LA
MARTINIQUE
EN 1910
PAR
R. DE LA VAISSIgRE
PARIS
AUGUSTIN CHALLAMEL, EDITEUR
RUE JACOB, 17
Librairie maritime et colonial.
1910
LA
MARTINIQUE
EN 1910
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
LA
MARTINIQUE
EN 1910
PAR
R. DE LA VAISSIERE
PARIS
AUGUSTIN CHALLAMEL, EDITEUR
RUE JACOB, 17
Librairie maritime et colonial.
1910
LA MARTINIQUE EN 1910
PREMIERE PARTIES
GEOGRAPHIE PHYSIQUE ET POLITIQUE
Situation g6ographique.
L'ile de la Martinique fait parties du group des Antilles don't les
iles constituent une chaine s'6tendant du Yucatan et de la Floride
jusqu'aux bouches de l'Ordnoque. Elle est situ6e entire 14 26' et
14053' de latitude nord et entire 630 34' de longitude ouest du m6ridien
de Paris. Elle est place entire les colonies anglaises de la Domi-
nique au Nord et de Sainte-Lucie au Sud; elle est 6loignde de
440 kilometres seulement du continent am6ricain et de 1.270 lieues
marines de Brest.
Superficie.
La Martinique measure 66 kilometres dans sa plus grande longueur
et sa larger moyenne est d'environ 30 kilombtres; sa superficie est
de 98.782 hectares, soit 4 peu pres le double du d6partement de
la Seine.
Orographie.
La Martinique est d'origine essentiellement volcanique, ce qui
explique son caractere accident ; elle est traverse dans son
grand axe par une chaine qui va du cap Saint-Martin au Nord-
Ouest a la Pointe des Salines au Sud-Est en offrant une game de
pics toujours dderoissante (la Montagne Pele : 1.350 m6tres, les
Pitons du Carbet : 1.200 metres environ, le mont du Vauclin : 505
metres, le Piton Crevecceur: 480 m&tres).
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Hydrographie.
De tous ces mornes d6valent vers la mer de nombreuses rivibres
et de plus nombreux torrents. 70 course d'eau descendent des mon-
tagnes; deux seulement sont navigables pour les embarcations d'un
faible tirant d'eau, ce sont : la riviere Pilote et la riviere Salde. Il
existe dans File quelques sources d'eaux min6rales; trois d'entre
elles sont jusqu'ici exploitdes : les sources de Didier et d'Absalon
pres du Carbet et la Fontaine Moutte, aux environs de Fort-de-
France.
C6tes.
Les c6tes de la Martinique sont peu accidentkes dans la parties
septentrionale de 'ile; le rivage est au contraire vigoureusement
d6coup6 dans la parties m6ridionale.
Caps hardiment avanc6s, babies profondement 6chancrdes, pro-
montoires effilds, anses spacieuses, se succedent sans interruption
de Fort-de-France A la Trinitd en passant par le Marin; la naviga-
tion est fort difficile et souvent dangereuse dans ces parages, par
suite des banes de coraux appel6s < cayes a qui sont disseminds
jusqu'a plusieurs miles au large. Heureusement que la nature a
pourvu l'ile d'une baie magnifique et sire: celle de Fort-de-France,
la plus belle rade des Antilles.
Vents et climate.
La mer est continuellement agit&e sous l'action i peu pres cons-
tante des vents alizes, c'est-h-dire d'Est et du Nord-Est; ces vents
temperent, en revanche, la chaleur et, balayant le pays, augmentent
les conditions de salubrit6.
Le climate de la Martinique est, d'une fagon g4nerale, chaud et
humide. L'ann~e se divise en trois saisons bien distinctes mais
d'une duree irrdguliere :
10 La saison fraiche on < careme a qui commence en d6cembre
et finit en mars. Temperature maxima : 280; temperature moyenne,
dite de Printemps: 24 5 ; temperature minima: 210.
2 La saison chaude et skche qui commence en avril et finit en
-7-
juillet; le thermometre oscille entire 230 et 31 8. La temperature
moyenne est de 260; c'est l'WtA. -
3 La saison chaude et pluvieuse qui dure jusqu'en novembre. Le
thermom6tre marque de 23 A 320. C'est l'hivernage, l'dpoque des
grandes chaleurs, des tempetes, des ouragans, des orages et des
pluies torrentielles.
Malgre une grande humidity, resultant de la situation meme de
l'ile au milieu de l'Ocean, et une temperature dlevee peu variable,
le climate de la Martinique n'est pas d6favorable i l'Europden, a
condition de se soumettre rigoureusement aux lois de l'hygiene
et faire, a diverse dpoques de l'annee, un s6jour dans la montagne.
Cyclones.
C'est pendant l'hivernage que les perturbations atmosphdriques
sont le plus a redouter et il est a remarquer que les raz-de-marde
et les cyclones les plus terrible se sont toujours products au course
de cette pdriode de 1'ann6e. Les cyclones, qui ont le plus violem-
ment ravag6 la Martinique durant ces dernieres annies, sont ceux
du 5 septembre 1883, du 18 aoit 1891 et du 9 aoit 1903 et le plus
recent raz-de-maree enregistrA est celui du 31 aost 1902.
Eruptions volcaniques.
Les tremblements de terre sont nombreux et certain d'entre
eux ont WtA d'une extrAme intensity ; tels ceux de 1657, de 1727,
de 1753, de 1839, de 1902, de 1904 et de 1906.
L'ile compete cinq volcans 6teints et un volcan en activity, la
Montagne Pelde, que les eruptions de 1902 ont rendu tristement
c6l6bre. La catastrophe du 8 mai 1902 a andanti en quelques minutes
Saint-Pierre et ses 28.000 habitants et recouvert d'un epais linceul
de cendres grises toute la parties de la montagne comprise entire le
cratere, le Morne Folie-et la petite anse du Carbet; des eruptions
successives (20 et 26 mai, 5 juin, 9 juillet et 30 aoit de la m&me
annie) ont ensuite detruit les communes du Precheur, de la Grand'
Riviere, de l'Ajoupa-Bouillon et du Morne Rouge. En resume, la
surface de la parties de 'ile d6vastee par la catastrophe de 1902
n'est pas inferieure A 58 kilometres carr6s.
-8-
Loin d'6tre frappee de terreur et de d6couragement a la suite de
ce disastre, la population, sans rien oublier du pass, s'est remise
avec confiance t l'ouvrage pour redoubler d'activit6 et maintenir la
Martinique au rang que sa prospirit6 avait su lui donner.
Voies de communication int6rieures et ext6rieures.
C'est dans ce but que, sans se laisser arr4ter par les sacrifices
a consentir, des services nouveaux ont dtd crd6s et qu'un pro-
gramme complete de travaux publics a Wtd 6labor6 : reprise d'un
project de chemin de fer, amelioration du port de commerce de Fort-
de-France, creation de lignes d'automobiles, etc.
Le project relatif i des services de voiture i traction mecanique
a dfi etre momentandment abandonnd par suite de la rapidity des
tournants et de l'importance des differences de niveau; il doit etre
repris plus tard. Quant au chemin de fer, le trace d'une voie
ferrie allant de Basse-Pointe A Sainte-Marie est, a l'heure actuelle,
completement 6tudid et sa construction est prochaine.
I1 existe cependant dans F'ile un reseau de 180 kilombtres de
chemins de fer A voie 6troite; ces lignes appartiennent a l'industrie
priv6e qui s'en sert pour le transport des cannes i sucre.
La Martinique tout entire est sillonn6e par des routes coloniales
bien entretenues qui, au nombre de 33, desservent les principles
localities; de plus, des services de bateaux a vapeur font le tour de
l'ile en s'arretant aux points les plus important.
La Martinique est relide a la France par les paquebots de la
Compagnie gendrale transatlantique qui parent de Saint-Nazaire
le 9 de chaque mois et de Bordeaux (Havre-Bordeaux-Colon) le 26
de chaque mois ; la traverse est de 12jours. Au retour, les departs
de Fort-de-France ont lieu le 10 et le 29 de chaque mois.
L'ile communique avec les Grandes Antilles et les Guyanes par
les deux lignes annexes de la Compagnie g6ndrale transatlantique.
Les navires de la e Royal Mail et de la ,, Direct Line e la mettent
en relations avec les Petites Antilles et l'Angleterre. Enfin, des
steamers americains transportent avec facility les passagers et les
marchandises dans les grands ports des Etats-Unis,
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G6ologie.
La g6ologie de la Martinique est peu connue. Elle a Wt 6tudide
en 1814 par Moreau de JonnAs, en 1843 par Ch. Sainte-Claire
Deville, en 1880 par Octave Hayot et tout r6cemment par
M. Lacroix. En resume, l'ile content des terrains calcaires strati-
fids dans lesquels on retrouve quelques fossils et toutes les roches
rencontr6es par le g6ologue renferment une quantity considerable
do silice. Ces constatations permettent de croire que les matirres
constitutives de la Martinique ont Rt6 arrachees h quelque lambeau
du terrain primitif.
Botanique.
Le regne v6egtal est richement represents dans l'ile. I1 est
cependant int6ressant de remarquer que la distribution des plants
peut 6tre rattach6e h cinq zones bien distinctes : zone littorale,
zone des grandes cultures dans la region basse, region moyenne
oft se cultive les legumes, region haute on zone des grands bois et
region sup6rieure oil croissent les mousses et les fougeres.
Zoologie.
La plupart des mammifAres existant dans 'ile ne sont pas
autochtones; ils y ont dt& introduits A une 6poque plus ou moins
reculke. I1 faut cependant en excepter les chauves-souris qui
competent une douzaine d'esp&ces. Les oiseaux sont rares mais, en
revanche les reptiles sont nombreux ; enfin, les poissons sont
abondants sur les c6tes et dans les rivieres de la Martinique.
Population.
La population de la Martinique est de 182.024 personnel avec
une density de 191 habitants par kilomAtre carr6, ce qui, en
tenant compete des hauteurs inaccessibles ou des mardcages -
permet d'affirmer que la parties habit6e continent, en moyenne,
400 habitants au kilometre carre. I1 n'y a done pas lieu de s'etonner
que les Martiniquais se rendent volontiers a l'6tranger; ils 6migrent
de prdfdrence a Panama, a la Trinidad et h la Guyane frangaise.
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La population est repartie en 32 communes, don't 3 (Saint-Pierre,
le Precheur et le Morne-Rouge) ddvastdes par les catastrophes
de 1902 sont de tres faible importance. L'ile est divisde en deux
arrondissements: Fort-de-France et Saint-Pierre.
Communes.
Le premier arrondissement content les communes suivantes :
Fort-de-France, Schoelcher, le Lamentin, Saint-Joseph, Saint-Esprit,
Ducos, le Francois, la Riviere Salke, le Diamant, les Anses d'Arlets,
les Trois-Ilets, Sainte-Luce, le Marin, le Vauclin, Sainte-Anne et
la Riviere Pilote. Le second se compose des communes ci-aprns :
Saint-Pierre, le Carbet, la Case-Pilote, le Fonds-Saint-Denis, le
Prdcheur, le Morne-Rouge, la Basse-Pointe, l'Ajoupa-Bouillon, le
Macouba, la Grand'Riviere, le Lorrain, le Marigot, la Trinite,
Sainte-Marie, le Robert et le Gros Morne.
Fort-de-France.
Le chef-lieu de la Martinique est Fort-de-France, qui compete
27.069 habitants. Cette ville s'appelait autrefois Fort-Royal et a
change de nom en 1802; elle sert de residence au gouverneur et a
tous les chefs de service.
Fort-de-France est bati sur un terrain plat, ses rues sont traces
en ligne droite et ses maisons, dl6gantes, sont construites de fagon
a pouvoir resister aux tremblements de terre ou aux cyclones.
On y remarque la (< Savane n oh a 6t6 drigde la statue de 1'Impd-
ratrice Josephine; cette promenade, ombrag6e de tamariniers et de
sabliers, est l'une des plus belles des Antilles. Des monuments
imposants: la mairie, la bibliothhque Schcelcher, la fontaine Guey-
don, sont d'un superbe effet d6coratif. Enfin, un jardin botanique
tres bien entretenu content des specimens de toutes les varidtds
d'arbres ou de fleurs qui croissent et prosperent dans file.
La ville est d6fendue par le fort Saint-Louis, le fort Desaix, le
fort Tartenson 'oi ajadis Rtd intern BWhanzin, ancien roi du Daho-
mey) (et les fortins de 1'ilet & Ramiers, de la Pointe du Bout et
de la Pointe des Negres.
I -. a A,., ra sse rent
0.45 C ,r
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I de/Vi,F1 r'
.5- ce ae 4caakD
DEUXIBME PARTIES
HISTORIQUE
Decouverte.
La tradition veut que la Martinique ait Rtd decouverte par Chris-
tophe Colomb, au course de son deuxieme voyage, le 11 novembre
1493, jour de la fAte de saint Martin: d'oh son nom. Cette ile.
n'6tant pas portde sur la carte dressed en 1500 par Juan de la Cosa.
mais Rtant comprise dans l'archipel que ce geographe mentionne
sons le nom a( d'Islas de Canibales ,, il y a tout lieu de supposed
que les Indiens s'etaient bornes a parler h Colomb d'iles situees au
sud de la Guadeloupe et dans lesquelles vivaient des populations
anthropophages.
I1 semble dtabli aujourd'hui que ce n'est qu'A son quatrieme voyage
que Christophe Colomb reconnut la Martinique; il ddbarqua, le
15 juin 1502, a 1'endroit oh s'dleve aujourd'hui le bourg du Carbet.
Les Caralbes.
L'ile dtait, a cette dpoque, exclusivement peuplie par les Indiens
Caraibes qui appartenaient I la famille indienne des Galibis reprld-
sentde actuellement par quelques tribus dparses dans la Guyane
Frangaise. I1 est probable que ces indigenes, chassis de leur terri-
toire par leurs ennemis acharnds et cruels, les Arouagues, avaient
quitt6 sur leurs frnles pirogues les rives de l'Amdrique et, favoris6s
par les vents des Amazones qui portent au Nord, atterri aux iles les
plus rapprochies du continent.
Remontant toujours plus au Nord, ils s'etaient par la suite
rdpandus dans les autres miles et s'y 6taient implants. Sans pitid
d'aucune sorte, ils massacrerent impitoyablement pour les ddvorer
les aborigines males et conserv6rent les femmes afin d'en faire des
servantes on des spouses.
Ils rencontrerent a la Martinique une race autochtone, douce et
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pacifique, les Igndris, qu'ils eurent vite fait d'andantir, a l'exception
des femmes. C'est ce qui explique que le Caraibe se composait de
deux langues, l'une : Galibi, exclusive aux hommes, l'autre:
Igndri, rdservde aux femmes.
Lors de sa ddcouverte, la Martinique s'appelait ( Madinina a,
d'ooi il v a lieu de supposed que son nom actuel a 6td tired.
De l'Olive et Du Plessis.
Les Espagnols, don't les conqudtes nouvelles 6taient immense,
didaignerent cette petite ile perdue dans l'Ocdan et ndgligdrent de
l'occuper ; les Caraibes parent jouir paisiblement de leur territoire
jusque vers le milieu du xvin siecle. Mais, le 14 fdvrier 1635,
deux gentilshommes francais, Lydnard de l'Olive et Du Plessis,
passerent avec la Compagnie des Isles d'Amdrique ), crdde en
1626 par Richelieu, un contract aux terms duquel ils obtenaient le
commandement de la Martinique, la Dominique ou la Guadeloupe,
suivant qu'ils s'etabliraient dans I'une ou l'autre de ces miles. De
l'Olive et Du Plessis avaient amend avec eux plusieurs families
voyageant Lt leurs frais et 500 engages qui, moyennant 1'ali6nation
de ieur travail pendant trois ans au bdndfice des organisateurs de
I'entreprise, devaient recevoir une concession gratuite de 25 hectares.
Le 25 juin 1635, ils debarquerent a la Martinique mais, devant
l'Apretd de la nature et l'hostilitd des indigenes, ils repartirent
aussit6t. Quelques jours apres, ils arrivaient A la Guadeloupe don't
ils prenaient possession et oi ils s'installaient.
La tranquillity des indigenes ne devait pas ktre de longue durde.
Belain d Esnambouc.
Pierre Belain, sieur d'Esnambouc, aventureux gentilhomme
normand, qui, depuis 1625, avait colonist Saint-Christophe, d6bar-
qua, le "r septembre 1635, aux environs du Carbet et tenta un
premier dtablissement a la Martinique. 11 6tait accompagnd de
cent hommes, tantbt soldats, tant6t agriculteurs, qui, par leur
attitude, en imposerent aux Caraibes. II prit solennellement posses-
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sion de l'ile au nom de la Compagnie des Isles d'Am6rique. Les
indigenes accueillirent cordialement les nouveaux venus et auto-
risArent d'Esnambouc A construire un fort sur l'emplacement
duquel s'dleva, par la suite, l'un des principaux quarters de
Saint-Pierre.
Apres quelques mois, d'Esnambouc abandonna l'ile et retourna
h Saint-Christophe, laissant le commandement t son lieutenant
Dupont.
Duparquet.
Celui-ci quitta la Martinique en 1637 et fut remplac6 par le
neveu de d'Esnambouc, le sieur Duparquet. Ce dernier demeura a
la Martinique de 1637 a 1658. Les Caraibes, molests, ne man-
querent pas de lui faire une guerre acharn6e et ne tard6rent pas a
etre d6cim6s dans une lutte inegale. Leur nombre decrut rapidement
et, en 1658, les derniers representants de cette race dans ]'ile furent
expuls6s et rejetes & la Grenade oi ils se r6fugierent.
Pendant ce temps, Duparquet avait 6t6 nomm6 Senichal et
avait augment les possessions de la Compagnie en s'emparant de
Sainte-Lucie, de la Grenade et des Grenadines.
Mais la Societd s'6tait engage dans des speculations malheu-
reuses et ses finances n'dtaient guere brillantes. Elle fut reduite a
ceder i de puissants seigneurs la propri6t6 de ses territoires.
Ce fut alors que, moyennant la some de 60.000 lives, Dupar-
quet acheta, par contract du 27 septembre 1650, la Martinique,
Sainte-Lucie, la Grenade et les Grenadines; il devint ainsi pro-
prietaire de ces lies sous l'autorit6 souveraine du roi. En cette
mgme annie, Duparquet refusait l'hospitalit6 a 600 isradlites Hol-
landais chassis du Brisil par les Portugais; il ne devait pas tarder
a s'apercevoir de la lourde faute qu'il venait de commettre en cette
circonstance.
