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#OFORUES UTItS s

de la lot sur la Liquwltion judiablta e.

PAR MAX.
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* 50 Ceigimes.

Qiiad on ne veut pas enulr
la raixt, elle ne nanqui pastdq
-e faii sentir -
FRA' .LIN.

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ERRATA

Page 2 Liscz sacrifices au lieu de sacrifice.

Page 15 Lisez preleurs au lieu de emprunteurs

Page 80Lisew qui l'ont encaiss au lieu de qui l'on encaisse

Page 88 Lisez mensonger au lieu de mansonger

Page 89 Lisez succinclement au lieu de succintement
I-
Page 96 Lisez momnaie au lieu de monnais

Page 111 Lisez conersalions au lieu de conversions

Page 128 Lisez ne hlangeront au lieu de en changeront

Page 149 Apres les mots : rendant la vie impos-
sible, lisez : t Quand on ne ueul pus ecouter la rai-
son, elle nte anque pas de se fire sentir, nous
dil Franklin.

Page 153 Lisez chemins de fer au lieu de chemin de fer.

Lisez dans la note de la page 16 ; conversion au lieu
de conversion.

(5 v-., C a t4 f-e

UNErCAMPAGNE

CONTRE LE PAPIER-MONNAIE

REFORMS UTILES

PAR MAX.

PRIX : 50 Ccnlimes.

PORT-AU-PRINCE
IMPRIMERIE H. AMBLARD,
136, Rue du Centre, 136.

4898.

U0vsrsite of Florida Libratlm

AVANT-PROPOS.

A Nous offrons au public nos idees sur la
'situation commercial et economique de noire
;pays que nous avions lancees 6 la volee,
,'annee derniere, dtans Le Peuple, La Revue-
oExpress quotidienne et La Croix. Nous pen-
sons qu'en les groupant ici, elles seront re-
lues avec interel.II est un fail, c'est que notre
situation commercial el economique devient
de plus en plus mauiaise, et que rien, apres
le vote de la loi de 1'emprunt et du retrail,
n'a ded tented en vue de son amelioration.
La misere hat son plein.
II est impossible de vivre devant le haut
prix des choses de premiere necessity. II faut
done arriver faire produlire la baisse. Elle
ne se produira, cette baisse, que par la re-
forme de noire systememonetaire,

-II -
On doit done travailler i nous debarrasser
du papier-monnaie par toute sore de sacri-
fice. Si la loi de l'emprunt el du retrait ne
peut pas dlre e.eculee. qu'on emploie le
moyen que nous avons indiqun : La conver-
sion au course du change.
On se plait a dire qu'on devra entrepren-
dre le developpement di travnail avant de
penser a operer le retrait du papier-monnaie.
SC'est le contraire qui est vrai.
Le travail ne sera ddveloppc en Haiti, que
lorsqu'on aura change notre syisteme nond-
taire, fail ccsser les fluctuations diu change
et mis de la stability dans les transactions et
le prix des choses.
Qn'on nous dise dans quel pays on a ja-
mais vu prosperer le travail sans avoir en
premier lieu elabli l'ordre et la sdcuritd.
Eh bien le papier-monnaie est un agent
de disordrc en presence duquel rien ne pent
subsisler, ct qu'il faut chasser soils peine de
vivre et de nmourir dans 1'enfance.

3 Mai 1898.

s L'avilissement du papier-monnaie .-*'ontre com-
Sbien la valeur estchose pen arbitraire. La preuve que
a cette d6pr6ciation ne depend aucunement du lieu,
a de la nation, c'est que la mi'me emission exager6e
a de papier-monnaie a cu les m6mes cffets en Angle-
I terre et a ux Etats-Unis. Elle y a occasionn6 et y
a occasionne quelquefois encore, du nioius dans cc
a dernier pays, des crises formidable. Nous Irouvons
au treizieme siecle du papier-monnaie en Chine, et
a cet example fut suivi en Perse quelque temps apr6s.
I Eh bien en Chine ct en Perse, on dut le relirer, a
a cause des consequences d6sastreuses qui s'ensuivi-
Srent B ( Baudrillard, Principes et fondements de
l'Economie politique tir6s des Etudes de philosophies
morale et d Economie politique, tome I, page 25. )

Il est vrai de dire que la some de papier-mon-
Snaie en circulation n'est pas assez considerable pour
Sautoriser la hausse exorbitant de la denr6e-et de
Sla marchandise, non plus que la hausse de la
monnaie etrangrre qui a atteint une proportion tell
i qu'aujourd'hui une piastre forte represented P. 16
a d'Haiti. Mais tonjours est-il que la faute principal de
, ce malaise provient du papier-monnaie...............

SSi le papier-mionnaic Ctait un bien, s'il etait un
a salut pour les Eiats, aucun Gouvernement ne serait
Sembarrass6 dans ses finances et chaque Gouverne-
a ment n'aurait e q(u'a emetlre du papier-monnaie pour
va tre en measure de fire face A ses depenscs et se
procurer tout ce qui lui cst necessaire. 9 ( Extrait du
rapport des Ministres de l'Empereur Faustin ler. pu-
bliedans le No 30 de la Croix. )

UNE CAMPAGNE

CONTRE LE PAPIER-MONNAIE

R6formes utiles.

La question du retrait est encore palpitante
d'actualit6.
Apr6s le vote de la loi si coiteuse du retrait,
aucune measure n'est prise pour nous d6barras-
ser du papier-monnaie, tandis que l'agiotage, A
l'aide de ce paper, continue son jeu de bas-
cule, en ruinant de plus en plus le commerce
d'importation.La prime surl'or est actuellement
a 190 o/o, et le prix des objets de consomma-
tion a triple, rendant ainsi l'exislence du peu-
ple impossible. Ce taux exccssif de 190 o/o est
e plus prejudiciable aux int6erts de l'Elat. Ce-
lui-ci finira par ne plus avoir de recettes, les
importations devant diminuer en raison du
haut prix des articles imprlts, qui ne peu-
vent 6tre vendus qu'a pertes. Cet 6tat de choses
ne peut plus durer. II convient afin d'arreter la
banqueroute, do recourir sans retard a la con-
version au taux commercial pour le retrait qui
s'imrpose. Le papier-monnaie par ce moyen sera
retire de la circulation avec profit. II est cer-

-8-

tain qu'on ne laissera pas au gouvernement le
temps de tout prendre au taux l6ev6 de 190 o/o
de prime. La baisse done se fera spontane-
meit. Mais si elle ne se faisait pas, avec un
million (1.000.000) de dollars, le gouverne-
ment pourrait briiler deux millions neuf cent
mille ( 2.900.000 j gounles de cc paper. (1)
Nous ne prdlendons pas.que 1'Etat doive em-
ployer immn diatement un million de dollars
pour la conversi ii A fire. S'il pouvait I'avoir
tout de suite, tant mieux. Mais en 1'6tat actuel
des choses, cette conversion devra se faire an fur
et a measure. Avec P. 100.000 or qu'il aura r6unies,
I'Etat pourra brIler 290.000 gourdes de ce pa-
pier-monnaie,ai insi de suite.
Nous savons que le; al1versaires inliressd s
du retrait parent de banluecroutl aussit6l qu'on
suggere I'idWe de meltre en pratique le proc6-
d6 que nous venous d'indiquer.

(1) Nos devanciers avaient cerlainement plus de
bons sens que nous.
En lisant lc rapport des Ministres de l'Empereur
Faustin ler, en date du 30 Juin 1853, public dans le
No. 30 de La Croi.r. on voit qu'il eiait question du re-
trait du papier-monnaie. et le syslime preconis6e 6ait
la conversion au course du change. Eintr'autres choses,
le rapport disail : En supposant que la moiti dates
droits d'importation 'i regler en inonnaic d'Haiti soit,
pour l'annee, ce 3:00 003 piastres, cette sommne de
300.030 piastres au laux actuel de 15 pour 1 donnerait
quatre millions et demi, etc. ...Si cette combinaison
pouvait 6tre mnise en pratique, le Gouvernemnent n'au-
rait qu'i I'annonccr, et on verrait aussitot et par le
seul fait de cet avis le papier-monnaie se reliever de
son discredit et de notables am6liorations s'op6rer. i=

-9-
Mais I'Etat a des devoirs superieurs aux
leurs ; et quand des banquiers font hausser la
prime sur l'or pour s'enrichir, ils nous con-
vient a la banqueroute irr6m6diablement. Seu
element, cette banqueroute-lh sera notre mort
ccrlaine, landis que celle don't ils font 6tat
doit nous faire n6cessairepient revivre.
II faut ddgager cofite que cotite la voie com-
merciale, afin que I'Etat puisse rentrer dans ses
recelles franchement et sans biais;
Que le salaire des fonctionnaires et des ou-
vriers ne soit pas reduit A l'infini ;
Que la nourriture du people soit a bon mar-
ch6 ;
Que la consommation ne soit pas diminuee
de plus en plus ;
Que la fortune publique reprenne sa valeur;
Qu'en un mol, le people haitien vive.
Tout ce!a ne pent avoir lieu que par le re-
trail. La loi du retrait devenant lettre-morte,
il v a lieu de recourir au mode de la conver-
sion qui est indiqu6 par la force m6me des
choses.
C'est mnnie la seule facon de faire aboutir
celte loi.
Les int6resses, quand ils verront que le
gouvernement veut agir s6rieusement, ne man-
queront pas de l'aider A 6tablir la taxe de
-5 o0o privue par cette loi.
Dans notre article ( Par conversion ) du mois
d'Avril de 1'ann6e derniere, nous avions ex-
prim6 notre idWe sur cette conversion. En ce
temps-la, la chose paraissait extraordinaire. On
parlait de banqueroute, et I'on nous faisait ac-

- 10 -

croire que 1'Eiat n'6tait pas libre d'agir dans ce
sens ; que d'ailleurs, il n'avait pas de fonds
disponibles. On repLte encore ces choses.
Eh bien ces arguments ne sont pas fond6s
et ne peuvent pas se souvenir a I'cxamen.
II est averd que l'Etat est parfaitement libre
devendre son or au course du change,et de faire
tel usage qu'il vcut du paper qu'il a achetl et
qui devient sa propriMtd. C'est midme ainsi qu'il
procede pour complete son encaisse de paper
monnaie devant servir a ses depenses cou-
ranles. L'Elat peut aussi, pour un cas de salut,
renvoyer avec ou sans l'assentiment de ses crd-
anciers, le paiement de ses obligations, en
leur accordant sur les versements en retard les
m6mes intdr6ts que sur le capital. Cela ne fail
pas I'ombre d'un doute.

+
La question du retrait dtant restle sans rd-
sultat, et ce people agonisant encore dans les
6treintes du papier-monnaic, nous essayons de
revenir a la charge, et nous crovons faire
oeuvre utile en reunissant nos articles, qui tous
embrassent cette mime question, en une bro- A
chure que nous recommandons a la nmdita-
tion de nos lecteurs. C'est un travail de bonne
foi.
Nous pensions qu'il est du devoir de cha-
cun de contribuer au bien commun ; nous pen-
sons aussi que la Rdpublique, avec le concours
de sesenfants discutant loyalement ses int6rdts,
finira par 6tre sauv6e.

14 -
La fourni, travaillant en commun, finite par
d6placer des millions de grains pour ses be-
soins.
Les adversaires du retrait sont puissants, et
le plus puissant, la Banque trouve le moyen,
6 derision de prelever 1 o/o de commission
sur le montant de cc papier-monnaie en cir-
culation.
Donc, sans avoir besoin de faire aucun ef-
fort, cette Banque gagnec 38.000 gourdes par an
sur ce papier-monnaie qui nous cause dija
tant de ruine et de misere.
Son prdl6vement annuel (1887-1898) n'est pas
fait pour qu'elcl nous laisse le moyen d'operer
ce retrait de sang-froid.
Aussi, avec quel empressement nous prie-
t-elle de ne pas toucher aux affectations.
Cependant, il le faut absolument.
Nous devons done agir sans son concours et
malgr6 elle.
L'Etat pour sauver ses finances et ramener
la baisse du prix des choses, a pour devoir de
suspendre les rapartitiorsjusqu'a nouvel ordre.
Salus populi supreme lex.

S4 Mai 1898

(j
-x

o.S

F Par conversion, march !

Tandis que la bande d'Attila cherche a se
rattrapper en greffant ses pertes sur notre mi-
sere ; landis qu'elle fait monte la prime sur
l'or A 90 olo, le ministry des finances doit faire
le movement de conversion et frapper un
coup d6cisif.
Si M. Firmin est financier et s'il a reellernent
I'6toffe de l'homme d'Etat il saura les dispo-
sitions A prendre.
Par conversion, march !
C'est le moment d'attaquer l'ennemi avanta-
geusement.
Que M. Firmin batte le rappel de ses dispo-
nibles ; n'ayant que des combats d'escar-
mouches A lFvrer, il n'a pas besoin des iSmsses
de munitions ; qu'il attaque immediatement
avec ce qu'ila en sa possession : quand I'ennemi
verra qu'on sait faire son jeu, il sera forcement
oblige de haltre en retraite; car plus on mon-
tera it sa suite, plus ii fera baisser so:i pont
levis.
Que M. Firmin soil tacticien dans l'occu-
rence.
II ne doit pas oublier que la premiiere c i ndi-
tion de la manoeuvre, c'est au taux oi nous
sommes, de faire briler tout ce qu'il aura pris.
LA est le salut !
Ce serait b6te a la fin si on laissait passer
une occasion si belle de finir avec le pipier-
mnonnaie et I'agiotage qui nous ruinent !

- 13 -

Qu'on n'aille pas dire que notre arsenal n'a
pas suffisamment de munitions ; c'est juste-
ment parce qu'il n'a pas beaucoup de munitions
que nous conseillons d'operer le movement de
CONVERSION !
Soyons francs, c'est par i'agiotage que 1'en-
nemi nous tue, c'est par ce meme moyen que
nous devons finir le combat.
Que diable il faut quc la nation vive.
Mais si nous laissons la bande d'Atlila avec
nos propres armes qu'elle sait manier avec
taut d'A-propos etl de precision, sous le fatx
prtlexte d'amour-proprc. l'herbe m6me ne
poussera plus dans notre pays.
En avant et au pas de charge, renversons
sa bastille qui est le papier-monnaie !
Oui, brutlons ce fatras qui nous cause tant
de ruines, de misere et de honte !
En vain, on nous demand par qu'elle autre
monnaic la remplacer. .
Mais quand on detruit la mauvaise monnaie,
il faut bien que la bonne qu'elle avait chas-
se revienne ; c'est m6me ridicule qu'on soit
oblige de rappeler une chose si (61mentaire. (1)
20 Avril 1897

Chroniques,
I.
Ce qui nous arrive actuellement, c'est ce qui
devrait arriver a 'Egypte, si, a c6te de Pharaon,

( i ) 11 nous revient que la situation de 1'Etat avec les
porteurs d'ordonnances et des autres effects en gourdes

- _4-

il ne s'6tait pas trouv6 un homme sage pour
lui expliquer que dans les jours d'abondance,
on doit 6pargner en vue des jours de disette.
C'est bien pour n'avoir pas comprise qu'il y a
des temps de vaches grasses et des temps'de
vAches maigres que nous subissons en ce mo-
ment toutes les horreurs d'une crise gendrale.
Le commerce qui sert d'intermddiaire entire le
people et I'Elat a 0I6 atteint le premier, et au-
jourd'hui qu'il n'a plus les moyens de vivre,
I'Etat se trouve sans resources. Mais voici qu'on
veirt r6soidre la question financierc en dehors
de la question conmerccialc. Que le commerce
se d6brouille, se dit-on avec indifference !
Celte theorie pourrait avoir sa raison d'ltre
dans d'autres pays plus avanc6s et mieux or-
ganises que le n6tre. Mlais, chez nous, 1'Etat
puise presque exclusivement ses resources dans
le commerce. Abandonner l'industrie commer-
ciale, c'est exposer le pays dans une voie cer-
taine de banqueroute. I1 faut que les commer-
Cants qui tiennent encore l~ee a l'orage soient
protigCs.
II ne faut pas qu'ils soient livrls A la mnerci
des gros honnels de la finance pour tre grug6s.
Qu'on 6coute leurs doldances. Ils demandent
a grands cris A 61re dhbarrass6s du papier-:non-
naie. L'un d'eux a indiqu6 le mouvc:nent
de conversion qui ferait baisser la prime sur
I'or et leur permettrait'de continue leur; im-
portations. Par cc moyen, l'Etat aurail des
n'rtait pas encore r6gularis6e. La loi dite de co-soli-
dation ayant r6gl1 la question, le ministry actuct des
finances peut opdrer sans crainte la conversion,

- 15 -

recettes pour ses depenses courantes. On ne
dolt pas permettre aux emprunteurs de conti-
nuer leur oeuvre de destruction par l'agiotage
et I'usure.
Les meilleures intentions du monde ne suffi-
sent pas pour reussir.
En voulant d6blayer la voie commercial et
financiere du pays. on doit se garder de l'obs-
truer. II ne convient pas que les organes de
publicity restreignent leurs efforts dans l'atta-
que ou la defense de certain personnages.
II imported que tous les esprits travaillent A1o
penetrer des causes de notre malaise et A y
chercher une solution prompted et efficace.
Un fait qui parait assez strange A la suite
d'une hausse sur le prix du caf6. la prime a
baiss6 A 80 00. Qu'est-ce que le caf6 vient
faire dans le course du change ? Celui qui nous
dit que le caf6 a hauss6 et que 'or a baiss6 re s'est
pas meme den:ande, s'il n'existait pas de papier-
monnaie, quelle chose aurait-on fait baisser ?
Que de choses donnez-vous A gober, 6 Princes
de la Finance Allons, Messieurs, plus de pres-
tidigitation, et un peu plus de conscience. (1)
En attendant, que l'Etat r6agisse. Tous les
chemins conduisent A Rome, c'est vrai, mais
que l'on choisisse le plus court chemin pour
y arriver,
Cest pour s'6tre amus6 tout le temps dans
la route, qu'on est si en retard !

i 1 ) II est evident que si le papier-monnaie n'exis-
tait pas, il n'existerait pas non plus de prime sur l'or:
les denrees du pays et les marchandises 6trang6res se
vendraient h leur just valeur.

