ddje, des
bancs de sable emergent pen-
Boulet de diorite de locm. de diam. s) dant la saison sche, 2) et
partir de ce point se font plus
nombreux, forment d'abord des crates aigues et plus loin
des il6ts autour des 6cueils; ces il6ts se terminent par une
pointe allong6e don't l'une hours du courant est border souvent
d'une belle plantation de moucoumoucous majestueux.
En amount de Luiaard-kreek le courant ( d6pos6 en
quantity telle le sable quartzeux lib6r6 par la decomposition
que le paysage en a subi des modifications profondes.
En dehors des bancs etendus dans le lit du fleuve, le
sable forme a lui seul, la rive gauche, dressee a huit metres
au dessus du niveau de la saison shche; ces terrains arides
ressemblant des savannes, qui forment une diversion
agrdable a la fort touffue des d6p6ts de glaise, ont requ
le nom de Bigi-Santi (Grands Sabliers).
1) Recueilli par- M. VAN DRIMMELEN aux chutes Avanavero dans le KabaJebo,
un affluent de droite du Corantin.
2) Voir la gravure dans le r6cit du voyage 1. c.: texte Hollandais p. 214,
texte frangais p. 175.
Sur le course superieur le sable quartzeux s'est d6pos6
surtout aux rives convexes de la riviere, oii le courant est
plus faible. Ces bancs de sable avec leur veg6tation toute
caract&risque, sont un contrast frappant avec les parois
de glaise de formation plus ancienne.
Dans le lit et sur les rives de la Fallawatra et le long
des criques, traverses par le trace, le sable quartzeux s'est
amass 6galement le long des rives convexes en quantities
consid6rables; la fort touffue fait place alors a une plan-
tation plus espacde de groups de pints (Euterpe olera
cea Mart), balourous (Heleconia Bihai L.), terminalias (Termi-
nalia sp.) enguirlandes de bignoniac6es et de couvolvulacees.
Au Iome km. de la ligne S. E. il s'est former une grande
etendue sablonneuse qui s'explique entierement par la
formation des roches d6veloppees sur ce point. Le sceau
qu'elle imprima sur le caractere du paysage fut esquisse
en quelques mots dans le recit du voyage.
Par endroits, le sable renferme beaucoup de mica, et
exceptionnellement, entire Lombockval et Kroetoekreek, de
la muscovite en paillettes de 3 cm., 1); ces lamelles, qui au
soleil ont un eclat extraordinaire, ravissaient mes rameurs
qui croyaient trouver de l'argent.
Les d6p6ts de sable ont une stratification distinct, lorqu'il
alterne avec des couches minces de sable noir, comme cela
est le cas sur la rive sablonneuse 6levde de Bigi-Santi. Ce
sable noir s'est former par l'amoncellement des delments
peasants, qui restent egalement dans la batee quand on
procede au lavage du sable et du gravel pour en extraire For.
Des recherches serieuses, concernant ce produit nomme
kruitzand dans notre colonie, sable noir dans la
Guyane frangaise, seront n6cessaires, car je n'ai rien pu
trouver jusqu'ici concernant la nature de sa composition:
MM. Du Bois et VAN LOON ne le nomment seulement pas.
Les prospecteurs de notre colonie sont d'accord pour
') Ce mica provient probablement des s6gr6gations filoniennes de pegmatite
dans le granite a deux micas (nos. 33 et XVII) qui emerge dans la riviere en
amount de cette crique
affirmer que le sable noir est un indice de la presence de l'or.
Dans d'autres contr6es auriferes, telles que la Califournie,
le V6nezudla, la Guyane francaise, l'Espagne, il est considdr6
6galement comme d6celant les gisements d'or.
Aprbs nos communications au sujet de la constitution
geognostique du district de Nickdrie, on peut 6mettre
l'hypoth6se que ce sable noir est form ici, comme dans
les contrees 6numbries plus haut, par les min6raux peu
6rodiables, plus lourds que le quartz, libdrds par la decom-
position des roches pyrox6no-amphiboliques.
Suivant Mr. M. A. F. NoGUts, on trouve sur les sommites
de la Sierra de Peniflor en Andoulousie, une terre rouge
ferro-alumineuse, le produit de la decomposition de la diorite;
en la lavant, on obtient un sable noir, constitu6 en grande
parties par de la magnetite, contenant aussi de l'oligiste, de
l'ilminite, du zircon, du rutil, de la tellurure d'or, de l'or
combine, de l'or natif en petites paillettes en grains ou en
poudre fine 1).
Le Br6silien Paoli, qui d4couvrit l'or dans la Guyane
frangaise, semble s'etre arret6 6galement a la vue du sable
noir qui accompagne toujours l'or dans son pays. Lorsqu'il
remonta en 1853, les criques qui affluent vers l'Approuage,
pour se livrer a la p6che, il fit quelques lavages ,,qui lui
,,firent immddiatement reconnaitre, par le r6sidu de schlich
,,noir, l'analogie de ce terrain avec celui, qu'il avait exploit" 2)
au Br6sil.
Une etude microscopique d'un 6chantillon de sable noir,
rapport de mon voyage, fit constater une predominance de
grains m6talliques (probablement de la magnetite), parmi
lesquels on rencontre de rares fragments de h6matite; la
plupart d'entre eux sont recouverts d'une mince envelope
de limonite; leur dimension varie de o.i A 0.3 mm.
Ces constatations coincident avec le r6sultat de l'examen
chimique, qui ne parvint a d6montrer la trace d'aucun silicate,
mais constata seulement la presence d'un oxyde de fer.
') Voir LEVAT: 1. c. p. 52.
) Voir LEVAT: 1. p. 152.
CHAPITRE IV
LES PRODUCTS DE DECOMPOSITION
Le voyageur qui p6netrera dans la fort en amount de
Zonnevischkreek remarquera, A c6te des dp6ots de glaise
et de sable qui bordent les rivieres dans la rCgion parcourue,
de vastes formations ferrugineuses, la laterite qui recouvre
d'un manteau presque continue le sol des regions interieures.
En quelques endroits le sol a conserve la structure de la
roche convertie en laterite; souvent aussi ce sont de vastes
6tendues d'une terre ligere, rougeatre, glaise ou sable,
parsemee de fragments de laterite aux formes bizarre;
dans les criques a fond rocheux on observe des gres
ferrugineux et des conglomerats qui feraient croire que
ces dep6ts d6tritiques, si developpes pendant 1'6poque
diluviale, continent toujours a se former.
Ces products de decomposition ne cachent cependant pas
entierement la roche fraiche. Le geologue qui parcourt la
fort verra la couche de laterite interrompue, tant6t par de
longues crates de blocs rocheux, don't la plupart traversent
la fort en direction N. O.-S. E., tantot par des affleure-
ments de roche dans le lit des criques.
Les resultats des recherches de Mr. le Dr. M. BAUER
concernant la laterite des Seychelles m'engag6rent a rapporter
quelques 6chantillons du Surinam, le pays de la laterite
par excellence.
Ces 6chantillons mis a la disposition de M. VAN BEMMELEN
furent soumis a une analyse chimique, don't les resultats 1)
sont un compliment important a ceux publiCs par Du Bois,
en 1901, a mon retour du Surinam.
1) Voir J. M. VAN BEMMELEN. I. C.
Nous donnerons ici un apercu succint des r6sultats obtenus
par VAN BEMMELEN.
De l'analyse de sept 6chantillons de lat6rite (auxquels on
joignit, pour les compare, un granite et une diorite lateris6s
des iles Seychelles) VAN BEMMELEN conclut que le degr6
avanc6 de decomposition (qui entraine une perdution plus
grande de silice que pour la formation d'argile) caract6rise
en premier lieu la lat6rite, et non pas la teneur l6ev6e en
oxyde de fer comme on l'admettait g6enralement avant les
recherches de BAUER 1). VAN BEMMELEN l'attribue, en regle
gdnerale, au grand d6veloppement de silicates ferrugineux
dans la roche primitive. 2) Quelquefois la silice a &t6 compl6te-
ment extraite, ainsi dans la laterite des Seychelles. Dans toutes
les laterites, les substances intactes sont rares, except quand
elle est form6e par une roche quartzifere. La couche d6com-
posee de cette derniere presente souvent une surface corrodee,
remarquable, surtout quand elle donna naissance a une serie
de lamelles de quartz paralleles, rev6lant une schistosit6
-'N
La schistosite d'un gneiss a biotite et A amphibole (No. go) trbs resistant,
r6v616e par la decomposition.
invisible A l'Ntat frais; tel le gneiss a pyroxene (no. 141)
provenant du 2me km. de la ligne S. E.
1) Beitrige zur' Geol. der Seychellen. (Neues Jahrbuch fuir Miner. u. s. w.
1898. Bd. I. p. 163).
2) La grande quantity de magnetite et de pyrite continue dans nombrede
roches explique cette proprie6t caract6risque de la laterite.