Aussi, s'empressa-t-il d'accueillir avec bienveillance sur le sol
Martiniquais 200 isra6lites Hollandais de meme provenance qui
arrivaient accompagnes de leurs esclaves. Ces strangers furent
pour Duparquet de precieux auxiliaires dans la mise en valeur de
ses territoires : ils enseign6rent la culture du cacao et de la canne
h sucre et ddifiBrent dans l'ile des constructions durables.
16 -
Cette prosp6rit6 fut vite connue en Europe et attira quelques
migrants de la M4tropole.
Mais, le climate ne permettait pas a ces nouveaux colons un
travail p6nible et suivi et force leur etait de recourir a la main-
d'oeuvre 6trangere. Au ddbut, ils utilis6rent soit des esclaves
Arouages venant de la a C6te Ferme ,, c'est-h-dire de l'Am6rique
du Sud, ou des Colonies hollandaises, soit des esclaves captures
sur les vaisseaux espagnols ou portugais. Par la suite, cet afflux de
bras 6tant insuffisant, les colons decid6rent de recruter directement
des travailleurs sur le continent africain : au Sen6gal, en Guin6e
ou en Angola.
Une Soci6td fut cr6de en France dans ce but et elle approvisionna
les colonies d'esclaves africains : telle est l'origine de la population
noire aux Antilles.
Compagnie des Indes Occidentales.
Les mAcontentements des engages europeens, les revoltes des
nagres fugitifs ou < marrons ,, les agressions des Caraibes venus
des iles voisines d6cidarent la Cour a racheter, en mai 1664, aux
heritiers de Duparquet les possessions don't ils avaient joui jus-
qu'alors et a les confier a une Socidtd que venait de cr6er Colbert :
la Compagnie des Indes Occidentales, qui, entire autres avantages,
a init obtenu du roi le privilege exclusif, pendant 40 ans, du com-
merce et de la navigation dans les mers d'Am6rique.
Cette faveur fut la raison principal des seditions qui dclaterent
parmi les jeunes colons de la Martinique. En effet, la Compagnie,
forte de son monopole, emp6chait les changes avec les pays 6tran-
gers et obligeait les habitants a s'approvisionner des marchandises
qu'elle important; ces derniares 6taient, la plupart du temps, de
quality inferieure.
Grace a l'6nergie et a la fermet6 du gouverneur de Clodord, ces
rdvoltes furent apaisdes mais elles eurent deux rdsultats heureux :
la creation d'un Conseil Colonial, qui plaga la colonies sous un
regime d'exception, et l'introduction de la monnaie frangaise qui
remplaca le systame des changes.
- 1? -
Attaques de 1'ttranger.
La guerre, d6clar6e en 1665 entire les Provinces-Unies et 1'An-
gleterre et a laquelle la France dut prendre part, eut sa r6percus-
sion a la Martinique. Les Anglais convoitaient la plus prosprre de
nos possessions de la mer des Antilles et y tenterent, sans succes
du reste, plusieurs coups de mains. En 1666, lord Willougby,
gouverneur de la Barbade, essaya de ddbarquer aux environs de
Saint-Pierre ; il fut repousse. En 1667, une flotte anglaise, com-
pos6e de neuf frigates de haut pont et place sous les ordres de
l'amiral John Harmant, echoua dans une tentative de d6barquement
a la Grand'Anse du Carbet.
Pendant la guerre de Hollande, en 1674, l'amiral de Ruyter
recut l'ordre de s'emparer de l'ile mais, apris avoir mis en ligne
6.000 hommes de troupe, il se vit contraint de rembarquer pr6cipi-
tamment en abandonnant blesses, munitions et 6tendards.
Incorporation an domain de la Couronne.
A la faveur de ces diff6rentes guerres, une contrebande effrdnde
s'6tablissait entire les colons et les Hollandais, alors les u rouliers
des mers ; les agents et les Directeurs de la soci6t6 etaient ou
infidbles ou incapables; le commerce 6tait entrav6. Aussi, un 6dit
de Louis XIV, rendu en decembre 1674, prononqa-t-il la dissolution
de la Compagnie. Le roi remboursa aux actionnaires le capital
souscrit, paya 3.523.000 livres tournois de dettes et fit entrer la
Martinique dans le domaine de la Couronne.
La capital de l'ile avait jusqu'alors Wtd Saint-Pierre qui dtait
d6fendue par un fort; des ouvrages militaires de peu d'importance
s'dlevaient entire ce point et Case-Navire et une forteresse relative-
ment considerable, denommee Fort-Royal, assurait la sdcurite de
la grande baie qu'elle commandait.
De BlEnac.
Le comte de Blknac, lieutenant-g6n6ral des armies et gouverneur
general, fit augmenter le nombre des batteries du Fort-Royal et
2
18 -
traqa le plan d'une ville nouvelle appel6e a devenir le chef-lieu de
notre possession. Il y fit, de plus, entreprendre un canal destine a
faire communiquer le Car6nage avec la riviere de l'H6pital et a
assainir le pays. Le Fort-Royal devait Atre dans l'avenir Fort-
de-France.
En 1679, une insurrection d'esclaves fut r6prim6e sdverement
par le comte de Blenac qui ramena ainsi le came dans la colonies
mais la revocation de l'Edit de Nantes, survenue en 1685, eut pour
r6sultat de faire expatrier des families entieres et de ruiner momen-
tandment la Martinique. Des essais de culture du mfirier furent
alors tents sans success ; la culture du tabac fut peu & peu aban-
donnee et les champs de cannes se multiplierent inconsidar6ment.
Une grave crise 6conomique ne devait pas tarder h sdvir sur File
tout entire.
Les difficulties avec lesquelles la Martinique se trouvait aux prises
se compliquerent bientot de luttes a soutenir centre 1'Etranger.
Au m6pris du trait de Londres (19 novembre 1686), qui stipulait
que les colonies ne prendraient pas part aux guerres qui pourraient
6clater entire leurs metropoles, les Anglais opdrerent, en 1693, une
descent entire Saint-Pierre et le Prdcheur avec 3.000 homes de
troupe ; les milices de Saint-Pierre et du Pr6cheur augmentees de
quelques noirs africains arms leur tinrent victorieusement tete.
Assaillis vigoureusement par l'6nergique Dubuc, les Anglais durent
fuir. Un corsaire britannique fit, en octobre 1697, deux descentes
successives mais il fut repousse et, en 1702, l'amiral anglais Bem-
bow fut battu par Ducasse dans les eaux de la Martinique.
Le trait d'Utrecht, conclu le 11 avril 1713, enleva a la Couronne
Terre-Neuve, l'Acadie et Saint-Christophe et fut disastreux pour
la France mais il apporta avec lui un apaisement profitable &
agriculture. Les Antilles devinrent l'objet de la protection du
Regent qui, pendant la minority de Louis XV, s'intaressa tout
particulierement a la Martinique.
Le thdier, le muscadier, le poivrier, l'oranger, l'avocatier, la
vigne furent acclimates avec soin et le cafeier fut import en 1723
par le capitaine Desclieux. Des voies de communication furent
credes et des travaux de toute nature furent entrepris grace a un
i9 -
systmme de prestations. Les droits excessifs qui entravaient le
commerce furent abolis et des gal6riens furent expddids de France
en qualitde d'engages ,.
Malgr6 une rebellion, connue dans les annales locales sous le
nom de a Gaould n>, la Martinique traversait une ere de prosperity
jusqu'alors inconnue.
Guerre de Sept Ans.
Malheureusement, la guerre qui dclata en 1744 entire la Grande
Bretagne et la France devait entraver cet essor; les colons n6gli-
gbrent leurs cultures pour se consacrer a l'armement de corsaires et
occasion d'exercer leur activity ne se fit pas longtemps attendre.
La guerre de Sept Ans, qui commenga en 1756, fut pour les arma-
teurs un excellent pr6texte a se lancer sur les mers ; ils s'empa-
rerent, au course de cette periode, de 950 navires valant environ
trente millions de livres.
Prise de 1'ile par les Anglais.
AprBs une tentative infructueuse faite en 1759 pour s'emparer
de 'ile, la Grande Bretagne organisa, en 1762, une nouvelle expd-
dition place sous les ordres de 1'amiral Rodney et du g6ndral
Monkton. 20.000 anglais envahirent la Martinique et, malgre une
defense h6roique, la garnison franqaise dut capituler.
Remise de la colonie a la France.
La colonie ne devait faire retour I la France qu'au trait de
Paris sign le 10 f6vrier 1763. Desireux de mettre la Martinique a
l'abri de nouvelles attaques, le roi ordonna la construction d'un fort
qui est appeld aujourd'hui : fort Desaix.
Sous le gouvernement du marquis de Fdnelon, petit-neveu de
l'archeveque de Cambrai, et du comte d'Ennery, la colonie se ddve-
loppa rapidement et les recettes parvinrent a excdder les ddpenses.
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Guerre de 1'Ind6pendance am6ricaine.
La guerre de l'Independance americaine contribua elle-mgme k
lui rendre une parties de son importance car la baie de Fort-de-
France fut, & cette 6poque, le centre des operations maritimes des
flottes frangaises.
Revolution de 1789.
Telle 6tait la situation de notre colonie en 1789. La Revolution
fit passer sur la Martinique un souffle liberateur; le 28 mars 1792,
I'Assembl6e 16gislative, sur les instances des (, Amis des Noirs ),
d6cida que les hommes de couleur et les negres libres jouiraient
d6sormais de tous les droits politiques et, le 4 fevrier 1794, la
Convention national vota par acclamation l'abolition de l'esclavage.
Guerre civil.
La Martinique ne put jouir de ces institutions nouvelles. En
effet, en 1790, des rivalites avaient 6clate au sein de l'Assemblee
Coloniale siegeant a Saint-Pierre entire les partisans de l'ancien
regime ou ( parti de la champagne et les partisans de la R6vo-
lution ou < parti de la ville ,. Chacun de ces parties se disputant la
preponderance, la guerre civil ne devait pas tarder & 6clater ; ce
fut alors que fut livre le sanglant combat de l'Acajou.
Reprise de File par les Anglais.
Rochambeau, envoy en 1793 pour pacifier la Martinique, se
heurta a l'opposition des royalistes qui, pour favoriser le retour des
Bourbons, n'hesiterent pas i solliciter le secours de 1'1tranger.
Malgrd une hbroique defense de Rochambeau, les Anglais finirent
par s'emparer de la Martinique qu'ils conserv6rent jusqu'au trait
d'Amiens (1801).
Les Cent Jours et le trait de Vienne.
En 1809, l'ile tomba t nouveau aux mains des Anglais, a la suite
de la capitulation facile de Villaret de Joyeuse; elle fut 6vacuee le
21 -
2 d6cembre 1814, en execution du trait de Paris, et remise aux
commissaires du roi Louis XVIII.
Les Anglais revinrent pendant les Cent Jours et occup6rent les
forts a titre d'allies. Enfin, le trait de Vienne (20 novembre 1815)
fit rentrer d6finitivement la Martinique sous la domination francaise.
De 1815 a 1848.
Les plantations jusque-14 n6gligees furent reprises avec soin et
les colons s'empress6rent de renouer avec la Metropole des rela-
tions commercials. Mais une grave faute politique, le maintien de
l'esclavage, suscita bient6t les troubles les plus graves. Des com-
plots s'organiserent et des revoltes 6claterent; le souvenir de celle
de 1822 organis6e par quatre noirs : Narcisse, Jean Louis, Jean et
Baugio, ainsi que de celle de 1824 dirigde par le mulAtre Bissette,
est demeur6 vivace a la Martinique, aussi bien par suite de la
cruaut6 des meneurs que par suite de la rigueur de la repression.
Des measures violentes de reaction 6taient A craindre mais, en
France, des hommes g6nrreux, au nombre desquels il faut citer
Shaelcher, luttaient pour l'emancipation des esclaves et, le 27 avril
1848, l'Assembl6e Nationale dcrdtait I'abolition de l'esclavage.
Cette measure jeta momentanement le trouble dans la situation
6conomique du pays mais, peu a peu, ses consequences s'estom-
p6rent pour arriver A disparaitre; le pacte colonial, qui ne permet-
tait aux Colonies de commerce qu'avec la M6tropole, fut rapport
en 1861 et donna une impulsion nouvelle a l'industrie locale.
Expedition du Mexique.
L'expddition du Mexique contribua A renouveler a la Martinique
le brilliant spectacle qu'elle avait offert pendant la guerre de I'In-
dependance americaine; Fort-de-France devint le port de reldche
et de ravitaillement des troupes francaises et de nombreux rdgi-
ments stationn6rent dans 'ile. Une troupe de volontaires, creoles
et noirs, se joignit au corps expeditionnaire et sa brillante conduit
lui valut d'etre cite a l'ordre du jour (8 novembre 1864).
22 -
Ce fut en 1867 que la Compagnie g6ndrale transatlantique prit
la decision de crier a Fort-de-France son port d'attache aux
Antilles et en 1868 que le bassin de radoub fut inaugure avec eclat.
La guerre franco-allemande.
L'importance de Fort-de-France, au point de vue strat6gique,
se manifesta encore pendant la guerre de 1870-1871. Les bitiments
de la station locale s'empar6rent, au course des hostilitds, de plu-
sieurs navires de commerce allemands et l'unique combat naval de
cette guerre, qui eut lieu entire le stationnaire franqais le Bouvet
et la canonni6re allemande le Mdtdore, fut livre dans la mer des
Antilles.
D6s son av6nement, le Gouvernement de la troisiome Rdpublique
s'empressa de r6tablir dans la colonie le suffrage universe qui avait
dt6 supprim6 par le d6cret du 2 f6vrier 1852; il fit entreprendre de
grands travaux et contribua puissamment par de sages measures au
d6veloppement 6conomique de l'ile.
Enfin, par d6crets du 4 octobre 1898 et du 3 juin 1902, Fort-de-
France a 6td class comme point d'appui de la flotte et l'importance
de ce point est appel6e a accroitre consid6rablement apr6s l'ouver-
ture du canal de Panama.
Iruptions de la Montagne Pelde.
Depuis la proclamation de la R6publique, la Martinique a 6prouvd
de nombreux d6sastres: le cyclone du 5 septembre 1883, l'incendie
de Fort-de-France en 1890, le cyclone de 1891, et surtout les cata-
strophes des 8 mai et 30 aofit 1902 qui suivirent l'6ruption de la
Montagne Pelde. Mais, apres chaque dEsastre, la Nature et 'acti-
vit6 humaine ont repris leurs droits et apport6 un remade h des
malheurs qui paraissaient irr6parables.
L'Imp6ratrice Jos6phine.
Parmi les c6l6brit6s n6es a la Martinique, il faut citer Marie-
Josephe-Rose Tascher de la Pagerie, connue dans l'histoire sous le
23 -
pr6nom de Jos6phine. Elle naquit aux Trois-Ilets le 23 juin 1763 1
et passa toute sa jeunesse dans la colonie ofi sa famille 6tait fixee.
Elle fut amende en France a l'Age de quinze ans et 6pousa, en 1779,
le vicomte de Beauharnais don't elle eut deux enfants : le prince
Eugene et la reine Hortense.
Son mari ayant 6et emprisonn6 pendant la Terreur, Jos6phine ne
1'abandonna point et lui prodigua les soins les plus attentifs; elle
essaya cependant en vain de l'arracher a 1'echafaud. Sa conduite
la rendit suspect et elle ne tarda pas a Atre arr6tde; elle ne dut
son salut qu'au 9 Thermidor. Sur les instances de Tallien, elle fut
mise en liberty et obtint qu'une parties de ses biens lui fut restitude.
Protegee par Barras, son salon 6tait I'un des plus frdquent6s de
* cette 6poque.
Distingu6e, gracieuse, sdduisante, elle ne manqua pas de captiver
le general Bonaparte qui se montrait trds assidu a ses reunions et
elle lui inspira une vive passion. Le marriage civil eut lieu le
9 mars 1796; le marriage religieux ne fut celibrd que le ler d6cembre
1804, veille de la c6rdmonie du sacre.
Elle suivit, d6s son union, la fortune de Bonaparte et rendit a son
mari les plus grands services par son habiletd et par l'influence
qu'elle exergait sur les principaux personnages du temps. Elle
contribua puissamment h la rdussite du coup de force du 18 Bru-
maire et Bonaparte lui en garda une sincere reconnaissance. Le
2 decembre 1804, elle fut sacree imppratrice par le pape Pie VII,
en m&me temps que Napoleon dtait sacred empereur des Frangais;
ainsi se rdalisait la prediction qui lui avait Wtd faite, dans sa jeunesse,
par une vieille negresse de son pays d'origine.
1. 11 est intoressant de publier ici, A titre de document, l'acte de bapt6me de l'im-
plratrice Josephine; une copie de cette piece se trouve aux Archives du Ministlre des
Colonies.
Aujourd'hui vingt-sept juillet 1763, jay baptisd une fille agde de cinq semaines
nde du ldgitime marriage de Messire Joseph Gaspard de Tachers, chevalier seigneur
de la Pagerie, lieutenant d'artillerie, reform et de Madame Marie-Rose des Vergers
de Sanoix, ses pere et mere. Elle a did nommde Marie-Josdphe-Bose, par Messire
SJoseph des Vergers, chevallier de Sanoix et par Madame Marie-Frangoise de La
Chevallerie de Lapagerie, ses parein et marine soussignds. Signed : Tacher de
Lapagerie, des Vergers de Sanoix, La Chevallerie de Lapagerie et fr" Emmannel
Scapucin, cure ,
-24-
Cinq annies s'dcoulkrent et l'union de Jos6phine avec Napoleon
Rtant demeurde sterile, l'empereur, qui tenait h avoir un heritier
pour asseoir definitivement sa puissance, resolut de faire rompre
son marriage; le divorce fut prononc6 le 16 decembre 1809. Jose-
phine se retira t la Malmaison oji, grace a une somptueuse dotation,
elle continue h mener une existence vraiment royale.
L'empereur venait, du reste, souvent l'y visitor et solliciter d'elle
des conseils qui 6veillBrent, i maintes reprises, la jalousie de Marie-
Louise. Elle mourut le 29 mai 1814.
Malgrd son amour du luxe et ses godts de d6pense, elle cachait,
sous des dehors 16gers, de reelles qualit6s d'intelligence et de diplo-
matie. I1 ne faut pas non plus oublier que ce fut grace a elle que
Napoleon echafauda une politique colonial, qu'il n'eut malheureu-
sement pas le temps de realiser, et que l'empereur eut pour les
Antilles, en particulier pour la Martinique, une predilection bien
marquee.
TROISIEME PARTIES
ORGANISATION ADMINISTRATIVE
Gouverneur.
La Martinique relive du MinistBre des Colonies.
Elle est administr6e par un Gouverneur don't les attributions
sont d6finies par l'ordonnance organique du 9 fdvrier 1827 et les
senatus-consultes des 3 mai 1854 et 4 juillet 1866; le Gouverneur
a, de plus, 6tW invest, par le ddcret du 21 mai 1898, des pouvoirs
jusqu'k cette 6poque exerces par le Directeur de l'Intdrieur.