- 16 -

Nous, nous allons droit au but, et nous disons
que pourameliorer la situation, ilfaut d6truire le
papier-monnaie. Tout autre chemin nous condui-
raa Canossa au lieu qu'a Rome. Oui,'toutc autre
measure ne ferait qu'empirer la situation.
( ler. Mai 1897'
II.
Dans notre prec6dent Par conversion,
nous avions poussd le cri d'alarme, et nous
avions indique le moyen de fire baisser la
prime sur for que I'agiotage a faii monster
a 90 o00. ( 1 )
D'aucuns nous disent qu'il faut specifier pour
dtre compris ; nous n'avions pas cru nices-
saire de mettre les points sur les i, sachant
que nous avions affaire A des esprits eclairds.
Mais puisque des banquiers, dans d'autres
vues, sont venus nous dire que 1'Etat pourrait
suspendre le paiement des consolides et des
interels sur la caisse d'amortissement : mon
Dieu pourquoi ne dirions-nous pas que nous
avions compris tout cela dans le rappel des
disponibles ?
Voyez I'effel que produirait une measure qui
permeltrait A I'Etat de disposer d'une valeur
au minimum de 250.000 dollars pour commen-
cer le movement de conversion a 85 010.
Rien que la menace d'une pareille attaque
ferait baisser ; et si par entelement, on voudrtit
(1 ) En Mai 1897, la prime sur 'or 6tait a 90 00O.
Ce taux 6tait alors exorbitant. Que dire maintenant
que la prime est a 200 00 ? C'est 1'heure d'operer la
conversion a bon compete.

- 17 -

maintenir le taux a cette hauteur de 85 010, ce
serait encore a l'avantage de I'Elat qui nous
debarrasserait de plus de P. 450.000 billets.
Nous certifions qu'une pareille fourn6e ferait
baisser n6cessairement la prime sur For, ou
bien les agioteurs paieraient cher leur impru-
dence.
Ce jeu continuant, a chaque movement de
hausse. l'Etat finirait par avoir le dessus.
Le stalu-quo qui entretient la crise en per-
manence cesserait, et l'Etat qui est menac6 de
disette retrouverait ses recettes pour faire face
au service courant sans avoir besoin de recou-
rir I'emprunt qui grave chaque annie son
budget. Nos inqui6tudes cesseraient, car le nom-
bre des affam6s ne -'augmentant plus, nous
n'aurions A craindre aucune crise social.
La voie financicre ainsi d6blay6e, notre minis-
tre des finances pourra avoir l'esprit d6gag6
pour faire des combinaisons et rayer com-
pl6tement le syst6me d'emprunt, qui est, avec
le papier-monnaie, le danger qui menace notre
autonomie.
Mais voici qu'on nous dit que quand I'Etat
emprunte, c'est pour mieux sauter.
Nous voulons croire qu'il sautera dans le
sens de la chevre qui prend ses 6bats; mais
comme l'Mtat est une personnel morale qui tient
en main notre fonds social, nous craignons qu'il
ne saute comme sautent les banques qui sont
sans credit et sans capitaux.
Mais le plus cocasse, comme si ces gens se
sont donnes le mot, un autre de nous dire que
les commercants de la place devraient impor-

18 -8
ter en petite quantity. Celui-ci prdche la disette
pour mieux nous affamer. Le comble, c'est qu'il
trouve un journalist qui r6pete apres lui:
f Pourquoi nos commercants n'importent-ils
pas en petite quantilt ? i( 1 )
Helas! comment ne voit-on pas qu'en ce
moment surtout, le peu de commercants qui
reste n'important qu'en petite quantity, 1'Etat
n'aura plus de quoi faire face au service cou-
rant, et qu'il lui faudra emprunler pour mieux
sauter, si bien qu'a la fin, on nous demandera
nos douanes en garantie, comme cela se dit
tout bas.
Gare an casse-cou !
+
Nous remarquons qu'on perd touted logique
en voulant combattre ou defendre des person-
nages qui sont susceptibles d'erreur elt de fai-
blesse.
Que l'on prenne garde au moins i la misere
qui nous6treint, au probl6~me social qui sedresse
devant nous menaCant, et qu'on cherche les
moyens de rdsoudre la question financiere par
des measures pratiques et rationnelles.
it s'agit de degager la voie finarciere. Nous
avons propose le moyen de la conversion, qui
fera baisser assurement la prime sur l'or et qui
permettra A nos commercanls importateurs
d'importer, afin d'alimenter la caisse publique,
et afin que chacun, trouvant le moyen de vivre

( 1 ) En ce temps, des commergants interviews
donnirent leurs opinions sur la crise commercial.

19 -
en paix, puisse attendre la bonne saison en
toute s6curil6.
Qu'on propose une autre solution, et nous
verrons.
Ces sores de questions se resolvent avec la
plume et non avec 1'6p6e. Nous avons assez de
la chevalerie, qui nous a fait faire constamment
des tours giraloires. Quelqu'un 1'a dit et nous
le savons, avec M. Price, que tous les haitiens
sont des braves. Donc, A l'oeuvre.
( 15 Mai 1897 )
III.
Jamais au pair. ( 1 )

II est bruit qu'on cherche A contractor un
emprunt A l'Etranger pour le retrait integral du
papier-monnaie et sans doute pour changer
notre system monetaire.
Bien quenous ne soyons pas partisan de l'em-
prunt et que nous croyions que le papier-mon-
naie peut 6tre retlri partiellement de la cir-
culation sais qu'il soit besoin de faire des sacrifi-
ces on6reux tendant a engager notre avenir,
nous ne pouvons qu'approuver une tell measure,
victim que nous sommes de 1'agiotage.
Mais on se demand dans quelle condition
I~ retrait se fera avec cet emprunt ?
II serait abusif et souverainement absurde
qu'on fasse le retrait au paic de ce paper qui
(1) En mai 1897, on parlait fortinment d'un emprunt
a contractor a 1'Etranger pour le retrait du papier-
monnaie, et I'on disait que ce retrait dcvilt 6tre fait au
pair.

- 20 -

a d6jA enrichi outre measure nos Gobseks, tandis
que le taux de 1'or est a 85 olo.
Non, il ne faudra jamais commettre ce non-
sens a l'instar dc M. Calislhlnes Fouchard, qui,
lui, avait ses raisons bien justifies pouragir de
la sorte.
Aussi quand ses compagnons de fortune avaient
fini -de b6enficier de la measure, le people, qui
est toujours hl dupe des speculations v6reuses,
est rest bredouille devant les guichets de la
Banque avec en main P. 257.339, solde de P.
500.000 sorties au mirage du 15 Avril 1896.
Ce proced6 finassier n'etail pasfait pour profi-
ter au people. 11 v a la Banque et les comperes
a salisfaire pour qu'ils puisc:it nous pressure
A leur ai-e et faire monster 1 15 Ujo la prime sur
1'or qu'ils ont eu au pair. dans le but de nous
affamer et de nous pousser a des exces don't ils
profiteront encore.
C'est hien assez que cette Banque, profitant
de noireimprevoyance, ait eu dans ces derniers
temps son 114 de million par an. rien que dans
le service de noire Tr6sorerie, sans compiler ses
bh6nfices dans nos frappes, dans nos emissions,
dans nos substitutions, etc, etc ; sans compler
ses agios, scs prIlsusuraires et ses majorations ;
c'est bien assez qu'elle ait tout cela et autres
choses, meme sa commission sur I'emission des
bons du tr6sor (? ), pour qu'on ne vienne pas
encore lui permeltre avec ses copains de gagner
sans suer 85 olo sur le retrait de notre monnaie
qu'elle a avarice pour s'cnrichir sans cesse et
sans cesse, au point que des farceurs s'en vont
dire a 1'Etranger que c'est elle qui gouverne

21 -
notre pays; elle nousgouvernera, en effet, tout
le temps que nous lui donnerons des facilities
de s'enrichir A nos d6pens tout en nous appau-
vrissant. C'est bien pour cela que nous disons :
Jamais au pair ; c'est bien pour cela, et pour
faire notre affaireaibon compete, quela conversion
s'impose.
Mon Dieu qu'on applique cette measure d&s
maintenaut, et I'on n'aurapas besoind'avoir re-
cours a l'emprunt.
Quand nos Gobseks, qui detiennent ce papier-
monnaie, objet de leur affection, pour attendre
son retrait au pair, verront qu'on est en train
d'op6rer la conversion, ils front uncessaire-
ment leur movement de baisse pour n'6tre pas
pris dans l'impasse qu'ils nous ont cr66e ; c'est
alors que s'6tant prepares a un movement de
front, nous pourrons les battre en flanc, et leur
retire la pr6tention de nous imposer des condi-
tions : blocus a la Banque d'un P. l.ooo.ooo
avec 1 o[o d'int6rkts par mois ; paiement des
droits d'exportation en papier-monnaic et autres
billeves6es que des badauds out pris au serieux
et qu'ils ont la naivelt de nous recommander
emphatiquement. Dame Si on les 6coutait,
c'est la boue des rigoles que le people haitien
serait r6duit a'manger. Maisvoici qu'on dit que
le minisire des finances se content de vendre
des petits lots d'or a 85 olo, afin de trouver Ju
paper pour le service courant. Si cela est vrai,
inus dirons que c'est contraire A tout principle
d'6conomie politique, qui veut que la commu-
nautl ne soit pas sacrifiCe au profit de quelques
uns, lesquels n'ont que faire d'une monnaie qui

r6duit leur salaire a moiti6. Et puis, n'est-cepas
nous creer un exutoire 6puisant ?
Ilseraitplus ralionnel d'employer nos ressour-
ces A faire baisser la prime sur Lor au profit de
la masse des consommateurset surtout au profit
de 1'Etat qui verrait augmenter ses recetles,
puisque nos commercants, qui pAtissent du status
quo actuel, pourraient acc6lererleurs commander
qui vieidraient alimenter la caisse publique.
En agissant diff6remmnen, on condamne le
peu decommercants qui nous restent aune mort
certain, I'on se tue soi-mmie.
En vain, on nous dit que Ics exportations
ont cess6 et que I'Elat se Ironvant pris au d6-
pourvu ( ce qui est line faute ) la measure n'aura
pas son ffiet comme au milieu de notre r6colle.
Ce serait un cas que noas pourrions disculer
si nous ne savions pas, an dire mrime des d&-
tenteurs, c'est le Ion coiit de l'interview )
qu'une bonne parties de nos denrL'es se trouvenI
entass6esdans leurs dp6ts.
Eh bien! que legouvernement opeirele mouve-
ment de conversion, et vousles verrez exp6dier
ces denries pour n'avoir pas aI subir des perles
qui r6sulteront de la baisse force.
II faut voler an secours de nos commerants
importateurs.
Deji, ils ne peuvent plus resister, car apres
avoirfait des eflorts su liumains pour remiser,
leurs commetlants leur fouil dire tlu'il n'est pas
possible de continue les affaires A ce laux de
85 o/o, et qu'ils doivent attendre la baisse.
Si noscomnmerants d'ici ignorent ce fait 6cono-
mique, A savoir, qu'a measure que le prix des

- 29 -

choses augmenle la consommation diminue, et
qu'on est oblig( de raaliser avec perte, ceux de
la-bas le savent, et ils font bien de ne pas ris-
quer leur argent. Attendezlu baisse! En attendant
nos commercanls se meurent.
La baisse done s'impose dans l'interet de l'E-
tat et de la communaute.
Et c'est la conversion qui la fera.
Alors, au lieu de nous 6touffer dans une im-
passe mortelle, nous aurions ouvert une avenue
pour la libre circulation de nos importations et
de nos exportations, et fait revivre et nos com-
-merCants, et l'Etat, et tout le monde.
Mais si par impossible, puisqu'il faut que le
peuplehaitien paie les exactions, les follesdepen-
ses, les abus et les erreurs de ses mauvais Gou-
vernements ; puisqu'il faut qui'il paie aussi notre
vanity et notre insuffisance ; puisqu'il est reconnu
que le papier-mo'nnaie est l'une des sources
e notre misere et le premier obstacle A faire
disparaitre, eh bien qu'on nous d6barrasse de
cette plaie par l'emprunt ( ? ) Toutefois, nous
sentons que la conversion est plus pratique et
plus profitable, et qu'au lieu ft'dre dupes des
sp6culateurs, nous aurons les b6nefices de la
measure. Et puis, pourra-t-on attendre les retards
d'un emprunt a l'Etranger? ( caraucun emprunt
avec majoration sur place n'est admissible )
pourra-t-on l'altendre quand le mal est A son
paroxysme, et quand I'Etat, pour faire face au
service courant, auraen plus A sa charge, y com-
pris les bons du tresor, plus de P. 1.500.000 fin
septembre d'apr6s nos provisions. Qu'on y
songe. Nous pensions que pour obvier a cette

- 24 -

malheureuse situation, il faut d6barrasser, la
voie linancicre au plus tot par la conversion afin
que la baisse se faisant, le commerce puisse re-
prendre son course ordinaire et que l'Elat, par ce
moyen, puisse rentreraussi dans scs recettes.
29 Mai 1897.

R6formes utiles. (1 )
I.

Nous avons dit plus loin que le papier-
monnaie eSt 1'une des principles causes de
notre nisere et le premier obstacle a faire dis-
paraitre Aussit6t, nous avons vu se dres-
ser devant nous d'autres obstacles que le
gouvcrnement a pour mission de faire aussi dis-
paraitre, d6sireux qu'il est que notre pays aille
de l'avant, et que l'aisance et le Bien-elhe soient
le partage de la population.
C'est un fail induniable que notre pays est
essentiellement agricole.
Ne tenant notre existence que de l'industrie
agricole et commercial, on ne comprend pas
pourquoi nous n'avons pas jusqu'ici concentre
tous nos efforts vers ces deux points.
Nous avons vu voter beaucoup de contracts se
rapportant l'industric' manufacturiere, lesquels
n'ont produit que des d6placements de fonds
et des pertes pour 1'Etat dans ces recettes doua-
ni6res, tandis que rien n'a 6L6 faith dans le sens

(1) Nous 6tions en train de preparer d'autres articles
surles r6formes, quand nous avons dit nous arr6ter
pour nous occuper du Budget 1897-1898.

- 25 -

de industries agricole, cette principal branch
de nos resources. II n'est plus temps de criti-
quer ; d'ailleuis, notre elat de denilment et de
mis6re suffit pour nous renseigiler sur la con-
duite a suivre. C'esl sous I'aiguillon de la n6-
cessit6 que parfois les peuples se r6veillent et
font des prodiges.
Un fait qu'il est bon de consigner.
En 1808, apris Ina, Napoleon imposait au
roi Fr6edric Guillaume de Prusse de r6duire
son arm6e, qui 6tait de 200.000 hommes, A
42.000 seulement. C'tait sans r6plique. Le roi
reduisit en effect son armne a cc cadre restreint ;
mais ii imagine d'avoir une portion de troupes
disponibles, qui devaient rallier leurs drapeaux
au premier appel. Cc systlme reclifi par le
renouvellement partiel tous les 3 ans adopted par
la Prusse lui a donnI la preponderance mili-
taire. Depuis 1870, les autres peuples de l'Eu-
rope font adopted, et c'est au point qu'en cas de
guerre, l'Allemagne et la France pourront mettre
en ligne de bataille plus de 10.000.000 de sol-
dats instruits.
Voila un bon example que nous pourrons
suivre, n'ayant d'aulant plus rien a demeler avec
aucune puissance de la terre.
Du coup, nous aurious faith sur notre budget
de la Guerre des economies qui pourraient dtre
versees au budget des travaux publics uhique-
ment pour la 16feclion de nos routes d6foncees.
De plus, tous nos hommes au service de la
guerre, qui ne produisent rien,deviendraient pro-
ducteurs pour le grand bien de la communaut6.
En adoplant ce system que le mauvais dtat

Unversib of Florida Librari

- 26 -

de nos finances nous impose, nous aurons fait
un gigantesque pas en avant, tant au point de
vue de la richesse qu'au point de vue de la jus-
tice; car il est in just que des citoyens recrulds
pour I'arm6e doivent vivre et mourir mis6rables
sous le drapeau sans que nous soycns en guerre.
II semble que nous nous complaisions a vivre
dans un eternel etat de routine. Jusqu'ici nous
ne voulons rien f'aie dans le sens du progress.
L'dlat stationnaire est mauvais A tous les points
de vue. C'est mmn e ine loi reconnue en science
exacte, que tout corps immobile doit finir par dis-
parailre. Les nations comme les particuliers
sont soumis aux rigueurs de cette loi.
C'est un signed visible pour les observateurs,
qu'un homme public qui n'imprime pas un cer-
tain movement aux affaires tendant A l'amelio-
ration du corps social dans un delai marque,
n'a pas I'6nergie ni la souplesse de I'homme
d'Elat. Tout le nionde connait dans quel cas
&tait la France au lendemain de la guerre de
1870: desastres parlout, indemnitl de .i mil-
liards A paver. On lit choix de M. Thiers. Cet
illustre vieillard, prepare come n'ltail pas un
en France, se mit i l'oeuvre, et jouant Ic r6le
de chef du Pouvoir Ex6cutif et de premier Mi-
nistre, sous son impulsion de palriote conv;incu,
en un rien de temps, lout 'ut remis en ordre et
la France sauv6e. Toutes choses 6gales d'ailleurs,
avec un peu de bonne volonul, ne pourr-lit-on
pas manceuvrer dans le sens de M. Thiers et
rdussir, devant nous inouvoir dans un cercle
plus restreint ? ne pourrait-on pas optice- des
reformes sdrieuses dans toutes les branches de

- 27 -

I'adtiinistrafion du pays ? ne pourrait-on pas
changer notre system miiliaire d6mode que les
peuples nodernes out unanimement repudie?
r)'aucunspensentqu il serait bon de licencier notre
armee. Nous neconseillerons jamaisune pareille
chose. Mais on pourrait facilement reduire son
effeclif (1) et n'avoir sur le pied de 1'activite
qu'une portion d'hommes suffisante pour 1'ins-
truction de la nation au maniement des armes
ct pour I'habituer a la discipline militaire. En
conservant les numeros de nos regiments qui
Snous rappellent de hauls souvenirs, cette portion
de l'arm6e active que les gens du metier pour-
ront dvaluer, (2) serait tenue de passer deux ans
dans nos rIgiments et remplacee a 1'expiration
de son service par une autre mdme portion, le
service militaire Otant obligatoire pour tous les
Hailiens indistinclcment, qu'ils soient riches on
pauvres, savants on illeltres. Apres chaque deux
ans de service, les .ortants conserveraient le
num6ro de leurs regimenls et formeraient le
cadre des disponibles, alin de rejoindre leurs
drapeaux sur l'appel qu'on leur ferait au pre-
mier signal ; de plus, il y aurait lieu d'exiger
que les disponibles r vinssent chaque annee fair
des exercises durant uu mnois pendant les deux

(1) Nous venons de lire l'Expose general de la situa-
tion, et nous y constatons que le principle de la dimi-
"lnution dte l'arinee est adnms par le Pouvoir Executif.
Nous faisons des voeux pour que cela entire dans le
domaine des faits accomplis.