VAN BEMMELEN soumit une second fois a l'analyse la
diorite et le granite latdrisds des lies Seychelles et trouva
comme BAUER que l'alumine y est reprdsentee presque
exclusivement sous la forme d'hydrargillite contenant 3 mol.
d'eau. Des 4chantillons de latdrite rapportds, un seul, celui de
la rive droite de la Fallawatra, pros de la cascade de Cremer,
fut reconnu sous le microscope contenir de l'hydrargillite
(Al, O0 3H. 0.) cristalline. Toutefois, il rdsulta des analyses et
des calculs qu'une parties seulement de l'alumine est transformed
en hydrargillite cristalline, et par suite que l'autre parties doit
etre une alumine amorphe, contenant peu de Si O, et moins
de 3 mol. de H2 O.; VAN BEMMELEN se trouva meme amene
A dmettre l'hypothese que les laterites qui contiennent trop
peu d'eau pour pouvoir calculer 3 mol. de H, O0 l'alumine,
contiennent a c6td d'un peu d'hydrargillite de l'alumine
amorphe contenant peu de Si O,. 11 se demand si l'hydrar-
gillite cristalline pure, peut etre considdrde, non seulement
comme un produit final de decomposition, mais encore
comme une dernibre transformation d'une matibre amorphe
en une matiere cristalline, au course de laquelle 3 mol. de HO
sont lids chimiquement. La formation d'hydrargillite
cristalline par un produit de decomposition amorphe, lib6rd de
sa teneur en Si 0, serait done une derniere phase du process de
decomposition, un passage graduel a la forme cristalline.
L'auteur trouva dans les silicates de decomposition, de la
silice et de l'alumine en diverse proportions, et divers restes
de bases alcalines. Dans les latdrites, qui pr6sentent la grada-
tion du produit de decomposition jusqu'd sa transformation
en hydrargillite, ces proportions varient pour la parties disso-
luble dans l'acide chlorhydrique de + 0.3 A + 2 mol. de
Si 02 sur une mol. de Al, 0, dans les ddp6ts alluvials
cette proportion varie de 1 5 A 2.5 mol. de Si 02 sur
une mol. de Al, O,.
Comme il dtait A prdvoir du reste pour les matieres dans
un 6tat de decomposition si avancde, la teneur en bases
alcalines et en l16ments d'humus est petite, dans le silicate
de decomposition.
Les laterites different des terrains argileux en ce qu'elles
ne contiennent que tres peu d'eau liee faiblement; ce n'est
que lorsqu'elles renferment de l'hydrargillite cristalline
(Al, O, 3 H, 0) qu'elles contiennent cette eau liee chimi-
quement.
Apres plusieurs pages remarquables 1) consacrees aux 6le-
ments les plus dissolubles du silicate de decomposition, a leur
susceptibility de dissolution dans l'acide chlorhydrique, a
la teneur en oxyde de fer (la presence dans la latdrite
d'oxyde de fer cristallin ou uni a de l'hydrargillite en un
mdlange isomorphe, n'est pas encore certaine, a la quantity
d'eau renferm6e dans l'oxyde de fer, VAN BEMMELEN passe
a la plasticity.
L'hydrargillite et le silicate de decomposition dans les
laterites analyses ne sont pas plastiques. Ces laterites, m&me
quand elles renferment de l'alumine non colloidale, ou
contenant peu de Si O, se distinguent toujours des terrains
argileux alluvials par l'absence de plasticity. Au contraire
l'echantillon de latdrite no. XIV provenant de la rive du
Nickerie-infdrieur est plastique. Ce sol cependant, n'est pas
veritablement de la laterite, c. a. d. un produit de decom-
position rested sur place (aluvial) mais plut6t une transition
entire la glaise des rives 6lev6es du Nickdrie-supdrieur et
l'argile grasse du littoral.
Les r6sultats des analyses de VAN BEMMELEN comparees
a celles de divers terrains argileux et volcaniques ont fait
connaitre divers grades de decomposition. BAUER, le premier,
trouva qu'elle peut donner naissance a la formation d'alu-
mine libre au sein de la laterite. Cette constatation souleva
la question de savoir si c'est la composition des silicates
primitifs ou bien le climate qui en est cause, ou bien si leur
formation est due a la double action de ces deux. En
regle gdndrale, on peut admettre, qu'un silicate de d6com-
position pauvre en Si 0, est form par la decomposition
) Voir Particle: Beitrige zur Kenntniss der Verwittrungsprodukte der
Silikate in Ton-, Vulkanischen- und Lateritb6den. 1. c.
de roches, telles que la diorite et la diabase, (on pourrait
y ajouter le gabbro) qui contiennent des plagioclases,
de la hornblende, de la biotite, etc. La concentration du
fer dans la plupart des lat6rites et l'analogie que present
souvent 1'hydrargillite avec la structure de la hornblende,
sont d'accord avec cette supposition. Cependant BAUER
constata, dans les miles Seychelles, la presence de lat6rite
6luviale form6e par du granite, ce qui prouverait suivant
cet auteur que des feldspath du type normal, peuvent &tre
soumis a un mode de decomposition qui les transform
finalement en une hydrate d'alumine de forme cristalline,
contenant peu ou point de silice. J'ai pu constater 6galement,
au Surinam, que la lat6rite n'est pas form6e uniquement
par les schistes arch6ens et les roches intrusives basiques,
comme 1'admet Mr. K. MARTIN 1). Nombre de granites, de
la region parcourue, subissaient une transformation distinct
en lat6rite; m6me l'observateur superficiel remarquera que
la formation de ce produit caract6ristique est d'autant plus
apparent que la roche est plus foncee c. a. d. plus riche
en hornblende, biotite, plagioclase et magnetite etc. Nous
n'avons jamais remarqu6 la pegmatite, de teinte claire, se
transformant en lat6rite, mais toujours en kaolin.
De nos jours, la lat6rite et le kaolin continent done a
se former, bien qu'on serait port A croire que dans la
p6riode pr6c6dente la formation de kaolin ait 6t6 bien plus
intense, t6moin les bans 6tendus dans le sous-sol des allu-
vions de la colonies (p. 48). Etait-ce un r6sultat de la
meme cause qui produisait le carriage puissant des rivibres?
I est un fait avere que le climate humide des tropiques,
joint A la v6getation exhubdrante, est un premier facteur
pour la decomposition en lat6rite, mais ce n'est pas le seul,
et on peut se demander si la composition de la roche est
d'une influence gale.
Les diorites et les diabases (nous ajoutons les gabbros
et aussi les granites A teneur 6lev6e en hornblende, biotite
et magnetite) ne forment-elles pas un silicate de d6compo-
') c. p. 153.
sition oii la silice se libere plus facilement que dans celui
des roches acides?"
Cependant ces roches acides peuvent egalement produire
de la laterite, temoin l'experience de BAUER. La formation
de la laterite n'est pas limit6e non plus par la temperature
tropical, comme le constata M. HOLLAND pour les Indes
anglaises 1).
En some, come VAN BEMMELEN l'a fait ressortir a la fin
de son trait, nous savons encore fort peu au sujet du
proces de decomposition. Nous ignorons encore en
quoi et pour quelles causes le proces de la
formation de l'argile ordinaire (que nous trouvons
dans les alluvions non seulement des zones temperees,
mais aussi des tropiques) diff6re de la formation
du kaolin et de la laterite. La formation du
kaolin (comme celle de la laterite) est un probl6me non
resolu jusqu'a ce jour. Il y a des savants qui invoquent
pour sa formation I'action de sources souterraines chaudes. 2)
Nous sommes done encore bien loin d'une explication
satisfaisante, concernant la formation de la terre arable par
la decomposition des roches.
La concentration du fer, considered autrefois comme le
principal phenomene dans la formation de laterite, est
apparent surtout a la decomposition de roches riches en
magnetite, ilmenite, pyrite et en silicates ferrugineuses, telles
que la hornblende, la hypersthene, le pyroxene, la biotite, etc.
La description petrographique des roches fera connaitre
en quels endroits l'oxyde et l'hydroxyde de fer se sont
amasses.
Les gigantesques blocs de fer, qui ca et la ont I'apparence
) Geol. Magazine. 19o3. N. S. Decade IX Vol. X. p. 59.
2) Pour la laterite M. HOLLAND 6met l'hypothese qu'un organisme inf&rieur,
qui peut vivre dans un climate temp&re, mais non dans un climate froid, est la
cause de la decomposition lat6ritique. Cette -hypothese, qui n'est guere
demontree par une observation, prouve bien combien nos connaissances sur la
formation de la laterite sont encore defectueuses.
de versants coups de gorges etroites, (sur les crates entire
les km. II et 12 de la ligne S. et entire les km. 1-2, et
5-6 de la ligne S. E.) capable de stupefier un simple
topographe, n'ont rien d'6tonnant pour le gdologue, qui
concentre toute son attention sur les affleurements de roche.
Sur ces points du trac6 se sont surtout des blocs de gabbro,
de granite et de gneiss, a teneur levee de mindraux foncds,
qui surgissent de loin en loin dans la plantation touffue.
Entre les crates, nous foulons un sable glaiseux, melang6
a une poudre rouge, et parsem6 de cailloux de laterite aux
formes bizarre, provenant de la couche de laterite qui se
forme au sommet des crates.
Parmi les minerals de fer, forms par les roches basiques
de la region parcourue, se trouve une concretion ferrugi-
neuse pisolitique identique a celle decrite et reproduite
dans le trait de M. J. C. Du Bois 1). Cette concrdtion,
don't les granules ont un diametre de 0.5 cm. fut remarquee
au pied d'un sommet de diorite dioritee a hypersthene et
a biotite, No. 76*) qui fait parties d'un dyke, traversant la
riviere en amount d'Ago-kiri-mi.
