Citation
Republique cubaine

Material Information

Title:
Republique cubaine
Publication Date:
Language:
French

Subjects

Genre:
serial ( sobekcm )

Record Information

Source Institution:
University of Florida
Holding Location:
University of Florida
Rights Management:
This item is presumed to be in the public domain. The University of Florida George A. Smathers Libraries respect the intellectual property rights of others and do not claim any copyright interest in this item. Users of this work have responsibility for determining copyright status prior to reusing, publishing or reproducing this item for purposes other than what is allowed by fair use or other copyright exemptions. Any reuse of this item in excess of fair use or other copyright exemptions may require permission of the copyright holder. The Smathers Libraries would like to learn more about this item and invite individuals or organizations to contact Digital Services (UFDC@uflib.ufl.edu) with any additional information they can provide.

Full Text















v


Patrie et Libert


SUPPLEMENT AU NUMRO DU 1er AVRIL 1897


CREATE


ET


CUBA


Le; h.:.mmes penreu', et de dbi-nne \oln'rit co.n-
templent a'ec le plus grand intrt ,I .iice une
an.\it u' urscro an le r n le spci.tacle qu'".ilre
r la Grce Inteiessi,- au salut d'un p.,uple oplprLne,
las de solInrir les ,exatons et les manrtres qiue lui
indigent ses t S ran,.
L'EL urop entire z'est l' Iue et. p. P huiii init'...
ou par guismc. elle a d se r',:.udrJ a m,2ttri: lin
aux crin'es du sulta'i a'. sas- r. ajn.-., qu: l'a app,:-,
M. Gladston c. et il laut esprer que Il re-uli.t de la
lutte nmarquera pour les Crto l'heuri Jd- l la iber[.
Honneur donrc au.: grande pri.-.aie., s. .n r.e
changement radical dan: la \e' d'un people Jd'rie,
d'tre heturux elles linissent par c,-orin uler ou par la respecter: glorc au Crtoi qu, -.ai-s.ant
les armes et se prparant miour;r plutot que de 'e
rendre, ont montr au monde qu'il a encore de>
mart',rs .:r admiration pour les. Grecs qui, sans Se
proccuper des sacrifices et d.i peril pour clur nat,,-
nalit mmie. ont su ressusci.-r notre ep':'que I'e--
prit de la Grece antique.
Le Rdactuon de La Rpublique Cubaine suit
alec anxlt les e\nener ts d'Orerient, parce que la
cause cutainre eSt la cause de CrCtL.. N.:'us croc'r, .
donc qu'en un monienit aussi oppF'-run, ce n'est pas.
une illusion de n t'ire part dJ"leter la v.;', et d'essa,.er
de nous fair entendre de t:.us les ho'mn'ies g'rnereu.
et de bc'nne \clcrnie ain que dans le; ruir"',r'. in-
tlnes, dans la presc.e, dans le ire. dans le c.'rlc..
dan' le meeting, dans le' C.hanibres et dJrn. les
conseils du gouvernement, parto:ut ... batti.nt de,.
._euirs pour le.' bo'nnetr causes. ,:n *se pre..:' up.:'
aussi du sort d'un autre peupl,. oppi'im et humin,.
qui. avec quelques moments de repi, lutte d.p:.,-,
un demi-siccle p'itir secoucr le '.:'u_ de se, oppre'-