(2) On remarquera que notre article a ete ,crit avant
la publication de l'Expose de la Situation.

- 28 -

ann6es de leurs remplacants, ainsi de suite; I'age
du recrutement serait 18 A 23 ans, et les dispo-
nibles ne seraient lib6rds qu'A 40 ans pour Otre
verses dans le cadre de la garde national pour
la defense de nos places en cas de guerre ; ceux
qui voudraient seivir, apres les 40 ans, pour-
raient etre engages dans nos corps de police tant
administrative que communale et dans nos
corps de gendarmerie, en proportion de nos
resources.
Toujours, en proportion de nos resources, on
creerait une cole mililaire qui aurait pour but
de fournir des officers suffisamment instruits
pour les placer dans nos regimenis, avec pro-
motion suivant leur anciennelt et leur savoir.
Nous aurions de cette facon, des g6enraux de
carriere pouvanl manoeuvrer nos corps d'arm~e
sur un champ de bataille.
On voit done qu'on pourrait avoir, en cas de
danger imminent, une forte armne territorial
initiee au maniement des armes, puissante par
I'instruction qu'elle aurait reque et par son appli-
cation a la discipline militairc.
Ce proced&, mis en pratique sans retard, ren-
drait A l'industrie agricole des milliers d'liommes
inoccupes qui iraient dans nos champs grossir
le nomlre de nos rares travailleurs et faire aug-
menler la production.
Cet obstacle une fois surmonid, on Iravaille-
rail imm6diatement A la rdfection de nos routes
avec les resources 6conomisees sur les d6penses
de la guerre ; car sans route, pas d'agricullure.
Nous ne prdtendois pas qu'on puisse avoir de
bonnes routes tout de suite, mais on pourrait,

- 29 -

pour le quart d'heure, combler les casse-cou; ce
travail repCt6, sous la surveillance d'hommes sp.
ciaux pour cefait choisis, on arriverait stirement
dans un court dalai a avoir des chemins pour
nos pistons. Le chemin de Thor Carrefour peut
6tre pris pour module. Et, n'est-ce pas 1l une
condannation pour nos gouvernementsque 1'ex-
president, pour satisfaire A un besoin person-
nel, pouvait en un rien de lemps, taire am6lio-
rer cette route jusqu'a la rendre voilurable. Pra-
tiquons le bien. Rien qu'en employant P. 300.000
A ce service d'urgente necessite, ( ce que, soit dit
en passant, la Banque nous prend pour fair
nos entrees et nos sorties de fonds ) on pourrait
employer des escouades formant un miller de
travailleurs dislribu6s sur nos grades routes A
P. 5 chaque travailleur par semaine ; I'ann6e
complaint 52 semaines, la d6pense ne serait que
de P. 260.000; on pourrait aussi payer, on le
voit, dans cette valeur de P. :300.000, les chefs
d'dquipes et les surveillants attaches a cette
utile besogne.
On peut avoir une idWe du travail qu'on au-
rait accompli de cette maniire. Ce n'est pas de-
vant cette d6pense pour des manoeuvres emplo-
yds a un travail d'utilit6 publique que nous de-
vons reculer, les contracts de faveur que nous
avons volds b6dnvolement, nous enl6vent plus
que cette valeur dans nos recettes douani6res ;
ct puis, la grande d6perdition de nos dcnr6es
pourries sur place, faute de voie de transport
sans complex I'ainimation dans nos plantations,
nous d6dommagerait largement de cette dPpense.
Nous aurons accompli une oeuvre de prosp6rite

- 30 -

et de charity A la fois. Nous savons qu'on vou-
drait entreprendre ce travail par le proc6dd
vexatoire de la corv6e, mais le travail du cito-
yen dans un Etat libre doit 6tre payv, et I'on ne
faith bien ce qu'on a a faire qu'en etant pay6.
X
On parole beaucoup de l'agriculture, peut-6tre
rnmme qu'on nous rangera parmi'ceux-l qui en
parent inutilement ; mais une v6rilt doit etre
rpdtdee sur tous les tons pour 6tre a la fin com-
prise. Quand on comprendra l'importance de
agriculture chez nous, et qu'on se meltra a la
reliever, on aura tout faith : car avec la richesse,
on pourra avoir l'instruction, la science, la mo-
ralite. la conduite, les bonnes relations, le cr6-
dit, etc, etc ; et les pouvoirs publics pourront
mieux reformer les abus, supprimer les entraves
et nous donned la security, l'ordre et la justice.
Notre sol ne refuse pas de produire, et nous n'a-
vons pas besoin de charrue pour planter; mais
ce qui decourage nos cultivateurs, c'est le moyen
de transport qui leur manque ab.olumenl.
Comment veut-on, en cumscienue, que des
hommei travaillent de bon coeur, quand ils
savent qu'ils n'ont pas les mnoyens de faire abou-
tir leurs products sur le march ? comment
le vent-on, quand ils savent quc le travail du
transport est plus dur que celui de la plantation ?
Pour ne pas abandonner compl6tement la cul-
ture, il faut que ces homes aient une foi ro-
buste et qu'ils soient d'une bonne volont6 sais
pareille, ou qu'on les force Ai vivre sous le rd-
gimedela gl6be carde quoi ont-ils jamais cu be-
soin pour vivre, tandis qu'on n'a janais pens6 a

- S -

aml6iorer leur sort ? De quelques grains de sel
et d'un rien de salaisons. Hue la b6te b6chez,
produisez et, bien que vous n'ayez pas de mo-
yen de transport, accourez tout de meme en
ville avec vos produils.
Il nous semble que c'est i nos cultivateurs
' qu'on peut appliquer ces lignes de La Bruyere :
(i On voit certain animaux farouches, des
miles et des femelles, ripandus dans la cam-
pagne, noirs, livides, nus et tout brules du so-
leil, attaches A la terre qu'ils fouillent et re-
inuent avec une opiniitret6 invincible. Ils out
comme une voix articulde, et, quand ils se lvent
sur leurs pieds, ils montrent une face humane,
et en effet, ils sont des homes. ,
Cependant, ce sont ces homes qui nous per-
mettent d'etre ce que nous sommes, Pr6sident,
Ministres, S6nateurs, Diput6s, Magistrats, G6n6-
raux, etc, etc; ce sont eux qui nous permettent
.d'etre ind6pendants, et nous n'avons jamais pen-
s6 A eux, sinon que pour aller les chercher et
las faire se battre entire eux pour la satisfaction
de nos mesquines ambitions.
On dit que Louis XIV, A la lecture de ces pa-
,roles de La Bruy&re, se r6veilla comme en sur-
saut, et fit entreprendre la reforme des abus.
Puissions-nous imiter l'exemple de ce monarquc
superbe que la postWrit6 designe sous le titre
de grand roi. II n'est plus temps de tergiverser:
bon renom et necessilt obligent.
En ameliorant le sort de nos cullivateurs, con-
trairement a ce qu'en pensent les egoistcs, nous
aurons fait un pas immense vers le progress et
la civilisation. Nous serons riches avec eux et

- 32 -

en m6me temps qu'eux. Or, un people riche
impose n6cessairement le respect et la consid6-
ration, et trouve le moven d'evoluer avec le
concours de ious.
Qu'on y pense.
En r6sum6, nous avons a fire disparaitre :
1 0 Le papier-monnaie et notre systlme mo-
n6taire, cause de l'avarie de nos finances;
2 Notre svsteme militaire d6mode. en 1'ins-
lituant d'apr6s les principles des peuples de 1'Eu-
rope, routes choses gales d'ailleurs;
3 r Le mauvais 6tat de nos routes pour faci-
liter le transport de nos products.
Ces obstacles surmontes, nous aurons sensi-
blement ameliord notre 6tat de mis6re present,
et pourrons organiser notre nationality dans le
sens des peuples modernes.
Pour arriver A cette fin, que nous faut-il? -
Un peu de bonne volont6 et le sacrifice de nos
petits int'r6ts sur I'autel de la Patrie.
( 26 Juin 1897. j
II.

Puisque le choix du Prdsident de la IR6pu-
plique repond A 1'attente de la population en
appelant a ses c66ts des homes de m6rnr' in-
contestable qui, de plus, sont des garanties
pour les liberals publiques(l), puisque nou; pou-

1 II s'agissait de MM. Lux. Cauvin et A. Dye:- qui
venaient de completcr le Cabinet, lors de la so! tie de
24M. A. Firmin et V. Douvon. MM. Lux. Cau:vin et
Dyer rdpondaient A l'attente du pays pour lcur savoir
et leur divonement A la patrie.

- 33 -

vons esperer que les r6formes vont avoir lieu
dans la measure du possible et sans forcer aucu-
nement la toile, nous alions reprendre nos
etudes un moment interrompues. Nous sommes
de ceux qui pensent qu'il ne faut jamais d6-
sesperer du sort de la patrie, et qu'il n'y a pas
d'hommes indispensables dans les functions pu-
bliques ; nous pensions en m6me temps que s'il
y a quelqu'tn qui a plus d'esprit que M. de
Voltaire, c'est assur6ment tout le monde.
C'est ce quelqu'un-la qui forme l'esprit pu-
blic dans tn Etat, et qu'il fait bon d'dcouter
son avis pour bien gouverner. ( Souvent on a
besoin d'un plus petit que soi D dit le bonhom-
me Lafontaine.
C'est que ce plus petit reste dans sa sphere,
et sans avoir la pr6tention d'etre universal, -
et parce qu'il n'est pas universal, ii se rend
fort dans ce qu'il a appris.
Aussi, il se mefie et l'on doit se m6fier avec
lui de ceux-la qui pretendent qu'ils sont une
encyclop6die vivante, quand on sait que toute
une vie d'homme ne suffit pas pour approfon-
dir m6me une seule parties des connaissances
humaines.
Bref, nous revenons 'i nos chers moutons,
ou plut6t a nos routes d6fonces.
On se souvient que, dans notre prc6dent ar-
ticle, parlant d'Agriculture, nous avions faith
remarquer que 1'un des obstacles qui empd-
chent son d6veloppement, c'est le mauvais dtat
de nos routes, et nous avions indiqu6 de quelle
mani6re 1'Etat pourrait y remCdier.
D'aucuns pensent que si l'Etat, dans les re-
.* ." 'j -.

34 -
formes a op6rer du c6t1 de 1'armie, pouvait dis-
poser d'une certain valeur pour nos routes pu-
liques, il ferait bien de s'entendre avec une
compagnie, qui, moyennant tant par an et sui-
vant les travaux opdrds, s'occuperait d'y jeter
des voies ferries tout en faisant leur refection.
C'est une idde qui demand Ai tre approfondie,
mais qui ne peut Otre appliquee qu'ulterieure-
ment, tlant donnas les retaids d'une pareille
entreprise.
Pour le quart d'heure, ii s'agit d'aller au plus
press ; et le plus pressed, c'est de combler con-
venablement nos casse-cou et de faire dispa-
raitre les crevasses de nos routes qui de-
viennent de vWritables lacs en temps de pluie.
En vain, nous dit-on, ce serl toujours A re-
commencer, d ant donnee l'action des autoritls
militaires qui s'insinuent dans tout, m6me
dans ce qui ne relive pas de leur competence
pour le motif qu'on sait et qui fait que rien ne
se fail plus. Que d'argent n'a-t-on pas deja dd-
pens6 pour que ces messieurs fassent jeler des
pailles de bagasses dans les crevasses de nos
routes, lesquelles pailles pourrissent aussit6t
I'averse ? En v6rit6, nos routes sont un v&-
ritable tonneau des Danaides qui 6puise les
resources de 1Etat.
Mais dans I'occurence, il faudrait interdire
leur action, et s'en remettre f des gens du md-
tier d6lIgu6s par le d6parlement des Travaux
publics.
Aussi, avec quel plaisir ivons-nous vu rap-
porter la loi qui instituait les inspecteurs de
culture. Certes, cette loi 6tait bonne en soi ;

mais ces inspecteurs n'l6aient autres que nos
fameux chefs de section qui n'inspectaient rien
du tout. Nous nous trompons, ils inspectaient
les champs clos des coqs de bataille ; affubls
de leurs epaulettes, ce sont eux qui president
a ce jeux immoral qui deprave les moenrs de
nos campagnards ; et, se mntamorphosant en
juges souverains, ils tranchent sans facon leurs
, diffrends ; ces messieurs-l sont maitres et sei-
gneurs dans leur commandement ; ils ne relvent
que des commandants de commune, qui, quand
its ne participent pas avec cux, ferment les yeux
sur leurs faits et gestes. II faut les voir les jours
d'audienceaux IlItels d'arrondissement faisant
des rapports et recevant des instructions con-
cernant l'agriculture don't its se moquent, et ne
retenant que les exactions A commeltre.
En v6ritl, avcc de pareils 16ments, rien de
bon ne peut se fair du c6ti de l'agriculture.
Et dire qu'il existe un d6partemcnt ministd-
riel pour cette branch, qni est l'une des ma-
melles de 1'Etat.
Pour une fois, le chef de ce d6parlement doit
faire une tournde g6ndrale pour tout contr61er
de visu !
Mais il laisse ce soin, et de faith c'est dans
leurs attributions, aux commandants de com-
munes et d'arrondissements. qui, eux-mmnies,
s'en rapporlent aux chefs de section, et............
vogue la galore !
Mais vienne une reparation sur nos routes,
aussit6t ils se transforment en Germanicus et
font entendre a cor et A cri que 1'Agriculture

36 -
est leur fait et que nul ne peut mieux faire
qu'eux.
Qui oserait ne pas les dcouler ?
Ils ont tous A la bouche, sans avoir l'ime de
Scipion, qu'ils ont sauv6 la R6publique, et qu'on
doit tout leur donner, m6me quand ce serait
our nous faire perdre reellement cette Repu-
blique.
II est temps, grand temps, de metire ordre a
tout cela, et chacun A sa place.
A chacun selon sa capacity. et a chaque ca-
pacit6 selon ses oeuvres.
Dame parce qu'un monsieur se trou,'e en
possession d'un titre qui est l'apanage des hom-
mes de carri6re et d'6lude, il croit qu'il est pro-
pre a tout devenir par la grace de sa volont6.
Mais c'est de6j un abus d'etre general quand
on n'a pas 6td soldat et officer dans les rangs.
Jugez maintenant quand on veut 6tre ing6-
nieur des points et chaussees sans avoir fait des
6tudes pr6paratoires.
Quoi d'61onnant, remetlantla chose A de telles
mains, que nos routes se transforment en bour-
Iier et soient dans un 6tat qui emp6che A nos
campagnards de descendre en ville avec leurs
products, malgr6 leurs efforts et les d6penses
qui se font A cetle fin.
'II est temps qu'on organise tout cela sur un
pied convenable.
Mais on nous dit: de quoi vous m6lez-vous ?
Posilivement, nous en melons, parce que
nous sommes haitien, et qu'ensuite, nous sa-
vons, avec Sully, que le commerce et rAgricul-
tuie sont les deux mamelles de 1'Etat, et qu'en

87 -
les negligeant comme nous le faisons, nous
nous condamnons A la diselte et A la misare,
tandis qu'en nous occupant serieusement de
ces.deux branches de notre unique industries,
nous ferons venir le Bien-dtre au sein de nos
popular ions.
Or, le but i alteindre dans un Etat, c'est
d'organiser de facon A faire le plus grand bien
a tous.
31 Juillet 1897

A propos de Liquidation judiciaire. (1)

On a sembl rejeter tous les d6sastres de la
crise que traverse notre commerce sur la loi dite
de la, liquidation judiciaire sans se donner la
peine de se renseigner quel L6ait son etat avant la
promulgation de cette loi.
On doit se souvenir qu'apres la crise de crois-
sance de 1890 qui annonqait celle que nous subis-
sons en ce moment d'une facon si mortelle, ai-
cune measure n'a 0t6 prise par le ministry des Fi-
nances del'6poque qui nes'eLait mime pasrappel6
l'histoire si connue des sept vaches de la Genese,
ce qui s'apprend au scuil mtme p I''conomie
Spohtique.
Loin de la, on faisait ripaille de cette abondance,
qui n'a pas dLt de longue duree, car le commerce
se mourait de plethore un an apres, et son impor-
tation diminuait sensiblement en portant la disette
dans la caisse du trdsor. Ce fut le point dedepart
de la debacle..

.(1) Voir A I'Appendice la loi sur la liquidation Ju-
diciaire.