Il y a un autre produit de decomposition, caractdrisque,
tres repandu, et affilie A la laterite. Confine dans le lit
des criques, covert d'une couche d'alluvion, il doit son
origine a la roche dans laquelle la crique a creuse son lit.
C'est dans un trou, creusd par les prospecteurs, dans un
crique au nord de Blanche-Marie, que je remarquai cette
formation argileuse singuliere, nomm6e tres justement par
LEVAT, bedrock glaiseux. Ce produit, qui, A premiere vue,
semblait 6tre une alluvion glaiseuse, n'est que le lit rocheux,
tres d6composd, de la crique.
M. LEVAT 2) donne de cette formation la definition fort
exacte, que voici: ,,Cette glaise est de nature compact,
,,savonneuse, de couleur gnedralement gris-bleu ou verdAtre,
,,parfois meme completement blanche, onctueuse au toucher".
1) Beitrig zur Kenntnis etc. I. c. voir la planche.
2) 1. c p. 76.
Dans cette crique, la glaise en question, d'un blanc pur,
est indistinctement feuilletde et content des granules de
fer oxydd, atteignant jusqu'a la grosseur d'un pois.
Une structure schisteuse distinct dans les profondeurs
de la couche et la presence, sous une couche de sable et
de gravier de trois metres d'dpaisseur d'un bedrock fort
decompos6, susceptible d'etre d6fini encore comme un gneiss
micac6, dans une crique du I6me km. de la ligne S. E.
s'accorde enti6rement avec l'opinion de M. LEVAT: ,,que le
bedrock glaiseux n'est autre chose que l'ancien bedrock
schisteux d6compos6, grace A la puissante influence des
agents naturels sous ces climats tropicaux ')."
Cet apergu succint des rdsultats obtenus par M. VAN
BEMMELEN, complete de nos observations personnelles sur
le terrain a esquiss6 je crois le large champ d'6tudes que
la Guyane ouvre encore au chimiste, qui veut 6tudier la
question de la decomposition dans les tropiques. La methode
suivie par v. BEMMELEN lui sera sans doute dans cette voie
un aide efficace.
I1 y a un autre ph6nomene remarquable encore, auquel
il devra accorder son attention et tAcher de rassembler la
dessus une ample collection de donnees.
Dans cette region tropical humide la plupart des roches
ne prdsentent pas non plus une couche disagregde en
rapport avec leur constitution, comme cela a lieu dans les
regions tempirees. Elles sont couvertes d'une couche
noire, tantot police et rappelant le fer graphite, tant6t
rugueuse et corrode, nommde ,,Schutzrinde" par les Alle-
mands, parce qu'elle protege les roches centre le d6veloppe-
ment de la decomposition.
Cette couche uniform, qui recouvre toutes les roches
des regions intdrieures explique pourquoi les echantillons
recueillis, au course d'une exploration, par des personnel
incomp6tentes en matiere de geologie, ne donnent qu'une
idde fort imparfaite du terrain parcouru.
1) 1. c. p. 77.
G. C. Du Bois 1) le premier, donne des communications
detaillses concernant cette formation de ,,Schutzrinden"
dans l'intrieur du Surinam, car elles 6taient considdrees
toujours comme une particularity des regions tropicales
seches.
L'exactitude des communications de M. K. MARTIN,
concernant le developpement de la couche en question
donne prise au doute, car nous l'avons vu couvrir non
seulement des diorites (les nos. 13, 36, 38, 52, 68, 76, 99,
102*), des gabbros (no. 62), des amphibolites (no. 81), divers
types de schistes archeens (les nos. 39, 41, 55, 80), des
quartzites et des quartz (les nos. 57, 65), mais encore de
nombreux granites (les nos. 33, 44, 63, 69, 70, 102).
Dans la collection prdsente nous retrouvons toutes les
particularitis que Du Bois attribue A la couche protectrice.
,,Elles ont, dit cet auteur, une couleur jaune-rougeAtre,
,,brune ou noire et un 6clat vitreux; sur la plaque de porce-
,,laine matte elle donne une ligne jaune clair ou brun foncd.
,,A ces propridtes viennent se joindre encore une grande
resistancece et une surface unie remarquable chez les roches
,,a grain fin".
Du Bois croit que le proces de formation de la couche
protectrice n'est pas base uniquement sur 'action chimique
des precipitations atmospheriques mais beaucoup aussi sur
Inaction capillaire de l'insolation directed ou indirecte. L'auteur
distingue deux categories de couches protectrices. A la
premiere appartiennent celles formees par une oxydation
superficielle tres faible et par une concentration des min6-
raux ferrugineux et manganiferes, ou par 1'action des
precipitis athmosph6riques contenant du fer et du manga-
nese; la formation s'opera alors de la surface vers I'int6rieur
et Du Bois les nomma couches protectrices 6pachoriques.
A la second cat6gorie appartiennent celles qui se formerent
seulement apres que la roche eut atteint un certain stade
de decomposition. Elles peuvent 8tre consid6rdes en quelque
sorte comme un produit de concentration di a l'attraction
1) Beitrag zur etc. 1. c. p. 41.
vers la surface des solutions qui circulent dans la roche,
en voie de decomposition, par l'6chauffement de sa surface:
ces couches oi la formation s'opdra de l'intdrieur vers
l'exterieur, regurent le nom de couches protectrices ana-
choriques. Du Bois dtudia sous le microscope quelques
dchantillons interessants des deux categories et publia un
essai sur leur formation.
La collection prdsente content egalement quelques echan-
tillons typiques des deux categories d6crites. Un quartzite du
Corantin (No. 8b de la collection VAN DRIMMELEN) offre un beau
specimen de la premiere categorie pour la formation duquel,
une oxydation rapide des combinaisons qui se trouvent a
la surface de la roche et l'adjonction du fer contenu dans
l'eau de l'athmosphere sont le premier facteur.
Le diorite no. 67, d6compose en une lat6rite jaune et un
echantillon (no. 103) de la roche a ravets, si caracteristique.
sont un example de la second categorie. oi la couche
laisse voir distinctement une concentration du fer et du
manganese. Le diorite quartzifere a pyroxbne et A horn-
blende (no. 94) recouvert egalement d'une couche protectrice
anachorique est particulibrement intdressant pour son mode
de decomposition (voir la description pdtrographique).
J'ai regu la conviction que les granites a gros grain forment,
en g6ndral, une couche protectrice 6pachorique, tandis que
la couche anachorique se confine surtout aux granites a
grain fin contenant beaucoup de mindraux fonces.
Les specimens a grain fin du group des roches basiques,
tels que le diorite a hypersthene et a hornblende (no. 38)
et le diorite a hypersthene et a biotite (no. 76) presentent
une couche protectrice, particulierement unie.
La plupart de ces echantillons proviennent des roches du
lit ou des rives, c. A. d. des endroits exposes pendant
presque toute l'annee a l'insolation directed.
Le d6veloppement graduel de ses belles couches polies,
semblables a du fer graphite, sur les 6cueils entire Bigi-
Santi et Blanche-Marie doit 6tre attribu6 a une plus grande
basicite des roches.
Beaucoup de fragments de quartz, ceux surtout cimentes
au pied de la cascade de Blanche-Marie en un conglom6rat
gigantesque presentent cette meme couche, tant6t rappelant
le fer graphite, tant6t semblable a un mail.
Le menu gravier des bans dmerges est couvert souvent
d'une mince couche de fer et de manganese, la meme qui
couvre aussi les cailloux roulds de quartz; elle n'est done
pas basee sur une transformation de leurs mineraux consti-
tuants, mais plut6t un prdcipit6 des solutions de fer et de
manganese avec lesquelles le gravier se trouva en contact.
Du Bois dit, fort justement, ne pas pouvoir la considered
comme la couche protectrice typique. 11 est hors de doute
que la temperature elevde de l'eau des rivieres 1) exerce une
grande influence sur la formation de la couche noire qui
recouvre les roches.
La decomposition accentue cette formation de feuilles
concentriques, en lesquels se divise surtout le granite.
La formation de feuillets concentriques dans les couples de granite pros de
Lombockval.
L'echauffement intense pendant le jour et le refroidissement
subit pendant la nuit font 6clater la feuille supdrieure, don't
les fragments glissent souvent le long de la surface vout6e
(voir la figure ci-jointe).
La formation de nombreuses crevasses perpendiculaires
a la surface des feuilles concentriques nous est prouvee
par la multitude de blocs disperses dans la fort et dans
les rivieres ou amonceles au milieu de 1'eau et arrondis au
sommet par 1'6curation 2). Plusieurs des blocs de granite
') Voir la liste des temperatures ci-jointe.
') Voir le r&cit du voyage. Texte hollandais p. 72, 81 et 172; texte
francais p. 62, 70 et 142.
emerges sont tout labour6s de crevasses perpendiculaires;
nous avons fait remarquer deja (p. 31) la surface remar-
quable, due a la jonction de crevasses horizontales et verti-
Blocs de granite pres de Bigi Santi.
cales, des granites A deux micas entire Leguanenkreek
et Tom-Deddekreek. .Tant6t la feuille ext6rieure est
divisde en petits blocs polygones, tantot le crevassement
vertical a donn6 naissance A des fragments plus petits que
l'eau a ecures
sous forme de
rognons. (Voir les
figures ci-jointes).