Ce people est le peupl, cubain.
oll deux ans que.de noLr,.eau soule%-s en arme-,i
d'une fan plus formidable que lors de la guerre
precdente de io an., les fils de Cubta lutt.:nt lh.-
roiquement, affrontant la mort inipas.ibles et a;e
la resolution de transformer leur patrie e n irm..'ri-
ceau de ruine' plutt que de subir plus lon'itLniemp
le joug ignominieux de l'Espagne d:.nt la dmiruia-
ion-a t la plus despotique des tmp' rs n :'dernr:,
ainsi que le dclara le grand orateur c..pagn:l Rts:.
Rosas de\ant les Cortis en i._3.
Pour sa'oir jusqu'a quel degr d J _.'.rint.qu.:'
efforts les Cubains sont dcid- porter la lu.te. .1
suldit de rappclir que la .ucerre prczddente qu'ils
soutinrent dJe i.r.'. a c ot, d'apr..s le gnral
.lo\.llar lorsqu'il declar. la c o:l.rii': pacii-'. '":":
homme.s et 4':. il lih:n de pe:o ; que le ,oui....rrie-
ment espdgnrl dcrta 4,422 s'Isie' de biuen. et c.,:
confiscatiins de pr.-'priti' cubtaines. ; que la de-truiic-
tion de la riches.se des particul.-urs d pa: sa :'. millionn,
de pesos et que le pa,s eut besi,:n de plus de dr'.
an%. pour c reconstituer. Aulourd'huil ,.:mmnie alors.
les Cubains n'epargnent aLucun sacrince. Il-, ,v'it
parlaitement conscience de la grandeur de ,ur
ontreprise, et bien que I E.pagne ait puoss lIa uerre:
au mme point de barbarie et de tureur que la prc-
cdente, ils ne modifient et ni m,:ditier.n rnrien ern
luir ligne de conduit ; il' re tent res..lu._ a ai ncrc
ou mourir.
C'est de cela que La Rpublique Cubaine '..:ut
que les peuplue d'Eur;,pe prennent ait... Il .'a..lre:e
a eux pour leur dire que le' atr;ices d.. la -'uerr:
preccdente se reproduisent aulourd'hui .ain i que la
rage f'rce dont les Espagnols ".:nt c:.utum ,i:rs it
qui rendit leur nom excrable dan, les FlanIdre' et
dans leur:, ancienrnes \lce-ro\ailti d'.\merque
.' titre d'exemple, il uirfi de ra.pp.: r qu pei-
dant les cinq premieres annes, de cette .ueirr,..
8,.,j3 prisonnier' cubain cont etc- passes par les ar-
mes; qui'cn un seul l,.,ur et sur un :ceul na'.ir'e lurent
ens%\s dans l'ile de Fernando P':'.:. dans le gollc de
Guine. ..io deportee', personnel de distin,-c:'n un
maioritc, san'. que les prires de Celui qui itait alors
eque de La H-laanc aient pu c\ lier cette conrdam-
nation a mort lente, etant donned le clinnai nim:rtil
de cette ile: qu'en un jur de deuil. don't M s'u-
\%s nnent a'e. terreur ic.utes leS m. re'. i ubainr.:.. le
27 n\embre I.-,I-, lurent flu-ille' s dan., la .dile d, La
l-iasane, huit etudiarjt- uorn-,ccents dori I: plus ..e
a\ailt 20 ans et le plu- leune 17. Leur inri.'cenr.' lIti
dm ontre plus tard pour la h dn.t Ju p -.uple : d..s i
gouternants espan.nols ; qiu'en un autre -.Jir d.:
deuil pour les families cubain',:, au course. d. l It mL--
mii anneei i. fut brl.'e .-. par d- .:..ldal- Le-" o-
gnoIs du briadier A..:.ti, tu-l la 'aI l'. d'.rn
bra\e chel cubain dJ.on le pluI: eur- nfi ant et:ii
une fillette d eu'x n ; que' I': *2 .. l'r,, 'l G'.,nza -l'
Buet, apr.:e un repa.s utiquel il a'.ait inmnc plui: eur
Cubains, de marque, nt enter se;s .:ldat- dan' la
salle en leur donnant I',:rdr.: de ne pas la,,':' un
seul Cubain \i'.'ant. L'ordre l'ut ,c-ecut : que k m 'c-
nral \ almaseda, en i'6.'.. donna i'.-.'dre de b'uis. r