- 88 -

Bref, nous naavons pas A nous appesantir sur
cette faute de 1'epoque d'ailleurs, pour des es-
prits qui n'ont pas fait de 1'economie politique
une etude sp6ciale, cette science ne peut etre.
qu'une science d'observation. A tout pech6 misd-
ricorde.
Aussi bien notre but n'est pas de critique
personnel. Nous avons voulu rappeler aux ddtrac-
teurs de la loi sur la liquidation judiciaire qu'en
1892, alors que la crisede croissance signalde plus
haut se transformait en crise de disette, Ic tribunal de
commerce de Port-au-Prince, qui de tradition a
toujours possede un petit noyau de tltes solides,
avait essay, en dehors de loi dcrite, de liquider
qcuelques maisons en suspension de paiement.
On tlit arrived a cette mesurc, en envisageant
que notre pays ne possede aucune institution de
credit, et que le commercant en Haiti est expose
trop facilement a 6tre mis en faillite. Nous par-
Ions bien entendu du commercant stranger fai-
sant le commerce en Haiti,car le commercanthaitien
quand ii se trouvc acculd, a toujours eu recours
a la loi sur la cession judiciaire.
Cette measure rappele plus haut, qui Mtait sage
et qui pourrait arreter la crise en sa march ra-
pide n'deait la gene du Gouvernement d'alors, a did
approuvde tantdes commercantsquedes avocals, a
preuve que Me Justin Dvot lui avait consacrd'une
6tude magistrate dans la revue de Ldgislation du
2 Juillet 1892.
Mais alors come aujourd'hui, il s'tlait trouv6
des gens a esprit dlroit. au cerveau ddprime. qui,
soil par ignorance, soit par calcul, soit par des-
s6chement de coeur, critiquaient et blAmaientla
measure.
Il s'ltait trouvd m6me des juges qui n'ont ja-
mnais su cc que c'est que le commerce, et ses obli.
nations, et ses deboires, pour casser un de ces ju-

gements sous le specieux pretexte qu'il n'avait
de fondement dans aucune loi ecrite. Ces forma-
listes n'ign.orent pas cependant que l'usage a
consacr6 bien .des lois qui sont nees de la neces-
site du moment. S'ils s'6taient donnws la peine
d'examiner la question, ilsauraient compris qu'en
France, avant la promulgation de la loi sur la
liquidation judiciaire, plusieurs tribunaux avaient
jug6 dans ce meme sens.
Mais en l'absence de loi ecrite, fallait-il laisser
perir le commerce en Haiti comme la chose est
arrivee.
Quand on faith le bien uniquement pour secou-
rir ses semblables, on est vite ddgoftl devant la
critique de gens, qui croient avoir seuls le mo-
nopole de la probity, a moins d'6tre des Vincent
de Paul. ,
C'est ainsi que les juges du tribunal de com-
merce n'avaient point continue la measure qui, dit
Me Justin Devot, (donnait satisfaction A un be-
soin social bien accuse et bien evident.D Les
choses en dtaient 1a, et le commerce en Haiti
trainait sa misere, rong6 par I'usure et l'agiotage,
quand deux importantes masons en France, ayant
de nombreuses attaches en Haiti, out brusque-
ment suspend leur paiement, et fuient mises en
liquidation judiciaire.
L'injustice serait alors trop crialnte que des vic-
times de Postel et de Simmonds et tutti quanti
fussent mises en faillite en Haiti, quand ces bon-
nets de la finance ont bindficii d'une loi protec-
trice de leur pays.
Nos chambres alors, sous la pouss6e de l'opinioan
voterent la loi sur la liquidation judiciaire.
Cette loi repond absolument au besoin actuel de
notre commerce. Elle n'a pas Wte crde pour deux
ou trois favorisds come on semble l'insinuer.

40 -

Nous 1'avons d6montr6 suffisamment pour ne pas
insister l1-dessus.
Noussavons que quelques conmercanLs, qui ont
Icur credit interrempu i l'6tranger, croient que
c'est par le fait decelte loi. Ils sont encore dans
I'illusion de la poule aux ceufs d'or; elle est murte
parce qu'ils l'ont Irop bien soignee. Dame on
n'estpas si novice li-bas pour ne pas savoir que
quand onn'a pas de credit chez soi, c'est la na-
vetle qu'on lait avec la merchandise qu'on recoit ;
que finalement, la choseallantce train, on n'aura
plus ren at offrir i ses cr6anciers. La premiere
perte 6taiit la meilleure, on aime mieux s'arr6ter,
saufi vous faire rcndre gorge au reglement final
C'est done a tort qu'on cherche i taire de cette
loi le bouc-6missaire charge des p6ch6s d'Isra&l.
Elle est venue nous r6veler simplement le dilabre-
inent de notre commerce, qui a 6td saign6 des
quatre membres. Elle n'a pas le pouvoir d'enrayer
la crise ;elle ne peut que concourir t faire acce61rer
sa tin.
Voilh tout.
*4
Nous avons dit que notre pays ne possede au-
cune institution de credit ; il en possede une ce-
pendant qui luifait le plus detort possible, n'etant
pas conlOl66e nidde pr6s ni de loin.
La Banquedite national, apres avoir surexcile
la liivre de speculation pour se faire des bn6efices,
apres avoir pouss6 le commerce d'imporlation
a depasser les nornes de la consommation, apres
avoir faith naitre la crise d'abondance, a 6te
la premiere, devant la mevente des stocks et la
ghne du Gouvernement, a jeter la panique dans
no'tre march. Elle fut suivie par ses satellites dans
le recouvrement de ses fonds.
On vit alors celtechose effrayante qu'on nomme

- 41 -

la crise, cette vache maigre et laide qui engloutit
tout, saisir le commerce en pleine croissance, le
terrasser et le jeter sans dt'ense a terre. D6s lors
le commerce fut malade et condamne. Si encore
it se troiivaitquelques 'e6decins habiles pour le
secourir a temps ; mais c'dlait des charlatans, qui,
ne comprenant rien de sa situation, et ne pouvant
point mesurer l'6tendue de son mal, I'empoisort-
naient au contraire avec leur dose d'emprunts, de
taxes, de surlaxes, demonnaies divisionnaires, de
frappes, de substitution, etc, etc.
Voyez-vous la chose d'ici.
Et la Banque d'applaudir !
Maissi nous allions vous fire voir le c6 6fantas-
tique des depenses et quell deluge de contracts nous
inondnit, vous auriez compris pourquoi la crise a
dur6 si longlemps et se trouve en ce moment h son
degree mortel, vous auriez compris cette compres-
sion du commerce pour qu'il donnat des recetles,
vous auriez compris pourquoi notre sire la Banque
applaudissait ; car il est ecrit que toutes nos be-
vues doivent lui profiter 6tant donn6 qu'ellescon-
tribuent h fire hausser sesactions.
Dieu qu'on cst expose avec les charlatans de
nos finances et cette banque qui joue avec cux
comme joue le chat avec la souris !
Quand on se rappelle qu'il nous faut vivre avec
c.e famClique a longues dents pendant encore 35ans,
on a du frisson dans le dos ; car avec Iotre im-
pr6voyance, il finira par nous manger compltec-
ment.
Et l'on voudrait que le commerce rEsistatdevant
un tel assault de vice et d'ignorance !
Pensez done que les pauvres commercants ainsi
pris dans I'etau, Rtaient obliges de rembourser
au pair I'argent qu'ils avaient pris A 40 o0o a i'e-
poque m6me des m6ventes de leurs marcbhndises,

- 42 -

qui se gataient et qui furent l'objet de leur de-
solation. Ceux qui nepouvaient pas rembourser
intdgralement (et ce fut le plus grand nombre)
6taient obliges de recourir a I'emprunt pour le
surplus. On leur donnait alors du papier-monnaie
qui, 6 derision valait I'or et qui fut rembours6 A
20 olo.
Qui done a pu resister a ce jeu de bascule ?
Its furent tos frappe .
Et les parasites qul lessucaient, et les courtiers
marrons qui let poussaient a la speculation, et la
tourbe des badauds qui passent leur vie dans les
cafes et les restaurants, les uns c:mnprenuant, (ce
sont les m6chan-s) les autres ne camprenant rien
a'ce qui se faith (ce sont les naif.) t:us en choeur
gueulent qu ils sont des coquins.
Nous voudrions les voir A la tache et lutter
centre le sort pendant six annees angoissantes pour
sauver leur honneur apres avoir perdu leur avoir.
Cesont ceux-la, e: quelques interess6s qui vivent
uniquement de contracts et de la caisse publique.
ce sont ceux-la qui parent mal dela loi surla li-
quidation judiciaire. Aentendre ces robustes pares-
seux, on croirait que c'est de cette loi que nous vient
tout notre malaise actuel. Non, cette loi n'est pas la
cause de la crise. Sa cause a son origine dans
l'erreur conomique de nos gouvernants, qui n'ont
pas su epargner les revenues de I'Etat ; qui les ont-
au contraire gaspill6s follement en vous gavant,
sans penser qu'il y a des temps de vaches grasses
et des temps de vaches maigres. Le commerce,
cette victim, a pay6 cette erreur A ses d6pens.
Plaignez-le.
La lecon est dure, mais elle est n6cessaire pour
notre education plus que toutes nos revolutions,
puisqu'elle nous force A op6rer des r6formes. (1)
(1) Nous avions cru que les r6formes projetCespar le
Cabinet du 17 D6cembre 1896 dans son prog-amme

45 -
Puissent ces rdformes etre vraiment 6co-
nbmiques et propres it mettre un frein aux
exigences, de la Banque et de ses satellites dans
leurs appetits voraccs !
-

Mais quand s'arr6tera cetle crise si longue el si
morlelle ? Dieu seul le sait.
Aucune puissance ne l'emp6chera de fire son
course natural, nulle prIcaution n'ayant 6t6 prise
a son origine. Mais la loi sur la liquidation judi-
ciairepeut aider a sa fin. Elle est utile pour dd-
blayer la voice com.nerciale des debris de masons
qui I'obstruent, et qui genent I'Etat et le rest.
La force qu'exerce I'orgueil sur le commercant
en Haiti est grande. II se trouve tout honteux de se
savoir vaincu. I1 lutecra en ddsesper ; il vendra tout;
il restera nu et sans pain pour empchler que des
intrus viennent fourrer le nez dans ses affaires.
Bien des maisons qui n'ont pas un sou de credit,
et qui sont condainnees par ce fait h la ruine sans
remission, essavent encore de resister. Leurs pro-
pridtaires dansleur illusion croient que des mi-
racles se front en leur faveur. La est le mal. car
ils arriveront i n'avoir plus rien i offrir a leurs
cr6anciers, et pourront dans leur enthtement ne
pas pouvoirjouir des benAlices de la loi sur la li-
quidation judiciaire. Cependant, ils n'ont point
mange le bien d'autrui ;ils se sont laisses plut6t
manger jusqu'a la mcelle.
On doit avoir le courage de dire la verili.
Quand les branches d'un arbre sont pourries,
on les doit couper pour que de nouvelles branches
reparaissent verdissantes et pleines de seves.

du 4 Janvier 1897 allaient avoir lieu. Quoiqu'il en soit,
nous croons que cc Cabinet dtait animin de bonnes in-
tentions.

- 44 -

C'est fort a dire, mais on doit le dire, en ce sens
qu'il faut que le people haitien consomme et vive.
Les disparus dans la tourmente seront rempla-
c&s. Ceux qui resteront et ceux qui viendront,
sauront, ayant subi la lecon et etant renseign6s,
mettre en pratique les conseils du bonhomme Ri-
chard, A savoir qu'il leur faut bien soigner leurs
propres attaires avant celles desautres, ce qui leur
permettra d'avoir la vie plus longue. On voit done
que la loi sur la liquidation judiciaire tire son
utility de ce qu'elle tend A ddblayer la voie com-
merciale.
Eh que vouliez-vous qu'elle fit de plus et de
mieux!
Elle recoit les kclopes dc notre commerce, qui
s'en allaient mourants, ayant lutte, combattu,
qui sont 6puises, ecrases, vaincus par l'usure,
I agiotage, la taxe et la surlaxe. Elle leur dit : (tu
as 6t6 malheureux, les circonstances out W66 contre
toi, tes enncmis 6taient puissants el redoutables,
liquid tes affaires sans encourir la perte de tes
droits civils et politiques.
( Malheur a toi, si tu as fraud tes creanciers,
qui sont autant malheureux pour t'avoir
aidd dans tes luttes, car alors tu seras mis en
laillite !)
Devant une measure si sage et d'une utility social
si evidente, on trouve des gens qui n'ont jamais
rien appris, d'autres qui ne connaissent rien du
commerce, s'ils savent quelque chose, pour venir
vous dire que la loi sur la liquidation judiciaire
est mauvaise.
Qu'cn savent-ils ?
Cc qui estmauvais, c'est le syst6me des douanes
qui tuent notre commerce national, en permettant
entr'autres, aux plus hardis, a des aventuriers sans
feu ni lieu de s'enrichir par la contiebande,
tandis que nos petits commercants, honnetes et

- 45 -

probes, succombent sous le coup des droils,
taxe etsurtaxe, prdlevds sur leurs importations;
Ce qui est mau''ais, c'est le systeme d'emprunt
preconise par nos gouvernants qui a fait monster
I'intdr6t de 1'argent jusqu'h 24 olo I'an non comper
le remboursement en or des billets ;
Ce qui est mauvais, c'est le papier-monnaie, qui
favorite l'agiotage avec ses bascules, ses sauts et
ses soubresauts ;
Ce qui est mauvais, c'est notre finance avarice,
qui permet aux agioteurs de faire monster la
prime sur l'or jusqu'a 90010 ;
Ct qui esl mauvais, c'est. .... iais qu'allons-
nous fire dans cette galore.

Voyez la loi nalurelle et 1'enchainement des
choses.
On dit que ceux-la qui pressuraient I'Etat et les
petits commercants avec leur propre argent, ceux-
la sont prisdalnsl'engrenage, et qu'ls vont euxaussi
hineficier de la loi sur la liquidation judiciaire. ,1)
La vache maigreet laide les mange A present.
Ite missa est . .
C'est le cas de se rappeler ce vers de Lafonlaine,.
dans les animaux malades de la peste :
rlls ne mouraient pas tous, mais tous 6taient frappes. n
II n'y a done que la loi sur la liquidation judi.
ciaire pour guerir nos 6clop6s et rcdulariser la si-
tuation de tous les commercants en Haiti.
23 Aril 1897.

(1 Beaucoup de maisons en Europe s'etaient fait
meltre en liquidation judiciaire et semblaient entrainer
quelques-unes d'ici qui possedaient des traites pro-
testees par elles.

- 46 -

A propos du Budget 1897-1898.

Depuis que nous nous sommes appliqu hi iu-
diquer les obstacles a fire disparaitre, nous
nous senlons tout plein d'esperance, bien que
rien jusqu'ici n'ait 0t6 fait.
Les esp6rances, dit J. B. Say, marchent de
front avec les obstacles.
Nous croons fermement que quclque chose
se fera bon gre, mal gre.
Eh n'est-ce pas deja faire acte de bonne vo-
lonte quand on s'arr6te rien :u'en reconnaissant
les consequences des exccs.
II n'est pas un esprit kclaire qui ignore que
quand les ibus sont prevenus et combattus, le
moindre pas qu'on fait en avant esl deja un bien
immense.
Nous ne disons pas cela pour qu'on reste sta-
tionnaire : mais on doit se rendre compete qu'il
n'est pas facile de d6raciner du jour au lende-
main tout un syslime qui tient de notre tem-
peramment auloritaire.
II est bon d'etre oppor'uniste a l'occasion
car quand on veut aller trop vite, on court
risque de chopper. C'est dejil un grand bien de
pouvoir dire ce qu'on pense ; ce bien-ld pri:;.e
a notre avis, car it n'est pas possible qu'il n'en
fasse venir bien d'aulres. Lorsqu'on est eg:iar
dans une fort. et qu'on est entour6 d'enneniis,
pensez-vous qu'on ira chercher le chemin par
lequel on y dlait entree ? Ce serait alors faire le
jeu de cevx-ji qui vous bouchent le passage.

- 47 -

. 11 n'y a que les sols qui soient't1tus.
Pourquoi l'art de gouverner est une politique ?
C'est parce que celui qui le poss6de sait ma-
noeuvrer pour arriver a ses fins sans faire de
tapage.
On ne doit pas croire les autres inactifs, parcel
qu'on est soi-m6me bruyant et boute-en-train.
Nous ne savons pas les vues du Gouverne-
ment; mais nous pressentons le renversement,
dans l'ordre 6conomique, de quelques obstacles
sous peu.
Notre Rdpublique, quoique souffrante, n'est
pas perdue ; et ce qu'il y a A faire pour la sau-
ver est trop peu pour qu'on se metle a deses-
perer de son sort.
Le gouvernement a retabli l'ordre dans nos
finances; les gaspillages ou les abus cessant de
ce c6t, si l'on sait s'y prendre on pourra ma-
noeuvrer pour tenter quelque chose.
Tenez, ne pourrait-on pas chercher A unifier
les dettes de l'Etat. en s'entendant au taux de
80 olo avec les porteurs d'effets payables en
billets ?
Ne pourrait-on pas op6rer des retraits parties
de noire papier-monnaie en convertissant au
laux du course ?
Un movement dans ce sens ferait baisser as-
surdinent la prime sur 1'or et permeltrait a
I'Etat de rentrer dans ses receltes douanieres
par les importations que feraient les commer-
cants qui ont pu resister jusqu'ici.
Celte baisse acliverait la consommation et
donnerait la vie a notre commerce qui n'en peut
plus.