11 faudrait attri-
buer a cette meme
cause, crevasse-
ment suivant des
fentes latentes ou
suivant des fentes
nouvelles formees
par la tension, la
surface remar-
Desagregation en fragments polygones. quable du filonnet
d'andesite, qui
traverse le gneiss de Lombockval (p. 42).
La parties exterieure, jusqu'a 2 cm. de pro-
fondeur est divisde en petits cubes de deux .a
trois centimetres de dimension, qui permettait
de le poursuivre sur toute la longueur du
barrage. Jusqu'a cette profondeur, la roche d'un
bleu foncd est brunie par l'oxydation des combi-
67
naisons ferrugineuses; la couche protectrice noire fait d6faut.
Cette decomposition caractdristique en petits blocs carr6s
ou polygones est particuliere A quelques roches. Des
recherches d6taill6es d6montreront jusqu'L quel point, la
composition et la dur6e d'immersion influent sur la formation
de ce mode de decomposition.
Faisons remarquer encore qu'en descendant la riviere,
nous trouvions en aval de Stone Dansi des roches 6merg6es
presentant la meme surface.
CHAPITRE V
LA COMPOSITION DU SOL EN RAPPORT AVEC
SA VALEUR POUR LES CULTURES
C'est aux considerations suivantes trouvdes dans le dossier
de la soci6t6 Suriname au sujet d'une mise en culture
6ventuelle des terrains de l'intdrieur, que sont dues ces pages.
,,La fertility du sol de la Guyane hollandaise est passe
S1l'6tat de proverbe. Et qu'attendrait-on si ce n'est cela
d'un terrain plant de forts s6culaires. II me faut avouer
cependant que je ne trouvai nulle part dans la fort une
couche arable bien distinct; la couche d'humus est fort
mince; sous le peu de feuilles qui jonchent le sol on atteint
immediatement le sable. Je ne trouvai ni dans les terres
rejetees pres des terriers, ni pres des racines des arbres
*dracines, cette couche d'humus remarquable trouvde si
souvent dans les Indes neerlandaises orientales.
,,Je crois l'avoir dit deja, la feuillee est relativement peu
touffue; faisons observer encore le grand nombre d'arbres
renvers6s et le peu de profondeur qu'atteignent les racines,
ce qui ferait supposed un sol peu fertile. Ajoutons que
les negres buschs d6frichent chaque annie de nouveaux
terrains, tandis que les terres vierges (ladang-gronden) de
Sumatra donnent souvent deux ou trois r6coltes successives.
Si veritablement les terrains auriferes sont si fertiles, com-
ment expliquer que les players, depuis longtemps en exploi-
tation, malgr6 la nourriture malsaine de viande, lard et
poisson sales, et le transport cofiteux le long des rivieres,
ne possedent pas encore de plantations importantes? Pourquoi
les anciens planteurs ne possedaient-ils que des bois dans
l'intdrieur du pays, et faisaient-ils installer A grands frais
des canaux d'irrigation si des terrains fertiles se trouvaient
un peu plus haut? Dans la Guyane anglaise aussi les
plantations sont 6chelonndes le long du littoral, et dans la
Guyane frangaise, ou la zbne montagneuse s'dtend jusqu'd la
mer, on s'occupe fort peu d'agriculture, ce qui ferait croire
que cette region promontoire est peu propice.
,,I1 est incontestable que la zbne du littoral est tres fertile;
la region accidentde, pour autant que j'ai vu et que j'ai pu
en juger, donne une impression contraire.
,,Peut 6tre aurais-je h6sit6 encore a exprimer mon opinion
d'une facon aussi decisive, si d'autres observateurs ne la
confirmaient pas.
,,LEVAT aussi est frapp6 ,,par ce fait curieux que les arbres
,,de la Guyane n'ont presque pas de pivot. Tous vivent
,,par des racines qui courent a la surface du sol qui en
emergentnt meme la plupart du temps sur une parties de
,,leur 6paisseur. Le ph6nomene est si frappant qu'il n'6chappe
,,pas a l'observation des moins attentives; on rencontre a
,,chaque pas dans la fort, de vieux arbres tombs, et par
,,parenth6se, c'est la chute inopinde des arbres qui peut
,,faire courir aux voyageurs en Guyane le danger le plus
,,serieux".
,,Mais le rapport du bureau gouvernemental pour les
analyses de la Guyane anglaise est de beaucoup plus im-
portant sous ce rapport. Le compte-rendu constate,
,,regarding the soils of the interior that the work of examining
their nature and composition has been actively pursued";
M. le professeur HARRISSON, the Gouvernement analyst, dit:
,,The majority of the soils examined are not suited for the
cultivation of economic products. The results of the ana-
lyses are fully confirmed by the examination of the rocks
from which the soils have been derived. It is useless to expect
soil of marked or of lasting fertility to be formed in districts
where the country is either soda granite or gneiss or diabase
or diorites and cristalline schistes derived from diabase.
Rocks of these classes as far as at present examined in this
colony, contain remarkably little potash and phosphoric
anhydride, the two most important of the essential mineral
constituents of plantfood. In marked contrast of the results
of examination of the soil of the upper reaches of the
rivers, are those of the alluvial soils of the lower reaches.
Between the two coastlands and the ranges of the sanddunes
which occur in Berbice, Demerara and Essequebo at varying
distances from the mouths of the rivers, are great tracks
of land of marked potential fertility rich in potash and
frequently with fair proportions of phosphoric anhydride,
and it is to these if the difficulties of drainage can be
readily overcome, that the attention of the cultivators of
products other than sugar should be directed, etc."
,,Attendu que les collins du Surinam sont d'une consti-
tution identique a celles en question ici, il est probable que
les resultats des analyses sont valables aussi pour la Guyane
hollandaise et l'on se demand si un pays aussi peu fertile,
traverse d'aucune riviere navigable, sinon pour la pirogue,
sera jamais de quelque importance au point de vue de
l'agriculture. ......."
Si nous nous limitons a la region parcourue, la compo-
sition des roches ferait supposed un sol fertile. En feuilletant
la description petrographique, on s'apercevra que dans cette
region, les mineraux qui produisent l'alcali et l'acide phospho-
rique sont au premier plan des 61ements constituents.
L'orthoclase et le microcline tres frequents ont donned le
potasse; tandis que l'acide phosphorique se manifeste dans
un grand nombre de roches a l'etat d'apatite.
L'opinion de M. HARRISSON 1), basee sur la composition
des roches n'est done pas acceptable pour le district du
Nickerie. Elle est'du reste tellement variable, qu'on ne
pourrait citer les sols de laterite comme peu appropries a
l'agriculture.
Une autre question c'est de savoir si en gEnEral la laterite
n'est pas trop lessivEe et si par 1. elle n'a pas perdu
~) Nous ignorons si M. HARRISSON base ses dires sur une experience
personnelle ou sur des considerations theoriques.
trop de potasse, de chaux, de soude, d'acide phosphorique
et de manganese. Sous ce rapport aussi on pourra con-
stater de nombreuses differences selon qu'on aura affaire
a de la laterite de formation ancienne ou recente, et que ces
lessivages sont dans un stade plus ou moins avancd, ou
bien a de la laterite 6luviale ou alluviale, qui, cette derniere
sera prise d'abord en consideration pour les cultures. 1)
Les latdrites que M. v. BEMMELEN voulut bien soumettre
a l'analyse, contiennent, comparees a l'argile du littoral peu
de chaux et de manganese. II n'est pas prouv6 encore
qu'elles contiennent 6galement peu de potasse et d'acide
phosphorique, car le but de VAN BEMMELEN 6tait de deter-
miner le rapport de Al, O a Si 0, dans la silicate, pour
faire ressortir qu'elle est tant plus riche en Al, O0 que
l'argile commune.
Le ddfaut d'un couche arable d'aspect fertile, dans les
regions intdrieures, pas plus que la petite quantity d'humus
continue dans les terrains forms de latdrite, sont un indice
de sterilit6. Personnel n'ignore que dans les tropiques la
couche d'humus se decompose rapidement et un d6faut
d'humus sera done la propriktd de beaucoup de terrains
des regions tropicales. D'apres VAN BEMMELEN, on trouve
dans les tropiques des terrains propices a la culture, qui
contiennent cependant peu d'humus et de potasse.
,,J'ai constatd", m'ecrit cet auteur, ,,que les sols brun-
rougeatre ou gris des plantations de tabac de Deli ne
contiennent relativement que peu de potasse. Les terrains
volcaniques de Java ne sont guere plus riches. VAN ROMBURGH
fit les memes constatations en analysant les terrains des
riches plantations de the du Preanger, a Java. II y a A Java
nombre de terrains forms par la decomposition de silicates
basiques qui contiennent peu de potasse et relativement
peu d'acide phosphorique et qui sont cependant fertiles.