Secr6taire general.
Ce haut fonctionnaire a aupres de lui un Secretaire general qui
est plus sp6cialement charge de s'occuper des questions financieres
et qui est destine 4 le remplacer en cas d'absence.
Conseil priv6 et Conseil du contentieux.
Le Gouverneur est aid6 dans son administration par un Conseil
priv6 don't font parties les different chefs de Services et par un
Conseil du contentieux composed des memes membres que le Conseil
priv6 auxquels sont adjoints deux magistrats; les attributions de
ces deux assemblies sont d6terminees par les ordonnances du
9 f6vrier 1827 et du 22 aoit 1833.
Representation an parlement
Un ddcret du er fdvrier 1871, qui a r6tabli la representation des
Colonies au Parlement, et une loi du 28 juillet 1881 ont conf4rd a
cette possession le droit d'61ire deux d6put6s. De plus, la loi du
24 fdvrier 1875, modified par celle du 27 d6cembre 1884, lui a
accord le privilege d'6lire un senateur.
- 26 -
Conseil g6enral.
Le Conseil gdndral a Wt6 organism par le d6cret du 26 juillet 1854,
modifi6 par ceux des 1er aoit, 20 aodit 1886 et 20 decembre 1887.
II est compose de 36 membres 6lus par le suffrage universal. Le
president, le vice-president et les secr6taires sont nomm6s pour
chaque session par le Conseil. Les conseillers sont 6lus pour six
ans, se renouvellent par moitid tous les trois ans et sont indffiniment
r66ligibles ; un tirage au sort fait par le Gouverneur en Conseil priv6
determine la premiere s6rie a renouveler.
Commission colonial.
Dans l'intervalle des sessions, le Conseil general est reprdsent6
par la Commission colonial institute par le d6cret du 12 juin 1879;
elle est compose de quatre membres au moins et de sept au plus,
dlus chaque annee par le Conseil general a la fin de la session ordi-
naire.
Municipalit6s.
A la t6te de chaque commune se trouvent des municipalities
organisaes dans la Colonie par le decret du 12 juin 1837; la loi mdtro-
politaine du 5 avril 1884 sur 1'organisation communale leur est en
tous points applicable.
Arm6e.
La Martinique est occup6e, au point de vue militaire, par une
Compagnie d'infanterie colonial, par une Batterie d'artillerie colo-
niale et par les Services auxiliaires. Ces troupes, en garnison a
Fort-de-France, sont places sous les ordres d'un Colonel d'Infan-
terie colonial, Commandant sup6rieur du group des Antilles. Le
d6cret du 11 juin 1901, portant rdglement d'administration des
troupes coloniales, donne a cet officer sup6rieur le commandement
des forces de l'armde active, de la reserve, de l'armie territorial
et de sa reserve, ainsi que de tousles services et 6tablissements affec-
tes i ces forces; le Commandant de l'artillerie, les Directeurs du
Commissariat et du Service de sante sont sous ses ordres directs,
27 -
Pendant I'hivernage, une parties des troupes va habiter le Camp
de Balata, situ6 sur les hauteurs, A quelques kilometres du chef-
lieu. Le recrutement a 6td dtabli dans la Colonie, conformement a
la loi du 21 mars 1905, qui entrera en vigueur a computer de 1911.
Gendarmerie.
L'ordre public est maintenu h la Martinique par un d6tachement
de gendarmerie qui se compose de quatre-vingts hommes a cheval
et de sept hommes a pied commands par deux officers et rdpartis
dans dix-neuf brigades formant deux sections (Fort-de-France et La
Trinitd).
Marine.
Les d6crets du 4 octobre 1898 et du 3 juin 1902 ont class la
place de Fort-de-France parmi les six points d'appui de la flotte et
des troupes de la Marine sont chargees de la defense fixe de ce
port. En outre, un ou plusieurs navires de guerre appartenant a la
division l6gere de l'Atlantique sont presque toujours sur rade ou
croisent sur les c6tes de l'ile.
Le Service de l'Inscription maritime a 6td 6tabli & la Martinique
par le d6cret du 3 mai 1840 et r6glementd par une loi du 24 d6cembre
1896. Le territoire maritime de la Colonie est divis6 en quarters,
syndicats et communes.
Service de sante.
Le Service de sant4 est dirig6 par un medecin principal des
Troupes coloniales qui a sous ses ordres les m6decins, les pharma-
ciens et le personnel des h6pitaux. L'h6pital de Fort-de-France
content cent cinquante lits; son administration est confide, en
vertu du decret du 20 octobre 1896, au personnel du Service de
Santi des Colonies et l'ordonnancement des dppenses est assure par
le Service de 1'Intendance.
Un jury medical est apte a delivrer le dipl6me de pharmacien
civil ainsi que celui de sage-femme.
A la suite des diff6rentes 6pidemies de filvre jaune qui ont sdvi
28 -
sur la Colonie, un Service de prophylaxie par la destruction des
moustiques et un Laboratoire de bact6riologie ont 6t6 installs a la
Martinique et y fonctionnent sous la direction d'un mddecin-major
des Troupes coloniales.
Culte.
L'ile est le siege d'un Ev4ch6 suffragant de l'Archevech6 de
Bordeaux; il a Wtd 6tabli par le d&cret du 18 d6cembre 1850. Les
cures sont au nombre de trente-sept; les fabriques ont la m6me
organisation qu'en France.
Justice.
L'ordonnance du 24 septembre 1828, modifide par ceile du 10
octobre 1829 et divers d6crets et lois, a organism l'ordre judiciaire
et Administration de la Justice dans la Colonie. Le Procureur
general est le Chef du Service judiciaire.
Fort-de-France est le si6ge d'une Cour d'Appel et d'un Tribunal
de 1re instance; la Cour d'assises siege dans cette m&me ville. La
Colonie compete sept justices de paix.
Instruction publique.
L'Instruction publique a Wt6 place, par d6cret du 24 juillet 1895,
sous la direction d'un chef de service relevant du Gouverneur; ces
functions sont exercees par le Proviseur du lyc6e de Fort-de-France.
L'enseignement supdrieur, l'enseignement secondaire et l'enseigne-
ment primaire sont repr6sentds h la Martinique.
C'est ainsi qu'une Ecole prdparatoire de Droit fonctionne & Fort-
de-France et permet aux jeunes gens de la Martinique, de la Gua-
deloupe et de la Guyane d'y passer leurs examens jusqu'' la licence.
L'enseignement secondaire est donn6 aux gargons an lycee et aux
jeunes filles au pensionnat colonial de Fort-de-France; les uns ou
les autres peuvent y obtenir le baccalaur6at et les divers dipl6mes;
un seminaire-college, fond6 en 1852, donne aussi l'enseignement
secondaire. Enfin, des course normaux annex6s au lyc6e et au pen-
sionnat colonial forment les instituteurs et les institutrices n6ces-
29 -
saires & donner l'enseignement primaire dans les 65 Bcoles de la
colonies; 33 d'entre elles sont affect6es aux gargons et 32 aux files.
Enseignement professionnel.
En outre, une cole d'Arts-et-Metiers, qui date de 1852, a Wte
rattach6e au lycee de Fort-de-France par arr&te du 27 octobre 1904
et une Ecole professionnelle, destinde a former des m6caniciens et
des charpentiers, a 6te crk6e, par arr&te du 6 avril 1888, dans les
ateliers du port et du bassin de radoub.
Trdsor.
Le Service du Trosor est dirig6 et centralise par un Tr6sorier-
payeur qui a sous ses ordres neuf percepteurs; il est responsible
de la gestion de ces derniers et justiciable de la Cour des Comptes.
I1 est nomm6 par decret sur presentation du Ministre des Finances,
apres avis conforme du Ministre des Colonies. Les percepteurs sont
nomm6s par arret6 du Gouverneur, sur la proposition du Trdsorier-
payeur.
Donanes.
Le personnel des Douanes depend comme la Douane metropoli-
taine, don't il fait parties int6grante, du Ministere des Finances, qui
lui transmet, par' 'intermediaire du Ministere des Colonies, les
instructions relatives aux details du service. Il est soumis a la m4me
himrarchie et aux mnmes reglements. A sa t6te se trouve un ins-
pecteur; son personnel est divis6 entire le service sidentaire et le
service actif.
La tarif g6enral des Douanes a etd rendu applicable a la Marti-
nique par la loi du 11 janvier 1892, sauf les exceptions d6termindes
par les decrets des 30 mars 1893, 19 septembre 1897, 27 aodt 1898,
18 mars 1899, 31 avril 1900, 17 mars 1901, 17 mai 1903 et 8 juil-
let 1905, pris en Conseil d'Ptat, par application de l'article 3, para-
graphe 4, de ladite loi. A l'exception de quelques textes non appli-
cables, les lois et r6glements en vigueur en France et portant sanc-
tions p6nales, ont 6td rendus executoires dans la Colonie par un
30 -
decret du 16 fevrier 1895; par suite, les affaires de douane sont
revenues de la competence des tribunaux de paix et des tribunaux
correctionnels. Le service des douanes est charge de la liquidation
des droits d'octroi de mer, ainsi que des taxes de quai, d'aiguade et
d'amarrage a terre.
Enregistrement.
Le Service de l'Enregistrement a 6td 6tabli h la Martinique par
l'ordonnance royale du 31 decembre 1828, modifide par celle du 1er
juillet 1831. Le personnel est dirige, dans la Colonie, par un Inspec-
teur, Chef de service, qui a sous ses ordres divers agents (sous-ins-
pecteurs, receveurs et surnumrraires).
Ils sont tous choisis dans le personnel m6tropolitain et mis, par
le Ministre des Finances, A la disposition du Ministre des Colonies.
Ce service est charge de 1'enregistrement, des domaines, du
timbre, des hypotheques et de 1'impbt sur le revenue des valeurs
mobilieres; il doit, en oatre, recouvrer les amendes de condamna-
tion, les frais de justice et regir la curatelle aux successions et
biens vacants.
Contributions diverse.
Le Service des contributions diverse de la Martinique est dirig6
par le chef du Service des douanes; il comprend les contributions
indirectes et directed, la poste aux lettres et le te61phone, enfin la
verification des poids et measures.
CAbles.
La Colonie est reliee aux miles voisines, aux Etats-Unis, au Br6sil
et a 1'Europe par un reseau de cAbles sous-marins; la voie la plus
frequemment employee est celle de la Compagnie frantaise des cables
(C. F. C.).
Travaux publics.
Le Service des Ponts et Chaussaes a 4t6 cr66, a la Martinique,
par l'orlonnance royale du25 septembre 1817 et d6finitivement orga-
'31-
nms par un arrAtd du 22 avril 1822. Le personnel comprend un ingd-
nieur colonial, des conducteurs et des commis.
Un conducteur des Ponts et Chauss4es, hors cadres, est charge de
la direction du bassin de radoub. Ce bassin, d'une longueur de
120 metres et d'une larger de 34 metres, dispose d'un outillage
assez complete pour proceder aux reparations que peuvent n6cessi-
ter des navires endommag6s par une longue et p6nible traverse.
Service p6nitentiaire.
I1 n'y a qu'un seul dtablissement p6nitentiaire dans la Colonie :
la prison central de Fort-de-France.
L'ordre public est assure par la police don't le service est r6gle-
ment6 par l'arr&t6 du 7 fevrier 1865; le personnel comprend 10
commissaires sous les ordres desquels sont places les agents.
Sapenrs-pompiers.
II existed h Fort-de-France une compagnie de sapeurs-pompiers;
elle est compose de 40 homes.
Service sanitaire.
Le Service sanitaire, crd6 par l'arr&td du 15 fdvrier 1877, a dtd
riorganisd par le d6cret du 31 mars 1897; il est assure par des mdde-
cins du Service de santd des Colonies ddsign6s par le directeur de
la Santd. Un lazaret se trouve a la Pointe-du-Bout.
Les hospices civils, fondds en 1850, sont au nombre de cinq:
Fort-de-France, la Trinitd, le Marin, Saint-Esprit et le Lorrain; ils
sont pourvus d'un conseil d'administration et d'un conseil de sur-
veillance. La Colonie compete, en outre, 19 bureaux de bienfaisance.
Enfin, un ouvroir pour les jeunes filles fonctionne a Fort-de-France
et rend a la population ouvriere des services fort apprdciables.
Imprimerie du government.
Depuis 1859, l'imprimerie du gouvernement, confide autrefois a
1'industrie privde, est exploitde en rdgie par la Colonie; ce service
32 -
est riglementt par l'arietd du 1er fevrier 1859. L'imprimerie public:
le Journal Officiel, le Bulletin Officiel, le Bulletin de 1'Enseigne-
ment, l'Annuaire, le recueil des proces-verbaux du Conseil general
et les budgets et comptes; elle est de plus charge des travaux
d'impression et de reliure pour les divers services de 1'ltat et de la
Colonie.
Bibliotheque.
I1 existe a Fort-de-France une bibliotheque publique, fondue par
Schoelcher; une commission institute par arrAt6 du 15 fdvrier 1894,
donne son avis sur 1'emploi des fonds consacrds a 1'achat des livres
ou a la reception des dons divers.
Budget.
Le budget de la Colonie en recettes et en d6penses s'616ve pour
l'exercice 1910 9.727.7 5 francs etles fonds de reserve se montaient,
au 30 juin 1909, a 388.090 fr. 95 centimes.
QUATRItME PARTIES
AGRICULTURE, INDUSTRIES et COMMERCE
AGRICULTURE
I. Productions diverse.
La Martinique produit presque tous les arbres fruitiers qui croissent
naturellement on s'acclimatent avec facility dans les regions tropi-
cales. Suivant les saisons, les marches sont encombres de goyaves, de
mangues, d'ananas, de papayes ou de bananes qui jusqu'ici, pour
ne citer que les productions les plus communes, sont consomm6s
sur place. I1 est indiscutable que, s'il existait des moyens de trans-
port approprids, la Martinique pourrait exp6dier, jusqu'en Europe,
des fruits qui, par leur saveur et leur origine exotique, seraient cer-
tainement fort apprcci6s en France. Mais ces cultures ne sont pas
appel6es a Atre de longtemps encore remun6ratrices.
Jusqu'ici les planteurs et les agriculteurs se sont adonnds plus
spdcialement a la culture de la canne a sucre, du cacaoyer, du
caf6ier, des plants a fecule et du vanillier.
II. Canne h sucre.
La canne a sucre est la culture principal de la Martinique; la
production annuelle moyenne de la Colonie peut 4tre 6valuee a
35.000 tonnes.
Cette plante, de la famille des gramin6es, appartient a la tribu
des saccharindes. Les 6pillets sont fertiles dans toute la panicule et
ont leur base entour6e d'une ceinture de fibres longues et soyeuses.
La canne h sucre comporte une vingtaine d'espkces parmi lesquelles
il faut surtout mentionner la canne ordinaire. Celle-ci se reconnait
LA MARTINIQUE. 3
34 -
i sa panicule 6talde et a ses glumes a nervure unique; ses racines
sont vivaces et ses ties arrivent o avoir 4 metres de hauteur.
La canne a sucre croit spontandment en Mdsopotamie, mais la
tradition veut qu'elle soit originaire de l'Hindoustan ou de la Chine
miridionale. Quoi qu'il en soit, ce sont les habitants de ces regions
qui en ont les premiers fait usage et obtenu des cristaux don't les
qualit6s sucrantes ont d6tr6n6, chez les peuples du moyen Age, la
renommde du miel auquel on avait recours. II faut ajouter, pour
appuyer cette assertion, que le mot sucre parait venir du mot sans-
crit Scharkara qui signifie ( sue doux ,.
Comme toutes les productions et tous les fruits originaires de
l'Inde ou de la Perse, la canne a sucre fut peu a peu cultivee dans
toute l'Asie Mineure et ce ne fut pas le moindre 6tonnement des
Croisds, en d6barquant en Syrie, de voir les infidales extraire de
roseaux un ( sirop plus doux que le miel ) (v. Albert d'Aix, le plus
ancien historien des Croisades, livre V, chap. 37).
Les pelerins-guerriers en parlerent beaucoup a leur retour en
Europe et cependant aucun d'eux n'avait songa6 en rapporter
quelques plants. Ce ne fut qu'a la fin des Croisades que cette cul-
ture fut acclimatee dans l'Italie meridionale, dans l'Afrique du Nord
et en Andalousie. Vers 1230, des juifs arabes, que l'empereur Frd-
dAric II avait accueillis en Sicile et auxquels il avait accord des
terres, introduisirent la culture de la canne a sucre qui y devint
florissante. GrAce aux liens intimes qui unissaient au xve et au
xvie siAcles l'Espagne au royaume de Naples, cette culture fut con-
nue des conquerants du Nouveau Monde, qui l'introduisirent dans
leurs colonies nouvelles d'Amerique. Des le milieu du xvie siecle,
les Portugais et les Espagnols etablirent au Bresil et & la Plata des
moulins a sucre.
Certains dcrivains pr6tendent cependant que la canne a sucre
devait 6tre indigAne des Antilles, car les Caraibes en faisaient un
usage courant.
En tout dtat de cause, ce ne fut qu'en 1642 que les Frangais com-
menc6rent a fabriquer du sucre a Saint-Christophe et en 1644 qu'ils
en firent autant a la Guadeloupe. Le Juif Benjamin da Costa intro-
duisit le premier la culture de la canne a la Martinique; c'6tait en
1660.
33 -
Le Gouvernement royal, dbloui par les b6n6fices qui provenaient
de cette culture, encourage les Gouverneurs de la colonies a y faire
6tablir des raffineries. Le xvIle siecle vit prosperer ces dtablissements
don't le nombre et la richesse porterent ombrage aux raffineries de
la M6tropole. Celles-ci devinrent inactives et leurs ouvriers pas-
serent en masse aux miles d'Am6rique; ces desertions furent suspen-
dues par un arr6t du Conseil d'Etat, en date du 16 janvier 1684,
qui d6fendit de fonder des raffineries nouvelles aux Antilles. Un peu
plus tard, celles qui existaient furent supprim6es et obliges d'en-
voyer leurs sucres en France pour y 4tre raffin6s.
L'exportation de cette denr6e atteignit des chiffres tres impor-
tants; elle 6tait 6valude, en 1745, A 125 millions de kilogrammes.
Le sucre colonial arrivait h l'6tat brut sur les marches ; il 6tait 6pur6,
blanchi, puis moul6 en pains dans des raffineries don't les plus
importantes dtaient Rouen et Orleans. Ce commerce subit, a partir
de 1812, 6poque oi la fabrication du sucre de betterave commenqa
a 4tre pratiquie, une crise qu'il a encore aujourd'hui la plus grande
peine enrayer.