par les armes, tous les conspirateurs, leurs com-
plices et ceux qui les cachaient et-qu'il lana, en
i >.69, sa clbre proclamation que Mr. Fish, le mi-
rstre amricain, qualifia de document infdme. Dans
c.:tte proclamation, le gnral Valmaseda dcidait
que tout Cubain de quinze ans et au-dessus, qui se-
,ait fait prisonnier, serait immdiatement fusill
.:1 que toute habitation non occupe par les Espa-
yzols serait incendie; qu'en la mme anne 1869,
i1 gnral Dulce, rejet 'de Cuba par les Espagnols
de La Havane comme trop faible et trop human,
donna, cependant, l'ordre, public aussitt en bro-
chure par le gnral Pelez Madrid, de fusiller im-
'diatement tout mdecin, avocat, notaire ou
",atre d'cole qui tomberait entire les mains des
Espagnols; qu'en 1871, l'ordre de mettre mort
ious les prisonniers fut renuvel sous prtexte que
kI seul moyen d'en finir avec la guerre tait d'en finir,
a.ec les Cubains ; qu'en 1873, la Rpublique procla-
me en Espagne ne se montra pas plus bnigne pour
Ics Cubains. En effet, le gnral rpublicain Pieltain
approuva une circulaire secrte recommandant de
,c' pas faire de prisonniers; qu'en 1873, lorsque
C.istelar occupait le pouvoir, 53 hommes et expdi-
ti.nnaires du vapeur amricain Virginius furent fu-
sills sous la fausse accusation de piraterie. Le chef
t.pagnol ne fit cesser les excutions que parce que
I'amiral anglais, qui se trouvait cette poque dans
le port de Santiago de Cuba o avait lieu cette pou-
;.antable boucherie, menaa de bombarder la place
s, les excutions continuaient; il n'y a pas encore
trois ans, on lisait dans les journaux amricains des
annonces appelant les hritiers des victims tou-
cher les indemnits que le gouvernement espagnol
dut payer; enfin, qu'en 1877, le gnral Martinez
Campos, tant gnral en chef de l'arme de Cuba,
envoya une circulaire secrte ordonnant de ne laisser
rii're aucun prisonnier cubain.
Ce trs bref expos qui, plus complete, remplirait
a.sez de pages pour un gros volume, ne donne
qu'une ide sommaire de'la frocit employe par
I.. Espagnols contre nos compatriotes depuis plus
de 'Vingt ans. Par malheur, cette frocit est la mme
que celle don't ils font preuve dans les deux guerres
c-.loniales actuelles. Elle est caractristique chez le
Q:ul people du monde o le spectacle national est la
L':.urse de taureaux et elle ne prendrait fin que par
Intervention de pouvoirs plus forts obligeant les
Espagnols faire la guerre rgulirement ainsi que