M. KoBus, directeur du laboratoire d'analyses, des districts
orientaux de Java m'ecrit que sous un climate tropical, une
') Voir DU BOIS 1. c. p. 25 etc.
petite quantity de potasse, de humus et d'acide phospho-
rique suffiront pour donner une belle rdcolte. 1)
,,Des recherches approfondies dans les Etats-Unis ) ont
prouv6 que divers terrains, meme ceux qui sont pauvres,
peuvent donner des recoltes satisfaisantes lorsqu'ils sont
bien traits et convenablement arross done alors m~me
qu'ils abandonnent A l'eau et a des acides peu de matieres
nutritives, qu'ils contiennent peu d'hunus ou peu de nitrogene
dans l'humus. Un 6tat physique favorable et la quantity
d'eau n6cessaire (fournie par le sous-sol, la pluie ou l'irri-
gation) sont les principaux facteurs. Pour une culture intense
il faut en plus l'engrais".
Dans ce cas avec combien de reserve ne faut-il pas
6mettre une opinion comme celle qui figure dans le dossier
de la soci6t6 Suriname, sans avoir fait une 6tude expdri-
mentale et compare de la terre arable du littoral et de
celle des regions accidentdes, couvertes d'une vegetation
naturelle; pas plus que pour prouvei le contraire, on ne
pourrait se baser sur les cultures des Indiens et des negres
busch et sur la venue superbe, constatee par d'autres auteurs,
du mals, des bananiers et d'autres arbres fruitiers, sur
quelques players de l'intdrieur. Car d'une part nous pour-
rions dire que les Indiens et les negres bushs d6frichent
chaque ann6e de nouveaux terrains, et que beaucoup de
players, sagement administrds et depuis longtemps en exploi-
tation, n'ont aucunes cultures, malgr6 le prix de transport
61ev6 des vivres; et d'autre part il n'est pas prouv6 que
1) Soluble dans l'acide hydrochlorique
KOBUS. v. ROMBURGH. V. BEMMELEN.
Plusieurs terres 14 Terres volcan.
volcaniques. 2 terres volcano.
Java occidental.
Java oriental. Java oriental.
Culture du sucre. Culture du the.
Potasse. 0.04 a 0.08 %. 0.02 a 0.08 %. 0.25 %.
Humus. I a 3 0,.
Acide phosphor. 0.04 A 0.15 %.
) The Chemistry of the soil as related to crop production (Bulletin no. 22
bij Whitney. Department of Agriculture. Bureau of Soils. Washington 1903).
la fertility est durable et non passagere en consequence
de la petite quantity d'humus; ni qu'elle peut ktre durable
lorsque les terrains d6friches ont &t6 traits m6thodiquement,
de fagon a ce qu'ils soient rests dans les memes conditions
physiques et qu'ils aient gard6 leur teneur en humus.
On possede si peu de donn6es concernant la quantity
de matieres nutritives disponibles continues dans la couche
arable pendant une p6riode de culture (dans les regions
tropicales et temp6r6es) qu'il faudra attendre pour en savoir
d'avantage les rdsultats de la pratique.
A measure que l'industrie aurifere se d6veloppe, on ressent
plus vivement la n6cessit6 de donn6es pr6cises, bases sur
l'exp6rience, concernant l'aptitude du sol a la culture. Car
en premier lieu il faudra s'appliquer B rabaisser le prix de
la main d'oeuvre sur les players et en second lieu, il faudra,
dans l'int&rt de la sante des employs et des negres qui y
travaillent, tAcher de se procurer une nourriture saine et
abondante.
LEVAT 6crit. ,,Toutes les exploitations sur lesquelles on
,,a pris la peine d'ex6cuter un abatis, et de planter sur le
,,terrain mis a nu du manioc, des bananes et la canne a
sucrere, ont vu imm6diatement une decroissance considerable
,,dans le pourcentage des maladies qui atteignent les
employsys et les ouvriers".
Esp6rons que la station agronomique de Paramaribo,
commencera bient6t les recherches don't j'ai essay de
d6montrer la n6cessit6, et installera sous peu des champs
d'exp6rience dans l'int6rieur du pays.
CHAPITRE VI
LA DISPERSION DE L'OR EN RAPPORT AVEC
LA CONSTITUTION DU SOL
Le peu de donn6es que l'on poss6dait concernant la
venue premiere et la dispersion de l'or dans la Guyane
hollandaise me firent accepter avec gratitude, l'occasion 1)
d'elucider ce probleme d'une si grande importance pour
l'industrie aurifere et, par suite, pour le d6veloppement
economique de la colonies.
Non seulement les recherches sur les exploitations auriferes,
mais encore une etude geologique des terrains soumis a
la prospection et d'autre part l'execution de prospections en
rapport avec la constitution du terrain me parurent pouvoir
contribuer efficacement a la connaissance de la genese de l'or.
Les prospections malheureusement n'ont donn6 aucun
resultat: nous ne croyons pas encore definitivement, cepen-
dant, a la st6rilit6 de la zone explore. Lorsque je fus au
courant des circonstances qui entravent un developpement
methodique de l'industrie aurifere dans notre colonies et
que j'appris a mieux connaitre mes hommes je compris
toute la necessit6 d'une surveillance severe pendant les
recherches.
,,Les prospecteurs qui se donnent de la peine pour
d6couvrir de l'or sont rares" dit LEVAT; nous pourrions
ajouter qu'on les voit souvent demander plus tard pour
eux-m8mes, la concession de terrains decouverts aux frais
de ceux qui les avaient envoy en exploration.
On ne peut guere mettre plus de confiance en les negres
1) Voir le r&cit du voyage. Texte hollandais, p. 3; texte francais, p. 3.
qui, ruses comes ils sont, ne d6couvrent l'or que lorsqu'ils
y voient un advantage personnel.
On s'accorde encore g6ndralement au Surinam pour
admettre que la source alluvionnaire de l'or se trouve aux
months Tumac Humac, a la frontiere du Bresil. Cependant,
mes ouvriers, qui poss6daient deja quelque experience sous
ce rapport 6taient d'avis, que l'or n'avait pas &t6 entrained
a grande distance; l'un d'eux observait dans son dialecte
color: ,,oi se trouve l'enfant l1 est aussi la mere".
Quelques auteurs qui ont 6tudi6 les criques en exploi-
tation et qui ont examine attentivement les blocs de quartz
et les pepites de la couche alluvionnaire ont acquis la meme
conviction. 1)
Si l'or gros, en grains et en pepites, a kt6 entrained par
les agents d'drosion a grande distance de son gisement
primitif, comment expliquer alors la dispersion des players
sur certaines lignes ou autour de certain points centrals,
et les grandes variations, souvent tres brusques, dans la
richesse des alluvions. On pourra se convaincre, en con-
sultant la carte de G. C. Du Bois, que c'est la constitution
geologique des terrains avoisinants qui a etd la source
de la richesse alluvionnaire des different players. Tous
les terrains, don't les alluvions sont assez riches pour
pouvoir proceder h une exploitation, se trouvent dans le
voisinage immediat d'une venue important de roches
dioritiques ou diabasiques. Dans le dossier inedit de la
society ,,Suriname" la correlation etroite qui existe entire la
formation auriffre et ces roches intrusives est confirmee a
plusieurs reprises, entire autres pour le terrain situd au sud
de Grinwisburg a l'embouchure de la Sarakreek dans le
Suriname, pour la zone comprise entire la region de la
Diakreek et la limited occidentale du placer Dr. SALOMONS
et enfin pour quelques terrains le long de la Saramacca-
superieure et de son affluent la Petite-Saramacca, etc.
II fait observer a plusieurs reprises I'absence d'alluvions
') Voir LEVAT: 1. c. p. 68 et L. FERD. VIALA: Les filons d'or de la Guyane
frangaise. Paris, BAUDRY et Cie. 1886.
auriferes dans les terrains granitiques, except lorsque le
granite, considdrd g6ndralement comme 6tant sterile, se
presente en rapport avec les roches dioritiques et diaba-
siques. 1) LEVAT 6met la meme opinion dans sa remarque
au sujet de la stdrilitd des zones granitiques branches:
,,les erosions du granite propre n'ont pas pu produire
des enrichissements, comparable a la demolition des zones
de contact dans lesquelles la venue de l'or s'est precis6ment
concentr6e". Les prospecteurs de la colonies qui ont quelque
notion de p6trographie il n'y en a gure -- n'ignorent
pas que les sables granitiques y sont absolument steriles.
Le dossier de la socidtd ,,Suriname" dit au sujet du
placer Dr. SALOMONS, don't la parties la plus riche est situde
en dega de la zone granitique: ,,Pour une connais-
sance approfondie de la venue de 1'or au
Surinam, il serait desirable de faire une etude
detaill6e des roches de ses rivieres. Des donnies
exactes concernant la nature du sol et une
recherche minutieuse des roches auxquelles est
lide la prese.nce de l'or seraient tres ava.nta-
geuses a l'industrie aurif6re". I1 estregretableque
malgr6 toutes les explorations organisdes par la soci6td
,,Suriname" cette relation n'ait pas 6td l'objet de recherches
plus approfondies. Nous 6tions convaincus de l'importance
de ce problem bien avant d'avoir lu les rdsultats des
recherches de la dite soci6td.