La canne exige un sol profound et substantial qui doit 4tre en-
graisse rationnellement; elle se propage par la bouture des parties
sup6rieures des tiges. La plantation se fait de janvier a mars ou de
juillet a septembre ; on choisit de pre6frence les endroits 16gere-
ment humides et les collins peu l6evdes. Des que la v6g6tation
commence, le terrain doit 6tre nettoy6 ; on le nettoie une second
fois en septembre et une troisieme en janvier. Enfin, quand la
canne est sur le point de fleurir a nouveau, c'est-a-dire quatre mois
apres sa plantation, on sarcle en buttant 16gerement la terre autour
de chacun des pieds. C'est en mai, juin et juillet que l'on procede
a la coupe de la canne, quelle que soit 1'ppoque qu'on ait choisie
pour la planter.
Quand la r6colte des cannes est achev6e, on brdle sur le sol les
feuilles dess6chies afin de nettoyer la terre et de lui fournir un
aliment, on encore on rdunit ces feuilles pour en faire du fumier
qui est ensuite rdpandu sur les cultures.
AprBs une premiere recolte, la canne n'a pas besoin d'6tre
plant6e a nouveau pour reproduire ; les racines restantes fournissent
6 -
des rejetons qui pr6parent de nouvelles r6coltes. Dans les terrains
les meilleurs, les m4mes plants peuvent donner jusqu'A six
coupes productive. Malgr6 les difficulties d'ecoulement du
sucre, les ouragans, les incendies, les rats, les serpents et les
maladies, la population martiniquaise tient beaucoup & la culture
de la canne, d'abord par tradition, ensuite pour des raisons sociales
car elle est susceptible de procurer un salaire r6gulier a six travail
leurs par hectare.
III. Cacaoyer.
Cette plante, originaire de l'Am6rique 6quatoriale, a Wt6 d'abord
class6e parles botanistes dans la famille des malvac6es mais elle
est aujourd'hui rangee dans celle des byttn6riacdes. Les savants lui
ontdonn le nom de theobroma (nourriture divine), les Caraibes
l'appelaient cacao et les Azteques la connaissaient sous le nom de
cacahoaquatl.
Le cacaoyer resemble a un merisier; il atteint une hauteur
moyenne de 10 metres. Son bois est tendre, son 6corce de couleur
rougeAtre et ses feuilles d'un vert brilliant. Ces derni6res se renou-
vellent sans cesse ainsi que ses fleurs, blanches pour la plupart,
r6unies en bouquet et inodores. Les fruits, auxquels elles donnent
naissance, mirissentt toute 6poque de l'ann6e; ils sont couramment
appeals < cabosses )). Ce sont des fruits de forme ovoide, longs
d'une quinzaine de centimetres, qui, sous un p6ricarde ligneuxdouble
d'une pulpe acide, contiennent 30 ou 40 graines amygdaloides. Ces
graines sont ce que l'on appelle le cacao.
Avant la d6couverte du Nouveau Continent, le cacaoyer 6tait
l'objet, de la part des indig&nes, non seulement d'une culture suivie
mais encore d'une veritable v6ndration. Des cdermonies rituelles et
pleines de solennite accompagnaient la plantation de cet arbuste.
Benjamin da Costa, le r6fugi6 israelite don't il a Wtd parle plus haut,
introduisit, en 1661, le cacaoyer a la Martinique. Cette culture
s6duisit aussitot les colons qui n'hdsiterent pas i entreprendre des
exploitations importantes.
L'ouragan de 1727 fut pour eux un d6sastre; la plupartdes plan-
tations furent d6truites mais Louis XV, qui s'dtait vivement intd-
- 37 -
ress6 & cette source de richesse, encourage les proprietaires &
replanterleurscacaoyeres en leur accordant desexemptions d'imp6t.
A l'6poque de la Revolution, la Martinique comptait plus de 1.200
hectares consacres a cette culture.
Au course du xrxe si6cle, les plantations se multiplibrent dans le
nord de l'ile, tout particulierement dans les regions du Pr&cheur et
de Basse-Pointe don't les valldes chaudes et humides conviennent
A cet arbrisseau; les exportations de cacao ne depassaient cependant
pas 200 tonnes par an.
Depuis les eruptions de 1902, et malgrd une interruption momen-
tan6e, la reprise de la culture du cacaoyer se manifeste tres sensi-
blement. On peut dvaluer que, a l'heure actuelle, la Martinique
consacre 1500 hectares aux plantations de cacaoyer qui produisent
approximativement 500.000 kilog. de cacao.
I1 y a tout lieu d'esperer que cette culture est envoie d'extension
normal et que, dans un avenir proche, la surface du sol qui lui
sera consacree ne sera pas infirieure a 3.000 hectares.
Le cacaoyer a besoin, pour reussir, d'ombre, de chaleur et d'hu-
midit6 ; il doit Otre plant dans un terrain vierge et autant que
possible sablonneux. La cacaoykre, don't l'dtendue est toujours
restreinte (10 a 15 hectares), est entourde d'une haie de citronniers
et de bananiers afin de l'abriter centre Faction des vents et
l'ardeur du soleil.
Apres une preparation spdciale du sol, on procede & la plantation
des cacaoyers ; ces derniers sont le plus souvent semes sur place et
disposes en quinconce. Pendant les premieres anndes, on cultive
des patates ou du mais entire les ranges de cacaoyers qui ne fleu-
rissent que vers la troisieme annde et ne donnent de fruits que vers
la cinquieme. L'entretien de la plantation se borne alors h enlever
les mauvaises herbes, h detruire les insects et & tailler les tiges.
IV. Caf6ier
Le cafdier est originaire d'Arabie et les savants s'accordent A
dire que son nom mdme provient de Kaffa, ville de I'Ydmen, oi il
dtait cultivd depuis les debuts de l'ere musulmane. Quoi qu'il en
38 -
soit, ce furent les Arabes qui, les premiers, firent usage de ses fruits.
L'habitude de boire du cafe s'introduisit en Perse, en Palestine, en
Egypte et enfin A Constantinople of l'absorption de ce breuvage
6tait r6pandue a la fin du xvIe siecle. Louis XIV fut, en France, le
promoter de cette boisson nouvelle qui ne fut vulgaris6e i Paris
que cinquante ans plus tard.
En 1690, les Hollandais planterent le cafeier aux Indes et h Suri-
nam; plusieurs pieds furent envoys h Amsterdam oh notre consul
obtint une bouture don't il fit cadeau au Jardin des Plantesde Paris.
En 1714, une second bouture fut offerte au Roi; elle donna
plusieurs jeunes caffiers don't trois furent confids au capitaine de
g6nie Desclieux qui fut charge, en 1727, de les convoyer h la Marti-
nique. Le voyage 6tait long, la traverse difficile ; deux pieds
moururent en route, le troisieme ne put survive que grAce au
d6vouement de cet officer qui arrosa le plant survivant avec la
plus grande parties de sa ration d'eau. Ce plant unique, sauv6 par le
devouement de Desclieux, est devenu la souche des cafeiers des
Antilles et de l'Am6rique Centrale.
Cette culture prit aussitot un essor considerable ; la fin du
xvIIe si6cle, elle couvrait dans la colonies plus de 6.000 hectares qui
produisaient environ trois millions et demi de kilog. de cafe.
Depuis cette 6poque, et malgrd ses qualit&s exceptionnelles, la
production du cafe de la Martinique va en diminuant. La dispari-
tion progressive des caf6ieres provient des maladies qui s'attaquent
a la plante et des difficulties que pr6sente cette exploitation.
Le caffierest un petit arbre de la famille des rubiacees; il atteint
8 metres de hauteur mais les Martiniquais ont l'habitude de le
tailler en parasol; son 6corce est grishtre et ses feuilles d'un beau
vert. Les fleurs, blanches et odorantes, se rapprochent beaucoup
par leur aspect de celles dujasmin. Son fruit estune baie analogue
Sla cerise ; ilrenferme un noyau divis6 en deux loges qui con-
tiennent chacune une graine convexe du c6td externe et aplatie du
c6td interne ; cette graine est le cafe.
- 39 -
V. Plantes a f6cule.
Parmi les plants a fecule don't la culture est le plus repandue
A la Martinique, il faut citer : le manioc, l'igname et l'arrow-
root.
A. Manioc. Le manioc est un arbrisseau h racine tres 6paisse
et charnue ; il appartient au genre medicinier. Sa tige, haute de 2
a 3 m6tres, est cassante et couverte d'une 6corce lisse; ses feuilles,
grandes et palmdes, peuvent etre confondues avec celles du ricin;
ses fleurs sont rougeAtres et son fruit consiste en une capsule con-
tenant des graines ovoides et aplaties. II existe plusieurs sortes de
maniocs qui se divisent en doux et en amers. Les premiers sont ceux
don't les racines peuvent se manger telles qu'on les rdcolte ; celles
des autres ne peuvent &tre consommdes qu'apres avoir 6t6 ddbar-
rass6es du sue ven&neux qu'elles contiennent. Cette plante est ori-
ginaire du Mexique d'of elle a dt6 introduite aux Antilles.
B. Igname. L'igname est une plante grimpante du type de la
famille des dioscor6es; elle possede des rhizomes charnus et rudi-
mentaires, de couleur jaunntre, qui arrivent a atteindre des poids
6normes. On peut dire que l'igname est le succedand de la pomme
de terre que, le cas dchdant, il pourrait avantageusement remplacer.
C. Arrow-root. Ce produit est extrait de la racine deplusieurs
plants de la famille des amombes; il est aussi connu sous le nom
de salep. L'arrow-root constitute un aliment leger et peut, en con-
sequence, etre recommand6 aux enfants et aux convalescents. Cette
fecule entire dans la confection des mets sucres ; elle est de nature
a remplacer le tapioca dans les potages.
VI. Vanillier.
Cet arbrisseau, originaire de l'Amdrique Centrale, tire son nom
de son propre fruit qui, en espagnol, est appeld a vanilla ,, c'est-k-
dire petite gaine. Sa tige est noueuse et grimpante, munie de fibres
radicales qui lui permettent de s'accrocher aux arbres voisins ; ses
40 -
feuilles sont 6paisses et lisses, ses fleurs sont r6unies en bouquets
et ses fruits, vulgairement appeals gousses, sont des capsules cylin-
driques, longues de quinze & vingt-cinq centimetres et remplies
d'une pulpe odorante qui content de nombreuses graines.
La culture du vanillier ne pr4sente aucune difficult. II doit Mtre
plant a l'ombre, dans une parties boise ; il se multiple a l'aide de
boutures faites avec des trongons de tige. Le seul inconvenient
qu'offre cette exploitation reside dans la fecondation qui peut Atre
naturelle ou artificielle. La f6condation naturelle est faite
par les insects ou les abeilles ; la f6condation artificielle est
faite par des travailleurs qui doivent agir avec beaucoup de prd-
caution et une grande rapidity, car les fleurs sont ddlicates et ne
restent ouvertes que fort peu de temps.
VII. Autres cultures.
D'autres cultures ont Wte entreprises avec succes I la Martinique.
Au nombre de celles-ci, il est intdressant de noter: le tabac, l'indigo,
le gingembre et le bois de camp6che.
VIII. tlevage.
Bien que tres avantageux, l'dlevage n'est pas pratiqud dans la
colonies avec autant d'activiti que les ddbouch6s sur place permet-
traient de le croire. Il se consomme, en effet, annuellement dans
l'ile plus de 10.000 totes de gros bhtail.
La majeure parties du b6tail import provient de Porto-Rico ou du
Vdnezuela. II semble que la transformation de certaines savanes en
terrains de pAturage etl'introductionde races approprides pourraient
constituer, i la Martinique, un didment nouveau de richesse.
INDUSTRIES.
I. Considerations g6n6rales.
L'industrie est reprdsentde, A la Martinique, par le traitement
que l'on faith subir aux products naturels du sol en vue de les livrer
sous leurs diverse formes a la consommation. Il est done permits
de dire que l'industrie de la Colonie est une industries agricole; elle
est reprdsentee par le sucre, le rhum, le cacao, le cafe et la vanille.
II faut cependant ajouter que la petite industries existe dans 'ile
od la population ouvriere s'adonne a des travaux de tonnellerie, de
scierie, d'db6nisterie, de tannerie et de cordonnerie.
II. Sucre.
Ainsi qu'il a W&t dit plus haut, la r6colte de la canne se fait pen-
dant l'6poque de la secheresse. Les cannes sont portees aux usines
qui les patient aux planteurs d'apres le taux d'une mercuriale 6tablie
chaque quinzaine, suivant le course du sucre. AprBs les transactions
commercials, les societes usini&res prdlevent l'intar4t statutaire
qui doit &tre verse aux actionnaires et, s'il y a bendfice, elles par-
tagent ce dernier entire les producteurs et les actionnaires.
Les cannes sont dcrasees sous des presses a cylindres qui en
extraient un jus blanchAtre; ce liquid s'6coule dans un certain
nombre de cuves destinies & le clarifier. Les debris ligneux sont
appeles < bagasses a et servent de combustible pour alimenter la
chaufferie; le jus prend le nom de a vesou a et sa parties la plus pure
sert h fabriquer le sucre. Les vidanges et les 6cumes de la canne
sont mises h profit et produisent a les molasses a ou a sirops ,.
Des pressions successives operees sur les bagasses permettent
d'en extraire encore une quantity notable du liquid sucr6 qu'elles
contiennent; des procedds nouveaux plus puissants seraient suscep-
tibles de faire obtenir 4 cette operation un rendement sup6rieur.
- 42 -
III. Rhum.
Cette liqueur alcoolique s'obtient par la fermentation des molasses
provenant de la canne h sucre. Pour la fabriquer, on mAle le sirop
et les dcumes qu'on enleve du vesou avec une certain quantity d'eau
provenant du lavage du sucre brut et on met le tout dans des
tonneaux. La fermentation s'opare d'elle-mAme; toutefois, comme
elle est lente, on y ajoute parfois un peu de ferment. Ce travail se
produit au bout de huit a dix jours; on distille alors la liqueur au
moyen d'un alambic.
Le tafia est le liquid que 'on retire des residus de la canne passes
au cvlindre et soumis a la fermentation.
Le rhum a une saveur piquante; nouvellement fabriqud, il est
incolore, mais en vieillissant il prend une couleur brune et acquiert
une odeur agr6able. Sa saveur tient a une huile volatile que renferme
le jus de la canne a sucre. Le rhum de la Martinique pese, l'alcoo-
mdtre centesimal, de 50 A 65 degrds.
Il se subdivise en trois qualitds: le rhum grappe blanche, le rhum
habitant et le rhum industrial.
IV. Cacao.
La r6colte du cacao est a peu pros permanent; il imported cepen-.
dant de ne cueillir que les fruits bien mirs. A measure que se fait
la cueillette, des femmes et des enfants ouvrent les cabosses avec
des couteaux et des maillets et retirent, a l'aide d'une spatule en
bois, les graines qu'ils repandent sur un terrain prdalablement
garni de feuilles vertes de bananier.
Le cacao est ensuite, soit d6posd dans un magasin fermd, soit
jetd dans des fosses creusdes dans le sol et recouvert d'une 16gere
couche de sable fin; il y reste trois ou quatre jours: c'est la pr6pa-
ration appelde terrage. On retire ensuite le cacao, on le d6barrasse
de la pulpe restde adhdrente et on l'dtend au soleil sur de fines claies
pour le faire sdcher. Lorsqu'il est arrived a un degr6 de dessiccation
convenable, il est renfermd dans des sacs ou dans des barils et
export sur leslieux de vente.
- 43 -
V. Care.
La recolte du cafe se fait en deux ou trois fois. Les cerises sont
ramass6es & la main lorsqu'elles sont rouges et soumises ensuite a
l'action du moulin h grager. Cette machine se compose de deux
cylindres de bois, recouverts d'une piece de cuivre don't la surface
est perc6e de trous, qui remplit l'office d'une rape. Les cerises
passent entire les cylindres et les graines sont ainsi s6pardes l'une
de l'autre. Elles tombent dans un reservoir am6nag6 au-dessous de
la grage et sont soumises a un courant d'eau qui les nettoie. On les
fait ensuite s6cher au soleil sur une surface incline enduite de
ciment; lorsque la teinte du cafe commence a devenir fonc6e, on
introduit les graines dans une 6tuve oh elles se desschent et ob-
tiennent une couleur vert pale. Le cafe est alors vann6, lustre, tried
et mis en sacs; on le laisse dans l'6tuve jusqu'au moment de l'expd-
dition.
VI. Vanille.
La preparation de la vanille est une operation tris compliqu6e.
Ce fruit est cueilli avant d'etre arrive A complete maturity afin de
lui laisser toutes ses qualit6s. AprBs 1'avoir dessdchd a plusieurs
reprises et enduit d'huile, on l'enferme dans des vases ou des r6ci-
pients en fer herm6tiquement close.
On connait, dans le commerce, trois sortes principles de vanilles:
10 la vanille givrde, longue de 25 centimetres, 6troite, molle, d'une
odeur tr6s suave et recouverte de petits cristaux; 20 la vanille bAtarde,
plus petite, plus seche et moins foncde; 3 le vanillon, long de
15 centimetres environ, large de 2 centimetres, de couleur brune
et moins estim6 que les deux espices pr6c6dentes.
COMMERCE.
Commerce et statistiques commercials.
Si I'on en except le commerce local, repr6sent6 par les products
de la culture vivriere, de la p6che et de la petite industries, le
commerce de la Martinique se resume dans les transactions que
ndcessitent le sucre, le rhum, le cacao, la vanille, le cafe et les
fecules.
A 1'exportation, la presque totality des expeditions est fournie par
le sucre et le rhum; 'ile compete seize usines sucri&res et soixante-
dix rhummeries.
A leur sortie de la colonies, ces products sont frapp6s de droits
speciaux qui s'6levent a 1 fr. 30 par quintal de sucre et a 1 fr. 10
par litre de rhum; il faut y ajouter les droits de quai et de statis-
tique. Ces diverse taxes, ajoutdes au prix de revient et au coft du
transport du rhum, font revenir le litre de ce liquid rendu en
France, tres bonne quality, a 5 francs environ.
Les importations consistent surtout en viandes, morues, houille,
huiles, tissus, farine, etc.
Pour I'ann6e 1908, les exportations se sont dlev6es a la some
de 20.795.091 francs, se d6composant ainsi qu'il suit:
Pays de destination
Designation
des Marchandises France Angle- Total
et colonies terre Autres pays
Fr. Fr. Fr.
Cacao.................. 1.135.149 1.135.149
Sucre .................. 10.637.894 119.652 10.757.546
Rhum .................. 6.263.555 141.119 6.404.674
Vanille................. 643.940 658.546 1.302.486
Autres marchandises.... 354.038 831.198 1.185.236
Total........... 19.034.576 1 1.750.515 20.785.091
Is -
Pendant le mgme exercise, les importations ont atteint le chiffre
de 15.363.285 francs et se sont rdparties de la maniere suivante:
17 _____
Designation
des marchandises
Viandes salses.........