l'exigent les principles de l'humanit et de la civilisa-
ti,:,n don't notre sicle s'honore.
Le gnral Martinez Campos, blm par les Espa-
gnols pour son excs d'humanit l'gard des
..ibains, dclara qu'il ne pouvait pousser plus loin
les measures de rigueur, parce que les Cubains soi-
,gnaient les blesss espagnols et rendaient les pri-
',nniers. Il ajouta que si l'on continuait suivre
d Cuba la ligne de conduite qu'on voulait adopter,
:. accomplir l'apophtgme historique, que l'Espagne
perdrait toutes ses possessions en Amrique par la
i.ute des Espagnols. Le gnral Martinez Campos
lut rappel et le gouvernement envoya Cuba le
ertnral Weyler lequel, ainsi que tout le monde le
sait; avait t, lors de la guerre prcdente, des-
tliu de son grade de brigadier par le gnral
Pieltain parce que sa conduite tait indigne de
l'uniforme qu'il portait cause des violations, des
'-sassinats et des abus de confiance qu'il com-
mettait tous les jours. Depuis lors, sur le sol cu-
bain les horreurs commises ne se competent plus ;
k s prisons sont remplies de suspects; les bagnes
airicains bonds ; le fils du gnral Garcia est envoy
au bagne pour le seul dlit d'tre le fils d'un gnral
cubain ; les Cubaines de distinction sont envoyes
dans les mmes prisons que les matronnes les plus
immondes et l restent confondues avec elles; le
docteur amricain Ruiz est tu coups de bton
dans sa prison ; le colonel Fonsdeviela coupe les
mains et la tte au jeune cubain Pastoriza et
tr.ize autres Cubains coupables d'avoir des amis
parmi les rvolutionnaires ; le gnral Melguizo mar-
i, rise le Dr. Delgado et plusieurs de ses families et
1i._ laisse pour morts, ce qui oblige le gouvernement
espagnol payer une indemnit, car il s'agissait d'un
iJtoyen amricain ; le gnral Molina crible de balles
nr, group de fugitifs cubains Cayo Espino.
.Aucun prisonnier n'est respect; tout Cubain pris
c:t fusill et l'on fusille galement les habitants pai-
bt-les, les paysans sous le plus lger soupon ins-
pir aux sicaires de Weyler; le nombre des excu-
ti:ons par les armes public jusqu'en Dcembre der-
1m r par les priodiques du gouvernement dpassait
n':uf cents ; les meurtres isols de vieillards, de
leinmes et d'enfants sont frquents dans l'ile entire
'et de nombrepx trangers tels que le Franais
Betharte et sa femme ont eu le mme sort que les
Cubains. Ce riche propritaire n'a pas russi se
.auver en arborant sur sa demeure le drapeau fran-