Pendant les pr6paratifs du voyage, la lecture des ecrits
de MM. FERD. VIALA et M. E. D. LEVAT, concernant les
terrains auriffres des Guyanes, m'incita a faire des recherches
dans cette direction. Avant de dCcrire les r6sultats de nos
prospections et de nos recherches, rappelons les conclusions
que voici, fruit de la longue experience de M. LEVAT, en
faveur de ceux parmi mes compratriotes qui ne voient pas
toute l'importance de telles dtudes pour le developpement
de notre colonies.
,,Dans tous les pays presentant les caracteres g6neraux
1) Voir aussi LEVAT: 1. c. p. 29.
d'enrichissement par zones de contact entire granite et
roches feuillet6es on constate que la venue de 'or est
accompagn6e constamment de roches 6ruptives don't le
caract&re varie beaucoup d'un pays a un autre, mais qui
ont comme r6sultat constant d'accompagner l'or dans ses
gisements tant primitifs que secondaires. En d'autres
terms, on constate toujours soit dans le voisinage des
players, soit dans le voisinage des filons, couches ou amas
auriferes la presence d'une roche 6ruptive diff6rente du
granite, ou pour mieux dire d6rivant de ce dernier par des
modifications cristallines ou chimiques.
,,L'attention des g6ologues a d6jA et attire depuis
longtemps sur cette correlation constant qui se pr6sente
dans les pays auriferes entire certaines roches 6ruptives et
la venue de l'or. Les travaux sur ce sujet sont, on peut
le dire, extremement nombreux, et ils se sont multiplies
d'autant plus dans ces dernieres ann6es que les tendances
actuelles de la g6ologie sont essentiellement diff6rente de
ce qu'on enseignait, il y a vingt ans.
,,On admet plut6t aujourd'hui que le passage d'une roche
6ruptive cristallis6e, comme le granite fundamental, par
example, A d'autres roches 6ruptives parfois tres diff6rentes
comme caractere p6trographique, telles que granulites,
aplites, porphyrites, diorites, diabases, a du se faire plut6t
par des modifications physiques et chimiques
provenant des conditions qui ont pr6side a leur formation
meme, plut6t que par des changements brusques dans leurs
missions successives. On a donn6, a just titre suivant
nous, leur veritable signification et leur veritable importance
aux ph6nomenes de metamorphisme, de s6gr6gation, des
matieres minerales au sein meme des roches les contenant,
. tous les ph6nomenes en un mot qu'on se contentait
d'expliquer autrefois par une s6rie de venues 6ruptives
tant6t acides, tant6t basiques, suivant les besoins de la
cause et en nombre suffisant pour expliquer les conditions
') Voir LEVAT: 1. c. p. 30-32.
du gisement d'une roche ou d'un mineral d6termin6. On se
payait de mots, sans s'attacher a l'examen impartial des faits.
,,En Guyane, ce role special a 6t6 jou6 par des diorites
et des diabases qui forment dans le pays une infinite de
dykes qui se sont 6panches sur le sol et qui forment gen6-
ralement les hauteurs qui dominant le pays. . .
,,L'aire de ces roches dioritiques embrasse une surface
considerable, non seulement dans la Guyane frangaise et
dans la Guyane hollandaise, oi je les ai personnellement
reconnues et 6tudides sur un grand nombre de points, mais
elles paraissent avoir affect aussi la Guyane anglaise et
une parties du V6nizu6la. On les signal aussi dans la
formation aurifere du Contest6 Franco-Br6silien, aussi qu'on
le verra sur la coupe geologique de cette region qui est
donn6e plus loin.
,,Sur toute cette vaste 6tendue, les diorites sont con-
stamment associ6es a la venue des roches auriferes. On
comprend par consequent, sans qu'il soit besoin d'insister
d'avantage, que le maximum d'enrichissement s'obtiendra
lorsque les zones de contact entire granite et roches feuilletdes,
dans lesquelles nous avons d6ej localism le phenomene,
seront recoupees par des diorites et des diabases. Ce sont
ces conditions en effet qui sont effectivement remplies par
les players, qui, comme Saint-Elie, Dieu-Merci, Elis6e, Pas-
trop-tot, le group de l'Awa, etc., ont donn6 lieu a des
travaux d'exploitation suffisamment d6velopp6es pour per-
mettre, malgr6 l'empechement caus6 par la v6g6tation, de
se rendre compete, au moins approximativement, de leur
formation geologique.
,,11 convient de remarquer a ce propos que, pour les
groups de players que nous venons de citer et tout
specialement pour le group de Saint-Elie dans le bassin
du Sihnamary, on peut mettre en evidence le ph6nomene
de la disposition rayonnante des players, que j'ai
eu maintes fois l'occasion de verifier sur d'autres points du
globe et qu'il imported de rappeler ici".
En revenant de notre voyage sur le Nickerie-superieur, a
1'embouchure de la Fallawatra, les prospecteurs avaient
explore d6ej plusieurs des criques traverses par la ligne
trace depuis ce point jusqu'a la ligne dirigee vers le sud.
(Voir la carte). Ils basent leurs recherches sur les m&mes
constatations que mentionne aussi LEVAT pour les prospec-
teurs de la Guyane frangaise. 1)
En admettant que la couche alluvionnaire de quartz
tant6t aurifere, tant6t sterile, qu'on trouve dans le sous-sol
des vallkes actuelles, date d'une p6riode ant6rieure oi
les eaux exergaient une influence bien plus grande que de
nos jours et en consid6rant que beaucoup de pointements
rocheux sont arrives A la surface par la denudation de
formations qui leur 6taient superpos6es, il est bien clair
qu'on cherchera souvent en vain dans le voisinage des
couches aurif6res, la roche don't 1'or est originaire.
Les r6sultats de nos prospections, n6cessairement confines
a la zone 6troite traverse par le trace, pourront cependant
contribuer, je crois, a 61ucider le problem de la genese de
'or. I1 est int6ressant de confronter avec la carte g6og-
nostique du trac6, les donn6es des prospecteurs, bien.qu'ils
ne m'aient renseign6 que tres imparfaitement sur la teneur
rdelle des alluvions: le compte-rendu ne dit guere plus que
,,ndant", ,,couleur", .,plus que couleur". 2)
Si l'on p6entre dans le pays en remontant la Fallawatra,
de meme que le long de la Nickerie le caractere basique
s'accentue et la teneur en pyrite comme 616ment accessoire
des roaches augmente (nos. 48, 54, 85. 116, 131, 133, 134,
135, 145*, les deux derniers avec beaucoup de pyrite).
Avec la basicit6 croissante des roches, A measure qu'on
advance meridionalement, les s6gr6gations quartzeuses aussi
se font plus nombreuses.
On observe des s6gregations de quartz dans certain
granites, granites pegmatitoides surtout, mais c'est princi-
1) Voir LEVAT: 1. c. p. 30.
') Les prospecteurs estiment la teneur de l'alluvion d'aprbs la quantity d'or
et de sable noir rest6e dans la bAtee. (Voir LEVAT 1. c. p. 108-113).
palemerit dans les gabbros et les diorites et dans les
schistes encaissants que les filons sont tr6s nombreux, et
c'est avant tout dans le quartz de ces derni6res roches que
s'est amassed le pyrite. Des filons de quartz pyriteux, large
de io cm. traversent (E.-O.) au 6me km. de la ligne S. E.
un diorite quartzeux A hypersthene, a biotite et a pyrite
(No. 145*), qui se transform, en cet endroit en un gabbro
a hypersthene (No. 145). Un ph6nomene semblable fut
observe a hauteur du 9me km. de la ligne S. oi un gabbro
a hypersthene (No. 149a et b) present une segregation de
quartz pyriteux.
Sachant que le pyrite est g6neralement aurifere, pourrait-on,
en consultant les resultats des prospections douter encore
d'une correlation entire la presence de l'or et le d6veloppe-
ment de diorites et de gabbros dans le voisinage. 11 est
frappant, en eflet, que la prospection donna toujours
,,couleur" la ou les roches sont le plus basique.
Le terrain pyrox6no-amphibolique a pyrite, traverse de
filons quartzeux pyriteux, au 6me km. de la ligne S. E. donne
naissance a une crique, qui .a chaque bAtie amena ,,couleur".
Au i km., de la ligne S. E. une crique traverse le trac6
dans une zone de gabbro a hypersthene (no. I33a et 133*)
adjacent a une grano-diorite a biotite et A pyrite (no. 133).
Des trois trous creus6, deux donn6rent ,,plus que couleur";
la glaise qui se trouve a cinq pieds de profondeur, sous
le bane de gravel, content le plus d'or, mais il est si
finement distribute que la plus grande parties se perdit au
course du lavage. Une autre crique, au 2me km. de la
ligne S. E., don't le cours-superieur coule sur un gabbro
quartzeux A hypersthene et a pyrite (no. 140) se trans-
formant en un gneiss a pyroxene et a pyrite (no. 141),
donna ,,plus que couleur".
En quittant la region des roches trbs basiques oi les
prospecteurs constaterent la teneur la plus riche, pour
retourner sur nos pas, la batee donna couleur dans une
crique, coulant sur divers gneiss, gneiss a sillimanite (nos.
121, 122, 123), et qui se diverse dans une autre au IIme
km. de la ligne S. Ces roches r6velent un caractere
basique, et la zone parsem6e de grands blocs de fer situde
meridionalement ferait meme soupgonner la presence des
roches intrusives basiques, nomm6es plus haut.