Graisses alimentaires...
Morues...............
Farine de froment.....
Riz....................
M6lasse..............
Caf ...................
Tabacs en feuilles......
Huiles de coton........
Bois scis...............
Merrains..............
V ins...................
Houille................
Huiles de pdtrole.......
Produits chimiques et
engrais ..............
Savons................
de lin ...
Sde coton......
Tissus de line .......
de soie........
Broderies et vltements.
Ouvrages en mltaux...
Futailles vides.........
Autres marchandises...
Total...........
Pays d'origine (Valeur en francs)
S Angle- Amri Autres
Frsce Am-rique
ce terre pays
Fr. Fr. Fr. Fr.
30
16.019
21
108.117
808.553
150
30
2.606
147.045
1.082.611
144.706
303.481
4
1.115.001
240
70.040
515.719
388.143
288.995
1.025.842
151.770
330.289
33
143
6.536
92
552
85.867
527.557
317.193
357
5.783
746.165
213.209
398.059
15
152.091
5.450
30.820
22.661
10.716
474.569
16.760
383
199.404
137.077
230.285
561.268
47.889
28.172
457.594
1.019.440
28.963
2.748.399
7.565.529
77
1.801
259.467
22.581
33.381
161.418
34.508
270
22.935
800
3.277
57.827
1.600
383.708
28.850
8.499
130.805
5.796
1.030
232
45.455
3.234
235.391
Total
Fr.
145.200
311.065
1.005.636
1.350.821
447.699
161.433
186.620
75.760
546.539
433.739
300.511
477.846
1.208.546
153.753
1.721.934
165.960
239.077
698.639
53.777
29.202
458.378
183.368
559.754
3.448.028
5.272.203 11.442.942 I 15.363.285
Chambre de Commerce.
II existait autrefois deux Chambres de Commerce a la Martinique;
elles avaient 6td cr66es par ordonnance locale du 17 juillet 1820,
r6glementdes et rdorganisdes depuis cette 6poque par des arr4tis
successifs.
Un arr4td du 16 fivrier 1907 a supprime la Chambre de Com-
merce de Saint-Pierre et un autre arretd a reorganise la Chambre
de Commerce de Fort-de-France.
46 -
La circonscription de cette assemble comprend toute la colonie;
le nombre de ses membres est fix6 b neuf.
La Chambre de Commerce de Fort-de-France est aupres des
pouvoirs publics de la Colonie l'organe des int6r&ts commerciaux
des industries de la Martinique; ses membres sont 6lus pour neuf
ans, ind0finiment r6dligibles et renouveles par tiers tous les trois
ans. Le budget de la Chambre de Commerce est proposed par le
President, vot6 par I'Assemblde et approuvd par le Gouverneur.
Courtiers, Agents de change et Commissaires-priseurs.
II existe une Bourse de commerce i Fort-de-France et le decret
du 2 d6cembre 1864 a fixde deux le nombre des courtiers pour cette
ville. Ils exercent cumulativement les functions d'agents de change,
de courtiers de marchandises et d'assurances et de courtiers inter-
prates et conducteurs de navires; ils sont astreints h subir un
examen special et a justifier de la connaissance des langues anglaise
et espagnole.
Fort-de-France est le siege de l'office d'un commissaire-priseur
don't les attributions sont les memes que celles de ses colleagues
6tablis en France.
Banque de la Martinique.
La Banque a etW constitute par la loi du 11 juillet 1851, au capital
r6alisd de 3.000.000 de francs, en vertu de l'article 7 de la loi du
30 avril 1849 affectant i la formation du capital le huitibme de
l'indemnit6 accord6e aux colons par suite de l'6mancipation des
esclaves.
En outre du capital social,une reserve statutaire de 1.500.000 francs
a 6td constitute au moyen de prel6vements sur les bendfices. Capital
et reserve ont dt6 employs en achat de titres de 3 o/o amortissables
qui repr6sentent au course actuel de la rente, 6.800.000 francs.
Les decrets des 22 d6cembre 1851, 17 novembre 1852, 31 mars
1874, 9 juin 1904 et 16 novembre 1905, ont pourvu aux moyens
d'exdcution et cr6d une agence central des Banques coloniales a
Paris.
47 -
Les status annex6s a la loi de 1851 fixaient a vingt anndes la durde
de la Banque, mais la loi du 22 juin 1874 en a proroge le privilege
pour vingt autres anndes, partir du 11 septembre 1874.
Ce privilege a Rtd proroge par ddcrets d'abord jusqu'au 1Ce janvier
1901 et ensuite jusqu'au 11 janvier 1912.
Les operations de la Banque consistent:
1 a escompter les billets a ordre ou effects de place a deux ou
plusieurs signatures;
2 at ngocier, escompter ou acheter des traites ou des mandates
directs ou & ordre sur la m6tropole ou sur 1'6tranger;
30 a escompter des obligations negociables on non negociables
garanties:
par des warrants ou des rdc6piss6s des marchandises ddpos6es
soit dans les magasins publics, soit dans les magasins particuliers
don't les clefs ont det regulierement remises & la Banque;
par des cessions de r&coltes pendantes;
par des connaissements h ordre ou r6gulierement endoss6s;
par des transferts de rentes ou d'actions de la Banque de la
colonie;
par des dip6ts de lingots, de morinaie ou de matieres d'or et
d'argent;
4 a se charger, pour le compete des particuliers ou pour celui des
Mtablissements publics, de l'encaissement et du recouvrement des
effects qui lui sont remis, et A payer tous mandates et assignations;
5 a recevoir, moyennant un droit de garde, le d6pbt volontaire
de tous les titres, lingots, monnaies et mati6res d'or et d'argent;
60 a souscrire a tous emprunts ouverts par l'Etat, par la colonie
ou par les municipalities de la colonie jusqu'a concurrence des fonds
verses A la reserve;
70 & recevoir, avec I'autorisation du Ministre des colonies, les
products des souscriptions publiques ouvertes soit dans la colonie,
soit dans la m6tropole;
80 & 6mettre des billets payables a vue au porteur, des billets &
ordre et des traites ou mandates;
90 h faire commerce des m6taux precieux, monnayds ou non
monnayds.
CINQUIRME PARTIES
LA MARTINIQUE ET LES EXPOSITIONS; SON AVENIR
Fire de son brilliant passe et soucieuse de faire connaitre ses
products en mAme temps que de conqudrir des marches nouveaux,
la Martinique n'ajamais hesitd A prendre part aux differentes Expo-
sitions auxquelles elle a 6t6 conviee.
C'est ainsi qu'elle a figure en 1885 a Anvers, en 1889 et en 1900
a Paris, en 1906 h Marseille et enfin, cette ann6e mgme, a Bruxelles.
Les collections provenant des divers services administratifs on les
envois dus b l'initiative privde ont toujours Wte hautement remarques
et ont contribute a donner a la Martinique une renommee qu'elle
merite a tous dgards.
Avec ses richesses naturelles, par suite de l'activit6 de ses habi-
tants, grAce a une population abondante et cultivde, la Martinique
bien qu'6tant, au point de vue strict, une colonies peut 6tre
consid6rde comme un prolongement de la MWre-Patrie, don't elle
constitute moralement un veritable d6partement.
C'est dans cet esprit que les pouvoirs publics n'ont jamais h6sit6
A faire tout d'abord b6ndficier la Martinique des measures politiques
et sociales que la M6tropole elle-mame venait de s'appliquer.
Les lois ouvriAres, le regime du travail, l'introduction des proc-
dis nouveaux de culture et des ddcouvertes recentes dans l'industrie,
le reboisement et la protection des forts permettent d'envisager
avec confiance le d4veloppement futur de notre belle possession des
Antilles. Si l'on ajoute que le percement de l'isthme de Panama fera
du port de Fort-de-France amdliore le point de relAche tout indiqud
des navires qui se rendront de l'Europe dans le Pacillque, il est
legitime d'escompter pour cette colonie un avenir brilliant que son
passe et son present justifient pleinement.
LA MARTINIQUE.
SIXIPME PARTIES
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H. DE LA VAISSIERE.
TABLE DES MATIeRES
Premiere parties
Geographie Physique et Politique ....... ...... ..... ...
Deuxibme Partie
Hislorique .............................. .. ... ................
Troisibme Partie
Organisatioi administrative.....................................
Quatri.me Partie
Agriculture....................................................
Industrie .......................................................
Commerce.. ....................................................
Cinquibme Partie
La Martinique et les Expositions. Son avenir.....................
Sixibme Partie
Bibliographie ..................................................
Carte de la Martinique.............................. ... ... ....
MACON, POTATO FnmBEBS, lIN5RuFUw
LA
MARTINIQUE
EN 1910
PAR
R. DE LA VAISSIgRE
PARIS
AUGUSTIN CHALLAMEL, EDITEUR
RUE JACOB, 17
Librairie maritime et colonial.
1910
LA
MARTINIQUE
EN 1910
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
LA
MARTINIQUE
EN 1910
PAR
R. DE LA VAISSIERE
PARIS
AUGUSTIN CHALLAMEL, EDITEUR
RUE JACOB, 17
Librairie maritime et colonial.
1910
LA MARTINIQUE EN 1910
PREMIERE PARTIES
GEOGRAPHIE PHYSIQUE ET POLITIQUE
Situation g6ographique.
L'ile de la Martinique fait parties du group des Antilles don't les
iles constituent une chaine s'6tendant du Yucatan et de la Floride
jusqu'aux bouches de l'Ordnoque. Elle est situ6e entire 14 26' et
14053' de latitude nord et entire 630 34' de longitude ouest du m6ridien
de Paris. Elle est place entire les colonies anglaises de la Domi-
nique au Nord et de Sainte-Lucie au Sud; elle est 6loignde de
440 kilometres seulement du continent am6ricain et de 1.270 lieues
marines de Brest.
Superficie.
La Martinique measure 66 kilometres dans sa plus grande longueur
et sa larger moyenne est d'environ 30 kilombtres; sa superficie est
de 98.782 hectares, soit 4 peu pres le double du d6partement de
la Seine.
Orographie.
La Martinique est d'origine essentiellement volcanique, ce qui
explique son caractere accident ; elle est traverse dans son
grand axe par une chaine qui va du cap Saint-Martin au Nord-
Ouest a la Pointe des Salines au Sud-Est en offrant une game de
pics toujours dderoissante (la Montagne Pele : 1.350 m6tres, les
Pitons du Carbet : 1.200 metres environ, le mont du Vauclin : 505
metres, le Piton Crevecceur: 480 m&tres).
-6-
Hydrographie.
De tous ces mornes d6valent vers la mer de nombreuses rivibres
et de plus nombreux torrents. 70 course d'eau descendent des mon-
tagnes; deux seulement sont navigables pour les embarcations d'un
faible tirant d'eau, ce sont : la riviere Pilote et la riviere Salde. Il
existe dans File quelques sources d'eaux min6rales; trois d'entre
elles sont jusqu'ici exploitdes : les sources de Didier et d'Absalon
pres du Carbet et la Fontaine Moutte, aux environs de Fort-de-
France.
C6tes.
Les c6tes de la Martinique sont peu accidentkes dans la parties
septentrionale de 'ile; le rivage est au contraire vigoureusement
d6coup6 dans la parties m6ridionale.
Caps hardiment avanc6s, babies profondement 6chancrdes, pro-
montoires effilds, anses spacieuses, se succedent sans interruption
de Fort-de-France A la Trinitd en passant par le Marin; la naviga-
tion est fort difficile et souvent dangereuse dans ces parages, par
suite des banes de coraux appel6s < cayes a qui sont disseminds
jusqu'a plusieurs miles au large. Heureusement que la nature a
pourvu l'ile d'une baie magnifique et sire: celle de Fort-de-France,
la plus belle rade des Antilles.
Vents et climate.
La mer est continuellement agit&e sous l'action i peu pres cons-
tante des vents alizes, c'est-h-dire d'Est et du Nord-Est; ces vents
temperent, en revanche, la chaleur et, balayant le pays, augmentent
les conditions de salubrit6.
Le climate de la Martinique est, d'une fagon g4nerale, chaud et
humide. L'ann~e se divise en trois saisons bien distinctes mais
d'une duree irrdguliere :
10 La saison fraiche on < careme a qui commence en d6cembre
et finit en mars. Temperature maxima : 280; temperature moyenne,
dite de Printemps: 24 5 ; temperature minima: 210.
2 La saison chaude et skche qui commence en avril et finit en
-7-
juillet; le thermometre oscille entire 230 et 31 8. La temperature
moyenne est de 260; c'est l'WtA. -
3 La saison chaude et pluvieuse qui dure jusqu'en novembre. Le
thermom6tre marque de 23 A 320. C'est l'hivernage, l'dpoque des
grandes chaleurs, des tempetes, des ouragans, des orages et des
pluies torrentielles.
Malgre une grande humidity, resultant de la situation meme de
l'ile au milieu de l'Ocean, et une temperature dlevee peu variable,
le climate de la Martinique n'est pas d6favorable i l'Europden, a
condition de se soumettre rigoureusement aux lois de l'hygiene
et faire, a diverse dpoques de l'annee, un s6jour dans la montagne.
Cyclones.
C'est pendant l'hivernage que les perturbations atmosphdriques
sont le plus a redouter et il est a remarquer que les raz-de-marde
et les cyclones les plus terrible se sont toujours products au course
de cette pdriode de 1'ann6e. Les cyclones, qui ont le plus violem-
ment ravag6 la Martinique durant ces dernieres annies, sont ceux
du 5 septembre 1883, du 18 aoit 1891 et du 9 aoit 1903 et le plus
recent raz-de-maree enregistrA est celui du 31 aost 1902.
Eruptions volcaniques.
Les tremblements de terre sont nombreux et certain d'entre
eux ont WtA d'une extrAme intensity ; tels ceux de 1657, de 1727,
de 1753, de 1839, de 1902, de 1904 et de 1906.
L'ile compete cinq volcans 6teints et un volcan en activity, la
Montagne Pelde, que les eruptions de 1902 ont rendu tristement
c6l6bre. La catastrophe du 8 mai 1902 a andanti en quelques minutes
Saint-Pierre et ses 28.000 habitants et recouvert d'un epais linceul
de cendres grises toute la parties de la montagne comprise entire le
cratere, le Morne Folie-et la petite anse du Carbet; des eruptions
successives (20 et 26 mai, 5 juin, 9 juillet et 30 aoit de la m&me
annie) ont ensuite detruit les communes du Precheur, de la Grand'
Riviere, de l'Ajoupa-Bouillon et du Morne Rouge. En resume, la
surface de la parties de 'ile d6vastee par la catastrophe de 1902
n'est pas inferieure A 58 kilometres carr6s.
-8-
Loin d'6tre frappee de terreur et de d6couragement a la suite de
ce disastre, la population, sans rien oublier du pass, s'est remise
avec confiance t l'ouvrage pour redoubler d'activit6 et maintenir la
Martinique au rang que sa prospirit6 avait su lui donner.
Voies de communication int6rieures et ext6rieures.
C'est dans ce but que, sans se laisser arr4ter par les sacrifices
a consentir, des services nouveaux ont dtd crd6s et qu'un pro-
gramme complete de travaux publics a Wtd 6labor6 : reprise d'un
project de chemin de fer, amelioration du port de commerce de Fort-
de-France, creation de lignes d'automobiles, etc.
Le project relatif i des services de voiture i traction mecanique
a dfi etre momentandment abandonnd par suite de la rapidity des
tournants et de l'importance des differences de niveau; il doit etre
repris plus tard. Quant au chemin de fer, le trace d'une voie
ferrie allant de Basse-Pointe A Sainte-Marie est, a l'heure actuelle,
completement 6tudid et sa construction est prochaine.
I1 existe cependant dans F'ile un reseau de 180 kilombtres de
chemins de fer A voie 6troite; ces lignes appartiennent a l'industrie
priv6e qui s'en sert pour le transport des cannes i sucre.
La Martinique tout entire est sillonn6e par des routes coloniales
bien entretenues qui, au nombre de 33, desservent les principles
localities; de plus, des services de bateaux a vapeur font le tour de
l'ile en s'arretant aux points les plus important.
La Martinique est relide a la France par les paquebots de la
Compagnie gendrale transatlantique qui parent de Saint-Nazaire
le 9 de chaque mois et de Bordeaux (Havre-Bordeaux-Colon) le 26
de chaque mois ; la traverse est de 12jours. Au retour, les departs
de Fort-de-France ont lieu le 10 et le 29 de chaque mois.
L'ile communique avec les Grandes Antilles et les Guyanes par
les deux lignes annexes de la Compagnie g6ndrale transatlantique.
Les navires de la e Royal Mail et de la ,, Direct Line e la mettent
en relations avec les Petites Antilles et l'Angleterre. Enfin, des
steamers americains transportent avec facility les passagers et les
marchandises dans les grands ports des Etats-Unis,
- 9 -
G6ologie.
La g6ologie de la Martinique est peu connue. Elle a Wt 6tudide
en 1814 par Moreau de JonnAs, en 1843 par Ch. Sainte-Claire
Deville, en 1880 par Octave Hayot et tout r6cemment par
M. Lacroix. En resume, l'ile content des terrains calcaires strati-
fids dans lesquels on retrouve quelques fossils et toutes les roches
rencontr6es par le g6ologue renferment une quantity considerable
do silice. Ces constatations permettent de croire que les matirres
constitutives de la Martinique ont Rt6 arrachees h quelque lambeau
du terrain primitif.
Botanique.
Le regne v6egtal est richement represents dans l'ile. I1 est
cependant int6ressant de remarquer que la distribution des plants
peut 6tre rattach6e h cinq zones bien distinctes : zone littorale,
zone des grandes cultures dans la region basse, region moyenne
oft se cultive les legumes, region haute on zone des grands bois et
region sup6rieure oil croissent les mousses et les fougeres.
Zoologie.
La plupart des mammifAres existant dans 'ile ne sont pas
autochtones; ils y ont dt& introduits A une 6poque plus ou moins
reculke. I1 faut cependant en excepter les chauves-souris qui
competent une douzaine d'esp&ces. Les oiseaux sont rares mais, en
revanche les reptiles sont nombreux ; enfin, les poissons sont
abondants sur les c6tes et dans les rivieres de la Martinique.
Population.
La population de la Martinique est de 182.024 personnel avec
une density de 191 habitants par kilomAtre carr6, ce qui, en
tenant compete des hauteurs inaccessibles ou des mardcages -
permet d'affirmer que la parties habit6e continent, en moyenne,
400 habitants au kilometre carre. I1 n'y a done pas lieu de s'etonner
que les Martiniquais se rendent volontiers a l'6tranger; ils 6migrent
de prdfdrence a Panama, a la Trinidad et h la Guyane frangaise.