- 48 -

Qu'on fasse un essai de cette measure, et l'on
verra le bien qui en r6sultera.
Certes, si M. Firmin avait 6coutd nos avis,
alors que nos resources n'6taient pas entiere-
ment 6puisdes, il n'aurait pas eu le d6sagr6ment
de subir son 6chec aupres des pr6teurs, qui
pretendaient limiter un pr6t de P. 200.000 A sa
duroe au minist&re.
Patience, on briflera quand m6me nos chif-
fons avec le terme propos de ne plus en refaire
d'autres, ou plut6t de ne plus avarier nos fi-
nances au profit de nos agioteurs.
Quand nous arriverons a cette tape, nous
pourrons a!ors fire le signe du chr6liep.
Mais auparavant, nous le r6p6tons, il faudra
s'entendre avec nos porteurs d'ordonnances,
effects publics ou autres payables en billets au
taux de 80 o/o.
On doit ttre de bonne foi, mais on ne doit
pas etre imbecile sous pr6texte de dignity qui
n'eqt pas de mise en la circonstance.
L'intlrdt des contribuables qui sont appeles
A payer toules nos folies, doit 6tre envisage et
considdrd avant tout. C'est en quoi nous devons
placer notre dignity.
Les ordonnances de plus doivent i6re vdri-
fiUes et classes par cat6gorie, en les ramenant
a leur just valeur.
Quand on considire le rude Iravail du I'rolk-
taire avant qu'il poss6de un petit p6cule, ori
est indign6 devant le sans-facon de nos ramas-
seurs de fortune A peu de frais, et l'on se dit
que c'est voler ce prol6taire que de prend:e de
ses poches son argent pour le donner A dcs re-

- 49 -

pus qui passent leur vie dans les coulisses des
minist&res.
SAinsi, pour ne citer qu'une seule ordonnance
entire mille, on ne pourra pas accepter qu'on
ait d6pens6 25.000 dollars pour boissons four-
nies au Palais, quand on sait qu'une pareille
quantity de boissons pourraient noyer et ce Pa-
.lais et tout ce qui s'y trouvait, m6me les cinq
mninistlres et les alentours.
Qu'on ne vienne pas nous dire aprks, qu'il
ne faut pas recommander des measures dans le
reglement (ieC dettes de 1'Etat, sous le futile prd-
texte d'Abranler le credit public.
Le credit public est 6branl6 justement parce
qu'on semble rester dans le statu quo et qu'on
ignore le sort des dites ordonnances.
Les plaies grandissent quand on n'applique
pas dessus des rem6des dnergiques A temps.
Qu'importent alors les criailleries des int6res-
s6s quand il faut sauver la grande blessee !
On devait savoir qu'au rIglement final, il y
aurait des victims parmi ceux 1A qui ont con-
tribud au gaspillage des deniers publics.
Qu'on sache quc si l'argent se cache A notre
approche, c'cst simplement parce que notre 6tat
de mis re est connu.
Quand l'Etat devient pauvre au point de que-
r mander des emprunts h des gens frapp6s, quelle
que soit sa bonne foi, ces gens-li le tiendront
toujours en suspicion.
C'est que les pestif6res s'alarment au moindre
signe de d6tresse.
Ce n'est done pas h cause des measures de
pr6servations a prendre dans le r6glenent de

- 50 -

nos dettes que le credit public sera 6branli,
mais c'est parce que nous ne savons pas vou-
loir.
Dans I'6tat actuel des choses, et toute expd-
rience faite, les hommes de bon sens devraient
travailler A d6truire le credit; car I'argent qu'on
vous pr6le peut contribuer A vous tuer, et ce
n'est jamais quand on est en face de besoins
pressants qu'on trouve desaides; au contraire.
Nous savons qu'un Etat n'est jamais pauvre
quand il peut faire usage de 1'emprunt ; mais
c'est cette facility que nous craignons. Une fois
lanc6 dans cette voie, c'est comme la pente du
vice, on s'y laisse glisser pour ne s'arr6ter que
dans I'abime.
En ce moment chacun parole de 1'6quilibredu
budget ; mais a-t-on fail attention h combien
s'dlevent les int6r6ts de nos diff6rents emprunts?
Si nous remontons A 1890, nous vovons que
les dellcs publiques s'dlevaient A P. 1i.8~99.311.80
et qu'cn 1896, elles s'el6vent A P. 26.875.784.81,
soit une difference en plus de P. 10.976.473.02.
En groupant les int6rets de 5, 6, 7 et 12 o/o sur
les differences dettes, le service des intirets se
chiffre h P. 1.432.685.06; il faudra augmenter
cette valeur de celle de P. 270.000 resultant de
18 olo d'inter6ts sur a peu pr6s P. 1.500.000,
chiffre des empruuts mensuels de la pr6sente
ann6e. Voil done le service des intdr6ts iqui
s'dl6vera au 30 Septembre courant A P.
1.693.685.06 et qui augmente notre budget
d'autant.
Dans ces conditions, on n'aurait qu'a conti-
naer dans cette voie de credits suppl6mentaires

51-
et de d6passements de budget pour voir si nos
resources suffiraient A payer les int6r6ts de nos
dettes.
On va s'arr6ter. Dieu soit loud !
C'est d6ej beaucoup quand, reconnaissant les
consequences des exces, on prend la resolution
de s'arrdter.
Mais quelles sont les provisions de recetles
dans l'6quilibre de notre budget ?
.lusqu'ici, rien n'est fait pour d6barrasser la
voie commercial.
Nous supposons que les recettes scront favo.
rables du c6t6 de l'exportation.
Nous disons que nous supposons, parce que
les agioteurs, malgr6 I'abondance des produc-
tions, pour mieux accomplir leurs desseins,
pourront bien faire naitre la disette dans nos
recettes d'exportation, en retenant les denr6es
dans leurs d6p6ts. aucune measure preventive
n'6tant prise A cet 6gard.
Mais il ne faudra rien attendre du c6t6 de 1'im-
portation; et sans 6tre grand clerc en la mati6re,
nous pouvons dire, qu'ayant a faire le recou-
vrement de leurs fonds, les agioteurs maintien-
dront la hausse pour avoir de gros b61i6fices
t' dans les emprunts qui sont faits billets centre
or et qui leur assurent d'avance leur taux. L'in-
t6r6t est le mobile des actions, et comme 1'a-
mour de soi prime, il ne faudra pas faire fonds
sur une baisse venant de leur c6t6 ; d'ailleurs
une baisse tardive qui ne se ferait qu'en De-
cembre, ne portrait aucun resultat appreciable
pour l'Etat dans sesrecettes A l'importation. Les
fortes commander devant avoir lieu fin de Sep-

tembre au plus, aucun commercant pratique ne
voudra s'exposer a des pertes certaines, puis-
que le haut prix des choses diminue la con-
sommation et ruine les importateurs.
Avis au Ministre des finances.
Nous supposons que celui-ci ne se fichera pas
comme I'autre, lorsque nous lui disions, au mois
d'avril de cette annie, ce qu'il lui fallait faire
pour rentrer dans ses recelles douani6res.
C't6ait cppendant une chose bien simple.
Mais les theoriciens n'aiment pas lesdonnies
simple.
On voit done que les recettes devant faire de-
faut, le budget, pour le quart d'heure, doit 6tre
reduit A sa plus simple expression.
On connait mieux que nous les sections des
chapitres du budget qui soul inutiles.
Nous recommandons 1'6tude de M. A. Thoby,
sur les Comptes-gdndraux de la R)publique, ou
sont d6signees les d6penses inuliles.
Pour notre part, nous pourrions dire qu'une
rfborme (dans l'arm6e r6duite au pied de paix,
ferait un grand bien.
Mais le Ministre de la Guerre rcpond qu'aux
terms dc l'arl. 102 de la Constitution : a Le
President pourvoit a la sfirelt int6rieure et ex-
terieure de 1'Elat. ,
Que pourrions-nous lui rdpliqucr, si les mols
d'APRES LA LOI n'6taient pas intercal6s expres-
s6ment dans cet article.
II y a done une loi qui r6git la matiere.
En effet, 1'art. 174 de cette Constitution dit
que l'arm6e sera r6duite au pied de paix et son
contingent est vbte annuellement.

- 52 -

- 53 -

Qu'on en vote alors le contingent au pied de
paix, en conservant les disponibfes dans les
cadres de leurs regiments pour les rappeler en
cas de dangers imminents.
VoilA, A notre avis, une solution qui tranche
nettement la question et qui permettra a la
Commission du Budget d'operer quelque dco-
nomie.
Si l'on veut chercher, on pourrait operer
d'autres economies dans ce prochain budget.
De grace, qu'on nous delivre du systcme cm-
pirique des emprunts dits sur place, car ce
n'est pas le seul noyen don't dispose un hon
financier pour se tirer d'embarras.
Vraiment, dans les conditions que ces em-
prunts se font, nous sommes enclin a professor
'opinion de M. Price, qui disait qu'il fallait
tuer le credit. Alors, le premier charlatan venu
ne pourra plus aspirer a la direction de nos fi-
nances pour conduire le pays i sa ruine, tuer le
commerce, ddshonorer le nom haitien et s'en
aller apris avec la sueur du people.
14 Aofit 1897.

, Questions Urgentes

Nous avons determine les motifs plus ou
moins certain qui doivent faire descendre le
chiffre de nos recettes a 1'importation. Quand
il s'agit de choses se rapportant a notre bien
dtre, nous ddsirons que tout se traduise en re-
lit6. Mais il n'est pas bon de s'endormir dans

une fausse skcurit; d'ailleurs, prudence est
mire de sflrete.
Ah si l'Etat 6lait en inesure de force une
baisse avant fin Septembre, nous n'aurions nulle
crainte A 'i'gard de nos recettes a l'importation;
mais nos resources eiant 6puisees et la cruise
subsistant, il ne faut ricn augurer de bon de
ce c6te-li.
Dans cette alternative, on doit se resigncr i
la sagesse et travailler a avoir un budget reduil,
pour permcttre an Ministre des finances de
dIgager la voice commercial et financi6rc du
Pays par quelques operations heureuses.
11 est vrai que le r6glement des dettes arriirces
se faisant, une d6tenle dans les aflaires va se
produire ct donner certain soulagemenis au
commerce. Mais cela nc sutfit pas.
II faut se resoudre a des recelles inf6ricuresLi
P. 7. 000. 000. Si la Chainbre des d6put6s se
mettait au niv au de la situation, elle nous
donnerail un Budget rCduit en proportion de
nos' recetes qui scroni aussi retuites, et cer-
tainement nous aurions vu la lin de la crise
I'annie prochaine !
Mais on dit quc nos d6pults apres un long
travail de remaniemcnt, .n'ont pu trouver A rd-
duire dans noire Budget que P. 10. 000 scule-
ment. Quelle derision !
Assurment, cc n'Ctait pas la peine de se
donner tant de mouvements pour si pen.
On sait que l'annee que nous traversons va
donner, malgrd les economics djha op6rdes pari
1'Exdcutif, un deficit de P. 1. 500. 000.
Le remboursement devant avoir lieu sur le

- 54 -

55 -
Budget prochain, la caisse publique sera posi-
tivement h sec, si 1'on consid&re que le service
des inltr&te s'616vera a pros de P. 1. 693. 685.
06 et que les valeurs y affectles ne peuvent ktre
distraites.
Voila bien P.3.193.685.06 de flambees.
II faudrait alors computer sur des recettes de
8. 000. 000 pour avoir a d6penser P. 4.806.315
Mais c'est la fin du monde si nous atteignons
P. 8.000.000 ! !
Dans ces conditions, il faut nous ceindre les
reins et nous r6soudre A operer des reductions
serieuses dans notre prochain Budget.
On croit g6n6ralement que les membres du
Senat sont de cet avis.
En effet, il nous faut.un Budget equilibrd, si
nous voulons que le pays sorte de ces epreuves
avec le front haul.
Nous avons indiqut qu'une reduction dans les
d6penses de la guerre est chose facile.
II n'est un doute pour personnel que le pays
est en paix, et qu'aux termes de l'article 174
de la Constitution, le contigent de l'armre doit
ilre vot6 au pied de paix.
On pourra conserver les disponibles dans les
cadres de leurs rIgimenis pour les rappeler en
cas de dangers imminents.
Une petite armne bien discipline et bien ins-
Iruite vaut mieux pour'la sret6 publique que la
quantity desoldats mal nourris que nous avons,
et don't le troppleinIdevient des serfs proprement
dits an service deleurs superieurs sous la domi-
nation de plantons, que ceux-IA plantent en eftet

- 56 -

sur leurs habitations et dans leurs demcures
privees.
Nous connaissons une dame qui recoit de son
filleul qui est Commandant dans 1'un des r6gi-
ments de notre armee, deux plantons par se-
maine mis A son service, lesquels passent leur
temps a planter et A soigner son petit jardin.
Ca c'est pour la siureti de s.,n btiliment.
Ce serait A dCsespirer si le Senat n'allait pas
operer des reductions pouvant r~ellement 6qui-
librer le prochain Budget.
Quand un pays est pauvre, il doit fair son
Budget eii proportion de son Mtat.
Qu'on ne nous cite pas la France et I'Alle-
magne, qui, pour soutenir une paix armre, sont
obliges d'exc6der leurs depenses. (1)
Pour nous, tous les exc6s dans nos depenses
se traduisent en gaspillages, puisque nous n'a-
vons jamais pensf A la r6fection de nos routes
ni A la construction des canaux d'irrigation ni a
d'autres choses devant augmenter nosressources
Quand nous aurons r6alis6 ces choses, nous
pourrons nous payer e leuxe d'un gros budget ;
car nous aurons des recettes correspondantes.
21 Aofit 1&97.

Question vitale.

II parait que la reduction du Budget trouve
des obstacles insurmontables, puisque le Corps
Legislatif, d'apris nos provisions, n'arrivera pas
(1) 1 n'y a pour un ministry des finances, aucun
talent qui vaille celui de depenser peu. (J. B. Say. )

a l'6quilibrer. C'est que les abus, chez nous,
sont de v6ritables murailles de J6richo qui ne
peuvent Cre renvers6es que par une force di-
vine.
Mais il nous faut un budget 6quilibr6 pour
arriver alliquider les d6sastres du pass et sorlir
des 6treintes de la cruise que nous traversons
depuis si longtemps et qui maintenant menace
de nous tuer dCfinilivement.
C'est pourquoi, nous allows examiner les
moyens de recettes possibles et voir si 1'on ne
pourra pas alteindre, on d6passer P. 8.000.000
au prochai: cexercice budg6taire.
En premier lieu, nous faisons appel an patri-
olisme des fonclionnaires publics.
,1. Augusle Magloire, du Courrier des Antilles,
nous a cit6l une resolution du 18 Mars 1808
par laquelle les membres du S6nat con-
sentirent a abandonner en faveur de I'ar-
m6e leurs indemnitis jusqu'A une 6poque
plus heurcuse ; il rappelle aussi qu'en 1826,
par sa missive au Senat, le President
Boyer mi t la disposition du pays une ann6e
de ses indemnit6s (P. 40.000) pour contribuer
i la liquidation de la dette de l'Ind6pendance.
A c6td de ces beaux traits de notre histoire,
on se souvient qu'en 1847, le pays se trouvant
dans des embarrass financiers pareils a ceux
que nous avons actuellement, le ministry des
finances d'alors, M. Dupuy, s'Mtait entendu avec
les membres du Corps LCgislalif, qui aban-
donnerent le quart de leurs indemnitis
pour une ann6e. Le Pr6sident Richd fit
de m6me ainsi que ses ministres. L'exemple

- 57 -

partant d'en haut, M. Dupuy 6tait arrive a r6-
duire les appointments de tous les fonction-
naires publics en y prelevant un quart aussi.
C'est un elan patriotique digne d'etre imit6 !
Dans la situation actuelle, 10 o[o prelev6s sur
les appointments et indemnites de tous les
fonctionnaires, depuis le President jusqu'aux
plus simples employes, donneraient un bon ap-
point pour 1'6quilibre de ce budget.
Mais on dit et nous savons que les egoistes
font entendre que n'6tant pas les cr6ateurs de
celte mauvaise situation, ils ne sont pas appel6s
i payer le, fautes d'autrui.
En cela ils auraient raison si la raison d'Etat
n'6tait pas sup6rieure A leurs petites raisons ;
d'ailleurs, ce ne sont pas les simples employes
qui tiennent ce language, eux qui ont eu d6ja a
subir 20 olo qu'on leur remettait en Bons du
Tresor, don't 1'escompte leur prenait en r6alite
10 o[o sur leurs appointments : ce sont les
hauts fonctionnaires qui se rebiffent centre cetle
inesure, en se retranchant derriiee la Consti-
tution qui leur accord leurs indemqitds. Mais
ce n'est pas come une exigence qu'on leur
ferait, cet abandon de 10 olo devant avoir lieu
comme en 1847 sous forme de don A la patrie.
Eut-on besoin de tant d'explications en '1847,
lorsqu'il fallaitavoir un quart sur les indemnitls
des fonctionnaires publics ? La chose allait de
soi.
0 temps O moeurs !
Dans la crainte que cetle miesure ne sera pas
adopt6e, et comme en m6me temps, elle ne
suffit pas pour combler le deficit budgetaire

(a moins qu'on I'ait elev6e une bonne fois A
0Oolo) nous gallons pourcela rechercher d'autres
moyens.
- II nous est tomb6 sous les yeux un croquis
des voies et moyens de I'exercice 97198 com-
pose de 11 chapitres. Nous croyons que l'au-
teur de ce project a fait ses calculs sur une base
dejA connue.
Ainsi le chapitre I donne P. 4.547.063.70.
Comme c'est la part de l'importation, nous
pensions que les recettes de ce chapitre seront
infdrieures a ce chiffre. Cependant, on pourrait
unifier les taxes et les surtaxes de 50 olo et
33I 113, en ajoulant 16 13J, ce qui donnerait un
chiffre round et une plus value dans les re-
cettes.
C'est 1'opinion imise par un patriole auleur
d'un Essai sur les Finances d'Haiti don't nous
recommandons la lecture.
Dans application de cetle measure, nous n'a-
vons qu'unecrainte, c'est que s'il ne survient
pas une baisse avant fin Septembre. il v aurait
encore moins de chances d'imporlation, cette
augmentation devant faire hausser le prix des
choses et diminuer la consommation.
Le chapitre 2 done P. or 3.088.690.86. C'est
la part de I'exportalion. Nous pensions qu'avec
un peu de s6v6rit, on pourra depasser cc
chiffre.
II nous revient que la contrebande de nos
denrdes sefait activement sur nosfrontieres vers
la Dominicanie.
11 s'agirait d'ktablir beaucoup de surveillance
de ce c6td la. Et si nos exportateurs, qui sont

60 -
aussi des banquiers, ne faisaient pas hausser le
change en raison du prix de nos denr6es, nous
aurions aussi recommand6 l'unification des
droits sur le caf6 Ai 4 dollars par cent livres, en
y ajoutant 0.14 forts.
Le chapitre 4 donne P. 7.200.
C'est la part des biens domaniaux. Quelle
derision !
On nous parole de 'opinion du Senateur D.
Lamour sur les biens domaniaux. II pense
qu'ils constituent une reelle source de revenues
pour 1'Etat, et que si les yeux de la nation se
tournent de ce c6le-1, il y aurait espoir d'y
trouver quelques moyens pour arriver A faire
l'6quilibre du budget.
Vains espoirs II faudrait commencer par rd-
silier certain baux et annnler certaines ventes
pour viletL du prix.
Nos tribunaux ont jug6 des cas semblables
entire particuliers. Ge point est laiss6 A l'appr6-
ciation des grands pouvoirs de 1'Etat. Hdlas !
on ne fera rien, et pour cause.
II faudra done pour avoir plus de P. 7.200
qu'onse mette en measure d'6tre s6vire dans les
recouvrements des baux.
II y aurait lieu aussi de r6gulariser la T
situation de ceux qui occupent les biens de
1'Etat sans autres droits que leur prise de pos--
session.
Une enquele, habilement conduite par le Mi-
nistlre de l'Intlrieur, ferait d&couvrir ces gens-
1*, et vraiment le montant des baux qu'ils au-
raient A payer donnerait un fort appoint aux
recettes du prochain budget.