ais; les ambulances cubaines sont incendies et les
blesss achevs coups de couteau. Il est absolu-
ment interdit La Croix Rouge de secourir les Cu-
bains, et le nombre est dj grand des femmes vio-
les par la soldatesque espagnole.
Tuer, tuer toujours : telle est la consigne donne
par Weyler. C'est pour cela que l'opinion publique
espagnole a rclam sa nomination ; c'est pour cela
qu'il se trouve dans cet infortun pays; n'taient les
complications internationales qui se sont dj pro-
duites avec les Etats-Unis, rien ne le contiendrait;
et comme si toute cette hcatombe de victims hu-
maines ne suffisait pas montrer comment les Espa-
gnols font la guerre Cuba, les dernires ordon-
nances du gnral Weyler couronnent parfaitement
l'oeuvre de ruine et de dsolation qu'il s'est propos
de mener bien. En vertu de ces ordonnances, tous
les habitants des campagnes de Cuba ont t obli-
gs par la force abandonner leurs demeures et,
en leur presence, les troupes espagnoles les ont
brles en mme temps qu'elles dtruisaient leurs
plantations et leurs troupeaux, laissant la terre nue
et transformant en dsert tout le sol de Cuba sur
lequel ils'passent. En ce qui concern les misrables
paysans, sans autre resource que les vtements qui
les couvrent, on les conduit brutalement, comme,
des troupeaux de moutons, dans les villes o ils
meurent de faim, les municipalits n'ayant aucune
resource pour les nourrir, et les provisions tant
fort rares dans les villes depuis que les cultures et
la rcolte ont t abandonnes sur l'ordre brutal de
Weyler.
Voil le tableau que prsente aujourd'hui, dans le
nouveau continent, une autre le aussi malheureuse
que la Crte ; Voil dans quelle situation se trouve
un people cultiv et civilis qui n'a commis d'autre
dlit que d'aimer la libert et de dtester la tyrannie.
L'Espagne traite les Cubains de fils ingrats et d-
naturs parce qu'ils se rvoltent contre elle depuis
un demi-sicle. Pour rpondre cette.accusation, il
suffit de rappeler que ds l'anne 1854, le gnral
Concha, qui gouvernait l'le et qui fut applaudi par
les Espagnols pour avoir fait fusiller cinquante ex-
pditionnaires amricains qui avaient accompagn le
gnral Narciso Lpez quand celui-ci avait tent, en
1851, d'affranchir Cuba de la tyrannie de sa mtro-
pole, le gnral Concha prdisait que si l'on n'ou-
vrait pas pour Cuba une re de libert, il fallait
craindre une revolution . Le gnral Serrano, qui
fut rgent d'Espagne, dit galement, en 1865, que
si on n'accordait pas des rformes Cuba, il tait
presque certain que la guerre se produirait . Le
gnral Martinez Campos dit, en 1878, dans une
lettre officielle au president du conseil, M. Cnovas
del.Castillo, que les promesses jamais tenues faites
au people c.ubain et les abus de tout genre commis
par le gouvernement donnrent raison la Rvolu-
tion . Le ministry des colonies, M. Becerra, dit au
congrs espagnol, en r885, que rarement un peu-
ple s'tait soulev pour des raisons plus fondes que
celles du people cubain . Et en ce qui concern le
movement actuel, un gnral qui combat en ce
moment Cuba pour l'Espagne, le gnral Arolas,
a dit quelques mois aprs que l'insurrection avait
clat : L'insurrection' cubaine n'est pas un mou-
vement artificial ; elle est l'explosion du dgot, de
la fatigue, du manque de confiance et du malaise
d'une colonie qui, se considrant comme majeure, a
perdu compltement la foi en sa mtropole. M.'Or-
dax Avecilla, le gouverneur actuel de la province de
Puerto Principe, une des six qui forment Cuba, dit
dans une brochure qu'il a publie que le conflict
actuel est n de la politique stupid, perverse et im-
prvoyante du gouvernement espagnol ; Castelar
qui, en janvier, crivait dans El Liberal: Faisons
un examen de conscience et confessions nos fautes :
Nous les avons suffisamment expies en trois guerres
terrible, et par cela mme l'expiation doit nous
racheter et nous rgnrer. A Cuba nous avons
arrt l'volution. Nous avons maintenu l'ile inerte
sous le rgime militaire... et bientt le cri de Yara
se fit entendre. Moi-mme j'ai cette heure des
remords ; si, en effet, les problmes coloniaux
m'avaient intress comme les problmes mtro-
politains et si nous leur avions donn une solution
analogue celle que nous avons donne ces der-
niers, peut-tre aurions-nous conjur les maux
don't nous souffrons aujourd'hui, et aurions-nous
droit plus de srnit de conscience. Depuis la
paix du Zanjn (1878), jusqu' nos jours, nous au-
rions pu dcentraliser l'administration de Cuba,
diviser le commandement, accorder aux fils du pays
une participation dans leur propre gouvernement,
et nous ne l'avons pas fait... et l'tude nous dit que
lorsque l'volution s'arrte la revolution survient
aussitt , et, dernirement, un journal trs r-
pandu de Madrid, El Pais, a public, en septembre
1895, un article dans lequel on lit : Cuba a