- 10 -
La population est repartie en 32 communes, don't 3 (Saint-Pierre,
le Precheur et le Morne-Rouge) ddvastdes par les catastrophes
de 1902 sont de tres faible importance. L'ile est divisde en deux
arrondissements: Fort-de-France et Saint-Pierre.
Communes.
Le premier arrondissement content les communes suivantes :
Fort-de-France, Schoelcher, le Lamentin, Saint-Joseph, Saint-Esprit,
Ducos, le Francois, la Riviere Salke, le Diamant, les Anses d'Arlets,
les Trois-Ilets, Sainte-Luce, le Marin, le Vauclin, Sainte-Anne et
la Riviere Pilote. Le second se compose des communes ci-aprns :
Saint-Pierre, le Carbet, la Case-Pilote, le Fonds-Saint-Denis, le
Prdcheur, le Morne-Rouge, la Basse-Pointe, l'Ajoupa-Bouillon, le
Macouba, la Grand'Riviere, le Lorrain, le Marigot, la Trinite,
Sainte-Marie, le Robert et le Gros Morne.
Fort-de-France.
Le chef-lieu de la Martinique est Fort-de-France, qui compete
27.069 habitants. Cette ville s'appelait autrefois Fort-Royal et a
change de nom en 1802; elle sert de residence au gouverneur et a
tous les chefs de service.
Fort-de-France est bati sur un terrain plat, ses rues sont traces
en ligne droite et ses maisons, dl6gantes, sont construites de fagon
a pouvoir resister aux tremblements de terre ou aux cyclones.
On y remarque la (< Savane n oh a 6t6 drigde la statue de 1'Impd-
ratrice Josephine; cette promenade, ombrag6e de tamariniers et de
sabliers, est l'une des plus belles des Antilles. Des monuments
imposants: la mairie, la bibliothhque Schcelcher, la fontaine Guey-
don, sont d'un superbe effet d6coratif. Enfin, un jardin botanique
tres bien entretenu content des specimens de toutes les varidtds
d'arbres ou de fleurs qui croissent et prosperent dans file.
La ville est d6fendue par le fort Saint-Louis, le fort Desaix, le
fort Tartenson 'oi ajadis Rtd intern BWhanzin, ancien roi du Daho-
mey) (et les fortins de 1'ilet & Ramiers, de la Pointe du Bout et
de la Pointe des Negres.
I -. a A,., ra sse rent
0.45 C ,r
50 tf
I de/Vi,F1 r'
.5- ce ae 4caakD
DEUXIBME PARTIES
HISTORIQUE
Decouverte.
La tradition veut que la Martinique ait Rtd decouverte par Chris-
tophe Colomb, au course de son deuxieme voyage, le 11 novembre
1493, jour de la fAte de saint Martin: d'oh son nom. Cette ile.
n'6tant pas portde sur la carte dressed en 1500 par Juan de la Cosa.
mais Rtant comprise dans l'archipel que ce geographe mentionne
sons le nom a( d'Islas de Canibales ,, il y a tout lieu de supposed
que les Indiens s'etaient bornes a parler h Colomb d'iles situees au
sud de la Guadeloupe et dans lesquelles vivaient des populations
anthropophages.
I1 semble dtabli aujourd'hui que ce n'est qu'A son quatrieme voyage
que Christophe Colomb reconnut la Martinique; il ddbarqua, le
15 juin 1502, a 1'endroit oh s'dleve aujourd'hui le bourg du Carbet.
Les Caralbes.
L'ile dtait, a cette dpoque, exclusivement peuplie par les Indiens
Caraibes qui appartenaient I la famille indienne des Galibis reprld-
sentde actuellement par quelques tribus dparses dans la Guyane
Frangaise. I1 est probable que ces indigenes, chassis de leur terri-
toire par leurs ennemis acharnds et cruels, les Arouagues, avaient
quitt6 sur leurs frnles pirogues les rives de l'Amdrique et, favoris6s
par les vents des Amazones qui portent au Nord, atterri aux iles les
plus rapprochies du continent.
Remontant toujours plus au Nord, ils s'etaient par la suite
rdpandus dans les autres miles et s'y 6taient implants. Sans pitid
d'aucune sorte, ils massacrerent impitoyablement pour les ddvorer
les aborigines males et conserv6rent les femmes afin d'en faire des
servantes on des spouses.
Ils rencontrerent a la Martinique une race autochtone, douce et
14 -
pacifique, les Igndris, qu'ils eurent vite fait d'andantir, a l'exception
des femmes. C'est ce qui explique que le Caraibe se composait de
deux langues, l'une : Galibi, exclusive aux hommes, l'autre:
Igndri, rdservde aux femmes.
Lors de sa ddcouverte, la Martinique s'appelait ( Madinina a,
d'ooi il v a lieu de supposed que son nom actuel a 6td tired.
De l'Olive et Du Plessis.
Les Espagnols, don't les conqudtes nouvelles 6taient immense,
didaignerent cette petite ile perdue dans l'Ocdan et ndgligdrent de
l'occuper ; les Caraibes parent jouir paisiblement de leur territoire
jusque vers le milieu du xvin siecle. Mais, le 14 fdvrier 1635,
deux gentilshommes francais, Lydnard de l'Olive et Du Plessis,
passerent avec la Compagnie des Isles d'Amdrique ), crdde en
1626 par Richelieu, un contract aux terms duquel ils obtenaient le
commandement de la Martinique, la Dominique ou la Guadeloupe,
suivant qu'ils s'etabliraient dans I'une ou l'autre de ces miles. De
l'Olive et Du Plessis avaient amend avec eux plusieurs families
voyageant Lt leurs frais et 500 engages qui, moyennant 1'ali6nation
de ieur travail pendant trois ans au bdndfice des organisateurs de
I'entreprise, devaient recevoir une concession gratuite de 25 hectares.
Le 25 juin 1635, ils debarquerent a la Martinique mais, devant
l'Apretd de la nature et l'hostilitd des indigenes, ils repartirent
aussit6t. Quelques jours apres, ils arrivaient A la Guadeloupe don't
ils prenaient possession et oi ils s'installaient.
La tranquillity des indigenes ne devait pas ktre de longue durde.
Belain d Esnambouc.
Pierre Belain, sieur d'Esnambouc, aventureux gentilhomme
normand, qui, depuis 1625, avait colonist Saint-Christophe, d6bar-
qua, le "r septembre 1635, aux environs du Carbet et tenta un
premier dtablissement a la Martinique. 11 6tait accompagnd de
cent hommes, tantbt soldats, tant6t agriculteurs, qui, par leur
attitude, en imposerent aux Caraibes. II prit solennellement posses-
15 -
sion de l'ile au nom de la Compagnie des Isles d'Am6rique. Les
indigenes accueillirent cordialement les nouveaux venus et auto-
risArent d'Esnambouc A construire un fort sur l'emplacement
duquel s'dleva, par la suite, l'un des principaux quarters de
Saint-Pierre.
Apres quelques mois, d'Esnambouc abandonna l'ile et retourna
h Saint-Christophe, laissant le commandement t son lieutenant
Dupont.
Duparquet.
Celui-ci quitta la Martinique en 1637 et fut remplac6 par le
neveu de d'Esnambouc, le sieur Duparquet. Ce dernier demeura a
la Martinique de 1637 a 1658. Les Caraibes, molests, ne man-
querent pas de lui faire une guerre acharn6e et ne tard6rent pas a
etre d6cim6s dans une lutte inegale. Leur nombre decrut rapidement
et, en 1658, les derniers representants de cette race dans ]'ile furent
expuls6s et rejetes & la Grenade oi ils se r6fugierent.
Pendant ce temps, Duparquet avait 6t6 nomm6 Senichal et
avait augment les possessions de la Compagnie en s'emparant de
Sainte-Lucie, de la Grenade et des Grenadines.
Mais la Societd s'6tait engage dans des speculations malheu-
reuses et ses finances n'dtaient guere brillantes. Elle fut reduite a
ceder i de puissants seigneurs la propri6t6 de ses territoires.
Ce fut alors que, moyennant la some de 60.000 lives, Dupar-
quet acheta, par contract du 27 septembre 1650, la Martinique,
Sainte-Lucie, la Grenade et les Grenadines; il devint ainsi pro-
prietaire de ces lies sous l'autorit6 souveraine du roi. En cette
mgme annie, Duparquet refusait l'hospitalit6 a 600 isradlites Hol-
landais chassis du Brisil par les Portugais; il ne devait pas tarder
a s'apercevoir de la lourde faute qu'il venait de commettre en cette
circonstance.
Aussi, s'empressa-t-il d'accueillir avec bienveillance sur le sol
Martiniquais 200 isra6lites Hollandais de meme provenance qui
arrivaient accompagnes de leurs esclaves. Ces strangers furent
pour Duparquet de precieux auxiliaires dans la mise en valeur de
ses territoires : ils enseign6rent la culture du cacao et de la canne
h sucre et ddifiBrent dans l'ile des constructions durables.
16 -
Cette prosp6rit6 fut vite connue en Europe et attira quelques
migrants de la M4tropole.
Mais, le climate ne permettait pas a ces nouveaux colons un
travail p6nible et suivi et force leur etait de recourir a la main-
d'oeuvre 6trangere. Au ddbut, ils utilis6rent soit des esclaves
Arouages venant de la a C6te Ferme ,, c'est-h-dire de l'Am6rique
du Sud, ou des Colonies hollandaises, soit des esclaves captures
sur les vaisseaux espagnols ou portugais. Par la suite, cet afflux de
bras 6tant insuffisant, les colons decid6rent de recruter directement
des travailleurs sur le continent africain : au Sen6gal, en Guin6e
ou en Angola.
Une Soci6td fut cr6de en France dans ce but et elle approvisionna
les colonies d'esclaves africains : telle est l'origine de la population
noire aux Antilles.
Compagnie des Indes Occidentales.
Les mAcontentements des engages europeens, les revoltes des
nagres fugitifs ou < marrons ,, les agressions des Caraibes venus
des iles voisines d6cidarent la Cour a racheter, en mai 1664, aux
heritiers de Duparquet les possessions don't ils avaient joui jus-
qu'alors et a les confier a une Socidtd que venait de cr6er Colbert :
la Compagnie des Indes Occidentales, qui, entire autres avantages,
a init obtenu du roi le privilege exclusif, pendant 40 ans, du com-
merce et de la navigation dans les mers d'Am6rique.
Cette faveur fut la raison principal des seditions qui dclaterent
parmi les jeunes colons de la Martinique. En effet, la Compagnie,
forte de son monopole, emp6chait les changes avec les pays 6tran-
gers et obligeait les habitants a s'approvisionner des marchandises
qu'elle important; ces derniares 6taient, la plupart du temps, de
quality inferieure.
Grace a l'6nergie et a la fermet6 du gouverneur de Clodord, ces
rdvoltes furent apaisdes mais elles eurent deux rdsultats heureux :
la creation d'un Conseil Colonial, qui plaga la colonies sous un
regime d'exception, et l'introduction de la monnaie frangaise qui
remplaca le systame des changes.
- 1? -
Attaques de 1'ttranger.
La guerre, d6clar6e en 1665 entire les Provinces-Unies et 1'An-
gleterre et a laquelle la France dut prendre part, eut sa r6percus-
sion a la Martinique. Les Anglais convoitaient la plus prosprre de
nos possessions de la mer des Antilles et y tenterent, sans succes
du reste, plusieurs coups de mains. En 1666, lord Willougby,
gouverneur de la Barbade, essaya de ddbarquer aux environs de
Saint-Pierre ; il fut repousse. En 1667, une flotte anglaise, com-
pos6e de neuf frigates de haut pont et place sous les ordres de
l'amiral John Harmant, echoua dans une tentative de d6barquement
a la Grand'Anse du Carbet.
Pendant la guerre de Hollande, en 1674, l'amiral de Ruyter
recut l'ordre de s'emparer de l'ile mais, apris avoir mis en ligne
6.000 hommes de troupe, il se vit contraint de rembarquer pr6cipi-
tamment en abandonnant blesses, munitions et 6tendards.
Incorporation an domain de la Couronne.
A la faveur de ces diff6rentes guerres, une contrebande effrdnde
s'6tablissait entire les colons et les Hollandais, alors les u rouliers
des mers ; les agents et les Directeurs de la soci6t6 etaient ou
infidbles ou incapables; le commerce 6tait entrav6. Aussi, un 6dit
de Louis XIV, rendu en decembre 1674, prononqa-t-il la dissolution
de la Compagnie. Le roi remboursa aux actionnaires le capital
souscrit, paya 3.523.000 livres tournois de dettes et fit entrer la
Martinique dans le domaine de la Couronne.
La capital de l'ile avait jusqu'alors Wtd Saint-Pierre qui dtait
d6fendue par un fort; des ouvrages militaires de peu d'importance
s'dlevaient entire ce point et Case-Navire et une forteresse relative-
ment considerable, denommee Fort-Royal, assurait la sdcurite de
la grande baie qu'elle commandait.
De BlEnac.
Le comte de Blknac, lieutenant-g6n6ral des armies et gouverneur
general, fit augmenter le nombre des batteries du Fort-Royal et
2
18 -
traqa le plan d'une ville nouvelle appel6e a devenir le chef-lieu de
notre possession. Il y fit, de plus, entreprendre un canal destine a
faire communiquer le Car6nage avec la riviere de l'H6pital et a
assainir le pays. Le Fort-Royal devait Atre dans l'avenir Fort-
de-France.
En 1679, une insurrection d'esclaves fut r6prim6e sdverement
par le comte de Blenac qui ramena ainsi le came dans la colonies
mais la revocation de l'Edit de Nantes, survenue en 1685, eut pour
r6sultat de faire expatrier des families entieres et de ruiner momen-
tandment la Martinique. Des essais de culture du mfirier furent
alors tents sans success ; la culture du tabac fut peu & peu aban-
donnee et les champs de cannes se multiplierent inconsidar6ment.
Une grave crise 6conomique ne devait pas tarder h sdvir sur File
tout entire.
Les difficulties avec lesquelles la Martinique se trouvait aux prises
se compliquerent bientot de luttes a soutenir centre 1'Etranger.
Au m6pris du trait de Londres (19 novembre 1686), qui stipulait
que les colonies ne prendraient pas part aux guerres qui pourraient
6clater entire leurs metropoles, les Anglais opdrerent, en 1693, une
descent entire Saint-Pierre et le Prdcheur avec 3.000 homes de
troupe ; les milices de Saint-Pierre et du Pr6cheur augmentees de
quelques noirs africains arms leur tinrent victorieusement tete.
Assaillis vigoureusement par l'6nergique Dubuc, les Anglais durent
fuir. Un corsaire britannique fit, en octobre 1697, deux descentes
successives mais il fut repousse et, en 1702, l'amiral anglais Bem-
bow fut battu par Ducasse dans les eaux de la Martinique.
Le trait d'Utrecht, conclu le 11 avril 1713, enleva a la Couronne
Terre-Neuve, l'Acadie et Saint-Christophe et fut disastreux pour
la France mais il apporta avec lui un apaisement profitable &
agriculture. Les Antilles devinrent l'objet de la protection du
Regent qui, pendant la minority de Louis XV, s'intaressa tout
particulierement a la Martinique.
Le thdier, le muscadier, le poivrier, l'oranger, l'avocatier, la
vigne furent acclimates avec soin et le cafeier fut import en 1723
par le capitaine Desclieux. Des voies de communication furent
credes et des travaux de toute nature furent entrepris grace a un
i9 -
systmme de prestations. Les droits excessifs qui entravaient le
commerce furent abolis et des gal6riens furent expddids de France
en qualitde d'engages ,.
Malgr6 une rebellion, connue dans les annales locales sous le
nom de a Gaould n>, la Martinique traversait une ere de prosperity
jusqu'alors inconnue.
Guerre de Sept Ans.
Malheureusement, la guerre qui dclata en 1744 entire la Grande
Bretagne et la France devait entraver cet essor; les colons n6gli-
gbrent leurs cultures pour se consacrer a l'armement de corsaires et
occasion d'exercer leur activity ne se fit pas longtemps attendre.
La guerre de Sept Ans, qui commenga en 1756, fut pour les arma-
teurs un excellent pr6texte a se lancer sur les mers ; ils s'empa-
rerent, au course de cette periode, de 950 navires valant environ
trente millions de livres.
Prise de 1'ile par les Anglais.
AprBs une tentative infructueuse faite en 1759 pour s'emparer
de 'ile, la Grande Bretagne organisa, en 1762, une nouvelle expd-
dition place sous les ordres de 1'amiral Rodney et du g6ndral
Monkton. 20.000 anglais envahirent la Martinique et, malgre une
defense h6roique, la garnison franqaise dut capituler.
Remise de la colonie a la France.
La colonie ne devait faire retour I la France qu'au trait de
Paris sign le 10 f6vrier 1763. Desireux de mettre la Martinique a
l'abri de nouvelles attaques, le roi ordonna la construction d'un fort
qui est appeld aujourd'hui : fort Desaix.
Sous le gouvernement du marquis de Fdnelon, petit-neveu de
l'archeveque de Cambrai, et du comte d'Ennery, la colonie se ddve-
loppa rapidement et les recettes parvinrent a excdder les ddpenses.
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Guerre de 1'Ind6pendance am6ricaine.
La guerre de l'Independance americaine contribua elle-mgme k
lui rendre une parties de son importance car la baie de Fort-de-
France fut, & cette 6poque, le centre des operations maritimes des
flottes frangaises.
Revolution de 1789.
Telle 6tait la situation de notre colonie en 1789. La Revolution
fit passer sur la Martinique un souffle liberateur; le 28 mars 1792,
I'Assembl6e 16gislative, sur les instances des (, Amis des Noirs ),
d6cida que les hommes de couleur et les negres libres jouiraient
d6sormais de tous les droits politiques et, le 4 fevrier 1794, la
Convention national vota par acclamation l'abolition de l'esclavage.
Guerre civil.
La Martinique ne put jouir de ces institutions nouvelles. En
effet, en 1790, des rivalites avaient 6clate au sein de l'Assemblee
Coloniale siegeant a Saint-Pierre entire les partisans de l'ancien
regime ou ( parti de la champagne et les partisans de la R6vo-
lution ou < parti de la ville ,. Chacun de ces parties se disputant la
preponderance, la guerre civil ne devait pas tarder & 6clater ; ce
fut alors que fut livre le sanglant combat de l'Acajou.
Reprise de File par les Anglais.
Rochambeau, envoy en 1793 pour pacifier la Martinique, se
heurta a l'opposition des royalistes qui, pour favoriser le retour des
Bourbons, n'hesiterent pas i solliciter le secours de 1'1tranger.