La bat6e donna encore couleur, dans une crique entire
les km. 3me et 4me de la ligne sud; elle prend sa source
dans un terrain de lat6rite tres ferrugineux entiree les km. 4
et 6) et ses bords laissent voir une diorite a hypersthene
pyriteuse (no. x Io). Le point le plus septentrional enfin, oi
l'alluvion fut constat6e contenir ,,couleur" c'est dans la
Fallawatra, a hauteur de la cascade DE CREMER, l'un des
multiples examples de la division du magma granitique par la
concentration croissante de substances basiques. Des granites
a biotite et a hornblende (no. 102), des diorites quartzif6res
a biotite (nos. 102* et 102**), des diorites quartziferes a biotite
et a hypersthene (no. 102***) se transforment insensiblement
de l'un en l'autre; la presence d'un produit de decom-
position encore plus basique, un gabbro quartzeux a
hypersthene et a great (no. 104), fut constat6e au com-
mencement de la ligne S. qui .dbouche a proximity de
Cremerval. Comme suite a ceci la bat6e donna encore
,,couleur" dans une crique qui traverse cette zone, le
premier affluent de gauche en amount de la cascade.
Des filons de quartz auriferes, qui dans cette region
aussi sont clairement en rapport avec la venue des roches
pyrox6no-amphiboliques, je n'ai pu trouver qu'un seul indice
dans les alluvions des criques. C'est un caillou roul6 de
quartz, impr6gn6 d'un peu d'or, trouv6 dans le lit desseche
d'une crique, entire les km. 3me et 4me de la ligne S. E.,
c. a. d. dans une zone oii le terrain est form d'une diorite
quartzifere a hypersthene et a biotite (no. r42).
L'exp6rience faite dans la region de la Fallawatra, s'accorde
entibrement avec les communications qu'on me donna sur
la presence de l'or dans les environs de Blanche-Marie, un
terrain pyrox6no-amphibolique par excellence, et sur le
Matappi, un affluent de droite du Corantin.
Quelques-uns parmi mes ouvriers qui avaient deja
prospect sur le Nickdrie-superieur m'apprirent que 'or
avait kte trouv6 seulement en aval de Blanche-Marie; A
3 km. environ vers 1'est (en pepites grosses comme des
grains de riz), dans quelques criques originaires de ce terrain,
form de diorite et de gabbro, qui s'dl6ve au-dessus de
la fo mation archeenne, et dans la crique de Waterloo, un
affluent du Nickdrie, a grande distance de son embouchure,
oi les granites disparaissent pour faire place a des roches
intrusives basiques. Observons encore que le seul terrain,
oi l'on a exploit 'or dans le district du Nickerie, (a
hauteur du Matappi dans le Corantin) est situd dans une
zone dioritique 1).
Des donnees que j'ai pu rassembler, dans le district du
Nickerie, concernant l'association de l'or aux roches inter-
calees dans le systeme archeen de notre colonie, je crois
pouvoir conclure que la venue premiere de l'or est en
relation avec les roches basiques de profondeur, diorites,
gabbros, diabases. et que les filons quartzeux, si intimement
associes A ces roches ignees, sont des segregations dues A
la consolidation du magma basique. Par suite, le point
de depart initial des gites aurif6res, dans la Guyane hollandaise,
doit ktre cherch6 dans un bain metallique profound, maintenu
en fusion sous des actions reductrices, et 1'etude des gites
primaires de 'or sera basee par consequent sur une con-
naissance approfondie de ces magmas basiques.
11 nous semble incroyable que M. VAN LOON n'accepte pas
immediatement une source de profondeur, consequence
logique d'une etude des roches pyroxeno-amphiboliques,
pour s'attacher A une origine secondaire, l'infiltration de
solutions, admissible seulement dans certain cas. J'ai
recu la conviction que VAN LooN, pendant sa court visit
A quelques players, n'a examine que des products de
remaniements, sans avoir eu l'occasion de faire une etude
petrographique de roches intrusives a l'etat frais, il aurait
pu remarquer dans ce cas, que le pyrite, le mineral auquel
1) La roche, rapport6e par v. DRIMMELEN, fut d6finie par BEEKMAN comme
diorite a augite (No. 3).
l'or s'est alli6 de pr6f6rence, se pr6sente dans les memes
conditions que les autres 616ments constituents de ces
roches et qu'il n'a meme pas kchapp6 aux ph6nomenes de
pression, don't beaucoup de min6raux offrent des examples
distincts dans la plupart des roches.
Les recherches de Mr. G. C. Du Bois, a ,,Oud-placer
Lionarons" pros de ,,Boschland" sur le Suriname, ont appris
l'existence de filons auriferes de date plus r6cente 1).
11 fit pratiquer un puits dans une lat6rite de profondeur
dans Ie but de determiner la nature des filonnets quartzeux
auriferes qui affleurent la surface du sol, savoir, s'ils doivent
ktre consid6res comme des formations de profondeur, ou
comme des s6gr6gations silicieuses superficielles de formation
secoridaire et recente. I1 resulta de ces recherches que la
teneur en or diminue progressivement avec la profondeur
et que ces filons se terminent en pointe. Du Bois conclit
de ceci que parmi les filons aurif6res qui traversent les roches
lat6ris6es, il y a des formations secondaires, d6pendant
des actions reductrices qui agissent pendant la decomposition.
Ceux qui connaissent la grande mobility de l'or et qui
ont observe l'influence 6norme de la decomposition dans les
forts de la Guyane, ne mettront pas en doute la presence
de tels gisements auriferes.
Admettre que les filons auriferes et I'or contenu dans
les roches basiques sont des pr6cipitations de solutions, qui
ont penetr6 de la surface dans l'int6rieur des roches, ce
serait nier que les contr6es int6rieures du Surinam renferment
nombre de roches intrusives a l'etat frais, et meconnaitre
toutes les donn6es importantes que nous a fourni l'6tude
geologique et petrographique de ces roches.
Comme les resultats de nos recherches tendent A le
d6montrer. du reste, je crois que l'or est monte la surface,
simultan6ment avec le magma, qui, en se solidifiant, produisit
toutes les roches intrusives. Et partant, le m6tal precieux
gen6ralement englob6 dans le pyrite, de meme que les
1) Du Bois. Beitrige zur Kenntniss etc. p. 22.
autres metaux d'un poids anatomique 1lev6, apparaitra
seulement en quantity notable avec les roches les plus
basiques. C'est un phenomene bien connu que les inclusions
m6talliques a l'Ftat de sulfures ou d'oxydes incomplets
jouent un role plus important dans les roches basiques que
dans les roches acides, ,,ce qui", suivant DE LAUNAY 1)
entire e autres raisons peut tenir a ce fait que l'oxygene et
la silice ayant fait defaut, ces m6taux, meme lorsqu'ils
etaient susceptibles d'entrer en combinaison silicatee, sont
demeuries dans un 6tat de liberty relative".
Au Surinam on rencontre l'or comme gites d'inclusion,
non seulement dans les diorites, gabbros, diabases, mais
encore dans diverse roches intrusives d'une plus grande
acidity et dans les schistes archdens, dans le voisinage
imm6diat d'intrusions basiques. Or cette rdpartition est
pleinement d'accord avec la conviction que nous avons
acquise au course de nos recherches et que nous avons
essay de d6fendre dans ces pages.
Un examen methodique et minutieux de la presence du
metal precieux dans les players en exploitation pourra seul
6lucider parfaitement le probl6me des gites primaires de l'or
dans la Guyane hollandaise. Nous osons esplrer que ces
communications pourront aider a faciliter les recherches a
faire dans cette voie.
1) Voir DE LAUNAY: 1. c. p. 22.
CHAPITRE VII
DESCRIPTION DES ROCHES DE LA COLLECTION
DU NICKERIE
PAR
Dr. E. H. M. BEEKMAN MZN.
Malgrd des 6crits relativement nombreux sur la Guyane
hollandaise, il n'existe aucun traits sur l'6tude microscopique
des roches. La belle collection du Mus6e colonial de
Haarlem (Pays-Bas) renfermant 368 pieces, fut l'objet d'une
description sommaire dans les ,,Geologisch-bergmannische
Skizzen aus Surinam" de Mr. Du Bois (Freiberg 1901,
p. 28-39). Le compte-rendu de l'expedition du Coppename,
ne content qu'une liste des 6chantillons de roche rapports 1);
M. C. MOERMAN nous donna une court description des
specimens recueillis au course de l'expedition sur la Sara-
macca 2). Nous possidons des etudes plus sdrieuses de la
main de MM. J. H. KLoos et M. W. BERGT dans les ,,Samm-
lungen des Geologisches Reichs-Museum" A Leyde (1887,
1889, 1902). Enfin on vient de publier les comptes-rendus
des expeditions de la Tapanahoni et de la Gonini, avec de
courts determinations par MM. THIE et DUIFJES S).
C'est pourquoi nous osons esperer pour la description
que voici, un accueil favorable. Nous souhaitons qu'il
puisse contribuer A exciter l'intiret pour la p6trographie
d'une contree, qui nous parait 6tre I'une des plus interes-
santes quant aux varidtes nombreuses et aux particularitis
caracteristiques de ses roches.