61 -
Le chapitre 5, section 2, donne P. 12.000.
C'est la part des timbres-poste.
Nous affirmons que le service des posies in-
telligemment dirig6, peut produire beaucoup
plus que ce chiffre. Les nombreuses lettres re-
cues par la voie des embarcations sans dtre tim-
br6es doivent 6tre frappees sans remission. II y
aurait lieu aussi de faire faire une emission de
timbres-postes pour la f6te de l'Indipendance
avec effigie de Dessalines.
Les collectionneurs savent combien serait
vile vendue une pareille mission.
Ce m6me chapitre, section 3, donne P. 10.000.
C'est la part des timbres mobiles.
Cellesection donnerait plus que le double de
ce chiffre, si les directeurs de I'Enregistrement
mettaient en pralique la loi sur le timbre. Mais
ils se contentent d'apposer sur les effects qu'on
leur present leurs timbres en les oblitirant eux-
mcmes avec leurs sceaux ; il s'ensuit qu'on ne
se sert de timbres mobiles qu'en cas seulement
de contestation.
La loi, au contraire, veut que les timbres
mobiles soient dat6s et signs par chaque sous-
cripleur d'effets ; cette formality non-observ6e
astreint le porteur de l'effet A une amende
de vingt fois la valeur du timbre. I1 serait bon
de rappeler les directeurs de I'Enregistrement
a tenir sev6rement la main a l'observance de
cetle'formalit6, sous peine de censure.
Le chapitre 7, section 1, donne P. 1.900.
C'est le produit des greffes.
Nous affirmons que ce produit triplerait ce
chiffre et meme plus si 1'on faisait obligation

- 62 -

aux greffiers de se conformer aux prescriptions
des articles 102et 103 de la loi sur !'organisation
des tribunaux. Nous croons savoir que les
greffiers n'ont jamais donne6 I I'Etat la part qui
lui revient sur les coiits des expeditions, extraits
et copies des actes et pieces d6poses, quand
la mnoiti6 seulement du cotit leur est allonte.
L'ex6culion de ces articles est facile, en faisant
obligation anx doyens de remplir lesformalit6s
de l'art. 101 de cette loi.
En dernier lieu, nous devons signaler I'opi-
nionde la tRevue-Express,) Elle demand une
augmentation de 25 olo sur les droits d'impor-
tation. C'est F'application d'une measure radical.
Mais les measures radicales peuvent nous mettre
les deux pieds dans un soulier, contrairenment i
la comparison qu'elle nous faith de sa paire
de chaussures. Generalement, nous voyons
l'augmcntation des recettes par I'augmentation
de I imp6t. Mais I'impot blant ici indirect, nous
devons voir aussi la diminution des imporla-
tions par rapport i la hausse du prix des
choses aimen:lin la diliulion de la consomma-
lion.
En lods ca,, avanl de tenter une auigminla-
tion sur nos droils d'imnporlation, il Iaudra pro-
\oquer une baisse sensible sur le change. La
est le nmeud. Dilffreimmentl, nous pourrons :ious
ruiner par de fausses measures, el n'avois pas
de recetles f I'importation.
On croil tellement que I augmenlalio:i de
25 olo est chose certain. qu'oni a mnfnie iparl
d'un project di Ministre des finances consiLanti
*n un empruntde P. 500.000 a contractor pour

- 63 -

6tre brtlees, et r.-mboursab!e sur cette aug-
mentation de 25 olo. C'est tenter fortune avec
uu enjeu trop minime. Dans 1'6tat actuel des
choses, P. 500.000 qu'on brulerait ne peuvent
pas amener une baisse en correspondence avec
une augmentationde 15 olo sur nos droits d'im-
portation. II faudrait pouvoir brtiler au moins
P.1.000.000 pour avoir un bon resultat du
cole de la baisse et en meme temps permettre
a 1'Etat de fair des recettes ia I'importation.
Avis au Ministre des finances.
Si nous ne pouvons pas operer logiquement
par manque de moyens. Ie mieux c'est dlaller
doucement et sfirement. en appliquant des me-
sures de temporisation que' command notre
cas tout i fail exceptionnel. La rtforme mone-
taire so fera, nous en sommes certain : mais
clle doil se fire sans comnimation, et apres pre-
paration.
Nous croons avoir rempli notre tiche, en
signalant i l''altenlion de nos legislateurs et de
ceux qui sont proposes a la direction de nos ti-
nances les movens pour equilibrer le Budget
de 1897-98.
On ne doit pas perdre I'occasion de nous
debarrasser du systlme empyrique des emprunts
qui ruinent le pays, tuent le commerce et des-
honorent le nom haitien.
On doit de plus comprendre que le pays a
besoin de tinir avec le papier-monnaie et I'a-
giotage qui sent causes de cette trop longue
cruise, laquelle nous met au board de l'ahime ; et
(u'on n'arrivera A cette tin qu'apres avoir vote
un Budget equilibre.

64 -
Une priere : c'est si nous arrivons a une
augmentation de nos receltes par le moyen
d'un imp6t quelconque, de ne pas permettre a
la Banquc qui est restee simple spectatrice de
nos miseres, de prdlever aucune commission
sur les valeurs provenant de cet impot. Le
people haitien, qui est appel6 i payer toutesles
folies commises en son noin, ne doit pas hour-
rir encore des gens qui rient de sa mis6rc,
apris leur avoir donn6 tout son sang ai boirc.
Ah oui, ce serait le plus beau de cette co-
m6die, si une augmentation d'imp6t sur le
people devrait etre aussi une augmentation de
ricbesse pour la Banque Nous serious alors un
people de polichinelles don't la Banque n'aurait
qu'A tirer les ficelles pour nous fairedanser.
Nous avions dit pri6cdemment : A Pnaoos
DE LIQUIDATION JUDICIAIRE, comment et pour-
quoi cette Banque avait contribud i la crise.
Elle est acluellement au regret, ses commissions
dtant en baisse. Mais en arrivant former cattle
cruise nous-mimes, il ne faut pas quc nous lui
passions faire encore des b6enfices.
Oh non, en aucune facon, nous ne devons
tircr les marrons du feu pour cc familique !!!
28 Aoit 1897.

Questions financi6res.

Nous voyons avec plaisir quc la Prcssr et
tout le monde s'occupent d'une facon active du
retrait du papier-monnaie, eel ennemi com:iun
de notre bien-6tre.

65 -
C'est une poussde de l'opinion que nous ne
pouvons qu'approuver, pour avoir &t6 victim
de c papier-monnaie, et aussi pour avoir ete
l'un de ceux qui parl6rent de son retrait, alors
que d'autresmdditaient d'en augmenter la quan-
titW sous pr6texte de sauver la situation.
On nous indique les moyens plus ou
moins pratiques pour operer ce retrait..1 n'y
a qu'A choisir. Mais ce qui nous plait plus
particulierement, c'est l'aiticle de M. Plaisance,
dans le ( Bon Sens ) q :i nous parole de 10.
000.000 de francs que Ic contract d'emprunt, en
execution de la loi du 27 Sepiembre 1895,
avait affect pour ce retrait. N'etait notre dd-
sir de voir le Corps LUgislatif arriver d'une fa-
Con nelte et definitive di tablir l6quilibre du
budget, lequel doit faire cesser nos emprunts
ruineax servant faire face A nos depenses cou-
rantes, nous aurions, sur l'heure, examined cette
affaire des 10.000.000 de francs, et mis dans
son tort I'individu qui a ddtourn6 cette valeur
si alligrement de sa destination au mepris
des art. 3. 8 el 9 de ladite loi du 227 Septembre
1895, don't Ie 14 consid6rant a trait sp6ciale-
ment ii ce relrait. Assuriment, le Secretaire
d'Etat des finances qui a contract I'emprunt
de 50 millions de francs. est personnellement
responsible de ce d6tournement aux tcrmes de
1'art. 6 de la mime ;oi, et aucune d6charge ne
doit lui 6tre donnee puisque le retrait du papier-
monnaie n'a pas eu lieu comme le prescrit I'art.
11 de:cette loi. II est m6me h d6sirer que l'Etat
fasse operer la saisie de ses immeubles pour

- 66 -

avoir fait un usage inconsid6r6 de cette valeur
de 10.000.000 de francs.

D'accord avec la (, Revue-Express n nous desi-
rons que le Senat et la Chambre, par un en-
semble de dispositions sages et efficaces, com-
pl6tent leur oeuvre de prevoyance et d'6cono-
mie, en nous debarrassant definitivement des
budgets fictifs et de la funeste dictature finan-
ciere de nos hommes d'Etat. ,
C'et en vue de cela que nous avons essays
He fair ressortir, come nous l'avons deji dit,
qu'on doit tenir compete des bons du tresor et
des emprunts de cette ann6e dans le project de
budget. Autrement il sera aussi fictif que les
autres.
Sans doute, on doit penser qu'on enverra a
l'arrierd beaucoup d'ordonnances de depenses
qui prendront naissance dans cc budget, ou
bien que I'exercice 97198 donnera des recettes
en sus des provisions budg6taires.
Car on ne s'explique pas qu'on passe sous
silence les bons du tr6sor et le monfant des
emprunts de cette ann6e.
Cette assertion qu'on enverra a I'arriere beau-
coup de d6penses peut 6tre vraie. puisque aucune
measure n'a MtL prise, jusqu'ici, pour degager
la voice commercial. II y a lieu de prdvoir, en
effet, que les recettes seront encore nulles.
En tout cas, des ordonnances non acquittdes
ne front qu'augmenter les deties de l'Etat.
Au dire de notre reporter, comme moyen de
recettes, le Ministre des finances propose une

- 67 -

nouvelle emission de bons du trdsor pour la
some de 1.200.000 gourdes !
Nous pensions, c.tte fois, que tous les fonc-
tionnaires laisseront prdlever les 20 olo sur
leurs indemnitds et appointments ; la measure
quoique mauvaisc, sera moins criante !
Ce sera toujours 1.200.000 gourdes de deltes
que 1'Etat aura A rembourser.
11 conviendrail mieux, dtant donn6e une perte
sdchc de 10 'olo pour nos fonctionnaires, de
provoquer une manifestation tendant a ce qu'ils
laissent a l'Etat, come don patriotique, ces
10 olo que le commerce leur prend par le
moyen de 1'escompte; et puis, de faire baisser
par des reductions sages et utiles le c6td des
ddpenses du budget. Voila comment nous au-
rions comprise I'oeuvre de la Chambre, du Sdnat
et du Gouvernement, enfin
Jusqu'ici, nous attendons les projects du Mi-
nistre des finances sur les rdformes financi6res
du pays ; il ne doit pas s'arreter a consid6rer
les mauvais agissement de ses adversaires pour
produire les moyens de sauvegarde des interets
de la g6ndralit.
M. M6nos, mieux que personnel, sait qu'il
existe dans noire pays un group de gens A
esprit peu large qui, malheureusemenl, occu-
pent les hautes charges dans 1'Etat; ceux-lh
sont les sentinelles avanc6es du vice pour em-
pecher 1'rclosion de toule idde de progress et
d'avancement quand ils n'entrevoient pas un
profit pour eux .. Ils ont plein la bouche le
respect des lois et de la Constitution dans le but
de donner libre-carribre A leurs desseins de

- 68 -

nuire tout propros ethors depropos.C'est bien
a eux qu'on peut appliquer cette parole de
Louis Veuillot:
c Je suis au'oritaire, c'est mon droit de ne
a vous accorder aucune liberal ; vous 6tes
< liberal, c'est votre devoir de m'accorder toule
c sorle de liberl6. )
On n'a qu'a les 6couter si l'on veut rester
sans rien faire pour la communautl.
Est-il 6tonnant qu'on les voit,s'opposer a
toutes measures d'intkrdts g6ndraux de la patrie?
Pour quelques ordonnances de BOIS MAIS qu'il
ont faire passer, vous les verrez soudam- se
metire en travers d'un arrCtl qui institute une
commission pour la verification des effects arrie-
ris, lorsque par simple avis administralif celte
commission eut pu etre nomm6e.
Allez les ecouter, ces pharisiens !
Mais parce qu'on ne les ecoute pas, ils vont
remuer ciel et terre pour avoir une .commis-
sion parlementaire pouvaut leur donner la fa-
ciliit de fire passer leurs BOIS MAIS !
Nous savons tout cela, et nous disons A M.
Menos qu'il n'a pas a s'arriler devant de pa-
reilles plaisanteries. M. MJnos fera bien de sou-
mettre la lmajorit6 saine du Corps 1Wgislatif
ses projects de reformes sans s'occuper de ces
gens IA ; car ce serait la mort, si nous devions
passer I'annee prochaine dans l'etat oi nous
en sommes actuellement, et cela par rapport A
nos rats parlementaires.
Nous savons qu'un home d'Etat habile qui
a concu un bon plan peut 6tre retenu par des
larrons qui cherchent a I'entraver dans son exi-

69 -

cution ; mais nous savons aussi que l'opinion
publique qui juge les actions bonnes ou mau-
vaises de tous, ne manque pas de condamner
ces larrons-li comme il le m6ritent.
Ainsi que M. .Mlnos se melle resolument a
l'ceuvre avant le terme de la session qui prend
fin, et nous verrons . .
Depuis des ann6es la lutle de l'immoralit6
contre la morality se pursuit sous toutes les
formes, aussi ce n'est pas dtonnant qu'on trouve
des obstacles de tout genre a toutes bonnes me-
sures.
Mais il faut qu'A la fin le bien Iriomphe du
mal, autrement ce serait la perte definitive du
pays.

Dernire here :
Enfin, la farce est jouee !
Le S6nat, pour sortir de son interminable
discussion A propos de l'arrite qui inslitue la
Commission de verification des effets en souf-
france, avait cru bon d'interpeller le Ministre
des finances. L'interpellateur, M. Grand-Jean
Guillaume, se cramponnant A l'art. 97 de la
Constitution, pour dire que cet article n'a pas
6t6 bien applique, a fiiii par produire un ordre
du jour tendant a exprimer le regret du Sdnat
que le Ministre ait fait une fausse application
dudit article dans cet arrWtd. Malgri toutes les
explications jurdicieuses du Ministre, cet ordre
du jour pour avoir etc concu d'avance, a 6te
vote.
Nous pensions que M. Menos ne s'arretera pas
a consid6rer ce vote qui ne veut rien dire et

- 70 -

ne merite mime pas qu'on le dispute, etant nul
en soi.
11 fallait A nos peres conscrits un motif pour
sortir de l'impasse oil ils se trouvaient, et ils
ont imagine un vole de regri~ pour exlrimer
leurs embrras. 11 se peutque leur regrets soit
uniquement dans ce qu'ils n'ont pas pu insti-
tuer leur commission parlemeniaire pour ce
qu'on nous apprend. 0 BOIS MAIS ! !
Maintenant que la farce est joule. MWnos
doit se metire iI l'ceuvre sans perte de Lemps ;
car le temps perdu ne se retrouve jamais.
En some, nous avons assez de ces discus-
sions oiseuses, fades et rebutantes, qai fini-
ront par nous fire passer pour des com6diens
propres i fire rire la galerie, quand on sait que
la misere est dans nos foyers ! !
11 September 1897.

Le gouffre du papier-monnaie

Enfin, nous allons avoir un budget 6quilibr6 !
C'est quelque chose ; mais ce n est pas tout.
11 reste i~ deblayer la voie commercial.
En effect, qui peut nous assurer que ce budget,
bien que reduit, rdpondra i noire attente, Mtant
donn6 que rien n'est fait pour d6gager cette
voie par oh nous vient' le plus clair de nos
resources. Nous avions dit que le change, en
Dcembre, baisserait au-dessous de 58 010, pour
avoir cru que le Minislre des finances arrive-
rait, avant la fin de la session, A pr6senler au
Corps LUgislatif ses projects. Mais nous n'avions

- 71 -

pas fait attention qu'il aurait pu 6tre paralysd
par des interpellations intempestives ne devant
aboutir qu'I une perte de temps pr6cieux. Et
nous voilA en face d'une catastrophe commer-
ciale qui 6clatera dans ce mois de Decembre
mime. On sait que nos commercants, ceux qui
font le commerce d'importation, pour se soute-
nir pendant la hausse du change, etaienl obliges
de faire des d6p6ls de billets avec interdt
de 1 a 11/2 Ol0contre or, lesquels billets doivent
dtre convertis en Decembre au plus taid ; et que
de plus, les pr6teurs eux-m6mes, devant fair
leur remise a cette 6poque, ne pourront plus
renouveler et seront foredsde leur donner le coup
de lasso final en faisant la conversion force de
leurs d6p6ts au taux que sera le change. Et ne
pensez pas que nos banquiers vont 6tre les plus
heureux. Frapp6s comme ils sont, pour se sau-
ver, ils se rabattront sur nos caf6s, et main-
liendront la hausse du change pour soutenir le
march. La est le salute pour eux. Mais le com-
merce d'importation sera ddfinitivement A terre,
et 1'Etat, par consequent, manquera ses recettes
provenant de cette branch, ou plut6t n'aura des
recettesinsuffisantes que sur 1'importalion des pro-
visions americaines, car il faut qu'on mange bien
qu'on soil rdduit a la portion congrfie. En avant
alors la surexcitation de la crise qu'on n'a pas su
dompter pour avoir 6td attarde dans des dis-
cussions oiseuses. 11 parait que tout conspire a
notre perle, m6me nos bonnes intentions, ( l'en-
fer, dit I'adage, est pave de bonnes intentions );
car comment comprcndre nos controversies sur
un arrWtd qui est le point de depart de toufte

72 -
une sdrie de measures financieres propres a nous
faire 6viter la catastrophe qui nous menace ?
Nous sommes vraiment un people frapp6 de
cecitd. Er les moins aveugles negligent la proic
pour courir apris l'ombre. C'est ainsi qu'on
nous dit que la contraction economique de
deux aniees consecutives excite les besoins de
la consommation, sans qu'on ait fait attention
que le haut prix des choses empire necessai-
rement cette consommalion ; et quand ce haut
prix a 6 d mainlenu durant toute une annee,
les consommateurs de la cla'sse pauvre devien-
nent encore plus pauvres, et peuvent Ai pine
s'approvisionner quand vient nm6me la baisse.
Cc n est un double pour personnel que le haut
prix des choses arrete le travail manuel des ar-
tisans par la raison qu'on n'a pas de quoi d6-
penser.
Avant done que de penser iA I'excitation de la
consommalon resultant de la contraction eco-
nomique des annecs de cruise, il fallail penser
it provoquer la baisse du prIx des choses par
le reliail tdu papier-monnaie, soil par la conver-
sion ou autrement, suivant nos resources. On
aurait pris alors le taureau par les comes, et
nous n'aurions pas cette situation actuelle et
celle pire de demain.
HIlas nous aimous lanl les theories que sou-.
vent nous perdous le sens des i(des pratiques
pour recourir l Slourm et li L6on Say qui out
dcrit pour leur pays oni les closes ne sont pas
du tout les m6mes. Quand on nous aura debar-
rassCs du papier-monnaie, el qu'on aura 6tabli

l'assiettedes imp6ts directs, nous pourrons alors
appliquer leurs principles.
Dame nous voila en train de discuter aussi,
nous qui blhimons les autres. Mais, on com-
prendra que nous ne sommes pas homme d'Etat
oblige d'etre grave en tout et partout; que notre
but ici est d'Mclairer la masse, et non pas de
disculer, par example, qu'on ait mal applique
I'art. 97 de la constitution dans aucun arrete.
Ce sont ces sores de discussions qui finiront
par nous perdrc, surtout quand elles ont pour
mobile d'instituer une commission parlemen-
taire apr's lqu'une commission administrative
a di nonmmie et inslallee.