Malgrd une hbroique defense de Rochambeau, les Anglais finirent
par s'emparer de la Martinique qu'ils conserv6rent jusqu'au trait
d'Amiens (1801).
Les Cent Jours et le trait de Vienne.
En 1809, l'ile tomba t nouveau aux mains des Anglais, a la suite
de la capitulation facile de Villaret de Joyeuse; elle fut 6vacuee le
21 -
2 d6cembre 1814, en execution du trait de Paris, et remise aux
commissaires du roi Louis XVIII.
Les Anglais revinrent pendant les Cent Jours et occup6rent les
forts a titre d'allies. Enfin, le trait de Vienne (20 novembre 1815)
fit rentrer d6finitivement la Martinique sous la domination francaise.
De 1815 a 1848.
Les plantations jusque-14 n6gligees furent reprises avec soin et
les colons s'empress6rent de renouer avec la Metropole des rela-
tions commercials. Mais une grave faute politique, le maintien de
l'esclavage, suscita bient6t les troubles les plus graves. Des com-
plots s'organiserent et des revoltes 6claterent; le souvenir de celle
de 1822 organis6e par quatre noirs : Narcisse, Jean Louis, Jean et
Baugio, ainsi que de celle de 1824 dirigde par le mulAtre Bissette,
est demeur6 vivace a la Martinique, aussi bien par suite de la
cruaut6 des meneurs que par suite de la rigueur de la repression.
Des measures violentes de reaction 6taient A craindre mais, en
France, des hommes g6nrreux, au nombre desquels il faut citer
Shaelcher, luttaient pour l'emancipation des esclaves et, le 27 avril
1848, l'Assembl6e Nationale dcrdtait I'abolition de l'esclavage.
Cette measure jeta momentanement le trouble dans la situation
6conomique du pays mais, peu a peu, ses consequences s'estom-
p6rent pour arriver A disparaitre; le pacte colonial, qui ne permet-
tait aux Colonies de commerce qu'avec la M6tropole, fut rapport
en 1861 et donna une impulsion nouvelle a l'industrie locale.
Expedition du Mexique.
L'expddition du Mexique contribua A renouveler a la Martinique
le brilliant spectacle qu'elle avait offert pendant la guerre de I'In-
dependance americaine; Fort-de-France devint le port de reldche
et de ravitaillement des troupes francaises et de nombreux rdgi-
ments stationn6rent dans 'ile. Une troupe de volontaires, creoles
et noirs, se joignit au corps expeditionnaire et sa brillante conduit
lui valut d'etre cite a l'ordre du jour (8 novembre 1864).
22 -
Ce fut en 1867 que la Compagnie g6ndrale transatlantique prit
la decision de crier a Fort-de-France son port d'attache aux
Antilles et en 1868 que le bassin de radoub fut inaugure avec eclat.
La guerre franco-allemande.
L'importance de Fort-de-France, au point de vue strat6gique,
se manifesta encore pendant la guerre de 1870-1871. Les bitiments
de la station locale s'empar6rent, au course des hostilitds, de plu-
sieurs navires de commerce allemands et l'unique combat naval de
cette guerre, qui eut lieu entire le stationnaire franqais le Bouvet
et la canonni6re allemande le Mdtdore, fut livre dans la mer des
Antilles.
D6s son av6nement, le Gouvernement de la troisiome Rdpublique
s'empressa de r6tablir dans la colonie le suffrage universe qui avait
dt6 supprim6 par le d6cret du 2 f6vrier 1852; il fit entreprendre de
grands travaux et contribua puissamment par de sages measures au
d6veloppement 6conomique de l'ile.
Enfin, par d6crets du 4 octobre 1898 et du 3 juin 1902, Fort-de-
France a 6td class comme point d'appui de la flotte et l'importance
de ce point est appel6e a accroitre consid6rablement apr6s l'ouver-
ture du canal de Panama.
Iruptions de la Montagne Pelde.
Depuis la proclamation de la R6publique, la Martinique a 6prouvd
de nombreux d6sastres: le cyclone du 5 septembre 1883, l'incendie
de Fort-de-France en 1890, le cyclone de 1891, et surtout les cata-
strophes des 8 mai et 30 aofit 1902 qui suivirent l'6ruption de la
Montagne Pelde. Mais, apres chaque dEsastre, la Nature et 'acti-
vit6 humaine ont repris leurs droits et apport6 un remade h des
malheurs qui paraissaient irr6parables.
L'Imp6ratrice Jos6phine.
Parmi les c6l6brit6s n6es a la Martinique, il faut citer Marie-
Josephe-Rose Tascher de la Pagerie, connue dans l'histoire sous le
23 -
pr6nom de Jos6phine. Elle naquit aux Trois-Ilets le 23 juin 1763 1
et passa toute sa jeunesse dans la colonie ofi sa famille 6tait fixee.
Elle fut amende en France a l'Age de quinze ans et 6pousa, en 1779,
le vicomte de Beauharnais don't elle eut deux enfants : le prince
Eugene et la reine Hortense.
Son mari ayant 6et emprisonn6 pendant la Terreur, Jos6phine ne
1'abandonna point et lui prodigua les soins les plus attentifs; elle
essaya cependant en vain de l'arracher a 1'echafaud. Sa conduite
la rendit suspect et elle ne tarda pas a Atre arr6tde; elle ne dut
son salut qu'au 9 Thermidor. Sur les instances de Tallien, elle fut
mise en liberty et obtint qu'une parties de ses biens lui fut restitude.
Protegee par Barras, son salon 6tait I'un des plus frdquent6s de
* cette 6poque.
Distingu6e, gracieuse, sdduisante, elle ne manqua pas de captiver
le general Bonaparte qui se montrait trds assidu a ses reunions et
elle lui inspira une vive passion. Le marriage civil eut lieu le
9 mars 1796; le marriage religieux ne fut celibrd que le ler d6cembre
1804, veille de la c6rdmonie du sacre.
Elle suivit, d6s son union, la fortune de Bonaparte et rendit a son
mari les plus grands services par son habiletd et par l'influence
qu'elle exergait sur les principaux personnages du temps. Elle
contribua puissamment h la rdussite du coup de force du 18 Bru-
maire et Bonaparte lui en garda une sincere reconnaissance. Le
2 decembre 1804, elle fut sacree imppratrice par le pape Pie VII,
en m&me temps que Napoleon dtait sacred empereur des Frangais;
ainsi se rdalisait la prediction qui lui avait Wtd faite, dans sa jeunesse,
par une vieille negresse de son pays d'origine.
1. 11 est intoressant de publier ici, A titre de document, l'acte de bapt6me de l'im-
plratrice Josephine; une copie de cette piece se trouve aux Archives du Ministlre des
Colonies.
Aujourd'hui vingt-sept juillet 1763, jay baptisd une fille agde de cinq semaines
nde du ldgitime marriage de Messire Joseph Gaspard de Tachers, chevalier seigneur
de la Pagerie, lieutenant d'artillerie, reform et de Madame Marie-Rose des Vergers
de Sanoix, ses pere et mere. Elle a did nommde Marie-Josdphe-Bose, par Messire
SJoseph des Vergers, chevallier de Sanoix et par Madame Marie-Frangoise de La
Chevallerie de Lapagerie, ses parein et marine soussignds. Signed : Tacher de
Lapagerie, des Vergers de Sanoix, La Chevallerie de Lapagerie et fr" Emmannel
Scapucin, cure ,
-24-
Cinq annies s'dcoulkrent et l'union de Jos6phine avec Napoleon
Rtant demeurde sterile, l'empereur, qui tenait h avoir un heritier
pour asseoir definitivement sa puissance, resolut de faire rompre
son marriage; le divorce fut prononc6 le 16 decembre 1809. Jose-
phine se retira t la Malmaison oji, grace a une somptueuse dotation,
elle continue h mener une existence vraiment royale.
L'empereur venait, du reste, souvent l'y visitor et solliciter d'elle
des conseils qui 6veillBrent, i maintes reprises, la jalousie de Marie-
Louise. Elle mourut le 29 mai 1814.
Malgrd son amour du luxe et ses godts de d6pense, elle cachait,
sous des dehors 16gers, de reelles qualit6s d'intelligence et de diplo-
matie. I1 ne faut pas non plus oublier que ce fut grace a elle que
Napoleon echafauda une politique colonial, qu'il n'eut malheureu-
sement pas le temps de realiser, et que l'empereur eut pour les
Antilles, en particulier pour la Martinique, une predilection bien
marquee.
TROISIEME PARTIES
ORGANISATION ADMINISTRATIVE
Gouverneur.
La Martinique relive du MinistBre des Colonies.
Elle est administr6e par un Gouverneur don't les attributions
sont d6finies par l'ordonnance organique du 9 fdvrier 1827 et les
senatus-consultes des 3 mai 1854 et 4 juillet 1866; le Gouverneur
a, de plus, 6tW invest, par le ddcret du 21 mai 1898, des pouvoirs
jusqu'k cette 6poque exerces par le Directeur de l'Intdrieur.
Secr6taire general.
Ce haut fonctionnaire a aupres de lui un Secretaire general qui
est plus sp6cialement charge de s'occuper des questions financieres
et qui est destine 4 le remplacer en cas d'absence.
Conseil priv6 et Conseil du contentieux.
Le Gouverneur est aid6 dans son administration par un Conseil
priv6 don't font parties les different chefs de Services et par un
Conseil du contentieux composed des memes membres que le Conseil
priv6 auxquels sont adjoints deux magistrats; les attributions de
ces deux assemblies sont d6terminees par les ordonnances du
9 f6vrier 1827 et du 22 aoit 1833.
Representation an parlement
Un ddcret du er fdvrier 1871, qui a r6tabli la representation des
Colonies au Parlement, et une loi du 28 juillet 1881 ont conf4rd a
cette possession le droit d'61ire deux d6put6s. De plus, la loi du
24 fdvrier 1875, modified par celle du 27 d6cembre 1884, lui a
accord le privilege d'6lire un senateur.
- 26 -
Conseil g6enral.
Le Conseil gdndral a Wt6 organism par le d6cret du 26 juillet 1854,
modifi6 par ceux des 1er aoit, 20 aodit 1886 et 20 decembre 1887.
II est compose de 36 membres 6lus par le suffrage universal. Le
president, le vice-president et les secr6taires sont nomm6s pour
chaque session par le Conseil. Les conseillers sont 6lus pour six
ans, se renouvellent par moitid tous les trois ans et sont indffiniment
r66ligibles ; un tirage au sort fait par le Gouverneur en Conseil priv6
determine la premiere s6rie a renouveler.
Commission colonial.
Dans l'intervalle des sessions, le Conseil general est reprdsent6
par la Commission colonial institute par le d6cret du 12 juin 1879;
elle est compose de quatre membres au moins et de sept au plus,
dlus chaque annee par le Conseil general a la fin de la session ordi-
naire.
Municipalit6s.
A la t6te de chaque commune se trouvent des municipalities
organisaes dans la Colonie par le decret du 12 juin 1837; la loi mdtro-
politaine du 5 avril 1884 sur 1'organisation communale leur est en
tous points applicable.
Arm6e.
La Martinique est occup6e, au point de vue militaire, par une
Compagnie d'infanterie colonial, par une Batterie d'artillerie colo-
niale et par les Services auxiliaires. Ces troupes, en garnison a
Fort-de-France, sont places sous les ordres d'un Colonel d'Infan-
terie colonial, Commandant sup6rieur du group des Antilles. Le
d6cret du 11 juin 1901, portant rdglement d'administration des
troupes coloniales, donne a cet officer sup6rieur le commandement
des forces de l'armde active, de la reserve, de l'armie territorial
et de sa reserve, ainsi que de tousles services et 6tablissements affec-
tes i ces forces; le Commandant de l'artillerie, les Directeurs du
Commissariat et du Service de sante sont sous ses ordres directs,
27 -
Pendant I'hivernage, une parties des troupes va habiter le Camp
de Balata, situ6 sur les hauteurs, A quelques kilometres du chef-
lieu. Le recrutement a 6td dtabli dans la Colonie, conformement a
la loi du 21 mars 1905, qui entrera en vigueur a computer de 1911.
Gendarmerie.
L'ordre public est maintenu h la Martinique par un d6tachement
de gendarmerie qui se compose de quatre-vingts hommes a cheval
et de sept hommes a pied commands par deux officers et rdpartis
dans dix-neuf brigades formant deux sections (Fort-de-France et La
Trinitd).
Marine.
Les d6crets du 4 octobre 1898 et du 3 juin 1902 ont class la
place de Fort-de-France parmi les six points d'appui de la flotte et
des troupes de la Marine sont chargees de la defense fixe de ce
port. En outre, un ou plusieurs navires de guerre appartenant a la
division l6gere de l'Atlantique sont presque toujours sur rade ou
croisent sur les c6tes de l'ile.
Le Service de l'Inscription maritime a 6td 6tabli & la Martinique
par le d6cret du 3 mai 1840 et r6glementd par une loi du 24 d6cembre
1896. Le territoire maritime de la Colonie est divis6 en quarters,
syndicats et communes.
Service de sante.
Le Service de sant4 est dirig6 par un medecin principal des
Troupes coloniales qui a sous ses ordres les m6decins, les pharma-
ciens et le personnel des h6pitaux. L'h6pital de Fort-de-France
content cent cinquante lits; son administration est confide, en
vertu du decret du 20 octobre 1896, au personnel du Service de
Santi des Colonies et l'ordonnancement des dppenses est assure par
le Service de 1'Intendance.
Un jury medical est apte a delivrer le dipl6me de pharmacien
civil ainsi que celui de sage-femme.
A la suite des diff6rentes 6pidemies de filvre jaune qui ont sdvi
28 -
sur la Colonie, un Service de prophylaxie par la destruction des
moustiques et un Laboratoire de bact6riologie ont 6t6 installs a la
Martinique et y fonctionnent sous la direction d'un mddecin-major
des Troupes coloniales.
Culte.
L'ile est le siege d'un Ev4ch6 suffragant de l'Archevech6 de
Bordeaux; il a Wtd 6tabli par le d&cret du 18 d6cembre 1850. Les
cures sont au nombre de trente-sept; les fabriques ont la m6me
organisation qu'en France.
Justice.
L'ordonnance du 24 septembre 1828, modifide par ceile du 10
octobre 1829 et divers d6crets et lois, a organism l'ordre judiciaire
et Administration de la Justice dans la Colonie. Le Procureur
general est le Chef du Service judiciaire.
Fort-de-France est le si6ge d'une Cour d'Appel et d'un Tribunal
de 1re instance; la Cour d'assises siege dans cette m&me ville. La
Colonie compete sept justices de paix.
Instruction publique.
L'Instruction publique a Wt6 place, par d6cret du 24 juillet 1895,
sous la direction d'un chef de service relevant du Gouverneur; ces
functions sont exercees par le Proviseur du lyc6e de Fort-de-France.
L'enseignement supdrieur, l'enseignement secondaire et l'enseigne-
ment primaire sont repr6sentds h la Martinique.
C'est ainsi qu'une Ecole prdparatoire de Droit fonctionne & Fort-
de-France et permet aux jeunes gens de la Martinique, de la Gua-
deloupe et de la Guyane d'y passer leurs examens jusqu'' la licence.
L'enseignement secondaire est donn6 aux gargons an lycee et aux
jeunes filles au pensionnat colonial de Fort-de-France; les uns ou
les autres peuvent y obtenir le baccalaur6at et les divers dipl6mes;
un seminaire-college, fond6 en 1852, donne aussi l'enseignement
secondaire. Enfin, des course normaux annex6s au lyc6e et au pen-
sionnat colonial forment les instituteurs et les institutrices n6ces-
29 -
saires & donner l'enseignement primaire dans les 65 Bcoles de la
colonies; 33 d'entre elles sont affect6es aux gargons et 32 aux files.
Enseignement professionnel.
En outre, une cole d'Arts-et-Metiers, qui date de 1852, a Wte
rattach6e au lycee de Fort-de-France par arr&te du 27 octobre 1904
et une Ecole professionnelle, destinde a former des m6caniciens et
des charpentiers, a 6te crk6e, par arr&te du 6 avril 1888, dans les
ateliers du port et du bassin de radoub.
Trdsor.
Le Service du Trosor est dirig6 et centralise par un Tr6sorier-
payeur qui a sous ses ordres neuf percepteurs; il est responsible
de la gestion de ces derniers et justiciable de la Cour des Comptes.
I1 est nomm6 par decret sur presentation du Ministre des Finances,
apres avis conforme du Ministre des Colonies. Les percepteurs sont
nomm6s par arret6 du Gouverneur, sur la proposition du Trdsorier-
payeur.
Donanes.
Le personnel des Douanes depend comme la Douane metropoli-
taine, don't il fait parties int6grante, du Ministere des Finances, qui
lui transmet, par' 'intermediaire du Ministere des Colonies, les
instructions relatives aux details du service. Il est soumis a la m4me
himrarchie et aux mnmes reglements. A sa t6te se trouve un ins-
pecteur; son personnel est divis6 entire le service sidentaire et le
service actif.
La tarif g6enral des Douanes a etd rendu applicable a la Marti-
nique par la loi du 11 janvier 1892, sauf les exceptions d6termindes
par les decrets des 30 mars 1893, 19 septembre 1897, 27 aodt 1898,
18 mars 1899, 31 avril 1900, 17 mars 1901, 17 mai 1903 et 8 juil-
let 1905, pris en Conseil d'Ptat, par application de l'article 3, para-
graphe 4, de ladite loi. A l'exception de quelques textes non appli-
cables, les lois et r6glements en vigueur en France et portant sanc-
tions p6nales, ont 6td rendus executoires dans la Colonie par un
30 -
decret du 16 fevrier 1895; par suite, les affaires de douane sont
revenues de la competence des tribunaux de paix et des tribunaux
correctionnels. Le service des douanes est charge de la liquidation
des droits d'octroi de mer, ainsi que des taxes de quai, d'aiguade et
d'amarrage a terre.
Enregistrement.
Le Service de l'Enregistrement a 6td 6tabli h la Martinique par
l'ordonnance royale du 31 decembre 1828, modifide par celle du 1er
juillet 1831. Le personnel est dirige, dans la Colonie, par un Inspec-
teur, Chef de service, qui a sous ses ordres divers agents (sous-ins-
pecteurs, receveurs et surnumrraires).
Ils sont tous choisis dans le personnel m6tropolitain et mis, par
le Ministre des Finances, A la disposition du Ministre des Colonies.
Ce service est charge de 1'enregistrement, des domaines, du
timbre, des hypotheques et de 1'impbt sur le revenue des valeurs
mobilieres; il doit, en oatre, recouvrer les amendes de condamna-
tion, les frais de justice et regir la curatelle aux successions et
biens vacants.