Nous ddbuterons en donnant une liste systimatique des
roches trouvies jusqu'ici au Surinam.
1) Voir: Tijdschrift van het Koninkljk Aardrijkskundig Genootschap. 1902.
XIXe annie, p. 85o. Determination faite par le Professeur G. A. F. MOLEAGRAAFF.
2) Idem. XXIe annie, p. 1059 et suivantes.
') Idem. XXIIe annie, livraison 6, p. 1q05.
TABLEAU DES ROCHES DU SURINAM
GRANITE.
Varietes: Granite a biotite. Granite A amphibole. Granite por-
phyroide. Microgranite. Granite A deux micas. Granite
a epidote et a great. Aplite. Pegmatite.
FELSOPHYRE.
SYENITE.
Varietes: Syenite a amphibole. Syenite a microcline. Syenite
a 6pidote.
DIORITE.
Varietes: Diorite quartzifire a biotite et a amphibole. Diorite
a pyroxene. Tonalite. Diorite a 6pidote. Grano-diorite.
ANDESITE.
Variety: And6site a augite.
DIABASE.
Variet6s: Diabase normal. Diabase a olivine. Des varieties de
diabase uralitisee. Diabase a amphibole.
ROCHES MIETAMORPHES DE CONTACT 1).
Varietss: Gneiss a sillimanite. Grauwacke cristallin. Corne mica.
Corne andalousite et A cordierite. Schiste a tour-
maline. Schiste a ottrdlite. Quartzite a cyanite.
GNEISS.
Varitess: Gneiss a amphibole. Gneiss a biotite. Gneiss a pyroxene.
Gneiss A sillimanite et a biotite. Gneiss a chlorite.
') Voir: W. BERGT 1. c. p. 123 et DU Bois 1. c. p. 36. Du BOIS aussi
croit que certain quartzites a cyanite peuvent &tre ranges parmi les roches
metamorphes.
SCHISTE.
Varidtes: Schiste A mica et a great. Chloritoschiste. Schiste a
amphibole. Schiste a amphibole et a epidote. Phyllade.
Itabarite. Schiste a epidote. Schiste a sericite.
QUARTZITE.
Varietes: Quartzite normal. Quartzite a cyanite. Quartzite a
epidote.
AMPHIBOLITE.
Variete: Amphibolite normal.
LEPTYNITE.
Varidtd: Leptynite a sillimanite.
DIFF1RENTES VARIETES DE GRES, etc.
La plupart de ces roches figurent egalement dans la pr6sente
collection; en outre I'andisite, le gneiss a pyroxene et la leptynite,
trouv6es par le Dr. H. VAN CAPPELLE semblent 6tre toute nouvelles
pour la colonie. Nous n'y avons trouv6 aucune diabase, sans oser
en deduire cependant qu'elle est reellement 6trangere au district
du Nickerie; qu'on r6flechisse seulement un instant, aux grandes
difficulties que cette contr6e pr6sente au collectionneur. II est
bon de le remarquer cependant, en ce sens que la plupart des
voyageurs la nomment et essayent meme de l'identifier avec le
,,Griinstein" DE VOLTZ; et que les auteurs cites plus haut, sauf
BERGT 1), la d6crivent dans leur 6tude microscopique des roches.
Grace a la bienveillance de Mr. K. MARTIN, professeur d'universit6
A Leyde, il me fut permis d'examiner les diabases du Coppename,
le fleuve le plus voisin du Nickerie. Ce sont des diabases veritables
A texture ophitique, contenant du fer titan, en quantity quelquefois
assez grande, et du pyroxene tres souvent chloritis6 et uralitisd.
Ces diabases ont parfois une analogie frappante avec les roches
bien connues du Harz.
Les roches diabasiques sont developpees 6galement, Mr. Du BoIs
mentionne divers tufs ou schalstein. Nous pourrions conclure de
ceci, tout en 6mettant cette opinion sous toute reserve, que les
diabases sont plus frequentes dans les regions orientales de notre
colonie.
') BERGT n'a d6crit que quelques roches des regions du Coppename et
du Nickerie.
Il en est de m6me pour les roches de contact. Tandis que BERGT
decrit une zone assez large de metamorphose de contact, avec des
grauwackes cristallins, des comes A mica, A andalousite et a cor-
didrite et probablement aussi des gneiss a sillimanite, que DUBOIS
signal des schistes a ottrelite, a tourmaline et des quartzites a
cyanite, la collection presente ne content qu'une seule roche de
cette espace, bien que Mr. VAN CAPPELLE m'ait assure les avoir
recherche soigneusement. Hors ceci la region du Coppename et
celle du Nickerie ont une grande analogie, que nous ferons ressortir
en traitant les divers groups de roches.
Quant a l'Age des roches, on s'accorde g6ndralement pour
admettre que la formation archdenne repr6sentee par des gneiss,
des micaschistes, des phyllades, est tres repandue. BERGT considered
comme appartenant A la meme formation, certain gneiss a biotite,
des gneiss A texture grenue de la vallee du Coppename, et peut-
6tre aussi les gneiss a sillimanite et A biotite du Nickerie. Pour
les roches m6tamorphiques, BERGT est le seul qui ait os6 les
determiner comme datant de l'epoque palaeozoique; il justifie
cette hypoth6se par des arguments 1) d'oa il suivrait, entire autres,
qu'une parties des granites appartient au meme systeme. Nous
croyons que c'est anticiper que de faire des A present de telles
hypotheses.
Nous ne pourrions terminer cette preface sans dire un mot des
phenomenes interessants du dynamomdtamorphisme. Le Surinam
fut soumis a de grandes disloquations qui exercarent sur les roches
une influence 6norme nommne ,,stress" par Mr. HISE. Elle fut la
cause de nombreuses d6formations.
Diffdrents mineraux pr6sentent une extinction plus ou moins
onduleuse, apparent surtout dans les plages de quartz, dans le
feldspath de la plupart des plaques et meme dans le pyroxene de
quelques-unes. Le plagioclase renferme quelquefois des macles
secondaires, differant des macles primaires par leur caractere in-
constant, et qui sont une r6sultante du dynamometamorphisme.
Ce phdnomene est d'autant plus frequent dans le plagioclase, que
les plans de glissement coincident avec les plans naturels des macles.
Dans quelques plaques le microcline est bien distinctement le
resultat d'une pression sur l'orthose, quoique ce mineral se ren-
contrAt plusieurs fois a l'etat primaire. (Voir no. 34 sous granite).
Le quartz vermicul6 enfin est tres abondant dans quelques plaques.
1) Voir BERGT: 1. c. o9.
(Voir sous diorites); un ph6nomane que Mr. S. ZEDERHOLM explique
par le dynamometamorphisme egalement.
Les roches qui furent soumises A la pression la plus forte,
laissent voir la ,,Kataklastructur" de Mr. KJERULF, la ,,Mortel-
struktur" de Mr. T6RNEBOOM et la texture lenticulaire, ,,Augen-
struktur" o4 les lentilles ont l'axe long perpendiculaire a la pression
maximale. D'apres Mr. JUDD 1) la soi disant ,,Schillerstruktur"
propre surtout A l'hypersthene est egalement le rdsultat d'actions
mecaniques secondaires. (Voir no. 36, diorite).
Quant aux alterations chimiques produites par le dynamo-
m6tamorphisme elles sont bien moins nombreuses dans la collection
du Nickerie. Ceci est d'autant plus digne d'int&ret, que les
r6sultats du dynamom6tamorphisme ont ete discutds A plusieurs
reprises dans la petrographie moderne. Dans la belle etude de
Mr. GRUBENMANN 2) sur les schistes cristalllins, les conceptions
jusqu'alors toujours plus ou moins vagues, recurent une definition
purement scientifique.
Le dynamometamorphisme a assurement perdu beaucoup de sa
toute-puissance par la theorie de Mr. WEINSCHENK. Il nous
semble cependant que Mr. WEINSCHENK, trop partial, rejette toute
alteration de substance par le dynamometamorphisme, Mr. GRUBEN-
MANN, d'un autre c6td, attend trop de la pression et passe sous
silence divers arguments important de Mr. WEINSCHENK.
Pour les roches de cette collection, la theorie de Mr. WEINSCHENK
serait de vigueur d'apres laquelle le dynamom6tamorphisme donne
presque toujours naissance a de grandes deformations en contra-
diction avec l'opinion de Mr. GRUBENMANN, qui dit que les actions
mecaniques se nivellent d'abord par des actions chimiques et
ensuite par des d6formations mdcaniques. GRUBENMANN base
cette opinion sur les experiences de Mr. HISE d'apres lesquelles la
quantity d'6nergie. ndcessaire serait moins grande pour les altdra-
tions chimiques que pour les deformations mecaniques.
Il est vrai cependant que les gneiss A pyroxene de cette collec-
tion, forms par des diorites et des gabbros, doivent avoir subi
quelque ddcristallisation pour pouvoir produire une texture parallele
aussi distinct que dans le fragment decrit sous le no. 70. Mais
1) Voir JUDD: Quart. Journ. of the Geol. Soc. 1885. XLI p. 363-366.
2' Voir Dr. U. GRUBENMANN: Die Kristallinen Schiefer. Berlin 1904, T. I.
|