Voyons un peu combien nous sommes exposes
si l'on ne retient pas messieurs les d6putes A
leur post jusqu'h la lin idu mois pour discuter
les projects du gouveirnement ?
On doit Ie fire cofite que cole.
Le remede a nos mnaux etant connu, il s'agit
de trouver le moven de se le procurer pour
I'appliquer. L,'Eat est pauvre, il est vrai, pour
fire ine d6pense de P. 28.000 qui n'est pas
)prvue. Mais sc strait une dtpense utile ct pro-
ductive. Allons,puisque nous sommes tous expo-
sesau miime peril,ne pourrail-on pasdemander i
nosdCputPs un sacrifice d'une quinzaine de jour
pour ce travail de salul. ? Et s'ils 6taient assez
peu patriotes pour ne pas comprendre l'impor-
tance de leur concourse en la circonstance, ne
pourrait-on pas s'entendre avec eux pou: leur

- 72 -

- 74 -.

paver seulement quinze jours qui ne monte-
raient qu'a P. 14.000?
Voyez notre embarras pour avoir pris l'habi-
tude de payer nos mandataires un peu trop
grassement. Aux Etats-Unis oil les d6putls n'ont
que 20 dollars par mois, on n'aurait pas eu
besoin de marchander ; et en d autres pays, tels
que l'Angleterre, I'Allemagne et l'Italie oii les
Alais quel que soit le cofit de la presence de
nos d6putes, nous devous les retenir. C'est pour
le pays une question de vie ou de mort.

Consid6rons maintenant a quelle extr6mit6
nous rIduit le Ministre des finances qui a d6-
tournt les 10 millions de francs que le contract
d'emprunt, en execution de la loi du 27 Sep-
tembre 1895, avait affects pour le retrail du
papier-monnaie,
SCc pele, ce galeux d'oii nous vien: tout le mal. P
Ce finassier, landis qu'il nous parlait de Moise
et de Mahomet don't il disai n'avoir pas la puis-
sance, m6lant ainsi les grands noms, mdme
celui de Jesus-Christ it ses artifices, ce finassier
disposait de cette valeur en faveur de la
Banque pour advances etde Mr. Ch.d'Aubigny
pour R6seau T616graphique. Et pour combler
la measure, il fit faire un tirage de cinq cent
mille gourdes pour I'6change au pair de ses
propres billets et de ceux de ses associ6s. C'est
au point que les malheurcux porteurs des m6mes
billets du tirage ont 6t6 evincds au guichet de

la Banque avec une valeur de P. 257.339 res-
tant en leurs mains.
N'etait-ce pas se moquer de la Republique,
de la loi et de la nation, eifin ?
A ce gobeur-la l'on decernait des votes de
confiance et de felicitation !
Mais ces voles-1A out di coitter cher a la Rd-
publique !
Tandis done que ce finassier se livrait l ses
toirs d'escamotage, les maisons de commerce
craquaiect et disparaissaient. Pensait-il done que
la Rtpublique allait s'effondrer, et qu'il n'y
resterait rien pour nous renseigner sur ses agis-
sements?
Mais un people ne meurt pas comme les in-
dividus, et ii lui reste toujours quelques voix pour
parler el pour denoncer a la vindicte publique
ses d6trousseurs.
Vovons maintenant quel emploi ce Ministre
modele a faith des 10.000.000 de francs:
S0 Avances d'apris contract
sign entire lui et le Directeur
de la Banque Nationale F. 5.000.000
o Emprunt du 26 Avril verse
en billets, a 10 010 lorsque le
laux en faveur des francs
l6ait a plus de 30 010 '1.500.000
30. Emprunt pour payer le
coupon et 1'amortissement de
la Dette Domingue au ler
Juillet 1896 1.000.000(1)
( 1 ) On salt que la dette Dominique est garantie par
Pne affectation de P. 0.33 113 par 100 lives de cafe.
uourquoi alors cet emprunt d'un million de francs ?

- 75 -

- 76 -

40 Emprunt pour payer le
coupons du 30 Juin de l'Em-
prunt de 50.00.000 ( 750.000
3 Ponr timbres de l'emprunt
de 50.000. 000 261.390
60 R&glement fait avec Mr Ch.
d'Aubigny sur l'achat du R&-
seau Tdl6graphique 843.693.70
Apr6s ces chiffres 6numi6rs, que chacunjuge.
De toutes ces valeurs, les deux dernieres
seules out leur raison d'6tre. Mais, prenons les
deux premiers chiffres, celui de 5.000.000 de
francs verses a la Banque pour advances d'apr6s
contract sign, et celui de 1.500.000 pour em-
prunt du 26 Avril vers6 en billets Ai 10 olo.
On se demand a quel usage se servait-il de
ces valeurs ?
Ces emprunts avaient done une destination
quelconque.
Etait-ce pour couvrir des d&penses du bud-
get ?
Mais il est de notoridt6 publiquc que les em-
ployes n'6tatent pas pays de quatre mois de
leurs appointments, et que de plus il reste
des ordonnauces en souffrance pour plus de
( gourdes ) P. 2.681.110.10. plus
( dollars ) 1.178.407.72.
Mais alors ? ? ? ?
Mais alors, il fallait que chacun eftt sa part
dans cotte valeur de 1:J millions affectCs au re-
trait. C'est ce qui explique pourquoi nous vo-
yons conptera Mr d'Aubigny 843. 673. 70 francs
sur le rachat du Reseau Teiegraphique.

--77 -
En verilt, Ca vous 6coeure et vous donne la
naus6e quand on essaye de remuer cette boue
puante.
Mais que voulez-vous ? Nous sommes encore
dans les Otreintes du papier-monnaie qui va
finir de nous engloutir ; et, obliges de contem-
pier notre ruine les bras crois6s quand nous
savons que ces 10 millions dissipds avec tant de
sans-facon tIaient affects au retrait de ce mau-
dit paper, nous sommes pris d'une sainte co-
16re pour crier anathnme h ce Ministre privari-
cateur ( )
Et, on peut bien lui voter, si l'ont veut, un
bill d'indemiil6, rien ne peut plus le laver ; et
les malidictions de ceux qn'il a contribud a
ruiner, I'accompagneront au-dela meme du
tombeau........
Maintenant, quand nous essayons de faire
voir la ntcessit6 de sortir du gouffre de ce pa--
pier-monnaie, m6me par l'emprunt, on nous
rdpond aigrement : E Et les 10 millions de Fou-
chard ? )
Trouble, renvers6, nous sommnes oblige de
convenir, quoique ce soit difficile A dig6rer,
qu'il les a gob6s !
Ah si l'on savait qu'une bonne partic du
budget...... mais laissons ca, et ne nous occu-
pons pas de ca !

/ 1) En consultant le budget 1897-1893, nius avons
vu que cet ancicn miniistre se trove an nombre des
pensionnaires de I'Etat A P. 90 par mois. C'est le cas
de dire que le people haitien travaille a nourrir des
Cien qu9i i out fail le plus de tort.

- 78 -

En fin de compete, on a fini par perdre con-
fiance, et I'on croit qu'un novel emprunt,
pour le retrait du papicr-monnaie, aura ie
m6me sort des 10 millions de Fouchard.
Nous aussi, nous aurions perdu con-fiance, si
nous pensions que lous nos hommes sont des
Fouchard.
Heureusement pour nous, tons nos honmmes
ne sont pas des Fouchard, autrement il faudrait
jeter le manche apres la cognc.
18 Septembre 1897

Apres le vote du Budget.

Enfin, le budget a &t votl avec des voices et
moyens values a la some de
G. 4.625.423.73. P. 2.968.661.06 or
et des depenses v
comprise la dette
publique, a G. 5.365.198.43. P. 2.223.715.71 or
solt excedent en
or P. 744.945.35
devantetre con-
verli, ensimnble G. 7.940.44i.66 (1)

(1) Nous avons puise ces chiifres dan(s i silna'ion
au 31 DNcembre 1897 par la Banque ; nous y a\ ons
constati aussi que le service de la dette publique s'(Ive
SG. 773.609.90 P.1.915.196.67 or.
Nous avouons que les eC1ments necessaires i:ou.s
manquaient lorsque nous disions cue Ic service des
int6rets s'dleveraient A pres de P. 1.693.685.06. N )us
tjons repte au dessous du chiffre de beaucoup ...

79 -
Nous pensions que ce budget a dtd vote avec
cechiffrede GetP 7.940.440.66 eu 6gard a I'unifica-
tion de notre systlmemondtaire qui allait se faire
sur la based l'talond'or ; caronne voit pas com-
ment I'Etal pourrait atteindre ce chiffre, meme
en vendant cette portion de P. 744.945.36 or a la
hausse actuelle de 200 o/o.
On sait que le papier-monnaie subsistent et
amenant la hausse du prixdeschoses, la consom-
mation nepeut que diminuer ainsi que les recettes
a I'importation.
II rdsulte done que pour bien Ctablir le budget
de. la Rdpublique, il taut faire disparaitre le pa-
pier-monnaie, cet exutoire 6puisant, qui avarie
nos finances et perp6tue la cruise.
11 n'est pas 6tonnant que pour assurer le paie-
ment des appointments, deux emprunts ont 6td
faits, montant ensemble a 1.600.000 gourdes, rem-
boursables en or a 50 olo. Deux fautes qui ont fait
bondir la prime sur For jusqu'A 200 olo, les pr6-
teurs ayant fini d'assurer leur papier-monnaie au
lauxde 50olo. II en seraainsi tout le temps qu'on
ne prendra pas la resolution de retire ie papier-
monnaie de la circulation. II faut qu'on arrive h
cela, bon gr mal grd. Mieux vaut plus t6t que
plus tard.
Puisqu'on ne peut pas done ex6cuter la loi de
1'emprunt et du retrait, qu'on emploie le moyen
de la CONVERSION AU COURSE DU CHANGE.

23 Mai 1898.

- 80 -

RETRAIT.

Jamais au pair.

Par arrete pr6sidentiel, le Corps LUgislatif
est convoqud a l'extraordinaire pour le 27 Sep-
tembre courant.
Nous avions compris que celle convocation
.tait n6cessaire pour permeltre au Ministre des
finances qui a Wte surmend de presenter ses pro-
jets a la discussion des Chambres. Voilh des
discussions qui vont 6tre profitable a la com-
munault et que nous approuvons d'ores et deja,
si l'on n'a pas, bienentendu, la velleit6 d'inter-
caler des commissions parlementaires dans les
projects du Ministre.
On faith circuler mille bruits autour de ces
p lojets, qui ne peuventavoir d'autrebut que de
iquidcr les dettes de 1'Etat.
On comprend ais6ment que chacun voudrait
une dernikre fois, s'enrichir par le moven du
retrait, puisque le papier-monnaic disparaissant,
l'agiot;ge avec ses jeux de bascule disparaitra
aussi, et l'on sera obligt 'de renter dans le
commerce rgulier et'de demanderson existence
au travail. Ce papier-monnaie qui est une me-
nace pour tous si on le laisse dans la circula-
tion reveille des appelils aussit6t qu'on parole
de son retrait ddfinilif ; soudainement, le voila
devenir une esperance de fortune pour ceux
qui 'onencaissW, qui,a 75, qui, ia80,qui, 90)o/o.

- 81 -

Ces personnel semblent vouloir protester con-
tre un retrait qui serait faith sur la base de 50
o0l, cc qui leur donnerail deja un gain net de
25, 30 et 40 olo, tant elles comprennent qu'on
ne peut pas commettre l'impair de leur faire
gagner 90 oIo d'un coup. Qu'on est exigeant
dans cc has monde Vouloir que ce paper soit
rembours6 an pair parce qu'il est garanti par
50 cts forts de droits d'exportation, cela nous
reverse compltlemient.Vraiment, peut-on vala-
blement soulenir celle enormitd ?
Que I'inter't est funeste conseiller !
Nous savons quil esl. le mobile des actions,
mais nous u'aurions jamais cru qu'il etit pu
susciter des ideas contraires an bon sens et A
la logique.
Voyons un pen.
Si cc paper i!ait au pair avec 'or qui doit
servir a sa conversion, pourquoi chercherait-on
ai l retire de la circulation ?
On va prendlr la resolution de le retire de
la circulation, parcel q(u'il est devenu une cause
de )erturti)llion pour Ic commerce, et qu'il ruine
chacun en )partiulier.
Et c'est pIace que, uisant do sollicilude pour
tous, le Gouivernement clierche a nous tirer
d'embnarras, que, toutt-h-coup, nous prenons
l'attilude de vouloir qlue cc paper, quisupporte
acluellement un change e 85 olo, nous soit
remlboulrsC ant pair centre or.
Mais, ne savons-nous pas que le Gouverne-
mnict pourra nous dire de nous dtbrouiller com-
me l)on nous semble avec ce paper, d'autant
qu'il lui sert i' faire le paiement de son service

courant avanlageusement, rien qu'en conver-
tissant son or au taux du change ? Ne savons-
nous pas de plus que nos paysans 1'acceptent
malgre sa d6preciation, ,t qu'avec ce paper, ils
ont l'illusion que leurs denrees obtiennent un
prix remunerateur, quoi qu'en ralit6, on les
vole comme dan la fort de Bondy.
Ce sont, peut-etre, ces raisons que d'autres
avaient cues lorsqu'ils faisaient la sourde oreille
pour ne pas retire ce paper tie la circulation.
Nous n'avons pas elt pour le retrait en bloc
de cc paper. Nous avonstoujours conseill d'o-
pirer sa conversion partielle au coursdu change,
afin de ramencr la haisse d.i prix des choses.
On n'avait pas voulu nous comprcndre et I'on
a laiss6 cet exuloire nous epui e.r, au point que
nous ne pouvons plus le supporter. La faute en
est A nos financiers h course vue, qui fontcon-
sister leur science dans l'art de payer sculement
les appoinlements des employs publics, sans
se soucier qu'avec le haul pri.r des choses, le
salaire deces employs est rdduit it mnoili, et
qu'i c6td d'eux. ii y a les artisansqui meuren'
de faim et des commercants qui Iont faillite, A
cause de cc haut prix des choses, resultant de
ce paper d6pr6cie.
Le mal que produit ce paper menacede pren-
dre, et prend en effet une proportion tlell, que
cc scrait un crime que de le garder dans la cir-
culation plus longlemps, et nous avons d6clard
qu'il fallait le detruire completement.
Mais, puisqu'on pense que ce paper doive
6tre retire au pair, nous conseillons de nouveau
le mode de la conversion partielle.

- 82 -

83 -
La baisse sera obtenue d6s qu'on verra que
le Gouvernement en aura fail brller la portion
qu'il aura fait convertir. Et comme pour faire
aller la production et la consommation, unpal
pier garanti est n6cessaire, le Gouvernement
fera surveiller l'autre portion pour operer sa
conversion aussit6t qu'on aura l'idde de faire
la hausse du prix des choses avec son concourse.
La conversion an course du change sera ddsor-
mais la garantie dc ce papier-monnaie, d moins
qu'on ne veuille consenlir qu'il soil retire une
bonne fois de la circulation d 50 0/0.

JI existed dans noire pays des gens, qui, pour
n'avoir jamais Wtc dans les affaires, croient que
parce qu'un commercant ou l'Etat r6gle ses af-
faires en demnandant des reductions, il n'estplus
propre h rien. A ce point de vue. il n'y aurait
presque personnel dans le commerce qui ffit
propre A quelque chose.
Ceux done qui pensent ainsi n'ont jamais dlu
die la march des choses ni les causes qui peu-
vent amener ou le commercant ou 1'Etat A ce
resultat ; et b6ndvolement, ils vous disent, sans
perdre leur aplomb et sans savoir qu'ils font
I'affaire des autres, qu'il faut payer intdgrale-
ment
Tres-bien.
Mais qu'on leur dise de contribuer A la dd-
pense, et de laisser prdlever un imp6t direct
sur eux, aussit6t vous les verrez tomber en
cyncope,

- 84 -

Eh hien !oui, ce commer(ant ou 1'Etat, dut-il
dhie tax6 de banqueroutier, doit chercher, co-n-
me d'ailleurs, vous l'auriez fait, a faire reduire
ses delles par tous les moyens en son pouvoir.
II erait souverainement ridicule, qu'ayant un
change ;i 85 o/o, l'Etat fit monter la fortune de
ses sangsues d'aulant. sous pretexte de bonne
foi.
Oil va done se nicher la bonne foi ?
Savez-vous qui est aslreint a payer quand
c'est I'Elat qui est ddbiteur ?
Cest vous, c'est nous, c'est le pauvre paysan
qui n'ont pas de quoi manger !
Et l'on trouve cela tres just.
En v6rit6, ca fait pili6 quandon enlend raison-
ner ainsi, et contre ses propres intbrets.
Est-on en Haiti plus honntle et plus riche
qu'cn Autriche Hongrie ?
Si nous ne sommes pas plus riches ni plus
honnites, qui se permeltra de nous fire un
crime d'avoir cherch6 A unifier nos delles par
la conversion ? La conversion, d'ailleurs, est
pratiquee dans tous les Etats siieux.
Quoi! nous vous devons en papier-monnaie;
100 dollars or talent !85 G. de cc papier-mon-
naic ; parce qii" vous avez jet6 la perturbation
dans les transactions en prelevant 85 olo sur
votre or. nous sommes obliges de retirer ce pa-
pier de la circulation : nous vous proposons a-
lors de recevoir 100 dollars pour 150 gourdes
de ce paper que vous avez encaiss6 a 75, 80 et
85 0ol, et vous Irouvez que c'est trop peu, et
vous commencez A dire que nous sommes en
banqueroute.