t pour les Espagnols un lieu appropri pour
l'exercice de toutes les subornations, de toutes
les rapines, de toutes les exactions. L se sont jets
tous ceux qui ont eu faim et soif de richesses, et les
moyens par lesquels ils se sont satisfaits ne pouvaient
tre plus injustes : on a considr Cuba comme un
pays conquis et non comme un people human. Les
injustices, les exploitations sans nombre don't les
Cubains ont souffert ont dpos peu peu un tel
sdiment de haine et de vengeance que le dborde-
ment a eu lieu naturellement. Nous ne nous r-
jouissons pas de l'insurrection; mais nous confes-
sons qu'elle nous parait trs naturelle et provoque
par les gouvernements de la Restauration.
Aprs ces citations, peut-on dire avec justice que
les Cubains sont des ingrats ?
Et nous ngligeons quantit de dtails faits pour
rendre une Rvolution lgitime; par example : la
clbre communication du gnral Jovellar, en 1874,
informant le gouvernement de Madrid que l'admi-
nistration publique Cuba tait si corrompue, qu'il
tait devenu ncessaire de remplacer les trois quarts
des employs; et la rvlation du dput Dolz,
Madrid, en 1895, que pendant les derniers vingt-cinq
ans, plus de 20o millions de pesos avaient t sous-
traits au Trsor de Cuba . Et l'off persiste traiter
d'ingrats les Cubains.
Rcemment, la dernire here, M. C.novas del
Castillo a public dans l'organe official du gouverne-
ment un project de rformes qui, dit-il, seront appli-
ques Cuba ds que l'le sera pacifie en grande
parties. Veut-on savoir quelle a toujours t, en ma-
tire de rformes, l'attitude de l'Espagne l'gard
des Cubains ? Il suffit de reproduire les paroles de
M. Cinovas lui-mme, paroles que viennent de pu-
blier les journaux de Madrid: Aucun Espagnol se
tenant pour tel, aucun homme public dsireux de
conserver son credit, ne peut penser que les rformes
soient fausses en leur lettre ou en leur esprit. Il
faut les interpreter avec une sincrit, absolue, avec
une loyaut complete. C'est seulement ainsi qu'elles
seront utiles la cause de la paix. 11 faut que tous
les lments libraux de Cuba se convainquent par
les faits de la rectitude avec laquelle l'Espagne pro-
cde et tout obstacle ,qui se prsentera devra dispa-
ratre. Il rsulte de ces paroles de la faon la plus
vidente que toujours l'Espagne a tromp les Cu-
bains et qu'il ne faut rien moins que ces promesses
solennelles de M. Cinovas pour que les Cubains
sachent que maintenant les rformes sont chose s-
rieuse et non une de ces supercheries don't l'Espagne
est coutumire.
Malheureusement, il est trop tard. Le sang qui
spare Cuba de l'Espagne est trop abondant pour
que puisse tre viable une situation appuye uni-
quement sur quelques rformes infrieures celles
don't les Antilles anglaises jouissent, puisqu'elles
ont un conseil d'administration en totalit lectif,
qne le suffrage y est une vrit et non un leurre, et
qu'elles gouvernent elles-mmes leurs finances.
. D'autre part, Cuba espagnole ne reprsenterait plus
qu'un people mort, puisque toute vie s'teindrait
devant la ncessit o l'ile se trouverait de payer
seule une dette, 4oo millions de pesos de dette con-
tracte en 'son nom, par l'Espagne. Les intrts
seuls tariraient toutes les forces contributives du
pays et rien ne lui resterait pour son dveloppe-
ment et son progrs.
Aleajacta est. Ceux qui, les armes la main,
luttent dans les champs cubains pour secouer le
joug de la domination espagnole, guids par un.
chef plein de prestige, le gnral Gmez, l'ont dit
dans une forme suffisamment nette: Ou- notre in-
dpendance, ou notre extermination. Et nous qui
les secondons l'tranger, nous nous faisons l'cho
d'une si grandiose resolution et nous rptons tous :'
Ou notre indpendance, ou notre extermina-
tion.
Que l'Europe le sache donc comme le sait dj
l'Amrique ; et si pour la Crte et les Crtois, il y a
eu chez les nations les plus civilises du vieux
monde un movement de sympathie et une action
commune pour faire d'un people si noble un people
libre, qu'elles n'oublient pas, ces mmes nations, que
l-bas, dans le nouveau monde, il existe un autre
people qui mrite, avec autant de raison et de justice,
d'tre un people libre, et que l'intrt de l'humanit
et de la civilisation, pour n'en pas dire plus, exigent
la reconnaissance du droit qu'il a conqurir sa
libert.



L'Administrateur-Grant : FOURREAU.

TROYES. Imprimerie G. ARBOUIN, rue Thiers, 126'