Contributions diverse.
Le Service des contributions diverse de la Martinique est dirig6
par le chef du Service des douanes; il comprend les contributions
indirectes et directed, la poste aux lettres et le te61phone, enfin la
verification des poids et measures.
CAbles.
La Colonie est reliee aux miles voisines, aux Etats-Unis, au Br6sil
et a 1'Europe par un reseau de cAbles sous-marins; la voie la plus
frequemment employee est celle de la Compagnie frantaise des cables
(C. F. C.).
Travaux publics.
Le Service des Ponts et Chaussaes a 4t6 cr66, a la Martinique,
par l'orlonnance royale du25 septembre 1817 et d6finitivement orga-
'31-
nms par un arrAtd du 22 avril 1822. Le personnel comprend un ingd-
nieur colonial, des conducteurs et des commis.
Un conducteur des Ponts et Chauss4es, hors cadres, est charge de
la direction du bassin de radoub. Ce bassin, d'une longueur de
120 metres et d'une larger de 34 metres, dispose d'un outillage
assez complete pour proceder aux reparations que peuvent n6cessi-
ter des navires endommag6s par une longue et p6nible traverse.
Service p6nitentiaire.
I1 n'y a qu'un seul dtablissement p6nitentiaire dans la Colonie :
la prison central de Fort-de-France.
L'ordre public est assure par la police don't le service est r6gle-
ment6 par l'arr&t6 du 7 fevrier 1865; le personnel comprend 10
commissaires sous les ordres desquels sont places les agents.
Sapenrs-pompiers.
II existed h Fort-de-France une compagnie de sapeurs-pompiers;
elle est compose de 40 homes.
Service sanitaire.
Le Service sanitaire, crd6 par l'arr&td du 15 fdvrier 1877, a dtd
riorganisd par le d6cret du 31 mars 1897; il est assure par des mdde-
cins du Service de santd des Colonies ddsign6s par le directeur de
la Santd. Un lazaret se trouve a la Pointe-du-Bout.
Les hospices civils, fondds en 1850, sont au nombre de cinq:
Fort-de-France, la Trinitd, le Marin, Saint-Esprit et le Lorrain; ils
sont pourvus d'un conseil d'administration et d'un conseil de sur-
veillance. La Colonie compete, en outre, 19 bureaux de bienfaisance.
Enfin, un ouvroir pour les jeunes filles fonctionne a Fort-de-France
et rend a la population ouvriere des services fort apprdciables.
Imprimerie du government.
Depuis 1859, l'imprimerie du gouvernement, confide autrefois a
1'industrie privde, est exploitde en rdgie par la Colonie; ce service
32 -
est riglementt par l'arietd du 1er fevrier 1859. L'imprimerie public:
le Journal Officiel, le Bulletin Officiel, le Bulletin de 1'Enseigne-
ment, l'Annuaire, le recueil des proces-verbaux du Conseil general
et les budgets et comptes; elle est de plus charge des travaux
d'impression et de reliure pour les divers services de 1'ltat et de la
Colonie.
Bibliotheque.
I1 existe a Fort-de-France une bibliotheque publique, fondue par
Schoelcher; une commission institute par arrAt6 du 15 fdvrier 1894,
donne son avis sur 1'emploi des fonds consacrds a 1'achat des livres
ou a la reception des dons divers.
Budget.
Le budget de la Colonie en recettes et en d6penses s'616ve pour
l'exercice 1910 9.727.7 5 francs etles fonds de reserve se montaient,
au 30 juin 1909, a 388.090 fr. 95 centimes.
QUATRItME PARTIES
AGRICULTURE, INDUSTRIES et COMMERCE
AGRICULTURE
I. Productions diverse.
La Martinique produit presque tous les arbres fruitiers qui croissent
naturellement on s'acclimatent avec facility dans les regions tropi-
cales. Suivant les saisons, les marches sont encombres de goyaves, de
mangues, d'ananas, de papayes ou de bananes qui jusqu'ici, pour
ne citer que les productions les plus communes, sont consomm6s
sur place. I1 est indiscutable que, s'il existait des moyens de trans-
port approprids, la Martinique pourrait exp6dier, jusqu'en Europe,
des fruits qui, par leur saveur et leur origine exotique, seraient cer-
tainement fort apprcci6s en France. Mais ces cultures ne sont pas
appel6es a Atre de longtemps encore remun6ratrices.
Jusqu'ici les planteurs et les agriculteurs se sont adonnds plus
spdcialement a la culture de la canne a sucre, du cacaoyer, du
caf6ier, des plants a fecule et du vanillier.
II. Canne h sucre.
La canne a sucre est la culture principal de la Martinique; la
production annuelle moyenne de la Colonie peut 4tre 6valuee a
35.000 tonnes.
Cette plante, de la famille des gramin6es, appartient a la tribu
des saccharindes. Les 6pillets sont fertiles dans toute la panicule et
ont leur base entour6e d'une ceinture de fibres longues et soyeuses.
La canne h sucre comporte une vingtaine d'espkces parmi lesquelles
il faut surtout mentionner la canne ordinaire. Celle-ci se reconnait
LA MARTINIQUE. 3
34 -
i sa panicule 6talde et a ses glumes a nervure unique; ses racines
sont vivaces et ses ties arrivent o avoir 4 metres de hauteur.
La canne a sucre croit spontandment en Mdsopotamie, mais la
tradition veut qu'elle soit originaire de l'Hindoustan ou de la Chine
miridionale. Quoi qu'il en soit, ce sont les habitants de ces regions
qui en ont les premiers fait usage et obtenu des cristaux don't les
qualit6s sucrantes ont d6tr6n6, chez les peuples du moyen Age, la
renommde du miel auquel on avait recours. II faut ajouter, pour
appuyer cette assertion, que le mot sucre parait venir du mot sans-
crit Scharkara qui signifie ( sue doux ,.
Comme toutes les productions et tous les fruits originaires de
l'Inde ou de la Perse, la canne a sucre fut peu a peu cultivee dans
toute l'Asie Mineure et ce ne fut pas le moindre 6tonnement des
Croisds, en d6barquant en Syrie, de voir les infidales extraire de
roseaux un ( sirop plus doux que le miel ) (v. Albert d'Aix, le plus
ancien historien des Croisades, livre V, chap. 37).
Les pelerins-guerriers en parlerent beaucoup a leur retour en
Europe et cependant aucun d'eux n'avait songa6 en rapporter
quelques plants. Ce ne fut qu'a la fin des Croisades que cette cul-
ture fut acclimatee dans l'Italie meridionale, dans l'Afrique du Nord
et en Andalousie. Vers 1230, des juifs arabes, que l'empereur Frd-
dAric II avait accueillis en Sicile et auxquels il avait accord des
terres, introduisirent la culture de la canne a sucre qui y devint
florissante. GrAce aux liens intimes qui unissaient au xve et au
xvie siAcles l'Espagne au royaume de Naples, cette culture fut con-
nue des conquerants du Nouveau Monde, qui l'introduisirent dans
leurs colonies nouvelles d'Amerique. Des le milieu du xvie siecle,
les Portugais et les Espagnols etablirent au Bresil et & la Plata des
moulins a sucre.
Certains dcrivains pr6tendent cependant que la canne a sucre
devait 6tre indigAne des Antilles, car les Caraibes en faisaient un
usage courant.
En tout dtat de cause, ce ne fut qu'en 1642 que les Frangais com-
menc6rent a fabriquer du sucre a Saint-Christophe et en 1644 qu'ils
en firent autant a la Guadeloupe. Le Juif Benjamin da Costa intro-
duisit le premier la culture de la canne a la Martinique; c'6tait en
1660.
33 -
Le Gouvernement royal, dbloui par les b6n6fices qui provenaient
de cette culture, encourage les Gouverneurs de la colonies a y faire
6tablir des raffineries. Le xvIle siecle vit prosperer ces dtablissements
don't le nombre et la richesse porterent ombrage aux raffineries de
la M6tropole. Celles-ci devinrent inactives et leurs ouvriers pas-
serent en masse aux miles d'Am6rique; ces desertions furent suspen-
dues par un arr6t du Conseil d'Etat, en date du 16 janvier 1684,
qui d6fendit de fonder des raffineries nouvelles aux Antilles. Un peu
plus tard, celles qui existaient furent supprim6es et obliges d'en-
voyer leurs sucres en France pour y 4tre raffin6s.
L'exportation de cette denr6e atteignit des chiffres tres impor-
tants; elle 6tait 6valude, en 1745, A 125 millions de kilogrammes.
Le sucre colonial arrivait h l'6tat brut sur les marches ; il 6tait 6pur6,
blanchi, puis moul6 en pains dans des raffineries don't les plus
importantes dtaient Rouen et Orleans. Ce commerce subit, a partir
de 1812, 6poque oi la fabrication du sucre de betterave commenqa
a 4tre pratiquie, une crise qu'il a encore aujourd'hui la plus grande
peine enrayer.
La canne exige un sol profound et substantial qui doit 4tre en-
graisse rationnellement; elle se propage par la bouture des parties
sup6rieures des tiges. La plantation se fait de janvier a mars ou de
juillet a septembre ; on choisit de pre6frence les endroits 16gere-
ment humides et les collins peu l6evdes. Des que la v6g6tation
commence, le terrain doit 6tre nettoy6 ; on le nettoie une second
fois en septembre et une troisieme en janvier. Enfin, quand la
canne est sur le point de fleurir a nouveau, c'est-a-dire quatre mois
apres sa plantation, on sarcle en buttant 16gerement la terre autour
de chacun des pieds. C'est en mai, juin et juillet que l'on procede
a la coupe de la canne, quelle que soit 1'ppoque qu'on ait choisie
pour la planter.
Quand la r6colte des cannes est achev6e, on brdle sur le sol les
feuilles dess6chies afin de nettoyer la terre et de lui fournir un
aliment, on encore on rdunit ces feuilles pour en faire du fumier
qui est ensuite rdpandu sur les cultures.
AprBs une premiere recolte, la canne n'a pas besoin d'6tre
plant6e a nouveau pour reproduire ; les racines restantes fournissent
6 -
des rejetons qui pr6parent de nouvelles r6coltes. Dans les terrains
les meilleurs, les m4mes plants peuvent donner jusqu'A six
coupes productive. Malgr6 les difficulties d'ecoulement du
sucre, les ouragans, les incendies, les rats, les serpents et les
maladies, la population martiniquaise tient beaucoup & la culture
de la canne, d'abord par tradition, ensuite pour des raisons sociales
car elle est susceptible de procurer un salaire r6gulier a six travail
leurs par hectare.
III. Cacaoyer.
Cette plante, originaire de l'Am6rique 6quatoriale, a Wt6 d'abord
class6e parles botanistes dans la famille des malvac6es mais elle
est aujourd'hui rangee dans celle des byttn6riacdes. Les savants lui
ontdonn le nom de theobroma (nourriture divine), les Caraibes
l'appelaient cacao et les Azteques la connaissaient sous le nom de
cacahoaquatl.
Le cacaoyer resemble a un merisier; il atteint une hauteur
moyenne de 10 metres. Son bois est tendre, son 6corce de couleur
rougeAtre et ses feuilles d'un vert brilliant. Ces derni6res se renou-
vellent sans cesse ainsi que ses fleurs, blanches pour la plupart,
r6unies en bouquet et inodores. Les fruits, auxquels elles donnent
naissance, mirissentt toute 6poque de l'ann6e; ils sont couramment
appeals < cabosses )). Ce sont des fruits de forme ovoide, longs
d'une quinzaine de centimetres, qui, sous un p6ricarde ligneuxdouble
d'une pulpe acide, contiennent 30 ou 40 graines amygdaloides. Ces
graines sont ce que l'on appelle le cacao.
Avant la d6couverte du Nouveau Continent, le cacaoyer 6tait
l'objet, de la part des indig&nes, non seulement d'une culture suivie
mais encore d'une veritable v6ndration. Des cdermonies rituelles et
pleines de solennite accompagnaient la plantation de cet arbuste.
Benjamin da Costa, le r6fugi6 israelite don't il a Wtd parle plus haut,
introduisit, en 1661, le cacaoyer a la Martinique. Cette culture
s6duisit aussitot les colons qui n'hdsiterent pas i entreprendre des
exploitations importantes.
L'ouragan de 1727 fut pour eux un d6sastre; la plupartdes plan-
tations furent d6truites mais Louis XV, qui s'dtait vivement intd-
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ress6 & cette source de richesse, encourage les proprietaires &
replanterleurscacaoyeres en leur accordant desexemptions d'imp6t.
A l'6poque de la Revolution, la Martinique comptait plus de 1.200
hectares consacres a cette culture.
Au course du xrxe si6cle, les plantations se multiplibrent dans le
nord de l'ile, tout particulierement dans les regions du Pr&cheur et
de Basse-Pointe don't les valldes chaudes et humides conviennent
A cet arbrisseau; les exportations de cacao ne depassaient cependant
pas 200 tonnes par an.
Depuis les eruptions de 1902, et malgrd une interruption momen-
tan6e, la reprise de la culture du cacaoyer se manifeste tres sensi-
blement. On peut dvaluer que, a l'heure actuelle, la Martinique
consacre 1500 hectares aux plantations de cacaoyer qui produisent
approximativement 500.000 kilog. de cacao.
I1 y a tout lieu d'esperer que cette culture est envoie d'extension
normal et que, dans un avenir proche, la surface du sol qui lui
sera consacree ne sera pas infirieure a 3.000 hectares.
Le cacaoyer a besoin, pour reussir, d'ombre, de chaleur et d'hu-
midit6 ; il doit Otre plant dans un terrain vierge et autant que
possible sablonneux. La cacaoykre, don't l'dtendue est toujours
restreinte (10 a 15 hectares), est entourde d'une haie de citronniers
et de bananiers afin de l'abriter centre Faction des vents et
l'ardeur du soleil.
Apres une preparation spdciale du sol, on procede & la plantation
des cacaoyers ; ces derniers sont le plus souvent semes sur place et
disposes en quinconce. Pendant les premieres anndes, on cultive
des patates ou du mais entire les ranges de cacaoyers qui ne fleu-
rissent que vers la troisieme annde et ne donnent de fruits que vers
la cinquieme. L'entretien de la plantation se borne alors h enlever
les mauvaises herbes, h detruire les insects et & tailler les tiges.
IV. Caf6ier
Le cafdier est originaire d'Arabie et les savants s'accordent A
dire que son nom mdme provient de Kaffa, ville de I'Ydmen, oi il
dtait cultivd depuis les debuts de l'ere musulmane. Quoi qu'il en
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soit, ce furent les Arabes qui, les premiers, firent usage de ses fruits.
L'habitude de boire du cafe s'introduisit en Perse, en Palestine, en
Egypte et enfin A Constantinople of l'absorption de ce breuvage
6tait r6pandue a la fin du xvIe siecle. Louis XIV fut, en France, le
promoter de cette boisson nouvelle qui ne fut vulgaris6e i Paris
que cinquante ans plus tard.
En 1690, les Hollandais planterent le cafeier aux Indes et h Suri-
nam; plusieurs pieds furent envoys h Amsterdam oh notre consul
obtint une bouture don't il fit cadeau au Jardin des Plantesde Paris.
En 1714, une second bouture fut offerte au Roi; elle donna
plusieurs jeunes caffiers don't trois furent confids au capitaine de
g6nie Desclieux qui fut charge, en 1727, de les convoyer h la Marti-
nique. Le voyage 6tait long, la traverse difficile ; deux pieds
moururent en route, le troisieme ne put survive que grAce au
d6vouement de cet officer qui arrosa le plant survivant avec la
plus grande parties de sa ration d'eau. Ce plant unique, sauv6 par le
devouement de Desclieux, est devenu la souche des cafeiers des
Antilles et de l'Am6rique Centrale.
Cette culture prit aussitot un essor considerable ; la fin du
xvIIe si6cle, elle couvrait dans la colonies plus de 6.000 hectares qui
produisaient environ trois millions et demi de kilog. de cafe.
Depuis cette 6poque, et malgrd ses qualit&s exceptionnelles, la
production du cafe de la Martinique va en diminuant. La dispari-
tion progressive des caf6ieres provient des maladies qui s'attaquent
a la plante et des difficulties que pr6sente cette exploitation.
Le caffierest un petit arbre de la famille des rubiacees; il atteint
8 metres de hauteur mais les Martiniquais ont l'habitude de le
tailler en parasol; son 6corce est grishtre et ses feuilles d'un beau
vert. Les fleurs, blanches et odorantes, se rapprochent beaucoup
par leur aspect de celles dujasmin. Son fruit estune baie analogue
Sla cerise ; ilrenferme un noyau divis6 en deux loges qui con-
tiennent chacune une graine convexe du c6td externe et aplatie du
c6td interne ; cette graine est le cafe.
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V. Plantes a f6cule.
Parmi les plants a fecule don't la culture est le plus repandue
A la Martinique, il faut citer : le manioc, l'igname et l'arrow-
root.
A. Manioc. Le manioc est un arbrisseau h racine tres 6paisse
et charnue ; il appartient au genre medicinier. Sa tige, haute de 2
a 3 m6tres, est cassante et couverte d'une 6corce lisse; ses feuilles,
grandes et palmdes, peuvent etre confondues avec celles du ricin;
ses fleurs sont rougeAtres et son fruit consiste en une capsule con-
tenant des graines ovoides et aplaties. II existe plusieurs sortes de
maniocs qui se divisent en doux et en amers. Les premiers sont ceux
don't les racines peuvent se manger telles qu'on les rdcolte ; celles
des autres ne peuvent &tre consommdes qu'apres avoir 6t6 ddbar-
rass6es du sue ven&neux qu'elles contiennent. Cette plante est ori-
ginaire du Mexique d'of elle a dt6 introduite aux Antilles.
B. Igname. L'igname est une plante grimpante du type de la
famille des dioscor6es; elle possede des rhizomes charnus et rudi-
mentaires, de couleur jaunntre, qui arrivent a atteindre des poids
6normes. On peut dire que l'igname est le succedand de la pomme
de terre que, le cas dchdant, il pourrait avantageusement remplacer.
C. Arrow-root. Ce produit est extrait de la racine deplusieurs
plants de la famille des amombes; il est aussi connu sous le nom
de salep. L'arrow-root constitute un aliment leger et peut, en con-
sequence, etre recommand6 aux enfants et aux convalescents. Cette
fecule entire dans la confection des mets sucres ; elle est de nature
a remplacer le tapioca dans les potages.
VI. Vanillier.
Cet arbrisseau, originaire de l'Amdrique Centrale, tire son nom
de son propre fruit qui, en espagnol, est appeld a vanilla ,, c'est-k-
dire petite gaine. Sa tige est noueuse et grimpante, munie de fibres
radicales qui lui permettent de s'accrocher aux arbres voisins ; ses
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