-85 -
Baste pour ne l'Ntre pas, it nous fallait, en
vous remboursant ce papier-monnaie au pair,
vous enrichir de 85 olo.
Maisqui serait ladupe danscette transaction ?
AssurCment, ce ne serait pas vous.
II est bon alors de faire banqueroute dans
ces conditions, et de ne pas commettre la sottise
de vous enrichir outre measure.
Vous semblez faire mine de ne pas accepter
notre proposition.
Eh bien comme ce papicr-monnaic est g&-
nant pour nous, parce que vous 1'avez d6pricie,
nous ferons la conversion de notre or au taux.
qu'il sera par rapport A ce paper.
Nous savons que vous ferez la baisse, plant
mieux ; c'est aussi ce que nous cherchons. Dd-
sormais alors, nous garanlirons cc papier-mon-
naie par la conversion partielle, et ce sera tout
profit pour laRdpublique.
1I est temp, au moins, qu'on sachequ'on n'est
pas ici dans un pays decocagne oil chacun peut
se reveiller riche apri)s s'Otre endormi gueux,
par la seule puissance de notre incapacity.
Nous ne voulons plus qu'on dise de nous,
que nous ne sommes propres A vivi e que de
noix de coco.
En fin de compete, nous devons penser um
peua nous-m6mes ; pensera nosroutes d6fonc6es;
penser a creer des voies de communication, A
cr6er aussi des canaux d'irrigation pour active
la production de nos terres encore inculles :
nous devons penser enfin A reliever notre agri-
culture et notre commerce, afin de fair asseoir
le Bien-6tre dans nos foyers !

- 86 -

En presence de ces obligations ct d'autres
que nous avions n6glig6es par erreur et par a-
pathie, nous ne pouvons plus ttre prodigues, et
nous crions A ceux qui nous demandent des
largesses : arriere !
Arriere et rep6lant la chanson, nous disons:
k Allez djober la-bas ! !)
De fail, nous ne pouvons pas. faire lout le
temps 1'affaire des autres.
C'est bien assez que, passant par toutes sorts
de vicissitudes, nous n'avons pu commencer a
travailler pour notre compete qu'A partir de 1804,
encore dans quelles entraves, Dieu sail !
Nous avons v6g6tc, jusqu'ici, au milieu des
abus de toutes sortes, Irainant apres nous une
lourde charge de 100 millions de francs, don't
nous nous sommes debarrassds pournous trouver
encore en face d'une autrebeaucoup plus lourde,
produit des dilapidalions ct des imprpvoyances
de nos gouvernants. Et 1'on veut que nous fas-
sions des largesses encore. C'est contre tout
bon-sens.
Si, pour le coup, nous ne devenons pas serieux,
pour r6gler nos affaires en gens sirieux, sachant
ce que nous voulons, il faudra renoncer a I'in-
d6pendance.
Saais nous savonsce que nous voulons, grice
i Dieu !
Nos bouleversements et nos malheurs nous
donnnent de 1'experience
Et pour reptler Ies paroles de ., B. Say, nous
pouvons dire, que < l'abus des papiers-monnaies Y
des emprunts on6reux et des folles d6penses

- 87 -

r nous a fait apercevoir lesdernibresconsdquen-
ces de presque tous nos exces.)
Et reprenant notre raison et notre bon-sens;
nous avons misun frein i nos gaspillages etavons
cre6 un budget equilibrd.
Nous allons finir avec le papier-monnaie et
operer 'unification de nos delles.
Nous aurons aussi des voies-ferries ;
Nous ferons la rdfection de nos routes, et
nous creerons aussi des chemins vicinaux pour
la libre circulation de nos products, etc, etc ;
Nous repandrons 1'instruction rdellement par-
lout, et avec profit pour la masse.
En presence de tant d'obligalions h remplir,
l'on veut que nous nedevenions pas s6rteux pour
meltre ordre A nos affaires.
Allons done !
Nous devons devenir sdrieux, d'aulant plus
qu'avec le has prix de nos denrdes sur les mar-
ches strangers, nous ne pourrons plus sous peu
conserve les droils lev6s que nous prdlevons
sur elles, ce, au detriment de nos paysans qui
finiront par 6tre d6gofltds du travail.
Aussi, quand nous entendons qu'on parole de
pr6lever encore -5 olo sur les droils ddjA 6nor-
mes d'exportation pour ne pas retire le papier-
monnaiedela circulation, nous devenonsperplexe,
et nous nous demandons si l'on veut que notre
ruine soit complete.
Le Montenegro du Drapeaii devrait compren.-
dre que le prix des degrees exportables devant
baisser par rapport a l'augmentation des 25 olo
de droils a l'exportation, le papier-monnaie
restant en circulation, fera hausser le change

- 88 -

pour permetire a nos exportateurs de payer ces
denres en proportion.
C'est mime cela qui nous fait rdfl6chir sur ce
retrait, 6iant donni quc I'education de nos
paysans nest pas e.icore faile sur ce point.
C'est sans doute, pour n'avoir pas fait atten-
tion il une chose si simple qu'il croit qu'il est
facile d'obtenir une augmentation de 25olo sur
nos droits d'exportation. Point n'elait besoin
d'entasser Ossa sur Pdlion pour tomber dans
cette absurdile.
Ceux qui demandent le retrait du papier-mon-
naie mine par I'emprunt, ne sontpas, come
i Icl pense, des financiers de Bois Imis. Le pa-
pier-'uonnaie, par son essence, n'est aulre chose
(qu'in emprunt lbr'ct fail sur le people :cel em-
prutnt-l;t qui permit I'ayiolage et ses lunestes
consequences, doit etre rgie quand on vent
former l'ere des emprulns onereux, refaire ses
finances avarihes, chasser le disordrdede I'ad-
m;nistralioai, et mettre de la slabilile dans les
transaclions et parloul.
Aussi, nous pensonsque les membres du Corps
I 6gislatif ie ni anqueront pas de voter tout pro-
jet tendant ;i sa disparilion, malgrd les criaille-
ries des intlresses (uii voudraiiet voir conser-
ver cetexuloire epuisant.
Ceux-ci font mime circular le bruit manson-
ger, d'ailleurs, que les honorable membres du.
Corps LIgislalif ne voudront rien voler que
moyennant Calypsos. Nous prolestons eier-gi-
quemeni centre celle insinuation lalveillalte
et attentatoire i I'hlonncur de nos Honorables,
d'aitant que le tralic des votes n'est pas chose

89 -
possible, et que ces Messieurs, en nous donnant
on budget dquilibr6 ,ont aussi compris que sans
I'economie, le pays ne sorlira pas de son impasse
actuelle.
25 Septembre 1897.

La Banque et ses commissions

Puisque nous sommies sur le chapitre du re-
trait et dcs economies, noui gallons succintement
examiner la question ties commissions de la
Banque par raIpport a cc retail.
La Baiique, dit-on, ouvre de grands yeux sur
les 2.800.000 dollars. Elle aurait voulu prlever
sa commission sur cctte valeur qui sera affecl6e
an retail du papier-monnaie. Eut-elle des yeux
d'Argus, nous croons jiu'elle ne voit pas clair
celle Ibis !
Si l'on considered combiiin introductionn du
papier-monuaie. de memne que sa substitution,
lui out dejai donn0 de bearre, sans complete ses
agiolages, par Ie moyen de cc paper, qui 1'ont
enrichie, on verra q(u'il n'est pas du tout rai-
sonnable qu'on la charge du soin de ce retrait
qui lui donnerail encore :
1 0 pour commission d'encais-
scment 2.800.000 dollars a 1 0,0 P. 28.000
- a pour commission de paie-
nienit 2. 800.000 dollars
ai 1,2 010 14.000
S0 pour frais de bureau du
rclrait A 1 I/ 0/0 42.000
ensemble Or P. 84.000

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D'aucuns disent plus, mais nousnous arrdtons
i ce chiffre. On sait que le retrait se faisant sur
la base de 50 Ol0, ces 84.000 dollars permeltront
a l'Etat de retire de la circulation la some
ronde de P.126.000 de cc papier-monnaie.
Ce serait trop donner, en v6rit6, it ce Gar-
guanta, quand avec seulement 5 a P. 6.000 I'on
peut operer ce retrait, et fair vivre quelques
honn6tes peres de famille.
Mais, s6rieusement, penserait-on a laisser
drainer par cette Banque encore 84.000 dollars
en dehors de son l114 de million que nous avons
la naivete de lui donner annuellnment ricn que
pour faire les entries et les sorties de nos fonds?
Nous sommes, parait-il, un people riche par
excellence, notre pays est un Eldorado, nos rues
sont paves en carrares, nos routes publiques
sont sablees d'or, nos paysans vont en voilures,
et nous donnons it une socile6 anonyme Ctran-
gore pour faire nos entries et nos sorties de
fonds un 114 de million de dollars annuellement!
Ce 114 de million donn6 i la Banque annuel-
lement est pour nous un vrai conte de Perrault,
quand nous savons que nos rues sont hour-
beuses, nos routes publiques sont d6fonc6es et
nos paysans vont pieds nus et sont vdtus en
vareuses de gros bleu, eux qui peinent et qui
suent pour fournir la plus grande par.ie de ce
114 de million. ( 1 )

( 1 ) A cOle de cette Banque et de cc 114 de million,
nous avons un Commissariat faisant office de tresorerie
g6nerale, des payeurs .*c D6partement Ministeriels qui
sont autant de tr6soriers avec leur personnel, et des
payeurs d'Arrondissements aussi; tous ces tresoriers

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Et cette Banque voudrait encore empocher
84.000 dollars pour fire le service du retrait du
papier-monnaie, ce papier-monnaie qui a dedj
plant servi i sa richesse !
Mais il faudra penser, au contraire, A lui faire
baisser les commissions exorbitanles qu'elle
pr6elve sur nos fonds, et qui grevent absolu-
meni notre budget chaque annee. ( 1 )
Savez-vous qu'un Etat insulaire qui voudrait
fire de sdrieuses Iconomies pourrait se gou-
verner rien qu'avec les 250.000 dollars donnas
Ai cellc Uanque pour fire seulement le service
de notre tresorerie ?
Le Gouvernement de la colonies de I'Amnrique
Septentlionale avec 3.000.000 d'habitants avant
son independence, ne ddpensait que 1.552.800
francs par an pour ses frais, encore 6tait-il
oblige de se mettre en garde contre les Peaux-
rouges.
< Exemple nimorable, dit Smith, qui montre
avec combien peu de frais trois millions d'hom-
mes peuvent tire, non-seulement gouvernds,
mais bien gouvernes.
Quoique nous ayons une population deux
fois moindre, nous sommes, avec nos scores
de d(penses, a '8.000.000O de dollars pr&s ou
40.000.000 de francs, et cela sans avoir une ar-

nous enluvent pour leurs appointments ce qus sure-
ment nous depensons pour la Banque ; d'oi le budget
de la R6publique augment a lort d'un 1[4 de million
A peu press.
S( 1) Nous avons constatd que la Commission de la
Banque qui 6tait de P. 266.000 dans le budget 1896-97,
se trouve reduite dans celui de 1897-98 a P. 120.000...

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m6e instruite pour nous d6fendre en cas de be-
soin, ni meme de routes praticables pour le
transport de nos products.
Cela d6note, assur6ment, un vice d'organisa-
lion don't il faut nous d6faire avant longtemps.
Mais le comique, c'est que nous nous laissons
divorer comme le lac6d6monien, par noire re-
nard de Banque, sans pousser le moindre cri,
sous prttexte que nous sommes des forts et des
braves, tandis que nous ne sommes que des
novices et des fanfarons.
Vovez aussi comment cette Banque, mettant
a profit notre sot orgueil et notre amour du
lucre, nous a faith glisser dans de folles d6penses
don't les exc6dents qui 6taient en Septembre 1895
A 29.066.480 francs, se trouvent aujourd'hui a
50.000.000 de francs, qui nous donnent des
annuit6s de 3.400.000 francs durant 37 ans,
chiffre qui suffirait amplement i nos d6penses
annuelles, on mieux, a nous cr6er des voices de
communications et de transports sans le con-
cours de capitaux rangersr.
Voila Grand Dieu une tulelle que nous nous
sommes impose et qui nous a cofite ch6re !
Et cette Banque reclame qu'elle a rcndu des
services A notre R6publique ! !
C'est un comble.
Ah oui, 'introduction du papier-monnaie
avec l'AGIOTAGE et ses consequences
d&sastreuses, les emprunts on6reux don't elle
menait la charge, quoi encore ? la conversion
de nos dettes interieuies en delles ext6rieures
avec une perte s6che de 20.000.000 de francs

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et plus pour couvrir 29.066.480 francs : ce
sont ld de irks beaux services.
Mais pour ces services a danses macabres,
nous devons, si nous sommes serieux, arriver
A modifier le contract ldonin qui nous lie avec
elle.
Elle n'est pas restde du lout dans les terms
de ce contract qu'elle a violet aussitot son ins-
tallation.
Or, en droit, quand les clauses d'un contract
sont violkes, on mCnme ne soni pas exscutees,
l'une des parties contraclantes peut demander
sa resolution ou sa modification au mieux de
:,es intir6ts.
On dit que nos Ministres des finances qui out
toujours &t6 favorables a cette Banque, furent
toujours baptisms actionnaires a leur entrde en
function.
C'est. peut-etre, ce qui explique la tendresse
qu'il ont cue pour elle.
Si nos Ministres des finances passes pouvaient
accepter des presents de juifs, nous croyons que
celui que nous avons actuellement, et don't nous
connaissons la sauvage fierte, n'est pas homnie
a se laisser prendre avec de gros sous.
Aussi, nous esp6rons qu'avec lui, cette Ban-
que rentrera dans la r6gularil, ou plut6t rabat-
tra de ses pretenlions. 11 faudra done avant tout
commence a fire baisser le taux de la com-
mission qu'elle .prIelvc sur nos entries et nos
sorties de fonds Nous ne pouvons plus. dans
notre 6tat de misere acluel, nourrir cettesang-
sue Allemande qui finira par nous prendre notre
dernibre goutte de sang.

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Et si cette Banque #tait assez exigeante pour
vouloir quand m6me percevoir son l14 de mil-
lion, il faudra sans tambour ni trompette pro-
voquer I'annulation de son conliat actuellement
caduc.
Un jour, nous ferons le bilan des pertes qu'elle
nous a fait subir.
A ceux-la qui disent qu'elle a mis de l'ordre
dans notre administration, nous leur flanquerons
a la face ce tableau de turpitudes et de spolia-
tions.
Et d'abord le vol de mandates perp6tre dans
son sein, nous fait assez comprendre quelle
sorte d'ordre elle a mis dans notre adminis-
tration.
C'est dr6le tout de m6me. Nous donnons a
cette Banque le privilege de nous tondre a
merci, et nous la payons encore. Mystere im-
penetrable !
Ah non, ii faut une fin a toute chose !
A propos, puisque nous voulons finir -avec
les abus, n'est-ce pas quc nous ferions bien
de rompre avec cette mere de nos abus finan-
ciers, elle qui sait si bien couvrir les depreda-
leurs de nos deniers ?
Nous aurions du coup fini avec les virements
louches, le drainage de nos fonds, les tripola-
ges sur nos finances et les intrigues qu'elle salt
mener avec ses satellites contre nos meillcurs
projects.
Un de nos charlatants disait que cette Ban lue
est une bastille qu'il taut renverser.
S'il a jamais dit une verilt, c'est bien celle-li. 11

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lui manquait seulement la sinc6rite et le vouloir
des iames fortes et independantes pour agir. Ce-
lui-lh n'idait qu'un roublard. malheureusement.
qui cherchait son beurre dans tout. et qui avait
voulu nous flanquer uneautre bastilleen face de
celle-ci pour mieux nener !a danse de nos ecus.
C'est le mnme qui nous donnail la substitution.
la frappe. I(, nonnaie divisionnnaire d'argent et
de bronze, ingridienis qui surchautfaient et su-
rexcitaient la crises qni nous etreint encore.
Mais nous pcnsons que M. Meno. qui n'est pas
de la lignde des charlatans et qui va droit son
chelin, nle manquera pas de faire baisser les
commissions de cette Banque. de supprimer lous
ses casuels, et nm'mei de nous debarrasser a la
premiere occasion dc cctte robe de Nesus qui
nouls Ibuile et nous (tie.
Mais voili q(u'on pous dit que cette B&anque
vt ses s:;telliles iront des intrigues pour fire e-
chonur Ics projes doi (ouverilment. Ces projects
all;ant i l'renconltre tie lcuir interits, its sont
(ans leur rile el petvent se suimi ener conime
I)on lieir semble. NMis nous no pouvons pas ac-
cepter le bruit qui tonsiste Ai dire que des ca-
Il'sos vonlt tre tdonnus i nos Honorables par
eux. Ce serait rapetisser l'lo nn'ur national et
nous rabaisser lnons-it0nim rien qu'en suppo-
saint (inei es messieurs peuvent accepter des
pr6senis dejuits en recompense de leurs votes.
Juudas pouvait ve\nre son Maitre. Mais lestraitres,
p)ouvani venture leur pays, ne seront jamais en
imajorilt dlans ll un Asseliblet de! citoens libres,
(qlulle qu oil it la pissaInce qu'Iexerce I'argent
sur le ct(ur hlumain. 2 Octobre 197.

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Pas de monnais d'argent am6ricaine.

La question de retrait du papier-monnaie ar-
rivant a son point culminant par Ic dep6t du
project qu'a faith le Ministre des finances aux
Chambres au nomn du GouLvcrnement, ceux qui
souhaitaient que ce paper res:it toujours dans
la circulation pour leur permeltre de fair aller
1'agiotage ou l'escamotage de nos fonds, jouent
leur dernier va-lout. Ne pouvant pas agir de
front Rtant demasques dans leur jeu, ils cher-
chent adroilement ; fire introduire dans ce
project des modifications, qui n'auraient pour
resultat que son annulation. Leurs idees ma-
chiavlique semblent meme irouver de 1'cho
parmi certain membres du Corps Legislatif,
qui n'y voient gouite et qui croient meme nous
servir en mettant en pratique cette id6e insi-
dieuse qui consiste a voter un emprunt pour
retire, en m6me temps que le papier-monnaie,
la gourde milallique te notre mannaie divi-
sionnaire d'argent.
Cerles, la gaurde mdtaillique, 6tant de la
fausse monnaie introduite ldans notre circula-
tion, doit itre aussi retiree de la circulation.
Le project du gouvernement correct en ce ip)int,
porte que, sur les 2. olo de suiiaxei a I'ii -ior-
tation, 10 olo serviront A la (d:n1ondlisatioci de
ces pieces, et 15 olo en minorlissenment de 'erm-
prunt de 2.800.000 dollars pour le retra:. im-
mddiat du papier-monnaie.
Quant f la monnaic divisionnaire d'ar;nt,
elle doit continue a circuler come appoint